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Numéro 61 - Le libraire

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LE LIBRAIRE CRAQUE!littérature étrangèreSUKKWAN ISLANDL’ultime pèlerinage mâle : un hommedécide d’amener son fils de 13 ans,une année durant, sur une île isolée et sauvage du sud-ouest de l’Alaska. Ce qui devaitêtre une année d’aventures et de découvertes devient rapidement une descente auxenfers, alors que les lieux s’avèrent hostiles et les capacités du père,quasi inexistantes. Folie, psychopathie, chagrin, Roy ne sait quelmal accable son père et lui donne ces élans destructeurs. Jusqu’aurevirement, qui sidérera même le plus aguerri des lecteurs. Del’écriture ciselée de David Vann émane une atmosphère oppressanteet fébrile d’un réalisme insoutenable. Histoire simple d’un dramecomplexe, voilà un roman sorti tout droit des tripes d’un jeuneauteur qui, visiblement, a lui-même connu le fond du « trop-loin ».Marianne Chevrier Du SoleilDavid Vann, Gallmeister, 192 p., 36,95$LES DERNIERS JOURSDE STEFAN ZWEIGPour l’écriture de ce livre, Laurent Seksik s’est inspiréde biographies de Stefan Zweig, ainsi que du journalintime et de la correspondance de ce grand écrivainautrichien. On le sait, Zweig a fini ses jours au Brésil avec sa jeunefemme. <strong>Le</strong> couple s’est suicidé : lui, incapable de faire face à l’horreurdu charnier qu’est devenue l’Europe, et elle, qui ne s’imaginait pasvivre sans lui, nourrie des souvenirs de cet homme qui aurait pu êtreson père. <strong>Le</strong> monde d’hier a disparu, amenant le tarissement del’écriture chez celui qui est aujourd’hui adulé et respecté de toutesparts. Seksik rend de manière fort inspirée la déroute de ces fuyardsd’une civilisation si brutalement interrompue, oscillant entre lesréminiscences remaniées d’une époque dorée et les réflexions sur unhorizon des plus noirs. Un beau livre, duquel transpire une mélancoliecertaine. Yves Guillet <strong>Le</strong> FureteurLaurent Seksik, Flammarion, 188 p., 39,95$MES SEULS DIEUX<strong>Le</strong> contraste entre l’Inde et l’Occidentest important, comme nous pouvonsle constater à travers le recueil de nouvelles, très touchant, d’Anjana Appachana : Messeuls dieux. <strong>Le</strong>s histoires se déroulent dans une Inde actuelle et oscillent entre levaudeville et les problèmes de castes, toujours à l’ordre du jour. Estégalement abordée, avec beaucoup de finesse, la position desfemmes, soumises à leur famille, mari, belle-famille et, parfoisencore, contraintes d’accepter des mariages arrangés. Un réeldécalage existe entre la progression des études et la persistancedes traditions. C’est avec une grande poésie que l’auteure nousattire dans ce monde paradoxal. Un livre qui fournit des donnéessocio économiques très enrichissantes et permet de se faire uneréelle idée du pays au-delà de l’aspect « Bollywood ».Tania Massault PantouteAnjana Appachana, Zulma, 304 p., 36,95$LE DODÉCAÈDRE OU DOUZE CADRESÀ GÉOMÉTRIE VARIABLEIl est toujours intéressant de lire desexercices de style. Paul Glennon nouspropage douze récits de tous genres, quientretiennent des liens les uns avec les autres, sans pour autant lesterminer. Il s’est donné pour défi de nous les livrer à l’image dudodécaèdre. Chaque récit doit en évoquer quatre autres. Et le toutnous donne un résultat très intéressant. De plus, les PUO se sontdotées d’une équipe de douze traducteurs afin de donner une saveurdifférente à chaque histoire. Un parfum de mystère flotte au longde la lecture. Parfois, le fantôme d’un récit précédent apporte uneréponse ou, pire, nous plonge encore plus dans la perplexité. J’aibien hâte de voir ce que Paul Glennon nous livrera dans l’avenir. Unechose est sûre, le