Voici donc comment se sont introduits les multivers dans le cadre du travail scientifique. Nous allons àprésent étudier plus en détail les différents types <strong>de</strong> multivers qui ont pu être introduits, afin d’avoir unevision complète <strong>de</strong> l’état <strong>de</strong>s choses en physique contemporaine.3. <strong>Le</strong>s différents types <strong>de</strong> multiversNous pouvons trouver une classification complète <strong>de</strong>s différents types <strong>de</strong> multivers actuellement considéréscomme possibles selon les standards <strong>de</strong> la physique mo<strong>de</strong>rne chez le physicien théorique Max Tegmark 90 .Précisons tout d’abord ce que nous entendons par “Univers” dans la suite. La notion d’Univers est iciassociée à la région interne à l’horizon, c'est-à-dire l’ensemble <strong>de</strong>s points qui ont pu échanger <strong>de</strong>l’information <strong>de</strong>puis le Big-Bang ; on appelle aussi une telle région “volume <strong>de</strong> Hubble”. Notre “Univers”est donc une sphère <strong>de</strong> rayon égal à la vitesse <strong>de</strong> la lumière (la vitesse maximale <strong>de</strong> transmission <strong>de</strong> touteinformation) multipliée par l’âge <strong>de</strong> l’Univers. Plusieurs types <strong>de</strong> multivers (compris en tant que “métaunivers”,totalité dont notre Univers n’est qu’une partie) sont alors imaginables :- Dans un premier cas, on peut déci<strong>de</strong>r, comme hypothèse, que les constantes <strong>de</strong> la Nature ainsi queles lois <strong>de</strong> la physique sont fixées, et on ne fait varier que les paramètres caractérisant la dynamique<strong>de</strong> l’univers : taux d’expansion, <strong>de</strong>nsité <strong>de</strong> matière, <strong>de</strong> rayonnement… Nous nous trouvons alors unpeu à la place d’un thermodynamicien qui étudierait un gaz soumis aux diverses conditions possibles<strong>de</strong> pression, température, ou volume. Mathématiquement parlant, cela revient à considérer différentsjeux <strong>de</strong> paramètres en conditions initiales et à observer la dynamique correspondante conformémentaux lois <strong>de</strong> la Relativité Générale d’Einstein. La contrainte que l’univers produit en modèlecorrespon<strong>de</strong> à l’observation est doublée <strong>de</strong> la contrainte qu’il doive, en sus, permettre la présenced’éléments carbonés, donc l’apparition <strong>de</strong> la vie. L’interprétation en termes <strong>de</strong> multivers est celled’un espace spatialement infini contenant une infinité <strong>de</strong> volumes <strong>de</strong> Hubble réalisant <strong>de</strong> manièrealéatoire toutes les conditions initiales (<strong>de</strong> répartition <strong>de</strong>s fluctuations <strong>de</strong> matière et <strong>de</strong> rayonnementnotamment), et produisant donc exhaustivement, à l’infini, toutes les combinaisons possibles.- Ensuite, on peut penser à un multivers composé <strong>de</strong> plusieurs régions aux lois différentes (constantesfondamentales, contenu en particules, etc.), mais décrit par une unique méta-théorie. Ces régionssont causalement disjointes, que ce soit par une séparation spatiale ou par un “emboîtement”impénétrable (par exemple <strong>de</strong>s Univers à l’intérieur même <strong>de</strong>s trous noirs <strong>de</strong> notre propre Univers,mais inaccessibles à l’observation). Chaque région peut elle-même être un multivers au sens entenduprécé<strong>de</strong>mment.90M. Tegmark, “The multiverse hierarchy”, pp 99-125 in B. Carr (éd.) Universe or multiverse, Cambridge, CambridgeUniversity Press, 200746
