creative PROCESS magazine #16
arts / design / food / business : les créatifs son dans CREATIVE PROCESS MAGAZINE
arts / design / food / business : les créatifs son dans CREATIVE PROCESS MAGAZINE
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# 16<br />
déc<br />
jan<br />
18
nouveau volvo XC60<br />
Découvrez-le dans votre concession<br />
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ÉDITEUR / Dir. de publication<br />
Benoît Pelletier<br />
RÉALISATION / design / diffusion<br />
www.belleripe.fr<br />
Le passage d’une année à l’autre est souvent le temps privilégié<br />
de l’imaginaire. Entre rêves de merveilleux des fêtes de la fin de l’année qui<br />
s’achève et projections fantasmées de celle qui commence, nos cerveaux<br />
fatigués ont besoin d’ailleurs, et cherchent à s’échapper vers des mondes<br />
sans contraintes. On vous a donc concocté un petit numéro bien cosy<br />
à déguster au coin du feu en tenant à distance le ciel gris que vous pouvez<br />
apercevoir, loin, là bas, à travers la fenêtre. Nous vous emmenons d’abord<br />
à la rencontre d’Hélène Builly, illustratrice pour la presse, l‘édition et la<br />
culture, qui nous embarque avec ses images léchées dans son univers<br />
poético-surréaliste sans limites. Nous vous présenterons aussi Gladys Hulot,<br />
une artiste multifacettes qui développe un univers très personnel - assez<br />
barré - qu’elle quitte parfois pour rencontrer les humains. Après un coup<br />
d’œil sur le travail d’Hélène Lacombe, une architecte illustratrice qui réussit<br />
la gageure de poétiser le dessin d’architecture avec un travail très frontal<br />
au trait chirurgical, nous vous diront tout des ballets de Luc Petton qui<br />
met en scène ces spectacles dingues faisant intervenir de – vrais – animaux<br />
sauvages pour servir son propos. Il sera aussi question d’architecture avec<br />
un focus sur le travail de Jean-Philippe Thomas, architecte du sensible, et<br />
de musique à l’occasion d’un entretien avec Anthonin Ternant, le démiurge<br />
de Black Bones, Angel, et The wolf under the Moon. Dans Creative Process,<br />
on aime aussi vous raconter des histoires d’entrepreneurs, aventuriers des<br />
temps modernes, qui placent la créativité au cœur de leur dynamique à<br />
l’image d’Antony Villéger, un des dirigeants de Samm trading, de Jean-Philippe<br />
Vidal, le créateur de Reims Parfum, ou des deux compères Agathe<br />
Petit et Marie Hauguenois avec leur concept store d’un genre nouveau.<br />
Ces plats de résistance seront bien sûr agrémentés de nos rubriques<br />
habituelles. L’ensemble sera tout à la fois enrichissant, informatif et beau<br />
comme l’année qui s’annonce. Belles fêtes de fin d’année et bonne année<br />
avec Creative Process Magazine.<br />
Benoît Pelletier<br />
direction artistique<br />
Benoît Pelletier<br />
assisté de amélie luca<br />
Si vous souhaitez devenir<br />
diffuseur, vous abonner pour<br />
recevoir le <strong>magazine</strong> chez<br />
vous, ou en commander un<br />
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06 80 65 89 72<br />
Le <strong>magazine</strong> <strong>PROCESS</strong> est édité<br />
par Belleripe SARL - 5 avenue vallioud<br />
69110 Sainte-foy-lès-lyon.<br />
Tous droits réservés.<br />
Toute reproduction, même partielle<br />
est interdite, sans autorisation.<br />
Le <strong>magazine</strong> <strong>PROCESS</strong> décline toute responsabilité<br />
pour les documents remis.<br />
Les textes, illustrations et photographies<br />
publiés engagent la seule<br />
responsabilité de leurs auteurs et leur<br />
présence dans le <strong>magazine</strong> implique<br />
leur libre publication.<br />
Le <strong>magazine</strong> <strong>PROCESS</strong> est disponible<br />
gratuitement dans 170 points de dépôt<br />
à Reims. retrouvez toute la liste sur<br />
www.process-mag.com<br />
Magazine à parution bimestrielle.<br />
Caroline © hélène builly<br />
www.process-mag.com
08 / HOP<br />
10 / goût<br />
12 / alain cavalier : rendez-vous manqué<br />
14 / gladys hulot : extra-terrienne extra-ordinaire<br />
18 / jean-philippe thomas, architecte du sensible<br />
24 / hélène lacombe<br />
28 / « walk it back» de the national<br />
30 / jean-philippe vidal : artiste nez<br />
32 / antony villéger : Anto-logie<br />
34 / hélène builly : colle-feuille-ciseaux<br />
42 / black bones<br />
44 / ainsi la nuit<br />
46 / collectif 17<br />
48 / fragrances & délit de bien-être<br />
50 / figures kyan khojandi<br />
P<br />
@process<strong>magazine</strong><br />
process_<strong>magazine</strong><br />
@<strong>magazine</strong>Process<br />
BENOÎT PELLETIER<br />
éditeur<br />
directeur créatif<br />
& photographe<br />
Anne-sophie velly<br />
DA de Maison Vide art<br />
contemporain, musiques<br />
& confettis<br />
JULES FÉVRIER<br />
journaliste<br />
& photographe<br />
SYLVÈRE HIEULLE<br />
OVNI (& accessoirement<br />
photographe)<br />
agathe cebe<br />
rédactrice<br />
& journaliste freelance<br />
Peggy Leoty<br />
communication / événementiel /<br />
relations presse<br />
© Stéphane de Bourgie<br />
ontriuteurs<br />
arnaud lallement<br />
chef ***<br />
CYRILLE PLANSON<br />
redac-chef La Scène,<br />
Le Piccolo, Théâtre(s) mag<br />
Jérôme Descamps<br />
réalisateur<br />
& montreur de films<br />
Anne De La Giraudière<br />
Journaliste<br />
Retrouvez nous sur<br />
www.process-mag.com
LAYLIST<br />
la playlist ECRILLUSTRÉE D’ANNE-SOPHIE VELLY www.mixcloud.com/salsifi-velly/<br />
Trouble<br />
1<br />
Inaniel<br />
Swims<br />
Plage de<br />
la 2concurrence<br />
Ojard<br />
Inaniel Swims nous glisse au<br />
creux de l’oreille une pop<br />
élégante, chantée en anglais<br />
avec cet accent français si<br />
marqué…<br />
Tout doux, c’est avec une<br />
certaine nonchalance solaire<br />
qu’Inaniel nous conte ses<br />
confusions sentimentales.<br />
Sans prétention, ni chichi,<br />
on l’accompagne volontiers<br />
dans ces questionnements,<br />
sans forcément lui trouver<br />
de réponse.<br />
Maxime Daoud sort son très<br />
joli 1 er album « Euphonie » :<br />
“ Emprunté, par l'intermédiaire<br />
du bas latin euphonia, « douceur<br />
de prononciation », du<br />
grec euphônia, « bien »,<br />
et phônê, « voix, son ».<br />
Harmonie de sons agréablement<br />
combinés, par opposition<br />
à Cacophonie. Qualité<br />
des combinaisons de sons<br />
considérées comme agréables<br />
à entendre ou faciles à prononcer.<br />
” Un album poétique<br />
et cinématographique d’une<br />
douceur méditative…<br />
La groupie<br />
du 3pianiste<br />
Michel<br />
Berger<br />
Y-a une mixtape<br />
qui 4m’attend<br />
Athanase<br />
Granson<br />
Il est de ces morceaux qui sont<br />
désormais dans l’inconscient<br />
collectif de la variété française.<br />
Ces morceaux que l’on passe<br />
en fin de soirée au bout de<br />
quelques verres. Le but étant<br />
de mettre l’auditoire en transe,<br />
de danser quoi…<br />
La groupie du pianiste a dû<br />
vieillir, ses draps ne sont plus<br />
roses. Elle a sans aucun doute<br />
troqué le pianiste contre un<br />
pastis depuis l’temps.<br />
Mais elle dansera toujours<br />
debout avec nous.<br />
Athanase Granson, sur Le<br />
label de Caen « We want<br />
to wecord » (à prononcer<br />
à haute voix), a fait une<br />
superbe mixtape sur K7, que<br />
l’on déguste comme un café<br />
gourmand, dont chaque<br />
petite merveille sucrée se<br />
découvre avec joie. Nos<br />
papilles auditives frétillent,<br />
miam ! Pop, électro, psyché,<br />
c’est party… We Want to<br />
Wigoler.<br />
Les os<br />
des innocents<br />
5 6<br />
Baptiste<br />
Brunello<br />
Hutre<br />
Forever<br />
Pavot<br />
Baptiste Brunello a « le coeur<br />
gros comme un Hummer » et<br />
« touille encore la glycéro avec<br />
le manche de son marteau »<br />
Plasticien, performer, musicien,<br />
mélangez le tout et vous<br />
obtenez… un Objet volant,<br />
ou chantant, non identifié.<br />
Une folie maitrisée, un décalage<br />
contrôlé. L’auditeur fera<br />
le choix ou non d’ y adhérer.<br />
Nos oreilles rentrent dans un<br />
05<br />
univers parallèle, on ne comprend<br />
pas tout mais on s’en<br />
fout parce qu’« on ne va pas<br />
éternellement se jeter<br />
des côtelettes à la gueule… »<br />
Le colonel moutarde avec le<br />
poignard dans la cuisine. Emile<br />
Sornin avec le clavecin dans la<br />
salle de jeux.<br />
Le tant attendu 2 d album de<br />
Forever Pavot est arrivé. Nous<br />
sommes en 1973, en plein<br />
milieu d’une scène de crime,<br />
entre une flute traversière, un<br />
clavecin et une batterie jazzy :<br />
faites entrer l’accusé…<br />
Le morceau « Hutre », bande<br />
son imaginaire d’un polar<br />
sombre des années 70, est un<br />
petit bijou. Vous n’avez pas le<br />
droit de garder le silence…
faut pas rater ça<br />
20h30<br />
16/12<br />
FreeBeat Battle<br />
bar le floyd / reims<br />
Amateurs de tous horizons et de tous styles<br />
musicaux vont s’affronter. Les applaudissements<br />
du public seront seuls juges. Le mot<br />
d’ordre : “ Noël Badass ”, apprêtez-vous en<br />
conséquence !<br />
velours-prod.com<br />
20h30<br />
16/12<br />
Rufus<br />
Wainwright<br />
comédie de reims<br />
Le New York Times encense Rufus<br />
Wainwright comme l'un des plus grands<br />
auteurs-compositeurs-interprètes vocalistes<br />
de sa génération. Coup de bol, il joue chez<br />
nous.<br />
cartonnerie.fr<br />
lacomediedereims.fr<br />
ews<br />
loud<br />
20h30<br />
12+13/01<br />
Les parapluies<br />
de Cherbourg<br />
opéra de reims<br />
Après Le Violon sur le toit en 2016, la<br />
compagnie Ars Lyrica retrouve le chemin de<br />
Reims avec Les Parapluies de Cherbourg,<br />
une comédie musicale revisitée par le metteur<br />
en scène Emmanuel Dell’Erba, d’après<br />
le célèbre film de Jacques Demy sur une<br />
musique de Michel Legrand, Palme d’Or à<br />
Cannes en 1964.<br />
operadereims.com<br />
© mohamed yamani<br />
© DR © DR<br />
jusqu'au<br />
23/04<br />
Roman-photo<br />
MUCEM / Marseille<br />
Le roman-photo a mauvaise presse.<br />
Le terme sous-entend tout à la fois la niaiserie<br />
sentimentale, la frivolité, ou encore<br />
l’ingénuité. À ce jour, il n’a que rarement<br />
retenu l’attention des historiens de l’image,<br />
et encore moins celle des musées et des<br />
centres d’art. Grave erreur ! Car le romanphoto<br />
a pourtant bien des choses à nous<br />
dire… et pas seulement des mots d’amour.<br />
mucem.org<br />
© dr. fondazione arnoldo e alberto mondadori<br />
© dr © jean gilbert<br />
jusqu'au<br />
08/01<br />
Jean Glibert<br />
peintre en bâtiment<br />
bozar / bruxelles<br />
Auteur depuis plus de 40 ans d’une œuvre presque exclusivement<br />
liée à l’architecture, située essentiellement en Wallonie<br />
et à Bruxelles, Jean Glibert mêle sa logique de création à celle<br />
des architectes avec lesquels il collabore autour d’interventions<br />
uniques en leur genre.<br />
bozar.be / jeanglibert.com<br />
20h30<br />
16/12<br />
Milamarina &<br />
Paulette Wright<br />
Carré blanc / tinqueux<br />
Affinités musicales, manifestes pour ces<br />
deux là qui se sont bien trouvées, au Carré<br />
blanc à Tinqueux.<br />
le-carreblanc.fr<br />
m<br />
l<br />
© DR<br />
de 13h30 à 17h<br />
27/01<br />
Stage sabre<br />
laser<br />
ESCAL / Witry les Reims<br />
Proposé par l’Académie de Sabre Laser de<br />
Reims. Inspiré des batailles de la saga Star<br />
Wars, cette initiation sportive est tournée<br />
vers les arts martiaux et le côté ludique.<br />
escal-witry.fr
arché de<br />
a photo<br />
des nouvelles du duo des halles<br />
Le photographe Romuald Ducros mène<br />
depuis plusieurs semaines un projet au<br />
long cours qui se déroulera sur une année<br />
entière : il installe sur les marchés rémois un<br />
studio conçu spécialement et immortalise les<br />
chalands en compagnie de leurs achats, toujours<br />
avec la même lumière, toujours dans<br />
la même position. Nous suivons l’élaboration<br />
progressive du projet au fil du temps et vous<br />
livrons dans chaque numéro quelques unes<br />
des dernières images de la série en cours.<br />
Une première restitution des images est<br />
exposée aux Halles du Boulingrin depuis<br />
le 22 septembre.<br />
Dans le cadre de la programmation<br />
" Arts visuels " de la ville de Reims<br />
avec le soutien de Veuve Clicquot,<br />
maison fondée en 1772.<br />
www.laproductionremoise.fr
PAR AGATHE CEBE<br />
Au renouveau<br />
du bon goût<br />
Après le boulot, et<br />
avant Noël, c’est littéralement<br />
ce que signifie<br />
l’After Work Before<br />
Christmas organisé à<br />
l’Hotel Mercure Parc<br />
des Expositions, le<br />
mardi 19 décembre.<br />
Ce n’est pas la première<br />
fois que l’Ardoise sur le Pouce lance l’invitation.<br />
Mais, avec l’hiver, avec le burn out de fin d’année,<br />
avec l’arrivée des fêtes, il est certainement temps<br />
de lâcher prise. Le prochain After Work du Mercure<br />
Parc des Expos met les Pulls Moches à l’honneur.<br />
En ligne de mire, les laines interdites par la<br />
loi, les plus atroces accords de couleurs,<br />
les motifs ratés et impossibles à identifier, les<br />
tailles informes, étirées par la négligence du<br />
temps qui passe, ou la négligence tout court…<br />
Un pull moche n’a pas demandé à l’être. Il l’est.<br />
Et ce 19 décembre, de 18h30 à minuit, il est temps<br />
de lui rendre un petit hommage affectif et de lui<br />
laisser la chance, au moins un soir, de briller parmi<br />
les siens. Parce que la soirée s’annonce belle :<br />
Champagne et grignotages divers associés, DJ<br />
Set et même un petit corner-shop de cadeaux<br />
de Noël. L’After Work du Mercure Parc des Expos<br />
est tendance, et votre pull moche aussi.<br />
Dans le fond, vous le savez.<br />
after work<br />
le 19 décembre de 18h30 à minuit<br />
Hôtel Mercure Parc des expositions<br />
2 rue Gabriel Voisin – 03 26 05 00 08<br />
OP<br />
Meddy et Thomas, aka Mastho, c’est<br />
© dr<br />
questions en passant<br />
au studio tandem<br />
le duo des Studios de la Carto. Bons<br />
compères, ils sont ceux qui rentrent<br />
par l’arrière, la petite porte grillagée,<br />
dérobée, celle des groupes en<br />
devenir, des jeunes pousses. Ils sont<br />
tous les deux batteurs, avec un bon<br />
bagage de scène, et ils ont en eux<br />
la générosité bienveillante de la<br />
transmission. Ils accompagnent les<br />
groupes, pour « une première expérience<br />
de stud’ sans enjeu, relax et<br />
sympa ». Un peu comme eux, en fait.<br />
À deux dans un studio, on ne se marche pas dessus ?<br />
Meddy : Pas vraiment, puisqu’on travaille en alternance !<br />
Thomas : Quand l’un bosse, l’autre ne bosse mais vient quand même travailler<br />
