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Introduction de Rabbi Nathan au Likoute Moharan<br />

« ô génération, voyez donc la parole de l'Éternel » (Jérémie 2 :31). Le prophète ne dit pas<br />

« écoutez » mais « voyez ». Voyez comme l’Éternel vous a offert un trésor que l’on trouve<br />

au sommet de l’univers, comme l’affirment nos maîtres, de mémoire bénie, en<br />

commentant le verset : « Vélimkhassé Atik/que l’Ancien a caché» (Isaïe 23 :18), - il s’agit<br />

de celui qui dissimule les choses que « l’Ancien des Jours/Atik Yomine », a cachées, et<br />

selon une autre opinion, cela fait allusion à celui qui dévoile des choses que l’Ancien des<br />

jours a cachées » (Péssa’him 119).<br />

Mais en réalité, les deux avis rapportés sont vrais car (cet ouvrage) dévoile et dissimule<br />

à la fois, puis révèle et explique des points profondément élevés, des idées nouvelles,<br />

précieuses, merveilleuses et sublimes, rapportant des conseils de loin. C’est « l’œuvre<br />

d’un maître artisan » (Isaïe 25 : 1). Tous ses enseignements émanent d’une source d’eau<br />

vive, supérieure des plus sublimes. [Grâce à elle] « Le sage escalade une ville pleine de<br />

guerriers et fait tomber la citadelle en laquelle elle mettait sa confiance » (Proverbes<br />

21 :22).<br />

[Les Enseignements nous ont été dispensés], après avoir subis de nombreuses<br />

contractions de la Cause des Causes, d’une Intelligence supérieure et large à une<br />

Intelligence inférieure, jusqu’à se revêtir avec ces vêtements des Sages, d’une manière<br />

limpide et plaisante à travers des enseignements agréables, merveilleux et doux au<br />

palais, par la voie de la sagesse et de la raison, par le biais de raisonnements et<br />

d’explications, par la vie de la vie, sous forme de remontrances et de morale et qui<br />

ressemblent à un feu brûlant jusqu’au cœur des cieux.<br />

Chaque Enseignement que Rabénou a dévoilé au peuple d’élection, est plein de conseils<br />

merveilleux et extraordinaires, destinés au service authentique du Saint, béni soit-Il,<br />

comme le constatera celui qui observe de ses yeux, s’il y prête une attention<br />

véritablement sincère, à la condition qu’il recherche la vérité.<br />

Telle était en effet sa seule et unique intention sainte : éveiller ceux qui sont endormis,<br />

réveiller ceux qui somnolent, raffermir le cœur des hommes, de nos frères les enfants<br />

d’Israël <strong>pour</strong> les rapprocher du Saint, béni soit-Il. Pour annoncer aux captifs : « sortez »,<br />

et à ceux qui sont dans l’obscurité : « soyez délivrés ». Ouvrir les yeux aux aveugles,<br />

libérer les prisonniers de leurs chaines et de leurs geôles dans lesquelles ils<br />

croupissaient dans l’obscurité, prisonniers de leurs passions, captifs de leurs futilités, se<br />

1


perdant dans leurs transgressions. Tout cela dans l’espoir d’orienter leurs cœurs vers le<br />

Saint béni soit-Il, et les ramener véritablement vers Lui, sur la voie droite et juste, voie<br />

qu’ont empruntée depuis toujours nos ancêtres.<br />

Si ces choses sont certes dévoilées et suffisamment compréhensibles dans leur sens<br />

simple, elles n’en renferment pas moins d’autres interprétations à des niveaux encore<br />

bien plus élevés. Car la profondeur de ces idées est encore voilée et dissimulée à tous,<br />

puisqu’il s’agit de choses cachées par l’Ancien des Jours, choses que l’on doit tout à la fois<br />

cacher et dévoiler à dessein <strong>pour</strong> les introduire dans ce monde.<br />

En effet, le voile constitue lui-même le dévoilement, comme le rapportent certains écrits<br />

du Ari Zal et comme nous avons pu l’entendre de sa sainte bouche. Un jour Rabénou<br />

affirma que la Torah qu’il dévoile se situe à des milliers de milliers de niveaux plus bas<br />

que ce qu’il en a perçu à son degré bien plus élevé.<br />

Telles sont les marques de sa puissance et de sa grandeur, que son esprit saint, élevé et<br />

sublimé est parvenu à percevoir. Ensuite, <strong>pour</strong> faire descendre de telles choses si<br />

élevées et extraordinaires, ces idées saintes, subtiles, et particulièrement spirituelles,<br />

Rabénou a dû les revêtir dans de nombreux « habits » et contractions, afin de les rendre<br />

accessibles à chacun et faire connaître aux hommes la puissance du Saint, béni soit-Il.<br />

Afin de leur révéler les conseils, les voies et chemins permettant de parvenir<br />

véritablement à Son service, « <strong>pour</strong> que tous les peuples de la terre reconnaissent que<br />

l'Eternel est le vrai Dieu, et qu'il n'en est pas d'autre » (Rois I, 8,60)<br />

Mais les paroles de nos lèvres sont limitées et <strong>pour</strong>raient à peine exprimer des paroles<br />

exaltant la grandeur et l’importance de la suprême sainteté de ce livre si merveilleux.<br />

Celui qui souhaitera le consulter avec des yeux de vérité, verra et comprendra de luimême<br />

jusqu’où ces choses aboutissent. Mais <strong>pour</strong> celui dont le cœur est obtus et n’est<br />

pas intéressé à connaître la sainteté de cet ouvrage, les paroles de ce livre ne lui seront<br />

d’aucune utilité. Malgré tout, je vais exposer un peu les méthodes de ce saint ouvrage à<br />

tous mes amis et frères, même s’ils découvriront encore davantage par eux-mêmes.<br />

Ainsi, leurs yeux contempleront et leur cœur se réjouira.<br />

Chacun des Enseignements (Toroth) de cet ouvrage saint traite de plusieurs sujets<br />

précis, de divers commandements de notre sainte Torah et de l’importance de s’écarter<br />

des traits négatifs <strong>pour</strong> cultiver les vertus humaines. Chaque Enseignement en<br />

particulier aborde des sujets spécifiques n’ayant pas été évoqués ailleurs et il en est ainsi<br />

<strong>pour</strong> chacun d’entre eux. Par exemple, l’Enseignement (2) commençant par les mots :<br />

2


« Parle aux prêtres … », traite de la prière et de la préservation de l’Alliance de pureté.<br />

Dans cet Enseignement, les deux notions sont interdépendantes et nécessitent un esprit<br />

certain de jugement afin de savoir comment combattre avec l’épée (la prière). C’est<br />

<strong>pour</strong>quoi, nous devons donner la charité avant la prière. D’autre part, il est question (de<br />

thèmes divers comme): les pensées étrangères durant la prière, l’étude de la sainte<br />

Torah, l’édification du Sanctuaire, l’importance de rattacher sa prière au Juste de la<br />

génération, etc. Toutes ces notions y sont explicitées et reliées entre elles de façon<br />

magistrale et superbe, à nulle autre pareille.<br />

Un autre Enseignement (5), traite du « Retentissement des trompettes » et d’autres<br />

notions telles que l’accomplissement des commandements dans la joie, la prière<br />

fervente, la crainte, et il en est ainsi <strong>pour</strong> l’ensemble des Enseignements de l’ouvrage. En<br />

effet, toutes les paroles de ce livre saint regorgent de conseils bénéfiques et merveilleux<br />

concernant les vertus à acquérir et les spécificités de tous les commandements en<br />

vigueur. Il (Rabénou) enseigne comment s’éloigner et briser tous les désirs tels que la<br />

débauche sexuelle, l’attrait de l’argent, de la nourriture. Il aborde la nécessité de fuir la<br />

recherche des honneurs, la colère, la rancune et l’orgueil, mais <strong>pour</strong>suivre en revanche la<br />

grande valeur de la vérité et haïr l’avilissement du mensonge, la tristesse, la paresse, le<br />

mauvais usage de la parole tels que la médisance et le commérage. Il détaille<br />

l’importance de préserver sa vision et ses quatre autres sens, la sainteté des yeux, du<br />

nez, des oreilles et de la bouche, qui représentent les « sept lampes qui projettent la<br />

lumière vers le centre du saint Chandelier » (Nombres 8,2).<br />

D’autres Enseignements parlent de la sainteté du Chabat, du Yom Tov et de la néoménie,<br />

des trois fêtes de pèlerinage Pessa’h, Chavouot, Soukot ainsi que tous les<br />

commandements s’y afférents. Il s’agit par exemple du commandement de consommer<br />

de la Matsa, de l’interdiction du ‘Hamets et du levain, la lecture de la Hagada, et les<br />

quatre verres de vin. De même, du commandement de la Souka et des quatre espèces<br />

(Arbaa Minim), des fêtes de Hochaana Raba, Chémini Atséret, Sim’hat Torah, le don de la<br />

Torah à Chavouot, Roch Hachana et de la sonnerie du Chofar, de Yom Ki<strong>pour</strong>, ‘Hanouka<br />

et Pourim.<br />

Citons aussi les Tsitsit et les Téfilin, la lecture du Chéma et de la Amida, le don de la<br />

Tsédaka, l’étude de la Torah, l’honnêteté dans les affaires commerciales, la foi en général<br />

et la confiance à l’égard des érudits en Torah. L’humilité, la crainte, l’amour, la grande<br />

valeur de la volonté et du désir de sainteté, de prier avec force et ferveur lors des trois<br />

3


prières quotidiennes comme <strong>pour</strong> les autres prières, les supplications ou requêtes qu’il<br />

faut multiplier chaque jour. Plus particulièrement, il précise toute la valeur de<br />

l’isolement personnel (Hitbodédout) permettant de s’épancher et de parler dans sa<br />

langue maternelle devant le Saint, béni soit-Il, le dialogue entre l’homme et son Créateur<br />

afin qu’il déverse son cœur comme de l’eau devant l’Éternel <strong>pour</strong> lui accorder le mérite<br />

de se rapprocher de Son service. De même, il est question de la grande valeur de la<br />

récitation des Psaumes, propice à accéder au repentir, et de l’importance des pleurs<br />

devant le Saint béni soit-Il, à l’image d’un fils suppliant son père.<br />

(Les Enseignements font aussi) l’éloge du cœur brisé tout en s’écartant de la tristesse,<br />

considérer l’importance de la joie <strong>pour</strong> laquelle il faut engager des efforts, et s’appliquer<br />

à être toujours joyeux. De nombreux conseils sont ainsi donnés <strong>pour</strong> parvenir à la joie.<br />

De même il est question de la grande sainteté de la terre d’Israël, du Sanctuaire, du<br />

Temple et de Jérusalem, du danger des querelles et de l’immense valeur de la paix, du<br />

repentir, de la sainteté de la pensée et de l’éloignement des mauvaises pensées. Ainsi<br />

que des voies saintes de ce monde, nécessaires à tous.<br />

(Rabénou recommande vivement) de se rapprocher et de s’attacher aux Justes, dont<br />

dépend toute la sainteté du Juif. Il met l’accent sur la mélodie, les instruments de<br />

musique et les Dix sortes de chant, de taper des mains et de danser. Sur l’importance des<br />

soupirs et de l’écho de la voix: notions que l’oreille humaine n’a jamais perçue. Qui a déjà<br />

entendu ou vu une telle révélation de ces secrets sublimes ? Le monde a tant besoin de<br />

ces paroles où les voies de Dieu sont particulièrement dissimulées. Consulte par ailleurs<br />

le Zohar et d’autres écrits cabalistiques, tu y trouveras et comprendras de loin les<br />

mystères très cachés inhérents aux gestes effectués par les hommes. En particulier<br />

lorsqu’ils les font <strong>pour</strong> une raison sacrée, comme taper des mains pendant la prière ou<br />

<strong>pour</strong> une joie liée à un commandement. Ouvre tes yeux, vois et comprends (Zohar<br />

Chla’h, 68b; Pin’has 218b).<br />

Rabénou traite en abondance également du cœur de l’homme afin de le renforcer dans<br />

son service divin <strong>pour</strong> qu’en aucun cas il ne cède au découragement et que rien au<br />

monde ne le fasse chanceler. Et, surtout, qu’il reste extrêmement déterminé dans son<br />

service divin, sans jamais abandonner sa place, <strong>pour</strong> quelque raison que ce soit, car « les<br />

bontés de l'Eternel ne sont pas taries et Sa miséricorde n'est pas épuisée » (Lam. 3 :22).<br />

De même dans (les Enseignements), il est question de l’ensemble des six-cent-treize<br />

commandements de la Torah et de leurs dérivés ainsi que des commandements institués<br />

4


par nos sages. Et aussi de l’ensemble de la Torah Ecrite et Orale, des enseignements<br />

révélés et cachés, de la Cabale et de ses mystères. Des mystères de mystères déjà<br />

mentionnés à de nombreuses reprises, à chaque fois de manière différente, par le biais<br />

d’associations merveilleuses et de nouvelles explications originales. Tous recèlent des<br />

conseils merveilleux afin d’apprendre à se rapprocher du Saint béni soit-Il, de telle sorte<br />

qu’il n’y ait pas une seule chose liée à un commandement ou à la sainteté, un seul bon<br />

conseil, indispensable à tout homme, quel que soit son niveau, qui ne soit rappelé dans<br />

cet ouvrage sacré et magnifique.<br />

En effet, les pensées de Rabénou sont très profondes. Il traite de l’universalité de toutes<br />

choses, en général et en particulier, englobant tous les univers et tous les niveaux qui<br />

existent en ce monde, <strong>pour</strong> tout homme, du plus petit au plus grand. Depuis le point<br />

initial de la Création, commencement du monde de l’Emanation (Atsilout), jusqu’au point<br />

ultime du monde matériel de l’Action (Assia) dans lequel l’homme évolue, en fonction<br />

de sa place et son niveau, à cet instant même. Du plus grand d’entre les grands jusqu’au<br />

plus petit d’entre les petits, même <strong>pour</strong> celui qui se trouve aux niveaux les plus bas des<br />

dix « couronnes de l’impureté », et qui a sombré très bas et même plus, à cause de ses<br />

péchés. Mais Rabénou éveille les gens et redonne vie, <strong>pour</strong> qu’ils ne désespèrent pas de<br />

la miséricorde Divine, à Dieu ne plaise. Ses mots soutiennent celui qui a chuté et<br />

renforcent les genoux chancelants [comme il est rapporté dans l’Enseignement du<br />

Likouté Tinyana (11, #7) sur les mots du verset : « Car tout dans les cieux et la terre… »].<br />

Ainsi, <strong>pour</strong> chaque point particulier et chaque sujet traité, Rabénou en parle à plusieurs<br />

reprises et à chaque fois avec une approche différente et sous forme de nouveaux et<br />

judicieux conseils.<br />

Ainsi, <strong>pour</strong> l’Enseignement no 5, commençant par les mots « Avec le retentissement des<br />

trompettes », il est expliqué que la prière fervente est comparée au tonnerre, grâce à<br />

laquelle il est possible d’éradiquer la conduite tortueuse du cœur et parvenir à<br />

accomplir les commandements avec une grande joie engendrée par l’action elle-même.<br />

De même, dans l’Enseignement 48 « Pour vous être rebellés … », il ajoute que la prière<br />

récitée avec force permet d’avoir des enfants et correspond à la notion de la Souka et de<br />

la terre d’Israël. Par ailleurs, dans l’Enseignement 44, il enseigne que la prière fervente<br />

annule l’orgueil, les intérêts personnels et les pensées étrangères durant la prière. Dans<br />

l’Enseignement 9 « Les abîmes se sont fermés », il explique que par la prière fervente, on<br />

puise l’essence de la vitalité, on maintient tous les mondes « inférieurs, intermédiaires et<br />

5


suprêmes » et l’on mérite d’obtenir des miracles, des prodiges, la foi complète et la Terre<br />

d’Israël.<br />

Il en est également <strong>pour</strong> tous les traits de caractère, les commandements, les pratiques,<br />

les directives, et conseils qu’il suggère, et sur lesquels il revient maintes fois, d’une<br />

manière différente, en les mettant tous en relation et en les montrant sous un angle<br />

nouveau, magnifique et merveilleux. Parfois, il relie la préservation de l’Alliance de<br />

pureté grâce à laquelle on est digne d’accéder à la foi, qui est un aspect du Chabat, grâce<br />

auquel la charité et la Torah atteignent la perfection. L’homme peut alors accéder au<br />

désir ardent de sainteté et « posséder une âme », de telle sorte que tous ses repas (de<br />

l’aspect des pains de propositions du Temple) entrent alors dans la catégorie de<br />

l’homme pieux, comme l’indique l’Enseignement 31 « Nous avons un puits dans le<br />

désert ». A une autre occasion, il lie la préservation de l’Alliance à l’annulation de<br />

l’orgueil qui constitue l’idolâtrie, et à la rectification des trente-neuf travaux interdits<br />

qui incluent tous les échanges commerciaux, les unifications supérieures et inférieures,<br />

la Loi juive, la Cabala. De cette manière, il est possible de parvenir à une parole qui incite<br />

au repentir et conduit à des perceptions profondes de la Torah, comme l’explique<br />

l’Enseignement 11 « Je suis l’Eternel ». Il en est de même du reste des Commandements<br />

et autres traits de caractère.<br />

Rabénou a ainsi prodigué de merveilleux conseils et de sublimes recommandations, sous<br />

divers aspects, nouveaux et prodigieux. Car par notre grande faiblesse et le mauvais<br />

penchant qui conforte chaque jour davantage son emprise, comme l’affirment nos sages<br />

de mémoire bénie (Souka 52), nous avons besoin de conseils et d’un éveil au service<br />

divin à chaque fois et de façons différentes. Parfois, l’homme est apte à suivre une voie<br />

particulière à la lumière de tel enseignement. En d’autres circonstances, l’homme ne<br />

s’éveille pas avec cet enseignement mais seulement par le biais d’un autre<br />

enseignement. Tout dépend donc à chaque fois de l’homme, de son niveau, du lieu et du<br />

moment. « Goûtez et voyez comme Dieu est bon » (Psaume 34,9). Ecoutez Ses Paroles car<br />

elles sont exquises. Ceci s’adresse à tout homme qui le souhaite réellement, qui désire<br />

s’observer (par introspection) et faire preuve de compassion à l’égard de sa véritable<br />

vie : penser à la finalité, à la fin ultime, avec quel visage il se présentera devant le Roi,<br />

comme chacun le sait profondément en son cœur et son âme.<br />

En outre, tu comprendras et constateras que toutes les paroles de ce livre renferment<br />

une très grande profondeur, et dans chacun de ses Enseignements, on y passe d’une<br />

6


compréhension à l’autre, du général au particulier, et dans les moindres détails. Comme<br />

je l’ai personnellement entendu de sa sainte bouche, que son souvenir soit une<br />

bénédiction, il a dit un jour : « Il y a, dans ma Torah, une grande profondeur », car en<br />

réalité, telles sont les paroles de ce saint Livre, « semblables au feu et au marteau qui<br />

brise la roche » (Jérémie 23 :29).<br />

Chaque Enseignement de cet ouvrage se divise ainsi en plusieurs strates merveilleuses,<br />

en diverses notions et sujets nouveaux. En effet, chaque Enseignement est<br />

prodigieusement et fortement structuré : « puissamment bâtie » (Cantique des cantiques<br />

4 :4) – « une forteresse vers laquelle se tournent toutes les bouches » (Bérakhot 30),<br />

composée de nombreuses chambres, les unes à l’intérieur des autres, et des fenêtres qui<br />

s’ouvrent l’une sur l’autre. Et chacune de ces fenêtres, chaque commentaire, chaque<br />

sujet, chaque préambule présentés en détail, recèlent une très grande profondeur. Plus<br />

les explications et les sujets vont en se multipliant, « tout comme l’eau recouvre la surface<br />

des océans » (Isaïe 11 :9), et plus leur sens s’approfondit.<br />

L’homme avisé comprendra clairement qu’à chaque fois qu’il entre et sort d’un palais,<br />

d’une chambre à l’autre, d’un sujet à l’autre, sur chaque notion en générale, il devra à<br />

chaque fois revenir en arrière, et observer la suite. Ceci <strong>pour</strong> bien comprendre la<br />

complexité des choses, la fin d’un sujet grâce à son début et son début grâce à sa fin, car<br />

tout est lié et entrelacé. La conclusion s’est imbriquée avec le début, et le début est<br />

imbriqué avec la conclusion ainsi qu’avec le corps du sujet et les points annexes. Quand<br />

le lecteur s’y promène, il accroit sa compréhension et sa connaissance, plus<br />

particulièrement à travers la globalité de l’Enseignement relié et entremêlé de notions<br />

et sujets variés, merveilleux et extraordinaires, « profonds et plus vastes que la mer »<br />

(Job 11 :9).<br />

Ainsi donc, cher lecteur, tu dois comprendre ses paroles. Pourquoi Rabénou apporte<br />

parfois deux ou trois preuves <strong>pour</strong> un seul point, d’une prodigieuse et insondable<br />

profondeur. Pourtant… il peut te sembler ne voir qu’une seule preuve car telle est la<br />

méthode de ce livre. Ainsi par exemple, il répète souvent le terme « parce que », « car »<br />

ou un terme similaire en référence à une même idée donnant l’impression que tout n’est<br />

qu’une seule et même explication. Mais en réalité, il s’agit là de plusieurs notions,<br />

chacune liée à une autre. C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle il est impossible de les dissocier<br />

car elles constituent de nombreuses facettes et preuves, apportées de manière<br />

magistrale, chacune imbriquée et reliée à une autre.<br />

7


En ce sens, au regard de la grande profondeur de chacune des paroles de cet ouvrage,<br />

nous avons jugé approprié d’écrire, à chaque fois, des phrases telles que : « Réfléchis »<br />

ou « Comprends bien » ou « Analyse cela », avec ces termes précis, afin d’attirer<br />

l’attention du lecteur et l’amener à approfondir sa réflexion <strong>pour</strong> mieux comprendre.<br />

Cependant, j’ai réalisé par la suite qu’en pareil cas, il deviendrait vite nécessaire de<br />

mentionner <strong>pour</strong> la quasi-totalité de ces paroles, de telles expressions, tant est forte et<br />

suave l’immense douceur de l’intelligence et la profondeur inhérente à chaque sujet et<br />

presqu’à chaque phrase. De manière général, il existe une si grande force dans ses<br />

paroles, qu’aucune de ces formulations ne sauraient véritablement l’exprimer. C’est<br />

<strong>pour</strong>quoi je me suis retenu d’écrire des expressions de ce style mais seulement, lorsqu’à<br />

de rares exceptions, l’une d’entre elles s’est échappée de ma plume.<br />

Ainsi, celui qui réfléchit véritablement, qui possède un esprit, comprendra de lui-même<br />

l’importance de ces paroles, « plus vastes et profondes que l’océan » (Job 11 :9), « plus<br />

élevées que les cieux et plus profondes que l’abîme » (Proverbes 25 :3). Celui qui désire se<br />

délecter du nectar exquis de ces paroles doit les approfondir et les analyser avec un œil<br />

de vérité, avec une minutieuse réflexion, afin de comprendre parfaitement le sujet,<br />

d’après le niveau de perception qu’autorise son intellect. « Heureux l’homme qui a atteint<br />

la sagesse et en déduit des enseignements » (Proverbes 33,13), celui qui a trouvé la<br />

sagesse et celui qui a puisé l’intelligence, et comprend le sens le plus simple des paroles<br />

exposées dans ce saint ouvrage destiné à tous. Même celui qui est limité et qui aurait<br />

des difficultés à pénétrer ces notions profondes <strong>pour</strong>ra néanmoins y trouver un<br />

apaisement à son âme avec les conseils merveilleux et moraux tirés de chacun de ses<br />

saints enseignements. En effet, toutes les paroles de ce livre extraordinaire constituent<br />

véritablement des perceptions particulièrement élevées et infiniment profondes, dans<br />

lesquelles sont habillés et dissimulés des concepts particulièrement élevés et supérieurs.<br />

Ces idées sont cachées et ne figurent dans la Torah, que de manière allusive et discrète.<br />

Ainsi, tous les écrits du Ari Zal, les paroles du saint Zohar et les Tikounim, de même que<br />

l’ensemble de la méthodologie de la sainte Cabale, sont toutes englobées dans cet<br />

ouvrage sacré. Chacun de ces Enseignements traite des intentions spécifiques d’un<br />

commandement ou de tel chapitre du Ets ‘Haïm, sous un angle sublime et stupéfiant, vu<br />

avec nos yeux et non de ceux de quelqu’un d’autre. Car Rabenou a ouvert nos yeux <strong>pour</strong><br />

nous montrer parfois de manière allusive telle une goutte d’eau de l’océan, ses sublimes<br />

perceptions qui figurent dans cet ouvrage. En effet, chaque Enseignement recèle quatre<br />

8


niveaux de perception « Pardess » (Pchat - sens littéral, Rémez - sens allégorique,<br />

Drouch- interprétation exégétique et Sod - sens ésotérique). Chacun de ces degrés de<br />

compréhension renferme une grande profondeur, merveilleuse et prodigieuse, même si<br />

sa sainte et fondamentale intention visait l’explication simple contenue dans chaque<br />

Enseignement.<br />

En effet, ainsi qu’il est écrit dans plusieurs ouvrages de Rabénou, le plus important n’est<br />

pas l’étude mais la pratique (Pirké Avot 1 :17). Et comme nous l’avons rappelé à<br />

plusieurs reprises : l’essentiel de son intention sacrée dans chacun des enseignements<br />

qu’il a dévoilés, et dans chacune des paroles sorties de sa sainte bouche avaient <strong>pour</strong><br />

finalité de conférer du mérite au peuple juif et de le conduire à l’action. Le tout exprimé<br />

sous forme d’allusion proche ou lointaine, et montrer par des recommandations<br />

merveilleuses comment se rapprocher du Saint béni soit-Il, là où il se trouve. C’est<br />

assurément celui qui verra de ses yeux et souhaitera observer avec un œil de vérité<br />

absolue. En effet, toute l’intention sacrée de Rabénou consiste à ce que nous nous<br />

efforcions de comprendre les dévotions et les conseils émanant de chaque<br />

Enseignement précisément. Que nous implorions le Saint béni soit-Il, nous prosternions<br />

devant Lui et fassions tout notre possible <strong>pour</strong> accomplir de manière simple ce qui est<br />

écrit dans ces Enseignements.<br />

En l’Éternel, nous avons placé notre confiance, afin que tous ceux qui appliquent leurs<br />

yeux et leurs cœurs aux paroles de sainteté exprimées dans cet ouvrage saint, <strong>pour</strong> que<br />

leurs cœurs ressentent l’exaltation de leur cœur et que leurs yeux s’ouvrent. Qu’ils<br />

souhaitent ardemment se soumettre à Son service, béni soit-Il, au point de revenir<br />

véritablement vers Dieu, de tout leur cœur, de toute leur âme et de tout leur moyen.<br />

