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46 Dossier : L'Europe sera laïque ou...<br />
ainsi que dans la variété de leurs<br />
connaissances et de leur expérience ».<br />
Confusion des genres<br />
Les laïques ont rétorqué que la Commission<br />
européenne évite la problématique<br />
« de la relation de subordination<br />
par rapport à une institution<br />
religieuse qui impose à ses membres<br />
des dogmes dans les matières touchant<br />
les compétences du GEE. » Sur<br />
la question du pluralisme du GEE,<br />
ils déclarent que « la notion de pluralisme<br />
a une portée différente selon<br />
le contexte. Ce qui rend pluraliste un<br />
Groupe consultatif tel que le GEE,<br />
c’est que les différentes conceptions<br />
dans le domaine spécifique de l’éthique<br />
soient assurées. » C’est l’absence<br />
de membres laïques qui fait que la<br />
composition du GEE n’est pas pluraliste.<br />
Or, que « c’est précisément en<br />
matière éthique que de grandes divergences<br />
existent entre elles (conceptions<br />
confessionnelles et laïques du monde)<br />
dans la façon de concevoir la vie et<br />
tout ce qui tourne autour. »<br />
L’autre argument présenté par la<br />
laïcité est la confusion des genres<br />
par la Commission quant au rôle<br />
de la théologie et de la philosophie<br />
dans les travaux du GEE. En effet,<br />
dans les critères de sélection des<br />
membres du GEE, la Commission<br />
met sur le même plan éthique/philosophie/théologie.<br />
Or, l’éthique est<br />
une branche de la philosophie tandis<br />
que la théologie diffère de la philosophie<br />
tant par sa méthode que par<br />
son objet : la philosophie est une<br />
méthode d’investigation qui s’applique<br />
à tous les domaines du savoir<br />
En introduisant le<br />
critère de théologie,<br />
la Commission a<br />
créé une confusion<br />
et un empiètement<br />
de la théologie<br />
sur l’éthique et la<br />
philosophie.<br />
et de la culture (arts, sciences, etc.).<br />
Son objet n’est jamais, une fois pour<br />
toutes, défini à priori et sa méthode<br />
présuppose la critique et le questionnement<br />
permanents. A contrario,<br />
l’objet de la théologie est la<br />
connaissance du divin et l’exégèse<br />
des textes sacrés. Une mise en question<br />
est possible, mais jusqu’à un<br />
certain point seulement, sans quoi il<br />
y aurait hérésie. En introduisant le<br />
critère de théologie, la Commission<br />
a créé une confusion et un empiète-<br />
ment de la théologie sur l’éthique et<br />
la philosophie.<br />
L’Europe ne sortira<br />
pas de la crise sans<br />
refondation démocratique<br />
L’Europe semble aujourd’hui soumise au rouleau compresseur<br />
de l’idéologie néolibérale. Alors qu’on pouvait croire qu’elle<br />
ne se remettrait jamais de l’accident vasculaire cérébral dont<br />
elle avait été frappée lors de la crise financière mondiale, elle<br />
semble avoir rapidement repris vigueur.<br />
Par Philippe Lamberts<br />
Député européen - Groupe des Verts/Alliance libre européenne<br />
Le décès récent de Margaret Thatcher<br />
nous rappelle cependant que<br />
la révolution néolibérale a démarré<br />
voici plus de trente ans ; elle a profondément<br />
marqué les cercles dirigeants<br />
publics et privés partout en<br />
Europe. Des facultés de sciences<br />
économiques aux écoles de commerce,<br />
des ministères des finances<br />
aux banques centrales en passant<br />
par les directions économiques et<br />
financières de la Commission européenne<br />
et au travers des conseils<br />
d’administration et directoires des<br />
grandes entreprises, en particulier<br />
du secteur financier, c’est toute<br />
une génération qui a été formée<br />
à la pensée unique et c’est elle qui<br />
est aujourd’hui hégémonique aux<br />
postes de décision.<br />
Le coup de force rampant de la<br />
pensée unique<br />
Le cœur de la pensée unique repose<br />
sur une conception de l’être humain<br />
moderne –c’est-à-dire homo economicus,<br />
lequel aurait supplanté homo<br />
sapiens– comme une machine à<br />
maximiser sa « fonction d’utilité »,<br />
laquelle peut se résumer à la somme<br />
de ses avoirs matériels. Et l’intérêt<br />
général résulte tout simplement<br />
de l’addition de ces maximisations<br />
individuelles par la grâce de marchés<br />
non régulés.<br />
La pensée unique apparaît désormais<br />
au grand jour comme une religion. En<br />
effet, ses thèses et ses remèdes ne résistent<br />
guère à la confrontation avec le<br />
réel. L’homo economicus est une fiction<br />
incapable de refléter la nature de l’humain,<br />
pris individuellement et socialement<br />
; la croissance matérielle infinie<br />
sur une planète finie, une impossibilité<br />
physique ; et même les recettes de<br />
ses défenseurs –liberté des marchés,<br />
austérité forcée, coupes dans les coûts<br />
salariaux– donnent des résultats<br />
contraires à ceux qu’ils annoncent :<br />
la croissance demeure hors d’atteinte.