constantes fondamentales <strong>de</strong> notre Univers (ainsi que d’avoir un recensement assez complet <strong>de</strong> cesparamètres fondamentaux), et <strong>de</strong> pouvoir raisonner sur un tel espace pour y contraindre une région“anthropiquement favorable” avec l’assurance du travail abouti. Mais il y a surtout le point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> laphysique classique, du déterminisme <strong>de</strong>s lois, poussant à voir le mon<strong>de</strong> comme se réduisant à quelques“axiomes” qui suffisent à donner raison au reste. La biologie, mais aussi la physique <strong>de</strong>s systèmescomplexes, développe un mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> pensée distinct, où contingence, créativité, fluctuations et émergence <strong>de</strong>propriétés nouvelles s’opposent au <strong>de</strong>venir sans surprise <strong>de</strong> la physique classique déterministe. Dans unetelle conception <strong>de</strong> la science et du dialogue avec la nature, la recherche <strong>de</strong> l’anthropiste apparaît vaine,limitée, voire prétentieuse. En situant le <strong>Principe</strong> <strong>Anthropique</strong> dans l’optique <strong>de</strong> cette opposition entre“réductionnisme” et “émergentisme”, nous souhaitons pointer comment un tel <strong>Principe</strong> est intimement lié àun type <strong>de</strong> physique, une manière <strong>de</strong> concevoir et <strong>de</strong> décrire la nature qui souffre aujourd’hui <strong>de</strong> ce qui a puassurer son succès auparavant : la simplicité, l’unicité, la linéarité <strong>de</strong>s causes, et qui fait aujourd’hui face àl’émergence <strong>de</strong> complexité, aux instabilités et autres effets <strong>de</strong> physique non linéaire. Au final, il apparaît que,par-<strong>de</strong>là ces problèmes épistémologiques et méthodologiques, c’est la notion philosophique <strong>de</strong> loi <strong>de</strong> lanature qui est en jeu. En questionnant la causalité suprême, la nécessité inhérente à notre Univers, laphysique rentre sur un terrain glissant que philosophie et théologie ont déjà longuement exploré. C’est danscette <strong>de</strong>rnière limite, ce fon<strong>de</strong>ment ultime du <strong>Principe</strong> <strong>Anthropique</strong>, ce questionnement <strong>de</strong> la RaisonSuffisante à ce que lois et autres invariants soient posés ainsi plutôt qu’autrement sur notre mon<strong>de</strong>, que peutse dégager une issue mettant un terme aux débats sur le sujet.La structure <strong>de</strong> ce mémoire suit cette évolution <strong>de</strong> pensée ayant mené à l’avènement du <strong>Principe</strong><strong>Anthropique</strong>, son utilisation, sa résolution en termes <strong>de</strong> multivers par les physiciens, puis expose la mise enperspective nouvelle qu’apporte une analyse épistémologique et méthodologique, pour finir sur <strong>de</strong>sconsidérations radicalement philosophiques. La section I présente quelques bases essentielles <strong>de</strong> physiquemo<strong>de</strong>rne pour situer le <strong>Principe</strong> <strong>Anthropique</strong> dans le contexte où les physiciens l’utilisent et le pensent, puisintroduit <strong>de</strong>s repères historiques mettant en lumière l’émergence <strong>de</strong>s questions du fine-tuning, pourfinalement introduire les diverses définitions du <strong>Principe</strong> <strong>Anthropique</strong>, et surtout ses utilisations faibles. Suiteà quoi la section II présente les théories du multivers introduites en philosophie d’abord, puis en physique, oùl’on interrogera leur réfutabilité et donc leur caractère “scientifique”. La section III, quant à elle, propose unéclairage nouveau <strong>de</strong> la question du <strong>Principe</strong> <strong>Anthropique</strong> sous l’angle <strong>de</strong> la querelle épistémologique entreréductionnistes et émergentistes. L’analyse <strong>de</strong>s notions <strong>de</strong> modèle physique, <strong>de</strong> cause, mais aussi <strong>de</strong> hasard,<strong>de</strong> probabilité, <strong>de</strong> finalité et <strong>de</strong> loi fondamentale nous permettra <strong>de</strong> dresser un panorama <strong>de</strong>s enjeuxphilosophiques du <strong>Principe</strong> <strong>Anthropique</strong>.10
