d’un gaz, avec quelques paramètres moyens régissant l’évolution à gran<strong>de</strong> échelle : les paramètrescosmologiques <strong>de</strong> <strong>de</strong>nsités moyennes d’énergie (que ce soit pour la matière, le rayonnement ou l’énergiesombre) sont ainsi facilement analysables en termes <strong>de</strong> pression et <strong>de</strong> <strong>de</strong>nsité telles que les utilise unthermodynamicien. Une fois fixés, ces quelques paramètres “macroscopiques” imposent l’évolution <strong>de</strong> notreUnivers, et contraignent la répartition statistique <strong>de</strong> matière en son sein (<strong>de</strong> façon simpliste, un Univers quis’étend vite et contient peu <strong>de</strong> matière aura une répartition parsemée et peu groupée, donc moins <strong>de</strong> chances<strong>de</strong> réaliser <strong>de</strong>s systèmes galactiques stables etc.). Il apparaît donc déjà clairement que la cosmologie, en cequ’elle s’intéresse à un objet qui nous apparaît a priori comme unique, mène, via la contrainte <strong>de</strong>sparamètres cosmologiques, à considérer la possibilité <strong>de</strong> leur variation, c’est-à-dire la possibilité d’avoir <strong>de</strong>sunivers ne contenant pas <strong>de</strong> galaxies, et donc pas d’homme. Il est peu étonnant que le <strong>Principe</strong> <strong>Anthropique</strong>soit né au sein <strong>de</strong> cette discipline.ii. Mécanique quantique et physique <strong>de</strong>s particules-Mécanique quantique et théorie quantique <strong>de</strong>s champsLa mécanique quantique, secon<strong>de</strong> gran<strong>de</strong> théorie du XXème siècle, a permis la <strong>de</strong>scription précise <strong>de</strong>l’infiniment petit. Alliée à la relativité restreinte, elle <strong>de</strong>vint la théorie quantique <strong>de</strong>s champs, et permit <strong>de</strong>rendre compte aussi du rayonnement (c’est-à-dire que le photon <strong>de</strong>vint lui aussi un objet quantique). Danscette théorie, la notion <strong>de</strong> champ est primordiale : <strong>de</strong> même que le photon est une manifestation du champélectromagnétique, l’électron est une manifestation du champ électronique. Cette vision est rendue possiblepar le concept <strong>de</strong> fonction d’on<strong>de</strong> introduit par le physicien Erwin Schrödinger en 1925 : la fonction d’on<strong>de</strong>d’une particule traduit le “flou” associé à la mesure <strong>de</strong>s quantités observables (c’est-à-dire mesurables par unappareil adéquat) que sont sa position et sa vitesse (on dit que ces observables ne commutent pas). Ce floumême est liée à une propriété <strong>de</strong>s observables non commutatives, qui est d’obéir au <strong>Principe</strong> (en faitThéorème) d’Heisenberg : le produit <strong>de</strong> leur incertitu<strong>de</strong> est plus grand qu’une certaine valeur non nulle. Onne peut mesurer avec une précision infinie une observable sans perdre absolument toute information surl’autre observable. Dans le cas <strong>de</strong> la position et la vitesse, on ne peut rendre compte précisément <strong>de</strong> laposition sans perdre toute connaissance concernant la vitesse. Aussi la fonction d’on<strong>de</strong> va-t-elle traduirel’incertitu<strong>de</strong> sur la position (extension spatiale du “paquet” d’on<strong>de</strong>) ainsi que l’incertitu<strong>de</strong> sur la vitesse(mélange <strong>de</strong> différentes fréquences d’on<strong>de</strong>s). <strong>Le</strong> “lieu” dans lequel cette fonction d’on<strong>de</strong> se décrit n’est pasl’espace à trois dimension habituel, mais un espace appelé “espace <strong>de</strong> Hilbert”, qui est complexe et dont lenombre <strong>de</strong> dimensions peut être infini. Schrödinger montra que, en prenant le carré <strong>de</strong> cette fonction d’on<strong>de</strong>(en fait le module au carré, puisque cette fonction d’on<strong>de</strong> est complexe), nous obtenons la probabilité <strong>de</strong>présence <strong>de</strong> la particule à tout endroit <strong>de</strong> l’espace. Ainsi, cette notion <strong>de</strong> fonction d’on<strong>de</strong> permet <strong>de</strong> traiterl’aspect le plus fondamental <strong>de</strong> la théorie quantique : la probabilité liée à l’incertitu<strong>de</strong> fondamentale <strong>de</strong>smesures : toute mesure d’un objet quantique change <strong>de</strong> façon non déterministe le paquet d’on<strong>de</strong>. Cependant,l’évolution libre, lorsqu’aucune mesure n’est effectuée sur le système, est gouvernée par l’équationdéterministe <strong>de</strong> Schrödinger : la mécanique quantique est probabiliste, mais l’évolution <strong>de</strong>s probabilités y est14