Leur cœur fut-il solide comme le roc, bougera de sa place. « S’il est de pierre, il fondra ;<br />

s’il est de fer, il volera en éclat » (Kidouchin 30b.) C’est ce que nous avons entendu de sa<br />

sainte bouche, lorsqu’il a dit : « Celui qui se plonge dans cet ouvrage avec un œil sincère<br />

et honnête, peut être certain que son obstination et les doutes de son cœur se<br />

dissiperont immanquablement » (Hayé Moharan ).<br />

Mais en réalité, il relève de l’impossible de faire l’éloge de ce saint et merveilleux<br />

ouvrage et, à plus forte raison encore, d’exprimer une louange à son saint auteur, <strong>pour</strong> la<br />

sublime, exaltée et précieuse Lumière de notre maître et guide – que le souvenir du Juste<br />

soit une bénédiction – car le silence est une louange <strong>pour</strong> lui. D’autre part, nous<br />

connaissons très bien l’intensité de la controverse, et à quel point furent nombreux ceux<br />

9


qui s’opposèrent à lui sans raison. C’est <strong>pour</strong>quoi nous fûmes contraints de museler nos<br />

bouches et de nous retenir de raconter sa sainteté, son intégrité, sa pureté et sa véritable<br />

humilité. Sa grandeur, la sagesse si élevée et si exaltée dont il faisait preuve dans la<br />

Torah tout entière, la partie révélée comme dans la partie cachée, dans l’océan du<br />

Talmud, des premiers et des derniers Décisionnaires, tous les secrets des perceptions<br />

supérieures et profondes. « Aucun mystère ne lui échappe » (Daniel 4,6), rien ne lui était<br />

inconnu et nul mystère ne le troublait – « là, tu trouveras son humilité » (Meguilah 31a).<br />

Il fut simple, patient, plein d’endurance, intègre dans ses actions, servant Dieu avec un<br />

don de soi hors du commun, sans connaitre le moindre répit, de jour comme de nuit. Il<br />

ne s’interrompait ni ne se reposait jamais de son service envers le Saint béni soit-Il, avec<br />

une sagesse et une compréhension extraordinaires comme vos yeux <strong>pour</strong>ront le<br />

constater dans ce saint livre. En effet, tous ceux qui approfondiront et auront à cœur de<br />

se plonger dans ses paroles <strong>pour</strong>ront juger à juste titre qu’il est impossible de<br />

comprendre de telles notions avec un « ventre plein ». Il a réalisé cela au prix<br />

d’innombrables efforts, en effectuant plusieurs milliers de jeûnes, d’un Chabat à l’autre,<br />

et en réalisant de nombreuses mortifications, en passant beaucoup d’années à s’isoler<br />

<strong>pour</strong> parler seul à seul avec Dieu, en multipliant les privations et en s’abstenant de<br />

toutes les tentations du monde. Il se sanctifia lui-même par toutes sortes de saintetés.<br />

Rabénou s’éleva et se sanctifia <strong>pour</strong> finalement parvenir au niveau le plus haut qui soit:<br />

celui de la sainteté de la terre d’Israël, <strong>pour</strong> laquelle il sacrifia son âme en faisant le<br />

voyage vers la terre Sainte en temps de guerre, à l’époque où des combats acharnés et<br />

violents faisaient rage dans cette région. Nombreux furent les écueils rencontrés tout au<br />

long de sa route. Dieu seul est témoin de cela. C’est ainsi que s’abattirent sur lui durant<br />

cette période, de si nombreux malheurs et dangers tels que : les épidémies de la peste, à<br />

Dieu ne plaise, qui sévissaient alors dans ce pays, durant la guerre (par l’invasion<br />

Napoléonienne au Moyen Orient). A chaque instant il n’était jamais assuré de rester en<br />

vie, ou de surmonter les terribles épreuves touchant son corps, son âme ou son argent,<br />

qu’il est impossible de décrire par écrit. Mais le Saint béni soit-Il, dans Sa Miséricorde, lui<br />

a donné la force de supporter toutes ces souffrances, chose impossible au commun des<br />

mortels. Ces épreuves venues de toutes parts ne l’empêchèrent pas de réussir à les<br />

traverser sain et sauf, de monter en terre d’Israël et d’en revenir sans encombre. Il<br />

accéda ainsi aux domaines révélés comme aux domaines cachés.<br />

10


« Les choses appartiennent au Seigneur » (Dévarim 29,28). Car outre les secrets de<br />

l’Éternel notre Dieu, Rabénou a atteint grâce à la terre d’Israël, des niveaux supérieurs à<br />

l’entendement humain. De même, dans le domaine révélé, nous avons pu constater que<br />

l’Éternel était avec lui, car ses Enseignements après son séjour en terre d’Israël furent<br />

autrement supérieurs aux niveaux qu’il avait déjà dévoilé. Même si son enseignement<br />

saint auparavant était déjà fort élevé puisqu’il éclairait par de sublimes paroles les gens<br />

avec tant de merveilles et de prodiges. Pourtant, tout comme les cieux sont plus élevés<br />

que la terre, de même, les méthodes d’Enseignements qu’il dévoila après sa montée en<br />

terre d’Israël furent supérieures à celles qu’il révéla avant, telles que nous avons pu les<br />

entendre maintes fois de sa sainte bouche. Ce livre, dans sa majeure partie, résulte des<br />

Enseignements que le Rabbi dévoila après s’être rendu en terre d’Israël et l’on n’y<br />

trouvera pratiquement pas d’enseignements antérieurs à la terre d’Israël, sauf à<br />

d’infimes exceptions, soit trois ou quatre pages tout au plus. (On peut trouver ces<br />

Enseignements avec écrit au début la remarque Lachon ‘Haverim (ils ont été rédigés non<br />

par Rabbi Nathan mais par d’autres disciples).On les rencontre en particulier entre les<br />

Enseignements 73 à 114.<br />

Cet ouvrage a été imprimé <strong>pour</strong> la première fois à Ostrog (actuelle République Tchèque),<br />

en 5568 (1808), du vivant de notre maître – que son souvenir soit une bénédiction – il y<br />

a de cela treize ans. Cependant, les imprimeurs firent de nombreuses erreurs, car ils ne<br />

l’imprimèrent pas en notre présence. C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle les erreurs se sont<br />

accumulées au cours de cette impression et, à plusieurs endroits, il manque plusieurs<br />

lignes. En outre, ils ont inversé l’ordre initial à plusieurs reprises, remplaçant parfois<br />

totalement certains sujets, sans compter d’autres altérations, notamment le manque<br />

d’espaces entre un Enseignements et un autre, ou à l’intérieur même d’un Enseignement,<br />

alors qu’il convenait parfois de marquer un espace ou un arrêt entre deux sujets. Sur<br />

tous ces points, ils ont ainsi causé beaucoup de dommages, insérant même un espace en<br />

plein milieu d’un sujet sans raison. A d’autres endroits, alors qu’il aurait fallu par contre<br />

laisser des espaces, ils ont imprimé le texte en bloc, comme s’il s’agissait d’un seul et<br />

même sujet, tant et si bien que plusieurs endroits sont totalement dé<strong>pour</strong>vus d’espace,<br />

même au début de l’Enseignement. Je me suis donc employé à rectifier ces lacunes, de<br />

tout mon cœur et de tout mon esprit, du mieux possible, avec l’aide de Dieu, corrigeant<br />

toutes les erreurs et dégâts survenus lors de la première impression.<br />

11


D’autre part, il faut savoir que la première édition du livre est sortie à la hâte, sans notre<br />

participation, alors que Rabénou se trouvait dans la ville de Lemberg (Lvov). A plusieurs<br />

endroits, de nombreuses corrections du texte auraient dû être effectuées. Mais sous la<br />

pression des éditeurs, il a été imprimé selon la version originale. C’est <strong>pour</strong>quoi, j’ai jugé<br />

bon de corriger de nombreuses erreurs, à dessein d’expliciter et de clarifier davantage,<br />

selon ce que j’avais compris et ce que mon esprit a perçu du sens initial de chaque<br />

Enseignement, et en fonction de ce que j’ai entendu de sa sainte bouche. Ainsi, tous les<br />

enseignements transcrits (dans son manuscrit) sont les saintes paroles de Rabenou luimême<br />

– que son souvenir soit une bénédiction– et je n’ai rien retranché ni ajouté, pas<br />

une seule lettre. Ce n’est qu’en cas de force majeure que je me suis attaché à rédiger une<br />

clarification, présentée entre parenthèses et entre deux espaces, <strong>pour</strong> indiquer qu’il ne<br />

s’agit pas là des paroles de Rabénou lui-même.<br />

Par ailleurs, au prix d’efforts, j’ai réussi à retrouver toutes les références des versets de<br />

la Bible ou des enseignements de nos sages - de mémoires bénies – du Talmud et des<br />

Midrachim, des écrits du Saint Zohar, des Tikounim et du Ari Zal, abondamment citées<br />

dans cet ouvrage. Ainsi, <strong>pour</strong> chacune d’elles, j’ai rappelé la source.<br />

De même, j’ai placé une lettre à chaque Enseignement, par ordre croissant, afin de<br />

permettre au lecteur qui s’y plonge de trouver plus facilement ce qu’il cherche. De plus,<br />

j’ai placé dans chaque Enseignement des lettres afin de bien distinguer chaque<br />

paragraphe avec des intervalles permettant de réfléchir entre une idée et l’autre, et de<br />

faire savoir qu’à partir de tel endroit, le texte passe à un autre sujet, afin d’enseigner et<br />

d’expliciter un nouveau point…<br />

D’autre part, plusieurs de ces enseignements reviennent dans cet ouvrage à plusieurs<br />

reprises, soit de manière développée, soit de manière concise, <strong>pour</strong> la raison suivante :<br />

telle était la sainte habitude de Rabénou – que son souvenir soit bénédiction - les<br />

Enseignements qu’il a lui-même rédigés étaient <strong>pour</strong> la plupart bien différents entre les<br />

versions orales et les versions écrites, car il les a rédigés spontanément, selon la rapidité<br />

de son esprit saint. Aussi, quand il transcrivait un Enseignement, il retranchait ou<br />

ajoutait ce qu’il exposait en public. Cependant, il n’en est pas de même en ce qui me<br />

concerne : j’ai veillé scrupuleusement à écrire en fonction de ce que j’ai entendu de sa<br />

sainte bouche sans rien ajouter ou retrancher. Ainsi, plusieurs enseignements figurent<br />

tels que je les ai retranscrits moi-même avant d’avoir eu accès aux manuscrits écrits de<br />

sa sainte main, dans lesquels j’ai trouvé de nombreuses différences entre les deux<br />

12


versions. Je me suis donc dit que les deux versions étaient bonnes. Telle est donc la<br />

règle : tout enseignement qui a été répété ne l’a été que <strong>pour</strong> apporter une nouvelle<br />

explication.<br />

Ces quelques paroles visent simplement à faire connaitre une infime partie des voies de<br />

ce saint livre sans qu’il soit possible de développer davantage ou de raconter toute la<br />

sainteté extraordinaire et merveilleuse de cet ouvrage. De nombreuses pages ne<br />

suffiraient pas à exprimer et faire l’éloge de l’immense valeur d’un seul Enseignement de<br />

ce livre. Ceci est d’autant plus vrai si l’on considère la forte opposition qui fait<br />

actuellement rage, engendrée de nos jours par nos nombreuses fautes. A cause de nos<br />

péchés nous avons assisté à l’accomplissement des versets : « La vérité a été mise à<br />

terre » (Daniel 8 :12) et « La vérité a disparu » (Isaïe 59 :15). En d’autres termes, la vérité<br />

s’est fragmentée et chacun en particulier affirme la détenir. Mais la vérité demeure et<br />

justifie son existence.<br />

Celui qui choisira, choisira. Quant à nous, nous mettons notre confiance en l’Eternel car<br />

nous « n’avons personne sur qui nous appuyer, si ce n’est sur notre Père qui se trouve dans<br />

le Ciel » (Sotah 49b). C’est vers Lui que nos yeux scrutent avec espoir, nous avons foi en<br />

Sa miséricorde afin qu’Il nous vienne en aide. De grâce, ne nous abandonne jamais !<br />

« Envoie Ta Lumière et Ta Vérité <strong>pour</strong> nous guider » (Psaume 43,3). « Que l’Éternel notre<br />

Dieu soit avec nous comme Il le fut avec nos pères » (Roi I, 8,57). « Que la bienveillance de<br />

l’Eternel, notre Dieu, soit avec nous! Fais prospérer l’œuvre de nos mains; oui, l’œuvre de<br />

nos mains, fais-la prospérer. » (Psaume 90, 17). Que le fils de David vienne nous libérer,<br />

nous ramène vers notre terre avec joie et reconstruise notre Temple, l’Edifice de notre<br />

gloire, au plus vite et de nos jours. Qu’il en soit ainsi, selon Sa Volonté. Amen.<br />

Ce sont les paroles du transcripteur et compilateur. « Pour la gloire et la grandeur<br />

de la Torah » : L’insignifiant Nathan, fils de mon père et maître, Rabbi Naftali Hertz<br />

de Nemirov, gendre du Rav et Sage, Rabbi Tsvi, ex-président du Tribunal<br />

rabbinique de Charigrad, Kreminitz et Mohilov.<br />

13


14


Avant-propos<br />

Cette traduction du Likouté Moharan ne nous a guère laissé de répit pendant<br />

près de trois ans. Nous l’avons entamée, emportés par sa voix, soumis à sa lettre, sans<br />

pouvoir nous soustraire à cette tâche imposée par le livre lui-même.<br />

Beaucoup de francophones qui s’intéressent à l’étude du Likouté Moharan<br />

désiraient une assistance <strong>pour</strong> étudier l’œuvre majeure de Rabbi Na’hman. Mais les<br />

problèmes rencontrés ne tenaient pas tant à la difficulté — <strong>pour</strong>tant très réelle — du<br />

texte, mais à la syntaxe de la langue française et à des expressions en hébreu parfois<br />

difficilement traduisibles. Nous avons préféré la clarté à l’élégance, sans négliger les<br />

contraintes syntaxiques du français. Nous n’avons exclu aucun passage du texte original<br />

même s’il présentait parfois une certaine obscurité, appelant à des développements sur<br />

des notions très profondes.<br />

Toutefois, la traduction que nous proposons n’a pas l’ambition d’être un substitut<br />

du texte original, ni sa version définitive en français. Non seulement à cause des lacunes<br />

inhérentes à toute traduction mais étant donné que la langue française évolue dans le<br />

temps, elle sera peut-être plus apte à accueillir sans distorsions excessives la langue<br />

sainte du Likouté Moharan et l’univers de pensée qu’elle comporte. Aussi, cette<br />

traduction proposée respecte donc les lois du genre, trop respectueuse sans doute <strong>pour</strong><br />

la langue du Likouté Moharan et sa grande souplesse syntaxique. D’où l’exercice<br />

périlleux d’une traduction devant laquelle chaque mot est riche d’une foule<br />

d’interprétations. Et il existe ce risque d’oublier la dénotation, et de se laisser aller à<br />

traduire seulement le signifiant, emporté par le récit en négligeant le sens des mots qui<br />

précèdent le discours.<br />

Il n’existe à notre connaissance aucun livre au monde, qui puisse donner autant à<br />

penser, à analyser et donner du fil à retordre aux traducteurs. En effet rien n’est plus<br />

ardu et rien n’est plus profond <strong>pour</strong> l’intelligence humaine que la compréhension du<br />

Likouté Moharan. Sa brièveté est inhérente au fait qu’elle puise sa source dans la<br />

suprême Sagesse divine, laquelle, absolue par elle-même, transcende les considérations<br />

liées au temps où à l’espace.<br />

Rabbi Na’hman a élaboré ses Enseignements de manière très rigoureuse selon<br />

la Torah Ecrite et Orale, sans oublier la Cabale, ni <strong>pour</strong> autant se réduire à un exposé<br />

didactique. Il a utilisé toutes les voies du Pardès en passant d’un domaine à l’autre,<br />

parfois dans un seul paragraphe ou même dans la même phrase. Ainsi nous avions<br />

conscience que l’interprétation en français de cet ouvrage ne pouvait être maitrisée car<br />

il pouvait donner lieu non à une unique version mais à plusieurs. En effet, à l’image des<br />

humains, les langues sont spécifiques, et notre traduction n’est qu’une des soixante-dix<br />

manières possibles de traduire, de même que tout commentaire du Texte ne met en<br />

lumière qu’une de ses soixante-dix facettes.<br />

En conclusion, notre traduction a été pensée <strong>pour</strong> être un outil linguistique au<br />

service du lecteur qui sur cette base est invitée à affiner sa découverte du texte. C’est ce<br />

qu’a visé notre travail accompagné dans la mesure du possible de petites notes<br />

explicatives. A cet effet, nous avons utilisé trois signes distinctifs dans notre traduction,<br />

15


<strong>pour</strong> signaler une insertion particulière dans le texte original:<br />

1) Les parenthèses ( ) sont réservées aux sources citées de la Bible, du<br />

Talmud, du Midrach, de la Cabale, etc. La forme des caractères est plus petite <strong>pour</strong><br />

mieux identifier la référence.<br />

2) Les signes ( ) indiquent les insertions personnelles des traducteurs visant<br />

à clarifier le texte.<br />

3) Les signes [ ] se réfère aux additifs de Rabbi Nathan.<br />

4) L’annotation qui figure en bas des pages ne constitue pas un guide<br />

systématique permettant à une parfaite compréhension du texte. Cependant, il peut<br />

éclairer ou orienter parfois le lecteur vers d’autres références en vue d’expliquer<br />

certains concepts peu familiers. Ces annotations n’engagent que les traducteurs<br />

car elles sont une interprétation personnelle du texte original sans exclure<br />

d’autres points de vue, ni diminuer que Dieu nous en garde, l’universalité du sens<br />

des mots de Rabbi Na’hman.<br />

Dans notre traduction, nous avons gardé la même numérotation que le texte en<br />

hébreu. Par contre, nous n’avons pas toujours suivi la pagination des paragraphes de<br />

Rabbi Nathan et sommes allés à la ligne chaque fois que se présentait une idée ou un<br />

concept nouveau.<br />

Il existe à la fin du livre un glossaire où sont expliqués certains aspects mystiques<br />

de la Cabale ainsi qu’un index simplifié par thèmes permettant de retrouver un sujet<br />

précis.<br />

Je souhaite remercier tout d’abord le Maitre du monde qui nous a donné la<br />

possibilité de travailler sur cette œuvre monumentale ainsi que tous ceux qui ont<br />

participé à son élaboration. En premier lieu Raphaël Aouat le traducteur principal suivi<br />

des autres traducteurs et correcteurs : David Amor, Chmouel Béhar, Israël Zitoun,<br />

Moché Chémla, Nouna Ghezi, Sophie Médina, Daniel et Ra’hel Bensoussan et Yossef<br />

Sebag. Les Enseignements de 1 à 4 ont fait l’objet d’une traduction extérieure.<br />

Avraham Ghezi<br />

16


17


venez voir les merveilles de l’Eternel , le mystère de la grandeur du sage divin<br />

Rabbi Chimon Ben Yo’haï z’al (Rachbi)<br />

Rabbi Chimon ben Yo’haï nous a promis, que grâce à lui, la Torah ne serait pas oubliée<br />

d’Israël. Nos sages enseignent (Chabat 138 b): « Lorsqu’ils sont entrés dans la Yéchiva<br />

de Yavné, ils ont déclaré : « Dans le futur, la Torah sera oubliée du peuple d’Israël ».<br />

Rabbi Chimon ben Yo’haï affirma quant à lui, que la Torah ne sera pas oubliée, en<br />

ramenant <strong>pour</strong> preuve le verset de la Torah: «Elle ne sera pas oubliée, de la bouche de sa<br />

descendance». Et comme l’explique le Zohar: « C’est grâce au livre du Zohar, il (le peuple<br />

d’Israël) sortira d’exil » (Zohar II, 124 b).<br />

Viens donc maintenant voir et comprendre les merveilles cachées de notre sainte<br />

Torah. Car en vérité, Rabbi Chimon ben Yo’haï lui-même, est décrit en allusion dans ce<br />

verset, qui nous assure « de la bouche de sa descendance », car en vérité dans ce verset<br />

lui-même est caché et allusionné ce secret. C’est-à-dire que grâce à la descendance de<br />

Yo’haï qui est Rabbi Chimon bar Yo’haï lui-même, la Torah ne sera pas oubliée car les<br />

lettres finales des mots du verset. «kI lo(A) tichakha’H mipY zarO/Elle ne sera pas<br />

oubliée de la bouche de sa descendance », forment les lettres: «YO’HAÏ».<br />

C’est ce que révèle le verset, ce à quoi il fait allusion: «Car elle ne sera pas oubliée de la<br />

bouche de sa descendance », de « sa descendance » précisément. C’est-à-dire de celui qui<br />

se cache dans ce verset, et auquel ce verset fait allusion — le Tana Yo’haï. C’est grâce à<br />

la descendance de Yo’haï, auquel les dernières lettres de ce verset font allusion — Rabbi<br />

Chimon bar Yo’haï — que la Torah ne sera pas oubliée; car grâce à ce Zohar, ils<br />

sortiront d’exil, comme nous l’avons vu plus haut.<br />

Sache aussi, qu’un autre verset fait allusion au mystère de Rabbi Chimon lui-même.<br />

Sache que le saint sage Rabbi Chimon correspond à: «Ir (O) vekadich Min CHemaya Na<br />

‘hit/Un ange, un saint, descendait du ciel» (Daniel 4:10), dont les premières lettres<br />

forment le mot « ChIMON »<br />

« Et maintenant, il y a le fleuve jaillissant source de toutes sagesses; et même l’ange, le saint doit<br />

puiser de lui.... » (Hayé Moharan).<br />

18


19


Avec l’aide du Dieu Tout Puissant, Créateur du ciel et de la terre. Qui nous a donné<br />

sa Torah du désert de matanah. Nous commencerons à imprimer des révélations<br />

merveilleuses et redoutables, sur les les paraboles de Rabah bar bar ‘Hanna. Par<br />

ce mérite, puissions-nous monter à Sion dans la joie, à la ville où campait David.<br />

TORAH 1<br />

En 5560 à Medvedevka.<br />

« Heureux ceux dont la voie est intègre, qui suivent la Loi de l’Éternel » (Ps. 119:1).<br />

Sache que par l’entremise de la Torah, toutes les prières et les demandes que nous<br />

adressons sont accueillies favorablement (auprès de Dieu). En outre, la grâce et<br />

l'importance (caractéristiques et singulières du peuple) d'Israël ressurgissent et<br />

réapparaissent ainsi pleinement, venant inspirer tous ceux qui (à travers leurs prières)<br />

doivent y recourir, aussi bien <strong>pour</strong> un motif spirituel que matériel. Car à présent, (hélas),<br />

de par nos nombreuses fautes, la grâce et l'importance réelles d'Israël, sont (comme)<br />

tombées (en désuétude) ; force est de constater en effet, qu’actuellement, (toute)<br />

l'importance et la grâce (du monde) se retrouvent <strong>pour</strong> l’essentiel, chez eux (c'est-à-dire,<br />

en dehors de l’enceinte d’Israël). Mais par l’entremise de la Torah, la grâce et<br />

l’importance d’Israël ressurgissent (enfin), la Torah étant, à ce titre, désignée : « Une<br />

biche d'amours et gracieuse gazelle/yaALat » (Prov. 5:19), parce qu’elle appose/maALa)<br />

une grâce sur ceux qui l'étudient (Erouvine 54), en raison de quoi, les prières et les<br />

demandes sont accueillies favorablement (auprès de Dieu).<br />

Car l’homme juif devra toujours porter les regards (de sa conscience) vers l’intelligence<br />

(Divine) immanente en toute chose, et se lier (intimement) à la sagesse et à l’intelligence<br />

immanente en toute chose, <strong>pour</strong> que l’intelligence l’éclaire (et l’instruise) à se<br />

rapprocher de Dieu au moyen de toute chose. Car l’intelligence est une lumière<br />

exceptionnelle, à même d’éclairer les voies (et les desseins) de l’homme, comme<br />

l’indique le verset : « La sagesse d’un homme éclaire sa face » (Kohélet 8:1).<br />

20


Et c’est là une analogie avec Yaakov qui obtint le droit d’aînesse, qui en tant que<br />

première apparition (par l’ouverture des « entrailles »), fait référence à la sagesse<br />

(Tikounim, Tikoun 14, Zohar Michpatim 121), car : « Le commencement est sagesse… »<br />

(Ps. 111:10). C’est (d’ailleurs) <strong>pour</strong>quoi, le verset (Béréchit 27:36) : « Il m'a supplanté<br />

(véYaAKVéni) par deux fois » (se référant à Yaakov), fut traduit par Onkelos par : « Il s’est<br />

ingénié à mon encontre... »<br />

Analogie (également) avec le soleil ; en effet, l’intelligence éclaire l’homme dans toutes<br />

ses voies, à l’instar du soleil, comme l’indique le verset (Prov. 4:18) : « La voie des Justes<br />

est comme la lumière du crépuscule, allant grandissante jusqu’à l’éclat du jour en son<br />

zénith ».<br />

Analogie (également) avec le ‘HeYt, (lettre hébraïque) désignant étymologiquement<br />

« vitalité »/‘HiYout, la sagesse et l’intelligence étant en effet, le principe vivifiant, en<br />

toute chose, comme l’indique le verset (Kohélet 7:12) : « la sagesse fait vivre … ».<br />

Seulement, la lumière de l’intelligence est si haute (et fine), que l’on ne saurait<br />

réellement l’appréhender, qu’en érigeant (préalablement en son cœur) la symbolique du<br />

NOuN, (lettre hébraïque) désignant étymologiquement le « règne » (en l’occurrence de la<br />

raison sur les sens), ce qu’indique : « Devant le soleil, son nom régnera (yiNONe) » terme<br />

que Rachi définit comme désignant l’idée du « règne ». Analogie faite avec la lune qui n’a<br />

de lumière propre hormis de celle qu’elle reçoit du soleil $(Zohar Vayé’hi, 238 et 249) ;<br />

en effet, la royauté (également), ne possède rien d’elle-même hormis ce qu’elle reçoit du<br />

‘HeYt, analogie avec la sagesse et au soleil, <strong>pour</strong> qu’alors s’accomplisse le verset : « Et<br />

l’éclat de la lune sera semblable à la lumière du soleil … » (Isaïe 30).<br />

Par contre, celui qui ne se lie pas à la sagesse et à l’intelligence vivifiant toutes choses,<br />

s’apparente (par son attitude) à Essav, qui en dédaignant le droit d’aînesse, comme en<br />

témoigne le texte : « Essav dédaigna le droit d’aînesse » (Béréchit 25:34), dédaigna<br />

l’intelligence (à laquelle il se réfère), car : « L’insensé n’a d’estime <strong>pour</strong> la raison, mais n’a<br />

de volonté que d’assouvir les (vils) désirs de son cœur » (Prov. 18:2). Règne du mal (par la<br />

domination des désirs sur la raison), caractéristique d’une lune pécheresse, au sujet de<br />

laquelle il est dit : « Et la lune sera couverte de honte … » (Isaïe 24:23).<br />