- Dans un autre registre (celui <strong>de</strong> la théorie quantique plutôt que la théorie <strong>de</strong> la relativité), on peutconcevoir un multivers composé <strong>de</strong>s réalisations possibles <strong>de</strong>s diverses mesures opérées à toutinstant sur les objets quantiques : ce sont les univers parallèles <strong>de</strong> l’Interprétation <strong>de</strong>s Mon<strong>de</strong>sMultiples (”Many-Worlds Interpretation”) <strong>de</strong> la Mécanique Quantique proposée par les physiciensdu milieu du XX ème siècle Hugh Everett (alors en thèse) et John Archibald Wheeler. Il y aurait dansce cas existence d’un nombre infini <strong>de</strong> mon<strong>de</strong>s également réels, mais causalement disjoints.- Enfin, et c’est peut-être le “plus grand” multivers que l’on puisse imaginer (en gardant le postulatd’un ensemble clos <strong>de</strong> possibles), on peut avoir une vision plus platonicienne du multivers, où celuiciserait composé <strong>de</strong> toutes les possibilités imaginables par la pure logique mathématique, sans loiautre que celle du <strong>Principe</strong> <strong>de</strong> Non Contradiction.Nous allons à présent traiter plus en détail ces différents multivers.a. Préliminaire : théorie <strong>de</strong> l’inflation et théorie <strong>de</strong>s cor<strong>de</strong>s- L’inflationAvant d’abor<strong>de</strong>r les multivers “spatiaux”, il faut introduire une notion fondamentale <strong>de</strong> la cosmologiemo<strong>de</strong>rne : la théorie <strong>de</strong> l’inflation.On peut trouver dans une publication récente 91 un résumé <strong>de</strong> cette théorie. Elle fut introduite pour rendrecompte <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux observations majeures <strong>de</strong> la cosmologie mo<strong>de</strong>rne : l’invariance d’échelle présente dans larépartition <strong>de</strong>s fluctuations <strong>de</strong> matière dans l’espace 92 , et l’aspect euclidien (c’est-à-dire “plat”) <strong>de</strong> l’espacequi nous entoure. Elle consiste en une idée simple selon laquelle l’Univers primordial, à un temps très prochedu Big-Bang, aurait subi une phase d’expansion exponentielle ayant étiré toutes les échelles, produisant unUnivers plat, homogène, et portant les fluctuations quantiques microscopiques à une échelle macroscopiqueles inscrivant dans la matière à gran<strong>de</strong> échelle. Ce sont alors ces fluctuations aléatoires qui se retrouvent dansl’observation du CMB comme d’infimes fluctuations <strong>de</strong> température. Cette théorie a d’ailleurs le mérite <strong>de</strong>remédier au problème <strong>de</strong>s corrélations à très longue distance qui existent dans le CMB (le fait que ce fond <strong>de</strong>rayonnement soit quasiment homogène <strong>de</strong> part en part, ce qui n’est possible que si toutes les parties ont étéen contact causal à un moment <strong>de</strong> l’histoire cosmique) : dans une phase d’expansion “normale”, cela nepourrait pas être expliqué par <strong>de</strong>s interactions se propageant à une vitesse inférieure <strong>de</strong> celle <strong>de</strong> la lumière,alors que dans le cas d’une phase d’expansion “accélérée”, il est toujours possible <strong>de</strong> trouver un temps nonnul après le Big-bang tel que <strong>de</strong>ux régions aussi éloignées que l’on veut aient pu entrer en contact causal. <strong>Le</strong>s91Garcia-Belildo, “The paradigm of inflation”, Advances in Astronomy, 2005, pp 19-39.92D.N. Spergel et al., “Wilkinson Microwave