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La Lettre, le magazine de CSC #17

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DÉCRYPTAGES 30 ( LA LETTRE ) LE MAGAZINE DE <strong>CSC</strong>Depuis plusieurs années, <strong>le</strong>s entreprises <strong>de</strong> services ont dû apprendre à adapter <strong>le</strong>urs espaces d’accueil auxexigences <strong>de</strong>s clients, notamment sous la pression <strong>de</strong> la concurrence. Aujourd’hui, en plus d’être fonctionnelset rentab<strong>le</strong>s, ces espaces <strong>de</strong> services doivent éga<strong>le</strong>ment se montrer esthétiques, séduisants même. Exemp<strong>le</strong>emblématique, <strong>le</strong>s hôtels qui pour survivre aux profon<strong>de</strong>s mutations <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur industrie, ont dû radica<strong>le</strong>mentchanger <strong>le</strong>ur approche au <strong>de</strong>sign, et plus largement à l’ensemb<strong>le</strong> <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur métier.Par Thiebaut Ossola, étudiant ESSEC IMHI (Management Hôtelier International),membre <strong>de</strong> la Chaire «Innovation et services»DESIGN ET INNOVATION :ORCHESTRER L’EXPÉRIENCE CLIENTDANS L’ESPACE HÔTELIERAu début <strong>de</strong>s années 1980, l’hôtel<strong>le</strong>riefrançaise et internationa<strong>le</strong> se scin<strong>de</strong>en <strong>de</strong>ux : d’un côté, <strong>de</strong>s hôtels à tail<strong>le</strong>humaine mais vieillissants, parfoisvétustes ; <strong>de</strong> l’autre, <strong>de</strong>s chaînes d’hôtels <strong>de</strong>gran<strong>de</strong> tail<strong>le</strong>, pratiques et fonctionnels, soutenuspar <strong>de</strong>s groupes internationaux auxquels onreproche <strong>de</strong> «manquer d’âme». Pour sortir <strong>de</strong>cette impasse, <strong>de</strong>s entrepreneurs eurent l’idéed’innover en repensant <strong>le</strong> produit hôtelier, sonarchitecture, sa décoration, son aménagement,en un mot, son <strong>de</strong>sign.Ce fut <strong>le</strong> cas <strong>de</strong> Ian Schrager qui ouvrit l’HôtelMorgans à New York en 1984, confiant son<strong>de</strong>sign à Andrée Putman. Il fera appel en 1989 àun certain Philippe Starck pour <strong>le</strong>s autres hôtels<strong>de</strong> son groupe (et pour une très longue etfructueuse collaboration). Ce fut éga<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>cas <strong>de</strong> Grace Leo, qui lança dès 1985 à Paris, lamo<strong>de</strong> <strong>de</strong>s «boutiques hôtels» avec l’HôtelMonta<strong>le</strong>mbert. Le cas éga<strong>le</strong>ment d’AnouskaHempel qui inaugura à la même époque,à Londres et Amsterdam, <strong>de</strong>s hôtels quirencontrèrent un succès immédiats : <strong>le</strong> Hempel,<strong>le</strong> Blakes, etc.Mais ce fut aussi Jean-Louis Costes qui fit appeldès 1984 à Starck pour sa nouvel<strong>le</strong> brasserie auxHal<strong>le</strong>s, puis à Christian <strong>de</strong> Portzamparc pour <strong>le</strong>Café Beaubourg, à Jacques Garcia pour l’HôtelCostes, faisant ainsi travail<strong>le</strong>r en quelques annéesl’ensemb<strong>le</strong> d’une nouvel<strong>le</strong> génération <strong>de</strong><strong>de</strong>signers français. Autant <strong>de</strong> noms aujourd’huicélèbres qui ont permis aux hôteliers indépendants<strong>de</strong> se démarquer dans un paysage morose,et d’être à présent considérés comme <strong>de</strong>svisionnaires dans <strong>le</strong>ur secteur d’activité.Une réorganisation profon<strong>de</strong>du serviceToutefois, ces innovations en matière <strong>de</strong> <strong>de</strong>signn’ont pas seu<strong>le</strong>ment une va<strong>le</strong>ur