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creative PROCESS magazine #16

arts / design / food / business : les créatifs son dans CREATIVE PROCESS MAGAZINE

arts / design / food / business : les créatifs son dans CREATIVE PROCESS MAGAZINE

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# 16<br />

déc<br />

jan<br />

18


nouveau volvo XC60<br />

Découvrez-le dans votre concession<br />

• Disponible avec la technologie hybride rechargeable Twin Engine<br />

• 49 g de CO 2/km<br />

• Jusqu’à 45 km d’autonomie en 100 % électrique*<br />

• Bonus environnemental<br />

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Nouveau Volvo XC60 : Consommation Euromix (L/100 km) : 2.1-7.7 - CO 2 rejeté (g/km): 49-176. * Peut varier à la baisse selon la conduite et l’environnement.<br />

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ÉDITEUR / Dir. de publication<br />

Benoît Pelletier<br />

RÉALISATION / design / diffusion<br />

www.belleripe.fr<br />

Le passage d’une année à l’autre est souvent le temps privilégié<br />

de l’imaginaire. Entre rêves de merveilleux des fêtes de la fin de l’année qui<br />

s’achève et projections fantasmées de celle qui commence, nos cerveaux<br />

fatigués ont besoin d’ailleurs, et cherchent à s’échapper vers des mondes<br />

sans contraintes. On vous a donc concocté un petit numéro bien cosy<br />

à déguster au coin du feu en tenant à distance le ciel gris que vous pouvez<br />

apercevoir, loin, là bas, à travers la fenêtre. Nous vous emmenons d’abord<br />

à la rencontre d’Hélène Builly, illustratrice pour la presse, l‘édition et la<br />

culture, qui nous embarque avec ses images léchées dans son univers<br />

poético-surréaliste sans limites. Nous vous présenterons aussi Gladys Hulot,<br />

une artiste multifacettes qui développe un univers très personnel - assez<br />

barré - qu’elle quitte parfois pour rencontrer les humains. Après un coup<br />

d’œil sur le travail d’Hélène Lacombe, une architecte illustratrice qui réussit<br />

la gageure de poétiser le dessin d’architecture avec un travail très frontal<br />

au trait chirurgical, nous vous diront tout des ballets de Luc Petton qui<br />

met en scène ces spectacles dingues faisant intervenir de – vrais – animaux<br />

sauvages pour servir son propos. Il sera aussi question d’architecture avec<br />

un focus sur le travail de Jean-Philippe Thomas, architecte du sensible, et<br />

de musique à l’occasion d’un entretien avec Anthonin Ternant, le démiurge<br />

de Black Bones, Angel, et The wolf under the Moon. Dans Creative Process,<br />

on aime aussi vous raconter des histoires d’entrepreneurs, aventuriers des<br />

temps modernes, qui placent la créativité au cœur de leur dynamique à<br />

l’image d’Antony Villéger, un des dirigeants de Samm trading, de Jean-Philippe<br />

Vidal, le créateur de Reims Parfum, ou des deux compères Agathe<br />

Petit et Marie Hauguenois avec leur concept store d’un genre nouveau.<br />

Ces plats de résistance seront bien sûr agrémentés de nos rubriques<br />

habituelles. L’ensemble sera tout à la fois enrichissant, informatif et beau<br />

comme l’année qui s’annonce. Belles fêtes de fin d’année et bonne année<br />

avec Creative Process Magazine.<br />

Benoît Pelletier<br />

direction artistique<br />

Benoît Pelletier<br />

assisté de amélie luca<br />

Si vous souhaitez devenir<br />

diffuseur, vous abonner pour<br />

recevoir le <strong>magazine</strong> chez<br />

vous, ou en commander un<br />

exemplaire, contacter nous ici :<br />

hello@process-mag.com<br />

POUR DEVENIR ANNONCEUR,<br />

DIFFUSEUR OU PARTENAIRE :<br />

bp@process-mag.com<br />

06 80 65 89 72<br />

Le <strong>magazine</strong> <strong>PROCESS</strong> est édité<br />

par Belleripe SARL - 5 avenue vallioud<br />

69110 Sainte-foy-lès-lyon.<br />

Tous droits réservés.<br />

Toute reproduction, même partielle<br />

est interdite, sans autorisation.<br />

Le <strong>magazine</strong> <strong>PROCESS</strong> décline toute responsabilité<br />

pour les documents remis.<br />

Les textes, illustrations et photographies<br />

publiés engagent la seule<br />

responsabilité de leurs auteurs et leur<br />

présence dans le <strong>magazine</strong> implique<br />

leur libre publication.<br />

Le <strong>magazine</strong> <strong>PROCESS</strong> est disponible<br />

gratuitement dans 170 points de dépôt<br />

à Reims. retrouvez toute la liste sur<br />

www.process-mag.com<br />

Magazine à parution bimestrielle.<br />

Caroline © hélène builly<br />

www.process-mag.com


08 / HOP<br />

10 / goût<br />

12 / alain cavalier : rendez-vous manqué<br />

14 / gladys hulot : extra-terrienne extra-ordinaire<br />

18 / jean-philippe thomas, architecte du sensible<br />

24 / hélène lacombe<br />

28 / « walk it back» de the national<br />

30 / jean-philippe vidal : artiste nez<br />

32 / antony villéger : Anto-logie<br />

34 / hélène builly : colle-feuille-ciseaux<br />

42 / black bones<br />

44 / ainsi la nuit<br />

46 / collectif 17<br />

48 / fragrances & délit de bien-être<br />

50 / figures kyan khojandi<br />

P<br />

@process<strong>magazine</strong><br />

process_<strong>magazine</strong><br />

@<strong>magazine</strong>Process<br />

BENOÎT PELLETIER<br />

éditeur<br />

directeur créatif<br />

& photographe<br />

Anne-sophie velly<br />

DA de Maison Vide art<br />

contemporain, musiques<br />

& confettis<br />

JULES FÉVRIER<br />

journaliste<br />

& photographe<br />

SYLVÈRE HIEULLE<br />

OVNI (& accessoirement<br />

photographe)<br />

agathe cebe<br />

rédactrice<br />

& journaliste freelance<br />

Peggy Leoty<br />

communication / événementiel /<br />

relations presse<br />

© Stéphane de Bourgie<br />

ontriuteurs<br />

arnaud lallement<br />

chef ***<br />

CYRILLE PLANSON<br />

redac-chef La Scène,<br />

Le Piccolo, Théâtre(s) mag<br />

Jérôme Descamps<br />

réalisateur<br />

& montreur de films<br />

Anne De La Giraudière<br />

Journaliste<br />

Retrouvez nous sur<br />

www.process-mag.com


LAYLIST<br />

la playlist ECRILLUSTRÉE D’ANNE-SOPHIE VELLY www.mixcloud.com/salsifi-velly/<br />

