Dynamiques chinoises - Etudes économiques du Crédit Agricole

Banques chinoises : des ambitions de titans
S E R G E O P P E N C H A I M E T D A N I E L L E M O N S I M I E R
Ainsi, les banques ICBC et ABC consacrent plus de la moitié
de leurs résultats à réduire leurs stocks de PNP.
Le FMI constate cependant que la fiscalité actuelle handicape
lourdement les banques, l’impôt qu’elles acquittent étant assis
sur les intérêts bruts perçus et non pas sur les bénéfices. De
même, elle n’incite pas au provisionnement des PNP, ce dernier
n’étant pas déductible.
Au total, ces deux facteurs freinent la mise en place des
mesures d’apurement et suscitent des interrogations sur l’amélioration
effective des bilans bancaires. Les premiers résultats
des contrôles sur place de la CBRC sont donc attendus avec
impatience, de même que les sanctions qu’elle serait amenée à
prendre. Ses conclusions seront d’autant plus importantes que
les autorités chinoises ont exprimé la volonté de faire baisser
significativement la part des prêts non-performants (7) . A stock
constant, ce rythme conduit cependant à un traitement d’au
moins dix années.
Les mesures à l’œuvre ne permettent donc pas une résorption
rapide des prêts non performants existants. Par ailleurs, l’aléa
moral qui pèse sur les banques et les pratiques actuelles de
distribution du crédit alimentent le stock déjà constitué. Le
pouvoir des banques pour apprécier leurs risques de crédit et
décider librement de leurs engagements est en effet limité,
compte tenu de la faiblesse des informations financières dont
elles disposent sur leurs emprunteurs et du financement
obligé des entreprises d’Etat. Leur capacité à se faire rembourser
est également obérée par les tergiversations des dirigeants
chinois à réviser une loi sur les faillites inadaptée aux mutations
du secteur d’Etat.
Cette réticence à traiter à fond les relations entre débiteurs et
prêteurs illustre la complexité des interactions entre réforme
financière et processus de transition. La fermeture des usines
fonctionnant à perte arrêterait le flux de PNP. Elle montrerait
également aux autres entreprises, publiques ou privées, qu’il n’y
a pas de dérogations possibles aux règles de droit. Mais, comme
on le sait, cette décision est conditionnée par la capacité du
Fonds de sécurité sociale à prendre à sa charge les obligations
sociales jusqu’alors assumées par les entreprises publiques.
Enfin, la mise en faillite rapide des entreprises d’État non rentables
impliquerait la recapitalisation immédiate des banques. /...
(7) Selon China Daily du 21 mai 2004, les AMC devraient à nouveau se voir transférer
140 mds RMB de créances douteuses provenant de la BOC et 56,9 mds RMB
provenant de la CCB. Il s’agirait d’un premier pas. L’accord de transfert comporterait
un taux minimum de recouvrement. Le ministère des Finances a de plus ajouté
à l’accord l’obligation pour les AMC de mettre en place des mécanismes de contrôle
des risques.
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