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SI MILES M’ÉTAIT CONTÉ<br />
PHOTO: GEORGES VOICI<br />
Marc Chénard<br />
Événement culturel marquant de<br />
cette année, l’exposition We Want<br />
Miles! a fait l’objet d’une abondante<br />
couverture médiatique lors de son<br />
inauguration officielle à la fin avril.<br />
Non seulement les médias ont-il répondu à<br />
l’appel du Musée des beaux-arts de Montréal,<br />
mais le public aussi, car quelque 4000 visiteurs<br />
s’y sont rendus au cours du premier<br />
week-end.<br />
Pour avoir vu l’exposition une première<br />
fois, je puis affirmer qu’elle vaut le détour,<br />
»<br />
tant par la collection d’artéfacts que par<br />
l’aménagement de l’espace, incluant huit<br />
chambres d’écoute en forme de sourdine de<br />
trompette. Non seulement faut-il féliciter le<br />
musée pour sa participation à ce projet ambitieux<br />
de rétrospective autour de Miles Davis,<br />
mais aussi pour sa décision de la présenter en<br />
exclusivité nord-américaine.<br />
En mai, une première série d’entretiens<br />
hebdomadaires à <strong>18</strong>h le mercredi soir a eu<br />
lieu avec des conférenciers aussi variés que<br />
Jean-François Rivest, Scott Gutterman (de<br />
New York) et Patrick Beaudoin (de Cossette<br />
Communications). Ces activités se poursuivront<br />
de plus belle ce mois-ci avec le concours<br />
de Michèle Dagenais de l’UdeM, (2), Ira<br />
Gitler (9), Gilles Archambault (16) et John<br />
Szwed (30). Les plus aguerris, pour leur part,<br />
auront aussi l’occasion de plonger tête première<br />
dans l’œuvre du trompettiste en assistant<br />
à un «cours intensif» de quatre jours<br />
donné par un expert en la matière, le pianiste<br />
et compositeur hexagonal <strong>La</strong>urent Cugny.<br />
Jadis chef du Big Band Lumière et de<br />
l’Orchestre national de jazz de France et actuellement<br />
professeur en musicologie à la<br />
Sorbonne, Cugny est également auteur<br />
d’études sur Miles et Gil Evans. Musicologue<br />
rompu, ce conférencier de marque explique<br />
d’abord en entrevue téléphonique qu’il s’agit<br />
d’un cours à l’intention du grand public et non<br />
d’une étude de nature technique. «Je ne présente<br />
aucune partition parmi mes diapositives,<br />
précise-t-il, mais juste les pochettes de disques,<br />
quelques photos ainsi que quelques extraits<br />
vidéos. Il y aura bien sûr beaucoup d’écoute,<br />
en fait, ce sera une division à peu près égale<br />
entre mes commentaires et des extraits musicaux.<br />
Le cours ne comporte que peu d’information<br />
biographique et rien sur sa vie personnelle,<br />
c’est la musique d’abord et avant tout.»<br />
Reconnu en France comme<br />
l’un des fins connaisseurs du<br />
trompettiste, <strong>La</strong>urent Cugny a<br />
d’ailleurs collaboré à l’exposition<br />
parisienne en rédigeant<br />
un des textes du catalogue<br />
ainsi qu’en supervisant les<br />
composantes d’analyse musicale<br />
pour les bornes d’information<br />
dans les salles. Qui<br />
plus est, en 2001, à l’occasion<br />
du dixième anniversaire de la<br />
mort de Miles, il a organisé<br />
des séances d’écoute intégrale<br />
de l’œuvre de Davis, un marathon<br />
de sept jours à raison de<br />
12 heures par jour!<br />
L’automne dernier, Cugny a<br />
présenté pour une première fois<br />
ce cours intensif à Paris, cours<br />
donné à raison de neuf séances<br />
hebdomadaires de deux heures.<br />
Au <strong>MB</strong>AM, par contre, il offrira<br />
un condensé de 12 heures.<br />
«Le musée m’a invité à assister à l’ouverture,<br />
rappelle-t-il, mais je ne me voyais pas<br />
faire un aller-retour rapide, alors j’ai proposé<br />
à tout hasard de présenter le cours. À ma<br />
