UFR STAPS Nantes - Athlétisme−les dépasser. L'enfer est désormais à la mesure de l'homme. Ou plutôt c'est l'homme quise mesure aux dimensions de l'enfer.La compétition : Le climat de l'épreuve est conservé : on affronte volontairement un passagedifficile. La performance reste indispensable aussi : on se doit de se situer à la limitesupérieure de ses possibilités. Mais la compétition, déjà présente, il est vrai, au stade primitifde l'épreuve ainsi qu'au stade de la performance prend ici une tout autre dimension,en raison d'une part, des possibilités techniques et tactiques considérablement accrues,d'autre part, d'une organisation nouvelle de l'émotion et de l'espace : on sort du dédaledes actions sportives étroitement limitées, des comportements physiques laissant peu deplace à l'imagination et à la liberté; toutes les données initiales s'inscrivent dans le cadred'un champ clos qui devient un centre du monde avec toutes les significations qui s'y attachentet toutes les émotions sacrées qui s'y projettent.L'épreuve La performance La compétitionSupports imaginairesLe risque mortel délibérémentaffronté.L'homme se mesure aux dimensionsde l'enferDescriptionsUn objet médiateur investit devaleurs sacrées.Communément employé pourdésigner une manifestationsportive officielle, ce mot appartientaussi au langage desreligions primitives, au vocabulairede l'initiation. On pénètredans un milieu fermé etdifficile. On en revient régénéré.C'est la conquête héroïque parl'homme de toutes les dimensionsde l'espace et du tempspar-delà les limites et obstaclesqu'il s'invente pour pouvoir justementles dépasser.On s'inscrit dans le cadre d'unchamp clos qui devient uncentre du monde avec toutesles significations qui s'y attachentet toutes les émotionssacrées qui s'y projettent.IntentionsOn affronte volontairement unpassage difficileOn se doit de se situer à la limitesupérieure de ses possibilitésL'homme appartient à ungroupe et défend son territoireRéférencesA l'environnement A soi A autruiStéphane MORIN 6/35
UFR STAPS Nantes - AthlétismeLa genèse de l'athlétismeL'horizontalité privilégiée : la poursuite et le sacrificePlus vite, plus haut, plus loin. La recherche ininterrompue de performances, l'évolution de plusieursmillénaires axée sur un seul but - se dépasser soi-même en dépassant les limites du genrehumain - reposent sur quelles motivations profondes ?Quelle est la signification véritable de cette quête permanente d'exploits ?Questions qui ont toujours troublé les hommes, sans qu'on ait pu leur apporter des réponsespleinement satisfaisantes. Pourquoi s'engage-t-on dans la voie de la haute compétition, pourquoi s'yadonne-t-on corps et âme, le plus souvent sans esprit de lucre ?L'explication tient sans doute dans les ressorts psychologiques des individus : la réussite sportivecorrespond à l'accomplissement de soi, à l'assouvissement de rêves inavoués, à l'orgueil, à lafierté nationale, à la recherche de la célébrité, à l'ambition de devenir le meilleur dans sa spécialité.Fatigue, douleurs, humiliation, déceptions, sont ainsi librement acceptées et il est vrai qu'enathlétisme, les moments de plaisirs sont rares, si on les compare à ceux ressentis dans les sports collectifs: un but, un panier sont en soi un aboutissement. En course à pieds, dans les concours, combiende répétitions monotones, combien d'échecs avant d'obtenir la récompense, qui consiste, toutsimplement, parfois, en l'amélioration d'un record personnel ?Plus que dans les autres sports, l'homme et la femme, en athlétisme, doivent constamment s'introspecter,à la recherche de leur propre vérité, de leurs propres ressources. Chaque athlète possèdeson monde intérieur, son propre instinct, sa propre volonté de puissance.Ce sont ses ressorts qui provoquent les différences, bien plus que les techniques et l'entraînement,bien plus que les déviations auxquelles nous sommes hélas confrontés, avec la proliférationdes produits dopants et le développement des méthodes de préparation biologiques.L'athlétisme est né de la lutte pour la vie menée par les hommes des premiers âges. L'instinctde conservation ou la quête de la subsistance ont longtemps été les seules manifestations, en dehorsdes gestes de l'existence quotidienne, de la race humaine. Mais dès que l'homme put relâcher sonattention, dès qu'il se sentit en sécurité, ses mouvements, son comportement, l'ont conduit à s'écarterde l'instinct originel pour accorder quelque intérêt au loisir.Le chasseur, qui tuait pour nourrir sa famille ou qui fuyait devant les bêtes féroces, songe unjour à courir pour son seul plaisir, à franchir des obstacles naturels, à mesurer sa force et sa détenteavec celles des autres chasseurs.Ainsi les fonctions utilitaires de l'homme des cavernes débouchent-elles, peu à peu, sur la notiond'émulation, puis de compétition.Stéphane MORIN 7/35