du chocolat
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3.2.1.3 Les pisteurs et les traitants : des intermédiaires structurés<br />
Les fèves sont achetées par des pisteurs, acteurs qui ont une grande connaissance <strong>du</strong> terrain et savent où et quand aller acheter<br />
les fèves. Depuis la réforme Ouattara de 2011, ces derniers sont obligés d’appliquer le prix établi par l’État (pour la récolte<br />
2015/2016, le prix est de 1000 FCFA / kilo de fèves), obligation qui semble assez bien respectée dans les faits 144 .<br />
Ces pisteurs travaillent pour le compte de traitants qui généralement les préfinancent avant qu’ils ne partent à la recherche des<br />
fèves.<br />
Déstructurés depuis la libéralisation, les traitants connaissent depuis la fin des années 2000 une modernisation de leur métier et<br />
de leurs réseaux de pisteurs. Comme nous l’avons vu précédemment, la déstructuration de secteur cacao ivoirien posait de<br />
sérieux soucis de qualité et d’approvisionnement, problématique pour les exportateurs et transformateurs de cacao. Afin de<br />
contrecarrer cette déstructuration, les grands transformateurs, Cargill et ADM en tête, se rapprochent des traitants et de leurs<br />
réseaux de pisteurs. Leur principal levier d’action est le financement rapide des pisteurs, afin que ces derniers puissent payer<br />
comptant les pro<strong>du</strong>cteurs vendant leur récolte, quitte à aller débaucher des pro<strong>du</strong>cteurs membres de coopératives. Cette<br />
nouvelle concurrence fragilise les coopératives qui pratiquent le dépôt-vente.<br />
3.2.1.4 Les négociants<br />
Sur la campagne 2013, 65% de la pro<strong>du</strong>ction nationale est parti directement à l’international sous forme de fèves, les principaux<br />
pays de destination étant les Pays-Bas, l’Allemagne, la Belgique et la France. Peu d’acteurs s’avèrent exclusivement spécialisés<br />
dans l’exportation de fèves. Le secteur est hautement concurrencé par les transformateurs qui ont internalisé cette fonction : le<br />
groupe Armatrada Holding BV a par exemple décidé de se retirer <strong>du</strong> cacao ivoirien et a cédé sa filiale CIPEXI SA au négociant<br />
suisse Origins 145 .<br />
3.2.1.5 Le poids des transformateurs de fève<br />
En parallèle des 65% de fèves exportées directement, 35% sont destinés aux usines de transformations établies en Côte d’Ivoire.<br />
Comme décrit auparavant au niveau international, l’influence croissante des transformateurs en milieu de chaine se ressent dans<br />
l’organisation de la chaine ivoirienne. La concentration <strong>du</strong> marché <strong>du</strong> cacao ivoirien dans les mains de quelques grands acteurs<br />
internationaux s’est intensifiée avec la libéralisation : en ce début de XXIème siècle, ce sont cinq in<strong>du</strong>striels internationaux qui<br />
contrôlent 90% de la transformation <strong>du</strong> cacao ivoirien 146 (voir diagrammes ci-dessous).<br />
Ce mouvement de concentration dans le secteur de la transformation en Côte d’Ivoire a notamment été facilité par la volonté<br />
affichée <strong>du</strong> gouvernement ivoirien de remonter la chaine de valeur en relocalisant cette activité à valeur ajoutée sur le territoire<br />
national. L’ambition affichée est d’atteindre à terme 50% de la pro<strong>du</strong>ction nationale transformée sur place (contre 35%<br />
aujourd’hui 147 ).<br />
En 2014, Barry Callebaut arrive en tête avec une capacité de transformation atteignant presque les 200 000 tonnes pour un peu<br />
moins de 30% <strong>du</strong> marché <strong>du</strong> cacao ivoirien. Cargill est en seconde position avec 120 000 tonnes pour environ 18% <strong>du</strong> marché<br />
tandis qu’ADM et Olam représentent respectivement 86 000 et 70 000 tonnes de cacao pour 12,8% et 10,4% 148 . Notons<br />
cependant que depuis le rachat à l’automne 2015 de la transformation <strong>du</strong> cacao d’ADM par Olam 149 , cette dernière a doublé sa<br />
capacité en Côte d’Ivoire. De fait, ce sont aujourd’hui 65% des fèves ivoiriennes destinées à l’in<strong>du</strong>strie de la transformation en<br />
Côte d’Ivoire qui sont partagés entre uniquement trois acteurs (voir diagrammes ci-dessous).<br />
144<br />
Entretiens les 21 décembre 2015 et 12 février 2016 avec un chercheur <strong>du</strong> CIRAD<br />
145<br />
Février 2016<br />
146<br />
N. Fold et M. Nylandsted Larsen, « Globalization… », op. cit.<br />
147<br />
Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), « Étude monographique… », op. cit.<br />
148<br />
E. George, « The impact of reform on Côte d’Ivoire’s cocoa grinding sector », Ecobank, présentation à Amsterdam le 12 juin 2014 à l’occasion de la World Cocoa<br />
Conference<br />
149<br />
Jeune Afrique, « Olam finalise l’acquisition des activités cacao d’ADM », 19 octobre 2015<br />
43