Trouble<br />

1<br />

Inaniel<br />

Swims<br />

Plage de<br />

la 2concurrence<br />

Ojard<br />

Inaniel Swims nous glisse au<br />

creux de l’oreille une pop<br />

élégante, chantée en anglais<br />

avec cet accent français si<br />

marqué…<br />

Tout doux, c’est avec une<br />

certaine nonchalance solaire<br />

qu’Inaniel nous conte ses<br />

confusions sentimentales.<br />

Sans prétention, ni chichi,<br />

on l’accompagne volontiers<br />

dans ces questionnements,<br />

sans forcément lui trouver<br />

de réponse.<br />

Maxime Daoud sort son très<br />

joli 1 er album « Euphonie » :<br />

“ Emprunté, par l'intermédiaire<br />

du bas latin euphonia, « douceur<br />

de prononciation », du<br />

grec euphônia, « bien »,<br />

et phônê, « voix, son ».<br />

Harmonie de sons agréablement<br />

combinés, par opposition<br />

à Cacophonie. Qualité<br />

des combinaisons de sons<br />

considérées comme agréables<br />

à entendre ou faciles à prononcer.<br />

” Un album poétique<br />

et cinématographique d’une<br />

douceur méditative…<br />

La groupie<br />

du 3pianiste<br />

Michel<br />

Berger<br />

Y-a une mixtape<br />

qui 4m’attend<br />

Athanase<br />

Granson<br />

Il est de ces morceaux qui sont<br />

désormais dans l’inconscient<br />

collectif de la variété française.<br />

Ces morceaux que l’on passe<br />

en fin de soirée au bout de<br />

quelques verres. Le but étant<br />

de mettre l’auditoire en transe,<br />

de danser quoi…<br />

La groupie du pianiste a dû<br />

vieillir, ses draps ne sont plus<br />

roses. Elle a sans aucun doute<br />

troqué le pianiste contre un<br />

pastis depuis l’temps.<br />

Mais elle dansera toujours<br />

debout avec nous.<br />

Athanase Granson, sur Le<br />

label de Caen « We want<br />

to wecord » (à prononcer<br />

à haute voix), a fait une<br />

superbe mixtape sur K7, que<br />

l’on déguste comme un café<br />

gourmand, dont chaque<br />

petite merveille sucrée se<br />

découvre avec joie. Nos<br />

papilles auditives frétillent,<br />

miam ! Pop, électro, psyché,<br />

c’est party… We Want to<br />

Wigoler.<br />

Les os<br />

des innocents<br />

5 6<br />

Baptiste<br />

Brunello<br />

Hutre<br />

Forever<br />

Pavot<br />

Baptiste Brunello a « le coeur<br />

gros comme un Hummer » et<br />

« touille encore la glycéro avec<br />

le manche de son marteau »<br />

Plasticien, performer, musicien,<br />

mélangez le tout et vous<br />

obtenez… un Objet volant,<br />

ou chantant, non identifié.<br />

Une folie maitrisée, un décalage<br />

contrôlé. L’auditeur fera<br />

le choix ou non d’ y adhérer.<br />

Nos oreilles rentrent dans un<br />

05<br />

univers parallèle, on ne comprend<br />

pas tout mais on s’en<br />

fout parce qu’« on ne va pas<br />

éternellement se jeter<br />

des côtelettes à la gueule… »<br />

Le colonel moutarde avec le<br />

poignard dans la cuisine. Emile<br />

Sornin avec le clavecin dans la<br />

salle de jeux.<br />

Le tant attendu 2 d album de<br />

Forever Pavot est arrivé. Nous<br />

sommes en 1973, en plein<br />

milieu d’une scène de crime,<br />

entre une flute traversière, un<br />

clavecin et une batterie jazzy :<br />

faites entrer l’accusé…<br />

Le morceau « Hutre », bande<br />

son imaginaire d’un polar<br />

sombre des années 70, est un<br />

petit bijou. Vous n’avez pas le<br />

droit de garder le silence…


faut pas rater ça<br />

20h30<br />

16/12<br />

FreeBeat Battle<br />

bar le floyd / reims<br />

Amateurs de tous horizons et de tous styles<br />

musicaux vont s’affronter. Les applaudissements<br />

du public seront seuls juges. Le mot<br />

d’ordre : “ Noël Badass ”, apprêtez-vous en<br />

conséquence !<br />

velours-prod.com<br />

20h30<br />

16/12<br />

Rufus<br />

Wainwright<br />

comédie de reims<br />

Le New York Times encense Rufus<br />

Wainwright comme l'un des plus grands<br />

auteurs-compositeurs-interprètes vocalistes<br />

de sa génération. Coup de bol, il joue chez<br />

nous.<br />

cartonnerie.fr<br />

lacomediedereims.fr<br />

ews<br />

loud<br />

20h30<br />

12+13/01<br />

Les parapluies<br />

de Cherbourg<br />

opéra de reims<br />

Après Le Violon sur le toit en 2016, la<br />

compagnie Ars Lyrica retrouve le chemin de<br />

Reims avec Les Parapluies de Cherbourg,<br />

une comédie musicale revisitée par le metteur<br />

en scène Emmanuel Dell’Erba, d’après<br />

le célèbre film de Jacques Demy sur une<br />

musique de Michel Legrand, Palme d’Or à<br />

Cannes en 1964.<br />

operadereims.com<br />

© mohamed yamani<br />

© DR © DR<br />

jusqu'au<br />

23/04<br />

Roman-photo<br />

MUCEM / Marseille<br />

Le roman-photo a mauvaise presse.<br />

Le terme sous-entend tout à la fois la niaiserie<br />

sentimentale, la frivolité, ou encore<br />

l’ingénuité. À ce jour, il n’a que rarement<br />

retenu l’attention des historiens de l’image,<br />

et encore moins celle des musées et des<br />

centres d’art. Grave erreur ! Car le romanphoto<br />

a pourtant bien des choses à nous<br />

dire… et pas seulement des mots d’amour.<br />

mucem.org<br />

© dr. fondazione arnoldo e alberto mondadori<br />

© dr © jean gilbert<br />

jusqu'au<br />

08/01<br />

Jean Glibert<br />

peintre en bâtiment<br />

bozar / bruxelles<br />

Auteur depuis plus de 40 ans d’une œuvre presque exclusivement<br />

liée à l’architecture, située essentiellement en Wallonie<br />

et à Bruxelles, Jean Glibert mêle sa logique de création à celle<br />

des architectes avec lesquels il collabore autour d’interventions<br />

uniques en leur genre.<br />

bozar.be / jeanglibert.com<br />

20h30<br />

16/12<br />

Milamarina &<br />

Paulette Wright<br />

Carré blanc / tinqueux<br />

Affinités musicales, manifestes pour ces<br />

deux là qui se sont bien trouvées, au Carré<br />

blanc à Tinqueux.<br />

le-carreblanc.fr<br />

m<br />

l<br />

© DR<br />

de 13h30 à 17h<br />

27/01<br />

Stage sabre<br />

laser<br />

ESCAL / Witry les Reims<br />

Proposé par l’Académie de Sabre Laser de<br />

Reims. Inspiré des batailles de la saga Star<br />

Wars, cette initiation sportive est tournée<br />

vers les arts martiaux et le côté ludique.<br />

escal-witry.fr


arché de<br />

a photo<br />

des nouvelles du duo des halles<br />

Le photographe Romuald Ducros mène<br />

depuis plusieurs semaines un projet au<br />

long cours qui se déroulera sur une année<br />

entière : il installe sur les marchés rémois un<br />

studio conçu spécialement et immortalise les<br />

chalands en compagnie de leurs achats, toujours<br />

avec la même lumière, toujours dans<br />

la même position. Nous suivons l’élaboration<br />

progressive du projet au fil du temps et vous<br />

livrons dans chaque numéro quelques unes<br />

des dernières images de la série en cours.<br />

Une première restitution des images est<br />

exposée aux Halles du Boulingrin depuis<br />

le 22 septembre.<br />

Dans le cadre de la programmation<br />

" Arts visuels " de la ville de Reims<br />

avec le soutien de Veuve Clicquot,<br />

maison fondée en 1772.<br />

www.laproductionremoise.fr


PAR AGATHE CEBE<br />

Au renouveau<br />

du bon goût<br />

Après le boulot, et<br />

avant Noël, c’est littéralement<br />

ce que signifie<br />

l’After Work Before<br />

Christmas organisé à<br />

l’Hotel Mercure Parc<br />

des Expositions, le<br />

mardi 19 décembre.<br />

Ce n’est pas la première<br />

fois que l’Ardoise sur le Pouce lance l’invitation.<br />

Mais, avec l’hiver, avec le burn out de fin d’année,<br />

avec l’arrivée des fêtes, il est certainement temps<br />

de lâcher prise. Le prochain After Work du Mercure<br />

Parc des Expos met les Pulls Moches à l’honneur.<br />

En ligne de mire, les laines interdites par la<br />

loi, les plus atroces accords de couleurs,<br />

les motifs ratés et impossibles à identifier, les<br />

tailles informes, étirées par la négligence du<br />

temps qui passe, ou la négligence tout court…<br />

Un pull moche n’a pas demandé à l’être. Il l’est.<br />

Et ce 19 décembre, de 18h30 à minuit, il est temps<br />

de lui rendre un petit hommage affectif et de lui<br />

laisser la chance, au moins un soir, de briller parmi<br />

les siens. Parce que la soirée s’annonce belle :<br />

Champagne et grignotages divers associés, DJ<br />

Set et même un petit corner-shop de cadeaux<br />

de Noël. L’After Work du Mercure Parc des Expos<br />

est tendance, et votre pull moche aussi.<br />

Dans le fond, vous le savez.<br />

after work<br />

le 19 décembre de 18h30 à minuit<br />

Hôtel Mercure Parc des expositions<br />

2 rue Gabriel Voisin – 03 26 05 00 08<br />

OP<br />

Meddy et Thomas, aka Mastho, c’est<br />

© dr<br />

questions en passant<br />

au studio tandem<br />

le duo des Studios de la Carto. Bons<br />

compères, ils sont ceux qui rentrent<br />

par l’arrière, la petite porte grillagée,<br />

dérobée, celle des groupes en<br />

devenir, des jeunes pousses. Ils sont<br />

tous les deux batteurs, avec un bon<br />

bagage de scène, et ils ont en eux<br />

la générosité bienveillante de la<br />

transmission. Ils accompagnent les<br />

groupes, pour « une première expérience<br />

de stud’ sans enjeu, relax et<br />

sympa ». Un peu comme eux, en fait.<br />

À deux dans un studio, on ne se marche pas dessus ?<br />

Meddy : Pas vraiment, puisqu’on travaille en alternance !<br />

Thomas : Quand l’un bosse, l’autre ne bosse mais vient quand même travailler<br />

son instrument… On est bien là, en fait.<br />

Meddy : Mais pour le job, une personne suffit. On est comme un couple qui<br />

se croise !<br />

Le rythme à la Carto, c’est « Vélo-Studio-Dodo »?<br />

Ensemble : On n’a pas de vélo !<br />

Meddy : On n’a pas encore vraiment de recul sur le rythme du studio, on est<br />

là depuis peu de temps en fait. Mais on arrive à avoir du temps pour nos<br />

projets perso. La musique est dans notre emploi du temps.<br />

Thomas : Oui, j’ai du temps aussi pour mes projets, mes projets sur ordi, mes<br />

projets dans ma tête…<br />

Meddy : Ah oui moi aussi j’ai des projets dans ma tête. Un roman, par<br />

exemple. Je suis écrivain dans ma tête.<br />

Le Studio, c’est plus un labo d’expériences ou une usine à talents ?<br />

Meddy : Un labo d’expériences !<br />

Thomas : Oui, ce n’est pas une usine. Des talents, il y en a, mais sans uniformité.<br />

Il y a beaucoup de mixité ici, on fait des rencontres très diverses.<br />

Meddy : On est là, on se retrouve, on partage un café, une bière. On discute<br />

ensemble. C’est comme un routier. C’est hyper convivial.<br />

Thomas : Comme une MJC, mais sans le J. Tout le monde est concerné par<br />

notre dynamisme culturel.<br />

Meddy & Thomas, c’est Tom & Jerry ou Arnold & Willy ?<br />

Ensemble : On est les M&M’s ! On nous a rebaptisés comme ça, ici !<br />

Meddy : Moi je suis le rouge, et Thomas le jaune.<br />

Thomas : Ça nous va bien : on est des gueules sucrées.<br />

Meddy : Et on a un cœur fondant.<br />

Meddy, Thomas ça rime avec ?<br />

« Estomac ». Et en plus c’est une rime riche.<br />

Thomas, Meddy ça rime avec ?<br />

Je suis nul pour trouver les rimes. Je dirais bien « gentil » mais ça fait cucul !<br />

Instant groupie : qui adoreriez-vous voir passer ici, par les Studios, pour<br />

des expériences musicales ?<br />

Thomas : My Bloody Valentine, pour écouter Kevin Shields<br />

08<br />

faire de la guitare<br />

pendant des heures.<br />

Meddy : Billy Anderson ou Kurt Ballou.<br />

© dr


JINGLE<br />

JUNGLE<br />

La Jungle, en hiver, ne fane pas. Au contraire.<br />

L’extension de La Mine et de Fikus se pare de<br />

ses plus beaux atours pour Noël, avec une expovente<br />

collective organisée par tous les artistes<br />

investis dans le projet. Un petit marché de Noël,<br />

excentré, intime et authentique, du 16 au 24<br />

décembre. Mais… La Jungle, après les fêtes, ne<br />

s’endort pas. Au contraire. Après une première<br />

exposition inaugurale et saisissante, un autre<br />

artiste membre de La Mine va élever ses œuvres aux murs de cette<br />

nouvelle galerie. Du 5 janvier au 17 février 2018, Eric Dabancourt<br />

expose « Liens de vies », des toiles, du trait, à l’encre de chine et<br />

à la plume. Parce que la vie tient à plusieurs fils, Eric Dabancourt,<br />

dans une quête existentielle, trouve une respiration à travers les<br />

traits entrelacés, comme des lignes de vie embrassées. En faisant<br />

aussi écho à notre animalité instinctive et primitive, les œuvres<br />

d’Eric Dabancourt emportent par leur pureté, et étourdissent par<br />

leurs sens. « Chaque dessin commence par un premier point » et ce<br />

premier point évolue, dans un voyage qu’on rêverait sans fin, au gré<br />

du silence magistral du trait qui se suffit et qui tisse, lace, enlace,<br />

connecte, à soi, aux autres.<br />

Facebook @lajunglereims<br />

www.edabancourt51.com<br />

Intimité<br />

analogique<br />

À partir du 25 janvier 2018, la Cartonnerie<br />

expose les clichés de Sébastien<br />

Gomes, aka Moris, fidèle ombre<br />

rôdant entre les crash barrières de l’avant-scène. Au gré des<br />

concerts, Moris joue le goût du risque, avec son Canon AE1, et<br />

pour seules empreintes celles laissées sur les pellicules. Une<br />

part belle laissée au hasard, quand on sait comme les conditions<br />

photographiques sont difficiles et aléatoires pendant les<br />

concerts. Pourtant, en bon patient passionné, Moris ne se laisse<br />

dominer ni par le mouvement ni par la lumière, et en fait plutôt<br />

ses alliés : qu’elle soit « sur », ou « double », l’exposition rend<br />

toujours compte, au final, d’un instant primordial et sensible,<br />

d’une intimité insoupçonnée avec l’artiste. L’analogique rend,<br />

au travail photographique de concert, une magie old-school<br />

un peu désuète et qui, pourtant, fait la noblesse des images<br />

qui nous parviennent aujourd’hui, traversant les âges avec leurs<br />

petits défauts singuliers, leurs beautés particulières, et leur<br />

étrange pouvoir de séduction.<br />

C’est donc sur les murs gris béton de la Carto, dans le recoin<br />

intime du vestiaire et de détente que les photos de Moris trouveront<br />

leur écrin quelques semaines. Un retour aux sources,<br />

une mise en abyme, des souvenirs développés en noir et blanc<br />

de tous les moments forts qui se sont joués ces derniers mois<br />

sur cette belle scène rémoise.<br />

@moris_analog<br />

@morisanalogphotography<br />

Vernissage le 25 janvier 2018 - www.cartonnerie.fr<br />

© dr © dr<br />

L’empire<br />

des sons<br />

Le son, grand voyageur, est leur terrain de jeu favori.<br />

En dépassant les frontières, géographiques, culturelles<br />

et sociales, les compositeurs et improvisateurs Jean-<br />

Baptiste Masson, Nicolas Canot, Philippe Le Goff et<br />

François Leclère créent autour du field-recording, et<br />

emportent leur public et leurs bagages. Le prochain rendez-vous<br />

est donné le 26 janvier 2018, pour une soirée<br />

co-organisée par INNER CORNER, Césaré et Saint-Ex,<br />

culture numérique. SONOTIUM #10 nous rappelle aux<br />

bons vents de l’année dernière quand, abritée entre les<br />

murs expérimentaux de Quartier Libre, toute forme de<br />

création se libérait de sa coquille. À cette époque,<br />

le partage était différent, avec les jam sessions qui invitaient<br />

des musiciens à contribuer à cette œuvre musicale<br />

participative. Pour sa dixième édition, SONOTIUM<br />

offre une soirée à la merci totale des quatre compositeurs<br />

précédemment présentés. Pour faire durer<br />

le plaisir, et reprendre ses esprits, un DJ Set terminera<br />

la soirée.<br />

D’expérience musicale, SONOTIUM #10 devient une<br />

expédition. Une invitation au voyage qui embarque les<br />

spectateurs dans un voyage, les pieds dans le vide, à<br />

travers le globe. Tempêtes de glace, humidité des forêts<br />

tropicales, villes hurlantes, déserts stridents : il s’agit<br />

d’une succession de tableaux sonores, électroniques,<br />

qui deviennent, par le pouvoir de l’envoûtante imagination,<br />

quasi réels. En intimité recherchée et travaillée,<br />

SONOTIUM #10, comme ses précédentes sessions,<br />

baignera le public dans une obscurité mystique, un repli<br />

onirique. C’est là l’audace de SONOTIUM : placer les<br />

spectateurs dans la pudeur d’une expérience atypique,<br />

à la fois dans l’introspection et le partage. Avec cette<br />

thématique sonore du field-recording, l’expérience n’en<br />

sera que plus poignante. Le voyage suppose rêves,<br />

désirs, souvenirs. Chacun pour soi, soi pour le monde,<br />

car le son est universel, et que bien des créations –<br />

physiologiques et mentales – naissent, subrepticement,<br />

à travers lui.<br />

SONOTIUM #10 – Vendredi 26 janvier 2018<br />

à 19h, à Saint-Ex – culture numérique.<br />

Entrée libre. 03 26 77 41 41<br />

et Facebook : @innercorner<br />

© antonin leclere


G<br />

goût<br />

G<br />

TRUFFE NOIRE<br />

DU PERIGORD,<br />

GNOCCHI DE POMME<br />

DE TERRE<br />

par Arnaud Lallement<br />

Gnocchi de pomme de terre<br />

250 g de pomme de terre | 15 g de farine | 20 g de fécule de<br />

pomme de terre | 1 jaune d’œuf | 4 g de sel | 200 g de crème<br />

liquide<br />

Ne pas laver ni peler les pommes de terre. Inciser la peau sur<br />

tout le tour. Cuire au four à 200°C pendant 45 mn. Récupérer<br />

la chair à l’aide d’une cuillère. Passer au tamis. Ajouter le jaune<br />

d’œuf, la farine et la fécule de pomme de terre. Faire des rouleaux<br />

puis des petites boules à rouler à l’aide d’une fourchette.<br />

Faire blanchir jusqu’à ce que les gnocchi remontent à la surface.<br />

Faire chauffer et réduire la crème de moitié. Réchauffer<br />

les gnocchi dans cette crème juste avant de servir. En réserver<br />

pour le dressage.<br />

Sauce truffe<br />

200 g de jus de truffe | 200 g de crème épaisse | sel | poivre<br />

Faire chauffer et réduire le jus de truffe de moitié. Ajouter la<br />

crème épaisse, le sel et le poivre. Continuer de chauffer jusqu’à<br />

ébullition. Réserver.<br />

Truffe<br />

75 g de truffes<br />

Couper la truffe en tranches puis détailler vingt ronds de 4 cm.<br />

Dressage<br />

Disposer cinq gnocchi par assiette surmontés chacun d’une<br />

rond de truffe. Servir la sauce truffe à table.<br />

10<br />

TRUFFE NOIRE DU PERIGORD, GNOCCHI DE POMME DE TERRE © matthieu cellard


Le<br />

Foie gras<br />

de Longpont<br />

OÛT<br />

Balade niçoise<br />

Les fêtes approchent<br />

avec, sur les tables,<br />

les incontournables<br />

de la fin d’année.<br />

Au premier rang de<br />

ceux-ci, le foie gras.<br />

Pas si loin de Reims que cela, à<br />

Longpont dans l’Aisne, aux limites<br />

du Tardenois et du Valois, Sébastien<br />

Carré conçoit de très bons<br />

foies gras. C’est désormais dans<br />

la Boucherie qu’il a reprisE à<br />

Fère-en-Tardenois il y a quelques<br />

années, et non plus dans sa<br />

ferme de la Grange, à Longpont,<br />

qu’il vend ses foies gras et<br />

autres pâtés conçus à partir des<br />

volailleS qu’il élève toujours.<br />

Fin, salé et poivré à la perfection,<br />

son foie gras de canard micuit<br />

a souvent devancé dans des<br />

concours agricoles – dont celui<br />

du Salon de l’agriculture, à Paris<br />

- les meilleurs représentants<br />

du Sud-Ouest. À goûter aussi les<br />

pâtés de campagne fermiers, les<br />

cous farcis, rillettes et autres<br />

délices…<br />

Cyrille Planson<br />

Vegan<br />

Comment dire le ravissement de la lumière de cette journée d’octobre à<br />

Nice ? Pour l’ardennais que je suis, la mer Méditerranée est comme un cadeau<br />

inestimable, un émerveillement de gamin renouvelé chaque fois. Pas<br />

la peine de résister, je plonge. L’eau est singulièrement trouble. Pénétrée<br />

par le bleu du ciel, elle acquiert une densité presque liquoreuse. Sous l’eau,<br />

au fur et à mesure des brasses, une évidence, l’impression de m’enfoncer<br />

dans la matrice de la couleur bleu turquoise, nager dans les entrailles d’une<br />

couleur. Une sensation unique qu’il faut pourtant quitter.<br />

Après le bain, la faim. La promenade dans les petites rues de cette Italie<br />

française apporte de quoi s’enthousiasmer. La socca et le pan bagnat sont<br />

des plats de rues. Ils se mangent avec les doigts. Pour le pan bagnat, quoi<br />

que vous fassiez, l’huile d’olive coulera sur vos phalanges et s’étalera dans<br />

vos paumes, les miettes de thon déborderont, les œufs s’émietteront et<br />

tomberont au sol, l’oignon sera récalcitrant, vos lèvres seront luisantes,<br />

votre menton sans doute aussi. Dans les ruelles escarpées, ombragées, on<br />

marche en levant les yeux pour adorer le ciel, les ombres douces, les couleurs<br />

terre de Sienne, les ors, les vieux roses. On s’arrête pour regarder les<br />

balcons fleuris, le linge qui pend, les persiennes entrouvertes, on pense au<br />

magnifique film de Jean Vigo À propos de Nice. On croque, on se lèche et<br />

on repart. Tête baissée, c’est autre chose. Les boutiques frelatées,<br />

standardisées sont un immense dépit,<br />

une contamination touristique sous le<br />

sceau de « la belle France d’autrefois »,<br />

un masque pour le tourisme mondialisé.<br />

La socca nous rabiboche avec la ville.<br />

Cette grande galette de pois chiche<br />

roussie par les flammes et mangée à<br />

même le papier est un délice indétrônable<br />

avec la contemplation de la baie<br />

des anges vue du parc du château. En<br />

redescendant, traverser la place Garibaldi pour trouver la place Pi.<br />

À l’ombre d’un magnifique pin, vous dégoterez le restaurant-concept Isak<br />

qui propose, au milieu de produits et d’objets tendances à acheter,<br />

une cuisine raffinée concoctée par le chef suédois Isak Oldenburg, miracle<br />

d’une mondialisation vertueuse. Le 20 novembre 2017, il y avait un velouté<br />

de chou-fleur, pickles de chanterelles, un maquereau de méditerranée, quinoa,<br />

courgette et navet et un brownie aux amandes, topinambour et poire,<br />

le tout pour 22 euros. Tout était d’une exquise fraîcheur, le goût simple des<br />

aliments et des associations qui étonnent le palais. Le bar juste devant la<br />

cuisine est une place de choix pour voir l’équipe s’affairer. Attention, ne<br />

beurrez pas les crackers fait maison qu’on vous apporte en début de repas,<br />

sinon vous êtes cuits, vous en reprendrez ! Jérôme Descamps<br />

Isak restaurant – 2, rue Barillerie<br />

La socca : Chez René – 1 rue Pairolière + Chez Pipo – 13 rue Bavastro<br />

Pan Bagnat : Nissa porchetta – 26 rue Pairolière + Tintin – 2 bd du général de Gaulle<br />

