Pratiquer l'athlétisme autrement

UFR STAPS Nantes - AthlétismeIntérêt de l'approcheOu comment les différentes disciplines athlétiques racontentune histoire.Activité mesurée, l'athlétisme a longtemps servi et sert toujours à tester et sélectionner. Lancerde poids, course de 80 m, ... sont présents dans la plupart des examens ou des concours d'entrée. Untel constat ne peut être sans conséquences sur l'athlétisme scolaire qui éprouve une réelle difficulté àse démarquer d'une approche techniciste. La plupart du temps, les contenus d'enseignement sontdirectement puisés dans l'analyse des comportements de l'athlète de niveau. Conduites qui, modélisées,formalisées, peuvent être le support de modèles d’apprentissage. Hélas ces modèles réduisentsouvent l'activité du pratiquant à quelques dimensions peu pertinentes, les explications de la réussited'une performance athlétique étant presque toujours d'ordres énergétique et biomécanique« Création collective, instinctive, continue, dynamique grandiose de l'imaginaire, le sport traverseavec assurance l'histoire des peuples (...). Il est vivant, populaire, spontané. Il est émotion. Il estpassion. En fait, on néglige trop le poids de l'histoire et de la culture, celui des émotions ainsi véhiculées.Il y a là tout un héritage d'expérience accumulée, ramassée, codifie, stylisée (...) .Une telle émotionne peut être une émotion banale » B. Jeu (24)On observera que l'ensemble des disciplines sportives semble raconter une histoire. Tout sepasse comme si on se trouvait devant un scénario en trois actes se subdivisant et se ramifiant en actionsplus élémentaires. On rencontre successivement :− l'épreuve, descente aux enfers−la performance, fuite, poursuite et sacrifice− la compétition, sortie du labyrinthe infernal, combat simulé des forces du chaos et des forcesdu cosmos, institution triomphale d'un axe du monde. C'est évidemment la reprise duschéma archaïque de l'initiation.De ces émotions, la culture populaire se constitue l'héritière, et le sport civil, en particulier, redécouvred'instinct ces valeurs primitives.Cette exploration de l'imaginaire collectif nous conduirait vite bien au delà du sport. L'analysedes espaces sportifs et de l'ordre mythique du temps qui s'y projette donne à penser et ouvre desvoies de réflexion inattendues.Le tragique s'affirme comme catégorie fondamentale de l'émotion. Dans ces conditions, il seraitimpossible, à moins d'une véritable démission intellectuelle, de se contenter d'une approche positivisteet utilitaire du sport. Le sport ne provient pas de n'importe quoi. Il a sa logique propre. Le sports'inscrit dans le cadre de la culture populaire. Il se construit dans l'histoire ou il trouve ses matériaux,ses techniques, son inspiration. Il se définit en fonction de la réceptivité d'un milieu social qui y découvreune image de soi.Le problème est de montrer comment l'espace donne la clé de l'émotion et l'émotion celle dusport.−−L'épreuve : Le mot épreuve est communément employé pour désigner une manifestationsportive officielle. Mais il appartient aussi à l'univers du conte, au langage des religionsprimitives, au vocabulaire de l'initiation tribale. Ces rencontres de sens ne sont pas fortuites.Epreuve sportive, il faut prendre le mot au pied la lettre. On pénètre dans un milieufermé et difficile. On en revient régénéré. Cette idée d'épreuve est conservée dans toutesles disciplines sportives. Le lieu sacré où s'effectue la compétition demeure le milieu dangereux,difficile, hostile.La performance : La notion d'épreuve correspondait à l'idée d'un risque mortel délibérémentaffronté. Celle de performance en est la contrepartie positive. On s'y affirme le meilleurpossible. C'est la conquête héroïque par l'homme de toutes les dimensions de l'espaceet du temps par-delà les limites et obstacles qu'il s'invente pour pouvoir justementStéphane MORIN 5/35