son instrument… On est bien là, en fait.<br />
Meddy : Mais pour le job, une personne suffit. On est comme un couple qui<br />
se croise !<br />
Le rythme à la Carto, c’est « Vélo-Studio-Dodo »?<br />
Ensemble : On n’a pas de vélo !<br />
Meddy : On n’a pas encore vraiment de recul sur le rythme du studio, on est<br />
là depuis peu de temps en fait. Mais on arrive à avoir du temps pour nos<br />
projets perso. La musique est dans notre emploi du temps.<br />
Thomas : Oui, j’ai du temps aussi pour mes projets, mes projets sur ordi, mes<br />
projets dans ma tête…<br />
Meddy : Ah oui moi aussi j’ai des projets dans ma tête. Un roman, par<br />
exemple. Je suis écrivain dans ma tête.<br />
Le Studio, c’est plus un labo d’expériences ou une usine à talents ?<br />
Meddy : Un labo d’expériences !<br />
Thomas : Oui, ce n’est pas une usine. Des talents, il y en a, mais sans uniformité.<br />
Il y a beaucoup de mixité ici, on fait des rencontres très diverses.<br />
Meddy : On est là, on se retrouve, on partage un café, une bière. On discute<br />
ensemble. C’est comme un routier. C’est hyper convivial.<br />
Thomas : Comme une MJC, mais sans le J. Tout le monde est concerné par<br />
notre dynamisme culturel.<br />
Meddy & Thomas, c’est Tom & Jerry ou Arnold & Willy ?<br />
Ensemble : On est les M&M’s ! On nous a rebaptisés comme ça, ici !<br />
Meddy : Moi je suis le rouge, et Thomas le jaune.<br />
Thomas : Ça nous va bien : on est des gueules sucrées.<br />
Meddy : Et on a un cœur fondant.<br />
Meddy, Thomas ça rime avec ?<br />
« Estomac ». Et en plus c’est une rime riche.<br />
Thomas, Meddy ça rime avec ?<br />
Je suis nul pour trouver les rimes. Je dirais bien « gentil » mais ça fait cucul !<br />
Instant groupie : qui adoreriez-vous voir passer ici, par les Studios, pour<br />
des expériences musicales ?<br />
Thomas : My Bloody Valentine, pour écouter Kevin Shields<br />
08<br />
faire de la guitare<br />
pendant des heures.<br />
Meddy : Billy Anderson ou Kurt Ballou.<br />
© dr
JINGLE<br />
JUNGLE<br />
La Jungle, en hiver, ne fane pas. Au contraire.<br />
L’extension de La Mine et de Fikus se pare de<br />
ses plus beaux atours pour Noël, avec une expovente<br />
collective organisée par tous les artistes<br />
investis dans le projet. Un petit marché de Noël,<br />
excentré, intime et authentique, du 16 au 24<br />
décembre. Mais… La Jungle, après les fêtes, ne<br />
s’endort pas. Au contraire. Après une première<br />
exposition inaugurale et saisissante, un autre<br />
artiste membre de La Mine va élever ses œuvres aux murs de cette<br />
nouvelle galerie. Du 5 janvier au 17 février 2018, Eric Dabancourt<br />
expose « Liens de vies », des toiles, du trait, à l’encre de chine et<br />
à la plume. Parce que la vie tient à plusieurs fils, Eric Dabancourt,<br />
dans une quête existentielle, trouve une respiration à travers les<br />
traits entrelacés, comme des lignes de vie embrassées. En faisant<br />
aussi écho à notre animalité instinctive et primitive, les œuvres<br />
d’Eric Dabancourt emportent par leur pureté, et étourdissent par<br />
leurs sens. « Chaque dessin commence par un premier point » et ce<br />
premier point évolue, dans un voyage qu’on rêverait sans fin, au gré<br />
du silence magistral du trait qui se suffit et qui tisse, lace, enlace,<br />
connecte, à soi, aux autres.<br />
Facebook @lajunglereims<br />
www.edabancourt51.com<br />
Intimité<br />
analogique<br />
À partir du 25 janvier 2018, la Cartonnerie<br />
expose les clichés de Sébastien<br />
Gomes, aka Moris, fidèle ombre<br />
rôdant entre les crash barrières de l’avant-scène. Au gré des<br />
concerts, Moris joue le goût du risque, avec son Canon AE1, et<br />
pour seules empreintes celles laissées sur les pellicules. Une<br />
part belle laissée au hasard, quand on sait comme les conditions<br />
photographiques sont difficiles et aléatoires pendant les<br />
concerts. Pourtant, en bon patient passionné, Moris ne se laisse<br />
dominer ni par le mouvement ni par la lumière, et en fait plutôt<br />
ses alliés : qu’elle soit « sur », ou « double », l’exposition rend<br />
toujours compte, au final, d’un instant primordial et sensible,<br />
d’une intimité insoupçonnée avec l’artiste. L’analogique rend,<br />
au travail photographique de concert, une magie old-school<br />
un peu désuète et qui, pourtant, fait la noblesse des images<br />
qui nous parviennent aujourd’hui, traversant les âges avec leurs<br />
petits défauts singuliers, leurs beautés particulières, et leur<br />
étrange pouvoir de séduction.<br />
C’est donc sur les murs gris béton de la Carto, dans le recoin<br />
intime du vestiaire et de détente que les photos de Moris trouveront<br />
leur écrin quelques semaines. Un retour aux sources,<br />
une mise en abyme, des souvenirs développés en noir et blanc<br />
de tous les moments forts qui se sont joués ces derniers mois<br />
sur cette belle scène rémoise.<br />
@moris_analog<br />
@morisanalogphotography<br />
Vernissage le 25 janvier 2018 - www.cartonnerie.fr<br />
© dr © dr<br />
L’empire<br />
des sons<br />
Le son, grand voyageur, est leur terrain de jeu favori.<br />
En dépassant les frontières, géographiques, culturelles<br />
et sociales, les compositeurs et improvisateurs Jean-<br />
Baptiste Masson, Nicolas Canot, Philippe Le Goff et<br />
François Leclère créent autour du field-recording, et<br />
emportent leur public et leurs bagages. Le prochain rendez-vous<br />
est donné le 26 janvier 2018, pour une soirée<br />
co-organisée par INNER CORNER, Césaré et Saint-Ex,<br />
culture numérique. SONOTIUM #10 nous rappelle aux<br />
bons vents de l’année dernière quand, abritée entre les<br />
murs expérimentaux de Quartier Libre, toute forme de<br />
création se libérait de sa coquille. À cette époque,<br />
le partage était différent, avec les jam sessions qui invitaient<br />
des musiciens à contribuer à cette œuvre musicale<br />
participative. Pour sa dixième édition, SONOTIUM<br />
offre une soirée à la merci totale des quatre compositeurs<br />
précédemment présentés. Pour faire durer<br />
le plaisir, et reprendre ses esprits, un DJ Set terminera<br />
la soirée.<br />
D’expérience musicale, SONOTIUM #10 devient une<br />
expédition. Une invitation au voyage qui embarque les<br />
spectateurs dans un voyage, les pieds dans le vide, à<br />
travers le globe. Tempêtes de glace, humidité des forêts<br />
tropicales, villes hurlantes, déserts stridents : il s’agit<br />
d’une succession de tableaux sonores, électroniques,<br />
qui deviennent, par le pouvoir de l’envoûtante imagination,<br />
quasi réels. En intimité recherchée et travaillée,<br />
SONOTIUM #10, comme ses précédentes sessions,<br />
baignera le public dans une obscurité mystique, un repli<br />
onirique. C’est là l’audace de SONOTIUM : placer les<br />
spectateurs dans la pudeur d’une expérience atypique,<br />
à la fois dans l’introspection et le partage. Avec cette<br />
thématique sonore du field-recording, l’expérience n’en<br />
sera que plus poignante. Le voyage suppose rêves,<br />
désirs, souvenirs. Chacun pour soi, soi pour le monde,<br />
car le son est universel, et que bien des créations –<br />
physiologiques et mentales – naissent, subrepticement,<br />
à travers lui.<br />
SONOTIUM #10 – Vendredi 26 janvier 2018<br />
à 19h, à Saint-Ex – culture numérique.<br />
Entrée libre. 03 26 77 41 41<br />
et Facebook : @innercorner<br />
© antonin leclere
G<br />
goût<br />
G<br />
TRUFFE NOIRE<br />
DU PERIGORD,<br />
GNOCCHI DE POMME<br />
DE TERRE<br />
par Arnaud Lallement<br />
Gnocchi de pomme de terre<br />
250 g de pomme de terre | 15 g de farine | 20 g de fécule de<br />
pomme de terre | 1 jaune d’œuf | 4 g de sel | 200 g de crème<br />
liquide<br />
Ne pas laver ni peler les pommes de terre. Inciser la peau sur<br />
tout le tour. Cuire au four à 200°C pendant 45 mn. Récupérer<br />
la chair à l’aide d’une cuillère. Passer au tamis. Ajouter le jaune<br />
d’œuf, la farine et la fécule de pomme de terre. Faire des rouleaux<br />
puis des petites boules à rouler à l’aide d’une fourchette.<br />
Faire blanchir jusqu’à ce que les gnocchi remontent à la surface.<br />
Faire chauffer et réduire la crème de moitié. Réchauffer<br />
les gnocchi dans cette crème juste avant de servir. En réserver<br />
pour le dressage.<br />
Sauce truffe<br />
200 g de jus de truffe | 200 g de crème épaisse | sel | poivre<br />
Faire chauffer et réduire le jus de truffe de moitié. Ajouter la<br />
crème épaisse, le sel et le poivre. Continuer de chauffer jusqu’à<br />
ébullition. Réserver.<br />
Truffe<br />
75 g de truffes<br />
Couper la truffe en tranches puis détailler vingt ronds de 4 cm.<br />
Dressage<br />
Disposer cinq gnocchi par assiette surmontés chacun d’une<br />
rond de truffe. Servir la sauce truffe à table.<br />
10<br />
TRUFFE NOIRE DU PERIGORD, GNOCCHI DE POMME DE TERRE © matthieu cellard
Le<br />
Foie gras<br />
de Longpont<br />
OÛT<br />
Balade niçoise<br />
Les fêtes approchent<br />
avec, sur les tables,<br />
les incontournables<br />
de la fin d’année.<br />
Au premier rang de<br />
ceux-ci, le foie gras.<br />
Pas si loin de Reims que cela, à<br />
Longpont dans l’Aisne, aux limites<br />
du Tardenois et du Valois, Sébastien<br />
Carré conçoit de très bons<br />
foies gras. C’est désormais dans<br />
la Boucherie qu’il a reprisE à<br />
Fère-en-Tardenois il y a quelques<br />
années, et non plus dans sa<br />
ferme de la Grange, à Longpont,<br />
qu’il vend ses foies gras et<br />
autres pâtés conçus à partir des<br />
volailleS qu’il élève toujours.<br />
Fin, salé et poivré à la perfection,<br />
son foie gras de canard micuit<br />
a souvent devancé dans des<br />
concours agricoles – dont celui<br />
du Salon de l’agriculture, à Paris<br />
- les meilleurs représentants<br />
du Sud-Ouest. À goûter aussi les<br />
pâtés de campagne fermiers, les<br />
cous farcis, rillettes et autres<br />
délices…<br />
Cyrille Planson<br />
Vegan<br />
Comment dire le ravissement de la lumière de cette journée d’octobre à<br />
Nice ? Pour l’ardennais que je suis, la mer Méditerranée est comme un cadeau<br />
inestimable, un émerveillement de gamin renouvelé chaque fois. Pas<br />
la peine de résister, je plonge. L’eau est singulièrement trouble. Pénétrée<br />
par le bleu du ciel, elle acquiert une densité presque liquoreuse. Sous l’eau,<br />
au fur et à mesure des brasses, une évidence, l’impression de m’enfoncer<br />
dans la matrice de la couleur bleu turquoise, nager dans les entrailles d’une<br />
couleur. Une sensation unique qu’il faut pourtant quitter.<br />
Après le bain, la faim. La promenade dans les petites rues de cette Italie<br />
française apporte de quoi s’enthousiasmer. La socca et le pan bagnat sont<br />
des plats de rues. Ils se mangent avec les doigts. Pour le pan bagnat, quoi<br />
que vous fassiez, l’huile d’olive coulera sur vos phalanges et s’étalera dans<br />
vos paumes, les miettes de thon déborderont, les œufs s’émietteront et<br />
tomberont au sol, l’oignon sera récalcitrant, vos lèvres seront luisantes,<br />
votre menton sans doute aussi. Dans les ruelles escarpées, ombragées, on<br />
marche en levant les yeux pour adorer le ciel, les ombres douces, les couleurs<br />
terre de Sienne, les ors, les vieux roses. On s’arrête pour regarder les<br />
balcons fleuris, le linge qui pend, les persiennes entrouvertes, on pense au<br />
magnifique film de Jean Vigo À propos de Nice. On croque, on se lèche et<br />
on repart. Tête baissée, c’est autre chose. Les boutiques frelatées,<br />
standardisées sont un immense dépit,<br />
une contamination touristique sous le<br />
sceau de « la belle France d’autrefois »,<br />
un masque pour le tourisme mondialisé.<br />
La socca nous rabiboche avec la ville.<br />
Cette grande galette de pois chiche<br />
roussie par les flammes et mangée à<br />
même le papier est un délice indétrônable<br />
avec la contemplation de la baie<br />
des anges vue du parc du château. En<br />
redescendant, traverser la place Garibaldi pour trouver la place Pi.<br />
À l’ombre d’un magnifique pin, vous dégoterez le restaurant-concept Isak<br />
qui propose, au milieu de produits et d’objets tendances à acheter,<br />
une cuisine raffinée concoctée par le chef suédois Isak Oldenburg, miracle<br />
d’une mondialisation vertueuse. Le 20 novembre 2017, il y avait un velouté<br />
de chou-fleur, pickles de chanterelles, un maquereau de méditerranée, quinoa,<br />
courgette et navet et un brownie aux amandes, topinambour et poire,<br />
le tout pour 22 euros. Tout était d’une exquise fraîcheur, le goût simple des<br />
aliments et des associations qui étonnent le palais. Le bar juste devant la<br />
cuisine est une place de choix pour voir l’équipe s’affairer. Attention, ne<br />
beurrez pas les crackers fait maison qu’on vous apporte en début de repas,<br />
sinon vous êtes cuits, vous en reprendrez ! Jérôme Descamps<br />
Isak restaurant – 2, rue Barillerie<br />
La socca : Chez René – 1 rue Pairolière + Chez Pipo – 13 rue Bavastro<br />
Pan Bagnat : Nissa porchetta – 26 rue Pairolière + Tintin – 2 bd du général de Gaulle<br />
Pâtes fraîches (à rapporter absolument : les raviolis à la daube et aux blettes + testez<br />
aussi les panisses à faire griller dans la poêle, un pur délice fondant) : Denis Roda – 7<br />
rue Collet + Clé aux Pâtes – 8 bis rue Boucherie<br />
À Talus-Saint-Prix, Alain Legret est l’un des premiers à<br />
s’être positionner sur la tendance du moment : le vegan.<br />
Afin d’approvisionner en bulles les inconditionnels de cette<br />
alimentation absolument dépourvue de toute trace animale,<br />
il produit des champagnes originaux, en excluant la colle à<br />
base de produits d’origine animale. Il est même l’un des tout<br />
premiers à avoir été labellisés pour cela. Le collage a pour<br />
objectif de clarifier le vin avant sa commercialisation.<br />
Il utilise pour cela des colles à base de protéines issues<br />
de poissons, de lait ou de crustacés.<br />
11<br />
Pour l’anecdote, l’humoriste Raphaël<br />
Mezrahi est lui aussi devenu producteur<br />
de champagne vegan, dans l’Aube. C. P.<br />
Le lentillon<br />
de Champagne<br />
Le sol calcaire de la Champagne lui conférerait une saveur douce<br />
et sucrée à nulle autre pareille. Le lentillon de Champagne reste<br />
méconnu, bien qu’il soit cultivé dans la région depuis la<br />
plus haute Antiquité. Tous les nutritionnistes vous le diront,<br />
notre alimentation n’est plus assez riche en légumes secs -<br />
fèves, lentilles et autres haricots - qui ont fait le quotidien<br />
des générations passées. Riche en fibre, en protéines, mais<br />
aussi en calcium et en fer, il est notamment distribué par<br />
la marque Louise Bon à la Grande Épicerie de Paris. C.P.
