zéro 28 . Cette théorie permit d’avoir un cadre pour examiner plus précisément les conséquences <strong>de</strong>l’hypothèse <strong>de</strong>s grands nombres. Dans une publication <strong>de</strong> 1957, Dicke fit <strong>de</strong>s remarques reliant lacoïnci<strong>de</strong>nce <strong>de</strong>s grands nombres <strong>de</strong> Dirac avec la présence d’observateurs dans l’univers : “Il n’y a un seulgrand nombre sans dimension qui soit aléatoire à l’origine. C’est le nombre <strong>de</strong> particules dans l’univers.L’âge <strong>de</strong> l’univers ‘maintenant’ n’est pas aléatoire mais est conditionné par <strong>de</strong>s facteurs biologiques. <strong>Le</strong> taux<strong>de</strong> radiation d’une étoile varie comme ε -7 et pour <strong>de</strong>s valeurs <strong>de</strong> ε bien plus importantes que la valeurprésente, toutes les étoiles seraient froi<strong>de</strong>s. Celà ne permettrait pas à l’homme d’exister et d’étudier ceproblème” 29 . On trouve là une première version du <strong>Principe</strong> <strong>Anthropique</strong> Faible, selon lequel l’observation<strong>de</strong> certains aspects <strong>de</strong> l’univers a priori remarquables et étonnants sont en fait nécessaires à notre propreexistence. A partir <strong>de</strong> là, il est assez immédiat <strong>de</strong> franchir le pas consistant à questionner cette nécessité, etd’invoquer <strong>de</strong>s arguments du <strong>de</strong>ssein pour montrer que l’univers doit nécessairement ou a été réalisé pourpermettre à la vie d’apparaître : c’est le <strong>Principe</strong> <strong>Anthropique</strong> Fort.Maintenant que nous avons vu l’origine du <strong>Principe</strong> <strong>Anthropique</strong>, nous allons en étudier les diversesdéfinitions et interprétations.2. Définitions“Definitions are like belts. The shorter they are, the more elastic they need to be” S. Toulmin,En physique et en cosmologie, le <strong>Principe</strong> <strong>Anthropique</strong> stipule que les humains doivent prendre en compteles contraintes que leur propre existence en tant qu’observateurs impose sur le type d’univers qui peut êtreobservé. Ce type <strong>de</strong> raisonnement mène rapi<strong>de</strong>ment à la considération que <strong>de</strong>s “superlois” doivent exister quiexigent un Univers où la vie, essentiellement sous forme carbonée (ou même humaine) puisse apparaître.Cette manière <strong>de</strong> raisonner permet d’évaluer une zone <strong>de</strong> paramètres fondamentaux pour lesquels l’Universserait effectivement tel que la vie puisse apparaître, et semble ainsi apporter un nouveau critère scientifiquepour l’estimation <strong>de</strong> ces paramètres. Quant à la question <strong>de</strong> savoir pourquoi tel jeu <strong>de</strong> paramètres fut “choisi”plutôt qu’un autre, <strong>de</strong>ux types <strong>de</strong> réponses sont habituellement apportées : la première est celle du “<strong>de</strong>sseinintelligent” (Intelligent Design), voyant dans ce jeu <strong>de</strong> paramètres le “meilleur choix possible”, à la manièredu Dieu leibnizien préparant son “meilleur <strong>de</strong>s mon<strong>de</strong>s possibles” (considérant alors qu’avec ce jeu <strong>de</strong>paramètres, “tout est donné”, pour reprendre l’expression <strong>de</strong> Bergson), et la secon<strong>de</strong> est celle <strong>de</strong>s multivers,où l’ensemble <strong>de</strong> mon<strong>de</strong>s possibles (c’est-à-dire <strong>de</strong> jeu <strong>de</strong> paramètres possibles) est effectivement réalisédans un méta-Univers les contenant tous. <strong>Le</strong> premier type <strong>de</strong> réponse se trouve plutôt être l’apanage <strong>de</strong>sthéologiens qui voient dans le <strong>Principe</strong> <strong>Anthropique</strong> une justification <strong>de</strong> l’existence divine. Afin <strong>de</strong> mieuxcerner ces diverses interprétations, nous allons à présent présenter les diverses variations <strong>de</strong> définition du28Brans, C., & Dicke, R., Phys. Rev. 124, 924 (1961)29Dicke, R. H. (1961). "Dirac's Cosmology and Mach's Principle". Nature 192: 440–441. C’est nous qui mettons enitalique. (“There is a single large dimensionless number which is statistical in origin. This is the number of particles inthe Universe. The age of the Universe ‘now’ is not random but is conditioned by biological factors. The radiation rate ofa star varies as ε-7 and for very much larger values of ε than the present value, all stars would be cold. This wouldpreclu<strong>de</strong> the existence of man to consi<strong>de</strong>r this problem.”)24
