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Spécial Jeunes [4 Mo] - Chêne-Bougeries

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8 juin 2011 – N o 483<strong>Jeunes</strong>, vous avez la parole!1. Le tatouage, un phénomène qui résiste au temps…Le ChênoisTatouage et piercing:entre rites corporels et affirmation de soiUn tatouage est un dessin habituellementdécoratif ou symbolique réaliséen insérant au moyen d’un ustensilepointu de l’encre entre le dermeet l’épiderme. Celui-ci est pratiquédepuis de nombreux millénaires unpeu partout à la surface du globe. Denos jours, il est devenu phénomènede mode et de plus en plus de gens enarborent sur n’importe quelle partiedu corps.HistoireIl semble que toute culture a, à unmoment ou à un autre, développél’art de marquer le corps. Il est malheureusementdifficile de se faireune idée générale, la peau étant rarementconservée par-delà les siècles.Néanmoins, de nombreuses momiesou quelques corps congelés ont étéretrouvés par les archéologues arborantsur leur peau desséchée la marqued’un tatoueur. C’est le cas, parexemple d’Ötzi, le plus célèbre cadavredes Alpes, mort il y a 5500 ans,prouvant au passage qu’on tatouaitdurant le Néolithique. Sur son corps,des figures géométriques, commesur la plupart des momies retrouvéesen Egypte ou en Chine.Chez les Perses, il y a 2600 ans, letatouage est un art raffiné et trèsesthétique, il revêt un sens souventreligieux. Durant la même période,les Scythes arboraient des figures animalièresfort complexes dont le sensn’a pas encore été révélé. En Europeoccidentale, autour des débuts denotre ère, chez les Bretons, les Gothsou les Germains, on retrouve desmotifs zoomorphes ainsi que géométriquesdécrits par les historiensromains. Mais c’est principalementchez les Pictes que cet art atteindratoute sa splendeur. Leur habitude decombattre torse nu, tatouages bleuset noirs apparents, effrayait lesRomains et ces guerriers furent sifarouches que leur territoire, l’Ecosseactuelle, ne fut jamais envahi par cesderniers.Quant au Japon, dont la traditionest bien connue, le tatouage y a connuun parcours bien original: longtempsréservé aux basses classes de lasociété et aux geishas, à des fins érotiques,le tatouage commence à intéresserdes maîtres d’estampes etaccède au rang d’art graphique auXIII e siècle lors de la période Edo.Plus tard, les guerriers s’emparerontdu phénomène et transformerontleur corps en œuvre d’art provoquantainsi une déferlante de tatouages surl’archipel.Outre les aspects évoqués, letatouage fut aussi employé à d’autresfins. Il s’est généralisé dès l’Antiquitéafin de pointer des populations particulières.On marque ainsi les esclavesen pleine face, afin de les repérer facilementen Grèce, puis à Rome. Pratiquequi s’étendra aussi aux mercenairesdont les Romains se méfient.Plus tard, on appliquera lemême traitement aux prisonniers dedroit commun. Ce n’est d’ailleursqu’au IV e siècle que pour des raisonsreligieuses l’inscription sur la facesera interdite et réservée au reste ducorps.C’est le Christianisme qui banniraau VIII e siècle les marques corporellescomme contraires à la volontédivine. Donc, tout naturellement, letatouage disparaît de nos contréesjusqu’à ce qu’au XVIII e siècle, lesmarins se le réapproprient encôtoyant les populations du PacifiqueSud. Cela restera leur marque jusqu’aumilieu du XX e siècle.SignificationAlors que n’importe qui, de nos jours,semble susceptible de se faire tatouerun nounours sur les reins, il convientà présent de dégager une certainefinalité au tatouage.A l’origine, ces marques sur lapeau étaient des signes d’appartenanceà un groupe: tribal, religieux,et plus tard de piraterie, d’anciensprisonniers ou de légionnaires. Ontatouait aussi pour des raisons thérapeutiques.Certains tatouages géométriques,lignes ou points, marquaientdes zones de traitement, des pointsde force. Mais c’était aussi, rappelonsle,une manière de marquer demanière définitive certaines catégoriesde gens comme les esclaves oules prisonniers – et ceci jusqu’auxcamps de concentration nazis... Maisà présent, les raisons pour lesquellesles gens choisissent d’être tatouéssont diverses: identification à ungroupe, esthétique, rituel religieux etutilisations magiques sont les plusfréquentes.Dans les années 1970, puis plusparticulièrement dans les années1990, un véritable engouement pourle tatouage est né. Il n’est plus alorsune manière d’afficher son appartenanceà une communauté ou à unetribu, comme c’est encore le cas pourles divers gangs criminels de la planète;c’est aussi un moyen de revendiquerson originalité, de séduire, des’embellir ou de provoquer. Certainsd’ailleurs le vivent comme un rite depassage et agissent parfois sur uneimpulsion qu’ils regrettent plus tard.Un tatouage correspond enfin souventà un moment important de lavie, agréable ou douloureux: naissance,décès, réussite personnelle ouprofessionnelle. De ce fait, le motifmais aussi le lieu de l’inscription aégalement une importante signification.De nos joursAfin de me faire une idée plus précisede la question et plus particulièrementl’aspect qu’elle revêt auprès desjeunes gens, je me suis courageusementlancé dans une enquête auprèsdes intéressés * . Le résultat paraîtassez significatif: sur soixante-troispersonnes de quinze à vingt-trois ansinterrogées, seize sont déjà tatouées,quinze ont l’intention de le faire dèsque le choix d’un motif sera fixé etseize trouvent le tatouage carrémentdébile. Parmi ces derniers, relevons lefait que ce n’est vulgaire que pourdeux jeunes gens et que les deux principalesraisons de ce rejet sont lecaractère persistant du tatouage surdes individus qui évolueront immanquablementet le manque de sensqu’ils lui accordent.Parmi les amateurs, s’ils sontnombreux à faire remarquer que l’onassiste actuellement à un effet demode (les deux-tiers), aucun neprend à la légère l’aspect permanentdu tatouage. La plupart des personnesinterrogées est bien conscienteque ce choix, qualifié d’éminemmentpersonnel par la quasitotalitédes interrogés, doit avant toutêtre discret et «signifier quelquechose», pour l’individu lui-mêmesi ce n’est pas pour la communauté.Le sens communautaire est totalementéclipsé par cette revendicationtoute individuelle à la liberté d’expressionsur soi afin de marquer unévénement marquant ou de se distinguerdu reste du monde. Intéressantde constater à travers ce phénomèneque l’on assiste ici à un renversementtotal du sens: loin de revendiquer uneappartenance, la présence d’un symboleque l’on veut souvent discret surle corps devient tout empreinte d’intimité.Loin du foisonnement exhibitionniste,le geste n’a, semble-t-il,de sens que pour celui qui l’arbore.Le tatouage devient ainsi «unemanière de s’approprier son proprecorps», devenu ainsi support d’expression.Quelles que soient les raisons quiamènent une personne – il n’y ad’ailleurs plus, dans leur esprit, de«genre particulier», tout le mondeest susceptible d’en arborer un–àsefaire tatouer, il est très important degarder à l’esprit que le tatouage estune modification indélébile d’unepartie de son corps. Il ne faut doncpas se lancer dans cette pratique sansy avoir correctement et longuementréfléchi auparavant en ne perdant pasde vue que l’esprit, comme le corps,évolue avec le temps.*Enquête effectuée durant le mois demars 2011 auprès de 51 étudiants de 15 à23 ans à l’école IPAC Design, Genève etdans les rues de Chêne-Bourg.

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