21


Notre propos se situe (essentiellement) au niveau du bon et mauvais penchant. Le bon<br />

penchant est appelé en effet : « pauvre et sage » (Kohélet 4:13), référence à la royauté,<br />

pauvre et indigente, car ne possédant rien de par elle-même hormis ce qu’elle reçoit de<br />

la sagesse. Quant au mauvais penchant, il est appelé : « roi, vieux et insensé » (idem), le<br />

règne du mal n’ayant en effet d’estime <strong>pour</strong> la sagesse et l’intelligence, car : « L’insensé<br />

n’a d’estime <strong>pour</strong> la raison ».<br />

Dès lors, chacun devra insuffler force et vigueur au royaume de sainteté afin de<br />

subjuguer le royaume du mal, selon la devise de nos Sages : « L’homme devra toujours<br />

exciter son bon penchant en vue de soumettre son mauvais penchant » (Brakhot 5). Et de<br />

quelle manière prodiguera-t-il force et vigueur au royaume de sainteté ? Par la Torah à<br />

laquelle il se consacre avec force et vigueur [ainsi que nos Maîtres<br />

<strong>pour</strong>suivent : « L’homme devra toujours exciter son bon penchant… », s’il s’en va, c’est<br />

bien, sinon que l’on s’investisse dans l’étude de la Torah]. Et comme nos Sages l’ont (par<br />

ailleurs) enseigné : « Si ce malpropre croise ton chemin, entraîne-le à la maison d’étude »<br />

(Kidouchine 30), car par le mérite de la Torah, il insuffle force et vigueur au Royaume de<br />

sainteté.<br />

C’est alors que la royauté relevant du NOuN, se trouve vivifié par la sagesse relevant du<br />

‘HeYt et ainsi le ‘HeYt et le NOuN se lient et s'attachent <strong>pour</strong> que « l’éclat de la lune<br />

devient semblable à la lumière du soleil… » (Isaïe 30). Et « lorsque l’un se lève, l’autre<br />

chute », car alors la royauté du mal tombe et s’annule, comme il est écrit : « Droites sont<br />

les voies de l'Eternel, les Justes y marchent ferme, et les pécheurs y trébuchent » (Osée<br />

14:10). En d’autres termes, par les voies de l’Éternel, c'est-à-dire la Torah, les Justes<br />

attachés à la royauté de sainteté, se trouvent renforcés et reçoivent force et vigueur.<br />

Quant aux « pécheurs qui y trébuchent », il s’agit du royaume du mal, ou en d’autres<br />

termes du mauvais penchant qui tombe et qui est vaincu grâce à la Torah.<br />

Et c’est ainsi que toutes les prières et les demandes sont accueillies favorablement<br />

(auprès de Dieu). En effet (et à titre d’exemple), la raison essentielle <strong>pour</strong> laquelle les<br />

demandes (que nous formulons les uns envers les autres) ne trouvent pas (toujours) de<br />

réponses favorables, provient du fait que les mots ou les motifs (que nous employons ou<br />

évoquons à cet effet) manquent de grâce et ne pénètrent donc pas le cœur de celui qui<br />

22


est sollicité ; c’est en quelque sorte comme s’il n’y avait pas (suffisamment) de place en<br />

son cœur <strong>pour</strong> accueillir les propos qui lui sont adressés, et cela tient au fait que celui<br />

qui le sollicite est (à ses yeux) dénué de grâce, aussi les propos qu’il tient, ne<br />

parviennent pas à pénétrer le cœur de celui qui est sollicité. Mais au moyen de la Torah,<br />

le NOuN et le ‘HeYT se lient et s’attachent, comme nous l’avons exposé, et font émerger<br />

ainsi la grâce/‘HèN. C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle la Torah est désignée : « une gracieuse<br />

gazelle » (Prov. 5:19), car par son entremise, l’homme voit ses propos acquérir la grâce<br />

nécessaire <strong>pour</strong> que ses demandes soient accueillies favorablement, à l’image de celui<br />

qui sait gracieusement discourir afin de toucher le cœur de celui qu’il veut solliciter.<br />

Et c’est là la caractéristique de la lettre TaV, car en associant le ‘HeYT au NOuN,<br />

engendrant ainsi la grâce/HèN, nous faisons apparaître la dimension du TaV, signifiant<br />

étymologiquement une gravure, comme dans $(Ezéchiel 9:4) : « Et tu graveras un signe<br />

entaillé/TaV», car la grâce a gravé un espace dans le cœur de celui à qui l’on s’est<br />

adressé, afin de recevoir une réponse favorable à tous nos propos et demandes.<br />

Or cette gravure se nomme justement TaV, comme nous venons de le voir. Tel est donc<br />

l’idée du verset : « Les paroles des sages, formulées posément/Bé’Na’HaT, sont alors<br />

écoutées » (Kohélet 9:17) : le terme employé est précisément Na’HaT, à savoir le ‘HèN,<br />

auquel s’est adjoint le TaV, formant ainsi le terme Na’HaT, en raison de quoi ses paroles<br />

sont entendues et sa demande est accueillie.<br />

Et c’est la raison <strong>pour</strong> laquelle Yaakov, symbolisant l’intelligence, fut investi de la grâce,<br />

ce qu’indique : « Puisque Dieu m’a pris en grâce … » (Béréchit 33:11), en raison de quoi, il<br />

bénit (également) les Tribus de la grâce, comme il est écrit : « Les enfants dont Dieu m’a<br />

gratifié/‘HaNaNe… ». Or Binyamin n’était alors pas présent, aussi c’est Yossef qui le<br />

bénira de la grâce, comme il est écrit : « Que Dieu te prenne en grâce, mon fils » (Béréchit<br />

43:29). Et ce fut précisément Yossef qui put le bénir de la grâce, car il était plus que tout<br />

autre, impliqué dans la vocation de Yaakov, ce qu’indique : « Telle est la descendance de<br />

Yaakov, Yossef… » (Béréchit 37:2), signifiant qu’il constituait l’aspect essentiel de sa<br />

descendance, car Yaakov et Yossef sont considérés comme une seule entité. Et c’est<br />

<strong>pour</strong>quoi, il est dit au sujet de Yossef : « Premier ! Son taureau ! Qu’il est majestueux ! »<br />

(Dévarim 33:17). Premier, c'est-à-dire l’aîné, en référence à l’intelligence, comme nous<br />

23


l’avons vu plus haut. « Son taureau/SHoRo », peut également se lire « regard », car nous<br />

devons porter nos regards vers l’intelligence qui réside en toute chose. « Qu’il est<br />

majestueux », qu’Onkelos traduit par « éclatant », évoquant ainsi la lumière, car<br />

l’intelligence brille en toute chose, y compris dans un endroit obscur et sombre, si<br />

seulement nous parvenons à porter nos regards vers l’intelligence qui, là-bas<br />

(également), réside en toute chose, et nous rapprocher alors de Dieu.<br />

Telle est l’explication des paroles de Rabah bar bar ‘Hanna : « Cette vague qui désire<br />

engloutir le bateau, donne l’impression de posséder une petite flamme blanche, à<br />

son sommet. Et on la frappe avec un bâton sur lequel est gravé : « Je serai qui Je<br />

serai » (Baba Batra 73).<br />

La vague : il s’agit du mauvais penchant. Qui désire engloutir le<br />

« bateau »/SéFiNeta » : il s’agit de la grâce et de l’importance, caché et<br />

« enfoui »/SaFouN, en raison de son importance, car le mauvais penchant souhaite noyer<br />

et rabaisser, à Dieu ne plaise, la grâce et l’importance du peuple juif, c'est-à-dire le<br />

royaume de sainteté.<br />

Et donne l’impression d’une petite flamme blanche, à son sommet : car au sommet,<br />

c'est-à-dire au début, le mauvais penchant s’habille de préceptes et dupe ainsi l’homme<br />

(dans ses intentions) : il feint de vouloir l’inciter à accomplir un précepte. Et c’est cela<br />

cette flamme blanche au sommet (de la vague) : bien que de toute blancheur, elle n’en<br />

est pas moins un ange malfaisant (car comme une flamme, destructrice).<br />

Que l’on frappe avec un bâton sur lequel est gravé : « Je serai qui Je serai »… c’est-àdire<br />

que l’essentiel de la soumission du mauvais penchant s’effectue par l’intermédiaire<br />

de la Torah qui est tout entière constituée des noms de Dieu. Or la Torah s’apparente à la<br />

lettre Vav (qui numériquement, équivaut à six), car la longueur des Tables de la loi<br />

(englobant toute la Torah) était de 6 poings, tout comme leur largeur $(Baba Batra 14).<br />

C’est l’idée du bâton sur lequel était inscrit « Je serai qui Je serai… », c’est-à-dire des noms<br />

sacrés : tout ceci représente la Torah désigné par le Vav, qui par sa forme ו évoque un<br />

bâton, et qui de surcroît est tout entière constituée de Noms divins. En d’autres termes,<br />

la Torah abaisse le mauvais penchant, qui souhaite rendre l’homme véritablement fou,<br />

que Dieu préserve. En effet, celui qui commet une transgression est alors fou, ainsi que<br />

24


l’ont affirmé nos Sages de mémoire bénie: « Un homme ne commet de faute avant que<br />

n’entre en lui un esprit de folie » (Sota 3). Et tout comme les fous doivent être frappés et<br />

porter des noms saints en amulettes, ainsi la Torah à laquelle nous nous consacrons,<br />

possède la qualité du bâton et des noms, par lesquels on frappe et soumet le mauvais<br />

penchant, et extirpe de l’homme la folie et l’esprit de stupidité qui sont entrés en lui,<br />

comme il est dit : « Nous le frappâmes avec un bâton sur lequel étaient gravés des noms<br />

saints ».<br />

Tel est le sens du verset : « Heureux ceux dont la voie est intègre ». Heureux/ASHReY,<br />

(selon l’agencement des voyelles) peut désigner également le regard. « Dont la voie est<br />

intègre » évoque : « Yaakov, homme intègre » (Béréchit 25:27), en référence à<br />

l’intelligence, comme nous l’avons vu. En d’autres termes, il s’agit de dire que l’on ne<br />

peut parvenir à observer l’intelligence évoqué par « Yaakov, homme intègre », et résidant<br />

en toute chose, que par le biais de la Torah, comme l’indique la suite du verset : « qui<br />

suivent la Loi de l’Éternel ». Et en étudiant la Torah avec force, nous insufflons la<br />

vigueur au royaume de sainteté symbolisé par le NouN, en vue de recevoir la sagesse<br />

symbolisé par le ’HeT, et faire ainsi émerger la grâce : ‘HèN, <strong>pour</strong> que ses paroles soient<br />

accueillies favorablement, comme nous l’avons expliqué. Dès lors, la grâce et<br />

l’importance d’Israël s’en trouvent élevées et toutes les prières et demandes sont<br />

accueillies.<br />

25


TORAH 2<br />

Selon le manuscrit de Rabénou.<br />

« L'Éternel dit à Moché : Parle aux prêtres, fils d'Aharon, et qu’ils transmettent à leur<br />

tour : Ne vous souillez pas par l’âme d’un cadavre se trouvant au sein de son<br />

peuple » (Vayikra 21:1)<br />

1. Il est dit dans le Sifra Ditsniouta $(chapitre 2) : « De l’orifice du nez, Dieu insuffla un<br />

souffle de vie au Messie. » (Zohar Térouma 177a). En effet, l’arme principale du Messie<br />

réside dans la prière symbolisée par le nez/‘HoTeM, comme l’indique le verset : « Et Ma<br />

louange, Je te l’insufflerais à l’image du nez : E‘HToM » (Isaïe 48:9), signifiant que (tout<br />

comme le souffle vital des narines), c’est de la louange (divine que représente la prière),<br />

que le Messie puisera l’essentiel de sa vigueur. (Aussi) tout son combat, et toutes ses<br />

conquêtes, c’est animé de ce souffle qu’il les mènera, ce que le verset (introduisant le<br />

récit de ses réalisations futures) indique par les termes : « Et Je lui ferais inhaler la<br />

crainte de l’Eternel etc. » (Isaïe 11:3), en référence au nez.<br />

Et cela est son arme essentielle, idée que nous retrouvons (par ailleurs) dans le<br />

verset : « Par mon épée et par mon arc/BéKaSHTY » (Béréchit 48:22), qui (mettant en<br />

scène Yaakov) n’est, comme Rachi en fait état, qu’une illustration de la prière et de la<br />

supplication/BaKaSHah », car (bien entendu) : « Ce n’est pas en mon arc que je place ma<br />

confiance… mais en l’Eternel, que avons loué » (Ps. 44:7-9), en écho au verset<br />

(précité) : « Et Ma louange, Je te l’insufflerais à l’image du nez ».<br />

2. Et cette « arme » doit être obtenue par la caractéristique de Yossef, en d’autres<br />

termes, en préservant (intacte) l’alliance (de pureté par quoi Yossef, dans le creuset de<br />

son épreuve, se distingua), ce qu’indique le verset : « Ceins ton glaive sur ta cuisse » (Ps.<br />

45:4) (désignant pudiquement, de par leur proximité, les organes génitaux), ainsi que le<br />

verset (adressé au Roi David) : « Je placerais sur ton trône, un fruit de tes entrailles » (Ps.<br />

132:11), référence au Messie (descendant de David) caractérisant la prière, « si<br />

(toutefois) tes enfants préservent Mon alliance », en référence à Yossef.<br />

26


(Et c’est <strong>pour</strong>quoi) Yossef, ayant préservé l’alliance (de pureté), obtint le droit d’aînesse,<br />

qui (conférant originellement, une consécration de l’enfant au culte divin), évoque (de ce<br />

fait) l’exercice du culte par la prière. Ainsi, tout comme le droit d’aînesse octroie (à<br />

l’enfant) une double part (d’héritage), la prière comprend (également), un double<br />

aspect : la louange au Créateur et les demandes que nous Lui adressons.<br />

Et c’est là, l’idée de : « l’épée à double tranchant/PYPHiYOT qu’ils tenaient en leurs<br />

mains » (Ps. 149:6), littéralement : (une épée) possédant deux bouches/PYOT, en<br />

référence aux deux expressions de la bouche (se consacrant à la prière et qui, comme<br />

nous l’avons vu, constitue l’arme du Messie).<br />

Et cette distinction fut retirée à Réouven (ainé biologique de Yaakov) <strong>pour</strong> avoir profané<br />

la couche de son père, puisque (cette distinction est) dépendante du respect de l’alliance.<br />

* Et c’est <strong>pour</strong>quoi Yossef, ayant accédé à la dimension de la Téfila, qui correspond à : « Et<br />

Ma louange sera à l’image du nez », en référence à la vitalité émanant de l’orifice du nez,<br />

est appelé à ce titre : « fils fertile/PORaT que Yossef » (Genèse 49), allusion aux<br />

686/TaRPO – lumières des sept noms divins : קמג ‏,קנא ‏,קסא ‏,בן ‏,מה ‏,סג ‏,עב dont la somme<br />

équivaut 686, car il reçoit (sa vitalité) de l’orifice du nez/FaRDSKA – dont l’équivalence<br />

numérique équivaut également 686.<br />

3. Et celui qui obtient cette épée (qu’est la prière), devra savoir la manier au combat,<br />

qu’il ne la fasse dévier ni à droite ni à gauche, et sache viser un cheveu sans le manquer.<br />

Ce qui ne sera possible que par (le sens) du jugement, lequel (se devant d'être impartial<br />

et précis) sera qualifié (par les écritures) de pilier du centre. En effet, chacun, dans<br />

l’usage de son arme, devra atteindre l’endroit requis, et ne dévier ni à droite ni à gauche,<br />

mais parvenir au (juste) milieu, ce qu’exprime le verset : « Il nourrit ses propos du<br />

jugement » (Ps. 112:5).<br />

Et c’est <strong>pour</strong>quoi Yossef reçut le statut d’aîné précisément de Yaakov, comme il est<br />

écrit : « Et moi (Yaakov), je t’ai donné (une part supplémentaire à celle de tes frères) »<br />

(Bér. 48:22), « moi », précisément, car Yaakov incarne le jugement.<br />

C’est (également) ce qu’indique le verset : « C’est une loi <strong>pour</strong> Israël » (Ps. 81:5),<br />

référence à l’alliance, comme mentionné (dans la bénédiction suivant la<br />

27


circoncision) : « Il apposa une loi dans sa chair », « un jugement <strong>pour</strong> le Dieu de Yaakov »<br />

(suite du verset précité), car c’est du jugement, que Yossef (représentant l’alliance) doit<br />

recevoir cette épée, afin de : « nourrir ses propos du jugement ».<br />

C’est (encore également) ce qu’indique le verset : « Inspire Ta justice au roi » (Ps. 72:1),<br />

car le Messie recevra (cette épée) de la dimension du jugement.<br />

4. Et de quelle manière peut-on accéder à la dimension du jugement ? Grâce à la charité,<br />

car à travers elle, nous endossons l’attribut du jugement, similitude qu’indiquent les<br />

versets : « Il réalisa la charité de Dieu et ses jugements au sein d’Israël » (Dévarim 33:21),<br />

ou encore : « Le jugement, de pair avec la charité, en Yaakov etc. » (Ps. 99:4). Car la<br />

charité se prodigue en ayant (le sens) du jugement, comme il est écrit : « Dieu juge, Il<br />

abaisse l’un et élève l’autre » (Ps. 75:8) : il appauvrit l’un et enrichit l’autre. De même<br />

lorsque nous donnons l’aumône, nous réalisons le verset : « Il abaisse l’un », car nous<br />

diminuons (un tant soit peu) nos propres ressources, et « Il élève l’autre », car nous<br />

octroyons des ressources au nécessiteux. Il s’avère donc que nous endossons (alors)<br />

l’attribut du jugement.<br />

Et c’est la raison <strong>pour</strong> laquelle il faut prélever l’aumône avant de prier (Baba Batra 10),<br />

en vue de parvenir à nourrir nos propos (du sens) du jugement, et viser alors juste, sans<br />

(jamais) faillir.<br />

C’est bien là ce que dirent nos Sages, heureux leur souvenir : « Pourquoi Yaakov a-t-il<br />

octroyé le droit d’aînesse à Yossef ? Pour avoir <strong>pour</strong>vu à ses besoins. Ceci peut être<br />

comparé à un maître de maison qui aurait élevé un orphelin dans sa maison… » (Baba<br />

Batra 123), comme il est écrit : « Yossef nourrit son père et sa maisonnée, en considérant<br />

le nombre d’enfants/LéPHY HaTaF (par famille) » (Béréchit 47:12), terme que le<br />

verset : « Exhorte/HaTèPH le sud … » (Ezéchiel 21:2), renvoie à l’idée de parole, (en<br />

conséquence de quoi l’expression) : « en considérant le nombre d’enfants/LéPHY<br />

HaTaF » signifiera que sa prière fusait de sa bouche du fait même de la charité (qu’il<br />

pratiqua envers la maison paternelle, comme ce même verset, en fait état). Et c’est <strong>pour</strong><br />

avoir prodigué la charité, que Yaakov, incarnant le jugement, lui octroya le droit<br />

d’aînesse qui symbolise la prière, ce qu’indique : « Et moi (Yaakov), je t’ai donné (une<br />

28


part supplémentaire à celle de tes frères) », « moi », précisément, parce qu’il incarne le<br />

jugement.<br />

5. Et l’origine des pensées étrangères (venant perturber notre prière) provient<br />

essentiellement d’une dégradation du jugement. En effet, le jugement possède une<br />

similitude avec les yeux, comme l’indique le verset : « Ils se dirigèrent vers l’œil du<br />

jugement » (Béréchit 14:7), analogie avec : « l’œil de Yaakov » (Dévarim 33:28) (incarnant<br />

le jugement). En outre, la dégradation du jugement entraîne une dégradation des yeux,<br />

comme il est écrit : « Car le pot de vin aveugle les yeux des sages » (Dévarim 16:19),<br />

référence aux pensées étrangères venant perturber la prière, et qui comme des nuages<br />

(assombrissant la clarté du jour), viennent recouvrir la clarté des yeux (de l’esprit), ce<br />

qu’indique : « Tu T’es entouré de nuages (<strong>pour</strong> ne pas laisser la prière Te parvenir) » (Lam.<br />

3:44).<br />

Et dans les temps futurs, lorsque que le jugement sera rétabli, comme il est écrit : « Tsion<br />

sera rachetée par le jugement » (Isaïe 1:27), alors, les nuages recouvrant les yeux se<br />

dissiperont (également), ce qu’indique : « Car de leurs propres yeux, ils verront le retour<br />

de Dieu à Tsion » (Isaïe 52:8).<br />

Et c’est la raison <strong>pour</strong> laquelle Yossef (ayant hérité de la prière) est désigné : « Un fils<br />

fertile, au-delà des regards ».<br />

6. Et chacun devra, dans sa prière, entretenir l’idée de se lier aux Justes de la génération.<br />

En effet, chaque Juste de la génération est un aspect du niveau de Moché (qui se<br />

retrouvera dans le) Messie. Les Justes s’appellent d’ailleurs les uns les autres du nom de<br />

Moché, comme il est écrit : « Moché, que tu as bien parlé ! » (Chabath 101b). Or Moché<br />

intégrait (également) la dimension du Messie, comme il est écrit : « Jusqu’à ce que vienne<br />

Chilo » (Béréchit 49:10), que la tradition identifie à (l’âme de) Moché, présente dans le<br />

Messie (Zohar Béréchit 25b 27). Or chacune des prières que chacun d’entre nous adresse<br />

(à Dieu), représente un élément à part entière de la Présence divine (s’exprimant sur<br />

terre) et que symbolisent les différents composants du Tabernacle. En outre, nul au sein<br />

du peuple juif, n’est en mesure d’imbriquer les différents composants du Tabernacle à<br />

leur place adéquate, à l’exception de Moché. Et c’est donc <strong>pour</strong>quoi, il faut amener et lier<br />

29


toutes les prières au Juste de la génération, à l’exemple (des enfants d’Israël)<br />

qui : « apportèrent le Tabernacle à Moché » (Chémot 39:33), car lui seul en effet, savait<br />

imbriquer ses composants les uns aux autres afin de l’ériger en une entité parfaite, ce<br />

qu'exprime le verset : « Moché érigea le Tabernacle » (Chémot 40 :18).<br />

7. Et toute la Torah que l’homme étudie dans l’intention d’en garder (les interdits) et<br />

d'en réaliser (les ordonnances), toutes ces lettres sont des étincelles d’âmes qui<br />

s’habillent à l’intérieur de la prière et s’y renouvellent à la manière d’une gestation (ainsi<br />

que rapporté dans le livre des pérégrinations des âmes, selon lequel toutes les âmes<br />

intègrent la Royauté à la manière d’une gestation, afin de s’y renouveler).<br />

Et c’est le sens du verset : « Les cieux/haCHaMaYiM, racontent la gloire divine » (Ps.<br />

19:2), il s’agit de la Torah qui comporte les caractéristiques du feu/eCH et de<br />

l’eau/MaYiM, unie aux âmes, qui intégrants la prière, expression de la « gloire divine »,<br />

comme il est écrit : « Faites de Sa louange un tribut de gloire » (Ps. 66:2), (louange<br />

désignant la prière) comme l’indique le verset précité : « Et Ma louange, sera à l’image<br />

du nez : E‘HToM » (Isaïe 48:9). Les âmes, de pair avec la prière désignée gloire, en ce<br />

sens qu’elle habille nos âmes, tout comme Rabbi Yo’hanane désignait ses<br />

vêtements : « ma gloire », la prière étant à ce titre désigné « la gloire divine », s’éclairent<br />

mutuellement. D’une part, les âmes éclairent la prière, comme <strong>pour</strong> l’éveil des eaux<br />

féminines. D’autre part, la prière éclaire les âmes en leurs conférant un renouveau,<br />

comme <strong>pour</strong> une gestation.<br />

Et lorsque les âmes, revêtues de la prière, sont amenées (à comparaître) devant le Juste<br />

de la génération, elles revêtent alors l’aspect de : « Jeunes filles de compagnie, qui à sa<br />

suite, se présentent devant toi » (Ps. 45:15).<br />

Baba Batra 73b<br />

Rabah bar bar ‘Hanna dit : Une fois, alors que nous voyagions en bateau, nous<br />

vîmes un poisson sur le dos duquel le sable s’était amoncelé et d’où une végétation<br />

s’était développée. Pensant qu’il s’agissait d’une terre ferme, nous y accostâmes,<br />

puis nous y avons cuit du pain et avons cuisiné sur son dos. Et lorsque le dos se<br />

30


échauffa, le poisson se retourna. Et si nous n’avions été à proximité du bateau,<br />

nous aurions été noyés.<br />

Et c’est ce que disait Rabah bar bar ‘Hanna : Nous vîmes un poisson etc. Car durant<br />

notre exil, Dieu s’est comme voilé la Face, comme il est écrit : « Tu as caché Ta Face » (Ps.<br />

30 :8), qui n’est autre que Sa Miséricorde (comme un visage que l’on tourne vers autrui,<br />

témoignant notre bienveillance à son égard), car voilà que Dieu nous présente Sa nuque<br />

(comme s’Il nous tournait le dos), témoignant de Sa rigueur. Et toutes nos prières et<br />

demandes s’intéressent au fait que Dieu nous présente Sa nuque, et L’implorent de<br />

diriger à nouveau Sa Face vers nous, ainsi qu’il est dit : « Tourne-Toi vers moi » (Ps.<br />

86:16), ou encore : « Que l'Éternel fasse rayonner sa Face vers toi » (Bamidbar 6:25). Et<br />

lorsque nous observons la longueur de l’exil, et que chaque jour, nous crions vers Lui et<br />

que nous ne sommes pas <strong>pour</strong> autant délivrés, aussi, certains, au sein de notre peuple,<br />

enfants d’Israël, font en leur cœur, l’erreur de croire que, Dieu garde, toutes les prières<br />

sont vaines et sans effet. Mais en réalité, toutes ces prières, les Justes de chaque<br />

génération les élèvent et les érigent, à l’exemple de Moché qui érigea le Tabernacle. Ils<br />

disposent chaque composant à sa (véritable) place, <strong>pour</strong> construire ainsi peu à peu, la<br />

structure de la Présence divine, jusqu’à sa complète édification. Et c’est alors que<br />

viendra le Messie qui n’est autre que Moché, qui la complétera et la relèvera totalement.<br />

Nous vîmes un poisson — référence au Juste de la génération, désigné poisson, et<br />

évoquant Moché (se retrouvant chez) le Messie.<br />

Sur le dos duquel, le sable s’était amoncelé — (ce sable/‘HoL) fait référence aux<br />

prières (i’HouLim) que nous adressons (à Dieu), <strong>pour</strong> nous avoir, <strong>pour</strong> ainsi dire, tourné<br />

le dos. Le sable s’y était amoncelé — car à l’exemple du Tabernacle que (les enfants<br />

d’Israël) apportèrent à Moché, il est nécessaire d’amener et de rattacher la prière au<br />

Juste de la génération (comparé au poisson).<br />

D’où une végétation s’était développée, référence aux âmes accompagnant la prière, à<br />

l’image « de jeunes filles de compagnies, qui à sa suite, se présentent devant toi » (Ps.<br />

