pages simples - Snj-cgt
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DOSSIER<br />
Depuis toujours,<br />
la protection du<br />
secret des sources<br />
des journalistes<br />
fait cruellement<br />
défaut en France.<br />
Les syndicats<br />
de journalistes,<br />
en particulier<br />
le SNJ-CGT,<br />
se battent pour<br />
l’obtenir. Une<br />
avancée vient de<br />
se produire avec<br />
le projet de loi<br />
présenté par le<br />
gouvernement<br />
actuel et voté en<br />
première lecture<br />
par l’Assemblée<br />
nationale<br />
le 15 mai dernier.<br />
Une avancée,<br />
mais certainement<br />
pas un<br />
aboutissement.<br />
16<br />
Jean-Gérard<br />
Cailleaux<br />
Pour une loi qui protège<br />
vraiment le secret des<br />
sources des journalistes<br />
Pourtant, ce n’est pas la<br />
faute des journalistes<br />
qui participent régulièrement<br />
aux divers travaux<br />
de préparation et autres<br />
auditions pour tenter d’améliorer<br />
les projets soumis et convaincre<br />
les autorités de tutelle de présenter<br />
un texte digne des besoins et<br />
des exigences, non seulement des<br />
professionnels de l’information,<br />
mais aussi et surtout du public, le<br />
premier concerné et la première<br />
victime des abus de justice et des<br />
manigances en tout genre.<br />
Le texte voté par l’Assemblée<br />
nationale devait être présenté au<br />
Sénat le 17 juin en séance plénière.<br />
Son rapporteur, François-<br />
Noël Buffet, a auditionné le SNJ-<br />
CGT, la CGC et l’USJ- CFDT le<br />
29 mai. FO a boudé l’invitation.<br />
Le SNJ autonome avait été reçu,<br />
seul, quelques jours auparavant.<br />
Le SNJ-CGT a tout de suite<br />
affirmé au rapporteur sénatorial<br />
que ce texte ne le satisfaisait pas<br />
dans la mesure où :<br />
– il était en retrait par rapport à la<br />
Convention européenne des<br />
Droits de l’homme, en particulier<br />
par l’écriture du début de l’article2<br />
qui stipule : « Il ne peut être porté<br />
atteinte directement ou indirectement<br />
à ce secret qu’à titre exceptionnel et<br />
lorsqu’un impératif prépondérant<br />
d’intérêt public le justifie. » Qui va<br />
juger sur de tels arguments ?<br />
– il était en retrait par rapport<br />
à la jurisprudence européenne<br />
(britannique, luxembourgeoise,<br />
belge, etc.) ;<br />
– s’il peut préserver le journaliste<br />
écrivain, il ne protège en rien ni<br />
les sources en elles-mêmes ni les<br />
autres collaborateurs satellites du<br />
journaliste (personnels administratifs,<br />
personnels techniques) ;<br />
– il ne protège pas le journaliste<br />
investigateur si, de son enquête, il<br />
en fait aussi un livre, l’édition<br />
n’étant pas reprise dans le cadre<br />
de cette loi ;<br />
– il donne une définition trop restrictive<br />
du journaliste par rapport<br />
à celle du code du travail ;<br />
– s’il cerne bien les perquisitions, il<br />
ne protège en rien des réquisitions,<br />
ni de l’accusation de recel qui peut<br />
être reproché… à un journaliste.<br />
En effet, si ce dernier a le droit de<br />
se « taire » sur l’origine d’une<br />
information, il n’a pas le droit de<br />
posséder cette information, d’où<br />
recel.<br />
Le SNJ-CGT a déclaré sa nette<br />
préférence pour la loi belge qui<br />
reconnaît « non seulement le droit de<br />
se taire lorsque les journalistes sont<br />
convoqués à titre de témoins ; mais<br />
aussi, sont explicitement protégés<br />
contre les perquisitions, les saisies, les<br />
TÉMOINS<br />
N° 34 / JUILLET 2008<br />
repérages téléphoniques et autres<br />
moyens d’investigation ».<br />
Les représentants de la CGC ont<br />
appuyé ces remarques, en rappelant,<br />
entre autres, qu’ils seraient<br />
déjà heureux que la déclaration de<br />
Munich soit incluse dans la<br />
convention collective nationale du<br />
travail des journalistes.<br />
Celui de la CFDT a rappelé que<br />
la protection des sources consistait<br />
plus à protéger les concitoyens<br />
en général que les journalistes en<br />
particulier et qu’à trop préciser la<br />
loi de 1881, on allait la ridiculiser.<br />
À propos d’éventuelles exceptions<br />
comme pour le secret de Défense<br />
nationale, le secret médical ou<br />
autre, il fut répondu négativement<br />
par les représentants syndicaux.<br />
Ce serait une porte ouverte à tout<br />
abus.<br />
Le sénateur Buffet les a interrogés<br />
aussi sur la création éventuelle,<br />
sinon d’un ordre des journalistes,<br />
du moins d’une instance de<br />
réflexion ou de jugement sur les<br />
cas qui poseraient problème. Les<br />
représentants des journalistes ont<br />
répondu, là aussi, négativement,<br />
la profession ayant déjà des<br />
instruments de mesure, et de<br />
réflexion comme les commissions<br />
paritaires nationales ou régionales<br />
et autres pour corriger les erreurs<br />
possibles.<br />
■