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Louise Desjardins

Lettres boréales, revue littéraire des finissants en Arts et Lettres du Cégep de l'Abitibi-Témiscamingue. Revue littéraire portant sur cinq romans de Louise Desjardins.

Lettres boréales, revue littéraire des finissants en Arts et Lettres
du Cégep de l'Abitibi-Témiscamingue.
Revue littéraire portant sur cinq romans de Louise Desjardins.

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James, qui s’attaque à sa fille, soit parce qu’il considère vulgaire et indécent une enfant qui se maquille,<br />

soit parce que sa fille lui rappelle les femmes aux mœurs plutôt légères côtoyées au Look-Out Country<br />

Club. Les deux pères ont également une vision purement traditionnelle des femmes. Dans La love, le père<br />

estime que les femmes doivent rester à la maison et s’occuper des enfants. Par conséquent, il considère<br />

que les filles n’ont pas besoin de faire de longues études, car elles ont la possibilité de se trouver un mari<br />

qui les fera vivre, tandis qu’il importe que les garçons soient instruits pour pouvoir subvenir aux besoins<br />

de leur famille. Il est aussi intéressant de signaler que, dans les deux romans, les pères rejettent les interventions<br />

de leur fille. Dans La love, le père appelle sa fille « la Suffragette ». Il utilise ce surnom pour se<br />

moquer du fait qu’elle tente d’exprimer une opinion, ce qui, pour lui, est impensable, car il considère<br />

que les femmes n’ont pas le droit de parole. Dans So long, James a une vision semblable, selon Katie :<br />

« Et chaque fois que je donnais mon opinion, mon père me remettait à ma place, étouffant dans l’œuf<br />

toute possibilité de discussion. » (<strong>Desjardins</strong>, 2005, p. 64). Ce père n’accorde aucune crédibilité aux<br />

propos de sa fille. Il dénigre aussi celle-ci en lui reprochant, entre autres, sa ressemblance avec sa mère<br />

à lui, qu’il dit « détestable » (<strong>Desjardins</strong>, 2005, p. 64). Par ailleurs, dans So long, le père collectionne les<br />

conquêtes féminines. Il veut toutes les femmes, ce qui les rend victimes de son machisme.<br />

Cependant, il y a aussi, dans les romans de <strong>Louise</strong> <strong>Desjardins</strong>, une figure paternelle moderne qui s’écarte<br />

du modèle conventionnel. En effet, ce père est attentionné pour ses enfants et effectue des tâches ménagères,<br />

jouant en ce sens le rôle traditionnellement associé à la mère de famille. Ce personnage prend les<br />

traits de Gilles, dans Darling. En effet, Gilles est celui qui prend soin de sa progéniture lorsque sa femme<br />

Pauline quitte la maison en lui laissant les enfants. Il est également celui qui s’occupe des tâches à effectuer<br />

dans la maison : il fait la cuisine, le ménage, conduit les enfants à l’école, etc. Il fait passer leur<br />

bien-être avant le sien. Par exemple, quand Pauline lui annonce qu’elle le quitte, Gilles a comme premier<br />

réflexe de penser aux petits. De plus, il tente de convaincre Pauline de revenir vivre avec lui pour que les<br />

enfants soient heureux, même si cela implique un sacrifice : « Je veux pas qu’on se sépare, à cause des<br />

enfants, pour qu’ils soient heureux.<br />

– Comment tu veux rendre les enfants heureux si on est malheureux nous-mêmes ?<br />

– Ça se fait Pauline, beaucoup de gens font ça. Nos parents. » (<strong>Desjardins</strong>, 1998, p. 181).<br />

Ce passage montre que Gilles est prêt à sacrifier son propre bonheur pour celui de ses enfants. Gilles a<br />

toutefois un côté conservateur. La famille est sans contredit sa plus grande priorité; il est avant tout père de<br />

famille et il considère d’abord sa femme comme une mère de famille. Voilà pourquoi il l’appelle « maman »,<br />

même lorsqu’ils sont sur le point de divorcer. Il veut garder Pauline auprès de lui pour conserver l’unité<br />

familiale, ou pour préserver l’image d’une famille unie. En ce sens, il se rapproche du modèle paternel<br />

traditionnel. Finalement, la troisième figure paternelle présente, dans les œuvres de <strong>Louise</strong> <strong>Desjardins</strong>,<br />

est celle du père absent. Deux d’entre eux se retrouvent dans ses romans. L’un d’eux est Miguel, le père<br />

d’Alex dans Le fils du Che. L’autre est Ray, dans Rapide-Danseur, le tout dernier roman publié par l’auteure.<br />

Ces deux hommes partagent des traits communs. En effet, tous les deux ont abandonné leur fils.<br />

D’un côté, Miguel quitte sa maîtresse Angèle quand elle lui annonce sa grossesse. Il choisit plutôt de rester<br />

avec son épouse, Concepción, également enceinte. Le petit Alex grandit donc sans son père, mais il désire<br />

le rencontrer un jour. Quant à Ray, il délaisse son fils Brian, le confiant aux bons soins de sa grand-mère<br />

(exactement comme Angèle), puis son fils Philémon, qu’il laisse à Simone, la mère du bébé. Ray décrit<br />

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