45:15). En effet les âmes sont appelées « herbes », comme il est écrit : « Je t'ai multipliée<br />

comme la végétation des champs » (Ezéchiel 16:7).<br />

31


Pensant qu’il s’agissait d’une terre ferme, en d’autres termes, que les prières (sont<br />

desséchées et) ne donnent (donc) pas de fruits.<br />

Mais la réalité est tout autre, car nous y accostâmes, y avons cuit du pain et cuisiné, car<br />

toutes les prières s’élèvent et montent. Et plus on abonde en prières, plus la Présence<br />

divine s’édifie et se prépare à l’union (céleste). Car telle est l’idée de la cuisson qui, en<br />

tant que préparation au repas, évoque l’union conjugale, comme <strong>pour</strong> : « Si ce n’est le<br />

pain qu’il mange » (Béréchit 39:6). Et lorsque par l’abondance des prières, la structure de<br />

la Présence divine sera totalement achevée, Sa miséricorde s’émouvra alors, de telle<br />

sorte que l’attribut de rigueur se transformera en attribut de miséricorde. Et telle est<br />

l’idée de : lorsque son dos se réchauffa : en d’autres termes, lorsque Sa miséricorde<br />

s’émouvra, son dos se retourna, à savoir, que l’attribut de rigueur se transformera en<br />

attribut de miséricorde.<br />

Et si nous n’avions été à proximité du bateau : car « C'est <strong>pour</strong> Moi ! Oui, bien <strong>pour</strong> Moi<br />

que Je le ferai » (Isaïe 48:11), idée que l’on retrouve également dans un Midrach : « Qui<br />

donc M’a précédé, que Je le rémunère ? » (Job 41), « Qui donc M’a fait une Mézouza avant<br />

même que Je ne lui donne une maison etc. » (Vayikra Raba 27). Il s’avère donc que toutes<br />

nos bonnes actions et toutes nos prières, proviennent en fait de Lui, et qu’il ne sied donc<br />

pas d’entretenir la pensée de recevoir un quelconque salaire <strong>pour</strong> quoi que ce soit. Et<br />

quand bien même il apparaîtrait que c’est par l’intermédiaire de nos prières et de notre<br />

Torah que viendra la délivrance finale, nous n’en sommes pas moins dépendants de Sa<br />

bonté, car c’est par Sa bonté qu’Il nous délivrera. Et tel est l’idée de : « et si nous<br />

n’avions pas été à proximité du bateau » — référence à la bonté, comme l'ont enseigné<br />

nos Sages : « Les marins sont <strong>pour</strong> la plus part, vertueux » (Kidouchine 82a), en d’autres<br />

termes : n’était-ce Sa bonté, que nous aurions été noyés dans l’exil, Dieu garde.<br />

(A la lumière de tout ce qui a été dit), telle est donc l’explication du verset (précité en<br />

début de l’Enseignement) : « Parle aux prêtres, fils d'Aharon, et qu’ils transmettent à<br />

leur tour : Ne vous souillez pas, par l’âme d’un cadavre se trouvant au sein de son<br />

peuple »<br />

« Parle/EMoR aux prêtres », évoque l’idée de prière, comme nous le retrouvons par<br />

ailleurs dans : « Tu as glorifié/héEMaRta aujourd'hui l'Éternel » (Dévarim 26:17). Quant<br />

aux prêtres, ils représentent la Torah, et par conséquent les âmes, comme expliqué<br />

32


précédemment, comme en fait état le verset : « Car les lèvres du prêtre garderont la<br />

Torah » (Malakhi 2:7).<br />

« Aharon » représente le jugement, comme il est écrit : « Aharon portera ainsi le jugement<br />

des enfants d'Israël » (Chémot 28:30).<br />

Car il faut amener toutes les prières à Moché, le Messie, et lui, érigera ainsi le Tabernacle,<br />

[ainsi qu’il est écrit : « Alors on apporta à Moché, le Tabernacle » (Chémot 39:33) et<br />

« Moché érigea le Tabernacle » (Chémot 40 :18)]. Et c’est là ce qu’expliquait Rachi : « Pour<br />

avertir/léhaZHiR les grands au sujet des petits ». Il s’agit du Juste de la génération, de<br />

l’aspect de Moché, le « grand luminaire », qui doit éclairer/yaZHiR la prière qui<br />

correspond à la dimension du « petit luminaire ».<br />

« Ne vous souillez pas, par l’âme d’un cadavre se trouvant au sein de son peuple », à savoir<br />

en préservant intacte l’alliance de pureté sexuelle, comme le rapporte le Zohar : « Le<br />

mauvais penchant se manifeste essentiellement dans les interdits sexuels, qui sont la<br />

principale souillure. » Et lorsque un homme veillera à s’en préserver, il obtiendra ainsi la<br />

faculté de prier, et obtiendra que se réalise : « Et Ma louange, sera à l’image du nez ». En<br />

effet, l’odorat dépend essentiellement de la pureté, comme nos Sages<br />

l’enseignent : « Depuis que la pureté a disparu, le parfum (véritable des fruits) a<br />

(également) disparu » (Sota 48), et comme le relate l’histoire rapportée dans la Guémara<br />

(de Rav Houna qui trouvant un jour des dattes de Hynounous, les enveloppa dans son<br />

châle. Vint Rabah, son fils) qui lui dit : « Je sens chez toi une odeur de Hynounous», à quoi<br />

son père lui répondit : « Mon fils, la pureté est en toi !» (Sota 49a).<br />

33


Chavouot 5562. Premier Chabat à Breslev.<br />

TORAH 3<br />

Rabah bar bar ‘Hanna raconte : « J’ai vu une grenouille aussi grande que la cité<br />

d’Hagronia. Et quelle est l’importance de cette cité ? Elle regroupe soixante<br />

maisons. Vint un serpent, qui avala la grenouille, puis vint un corbeau qui avala le<br />

serpent, après quoi, il s’envola et se posa sur un arbre. Jugez donc de la vigueur de<br />

cet arbre !<br />

Commentaire du Rachbam : Akroukta : « Tséphardé’a » (grenouille). Comme la cité de<br />

Hagrounia : la grenouille était aussi grande que ce village. Et quelle est la dimension<br />

de la cité de Hagrounia ? Soixante maisons. Ce sont là, les dires du Talmud. Vint un<br />

serpent : C’est là, Rabah qui parle. Pouchkantsa : la femelle du « ‘orev » (corbeau)<br />

Voici : Celui qui écoute la mélodie d’un musicien impie, rencontrera de ce fait des<br />

difficultés à servir Dieu. (Par contre) en écoutant la mélodie d’un musicien ayant de<br />

bonnes dispositions d’esprit, cela lui sera bénéfique, comme nous l’exposerons.<br />

En effet, le son de la mélodie émane des oiseaux, idée que l’on retrouve dans le<br />

Midrach : « Pour quelle raison la purification du lépreux doit dépendre de deux oiseaux<br />

sains et purs ? Que vienne un bavard dont la voix résonne, expier la faute d’un bavard dont<br />

la voix résonne ! » (Vayikra Raba 16:17), car le lépreux a ainsi été frappé, à cause de sa<br />

voix, <strong>pour</strong> avoir proféré de la médisance.<br />

Aussi, un homme ayant de bonnes dispositions d’esprit, verra sa mélodie émaner des<br />

deux oiseaux sains et purs. Or, le Zohar (Vayikra 53b) enseigne que ces deux oiseaux<br />

puisent de l’endroit même d’où les prophètes puisent (leur vision, ce qui explique<br />

<strong>pour</strong>quoi l’écoute d’une mélodie venant d’un musicien ayant de bonnes dispositions<br />

d’esprit, est bénéfique). Et c’est la raison <strong>pour</strong> laquelle le chantre est désigné/‘HaZaNe,<br />

suggérant l’idée de vision prophétique/‘HAZoNe, puisqu’il puise sa mélodie de l’endroit<br />

même d’où les prophètes s’abreuvent.<br />

Mais lorsque le musicien est un impie, il puise sa mélodie des autres oiseaux, issus de<br />

l’impureté. Or le Zohar enseigne (Vayé’hi 217b) à leur sujet, que les oiseaux impurs<br />

s’abreuvent des mamelles de la Royauté, et que lorsque la nuit se partage en deux, on<br />

34


entend alors proclamer : «Comme des oiseaux pris au piège, ainsi les hommes se font-ils<br />

prendre au piège » (Kohélet 9:12).<br />

Et le remède permettant d’écouter la mélodie de tout individu (en toute immunité), sera<br />

d’étudier la Torah orale durant la nuit, en d’autres termes la Guémara, qui possède une<br />

similitude avec la nuit.<br />

En effet, comme le relate le Midrach (Cho’har Tov 19) : « Lorsque Moché se trouvait sur<br />

la montagne, quarante jours et quarante nuits, il ne savait distinguer le jour de la nuit,<br />

que par le fait de son étude : l’étude de la Torah écrite lui indiquait qu’il était jour, et<br />

l’étude de la Torah orale lui indiquait qu’il était nuit. » La Torah orale présente donc une<br />

similitude avec la nuit, ce que confirme un autre enseignement de nos Sages (Sanhédrine<br />

24a) qui sur le verset : « Il m'a relégué dans des régions ténébreuses » (Lam. 3:6)<br />

identifient « les régions ténébreuses » au Talmud de Babylone (regroupant l’essentiel de<br />

la Tora orale). Or un autre verset indique : « Et les ténèbres, Il les appela nuit. » (Béréchit<br />

1:5) (Indiquant donc, de fil en aiguille, que la Torah orale présente une similitude avec la<br />

nuit).<br />

Car en étudiant les six Traités (du Talmud) on « répare » les six anneaux formant la<br />

trachée cervicale d’où sort le son de la voix.<br />

Et c’est ce qu’exprime le verset : « Lève-toi, chante dans la nuit » (Lam. 2:19), en d’autres<br />

termes, relève le chant « par la nuit », soit par l’étude de la Guémara et ses six traités<br />

(comparée à la nuit).<br />

Cependant, lorsque l’on n’étudie pas <strong>pour</strong> la gloire divine, mais en vue d’être appelé<br />

« Rabbi », l’étude ne revêt pas une si grande importance. Mais en étudiant la nuit, « un fil<br />

de bonté s’étend alors sur nous » (’Haguiga 12b), venant ainsi nous protéger, <strong>pour</strong> que<br />

cette pensée (si elle devait nous traverser) ne nous corrompt pas (<strong>pour</strong> autant).<br />

Il est rapporté en outre, dans les écrits du saint Ari, que les oiseaux impurs relèvent de<br />

l’intellect de la royauté du mal, alors que les deux oiseaux sains et purs constituent<br />

l’édifice du royaume de sainteté.<br />

35


C’est donc la raison <strong>pour</strong> laquelle, David fut encensé devant Chaoul comme : « un habile<br />

musicien » (Chmouël I 16:18), car la mélodie constituant l’édifice de la royauté, on<br />

souhaitait ainsi insinuer (auprès de Chaoul) que David était à même de devenir Roi.<br />

C’est également la raison <strong>pour</strong> laquelle, le verset s’exprimant au sujet de David,<br />

dit : « Dieu l’amena du milieu des brebis allaitant leurs petits » (Ps. 78:71), en référence<br />

aux sphères (énergétiques) de « Victoire » et de « Majesté » qui, (<strong>pour</strong> ainsi dire)<br />

allaitent les prophètes (de leur vision), et qui en outre, forment (dans l’arbre séfirotique)<br />

l’édifice de la Royauté.<br />

Et c’est là ce disait Rabah bar bar ‘Hanna :<br />

J’ai vu « Akroukta » que Rachbam identifie à la grenouille/« TSéPhaRDE’A » qui<br />

phonétiquement peut se lire : un oiseau de conscience/TSiPoR DE’A.<br />

Qui était aussi grande que la cité/« aKRA » d’HaGRoNia, phonétiquement similaire à<br />

KRA béGaRoN : « clamer de sa gorge » (Isaïe 48:1), car la mélodie émane de cet oiseau.<br />

Et quelle est l’importance de cette cité ? Elle regroupe soixante maisons — en<br />

d’autres termes, de quelle manière rectifie-t-on le concept de « clamer de sa gorge » ?<br />

Grâce aux soixante maisons que sont les soixante Traités (du Talmud). Aussi Rachbam<br />

commente : « Ce sont là les dires du Talmud », signifiant qu’il faut alors étudier le<br />

Talmud.<br />

Vint un serpent qui avala la grenouille — Rachbam commente : « Ce sont là, les dires<br />

de Rabah », à savoir que lorsque l’on n’étudie pas au seul nom de la gloire divine, alors<br />

« le serpent » avale cette étude. Et c’est là ce que commente Rachbam : « Ce sont là, les<br />

dires de Rabah » à savoir lorsque l’on étudie afin d’être appelé « Rabbi ».<br />

Vint un « Pouchkantsa » que Rachbam identifie au corbeau/OReV, c’est-à-dire (qu'il<br />

convient) d'étudier la nuit : ARViT.<br />

Qui avala le serpent, indiquant qu’il sera de la sorte protégé (de la pensée provenant)<br />

du serpent.<br />

Après quoi, il s’envola et se posa sur un « arbre » que le Maharcha identifie à<br />

Avraham, au sujet duquel il est dit : « Avraham planta un verger » (Béréchit 21:33) (<strong>pour</strong><br />

36


sustenter de ses fruits les voyageurs), ce qui suggère donc l’idée de bonté, référence au<br />

fil de bonté que l’on étend sur celui qui étudie la nuit, le protégeant ainsi (de la pensée<br />

venant) du serpent.<br />

Jugez donc de la vigueur de l’arbre ! Rabah s’étonne ainsi de la bienveillance divine à<br />

notre égard venant nous protéger même sur ce point.<br />

Nous pouvons dès lors comprendre la juxtaposition de la Michna : « Fais-toi un Maître,<br />

acquiers-toi un ami, et juge chaque individu avec indulgence » (Avot 1:6). Car en écoutant<br />

la mélodie, comme nous l’avons décrit, nous rétablissons notre part dans l’édification de<br />

la Royauté. Et c'est là ce qu’indiquent les mots : « Fais-toi un Maître », qu’il faudra<br />

(également) lire : « Fais-toi Maître », signifiant : rectifie ta part de royauté. Ce que tu<br />

réaliseras par : « Acquiers-toi/KNéH, un ami/’HaVeR », (KNéH) indiquant la trachée<br />

artère/KaNéH, d’où s’extrait le son de la voix, (et qui par le chant) uni/‘HaBeR l’un à<br />

l’autre les deux Chérubins (surmontant le couvercle de l’arche d’alliance, et qui ailées<br />

comme les deux oiseaux sains et purs desquels découle la mélodie, sont également<br />

l’espace duquel la parole prophétique se révélait) qui dès lors tournent leur visage l’un<br />

vers l’autre, <strong>pour</strong> s’enlacer « comme l’épanchement d’un homme auprès de sa<br />

compagne » (Rois I 7:36), (illustrant ainsi l’affection divine à l’égard) d’Israël, au temps<br />

où celui-ci accomplit Sa volonté (Baba Batra 99a).<br />

Dès lors, ayant ainsi rectifié notre part de royauté, nous serons en mesure d’exercer<br />

notre autorité dans tous les domaines (de la vie) nous tenant à cœur, pouvant aller<br />

jusqu’à entraîner la mort de l’un, ou accorder la vie à l’autre, détruisant en définitive le<br />

monde. C’est <strong>pour</strong>quoi le texte (s’empresse) de conclure : « Et juge chaque individu avec<br />

indulgence », il convient en effet de juger chaque individu avec clémence, car Dieu ne<br />

souhaite pas la destruction du monde, car : « Il n’a pas créé le monde <strong>pour</strong> le chaos, mais<br />

<strong>pour</strong> qu’il soit peuplé » (Isaïe 45:18).<br />

Nous pouvons dès lors comprendre également <strong>pour</strong>quoi les gens ont de nos jours<br />

l’habitude de dire que les chantres sont stupides et dé<strong>pour</strong>vus d’esprit. Cela tient au fait<br />

que la Royauté sacrée est à présent en exil. Et puisque la mélodie émane du lieu d’où les<br />

prophètes puisent (leur vision), qui n’est autre que l'intellect et l’esprit (animant) la<br />

Royauté sacrée, et puisqu'également la Royauté se trouve à présent en exil, aussi la<br />

(qualité de la) mélodie s’en trouve (indéniablement) altérée. C’est ce qui explique<br />

37


<strong>pour</strong>quoi les chantres sont privés de finesse d’esprit, parce que n’ayant pas à présent la<br />

force de capter l’inspiration musicale à sa source sacrée qui n’est autre que l’intellect de<br />

la Royauté sacrée.<br />

Mais dans les temps futurs, lorsque la Royauté sacrée grandira et que « L’Eternel sera Roi<br />

sur toute la terre » (Zékharia 14:9), la mélodie s’affinera et atteindra alors son apogée,<br />

grâce à l’intellect et l’esprit (animant) la Royauté sacrée desquels elle découle.<br />

Et c’est ce qu’indique le verset : « Car Dieu est Roi sur toute la terre, chantez à bon<br />

escient » (Ps. 47:8). En effet, lorsque Dieu règnera sur toute la terre et que la Royauté<br />

sacrée grandira, s’accomplira alors (le verset) : « chantez à bon escient ». Ce qui signifie<br />

que les chantres chanteront alors à bon escient et finesse d’esprit, parce qu’ils capteront<br />

l’inspiration musicale à sa source sacrée qui n’est autre que l’intellect et l’esprit<br />

(animant) la Royauté sacrée.<br />

Addenda :<br />

Et tel est le sens du verset : « Car Ta bonté s’élève au-dessus des cieux » (Ps. 108:5). Les<br />

cieux évoquent la voix, car : « C’est des cieux, que Tu as fait entendre Ta voix » (Dévarim<br />

4:36). Et puisque c’est par la bonté, et plus précisément « le fil de bonté » étendu audessus<br />

de celui qui étudie la Torah la nuit, que l’on rectifie la voix (de la mélodie), il<br />

convient donc de dire : « Car Ta bonté s’élève par-dessus des cieux ».<br />

Les deux oiseaux de sainteté desquels émane la prophétie, représentent l’édifice de la<br />

Royauté sacrée. Et c’est la raison <strong>pour</strong> laquelle la nomination d’un roi s’effectuait par<br />

l’intermédiaire d’un prophète, comme d’ailleurs la dynastie de David. Car la prophétie<br />

émane des deux Chérubins auxquels correspondent les deux oiseaux (sains et purs) qui<br />

édifient la Royauté sacré.<br />

« Dieu l’amena du milieu des brebis allaitant leurs petits » (Ps. 78:71), référence aux<br />

sphères qui « allaitent » la vision des prophètes. (Si l’on s’en tient aux mots, il est<br />

précisément écrit qu’Il l’amena) « De derrière les brebis», car en effet, le roi David, paix à<br />

son âme, était en mesure de rectifier et d’élever au niveau du sacré, la mélodie d’un<br />

homme, fût-il loin de Dieu. « Dieu l’amena de derrière les brebis allaitant leurs petits »,<br />

indique en d’autres termes, la mélodie qui se trouve (au dos ou) derrière (le domaine<br />

de) la sainteté. En effet « les brebis allaitant leur petits » font référence à la mélodie<br />

38


sacrée « s’allaitant » du même lieu d’où les prophètes puisent leurs visions. Quant à la<br />

mélodie qui ne participe pas du sacré, elle correspond à ce qui est « derrière les brebis ».<br />

Or le roi David était à même de rectifier également cette mélodie, et de ce fait, il fut<br />

promu au Trône, ce que ce même verset indique d’ailleurs : « Il l’amena de derrière les<br />

brebis allaitant leurs petits, <strong>pour</strong> qu’il devienne le berger de Yaakov », c’est ainsi qu’il<br />

accéda au Trône.<br />

39


Chavouot 5561-5562. Zlatipolia.<br />

TORAH 4<br />

« Je suis l'Éternel ton Dieu qui t'ai fait sortir du pays d'Égypte, d'une maison<br />

d'esclavage » (Chémot 20 :2).<br />

1. Lorsqu'un homme comprend que toutes les circonstances de la vie ne visent que son<br />

bien, ce niveau de conscience est un avant-goût du Monde à venir, comme l’illustre le<br />

verset : « Je célèbrerais la Parole divine s’exprimant au Nom de Sa miséricorde (YHVH), Je<br />

célèbrerais la Parole divine s’exprimant au Nom de Sa rigueur (Elohim) » (Ps. 56:11). Et ce<br />

niveau de conscience est un avant-goût du Monde à venir, ce que nous apprenons de nos<br />

Sages (Péssa’him 50a) qui citant le verset : « En ce jour, l’Eternel sera Un et Son Nom sera<br />

Un » (Zékharia 14:9), s’interrogent : « Dieu ne serait-Il pas à l’heure actuelle, également<br />

seul et unique ? » et de répondre : « C’est que nous Le célébrons aujourd’hui <strong>pour</strong> le<br />

bonheur qu’Il nous octroie par la formule : « Qui est bon et Qui fait le bien », et <strong>pour</strong> le<br />

malheur qui nous touche, par la formule : « Juge véridique ». Alors qu’aux temps futurs,<br />

nous Le célébrerons en tout (temps) par la formule : « Qui est bon et Qui dispense le bien »,<br />

car alors les Noms divins d’«YHVH » (exprimant Sa miséricorde) et d’ « Elohim »<br />

(exprimant Sa rigueur) formeront une seule entité.<br />

2. Mais nous ne <strong>pour</strong>rons parvenir à tant de conviction, qu’après avoir extirpé la<br />

Royauté sacrée de son exil au sein de ceux qui vouent un culte à qui autre que Dieu,<br />

royauté et pouvoir étant en effet <strong>pour</strong> l’heure, entre leurs mains. Et c’est la raison (en<br />

outre) <strong>pour</strong> laquelle, toute idole à laquelle on voue un culte, porte (dans les Ecritures) le<br />

nom d’Elohim/Puissances, car ils tirent (leur puissance) de la Royauté (sacrée)<br />

désignée Elohim, comme il est écrit : « Elohim est mon Roi depuis des temps reculés » (Ps.<br />

74:12). Et lorsque l’on extirpe la Royauté d’entre ceux qui vouent un culte à qui autre<br />

que Dieu, se réalise alors le verset : « Car le Dieu Tout-Puissant/Elohim est Roi sur la<br />

Terre entière » (Ps. 47:8).<br />

3. Mais on ne saurait restituer la Royauté à Dieu, autrement que par l’aveu verbal (de ses<br />

fautes) devant un Sage en Torah, réhabilitant et restituant de la sorte, la Royauté à sa<br />

source première, ce qu’illustre le verset : « Prenez avec vous des paroles/DéVaRim »<br />

(Osée 14:3), soit, par l’aveu verbal (de nos fautes), dont le terme évoque (également)<br />

40


l’idée de Royauté, (ce que nous retrouvons par ailleurs dans les textes de nos Sages),<br />

comme <strong>pour</strong> : « Un seul dirigeant/DaBaR par génération » (Sanhédrin 8a). « Et revenez<br />

vers Dieu qui est Miséricordieux/YHVH » (suite du verset précité), signifiant (en d’autres<br />

termes) que vous parviendrez ainsi à réhabiliter et restituer les paroles, qui exprimant<br />

(par essence) l’idée de Royauté, évoquent (à cette occasion) l’idée de Rigueur divine<br />

désignée « Elohim », (aussi) « vers Dieu qui est miséricordieux/YHVH », reprend bien<br />

l’idée mentionnée précédemment par le verset : « Je célèbrerai la Parole divine/DaVaR<br />

s’exprimant au Nom de Sa miséricorde (YHVH), Je célèbrerai la Parole divine s’exprimant<br />

au Nom de Sa rigueur (Elohim) », en d’autres termes : comprendre que toutes les<br />

circonstances de la vie ne visent que notre bien, et être en mesure (par conséquent) de<br />

célébrer Dieu en toute circonstance par la formule : « Qui est bon et Qui dispense le bien ».<br />

4. Et lorsque nous parviendrons à intérioriser cette idée, notre perception <strong>pour</strong>ra alors<br />

être désignée entière. Car en effet, l’esprit se compose, <strong>pour</strong> l’essentiel, d’un assemblage<br />

de bonté et de rigueur (qui interagissent avec nos facultés cognitives), c’est là ce que<br />

nous entendons par « perception ». En d’autres termes (fort d’une perception large et<br />

entière), on ne dissociera plus (diamétralement) entre bonté et rigueur, et serons en<br />

mesure de célébrer Dieu <strong>pour</strong> Sa bonté, comme <strong>pour</strong> Sa rigueur, par la formule : « Qui est<br />

bon et Qui dispense le bien ».<br />

Et c’est là ce qu’expriment les mots : « l’Eternel YHVH ‏(יהוה)‏ sera Un et Son Nom sera Un »<br />

(Zékharia 14:9) qui selon l’explication de nos Sages (précitée) signifie que dans les<br />

temps futurs, une unité parfaite règnera (dans notre perception du Divin), et tout sera<br />

de l’ordre de : « Qui est bon et Qui dispense le bien ». Aussi : « l’Eternel YHVH sera Un et<br />

Son Nom » évoquant la rigueur divine désignée : « Elohim » (parce qu’) expression de Sa<br />

Royauté, comme <strong>pour</strong> : « Et (le Roi) David se fit un nom » (Chmouël II 8:13), « sera<br />

Un/E’HaD » qui équivaut numériquement au terme amour/AHaVaH. En d’autres<br />

termes : qu’il s’agisse du Nom d’« YHVH » évoquant Sa miséricorde, ou de « Son Nom » se<br />

référant à « Elohim », soit à Sa rigueur, sache que tout est <strong>pour</strong> ton bien et provient de<br />

l’amour que le Saint béni soit-Il te porte. Ce qu’at<strong>test</strong>e le verset : « Dieu châtie celui qu'Il<br />

aime » (Proverbes 3:12), ou encore : « C'est vous seuls que J'ai distingué d’entre toutes les<br />

familles de la terre, aussi vous demanderai-Je compte de vos fautes » (Amos 3:2).<br />

41


5. Et les fautes d’un homme sont (inscrites) sur ses os, comme il est écrit : « Et voilà que<br />

leurs fautes sont gravées sur leurs os » (Ezéchiel 32:27). Or chaque faute possède une<br />

combinaison de lettres. Et lorsqu’un homme commet une faute, il grave sur ses os une<br />

combinaison hostile, introduisant de la sorte, la parole/DiBouR relative au péché, au<br />

sein de l’impureté, ou en d’autres termes, il introduit la Royauté désignée : « Un seul<br />

dirigeant/DaBaR par génération » (Sanhédrin 8a), dans l’enceinte de ceux qui vouent un<br />

culte à qui autre que Dieu, leur conférant de ce fait, pouvoir et autorité. A titre<br />

d’exemple, s’il enfreint l’ordonnance (biblique) exprimée par les mots « Tu n’auras point<br />

d’autres dieux », il détruit de la sorte la bonne combinaison (de lettres) relative à cette<br />

parole, et donne forme à une combinaison hostile qui vient s’incruster sur ses os et se<br />

venge (finalement) de lui. Idée que reprennent d’ailleurs les versets : « Vos fautes en sont<br />

la cause » (Jérémie 5:25) ou encore : « La perversité cause la mort du pécheur » (Ps. 34:22).<br />

Mais en avouant ses fautes, l’homme parvient à extraire de ses os les lettres qui y sont<br />

gravées, et qui viennent dès lors former les paroles de son aveu. Car en effet, c’est des os<br />

que la parole sort, ce qu’indique : « Tous mes os proclameront » (Ps. 35:10). (Alors) il<br />

détruit (de la sorte) l’assemblage, ou combinaison hostile (des lettres), et en édifie la<br />

