Pratiquer l'athlétisme autrement

UFR STAPS Nantes - AthlétismeIl s'agit alors de réduire le nombre de degrés de liberté du mouvement. Le corps est une chaînedynamique articulée, dont les rapports segmentaires sont indépendants. La réduction des degrés deliberté va s'effectuer par une rigidification de certaines parties corporelles, premier moyen decontrôle... Cependant la situation n'est pas satisfaisante car le sujet ne peut pas lancer très loin. Lesujet va donc débloquer les articulations de proche en proche afin d’intégrer aux forces propulsives,les forces éractives : il élabore une structure coordinative.Ce qui caractérise le comportement adapté en athlétisme c'est progressivement l'intégration desegments non directement concernés par la tache (les bras en triple saut...) dont la fonction équilibratricedomine la propulsion. Au bout du compte se construit une unité fonctionnelle.L'ensemble de ces éléments indique ce que doit s'approprier le pratiquant : c'est une gestion de"l'ouverture/fermeture" des degrés de liberté "articulaire" en rapport avec une organisation a priori del'équilibration nécessaire à une propulsion optimale il rompt ainsi avec "l'asservissement" de la propulsionà l'équilibration.Compte tenu des durées de réalisation toujours rapides sinon explosives, cette organisation apriori doit se réaliser dans un temps très court : les préparations d'action se réalisent alors non pluspar un recul du segment à projeter mais par une avancée des segments d'appui.Le pratiquant affront ainsi un double conflit : entre équilibration et propulsion, et entre durée(s)nécessaire(s) des préparations et indispensable vitesse d'exécution. En les surmontant, il devient capabled'étendre les propriétés propulsives de son système locomoteur à des zones articulaires éloignéesdes segments directement concernés par l'action.2- Les exigences relatives aux propriétés parfois antinomiquesdes trajectoires et celles de l'organisme producteur d'impulsions(franchir de façon économique au saut en hauteur, et s'élever le plus haut possible) ;L'analyse classique mécanique en athlétisme fait à juste titre dépendre la trajectoire du corpsou des engins des forces exercées sur eux : la relation causale suit le cours du temps. L'analyse didactiquedoit y adjoindre une autre causalité plus "psychologique", qui relie les moyens et les buts.C'est en fonction de la trajectoire à produire (but) que le lanceur, le coureur, le sauteur vont organiserleurs actions propulsives. La relation causale est inverse au déroulement temporel : le butprécède le moyen alors que l'effet suit la cause. Mais cette trajectoire n'existe pas avant d'être produite: elle est virtuelle, représentée, anticipée, ce qui constitue une difficulté souvent contournée parl'utilisation pédagogique de cibles.Les conflits auxquels les pratiquants devront faire face, concernent l'alternative : valorisation dubut ou valorisation du moyen. Tout entier dans la recherche de la performance, il se centre de façondominante sur le but immédiat, ce qui peut l'amener à une réduction des trajets moteurs.La solution est dans une organisation de ces trajets en référence à une trajectoire optimale. Cequi conduit le pratiquant à affronter un second conflit : où il exploite prioritairement les propriétés del'objet propulsé (le corps, le javelot) ; ou il exploite celle de l'objet propulsant (le corps, la perche). Ici ilfaudra trouver le compromis qui optimise les deux systèmes.3- Un fonctionnement corporel à vitesse levée peu compatibleavec la nécessaire précision d'action (atteindre une cible avec le pied, déclencherl'action dans une zone...) ;4- La nécessaire stabilité des réponses (assurer un résultat) et leur variétérequise (produire une performance) et pour lesquelles l'utilisation destraces des expériences consécutives est essentielle.S'il est vrai que le milieu est stable, l'instabilité est produite par la recherche d'une optimisationqui met en tension diverses propriétés fonctionnelles de l'organisme ?Stéphane MORIN 13/35