Dynamiques chinoises - Etudes économiques du Crédit Agricole

Banques chinoises : des ambitions de titans
S E R G E O P P E N C H A I M E T D A N I E L L E M O N S I M I E R
livres de comptes. De même, la Banque centrale exige l’inscription
des entreprises emprunteuses sur un registre national.
Une banque de détail balbutiante
À défaut d’alternative, l’épargne domestique est captive du système
bancaire. A fin avril 2004, la PBOC estimait l’ensemble
des dépôts des institutions bancaires à 2 710 milliards USD.
Le gouvernement s’appuie sur l’existence de cette masse de
liquidités pour promouvoir sa politique de stimulation de la
demande intérieure. Il encourage également les banques chinoises,
en particulier les quatre grandes banques commerciales,
à développer le crédit aux particuliers, que ce soit sous forme
de crédit à l’habitat ou de crédit à la consommation. Les résultats
ne se sont pas faits attendre. Inexistants il y a cinq ans,
l’encours des prêts immobiliers, automobiles et électroménagers
dépassait 120 mds USD dès 2003, soit plus de 8 % du
total des encours bancaires. En croissance d’environ 15 %, il
est composé à 80 % de prêts à l’habitat.
Le crédit à la consommation progresse quant à lui de près de
50 % : dès 2001, il représentait 86 % des nouveaux prêts accordés
par l’ICBC et 35 % de ceux accordés par les quatre
« grandes ». Au total, le crédit bancaire aux particulier représente
11 % du PIB.
Cette croissance rapide est à double tranchant. Elle stimule la
consommation intérieure mais, en l’absence d’un système de
contrôle du risque de crédit au moins standardisé à l’échelle des
provinces, elle expose les banques chinoises à un niveau élevé de
défauts de paiement, notamment en matière de crédit automobile.
Devenues plus méfiantes, les autorités envoient des signaux
de prudence. Ainsi, le président de la CRBC exhorte depuis peu
les banquiers chinois à « contenir et prévenir les prêts non performants
en matière de crédit à la consommation ».
Au total, la poursuite du développement de la banque de
détail est conditionnée par une maîtrise réelle du risque et par
l’émergence de couches socioprofessionnelles, urbaines et
rurales, disposant de revenus d’un bon niveau et stables dans
le temps (6) . D’où l’importance de la création de systèmes d’assurance,
de protection sociale et de retraite.
/...
(6) Le Bureau des Statistiques de Pékin donnait les chiffres suivants pour 2003 : les revenus
disponibles individuels moyens auraient été de 1 812 USD à Canton, 1 796 USD à Shanghai,
1 677 USD à Pékin, 1 245,5 USD à Tianjin et 977,5 USD à Chongqing. Il s’agit ici du
« revenu disponible per capita » qui est, en principe, le revenu individuel moyen hors épargne
longue, impôts et contributions obligatoires. C’est donc une mesure de pouvoir d’achat des
citadins. Le concept n’est pas pertinent pour les ruraux qui ont un taux élevé d’autoconsommation.
Asian Banker et Merril Lynch indiquent par ailleurs que la Chine compterait
211 000 familles disposant en mars 2004 d’un patrimoine de plus d’un million USD.
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