10 juin 2011 – N o 483Les campagnes anti-tabac se succèdent.Les articles dénonçantles effets néfastes de la cigarettes’accumulent. Les lieux publics sontinterdits à la fumée. Les coûts sur lasanté dépassent le plafond. Les prixdes paquets s’envolent. Pourtant, rienn’y fait: on fume toujours. On fumede moins en moins, paraît-il, mais onfume encore et cela est particulièrementfrappant chez les jeunes gens.Inutile donc, ici, d’écrire un articledénonçant une énième fois dans levide les méfaits du tabac: les gens lesavent et s’en moquent. Il paraît pluspertinent d’essayer de comprendrepourquoi les campagnes anti-tabacfrappent dans le vide depuis une quarantained’années.Loin de cette époque où l’onfumait en société, où la cigarettereprésentait une virilité affichée avecmorgue, où c’était convivial et pourtout dire incontournable, le XXI e sièclea brocardé la fumette commenéfaste et pour tout dire criminelle.Le concept de fumée passive en estl’émanation la plus stricte, ainsi quele fer de lance le plus acéré. Ces quelquesdécennies de combats menésavec fougue et talent n’ont pourtantpas eu l’effet escompté. Le fumeurd’abord victime de son addiction,puisqu’il nuisait à sa propre santé, futensuite incriminé puisqu’il nuisait àcelle du non-fumeur. L’effet obtenuest assez paradoxal puisqu’il n’est pasrare, actuellement, qu’un fumeur luimêmeprenne une expression coupableen avouant son vice et prometted’arrêter tout en tirant une petitebouffée. Les campagnes anti-tabacont donc porté leurs fruits: la cigarette,c’est mal, tout le monde le dit.Pourtant, on fume encore.Les 15-25 ans en questionLes chiffres officiels nous annoncentà grand renfort médiatique que les<strong>Jeunes</strong>, vous avez la parole!La fumée chez les jeunes:un phénomène qui s’accentuefumeurs ne représentent plus quetrente pourcent de la populationsuisse – ce qui, en soi, n’est pas unebien grande victoire – et les campagnesse poursuivent. Ces mêmeschiffres deviennent autrement plusinquiétants lorsqu’on les réduit à uneportion plus congrue de la population:les quinze/vingt-cinq ans. Sansexagérer, près de la moitié de cettetranche d’âge, suçote une cigaretteplusieurs fois par jour. Pourquoi?Ceux-ci ont pourtant été sensibilisésdès le berceau. Baignant dans le jusculpabilisateur et répressif depuis lebiberon, ils auraient dû en prendreacte et marquer leur différence enconsommant des sucettes goût cola etdes bonbons nounours. La cigaretteest nonobstant demeurée symbole deconvivialité, marquant ainsi l’appartenanceà un groupe plus ou moinscool. S’ajoute sans aucun doute àcela, ce petit soupçon de rébellionpropre à cette période de la vie: «lesVieux trouvent ça pas bien, donc c’estbien». Bien sûr, infectés par le virusde la campagne anti, presque tousaffichent une volonté de s’arrêter tôtou tard, mais cela ressemble plus àune figure rhétorique éprouvée parleurs aînés, qu’à une profession defoi. Le réflexe n’en demeure pasmoins de s’emparer d’une cigarettesitôt sorti du collège, du bus ou de ladiscothèque et de l’allumer en consultantson téléphone portable.Le sentiment de culpabilitéest intégré à notre quotidienIl semble donc que toute campagneanti-tabac se heurte à un mur infranchissable:la transformation inéluctabledu message. On parvient eneffet à faire passer la communication,que la cigarette est nocive – d’ailleurs,rares sont ceux qui, actuellement,aurait le culot d’affirmer qu’il n’en estLe Chênoisrien – sans pour autant modifierdurablement les comportements dela population: «Le tabac nuit gravementà la santé», comme le disent lesfumeurs eux-mêmes. Ce pourraitêtre une ironie savoureuse, mais celan’en est pas une: ils sont bel et bienconvaincus! Le slogan a donc portéses fruits. Ce sont de nouveauxréflexes qui ont été induits, que l’onpeut d’ailleurs observer à la suite den’importe quelle campagne. Prenonsl’exemple de la pollution: tout lemonde tremble devant l’avenir etrépète à l’envi que notre monde courtà la catastrophe, mais hormis le discours,bien imprimé dans les circonvolutionsde nos cerveaux, rien nechange. On continue à consommerdes aliments venant d’ailleurs, à utiliserdes voitures pour aller acheterle pain, à chauffer comme des fousen hiver