Pâtes fraîches (à rapporter absolument : les raviolis à la daube et aux blettes + testez<br />

aussi les panisses à faire griller dans la poêle, un pur délice fondant) : Denis Roda – 7<br />

rue Collet + Clé aux Pâtes – 8 bis rue Boucherie<br />

À Talus-Saint-Prix, Alain Legret est l’un des premiers à<br />

s’être positionner sur la tendance du moment : le vegan.<br />

Afin d’approvisionner en bulles les inconditionnels de cette<br />

alimentation absolument dépourvue de toute trace animale,<br />

il produit des champagnes originaux, en excluant la colle à<br />

base de produits d’origine animale. Il est même l’un des tout<br />

premiers à avoir été labellisés pour cela. Le collage a pour<br />

objectif de clarifier le vin avant sa commercialisation.<br />

Il utilise pour cela des colles à base de protéines issues<br />

de poissons, de lait ou de crustacés.<br />

11<br />

Pour l’anecdote, l’humoriste Raphaël<br />

Mezrahi est lui aussi devenu producteur<br />

de champagne vegan, dans l’Aube. C. P.<br />

Le lentillon<br />

de Champagne<br />

Le sol calcaire de la Champagne lui conférerait une saveur douce<br />

et sucrée à nulle autre pareille. Le lentillon de Champagne reste<br />

méconnu, bien qu’il soit cultivé dans la région depuis la<br />

plus haute Antiquité. Tous les nutritionnistes vous le diront,<br />

notre alimentation n’est plus assez riche en légumes secs -<br />

fèves, lentilles et autres haricots - qui ont fait le quotidien<br />

des générations passées. Riche en fibre, en protéines, mais<br />

aussi en calcium et en fer, il est notamment distribué par<br />

la marque Louise Bon à la Grande Épicerie de Paris. C.P.


endez-vous manqué<br />

ma Non rencontre<br />

avec alain cavalier<br />

Cher Alain Cavalier,<br />

Vous m’avez dit non et ça m’a fait rire. Je vous ai proposé une rencontre<br />

pour le <strong>magazine</strong> Process, une invitation à raconter votre méthode,<br />

votre cuisine, votre atelier. Parler de la préparation, de l’immersion,<br />

des références, des carnets, des images. Essayer de mettre<br />

des mots sur ce processus mystérieux de la création.<br />

« Allô, un cœur qui bat sous une soutane*, c’est bien, je l’entends, je<br />

l’entends. Eh bien, non… eh bien non. Les grandes et les petites questions<br />

sur le cinématographe provoquent chez moi un ennui colossal.<br />

Quelquefois je suis obligé, parce que j’ai fait un film donc, je fais un petit<br />

effort mais avec vous… Amicalement, on est lié, je n’ai pas d’effort à<br />

faire et puis votre destin ne dépend pas de quelques banalités que je vous<br />

exprimerais sur le cinématographe. Bon, comment allez-vous ? Si vous<br />

êtes à Paris, vous m’appelez et on se voit, voilà. Je vous salue très bas. »<br />

Monsieur Alain Cavalier, je vous aime. Je vous aime de dire non,<br />

d’être impertinent, d’être drôle, d’être concentré sur votre travail,<br />

d’être un artisan du cinématographe avec humilité, avec génie. J’emploie<br />

les mots que vous n’aimez pas, les superlatifs que vous détestez,<br />

vous qui avez choisi l’ascèse.<br />

J’avais 20 ans. Je suis entré dans un cinéma et j’ai vu Un étrange<br />

voyage. Je me souviens que les personnages longeaient une voie de<br />

chemin de fer allant vers l’est, que la ville de Troyes était citée (traversée<br />

?) et que ce nom de ville, c’était un peu chez moi dont on parle si<br />

peu ou si mal. Je me souviens des échanges entre Jean Rochefort et sa<br />

fille de cinéma, Camille de Casabianca, votre vraie fille dans la vie. Je<br />

suis sorti bouleversé, conquis mais je n’avais pas encore repéré votre<br />

nom. C’était un temps où je ne retenais pas le nom des réalisateurs.<br />

Ensuite, ce fut Libera me. Physiquement, j’ai eu du mal à sortir de la<br />

salle. Knock-out par tant de propositions, de tensions, d’inventivité.<br />

Cette fois votre nom a coulé dans mon oreille, depuis je n’ai manqué<br />

aucun rendez-vous.<br />

Je me suis aussi promené dans La Chamade, dans Le combat dans<br />

l’île, dans Le plein de super ou dans Martin et Léa. Comme vous le<br />

dites si bien, vous êtes un filmeur, vous faites film de tout, pour vous<br />

les notions de fiction et de documentaire sont juste de la matière à<br />

filmer, pas de hiérarchie, vous voyagez de l’une à l’autre au gré de vos<br />

envies, au gré de votre grande fantaisie. Grâce à vous, j’ai été ému<br />

comme jamais par le regard bleu de la matelassière qui ne veut pas<br />

vous dire le prix du matelas de laine qu’elle est en train de coudre,<br />

c’était dans cette série de 24 portraits de femmes, que je regarde encore<br />

avec émerveillement. Et aussi : « après les mains de la blanchisseuse,<br />

les mains du cinéaste. Le cinéma a aussi ses fers à repasser, la<br />

caméra et le magnétophone, le cinéaste ne les manipule pas, il lui fau-<br />

drait quatre mains et deux têtes. Parfois il en rêve ». Cette conclusion<br />

de La repasseuse m’a étreint deux fois : lorsque j’ai découvert le film<br />

et lorsque les années 90 nous ont apporté ce que l’on appelait encore<br />

« les petites caméras ». Cette merveille de technologie est devenue<br />

votre outil d’écriture comme vous l’annonciez prophétiquement<br />

dans cette phrase de 1987. Cette caméra que vous portez toujours<br />

avec vous dans votre sac gris à longue bandoulière nous a donné La<br />

Rencontre, la plus gonflée des déclarations d’amour et bien d’autres<br />

magnifiques éclats de vie jusqu’à ce Paradis iconoclaste, un film fait<br />

de petits amusements, d’émerveillements, d’épiphanies.<br />

J’oubliais… Soir d’hiver dans une galerie éphémère de la rue des Récollets<br />

à Paris, la projection du film rare Ce répondeur ne prend pas de<br />

message. Hébété sur le trottoir, qu’est-ce-que je venais de voir ? J’étais<br />

ivre de sens, saoul de votre mise en danger, grisé par vos métaphores,<br />

estomaqué par votre capacité à jouer avec le cinématographe.<br />

Et puis… comment oublier Thérèse, ces toiles de fond colorées pour<br />

mieux dessiner vos comédiennes, la précision des gestes, la drôlerie<br />

de certains dialogues, les séquences merveilleuses entre Catherine<br />

Mouchet et Aurore Priéto ou Hélène Alexandridis, votre approche<br />

de la spiritualité, votre questionnement sur l’extase et le sacrifice.<br />

Et puis, et puis… Tout, je prends tout, je ne laisse rien de rien sur<br />

le côté et j’attends les prochaines<br />

étapes avec gourmandise.<br />

Je sais que vous<br />

n’aimez pas ça mais je vous le<br />

dis, votre parcours, vos films<br />

sont uniques, ils sont tous<br />

une déclaration d’amour à<br />

l’humanité, une ode à la liberté<br />

libre qui vous tient tant à<br />

cœur, une force pour chacun<br />

d’entre nous car vous dites<br />

toujours « encore ». Alors<br />

oui, vous m’impressionnez et<br />

je dois prendre un grand élan<br />

de courage pour oublier tout<br />

votre travail et aller boire un<br />

boc avec vous pour parler de<br />

près édités en DVD.<br />

la vie et de ses petits amusements,<br />

simplement.<br />

- 6 portraits<br />

• À venir<br />

XL<br />

Cher Alain Cavalier, vous<br />

m’avez dit non et, bon Dieu,<br />

que j’ai aimé ça.<br />

© STEEVE LUNCKER<br />

• Filmographie impressionnante depuis 1958.<br />

Pas d’intégrale à peu près tous les films sont à peu<br />

- Deux documentaires à propos d’Alain Cavalier :<br />

Alain Cavalier, sept chapitres cinq jours deux<br />

pièces-cuisine de Jean-Pierre Limosin (1995 – 55’),<br />

Frère Alain-EA5 de Vincent Dieutre (2017 – 66’).<br />

R<br />

rencontre<br />

- Un court métrage de Alain Cavalier, trace d’une<br />

rencontre. www.lapelliculeensorcelee.org/cavalier/<br />

cavalierAccueil.html<br />

*J’ai réalisé Les ongles noirs, adaptation de la nouvelle d’Arthur Rimbaud Un cœur sous une soutane.<br />

TEXTE jérôme descamps<br />

12


Extra-terrienne<br />

Extra-ordinaire<br />

M<br />

life on mars


Gladys Hulot est Hyrtis. Elle ne l’est pas comme Dr Jekyll est M.<br />

Hyde : elle l’est, en incarnation profonde, bienveillante, et créatrice.<br />

Port de tête, élégance, androgynie, Hyrtis évolue dans<br />

l’univers alternatif qu’elle éclaire, devant elle, d’un spectre rassurant,<br />

comme un barrage contre la « dictature de la normalité » du<br />

monde. Mais Hyrtis, elle l’est aussi grâce / par / à travers le lien<br />

qui l’unit à la muse. Muse fondamentale, muse ancestrale, Gladys<br />

Hulot n’a jamais quitté l’essence baudelairienne de la création<br />

artistique. « Je suis malheureuse sans muse. Je n’ai pas d’idéal,<br />

de projection, de reconnaissance. La muse me tire vers le haut. »<br />

me confie-t-elle. La discrétion de Gladys n’a d’égale que la fidélité<br />

à sa muse, grande incarnation de ses inspirations, pour des<br />

raisons qui, si elles échappent au commun des mortels, font sens<br />

au travail intime de cette artiste particulière. Peut-être est-elle<br />

une artiste en marge, mais uniquement dans celle qu’elle crée,<br />

qu’elle dessine, qu’elle porte, comme un costume. « Je ne suis pas<br />

en camouflage. Être bien dans son costume, c’est 60% du travail,<br />

comme le dit Fabrice Lucchini. » Consciente d’incarner quelque<br />

chose qui la transcende irrépressiblement, Gladys Hulot cherche<br />

en chacune de ses muses une réponse, un appui, en funambule<br />

entre la réalité et l’onirique. Elle est une artiste plurielle qui s’exprime<br />

malgré tout à la première personne du singulier.<br />

Je t’ai entendu parler du « règne de Bowie ». En quoi une muse règne-t-elle ?<br />

La muse devient, pendant un certain temps, empereur de mon esprit, de mon<br />

être, de ma vie. C’est tout un empire qui se construit, à son insu. Il s’agit, certes,<br />

d’une dépendance, mais je dépends de qui je veux. Tant que je choisis ma muse,<br />

je suis insoumise. Ce n’est donc pas un rapport fan/star : c’est bien plus complexe,<br />

plus profond.<br />

Et ton identification à la muse fait-elle partie du processus créateur ?<br />

Je me nourris du personnage évoqué par la muse : ce qu’il est, son contexte de<br />

vie, son histoire. Pour Bowie, par exemple, je n’ai pas voulu m’identifier à lui<br />

mais plutôt incarner son époque, pour essayer de le comprendre, lui. Il ne s’agit<br />

pas de nostalgie, car je ne peux pas être nostalgique d’une époque que je n’ai pas<br />

connue. Mais j’ai voulu correspondre à son personnage en incarnant, quelques<br />

mois, une icône warholienne. Cette idée s’est imposée après un rêve où me sont<br />

apparus Bowie et Warhol.<br />

Tes rêves jouent-ils un rôle précis dans ce mécanisme ?<br />

Ils sont à la base de tout. Mon pseudo, Hyrtis, est né dans un rêve. Il s’agit d’une<br />

part de mystère insondable et j’aime l’idée que ce nom n’appartient qu’à mon<br />

inconscient. Mes rêves me permettent une communication intime avec mes<br />

muses, et une libération de ma personne : ils m’ouvrent à l’incarnation pleine<br />

d’Hyrtis, sans genre, et avec des épaules suffisamment larges pour supporter le<br />

poids de la création.<br />

15<br />

TEXTE agathe cebe<br />

portraits benoît pelletier<br />

Tu as eu bon nombre de muses depuis l’enfance. Parfois vivantes – David Bowie<br />

à l’époque, ou Philippe Katerine, par exemple – et parfois mortes – comme Rimbaud<br />

ou Chopin : le rapport change-t-il ?<br />

Je préfère quand mes muses sont vivantes. Il y a plus de chances d’interaction<br />

réelle. Même si cela suppose un revers de médaille, que cela puisse mal se passer…