endez-vous manqué<br />
ma Non rencontre<br />
avec alain cavalier<br />
Cher Alain Cavalier,<br />
Vous m’avez dit non et ça m’a fait rire. Je vous ai proposé une rencontre<br />
pour le <strong>magazine</strong> Process, une invitation à raconter votre méthode,<br />
votre cuisine, votre atelier. Parler de la préparation, de l’immersion,<br />
des références, des carnets, des images. Essayer de mettre<br />
des mots sur ce processus mystérieux de la création.<br />
« Allô, un cœur qui bat sous une soutane*, c’est bien, je l’entends, je<br />
l’entends. Eh bien, non… eh bien non. Les grandes et les petites questions<br />
sur le cinématographe provoquent chez moi un ennui colossal.<br />
Quelquefois je suis obligé, parce que j’ai fait un film donc, je fais un petit<br />
effort mais avec vous… Amicalement, on est lié, je n’ai pas d’effort à<br />
faire et puis votre destin ne dépend pas de quelques banalités que je vous<br />
exprimerais sur le cinématographe. Bon, comment allez-vous ? Si vous<br />
êtes à Paris, vous m’appelez et on se voit, voilà. Je vous salue très bas. »<br />
Monsieur Alain Cavalier, je vous aime. Je vous aime de dire non,<br />
d’être impertinent, d’être drôle, d’être concentré sur votre travail,<br />
d’être un artisan du cinématographe avec humilité, avec génie. J’emploie<br />
les mots que vous n’aimez pas, les superlatifs que vous détestez,<br />
vous qui avez choisi l’ascèse.<br />
J’avais 20 ans. Je suis entré dans un cinéma et j’ai vu Un étrange<br />
voyage. Je me souviens que les personnages longeaient une voie de<br />
chemin de fer allant vers l’est, que la ville de Troyes était citée (traversée<br />
?) et que ce nom de ville, c’était un peu chez moi dont on parle si<br />
peu ou si mal. Je me souviens des échanges entre Jean Rochefort et sa<br />
fille de cinéma, Camille de Casabianca, votre vraie fille dans la vie. Je<br />
suis sorti bouleversé, conquis mais je n’avais pas encore repéré votre<br />
nom. C’était un temps où je ne retenais pas le nom des réalisateurs.<br />
Ensuite, ce fut Libera me. Physiquement, j’ai eu du mal à sortir de la<br />
salle. Knock-out par tant de propositions, de tensions, d’inventivité.<br />
Cette fois votre nom a coulé dans mon oreille, depuis je n’ai manqué<br />
aucun rendez-vous.<br />
Je me suis aussi promené dans La Chamade, dans Le combat dans<br />
l’île, dans Le plein de super ou dans Martin et Léa. Comme vous le<br />
dites si bien, vous êtes un filmeur, vous faites film de tout, pour vous<br />
les notions de fiction et de documentaire sont juste de la matière à<br />
filmer, pas de hiérarchie, vous voyagez de l’une à l’autre au gré de vos<br />
envies, au gré de votre grande fantaisie. Grâce à vous, j’ai été ému<br />
comme jamais par le regard bleu de la matelassière qui ne veut pas<br />
vous dire le prix du matelas de laine qu’elle est en train de coudre,<br />
c’était dans cette série de 24 portraits de femmes, que je regarde encore<br />
avec émerveillement. Et aussi : « après les mains de la blanchisseuse,<br />
les mains du cinéaste. Le cinéma a aussi ses fers à repasser, la<br />
caméra et le magnétophone, le cinéaste ne les manipule pas, il lui fau-<br />
drait quatre mains et deux têtes. Parfois il en rêve ». Cette conclusion<br />
de La repasseuse m’a étreint deux fois : lorsque j’ai découvert le film<br />
et lorsque les années 90 nous ont apporté ce que l’on appelait encore<br />
« les petites caméras ». Cette merveille de technologie est devenue<br />
votre outil d’écriture comme vous l’annonciez prophétiquement<br />
dans cette phrase de 1987. Cette caméra que vous portez toujours<br />
avec vous dans votre sac gris à longue bandoulière nous a donné La<br />
Rencontre, la plus gonflée des déclarations d’amour et bien d’autres<br />
magnifiques éclats de vie jusqu’à ce Paradis iconoclaste, un film fait<br />
de petits amusements, d’émerveillements, d’épiphanies.<br />
J’oubliais… Soir d’hiver dans une galerie éphémère de la rue des Récollets<br />
à Paris, la projection du film rare Ce répondeur ne prend pas de<br />
message. Hébété sur le trottoir, qu’est-ce-que je venais de voir ? J’étais<br />
ivre de sens, saoul de votre mise en danger, grisé par vos métaphores,<br />
estomaqué par votre capacité à jouer avec le cinématographe.<br />
Et puis… comment oublier Thérèse, ces toiles de fond colorées pour<br />
mieux dessiner vos comédiennes, la précision des gestes, la drôlerie<br />
de certains dialogues, les séquences merveilleuses entre Catherine<br />
Mouchet et Aurore Priéto ou Hélène Alexandridis, votre approche<br />
de la spiritualité, votre questionnement sur l’extase et le sacrifice.<br />
Et puis, et puis… Tout, je prends tout, je ne laisse rien de rien sur<br />
le côté et j’attends les prochaines<br />
étapes avec gourmandise.<br />
Je sais que vous<br />
n’aimez pas ça mais je vous le<br />
dis, votre parcours, vos films<br />
sont uniques, ils sont tous<br />
une déclaration d’amour à<br />
l’humanité, une ode à la liberté<br />
libre qui vous tient tant à<br />
cœur, une force pour chacun<br />
d’entre nous car vous dites<br />
toujours « encore ». Alors<br />
oui, vous m’impressionnez et<br />
je dois prendre un grand élan<br />
de courage pour oublier tout<br />
votre travail et aller boire un<br />
boc avec vous pour parler de<br />
près édités en DVD.<br />
la vie et de ses petits amusements,<br />
simplement.<br />
- 6 portraits<br />
• À venir<br />
XL<br />
Cher Alain Cavalier, vous<br />
m’avez dit non et, bon Dieu,<br />
que j’ai aimé ça.<br />
© STEEVE LUNCKER<br />
• Filmographie impressionnante depuis 1958.<br />
Pas d’intégrale à peu près tous les films sont à peu<br />
- Deux documentaires à propos d’Alain Cavalier :<br />
Alain Cavalier, sept chapitres cinq jours deux<br />
pièces-cuisine de Jean-Pierre Limosin (1995 – 55’),<br />
Frère Alain-EA5 de Vincent Dieutre (2017 – 66’).<br />
R<br />
rencontre<br />
- Un court métrage de Alain Cavalier, trace d’une<br />
rencontre. www.lapelliculeensorcelee.org/cavalier/<br />
cavalierAccueil.html<br />
*J’ai réalisé Les ongles noirs, adaptation de la nouvelle d’Arthur Rimbaud Un cœur sous une soutane.<br />
TEXTE jérôme descamps<br />
12
Extra-terrienne<br />
Extra-ordinaire<br />
M<br />
life on mars
Gladys Hulot est Hyrtis. Elle ne l’est pas comme Dr Jekyll est M.<br />
Hyde : elle l’est, en incarnation profonde, bienveillante, et créatrice.<br />
Port de tête, élégance, androgynie, Hyrtis évolue dans<br />
l’univers alternatif qu’elle éclaire, devant elle, d’un spectre rassurant,<br />
comme un barrage contre la « dictature de la normalité » du<br />
monde. Mais Hyrtis, elle l’est aussi grâce / par / à travers le lien<br />
qui l’unit à la muse. Muse fondamentale, muse ancestrale, Gladys<br />
Hulot n’a jamais quitté l’essence baudelairienne de la création<br />
artistique. « Je suis malheureuse sans muse. Je n’ai pas d’idéal,<br />
de projection, de reconnaissance. La muse me tire vers le haut. »<br />
me confie-t-elle. La discrétion de Gladys n’a d’égale que la fidélité<br />
à sa muse, grande incarnation de ses inspirations, pour des<br />
raisons qui, si elles échappent au commun des mortels, font sens<br />
au travail intime de cette artiste particulière. Peut-être est-elle<br />
une artiste en marge, mais uniquement dans celle qu’elle crée,<br />
qu’elle dessine, qu’elle porte, comme un costume. « Je ne suis pas<br />
en camouflage. Être bien dans son costume, c’est 60% du travail,<br />
comme le dit Fabrice Lucchini. » Consciente d’incarner quelque<br />
chose qui la transcende irrépressiblement, Gladys Hulot cherche<br />
en chacune de ses muses une réponse, un appui, en funambule<br />
entre la réalité et l’onirique. Elle est une artiste plurielle qui s’exprime<br />
malgré tout à la première personne du singulier.<br />
Je t’ai entendu parler du « règne de Bowie ». En quoi une muse règne-t-elle ?<br />
La muse devient, pendant un certain temps, empereur de mon esprit, de mon<br />
être, de ma vie. C’est tout un empire qui se construit, à son insu. Il s’agit, certes,<br />
d’une dépendance, mais je dépends de qui je veux. Tant que je choisis ma muse,<br />
je suis insoumise. Ce n’est donc pas un rapport fan/star : c’est bien plus complexe,<br />
plus profond.<br />
Et ton identification à la muse fait-elle partie du processus créateur ?<br />
Je me nourris du personnage évoqué par la muse : ce qu’il est, son contexte de<br />
vie, son histoire. Pour Bowie, par exemple, je n’ai pas voulu m’identifier à lui<br />
mais plutôt incarner son époque, pour essayer de le comprendre, lui. Il ne s’agit<br />
pas de nostalgie, car je ne peux pas être nostalgique d’une époque que je n’ai pas<br />
connue. Mais j’ai voulu correspondre à son personnage en incarnant, quelques<br />
mois, une icône warholienne. Cette idée s’est imposée après un rêve où me sont<br />
apparus Bowie et Warhol.<br />
Tes rêves jouent-ils un rôle précis dans ce mécanisme ?<br />
Ils sont à la base de tout. Mon pseudo, Hyrtis, est né dans un rêve. Il s’agit d’une<br />
part de mystère insondable et j’aime l’idée que ce nom n’appartient qu’à mon<br />
inconscient. Mes rêves me permettent une communication intime avec mes<br />
muses, et une libération de ma personne : ils m’ouvrent à l’incarnation pleine<br />
d’Hyrtis, sans genre, et avec des épaules suffisamment larges pour supporter le<br />
poids de la création.<br />
15<br />
TEXTE agathe cebe<br />
portraits benoît pelletier<br />
Tu as eu bon nombre de muses depuis l’enfance. Parfois vivantes – David Bowie<br />
à l’époque, ou Philippe Katerine, par exemple – et parfois mortes – comme Rimbaud<br />
ou Chopin : le rapport change-t-il ?<br />
Je préfère quand mes muses sont vivantes. Il y a plus de chances d’interaction<br />
réelle. Même si cela suppose un revers de médaille, que cela puisse mal se passer…
Que cela se passe mal ?<br />
Qu’il n’y ait pas de réciprocité. Et comme je ne suis pas une fan noyée dans la<br />
masse, ce genre de réaction génère beaucoup de frustration. Et cela peut être très<br />
destructeur pour moi. Je rêve d’une relation comme entre Gainsbourg et Bardot,<br />
ou DalÍ et Amanda Lear.<br />
Les muses dirigent-elles ton travail musical comme ton travail graphique ?<br />
Oui, tout est relié à la muse. Et la musique est venue, d’ailleurs, grâce à des muses.<br />
Avec Nicolas Sirkis et David Bowie, j’ai commencé à travailler la lame sonore<br />
comme un instrument rock. Ce n’est pas évident en solo ! Mais comme la solitude<br />
me plaît, je travaille mes arrangements toute seule, jusqu’à même composer toute<br />
seule pour mes instruments. J’ai su par des proches<br />
de Bowie que mon cover de « Life on Mars » a été<br />
vu et apprécié par lui, qu’il l’a partagé lui-même<br />
sur son site. C’était une reconnaissance étourdissante.<br />
Après, le thérémine est arrivé, avec Armen<br />
Ra, ma muse actuelle. C’est la seule muse à laquelle<br />
je ressemble sans intention particulière ! Il m’est<br />
apparu en rêve, après la mort de Bowie, comme<br />
un jumeau inespéré. C’était comme un passage<br />
de relais entre eux. Et ma création est passée<br />
d’une muse à l’autre avec une fluidité incroyable.<br />
Et comme ma démarche profonde a tout de suite<br />
© GLADYS HULOT<br />
été comprise par lui, je me suis plongée toute entière dans son contexte de vie.<br />
Le thérémine en fait partie et me permet une interaction quotidienne avec lui.<br />
En amont de la muse, il y a donc un travail incroyable de nourriture culturelle…<br />
Oui ! J’apprends tout, sur tout. Cela fait partie du processus créateur. Je dois maîtriser<br />
tout ce qui fait que ma muse est ce qu’elle est. Et je dois aussi tout maîtriser<br />
au sujet des supports auxquels je m’intéresse. Par exemple, en commençant ma<br />
dernière œuvre, le tarot, j’ai tout appris sur ces cartes. Tout. Comme c’est un<br />
projet énorme, j’ai exploré toutes les spécificités du tarot de Marseille, mais en le<br />
revisitant selon l’inspiration insufflée par ma muse : la présence androgyne d’Armen<br />
transcende chacune de<br />
mes cartes. Certains pensent<br />
qu’il s’agit d’une série d’autoportraits,<br />
pourtant, c’est bien<br />
Armen qui se décline, de carte<br />
en carte.<br />
www.gladyshulot.com<br />
@gladys.hulot<br />
16
Gladys Hulot se découvre à travers<br />
quelques œuvres majeures :<br />
- son tarot, sur internet (Instagram:<br />
@gladys_hulot) en attendant son<br />
édition.<br />
- son clip cover « Life on Mars » ou<br />
sa composition « Cold Songe », sur<br />
sa chaîne YouTube (@gladyshulot),<br />
en attendant sa prochaine apparition<br />
en live.<br />
© GLADYS HULOT<br />
17
jean-philippe thomas<br />
une sensibilité à fleur de bois<br />
A<br />
architecture<br />
Des volumes qui laissent t<br />
respirer, des portes coulissantes<br />
en bois, une charpente<br />
en acier surplombée<br />
par une verrière qui diffuse<br />
une lumière du jour tamisée<br />
par des voiles blanches,<br />
une œuvre photographique<br />
de Georges Rousse : nous<br />
sommes dans l’atelier<br />
de Jean-Philippe Thomas.<br />
Un lieu lumineux, chaleureux,<br />
sobre, authentique<br />
où l’on aime à s’attarder<br />
et qui donne une idée<br />
assez précise de l’univers<br />
de l’architecte.