et tant d’autres exemplesnavrants. Dans les deux cas, uneconstante: la culpabilité. Car si rienne change des habitudes, l’usageren conçoit néanmoins une formede syndrome. Le geste n’est plusinnocent. J’allume une cigarette, jeregarde le bébé dans la poussetteà côté de moi et je me dis que jesuis en train de le tuer. On observele même comportement de la partdu non-fumeur: ce regard qui jugeet condamne tout à la fois porté surle tueur qui allume sa sucette à cancer.Pourtant on fume toujours. Lesjeunes gens en particulier!Si le message passe, mais que lebut n’est pas atteint après tant detemps, il conviendrait donc de trouverun nouvel angle d’attaque. On nepeut plus continuer à asséner quotidiennementles mêmes ritournellessi les effets ajoutent de nouvellespathologies aux populations viséessans pour autant en modifier les comportements.■Stephan BruggmannPublicitéFERDINAND DESJACQUES & C ie SAENTREPRISE DU BÂTIMENTMaçonnerie, gypserie, peinture,isolation de façadesAvenue de l’Aurore 7 - 1225 CHÊNE-BOURG Tél. 022 348 61 67A rr ê t e z d e f u m e ren 1 heure seulement!Depuis 10 ans à GenèveGarantie et suivi gratuit d’un an.Démonstration + test 7/7 sur rendez-vous.TABAC STOP Center31, rue de Chêne-<strong>Bougeries</strong> GENÈVEwww.tabac-stop-center.ch Tél. 022 348 83 15 -
Le Chênois <strong>Jeunes</strong>, vous avez la parole! juin 2011 – N 11o 483LesBornesUne famille chênoisesur les Routes du <strong>Mo</strong>nde (7)Pour ce “Spécial jeunes”, nous laissons la parole à nos enfants: Zachary (13 ans), Zohra (10 ans) et Zélia(7 ans). Voici, sous la forme d’une petite interview, un échantillon de leur vision après huit mois de route.Que représente pour toi le voyage?Zélia: C’est comme des grandesvacances, sauf qu’on fait l’école. Et surtoutnotre maison c’est “Droopy”, notrecamping-car.Zohra: La nature, les problèmes mécaniques,faire des feux, s’amuser, passerdes douanes, voir des animaux.Zachary: La diversité des pays et descoutumes. Et aussi la découverte d’espècesparticulières, notamment lesoiseaux de couleurs jaunes, bleues, rougeset vertes, très différents des nôtres.Qu’est-ce que tu as appris de nouveau aucours du voyage?Zélia: Je sais qu’en Iran les grandes filleset les femmes doivent porter desfoulards. Je me suis rendue compteque l’espéranto était facile, parce queje le comprends mieux que les autreslangues. Je ne savais pas qu’aux douanesles policiers ont le droit de toutfouiller.Zohra: Les pays, comment ils sont, leurtypes de gouvernements (théocratie,république, démocratie et dictatures).Les problèmes d’eau. Que le Tadjikistana de très hautes montagnes. L’alphabetcyrillique, les chiffres arabes et perses.Et surtout, je dessine beaucoup plus etbeaucoup mieux.Zachary: Plein de pays que je neconnaissais pas et leurs capitales. Lessources d’eau chaude. J’ai appris à gérerl’eau et l’électricité. A faire des photos etdes films.Qu’est-ce qui t’as étonné le plus dans lespays visités, chez les gens?Zélia: Au début, cela m’étonnait quel’on change de pays et de langue d’unseul coup. Et je ne comprenais pasqu’elle était la langue maternelle desgens.Zohra: En Jordanie, quand nous avonsété invités dans une famille musulmane,et qu’en entrant, ils nous ontséparé de papa qui s’est retrouvé toutseul du côté des hommes.Zachary: Quand un voisin bien intentionné,à Cracovie, a pris la main de mamère pour lui faire un baise-main. Jeme suis demandé: «Qu’est-ce qui luiveut, c’est pas sa femme!».A quoi joues-tu pendant le voyage?Zélia: A plein de jeux; par exemple dansle camping-car, je joue aux Barbies,aux Pet-Shop, à la Nintendo et avec lespeluches. Dehors, je joue sur les jeuxpour enfants et sur les balançoires. Onjoue au loup, on invente des jeux dans lanature. Et j’aime beaucoup jouer avecde l’eau au bord des rivières et des lacs.Zohra: A la Nintendo, aux Pet-Shopavec Zélia, au Trio Chênois (un jeu derôles). Aux cartes, au Scrabble et biensûr aux Milles Bornes!Zachary: Je joue avec mes sœurs oud’autres enfants dehors, et à la Nintendoet aux jeux de société dans le camping-car.Quelles sont tes autres occupations pendantle voyage?Zélia: Qu’on me lise des livres; je dessinebeaucoup, je commence à écrire etje fais aussi