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MAGAZINE N 51, PAGE 68<br />
PLAYBOB<br />
Voici quelques équations que nous allons bientôt<br />
pouvoir mettre à la poubelle : magazine = information,<br />
magazine de marque = catalogue de<br />
produits, biographie = livre. En quelques années,<br />
ces frontières ont volé en éclats et parfois pour le<br />
meilleur, comme quand certaines marques comme<br />
Acne, Mini ou American Apparel livrent des<br />
magazines plus intéressant que les « vrais ».<br />
Mais voilà, le blog est passé par là. Pas un « minipeople<br />
», pas un pseudo-activiste, pas un clubber,<br />
pas un simili-artiste qui n’ait le sien, le plus souvent<br />
pour dire « j’ai vu ça et ça et ça », à la manière de<br />
post-it visuels. Car le seul sujet d’un blog est son<br />
auteur. Même si son contenu montre des paysages,<br />
du graphisme, de la mode, le sujet est le regardeur<br />
et ce regard à travers lequel je regarde à mon tour<br />
le monde. Je ne me moque pas. Si Olivier Zahm<br />
vient de signer une campagne de publicité en tant<br />
que photographe, son blog-journal intime, souvent<br />
en noir et blanc, n’y est certainement pas étranger.<br />
Ce petit programme informatique aurait donc fait<br />
mieux que douze ans de magazine de mode…<br />
Cette longue introduction pour vous parler de<br />
Monsieur Bob, qui a 40 ans et beaucoup plus<br />
de disques, qui aime les filles nues et le potentiel<br />
évocateur de son année de naissance. Donc,<br />
Monsieur Bob va éditer un magazine à sa gloire :<br />
comment Bob a commencé ; le dernier album de<br />
Monsieur Bob ; ses amis ; ses collègues de travail<br />
; ses clips ; et même ses fausses pubs. Certes,<br />
ça fait un « objet promo » qui a de la gueule :<br />
96 pages de faux Playboy (avec son accord), le<br />
tout gratuit et même avec une certaine sincérité<br />
dans la démarche.<br />
On sait bien les sommets atteints par le personal<br />
branding et l’importance prise par les personnes<br />
au détriment de leur production, y compris dans<br />
d’autres domaines que ceux de la création. Mais il<br />
faut certainement avoir une double dose de mégalomanie<br />
pour penser pouvoir intéresser, avec sa<br />
petite personne, le lecteur lambda croisé au hasard<br />
de la rue des Archives. Il y a une politesse que<br />
j’aime dans la presse : celle de s’effacer devant<br />
le monde pour le raconter, et n’apparaître que<br />
discrètement, de sa signature. Alors, je n’ai pas<br />
résisté, j’ai compté : 23 apparitions de Bob dans<br />
les 96 pages du magazine. Heureusement, Playbob<br />
présente aussi l’actualité de 1969 en cinéma,<br />
musique, graphisme, etc. Sans oublier la playmate<br />
en poster central, puisqu’on fait dans le régressif…<br />
Il y a de quoi être dérouté, à moins que Playbob ne<br />
soit le dossier de presse, maquetté, imprimé et prêt<br />
à l’emploi à l’usage de la presse…<br />
France, one shot, 100 p., 210 x 280 mm, gratuit.<br />
Chef de projet, rédactrice en chef : Carole Thomé<br />
Directrice artistique : Stéphanie Buisseret<br />
Directeur de la publication : Bob Sinclar<br />
Production : Danielle Verheul & Famke Visser<br />
Éditeur : Yellow productions