JOURNAL ASMAC No 1 - février 2018
Relève - Gériatrie/Dépressions TripAdvisor de l'emploi
Relève -
Gériatrie/Dépressions
TripAdvisor de l'emploi
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
POLITIQUE<br />
L’essentiel en BREF<br />
Pas de recours aux forceps<br />
Simon Stettler, Directeur de l’<strong>ASMAC</strong><br />
Je ne sais pas s’il y a déjà une fois eu autant<br />
de nouvelles idées, approches et revendications<br />
pour changer notre système de<br />
santé. Ma revue de la presse nationale et<br />
mon monitoring politique des initiatives<br />
parlementaires débordent depuis plusieurs<br />
semaines. Si seulement la moitié de ces<br />
propositions étaient mises en œuvre, cela<br />
changerait durablement la face du système<br />
de santé suisse.<br />
La plupart des acteurs s’accordent à dire<br />
que des mesures radicales et un changement<br />
des mentalités sont maintenant<br />
nécessaires. Pour ce qui est de la voie à<br />
emprunter, les avis divergent par contre<br />
fortement.<br />
Pour éviter tout malentendu : oui, notre<br />
système de santé est confronté à des problèmes<br />
et fait face à des défis. Il y a sans<br />
aucun doute un certain potentiel d’amélioration<br />
et cela dans plus d’un domaine.<br />
Des changements sont donc nécessaires et<br />
je me garderai bien de dénigrer toutes les<br />
idées et approches. Je peux comprendre<br />
que certains ont un sentiment d’impuissance,<br />
car malgré des années de discussions<br />
et débats, on n’est pas parvenu à<br />
frapper un grand coup (certains feraient<br />
peut-être bien de faire preuve d’un peu<br />
plus d’autocritique …).<br />
Malgré cela, j’estime qu’il faudrait davantage<br />
de prudence et de circonspection pour<br />
les changements dans le système de santé<br />
helvétique. D’une part, il est inutile de<br />
procéder à des changements dans le seul<br />
but d’avoir enfin changé quelque chose.<br />
D’autre part, il n’est pas nécessaire d’adapter<br />
notre système parce que d’autres pays<br />
le font. Ni la volonté de changement, ni les<br />
différences de système par rapport à<br />
l’étranger ne sont des motifs suffisants<br />
pour bricoler notre système de santé. Les<br />
idées et les approches doivent toujours être<br />
considérées dans un contexte global,<br />
sinon, on risque, notamment lorsque l’on<br />
regarde de l’autre côté de la frontière, de<br />
comparer des pommes avec des poires. De<br />
toute façon, le recours aux forceps à des<br />
fins punitives n’est pas admissible. Car il<br />
s’agit ni plus ni moins de l’approvisionnement<br />
en soins en Suisse. On pourrait<br />
presque parler d’une opération sur le<br />
patient vivant qui ne laisse que peu de<br />
place aux expériences et autres propositions<br />
irréfléchies. Malgré tous les débats<br />
houleux, accusations et défenses d’intérêts<br />
particuliers, n’oublions pas qu’au final, ce<br />
sont les individus qui profiteront ou feront<br />
les frais d’éventuels changements – les<br />
patients et le personnel. Et parmi ces derniers,<br />
il s’agit en premier lieu des futurs et<br />
jeunes professionnels de la santé. Pour<br />
eux, ce n’est ni motivant, ni juste de devoir<br />
maintenant payer les erreurs d’autrui.<br />
Il est donc fondamental que les propositions<br />
de changement soient étroitement<br />
liées à la pratique. Cela renforce (ou<br />
assure) la faisabilité d’une mesure et<br />
l’acceptation par les acteurs impliqués,<br />
c’est-à-dire par ceux qui doivent finalement<br />
la mettre en pratique au quotidien.<br />
Les idées tirées de la théorie, élaborées par<br />
des bureaucrates et propagées à la tribune<br />
doivent donc absolument être soumises au<br />
test de réalité. Un simple calcul de prétendues<br />
économies ne suffit pas. Ce n’est pas<br />
parce qu’un modèle a permis des gains<br />
d’efficience dans une usine Toyota qu’il<br />
produira le même effet dans un hôpital.<br />
Les théories et les grilles doivent être adaptées<br />
au fonctionnement complexe d’un<br />
hôpital. Ce faisant, il ne faut jamais perdre<br />
de vue que dans un hôpital ou un cabinet<br />
médical, chaque produit (pardonnez-moi<br />
l’expression) est différent de l’autre. Les<br />
patients sont individuels et le resteront<br />
aussi à l’avenir.<br />
■<br />
8 VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong> N o 1 Février <strong>2018</strong>