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et gestion de crise

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LA LIREC n°51 •13• ACTUALITÉ EUROPÉENNE<br />

consignes <strong>de</strong> visibilité maximale. On le<br />

voit avec le renforcement <strong>de</strong>s agents <strong>de</strong><br />

la SNCF <strong>et</strong> <strong>de</strong> la RATP mais aussi avec le<br />

déploiement <strong>de</strong> militaires, tous en tenue<br />

<strong>de</strong> combat <strong>et</strong> éventuellement armés,<br />

dans les espaces publics. Les critiques<br />

un peu rapi<strong>de</strong>s sur le caractère risible<br />

<strong>et</strong> a priori inefficace <strong>de</strong> ces mesures<br />

semblent alors décalées au regard <strong>de</strong><br />

l’objectif <strong>de</strong> réassurance qui est donné<br />

à ce déploiement. Ce renforcement<br />

momentané <strong>de</strong> la présence humaine<br />

est également le fait <strong>de</strong>s aéroports,<br />

même si ceux-ci peuvent bénéficier <strong>de</strong><br />

la multiplication <strong>de</strong>s points <strong>de</strong> contrôle<br />

<strong>et</strong> d’un recours plus aisé aux nouvelles<br />

technologies (à l’image <strong>de</strong>s portiques<br />

<strong>de</strong> détection), bien que soulevant une<br />

autre difficulté qui est celle <strong>de</strong>s files <strong>et</strong><br />

donc <strong>de</strong>s temps d’attente au regard <strong>de</strong>s<br />

enjeux commerciaux qu’ils soulèvent.<br />

DEUX GRANDS TYPES<br />

D’INTERVENTION<br />

DES POUVOIRS<br />

PUBLICS<br />

Les pouvoirs publics sont sommés<br />

<strong>de</strong> réagir à la menace <strong>et</strong> aux actes<br />

terroristes. Les opérateurs le sont<br />

aussi, contraints par les r<strong>et</strong>ombées<br />

économiques d’une augmentation du<br />

sentiment d’insécurité. Leur tâche est<br />

sans doute compliquée par l’évolution<br />

<strong>de</strong> la menace. On a affaire à <strong>de</strong> nouveaux<br />

terroristes, que l’on doit donc tenter<br />

<strong>de</strong> mieux i<strong>de</strong>ntifier, <strong>et</strong> qui s’adaptent<br />

aux mesures déployées pour accroître<br />

la sûr<strong>et</strong>é. On peut alors i<strong>de</strong>ntifier un<br />

décalage entre <strong>de</strong>s discours politiques<br />

qui seraient davantage centrés sur «ici<br />

<strong>et</strong> maintenant» <strong>et</strong> <strong>de</strong>s discours experts<br />

plus soucieux du «avant <strong>et</strong> après» <strong>et</strong><br />

s’en agacer. Pour autant, l’observation<br />

amène à considérer que l’action <strong>de</strong>s<br />

partenaires <strong>de</strong> la sûr<strong>et</strong>é m<strong>et</strong> l’accent à<br />

la fois sur la prévention - c’est ici qu’on<br />

r<strong>et</strong>rouve l’enjeu du renseignement mais<br />

pas seulement - <strong>et</strong> sur les modalités <strong>de</strong><br />

<strong>gestion</strong> d’une menace qu’on ne peut<br />

totalement réduire.<br />

Le recours à la prévention<br />

situationnelle<br />

Au-<strong>de</strong>là du renseignement <strong>et</strong> notamment<br />

humain, il ne faut pas écarter le<br />

rôle attribué à l’ingénierie <strong>et</strong> à l’architecture<br />

pour rendre plus difficile l’action<br />

terroriste, diminuer les dommages<br />

<strong>et</strong> accroître la résilience <strong>de</strong>s réseaux.<br />

La sûr<strong>et</strong>é est, aujourd’hui, prise en<br />

compte dans la conception, l’aménagement<br />

<strong>et</strong> l’organisation <strong>de</strong>s infrastructures<br />

<strong>et</strong> réseaux <strong>de</strong> transports, à<br />

l’exemple <strong>de</strong> la rénovation <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s<br />

