Dynamisme 215 - Union Wallonne des Entreprises
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Spécial Entreprise & Enseignement<br />
UNE QUESTION D’EXPÉRIENCE !<br />
L’éveil aux sciences chez<br />
les jeunes du secondaire<br />
Les filières<br />
scientifiques<br />
n'attirent pas les<br />
jeunes. Chargées d’a<br />
priori négatifs, les<br />
sciences n’ont pas<br />
bonne presse chez<br />
les adolescents. Les<br />
entreprises<br />
wallonnes parlent<br />
déjà de pénurie. Mais<br />
<strong>des</strong> bonnes pratiques<br />
existent pour guérir<br />
de ce "dégoût" <strong>des</strong><br />
sciences. Des bonnes<br />
pratiques basées sur<br />
l’expérimentation et<br />
l’échange avec le<br />
monde économique.<br />
par Juliette HARIGA<br />
Les chiffres sont là : de moins en moins de<br />
jeunes choisissent <strong>des</strong> carrières<br />
scientifiques. Les sciences fondamentales<br />
accusent une diminution de plus de 6% <strong>des</strong><br />
inscriptions universitaires depuis 2004, les<br />
sciences agronomiques près de 10%, sans<br />
parler <strong>des</strong> sciences de l’ingénieur. Un comble<br />
quand on sait que ce sont justement ces filières<br />
qui sont porteuses d’emplois !<br />
Une désaffection généralisée.<br />
Comment expliquer ce désintérêt <strong>des</strong> jeunes<br />
pour les filières scientifiques ? Pasquale<br />
Nardone, professeur de physique à l’ULB et très<br />
actif dans la "didactisation" <strong>des</strong> sciences via<br />
l’émission de télévision GpiG pointe du doigt<br />
l’évolution de notre société. "Au XX ème siècle, la<br />
science était vue comme triomphante devant<br />
l’inconnu. Les jeunes voulaient participer au<br />
progrès. Depuis, cette représentation<br />
extrêmement positive a basculé. Les étu<strong>des</strong><br />
européennes le prouvent : plus une société est<br />
évoluée technologiquement moins les sciences<br />
sont considérées comme une valeur. Les<br />
jeunes fuient alors les sciences dites dures et<br />
se tournent plutôt vers les sciences humaines".<br />
Un constat accentué par un enseignement <strong>des</strong><br />
sciences inadapté dans l’enseignement<br />
secondaire. On éduque de manière théorique<br />
note Pasquale Nardone. "Les jeunes<br />
n’établissent plus le lien entre ce qu’explique le<br />
professeur et la réalité". Il y aussi le manque de<br />
moyens pour expliquer la désaffection que<br />
connaissent les sciences. Les laboratoires se<br />
font plutôt rares dans les écoles wallonnes<br />
constate Fabian Scuvie de chez Essencia. Et s’il<br />
y a bien deux ou trois associations qui peuvent<br />
aider, notamment ‘Zénobe Gramme’ qui récolte<br />
du matériel auprès <strong>des</strong> entreprises wallonnes<br />
pour fournir les laboratoires <strong>des</strong> écoles, c’est<br />
clairement insuffisant.<br />
Mais qu’on ne s’y trompe pas : tout n’est pas<br />
noir. Marc Romainville, professeur aux Facultés<br />
universitaires de Namur et Directeur du<br />
Département Education & Technologie, constate<br />
une évolution depuis 2001 avec la mise en place<br />
<strong>des</strong> programmes scolaires basés sur les<br />
compétences. "On favorise de plus en plus le<br />
développement de compétences,<br />
d’expérimentations. Cela va mieux. Mais il faut<br />
<strong>des</strong> années pour qu’une réforme pédagogique<br />
se mette en place et produise <strong>des</strong> effets". Marc<br />
Romainville souligne aussi qu’il faut de soli<strong>des</strong><br />
compétences pour pouvoir réaliser <strong>des</strong><br />
expériences et l’étendue <strong>des</strong> titres requis pour<br />
faire face à la pénurie de professeurs n’aide pas<br />
vraiment. Un biologiste peut ainsi donner cours<br />
de physique…<br />
Des bonnes pratiques à suivre<br />
Pasquale Nardone est actif dans la version<br />
belge de l’asbl "La main à la pâte" créée en<br />
France par le prix Nobel de physique 1992,<br />
Georges Charpak. Cette association propose<br />
<strong>des</strong> formations aux enseignants du primaire et<br />
du secondaire, mais aussi aux élèves. Le but :<br />
rendre les sciences ludiques et concrètes. Les<br />
participants mettent au point <strong>des</strong> expériences<br />
IL FAUT DES<br />
ANNÉES POUR<br />
QU’UNE RÉFORME<br />
PÉDAGOGIQUE SE<br />
METTE EN PLACE<br />
ET PRODUISE DES<br />
EFFETS.<br />
18. <strong>Dynamisme</strong> Hors-Série Automne 2008