Pratiquer l'athlétisme autrement

UFR STAPS Nantes - AthlétismeL'école a pour ambition de faire parvenir 80 % d'une classe d'âge au baccalauréat. Compte tenudu décalage entre l'ambition annoncée et la réalité, rechercher les conditions favorables aux apprentissagesscolaires qui permettent "l'égalité des chances à l'arrivée" pour tous les pratiquantsquestionne nos choix. Ces choix concernent entre autres :−−−la prise en compte de la diversité du public scolaire non pas dans une recherche d'uniformité,mais pour s'enrichir des différences,la cohésion sociale en diminuant les phénomènes d'exclusion,le souci d'une plus grande équité dans l'évaluation en prenant en compte les moyens utilisespar les pratiquants pour atteindre un résultat.Il s'agit en fait de transposer le contenu d'une activité humaine porteuse des valeurs reconnuesà partir de procédures utilisées dans un certain contexte.Ce chasseur, qui tuait pour nourrir sa famille ou qui fuyait devant les bêtes féroces, devait courirvite et longtemps pour fuir, sauter pour éviter les obstacles naturels et lancer avec précision le plusloin possible. Pourquoi alors ne pas organiser les courses sous forme de course-poursuite, les sautssous forme de franchissement d'obstacles naturels et les lancers sous forme de lancers de précision.Acte 2 : valoriser le mérite c'est-à-dire l'effort en rapport avec les capacitésréellesIl est difficile d'admettre pour les pratiquants que le plus compétent d'entre eux ne soit pas lepremier ou le plus rapide. L'idéal, c'est que le plus rapide soit le plus compétent dans la gestion dusystème "but-moyens-contraintes", c'est-à-dire le plus efficient.Le pratiquant compétent est celui qui se rapproche le plus de sa course "idéale", théorique. Parexemple au 100 m, la course idéale est celle où le temps effectué est proche de celui correspondant àla somme des temps d'un 40 m départ "libre" et 2 fois le temps d'un 30 m "lancé".La performance doit être rapportée à certaines ressources du pratiquant. La vitesse maximaleaérobie permet aujourd'hui de faire une hypothèse sur les ressources aérobies et l'effort peut être misainsi en rapport avec les capacités réelles.On peut évoquer aussi "un coefficient pondérateur" qui prend en compte certaines caractéristiquesmorphologiques, ou un coefficient "d'efficience" qui met en rapport "ressources" de l'élève et"contraintes" de la tâche, ou un niveau de maîtrise d'exécution corrélé à un niveau de réalisation.Il est difficile d'admettre pour les pratiquants que le plus compétent d'entre eux ne soit pas lepremier ou celui qui saute le plus haut. Le pratiquant compétent est celui qui se rapproche le plus deses limites. La performance doit être rapportée à certaines ressources du pratiquant. L'effort doit êtremis ainsi en rapport avec les capacités réelles.Acte 3, scène 1 : le tragique s'affirme comme catégorie fondamentale del'émotion.L'athlétisme est une activité individuelle, mais elle se pratique à plusieurs. Même si la notion derecord est importante, même si la performance est toujours appréciée, le classement obtenu ne doitpas être négligé.L’entraîneur, l’enseignant ne doit pas oublier ce fondement de l'athlétisme. L'athlétisme inclut lanotion de compétition, de confrontation, qu'il n'est pas question d'exclure des mises en œuvre commequelque chose de honteux. Si le recours systématique à cette procédure peut être taxé d'excessif lerefus catégorique de cette ressource peut l’être tout autant. Les enfants et les adolescents éprouventle besoin de se mesurer aux autres afin de mieux pouvoir se jauger eux-mêmes.Scène 2 : le poursuivant et le poursuivi, la place du "handicap"Le handicap peut être un moyen pour les pratiquants de définir les conditions d'égalité deschances à l'arrivée, c’est-à-dire que pour un nombre d'essais donné, les chances de gagner pour chacunsoient égales. Il suffit de préciser sur quoi porte le handicap. Il peut s'agir d'une distance, d'untemps, d'une vitesse initiale, d'une modalité d'exécution, d'un nombre d'essais.Stéphane MORIN 11/35