I. <strong>Le</strong> <strong>Principe</strong> anthropique et son utilisationCette première partie restitue les mouvements <strong>de</strong> pensée qui ont contribué à l’édification du <strong>Principe</strong><strong>Anthropique</strong>, et tente <strong>de</strong> dresser un panorama <strong>de</strong>s définitions diverses et utilisations concrètes qui ont étéfaites <strong>de</strong> ce principe. Il faut pour cela nous plonger dans la physique mo<strong>de</strong>rne, et notamment la cosmologietelle qu’elle s’est construite après l’avènement <strong>de</strong> la Relativité Générale d’Einstein, afin <strong>de</strong> bien comprendrele contexte dans lequel ces réflexions sur la particularité <strong>de</strong> la place <strong>de</strong> l’homme dans l’Univers, et laparticularité <strong>de</strong> l’Univers lui-même ont pu naître.1. A l’origine du <strong>Principe</strong> <strong>Anthropique</strong>Nous relatons d’abord comment les nouvelles interrogations issues du développement <strong>de</strong> la physiquemo<strong>de</strong>rne ont mené au problème du fine-tuning et à <strong>de</strong> nouvelles interrogations sur la place <strong>de</strong> l’homme dansl’Univers.a. Panorama <strong>de</strong> la physique contemporaineNous allons nous intéresser ici à <strong>de</strong>ux grands domaines <strong>de</strong> la physique théorique, au sens où ils régissentrespectivement l’infiniment grand et l’infiniment petit : la cosmologie et la physique <strong>de</strong>s particules. Nousaurons ainsi un panorama <strong>de</strong>s différentes lois fondamentales à partir <strong>de</strong>squelles les interrogations sur le<strong>Principe</strong> <strong>Anthropique</strong> s’appréhen<strong>de</strong>nt véritablement.i. La cosmologieAvant d’étudier la cosmologie en elle-même, nous allons présenter rapi<strong>de</strong>ment la théorie <strong>de</strong> la relativitégénérale sur laquelle elle se base.-La Relativité GénéraleEn premier lieu, il faut étudier la relativité restreinte, mise au point par le physicien Albert Einstein en 1905.<strong>Le</strong>s hypothèses qui sous-ten<strong>de</strong>nt cette théorie sont peu nombreuses. Elles consistent à utiliser tout d’abordl’existence <strong>de</strong> référentiels d’inertie (c'est-à-dire <strong>de</strong> soli<strong>de</strong>s <strong>de</strong> référence par rapport auxquels le mouvementlibre <strong>de</strong>s corps s’effectue à vitesse constante) et à y appliquer la relativité <strong>de</strong> Galilée, qui stipule que les lois<strong>de</strong> la physique sont invariantes par changement <strong>de</strong> référentiel inertiel. On ajoute à cela <strong>de</strong>s principes <strong>de</strong>symétrie concernant l’espace-temps (isotropie 1 et homogénéité <strong>de</strong> l’espace, homogénéité du temps), et onpostule qu’il doit exister une vitesse limite pour la propagation <strong>de</strong>s interactions : c’est la vitesse <strong>de</strong> la1L’isotropie est l’invariance par changement <strong>de</strong> lieu.11
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Cette orientation dépend de l’é
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n’a pas été créé par un agent
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conçu.” 172 Ce dernier pointe au
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ConclusionNous voici arrivés au te
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Nous avons pour cela tenté de rend
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l’homme. Certains voudraient voir
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Morrison, M., “Emergence, Reducti
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