du chocolat
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1. L’histoire <strong>du</strong> cacao<br />
1.1 Premières pro<strong>du</strong>ctions <strong>du</strong> cacao et premières consommations <strong>du</strong> <strong>chocolat</strong><br />
Originaire des forêts tropicales d’Amérique, le cacao connait une histoire typique des denrées commerciales convoitées par les<br />
élites <strong>du</strong> Vieux Continent.<br />
1.1.1 Les premières utilisations <strong>du</strong> cacao et son importation en Europe<br />
Probablement découvert par les pré-Olmèques il y a 3000 ans, le cacaoyer est un arbre requérant des conditions climatiques très<br />
particulières 7 . Son fruit, la cabosse, contient entre 30 à 40 fèves enrobées d’une pulpe blanche sucrée que les historiens supposent<br />
être la raison originelle pour laquelle les premiers hommes ont commencé à récolter les fruits <strong>du</strong> cacaoyer.<br />
Si la découverte <strong>du</strong> passage de la fève au <strong>chocolat</strong> reste mystérieuse, il est admis que les Olmèques en furent les premiers<br />
consommateurs, suivis par les Mayas qui lui donnèrent le nom de « xocoatl » avant que les Aztèques ne se l’approprient à leur<br />
tour 8 . Ces deux dernières civilisations ont laissé derrière elles de nombreux témoignages sur la place particulière <strong>du</strong> <strong>chocolat</strong>,<br />
boisson alors froide, amère et mélangée à différentes épices (poivre et piment entre autres) dont la consommation était<br />
quasiment exclusivement réservée aux élites lors des évènements importants, notamment religieux.<br />
Lorsque les colons espagnols commencent à s’établir en Amérique centrale, la boisson est jugée imbuvable. Au fil des mariages<br />
et concubinages entre colons espagnols et femmes aztèques, toute une culture créole se crée, empruntant les us et coutumes<br />
des civilisations parentes 9 . Le <strong>chocolat</strong> s’intro<strong>du</strong>it peu à peu dans la cuisine coloniale espagnole et s’adapte aux goûts <strong>du</strong> Vieux<br />
Monde : toujours consommé sous forme liquide, il est cependant bu à température ambiante plutôt que froid et mélangé de<br />
préférence à la cannelle et à l’anis.<br />
Si la légende retient qu’Hernan Cortés aurait intro<strong>du</strong>it le <strong>chocolat</strong> à la Cour de Charles Quint, c’est à Séville en 1585 que le premier<br />
bateau en provenance de Veracruz accoste avec à son bord des fèves de cacao 10 . Au cours <strong>du</strong> XVIIème siècle, la Cour royale<br />
espagnole, suivie de près par les élites françaises et italiennes, se met à consommer <strong>du</strong> <strong>chocolat</strong> chaud.<br />
1.1.2 Développement de la pro<strong>du</strong>ction en Amérique latine<br />
L’arrivée <strong>du</strong> <strong>chocolat</strong> en Europe entraine une rapide augmentation de la demande. Mais les mauvais traitements et maladies<br />
importées par les colons déciment les populations mésoaméricaines dont seul 10% est encore en vie à la fin <strong>du</strong> XVIIème siècle.<br />
Les colons doivent trouver une solution pour satisfaire les appétits grandissants des européens : c’est le début des plantations en<br />
Amérique <strong>du</strong> Sud.<br />
Les colons ne connaissent que la variété criollo d’Amérique centrale avant la conquête de la Haute Amazonie au cours de laquelle<br />
les espagnols découvrent des plants sauvages de forastero 11 . Rapidement, ils comprennent l’avantage de cette variété forastero,<br />
plus résistante et plus pro<strong>du</strong>ctive, d’autant plus rentable à pro<strong>du</strong>ire après l’arrivée des premiers esclaves africains. Le <strong>chocolat</strong><br />
issu <strong>du</strong> forastero est néanmoins moins apprécié en goût et demande l’adjonction de sucre de canne. Le sucre entre alors comme<br />
un ingrédient de préparation <strong>du</strong> <strong>chocolat</strong>, et le reste encore aujourd’hui.<br />
Le Venezuela, pro<strong>du</strong>cteur de criollo « Caracas » réputé et en situation de quasi-monopole au XVIIIème siècle, ne résiste pas au<br />
déferlement <strong>du</strong> forastero sur le marché colonial, issu des plantations équatoriennes et des larges fazendas brésiliennes.<br />
L’Équateur devient le premier pro<strong>du</strong>cteur mondial de fèves de cacao à partir de 1830, et ce jusqu’à la fin <strong>du</strong> XIXème siècle.<br />
7<br />
S. D. Coe et M. D. Coe, The True History of Chocolate, 3ème édition, Thames & Hudson, 2013<br />
8<br />
S. D. Coe et M. D. Coe, The True History… op. cit.<br />
9<br />
S. D. Coe et M. D. Coe, The True History… op. cit.<br />
10<br />
S. D. Coe et M. D. Coe, The True History… op. cit.<br />
11<br />
S. D. Coe et M. D. Coe, The True History… op. cit.<br />
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