Cet atelier, c’est l’ancienne centrale électrique des usines Panhard-Citroën, située<br />
près du canal, que Jean-Philippe Thomas a réhabilitée en 2007 pour s’y installer<br />
avec son équipe d’architectes salariés et d’ingénieurs. « J’aime beaucoup la<br />
notion de trace, je crois en une architecture qui s’intègre à l’histoire et à l’environnement.<br />
On se doit de respecter le passé d’un bâtiment que l’on rénove, et<br />
de la même manière on doit s’adapter au contexte paysager pour une nouvelle<br />
construction. Se soucier de l’environnement et du développement durable, c’est<br />
prendre en compte la réversibilité des choses. Un logement doit pouvoir se transformer<br />
en bureau ou même en parking et redevenir logement. Un bâtiment doit<br />
avoir plusieurs vies sans qu’on ait à tout casser », explique-t-il.<br />
Des propos qui résonnent avec cette œuvre accrochée au mur : « Icône » de<br />
George Rousse, réalisée dans les halles du Boulingrin bien avant leur réhabilitation.<br />
« Georges Rousse est un artiste exceptionnel, qui éveilla en moi les rapports<br />
fabuleux entre un lieu en devenir ou en perdition, sa mémoire et le côté éphémère<br />
de l’œuvre. Le travail de Georges Rousse nous transcende et nous renvoie à<br />
des souvenirs, aux phénomènes de perceptions et autres anamorphoses. »<br />
Pour Jean-Philippe Thomas, un bâtiment ne se résume pas à une construction<br />
savante et esthétique, il n’oublie jamais qu’une fois les plâtres essuyés, des femmes<br />
et des hommes vont y circuler, travailler, respirer, se parler… Un lieu de vie n’est<br />
pas seulement un lieu, c’est avant tout la vie.<br />
« Je ne fais pas de l’architecture seulement pour l’objet à construire, ce qui compte<br />
c’est le bien-être des habitants. Le bâtiment doit être en harmonie avec la nature<br />
environnante et ses saisons, avec la lumière naturelle, proposer des volumes qui<br />
tissent des liens entre les gens tout en les protégeant. »<br />
Jean-Philippe Thomas est un amoureux de la culture scandinave et des paysages<br />
sylvestres. De ses nombreux séjours nordiques, il a rapporté l’amour du bois qu’il<br />
utilise dans la plupart de ses réalisations. Un matériau noble, sobre et écologique<br />
qui insuffle naturellement un sentiment d’apaisement. « Le bois est un instrument<br />
ultra-moderne, sa grande plasticité, ses performances techniques remarquables<br />
et sa longévité toujours élégante permettent une grande précision dans<br />
la construction qui doit s’inscrire dans le temps », affirme-t-il.<br />
Une enfance ardennaise, des parents fonctionnaires et le souvenir des histoires<br />
racontées par son grand-père, mineur d’origine italienne qui a fui la misère entre<br />
les deux guerres pour extraire l’ardoise dans la vallée de la Meuse. Des racines<br />
profondes qui lui confèrent une fierté retenue et un attachement viscéral à la<br />
nature et aux matériaux bruts.<br />
L’éthique précède l’esthétique<br />
S’il a pensé un temps être cuisinier, c’est la passion des trains électriques qui a<br />
sans doute fait naître sa vocation d’architecte. « Je construisais des gares en carton<br />
avec un maximum de détails, à partir de vrais plans récupérés auprès de cheminots.<br />
C’est ainsi, je crois, que j’ai pris conscience des volumes des bâtiments,<br />
des liens qu’ils ont avec l’extérieur. C’était un monde idéalisé dont j’étais le maître<br />
d’œuvre, mais j’étais encore loin d’imaginer que j’en ferais mon métier », lâche-t-il<br />
dans un sourire discret et pudique.<br />
Dans ses projets architecturaux, l’éthique précède toujours l’esthétique. Qu'il<br />
s'agisse d'un bâtiment à construire ou à rénover, le respect de l’empreinte historique<br />
et environnementale l’emportera toujours. Pour lui la modernité ne se<br />
niche pas dans une arrogante « tabula rasa », mais dans le choix cohérent et intégré<br />
au paysage des bons volumes, des bons matériaux et des technologies énergétiques<br />
de pointe.<br />
« Il faut maîtriser ce que l’on construit à chaque étape sans se faire piéger par la<br />
forme, qui doit être pratiquement la résultante d’une logique fonctionnelle, ce<br />
qui n’empêche évidemment pas de soigner l’esthétique. Je veux créer une archi-<br />
_Siège Champagne Roederer<br />
19<br />
_Restaurant Le Grand Cerf
_Maison individuelle - maison T<br />
_Maison individuelle - maison T<br />
20
tecture sensible en lien avec l’extérieur et qui rende les habitants heureux. »<br />
Créée en 2000, l’agence compte maintenant sept collaborateurs pour répondre<br />
aux multiples marchés : bâtiments scolaires, publics, viticoles, logements collectifs<br />
ou pour particuliers, maisons de champagnes prestigieuses ou restaurants<br />
étoilés avec toujours la même signature : des volumes et des matériaux élégants et<br />
durables qui invitent à la sérénité et au bien-être. Et le recours systématique aux<br />
technologies de pointe pour limiter au maximum les déperditions énergétiques<br />
et tendre autant que possible vers des bâtiments à énergie passive ou positive.<br />
« On construit 80% de nos projet en bois, cette filière sèche est optimale d’un<br />
point de vue énergétique et permet des chantiers rapides et précis. Et puis le<br />
bois mobilise des métiers où il y a encore un savoir faire et<br />
le soucis du détail. »<br />
Diplômé de l’école d’architecture de Nancy en 1992, il reste<br />
en Lorraine quelques années comme intervenant dans cette<br />
même école et commence à travailler en free lance. À l’aube<br />
de ce siècle, la construction d’un centre de recherche pour<br />
l’entreprise Miko à Saint-Dizier le ramène en Champagne-<br />
Ardenne où il fonde à Reims sa propre agence, AAT Architecture.<br />
De 2000 à 2007, il est élu au Conseil régional de l’Ordre des<br />
architectes et organise de 2005 à 2009 des voyages architecturaux<br />
pour le CREPA, dont il préside la formation continue.<br />
Enfin en 2011 il crée sa nouvelle société, « Jean-Philippe<br />
Thomas Architectes », qui assoit son style résolument ancré<br />
dans une logique de développement durable.<br />
Dans ses souvenirs, deux architectures particulièrement<br />
inspirantes pour son futur travail : le palais de la Bahia à<br />
Marrakech, occupé par Lyautey au début du 20 e siècle, et le quartier Quayside à<br />
Newcastle, où il a étudié deux ans avant son diplôme.<br />
Le palais marocain pour son raffinement, ses multiples espaces baignés de lumière<br />
éclatante ou d’une pénombre rafraîchissante, mais caché pudiquement<br />
derrière un rempart peu ouvragé.<br />
« J’estime que la notion de façade n’est pas très importante. Je ne fais pas une architecture<br />
objet, jamais rien de volontairement ostensible. L’essentiel est toujours<br />
à l’intérieur, les lieux doivent être conçus pour le bien-être des usagers. La façade<br />
doit juste donner envie d’y entrer en s’intégrant au mieux dans le paysage. »<br />
L’humain comme point focal de toute architecture<br />
Pour le quartier Newcastle, c’est la compilation de « toutes les architectures possibles,<br />
des sites industriels réhabilités comme des constructions contemporaines<br />
avec ce pont piétonnier incroyable. Un lieu de vie et d’échanges perpétuels », se<br />
rappelle-t-il. C’est l’image de la ville telle qu’il l’imagine dans le futur. « Des cités<br />
appelées à s’étendre mais plutôt en hauteur, en se construisant sur elles-mêmes<br />
avec des matériaux à fortes plasticité et aux performances énergétiques optimales,<br />
comme le bois évidemment. »<br />
Son premier projet marquant a été un collège à Château-Thierry, élaboré avec<br />
un collectif d’architectes parisiens : « On a conçu une sorte d’origami très élégant<br />
avec une signature paysagère en bois et en zinc. Un bâtiment<br />
ouvert sur le panorama de la Vallée de la Marne, avec des<br />
lieux à vivre et à étudier très délicats. »<br />
Une élégance et une délicatesse contenues dans la sobriété<br />
et l’efficience, des concepts qui président toujours aux projets<br />
de l’architecte, que ce soient des bâtiments pour un large<br />
public ou pour des particuliers. « J’ai besoin de me projeter<br />
dans le lieu que je dessine, imaginer concrètement comment<br />
je pourrais y vivre. Pour des habitations privées, il faut bien<br />
sûr être en empathie avec le client mais le principe reste le<br />
même : l’humain et surtout son bien-être, pour ne pas dire<br />
son bonheur, doit absolument être l’élément central, tout<br />
doit s’articuler autour des habitants », affirme Jean-Philippe<br />
Thomas. Des principes éthiques qu’il a développés<br />
avec la philosophe Anne Deschamps, une collaboration de<br />
quelques années qui a été déterminante et qui a structuré sa<br />
pensée. Anne Deschamp, est une philosophe de terrain, une facilitatrice comme<br />
elle aime se qualifier. Professeure dans les Ardennes, créatrice du premier caféphilo<br />
rural, elle prône l'action comme moteur de la joie de vivre . « Je cultive<br />
la bienveillance grâce à un questionnement créatif qui permet de partager les<br />
différences sur une terre commune à tous », explique-t-elle. À partir de 2012,<br />
l’architecte et la philosophe réfléchissent devant la table à dessiner comme sur le<br />
terrain pour élaborer des atmosphères nourrie d’émotions, de beau et de bienêtre.<br />
Un éclairage philosophique et éthique qui a permis à Jean-Philippe Thomas<br />
de cerner précisément l’enjeu humaniste de projets dont l’essence même est le<br />
« mieux vivre » de l’habitant, qui demeure le point focal ultime de l’architecture.<br />
www.jeanphilippe-thomas.com<br />
21
1_<br />
2_<br />
3_<br />
4_<br />
1_Restaurant Le Grand Cerf<br />
2, 3_Secteur tertiaire : bureaux construction bois<br />
4_Collège Luis Ortiz à Saint-Dizier<br />
5_Maison individuelle - maison T<br />
6_Groupe scolaire de Condé-sur-Marne<br />
5_<br />
6_<br />
22<br />
TEXTE jules février<br />
photographies benoît pelletier
•<br />
Siyuline / Nathalie Vleeschouwer / Exquisite.j / Dragon / Catherine André / Moyuru / Clivia Nobili<br />
12,rue de l'université - 07 86 99 44 03
Architecte de<br />
formation, cette<br />
jeune illustratrice<br />
de 24 ans rencontre<br />
un joli succès<br />
avec ses dessins<br />
d’architecture,<br />
d’une redoutable<br />
efficacité graphique<br />
et picturale.<br />
D<br />
dESSIN<br />
24
hélène lacombe<br />
trait pour trait<br />
« Ce qui m’intéresse est de donner<br />
corps à la matérialité des façades,<br />
de révéler tous les détails, souvent<br />
invisibles, des édifices pour faire ressortir<br />
différemment les structures des<br />
bâtiments ». Ainsi Hélène Lacombe<br />
évoque-t-elle son travail, tout d’épure<br />
et de délicatesse. De la cathédrale de<br />
Reims à la Cité radieuse, cette jeune<br />
artiste déploie ses architectures, avec<br />
un art consommé du détail. Loin de<br />
toutes les modes, on pourrait croire,<br />
au premier regard, à des dessins<br />
100% techniques, tendance plans<br />
d’élévations d’architecte. Et pourtant,<br />
une poésie particulière se dégage<br />
de ses œuvres réalisées à main levée.<br />
Les façades sont toujours exécutées<br />
selon un angle de perspective singulier<br />
qui accentue la monumentalité<br />
des bâtiments. La précision du trait<br />
et la saisie de chaque détail témoignent<br />
d’une minutie extrême.<br />
« Mes dessins me représentent moi,<br />
dit-elle. Je suis ultra-perfectionniste,<br />
exigeante mais aussi très rêveuse. »<br />
C’est un travail qui nécessite également<br />
beaucoup de patience :<br />
« de huit heures à quinze heures<br />
pour un dessin » précise Hélène. •••
26
27<br />
TEXTE anne de la giraudière<br />
Génération Instagram<br />
Issue d’une famille d’architectes,<br />
Hélène Lacombe a attrapé très tôt le<br />
virus de l’architecture. « D’aussi loin<br />
que je me souvienne, j’ai toujours<br />
dessiné et voulu être architecte.<br />
Après une année d’arts appliqués<br />
à Reims, je me suis donc inscrite à<br />
l’École Nationale Supérieure d’Architecture<br />