Que cela se passe mal ?<br />

Qu’il n’y ait pas de réciprocité. Et comme je ne suis pas une fan noyée dans la<br />

masse, ce genre de réaction génère beaucoup de frustration. Et cela peut être très<br />

destructeur pour moi. Je rêve d’une relation comme entre Gainsbourg et Bardot,<br />

ou DalÍ et Amanda Lear.<br />

Les muses dirigent-elles ton travail musical comme ton travail graphique ?<br />

Oui, tout est relié à la muse. Et la musique est venue, d’ailleurs, grâce à des muses.<br />

Avec Nicolas Sirkis et David Bowie, j’ai commencé à travailler la lame sonore<br />

comme un instrument rock. Ce n’est pas évident en solo ! Mais comme la solitude<br />

me plaît, je travaille mes arrangements toute seule, jusqu’à même composer toute<br />

seule pour mes instruments. J’ai su par des proches<br />

de Bowie que mon cover de « Life on Mars » a été<br />

vu et apprécié par lui, qu’il l’a partagé lui-même<br />

sur son site. C’était une reconnaissance étourdissante.<br />

Après, le thérémine est arrivé, avec Armen<br />

Ra, ma muse actuelle. C’est la seule muse à laquelle<br />

je ressemble sans intention particulière ! Il m’est<br />

apparu en rêve, après la mort de Bowie, comme<br />

un jumeau inespéré. C’était comme un passage<br />

de relais entre eux. Et ma création est passée<br />

d’une muse à l’autre avec une fluidité incroyable.<br />

Et comme ma démarche profonde a tout de suite<br />

© GLADYS HULOT<br />

été comprise par lui, je me suis plongée toute entière dans son contexte de vie.<br />

Le thérémine en fait partie et me permet une interaction quotidienne avec lui.<br />

En amont de la muse, il y a donc un travail incroyable de nourriture culturelle…<br />

Oui ! J’apprends tout, sur tout. Cela fait partie du processus créateur. Je dois maîtriser<br />

tout ce qui fait que ma muse est ce qu’elle est. Et je dois aussi tout maîtriser<br />

au sujet des supports auxquels je m’intéresse. Par exemple, en commençant ma<br />

dernière œuvre, le tarot, j’ai tout appris sur ces cartes. Tout. Comme c’est un<br />

projet énorme, j’ai exploré toutes les spécificités du tarot de Marseille, mais en le<br />

revisitant selon l’inspiration insufflée par ma muse : la présence androgyne d’Armen<br />

transcende chacune de<br />

mes cartes. Certains pensent<br />

qu’il s’agit d’une série d’autoportraits,<br />

pourtant, c’est bien<br />

Armen qui se décline, de carte<br />

en carte.<br />

www.gladyshulot.com<br />

@gladys.hulot<br />

16


Gladys Hulot se découvre à travers<br />

quelques œuvres majeures :<br />

- son tarot, sur internet (Instagram:<br />

@gladys_hulot) en attendant son<br />

édition.<br />

- son clip cover « Life on Mars » ou<br />

sa composition « Cold Songe », sur<br />

sa chaîne YouTube (@gladyshulot),<br />

en attendant sa prochaine apparition<br />

en live.<br />

© GLADYS HULOT<br />

17


jean-philippe thomas<br />

une sensibilité à fleur de bois<br />

A<br />

architecture<br />

Des volumes qui laissent t<br />

respirer, des portes coulissantes<br />

en bois, une charpente<br />

en acier surplombée<br />

par une verrière qui diffuse<br />

une lumière du jour tamisée<br />

par des voiles blanches,<br />

une œuvre photographique<br />

de Georges Rousse : nous<br />

sommes dans l’atelier<br />

de Jean-Philippe Thomas.<br />

Un lieu lumineux, chaleureux,<br />

sobre, authentique<br />

où l’on aime à s’attarder<br />

et qui donne une idée<br />

assez précise de l’univers<br />

de l’architecte.


Cet atelier, c’est l’ancienne centrale électrique des usines Panhard-Citroën, située<br />

près du canal, que Jean-Philippe Thomas a réhabilitée en 2007 pour s’y installer<br />

avec son équipe d’architectes salariés et d’ingénieurs. « J’aime beaucoup la<br />

notion de trace, je crois en une architecture qui s’intègre à l’histoire et à l’environnement.<br />

On se doit de respecter le passé d’un bâtiment que l’on rénove, et<br />

de la même manière on doit s’adapter au contexte paysager pour une nouvelle<br />

construction. Se soucier de l’environnement et du développement durable, c’est<br />

prendre en compte la réversibilité des choses. Un logement doit pouvoir se transformer<br />

en bureau ou même en parking et redevenir logement. Un bâtiment doit<br />

avoir plusieurs vies sans qu’on ait à tout casser », explique-t-il.<br />

Des propos qui résonnent avec cette œuvre accrochée au mur : « Icône » de<br />

George Rousse, réalisée dans les halles du Boulingrin bien avant leur réhabilitation.<br />

« Georges Rousse est un artiste exceptionnel, qui éveilla en moi les rapports<br />

fabuleux entre un lieu en devenir ou en perdition, sa mémoire et le côté éphémère<br />

de l’œuvre. Le travail de Georges Rousse nous transcende et nous renvoie à<br />

des souvenirs, aux phénomènes de perceptions et autres anamorphoses. »<br />

Pour Jean-Philippe Thomas, un bâtiment ne se résume pas à une construction<br />

savante et esthétique, il n’oublie jamais qu’une fois les plâtres essuyés, des femmes<br />

et des hommes vont y circuler, travailler, respirer, se parler… Un lieu de vie n’est<br />

pas seulement un lieu, c’est avant tout la vie.<br />

« Je ne fais pas de l’architecture seulement pour l’objet à construire, ce qui compte<br />

c’est le bien-être des habitants. Le bâtiment doit être en harmonie avec la nature<br />

environnante et ses saisons, avec la lumière naturelle, proposer des volumes qui<br />

tissent des liens entre les gens tout en les protégeant. »<br />

Jean-Philippe Thomas est un amoureux de la culture scandinave et des paysages<br />

sylvestres. De ses nombreux séjours nordiques, il a rapporté l’amour du bois qu’il<br />

utilise dans la plupart de ses réalisations. Un matériau noble, sobre et écologique<br />

qui insuffle naturellement un sentiment d’apaisement. « Le bois est un instrument<br />

ultra-moderne, sa grande plasticité, ses performances techniques remarquables<br />

et sa longévité toujours élégante permettent une grande précision dans<br />

la construction qui doit s’inscrire dans le temps », affirme-t-il.<br />

Une enfance ardennaise, des parents fonctionnaires et le souvenir des histoires<br />

racontées par son grand-père, mineur d’origine italienne qui a fui la misère entre<br />

les deux guerres pour extraire l’ardoise dans la vallée de la Meuse. Des racines<br />

profondes qui lui confèrent une fierté retenue et un attachement viscéral à la<br />

nature et aux matériaux bruts.<br />

L’éthique précède l’esthétique<br />

S’il a pensé un temps être cuisinier, c’est la passion des trains électriques qui a<br />

sans doute fait naître sa vocation d’architecte. « Je construisais des gares en carton<br />

avec un maximum de détails, à partir de vrais plans récupérés auprès de cheminots.<br />

C’est ainsi, je crois, que j’ai pris conscience des volumes des bâtiments,<br />

des liens qu’ils ont avec l’extérieur. C’était un monde idéalisé dont j’étais le maître<br />

d’œuvre, mais j’étais encore loin d’imaginer que j’en ferais mon métier », lâche-t-il<br />

dans un sourire discret et pudique.<br />

Dans ses projets architecturaux, l’éthique précède toujours l’esthétique. Qu'il<br />

s'agisse d'un bâtiment à construire ou à rénover, le respect de l’empreinte historique<br />

et environnementale l’emportera toujours. Pour lui la modernité ne se<br />

niche pas dans une arrogante « tabula rasa », mais dans le choix cohérent et intégré<br />

au paysage des bons volumes, des bons matériaux et des technologies énergétiques<br />

de pointe.<br />

« Il faut maîtriser ce que l’on construit à chaque étape sans se faire piéger par la<br />

forme, qui doit être pratiquement la résultante d’une logique fonctionnelle, ce<br />

qui n’empêche évidemment pas de soigner l’esthétique. Je veux créer une archi-<br />

_Siège Champagne Roederer<br />

19<br />

_Restaurant Le Grand Cerf


_Maison individuelle - maison T<br />

_Maison individuelle - maison T<br />

20


tecture sensible en lien avec l’extérieur et qui rende les habitants heureux. »<br />

Créée en 2000, l’agence compte maintenant sept collaborateurs pour répondre<br />

aux multiples marchés : bâtiments scolaires, publics, viticoles, logements collectifs<br />

ou pour particuliers, maisons de champagnes prestigieuses ou restaurants<br />

étoilés avec toujours la même signature : des volumes et des matériaux élégants et<br />

durables qui invitent à la sérénité et au bien-être. Et le recours systématique aux<br />

technologies de pointe pour limiter au maximum les déperditions énergétiques<br />

et tendre autant que possible vers des bâtiments à énergie passive ou positive.<br />

« On construit 80% de nos projet en bois, cette filière sèche est optimale d’un<br />

point de vue énergétique et permet des chantiers rapides et précis. Et puis le<br />

bois mobilise des métiers où il y a encore un savoir faire et<br />

le soucis du détail. »<br />

Diplômé de l’école d’architecture de Nancy en 1992, il reste<br />

en Lorraine quelques années comme intervenant dans cette<br />

même école et commence à travailler en free lance. À l’aube<br />

de ce siècle, la construction d’un centre de recherche pour<br />

l’entreprise Miko à Saint-Dizier le ramène en Champagne-<br />

Ardenne où il fonde à Reims sa propre agence, AAT Architecture.<br />

De 2000 à 2007, il est élu au Conseil régional de l’Ordre des<br />

architectes et organise de 2005 à 2009 des voyages architecturaux<br />

pour le CREPA, dont il préside la formation continue.<br />

Enfin en 2011 il crée sa nouvelle société, « Jean-Philippe<br />

Thomas Architectes », qui assoit son style résolument ancré<br />

dans une logique de développement durable.<br />

Dans ses souvenirs, deux architectures particulièrement<br />

inspirantes pour son futur travail : le palais de la Bahia à<br />

Marrakech, occupé par Lyautey au début du 20 e siècle, et le quartier Quayside à<br />

Newcastle, où il a étudié deux ans avant son diplôme.<br />

Le palais marocain pour son raffinement, ses multiples espaces baignés de lumière<br />

éclatante ou d’une pénombre rafraîchissante, mais caché pudiquement<br />

derrière un rempart peu ouvragé.<br />

« J’estime que la notion de façade n’est pas très importante. Je ne fais pas une architecture<br />

objet, jamais rien de volontairement ostensible. L’essentiel est toujours<br />

à l’intérieur, les lieux doivent être conçus pour le bien-être des usagers. La façade<br />

doit juste donner envie d’y entrer en s’intégrant au mieux dans le paysage. »<br />

L’humain comme point focal de toute architecture<br />

Pour le quartier Newcastle, c’est la compilation de « toutes les architectures possibles,<br />

des sites industriels réhabilités comme des constructions contemporaines<br />

avec ce pont piétonnier incroyable. Un lieu de vie et d’échanges perpétuels », se<br />

rappelle-t-il. C’est l’image de la ville telle qu’il l’imagine dans le futur. « Des cités<br />

appelées à s’étendre mais plutôt en hauteur, en se construisant sur elles-mêmes<br />

avec des matériaux à fortes plasticité et aux performances énergétiques optimales,<br />

comme le bois évidemment. »<br />

Son premier projet marquant a été un collège à Château-Thierry, élaboré avec<br />

un collectif d’architectes parisiens : « On a conçu une sorte d’origami très élégant<br />

avec une signature paysagère en bois et en zinc. Un bâtiment<br />

ouvert sur le panorama de la Vallée de la Marne, avec des<br />

lieux à vivre et à étudier très délicats. »<br />

Une élégance et une délicatesse contenues dans la sobriété<br />

et l’efficience, des concepts qui président toujours aux projets<br />

de l’architecte, que ce soient des bâtiments pour un large<br />

public ou pour des particuliers. « J’ai besoin de me projeter<br />

dans le lieu que je dessine, imaginer concrètement comment<br />

je pourrais y vivre. Pour des habitations privées, il faut bien<br />

sûr être en empathie avec le client mais le principe reste le<br />

même : l’humain et surtout son bien-être, pour ne pas dire<br />

son bonheur, doit absolument être l’élément central, tout<br />

doit s’articuler autour des habitants », affirme Jean-Philippe<br />

Thomas. Des principes éthiques qu’il a développés<br />

avec la philosophe Anne Deschamps, une collaboration de<br />

quelques années qui a été déterminante et qui a structuré sa<br />

pensée. Anne Deschamp, est une philosophe de terrain, une facilitatrice comme<br />

elle aime se qualifier. Professeure dans les Ardennes, créatrice du premier caféphilo<br />

rural, elle prône l'action comme moteur de la joie de vivre . « Je cultive<br />

la bienveillance grâce à un questionnement créatif qui permet de partager les<br />

différences sur une terre commune à tous », explique-t-elle. À partir de 2012,<br />

l’architecte et la philosophe réfléchissent devant la table à dessiner comme sur le<br />

terrain pour élaborer des atmosphères nourrie d’émotions, de beau et de bienêtre.<br />

Un éclairage philosophique et éthique qui a permis à Jean-Philippe Thomas<br />

de cerner précisément l’enjeu humaniste de projets dont l’essence même est le<br />

« mieux vivre » de l’habitant, qui demeure le point focal ultime de l’architecture.<br />

www.jeanphilippe-thomas.com<br />

21


1_<br />

2_<br />

3_<br />

4_<br />

1_Restaurant Le Grand Cerf<br />

2, 3_Secteur tertiaire : bureaux construction bois<br />

4_Collège Luis Ortiz à Saint-Dizier<br />

5_Maison individuelle - maison T<br />

6_Groupe scolaire de Condé-sur-Marne<br />

5_<br />

6_<br />

22<br />

TEXTE jules février<br />

photographies benoît pelletier


•<br />

Siyuline / Nathalie Vleeschouwer / Exquisite.j / Dragon / Catherine André / Moyuru / Clivia Nobili<br />