Anisotropy Probe (WMAP) Three Year Results: implication forcosmology”, Astrophys. J. Sup., 2007, 170, 377, (2007). Cette invariance d’échelle est comparable à l’invariance quenous trouvons sur une mer agitée : que nous y regardions <strong>de</strong> très près (au niveau <strong>de</strong>s plus infimes ri<strong>de</strong>s) ou <strong>de</strong> loin (auniveau <strong>de</strong>s plus déferlantes <strong>de</strong>s vagues), nous y verrions le même phénomène reproduit à une même intensité relative àl‘échelle à laquelle il se déroule. Dans le cas <strong>de</strong> la répartition <strong>de</strong> matière, les “infimes ri<strong>de</strong>s” sont <strong>de</strong>s groupes <strong>de</strong>galaxies et les “déferlantes” <strong>de</strong>s regroupements immenses d’amas <strong>de</strong> galaxies, par exemple.47
- Page 1: Le Principe AnthropiqueLa place de
- Page 4 and 5: a. Le Principe Anthropique Faible
- Page 6 and 7: III. Quelques considérations épis
- Page 8 and 9: IntroductionLa physique moderne est
- Page 10 and 11: constantes fondamentales de notre U
- Page 12 and 13: lumière. En travaillant le formali
- Page 14 and 15: d’un gaz, avec quelques paramètr
- Page 16 and 17: équivalent énergétique, ces cord
- Page 18 and 19: jalonnant l’histoire de l’Unive
- Page 20 and 21: allons maintenant étudier de plus
- Page 22 and 23: particules élémentaires. L’éto
- Page 24 and 25: zéro 28 . Cette théorie permit d
- Page 26: Dans la vision de Carter, le Princi
- Page 29 and 30: Principe Anthropique Fort de Carter
- Page 31 and 32: possibilité en la réalité de son
- Page 33 and 34: séquence principale ainsi que les
- Page 35 and 36: la fois une valeur si faible (10 -3
- Page 37 and 38: constantes fondamentales, le Princi
- Page 39 and 40: II. L’alternative des mondes mult
- Page 41 and 42: unique, selon un ordre unique” ;
- Page 43 and 44: 2. Introduction du multivers dans l
- Page 45: c. Calculer l’improbable : maniè
- Page 49 and 50: . Niveau I : variation des paramèt
- Page 51 and 52: événement réalisé, et enfin qu
- Page 53 and 54: e. Niveau IV : un multivers platoni
- Page 55 and 56: Il y a en premier lieu le problème
- Page 57 and 58: “anthropique” et “descendante
- Page 59 and 60: 1. Considérations épistémologiqu
- Page 61 and 62: exactitude” 107 . Néanmoins, bie
- Page 63 and 64: éponse est qu’il n’existe pas
- Page 65 and 66: prédictions concernant les process
- Page 67 and 68: sous l’angle politique (révoluti
- Page 69 and 70: c. Le hasard et la contingenceChez
- Page 71 and 72: Boutroux par exemple : “On ne peu
- Page 73 and 74: connaissance sur l’état microsco
- Page 75 and 76: 2. Considérations philosophiquesNo
- Page 77 and 78: En philosophie classique, c’est c
- Page 79 and 80: n’interagissent pas avec l’ext
- Page 81 and 82: ii. Philosophies du progrès : le s
- Page 83 and 84: final : les parties d’un corps pe
- Page 85 and 86: Cette orientation dépend de l’é
- Page 87 and 88: n’a pas été créé par un agent
- Page 89 and 90: conçu.” 172 Ce dernier pointe au
- Page 91 and 92: quelles autres positions ont pu êt
- Page 93 and 94: Univers considéré lui-même comme
- Page 95 and 96: théoriquement : il n’y a rien de
- Page 97 and 98:
“complexes” et “adaptatifs”
- Page 99 and 100:
niveaux, des particules subatomique
- Page 101 and 102:
éductionnistes peuvent le laisser
- Page 103 and 104:
détruire sans loi toute loi physiq
- Page 105 and 106:
ConclusionNous voici arrivés au te
- Page 107 and 108:
Nous avons pour cela tenté de rend
- Page 109 and 110:
l’homme. Certains voudraient voir
- Page 111 and 112:
Morrison, M., “Emergence, Reducti
- Page 113:
113