Dynamiques chinoises - Etudes économiques du Crédit Agricole

Banques chinoises : des ambitions de titans
S E R G E O P P E N C H A I M E T D A N I E L L E M O N S I M I E R
contrats, qui traite pour la première fois des principes fondamentaux
des locations-acquisitions. Pour autant, une loi portant
spécifiquement sur le crédit-bail reste toujours nécessaire.
En ce qui concerne l’affacturage, le nouveau code
permet d’attribuer des droits contractuels indépendamment
de la prise en charge des obligations correspondantes et sans
le consentement du débiteur. Cette mesure pourrait stimuler
la mobilisation de créances.
Un pari à haut risque
Les autorités chinoises font ainsi le pari que des règles de
droit plus modernes associées à une croissance forte rendront
secondaire le problème des créances douteuses. À leurs yeux,
le développement économique permet d’alléger le stock de
prêts douteux hérité du passé, il n’y a donc aucune justification
à sacrifier la croissance au profit d’un assainissement
immédiat des banques. De même, le durcissement des
contrôles permet de limiter la constitution de nouvelles
créances irrécouvrables. Ce schéma peut être qualifié d’idéal
car il suppose un entraînement vertueux : la modernisation de
la banque se fait au service des objectifs économiques du pays.
En retour, la réalisation de ces objectifs donne à la banque les
moyens de se développer.
Pourtant, les sources de risques se multiplient : spéculation
immobilière, bancarisation de nouvelles couches de la population,
soutien financier à de « jeunes pousses », apprentissage de
nouvelles techniques, conquête de nouvelles régions, ouvertures
de nouveaux équipements... D’autres évolutions, plus explosives,
doivent donc être envisagées. Leur point commun : un
arrêt plus ou moins brutal de la croissance chinoise conduisant
à des difficultés déjà rencontrées sous d’autres cieux. La Chine
peut ainsi se trouver confrontée à un scénario à la japonaise, à
la coréenne, à l’indonésienne, ou encore à la brésilienne.
À la japonaise
Flamboyant jusqu’à l’exposition universelle de Shanghai de
2010, le développement s’étiole et débouche sur une décennie
de stagnation. L’enchaînement de ce scénario pourrait être le
suivant. L’apurement des malfaçons de la croissance (népotisme,
mauvaise allocation des ressources...) n’est pas réalisé
pendant la phase ascendante du cycle. Les problèmes non traités
s’accumulent, tels le stock de créances irrécouvrables, la
valorisation excessive des actifs, l’emprise de la corruption.
Devenus trop importants, ils plombent la croissance. La
Chine adopte une stratégie « douce » de résolution de la crise
pour ne brutaliser ni les responsables ni le tissu social. Elle vit /...
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