Royauté sacrée.<br />

Nous comprenons dès lors mieux le sens de l’épisode suivant décrit par nos Sages, de<br />

mémoire bénie : « Lorsque les Enfants d’Israël se déplaçaient dans le désert, les<br />

ossements de Yéhouda ne trouvaient pas le repos (ils se retournaient dans son cercueil),<br />

jusqu’au jour où Moché demanda : « Ecoute Eternel, la voix de Yéhouda » (Sota 7b) ;<br />

Moché demanda en fait à Dieu de se souvenir de l’aveu de Yéhouda (lors de son épisode<br />

avec Tamar), et sa prière reçut une réponse favorable. La raison <strong>pour</strong> laquelle ce furent<br />

précisément les ossements de Yéhouda qui ne trouvèrent pas le repos, s’explique par le<br />

verset : « Leurs fautes sont gravées sur leurs os » (Ezéchiel 32:27). Mais voilà que grâce à<br />

cet aveu, ils furent guéris et rétablirent chacun leur place. Yéhouda <strong>pour</strong> sa part,<br />

représente la royauté. Il indique que la royauté est rétablie par l’aveu des fautes. Cela se<br />

réalisa toutefois par l’intermédiaire de Moché qui mentionna en effet l’aveu de Yéhouda.<br />

Car il faut que l’aveu se fasse devant un Sage en Torah, devant tout érudit en Torah<br />

possédant une dimension de Moché, (et c’est à ce titre que) les Sages du Talmud se<br />

désignaient (l’un à l’autre) du nom de Moché, ce que nous voyons du passage<br />

Talmudique : « Moché, que tu as bien parlé ! » (Chabbath 101a). Et le fait que Moché ait<br />

42


mentionné l’aveu de Yéhouda, eut <strong>pour</strong> conséquence de rendre l’aveu effectif, comme si<br />

à présent, Yéhouda avait fait aveu de son erreur devant Moché. Et c’est alors que la<br />

royauté fut rétablie et que la combinaison hostile (des lettres) gravées sur ses os,<br />

s’effondra.<br />

6. Et ainsi la Royauté retrouve son origine première. En effet, le feu est l’origine<br />

première de la Royauté. Ce que nous retrouvons dans l’épisode décrit par nos<br />

Sages : « Pourquoi Névat se trompa-t-il ainsi (pensant hériter le Trône) ? Parce qu’il vit un<br />

feu sortir de son membre reproducteur » (Sanhedrin 101b). Or si la Torah est désigné par<br />

le feu, c’est que d’elle émane la Royauté, ce que les versets (désignant la Torah)<br />

indiquent : « Ma parole n’est-elle pas comme le feu ? » (Jérémie 23:29), et : « Par Moi,<br />

règneront les rois » (Proverbes 8:15). En outre, les érudits en Torah sont l’essentiel de la<br />

Torah, et nos Sages s’exclamèrent à ce sujet : « Combien stupides sont ceux qui se lèvent<br />

en l’honneur d’un rouleau de Torah et non en l’honneur d’un Sage en Torah ! » (Makot<br />

22b).<br />

Et c’est là l’idée du verset : « Toute chose qui entre en contact avec le feu, vous lui ferez<br />

traverser le feu » (Bamidbar 31:23). Toute chose/DaVaR, référence à la Royauté/DaBaR<br />

tombant au sein de l’impureté, au sein des passions ardentes du mauvais penchant, idée<br />

que l’on retrouve (dans les paroles d’Amram le pieux, qui <strong>pour</strong> échapper à une faute<br />

d’ordre sexuel, alerta son entourage en s’écriant) : « Un feu (s’est déclaré) dans la maison<br />

d’Amram ! » (Kidouchine 81a). « Vous la ferez traverser le feu » (suite du verset précité), sa<br />

réhabilitation s’effectuera par le feu, soit par l’aveu des fautes devant un Sage en Torah<br />

(comparé au feu).<br />

Et tel est le sens du mot AVéRa/faute, car la combinaison (de lettres composant) la faute<br />

traverse/OVeR les os d’un bout à l’autre/MéEVeR el EVeR (la faute étant en effet<br />

gravée à même les os). Alors que le terme prescription divine/MiTSVa, signifie<br />

assemblage/TSaVeTA. Aussi, lorsque l’on réalise les prescriptions divines par<br />

« paquets », les os (jusqu’alors) brisés (par la faute), s’assemblent (à nouveau), comme<br />

l’indique le verset : « Dieu protège tous ses ossements (pas un d’eux ne s’est brisé) » (Ps.<br />

34:21).<br />

7. Et c’est là l’idée du verset : « Le courroux du Roi est semblable aux bourreaux de la<br />

mort… » (Prov. 16:14), en d’autres termes, la colère du Saint béni soit-Il s’enflamme <strong>pour</strong><br />

43


Sa Royauté qu’Il a déchu à cause de nos fautes. «… Mais un homme Sage saura L’apaiser »<br />

(suite du verset précité), qui n’est autre que le Sage en Torah, qui de par sa similitude<br />

avec Moché, obtiendra le pardon des fautes, comme l’indique le verset : « Dieu fait grâce<br />

à l’offense en faveur du reste (de Son héritage) » (Mikha 7:18), que nos Sages<br />

commentèrent : « En faveur de celui qui, (par humilité), se considère comme le restant (du<br />

peuple) » (Roch Hachana 17a). Et c’est la raison <strong>pour</strong> laquelle, lorsque l’on se présente<br />

devant un Sage en Torah et que l’on expulse (de nos os) toutes les combinaisons de<br />

lettres (que nos fautes y avaient gravées, et ce, par l’aveu verbal) en présence d’un Sage<br />

en Torah, lequel se considérant (humblement) comme le « restant (du peuple) »,<br />

s’apparente à Moché, au sujet duquel le verset témoigne : « Cet homme, Moché, était<br />

extrêmement humble » (Bamidbar 12:3), et qui, à ce titre, est désigné : « un homme Sage »<br />

(Proverbes 16:14). Car (en effet) : « la Sagesse viendra de l’abstraction » (Job 28:12) (c'està-dire<br />

de celui qui, au comble de l’humilité, fait abstraction de tout égo), en vertu de quoi<br />

le Sage en Torah peut (également) obtenir le pardon, comme il est écrit : « mais un<br />

homme Sage saura L’apaiser ».<br />

Nous comprenons dès lors <strong>pour</strong>quoi, lorsque Moché pria en faveur du Peuple juif après<br />

la faute du veau d’or, il s’exprima (devant Dieu) comme suit : « Daigne supporter leur<br />

faute, et sinon, efface-moi, de grâce, (de Ton livre) » (Chémot 32:32).<br />

En effet, qui <strong>pour</strong>rait échapper à la règle et n’éprouver aucune fierté en s’entendant<br />

devenir un sujet d’éloges ? D’autant plus si un roi prestigieux venait à célébrer et<br />

acclamer un homme, il ne saurait, sans l’ombre d’un doute, échapper à quelques bribes<br />

de fiertés. Excepté toutefois, si l’on sait faire abstraction de toutes ses émotions et<br />

substrats corporels, l’homme <strong>pour</strong>rait dès lors entendre l’éloge qui lui est faite et n’en<br />

retirer aucune fierté. Et ce, à l’image de notre Maître Moché, qui voyait écrit dans la<br />

Torah : « L’Eternel dit à Moché », « L’Eternel parla à Moché », lui qui voyait le Peuple<br />

d’Israël lire chaque jour dans la Torah la place si élogieuse qu’il occupe, voilà que luimême<br />

leur relatait (par son enseignement) ses propres éloges. Mais Moché n’en retirait<br />

ni gloire ni fierté, comme en témoigne la Torah : « Or cet homme Moché, était<br />

extrêmement humble » (Bamidbar 12:3). Il ne fait donc aucun doute, que par son<br />

humilité, Moché avait en son pouvoir d’obtenir le pardon <strong>pour</strong> la faute du veau d’or, car<br />

comme il a été expliqué (précédemment) : « un homme Sage saura L’apaiser ».<br />

44


Et ce fut bien là ce que plaida Moché (devant Dieu) : «... et sinon », à savoir, si Tu ne<br />

pardonnes pas leur faute, Tu signifies ainsi que je ne possède pas l’humilité nécessaire<br />

<strong>pour</strong> obtenir le pardon de la faute du veau d’or. Aussi, Te demanderai-je : « Efface-moi de<br />

grâce (de Ton livre) » afin que je ne cède pas à l’orgueil. Car voyant et entendant<br />

constamment l'évocation élogieuse de mon nom à travers la Torah, seul un homme<br />

d’une extrême humilité, <strong>pour</strong>rait se mesurer à cela, s’entendre devenir le sujet de tant<br />

d’éloges et n’en retirer aucun orgueil. Et si (par contre) je suis (à la hauteur de cette)<br />

humilité, Tu devrais donc pardonner leur faute, conformément à (ce que Ta Torah<br />

enseigne) : «Dieu fait grâce à l’offense en faveur du reste … » (Mikha 7:18).<br />

Ainsi, tel est le sens du verset (se référant à Moché) : « Il devint Roi en Yéchouroun<br />

(synonyme d’Israël) » (Dévarim 33:5), indiquant que (par son humilité, il fit pardonner si<br />

bien la faute, que) la Royauté fut réhabilitée à sa source, (idée) qu’indique (également,<br />

un tout autre verset) : « Et les humbles hériteront la Terre », la Terre faisant référence à<br />

la loi du Royaume (et donc à la Royauté), ce qu’indique : « et la Terre lui demandera des<br />

comptes » (Job 20 :27).<br />

8. C’est en ce sens que nos Sages ont enseigné : « C’est la parabole d’un homme qui,<br />

cheminant au cœur de la nuit sombre, craignait les ronces et les fossés, les bêtes<br />

sauvages et les brigands, et ignorait également l'itinéraire qu'il devait emprunter.<br />

Une torche l’éclaira alors, et il fut sauvé des ronces et des fossés, mais il craignait<br />

encore les bêtes sauvages et les brigands, et ne connaissait toujours pas son<br />

itinéraire. Lorsque l’aube apparut, et il fut sauvé des bêtes sauvages et des<br />

brigands, mais ne connaissait toujours pas son itinéraire. Et lorsqu’il parvint à la<br />

croisée des chemins, il fut sauvé de tous ces dangers… Qu’est-ce que la croisée des<br />

chemins ? Rav ‘Hisda dit : Il s’agit d’un Sage en Torah et du jour de la mort » (Sota<br />

21a).<br />

On sait que tous les traits de caractère négatifs et leurs dérivés trouvent leur origine<br />

dans les quatre éléments fondamentaux, qui correspondent (également) aux quatre<br />

types d’humeurs. Comme le rapporte le Michnat ‘Hassidim : La tristesse et ses dérivés<br />

sont issus du minéral. Les mauvaises passions et leurs dérivés sont issus du végétal. Les<br />

paroles futiles et leurs dérivés sont issus de l’animal. L’orgueil et ses dérivés sont issus<br />

du parlant (l’humain). Et celui qui souhaite emprunter la voie de la sainteté, devra briser<br />

45


tous ces mauvais traits de caractère et s’entretenir devant un Sage en Torah, c'est-à-dire<br />

en avouant verbalement (ses fautes). Et cet érudit lui révélera et lui clarifiera le chemin<br />

correspondant à la racine de son âme.<br />

Or il existe trois aspects dans la manière de se rapprocher des Justes et par ces trois<br />

aspects, tout (cela) est rectifié :<br />

Le premier aspect s’opère lorsque l’homme voit le Juste, comme il est écrit : « Tes yeux<br />

verront Tes Maîtres » (Isaïe 30 :20). Cette étape élimine les mauvais traits de caractère<br />

issus des deux éléments fondamentaux : le minéral et le végétal, soit la tristesse et ses<br />

dérivés, ainsi que les mauvaises passions. Le Juste de la génération est appelé en effet<br />

« Mère », dans le sens qu’il « allaite » le Peuple d’Israël à la lumière de sa Torah. Et la<br />

Torah est à ce titre désignée « lait », comme il est écrit : « Du miel et du lait coulent sous<br />

ta langue » (Cantique 4:11). Or nous pouvons constater que, lorsque le nourrisson est<br />

triste et léthargique, dès qu’il aperçoit sa mère, il s’éveille et s’empresse aussitôt d'aller à<br />

sa rencontre, c'est-à-dire à la rencontre de son origine. Et nous pouvons également<br />

constater que lorsque le nourrisson s’adonne à ses jeux futiles, bien qu’il en retire<br />

beaucoup de plaisir, dès (l'instant où) il aperçoit sa mère, il délaisse tous ses jeux et se<br />

précipite vers elle. Il en ressort que les deux mauvais traits de caractères liés aux deux<br />

(premiers) éléments fondamentaux : minéral et végétal, s’éclipsent grâce au regard<br />

porté sur le visage du Juste. Et c’est là le sens des termes de la parabole : « Il craignait<br />

les ronces », représentant le règne végétal, « et les fossés », représentant le règne<br />

minéral. « Et lorsqu’il trouva une torche », c’est le Sage en Torah qui brille de la lumière<br />

de la Torah, et grâce auquel l’homme est sauvé des défauts issus des deux éléments<br />

fondamentaux : minéral et végétal, le sauvant ainsi des ronces et des fossés.<br />

Le second aspect s’opère par la charité que l’homme donne au Sage en Torah. En<br />

agissant ainsi, il est préservé des mauvais traits de caractère issus des deux éléments<br />

fondamentaux que sont l’animal et le parlant (l’humain), correspondant « aux bêtes<br />

sauvages et brigands », c’est-à-dire : paroles futiles et orgueil, ainsi que leurs dérivés.<br />

En effet, les paroles futiles et la médisance entraînent la pauvreté, comme le texte<br />

biblique le relate (au sujet des délateurs) : « Car tous les gens qui en veulent à ta vie sont<br />

morts » (Chémot 4:19), « la mort ne désignait ici que la pauvreté » (Nédarim 64b). Il est<br />

enseigné également au sujet de l’orgueil : « Un signe d’orgueil, que la pauvreté »<br />

46


(Kidouchine 49b). Or voilà qu’en pratiquant la charité, l’homme s’enrichit, comme l’ont<br />

enseigné nos Sages : « Que (tes possessions) soient petites ou nombreuses et que tu les<br />

fauches (<strong>pour</strong> en distribuer aux nécessiteux), ils fructifieront alors, et fût-ce tu (toi-même)<br />

dans le besoin, (si tu donnes la charité) Je ne t'accablerai plus » (Na’houm 1:12) soit : « Je<br />

ne t'accablerai plus par les signes distinctifs de pauvreté » (Guitine 7b). Et tel est le sens de<br />

la parabole : Et lorsque l’aube apparut, il fut sauvé des bêtes sauvages et des<br />

brigands. L’aube fait allusion à la charité, comme il est écrit : « Lorsque tu verras un<br />

homme dénudé et que tu le couvriras… ta lumière poindra alors comme l'aube » (Isaïe<br />

58:7-8). (Et puisqu’elle enrichit) Nous en déduirons, que la charité délivre (également)<br />

des défauts issus des deux fondements : animal et parlant (que sont le colportage et<br />

l’orgueil) auxquels font allusion les bêtes sauvages et les brigands (puisque ces deux<br />

défauts entraînent au contraire, la pauvreté).<br />

Le troisième aspect s’opère lorsque l’homme fait l’aveu verbal de ses fautes devant un<br />

Sage en Torah, en raison de quoi le Sage le dirige sur la « voie royale » qui correspond à<br />

la racine de son âme. Et c’est là le sens de notre parabole : « Et lorsqu’il parvint à la<br />

croisée des chemins », et nos Sages d’expliquer : « Il s’agit d’un Sage en Torah et du<br />

jour de la mort », référence à l’aveu des fautes devant un Sage en Torah. En effet : « Le<br />

jour de la mort » se réfère à l’aveu des fautes, comme l’enseignent nos Maîtres : « Tous<br />

les condamnés à mort se confessent » (Sanhédrin 43b). Et c’est-ce que l’on entend<br />

par : « la croisée des chemins », car l’érudit en Torah lui trace alors la voie<br />

correspondant à la racine de son âme. Alors (seulement) « il fut sauvé de tous ces<br />

dangers », car avant qu’il n’ait procédé à cet aveu, et bien qu’il se soit présenté devant le<br />

Sage en Torah et lui ait fait don d’argent, il ne savait encore quel chemin emprunter, car<br />

« il est des chemins que l’homme considère être droits, et qui finalement conduisent à la<br />

mort » (Proverbes 14:12). Mais lorsqu’il parvient à la croisée des chemins, c'est-à-dire<br />

devant « le Sage en Torah et le jour de la mort », c'est-à-dire en faisant l’aveu de ses<br />

fautes en présence d’un Sage en Torah, alors « il fut sauvé de tous ces dangers ».<br />

9. Et il en va ainsi chaque fois que l’on se rend chez un Sage en Torah et que l’on épanche<br />

notre cœur devant lui. Or le Sage possède une dimension caractérisant Moché, qui (au<br />

comble de l’humilité) fit abstraction/Aïn (de tout égo), comme l’indique le verset « la<br />

Sagesse viendra de l’abstraction/Aïn » (Yov 28:12). Aussi, on s’inclura de ce fait dans<br />

l’Infini divin, le Sans Fin/« Eïn Sof » (ce qui sera détaillé par la suite).<br />

47


Et c’est là l’idée de (cette note de cantillation nommée) Zarka/Propulsion, « parce que<br />

propulsée à l’endroit duquel elle a été prise » (Tikounim 21), car (par l’aveu des fautes<br />

devant un Sage en Torah) nous ramenons (ou encore propulsons) la Royauté à Dieu qui<br />

est « Sans Fin », à la Volonté (première animant toutes les autres) volontés.<br />

En effet, la Royauté s’exprimant à travers les lettres des paroles, abrite la Volonté divine<br />

au sein de chaque lettre, car c’est bien Sa Volonté qui décida que telle lettre soit<br />

calligraphiée ainsi, et telle autre de manière différente. Aussi, ces volontés, à savoir la<br />

calligraphie des lettres, sont bien (comme nous l’avons dit) l’expression de la Royauté<br />

divine (dont la Volonté s’exerce). Et toutes ces volontés, ou formes, découlent de la<br />

Volonté de l’Incommensurable qui n’a Lui-même aucune forme (ou représentation).<br />

Et tout ce qui existe, comme toutes les existences en ce monde, ont <strong>pour</strong> origine les<br />

lettres (qui le composent et par lesquelles Dieu les créa), soit en d’autres termes, la<br />

Royauté, car toute existence (en ce monde) est en vue de Sa Royauté. Car Dieu voulant<br />

que Sa Royauté se dévoile dans un monde, Il créa à cette intention le monde ex-nihilo. Et<br />

toutes les volontés, c'est-à-dire les formes et existences, reflets de Sa Royauté, prennent<br />

vie de la Volonté de l’Incommensurable, ce qu’indiquèrent nos Sages : « Là où tu<br />

découvriras la grandeur divine », soit Sa Royauté, ou les volontés, « tu découvriras Son<br />

humilité » (Méguila 31a), c'est-à-dire la Volonté du Sans Fin (ou l’Incommensurable).<br />

Et c’est là l’idée d’abstraction de toute corporalité. En effet, lorsque l’on souhaite se<br />

fondre dans la Volonté de l’Infini divin, il faut au préalable faire abstraction de son<br />

propre égo, idée que l’on retrouve dans le Zohar : « L’âme de Moché quitta son corps un<br />

Chabbat après-midi, moment où se révèle la Volonté des volontés » (Yitro 88b), en d’autres<br />

termes la Volonté de l’Infini divin d’où toutes les volontés tirent leur existence. Or Moché<br />

n’y parvint que parce qu’il fit (de son vivant) abstraction de son propre égo, comme en<br />

témoignent (ses paroles) : « Après tout, que sommes-nous ? » (Chémot 16:7)<br />

Et c’est bien là le sens du verset (Dévarim 34:6) (décrivant l’inhumation de Moché et son<br />

lieu de sépulture) : « Et (Dieu) l’enterra dans la vallée », la vallée renvoie à l’idée<br />

d’abstraction (de l’égo)/Aïn, ce qu’indique : « Toute vallée sera élevée » (Isaïe 40 :4).<br />

« Dans le pays de Moav » : référence à la Royauté, puisque le roi David est issu de Moav,<br />

(indiquant ainsi) que l’âme de Moché (lorsqu’elle quitta son corps) rejoignit<br />

48


l’Incommensurable, soit la Volonté (première) animant toutes autres volontés, Désir<br />

suprême au-delà de tous les désirs, Volonté de l’Incommensurable, intrinsèque à toutes<br />

les volontés (exprimés), intrinsèque à la calligraphie des lettres (créatrices), expressions<br />

de Sa Royauté, ce qu’indique : « Là où tu découvriras la grandeur divine », soit la Royauté<br />

divine s’exprimant au sein des volontés, « tu découvriras (également) etc. » le désir<br />

suprême, Volonté de l’Incommensurable ou du Sans Fin.<br />

« Face à la maison de Péor » (ce culte idolâtre) au sujet duquel nos Sages<br />

expliquèrent : « Pour quelle raison est-il désigné par ce nom : PE’OR ? Parce que il ouvre<br />

tout grand/PO’ER sa bouche (<strong>pour</strong> débiter ses griefs envers Israël au sujet de la faute des<br />

filles de Moav) » (Tossefot Sota 14a au nom de Midrach Agada), car lorsque l’on nuit à la<br />

Royauté divine, (le détracteur) peut alors ouvrir sa bouche, formant ainsi des<br />

combinaisons hostiles (de lettres, comme exposé précédemment). Cependant, Moché<br />

ayant réhabilité l’attribut de Royauté, ôta à Péor le pouvoir d’ouvrir ainsi sa bouche, ce<br />

qu’indique : « Et nul homme ne connaît (le lieu de sa sépulture) », Moché lui-même ne<br />

la connaissait pas (Sota 14a), parce qu’ayant rejoint « l’Incommensurable » (ce qui n’est<br />

possible qu’en ayant au préalable réhabilité la Royauté, comme expliqué<br />

précédemment).<br />

Et bien que ce récit relate l’épisode de sa mort, il est évident qu’il parvenait, sa vie<br />

durant également, à des états d’abstraction de toute corporalité, s’attachant (alors) à la<br />

lumière de l’Incommensurable. A la différence qu’il vivait ces états (par intermittence) à<br />

l’image des « anges allant et venant » (Ezéchiel 1:14). Car puisque Dieu se complaît de<br />

nos efforts en vue de Le Servir, ce qu’indique : « Tu convoitas la louange venant de<br />

monticules de terre, d’êtres formés d’argile », il convient de ne pas en rester là, jusqu’au<br />

temps cependant, où Dieu Lui-même viendra et reprendra son âme.<br />

Il nous arrive en effet de voir que parfois, un homme s’enflamme durant sa prière et<br />

prononce plusieurs mots avec une ferveur ardente. Il s’agit là d’une marque de la<br />

Bienveillance divine à son égard, que la lumière de l’Infini divin se soit ainsi ouverte à lui<br />

et l’ait éclairé. Et lorsqu’un homme perçoit cet éclat, et « même s’il ne le perçoit pas<br />

(réellement), son Mazal (par contre) le perçoit » (Méguila 3a), alors son âme s’anime<br />

aussitôt d’un élan de ferveur intense qui le pousse à s’attacher à la lumière de l’Infini<br />

divin. Et à la mesure de ce dévoilement de l’Infini, selon le nombre de lettres qui se sont<br />

49


ainsi « ouvertes » et ont scintillé de la sorte, tous ces mots, il les prononce avec un<br />

attachement passionné, dévouement et exaltation. Alors, à l’instant où il se fond dans<br />

l’Infini divin, on peut dire de lui : « Et nul homme ne connaît », car il n’a plus, lui-même,<br />

conscience de son propre égo.<br />

Mais ce principe doit répondre à un « allant, venant » (Ezéchiel 1:14), afin de conserver<br />

une existence distincte. Aussi faudra-t-il, en phase de retour, en informer également la<br />

conscience. Car auparavant, au moment de cet attachement (que nous appelons<br />

« allant »), l’égo conscient s’était comme éclipsé, ce qu’indique : « Et nul homme ne<br />

connaît ». Alors qu’en phase de retour, retour au conscient, à l’égo, nous retrouvons nos<br />

facultés cognitives et sommes à même de comprendre l’Unicité de l’Infini divin (dont<br />

l’essence demeure inaccessible), ainsi que Sa Bonté. Dès cet instant, nous ne<br />

dissocierons plus (diamétralement) entre le caractère de la Miséricorde divine<br />

s’exprimant par le Nom d’« YHVH » et le caractère de Sa rigueur s’exprimant par le Nom<br />

d’« Elohim ». En effet, auprès de Dieu, l’Incommensurable, il n'est de place <strong>pour</strong> aucun<br />

changement d’humeur, Dieu garde ! Et tous les changements (qu’à notre niveau, nous<br />

percevons) ne sont que des changements dans les formes (d’expressions). Mais<br />

lorsqu’un homme s’attache à l’Incommensurable, là où aucun changement d’humeur n’a<br />

trait, car Dieu est d’humeur égale, l’homme conservera en lui par la suite (comme un<br />

souvenir), une trace de cette Unicité. Aussi, en phase de retour, cette réminiscence en<br />

informera sa conscience, lui permettant de savoir que (Dieu, dans toutes les<br />

circonstances de la vie) est « totalement bon et totalement Un ».<br />

Et c’est là ce qu’entendait Moché, lorsqu’il s’adressa à sa génération (en ces<br />

termes) : « Tu as été initié à la connaissance que l'Éternel/YHVY (exprimant Sa<br />

miséricorde), est le Dieu Tout-Puissant/Elohim (exprimant Sa rigueur) » (Dévarim 4:35).<br />

En effet, Moché vivait dans l’abstraction de son égo, (aussi) sa génération en s’attachant<br />

à lui, devrait-elle être « initiée à la connaissance », c'est-à-dire devrait-elle pouvoir<br />

illuminer jusqu’aux facultés cognitives, la conscience de l’Incommensurable, Volonté<br />

(première et égale, animant) toutes (formes de) volontés, soit (la connaissance que) c’est<br />

dans Sa Miséricorde que l'Éternel a (parfois) recours à Sa rigueur.<br />

Tel est donc le sens de l’allégorie rapportée au nom de Rabah bar bar ‘Hanna (Baba<br />

Batra 73b) :<br />

50


Une fois, alors que nous voyagions en bateau, nous aperçûmes un poisson, dans les<br />

branchies duquel un petit ver avait élu domicile. Entraînant ainsi sa mort, les<br />

vagues rejetèrent son corps qui échoua sur le rivage, dévastant soixante villages<br />

(tant il était volumineux). Soixante villages en consommèrent la chair, soixante<br />

autres s’en approvisionnèrent après salage, et l’on put remplir de l’un de ses yeux,<br />

trois cents jarres d’huile. De retour sur les lieux, au terme de douze mois, nous vîmes<br />

que son squelette avait été scié <strong>pour</strong> confectionner des poutres avec lesquelles on<br />

s’apprêtait à reconstruire les soixante villages détruits.<br />

Explication :<br />

Le bateau (en question)/SéFiNa, indique l’importance/SaFouN, soit la Royauté, car<br />

