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Louise Desjardins

Lettres boréales, revue littéraire des finissants en Arts et Lettres du Cégep de l'Abitibi-Témiscamingue. Revue littéraire portant sur cinq romans de Louise Desjardins.

Lettres boréales, revue littéraire des finissants en Arts et Lettres
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Revue littéraire portant sur cinq romans de Louise Desjardins.

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Par ailleurs, il envoie régulièrement des messages électroniques à une jeune fille de son voisinage, Lola.<br />

Cette correspondance lui permet d’exprimer et de partager ce qu’il vit avec quelqu’un. De plus, il s’intéresse<br />

beaucoup à la littérature et compose des poèmes : « Je ne sais d’où je viens, / je ne sais où je suis,/<br />

je ne sais où je vais. / Je suis une ombre au tableau. / Impossible de m’effacer. » (<strong>Desjardins</strong>, 2008, p. 34).<br />

L’écriture est donc une façon, pour Alex, de mettre en mots ce qu’il ressent, notamment sa détresse et sa<br />

colère envers sa mère. Cette dernière n’est ni présente ni à l’écoute de ses besoins. Cette faculté d’extérioriser<br />

ses sentiments par l’entremise de l’écriture chez un personnage masculin est unique dans l’œuvre<br />

romanesque de <strong>Louise</strong> <strong>Desjardins</strong>.<br />

S’il est rare de voir un personnage masculin se servir des mots pour traduire ce qu’il ressent, il en va cependant<br />

autrement des personnages féminins pour lesquels l’écriture tend vers l’expression personnelle. Dans<br />

le roman La love, Claude est une adolescente aux prises avec les tourments de ses premières amours.<br />

Durant cette période de découvertes et de remises en question, de petits calepins noirs servent de confidents<br />

à la jeune fille, qui écrit quotidiennement à propos d’Eddy Goldstein, « le mâle le plus exotique en<br />

ville » (<strong>Desjardins</strong>, 1993, p. 22). Cet amour, qui lui apporte son lot de joies et de peines, alimente son<br />

besoin d’exprimer ses émotions. Dans Darling, l’écriture vient aussi en aide au personnage principal.<br />

Pauline, une femme dans la fin trentaine, se questionne sur sa situation familiale. Elle se sent « prise au<br />

piège » (<strong>Desjardins</strong>, 1998, p. 40) par son rôle d’épouse et de mère, qui prend le dessus sur son individualité.<br />

Son quotidien l’étouffe et elle sent le besoin de fuir avec Carlo, un chanteur italien rencontré dans un bar,<br />

et de se réfugier en Abitibi, sa terre natale. Après avoir abandonné sa famille et se voyant elle-même rejetée<br />

par son amant, elle trouve finalement une forme de libération dans l’écriture de chansons. Le roman<br />

So long tout entier, quant à lui, est basé sur la journée du 55 e anniversaire de Katie McLeod. Dans ce cas-ci,<br />

l’écriture du personnage est antérieure au récit, puisqu’elle relit ses journaux intimes. Cette relecture lui<br />

permet de jeter un regard rétrospectif sur son passé et fait ressurgir les blessures de son enfance, notamment<br />

celles causées par l’attitude paternelle. Ainsi, son journal rend compte de toute l’émotion ressentie au fil<br />

des années : « Je n’aime pas le non-dit des eaux troubles. J’aime les yeux clairs qui me regardent dans les<br />

yeux, qui ne sont pas des fenêtres opaques. Papa me regardait parfois dans les yeux, et tout ce que je voyais,<br />

c’était un mur de glace » (<strong>Desjardins</strong>, 2005, p. 24). Bref, pour Claude, Pauline et Katie, l’écriture constitue<br />

un moyen d’affirmer leurs idées et leurs sentiments et, ainsi, d’alléger le fardeau qu’elles ont à porter.<br />

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