esthétique : el<strong>le</strong>sobligent aussi <strong>le</strong>s opérateurs à revoir <strong>le</strong>urconception du métier et du management. Eneffet, qui dit hôtel <strong>de</strong>sign dit souvent hôtel pluspetit et plus intime, moins <strong>de</strong> personnel et parconséquent, un personnel plus responsabilisé,en charge <strong>de</strong>s opérations, à une époque où<strong>le</strong>s groupes hôteliers préfèrent au contraire,centraliser au maximum la gestion <strong>de</strong>s hôtels.Aujourd’hui, cette tendance <strong>de</strong>sign <strong>de</strong> l’hôtel<strong>le</strong>ries’amplifie à l’international. Certaines maisons <strong>de</strong>haute couture font ainsi une entrée fracassantedans <strong>le</strong> secteur, avec plus ou moins <strong>de</strong> succès :Bulgari en partenariat avec Ritz-Carlton, lafamil<strong>le</strong> Ferragamo pour <strong>le</strong>s hôtels Lungarno àFlorence, Versace pour son palace éponyme enAustralie, et dans un proche avenir Armani avecAmaan Properties à Dubai et Missoni pour unpartenariat avec <strong>le</strong> scandinave Rezidor.À une époque où <strong>le</strong> parc hôtelier françaistraditionnel semb<strong>le</strong> à nouveau s’essouff<strong>le</strong>r sous<strong>le</strong>s coups répétés et nombreux <strong>de</strong>s groupeshôteliers européens ou américains, la «pensée<strong>de</strong>sign», si el<strong>le</strong> nourrit toujours l’ambition d’êtreradica<strong>le</strong>ment innovante pour <strong>le</strong> managementhôtelier, ne doit-el<strong>le</strong> pas être encore réinventée ?Des applications variées dansnombre <strong>de</strong> secteursEsthétisme et <strong>de</strong>sign ne se limitent passeu<strong>le</strong>ment aux hôtels et aux restaurants.Des banques aux boutiques <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>, <strong>de</strong>shôpitaux aux transports en communs, tous <strong>le</strong>sopérateurs <strong>de</strong> service semb<strong>le</strong>nt aujourd’hui sepréoccuper <strong>de</strong> l’apparence <strong>de</strong> <strong>le</strong>urs espaces :nouvel<strong>le</strong>s cou<strong>le</strong>urs et formes, nouveaux mobiliers…mais aussi nouveaux usages. Si <strong>le</strong>s banques sonten quelques années <strong>de</strong>venues plus claires et plusaccueillantes, c’est parce que <strong>le</strong> service y a étérepensé : <strong>de</strong> grands espaces multiservices etself-services s’ouvrent désormais aux clients.Si <strong>le</strong>s marques <strong>de</strong> luxe investissent donclour<strong>de</strong>ment dans <strong>de</strong>s magasins sur <strong>le</strong>s plusprestigieuses avenues du mon<strong>de</strong>, c’est nonseu<strong>le</strong>ment pour soigner <strong>le</strong>ur positionnement,mais surtout pour y rencontrer <strong>le</strong>urs clients,<strong>le</strong>s observer, <strong>le</strong>s séduire et <strong>le</strong>ur vendre unmaximum <strong>de</strong> produits. Derrière <strong>le</strong>s préoccupationsesthétiques, et plus globa<strong>le</strong>ment sensoriel<strong>le</strong>s, sejouent <strong>de</strong>s réalités commercia<strong>le</strong>s. Et si <strong>le</strong> <strong>de</strong>signn’a pas encore été i<strong>de</strong>ntifié dans toutes <strong>le</strong>sentreprises comme une fonction spécifique <strong>de</strong>l’organigramme, il permet déjà <strong>de</strong> repenser <strong>le</strong>marketing et l’offre <strong>de</strong> services <strong>de</strong>s entreprises auclient.PHOTOGRAPHIE : HÔTEL LE A, PARISDESSINÉ PAR FRÉDÉRIC MÉCHICHE, L'HÔTEL «LE A»SUR LES CHAMPS-ÉLYSÉES À PARIS, EST UN HÔTEL DESIGNOÙ SE MÊLE L'ART CONTEMPORAIN ET LE LUXEen partenariat avec

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