Rabah bar bar ‘Hanna avait longuement réfléchi à la notion de Royauté et à la manière<br />

par laquelle les enfants d’Israël la réhabilitent. Nous aperçûmes un poisson : Israël est<br />

surnommé « poissons », comme il est écrit : « Puissent-t-ils se multiplier au sein des terres,<br />

comme les poissons (au sein des mers) » (Béréchit 48:16). Dans les branchies duquel un<br />

petit ver avait élu domicile : référence aux prières d’Israël, comme il est écrit : « Et Ma<br />

louange, sera (vivifiante) à l’image du nez » (Isaïe 48:9), car le ver, symbole d’impureté,<br />

s’était introduit dans sa prière et son service Divin. Aussi, troublé par ce fait, cet homme<br />

d’Israël ne parvenait-il plus à servir Dieu de manière entière et intègre.<br />

Que fit-il ? Il procéda aux trois phases décrites précédemment : l’attachement au Juste, le<br />

don de charité et l’aveu (de ses fautes).<br />

C’est ainsi qu’il faut comprendre : Entraînant ainsi sa mort, les vagues rejetèrent son<br />

corps qui échoua sur le rivage, rappel des trois phases, du haut vers le bas. Entraînant<br />

ainsi sa mort : évoque l’aveu des fautes, comme il est écrit : « Tous les condamnés à mort<br />

se confessent » (Sanhédrin 43b). Les vagues rejetèrent son corps : évoque la notion de<br />

charité, comme il est écrit : « Répands ton pain sur la surface des eaux » (Kohélet<br />

11:1) ou encore : « Heureux, vous qui semez au bord de tous les cours d'eau » (Isaïe 32:20).<br />

Qui échoua sur le rivage : Le Juste est désigné rivage, qui n’est autre qu’une barrière<br />

(érigée face aux vagues de la mer), car il reconstruit les brèches occasionnées par les<br />

Enfants d’Israël. Aussi « qui échoua sur le rivage » évoque le fait qu’il se soit rapproché<br />

du Juste.<br />

51


Et par l’intermédiaire de ces trois voies :<br />

« Soixante villages furent ainsi dévastés » indiquant que par sa mort, qui ne fait que<br />

désigner l’aveu des fautes, on extirpe la Royauté (sacrée) de l’emprise du mal, et le Juste<br />

lui enseigne la voie royale (correspondant à son âme), comme l’indique le texte des<br />

Prophètes accompagnant le récit de la Genèse (Haftara) : « Je dévasterais montagnes et<br />

plaines » (Isaïe 42:15), référence au déclin du pouvoir de ceux qui vouent un culte à qui<br />

autre que Dieu. « Et je conduirai les aveugles dans une voie qu’ils ignoraient jusqu’alors »<br />

(suite du verset), référence à la manière dont le Juste guide l’homme sur la voie royale,<br />

cette croisée des chemins évoquée plus haut. Quant aux soixante villages, ils évoquent<br />

l’élévation de la Royauté dont il est dit : « Et les Royaumes, sont au nombre de soixante »<br />

(Cantique 6:8).<br />

Soixante villages en consommèrent la chair : allusion aux deux mauvais traits de<br />

caractères issus de l’animal et du parlant et qui entraînent la pauvreté, comme il a été<br />

fait mention. Mais en faisant don de charité, l’homme parvient à corriger ces défauts,<br />

entraînant ainsi sa réussite matérielle évoquée par les termes : « ils en consommèrent<br />

la chair ». Quant aux soixante villages, ils évoquent l’idée des « soixante vigoureux<br />

gardes » (Cantique 6:8) desquels découlent la subsistance, comme le suggère<br />

l’expression de nos Sages : « la vigueur des pluies » (Brakhot 33a et Taanit 2a).<br />

Soixante autres s’en approvisionnèrent après salage : allusion à la correction des<br />

deux mauvais traits de caractères issus du minéral et du végétal, et auquel on accède en<br />

se rapprochant du Juste désigné « alliance de sel éternelle » (Bamidbar 18:19). En outre,<br />

la tristesse et les passions proviennent du sang trouble que le sel permet d’expulser.<br />

Quant aux soixante villages, ils évoquent les soixante lettres qui composent la<br />

Bénédiction des Prêtres et qui se trouvent entre les mains du Juste, comme il est écrit «<br />

Les bénédictions sont placées sur la tête du Juste » (Proverbes 10 :6).<br />

Et l’on remplit de l’un de ses yeux, trois cents jarres d’huile : ces jarres d’huile font<br />

allusion à l’esprit, tout comme « l’huile d’onction sainte » (Chémoth 30 :25) fait référence<br />

aux facultés cognitives dont le décompte s’éleva à trois cent/MEaH (jarres). (Le chiffre<br />

cent/MEaH) renvoie à Moché qui déclara en effet « Que/MaH sommes-nous ? » (Chémot<br />

16:7). Car le Juste fait preuve de modestie, et déclare « Que suis-je/MaH ?». Or nous<br />

devons faire preuve de modestie sur trois points, comme l’indique le verset : « Que le<br />

52


Sage n’aille se glorifier, ni le fort, ni le riche » (Jérémie 9:22). Ainsi, en chacun de ces trois<br />

domaines, le Juste s’identifie pleinement au (questionnement) : « Que suis-je ? MaH »,<br />

parvenant ainsi à une abstraction de toute corporalité et pouvant dès lors s’attacher à la<br />

lumière de l’Incommensurable qui ne connaît aucun changement d’humeur, car c’est<br />

dans Sa Miséricorde que l'Éternel a (parfois) recours à Sa rigueur, car Il est entièrement<br />

bon et ne dispense (en définitive) que le bien. Et c’est ce qu’exprime « l’un de Ses<br />

yeux », comme énoncé dans la Idra : « Et aux temps futurs, seul l’œil de la Bienveillance<br />

(divine) nous apparaîtra » (Zohar Nasso 137b).<br />

Aussi, lorsque le Juste s’identifie pleinement à (ce questionnement) : « Que suis-je ?<br />

MaH », il s’attache alors à « l’œil unique de la Bienveillance divine », soit<br />

l’Incommensurable. Puis, lorsqu’il en revient, répondant à (l’impératif) « d’allant,<br />

venant », il draine de cette lumière venant de l’Incommensurable, (la compréhension de)<br />

l’Unicité de l’humeur (divine) simple (et invariable), à travers son (regard, porté sur luimême<br />

et empreint de modestie) : « Que suis-je ? MaH », qui devient dès<br />

lors : « MéAH/cent » (soit MaH auquel s’ajoute la perception de l’Unicité divine,<br />

représentée par un Alef, parce que première lettre de l’alphabet). Car comme l’ont<br />

enseigné nos Sages : « Ne te contente pas de lire le verset (Dévarim 10 :12) MaH/Qu’estce-que<br />

(l’Eternel attend de toi, outre que Le craindre), mais sache le lire également<br />

MéAH/cent (bénédictions quotidiennes, voilà ce que l’Eternel attend de toi) » (Ména’hot<br />

43b). Et c’est ainsi que trois fois cent/MéAH sont composés de ces trois fois quoi/MaH.<br />

Puis le Juste draine cette lumière jusque dans son esprit, soit l’intellect illustré par les<br />

jarres d’huile, comme il a été expliqué au sujet du verset : « Tu as informé à ton<br />

intellect » (Dévarim 4:35). Il draine la lumière venant de l’Incommensurable jusqu’à<br />

l’intellect <strong>pour</strong> prendre alors conscience que c’est dans Sa Miséricorde que l'Éternel a<br />

(parfois) recours à Sa rigueur. Ainsi, il est à même de pouvoir bénir Dieu en toute<br />

circonstance par la formule : « Qui est bon et Qui dispense le bien », comme au temps<br />

futur.<br />

De retour sur les lieux, au terme de douze mois, nous vîmes que son squelette<br />

avait été scié <strong>pour</strong> en confectionner des poutres avec lesquelles on s’apprêtait à<br />

reconstruire les soixante villages détruits : Au-delà de l’enceinte de sainteté, que sont<br />

les douze Tribus par lesquelles la Royauté est restauré et au-delà desquelles se trouve<br />

l’impureté. Or voilà que certaines personnes quittent le domaine de la sainteté. Et c’est<br />

53


ce que relate Rabah bar bar ‘Hanna : il revint (sur les lieux) afin de réfléchir sur ceux qui<br />

se trouvent « au terme de douze mois », soit au-delà des douze Tribus sacrées, parce<br />

que les ayant quitté du fait de leurs mauvaises actions, la collectivité d’Israël. Et nous<br />

vîmes que son squelette avait été scié : car leurs mauvaises actions sont gravées sur<br />

leurs os de part et d’autre, comme s’ils avaient été sciés. Mais lorsqu’un homme d’Israël<br />

s’engage à se repentir, parce qu’il constate qu’un petit ver s’est introduit dans ses<br />

branchies, ou en d’autres termes, lorsqu'il ressent une légère impureté venant le<br />

troubler, son repentir aura <strong>pour</strong> conséquence que même les fauteurs (ayant quitté la<br />

collectivité d’Israël) viennent soutenir la sainteté et reconstruire les soixante villages<br />

détruits, ou en d’autres termes, aider ceux qui servent Dieu à reconstruire ces villages.<br />

(A la lumière de tout ce qui a été dit) nous pouvons dès lors expliquer comme suit, le<br />

verset (introduisant cet enseignement) : « Je suis Moi-même, l'Éternel (YHVH) ton<br />

Dieu », en d’autres termes : dans l’expression de Ma Miséricorde (YHVH), comme de Ma<br />

Rigueur (ELOHEKHA), comprend que J’en suis Moi-même (dans mon Unicité) l’unique<br />

origine, et (fort de cette conviction) réalise le verset : « Je célèbrerais la Parole divine<br />

s’exprimant au Nom de Sa miséricorde (YHVH), Je célèbrerais la Parole divine s’exprimant<br />

au Nom de Sa rigueur (Elohim) » (Ps. 56:11), <strong>pour</strong> être en mesure de bénir Dieu (en toute<br />

circonstance) par la formule : « Qui est bon et Qui dispense le bien ».<br />

Qui t'ai fait sortir du pays d'Égypte : Le Midrach enseigne que tous les exils sont<br />

dénommés Egypte/MiTSRaïM en ce sens qu’ils oppressent/MéTSèRiM Israël. A savoir,<br />

que par l’intermédiaire du Juste, l’emprise et la tutelle de ceux qui vouent un culte à qui<br />

autre que Dieu, est réduit à néant, car le Juste parvient en effet à extirper la Royauté<br />

sacrée de leur emprise.<br />

D'une maison d'esclavage : en référence aux mauvais traits de caractère issus des<br />

quatre fondements surnommés « esclaves ». Car les quatre éléments fondamentaux se<br />

situent sous la voûte céleste de la lune, dénommée « esclave », comme le rapporte le<br />

Zohar au sujet du verset « Voici que Mon esclave deviendra sage » (Isaïe 52:13), référence<br />

à la lune (Vayéchev 181b). Ainsi, par l’intermédiaire du Juste, la Royauté s’élève de<br />

l’impureté et les mauvais traits de caractères s’effondrent. Et c’est ainsi qu’un homme<br />

parvient à vivre au diapason du monde à venir, réalisant le verset : « Je célèbrerais la<br />

54


Parole divine s’exprimant au Nom de Sa miséricorde (YHVH), Je célèbrerais la Parole divine<br />

s’exprimant au Nom de Sa rigueur (Elohim) »<br />

Roch Hachana 5563 à Breslev.<br />

TORAH 5<br />

Selon le manuscrit de Rabénou.<br />

« Par les trompettes et le son du Chofar, sonnez devant le Roi, l’Eternel » (Ps. 98:6)<br />

1- Car tout homme est tenu de dire : « Le monde entier ne fut créé qu’à mon<br />

intention » (Sanhédrin 37a). « Et puisque le monde fut créé à mon intention, aussi me doisje<br />

d’observer et réfléchir en toute circonstance sur le bien-être du monde, d’en combler les<br />

manques et de m’attacher à prier <strong>pour</strong> mes semblables ».<br />

Et la prière revêtira deux formes : d’une part, avant qu’un décret divin ne soit prononcé,<br />

nous adresserons notre prière en toute simplicité, (c'est-à-dire) sans qu’il ne soit<br />

nécessaire d’habiller (de camoufler) notre prière. En revanche, après (que) le décret<br />

divin rigoureux (eut été scellé), il conviendra d’habiller (et de déguiser) notre prière,<br />

afin que les anges (accusateurs) se tenant à la gauche (de l’homme), ne comprennent<br />

(l’objet des prières), ni ne viennent exprimer leurs critiques (à notre encontre), comme<br />

en fait état le verset : « Lorsque l'arrêt (initié par les) anges est prononcé » (Daniel 4:14),<br />

en d’autres termes, lorsque le décret rigoureux (est scellé), « c’est à travers maamar que<br />

les saints demandent » (suite du verset), les Justes travestissent leurs demandes à travers<br />

un maamar.<br />

2- Mais comment savoir si l’on se trouve avant l’émission d’un décret rigoureux (alors<br />

que l’objet du décret n'est pas encore divulgué) ou après ? Par les préceptes divins que<br />

nous accomplissons, il sera possible de discerner si la période dans laquelle nous nous<br />

55


trouvons, précède, ou suit l’émission d’un décret rigoureux. Mais cela, uniquement si<br />

nous réalisons les prescriptions divines avec une joie si grande que nous n’attendons pas<br />

en retour le moindre salaire dans le monde à venir. Nous aspirons (seulement) à ce que<br />

Dieu nous accorde l’opportunité de réaliser une prescription divine supplémentaire, de<br />

façon à nous récompenser d’avoir réalisé un précepte divin. Cette idée, nos Sages l'ont<br />

ainsi exprimée : « Le salaire d’un précepte est un précepte » (Pirké Avot 4:2), tant est<br />

grande la satisfaction que nous retirons du précepte accompli.<br />

Et c’est là ce qui distingue la prophétie de Moché notre Maître de celle des autres<br />

prophètes, comme Rachi l’a expliqué au sujet du verset : « Moché parla aux chefs des<br />

tribus : Voici la parole qu'a prescrit l'Éternel (Dévarim 30 :2) « Tous les prophètes<br />

prophétisèrent par les termes : « Ainsi parla l’Eternel ». Moché eu l’avantage de<br />

prophétiser dans les termes : « Voici la parole qu'a prescrit l'Éternel ». « Ainsi » indique<br />

une vision prophétique qui n’est pas totalement limpide et transparente, contrairement<br />

à la vision de Moché Rabénou, qui est une vision totalement claire, exprimée par les<br />

mots « Voici ». Or ces deux modes de vision prophétique correspondent aux deux façons<br />

de servir Dieu : certains accomplissent les commandements avec l’intention de recevoir<br />

une rétribution dans le monde futur, sans éprouver de plaisir dans l’accomplissement du<br />

commandement. Si ces personnes n’étaient pas motivées par la promesse du monde<br />

futur, elles n’accompliraient pas ces commandements. Telle est la dimension relative à<br />

« Ainsi », correspondant à une vision prophétique qui n’est pas totalement claire, à<br />

l’image d’un homme qui aperçoit quelque chose de loin. Et c’est ainsi que se situe son<br />

action : il accomplit un commandement dans l’espoir d’une récompense promise dans<br />

un temps lointain, c’est-à-dire après ce monde ci. Or la rétribution du salaire porte le<br />

nom de Prophète/NAVI dont les lettres composent le verset : « Il viendra dans la joie<br />

portant ses gerbes : Yavo Vérina Nossé Aloumotav » (Ps. 126:6). Le début de ce verset<br />

évoque de manière allusive, la rétribution du salaire : « C’est en pleurant que s’en va celui<br />

qui porte les grains <strong>pour</strong> les lancer à la volée », (il s'agit de celui) qui l’accomplit dans la<br />

peine. « Il viendra dans la joie, portant ses gerbes », en ce sens qu’il se réjouira dans les<br />

temps futurs, lorsqu’il recevra sa récompense <strong>pour</strong> ses commandements. Telles sont les<br />

initiales du mot Prophète/NAVI.<br />

En revanche, le prophète qui prophétise par les mots : « Voici la parole », n’attend pas de<br />

salaire en échange des commandements, il ne désire que le commandement lui-même.<br />

56


Celui-ci se réjouit tellement d’accomplir des commandements qu’il dédaigne l’idée de<br />

récompense. Son monde futur se situe dans le commandement lui-même. C’est par<br />

conséquent le concept de Navi : c'est-à-dire la rétribution d’une récompense liée à<br />

l’expression « Voici la parole », qui se réfère (à la vision) d’un miroir clair, tout comme<br />

l'homme qui voit quelque chose de près et distinctement. Il éprouvera le plaisir du<br />

commandement lui-même et sa récompense sera là devant ses yeux.<br />

Celui qui parvient à ce niveau, est capable d’accomplir un commandement en étant<br />

animé d’une joie intense, si profonde, qu’il ne désire aucune récompense dans le monde<br />

futur. Il est alors capable de faire la différence entre avant le décret divin et après ce<br />

décret. Les commandements constituent une seule et même entité et donnent la vitalité<br />

à toutes les structures : celle de l’homme, du monde et de l’année. Car ces (trois)<br />

dimensions : monde, année, âme, reçoivent leur vitalité des commandements, comme il<br />

est écrit : « Toute Son œuvre est faite avec foi » (Ps. 33:4) et « Tous Tes commandements<br />

sont foi » (Ps. 119:86). Le Saint béni soit-Il constitue l’Unité simple, ne faisant qu’Un avec<br />

les commandements. C’est ainsi que lorsque les actions du Saint béni soit-Il sont<br />

conformes à ce qu’elles doivent être et en bon ordre, elles provoquent alors Sa joie et<br />

Son plaisir. Il est écrit : « Hachem se réjouit de Ses œuvres » (Ps. 104:31), à l’image d’un<br />

artisan qui réaliserait un outil de belle facture et en tirerait une satisfaction certaine.<br />

Ainsi la joie du Saint béni soit-Il se revêt dans les commandements qui constituent Son<br />

unité. Celui qui a un tel sentiment de joie en accomplissement un commandement <strong>pour</strong><br />

lui-même entre dans la joie du Saint béni soit-Il, qui se réjouit de Ses œuvres. Cela<br />

correspond à « Israël se réjouit de son Créateur » (Ps. 104:2).<br />

De la même manière, lorsqu’un malheur ou une rigueur affecte le concept Monde-Année-<br />

Ame, la joie de Dieu s’en trouve inévitablement amoindrie, comme il est écrit: « Il<br />

s'affligea en Lui-même » (Béréchit, 6:6) et « La Présence divine, que dit-elle ? Ma tête me<br />

fait souffrir … » (Sanh. 46a). Celui qui est rentré dans la joie saura certainement, d’après<br />

l’état de sa joie, s’il se trouve avant ou après la sentence divine. Il peut ainsi discerner<br />

contre quelle structure le décret divin a été promulgué. Il le sait en se basant sur la<br />

structure des commandements : s’il ne parvient pas à accomplir avec joie les<br />

commandements qui se rapportent à la tête, c’est-à-dire ceux qui dépendent de la tête, il<br />

saura qu’une sentence divine a été décrétée sur les têtes de l’axe Monde-Année-Ame. Il<br />

en est ainsi <strong>pour</strong> les autres structures des commandements.<br />

57


C’est ce qu’affirment nos Sages de mémoire bénie à propos du Chabat : « Souviens- toi de<br />

lui à partir du premier jour de la semaine » (Mékhilta, Beitsa, 16a). La joie et le plaisir du<br />

Monde futur, qui est un aspect du Chabat, doivent être ressentis tout au long des six<br />

jours de la semaine car par eux s’accomplissement des commandements qui ont permis<br />

la création de (la configuration) Monde-Année-Ame.<br />

Tel est le sens du verset : « Le jour même, tu lui remettras son salaire, avant que le soleil se<br />

couche » (Dévarim 24:15). « Le jour même, tu lui remettras son salaire » — que son<br />

salaire provienne des commandements mêmes — « avant que le soleil se couche » —<br />

qu’il n’accomplisse pas les commandements dans l’intention d’obtenir le Monde futur,<br />

lorsque son soleil se couche, autrement dit après sa mort.<br />

3- L’aspect essentiel de la joie se situe dans le cœur, comme il est écrit : « Tu as mis de la<br />

joie dans mon cœur » (Ps. 4:8). Il est impossible au cœur de ressentir de la joie si l’on ne<br />

s’est pas délivré des méandres de son cœur. Ce cœur doit être intègre afin de mériter la<br />

joie, comme il est écrit : « Et la joie sur les cœurs droits » (idem, 97:11). On extirpera les<br />

tortuosités de son cœur par le tonnerre. Nos Maîtres de mémoire bénie<br />

enseignent : « Les grondements du tonnerre n’ont été créés qu’à la seule fin d’extirper<br />

les tortuosités du cœur » (Brakhot, 59a). Ces grondements relèvent de l’aspect de la voix,<br />

que l’homme fait entendre avec force lorsqu’il prie, et qui engendrent le tonnerre. Le<br />

Zohar explique : « Lorsque la voix s’élève et heurte les nuages gorgés de pluie, une voix<br />

se fait entendre au sein des créatures, et c’est le tonnerre » (Pin’has, 235b). Car<br />

l’essentiel du tonnerre provient des puissances (jugements sévères) comme il est<br />

écrit : « Mais le grondement de Sa puissance, qui <strong>pour</strong>rait le concevoir » (Job, 26:14). C’est<br />

<strong>pour</strong> cette raison que nous disons la bénédiction : « Dont la force et la puissance<br />

emplissent le monde », en référence à ces puissances qui représentent un aspect de la<br />

force et de la puissance avec lesquelles l’homme fait entendre sa voix lors de sa prière.<br />

Cette voix transperce l’épaisseur des nuages, c’est-à-dire l’aspect des facultés mentales,<br />

d’où elles descendent goutte à goutte. Le Zohar (III, 235b) rapporte : « Un puits d’eaux<br />

vives qui s’écoulent du Liban/LéBaNone » (Cantique 4:15) autrement dit de la partie<br />

blanche/LiBouNa, du cerveau. Et quand sa voix perce l’épaisseur des nuages de pluie,<br />

elle se fait entendre à toutes les créatures – c’est l’aspect du tonnerre. Tel est le sens du<br />

verset : « Le son du tonnerre se trouvait dans la sphère/GaLGaL » (Ps. 77:19) – la sphère<br />

58


de l’esprit. Quand la voix entre en contact avec le crâne/GouLGoLta, elle se transforme<br />

en tonnerre et se fait entendre par les créatures.<br />

Tel est le sens du verset : « Ma bouche prêchera la sagesse, la raison inspirera les pensées<br />

de mon cœur » (Ps. 49:4). « Ma bouche prêchera la sagesse » car la parole qui sort de ma<br />

bouche atteint la sagesse, c'est-à-dire la sphère de l’esprit. Alors « la raison inspirera les<br />

pensées de mon cœur » – autrement dit le cœur sera réveillé par le tonnerre comme<br />

l’affirment nos Sages : « La voix réveille l’intention » (Brakhot 24b).<br />

Comme l’enseignent nos Sages : « Celui qui possède la crainte de Dieu voit ses paroles<br />

écoutées » (Brakhot 6b). Car celui qui possède une telle crainte, sa voix se transforme en<br />

tonnerre. Ce tonnerre renvoie à la dimension d’Yits’hak, ainsi qu’il est dit « Et sa<br />

puissance a tonné ». Ces paroles se font alors entendre et là où on trouve la crainte,<br />

l’homme écoute, comme il est écrit : « Seigneur, j'ai entendu Ta parole et j'ai été pris de<br />

crainte » (‘Habakouk, 3:2).<br />

Telle est l’explication du verset : « Héros puissants, qui exécutez ses ordres, attentifs au<br />

son de Sa parole » (Ps. 103:20). Le Zohar (90a) rapporte : « Ils obtiennent le mérite<br />

d’entendre les voix d’en Haut ». En d’autres termes, la puissance entraîne le tonnerre qui<br />

a <strong>pour</strong> effet de permettre au cœur d’écouter, c’est-à-dire « la raison inspire les pensées de<br />

mon cœur ». Comme il est écrit : « Tu as donné à ton serviteur un cœur intelligent » (Rois I,<br />

3:9). Même ses paroles sont écoutées par les créatures, comme le dit le verset : « Ecoutez<br />

la voix de Sa Parole ».<br />

Ceci correspond à la notion de son du Chofar, la corne de bélier, celui du sacrifice<br />

d’Yits’hak, lié aux mots « Sa puissance a grondé ». C’est donc le sens de : « Heureux le<br />

peuple qui connaît la sonnerie » (Ps. 89:16). Qui connaît véritablement, parce que la voix<br />

touche le cerveau – correspondant aux nuages de pluie – et se transforme en tonnerre.<br />

Ainsi, celui qui entend le son du Chofar de la bouche d’un homme qui craint Dieu peut,<br />

sans aucun doute, être rassuré tout au long de l’année et ne pas redouter le tonnerre,<br />

comme il est écrit : « Tu t’es manifesté au son des éclairs et c’est par la voix du Chofar que<br />

Tu t’es révélé à eux » (extrait de la prière de Roch Hachana).<br />

4- Cependant, il convient (<strong>pour</strong> cela) de débarrasser (d'abord) son esprit de toutes les<br />

sagesses extérieures (les sciences profanes) et les pensées étrangères. Il ne faut pas<br />

59


laisser fermenter sa sagesse au contact des sagesses extérieures ou des mauvais désirs,<br />

de telle façon que la voix sortant, percute le cerveau et génère ainsi le tonnerre. En<br />

revanche, lorsque le cerveau est obstrué par l’impureté, comme il est écrit : « Vous vous<br />

souillerez par elles » (Vayikra, 11:43), alors sa voix ne peut être entendue.<br />

L’homme doit conserver la crainte du Ciel d’où émane la voix comme il est écrit : « Le<br />

tonnerre de Sa puissance » afin de ne pas éprouver de crainte extérieure (ne craindre<br />

que Dieu et sa Torah). Tel est le sens des mots : « S’il n’y a pas de sagesse, il ne peut y<br />

avoir de crainte. S’il n’y a pas de crainte, il ne peut y avoir de sagesse » (Avot, 3:17).<br />

Cela correspond à ce qu’ont enseigné nos Sages: « GaVRiel est descendu et a planté un<br />

roseau dans la mer » (Chabat, 56b, Sanhédrin, 21). Suite à l’enchaînement des GuéVouRot<br />

qui sont les craintes extérieures, il a planté un roseau dans l’océan de la sagesse. Le<br />

roseau/Kané symbolise la voix qui sort de la trachée/Kané. Ainsi autrement dit, par<br />

l’enchaînement des Guévourot, qui correspondent aux « scories de l’or », aux craintes<br />

extérieures, la voix se retrouve plantée (coincée) dans la confusion de l’esprit et ne<br />

<strong>pour</strong>ra jamais être entendue par les créatures.<br />

L’essentiel est de préserver son esprit <strong>pour</strong> qu’il ne fermente (‘hamets) pas : « Elle<br />

gronde/Gué'ar la bête/’Haya qui est tapie dans les joncs » (Ps. 68:11). Le Zohar rapporte<br />