de Paris-Malaquais où je termine<br />
actuellement mon master. En<br />
2015, je suis partie faire un master en<br />
design de produit à l’Aalto School of<br />
Arts d’Helsinki. C’est lors de ce séjour<br />
en Finlande que j’ai repris le dessin<br />
de manière intensive et démarré une<br />
activité d’illustratrice. » Presque par<br />
hasard pourrait-on dire. Ses premiers<br />
dessins à peine postés sur Instagram,<br />
les commandes affluent.<br />
Hélène Lacombe se met à produire<br />
à tour de bras des illustrations de<br />
bâtiments du monde entier, toujours<br />
réalisées selon la même technique :<br />
« J’utilise des feutres Posca pour leur<br />
couleur intense, rehaussés d’un fin<br />
stylo blanc pour affiner les détails<br />
et travailler les ombres ». Avec plus<br />
de 20 000 abonnés sur son compte<br />
Instagram, elle bénéficie aujourd’hui<br />
d’une certaine visibilité. « Instagram<br />
est à la fois une galerie virtuelle pour<br />
présenter mes œuvres et un formidable<br />
outil relationnel ».<br />
Sollicitée par des agences d’architecture<br />
pour réaliser des dessins pour<br />
les concours, elle est aussi demandée<br />
pour dessiner sur des vitrines<br />
parisiennes ou illustrer un guide<br />
touristique à Bordeaux. Entre autres.<br />
Une reconnaissance qui lui permet<br />
désormais de choisir en toute liberté<br />
les édifices qui l’inspirent. « Ma<br />
technique a évolué, mon style aussi,<br />
j’avais envie d’aller vers des architectures<br />
plus contemporaines comme<br />
celle de Beaubourg, mon bâtiment<br />
préféré à Paris ». Si elle est fan des<br />
architectes Richard Rogers et Renzo<br />
Piano, Hélène Lacombe aime aussi<br />
les peintures de Hockney, Hopper ou<br />
encore de Monet, tout en suivant le<br />
travail des illustrateurs de sa génération.<br />
Mais son inspiration,<br />
elle la puise avant tout dans ses<br />
déambulations et ses nombreux<br />
voyages. Représentée, à partir de janvier,<br />
par Sergeant Paper, un art store<br />
spécialisé dans les éditions limitées<br />
d’artistes, Hélène rêve d’ouvrir sa<br />
propre agence d’architecture dans<br />
deux ou trois ans et de poursuivre<br />
son travail d’illustration, avec déjà en<br />
tête, un nouveau projet autour d’étonnantes<br />
églises aux lignes futuristes en<br />
Islande. À suivre…<br />
www.atelierhelenelacombe.com<br />
@helenelacombe
l'histoire<br />
« Walk it back »<br />
de The National<br />
28<br />
© DR
L’élégance. Le qualificatif revient souvent dans la presse<br />
lorsqu’il est question de The National, un groupe américain<br />
dont l’audience n’a jamais réussi à toucher le grand public en<br />
France. Chez les puristes d’un rock de grande classe - dans le<br />
sillage de REM et du mythique Michael Stipe s’il faut trouver<br />
quelques filiations -, The National est une référence, sinon<br />
LA référence. La voix de baryton de Matt Berninger donne<br />
sa coloration chaude à toutes les compositions de The National,<br />
un groupe composé de deux doublettes de frères (Aaron<br />
et Bryce Dessner aux guitares, Bryan et Scott Devendorf à la<br />
rythmique). Assez confidentiel en France, mais lié à quelques<br />
valeurs sûres comme Sufjan Stevens ou My Brightest Diamond, dont ils ont été<br />
des collaborateurs occasionnels (et réciproquement), le groupe de Brooklyn s’est<br />
fait remarquer en s’engageant, aux côtés de Barack Obama, lors de sa première<br />
campagne présidentielle (2008). Leur titre Fake Empire à la rythmique imparable<br />
sera même utilisé pour plusieurs clips de campagnes de celui qui deviendra le<br />
premier président noir américain.<br />
_Nouvel album Sleep well beast<br />
En septembre dernier, The National a sorti son nouvel album, Sleep well beast,<br />
lequel recèle un titre étrange. Walk it back, - littéralement « Marche arrière » -,<br />
intègre un texte lu par une voix féminine – celle de la compagne de Matt Berninger.<br />
Cette courte insertion est tirée d’un article du New-York Times Magazine de<br />
2004. Dans un dossier consacré à l’administration Bush et à ses « faucons » impérialistes,<br />
au moment de leur toute-puissance post-11 septembre, une déclaration<br />
était attribuée à un conseiller de George Bush, Karl Rove. Comme un écho au<br />
Fake empire de l’album Boxer (2007).<br />
« People like you are still living in what we call the reality-based community. You<br />
believe that solutions emerge from your judicious study of discernible reality.<br />
That’s not the way the world really works anymore. We’re an empire now, and<br />
when we act, we create our own reality. And while you are studying that reality<br />
— judiciously, as you will — we’ll act again, creating other new realities, which<br />
you can study too, and that’s how things will sort out. We’re<br />
history’s actors, and you, all of you, will be left to just study<br />
what we do ».<br />
Et donc en français :<br />
« Les gens comme vous vivent encore dans ce que nous appelons<br />
une communauté fondée sur la réalité. Vous croyez que<br />
des solutions émergent de votre étude judicieuse de la réalité<br />
perceptible. Ce n'est plus comme ça que le monde fonctionne<br />
en réalité. Nous sommes un empire à présent, et lorsque nous<br />
agissons, nous créons notre propre réalité. Et pendant que vous étudierez cette<br />
réalité - judicieusement, comme vous le ferez - nous agirons à nouveau, créant<br />
d'autres réalités nouvelles, que vous pourrez étudier aussi, et c'est ainsi que les<br />
rôles se répartiront. Nous sommes les acteurs de l'histoire, et vous, vous tous,<br />
réduits à étudier de ce que nous faisons ».<br />
Karl Rove s’est toujours défendu d’avoir dit cela devant le journaliste du New<br />
York Times Ron Suskind, mais la citation fait peu de doute. On trouve dans cette<br />
déclaration tout le cynisme et le mépris de classe dont l’administration Trump<br />
n’est pas non plus avare. Evoquant la « réalité », elle fait écho aux arrangements<br />
du nouveau président des Etats-Unis par son invention des « alternative facts ».<br />
L’histoire pourrait s’arrêter là, mais un reporter de l’hebdomadaire Newsweek<br />
a voulu donner à écouter ce titre, Walk it back, à ce fameux Karl Rove, lequel<br />
commenta : « ça commence comme un morceau d’Euro Tech Pop puis chemine<br />
vers un air plus énergique, plus facile à danser. Mais à mon avis, ça ne fera pas le<br />
Top 40 ! » Plutôt remuant, mais toujours élégant, Walk it back est un titre à part<br />
dans cet album qui demeure dans la droite ligne de ce que The National sait faire<br />
de mieux : une musique racée, à l’écart des modes, portée par une rythmique<br />
impeccable et la voix, chaude et profonde, de son chanteur, Matt Berninger. Sleep<br />
well beast est l’un des « must have » de cet automne 2017. Pas si loin que cela de<br />
ses albums référence, Boxer et Alligator.<br />
americanmary.com<br />
M<br />
musique<br />
29<br />
TEXTE cyrille planson
© myona rimaldi guichaoua<br />
Jean-Philippe Vidal<br />
s’apprête à lancer<br />
l’Eau de Reims, troisième<br />
eau de parfum d’une<br />
gamme dédiée à sa ville<br />
d’adoption. Créateur<br />
de la marque Reims<br />
Parfums, son parcours<br />
d’entrepreneur est<br />
atypique. Ni diplômé<br />
d’une école de commerce,<br />
ARTISTE NEZ<br />
ni spécifiquement<br />
motivé par le seul<br />
business, Jean-Philippe<br />
Vidal est aussi…comédien<br />
et metteur en<br />
scène. un homme de<br />
théâtre actif qui joue<br />
partout en france<br />
avec les plus grands<br />
metteurs en scène et<br />
qui gère ses activités<br />
avec beaucoup de nez.<br />
30
B<br />
business<br />
Notes de tête et notes de<br />
Formé au cours Simon puis à l’école<br />
du Théâtre National de Chaillot,<br />
Jean-Philippe connaît une double<br />
carrière sur les planches. Acteur<br />
et metteur en scène, il s’approprie<br />
aussi bien les œuvres de Feydeau<br />
ou de Tchekhov que du dramaturge<br />
norvégien Arne Lygre. Il fait connaissance<br />
avec la Cité des Sacres en 1992<br />
lorsque, répondant à l’invitation de<br />
Christian Schiaretti, Jean-Philippe<br />
intègre la troupe d’acteurs permanents<br />
de La Comédie, centre dramatique<br />
national. « Quitter Paris pour<br />
la province quand on est acteur, c’est<br />
plutôt à contre-courant. Mais Reims<br />
s’est imposée à moi. Je me suis senti<br />
bien dans cette ville, accueilli. »<br />
Ni expert en parfum, ni chef d’entreprise<br />
dans l’âme, il lance en 2016<br />
l’Eau Gothique et l’Eau des Sacres,<br />
composées d’essences nobles.<br />
L’Eau de Reims, aux notes légèrement<br />
plus féminines, sera quant à elle<br />
disponible début 2018. Un projet<br />
comme un défi personnel : « Je suis<br />
dans une expression artistique, pas<br />
dans une démarche commerciale.<br />
Mon métier d’acteur me fait vivre.<br />
J’avais besoin de jouer ma vie ailleurs<br />
que sur scène, en permanence exposé.<br />
Je ne voulais plus dépendre uniquement<br />
du désir d’un metteur en scène ».<br />
Créer des parfums pour raconter<br />
une histoire. Celle d’une ville, de son<br />
élégance, de son patrimoine Art déco<br />
et de son vécu marqué par le sacre<br />
des rois.<br />
Monter sa troupe<br />
« J’étais seul au démarrage de mon<br />
projet puis je me suis entouré, comme<br />
un metteur en scène travaille avec<br />
un costumier ou un scénographe.<br />
Mon expérience avec la compagnie<br />
Sentinelle 02-05 que j’ai créée en 2005<br />
m’a beaucoup servi. » Dans cet univers<br />
confidentiel qu’est la parfumerie<br />
de niche, Jean-Philippe rencontre<br />
Bertrand Duchaufour, « nez » depuis<br />
20 ans, notamment pour l’Artisan<br />
Parfumeur. « Mon histoire lui a plu<br />
et il accepté de m’accompagner. Je lui<br />
ai envoyé des photos, des textes. Il est<br />
venu ici respirer les fleurs de vignes.<br />
Nous avons aussi travaillé autour<br />
de l’odeur âcre de la craie et de l’aspect<br />
poudré du biscuit rose. » Jean-Philippe<br />
vend son appartement pour financer<br />
son projet et choisit les Hommes<br />
comme on distribue les rôles. Annabelle<br />
Brun crée l’univers graphique<br />
de la marque Reims Parfums. « J’aime<br />
sa sensibilité, le regard esthétique<br />
qu’elle porte sur les choses. Idem avec<br />
le photographe Benoît Pelletier. Je ne<br />
l’ai pas choisi par hasard, nous avions<br />
travaillé ensemble sur un spectacle.<br />
D’autres intervenants sont précieux<br />
dans ce projet : Jean Perrin, ancien<br />
directeur des services culturels de la<br />
ville de Reims, qui me donne accès<br />
à son réseau, et Luc Soussigne pour<br />
l’aspect financier. »<br />
En coulisse<br />
Acquérir le vocabulaire, découvrir<br />
le packaging, dénicher les fournisseurs<br />
de flacons, renoncer au capot<br />
en zamac parce que trop lourd, résoudre<br />
un problème de concentration<br />
de parfum et en changer la formule…<br />
Rien n’est simple dans cette aventure<br />
qu’il vit en autodidacte. « Chaque<br />
référence est produite en 1 000 exemplaires.<br />
C’est un peu dangereux,<br />
je prends des risques mais c’est comme<br />
ça que je vis. » L’artiste-artisan<br />
construit pas à pas son réseau de<br />
distribution : des points de vente<br />
sélectionnés pour leur univers et leur<br />
clientèle, à Reims, Paris, Las Vegas,<br />
bientôt Naples et les villes jumelées<br />
avec Reims. « Pour entrer en Iran,<br />
pays féru de parfums français, je<br />
devrai sans doute passer par un agent<br />
commercial. Ce sera une nouvelle<br />
étape pour le développement de ma<br />
marque à l’international.<br />
Je me donne quatre à cinq ans pour<br />
atteindre l’équilibre financier. ».<br />
reimsparfums<br />
31<br />
TEXTE peggy léoty<br />
retrouvez nos points de vente à reims<br />
• MUST Institut 15 rue du Cadran Saint Pierre<br />
51100 REIMS<br />
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• Intemporel 11 rue Condorcet 51100 REIMS<br />
Et aussi à Paris au Coq Comptoir et chez<br />
Moloko ainsi que… à Las Vegas (Carredas).
