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4 réfé r e n dum L aCi La valeur du travail – le coût du chômage matthias Humbel Le travail, nous parlons ici du travail salarié, est d’une part un moyen pour remplir une fonction. Nous mettons à disposition d’un employeur notre temps et nos capacités spécifiques et recevons un salaire en contrepartie. En ce sens, le travail remplit sa fonction de nous assurer l’existence, il nous permet de subvenir à nos besoins vitaux. Ainsi, la valeur du travail se mesure par rapport au salaire que nous recevons à la fin du mois. Le travail en tant que fonction en soi Mais, est-ce que le travail n’est pas plus que ça? Est-ce que le travail n’est pas une fonction en soi? Chaque jour, nous passons huit heures ou plus au travail, c’est plus qu’à toutes les autres activités. «Tu ne peux pas manger huit heures par jour, ni boire huit heures d’affilée ni faire l’amour pendant huit heures – tout ce que tu peux faire huit heures à la suite, c’est travailler», c’est ainsi que l’exprime l’écrivain William Faulkner. Le travail, c’est souvent aussi le réseau social. Par notre travail, nous participons à des succès et encaissons parfois également quelques échecs. Même notre temps libre est influencé par le travail. Car seulement celui qui a travaillé dur a besoin de repos, a droit à une escapade wellness. Le calme et le repos ne sont pas des valeurs propres, il faut les mériter. C’est du moins la mentalité d’une grande partie de la population. Ainsi, le travail donne un sens à notre vie. Seuls ceux qui travaillent, profitent de leur rôle en tant qu’être humain productif et s’assument sont pleinement reconnus par la société. Isolement social au lieu de participation La perte de l’emploi a des conséquences d’autant plus graves. L’on peut perdre son réseau social. La perte de l’emploi équivaut, au moins temporairement, à ne pas remplir les attentes de la société et de soi-même et cela provoque rapidement un isolement social. Au lieu de s’assumer et d’être responsable, on devient dépendant des oeuvres sociales. Des succès professionnels sont remplacés par un sentiment d’infériorité et un manque de reconnaissance. Le chômage fait en outre augmenter le risque de tomber malade. Dépression, angoisses et stress augmentent, le risque d’acci- transfair magazine l Mai 2010
dent également. Les problèmes de santé peuvent aussi avoir des conséquences sur l’environnement, par exemple des tensions dans le couple. Le chômage n’est donc pas seulement une question de revenu manquant, mais également un important défi psychique pour les personnes concernées. Il n’est pas toujours aisé de garder le courage et d’aller de l’avant. De ce fait, il est d’autant plus important qu’au moins la sécurité financière puisse être garantie dans un cadre acceptable. nicole Hochstrasser Peter Hirt, Président de la section pied sud du Jura Poste/Logistique chez transfair, travaille en tant que conseiller du personnel auprès de l’office régional de placement ORP à Emmen. Chaque jour, il côtoie des personnes qui ont perdu leur emploi. Il nous parle de ses expériences de proximité avec ces dernières. Monsieur Hirt, qui est actuellement le plus durement touché par le chômage? La crise économique a directement touché beaucoup de branches différentes. Les faillites d’entreprises touchent souvent un grand nombre de personnes en même temps, cela rend la situation de placement également plus difficile. Par rapport aux personnes, on voit que deux catégories sont particulièrement touchées actuellement. Ce n’est pas facile pour les jeunes en fin de scolarité et qui cherchent un apprentissage ou un emploi après l’apprentissage. Et les employés de plus de 45 ou 50 ans ont également beaucoup de peine à réintégrer le marché du travail. Outre le suivi et les conseils pendant la recherche de travail, que conseillez-vous aux personnes à la recherche d’un emploi? Une bonne collaboration ouverte avec le conseiller ORP est importante, et l’attitude personnelle est bien sûr un point central. Ne pas lâcher prise, s’activer à temps et regarder vers l’avenir. La motivation et les points d’intérêt aident non seulement à trouver un emploi mais également à surmonter cette période moralement. L’attitude intérieure doit transfair magazine l Mai 2010 Il faut un filet de sécurité! Fin mars, le taux de chômage en Suisse se situait à 4,2 pour cent avec 166 032 chômeurs. Par rapport à l’année précédente, cela représente une augmentation de 23,2 pour cent. Le 8 avril, l’usine de carton de Deisswil a annoncé qu’elle ne rouvrira pas ses portes après les vacances de Pâques. 255 salariés perdent ainsi leur emploi du jour au lendemain. Au vu de ces chiffres et de tels destins, il est irresponsable de vouloir maintenir la diminution des prestations de l’assurance chô- être vraie car on reflète à l’extérieur ses sentiments intérieurs. Il est également décisif de se rendre compte qu’on n’a jamais fini d’apprendre. Cela peut ouvrir de nouvelles perspectives professionnelles. Grâce aux cours gratuits d’ARC, les membres de transfair peuvent se former préventivement. Vous avez vous-même vécu une situation de chômage. De quoi vous êtes-vous rendu compte? Pour moi, il était important de rester actif. Si on perd son emploi, on risque également de perdre la structure de sa journée. Pendant cette période, je me suis efforcé d’avoir des journées toujours bien régulières. On entend toujours des préjugés comme quoi les chômeurs n’auraient même pas envie de travailler. comment vivez-vous cela dans la pratique? Dans les entretiens passés, j’ai en principe eu le sentiment que les assurés avaient une vraie envie de travailler et qu’ils s’occupaient activement de la recherche d’un emploi. Bien sûr, il existe quelques moutons noirs, comme partout, mais c’est une toute petite minorité. est-ce que l’OrP dispose d’un moyen de contrôle en cas de suspicion? Pour chaque assuré, nous élaborons dès le premier entretien une stratégie de réinsertion individuelle. Elle contient la situation personnelle de l’assuré, les mesures utiles à court, moyen et long terme pour optimiser ses chances sur le marché du travail. Tant que nous ne parvenons pas à placer la personne, r é fé r e n dum L aCi mage, c’est méconnaître les réalités économiques du moment. Surtout les personnes qui perdent soudain pied sans leur faute ont besoin d’un filet de sécurité digne de ce nom. C’est pourquoi transfair est sur les routes depuis le 30 mars dans différentes villes suisses et récolte des signatures pour le référendum «Vider l’assurance-chômage de sa substance? Non!». Entretien avec Peter Hirt, Conseiller en personnel ORP Emmen j’ai en tant que conseiller la possibilité d’intégrer l’assuré dans des mesures du marché du travail. En outre, chaque assuré doit prouver chaque mois qu’il a essayé de trouver un emploi. En tant que conseiller, je peux également lui attribuer un poste. Cela veut dire que l’assuré doit postuler auprès d’employeurs que nous lui attribuons. En cas de mauvais comportement, le législateur prévoit des sanctions (jours de pénalité) dans une mesure proportionnelle. en cas d’entrée en vigueur de la révision telle qu’approuvée par le Parlement, quelles seraient les conséquences pour les personnes dont vous êtes en charge? Si la révision de la LACI entre en vigueur comme le Parlement l’a décidé, cela entraînerait surtout des pertes financières pour une partie des assurés. Pour certains, cela signifierait moins d’indemnités journalières, pour d’autres des conditions d’octroi des indemnités plus difficiles. En même temps, les taxes pour une grande partie des salariés et des employeurs augmenteraient. 5
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