(Pin’has, 252) : « Brise le roseau de ח/‏Het‏‘‏ et transforme le en ‏,ה/‏Hé afin de changer les<br />

lettres du mot חמץ/‏HaMeTS‏'‏ en ‏.מצה/‏MaTSaH Ta sagesse alors ne fermentera pas. Tel est<br />

le sens du mot Gué'ar qui veut dire (aussi) réprimander dans le sens de conflit, car le<br />

terme Matsa lui-même, signifie également « conflit » ou « dispute ». Les Justes<br />

s’emploient à lutter contre les forces du mal afin de les empêcher de s’approcher du<br />

domaine de la sainteté. En d’autres termes, il s’agit de préserver notre esprit de toute<br />

l’influence des sagesses extérieures et de se garder d’avoir des mauvaises pensées -<br />

(Kané) les forces impures – qui s’opposent à la sainteté, c'est-à-dire : « Celui qui<br />

acquiert/Kéné, de la sagesse, acquiert de la compréhension » (Prov. 4:5). C’est en cela que<br />

l’homme peut espérer se préserver de la fermentation qui est du domaine de la mort. Le<br />

Zohar dit à ce propos « La notion de Ma’HMeTSet, de pâte levée, symbolise le domaine<br />

de la mort (ce terme se compose de ‘HaMeTS et du mot MeT/mort).<br />

Sache que toute discorde entre les Justes véritables n’a d’autre finalité que de chasser les<br />

forces du mal. C’est la signification de : « L’oreille de celui qui écoute la réprimande de la<br />

60


vie, logera/Taline, parmi les Sages » (Prov. 15:31). TaLiNe va dans le sens de TeLouNa,<br />

plainte et querelle. Ainsi, lorsque tu es amené à entendre des disputes entre Justes, sache<br />

qu’elles visent à te faire entendre une remontrance car tu as souillé les gouttes de ton<br />

cerveau. Il est dit : « Aucun de ceux qui vont chez elle ne revient, incapable de retrouver le<br />

chemin de la vie » (Idem, 2:19). Tu t’es attaché au domaine de la mort, symbole du<br />

‘Hamets, de « Gavriel est descendu etc. » Sache aussi qu’il a « planté un roseau signifie » –<br />

il s’agit des sagesses extérieures plantées dans la mer de ta propre sagesse. Et si ton<br />

esprit n’avait pas été endommagé, tu n’aurais jamais été amené à entendre ces discordes<br />

qui opposent les Justes. Une telle querelle t’est destinée afin que tu quittes la mort <strong>pour</strong><br />

la vie, que tu passes du ‘Hamets à la Matsa, du ‘Het au Hé, et que tu abandonnes la<br />

mauvaise crainte, la voix altérée, <strong>pour</strong> rejoindre la sagesse du bien.<br />

Lorsque tu préserveras ton esprit du ferment, afin qu’il ne soit pas obstrué, alors ta voix<br />

heurtera la sphère de ton crâne et sera transformée en tonnerre. Tu te débarrasseras<br />

des sinuosités de ton cœur et tu <strong>pour</strong>ras aspirer à la joie.<br />

Comme il est écrit : « Et la joie <strong>pour</strong> les cœurs droits ». Telle est l’explication du<br />

verset : « Je t’ai répondu du sein mystérieux de la foudre, je t’ai éprouvé auprès des eaux du<br />

conflit, Sélah » (Ps. 81:8). Les eaux du conflit, font référence à la Matsa, aux facultés<br />

mentales qui engendrent le tonnerre.<br />

Sache qu’il convient d’associer les forces de rigueur aux forces de bonté -(associer) la<br />

gauche à la droite – comme il est écrit : « Par l’aide puissante de sa droite ». En effet, le<br />

dévoilement s’opère par l’attribut de Bontés (‘Hassadim), comme il est écrit : « Assiedstoi<br />

à Ma droite » (Ps. 110 :1). Il faut aussi associer l’amour à la crainte, afin de générer le<br />

tonnerre.<br />

C’est le sens du passage : « Cet (amour) vient du côté droit, de la partie du cerveau blanche<br />

comme l’argent » (Tikounim, 70).<br />

C’est la signification de : « A l’approche du matin, la mer revint à sa puissance » (Chémot<br />

14,27). La mer fait référence à la « mer de la sagesse » – « l’approche du matin » c’est le<br />

matin d’Avraham (Zohar 70) correspondant à « Avraham, mon bien-aimé » (Isaïe, 41:8).<br />

« A sa puissance », ce sont les Guévourot, qui évoquent « Le son du tonnerre se trouvait<br />

dans la sphère ».<br />

61


Et c’est cela « Des torrents d'eau ne sauraient éteindre l'amour » (Cantique, 8:7), car<br />

l’essence de la puissance s’exprime grâce à l’amour, comme il est écrit : « Assieds-toi à Ma<br />

droite ».<br />

Et telle est l’explication des mots du verset « Le Dieu/El de gloire/Kavod tonne » (Ps.<br />

29:3). Le nom divin El, est associé à la Bonté (‘Hessed), et « Gloire » (Kavod) c’est la<br />

sagesse, comme l'exprime le verset : « L'honneur/Kavod, sera le lot des Sages » (Prov.<br />

3:35). « Tonne » fait allusion au tonnerre, c’est-à-dire la dimension de puissance, à<br />

laquelle il convient d’associer l’amour. En d’autres termes, aux puissances (Guévourot),<br />

aspect du tonnerre, doit se joindre l’amour, afin qu’elles percutent la gloire, aspect de la<br />

sagesse, et se transforment en tonnerre. Cela permettra de vaincre tes ennemis, comme<br />

dans : « Assieds-toi à Ma droite, jusqu’à ce que J’ai fait de tes ennemis un marchepied ».<br />

6- C’est l’explication du récit rapporté par Rabah bar bar ‘Hanna :<br />

Il arriva, alors que nous étions en voyage en bateau, que nous nous trouvâmes à<br />

côté d’un poisson. Il nous fallut alors trois jours et trois nuits <strong>pour</strong> parcourir la<br />

distance séparant la nageoire avant de la nageoire arrière, situées sur le dos du<br />

poisson. Le poisson nageait contre le vent alors que nous étions dans le sens du<br />

vent. On pouvait même dire que le bateau n’allait pas assez vite. Pourtant, quand<br />

Rav Dimi arriva, il déclara que le bateau avait parcouru une distance de soixante<br />

Parsa en un laps de temps nécessaire <strong>pour</strong> faire bouillir de l’eau. Et un<br />

Parcha/cavalier tira une flèche, mais le [bateau] la précéda/Kedma. Rav Achi<br />

ajouta qu’il s’agissait d’un Guildana de mer [poisson] doté de deux nageoires (Baba<br />

Batra, 73b).<br />

Un bateau – (Ce mot implique) une notion d’importance, correspondant à la crainte<br />

comme il est écrit : « La crainte de Dieu est sa richesse » (Isaïe, 33:6). Car (la crainte du<br />

Ciel) est (un principe très) important.<br />

Nageoire/CHiTSa – au sens de malheur, ainsi qu’il est dit « Je les anéantirai en un<br />

instant » (Bamidbar, 16:21) que le Targoum traduit par : « VaaCHeTSé »/Je les<br />

anéantirai) ;<br />

Trois jours et trois nuits – correspondant aux commandements (que l’on peut diviser<br />

en trois parties) :1) les lois logiques, 2) les lois (fondées sur la) tradition, 3) les décrets<br />

62


divins (impénétrables par la logique/'houqim), comme il est écrit : « Tu t’y consacreras<br />

jour et nuit » (Yéhochoua, 1:8).<br />

Le poisson nageait contre le vent alors que notre bateau était dans le sens du vent<br />

– Cela correspond à « Dieu se réjouira de Ses œuvres, Israël se réjouira de Son Créateur ».<br />

Pour faire bouillir de l’eau – C’est l’esprit, comme dans « Qui coulent depuis le Liban »<br />

(Cantique, 4:15).<br />

Une distance de soixante Parsa – correspond aux GUéVouRot, par référence à<br />

« Soixante GUiBoRim/valeureux » (Idem, 3:7) et au « tonnerre de Sa<br />

puissance/GUéVouRotav » (Yov, 26:14).<br />

Un Parcha/cavalier tira une flèche – Un cavalier/PaRCHa contient une notion de<br />

bonté avec l’idée de mettre en lumière les choses cachées, au sens de PiReCH, expliquer<br />

ce qui est obscur. Une flèche – comme dans « Décoche tes flèches et jette le trouble parmi<br />

eux » (Ps. 144:6) et à « Assieds-toi à Ma droite, jusqu’à ce que J’ai fait de tes ennemis un<br />

marchepied. »<br />

Le bateau la précéda – c’est l’aspect de la crainte, qui précède, car la crainte du Ciel est<br />

antérieure à tout comme il est écrit : « Le début de la sagesse est la crainte de Dieu » (Ps.<br />

111:6).<br />

Rabah bar bar ‘Hanna raconte qu’il est allé si profondément dans l’attribut de crainte, il<br />

valorisait tant la grandeur (de la crainte), qu’il en était arrivé à pouvoir distinguer grâce<br />

à elle si l'on se situait avant ou après (la promulgation du) décret divin. C’est ce que<br />

signifie entre (les deux) nageoires…<br />

Il expliquait ensuite comment il pouvait distinguer (ce moment) au moyen des<br />

commandements, qui font référence à ces trois jours. (Et cette conscience) n'est<br />

possible que lorsqu'on les accomplit dans la joie, car ce n’est que par les<br />

commandements faits dans la joie que l’on peut distinguer cette situation (avant ou<br />

après le décret). Car Le Saint béni soit-Il Lui-même se réjouit de Ses œuvres, cette joie<br />

qui s’incarne dans les commandements. Nous aussi, ici-bas, nous nous réjouissons de<br />

notre Créateur, comme il est écrit « Israël se réjouit de son Créateur », sans attendre la<br />

moindre récompense, y compris celle du monde futur.<br />

C’est cela : Le poisson nageait contre le vent alors que nous étions dans le sens du<br />

vent – Lorsqu'il y a une correspondance entre Sa joie et la nôtre, nous pouvons<br />

distinguer (si c’est avant ou après les décrets divins). [Rabah bar bar ‘Hanna] explique<br />

ensuite comment accéder à ce niveau de joie : par l’intermédiaire du tonnerre.<br />

63


C’est <strong>pour</strong>quoi : quand Rav Dimi arriva, il déclara que le bateau avait parcouru une<br />

distance de soixante Parsa en un laps de temps nécessaire <strong>pour</strong> faire bouillir de<br />

l’eau – ce qui correspond au « son de Ton tonnerre ».<br />

Soixante – fait référence aux puissances qui heurtent le crâne et se transforment en<br />

tonnerre, faisant entendre la « voix qui réveille l’intention ». Le tonnerre n’a été créé que<br />

<strong>pour</strong> rectifier les méandres du cœur. Il déclare ensuite que le seul moyen de repousser<br />

les Guévourot/Rigueurs est de faire appel aux ’Hassadim/Bontés en englobant le côté<br />

gauche dans le côté droit. Malgré tout, il faut la faire précéder de la crainte car « celui qui<br />

a perdu un objet cherche ce qu’il a perdu ». Comme le disent nos Maîtres : « L’inclinaison<br />

naturelle de l’homme est de chercher la femme » (Kidouchin 2b). Cela ressemble à un<br />

homme ayant perdu quelque chose. L’explication est la suivante : comme on le sait<br />

l’homme représente l’aspect « d’amour » tandis que la femme incarne l’aspect de<br />

« crainte ». Aussi, il convient de donner la priorité à la crainte et l’amour suivra<br />

naturellement. Car l’amour va constamment vers la crainte, de même que celui qui a<br />

perdu un objet recherche ce qu’il a perdu. Tel est l’enseignement que j’ai entendu de sa<br />

sainte bouche.<br />

C'est à cela que fait référence un cavalier tire une flèche. Rav AChi dit : [ce poisson]<br />

est un GuiLDENA des mers, qui contient les lettres du nom divin AGLA qui fait allusion<br />

aux Guévourot, et qui constitue l’acronyme des mots Ata Guibor Léolam Adonay, Tu es à<br />

jamais Puissant. GuILDeNA se compose des lettres AGL et du Nom saint ADoNaY – c'està-dire<br />

le nom saint AGLA (à quoi font allusion les 2 nageoires).<br />

C’est l’explication du verset d’ouverture:<br />

Par les trompettes et le son du Chofar. C’est-à-dire par la voix qui est libérée (par la<br />

prière).<br />

La mer tonne – elle produit le tonnerre, qui se réfère « au son de Ton tonnerre qui se<br />

trouvait dans la sphère ».<br />

La terre/Tévél et ceux qui l'habitent – fait référence au cœur et à ses artères, ainsi qu’il<br />

est dit : « les grondements du tonnerre n’ont été créés que <strong>pour</strong> redresser la perversité du<br />

cœur ». Le terme TéVeL/terre peut se décomposer en : TaV Lev. Tav contient l'idée<br />

d'une « marque », comme dans le verset : « Tu inscriras Et hitvita TaV/un signe »<br />

(Ezéchiel, 9:4). La voix s'imprime sur le cœur, comme nos Sages l’affirment : « les<br />

grondements du tonnerre n’ont été créés que <strong>pour</strong> redresser la perversité du<br />

LeV/cœur ».<br />

64


Les fleuves battent des mains – c'est une allusion à la joie, comme nous l’avons<br />

mentionné plus haut : « La joie <strong>pour</strong> les cœurs droits ».<br />

Et grâce à la joie, ensemble, les montagnes retentissent de chants/yéRaNénou – RiNa,<br />

au sens de prière, comme il est écrit : « Ecouter le chant et la prière » (Rois I,8:28). Les<br />

montagnes symbolisent les Justes. Grâce à la joie du cœur, ils sont en mesure de prier.<br />

Et lorsqu’ils comprennent qu’un décret a d’ores et déjà été rendu, ils habillent leurs<br />

prières d'un maamar. C’est l’explication de (montagnes) ensemble : car ils habillent<br />

leurs prières sous forme d’histoires.<br />

Chabat Téchouva 5563 à Breslev.<br />

TORAH 6<br />

Selon les termes de Rabénou, lui-même « Dieu dit à Moché … : appelle Yéhochoua »<br />

(Dévarim, 31:14).<br />

1- Tout homme doit diminuer son propre respect <strong>pour</strong> augmenter le respect dû au Saint<br />

béni soit-Il. En effet, celui qui <strong>pour</strong>suit les honneurs ne peut espérer obtenir l’honneur<br />

(venant) de Dieu mais seulement celui des rois, comme il est écrit : “La gloire du roi est<br />

d'examiner les choses » (Prov. 25:2). Car tous scrutent et analysent cette personne en<br />

s’interrogeant à son sujet : « Qu’est-il donc au juste ? » Ils remettent ainsi en cause<br />

l’honneur qu’ils sont supposés lui rendre en affirmant qu’il n’est peut-être pas si digne<br />

de ces honneurs. En revanche, celui qui fuit les honneurs — en réduisant autant que<br />

possible son propre honneur, <strong>pour</strong> au contraire, multiplier l’honneur rendu au Très Haut<br />

— celui-ci peut alors jouir de l’honneur divin. Dans ce cas, cet homme est assuré de ne<br />

pas voir son honneur con<strong>test</strong>é, (on ne recherchera pas) s’il le mérite ou non. C’est à son<br />

propos qu’il est écrit (Prov. 25:2) : « La gloire de l'Eternel est une chose cachée », car il est<br />

interdit de con<strong>test</strong>er un tel honneur !<br />

2- Il est donc impossible de bénéficier de cet honneur si ce n’est par le repentir. Ainsi<br />

l’homme ne peut espérer atteindre ce niveau de repentir que s’il est humilié, qu’il reste<br />

silencieux et se tait. Car il n’y a pas d’honneur/Kavod, sans la lettre Kaf (première lettre<br />

de ce mot), allusion à Kéter/Couronne liée au Nom divin « Ehyé » qui est en rapport avec<br />

le repentir. Ce Nom divin « Ehyé » signifie littéralement : « Je suis prêt à être !». En ce<br />

65


sens qu’avant le repentir, l’homme ne possédait pas encore d’existence et c’est comme<br />

s’il n’avait pas été créé dans ce monde, et « mieux eut valu <strong>pour</strong> l’homme qu’il ne soit pas<br />

créé » (Erouvine 13). Mais dès que l’homme s’emploie à se purifier et se repentir, il entre<br />

alors dans une dimension relevant de Ehyé, et il commence à devenir une existence dans<br />

ce monde, il est « prêt à être ». Tel est l’aspect de Kéter, au sens de patienter, (notion)<br />

liée au repentir. Comme l’ont affirmé nos Sages de mémoire bénie : « Celui qui veut se<br />

purifier, on lui vient en aide » (Yoma, 38, 39). A l’image de celui qui souhaiterait acheter<br />

un parfum et à qui l’on dirait : « Patiente un instant ! ». Telle est la dimension de KéTeR,<br />

comme il est écrit : « Attends/KaTaR moi un peu, … » (Yov 36:2). Avant le repentir, cette<br />

dimension d’Ehyé lui était cachée car il ne s’était pas encore préparé à exister dans ce<br />

monde. La dissimulation de l’aspect de Ehyé a la même valeur numérique que le mot<br />

Dam/sang— c'est-à-dire le sang versé par l’humiliation, comme il est écrit : « Qui<br />

M'outrage sera livré au mépris » (Chmouel 1, 2:30). Le sang qui se trouve dans la cavité<br />

gauche du cœur, constituant le siège du mauvais penchant, comme il est indiqué : « Et le<br />

cœur du sot est à gauche » (Kohélet, 10 :2) — conserve encore sa force et sa puissance.<br />

C’est <strong>pour</strong>quoi surgissent contre lui des vexations et effusion de sang, aspect d’une face<br />

cachée et tournée de Ehyé qui a la même valeur numérique de sang.<br />

La réparation consistera à transformer le sang/DaM, en silence/DoM. Qu’il soit comme<br />

ceux à qui on fait honte et qui ne répondent pas. Ils ne font pas cas de l’atteinte faite à<br />

leur honneur. Et lorsqu’ils parviennent à se taire en l’honneur de Dieu, alors le Saint béni<br />

soit-Il fera de leurs ennemis des cadavres/‘HaLaLim, ainsi qu’il est écrit (Ps.<br />

37:7) : « Repose-toi en silence sur l’Eternel, et espère/it’HoLeL, en Lui » et « Il décimera<br />

<strong>pour</strong> toi tes ennemis » (Guitine, 7a). Ceci renvoie à « Et mon cœur est vide/‘HaLaL, en<br />

moi » (Ps. 109:22). Ainsi cette honte subie, permet de réduire le sang qui se trouve dans<br />

la cavité/‘HalaL, gauche du cœur, et détruit le mauvais penchant. De cette manière, on<br />

reçoit l’honneur divin, comme il est écrit : « Quiconque offre comme sacrifice des actions<br />

de grâce, M’honore » (Ps. 50 :23). Nos maîtres interprètent cela comme une allusion au<br />

sacrifice du mauvais penchant (Sanh. 43b).<br />

3- Il convient de s’attacher continuellement à cette notion de repentir, car « Qui osera<br />

affirmer : J'ai débarrassé mon cœur de toute tache, je suis purifié de mes péchés ? » (Prov.<br />

20 :9). En effet, lorsqu’un homme dit : « J’ai péché, j’ai fauté, j’ai transgressé… », il est<br />

impossible que ces paroles soient prononcées d’un cœur pur, sans une pointe d’intérêt<br />

66


personnel [tel est le sens du verset : « Qui osera affirmer : J'ai débarrassé mon cœur de<br />

toute tache, je suis purifié de mes péchés ? », autrement dit, qu’il est véritablement en<br />

mesure d’affirmer que son cœur est pur de tout intérêt personnel, y compris au moment<br />

où il déclare dans la confession : « J’ai fauté », etc. Ainsi : « Qui <strong>pour</strong>ra dire : Je me suis<br />

purifié de toute faute au moment de cette confession, sans être animé d’un intérêt<br />

quelconque ? » L’homme ne saurait être totalement pur même lorsqu’il dit ces mêmes<br />

paroles : « J’ai fauté, j’ai transgressé… »]. En d’autres termes, l’homme devra se repentir<br />

sur le repentir initial, c’est-à-dire sur les mots « j’ai fauté », « j’ai transgressé », car c’est à<br />

son sujet qu'il est écrit : « Ce n’est que par sa bouche et ses lèvres qu’il Me rend hommage<br />

… alors que son cœur est loin de Moi » (Isaïe 29:13).<br />

C’est par le mérite du repentir que l’homme peut espérer obtenir l’honneur divin et<br />

même s’il pense au fond de lui qu’il a fait un repentir parfait, il doit continuer à se<br />

repentir sur le repentir précédent. En effet, au départ, lorsqu’il a entamé son (premier)<br />

repentir, il a agi en fonction de son niveau de compréhension. Mais lorsque par la suite, il<br />

fait (une nouvelle) repentance, il perçoit et comprend davantage le Saint béni soit-Il. Par<br />

conséquent, au regard de la perception qui est la sienne à présent, il est certain que sa<br />

première perception était particulièrement rudimentaire. D’où la nécessité de faire<br />

repentance sur sa première compréhension, puisqu’il avait perçu le divin sous un aspect<br />

plus sommaire. Telle est la dimension de monde futur, qui sera totalement CHaBaT,<br />

c’est-à-dire totalement TéCHouVa (repentance), comme il est écrit : « Tu<br />

retourneras/CHaVTa, jusqu’à l’Éternel ton Dieu » (Dévarim, 30 :2). L’essence du monde<br />

futur se caractérisera par la perception que nous aurons du divin, ainsi qu’il est dit : « Et<br />

Ils me connaîtront, du plus petit au plus grand » (Jérémie 31:33). On peut ainsi en déduire<br />

qu’à chaque niveau de perception supplémentaire, l’homme sera amené à faire<br />

repentance sur sa perception précédente.<br />

C’est là le sens de l’affirmation de nos Sages, de mémoire bénie (Sanh. 43) : toute<br />

personne qui détruit sa tendance (au mal) — autrement dit celui qui se repent, du niveau<br />

de « mon cœur est vide en moi »/« qui garde le silence <strong>pour</strong> Dieu »/du « nom divin<br />

Ehyé »/« du Kéter »/« de l’honneur divin », comme nous l’avons vu plus haut, et en fait<br />

l’aveu — en se confessant sur le fait d’avoir éliminé son penchant au mal, ou de s’être<br />

repenti sur sa perception initiale, c’est comme s’il avait honoré Dieu dans les deux<br />

mondes. La première repentance correspond à la notion d’honneur dans ce monde. Par<br />

67


la suite, lorsqu’il parvient à une compréhension plus profonde et saisit davantage<br />

l’élévation du Divin, il fait repentance sur sa repentance précédente. Ainsi, ce nouveau<br />

stade de repentir correspond alors à la dimension d’honneur divin du monde futur.<br />

C’est ce que nos maîtres enseignent (Pessa’him, 3) à partir du verset : « Lumière<br />

précieuse et terne » (Zékharia, 14:6) — autrement dit, une lumière jugée précieuse en ce<br />

monde-ci paraîtra insignifiante dans le monde futur. On peut ainsi en conclure que dans<br />

le monde à venir, lorsque nous parviendrons à une perception accrue du divin, il est<br />

certain que nous serons remplis de remords et ferons repentance sur cette perception si<br />

limitée qui fut la nôtre en ce monde. En effet, la compréhension relevant de ce monde est<br />

d’ordre matériel en comparaison de la compréhension du monde futur. C’est <strong>pour</strong>quoi<br />

on peut parler de respect dû au Saint béni soit-Il dans les deux mondes. Le fait d’égorger<br />

le mauvais penchant correspond à la première repentance liée à la gloire dans ce monde.<br />

La confession d’avoir égorgé le mauvais penchant correspond au second niveau de<br />

repentance, est liée à la gloire (issue) du monde futur. La première gloire reste<br />

insignifiante au regard de la seconde.<br />

C’est ce que déclare le Saint béni soit-Il : « Voilà ce que tu fais, et Je me tairais. T’imaginestu<br />

que Je puisse être comme toi ? » Lorsque l’homme garde le silence, il devient un aspect<br />

de la dimension Ehyé, comme nous l’avons vu. En revanche, lorsque c’est le Saint béni<br />

soit-Il qui reste silencieux, ceci n’est pas lié à l’aspect de Ehyé, que Dieu préserve. Un tel<br />

concept ne s’applique pas au Saint béni soit-Il. C’est seulement <strong>pour</strong> que l’homme<br />

reçoive sa punition dans le monde futur. C’est à ce moment qu’on le place face à ses<br />

fautes et qu'il est réprimandé <strong>pour</strong> cela, comme il est écrit (idem) : « Je te reprendrai et te<br />

mettrai mes griefs sous les yeux ».<br />

4- Lorsque l’homme souhaite emprunter la voie du repentir, il doit être expert en<br />

Halakha. Il doit posséder les deux domaines de compétence : l’un au niveau du Ratso,<br />

c’est-à-dire dans le mouvement en avant, et l’autre au niveau du Chov, c'est-à-dire dans<br />

le mouvement de retrait et de retour, comme il est écrit : « Heureux celui qui entre et qui<br />

sort » (Zohar II 213b ; Zohar III 292a). Ceci correspond à : « Si j’escalade les cieux, Tu es là<br />

… » (Ps. 139:8) – au sens d’entrée et de compétence en Ratso ; « Si je me couche au fond<br />

de l’enfer, Te voici ! » (Ps. 139:8) – au sens de sortie et de compétence en Chov. Cela<br />

également comme dans le verset : « Je suis à mon bien aimé et mon bien aimé est à moi »<br />

68


(Cantique, 6:3). « Je suis à mon bien aimé », au sens d’entrée et de Ratso et « Mon bien<br />

aimé est à moi », au sens de sortie et de Chov. [C’est la signification cachée des<br />

méditations d’Eloul] et c’est l’essence de Sa gloire. Et c’est : « Fais Lui honneur en<br />

t'abstenant de suivre tes voies ordinaires », tes voies, au pluriel, ce qui englobe ‘entrée’<br />

(montée) et ‘sortie’ (descente).<br />

Celui qui est maître de ces deux attitudes, est capable d’emprunter les voies du repentir<br />

et de mériter l’honneur divin, mentionné plus haut. Comme il est écrit « Fais Lui honneur<br />

en t'abstenant de suivre tes voies ordinaires ». Il accède à la couronne/Kéter, car il ne<br />

saurait y avoir d’honneur sans Kaf . La (main) droite de Dieu s’ouvre <strong>pour</strong> accueillir son<br />

repentir. (C’est la signification cachée des intentions mystiques du mois d’Eloul).<br />

5- Par le silence et le mutisme on forme la voyelle ‘hirik (le son ‘i’). Comme le rapportent<br />

les Tikounim (Introduction, 7a) à partir du verset ”et sous ses pieds, quelque chose de<br />

semblable au brillant du saphir » (Chémot, 24:10) — ceci correspond au ‘hirik qui évoque<br />

« Et la terre est mon marchepied/hadom » (Isaïe e, 66:1) — haDoM renvoie à DoM, à la<br />

notion de « DMiMa/silence. », aspect du point inférieur de la lettre Alef.<br />

Quant au point le plus haut situé sur la lettre Alef, il correspond à Kéter : « Et du haut du<br />

firmament, au-dessus de leurs têtes, comme une apparence de pierre de saphir, une forme<br />

de trône » (Ezéchiel, 1:26). Caché au-dessus du Vav, le « firmament » du Alef constitue le<br />

point supérieur, qui représente le « trône caché ». Comme il est écrit : « Ne cherche pas à<br />

atteindre ce qui te dépasse et n’essaie pas de comprendre ce qui t’es caché » (‘Haguiga<br />

