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Louise Desjardins

Lettres boréales, revue littéraire des finissants en Arts et Lettres du Cégep de l'Abitibi-Témiscamingue. Revue littéraire portant sur cinq romans de Louise Desjardins.

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Revue littéraire portant sur cinq romans de Louise Desjardins.

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d’une mère ourse, protège les responsabilités qu’elle s’approprie en traitant toute potentielle « concurrence »<br />

comme une menace à évincer. À cet égard, elle agit avec sa fille, qui pourrait lui ravir la responsabilité de<br />

l’éducation d’Alex, comme avec « sa pire ennemie » (<strong>Desjardins</strong>, 2008, p. 43). De plus, non satisfaite d’avoir<br />

le monopole du pouvoir dans la famille, elle ne tolère aucune remise en question de son rôle de « chef » et,<br />

pour cette raison, elle apprécie beaucoup Alex, cet enfant qui, ne parlant pas, ne la contredit jamais. Anita<br />

exercera même son contrôle au-delà de son existence terrestre puisque, après sa mort, elle hante l’esprit<br />

d’Angèle : « Toujours ma mère ! Je la fuis et elle me poursuit. Je ne m’en sortirai donc pas ! Elle est morte,<br />

morte. Pourrai-je jamais l’enterrer ? » (<strong>Desjardins</strong>, 2012, p. 69-70). Finalement, ce qui nous étonne le plus<br />

lorsqu’il s’agit d’Anita, le grand manitou du pouvoir familial, c’est que, pour elle, ses enfants ne sont pas<br />

assez importants pour mériter son attention. Elle préfère à leur éducation les grandes causes militantes qui<br />

visent à changer le monde partout sauf chez soi : « Une odeur d’enfance lui arrive alors, tendre et dure<br />

comme son père, comme sa mère, ces militants de la première heure, plus généreux envers la cause<br />

qu’envers les leurs, se permettant toutes les libertés sous prétexte que la révolution permet tout, l’échangisme,<br />

l’adultère, l’abandon d’enfant. » (<strong>Desjardins</strong>, 2008, p. 103-104). Bref, voici donc une mère comblée<br />

par des activités hors du foyer, qui ne ressent pour ses enfants qu’un désintérêt et qui éprouve le besoin<br />

d’affirmer une autorité excessive. Il s’agit d’une mère absente du développement de ses enfants tout en étant<br />

présente. À des fins comparatives, Anita diverge du modèle maternel déviant présenté auparavant mais, bien<br />

qu’elle n’ait pas physiquement abandonné ses enfants ou son mari comme Pauline et Katie, elle est à la fois<br />

trop présente et pas assez, non pas aliénée, mais aliénante.<br />

L’a-mère : Angèle<br />

38<br />

Enfin, un troisième modèle maternel déviant s’offre aux lecteurs, celui de « l’a-mère », pour emprunter les<br />

mots du personnage d’Angèle dans Rapide-Danseur, que l’on pourrait appeler également la mère « adolescente<br />

». Il s’agit ici d’une mère qui n’a pas choisi de l’être et qui se révèle incapable d’assumer ce rôle.<br />

Avec Angèle, <strong>Louise</strong> <strong>Desjardins</strong> ne réserve au modèle maternel traditionnel pas moins qu’un « knock-out »<br />

spectaculaire. Dans ce dernier roman, elle approfondit, d’une main de maître, le personnage d’Angèle, la

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