gares ferroviaires ou <strong>de</strong> la conception<br />

<strong>de</strong>s nouvelles gares TGV. Pour autant<br />

tous les aménagements ne peuvent être<br />

dupliqués partout. On a affaire à <strong>de</strong>s<br />

espaces bien différents, qu’il s’agisse du<br />

métro, <strong>de</strong>s aéroports ou <strong>de</strong>s gares. Les<br />

gares <strong>et</strong> stations <strong>de</strong> métro ne peuvent<br />

être transformées en aéroports. Pour<br />

prendre un exemple, la transposition<br />

du poste d’inspection filtrage (PIF)<br />

<strong>de</strong>s aérogares vers les gares est difficile<br />

voire impossible. Les attentats<br />

<strong>de</strong> Bruxelles ont d’ailleurs montré un<br />

passage à l’acte dans l’espace public<br />

avant les barrières <strong>de</strong> filtrage. De plus,<br />

comme on l’a déjà évoqué, la sûr<strong>et</strong>é<br />

aéroportuaire est tiraillée entre service<br />

commercial (accueil <strong>et</strong> <strong>gestion</strong> <strong>de</strong>s flux)<br />

<strong>et</strong> exigences sécuritaires. La question<br />

<strong>de</strong> la compétitivité <strong>et</strong> <strong>de</strong> la concurrence<br />

envisagée sous la forme d’un risque <strong>de</strong><br />

report modal (<strong>de</strong> l’avion vers le ferroviaire<br />

ou vers l’automobile) fixe un<br />

cadre au développement <strong>de</strong>s dispositifs<br />

<strong>de</strong> sûr<strong>et</strong>é reposant sur l’encadrement<br />

<strong>de</strong> flux, le filtrage <strong>et</strong> la séparation <strong>de</strong>s<br />

foules à partir d’outils tels que les barrières<br />

<strong>de</strong> sécurité <strong>et</strong> les portiques. Le<br />

développement <strong>de</strong> recherches <strong>et</strong> les<br />

expérimentations centrées sur les profils<br />

<strong>de</strong>s voyageurs <strong>et</strong> les dispositifs aléatoires<br />

<strong>de</strong> contrôle en attestent.<br />

Ces dispositifs posent également la<br />

question <strong>de</strong> la « technologisation »<br />

en cours. On assiste, dans ce secteur<br />

comme dans d'autres, à une course à<br />

l'innovation : du portique <strong>de</strong> détection<br />

au scanner, <strong>de</strong> la vidéo à la biométrie<br />

<strong>et</strong> à la détection comportementale,...<br />

Les systèmes <strong>et</strong> réseaux <strong>de</strong> transport <strong>et</strong><br />

la menace terroristes offrent ainsi <strong>de</strong>s<br />

opportunités pour expérimenter <strong>de</strong>s<br />

dispositifs qui pourront servir ailleurs<br />

(salles <strong>de</strong> concert, grands magasins,<br />

musées...). Le recours à l'innovation<br />

technologique est sans borne, bien<br />

entendu, dans le cadre juridique du<br />

droit au respect <strong>de</strong> la vie privée (à<br />

l'exemple <strong>de</strong>s scanners corporels) <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

la protection <strong>de</strong>s données personnelles<br />

(à l'exemple <strong>de</strong>s débats sur les fichiers<br />

PNR). Il a également un coût <strong>et</strong> <strong>de</strong> ce fait<br />

n’offre pas une solution généralisable.<br />

Il est également soumis à la question<br />

<strong>de</strong> l'efficacité réelle <strong>et</strong> <strong>de</strong> l'efficience <strong>de</strong>s<br />

