88 SO FOOT _ TÉMOIGNAGE Le Venezuela reste ma terre L’ancien attaquant international vénézuélien du FC Nantes Fernando Aristeguieta est rentré cet été au pays et a finalement décidé d’y rester. Il a quitté le club portugais du CD National pour relever le challenge sportif du Caracas FC, mais aussi pour soutenir son peuple touché par une crise humanitaire et sociale sans précédent. Il raconte ici ce Venezuela exsangue, qui attend désespérément l’intervention de la communauté internationale. Par Fernando Aristeguieta, avec Arthur Jeanne / Photos: DR, collection personnelle FA et Afp \Après la Seconde Guerre mondiale, de nombreux pays européens étaient en lambeaux, dévastés. Beaucoup de gens avaient perdu leur propriété, beaucoup d’hommes étaient morts. Les jeunes d’alors voyaient très peu d’opportunités de construire leur vie sur ce continent. Ce fut le cas de mes grands-parents, qui, en même temps que des millions de personnes, décidèrent de traverser l’Atlantique pour arriver sur des terres dont ils ne connaissaient rien. Le Venezuela. Ici, ils trouvèrent un pays prospère, plein d’opportunités. Eux-mêmes racontent que ce qui les fascina immédiatement fut l’accueil que leur réservèrent les Vénézuéliens: jamais ils ne se sentirent étrangers sur cette terre. Ils arrivèrent très jeunes et restèrent pour toujours. Presque soixante-dix ans plus tard, dix de mes treize cousins, qui sont tous vénézuéliens, vivent hors de nos frontières. Dollar negro Quand on atterrit à Caracas, la sortie de l’aéroport est toujours un petit choc. À cause de la différence entre le froid aseptisé et climatisé qui règne dans l’enceinte de l’aéroport et la chaleur humide de l’extérieur. Cette fois-ci, je n’ai presque pas pu percevoir ce brusque changement de température. À peine avais-je mis les pieds dehors que j’étais assailli par une meute de gens qui se disputaient violemment pour prendre en charge mes affaires. Ils pensaient déjà au possible pourboire que j’allais leur laisser. J’étais paralysé. D’abord par la peur de me faire détrousser, et ensuite quand je compris ce qui se passait, ce que cela signifiait sur l’état de mon pays. Je ne dis pas que les choses allaient bien quand je vivais ici. À l’époque déjà, ce pays paraissait figé dans le temps, comme s’il refusait d’avancer. La monnaie se dévaluait à vitesse grand V et, depuis de nombreuses années, un contrôle des changes empêchait chaque Vénézuélien de posséder ou d’effectuer tout type de transaction avec une monnaie étrangère. En raison de notre proximité géographique avec les États-Unis, et de l’influence américaine, le Vénézuélien a toujours calculé la valeur de sa monnaie en la comparant au dollar. Il existait –et il existe toujours– la valeur du dollar officiel, qui est le taux de change imposé par les autorités et qui s’obtenait –et s’obtient encore– uniquement par le biais du gouvernement. Et puis, il y a le “dollar negro”, qui est le taux de change non officiel, celui de la vie de tous les jours, de la rue. Le Vénézuélien lambda pouvait aspirer au dollar officiel, en suivant un processus long et formaté pour voyager et étudier. Aujourd’hui, il est pratiquement impossible de l’obtenir. Certaines entreprises, en revanche, selon le secteur d’activité dans lequel elles opèrent, ont toujours accès au dollar officiel pour l’importation. Le processus de sélection des entreprises qui ont accès au dollar officiel est discutable et, généralement, il s’agit d’entreprises qui appartiennent à des proches du gouvernement. À l’origine, les différences entre le dollar officiel et le “dollar negro” n’étaient pas énormes, mais elles se sont creusées au fur et à mesure et, aujourd’hui, certaines entreprises peuvent échanger un dollar contre dix bolivars, alors que, dans la rue, le taux de change est d’un dollar pour treize mille bolivars (le prix officieux du dollar alors que j’écris ces lignes; il change tous les jours). Cela signifie que certaines entreprises peuvent littéralement acheter des dollars au gouvernement pour mille fois moins cher que le reste de la population. Kidnappings, flics ripoux et pénuries Une personne qui gagne le salaire minimum au Venezuela gagne environ aujourd’hui trente euros par mois. Un ingénieur récemment diplômé n’atteint même pas les cent euros mensuels. Cela signifie pour ma génération qu’il est parfaitement impossible de penser à s’émanciper de sa famille. Parmi mes amis qui vivent au Venezuela, aucun n’a pu quitter le foyer parental. Aucun ne peut contribuer aux économies de la famille. Chaque jour ils
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