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journées d'étude - Palais des Beaux Arts de Lille

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journées d’étu<strong>de</strong><br />

Histoire <strong>de</strong> l’Art | Histoire <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>Arts</strong><br />

journées d’étu<strong>de</strong><br />

Histoire <strong>de</strong> l’Art | Histoire <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>Arts</strong><br />

Cette œuvre d’Olivier Merson, Le loup d’Agubbio<br />

11<br />

est à mes yeux l’une <strong><strong>de</strong>s</strong> œuvres les plus<br />

importantes du musée : elle représente un<br />

miracle <strong>de</strong> saint François d’Assise, en Toscane.<br />

Les cheminées sont d’ailleurs typiques <strong>de</strong><br />

cette très belle région italienne tout en donnant<br />

un aspect futuriste au cadre. Un loup, celui-là<br />

même, peint au premier plan terrorisait les<br />

environs <strong>de</strong> Gubbio jusqu’à ce que saint<br />

François le pacifie ; dès lors, il va errer dans la<br />

ville, ensevelie sous la neige ; efflanqué, le loup<br />

affamé reçoit <strong><strong>de</strong>s</strong> mains du boucher <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

déchets <strong>de</strong> vian<strong>de</strong> alors qu’au premier plan un<br />

chien ronge tranquillement son os. Scène<br />

extraordinaire par le sujet, rendue avec<br />

une maîtrise totale <strong>de</strong> la peinture par l’un<br />

<strong>de</strong> ces peintres du XIX e , éclipsés par les<br />

Impressionnistes – lesquels, rappelons le,<br />

faisaient scandale dans ces années 1870-1880<br />

– et qui ont été moqués, dans les années 1970,<br />

par le surnom <strong>de</strong> « peintres pompiers », leur<br />

savoir faire et inspiration considérables étant<br />

tombés dans l’oubli. Ils ont droit à notre<br />

admiration comme Merson. Le jeu <strong>de</strong> la lumière<br />

bondit dans toute la composition : il fait valoir<br />

la fontaine gelée, les marches, puis notre regard<br />

remonte vers cette jeune mère que la petite<br />

fille implore <strong><strong>de</strong>s</strong> yeux pour avoir le droit<br />

<strong>de</strong> caresser le loup. Sur le plan <strong><strong>de</strong>s</strong> couleurs,<br />

vous avez ces teintes <strong>de</strong> vert qui rejaillissent<br />

<strong>de</strong> manière très régulière dans l’ensemble du<br />

tableau que les pointes <strong>de</strong> rouge accompagnent<br />

subtilement, jouant le rapport <strong><strong>de</strong>s</strong> complémentaires.<br />

J’aimerais enfin dire quelques mots du paysage<br />

qui dans le XVII e et, XVIII e siècles n’est pas peint<br />

pour lui même mais sert <strong>de</strong> toile <strong>de</strong> fond à<br />

toutes scènes mythologique, biblique ou<br />

galante telle l’une <strong><strong>de</strong>s</strong> chefs d’œuvre <strong>de</strong> Laurent<br />

<strong>de</strong> La Hyre, peintre français renommé du XVII e<br />

siècle, avec ce Paysage au joueur <strong>de</strong> flûte.<br />

Le paysage connaît un essor fantastique au<br />

XIX e siècle grâce à l’école <strong>de</strong> Barbizon, puis aux<br />

Impressionnistes qui accor<strong>de</strong>nt à ce genre<br />

mineur une reconnaissance et un statut à part<br />

entière. Nous arrivons à son aboutissement<br />

avec Monet, Le parlement <strong>de</strong> Londres 12 , qui fait<br />

partie d’une série comme les célèbres Meules<br />

<strong>de</strong> foin ou Cathédrales <strong>de</strong> Rouen, séries que<br />

Monet aimait développer, s’attachant à un<br />

même motif transcrits à différentes heures<br />

du jour, selon les saisons. Se profile ici, ce<br />

Parlement vu dans le « fog » anglais que le soleil<br />

perce difficilement : il livre cette silhouette<br />

<strong>de</strong>ntelée, fantomatique : qui se fond dans la<br />

Tamise, les <strong>de</strong>ux plans mêlés étant rendus par<br />

cette touche mouvante, mobile, riche dans les<br />

teintes. Effectivement, quand on observe le<br />

tableau <strong>de</strong> près, on note à côté du jaune, sa<br />

teinte complémentaire le violet, à côté du<br />

rouge, le vert… qui participent <strong>de</strong> l’illusion<br />

optique et font vibrer la lumière.<br />

Le domaine <strong>de</strong> l’Histoire <strong>de</strong> l’Art est d’une<br />

richesse inépuisable pour qui sait surtout<br />

s’arrêter <strong>de</strong>vant une œuvre, la regar<strong>de</strong>r et<br />

