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VOL. 31 N 10 ~ JANVIER 2015 ~ GRATUIT ~ fugues.com

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Le temps d’une soirée, un jeune couple<br />

hétéro annonce à sa famille qu’il déménage<br />

dans un autre quartier. Une douche froide<br />

mais des réactions volcaniques de la part<br />

des parents. Et bien entendu une confrontation<br />

familiale et générationnelle où chacun<br />

défend ses positions, fait part de ses frustrations,<br />

de ses attentes et de ses désirs.<br />

Si l’intensité des émotions et de leur expression<br />

a tout à voir avec l’Italie, il ne s’agit<br />

plus de pleurer la terre des ancêtres mais<br />

bien de chérir le quartier de Montréal dans<br />

lequel plusieurs générations d’Italo-montréalais<br />

ont grandi.<br />

En janvier 2001, Fugues ouvrait ses pages et sa couverture à Steve<br />

Galluccio dans une longue entrevue. On vous propose donc, le<br />

même exercice, mais 14 ans plus tard.<br />

Pourquoi écrire sur la <strong>com</strong>munauté italienne de Montréal <br />

Parce que c’est la <strong>com</strong>munauté dont je suis issu, que je la connais<br />

très bien et qu’elle me fascine toujours autant. Plus je vieillis, plus<br />

d’ailleurs l’histoire de son arrivée sur le nouveau continent me passionne.<br />

Je lis actuellement des livres sur l’arrivée des Italiens à New<br />

York. Il y a eu plusieurs vagues d’immigrants italiens au cours de<br />

l’histoire, et selon l’époque, la région d’origine en Italie, on se rend<br />

<strong>com</strong>pte que ce n’est pas une <strong>com</strong>munauté aussi homogène que cela<br />

sinon par son attachement à sa terre d’origine. Je continue donc<br />

encore à la « décortiquer » (Rires) !<br />

Avec Mambo Italiano, il y a 14 ans, on découvrait des italomontréalais<br />

dont certains étaient de seconde génération<br />

pas très ouverts aux changements sociétaux, entre autres<br />

à l’homosexualité Est-ce que tu perçois un changement<br />

aujourd’hui face à cette question <br />

Bien sûr. Je ne veux pas dire que tous les italo-montréalais sont<br />

aujourd’hui à l’aise. Comme dans toute la société, il y a encore des<br />

résistances, mais en une quinzaine d’années le changement est<br />

énorme. Les familles acceptent mieux que leurs enfants quittent la<br />

maison sans être mariés, ou même puissent envisager de rester célibataire<br />

ou encore d’être gai ou lesbienne. Il y a une plus grande ouverture<br />

même si ce n’est pas forcément ce que souhaitent les parents.<br />

On considère aujourd’hui que près de 50% des jeunes issus de cette<br />

<strong>com</strong>munauté épousent des conjoints qui ne sont pas d’origines italiennes.<br />

Il y a donc un plus grand mélange avec d’autres <strong>com</strong>munautés<br />

qui joue sur l’évolution des mentalités.<br />

La pièce se passe le temps d’un souper <br />

On pourrait dire presqu’en temps réel. Et <strong>com</strong>me souvent quand il y a<br />

une grand nouvelle, bonne ou mauvaise dans ces familles, tout<br />

prend des proportions qui paraissent parfois exagérées mais qui<br />

témoignent même dans les cris ou les larmes de l’attachement et des<br />

liens forts entre chacun des membres de la famille. Les chroniques<br />

de Saint-Léonard est avant tout une <strong>com</strong>édie, avec des moments<br />

plus touchants. Mais c’est un divertissement.<br />

Tu as d’abord écrit Les Chroniques de Saint-Léonard<br />

en anglais, puis tu les as traduites. Pourquoi ce choix alors<br />

que c’est Michel Tremblay qui avait traduit Mambo Italiano<br />

Le Français est la langue de mon éducation au Québec. J’ai d’abord<br />

parlé français avant de parler anglais. Je ne sais pourquoi je ne<br />

voulais pas me lancer dans l’écriture en français. Peut-être mon<br />

influence des films américains où j’avais le sentiment que ce serait<br />

plus facile pour moi d’écrire des dialogues en anglais. Mais là, j’ai<br />

sauté le pas. Et Monique Duceppe qui signe la mise en scène m’a<br />

encouragé et a suivi pas à pas tout le travail de la traduction. En fait<br />

mon grand rêve aurait été d’écrire une pièce qui mélange l’anglais, le<br />

français et l’italien. Car c’est actuellement ce qui se passe chez beaucoup<br />

de familles italo-montréalaises, où en fonction des personnes<br />

et de leurs origines, on peut très bien passer d’une langue à l’autre<br />

dans une conversation et même <strong>com</strong>mencer une phrase dans une<br />

langue et la terminer dans une autre. Mais <strong>com</strong>me tu peux l’imaginer,<br />

cela aurait été très difficile à mettre en scène. Mais par exemple,<br />

quand je suis avec mon chum québécois dans ma famille, on<br />

mélange les trois langues.<br />

En fait, c’est une autre facette des italo-montréalais que tu<br />

nous montres avec ces Chroniques de Saint-Léonard <br />

Oui, parce qu’il y a différentes façons de vivre son italianité à<br />

Montréal selon le quartier dans lequel la famille s’est installée. Les<br />

Italiens de Saint-Léonard sont différents de ceux de la Petite-Italie<br />

ou encore de Ville-Émard. Tous <strong>com</strong>me les Italo-Montréalais sont<br />

différents des Italos-Torontois ou des Italos-Newyorkais. En fait il<br />

faut tenir <strong>com</strong>pte de leur région d’origine en Italie, puis de l’époque à<br />

laquelle ils ont émigrés puis des villes et des quartiers dans lesquels<br />

ils vont s’installer. Ces différents facteurs vont façonner une culture<br />

propre. Et les différences et les variantes sont plus grandes qu’on le<br />

croit. C’est ce qui me fascine. Tout <strong>com</strong>me je suis fasciné de voir<br />

que de plus en plus de jeunes créateurs et artistes d’origine italomontréalaise<br />

font leur marque aujourd’hui. Il y a encore une quinzaine<br />

d’années, on n’en voyait pas beaucoup ou encore leurs origines<br />

n’étaient pas soulignées. Alors qu’aujourd’hui, on peut être Québécois,<br />

Montréalais et Italien sans qu’une des identités ne soient en<br />

contradiction avec les autres ou occultées. 6 ANDRÉ C. PASSIOUR<br />

CHRONIQUES DE SAINT-LÉONARD Texte et traduction de Steve Galluccio<br />

Mise-en-scène de Monique Duceppe. Théâtre Jean-Duceppe<br />

Du 17 décembre 2014 au 7 février <strong>2015</strong>. Billetterie : duceppte.placedesarts.<strong>com</strong><br />

PHOTO_FRANÇOIS BRUNELLE

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