12,rue de l'université - 07 86 99 44 03


Architecte de<br />

formation, cette<br />

jeune illustratrice<br />

de 24 ans rencontre<br />

un joli succès<br />

avec ses dessins<br />

d’architecture,<br />

d’une redoutable<br />

efficacité graphique<br />

et picturale.<br />

D<br />

dESSIN<br />

24


hélène lacombe<br />

trait pour trait<br />

« Ce qui m’intéresse est de donner<br />

corps à la matérialité des façades,<br />

de révéler tous les détails, souvent<br />

invisibles, des édifices pour faire ressortir<br />

différemment les structures des<br />

bâtiments ». Ainsi Hélène Lacombe<br />

évoque-t-elle son travail, tout d’épure<br />

et de délicatesse. De la cathédrale de<br />

Reims à la Cité radieuse, cette jeune<br />

artiste déploie ses architectures, avec<br />

un art consommé du détail. Loin de<br />

toutes les modes, on pourrait croire,<br />

au premier regard, à des dessins<br />

100% techniques, tendance plans<br />

d’élévations d’architecte. Et pourtant,<br />

une poésie particulière se dégage<br />

de ses œuvres réalisées à main levée.<br />

Les façades sont toujours exécutées<br />

selon un angle de perspective singulier<br />

qui accentue la monumentalité<br />

des bâtiments. La précision du trait<br />

et la saisie de chaque détail témoignent<br />

d’une minutie extrême.<br />

« Mes dessins me représentent moi,<br />

dit-elle. Je suis ultra-perfectionniste,<br />

exigeante mais aussi très rêveuse. »<br />

C’est un travail qui nécessite également<br />

beaucoup de patience :<br />

« de huit heures à quinze heures<br />

pour un dessin » précise Hélène. •••


26


27<br />

TEXTE anne de la giraudière<br />

Génération Instagram<br />

Issue d’une famille d’architectes,<br />

Hélène Lacombe a attrapé très tôt le<br />

virus de l’architecture. « D’aussi loin<br />

que je me souvienne, j’ai toujours<br />

dessiné et voulu être architecte.<br />

Après une année d’arts appliqués<br />

à Reims, je me suis donc inscrite à<br />

l’École Nationale Supérieure d’Architecture<br />

de Paris-Malaquais où je termine<br />

actuellement mon master. En<br />

2015, je suis partie faire un master en<br />

design de produit à l’Aalto School of<br />

Arts d’Helsinki. C’est lors de ce séjour<br />

en Finlande que j’ai repris le dessin<br />

de manière intensive et démarré une<br />

activité d’illustratrice. » Presque par<br />

hasard pourrait-on dire. Ses premiers<br />

dessins à peine postés sur Instagram,<br />

les commandes affluent.<br />

Hélène Lacombe se met à produire<br />

à tour de bras des illustrations de<br />

bâtiments du monde entier, toujours<br />

réalisées selon la même technique :<br />

« J’utilise des feutres Posca pour leur<br />

couleur intense, rehaussés d’un fin<br />

stylo blanc pour affiner les détails<br />

et travailler les ombres ». Avec plus<br />

de 20 000 abonnés sur son compte<br />

Instagram, elle bénéficie aujourd’hui<br />

d’une certaine visibilité. « Instagram<br />

est à la fois une galerie virtuelle pour<br />

présenter mes œuvres et un formidable<br />

outil relationnel ».<br />

Sollicitée par des agences d’architecture<br />

pour réaliser des dessins pour<br />

les concours, elle est aussi demandée<br />

pour dessiner sur des vitrines<br />

parisiennes ou illustrer un guide<br />

touristique à Bordeaux. Entre autres.<br />

Une reconnaissance qui lui permet<br />

désormais de choisir en toute liberté<br />

les édifices qui l’inspirent. « Ma<br />

technique a évolué, mon style aussi,<br />

j’avais envie d’aller vers des architectures<br />

plus contemporaines comme<br />

celle de Beaubourg, mon bâtiment<br />

préféré à Paris ». Si elle est fan des<br />

architectes Richard Rogers et Renzo<br />

Piano, Hélène Lacombe aime aussi<br />

les peintures de Hockney, Hopper ou<br />

encore de Monet, tout en suivant le<br />

travail des illustrateurs de sa génération.<br />

Mais son inspiration,<br />

elle la puise avant tout dans ses<br />

déambulations et ses nombreux<br />

voyages. Représentée, à partir de janvier,<br />

par Sergeant Paper, un art store<br />

spécialisé dans les éditions limitées<br />

d’artistes, Hélène rêve d’ouvrir sa<br />

propre agence d’architecture dans<br />

deux ou trois ans et de poursuivre<br />

son travail d’illustration, avec déjà en<br />

tête, un nouveau projet autour d’étonnantes<br />

églises aux lignes futuristes en<br />

Islande. À suivre…<br />

www.atelierhelenelacombe.com<br />

@helenelacombe


l'histoire<br />

« Walk it back »<br />

de The National<br />

28<br />

© DR


L’élégance. Le qualificatif revient souvent dans la presse<br />

lorsqu’il est question de The National, un groupe américain<br />

dont l’audience n’a jamais réussi à toucher le grand public en<br />

France. Chez les puristes d’un rock de grande classe - dans le<br />

sillage de REM et du mythique Michael Stipe s’il faut trouver<br />

quelques filiations -, The National est une référence, sinon<br />

LA référence. La voix de baryton de Matt Berninger donne<br />

sa coloration chaude à toutes les compositions de The National,<br />

un groupe composé de deux doublettes de frères (Aaron<br />

et Bryce Dessner aux guitares, Bryan et Scott Devendorf à la<br />

rythmique). Assez confidentiel en France, mais lié à quelques<br />

valeurs sûres comme Sufjan Stevens ou My Brightest Diamond, dont ils ont été<br />

des collaborateurs occasionnels (et réciproquement), le groupe de Brooklyn s’est<br />

fait remarquer en s’engageant, aux côtés de Barack Obama, lors de sa première<br />

campagne présidentielle (2008). Leur titre Fake Empire à la rythmique imparable<br />

sera même utilisé pour plusieurs clips de campagnes de celui qui deviendra le<br />

premier président noir américain.<br />

_Nouvel album Sleep well beast<br />

En septembre dernier, The National a sorti son nouvel album, Sleep well beast,<br />

lequel recèle un titre étrange. Walk it back, - littéralement « Marche arrière » -,<br />

intègre un texte lu par une voix féminine – celle de la compagne de Matt Berninger.<br />

Cette courte insertion est tirée d’un article du New-York Times Magazine de<br />

2004. Dans un dossier consacré à l’administration Bush et à ses « faucons » impérialistes,<br />

au moment de leur toute-puissance post-11 septembre, une déclaration<br />

était attribuée à un conseiller de George Bush, Karl Rove. Comme un écho au<br />

Fake empire de l’album Boxer (2007).<br />

« People like you are still living in what we call the reality-based community. You<br />

believe that solutions emerge from your judicious study of discernible reality.<br />

That’s not the way the world really works anymore. We’re an empire now, and<br />

when we act, we create our own reality. And while you are studying that reality<br />

— judiciously, as you will — we’ll act again, creating other new realities, which<br />

you can study too, and that’s how things will sort out. We’re<br />

history’s actors, and you, all of you, will be left to just study<br />

what we do ».<br />

Et donc en français :<br />

« Les gens comme vous vivent encore dans ce que nous appelons<br />

une communauté fondée sur la réalité. Vous croyez que<br />

des solutions émergent de votre étude judicieuse de la réalité<br />

perceptible. Ce n'est plus comme ça que le monde fonctionne<br />

en réalité. Nous sommes un empire à présent, et lorsque nous<br />

agissons, nous créons notre propre réalité. Et pendant que vous étudierez cette<br />

réalité - judicieusement, comme vous le ferez - nous agirons à nouveau, créant<br />

d'autres réalités nouvelles, que vous pourrez étudier aussi, et c'est ainsi que les<br />

rôles se répartiront. Nous sommes les acteurs de l'histoire, et vous, vous tous,<br />

réduits à étudier de ce que nous faisons ».<br />

Karl Rove s’est toujours défendu d’avoir dit cela devant le journaliste du New<br />

York Times Ron Suskind, mais la citation fait peu de doute. On trouve dans cette<br />

déclaration tout le cynisme et le mépris de classe dont l’administration Trump<br />

n’est pas non plus avare. Evoquant la « réalité », elle fait écho aux arrangements<br />

du nouveau président des Etats-Unis par son invention des « alternative facts ».<br />

L’histoire pourrait s’arrêter là, mais un reporter de l’hebdomadaire Newsweek<br />

a voulu donner à écouter ce titre, Walk it back, à ce fameux Karl Rove, lequel<br />

commenta : « ça commence comme un morceau d’Euro Tech Pop puis chemine<br />

vers un air plus énergique, plus facile à danser. Mais à mon avis, ça ne fera pas le<br />

Top 40 ! » Plutôt remuant, mais toujours élégant, Walk it back est un titre à part<br />

dans cet album qui demeure dans la droite ligne de ce que The National sait faire<br />

de mieux : une musique racée, à l’écart des modes, portée par une rythmique<br />

impeccable et la voix, chaude et profonde, de son chanteur, Matt Berninger. Sleep<br />

well beast est l’un des « must have » de cet automne 2017. Pas si loin que cela de<br />

ses albums référence, Boxer et Alligator.<br />

americanmary.com<br />

M<br />

musique<br />

29<br />

TEXTE cyrille planson


© myona rimaldi guichaoua<br />

Jean-Philippe Vidal<br />

s’apprête à lancer<br />

l’Eau de Reims, troisième<br />

eau de parfum d’une<br />

gamme dédiée à sa ville<br />

d’adoption. Créateur<br />

de la marque Reims<br />

Parfums, son parcours<br />

d’entrepreneur est<br />

atypique. Ni diplômé<br />

d’une école de commerce,<br />

ARTISTE NEZ<br />

ni spécifiquement<br />

motivé par le seul<br />

business, Jean-Philippe<br />

Vidal est aussi…comédien<br />

et metteur en<br />

scène. un homme de<br />

théâtre actif qui joue<br />

partout en france<br />

avec les plus grands<br />

metteurs en scène et<br />

qui gère ses activités<br />

avec beaucoup de nez.<br />

30


B<br />

business<br />

Notes de tête et notes de<br />

Formé au cours Simon puis à l’école<br />

du Théâtre National de Chaillot,<br />

Jean-Philippe connaît une double<br />

carrière sur les planches. Acteur<br />

et metteur en scène, il s’approprie<br />

aussi bien les œuvres de Feydeau<br />

ou de Tchekhov que du dramaturge<br />

norvégien Arne Lygre. Il fait connaissance<br />

avec la Cité des Sacres en 1992<br />

lorsque, répondant à l’invitation de<br />

Christian Schiaretti, Jean-Philippe<br />

intègre la troupe d’acteurs permanents<br />

de La Comédie, centre dramatique<br />

national. « Quitter Paris pour<br />

la province quand on est acteur, c’est<br />

plutôt à contre-courant. Mais Reims<br />

s’est imposée à moi. Je me suis senti<br />

bien dans cette ville, accueilli. »<br />

Ni expert en parfum, ni chef d’entreprise<br />

dans l’âme, il lance en 2016<br />

l’Eau Gothique et l’Eau des Sacres,<br />

composées d’essences nobles.<br />

L’Eau de Reims, aux notes légèrement<br />

plus féminines, sera quant à elle<br />

disponible début 2018. Un projet<br />

comme un défi personnel : « Je suis<br />

dans une expression artistique, pas<br />

dans une démarche commerciale.<br />

Mon métier d’acteur me fait vivre.<br />

J’avais besoin de jouer ma vie ailleurs<br />

que sur scène, en permanence exposé.<br />

Je ne voulais plus dépendre uniquement<br />

du désir d’un metteur en scène ».<br />

Créer des parfums pour raconter<br />

une histoire. Celle d’une ville, de son<br />

élégance, de son patrimoine Art déco<br />

et de son vécu marqué par le sacre<br />

des rois.<br />

Monter sa troupe<br />

« J’étais seul au démarrage de mon<br />

projet puis je me suis entouré, comme<br />

un metteur en scène travaille avec<br />

un costumier ou un scénographe.<br />

Mon expérience avec la compagnie<br />

Sentinelle 02-05 que j’ai créée en 2005<br />

m’a beaucoup servi. » Dans cet univers<br />

confidentiel qu’est la parfumerie<br />

de niche, Jean-Philippe rencontre<br />

Bertrand Duchaufour, « nez » depuis<br />

20 ans, notamment pour l’Artisan<br />

Parfumeur. « Mon histoire lui a plu<br />

et il accepté de m’accompagner. Je lui<br />

ai envoyé des photos, des textes. Il est<br />

venu ici respirer les fleurs de vignes.<br />

Nous avons aussi travaillé autour<br />

de l’odeur âcre de la craie et de l’aspect<br />

poudré du biscuit rose. » Jean-Philippe<br />

vend son appartement pour financer<br />

son projet et choisit les Hommes<br />

comme on distribue les rôles. Annabelle<br />

Brun crée l’univers graphique<br />

de la marque Reims Parfums. « J’aime<br />

sa sensibilité, le regard esthétique<br />

qu’elle porte sur les choses. Idem avec<br />

le photographe Benoît Pelletier. Je ne<br />

l’ai pas choisi par hasard, nous avions<br />

travaillé ensemble sur un spectacle.<br />

D’autres intervenants sont précieux<br />

dans ce projet : Jean Perrin, ancien<br />

directeur des services culturels de la<br />

ville de Reims, qui me donne accès<br />

à son réseau, et Luc Soussigne pour<br />

l’aspect financier. »<br />

En coulisse<br />

Acquérir le vocabulaire, découvrir<br />

le packaging, dénicher les fournisseurs<br />

de flacons, renoncer au capot<br />

en zamac parce que trop lourd, résoudre<br />

un problème de concentration<br />

de parfum et en changer la formule…<br />

Rien n’est simple dans cette aventure<br />

qu’il vit en autodidacte. « Chaque<br />

référence est produite en 1 000 exemplaires.<br />

C’est un peu dangereux,<br />

je prends des risques mais c’est comme<br />

ça que je vis. » L’artiste-artisan<br />

construit pas à pas son réseau de<br />

distribution : des points de vente<br />

sélectionnés pour leur univers et leur<br />

clientèle, à Reims, Paris, Las Vegas,<br />

bientôt Naples et les villes jumelées<br />

avec Reims. « Pour entrer en Iran,<br />

pays féru de parfums français, je<br />

devrai sans doute passer par un agent<br />

commercial. Ce sera une nouvelle<br />

étape pour le développement de ma<br />

marque à l’international.<br />

Je me donne quatre à cinq ans pour<br />

atteindre l’équilibre financier. ».<br />

reimsparfums<br />

31<br />

TEXTE peggy léoty<br />

retrouvez nos points de vente à reims<br />

• MUST Institut 15 rue du Cadran Saint Pierre<br />

51100 REIMS<br />

• #25 28 cours Langlet 51100 REIMS<br />

• HG 4 Rue de Tambour 51100 REIMS<br />

• Office de Tourisme de l'Agglomération<br />

de Reims 6 rue Rockfeller 51100 REIMS<br />

• Boutique Reims Cathédrale<br />

5 Place du Cardinal Luçon 51100 REIMS<br />

• Intemporel 11 rue Condorcet 51100 REIMS<br />

Et aussi à Paris au Coq Comptoir et chez<br />

Moloko ainsi que… à Las Vegas (Carredas).


