Dynamiques chinoises - Etudes Ã©conomiques du CrÃ©dit Agricole

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Banques chinoises : des ambitions de titans S E R G E O P P E N C H A I M E T D A N I E L L E M O N S I M I E R reste globalement pauvre et instable. La prospérité n’est pas au rendez-vous. À QUEL SCÉNARIO CROIRE ? D éveloppement maîtrisé du système bancaire chinois ou incapacité à absorber les tensions inévitables ? À son actif, il faut constater qu’il a bien résisté aux crises financières du précédent millénaire et que lui-même n’a pas généré de désordre. À son passif, il faut compter l’importance des tensions structurelles accumulées. Pour juger la plausibilité des scénarios, il est cependant difficile de calquer les « business models » usuels sur le cas chinois. Ce dernier pose en effet des problèmes auxquels la communauté bancaire internationale, collectivement ou individuellement, n’a jamais été confrontée. Chiffrons en effet le changement d’univers auquel nous assistons : si elles croissent de 20 % par an, les exportations chinoises s’élèveront à 2 700 milliards USD en 2013, soit dans moins de neuf ans, alors que les Etats- Unis exportent actuellement « seulement » 700 milliards USD par an. Donnons un autre élément d’appréciation : le FMI estime qu’il devra mobiliser, pour ce qui le concerne, 240 milliards USD pour aider la Chine en cas de crise financière au cours de la prochaine décennie. De telles perspectives montrent que l’avenir de la banque chinoise est une question systémique. Qu’elle réussisse à accompagner ce développement du commerce extérieur, et c’est la hiérarchie de la finance internationale qui est bouleversée. Qu’elle échoue, et c’est l’économie mondiale qui devra trouver de nouvelles voies de croissance. Ainsi, la réponse à la question « développement maîtrisé du système bancaire chinois ou incapacité à absorber les tensions inévitables ? » se trouve non seulement à Beijing mais aussi dans les enceintes financières internationales qui devront décider, le moment venu, si elles veulent et peuvent aider la Chine à surmonter ses éventuelles difficultés bancaires. 27
N U M É R O 3 2 3 – D É C E M B R E 2 0 0 4 Les banques étran LES ÉTABLISSEMENTS BANCAIRES ÉTRANGERS ENTENDENT ÊTRE PRÉSENTS EN CHINE. MAIS LA LÉGISLATION RESTE CONTRAIGNANTE ET LA PART DE MARCHÉ DES OCCIDENTAUX MARGINALE Fin 2003, on comptait 62 banques étrangères en Chine, disposant de 191 succursales, auxquelles s’ajoutaient 211 bureaux de représentation. De juin 2003 à juin 2004, les actifs des banques étrangères ont bondi à 85 milliards de yuans. Pour autant, leur part de marché globale reste marginale : de 1 % à 3 % selon les banquiers, dont la moitié pour HSBC et Citigroup. En adhérant à l’OMC, la Chine s’est engagée à ouvrir progressivement dans le temps et dans l’espace son marché bancaire. Un calendrier d’élargissement progressif des activités autorisées aux banques étrangères a ainsi été arrêté par la Banque centrale (PBOC). Il conduira à la levée de toute restriction géographique ou de clientèle en janvier 2007. TABLEAU 1 LEVÉE DES RESTRICTIONS GÉOGRAPHIQUES Les opérations en monnaie locale vers les entreprises sont ou seront autorisées pour les banques étrangères selon le calendrier suivant : Depuis l’accession Shanghai, Shenzhen, Tianjin et Dalian OMC de 2001 Depuis fin 2002 Guangzhou, Zhuhai, Qingdao, Nanjing et Wuhan Depuis fin 2003 Jinan, Fuzhou, Chengdu et Chongqing Fin 2004 Kunming, Beijing et Xiamen À partir de Shantou, Ningbo, Shenyang et Xian la fin 2005 TABLEAU 2 CHAMP ACTUEL DES CLIENTÈLES ET OPÉRATIONS OUVERT AUX BANQUES ÉTRANGÈRES Entreprises Particuliers Chinoises Étrangères Étrangers Chinois en Chine en Chine Opérations en devises Oui Opérations Oui Non en RMB (selon levée des (à partir restrictions de décembre 2006 géographiques selon engagements ci-dessus) OMC) La clientèle des particuliers est exclue du champ jusqu’en décembre 2006. À cette date, toutes les restrictions géographiques et de clientèle devront être levées. • Les banques étrangères pourront créer leur réseau d’exploitation dans n’importe quelle ville et fournir des services à tous les clients chinois sans distinction. Les formalités d’approbation seront identiques à celles des banques chinoises. • Toutes les restrictions concernant le droit de propriété, le droit d’exploitation, ainsi que la forme d’installation des banques étrangères, disparaîtront. • La création d’institutions financières étrangères non bancaires accordant des prêts à la consommation sera autorisée. Elles jouiront des mêmes traitements que leurs homologues chinois. • Les banques étrangères pourront également octroyer des prêts aux particuliers chinois. • Les sociétés étrangères de leasing pourront fournir leurs services comme les sociétés chinoises. Aujourd’hui, les banques étrangères souffrent toujours des restrictions de la réglementation locale qui nécessite l’octroi d’une licence pour chaque activité, chaque succursale et chaque ville. On touche ici à l’ambiguïté de la stratégie d’ouverture des autorités chinoises, la promulgation d’un « règlement sur les institutions financières étrangères » ayant en 2002 partiellement remis en cause l’esprit des accords OMC, tout en en conservant la lettre. Certaines barrières réglementaires ont ainsi été renforcées : • Capital minimum requis de 500 millions RMB pour le périmètre d’activité autorisé le plus large. • Restriction du refinancement en devises : la SAFE, organisme de contrôle des changes, impose depuis juin 2004 aux banques étrangères opérant en Chine un ratio de dette à court terme en devises limité à cinqfois leur capital enregistré. •Instauration d’un délai d’une année entre deux ouvertures de succursales par une même banque étrangère ; •Enfin, toute banque étrangère doit également déposer 30% de son fonds de roulement à la Banque centrale, avoir un ratio de solvabilité supérieur à 8 % y compris en RMB, et ses dépôts en devises de source chinoise ne doivent pas dépasser 70 % de l’ensemble de son actif en devises. Dans ce contexte, quelques grands groupes étrangers se distinguent. Déjà présents dans la banque de gros, HSBC et Citigroup affichent ainsi leur volonté de se développer dans la banque de détail et dans les services financiers aux particuliers chinois. HSBC est d’ores et déjà implantée à Pékin, Shanghai, Hong Kong, Canton, Shenzhen, Tianjin Dalian, Quigdao, Wuhan, Xiamen, Chengdu et Chongquing, soit un réseau couvrant la zone côtière mais aussi des régions que les autorités entendent développer. Elle a acquis cet été 19,9 % du capital de la Banque de la Communication, pour un montant en numéraire de 1,7 mds USD. Cette opération représente la plus importante 28
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