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20 Libres ensemble<br />

4 En référence à<br />

l’appel au changement<br />

et à l’engagement<br />

des États<br />

européens en<br />

faveur de la paix,<br />

lancé par Robert<br />

Schuman aux<br />

futurs membres de<br />

l’Union européenne,<br />

en mai<br />

1950.<br />

les États-Unis, le Canada, le Japon,<br />

l’Australie et certains pays d’Europe<br />

centrale et occidentale. Ailleurs, les<br />

budgets du secteur militaire affichent<br />

une tendance à la hausse depuis le<br />

début du XXI e siècle. Qui plus est,<br />

les sommes brassées par le commerce<br />

des armes sont gigantesques ; les profits<br />

qu’il génère sont de l’ordre de 400<br />

milliards de dollars par an.<br />

Il n’est donc pas étonnant que lors<br />

de certaines décisions d’exportation<br />

d’armes, la balance ait souvent penché<br />

en faveur de ces intérêts économiques<br />

et politiques, au détriment des droits de<br />

l’homme. Les récents bouleversements<br />

dans les pays arabes, lors desquels les<br />

gouvernements ont utilisé des armes<br />

achetées en Europe pour réprimer les<br />

révoltes populaires, l’ont notamment<br />

montré. Si de tels évènements étaient<br />

largement imprévisibles, il reste que la<br />

prudence devait être de mise lors de la<br />

décision de l’octroi d’une autorisation<br />

d’exportations vers certains de ces pays<br />

au regard de la situation alarmante des<br />

droits de l’homme qui y prévaut.<br />

Des outils d’ingérence<br />

Au-delà des aspects strictement économiques,<br />

le commerce des armes<br />

est également lié à des considérations<br />

éthiques, politiques et géostratégiques.<br />

Leur fourniture par certains États à<br />

des acteurs étatiques et non étatiques<br />

s’inscrit dans le cadre d’une politique<br />

étrangère spécifique : il s’agit en effet<br />

d’un moyen d’interférer et même<br />

d’influencer l’issue des combats. Par<br />

exemple, les livraisons secrètes d’armes<br />

d’un État à des acteurs non étatiques<br />

ont généralement pour objectif la préservation<br />

de ses intérêts nationaux, le<br />

soutien idéologique ou la déstabilisation<br />

de l’État sur le territoire duquel ils<br />

opèrent. Récemment, certains États<br />

ont eu recours au principe de la « responsabilité<br />

de protéger », voire à l’excuse<br />

des « cas extrêmes » pour justifier<br />

l’envoi d’armes dans des théâtres de<br />

conflits volatiles. Manœuvre volontairement<br />

destinée à renverser un gouvernement<br />

ou simple décision hâtive, ces<br />

ingérences laissent toujours de lourdes<br />

séquelles sur la stabilité nationale et<br />

régionale.<br />

Vers des transferts plus<br />

responsables ?<br />

Si le Traité sur le commerce des armes<br />

adopté en avril dernier n’est certes pas<br />

une panacée, il a le mérite de mettre<br />

sur papier l’obligation pour les États<br />

de prendre en considération les droits<br />

de l’homme, le droit international<br />

humani taire et pénal, pour déterminer<br />

si une vente d’armes peut ou non être<br />

autorisée. Il pose en cela les premiers<br />

jalons internationaux vers davantage<br />

de responsabilisation dans ce domaine<br />

particulièrement sensible. Toutefois,<br />

pour que le traité entre en vigueur, il<br />

faut maintenant qu’il soit signé et ratifié<br />

par les États. Enfin, il est crucial<br />

que ceux-ci lui donnent vie en concrétisant<br />

leurs engagements et en s’investissant<br />

à long terme dans cette dynamique<br />

: la sécurité humaine ne saurait<br />

en effet être préservée sans des efforts<br />

substantiels à la mesure des dangers<br />

qui la menacent 4 .<br />

Les travailleurs de rue :<br />

une minorité très (pro)active<br />

Ils sont souvent le dernier recours des laissés-pour-compte du<br />

système ; ils infiltrent méthodiquement les zones de non-droits,<br />

n’imposent rien, se font reconnaître pour leur seule capacité à<br />

intervenir hors de tout cadre formel : ce sont les travailleurs sociaux<br />

de rue. Un métier pas très connu, ni reconnu comme tel, mais qui<br />

se professionnalise à grande vitesse, sous la houlette d’une ASBL<br />

uccloise : Dynamo International. C’est l’histoire aussi d’un club de<br />

cyclotouristes qui se transforme en une toile internationale fédérant<br />

aujourd’hui 48 réseaux nationaux de travailleurs de rue.<br />

Début des années 80, école communale<br />

d’horticulture d’Uccle. Édwin de<br />

Boevé, 19 ans à peine, se trouve face<br />

à un public qu’on dira difficile, dont<br />

ce jeune-là, avec des paluches grandes<br />

comme des pelles et une réputation de<br />

tueur. Le jeune professeur d’horticulture<br />

comprend vite qu’il ne les aura pas<br />

à l’autorité. Qu’il doit jouer la confiance<br />

et le donnant donnant. Proposer de<br />

leur apporter quelque chose sans forcément<br />

y réussir, mais avec l’idée que,<br />

bonne ou mauvaise, toute expérience<br />

sera nourrissante pour chacun. « Je<br />

crois que tout le développement du réseau<br />

découle de ce moment fondateur, résume<br />

Édwin de Boevé, trente ans plus tard :<br />

quand je me suis retrouvé face à ces kets<br />

qui touchaient le plafond et que j’ai fait<br />

confiance. Dans ma capacité d’évoluer.<br />

Dans la possibilité de réinventer sa pratique,<br />

de créer l’un face à l’autre, en s’appuyant<br />

sur le vécu. Comme ces pèlerins<br />

vers Saint-Jacques-de-Compostelle qui<br />

inventent leur chemin en marchant et<br />

apprennent à chaque détour. J’adore cette<br />

Par Luc Malghem<br />

Auteur<br />

allégorie 1 . D’ailleurs, flâner fait partie de<br />

la méthodologie du travailleur de rue... »<br />

Éloge de la flânerie<br />

Avec quelques collègues et leurs étudiants<br />

–de l’école d’horticulture et<br />

de l’institut Decroly–, il fonde donc<br />

Édwin de Boevé.<br />

1 Surtout dans<br />

Espace de Libertés,<br />

sourit Édwin de<br />

Boevé.

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