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LE MONDE
Nous n’accepterons pas
des départs contraints
Le Monde vit une crise douloureuse. Les personnels ont appris le 4 avril
dans un même temps l’existence d’un déficit budgétaire de 180 millions
d’euros en sept ans et d’un plan directorial de sauvegarde de l’emploi (sic)
prévoyant la suppression de 129 postes. Quelques semaines plus tard,
après trois de jours de grève et autant de non-parutions, des débrayages
et un grand nombre d’assemblées générales, un protocole d’accord sur des
départs volontaires a été signé par l’intersyndicale. Sans que l’hypothèque
des départs contraints ne soit totalement levée. Frank Lonjaret, délégué
syndical SNJ-CGT, appelle à la plus grande vigilance et à une mobilisation
sans faille dès que nécessaire.
Dominique Candille
Comment analyses-tu la crise que
traverse le Monde ?
Le Monde rencontre les mêmes problèmes
qu’une grande partie de la
presse quotidienne : perte de lectorat,
recettes publicitaires en baisse, concurrence
des sites Internet. Mais les salariés
sont aussi victimes de la politique
de leurs dirigeants et d’une certaine
folie des grandeurs qui a conduit à l’endettement.
Les frais financiers représentent
en 2007 les deux tiers de la
perte totale du groupe. Pour sortir le
Monde de ce marasme financier, la
direction n’apporte aucune solution
d’avenir dans la réorganisation des services,
aucune réflexion sur la complémentarité
entre le papier et le numérique.
Aucune initiative ni stratégie
offensive n’est prévue.
Une nouvelle fois, on demande aux
salariés de faire des sacrifices car la seule
solution envisagée est la réduction de la
masse salariale et donc des suppressions
d’emploi. C’est inacceptable.
Comment en êtes-vous arrivés à
signer un protocole d’accord de
départs volontaires ?
Les salariés du Monde ont été très
offensifs, ils ont refusé toute notion de
départs contraints (licenciements). Le
plan proposé par la direction ne peut
que susciter des interrogations quant
au maintien de la qualité du quotidien :
suppression de 1000 pages, coupes
claires dans les services dont certains
seraient amputés de la moitié de leurs
effectifs (culture, sports…). Mais ces
mesures touchent tous les services du
journal, du courrier aux services commerciaux
en passant par l’informatique,
la documentation, etc.
Face à cette détermination, la direction
a reculé puisqu’elle a accepté de
négocier en premier lieu un protocole
de départs volontaires et de geler pendant
l’été toute autre disposition.
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TÉMOINS
N° 34 / JUILLET 2008