du chocolat
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3.3.2.3 Quelques changements au niveau des impacts environnementaux<br />
Peu d’impacts sur la déforestation<br />
Comme décrit précédemment, la déforestation a historiquement accompagné le développement de la culture <strong>du</strong> cacao en Côte<br />
d’Ivoire. Encore au cours des années 2000, des milliers d’hectares de forêts classées ont été défrichés afin de pouvoir y établir de<br />
nouvelles plantations de cacao 205 .<br />
La première des critiques qui peut être apportée est que ces plantations peuvent être certifiées <strong>du</strong>rables quelques années plus<br />
tard seulement 206 . Cette réalité est d’autant plus problématique que dans la large majorité des cas, la réintro<strong>du</strong>ction d’arbres sur<br />
les plantations certifiées <strong>du</strong>rables n’est pas suffisamment respectée. Pour prendre l’exemple d’une des certifications <strong>du</strong>rables,<br />
un de ses critères environnementaux porte sur la conservation de 12 espèces forestières natives par hectare de cacao, plus<br />
l’intro<strong>du</strong>ction d’environ 18 à 25 arbres afin d’intro<strong>du</strong>ire un ombrage de 30 à 40% de la canopée cacaoyère 207 . Les études de terrain<br />
montrent néanmoins que la moyenne d’arbres forestiers par hectare se situe autour de 2 arbres, dans les plantations certifiées<br />
comme celles qui ne le sont pas 208 .<br />
En ce qui concerne les certifications équitables, les rapports auxquels nous avons eu accès ne mentionnent pas d’impact<br />
particulier (mitigation ou aggravation) sur la déforestation.<br />
Une meilleure gestion des intrants chimiques mais pas de diminution de leur utilisation<br />
Les certifications <strong>du</strong>rables et équitables ont des critères très proches en ce qui concerne l’utilisation d’intrants chimiques. Une<br />
liste de ceux non autorisés est établie, mais au-delà de cette liste, leur usage est autorisé de façon raisonnée, appuyé le plus<br />
souvent par des formations des pro<strong>du</strong>cteurs. Les pro<strong>du</strong>cteurs estiment ainsi que l’accès aux pesticides autorisés est facilité par<br />
les certifications <strong>du</strong>rables et équitables 209 .<br />
« Les pro<strong>du</strong>cteurs sont fatigués de toutes les formations aux bonnes pratiques agricoles dispensées par les certifications <strong>du</strong>rables. Les<br />
formations demandent déjà beaucoup de temps, <strong>du</strong> temps en moins passé dans la plantation […] Les formations aux bonnes<br />
pratiques agricoles ne sont au final qu’un argument marketing des certifications pour se vendre auprès des in<strong>du</strong>striels. »<br />
Enrique Uribe Leitz, doctorant AgTraIn<br />
Les pro<strong>du</strong>cteurs valorisent par ailleurs, lorsqu’elles existent, les brigades d’application des intrants chimiques dont la constitution<br />
a été poussée par les certifications <strong>du</strong>rables et équitables. Ces brigades sont composées de personnes salariées de la coopérative,<br />
formées spécifiquement aux traitements par intrants chimiques et équipées en conséquence afin de diminuer les risques liés à<br />
leur forte exposition aux substances 210 . Les méthodes et doses sont ainsi mieux maitrisées. Cependant, le nombre annuel de<br />
traitements par hectare reste le même dans les plantations certifiées et celles qui ne le sont pas (en moyenne 2 traitements par<br />
an et par hectare 211 ).<br />
205<br />
S. Lemeilleur, Y. N’Dao et F. Ruf, « The pro<strong>du</strong>ctivist rationality… », op. cit.<br />
206<br />
S. Lemeilleur, Y. N’Dao et F. Ruf, « The pro<strong>du</strong>ctivist rationality… », op. cit.<br />
207<br />
S. Lemeilleur, Y. N’Dao et F. Ruf, « The pro<strong>du</strong>ctivist rationality… », op. cit.<br />
208<br />
S. Lemeilleur, Y. N’Dao et F. Ruf, « The pro<strong>du</strong>ctivist rationality… », op. cit.<br />
209<br />
S. Lemeilleur, Y. N’Dao et F. Ruf, « The pro<strong>du</strong>ctivist rationality… », op. cit.; V. Ingram et al., « Impact of UTZ Certification… », op. cit.<br />
210<br />
F. Ruf et S. Lemeilleur, “The pro<strong>du</strong>ctivist rationality behind a sustainable certification process: Evidence from the Rainforest Alliance in the Ivorian cocoa sector”,<br />
2015 ; Entretien le 8 décembre 2015 avec un responsable de coopérative en Côte d’Ivoire<br />
211<br />
S. Lemeilleur, Y. N’Dao et F. Ruf, « The pro<strong>du</strong>ctivist rationality… », op. cit.<br />
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