pages simples - Snj-cgt

DOSSIER
Le député UMP
de Paris Claude
Goasguen n’y est
pas allé par
quatre chemins:
«Je souhaite
que l’AFP soit
privatisée», a-t-il
lancé le 21mai
dernier sur i-Télé.
Point d’orgue de
plusieurs attaques
des grognards
de l’Élysée contre
la rédaction de
l’agence. Frédéric
Lefebvre, un des
porte-parole de
l’UMP, avait
déclenché les tirs
contre la seule
agence mondiale
d’information non
anglo-saxonne
en parlant de
«censure»,
prenant prétexte
d’un communiqué
de son parti qui
n’avait pas été
publié pour
des raisons
rédactionnelles.
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Patrick Kamenka
Ces coups de bélier
contre l’AFP et contre
son statut faisaient suite
à de vives remontrances
de Nicolas Sarkozy contre plusieurs
médias qu’il tenait pour responsables
de sa chute de popularité dans
l’opinion publique. Les syndicats,
dont le SNJ-CGT, ont organisé la
riposte en condamnant à plusieurs
reprises par voie de tracts les billevesées
du parti majoritaire. L’intersyndicale
toutes catégories a, le
21 mai, appelé place de la Bourse,
devant le siège de l’AFP, à un rassemblement
de protestation avec
comme mot d’ordre placardé sur le
fronton de l’agence: « AFP menacée,
presse bâillonnée, libertés en danger! »
Du jamais vu à l’AFP: plus de trois
cents salariés, ouvriers, employés,
journalistes et cadres, en présence de
nombreux médias ont pris part à la
manifestation avec, sur la bouche, un
collant en papier symbolisant le
bâillon que certains, dans les salons
dorés de la République, voudraient
nous appliquer. Le lendemain, lors
de la réunion du CE, les élus ont voté
à l’unanimité une motion pour
dénoncer les tentatives de déstabiliser
l’agence et ont appelé le PDG,
Pierre Louette, à prendre clairement
ses responsabilités pour la défense de
l’agence, de son statut et de ses salariés
face aux menaces du pouvoir.
Faut-il rappeler que le PDG de
AFP
Une privatisation
dans l’air?
l’AFP lui-même avait joué avec le
feu à deux reprises dans des interviews
à la presse en parlant de toilettage
du statut, d’actionnaires privés,
puis d’ouverture du capital (qui
n’existe pas) au personnel, etc.
Un flou artistique qui, pour la
CGT, n’était rien d’autre qu’un
grave risque de remise en cause du
fameux statut de 1957 qui a préservé
notre indépendance rédactionnelle
depuis plus d’un demi-siècle.
Est-ce cette indépendance qui
fâche en haut lieu au moment où
l’on renégocie le contrat d’objectifs
et de moyens avec la puissance
publique ? Si ce COM est finalement
signé, le sera-t-il au détriment
de la masse salariale, des emplois,
des contenus ? Bercy, Matignon,
l’Élysée veulent-ils une rédaction
aux ordres ? Ou veut-on offrir sur
un plateau à un des « amis » (Bolloré?)
du président de la République
une agence et son réseau mondial
multimédia et multilingue?
AGENCE DE COMMUNICATION
PLUTÔT QU’AGENCE
D’INFORMATION ?
Certains en rêvent à coup sûr dans
les allées du pouvoir. Après les mauvais
coups que tente de porter le
pouvoir actuel contre nos camarades
de France Télévision et de
Radio France, y aurait-il un projet
de privatisation de l’AFP dans les
cartons élyséens? L’AFP a besoin
TÉMOINS
N° 34 / JUILLET 2008
de stabilité et de moyens financiers
sur le long terme pour couvrir les
cinq continents. La CGT a fait de
nombreuses propositions pour
pérenniser le financement de
l’agence en préservant son indépendance
rédactionnelle (prêt à taux
zéro sur la CDC, taxe sur les
recettes publicitaires, etc.).
Aujourd’hui, devant le maquis d’informations
de toutes sortes, une
information certifiée, vérifiée, mise
en perspective par une rédaction
comme celle de l’AFP est une garantie
de crédibilité. Elle constitue aussi
une garantie pour le pluralisme de
l’information au service des médias
français. Au-delà de l’Hexagone
l’AFP participe également au pluralisme
des sources d’information face
aux mastodontes anglo-saxons pour
donner une autre vision du monde.
L’AFP a été libérée les armes à la
main à la Libération par des journalistes
résistants. Son statut a été
créé en 1957 par les élus de la
nation sur une motivation politique.
Aujourd’hui, le combat pour
le maintien d’une agence française
de stature mondiale est dans la
droite ligne de cette volonté.
L’AFP est aussi un élément de la
démocratie dans ce pays. ■