S’il devait être un objet, Antony Villéger serait une coupe de<br />
champagne pour être au cœur de la fête et des discussions. Ou<br />
une pierre sur un sentier de montagne, pour regarder passer les<br />
gens et imaginer leur vie. À la question « Tu voulais faire quoi<br />
comme métier quand tu étais petit ? », il répond sans hésiter :<br />
« Tous ! ». Pas étonnant, « Anto » déborde d’idées. Dirigeant d’une<br />
entreprise spécialisée dans la communication, il a fait de l’objet<br />
son sujet.<br />
Cormontreuil / Saint-Etienne / New York<br />
Bassiste dans un groupe de punk fondé quand il avait 13 ans, Antony grandit aux<br />
côtés de Mathieu Ladevèze, qui deviendra le chanteur et compositeur Barcella, et<br />
de Pierre-Alexandre Busson connu aujourd’hui sous le pseudonyme de Yuksek.<br />
« On avait réclamé un skatepark au maire et on l’a eu ! » Quelques années après, il<br />
fait le choix d’intégrer l’école de commerce de Saint-Etienne car on y dispense des<br />
cours de théâtre d’improvisation.<br />
Antony créé sa première entreprise en 2003, à Paris. « Cette boîte était un catalyseur<br />
de talents au service du développement de sites Internet. J’allais chercher des<br />
compétences jusqu’au Brésil ou au Japon et je dirigeais les projets. » Puis, c’est à<br />
New York qu’il fait ses armes dans le marketing, en tant que free-lance pour Chanel<br />
notamment. « Là-bas, j’ai pris ma première gifle<br />
artistique au MET, devant « White Flag » du peintre<br />
Jasper Johns. » Des dizaines de musées plus tard,<br />
c’est le retour aux sources. Antony rejoint en 2007<br />
l’entreprise familiale implantée à Cormontreuil.<br />
Le commerce de Stephan, Antony, Michel et<br />
Maryse<br />
« Mes parents ont démarré leur affaire en 1989, chez<br />
nous dans la véranda. Mon père commercialisait<br />
des fins de série et ma mère des bijoux. Avec mon<br />
frère Stephan, on aidait pendant les week-ends. Je<br />
faisais des invitations pour les ventes et je les distribuais<br />
dans les boîtes aux lettres du quartier. C’était<br />
déjà du marketing ! ». L’entreprise Samm Trading<br />
était née ; Samm étant l’acronyme des prénoms de<br />
la famille. « Nous sommes progressivement passés<br />
d’une entreprise qui vendait des objets, puis distribuait des objets publicitaires, à<br />
une agence de conseil en communication par l’objet. »<br />
Sélection de fournisseurs, création du showroom,… Depuis dix ans Antony<br />
amène sa créativité, travaille sur des concepts, des cahiers de tendances, élabore<br />
des stratégies de communication pour les clients. « On ne bosse pas avec des<br />
catalogues d’objets, on construit des offres sur-mesure. » Aujourd’hui, il est directeur<br />
général adjoint, fonction qu’il partage avec son frère, de la 27 e plus grande<br />
entreprise française sur le marché des cadeaux d’affaires et promotionnels, réalisant<br />
un chiffre d’affaires qui a augmenté de 60 % depuis 2013. S’appuyant sur un<br />
portefeuille de 760 marques, Samm Trading vend plus de deux millions d’objets<br />
chaque année, avec pour terrain de jeu l’Europe. La part de clients appartenant<br />
au CAC 40 ou cotés au SBF 250 est en constante hausse (+ 265 % depuis 2014).<br />
T’as pas un gimmick mec ?<br />
« Je suis le genre de gars à qui on offre à chaque Noël un livre sur le design ou les logos<br />
! » Antony admet avoir un rapport « organique » à l’objet et au graphisme. Des<br />
goodies comme une publicité en trois dimensions, que les gens emportent chez<br />
eux, au travail, à l’école, dans leur voiture, leur permettant de toucher, interagir<br />
et vivre une expérience avec les marques, comme aucune autre technique marketing.<br />
Parmi les belles références de l’entreprise, l’accompagnement du groupe<br />
Supplay, de Fedex, de Shell ou le pochon à champagne en néoprène, breveté et<br />
fabriqué à un million d’exemplaires pour la maison Lanson. « Ce pochon a été<br />
distribué lors des Jeux Olympiques de Londres en 2012 et à Wimbledon ! »<br />
En 2015, Samm Trading a également créé la marque « Développé avec [Cœur] à<br />
Reims » car même un objet fabriqué à l’autre bout<br />
du monde est conçu ou finalisé ici par des équipes,<br />
avec une logistique, du packaging locaux et, dès<br />
que possible, le recours à des établissements d’aide<br />
par le travail. « On a infusé en dix ans 150 000 €<br />
dans des actions locales de mécénat, essentiellement<br />
dans le domaine artistique et culturel. Les artistes<br />
ont cette incroyable faculté de créer des choses inédites<br />
et singulières à chaque nouvelle œuvre. C‘est<br />
très inspirant. »<br />
Courant après l’éternel concept, Antony continue<br />
à chercher l’inspiration dans ses voyages et à travers<br />
l’art. « Le plus grand créateur ? Thomas Edison,<br />
le pionnier de l’électricité. Il a inventé la première<br />
ampoule électrique, le phonographe, et a déposé des<br />
centaines de brevets ! Pas parce qu’Edison était un<br />
génie, mais simplement parce qu’il était curieux !<br />
Sois curieux, c’est le meilleur conseil qu’on puisse<br />
donner à un enfant. »<br />
1989 L'histoire commence dans la véranda familiale<br />
1994 18m 2 de bureau / 2 salariés / 1 ère marque gérée<br />
1998 52m 2 de bureau / 2 collaborateurs / 1 apprenti<br />
2001 1 er million d’euros de C.A.<br />
2002 128m 2 de bureau / 3 salariés<br />
2008 204m 2 de bureau / 4 salariés<br />
2017 500m 2 de bureau, 300m 2 de Show-Room, 2000m 2 de stockage /<br />
11 salariés / 762 marques gérées / CA 2017 aux alentours de 4 M<br />
www.sammtrading.fr<br />
B<br />
business<br />
antony villéger<br />
ANTO-LOGIE<br />
33<br />
TEXTE Peggy Léoty<br />
PHOTOGRAPHIEs benoît pelletier
_L'île des lotophages © Hélène Builly.
Hélène Builly est aussi Lue<br />
Bleylhine, parce qu’elle a pleine<br />
conscience que l’un peut aussi être<br />
l’autre. A travers ses collages<br />
et illustrations, Hélène Builly<br />
engage le dialogue avec le monde<br />
communément représenté, et l’engage<br />
à sortir de ses gonds, pour<br />
montrer d’autres faces, alternatives,<br />
cohérentes, plausibles,<br />
fantasques. Mouvements, couleurs,<br />
sujets se font échos dans des<br />
constructions travaillées, pyramides<br />
d’interprétations ouvertes<br />
et contemplatives, ombrées<br />
de hasard et d’imprévu. En s’évadant<br />
de sa zone de confort, l’œil,<br />
amadoué, se dit que pourquoi pas,<br />
après tout, c’est possible aussi.<br />
I<br />
illustration<br />
Colle-Feuille-Ciseaux<br />
Univers élémentaires<br />
Mais qu'est-ce donc qu'un " illustarteur<br />
de confiance "?<br />
Il s’agit probablement d'un boulanger<br />
trapéziste…<br />
Vous faites la part belle au collage:<br />
que vous apporte cette technique<br />
artistique ? Évolue-t-elle vers d'autres<br />
techniques ?<br />
Le collage, c’est passionnant ! La<br />
technique n’a que peu d’intérêt : c’est<br />
avant tout une irrésistible envie de<br />
changer l'ordre des choses puis une<br />
façon de comprendre le théâtre de la<br />
vie. Il existe un jeu qui lui ressemble<br />
un peu et qui consiste à tenter<br />
d’oublier la fonction d’un objet pour<br />
lui en imaginer une autre. Une image<br />
porte déjà en elle toute une histoire,<br />
la faire vivre dans un nouveau<br />
contexte lui confère bien sûr de nouvelles<br />
choses à dire mais l’inconscient<br />
ne s’affranchit pas totalement de ce<br />
qu’elle racontait auparavant : on entre<br />
alors dans le détournement pour faire<br />
naître des solutions imaginaires.<br />
Le hasard est une source de création<br />
formidable dans le collage, il rappelle<br />
35<br />
TEXTE agathe cebe
_Cahiers © Hélène Builly.<br />
36
_Voxpopuli © Hélène Builly.
_Mars © Hélène Builly.
39<br />
_MMXIV © Hélène Builly.
combien il est important de ne pas<br />
avoir une idée fixe mais un vecteur,<br />
car si le collage est un exercice<br />
contraignant, cette contrainte s’allège<br />
au moment où l’élément découpé<br />
et posé dans un nouveau contexte<br />
reprend le contrôle de lui-même.<br />
C’est un peu comme un auteur qui<br />
déciderait du personnage principal<br />
de son livre et qui, au cours de l’écriture,<br />
s’apercevrait qu’il n’était qu’un<br />
prétexte pour faire naître le véritable<br />
héros. Il se prépare, se trame toujours<br />
un évènement qui nous échappe, c’est<br />
l’histoire du Golem.<br />
Mon approche artistique du collage<br />
peut être assimilée à cette citation de<br />
Paul Valéry : « Je n’aime rien tant que<br />
ce qui va se produire ».<br />
Lorsque l'on vous commande une<br />
illustration, comment s'organise votre<br />
création autour d'un propos imposé ?<br />
Le client peut avoir une idée extrêmement<br />
précise du message qu’il<br />
souhaite faire passer mais l’image<br />
finale, personne ne la connaît.<br />
Et si le client la connaît, c’est qu’il<br />
veut échapper au processus de<br />
création. Je travaille avec l’imprévu.<br />
Lorsque vous créez pour vos projets<br />
personnels, quelles sont vos inspirations<br />
profondes ?<br />
J’aime les mots, les visages et leur<br />
spectacle et je suis fascinée par les<br />
choses que je n’aime pas. Je m’inspire<br />
aussi de mes souvenirs, qui imprègnent<br />
ma création. Par exemple,<br />
la première fois, avec l’art, c’était en<br />
Aveyron. Pas loin, il y avait une boutique<br />
d’antiquités et un atelier obscur<br />
où je me souviens avoir fabriqué un<br />
masque à trois yeux, rouge et violet,<br />
en papier mâché. Puis, de huit à neuf<br />
ans, je suis sous l’eau car on y trouve<br />
des yeux de Sainte Lucie et sur les<br />
toits du quartier je regarde le ciel<br />
infuser la mer. J’habite en Corse, il<br />
neige pour la première fois depuis dix<br />
ans et ma voisine sculpte dans son<br />
jardin une sirène de glace. Aussi, plus<br />
tard, après un bac littéraire, je passe<br />
quatre ans dans une école de graphisme<br />
à me promener dans la rue.<br />
Par terre, dans les poubelles, il y a des<br />
livres, des photos, des cahiers, un tas<br />
de papiers à décoller et sur lesquels<br />
écrire, à déchirer, à recoller ; une<br />
petite cuiller en vermeil. Je rencontre<br />
le photomontage avec Archigram,<br />
John Heartfield, Marien, Yokoo Tadanori…<br />
Et je dois beaucoup à Madame<br />
Douarre, mon professeur d’Arts<br />
Plastiques qui un jour m’a montré<br />
le travail de Robert Rauschenberg..<br />
www.helenebuilly.com<br />
hélène builly est représentée<br />
par costume3pieces.com<br />
_MMXV © Hélène Builly.<br />
_LBO voeux © Hélène Builly.<br />
_Vroufff © Hélène Builly.<br />
40
SoHome<br />
18<br />
IMMOBILIER<br />
Parvis de la Cathédrale l www.sohome18.com l 03.52.82.97.42<br />
TRANSACTION - LOCATION - GESTION - PROGRAMMES NEUFS
Black Bones<br />
Dans une Pochette Surprise Party<br />
Black Bones, c’est une dream team soudée, composée<br />
de 5 musiciens joueurs de baseball : Paula,<br />
Frederico, Jose, Mariano, menée par LE COACH.<br />
Ils embarquent leur public dans un monde parallèle<br />
mirobolant, une sorte de pochette-surprise<br />
sans fond qui n’a de cesse de nous surprendre,<br />
tant musicalement que visuellement.<br />
Sombrero et batte de baseball, pom-pom girl<br />
et piment rouge, Range Rover et guitare folk,<br />
le tout sous lumière noire.<br />
L’album Kili kili est à l’image de leur performance<br />
scénique, gorgé d’imprévus savamment<br />
maîtrisés par Anthonin, le curieux et génial<br />
chef d’orchestre du groupe…. Pas évident de se<br />
renouveler sans arrêt, c’est pourtant un challenge<br />
réussi pour le moment, et ça ne fait que<br />
commencer.<br />
Kili Kili a été créé comme un best of, les tubes<br />
s’enchaînent, les styles aussi, c’est un joli feu<br />
d’artifice comme on les aime. C’est devant un<br />
jus de tomate accompagné d’une bouteille de<br />
tabasco (et non pas un verre de tequila) que<br />
nous avons bavardé autour de la potion magique<br />
Black Bones avec Coach Ternant.<br />
M<br />
musique<br />
42
Tu as un parcours un peu atypique, tu n'as pas suivi le chemin du musicien classique<br />
dit « classique ».<br />
Je crois d'ailleurs savoir que tu as fait l'ESAD ( l'école supérieure d'art et design<br />
de Reims). Quand je vois l’importance des visuels aussi présents que la musique<br />
dans tes multiples projets dont Black Bones, je trouve ça plutôt cohérent, non ?<br />
Oui, mais je ne crois pas que ce soit d’avoir fait l’ESAD qui m’ait donné l'envie<br />
de faire de la scénographie. J’ai toujours plus ou moins dessiné et c’est la branche<br />
que j’ai choisie pour mes études ; plutôt par défaut que par réelle envie d’en faire<br />
un métier. La musique à cette époque était déjà plus importante… Mon intérêt<br />
pour le dessin a ressurgi au début de mon projet The Wolf Under The Moon.<br />
Faire des décors, penser des chorégraphies, cela me permet de me détacher de la<br />
musique et d’avoir du recul.<br />
Le groupe Black Bones a l’air hyper soudé, ça se ressent sur scène et le plaisir est<br />
communicatif, comment as-tu monté l'« équipe » au départ ? Qui se cache sous les<br />
sombreros ?<br />
Au départ je voulais juste monter un groupe dans lequel je puisse jouer les morceaux<br />
que je voulais avec la scénographie que je voulais. C’était très en réaction à<br />
Bewitched qui avait été monté sous forme de collectif et où il fallait que les idées<br />
soient validées par tout le monde. Dans Black Bones il y a Paula aux percussions<br />
et chant (elle a le pouvoir de tenir sa batte en lévitation). Frederico au clavier,<br />
à la basse et au chant : sa technique de batte est inspirée des arts martiaux. José<br />
