21.05.2015 Views

Louise Desjardins

Lettres boréales, revue littéraire des finissants en Arts et Lettres du Cégep de l'Abitibi-Témiscamingue. Revue littéraire portant sur cinq romans de Louise Desjardins.

Lettres boréales, revue littéraire des finissants en Arts et Lettres
du Cégep de l'Abitibi-Témiscamingue.
Revue littéraire portant sur cinq romans de Louise Desjardins.

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

de ces deux chansons, le lecteur peut entendre Claude s’adresser à Eddy. La musique joue le même rôle<br />

dans Darling, le second roman de <strong>Louise</strong> <strong>Desjardins</strong>. Dans cette œuvre, l’auteure enchâsse d’autres références<br />

musicales telles que The Ballad Of Lucy Jordan interprétée par Marianne Faithfull, qui se forge une<br />

place importante et marque l’histoire au fer rouge. L’un des moments cruciaux lors duquel Pauline fait<br />

jouer cette chanson apparaît au début du récit, alors qu’elle constate que son mariage bat de l’aile. Il est<br />

question de liberté dans cette chanson, de celle que l’on ressent en roulant dans les rues d’une ville comme<br />

Paris aux côtés d’un nouvel amoureux. Pauline rêve d’indépendance. Suivant l’exemple de Lucy Jordan, elle<br />

quitte son mari pour Carlo, avec qui elle veut tout recommencer : « And she bowed and curtsied to the man /<br />

Who reached and offered her his hand ». 2 Ainsi, ces paroles lui procurent une forme d’encouragement, car<br />

elles la convainquent de succomber à l’attirance qu’elle éprouve pour Carlo. La musique fait aussi résonner<br />

le sentiment de liberté qu’elle ressent quand elle se retrouve enfin seule sans sa famille. Le vent dans les<br />

cheveux, plus de mari dans les jambes, un joint à la main, rien de stressant à l’horizon, quoi demander de<br />

mieux ? La musique fait également écho à ce que Pauline éprouve au moment où Carlo la quitte pour rentrer<br />

à Montréal, l’abandonnant à son sort. Elle fait alors jouer la chanson Darling de Renée Martel, dans laquelle<br />

il est dit : « Depuis qu’on s’est quittés / Je suis déboussolée » (<strong>Desjardins</strong>, 1998, p. 155). Les mots de Renée<br />

Martel, comme ceux de Marianne Faithfull, servent encore ici de reflet au récit, un peu comme le fait un<br />

miroir. Bref, dans les romans de <strong>Louise</strong> <strong>Desjardins</strong>, la musique sert à illustrer la situation des personnages<br />

ou à exprimer leurs aspirations les plus profondes.<br />

Non seulement la musique se fait-elle la voix des désirs des personnages, mais elle aide aussi ces derniers<br />

à vivre, au sens propre et au sens figuré. Pauline rencontre son amant Carlo dans un club où il joue de la<br />

musique, et c’est avec ses chansons et sa voix country qu’il parvient à envoûter son cœur. Alors que son<br />

mariage plonge dans un gouffre, les caresses de son amant musicien viennent réveiller en elle des désirs<br />

sensuels qu’elle avait perdus. Avec son mari, Pauline ne sentait plus rien, mais le premier soir où elle<br />

s’abandonne à son nouvel amant, elle se sent revivre. Elle profite pleinement « de ce voyage à travers un<br />

corps neuf » (<strong>Desjardins</strong>, 1998, p. 20). Quand Carlo prend la fuite, l’existence de Pauline perd son sens,<br />

mais elle trouve une raison de vivre en composant sa propre musique, une mélodie qui se fait l’expression<br />

de ses émotions, de ses aventures mais, surtout, de son passage en ce monde. Grâce à cet art, Pauline trouve<br />

sa voie, celle d’une auteure-compositrice-interprète.<br />

2<br />

Traduction libre : « Elle salua et fit une révérence à l’homme qui lui tendait et offrait sa main ».<br />

33

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!