06.02.2014 Views

journées d'étude - Palais des Beaux Arts de Lille

journées d'étude - Palais des Beaux Arts de Lille

journées d'étude - Palais des Beaux Arts de Lille

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

journées d’étu<strong>de</strong><br />

Histoire <strong>de</strong> l’Art | Histoire <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>Arts</strong><br />

Histoire du musée <strong>de</strong> <strong>Lille</strong><br />

Les missions du Conservateur<br />

Lecture <strong>de</strong> quelques œuvres<br />

4Annie De Wambrechies<br />

Conservateur en Chef, chargée <strong><strong>de</strong>s</strong> départements peinture et sculpture <strong><strong>de</strong>s</strong> XVIII e et XIX e siècles au <strong>Palais</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>Beaux</strong>-<strong>Arts</strong><br />

I L’histoire du musée <strong>de</strong> <strong>Lille</strong><br />

Contrairement à une idée répandue, le rôle du<br />

conservateur ne consiste pas à être posté dans<br />

les salles, à gar<strong>de</strong>r les œuvres d’art, ou alors<br />

<strong>de</strong> les sortir <strong><strong>de</strong>s</strong> réserves et <strong>de</strong> les accrocher.<br />

M. Tapié a déjà entrepris <strong>de</strong> démystifier et<br />

<strong>de</strong> dépoussiérer notre profession.<br />

Je vais poursuivre la tâche en évoquant dans un<br />

premier temps l’histoire du musée <strong>de</strong> <strong>Lille</strong>,<br />

représentative <strong>de</strong> l’évolution <strong><strong>de</strong>s</strong> musées en<br />

France, <strong>de</strong> la fin du XVIII e au XX e siècle.<br />

Puis, je présenterai les missions du conservateur.<br />

Je terminerai enfin mon intervention<br />

avec la lecture <strong>de</strong> l’œuvre d’art.<br />

Voici un tableau <strong>de</strong> Bonnier <strong>de</strong> Layens, 1 artiste<br />

peintre, neveu <strong>de</strong> Louis Watteau, lui même<br />

neveu du grand peintre Antoine Watteau : il<br />

représente le premier musée <strong>de</strong> <strong>Lille</strong> installé au<br />

couvent <strong><strong>de</strong>s</strong> Récollets. Louis est connu sous le<br />

nom <strong>de</strong> Watteau <strong>de</strong> <strong>Lille</strong> avec son fils François,<br />

tous <strong>de</strong>ux nés à Valenciennes. Ils ont accompli<br />

une gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> leur carrière à <strong>Lille</strong>, qui<br />

se dote, dès la secon<strong>de</strong> moitié du XVIII e<br />

siècle d’une école <strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>sin, appelée écoles<br />

Académiques au XIX e siècle, puis école <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

<strong>Beaux</strong>-<strong>Arts</strong> au XX e siècle. Cette école était<br />

centrée sur le <strong><strong>de</strong>s</strong>sin, technique essentielle<br />

pour appréhen<strong>de</strong>r l’art <strong>de</strong> la peinture et <strong>de</strong> la<br />

sculpture. Comme Alexandre Lenoir à Paris,<br />

Louis Watteau veille aux œuvres <strong><strong>de</strong>s</strong> émigrés et<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> couvents saisies pendant la Révolution en<br />

les rassemblant au couvent <strong><strong>de</strong>s</strong> Récollets qui se<br />

trouvait rue <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>Arts</strong>. En 1795, Louis Watteau<br />

établira le premier inventaire à partir <strong><strong>de</strong>s</strong> œuvres<br />

saisies, soit quelque <strong>de</strong>ux cents œuvres. Les<br />

œuvres sont présentées dans la chapelle du<br />

couvent <strong><strong>de</strong>s</strong> Récollets avant tout pour la<br />

formation <strong><strong>de</strong>s</strong> artistes. Bonnier <strong>de</strong> Layens,<br />

artiste peintre comme Louis Watteau <strong>de</strong>vient<br />

ainsi l’un <strong><strong>de</strong>s</strong> premiers conservateurs, gérant les<br />

tableaux puisqu’à l’époque les sculptures<br />

étaient considérées comme <strong><strong>de</strong>s</strong> objets<br />

décoratifs. Les murs <strong>de</strong> cette chapelle sont<br />

tapissées <strong>de</strong> tableaux, surtout flamands et<br />

hollandais où l’on reconnaît au premier plan à<br />

droite Le Christ en croix <strong>de</strong> Van Dyck qui<br />

appartenait au même couvent <strong><strong>de</strong>s</strong> Récollets, et<br />

à gauche le Portrait <strong>de</strong> Marie <strong>de</strong> Médicis attribué<br />

à Van Dyck ; un élève-copiste est placé au<br />

premier plan. L’installation <strong><strong>de</strong>s</strong> premiers musées<br />

dans les édifices religieux correspond à la<br />

sensibilité propre à l’époque romantique, dans<br />

les années 1820-1840, époque qui aime se<br />

tourner vers le passé notamment médiéval.<br />

La vue suivante, une aquarelle <strong>de</strong> Vasseur, 2<br />

acquise récemment sur le marché <strong>de</strong> l’art belge,<br />

montre le musée tel qu’il s’était développé en<br />

1886. Il a été transféré place Rihour, dans le<br />

nouvel hôtel <strong>de</strong> ville construit par Charles<br />

Benvignat en 1848, qui a disparu dans un<br />

incendie en 1916. De nos jours, <strong>de</strong>meure pour<br />

seul vestige une arche adossée à l’ancienne<br />

chapelle du palais <strong><strong>de</strong>s</strong> ducs <strong>de</strong> Bourgogne où<br />

est installé l’office <strong>de</strong> tourisme. Le musée était<br />

installé au <strong>de</strong>uxième étage et comportait huit<br />

à dix salles. Au cours <strong>de</strong> la secon<strong>de</strong> moitié du<br />

XIX e siècle, les musées occupent souvent les<br />

hôtels <strong>de</strong> ville ou bibliothèques municipales.<br />

Nouveauté : l’éclairage est ici conçu zénithal,<br />

donc meilleur qu’au couvent <strong><strong>de</strong>s</strong> Récollets,<br />

afin <strong>de</strong> mettre en valeur les œuvres. Nous<br />

sommes dans la salle flaman<strong>de</strong> où nous<br />

reconnaissons L’extase <strong>de</strong> Marie Ma<strong>de</strong>leine <strong>de</strong><br />

Rubens, les bustes du conservateur Reynart<br />

par Crauk, un <strong><strong>de</strong>s</strong> meilleurs artistes lillois et<br />

du fameux maire André (1882), par Darcq,<br />

autre sculpteur lillois qui s’est notamment<br />

illustré grâce à la réalisation <strong><strong>de</strong>s</strong> bustes <strong>de</strong><br />

1<br />

Bonnier <strong>de</strong> Layens<br />

Musée <strong>de</strong> <strong>Lille</strong>, couvent <strong><strong>de</strong>s</strong> Récollets<br />

Photo © RMN - Thierry le Mage<br />

2<br />

Adolphe Vasseur<br />

Vue <strong><strong>de</strong>s</strong> salles <strong>de</strong> peinture du musée <strong>de</strong> <strong>Lille</strong> en 1882<br />

Photo © RMN - Martine Beck-Coppola<br />

lille, palais <strong><strong>de</strong>s</strong> beaux-arts • 29-30 janvier 2009 | 21

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!