grande surprise, la direction a accepté et j’en<br />
suis ravi bien sûr.»<br />
Doué d’une vaste connaissance de l’œuvre<br />
de Davis, autant sur disque que sur scène, où il<br />
a pu l’apprécier pleinement lors des nombreuses<br />
prestations parisiennes données par le<br />
musicien au zénith de sa carrière, <strong>La</strong>urent<br />
Cugny a pendant longtemps voué une admiration<br />
sans réserve pour Miles, bien qu’il se ravise<br />
un peu de nos jours. «J’aime toutes ses périodes<br />
sauf la dernière, disons après 1983; cette<br />
musique a mal vieilli à mon sens. Quant au<br />
reste, il y a très peu à délaisser. Ce qui frappe<br />
chez Miles, c’est qu’il a su créer des contextes<br />
dans lesquels ses musiciens se sont épanouis,<br />
même s’il n’était pas le plus avancé sur le plan<br />
conceptuel. À titre d’exemple, au début du<br />
quintette avec Shorter et Hancock, il semble<br />
avoir du mal à les suivre. Quand on regarde<br />
aussi son œuvre, ça change peu d’un disque à<br />
l’autre, mais après cinq disques, ça change<br />
beaucoup et c’est ce qui le rend si fascinant.» ■<br />
LAURENT CUGNY<br />
<strong>La</strong> musique racontée<br />
Cycle de quatre cours donnés par <strong>La</strong>urent Cugny au Musée<br />
de beaux-arts de Montréal<br />
» Mardi 15: 1945-1955 <strong>La</strong> naissance du cool<br />
» Mercredi 16: 1955-1962 Une sorte de bleu<br />
» Jeudi 17: 1960-1968 <strong>La</strong> vie sans John Coltrane<br />
» Vendredi <strong>18</strong>: 1968-1991 Électrique!<br />
De 13 h 30 à 16 h 30 au salon du pavillon Jean-Noël<br />
Desmarais, niveau 2<br />
Inscription (en ligne): www.mbam.qc.ca/activites<br />
Par téléphone: 514-285-1600, option 7<br />
N.B. Il est possible d’assister aux cours à la pièce en se présentant<br />
avant chaque séance.<br />
À SURVEILLER AU SUONI<br />
The Frame Quartet : 35mm<br />
Okka disk OD 12078<br />
★★★★✩✩<br />
Habitué de la<br />
Casa del Popolo<br />
et de son festival,<br />
le saxo ténor Ken<br />
Vandermark<br />
mène toujours<br />
plusieurs projets<br />
de front, son<br />
Vandermark 5<br />
étant sa locomotive<br />
principale. Un jour avant le passage de<br />
ce groupe en ville (le 16), ce grand gaillard<br />
présentera son nouveau Frame Quartet,<br />
version réduite de son quintette en l’absence<br />
de Dave Rempis et modifié par la présence<br />
du bassiste Nate McBride plutôt que<br />
Kent Kessler. Vandermark pose de nouveau<br />
sa signature post-free carburant sur une<br />
rythmique néo-R&B, mais son quartette<br />
n’est pas qu’une version amincie de son V5.<br />
Ce disque, constitué de cinq longues pièces<br />
oscillant entre 10 et <strong>18</strong> minutes, permet au<br />
chef de faire usage d’adjuvants électroniques,<br />
manipulés par le bassiste et le violoncelliste<br />
Fred Lonberg-Holm. Plutôt que<br />
de chercher une intégration entre l’acoustique<br />
et l’électrique, cet ensemble les met<br />
en confrontation, l’électrique agissant<br />
davantage comme agent perturbateur.<br />
Comme il lui arrive dans ses autres<br />
groupes, Vandermark aime écrire des pièces<br />
qui changent constamment d’intensité et<br />
de direction, une certaine prévisibilité<br />
s’installant mais en cours de route, donnant<br />
l’impression qu’il suit toujours des<br />
desseins compositionnels plus ou moins<br />
semblables. De toute évidence,<br />
Vandermark a fidélisé un public, jeune surtout,<br />
en mariant l’énergie d’une rythmique<br />
essentiellement rock aux débordements du<br />
free jazz; nul ne peut douter qu’il conservera<br />
ses fans avec ce nouveau quartette, parfois<br />
électrifié, souvent électrifiant. Marc<br />
Chénard<br />
20 Juin 2010 June