l’observer en toute innocence, sans préjugés !<br />

9<br />

Jean-Siméon Chardin Le Gobelet d’argent<br />

Photo © H. Maertens<br />

11<br />

Luc-Olivier Merson Le loup d’Agubbio<br />

Photo © H. Maertens<br />

12<br />

Clau<strong>de</strong> Monet Le Parlement <strong>de</strong> Londres<br />

Photo © H. Maertens<br />

Présentation du Cabinet <strong><strong>de</strong>s</strong> Dessins<br />

et spécificité <strong>de</strong> l’accrochage<br />

4Cordélia Hattori<br />

Responsable du Cabinet <strong><strong>de</strong>s</strong> Dessins, <strong>Palais</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>Beaux</strong>-<strong>Arts</strong><br />

illustrations p. 29 et 30<br />

Je souhaite vous parler <strong>de</strong> la collection <strong>de</strong><br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>sins et <strong>de</strong> sa présentation dans les salles<br />

ainsi que <strong>de</strong> la particularité <strong>de</strong> la conservation<br />

<strong>de</strong> ces <strong><strong>de</strong>s</strong>sins. Annie De Wambrechies vous<br />

a déjà parlé <strong>de</strong> toutes les missions dont nous<br />

avons la charge. Cette présentation vous<br />

montrera le travail que nous faisons au<br />

quotidien mais que le public ne voit pas.<br />

Quand vous allez au musée, vous avez accès<br />

à <strong><strong>de</strong>s</strong> œuvres qui ont été choisies pour être<br />

présentées <strong>de</strong> manière permanente et choisies<br />

pour leur intérêt en histoire <strong>de</strong> l’art et pour leur<br />

qualité.<br />

L’origine du cabinet <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>sins est lié à un<br />

legs, celui <strong>de</strong> Jean Baptiste Wicar, peintre<br />

lillois d’origine et élève <strong>de</strong> David. à sa mort, il a<br />

décidé <strong>de</strong> léguer sa collection d’environ 1 700<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>sins à la ville <strong>de</strong> <strong>Lille</strong>. C’est ainsi qu’est né le<br />

noyau du cabinet <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>sins ensuite enrichi<br />

par <strong><strong>de</strong>s</strong> achats et <strong><strong>de</strong>s</strong> legs comme Annie De<br />

Wambrechies vous l’a expliqué.<br />

I La spécificité du cabinet <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>sins<br />

et son importance.<br />

Les œuvres <strong>de</strong> la collection s’éten<strong>de</strong>nt chronologiquement<br />

du XII e au XVIII e siècle. Mais sa<br />

gran<strong>de</strong> spécificité est qu’elle contient environ<br />

quarante <strong><strong>de</strong>s</strong>sins originaux <strong>de</strong> Raphaël. Notons<br />

que nous sommes un <strong><strong>de</strong>s</strong> seuls musées en<br />

France à avoir une collection aussi importante<br />

d’un <strong><strong>de</strong>s</strong> plus grand maîtres <strong>de</strong> l’histoire <strong>de</strong><br />

l’art.<br />

Je vous montre un <strong>de</strong> ces <strong><strong>de</strong>s</strong>sins, La Madone<br />

d’Albe, 1 qui techniquement est réalisé à la<br />

sanguine ce qui donne cette couleur rougeâtre,<br />

avec un croquis à la plume et encre brune. Voici<br />

un autre <strong><strong>de</strong>s</strong>sin <strong>de</strong> Raphaël à la plume et<br />

encre brune et rehauts <strong>de</strong> gouache blanche,<br />

préparatoire à La dispute du saint sacrement,<br />

une <strong><strong>de</strong>s</strong> œuvres majeures <strong>de</strong> Raphaël au<br />

Vatican. Ici également pour Le Parnasse,<br />

Apollon jouant du violon, 2 avec l’étu<strong>de</strong> du<br />

mouvement <strong><strong>de</strong>s</strong> mains puis le violon à côté,<br />

toujours pour les loges du Vatican.<br />

Les œuvres du Cabinet <strong><strong>de</strong>s</strong> Dessins sont <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

œuvres réalisées sur papier. Ce n’est pas<br />

toujours systématique car certaines œuvres<br />

sont rangées avec les peintures, quel que<br />

soit les techniques utilisées. Ces <strong><strong>de</strong>s</strong>sins sont<br />

préparatoires à <strong><strong>de</strong>s</strong> œuvres <strong>de</strong> peintures,<br />

sculptures ou ornemanistes.<br />

Les <strong><strong>de</strong>s</strong>sins ne peuvent être présentés <strong>de</strong><br />

manière permanente car l’exposition à la<br />

lumière leur est tout à fait néfaste. C’est pour<br />

cette raison qu’ils sont conservés dans <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

boîtes, à l’abri <strong>de</strong> la lumière et qu’ils ne peuvent<br />

être exposés que trois mois tous les trois ans.<br />

Il s’agit d’une convention internationale.<br />

Lorsqu’un <strong><strong>de</strong>s</strong>sin est exposé, il ne peut être<br />

montré ou prêté avant trois ans. Le <strong>Palais</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