déterministe. Nous reviendrons sur ces considérations plus tard, en partie II, lorsque nous nous intéresseronsà l’interprétation <strong>de</strong>s mon<strong>de</strong>s multiples d’Everett.La théorie quantique <strong>de</strong>s champs est donc la prise en compte <strong>de</strong>s fonctions d’on<strong>de</strong> comme <strong>de</strong>s excitationsplus ou moins localisées du champ. <strong>Le</strong> principe d’incertitu<strong>de</strong>, appliqué au cas <strong>de</strong>s observables “énergie” et“temps”, stipule aussi que <strong>de</strong>s excitations ayant une certaine énergie peuvent se produire pendant un certaintemps sans que cela puisse être observé (car il faut pour qu’il y ait observation que nous soyons au-<strong>de</strong>làd’une valeur critique non nulle). Aussi le vi<strong>de</strong> quantique va-t-il être vu comme un bouillonnement incessant<strong>de</strong> création <strong>de</strong> particules dites ‘virtuelles’ en ce qu’elles ne sont pas observées, mais qui se révèlent êtrenécessaires à la théorie <strong>de</strong> la renormalisation décrivant les interactions entre particules et champélectromagnétique.- Modèle standard et physique <strong>de</strong>s particulesDe même que la Relativité Générale est le socle théorique sur lequel est bâtie la cosmologie, la théoriequantique <strong>de</strong>s champs a permis l’édification du modèle standard <strong>de</strong>s particules, c’est-à-dire le modèle quidécrit l’ensemble <strong>de</strong>s particules élémentaires (<strong>de</strong>s protons aux quarks en passant par <strong>de</strong>s particules plusexotiques), leurs propriétés (charge, spin, masse etc.), ainsi que les forces d’interaction à cette échelle. Àpropos <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rnières, les physiciens <strong>de</strong>s particules tentent d’élaborer une théorie <strong>de</strong> la “gran<strong>de</strong>unification” (on parle <strong>de</strong> Grand Unified Theories, ou GUT), consistant à unifier les quatre forcesfondamentales <strong>de</strong> la nature : la force forte assurant la cohésion <strong>de</strong>s noyaux atomiques, la force faibleintervenant dans les réactions <strong>de</strong> désintégration nucléaire, la force électromagnétique et la forcegravitationnelle. Or, il se trouve que pour une température <strong>de</strong> 10 27 K, cette unification est théoriquementpossible! <strong>Le</strong>s recherches en cosmologie primitive furent alors lancées : car si le Big-Bang permet d’atteindre<strong>de</strong> telles énergies, alors nous pouvons penser le début <strong>de</strong> l’univers comme une “transition <strong>de</strong> phase” entre unétat symétrique <strong>de</strong> “vi<strong>de</strong> quantique” rompant par la suite sa symétrie en différenciant les forcesfondamentales. Pour le philosophe <strong>de</strong> la physique Dominique <strong>Le</strong>court, c’est ainsi que les physiciens <strong>de</strong>sparticules ont approché le problème du <strong>Principe</strong> <strong>Anthropique</strong> 2 : en exhibant un “sens” <strong>de</strong> l’Univers, unetransition <strong>de</strong> l’homogénéité primordiale à l’hétérogénéité observée aujourd’hui à travers le modèle standard,ce qui permit à la matière <strong>de</strong> se structurer et à l’homme finalement d’exister. Reste un problème <strong>de</strong> “taille”quant à l’unification telle que l’entreprennent les physiciens contemporains 3 : les objets que l’on considèrecomme “ultimes” dans la théorie unifiée, par exemple les cor<strong>de</strong>s unidimensionnelles <strong>de</strong> la théorie <strong>de</strong>s cor<strong>de</strong>s,sont <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> la longueur obtenue en combinant la Relativité Générale et la MécaniqueQuantique, appelée longueur <strong>de</strong> Planck, qui vaut environ 10 -35 m. L’observation semble donc difficile : en2 <strong>Le</strong>court, D., “<strong>Principe</strong> <strong>Anthropique</strong>”, in Dictionnaire d’histoire et philosophie <strong>de</strong>s sciences, PUF, 4° éd., Paris, 2006, p8883Ceux, disons, partisans d’une physique “réductionniste”, au sens où ils espèrent pouvoir réduire l’ensemble <strong>de</strong>sphénomènes physiques à <strong>de</strong>s conséquences plus ou moins complexes d’une ou <strong>de</strong> quelques loi(s) simple(s) décrivant lesubstrat fondamental du mon<strong>de</strong> matériel. Cette distinction se révélera importance en partie III.15
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ConclusionNous voici arrivés au te
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