outils. La confiance dans la technologie<br />

peut sembler excessive <strong>et</strong> dialogue mal<br />

avec <strong>de</strong>s pratiques terroristes qui restent<br />

peu sophistiquées, comme le montre le<br />

recours aux explosifs <strong>et</strong> aux attaques<br />

suici<strong>de</strong>s. Plus encore, il faut sans doute<br />

regar<strong>de</strong>r la « technologisation » comme<br />

une forme <strong>de</strong> dépolitisation <strong>de</strong>s enjeux<br />

<strong>de</strong> la politique <strong>de</strong> sûr<strong>et</strong>é à partir du<br />

moment où le recours aux technologies<br />

les plus pointues complique la mise en<br />

débat <strong>de</strong>s enjeux liés à leurs usages.<br />

Ce sentiment est renforcé dans un<br />

contexte où la gauche gouvernementale<br />

a rejoint la droite en faisant sienne<br />

l'idée que la sécurité est la première<br />

<strong>de</strong>s libertés. Il s'agit aussi parfois <strong>de</strong><br />

réponses toutes prêtes, dont il est aisé<br />

d'envisager l'extension <strong>de</strong> l'usage,<br />

sans que les questions <strong>de</strong> l'efficacité<br />

<strong>et</strong> <strong>de</strong> la faisabilité soient posées au<br />

préalable, à l'exemple <strong>de</strong> ces portiques<br />

<strong>de</strong> sécurité qu'on a pu un moment<br />

envisager <strong>de</strong> déployer sur les quais <strong>de</strong><br />

gare pour contrôler l'accès aux trains.<br />

La mobilisation<br />

<strong>de</strong>s réseaux d’acteurs<br />

Les enjeux <strong>de</strong> sûr<strong>et</strong>é - d’autant plus dans<br />

le cadre d’un terrorisme itinérant - sont<br />

une préoccupation <strong>et</strong> une prérogative<br />

partagées par différents niveaux <strong>de</strong><br />

gouvernement. Du local à l’Europe, les<br />

eff<strong>et</strong>s <strong>de</strong>s transferts <strong>de</strong> compétence <strong>et</strong><br />

la dynamique <strong>de</strong> subsidiarité se font<br />

sentir. Le contrôle <strong>de</strong>s flux apparaît<br />

ainsi être le produit <strong>de</strong> réseaux d’acteurs<br />

communautaires, nationaux <strong>et</strong> locaux<br />

qui ont en partage <strong>de</strong>s compétences,<br />

<strong>de</strong>s ressources (financière, humaine,<br />

symbolique) <strong>et</strong> <strong>de</strong>s responsabilités. Ces<br />

différents niveaux <strong>de</strong> gouvernement<br />

posent clairement la question du risque<br />

<strong>de</strong> fragmentation <strong>de</strong>s réponses à la<br />

menace terroriste.<br />

Le cas <strong>de</strong>s flux maritimes a <strong>de</strong>puis longtemps<br />

fait ressortir le caractère structurant<br />

<strong>de</strong>s régulations <strong>et</strong> réglementations<br />

internationales <strong>et</strong> notamment<br />

européennes. Depuis 2004, le co<strong>de</strong><br />

ISPS 5 impose à tous les Etats la mise<br />

en œuvre <strong>de</strong> mesures <strong>de</strong> sûr<strong>et</strong>é à bord<br />

<strong>de</strong>s navires <strong>et</strong> dans les installations<br />

portuaires. Le règlement 725-2005 l’a<br />

introduit en droit communautaire <strong>et</strong><br />

une directive 2005/65/CE européenne<br />

le complète <strong>et</strong> étend les mesures <strong>de</strong> sûr<strong>et</strong>é<br />

à l’ensemble <strong>de</strong> la zone portuaire.<br />

De plus, la Commission Européenne<br />

dispose d’un pouvoir d’inspection directe<br />

sur le terrain en matière <strong>de</strong> sûr<strong>et</strong>é<br />

maritime. La législation <strong>et</strong> les préroga-<br />

. . . . .<br />

(5) Le co<strong>de</strong> international pour la sûr<strong>et</strong>é <strong>de</strong>s navires <strong>et</strong> <strong>de</strong>s installations portuaires. SUITE P.14 ...

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