<strong>Beaux</strong>-<strong>Arts</strong> reçoit beaucoup <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

<strong>de</strong> prêts.<br />

Grâce au legs Wicar, le <strong>Palais</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>Beaux</strong>-<strong>Arts</strong><br />

possè<strong>de</strong> donc <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>sins <strong>de</strong> Raphaël mais<br />

aussi <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>sins <strong>de</strong> Botticelli, <strong>de</strong> Lippi, <strong>de</strong> Fra<br />

Bartolomeo, <strong>de</strong> Michel Ange, notamment un<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>sin pour Saint Pierre <strong>de</strong> Rome. Je vous<br />

montre un autre <strong><strong>de</strong>s</strong>sin, celui <strong>de</strong> Pontormo 3 ,<br />

témoignage du mouvement maniériste qui<br />

s’est développé à Florence. Le mot « maniérisme »<br />

vient du mot italien maniera et évoque ces<br />

corps longilignes et contorsionnés.<br />

Les <strong><strong>de</strong>s</strong>sins ne peuvent être vus du public que<br />

lors <strong><strong>de</strong>s</strong> accrochages.<br />

Au <strong>Palais</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>Beaux</strong>-<strong>Arts</strong> <strong>de</strong> <strong>Lille</strong>, nous avons la<br />

chance d’avoir un fonds <strong>de</strong> gravures réalisées<br />

par Alphonse Leroy. Ces gravures ont été<br />

exposées en 2007.<br />

Je vous montre un <strong><strong>de</strong>s</strong>sin préparatoire pour la<br />

gravure d’après un <strong><strong>de</strong>s</strong>sin <strong>de</strong> Rubens. Une<br />

particularité <strong>de</strong> ce graveur a été <strong>de</strong> graver en<br />

manière <strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>sin, <strong>de</strong> donner l’illusion du<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>sin par la gravure. Parmi les œuvres <strong>de</strong> ce<br />

fonds, une étu<strong>de</strong> d’après Andrea Del Sarto 4 :<br />

l’artiste a imprimé ce <strong><strong>de</strong>s</strong>sin en manière <strong>de</strong><br />

pierre noire et une autre fois en manière <strong>de</strong><br />

sanguine, l’original étant à la sanguine.<br />

Autre image : vous reconnaissez peut-être<br />

l’auteur puisqu’il s’agit du portrait d’Isabelle<br />

d’Este par Léonard <strong>de</strong> Vinci 5 dont l’original est<br />

au Louvre. L’artiste arrive à reproduire toute la<br />

finesse <strong>de</strong> Léonard et l’effet <strong>de</strong> sfumatto, ces<br />

fameux effets d’ombre fondue.<br />

L’œuvre gravée d’Alphonse Leroy conservée à<br />

<strong>Lille</strong> permet <strong>de</strong> voir l’évolution du travail <strong>de</strong><br />

l’artiste. à travers quatre exemples d’un <strong><strong>de</strong>s</strong>sin<br />

d’après Van Dyck 6 nous voyons l’évolution<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> détails <strong>de</strong> son travail quand il grave la<br />

planche.<br />

Même témoignage <strong>de</strong> son travail d’après un<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>sin <strong>de</strong> Poussin préparatoire à la série <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Sacrements 7 dont l’original, à la plume et lavis<br />

brun, est au Louvre. On retrouve les effets <strong>de</strong><br />

lumière dans les <strong><strong>de</strong>s</strong>sins réalisés grâce à la<br />

réserve du papier, c’est-à-dire que l’artiste<br />

n’a pas mis <strong>de</strong> matière sur le papier blanc,<br />

contrairement à ce que nous avons vu chez<br />

Raphaël, ou l’artiste pose <strong>de</strong> la gouache ou <strong>de</strong><br />

la craie blanche pour créer <strong>de</strong> la lumière. Des<br />

effets <strong>de</strong> carnation peuvent être obtenus avec<br />

la sanguine.<br />

Encore une gravure <strong>de</strong> Leroy d’après Véronèse<br />

8<br />

où ce <strong>de</strong>rnier a <strong><strong>de</strong>s</strong>siné à la plume avec <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

rehauts <strong>de</strong> gouache blanche, sur papier bleu.<br />

Même si on trouve majoritairement <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>sins sur papier blancs, blancs cassés ou<br />

beiges, il existe un papier bleu inventé en<br />

26 | 29-30 janvier 2009 • lille, palais <strong><strong>de</strong>s</strong> beaux-arts lille, palais <strong><strong>de</strong>s</strong> beaux-arts • 29-30 janvier 2009 | 27

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