Adobe Acrobat PDF complet (18 MB) - La Scena Musicale
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L’édition 2010 du<br />
Festival Montréal<br />
Baroque arrive à<br />
grands pas. On ne<br />
sera donc pas surpris<br />
de voir arriver<br />
une nouvelle parution<br />
signée par la<br />
Bande Montréal<br />
Baroque. Le sujet<br />
de cette compilation de musique baroque<br />
italienne est celui des marchands de Venise,<br />
en particulier ceux d’origine juive. Au<br />
programme, donc, de la musique vénitienne,<br />
mais intimiste. Peu de flamboiement, et<br />
guère d’artifices spectaculaires comme les<br />
aimaient les Italiens du 17 e siècle. Plutôt, des<br />
œuvres introspectives, qui dénotent une<br />
attention particulière portée à la spiritualité<br />
et à l’introspection d’une classe marchande<br />
peut-être active, mais consciente de la<br />
fragilité de son existence et de sa survie. Eric<br />
Milne est attentif au dépouillement expressif<br />
des œuvres, mais sait bien magnifier leur<br />
force spirituelle.<br />
FC<br />
Transformation: Stravinski, Scarlatti, Brahms et Ravel<br />
Yuja Wang, piano<br />
Deutsche Grammophon B0014108-02 (58 min 27 s)<br />
★★★★✩✩ $$<br />
<strong>La</strong> carrière de la jeune Yuja Wang évolue<br />
comme elle a commencé : avec une sublime<br />
inégalité. Son sens de la couleur ne fait plus<br />
de doute, ses programmes<br />
sont<br />
relativement bien<br />
pensés et sa technique<br />
impressionne.<br />
Certes,<br />
pareilles œuvres à<br />
pareils tempi ne<br />
sauraient se passer<br />
de quelques menues<br />
erreurs, rapidement pardonnées vu la grande<br />
précision d’ensemble. Par contre, cette<br />
dernière lui joue des tours dans les Scarlatti,<br />
franchement trop métronomiques. Son<br />
manque de maturité lui fait également<br />
échapper les mystères de la grande forme et<br />
de l’articulation de certains motifs, comme<br />
en témoignent son Stravinsky et la toute fin<br />
de son Ravel (autrement extraordinaire, il<br />
faut le dire). Voilà pourquoi les Variations de<br />
Brahms lui vont si bien : les exigences de la<br />
partition sont claires et parfaitement<br />
adaptées aux forces d’une pianiste de plus en<br />
plus intéressante.<br />
RB<br />
Two Roads to Exile - Busch: String Sextet;<br />
Braunfels: String Quintet<br />
ARC/Artists of the Royal Conservatory (Marie Bérard,<br />
Benjamin Bowman, violon; Steven Dann, Carolyn Blackwell,<br />
alto; Bryan Epperson, David Hetherington, violoncelle)<br />
RCA Red Seal 88697 64490 2 (66 min)<br />
★★★★✩✩ $$$$<br />
Voici une très belle exploration du thème de<br />
l’exil, vécu de deux<br />
façons tout à fait<br />
différentes par deux<br />
compositeurs<br />
ostracisés par le<br />
déploiement de la<br />
haine nazie au siècle<br />
dernier. Adolf Busch<br />
(<strong>18</strong>91-1952) émigra<br />
aux États-Unis et<br />
eut une carrière de violoniste reconnue et<br />
respectée des mélomanes. On oublie par<br />
contre qu’il composa plusieurs œuvres, dont<br />
ce Sextuor op. 40, éminemment redevable à<br />
Brahms, avec une petite touche de Reger et<br />
Hindemith ici et là. On sent à travers<br />
l’écriture de Busch la nostalgie d’un monde<br />
musical révolu, pas encore touché par les<br />
horreurs du 20 e siècle. Walter Braunfels<br />
(<strong>18</strong>82-1954), quant à lui, vécut son exil «de<br />
l’intérieur», puisqu’il demeura en Allemagne<br />
pendant la Deuxième Guerre mondiale.<br />
Écarté de la vie culturelle allemande, il se<br />
retira à la campagne et composa. Bien qu’il<br />
passât près d’être déporté en camp de<br />
concentration, son statut de «demi-juif» le<br />
sauva probablement d’une mort atroce. Son<br />
Quintette en fa dièse mineur, op .63, est dense<br />
et sérieux. Tonal lui aussi, son écriture est<br />
néanmoins beaucoup plus concentrée que<br />
celle de Busch. On dirait parfois le<br />
Schoenberg présériel. Deux redécouvertes<br />
fort stimulantes pour le mélomane curieux. FC<br />
Juin 2010 June 27