défi du dodécaèdre est relevé avec brio!Shannon Desbiens <strong>Le</strong>s BouquinistesPaul Glennon, Presses de l’Université d’Ottawa, 264 p., 24$ROSA CANDIDAAudur Ava Olafsdottir est de la racedes écrivaines qui vous embarque dèsles premières pages. <strong>Le</strong> héros, que son vieux père appelle affectueusement « mon petitLobbi », est un grand candide de 22 ans. Il se dégage de ce personnage, papa d’unbébé de 6 mois qu’il a eu avec une femme qu’il n’a côtoyée qu’uneseule nuit, une naïveté attachante. Alors qu’il part restaurer laroseraie d’un monastère, il enchaîne les mésaventures cocasses.C’est avec son départ que tout débute. L’éloignement géographiqueengendrera, en effet, un surprenant développement de l’instinctpaternel. Ce roman, débordant d’humour, illustre la difficulté d’êtreun homme et nous offre une histoire d’amour à contre-courant. Unlivre d'une grande fraîcheur que l’on quitte à regret, mais remplid’une nouvelle foi en l’Homme. Tania Massault PantouteLA MORT DE BUNNY MUNRO C’est durant le tournage du film The Road,dont il a créé la trame sonore, que Nick Cavea eu l’idée de ce roman. Comme dans l’histoire de Cormac McCarthy, un homme et son filspartent sur la route à la suite du suicide de la mère. Mais contrairement au père de TheRoad, Bunny Munro — vendeur de produits de beauté qui veut« sauter » toutes ses clientes, obsédé par Avril Lavigne et KylieMinogue (« Toutes mes excuses », leur écrit Cave dans sesremerciements!) — cumule les frasques et les excès. Si au départ ontrouve Munro simplement drôle et pathétique, plus on avance dansle roman, plus on s’attache à cet être impossible, plus on éprouve dela compassion pour lui, son fils et ce qu’ils vivent, jusqu’à sa morttragique. Nick Cave prouve ici qu’il peut nous bouleverser autant parsa musique que par son écriture. Mathieu Croisetière Clément Morin30 • LE LIBRAIRE • OCTOBRE - NOVEMBRE 2010LA JEUNESSE MÉLANCOLIQUEET TRÈS DÉSABUSÉE D'ADOLF HITLERAudur Ava Olafsdottir, Zulma, 336 p., 29,95$Qui de mieux pour imaginer lajeunesse ordinaire d’Adolf Hitler avecun brin d’humour que Michel Folco?En s’inscrivant dans la continuité chronologique des fameux Tricotin, ce roman àl’écriture délectable offre à Adolf des ancêtres et une jeunesse quel’Histoire n’a pas décrits. Malgré la banalité de cette enfance morneet pauvre, nous ne pouvons nous empêcher de déceler à travers cepersonnage les traces de l’homme au caractère et à l’idéologieaujourd’hui tristement célèbre. Au gré des rencontres et desanecdotes marquantes, ce roman bourré de l’ironie propre à sonauteur nous fait rire et frissonner tout à la fois. Car qui aurait vudans ce garçon sans talent et aux cheveux étranges le plusdangereux dictateur de notre époque? Geneviève Roux De VerdunMichel Folco, Stock, 352 p., 29,95$Nick Cave, Flammarion, 332 p., 39,95$CANCRES LTD & CIEUn doyen désireux de sauver la réputation usurpée deson collège ou encore un chef de police voulant ruinercelle d’une vieille Anglaise : les histoires de Tom Sharpe, l’auteur génial de Wilt et duBâtard récalcitrant, c’est du bonheur, de l’éclat de rire, la preuvesalutaire qu’on peut ébranler les plus profondes convictions de sonlecteur sans l’enquiquiner avec des propos sentencieux. Cancres Ltd& Cie, recueil de quatre récits humoristiques de l’auteur britannique,est une entreprise de démolition. En effet, l’institution des collègesanglais, la vieille aristocratie, la nostalgie de l’Empire, la littératured’aventure, rien n’est épargné et on rigole; un gage qu’il n’y a pasmeilleur dénonciateur des maux de notre temps que celui qui le faitavec humour. Christian Vachon PantouteTom Sharpe, Omnibus, 1056 p., 44,95$

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