l’école.Zohra: Lire des livres, regarder quelquefoisdes films, l’école (ça occupe beaucoup).Ecrire et dessiner.Zachary: Lire et dessiner. Photographieret filmer.Rencontres-tu d’autres enfants? Si oui, oùet comment cela se passe avec eux?Zélia: A Amman, en Jordanie avecAlice, c’était chouette parce qu’elle parlaitfrançais, on jouait à des jeux de filles.En Turquie, à Ankara avec Ashley, lapetite voisine, nous avons joué avec despuzzles et avec un chat électrique. Età Aqaba, en Jordanie, il y avait aussid’autres enfants voyageurs qui parlaientle français, et on a pu aussi s’amuseravec leur jouets.Zohra: En Hongrie, à Tizafüred nousparlions en espéranto avec Matteo etVivian. A Sofia, en Bulgarie, avec Georgiet Boyan nous communiquions avecquelques mots d’anglais et les gestes.A Ankara, en Turquie, nous avons faitdes batailles de boules de neige avec lesenfants du quartier en parlant quelquesmots de turc.Zachary: En Pologne avec Kuba, nouscommuniquions à l’aide de google translator.Au Tadjikistan, à Duchambé, avecdes enfants de la cour de notre ami espérantisteFirdaus, ça s’est passé, commesouvent sans gestes, sauf pour établir lesrègles de jeu. De manière générale, on seprésente, en anglais et on attend que çase passe. Si, les enfants sont trop timideset en groupe, ils peuvent vite devenirgrossiers et nous faire des gestes internationaux,bien connus de tous, commeà Antakya en Turquie. Sinon, on finittoujours par trouver, parmi eux, unenfant qui communique plus facilement,comme à Téhéran, en Iran.Qu’est-ce que tu aimes dans le voyage?Zélia: Voir des animaux, être près dufeu, le désert, les paysages et rencontrerdes gens qui parlent français.Zohra: Les paysages, les animaux, lesrencontres et j’aime aussi bien dormirchez les gens qui nous invitent.Zachary: Quand on campe dans lanature et que nous voyons beaucoupd’animaux. Quand on fait des feux.Qu’est que tu n’aimes pas dans le voyage?Zélia: Faire l’école.Zohra: J’aime pas qu’on me cherche,alors que j’aime bien provoquer! (rires).Zachary: Quand on reste trop longtempsdans une ville et quand nousdevons beaucoup rouler.Quelle nouvelle nourriture as-tu appréciée?Zélia: Le thé bédouin, les pâtisseries jordaniennes,le shaschlik (brochette deviande ouzbèque). Le fromage turc enfilaments. La sauce tomate à tartinerbulgare.Zohra: Le riz pilaf dans les pays en“stans”, la viande de chèvre “Marco-Polo”, une sorte de bouquetin avec degrandes cornes retournées que l’onchasse au Tadjikistan.Zachary: La banitza et l’ayran de Lili àPlovdiv, les pâtisseries et le riz grillé iranien.Quelle nouvelle nourriture n’as-tu pasaimé?Zélia: Les soupes de fruits hongroises,le lait frais de vache du Pamir.Zohra: la Boza (boisson au malt), lesbonbons turcs à la noix de coco.Zachary: Le thé au beurre salé, le fromagede SamarcandeAs-tu eu peur pendant le voyage, si ouiquand et pour quoi?Zélia: J’ai eu peur quand je me suis perduedans un grand magasin en Pologneet aussi dans le désert, quand Papa etZachary se sont cachés pour faire uneblague.Zohra: Quand on s’est enlisé dans laboue au Tadjikistan, d’abord j’ai eu peuret ensuite quand on a commencé à toutsortir du camion, j’ai trouvé cela trèsamusant.Zachary: J’ai pas eu vraiment peur jusqu’àmaintenant, mais des fois je m’inquiètequand on est seuls dans lecamion avec Zohra et que des personnestournent autour de “Droopy”.Cela arrive quand mes parents font descourses et que l’endroit n’est pas trèssûr. Dans ce cas, nous sommes souventdésignés pour garder le camping-car,mais leur absence ne dure jamais trèslongtemps.Qu’est-ce qui te manque le plus?Zélia: Mes amies, les jeux de Genève,l’école et mes mamies.Zohra: <strong>Mo</strong>n amie Chloé et aussi toutema classe.Zachary: Les bandes dessinées etd’autres jeux que j’ai laissés à Genève.Et aussi les copains.Aimerais-tu dire quelque chose à tes amisdes Trois-Chêne?Zélia: Bisous à toutes les copines et lescopains!Zohra: J’attends vos commentaires surnotre site internet!Zachary: Ala703AduCOdelaGradelle,cela me ferait plaisir de recevoirquelques photos de la classe.A bientôt dans le prochain numéro dujournal Le Chênois!■La Famille SansVous pouvez suivrenotre périple sur:http://www.les1001bornes.ch