<strong>Principe</strong> <strong>Anthropique</strong>. Ce compte-rendu, quoique déjà très complet pour ce qui nous intéresse, ne saurait êtrepleinement exhaustif, puisque plus <strong>de</strong> trente différentes versions <strong>de</strong> ce <strong>Principe</strong> ont déjà été données 30 . Nousprésenterons les versions faible et forte <strong>de</strong> ce <strong>Principe</strong>, telles qu’elles furent introduites initialement parl’astrophysicien Brandon Carter en 1974, puis telles qu’elles furent réinterprétées par les auteurs <strong>de</strong> TheAnthropic Cosmological Principle, John Barrow et Frank Tipler, en 1986. Nous étudierons ensuite <strong>de</strong>uxautres versions moins courantes, la version “participative” introduite par le physicien théorique JohnArchibald Wheeler en 1975 et la version finale, introduite par Barrow et Tipler.a. <strong>Le</strong> <strong>Principe</strong> <strong>Anthropique</strong> Faiblei. La version originale <strong>de</strong> CarterDepuis Copernic, nous nous sommes convaincus que nous n’occupions nullement une position privilégiéedans l’univers. En réaction à l’usage intensif du <strong>Principe</strong> Copernicien (notamment pour justifier le <strong>Principe</strong>Cosmologique Parfait selon lequel toutes les régions suffisamment larges <strong>de</strong> l’espace-temps doivent êtrestatistiquement i<strong>de</strong>ntiques), qui ne reste finalement qu’une hypothèse <strong>de</strong> travail, l’astrophysicien <strong>de</strong> MeudonBrandon Carter énonça pour la première fois le “<strong>Principe</strong> <strong>Anthropique</strong>” lors du congrès <strong>de</strong> Cracovie <strong>de</strong> 1973conduit en hommage au 500 ème anniversaire <strong>de</strong> Copernic :<strong>Principe</strong> <strong>Anthropique</strong> Faible <strong>de</strong> Carter : “Nous nous situons à un endroit <strong>de</strong> l’Univers nécessairementprivilégié en ce qu’il a permis notre existence en tant qu’observateurs” 31 .Ce que Dominique <strong>Le</strong>court réécrit sous cette forme légèrement différente : “ce que nous <strong>de</strong>vons nousattendre à observer doit être restreint par les conditions nécessaires à notre présence commeobservateurs” 32 . Aussi, <strong>de</strong>s propriétés qui nous paraissent improbables dans l’univers sont vues sous unenouvelle perspective lorsque l’on constate que, sans elles, la vie ne serait pas possible. En fait, le biaisqu’exhibe une telle remarque est ce que l’on appelle un “effet <strong>de</strong> sélection” (selection effect). Un <strong>de</strong> ceseffets est bien connu <strong>de</strong>s cosmologistes : c’est la variance cosmique. Cet effet est dû au fait que nousn’observons qu’une partie <strong>de</strong> l’Univers, une sphère dont nous sommes le centre et dont le rayon est ladistance qu’a pu parcourir la lumière <strong>de</strong>puis le Big-Bang (qui définit ainsi “l’horizon” <strong>de</strong> notre observation).Ce biais ruine d’avance toute statistique à gran<strong>de</strong> échelle, car nous ne pouvons pas réaliser d’échantilloncomposé <strong>de</strong> plusieurs “sphères” d’univers. Il n’y a dans cet énoncé aucune dimension finaliste, nous sommespleinement dans le cadre <strong>de</strong> tout travail scientifique sérieux.30N. Bostrom, Anthropic Bias : Observational Selection Effects in Science and Philosophy, New York: Routledge,224pp, 200231Confrontation of cosmological theories with observation, ed. M. S. Longair, 1974, p.291. (“our location in theUniverse is necessarily privileged to the extent of being compatible with our existence as observers”).32<strong>Le</strong>court, D., op.cit., p. 88825
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ConclusionNous voici arrivés au te
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