est aussi au clavier, à la basse et au chant : sa technique de batte est inspirée de<br />
l’escrime. Enfin, Mariano aka le Hulk Mexicain à la batterie, connu pour sa force<br />
et ses sautes d’humeur.<br />
À quel moment as-tu eu envie de faire de la musique ?<br />
C’est bizarre parce que la musique n’a pas été un truc qui allait de soi. Enfant,<br />
mon rapport à la musique était les cours au collège, avec le cauchemar du passage<br />
à la flûte à bec devant la classe, et mon père qui jouait « Jeux Interdits » à<br />
la guitare classique ! Jouer d’un instrument était pour moi rebutant. Et puis à la<br />
fin du collège mes copains avec qui je skatais se sont mis à la guitare. Alors pour<br />
rester dans la bande, je m’y suis mis aussi… On a monté un groupe alors que<br />
je n’écoutais pas de musique et que je n’étais jamais allé à un concert. Un jour,<br />
en allant voir le film Albert Souffre avec le groupe, on a découvert les Pixies.<br />
J’avais une cassette qui compilait leurs morceaux et j’avais l’impression de déjà<br />
connaître sans avoir jamais entendu. Ça a été le choc. Je n’existerais pas sans les<br />
Pixies.<br />
Puis, après une douzaine de groupes et une quinzaine d’années, j’ai joué dans The<br />
Bewitched Hands qui a été une grande aventure pour moi… et il y a trois ans,<br />
suite à la fin des Bewitched, j’ai monté Black Bones et Angel. The Wolf Under The<br />
Moon existait déjà depuis quelques années dans une forme moins développée<br />
qu’aujourd’hui.<br />
Je suis assez curieuse de connaitre tes références, ce qui t'as marqué en musique<br />
parce que dans Black Bones on retrouve plein de choses sans vraiment savoir d’où<br />
ça sort, ce qui est plutôt bon signe.<br />
Mes premiers souvenirs musicaux sont les tubes des années 80, particulièrement<br />
Gotainer mais aussi Lio, The Korgis, Tarzan Boy, The Stranglers… Suite à ma<br />
découverte des Pixies, j’ai écouté énormément de rock indé US : Sebadoh, Pavement,<br />
Dinosaur Jr, Ween… Puis avec le temps j’ai écouté de tout. Pour moi ma<br />
musique est clairement influencée par ces deux époques, les années 80 et l’indie<br />
US, j’essaie de m’en détacher mais ça me colle à la peau.<br />
Tu l’as construit comment cet album ? Il est cohérent et en même temps les morceaux<br />
sont très différents, on ne peut pas réellement lui donner une couleur tranchée.<br />
À l’origine le répertoire de Black Bones est constitué de ce qui aurait dû être le<br />
troisième album des Bewitched. Il y avait la volonté de faire des morceaux festifs<br />
et dansants. Je voulais aussi composer des morceaux qui n’aient pas pour point<br />
de départ la guitare. Par exemple, le morceau KILI KIKI a été composé suite à<br />
une impro de 10mn en yaourt espagnol. La ligne de chant est un élément important,<br />
c’est je crois ce qui fait la signature de mes morceaux. Il y a eu une première<br />
version de l’album un peu trop pied au plancher, trop festive. Pour équilibrer on<br />
a ajouté Desert Eye et Next Day qui sont plus mélancoliques.<br />
L’imagerie de Black Bones c’est tapas, sport et tête de mort. Il sort d’où ce joyeux<br />
mélange ?<br />
Jusqu’à présent, pour tous les projets, l’idée de base est partie d’une blague. « Et<br />
si je sortais d’un château au début du concert ! », « Et si je jouais de la folk avec<br />
des ailes d’ange ! ». Pour Black Bones, il y avait une photo de presse à faire pour<br />
annoncer notre premier concert. Le groupe devait être en noir et moi en blanc.<br />
Frederico s’est fait prêter le teddy noir du photographe et en voyant la photo je<br />
me suis dit que ce serait classe si tout le groupe en portait un. Après ça a été une<br />
association d’idée : Teddy > Baseball > Gang > Mexique > Sombreros. J’aime le<br />
contraste entre nos morceaux pop et la batte qui renvoie au sport et à la violence.<br />
Dans tous tes projets le visuel est quasiment aussi important que la musique, et tu<br />
fais presque tout tout seul, mais pour l'album Kili Kili tu as décidé de laisser carte<br />
blanche à DDDXIE (graphiste Lillois), ça c'est fait comment ?<br />
Il est important de dire que je ne fais pas tout tout seul. Je fais les choses quand<br />
on ne peut pas les faire à ma place et je demande de l’aide quand ça sort de<br />
mon domaine de compétence. Par exemple, pour le système lumineux des ailes<br />
dans Angel j’ai fait appel à Charles Durand et Mylène Farcy. J’ai connu Olivier<br />
Durteste aka DDDXIE lorsque j’ai sorti le vinyl de Wolf chez Alpage Records.<br />
Il travaillait pour eux comme graphiste. J’avais envie d’un autre regard que le<br />
mien sur la pochette. Ce que j’aime chez Olivier c’est que son travail est d’une<br />
certaine manière à l’opposé du mien : il travaille avec très peu de couleurs, il est<br />
très « clean », minimaliste. Il est aussi très fort sur l’organisation du texte et les<br />
typographies.<br />
Le projet Black Bones à plus ou moins court terme c'est quoi, c'est quand, c'est<br />
où ?<br />
C’est un concert le 15 décembre au Petit Bain à Paris. Les dates de l’année 2018<br />
vont arriver prochainement, le groupe signe chez le tourneur Caramba. L’occasion<br />
pour moi de remercier Rodolphe Rouchaussé, notre manager et du coup<br />
ex-tourneur de Black Bones qui a porté les projets avec son enthousiasme légendaire.<br />
Nous allons défendre KILI KILI au moins jusqu’aux festivals d’été. Parallèlement<br />
nous commençons l’enregistrement du deuxième album en février.<br />
@blackbonesreims sur facebook<br />
43<br />
TEXTE anne-sophie velly<br />
Portrait benoît pelletier
Après avoir émerveillé le public<br />
avec sa trilogie où danseurs et<br />
oiseaux partageaient la scène,<br />
Luc Petton présente un nouvel<br />
opus à l’Opéra de Reims.<br />
Cette fois-ci, le chorégraphe<br />
convie des loups, des chouettes<br />
et des vautours pour nous<br />
entraîner dans une « poétique<br />
de l’effroi ». Un voyage chorégraphique<br />
au cœur des ténèbres<br />
qui interroge les liens de l’homme<br />
avec la nature.<br />
B<br />
ballet<br />
44
BALLET / AINSI LA NUIT<br />
DANSE AVEC LES LOUPS<br />
(ENTRE AUTRES…)<br />
TEXTE anne de la giraudière<br />
Il a fallu des années à Luc Petton<br />
pour concevoir ces rencontres<br />
singulières et poétiques, entre<br />
danseurs et oiseaux. Formé auprès<br />
d'Alwin Nikolais à New York puis à<br />
l'école allemande Folkwang d'Essen,<br />
il revient au milieu des années 80<br />
en France où il fonde une compagnie<br />
avec Marilen Iglesias Breuker à<br />
Reims avant de créer la compagnie<br />
Le Guetteur en 1994 en Picardie.<br />
Mais il lui faut attendre le tournant<br />
de l'an 2000 pour s'atteler à ce qui<br />
lui tient vraiment à coeur : danser<br />
avec des oiseaux. Il renoue ainsi avec<br />
cette passion première de la nature<br />
et de l’ornithologie, acquise au fil<br />
de l'enfance, en Bretagne face à l'île<br />
d'Ouessant. « Les danseurs et les<br />
oiseaux ont beaucoup en commun :<br />
le vol, le rêve, un langage qui dépasse<br />
les frontières… » souligne le chorégraphe.<br />
Une ode à un vivre ensemble<br />
En 2005 naît La Confidence des<br />
oiseaux qui réunit sur scène quatre<br />
danseurs et une trentaine de<br />
volatiles : pies, geais, corneilles…<br />
évoluant librement sur scène.<br />
Du jamais vu ! Avant Luc Petton,<br />
dans le milieu de la danse, personne<br />
n'avait osé prendre ce risque, ni affronter<br />
le travail que cela représente :<br />
trouver des oiseleurs qui acceptent<br />
de participer à l'aventure, élever les<br />
petits, les habituer à leurs partenaires<br />
humains, selon un long protocole<br />
d’imprégnation. La magie opère et la<br />
pièce connaît un succès phénoménal.<br />
Le chorégraphe offre quelques années<br />
plus tard un superbe hommage au<br />
Lac des Cygnes, avec Swan, puis se<br />
confronte à l’exotisme des grues de<br />
Mandchourie dans Lightbird.<br />
Un triptyque qui marque les esprits<br />
et fait de la chorégraphie une ode<br />
à un vivre ensemble où humains et<br />
espèces animales se respectent et<br />
s’enrichissent mutuellement. Car il<br />
s'agit bien de cela : vivre ensemble.<br />
Une quête poétique que Luc Petton<br />
mène pour, dit il, « montrer qu’une<br />
relation est vraiment possible dès que<br />
l’on imagine que l’être humain n’est<br />
pas au centre de l’univers mais seulement<br />
un être parmi d’autres ».<br />
Vertiges de la nuit<br />
Avec Ainsi la nuit, Luc Petton relève<br />
un nouveau défi en invitant sur scène<br />
deux loups, des chouettes lapones<br />
(un des plus grands oiseaux nocturnes)<br />
et des vautours. Autant d’animaux<br />
à forte empreinte imaginaire<br />
qui nous entraînent, du crépuscule<br />
à l’aube, dans les vertiges de la nuit.<br />
« Cette création, comme une poétique<br />
de l’effroi, traite de peurs premières,<br />
allant jusqu’aux frontières de<br />
l’inconcevable quand l’être humain,<br />
destitué de son statut de prédateur,<br />
n’est plus que proie » explique le<br />
chorégraphe. Pour ce spectacle, Luc<br />
Petton a réuni trois danseurs contemporains<br />
mais aussi deux circassiens,<br />
un contorsionniste et une trapéziste,<br />
issus du Centre National des Arts du<br />
Cirque. « Cela m’intéressait d’aller<br />
vers une autre corporalité que celle<br />
du danseur, de travailler un autre<br />
rapport à l’intégrité où le corps peut<br />
se démembrer, presque se décomposer,<br />
se « décarniser » en quelque<br />
sorte. Dans l’écriture chorégraphique,<br />
je cherche à accentuer la sauvagerie<br />
du corps, intégrer l’anomalie, pour<br />
libérer la partie « ensauvagée » de<br />
l’humain. »<br />
Même si la chorégraphie est écrite,<br />
il y a toujours une grande part<br />
d'imprévu dans le spectacle.<br />
C’est ce qui rend chaque représentation<br />
unique et si vivante. « L'important,<br />
c’est ce qui se passe entre<br />
l’homme et l'animal, cet entre-deux<br />
mystérieux qui fait qu’un mouvement<br />
devient soudain de la danse dans un<br />
instant à la fois fragile et immortel »<br />
poursuit le chorégraphe. Pour arriver<br />
à tisser un tel lien, le travail est long,<br />
respectueux, attentif. Dès leur sortie<br />
de l’œuf, les chouettes et vautours ont<br />
été approchés par les interprètes qui<br />
sont venus chaque jour les nourrir,<br />
les habituer à leur présence, à leurs<br />
gestes, à toutes sortes de sons, bref<br />
les « imprégner » pendant des mois.<br />
Quant aux deux loups, Marcus et<br />
Mitchum, nés en octobre 2016, ils<br />
ont été élevés par le chorégraphe<br />
lui-même avant d’être mis en contact<br />
avec les danseurs pour apprendre à<br />
travailler ensemble. « Les animaux ne<br />
sont pas dressés, précise Luc Petton.<br />
Je veux qu’ils restent libres. Il s’agit<br />
d’une imprégnation réciproque des<br />
animaux par les humains et vice<br />
versa. L’objectif est que ni les uns ni<br />
les autres ne deviennent de simples<br />
faire valoir ». C’est cette relation<br />
unique, faite d’écoute et de complicité,<br />
qui fait la force de ses spectacles.<br />
« L’animal ne joue pas, il apparaît tel<br />
qu’il est. Il y a là une forme de vérité<br />
que je cherche à faire éclore. L’enjeu<br />
est de poser un autre regard sur la<br />
nature et de faire ressentir un autre<br />
rapport au monde ».<br />
Ainsi la nuit à l'opéra<br />
le Jeudi 21 déc. à 20H<br />
et le vendredi 22 déc. à 20h30<br />
www.operadereims.com<br />
PHOTOgraphies alain julien
Le collectif assume toute l’année des<br />
missions qui lui sont confiées par<br />
Ludovic Lagarde le directeur de la<br />
Comédie.<br />
C’est Ludovic qui m’a d’abord proposé<br />
de m’associer au théâtre et ensuite de<br />
rassembler autour de moi une équipe<br />
d’acteurs que j’ai eu la chance de pouvoir<br />
sélectionner. C’est lui qui nous a<br />
proposé de quitter nos appartements<br />
et de mettre entre parenthèses nos<br />
vies à Lyon, Paris, Marseille, Montpellier,<br />
pour venir vivre à Reims.<br />
Chacun a dû quitter les compagnies<br />
avec lesquelles il travaillait afin de me<br />
rejoindre sur les créations qui nous<br />
attendent, un pari intime risqué mais<br />
aussi un laboratoire humain et artistique<br />
exaltant.<br />
Je connais tous les acteurs du collectif<br />
17 depuis des années, Benjamin Dussud<br />
par exemple est mon plus vieil<br />
ami, cela fait quatorze ans qu’on fait<br />
du théâtre ensemble, on a commencé<br />
dans la compagnie amateur de notre<br />
village à la Verpillière et depuis on a<br />
fait des dizaines de projets qui ont fini<br />
par nous mener à Reims, vivre cette<br />
expérience permanente.<br />
On est huit artistes, comédiens, metteur<br />
en scène/auteur, plus une assistante<br />
à la mise en scène (Naïma Perlot-Lhuillier)<br />
et on vit à Reims, à la<br />
Comédie, pour faire du théâtre tous<br />
les jours. On développe une méthode<br />
de travail qui nous est propre, on a le<br />
temps d’expérimenter et c’est important<br />
aujourd’hui parce qu’en dehors<br />
de notre contexte on ne trouverait<br />
nulle part une telle liberté de création.<br />
Je me rends compte, et c’est évident<br />
quand on y pense, qu’un des territoires<br />
de la liberté c’est le temps.<br />
Pendant la première étape de travail<br />
sur Les Bacchantes d’Euripide,<br />
nous nous sommes retrouvés face à<br />
six traductions différentes pour un<br />
même texte, seulement six parce que<br />
j’avais déjà fait une sélection avant le<br />
début des répétitions. Mon but était<br />
de construire un montage original,<br />
d’aiguiser la langue du spectacle et de<br />
la faire nôtre, nous en avons discuté<br />
