Aimants et boussoles - Palais de la découverte
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DÉCOUVERTE N°346 MARS 2007<br />
55<br />
W<br />
Eli<br />
©<br />
FIGURE 8<br />
William Gilbert (1544-1603)<br />
décrit le magnétisme<br />
à <strong>la</strong> reine Elisab<strong>et</strong>h.<br />
Copernicien dans l’âme,<br />
ce Galilée du magnétisme, peut<br />
être considéré comme l’un<br />
<strong>de</strong>s premiers chercheurs<br />
« mo<strong>de</strong>rnes » dans le domaine<br />
<strong>de</strong> l’électricité<br />
<strong>et</strong> du magnétisme.<br />
© <strong>Pa<strong>la</strong>is</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>découverte</strong>.<br />
Norman attache à une aiguille <strong>de</strong> boussole<br />
un morceau <strong>de</strong> liège <strong>de</strong> taille convenable afin<br />
que l’ensemble ait <strong>la</strong> même <strong>de</strong>nsité que l’eau.<br />
Il immerge ensuite le tout dans le liqui<strong>de</strong> <strong>et</strong><br />
observe contre toute attente que l’aiguille<br />
ainsi préparée ne se dép<strong>la</strong>ce pas sous l’eau !<br />
Elle reste sur p<strong>la</strong>ce mais tourne sur elle-même<br />
avant <strong>de</strong> s’immobiliser selon une certaine<br />
orientation présentant une déclinaison <strong>et</strong> une<br />
inclinaison (fig. 6). Le résultat crucial révélé<br />
par c<strong>et</strong>te expérience est que l’aiguille ne<br />
voyage pas : elle n’est donc nullement attirée<br />
par quoi que ce soit. Si le point que Norman<br />
avait imaginé dans <strong>la</strong> Terre était « attractif »,<br />
il aurait attiré l’aiguille <strong>et</strong> celle-ci se serait<br />
mise en mouvement. Mais tel n’était pas le<br />
cas. Norman baptise ce point point respective<br />
<strong>et</strong> en 1581 publie les résultats <strong>de</strong> ses<br />
recherches dans un ouvrage qu’il intitule The<br />
Newe Attractive (fig. 7). On y trouve pour <strong>la</strong><br />
première fois <strong>la</strong> thèse selon <strong>la</strong>quelle <strong>la</strong> cause<br />
<strong>de</strong> l’orientation d’une aiguille <strong>de</strong> boussole est<br />
terrestre. William Gilbert (1544-1603),<br />
mé<strong>de</strong>cin <strong>de</strong> <strong>la</strong> reine Elisab<strong>et</strong>h I er , reprendra<br />
c<strong>et</strong>te idée <strong>et</strong> <strong>la</strong> développera selon sa propre<br />
conception <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature.<br />
William Gilbert <strong>et</strong> son œuvre<br />
Parfois appelé le « Galilée du magnétisme »,<br />
Gilbert est très peu connu du public (fig. 8).<br />
Pourtant, l’importance <strong>de</strong> son œuvre est<br />
fondamentale, non seulement dans le domaine<br />
du magnétisme mais aussi en électricité,<br />
terme (electricitas) qu’il forge à partir du grec<br />
elektron c’est à dire « ambre ». Ce<strong>la</strong>, par allusion<br />
à <strong>la</strong> propriété que possè<strong>de</strong> l’ambre (frotté<br />
contre <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>la</strong>ine) d’attirer <strong>de</strong> légers corps,<br />
menues feuilles, brindilles… Gilbert juge très<br />
sévèrement ses prédécesseurs, les traitant <strong>de</strong><br />
char<strong>la</strong>tans, d’incompétents, d’ignorants… y<br />
compris Pierre <strong>de</strong> Maricourt pour qui il<br />
conserve pourtant une certaine estime <strong>et</strong> dont<br />
il emprunte l’idée du globe aimanté. Il lit<br />
beaucoup d’ouvrages publiés en <strong>la</strong>tin, dont <strong>la</strong><br />
Magia Naturalis (Magie naturelle, 1558) <strong>de</strong><br />
l’Italien Giovanni Battista <strong>de</strong>l<strong>la</strong> Porta (1535-<br />
1615). Gilbert considère ce <strong>de</strong>rnier comme<br />
particulièrement ignorant, notamment parce<br />
que <strong>de</strong>l<strong>la</strong> Porta prétendait qu’une aiguille en<br />
acier frottée contre un diamant s’orientait<br />
dans <strong>la</strong> direction nord-sud. Gilbert répète c<strong>et</strong>te<br />
expérience soixante-quinze fois (!) avec<br />
autant <strong>de</strong> diamants, mais n’observe jamais<br />
aucune orientation particulière <strong>de</strong> l’aiguille<br />
ainsi frottée. Signalons cependant que<br />
l’Italien avait aussi <strong>de</strong> bonnes idées : en particulier,<br />
il avait introduit une très belle innovation<br />
pour mesurer <strong>la</strong> « puissance » d’un<br />
aimant. Il employait une ba<strong>la</strong>nce à <strong>de</strong>ux<br />
p<strong>la</strong>teaux, l’un supportant un morceau <strong>de</strong> fer.<br />
Sous ce p<strong>la</strong>teau, il p<strong>la</strong>çait l’aimant dont il<br />
souhaitait mesurer <strong>la</strong> performance. Il cherchait<br />
ensuite à compenser l’attraction que subissait<br />
le fer <strong>de</strong> <strong>la</strong> part <strong>de</strong> l’aimant en ajoutant <strong>de</strong>s<br />
poids sur l’autre p<strong>la</strong>teau. L’importance <strong>de</strong> ce