S’il devait être un objet, Antony Villéger serait une coupe de<br />

champagne pour être au cœur de la fête et des discussions. Ou<br />

une pierre sur un sentier de montagne, pour regarder passer les<br />

gens et imaginer leur vie. À la question « Tu voulais faire quoi<br />

comme métier quand tu étais petit ? », il répond sans hésiter :<br />

« Tous ! ». Pas étonnant, « Anto » déborde d’idées. Dirigeant d’une<br />

entreprise spécialisée dans la communication, il a fait de l’objet<br />

son sujet.<br />

Cormontreuil / Saint-Etienne / New York<br />

Bassiste dans un groupe de punk fondé quand il avait 13 ans, Antony grandit aux<br />

côtés de Mathieu Ladevèze, qui deviendra le chanteur et compositeur Barcella, et<br />

de Pierre-Alexandre Busson connu aujourd’hui sous le pseudonyme de Yuksek.<br />

« On avait réclamé un skatepark au maire et on l’a eu ! » Quelques années après, il<br />

fait le choix d’intégrer l’école de commerce de Saint-Etienne car on y dispense des<br />

cours de théâtre d’improvisation.<br />

Antony créé sa première entreprise en 2003, à Paris. « Cette boîte était un catalyseur<br />

de talents au service du développement de sites Internet. J’allais chercher des<br />

compétences jusqu’au Brésil ou au Japon et je dirigeais les projets. » Puis, c’est à<br />

New York qu’il fait ses armes dans le marketing, en tant que free-lance pour Chanel<br />

notamment. « Là-bas, j’ai pris ma première gifle<br />

artistique au MET, devant « White Flag » du peintre<br />

Jasper Johns. » Des dizaines de musées plus tard,<br />

c’est le retour aux sources. Antony rejoint en 2007<br />

l’entreprise familiale implantée à Cormontreuil.<br />

Le commerce de Stephan, Antony, Michel et<br />

Maryse<br />

« Mes parents ont démarré leur affaire en 1989, chez<br />

nous dans la véranda. Mon père commercialisait<br />

des fins de série et ma mère des bijoux. Avec mon<br />

frère Stephan, on aidait pendant les week-ends. Je<br />

faisais des invitations pour les ventes et je les distribuais<br />

dans les boîtes aux lettres du quartier. C’était<br />

déjà du marketing ! ». L’entreprise Samm Trading<br />

était née ; Samm étant l’acronyme des prénoms de<br />

la famille. « Nous sommes progressivement passés<br />

d’une entreprise qui vendait des objets, puis distribuait des objets publicitaires, à<br />

une agence de conseil en communication par l’objet. »<br />

Sélection de fournisseurs, création du showroom,… Depuis dix ans Antony<br />

amène sa créativité, travaille sur des concepts, des cahiers de tendances, élabore<br />

des stratégies de communication pour les clients. « On ne bosse pas avec des<br />

catalogues d’objets, on construit des offres sur-mesure. » Aujourd’hui, il est directeur<br />

général adjoint, fonction qu’il partage avec son frère, de la 27 e plus grande<br />

entreprise française sur le marché des cadeaux d’affaires et promotionnels, réalisant<br />

un chiffre d’affaires qui a augmenté de 60 % depuis 2013. S’appuyant sur un<br />

portefeuille de 760 marques, Samm Trading vend plus de deux millions d’objets<br />

chaque année, avec pour terrain de jeu l’Europe. La part de clients appartenant<br />

au CAC 40 ou cotés au SBF 250 est en constante hausse (+ 265 % depuis 2014).<br />

T’as pas un gimmick mec ?<br />

« Je suis le genre de gars à qui on offre à chaque Noël un livre sur le design ou les logos<br />

! » Antony admet avoir un rapport « organique » à l’objet et au graphisme. Des<br />

goodies comme une publicité en trois dimensions, que les gens emportent chez<br />

eux, au travail, à l’école, dans leur voiture, leur permettant de toucher, interagir<br />

et vivre une expérience avec les marques, comme aucune autre technique marketing.<br />

Parmi les belles références de l’entreprise, l’accompagnement du groupe<br />

Supplay, de Fedex, de Shell ou le pochon à champagne en néoprène, breveté et<br />

fabriqué à un million d’exemplaires pour la maison Lanson. « Ce pochon a été<br />

distribué lors des Jeux Olympiques de Londres en 2012 et à Wimbledon ! »<br />

En 2015, Samm Trading a également créé la marque « Développé avec [Cœur] à<br />

Reims » car même un objet fabriqué à l’autre bout<br />

du monde est conçu ou finalisé ici par des équipes,<br />

avec une logistique, du packaging locaux et, dès<br />

que possible, le recours à des établissements d’aide<br />

par le travail. « On a infusé en dix ans 150 000 €<br />

dans des actions locales de mécénat, essentiellement<br />

dans le domaine artistique et culturel. Les artistes<br />

ont cette incroyable faculté de créer des choses inédites<br />

et singulières à chaque nouvelle œuvre. C‘est<br />

très inspirant. »<br />

Courant après l’éternel concept, Antony continue<br />

à chercher l’inspiration dans ses voyages et à travers<br />

l’art. « Le plus grand créateur ? Thomas Edison,<br />

le pionnier de l’électricité. Il a inventé la première<br />

ampoule électrique, le phonographe, et a déposé des<br />

centaines de brevets ! Pas parce qu’Edison était un<br />

génie, mais simplement parce qu’il était curieux !<br />

Sois curieux, c’est le meilleur conseil qu’on puisse<br />

donner à un enfant. »<br />

1989 L'histoire commence dans la véranda familiale<br />

1994 18m 2 de bureau / 2 salariés / 1 ère marque gérée<br />

1998 52m 2 de bureau / 2 collaborateurs / 1 apprenti<br />

2001 1 er million d’euros de C.A.<br />

2002 128m 2 de bureau / 3 salariés<br />

2008 204m 2 de bureau / 4 salariés<br />

2017 500m 2 de bureau, 300m 2 de Show-Room, 2000m 2 de stockage /<br />

11 salariés / 762 marques gérées / CA 2017 aux alentours de 4 M<br />

www.sammtrading.fr<br />

B<br />

business<br />

antony villéger<br />

ANTO-LOGIE<br />

33<br />

TEXTE Peggy Léoty<br />

PHOTOGRAPHIEs benoît pelletier


_L'île des lotophages © Hélène Builly.


Hélène Builly est aussi Lue<br />

Bleylhine, parce qu’elle a pleine<br />

conscience que l’un peut aussi être<br />

l’autre. A travers ses collages<br />

et illustrations, Hélène Builly<br />

engage le dialogue avec le monde<br />

communément représenté, et l’engage<br />

à sortir de ses gonds, pour<br />

montrer d’autres faces, alternatives,<br />

cohérentes, plausibles,<br />

fantasques. Mouvements, couleurs,<br />

sujets se font échos dans des<br />

constructions travaillées, pyramides<br />

d’interprétations ouvertes<br />

et contemplatives, ombrées<br />

de hasard et d’imprévu. En s’évadant<br />

de sa zone de confort, l’œil,<br />

amadoué, se dit que pourquoi pas,<br />

après tout, c’est possible aussi.<br />

I<br />

illustration<br />

Colle-Feuille-Ciseaux<br />

Univers élémentaires<br />

Mais qu'est-ce donc qu'un " illustarteur<br />

de confiance "?<br />

Il s’agit probablement d'un boulanger<br />

trapéziste…<br />

Vous faites la part belle au collage:<br />

que vous apporte cette technique<br />

artistique ? Évolue-t-elle vers d'autres<br />

techniques ?<br />

Le collage, c’est passionnant ! La<br />

technique n’a que peu d’intérêt : c’est<br />

avant tout une irrésistible envie de<br />

changer l'ordre des choses puis une<br />

façon de comprendre le théâtre de la<br />

vie. Il existe un jeu qui lui ressemble<br />

un peu et qui consiste à tenter<br />

d’oublier la fonction d’un objet pour<br />

lui en imaginer une autre. Une image<br />

porte déjà en elle toute une histoire,<br />

la faire vivre dans un nouveau<br />

contexte lui confère bien sûr de nouvelles<br />

choses à dire mais l’inconscient<br />

ne s’affranchit pas totalement de ce<br />

qu’elle racontait auparavant : on entre<br />

alors dans le détournement pour faire<br />

naître des solutions imaginaires.<br />

Le hasard est une source de création<br />

formidable dans le collage, il rappelle<br />

35<br />

TEXTE agathe cebe


_Cahiers © Hélène Builly.<br />

36


_Voxpopuli © Hélène Builly.


_Mars © Hélène Builly.


39<br />

_MMXIV © Hélène Builly.


combien il est important de ne pas<br />

avoir une idée fixe mais un vecteur,<br />

car si le collage est un exercice<br />

contraignant, cette contrainte s’allège<br />

au moment où l’élément découpé<br />

et posé dans un nouveau contexte<br />

reprend le contrôle de lui-même.<br />

C’est un peu comme un auteur qui<br />

déciderait du personnage principal<br />

de son livre et qui, au cours de l’écriture,<br />

s’apercevrait qu’il n’était qu’un<br />

prétexte pour faire naître le véritable<br />

héros. Il se prépare, se trame toujours<br />

un évènement qui nous échappe, c’est<br />

l’histoire du Golem.<br />

Mon approche artistique du collage<br />

peut être assimilée à cette citation de<br />

Paul Valéry : « Je n’aime rien tant que<br />

ce qui va se produire ».<br />

Lorsque l'on vous commande une<br />

illustration, comment s'organise votre<br />

création autour d'un propos imposé ?<br />

Le client peut avoir une idée extrêmement<br />

précise du message qu’il<br />

souhaite faire passer mais l’image<br />

finale, personne ne la connaît.<br />

Et si le client la connaît, c’est qu’il<br />

veut échapper au processus de<br />

création. Je travaille avec l’imprévu.<br />

Lorsque vous créez pour vos projets<br />

personnels, quelles sont vos inspirations<br />

profondes ?<br />

J’aime les mots, les visages et leur<br />

spectacle et je suis fascinée par les<br />

choses que je n’aime pas. Je m’inspire<br />

aussi de mes souvenirs, qui imprègnent<br />

ma création. Par exemple,<br />

la première fois, avec l’art, c’était en<br />

Aveyron. Pas loin, il y avait une boutique<br />

d’antiquités et un atelier obscur<br />

où je me souviens avoir fabriqué un<br />

masque à trois yeux, rouge et violet,<br />

en papier mâché. Puis, de huit à neuf<br />

ans, je suis sous l’eau car on y trouve<br />

des yeux de Sainte Lucie et sur les<br />

toits du quartier je regarde le ciel<br />

infuser la mer. J’habite en Corse, il<br />

neige pour la première fois depuis dix<br />

ans et ma voisine sculpte dans son<br />

jardin une sirène de glace. Aussi, plus<br />

tard, après un bac littéraire, je passe<br />

quatre ans dans une école de graphisme<br />

à me promener dans la rue.<br />

Par terre, dans les poubelles, il y a des<br />

livres, des photos, des cahiers, un tas<br />

de papiers à décoller et sur lesquels<br />

écrire, à déchirer, à recoller ; une<br />

petite cuiller en vermeil. Je rencontre<br />

le photomontage avec Archigram,<br />

John Heartfield, Marien, Yokoo Tadanori…<br />

Et je dois beaucoup à Madame<br />

Douarre, mon professeur d’Arts<br />

Plastiques qui un jour m’a montré<br />

le travail de Robert Rauschenberg..<br />

www.helenebuilly.com<br />

hélène builly est représentée<br />

par costume3pieces.com<br />

_MMXV © Hélène Builly.<br />

_LBO voeux © Hélène Builly.<br />

_Vroufff © Hélène Builly.<br />

40


SoHome<br />

18<br />

IMMOBILIER<br />

Parvis de la Cathédrale l www.sohome18.com l 03.52.82.97.42<br />

TRANSACTION - LOCATION - GESTION - PROGRAMMES NEUFS


Black Bones<br />

Dans une Pochette Surprise Party<br />

Black Bones, c’est une dream team soudée, composée<br />

de 5 musiciens joueurs de baseball : Paula,<br />

Frederico, Jose, Mariano, menée par LE COACH.<br />

Ils embarquent leur public dans un monde parallèle<br />

mirobolant, une sorte de pochette-surprise<br />

sans fond qui n’a de cesse de nous surprendre,<br />

tant musicalement que visuellement.<br />

Sombrero et batte de baseball, pom-pom girl<br />

et piment rouge, Range Rover et guitare folk,<br />

le tout sous lumière noire.<br />

L’album Kili kili est à l’image de leur performance<br />

scénique, gorgé d’imprévus savamment<br />

maîtrisés par Anthonin, le curieux et génial<br />

chef d’orchestre du groupe…. Pas évident de se<br />

renouveler sans arrêt, c’est pourtant un challenge<br />

réussi pour le moment, et ça ne fait que<br />

commencer.<br />

Kili Kili a été créé comme un best of, les tubes<br />

s’enchaînent, les styles aussi, c’est un joli feu<br />

d’artifice comme on les aime. C’est devant un<br />

jus de tomate accompagné d’une bouteille de<br />

tabasco (et non pas un verre de tequila) que<br />

nous avons bavardé autour de la potion magique<br />

Black Bones avec Coach Ternant.<br />

M<br />

musique<br />

42


Tu as un parcours un peu atypique, tu n'as pas suivi le chemin du musicien classique<br />

dit « classique ».<br />

Je crois d'ailleurs savoir que tu as fait l'ESAD ( l'école supérieure d'art et design<br />

de Reims). Quand je vois l’importance des visuels aussi présents que la musique<br />

dans tes multiples projets dont Black Bones, je trouve ça plutôt cohérent, non ?<br />

Oui, mais je ne crois pas que ce soit d’avoir fait l’ESAD qui m’ait donné l'envie<br />

de faire de la scénographie. J’ai toujours plus ou moins dessiné et c’est la branche<br />

que j’ai choisie pour mes études ; plutôt par défaut que par réelle envie d’en faire<br />

un métier. La musique à cette époque était déjà plus importante… Mon intérêt<br />

pour le dessin a ressurgi au début de mon projet The Wolf Under The Moon.<br />

Faire des décors, penser des chorégraphies, cela me permet de me détacher de la<br />

musique et d’avoir du recul.<br />

Le groupe Black Bones a l’air hyper soudé, ça se ressent sur scène et le plaisir est<br />

communicatif, comment as-tu monté l'« équipe » au départ ? Qui se cache sous les<br />

sombreros ?<br />

Au départ je voulais juste monter un groupe dans lequel je puisse jouer les morceaux<br />

que je voulais avec la scénographie que je voulais. C’était très en réaction à<br />

Bewitched qui avait été monté sous forme de collectif et où il fallait que les idées<br />

soient validées par tout le monde. Dans Black Bones il y a Paula aux percussions<br />

et chant (elle a le pouvoir de tenir sa batte en lévitation). Frederico au clavier,<br />

à la basse et au chant : sa technique de batte est inspirée des arts martiaux. José<br />

est aussi au clavier, à la basse et au chant : sa technique de batte est inspirée de<br />

l’escrime. Enfin, Mariano aka le Hulk Mexicain à la batterie, connu pour sa force<br />

et ses sautes d’humeur.<br />

À quel moment as-tu eu envie de faire de la musique ?<br />

C’est bizarre parce que la musique n’a pas été un truc qui allait de soi. Enfant,<br />

mon rapport à la musique était les cours au collège, avec le cauchemar du passage<br />

