pages simples - Snj-cgt
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JURIDIQUE<br />
Rustica<br />
Le ministre désavoue<br />
l’inspecteur du travail<br />
Licenciée avec autorisation de l’inspection du travail pour avoir écrit un<br />
livre, accusée de non-respect de l’article 7 de la convention collective et<br />
de déloyauté, notre déléguée a vu la décision annulée par le ministre du<br />
Travail.<br />
Françoise Janin<br />
Il ne fait pas bon être déléguée syndicale<br />
CGT chez Rustica. Une<br />
consœur est bien placée pour le<br />
savoir puisque, après avoir été harcelée<br />
par sa hiérarchie, elle a été licenciée<br />
pour la publication d’un livre de<br />
jardinage bio chez un éditeur autre que<br />
son employeur. Il fallait à cette vieille<br />
institution qui nie le fait syndical trouver<br />
un motif afin de se débarrasser de<br />
la CGT dont la déléguée réclamait le<br />
paiement des droits d’auteur, l’autorisation<br />
de publier une seconde fois les<br />
articles des journalistes, etc. Un outrage<br />
au pouvoir patronal !<br />
Considérant la publication d’un livre<br />
comme une collaboration extérieure, la<br />
direction a argué du non-respect par<br />
notre déléguée de l’autorisation à<br />
demander prévue à l’article 7 de la<br />
convention collective. Faisant une lecture<br />
inappropriée du texte qui prévoit<br />
que :<br />
[…] Les collaborations extérieures des journalistes<br />
professionnels […]. L’employeur qui<br />
les autorisera le fera par écrit […]. Faute de<br />
réponse dans un délai de dix jours pour les<br />
quotidiens, les hebdomadaires et les agences<br />
de presse et d’un mois pour les périodiques,<br />
cet accord sera considéré comme acquis. [ …]<br />
Le litige portait donc sur la notion de<br />
collaboration extérieure. Bien évidemment,<br />
si les partenaires sociaux ont précisé<br />
les publications susceptibles d’être<br />
concernées par une telle demande, et<br />
que les livres n’y figurent pas, c’est que<br />
le droit de publier des œuvres de l’esprit<br />
est, sauf contrat contraire le précisant,<br />
un droit pour chaque citoyen.<br />
Se rangeant aux arguments de l’employeur,<br />
le comité d’entreprise a voté<br />
comme un seul homme le licenciement<br />
de la déléguée SNJ-CGT.<br />
Omettant soigneusement de porter au<br />
procès-verbal la déclaration de la déléguée<br />
du SNJ autonome qui allait dans<br />
notre sens, malgré les protestations de<br />
notre déléguée auprès des élus et de<br />
l’inspectrice du travail. Laquelle on se<br />
doit de féliciter pour la neutralité de<br />
l’accueil et sa force d’analyse puisque,<br />
considérant le fameux livre comme<br />
une collaboration extérieure, elle avait<br />
commis un acte de déloyauté à l’égard<br />
de son employeur et que la faute était<br />
suffisamment grave pour autoriser le<br />
licenciement.<br />
Le ministre saisi en recours a mené une<br />
enquête méticuleuse, entendant la<br />
déléguée du SNJ et cherchant la jurisprudence.<br />
Nous lui avons fourni une<br />
décision du juge départiteur du prud’homme<br />
de Paris qui corroborait<br />
notre analyse et deux syndicats de journalistes<br />
sollicités ont attesté dans ce<br />
sens, comprenant que toute la profession<br />
pourrait subir cette jurisprudence.<br />
La décision annulant celle de l’inspectrice<br />
repose sur deux arguments. Le<br />
premier est tout au déshonneur des élus<br />
du comité d’entreprise de Rustica, le<br />
ministre relevant que ne pas rapporter<br />
les propos de la déléguée du SNJ était<br />
un vice de forme suffisant pour établir<br />
la nullité de la première décision et que,<br />
de surcroît, l’article 7 ne s’appliquait<br />
pas aux livres. Rien n’est perdu sauf<br />
l’honneur des élus de Rustica. ■<br />
TÉMOINS<br />
N° 34 / JUILLET 2008 17