Télécharger - Centre d'Action Laïque

24 Libres ensemble
© Thomas Coex/AFP
François Jacob :
un humaniste authentique
Comme on demandait à André Lwoff, directeur de laboratoire
à l’Institut Pasteur de Paris, « quelle est votre plus grande
découverte ? », il répondit « François Jacob ». C’est dire si ce
personnage, récemment décédé, était riche de qualités, tant sur le
plan humain que sur celui de la pensée scientifique.
Le Dr Norbert Wouters, qui avait
rencontré Jacob en 1944 sur son lit de
souffrance suite à de graves blessures
encourues lors du débarquement de
Normandie, m’a dit le grand courage
Sa modestie dut-elle en souffrir,
François Jacob fut reçu académicien le
20 novembre 1997 à Paris par l'ancien
ministre Maurice Schumann.
Par Jean Semal
Président du Cercle Condorcet Picardie (Mons)
de ce Compagnon de la Libération. Exit
le projet qui le destinait à la chirurgie.
Que faire, une fois sur pied ? À l’instar
d’un sien cousin, il serait chercheur !
Sa première recherche porte sur la
sexualité des bactéries. On pratique
le « coïtus interruptus » avec un « blindair
» (François dixit), un « blender »
culinaire ramené d’Amérique pour préparer
la purée des enfants. Jacob écrit
à propos de cette époque : « J’ai eu la
chance d’arriver au bon moment au bon
endroit ». Sur le plan philosophique, il
confie : « J’étais très jeune quand le mot
Dieu s’est vidé tout d’un coup de tout
contenu ».
Soulignons ici que les trois prix Nobel
de Médecine de 1965, Lwoff, Monod
et Jacob, ont travaillé à la marge des
Institutions officielles et à contresens
de tout ce qui était « fashionable
». Pasteur fonctionnait sous le
couvert d’une fondation privée, sans
concours de recrutement, avec autonomie
des dépenses et voyages à discrétion
à l’étranger. Et avec comme
mécènes les baronnes de Rothschild
et leurs écuries de courses.
Quelques réflexions de François
Jacob cadrent l’originalité de sa
pensée : « rien n’est plus dangereux
que la certitude d’avoir raison » ;
« l’important dans la recherche, c’est
l’imprévisible » ; « la science représente
pour moi... le moyen le plus puissant
trouvé par l’homme pour faire concurrence
à Dieu » ; « presque tout ce qui
concerne l’humanité se résume par
le mot culture » ; « la recherche est un
processus sans fin dont on ne peut
jamais dire comment il évoluera ». Ou
encore : « l’esprit est un produit du
cerveau tout comme la vie est un produit
de l’organisation des molécules ».
Modestie, frugalité, simplicité et
surtout excellence en tout : autant
de qualités précieuses chez cet être
d’exception qu’était.
Pour François Jacob, la sélection
naturelle opère à la manière d’un bricoleur
qui ne sait pas encore ce qu’il
va produire, mais qui profite de tout
ce qu’il trouve pour en tirer quelque
objet utilisable. Et selon Levi-Strauss,
« les outils du bricoleur, contrairement à
ceux de l’ingénieur, ne peuvent être définis
par un programme ». Dès lors, avec
Jacob, les humains ont en mains les
clés pour faire aboutir leurs propres
rêves. À condition de ne pas les programmer
!
DATA RETENTION :
Quand la conservation des données menace nos libertés
Mercredi 12 juin 2013
de 12h15 à 14h
Point Info Laicité
Rue de la Croix de Fer, 60-62
1000 Bruxelles
Avec (sous réserve) :
◊ Christian Brotcorne, député CdH
◊ Denis Ducarme, député MR
◊ Fouad Lahssaini, député Écolo
◊ Karine Lalieux, députée PS
◊ Manuel Lambert, conseiller juridique
à la Ligue des droits de l’homme
Ce 29 mars, le Conseil des ministres approuvait
un avant-projet de loi transposant
une directive européenne qui
permet aux opérateurs de télécommunication
et fournisseurs d’accès à Internet
de conserver, pendant une période de 6
mois à deux ans, toutes le-s données relatives
à toutes les communications. Avec
pour objectif de lutter contre le grand
banditisme, cette conservation pourrait
en réalité s’avérer non seulement inefficace,
mais certainement attentatoire à
nos droits et libertés : vie privée, secret
professionnel, etc. Ce projet fera-t-il
l’objet d’un débat parlementaire ? Qu’en
pensent nos députés et sénateurs issus de
la majorité comme de l’opposition ? Le
citoyen peut-il ainsi faire l’objet d’une
présomption de culpabilité ? Le Centre
d’Action Laïque vous propose d’en débattre
ce mercredi 12 juin.
Entrée gratuite
Lunch et boissons offerts
Réservation souhaitée avant le 10 juin au 02/627.68.54 ou par mail à sophie.rohonyi@laicite.net