à la flûte à bec devant la classe, et mon père qui jouait « Jeux Interdits » à<br />

la guitare classique ! Jouer d’un instrument était pour moi rebutant. Et puis à la<br />

fin du collège mes copains avec qui je skatais se sont mis à la guitare. Alors pour<br />

rester dans la bande, je m’y suis mis aussi… On a monté un groupe alors que<br />

je n’écoutais pas de musique et que je n’étais jamais allé à un concert. Un jour,<br />

en allant voir le film Albert Souffre avec le groupe, on a découvert les Pixies.<br />

J’avais une cassette qui compilait leurs morceaux et j’avais l’impression de déjà<br />

connaître sans avoir jamais entendu. Ça a été le choc. Je n’existerais pas sans les<br />

Pixies.<br />

Puis, après une douzaine de groupes et une quinzaine d’années, j’ai joué dans The<br />

Bewitched Hands qui a été une grande aventure pour moi… et il y a trois ans,<br />

suite à la fin des Bewitched, j’ai monté Black Bones et Angel. The Wolf Under The<br />

Moon existait déjà depuis quelques années dans une forme moins développée<br />

qu’aujourd’hui.<br />

Je suis assez curieuse de connaitre tes références, ce qui t'as marqué en musique<br />

parce que dans Black Bones on retrouve plein de choses sans vraiment savoir d’où<br />

ça sort, ce qui est plutôt bon signe.<br />

Mes premiers souvenirs musicaux sont les tubes des années 80, particulièrement<br />

Gotainer mais aussi Lio, The Korgis, Tarzan Boy, The Stranglers… Suite à ma<br />

découverte des Pixies, j’ai écouté énormément de rock indé US : Sebadoh, Pavement,<br />

Dinosaur Jr, Ween… Puis avec le temps j’ai écouté de tout. Pour moi ma<br />

musique est clairement influencée par ces deux époques, les années 80 et l’indie<br />

US, j’essaie de m’en détacher mais ça me colle à la peau.<br />

Tu l’as construit comment cet album ? Il est cohérent et en même temps les morceaux<br />

sont très différents, on ne peut pas réellement lui donner une couleur tranchée.<br />

À l’origine le répertoire de Black Bones est constitué de ce qui aurait dû être le<br />

troisième album des Bewitched. Il y avait la volonté de faire des morceaux festifs<br />

et dansants. Je voulais aussi composer des morceaux qui n’aient pas pour point<br />

de départ la guitare. Par exemple, le morceau KILI KIKI a été composé suite à<br />

une impro de 10mn en yaourt espagnol. La ligne de chant est un élément important,<br />

c’est je crois ce qui fait la signature de mes morceaux. Il y a eu une première<br />

version de l’album un peu trop pied au plancher, trop festive. Pour équilibrer on<br />

a ajouté Desert Eye et Next Day qui sont plus mélancoliques.<br />

L’imagerie de Black Bones c’est tapas, sport et tête de mort. Il sort d’où ce joyeux<br />

mélange ?<br />

Jusqu’à présent, pour tous les projets, l’idée de base est partie d’une blague. « Et<br />

si je sortais d’un château au début du concert ! », « Et si je jouais de la folk avec<br />

des ailes d’ange ! ». Pour Black Bones, il y avait une photo de presse à faire pour<br />

annoncer notre premier concert. Le groupe devait être en noir et moi en blanc.<br />

Frederico s’est fait prêter le teddy noir du photographe et en voyant la photo je<br />

me suis dit que ce serait classe si tout le groupe en portait un. Après ça a été une<br />

association d’idée : Teddy > Baseball > Gang > Mexique > Sombreros. J’aime le<br />

contraste entre nos morceaux pop et la batte qui renvoie au sport et à la violence.<br />

Dans tous tes projets le visuel est quasiment aussi important que la musique, et tu<br />

fais presque tout tout seul, mais pour l'album Kili Kili tu as décidé de laisser carte<br />

blanche à DDDXIE (graphiste Lillois), ça c'est fait comment ?<br />

Il est important de dire que je ne fais pas tout tout seul. Je fais les choses quand<br />

on ne peut pas les faire à ma place et je demande de l’aide quand ça sort de<br />

mon domaine de compétence. Par exemple, pour le système lumineux des ailes<br />

dans Angel j’ai fait appel à Charles Durand et Mylène Farcy. J’ai connu Olivier<br />

Durteste aka DDDXIE lorsque j’ai sorti le vinyl de Wolf chez Alpage Records.<br />

Il travaillait pour eux comme graphiste. J’avais envie d’un autre regard que le<br />

mien sur la pochette. Ce que j’aime chez Olivier c’est que son travail est d’une<br />

certaine manière à l’opposé du mien : il travaille avec très peu de couleurs, il est<br />

très « clean », minimaliste. Il est aussi très fort sur l’organisation du texte et les<br />

typographies.<br />

Le projet Black Bones à plus ou moins court terme c'est quoi, c'est quand, c'est<br />

où ?<br />

C’est un concert le 15 décembre au Petit Bain à Paris. Les dates de l’année 2018<br />

vont arriver prochainement, le groupe signe chez le tourneur Caramba. L’occasion<br />

pour moi de remercier Rodolphe Rouchaussé, notre manager et du coup<br />

ex-tourneur de Black Bones qui a porté les projets avec son enthousiasme légendaire.<br />

Nous allons défendre KILI KILI au moins jusqu’aux festivals d’été. Parallèlement<br />