ensemble afin que les acteurs s’intègrent<br />
pleinement au processus de<br />
création. J’ai parfois réécrit une scène,<br />
une chanson, retouché un mot parce<br />
que l’épreuve du plateau, et donc le<br />
jeu, révélait plus sa nécessité que celle<br />
d’un autre.<br />
C’est en cela que nous pouvons revendiquer<br />
la démarche d’un « collectif »,<br />
car chacun participe, en temps réel,<br />
à l’élaboration du spectacle. Même si<br />
j’interviens en tant que metteur en<br />
scène, que je nourris mes projets parfois<br />
des années avant de rassembler<br />
l’équipe et que mon rôle est de prendre<br />
des risques en déployant des axes<br />
qui échapperaient au consensus, les<br />
spectacles que j’orchestre ne seraient<br />
pas ce qu’ils sont si je ne donnais pas<br />
l’occasion aux comédiens avec qui je<br />
travaille, mais aussi aux artistes techniciens<br />
qui gravitent autour du collectif<br />
17, de dépasser ce que l’on attend<br />
habituellement d’un simple exécutant.<br />
Dans un mois, lorsque nous attaquerons<br />
les dernières semaines de préparation<br />
avant la première des Bacchantes<br />
en janvier, nous étudierons<br />
un texte qu’aucune équipe au monde<br />
n’aura jamais vu, et c’est une richesse<br />
que de pouvoir faire entendre aux<br />
spectateurs une poésie unique. Cette<br />
richesse, c’est du temps, du temps<br />
donné à une équipe à qui il faut faire<br />
confiance… C’est un travail permanent.<br />
En dehors de nos temps de travail en<br />
huis-clos, nous tentons de nous familiariser<br />
avec notre nouvel environnement.<br />
Nous allons passer deux ans à<br />
Reims, c’est à la fois très long et très<br />
court. Il n’y a pas de quoi se projeter<br />
sur le long terme mais il faut tout de<br />
même trouver ses marques, dévelop-<br />
collectif<br />
per des habitudes et créer de l’intimité<br />
avec ce qui devient peu à peu notre<br />
« chez nous ».<br />
En observant ce que chacun fait pour<br />
s’acclimater à une ville étrangère on<br />
s’interroge aussi sur les secteurs fondamentaux<br />
de la cohésion sociale au<br />
sein d’une cité.<br />
Presque tous les acteurs du collectif<br />
font du sport, ils ont des abonnements<br />
dans différentes salles où ils<br />
rencontrent un public qui ne connait<br />
pas nécessairement le théâtre, on<br />
oublie souvent qu’il est important<br />
de décloisonner nos systèmes de fréquentations.<br />
Depuis le début de l’année on a pu<br />
visiter des lieux très variés qui nous<br />
ont davantage rapprochés de Reims<br />
en trois mois que de n’importe quelle<br />
autre ville où j’ai pu vivre sur de plus<br />
longues périodes : on a joué dans différentes<br />
écoles, devant les garçons de<br />
l’institut universitaire de technologie,<br />
qui ne comptaient qu’une seule
théâtre en bande organisée<br />
le collectif 17<br />
à reims<br />
Le jeune metteur en scène Ferdinand<br />
Barbet est à la tête du Collectif 17,<br />
un groupe de 7 comédiennes et comédiens<br />
formé à l’invitation de Ludovic<br />
Lagarde, directeur de la Comédie de<br />
Reims, pour vivre une vie de théâtre à<br />
temps plein. Une vie de troupe, 100 %<br />
théâtre, que nous raconte Ferdinand,<br />
depuis l’intérieur.<br />
T<br />
théâtre<br />
47<br />
TEXTE Ferdinand Barbet<br />
© DR<br />
fille dans leur classe, ou devant les<br />
jeunes artistes plasticiens/graphistes<br />
de L’ESAD.<br />
On boit des verres en ville avant de se<br />
rendre dans les maisons associatives<br />
comme Ex-Aequo. On passe aussi par<br />
des médiathèques où on peut croiser<br />
des étudiants qui révisent ou de<br />
jeunes pré-ados un peu perdus, que<br />
leurs parents ont laissé là, comme s’il<br />
s’agissait d’une garderie, parce qu’ils<br />
n’ont pas le temps de s’en occuper.<br />
À chaque fois on propose aux gens,<br />
avec qui on sympathise, de venir<br />
nous rendre visite à la Comédie,<br />
notre quartier général, pour voir nos<br />
spectacles ou pour discuter, c’est pas<br />
si simple mais on essaye de rassurer<br />
les gens sur la question de l’art. Je me<br />
rends compte que notre métier inspire<br />
parfois une certaine crainte ou<br />
alors du mépris selon les cas, je ne sais<br />
pas encore très bien comment casser<br />
ce phénomène, qui n’est sans doute<br />
pas autre chose que de la peur, mais<br />
je sens, qu’au moins, nous essayons,<br />
avec les moyens qui sont les nôtres, de<br />
donner une place à la poésie dans la<br />
ville, pour tous, démocratiquement.<br />
Éloïse s’est rendue à la journée du<br />
refus de la misère, elle y a rencontré<br />
des bénévoles qui recherchaient<br />
quelqu’un pour donner des cours de<br />
théâtre à des personnes qui n’y ont pas<br />
accès. Sa présence à Reims permettra<br />
peut-être d’ouvrir de nouvelles portes<br />
qui jusqu’ici demeuraient closes, car<br />
la « permanence d’un artiste » en un<br />
lieu, présente une vertu que je découvre<br />
: elle me donne l’occasion de<br />
m’engager à l’intérieur d’une ville, que<br />
je pensais ne pas être la mienne.<br />
J’aime rappeler que nous sommes<br />
huit, parce que huit c’est le numéro<br />
atomique de l’oxygène, et c’est justement<br />
ça que devrait être un artiste<br />
dans une ville : une poche d’oxygène<br />
pour les asphyxiés, un souffle pour<br />
les écorchés et une douce bise pour<br />
les âmes complexes. Mais l’oxygène ça<br />
brûle, c’est comme un avertissement :<br />
« d’accord pour propager des feux intérieurs<br />
tout autour de toi, mais attention<br />
à ce que le feu ne te saute pas à la<br />
figure pour te lécher les joues… »<br />
Nous sommes cinq à vivre en collocation<br />
depuis le début de l’année, je<br />
peux vous assurer que cela rend le<br />
facteur humain particulièrement important.<br />
Quatre garçons et une fille,<br />
Lucile. On répète toute la journée et,<br />
le soir, tandis que les corps sont épuisés,<br />
il faut encore lutter pour que le<br />
vivre ensemble se fasse sans qu’on en<br />
vienne aux armes. Mon esprit préoccupé<br />
se balade et s’évertue à de grands<br />
écarts du type : Qui a mal appris son<br />
texte ?<br />
Qui pourrait ranger son assiette<br />
quand il a fini de manger ?<br />
Qui a eu un mauvais comportement<br />
dans le travail ?<br />
Qui pourrait passer un coup de balais<br />
de temps en temps ?<br />
Je découvre que c’est aussi cela une<br />
aventure de troupe.<br />
Trois comédiennes vivent seules dans<br />
leur appartement respectif, elles ont<br />
choisi d’aborder cette aventure en prenant<br />
un peu plus de distance.<br />
Certes, ce n’est pas le même degré<br />
d’immersion, mais c’est aussi ce<br />
qui permet à l’ensemble du collectif<br />
de pouvoir respirer. D’ailleurs,<br />
ce sont elles, Camille et Éloïse, qui<br />
cumulent le plus d’activité en dehors<br />
des horaires de travail, elles ont pris<br />
en charge un grand nombre d’ateliers<br />
qui les mettent en contact avec les étudiants<br />
et les lycéens rémois.<br />
Le Collectif 17 proposera cette année<br />
le spectacle Lysistrata d’Aristophane,<br />
en tournée dans des lieux qui ne sont<br />
pas censés accueillir du théâtre, et le<br />
diptyque « Quelqu’un arrive et je ne<br />
me connais plus » composé des Bacchantes<br />
d’Euripide et de Narcisse que<br />
j’ai écrit. Louise, le huitième élément,<br />
que l’on commence à bien connaître à<br />
Reims, nous rejoint pendant ces créations<br />
à la Comédie.<br />
J’écrirai pour Myrtille Bordier et le<br />
spectacle Lève toi et Resplendis et<br />
accompagnerai les étudiants en cycle<br />
d’orientation professionnel de la<br />
classe de la Comédie à l’occasion d’un<br />
stage de formation pour les acteurs.<br />
En parallèle, nous mènerons des ateliers<br />
auprès des jeunes de la ville.<br />
Lucas et Salim-Éric me rejoindront<br />
avec Laurent Durupt pour la création<br />
de la pièce musicale Dronocracy.<br />
Le Collectif 17 est composé de Ferdinand<br />
Barbet, metteur en scène, et des<br />
comédiens et comédiennes Salim-Eric<br />
Abdeljalil, Louise Dupuis, Benjamin<br />
Dussud, Lucas Gentil, Éloïse Hallauer,<br />
Lucile Oza et Camille Souterin. Naïma<br />
Perlot-Lhuillier est assistante à la mise<br />
en scène.
FRagrances<br />
&<br />
délit de bien-être
Marie et Agathe sont deux<br />
filles à projets. Des projets en<br />
cours, des projets à venir, des<br />
projets réussis, des projets qui<br />
essayent. Elles se cherchaient<br />
chacune une partenaire particulière,<br />
pour avancer en autonomie<br />
et en confiance, chacune<br />
dans leur domaine. Elles<br />
se sont trouvées. Agathe, les<br />
cheveux, Marie, des pieds à la<br />
tête, et un seul credo, celui du<br />
bien-être, classieux et séduisant.<br />
Quand deux électrons libres se<br />
rencontrent et se trouvent des atomes<br />
crochus, c’est un big bang. C’est un<br />
peu ce qui s’est passé rue des Elus, ces<br />
derniers mois. Agathe voulait céder<br />
un peu d’espace pour recentrer son<br />
activité, Marie cherchait à s’installer<br />
dans les meilleures conditions<br />
possibles. Entre partenariat et indépendance<br />
préservée, le shop in shop<br />
Agathe – B.A.S.I.C. est né et savait<br />
déjà marcher.<br />
B.A.S.I.C. se définit à travers son<br />
nom. B.ohème… A.udacieux…<br />
S.ensoriel… I.ntemporel…<br />
C.onceptuel… Marie a tout pensé,<br />
afin que son concept store soit digne<br />
de ses attentes et du pari lancé. Parce<br />
que derrière, il y a plus que du challenge,<br />
il y a des convictions. Après<br />
plusieurs années d’expérience dans la<br />
parfumerie grande distribution, au<br />
sein du groupe LVMH, Marie a voulu<br />
centrer sa passion sur l’essentiel.<br />
La beauté, le bien-être, le parfum ne<br />
peuvent être littéralement engloutis<br />
par le business. Mais au-delà,<br />
la consommation de masse annihile<br />
la qualité des produits que l’on pose,<br />
quotidiennement, sur notre peau.<br />
Marie rêvait de mieux. Marie a<br />
incarné cette mission qui était sienne.<br />
Une utopie ?<br />
Une utopie, peut-être. Celle d’un<br />
retour aux bases, aux basics, aux<br />
sources, à Reims, horizon B.A.S.I.C.,<br />
ligne de mire réussite. Et comme<br />
nous manquons cruellement d’utopie,<br />
celle de Marie séduit et tient<br />
bien debout. La boutique rompt<br />
avec certains standards nocifs de<br />
notre consommation actuelle : chez<br />
Marie, quelques produits – beauté,<br />
bien-être, parfum, déco, issus de<br />
quelques marques triées sur le volet.<br />
Pas de rayons interminables avec un<br />
embarras de choix anxiogène. Pour<br />
autant, la boutique ne perd pas de<br />
vue ce qui, malgré tout, fait le plaisir<br />
du consommateur : du packaging<br />
soigné et attrayant, des déclinaisons<br />
de parfums. Tout dans la cohérence.<br />
Marie sait ce qui est beau, sait le<br />
mettre en valeur. Marie sait ce qui<br />
est bon, sait le rendre séduisant aux<br />
clients. C’est le naturel qui engendre<br />
du naturel.<br />
Marques & senteurs<br />
« Je ne travaille qu’avec des marques<br />
confidentielles. Des marques qui font<br />
le choix d’être choisies par des distributeurs<br />
aux univers singuliers, avec<br />
une philosophie de vente fraîche. »<br />
confie Marie. B.A.S.I.C. doit montrer<br />
patte blanche pour proposer ce<br />
qu’elle veut proposer. House doctor,<br />
Juliette has a gun, Ombres portées,<br />
Maison Margiela, Bivouak, Etat<br />
Libre d’Orange, L:a Bruket, Maison<br />
Kerzon, Minois Paris, Meraki, Bonne<br />
Nouvelle, Une Nuit Nomade, Room<br />
1015, Frédéric Malle.<br />
Ça sonne comme des titres de livres.<br />
Ça incarne autant de promesses.<br />
En effet, chaque nouveau produit<br />
de ces marques est surprenant.<br />
« Et derrière chacun d’eux, il y a un an<br />
de travail, il y a un nez qui a travaillé<br />
vraiment, il y a une imagination, une<br />
histoire. » Abandonnant le marketing<br />
pur, ces marques marginales privilégient<br />
la création créative. Et quand<br />
l’originalité rejoint l’éthique…<br />
De l’importance des choix<br />
C’est en choisissant le bon que se crée<br />
un cercle vertueux. Le partenariat<br />
d’Agathe et Marie s’enroule dans une<br />
spirale positive de bienveillance et<br />
de choix créatifs tournés vers le bien.<br />
« Nous travaillons avec des personnes<br />
qui veulent aller bien, s’en donner les<br />
moyens. Agathe reçoit des clientes<br />
qui viennent pour des prothèses<br />
capillaires. Ce sont des femmes<br />
qui ont conscience des enjeux<br />
sanitaires de leurs choix. » Les deux<br />
jeunes femmes, main dans la main,<br />
deviennent donc ambassadrices,<br />
ensemble, d’un avenir façonné de<br />
simplicité et d’essentiel. Leurs créations<br />
– d’entreprises, de shop in shop,<br />
d’utopie – en portent les valeurs.<br />
agathe coiffure<br />
agathe petit<br />
b.a.s.i.c. la crème de la crème<br />
marie hauguenois<br />
21 rue des élus<br />
B<br />
business<br />
49<br />
TEXTE agathe cebe<br />
PHOTOGRAPHIES benoît pelletier
FigureS<br />
kyan khojandi<br />
NOM<br />
Kyan Khojandi.<br />
PROFESSION<br />
Faiseur de trucs plutôt marrants.<br />
ÂGE<br />
35 ans.<br />
PLUS BEAU SOUVENIR<br />
Les moments d'ennui avec mon<br />
meilleur ami Gautier. Qu'est-ce qu'on<br />
a rigolé !<br />
un rêve<br />
Faire un film.<br />
une passion<br />
Les trucs.<br />
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Pour certains Reims, c'est la Cathédrale,<br />
le Champagne et les biscuits<br />
roses, pour moi c'est tout le reste.<br />
photographie Sylvère HIEULLE<br />
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