nous commençons l’enregistrement du deuxième album en février.<br />

@blackbonesreims sur facebook<br />

43<br />

TEXTE anne-sophie velly<br />

Portrait benoît pelletier


Après avoir émerveillé le public<br />

avec sa trilogie où danseurs et<br />

oiseaux partageaient la scène,<br />

Luc Petton présente un nouvel<br />

opus à l’Opéra de Reims.<br />

Cette fois-ci, le chorégraphe<br />

convie des loups, des chouettes<br />

et des vautours pour nous<br />

entraîner dans une « poétique<br />

de l’effroi ». Un voyage chorégraphique<br />

au cœur des ténèbres<br />

qui interroge les liens de l’homme<br />

avec la nature.<br />

B<br />

ballet<br />

44


BALLET / AINSI LA NUIT<br />

DANSE AVEC LES LOUPS<br />

(ENTRE AUTRES…)<br />

TEXTE anne de la giraudière<br />

Il a fallu des années à Luc Petton<br />

pour concevoir ces rencontres<br />

singulières et poétiques, entre<br />

danseurs et oiseaux. Formé auprès<br />

d'Alwin Nikolais à New York puis à<br />

l'école allemande Folkwang d'Essen,<br />

il revient au milieu des années 80<br />

en France où il fonde une compagnie<br />

avec Marilen Iglesias Breuker à<br />

Reims avant de créer la compagnie<br />

Le Guetteur en 1994 en Picardie.<br />

Mais il lui faut attendre le tournant<br />

de l'an 2000 pour s'atteler à ce qui<br />

lui tient vraiment à coeur : danser<br />

avec des oiseaux. Il renoue ainsi avec<br />

cette passion première de la nature<br />

et de l’ornithologie, acquise au fil<br />

de l'enfance, en Bretagne face à l'île<br />

d'Ouessant. « Les danseurs et les<br />

oiseaux ont beaucoup en commun :<br />

le vol, le rêve, un langage qui dépasse<br />

les frontières… » souligne le chorégraphe.<br />

Une ode à un vivre ensemble<br />

En 2005 naît La Confidence des<br />

oiseaux qui réunit sur scène quatre<br />

danseurs et une trentaine de<br />

volatiles : pies, geais, corneilles…<br />

évoluant librement sur scène.<br />

Du jamais vu ! Avant Luc Petton,<br />

dans le milieu de la danse, personne<br />

n'avait osé prendre ce risque, ni affronter<br />

le travail que cela représente :<br />

trouver des oiseleurs qui acceptent<br />

de participer à l'aventure, élever les<br />

petits, les habituer à leurs partenaires<br />

humains, selon un long protocole<br />

d’imprégnation. La magie opère et la<br />

pièce connaît un succès phénoménal.<br />

Le chorégraphe offre quelques années<br />

plus tard un superbe hommage au<br />

Lac des Cygnes, avec Swan, puis se<br />

confronte à l’exotisme des grues de<br />

Mandchourie dans Lightbird.<br />

Un triptyque qui marque les esprits<br />

et fait de la chorégraphie une ode<br />

à un vivre ensemble où humains et<br />

espèces animales se respectent et<br />

s’enrichissent mutuellement. Car il<br />

s'agit bien de cela : vivre ensemble.<br />

Une quête poétique que Luc Petton<br />

mène pour, dit il, « montrer qu’une<br />

relation est vraiment possible dès que<br />

l’on imagine que l’être humain n’est<br />

pas au centre de l’univers mais seulement<br />

un être parmi d’autres ».<br />

Vertiges de la nuit<br />

Avec Ainsi la nuit, Luc Petton relève<br />

un nouveau défi en invitant sur scène<br />

deux loups, des chouettes lapones<br />

(un des plus grands oiseaux nocturnes)<br />

et des vautours. Autant d’animaux<br />

à forte empreinte imaginaire<br />

qui nous entraînent, du crépuscule<br />

à l’aube, dans les vertiges de la nuit.<br />

« Cette création, comme une poétique<br />

de l’effroi, traite de peurs premières,<br />

allant jusqu’aux frontières de<br />

l’inconcevable quand l’être humain,<br />

destitué de son statut de prédateur,<br />

n’est plus que proie » explique le<br />

chorégraphe. Pour ce spectacle, Luc<br />

Petton a réuni trois danseurs contemporains<br />

mais aussi deux circassiens,<br />

un contorsionniste et une trapéziste,<br />

issus du Centre National des Arts du<br />

Cirque. « Cela m’intéressait d’aller<br />

vers une autre corporalité que celle<br />

du danseur, de travailler un autre<br />

rapport à l’intégrité où le corps peut<br />

se démembrer, presque se décomposer,<br />

se « décarniser » en quelque<br />

sorte. Dans l’écriture chorégraphique,<br />

je cherche à accentuer la sauvagerie<br />

du corps, intégrer l’anomalie, pour<br />

libérer la partie « ensauvagée » de<br />

l’humain. »<br />

Même si la chorégraphie est écrite,<br />

il y a toujours une grande part<br />

d'imprévu dans le spectacle.<br />

C’est ce qui rend chaque représentation<br />

unique et si vivante. « L'important,<br />

c’est ce qui se passe entre<br />

l’homme et l'animal, cet entre-deux<br />

mystérieux qui fait qu’un mouvement<br />

devient soudain de la danse dans un<br />

instant à la fois fragile et immortel »<br />

poursuit le chorégraphe. Pour arriver<br />

à tisser un tel lien, le travail est long,<br />

respectueux, attentif. Dès leur sortie<br />

de l’œuf, les chouettes et vautours ont<br />

été approchés par les interprètes qui<br />

sont venus chaque jour les nourrir,<br />

les habituer à leur présence, à leurs<br />

gestes, à toutes sortes de sons, bref<br />

les « imprégner » pendant des mois.<br />

Quant aux deux loups, Marcus et<br />

Mitchum, nés en octobre 2016, ils<br />

ont été élevés par le chorégraphe<br />

lui-même avant d’être mis en contact<br />

avec les danseurs pour apprendre à<br />

travailler ensemble. « Les animaux ne<br />

sont pas dressés, précise Luc Petton.<br />

Je veux qu’ils restent libres. Il s’agit<br />

d’une imprégnation réciproque des<br />

animaux par les humains et vice<br />

versa. L’objectif est que ni les uns ni<br />

les autres ne deviennent de simples<br />

faire valoir ». C’est cette relation<br />

unique, faite d’écoute et de complicité,<br />

qui fait la force de ses spectacles.<br />

« L’animal ne joue pas, il apparaît tel<br />

qu’il est. Il y a là une forme de vérité<br />

que je cherche à faire éclore. L’enjeu<br />

est de poser un autre regard sur la<br />

nature et de faire ressentir un autre<br />

rapport au monde ».<br />

Ainsi la nuit à l'opéra<br />

le Jeudi 21 déc. à 20H<br />

et le vendredi 22 déc. à 20h30<br />

www.operadereims.com<br />

PHOTOgraphies alain julien


Le collectif assume toute l’année des<br />

missions qui lui sont confiées par<br />

Ludovic Lagarde le directeur de la<br />

Comédie.<br />

C’est Ludovic qui m’a d’abord proposé<br />

de m’associer au théâtre et ensuite de<br />

rassembler autour de moi une équipe<br />

d’acteurs que j’ai eu la chance de pouvoir<br />

sélectionner. C’est lui qui nous a<br />

proposé de quitter nos appartements<br />

et de mettre entre parenthèses nos<br />

vies à Lyon, Paris, Marseille, Montpellier,<br />

pour venir vivre à Reims.<br />

Chacun a dû quitter les compagnies<br />

avec lesquelles il travaillait afin de me<br />

rejoindre sur les créations qui nous<br />

attendent, un pari intime risqué mais<br />

aussi un laboratoire humain et artistique<br />

exaltant.<br />

Je connais tous les acteurs du collectif<br />

17 depuis des années, Benjamin Dussud<br />

par exemple est mon plus vieil<br />

ami, cela fait quatorze ans qu’on fait<br />

du théâtre ensemble, on a commencé<br />

dans la compagnie amateur de notre<br />

village à la Verpillière et depuis on a<br />

fait des dizaines de projets qui ont fini<br />

par nous mener à Reims, vivre cette<br />

expérience permanente.<br />

On est huit artistes, comédiens, metteur<br />

en scène/auteur, plus une assistante<br />

à la mise en scène (Naïma Perlot-Lhuillier)<br />

et on vit à Reims, à la<br />

Comédie, pour faire du théâtre tous<br />

les jours. On développe une méthode<br />

de travail qui nous est propre, on a le<br />

temps d’expérimenter et c’est important<br />

aujourd’hui parce qu’en dehors<br />

de notre contexte on ne trouverait<br />

nulle part une telle liberté de création.<br />

Je me rends compte, et c’est évident<br />

quand on y pense, qu’un des territoires<br />

de la liberté c’est le temps.<br />

Pendant la première étape de travail<br />

sur Les Bacchantes d’Euripide,<br />

nous nous sommes retrouvés face à<br />

six traductions différentes pour un<br />

même texte, seulement six parce que<br />

j’avais déjà fait une sélection avant le<br />

début des répétitions. Mon but était<br />

de construire un montage original,<br />

d’aiguiser la langue du spectacle et de<br />

la faire nôtre, nous en avons discuté<br />

ensemble afin que les acteurs s’intègrent<br />

pleinement au processus de<br />

création. J’ai parfois réécrit une scène,<br />

une chanson, retouché un mot parce<br />

que l’épreuve du plateau, et donc le<br />

jeu, révélait plus sa nécessité que celle<br />

d’un autre.<br />

C’est en cela que nous pouvons revendiquer<br />

la démarche d’un « collectif »,<br />

car chacun participe, en temps réel,<br />

à l’élaboration du spectacle. Même si<br />

j’interviens en tant que metteur en<br />

scène, que je nourris mes projets parfois<br />

des années avant de rassembler<br />

l’équipe et que mon rôle est de prendre<br />

des risques en déployant des axes<br />

qui échapperaient au consensus, les<br />

spectacles que j’orchestre ne seraient<br />

pas ce qu’ils sont si je ne donnais pas<br />

l’occasion aux comédiens avec qui je<br />

travaille, mais aussi aux artistes techniciens<br />

qui gravitent autour du collectif<br />

17, de dépasser ce que l’on attend<br />

habituellement d’un simple exécutant.<br />

Dans un mois, lorsque nous attaquerons<br />

les dernières semaines de préparation<br />

avant la première des Bacchantes<br />

en janvier, nous étudierons<br />

un texte qu’aucune équipe au monde<br />

n’aura jamais vu, et c’est une richesse<br />

que de pouvoir faire entendre aux<br />

spectateurs une poésie unique. Cette<br />

richesse, c’est du temps, du temps<br />

donné à une équipe à qui il faut faire<br />

confiance… C’est un travail permanent.<br />

En dehors de nos temps de travail en<br />

huis-clos, nous tentons de nous familiariser<br />

avec notre nouvel environnement.<br />

Nous allons passer deux ans à<br />

Reims, c’est à la fois très long et très<br />

court. Il n’y a pas de quoi se projeter<br />

sur le long terme mais il faut tout de<br />

même trouver ses marques, dévelop-<br />

collectif<br />

per des habitudes et créer de l’intimité<br />

avec ce qui devient peu à peu notre<br />

« chez nous ».<br />

En observant ce que chacun fait pour<br />

s’acclimater à une ville étrangère on<br />

s’interroge aussi sur les secteurs fondamentaux<br />

de la cohésion sociale au<br />

sein d’une cité.<br />

Presque tous les acteurs du collectif<br />

font du sport, ils ont des abonnements<br />

dans différentes salles où ils<br />

rencontrent un public qui ne connait<br />

pas nécessairement le théâtre, on<br />

oublie souvent qu’il est important<br />

de décloisonner nos systèmes de fréquentations.<br />

Depuis le début de l’année on a pu<br />

visiter des lieux très variés qui nous<br />

ont davantage rapprochés de Reims<br />

en trois mois que de n’importe quelle<br />

autre ville où j’ai pu vivre sur de plus<br />

longues périodes : on a joué dans différentes<br />

écoles, devant les garçons de<br />

l’institut universitaire de technologie,<br />

qui ne comptaient qu’une seule


théâtre en bande organisée<br />

le collectif 17<br />

à reims<br />

Le jeune metteur en scène Ferdinand<br />

Barbet est à la tête du Collectif 17,<br />

un groupe de 7 comédiennes et comédiens<br />

formé à l’invitation de Ludovic<br />

Lagarde, directeur de la Comédie de<br />

Reims, pour vivre une vie de théâtre à<br />

temps plein. Une vie de troupe, 100 %<br />

théâtre, que nous raconte Ferdinand,<br />

depuis l’intérieur.<br />

T<br />

théâtre<br />

47<br />

TEXTE Ferdinand Barbet<br />

© DR<br />

fille dans leur classe, ou devant les<br />

jeunes artistes plasticiens/graphistes<br />

de L’ESAD.<br />

On boit des verres en ville avant de se<br />

rendre dans les maisons associatives<br />

comme Ex-Aequo. On passe aussi par<br />

des médiathèques où on peut croiser<br />

des étudiants qui révisent ou de<br />

jeunes pré-ados un peu perdus, que<br />

leurs parents ont laissé là, comme s’il<br />

s’agissait d’une garderie, parce qu’ils<br />

n’ont pas le temps de s’en occuper.<br />

À chaque fois on propose aux gens,<br />

avec qui on sympathise, de venir<br />

nous rendre visite à la Comédie,<br />

notre quartier général, pour voir nos<br />

spectacles ou pour discuter, c’est pas<br />

si simple mais on essaye de rassurer<br />

les gens sur la question de l’art. Je me<br />

rends compte que notre métier inspire<br />

parfois une certaine crainte ou<br />

alors du mépris selon les cas, je ne sais<br />

pas encore très bien comment casser<br />

ce phénomène, qui n’est sans doute<br />

pas autre chose que de la peur, mais<br />

je sens, qu’au moins, nous essayons,<br />

avec les moyens qui sont les nôtres, de<br />

donner une place à la poésie dans la<br />

ville, pour tous, démocratiquement.<br />

Éloïse s’est rendue à la journée du<br />

refus de la misère, elle y a rencontré<br />

des bénévoles qui recherchaient<br />

quelqu’un pour donner des cours de<br />

théâtre à des personnes qui n’y ont pas<br />

accès. Sa présence à Reims permettra<br />

peut-être d’ouvrir de nouvelles portes<br />

qui jusqu’ici demeuraient closes, car<br />

la « permanence d’un artiste » en un<br />

lieu, présente une vertu que je découvre<br />

: elle me donne l’occasion de<br />

m’engager à l’intérieur d’une ville, que<br />

je pensais ne pas être la mienne.<br />

J’aime rappeler que nous sommes<br />

huit, parce que huit c’est le numéro<br />

atomique de l’oxygène, et c’est justement<br />

ça que devrait être un artiste<br />

dans une ville : une poche d’oxygène<br />

pour les asphyxiés, un souffle pour<br />

les écorchés et une douce bise pour<br />

les âmes complexes. Mais l’oxygène ça<br />

brûle, c’est comme un avertissement :<br />

« d’accord pour propager des feux intérieurs<br />

tout autour de toi, mais attention<br />

à ce que le feu ne te saute pas à la<br />

figure pour te lécher les joues… »<br />

Nous sommes cinq à vivre en collocation<br />

depuis le début de l’année, je<br />

peux vous assurer que cela rend le<br />

facteur humain particulièrement important.<br />

Quatre garçons et une fille,<br />

Lucile. On répète toute la journée et,<br />

le soir, tandis que les corps sont épuisés,<br />

il faut encore lutter pour que le<br />

vivre ensemble se fasse sans qu’on en<br />

vienne aux armes. Mon esprit préoccupé<br />

se balade et s’évertue à de grands<br />

écarts du type : Qui a mal appris son<br />

texte ?<br />

Qui pourrait ranger son assiette<br />

quand il a fini de manger ?<br />

Qui a eu un mauvais comportement<br />

dans le travail ?<br />

Qui pourrait passer un coup de balais<br />

de temps en temps ?<br />

Je découvre que c’est aussi cela une<br />

aventure de troupe.<br />

Trois comédiennes vivent seules dans<br />

leur appartement respectif, elles ont<br />

choisi d’aborder cette aventure en prenant<br />

un peu plus de distance.<br />

Certes, ce n’est pas le même degré<br />

d’immersion, mais c’est aussi ce<br />

qui permet à l’ensemble du collectif<br />

de pouvoir respirer. D’ailleurs,<br />

ce sont elles, Camille et Éloïse, qui<br />

cumulent le plus d’activité en dehors<br />

des horaires de travail, elles ont pris<br />

en charge un grand nombre d’ateliers<br />

qui les mettent en contact avec les étudiants<br />

et les lycéens rémois.<br />

Le Collectif 17 proposera cette année<br />

le spectacle Lysistrata d’Aristophane,<br />

en tournée dans des lieux qui ne sont<br />

pas censés accueillir du théâtre, et le<br />

diptyque « Quelqu’un arrive et je ne<br />

me connais plus » composé des Bacchantes<br />

d’Euripide et de Narcisse que<br />

j’ai écrit. Louise, le huitième élément,<br />

que l’on commence à bien connaître à<br />

Reims, nous rejoint pendant ces créations<br />

à la Comédie.<br />

J’écrirai pour Myrtille Bordier et le<br />

spectacle Lève toi et Resplendis et<br />

accompagnerai les étudiants en cycle<br />

d’orientation professionnel de la<br />

classe de la Comédie à l’occasion d’un<br />

stage de formation pour les acteurs.<br />

En parallèle, nous mènerons des ateliers<br />

auprès des jeunes de la ville.<br />

Lucas et Salim-Éric me rejoindront<br />

avec Laurent Durupt pour la création<br />

de la pièce musicale Dronocracy.<br />

Le Collectif 17 est composé de Ferdinand<br />

Barbet, metteur en scène, et des<br />

comédiens et comédiennes Salim-Eric<br />

Abdeljalil, Louise Dupuis, Benjamin<br />

Dussud, Lucas Gentil, Éloïse Hallauer,<br />

Lucile Oza et Camille Souterin. Naïma<br />

Perlot-Lhuillier est assistante à la mise<br />

en scène.


FRagrances<br />

&<br />

délit de bien-être


Marie et Agathe sont deux<br />

filles à projets. Des projets en<br />

cours, des projets à venir, des<br />

projets réussis, des projets qui<br />

essayent. Elles se cherchaient<br />

chacune une partenaire particulière,<br />

pour avancer en autonomie<br />

et en confiance, chacune<br />

dans leur domaine. Elles<br />

se sont trouvées. Agathe, les<br />

cheveux, Marie, des pieds à la<br />

tête, et un seul credo, celui du<br />

bien-être, classieux et séduisant.<br />

Quand deux électrons libres se<br />

rencontrent et se trouvent des atomes<br />

crochus, c’est un big bang. C’est un<br />

peu ce qui s’est passé rue des Elus, ces<br />

derniers mois. Agathe voulait céder<br />

un peu d’espace pour recentrer son<br />

activité, Marie cherchait à s’installer<br />

dans les meilleures conditions<br />

possibles. Entre partenariat et indépendance<br />

préservée, le shop in shop<br />

Agathe – B.A.S.I.C. est né et savait<br />

déjà marcher.<br />

B.A.S.I.C. se définit à travers son<br />

nom. B.ohème… A.udacieux…<br />

S.ensoriel… I.ntemporel…<br />

C.onceptuel… Marie a tout pensé,<br />

afin que son concept store soit digne<br />

de ses attentes et du pari lancé. Parce<br />

que derrière, il y a plus que du challenge,<br />

il y a des convictions. Après<br />

plusieurs années d’expérience dans la<br />

parfumerie grande distribution, au<br />

sein du groupe LVMH, Marie a voulu<br />

centrer sa passion sur l’essentiel.<br />

La beauté, le bien-être, le parfum ne<br />

peuvent être littéralement engloutis<br />

par le business. Mais au-delà,<br />

la consommation de masse annihile<br />

la qualité des produits que l’on pose,<br />

quotidiennement, sur notre peau.<br />

Marie rêvait de mieux. Marie a<br />

incarné cette mission qui était sienne.<br />

Une utopie ?<br />

Une utopie, peut-être. Celle d’un<br />

retour aux bases, aux basics, aux<br />

sources, à Reims, horizon B.A.S.I.C.,<br />

ligne de mire réussite. Et comme<br />

nous manquons cruellement d’utopie,<br />

celle de Marie séduit et tient<br />

bien debout. La boutique rompt<br />

avec certains standards nocifs de<br />

notre consommation actuelle : chez<br />

Marie, quelques produits – beauté,<br />

bien-être, parfum, déco, issus de<br />

quelques marques triées sur le volet.<br />

Pas de rayons interminables avec un<br />

embarras de choix anxiogène. Pour<br />

autant, la boutique ne perd pas de<br />

vue ce qui, malgré tout, fait le plaisir<br />

du consommateur : du packaging<br />

soigné et attrayant, des déclinaisons<br />

de parfums. Tout dans la cohérence.<br />

Marie sait ce qui est beau, sait le<br />

mettre en valeur. Marie sait ce qui<br />

est bon, sait le rendre séduisant aux<br />

clients. C’est le naturel qui engendre<br />

du naturel.<br />

Marques & senteurs<br />

« Je ne travaille qu’avec des marques<br />

confidentielles. Des marques qui font<br />

le choix d’être choisies par des distributeurs<br />

aux univers singuliers, avec<br />

une philosophie de vente fraîche. »<br />

confie Marie. B.A.S.I.C. doit montrer<br />

patte blanche pour proposer ce<br />

qu’elle veut proposer. House doctor,<br />

Juliette has a gun, Ombres portées,<br />

Maison Margiela, Bivouak, Etat<br />

Libre d’Orange, L:a Bruket, Maison<br />

Kerzon, Minois Paris, Meraki, Bonne<br />

Nouvelle, Une Nuit Nomade, Room<br />

1015, Frédéric Malle.<br />

Ça sonne comme des titres de livres.<br />

Ça incarne autant de promesses.<br />

En effet, chaque nouveau produit<br />

de ces marques est surprenant.<br />

« Et derrière chacun d’eux, il y a un an<br />

de travail, il y a un nez qui a travaillé<br />

vraiment, il y a une imagination, une<br />

histoire. » Abandonnant le marketing<br />

pur, ces marques marginales privilégient<br />

la création créative. Et quand<br />

l’originalité rejoint l’éthique…<br />

De l’importance des choix<br />

C’est en choisissant le bon que se crée<br />

un cercle vertueux. Le partenariat<br />

d’Agathe et Marie s’enroule dans une<br />

spirale positive de bienveillance et<br />

de choix créatifs tournés vers le bien.<br />

« Nous travaillons avec des personnes<br />

qui veulent aller bien, s’en donner les<br />

moyens. Agathe reçoit des clientes<br />

qui viennent pour des prothèses<br />

capillaires. Ce sont des femmes<br />

qui ont conscience des enjeux<br />

sanitaires de leurs choix. » Les deux<br />

jeunes femmes, main dans la main,<br />

deviennent donc ambassadrices,<br />

ensemble, d’un avenir façonné de<br />

simplicité et d’essentiel. Leurs créations<br />

– d’entreprises, de shop in shop,<br />

d’utopie – en portent les valeurs.<br />

agathe coiffure<br />

agathe petit<br />

b.a.s.i.c. la crème de la crème<br />

marie hauguenois<br />

21 rue des élus<br />

B<br />

business<br />

49<br />

TEXTE agathe cebe<br />

PHOTOGRAPHIES benoît pelletier


FigureS<br />

kyan khojandi<br />

NOM<br />

Kyan Khojandi.<br />

PROFESSION<br />

Faiseur de trucs plutôt marrants.<br />

ÂGE<br />

35 ans.<br />

PLUS BEAU SOUVENIR<br />

Les moments d'ennui avec mon<br />

meilleur ami Gautier. Qu'est-ce qu'on<br />

a rigolé !<br />

un rêve<br />

Faire un film.<br />

une passion<br />

Les trucs.<br />

VOTRE VISION DE REIMS<br />

Pour certains Reims, c'est la Cathédrale,<br />

le Champagne et les biscuits<br />

roses, pour moi c'est tout le reste.<br />

photographie Sylvère HIEULLE<br />

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