13a). Cela correspond à 1 L’honneur de Dieu est d’être caché » — qui renvoie à Kéter.<br />

Le Vav situé dans la lettre Alef représente le firmament, ChaMaYiM, ou eCh et MaYiM,<br />

qui est comme dans la notion de honte qui entraîne des variations dans les couleurs du<br />

visage comme le ciel se compose de toutes les couleurs.<br />

De cette manière on devient cet homme qui siège sur le trône, comme il est écrit « Et une<br />

forme ayant l’apparence d’un homme, par-dessus » (Ezéchiel). En effet, il ne saurait y<br />

avoir d’homme sans Alef. Telles sont les lettres du mot ADaM/Alef-DaM. Par le silence<br />

<strong>pour</strong> Dieu, DoM, on forme le Alef et on « fait siéger un Adam (homme) sur le trône ».<br />

Le Vav, présent dans le Alef, représente le firmament, la fusion de toutes les couleurs,<br />

allusion à la honte, comme nous l’avons vu.<br />

69


Quant au point inférieur, il symbolise le silence et le mutisme, comme il est écrit : « Et la<br />

terre est mon marchepied », allusion au ‘Hirik, à « Sous ses pieds ».<br />

Le point supérieur correspond au trône caché, allusion à la repentance, à l’aspect de<br />

« L’honneur de Dieu est d’être caché », à « N’essaie pas de comprendre ce qui t’es caché » et<br />

« Au-dessus du firmament, une forme de trône ». L’homme peut alors siéger sur le trône,<br />

correspondant ainsi à « Et une forme ayant l’apparence d’un homme, par-dessus ».<br />

Il en résulte une union entre le soleil et la lune. Le soleil éclaire la lune de telle sorte<br />

qu’une union s’opère entre Moché et Yéhochoua. « Le visage de Moché est comparable à<br />

la face du soleil » (Baba Batra, 75). Il s’agit du point supérieur, aspect du trône, aspect de<br />

Moché, comme il est écrit : « Et son trône sera devant moi comme le soleil » qui<br />

correspond à « Et du haut du firmament, une forme de trône ».<br />

Le point inférieur correspond à Yéhochoua, l’aspect de la lune/LéVaNah, référence à<br />

« Sous ses pieds, quelque chose de semblable à une LiVNat/brique (de saphir) », allusion à<br />

LeVaNah/lune. Le Vav dans le Alef correspond au firmament qui renvoie à la tente,<br />

comme il est écrit « Et Yéhochoua Bin Noun ne quittait pas la tente » (Chémot, 33:11). La<br />

tente correspond au firmament, comme on le voit dans les versets « Qui les déploie<br />

comme une tente » (Isaïe, 40 :22) ou « Tu déploies les cieux comme une tenture » (Ps.<br />

104:2). Et encore cette allusion que l’on retrouve dans « Les tentures de la tente »<br />

(Chémot, 26:12).<br />

Ainsi, le trône supérieur, représenté par le point supérieur, se divise en trois points. La<br />

repentance requiert trois conditions, comme il est écrit : « De peur que ses yeux ne voient<br />

clair, que ses oreilles n'entendent, que son cœur ne comprenne, qu'il ne s'amende » (Isaïe,<br />

6:10). Ces trois notions forment ainsi les trois points de la voyelle Ségol, qui représente<br />

le soleil (Tikounim 7b), c’est-à-dire le « visage de Moché comme la face du soleil ».<br />

6- Telle est l’explication de : « Rabah bar bar ‘Hanna racontait : Je voyageais une fois<br />

dans le désert et je vis des oies qui étaient si grasses qu’elles en perdaient<br />

(Chamitan) leurs plumes, à tel point que des fleuves de graisse s’écoulaient d’elles.<br />

Je leur demandais : “Aurai-je droit à une part de vous dans le Monde à venir ? ˮ<br />

L’une d’elle leva sa patte <strong>pour</strong> moi, une autre leva son aile <strong>pour</strong> moi (allusion à ce<br />

70


que chacun lui offrirait). Lorsque je me trouvais devant Rabbi Elazar, il me dit “Les<br />

enfants d’Israël devront rendre des comptes <strong>pour</strong> celaˮ » (Baba Batra, 73b).<br />

Rachbam<br />

Chamitan : leurs plumes tombaient parce qu’elles étaient très grasses.<br />

Leva son aile <strong>pour</strong> moi : elle leva une aile dans ma direction qui est une allusion à<br />

« voici ta part dans le monde futur ».<br />

Ils devront rendre des comptes : Les péchés du (Peuple Juif) retardent la venue du<br />

Messie et les créatures vivantes — ces oies — souffrent (de ce fait) à cause de leur<br />

graisse.<br />

Je voyageais dans le désert. Rabah bar bar ‘Hanna saisit la haute valeur de l’humilité<br />

qui habite celui qui se considère lui-même comme un désert et que tout le monde foule<br />

au pied. Il rencontra des Sages, symbolisés par des oies, comme l’ont affirmé nos maîtres<br />

de mémoire bénie : « Celui qui voit une oie en rêve peut aspirer à la sagesse » (Brakhot,<br />

57b).<br />

Elles en perdaient/CHMiTane leurs plumes — le Rachbam explique que les<br />

plumes/NoTSot, font allusion à la discorde et aux humiliations. On le voit dans le verset<br />

« Lorsque des individus se querellent/iNaTSou » (Dévarim, 25:11). Lorsqu’ils ne font pas<br />

cas des disputes et des vexations dont ils sont victimes, lorsqu'ils supportent cette<br />

hostilité sans répliquer, ils peuvent être appelés Sages. On le voit (dans Avot, 3:13) : « Le<br />

silence constitue une haie <strong>pour</strong> la sagesse » (le silence est un aspect de la dimension de<br />

Kéter).<br />

ChMiTane, ce verbe se retrouve dans « Tout créancier devra faire remise/ChaMoT, de sa<br />

créance » (Dévarim, 25:11), ainsi, il n’éprouve pas de sentiment de rancœur ou de<br />

vengeance <strong>pour</strong> la honte subie.<br />

Parce qu’elles étaient si grasses, allusion au verset « Tu t’es engraissé et (tu as) épaissi »<br />

(Dévarim, 32:15) [Ils considèrent qu’ils appartiennent eux-mêmes à la catégorie de ceux<br />

qui « se sont engraissés »]. Et c’est précisément <strong>pour</strong> cette raison qu’ils sont disposés à<br />

écouter des paroles vexantes sans répondre, puisqu’ils font repentance <strong>pour</strong> leurs<br />

fautes. Comme il est écrit : « Yéchouroun devint gras » (Dévarim, 32:15) [« Le cœur de ce<br />

peuple s’est épaissi, ses oreilles assourdies… de peur que ses yeux ne voient clair » (Isaïe,<br />

6:10). Aussi, la repentance doit s’opérer sur ces trois plans].<br />

71


Des fleuves de graisse s’écoulaient d’eux — Par le mérite du silence, on obtient<br />

l’honneur divin qui évoque l’huile, comme dans ”Tu aimes la justice, tu hais l’iniquité,<br />

voilà <strong>pour</strong>quoi ton Dieu t’a consacré par une huile » (Ps. 45:8). Et ceci correspond à « Le<br />

Roi de Gloire » (Ps. 24,8).<br />

Je leur demandais : « Aurai-je droit à une part de vous dans le monde à venir ? »<br />

L’une d’entre elles leva sa patte <strong>pour</strong> moi. C'est une allusion à « La terre est Mon<br />

marchepied », c'est-à-dire au point le plus bas comme nous l’avons vu.<br />

Une autre leva son aile/KaNaF <strong>pour</strong> moi. Cela correspond au trône : (Isaïe, 30 :20)<br />

« Ton maître ne se dérobera plus/iKaNeF », c'est-à-dire au point le plus élevé. Cela<br />

indique qu'il fut montré à Rabah bar bar ‘Hanna qu’il avait lui-même atteint ces niveaux<br />

(élevé).<br />

Rabbi Elazar dit : « Les enfants d’Israël devront rendre des comptes <strong>pour</strong> cela »,<br />

car Israël est appelé Adam et le Saint béni soit-Il ne forme qu’un avec Israël. Ainsi, Israël,<br />

dimension d’Adam, siègera sur le trône, comme il est écrit : « Et sur le trône, une forme<br />

ayant l’apparence d’un homme » : Israël fera passer en jugement tous les êtres de la terre,<br />

lui seul appliquera tous les jugements.<br />

7- Tel est le sens de : « Il a soumis des nations à notre empire, jeté des peuples sous nos<br />

pieds » (Ps. 47:4-5). C’est l’aspect du ‘Hirik, le point inférieur du Alef, correspondant à<br />

« Sous ses pieds » et à « la terre est Mon marchepied ». « Il a choisi <strong>pour</strong> nous notre<br />

héritage » renvoie à la dimension de Moché, celle du point supérieur du Alef, qui fait<br />

référence à « Et du haut du firmament, une forme de trône », à « Et son trône est<br />

comparable au soleil » et à « tout comme le visage de Moché est comparable au soleil ».<br />

Comme l’ont enseigné nos maîtres, de mémoire bénie « Rabbi Chimon dit : “l’héritage se<br />

rapporte à Chiloˮ » (Zéva’him, 119a) et « Chilo est Moché » (Zohar 1, 25b, Tikounim, 21).<br />

« La gloire de Yaakov » est le Vav au milieu du Alef, la tente. C’est la lumière dont Moché a<br />

éclairé Yéhochoua comme il est écrit : « Et Yaakov était un homme intègre, assis dans les<br />

tentes » (Béréchit, 25:27).<br />

Cela correspond aux trois choses qu'il a été ordonné d’accomplir au peuple d’Israël<br />

(Sanhédrin, 20) :<br />

a) Détruire la descendance d’Amalek, qui correspond au verset : « Il a soumis des nations<br />

à notre empire, jeté des peuples sous nos pieds ».<br />

72


) Nommer <strong>pour</strong> eux un roi, ce qui correspond à « La gloire de Yaakov ». « Un astre<br />

s'élance de Yaakov » (Bamidbar, 24:17) fait allusion à un roi.<br />

c) Construire un Temple saint, référence à Moché et à la connaissance selon les paroles<br />

de nos Sages : « Celui qui possède en lui la connaissance, c’est comme si le Temple avait été<br />

édifié durant sa vie », (Brakhot, 33). Et cela renvoie à « Il choisit <strong>pour</strong> nous un héritage ».<br />

(Du chapitre #4 jusqu’ici : il s’agit des paroles de Rabénou lui-même, que son souvenir<br />

soit bénédiction).<br />

8- C’est l’explication de : « Dieu dit à Moché : appelle Yéhochoua ». Moché représente le<br />

point supérieur et Yéhochoua le point inférieur.<br />

« Et présentez-vous dans la tente d'assignation » — fait allusion au firmament, au Vav<br />

dans le Alef.<br />

« Et Je lui ordonnerai », car Moché était alors chargé de tout transmettre à Yéhochoua.<br />

Toutefois « Il ne saurait y avoir d’autorité au jour de la mort » (Kohélet, 8:8). En effet, le<br />

jour où le Juste quitte ce monde, il n’est plus en son pouvoir d’éclairer Yéhochoua. C’est<br />

<strong>pour</strong>quoi le texte précise bien : « Je lui ordonnerai », (c'est-à-dire) Moi-même, puisque<br />

l’autorité est (alors) revenue au Saint béni soit-Il.<br />

9- Ce sujet, dans sa globalité, est inclus dans la forme même de la lettre Alef, qui est<br />

constituée d’un point en haut, d’un point en bas et d’un Vav.<br />

Réfléchis bien à tout cela. Ceci nous renvoie aux paroles de nos Sages qui<br />

enseignent : « Avant d’entrer en Terre d’Israël, il a été enjoint aux Enfants d’Israël<br />

d’accomplir trois commandements : effacer la descendance d’Amalek, construire un Temple<br />

et nommer un roi à leur tête ».<br />

Anéantir la descendance d’Amalek est l’aspect de Yéhochoua, le point inférieur. La<br />

destruction d’Amalek dépend de Yéhochoua, ainsi qu’il est écrit : « Sors combattre<br />

Amalek » (Chémot, 17:9), comme l’explique le Zohar (II, Béchala’h 65b).<br />

Leur construire un Temple, correspond à Moché, le point supérieur. Celui qui possède<br />

la connaissance sainte, est considéré comme si le Temple avait été bâti de son vivant.<br />

Moché représente cette connaissance.<br />

Et nommer un roi à leur tête, c'est l’aspect du firmament, au Vav à l’intérieur du Alef. Il<br />

est écrit : « Un astre s'élance de Yaakov », cela évoque l’idée d’un roi qui se lève, issu de la<br />

73


descendance de Yaakov. « Un astre s’élance » est lié à la notion de firmament dans lequel<br />

on trouve des étoiles et des constellations. Et « de Yaakov » car Yaakov était un homme<br />

parfait qui siégeait dans les tentes – référence au firmament comme dans : « Tu déploies<br />

les cieux comme une tenture ». Le Zohar explique que Yaakov correspond à la lettre Vav.<br />

Ces trois commandements sont liés à la dimension de repentance. Comprends bien cela.<br />

10- Tel est le secret profond du mois d’Eloul, de ce que j’ai pu entendre (de Rabénou) et<br />

qui représente une goutte à peine dans l’océan (de ses enseignements). Etudie les<br />

intentions d’Eloul. L’essentiel de ces intentions mystiques est basé sur le verset « Qui<br />

trace un chemin dans la mer … » (Isaïe 43:16). Ce chemin dont il est question fait<br />

référence à deux fois la valeur du nom divin Yabok (112), car la valeur numérique du<br />

mot Dérekh (chemin) (224) équivaut à deux fois celle du nom Yabok (112 x 2 = 224).<br />

Cela fait référence aux deux noms que sont KaSsA et SaG qui ont <strong>pour</strong> guematria deux<br />

fois Yabok, soit celle de Dérekh.<br />

Il convient d’ailleurs de se représenter ce nom KaSsA avec la voyelle ségol et le nom SaG<br />

avec un ‘hirik. Le ségol de KaSsA et le ‘hirik de SaG s’élèvent à 400. KaSsA constitue le<br />

nom Ehyé en valeur pleine, c’est-à-dire Alef Hé Youd Hé, soit dix lettres, chacune d’elles<br />

ponctuée d’un ségol. Le ségol lui-même est composé de trois points (chaque point<br />

équivaut à un youd, soit 10). Par conséquent, chaque ségol a une valeur de 30 et dix<br />

d’entre eux totalisent 300. Le nom SaG constitue les dix lettres de YHVH, ces lettres étant<br />

épelées YOuD HeY VaV HeY, chacune ponctuée avec ‘hirik, un point, aboutissant en tout à<br />

100.<br />

Les ‘hirik de SaG et les ségol de KaSsA atteignent ensemble la valeur numérique 400<br />

comme celle de PéChOUTaH/étendue. Cela fait allusion au concept élevé de la main<br />

droite de Dieu tendue vers ceux qui se repentent. C’est parce que YaMYN/droite, en<br />

valeur pleine, est similaire à dérekh qui est deux fois Yabok. Ensemble avec les trois<br />

lettres (224+3=227).<br />

Veuillez consulter ce passage. Tout ceci est expliqué dans les intentions mystiques<br />

d’Eloul.<br />

11- A présent, viens donc voir et comprendre comment toutes ces Kavanot (intentions<br />

mystiques) sont données en allusion et cachées de manière prodigieuse et merveilleuse,<br />

à l’intérieur de la Torah. On y explique que celui qui souhaite se repentir doit posséder<br />

74


les deux compétences, l’une dans le Ratso (aller), l’autre dans le Chov (revenir). Ce sont<br />

les notions d’ « entrée » et de « sortie » correspondant à « Si j’escalade les cieux, Tu es<br />

là », l’aspect de monter ; « Si je me couche au fond de l’enfer, Te voici », l’aspect de<br />

descendre. Voir l’explication plus haut.<br />

Le sens simple est le suivant : celui qui aspire à emprunter la voie du repentir doit se<br />

ceindre les hanches, et se renforcer constamment sur les voies de Dieu – qu’il s’agisse<br />

d’une ascension ou d’une descente spirituelle correspondant à « Si j’escalade les cieux …<br />

Si je me couche au fond de l’enfer ». En d’autres termes, même si on parvient à une<br />

quelconque élévation, à un niveau élevé, on ne doit pas se contenter de rester à ce stade<br />

et s’en satisfaire. Il faut plutôt être très compétent en cela et croire fortement qu’on doit<br />

avancer encore et encore. Telle est la notion de compétence dans la montée, liée à « Si<br />

j’escalade les cieux, Tu es là ». L’inverse est également vrai : même si l’on chute, Dieu nous<br />

en préserve, même dans l’abîme le plus profond, on ne devra jamais perdre espoir et on<br />

n’aura de cesse de rechercher inlassablement Dieu béni soit-Il. Ainsi devra-t-on se<br />

renforcer autant que possible, car même dans la fosse la plus profonde, le Saint béni soit-<br />

Il est présent et même à cet endroit, il est possible de s’attacher à Lui. C'est ce à quoi fait<br />

allusion : « Si je me couche dans la fosse tu y es encore », (il faut) être compétent dans le<br />

‘retour’. Il est en effet impossible de suivre la voie du repentir sans posséder ces deux<br />

expertises.<br />

Ainsi, Rabénou fit preuve de précision en utilisant <strong>pour</strong> cette notion l'expression Baki<br />

(Bekiout/expertise) <strong>pour</strong> maîtriser parfaitement le sujet. Il s’agit d’une compétence très<br />

importante, consistant à fournir des efforts constants et à œuvrer sans cesse dans son<br />

service de Dieu en aspirant à s’élever à un niveau toujours supérieur. Et quoi qu’il arrive,<br />

l’homme devra veiller à ne jamais chuter, à Dieu ne plaise, même s’il traverse ce qu’il<br />

traverse. On ne doit jamais se décourager, et toujours mettre en pratique : « Si je me<br />

couche dans la fosse tu y es encore ».<br />

12- Ainsi, avec l’enseignement de la Cabala, nous savons ce qu’est la signification cachée<br />

des intentions du mois d’Eloul. Le terme BaKI est lié au nom divin YaBoK, puisqu’ils<br />

emploient les mêmes lettres. Celui qui parvient à ces deux compétences/Békiout, soit<br />

deux fois le mot « Baki », c'est-à-dire être « expert/Baki » en montée et « expert/Baki »<br />

en descente mérite alors la voie/dérekh du repentir car deux fois Baki, c’est-à-dire deux<br />

75


fois Yabok, atteint la valeur numérique du mot dérekh. Ainsi grâce aux intentions<br />

mystiques, dérekh est formé du ségol de KaSsA et ‘hirik de SaG, qui forment la valeur<br />

numérique de deux fois Yabok.<br />

Tel est donc le secret de ces deux sortes de compétences : être expert (Baki) en montée<br />

correspond à « Si j’escalade/ESSaK, les cieux » et équivaut à la notion de ségol de KaSSA,<br />

puisque le mot ESSaK possède les mêmes lettres que KaSSA.<br />

D’autre part, être expert en descente qui correspond à « Si je me couche au fond de l’enfer,<br />

Te voici ! », se rapporte au ‘hirik de SaG comme dans : « Ne déplace pas/Al TaSeG, la<br />

frontière du monde »(Prov. 22:28). C’est ce qui se passe lorsqu'on se retire de sa limite et<br />

que l'on retourne en arrière. Cela correspond à la notion de descente, lorsque l’homme<br />

tombe, que Dieu préserve, et qu'il chute de son niveau <strong>pour</strong> retourner en arrière.<br />

Toutefois celui qui est compétent (dans la descente) se renforcera sans jamais céder au<br />

désespoir, car même là-bas, Dieu se trouve avec lui, comme le rappelle le verset « Si je<br />

me couche au fond de l’enfer, Te voici ! ». C’est un aspect du nom SaG.<br />

Le ségol c’est le soleil, ou point supérieur du Alef, divisé en trois points faisant référence<br />

à « Si j’escalade les cieux », lui-même aspect du ségol de KaSSA, dont les lettres sont celles<br />

de ESSaK. Quant au ‘hirik, il constitue le point inférieur du Alef, correspondant à « Si je<br />

me couche au fond de l’enfer, Te voici ! », aspect du ’hirik de SaG.<br />

Telle est la signification de ce qui a été dit plus haut : lorsque l’on est expert (baki) dans<br />

ces deux domaines, on parvient alors à emprunter la voie (dérekh) du repentir car c'est<br />

être deux fois Baki, aspect de KaSsA et SaG, comme dans « J’escalade les cieux … je me<br />

couche dans la fosse ». Par cela, on parvient à la notion de dérekh, de voie, qui a <strong>pour</strong><br />

valeur numérique deux fois Baki, qui sont KaSsA et SaG.<br />

On mérite particulièrement la voie du repentir lorsque ces deux compétences sont<br />

acquises. C’est alors que la Main droite (de Dieu) est tendue et prête à accueillir celui qui<br />

se repent. En effet, Yémine/droite a <strong>pour</strong> valeur numérique dérekh, soit deux fois Baki.<br />

Quant au mot Pchouta/tendue, il correspond à la valeur numérique de ségol de KaSSA et<br />

‘hirik de SaG, qui renvoient eux-mêmes aux points supérieurs et inférieurs. Ils<br />

correspondent à l’idée de demander et d’invoquer continuellement le Saint béni soit-Il,<br />

que l’on se trouve en haut ou en bas, comme dans « Si j’escalade les cieux, tu es là et si je<br />

me couche au fond de l’enfer, Te voici ! ». Ceci se rapportant aux deux compétences,<br />

76


comme nous l’avons vu. C’est lorsque l’homme est expert dans ces deux compétences,<br />

qu'il peut emprunter la voie du repentir et la « main droite » de Dieu lui est tendue, prête<br />

à recevoir son repentir. Comprends bien ces choses car il s’agit de concepts<br />

extrêmement profonds.<br />

13- A partir de cela, tu seras en mesure de faire les liens (entre les différents) principes<br />

de cette Torah. De comprendre ce qui a été écrit à la fin, au sujet du point supérieur et du<br />

point inférieur du Alef. Cela se rapporte précisément à la notion des deux compétences<br />

(Ceci n’était pas expliqué de façon explicite dans cet Enseignement. On n'arrive à<br />

clarifier ce lien que par la compréhension des intentions mystiques qui ne peuvent être<br />

comprises par celui qui s’y plonge).<br />

Cela fait référence au « repentir sur le repentir précédent », mentionné dans cet<br />

Enseignement. En effet, le sacrifice du mauvais penchant lié aux notions de « garder le<br />

silence devant Dieu/premier repentir/honneur dans ce monde » (représentent) le point<br />

inférieur. On y arrive par le DéMimah/silence, en se taisant avec « faire silence/DoM <strong>pour</strong><br />

Dieu ». Tous ces concepts forment le ‘hirik de SaG, être expert en “retourˮ ».<br />

Quant à la seconde repentance que l’homme réalise à la suite de la première repentance,<br />

elle correspond à la gloire dans le Monde futur qui est : « La gloire de l'Eternel est une<br />

chose cachée. » Il s’agit du point supérieur, lié à Kéter (la couronne), à Moché, et au ségol<br />

… Essaye de bien comprendre comment toutes les notions évoquées dans cet<br />

Enseignement s'ajustent de façon extraordinaire et merveilleuse. Ceux qui ont accès à la<br />

sagesse comprendront un peu.<br />

14- Voici l’essentiel : même si un homme se situe à un niveau particulièrement bas, qu’il<br />

se renforce malgré tout, en restant convaincu que même là, subsiste encore un espoir.<br />

Puisque même à cet endroit, le Saint béni soit-Il reste présent, comme on le voit avec le<br />

verset « Si je me couche dans l’enfer, Te voici ! ». En agissant ainsi, il attire sur lui la<br />

sainteté du saint nom divin Avaya dans sa permutation de SaG. Il (ce Nom) fait revivre<br />

tous ceux qui se sont retirés (naSsoGou) de Sa sainteté. Il les raffermit et les soutient<br />

<strong>pour</strong> qu’ils ne chutent pas définitivement, à Dieu ne plaise. Il s'agit là du principe de<br />

compétence en « retour », liée aux saints noms Yabok et SaG.<br />

De la même façon, lorsque l’homme a le mérite de parvenir à un certain degré de<br />

sainteté supérieure, qu’il ne stagne pas, qu'au contraire, il se renforce en fournissant un<br />

77


effort supplémentaire <strong>pour</strong> s’élever davantage encore et encore. Qu'il s’imprègne de<br />

sainteté par le biais du Nom saint Ehyé, dans sa permutation KaSsA. C’est là (le principe)<br />

de la compétence en « Aller ».<br />

En effet, l’homme, par ses mouvements et son renforcement dans le service divin,<br />

parvient à réaliser ainsi l’unification des Noms (Divins) en Haut, et attire sur lui cette<br />

sainteté. Comprends bien ceci.<br />

15- Il est expliqué plus haut, qu’en se taisant et en gardant le silence lorsque l’on est<br />

offensé, on parvient au repentir. C’est l’aspect de la couronne, comme cela a été expliqué.<br />

En effet le « silence est la barrière de la sagesse ». Nous devons être particulièrement<br />

vigilants et veiller à toujours juger les hommes avec indulgence/Kaf Zekhout et garder le<br />

silence même lorsqu’ils nous contredisent ou nous offensent. C’est de cette manière que<br />

se réalise la notion de Keter/couronne (on juge avec indulgence, le Kaf Zekhout car la<br />

couronne n'existe pas sans Kaf).<br />

Le Midrach rapporte : « Comme cette parabole d’un homme qui trouva son ami en train<br />

de fabriquer une couronne. Il lui demande : “Pour qui est-ce ?". Il lui répondit : “C’est<br />

<strong>pour</strong> le roi". Il lui dit : “Puisque c’est destiné au roi, tu dois y placer les plus belles pierres<br />

que tu trouveras !" »(Vayikra Raba, 2:5). C’est en ce sens que tout membre du peuple juif<br />

représente un aspect de cette couronne aux yeux du Béni soit-Il. Il convient d’y<br />

introduire les plus belles pierres précieuses que l’on peut trouver. Aussi, on s’efforce de<br />

chercher et d’examiner tout mérite, toute chose positive (qu’il est possible de) trouver<br />

chez un Juif. On juge notre prochain avec bienveillance, car chaque Juif constitue un<br />

aspect de la couronne (destinée) au Saint béni soit-Il. C’est ce qu’affirment nos Sages de<br />

mémoire bénie : « Juge tout homme favorablement » (Pirké Avot, 1:6). Ainsi, on fait<br />

preuve d’indulgence vis-à-vis de chacun, en gardant le silence lorsque l'on est offensé.<br />

On trouve malgré tout (toujours) des mérites chez ceux qui nous offensent. On ne les<br />

considère pas comme coupables. Et selon notre opinion et notre vision, on mérite<br />

certainement de subir cette humiliation. Dès lors par notre silence et notre retenue, on<br />

forme la couronne (divine) mentionnée plus haut.<br />

78


Hiver 5563.<br />

TORAH 7<br />

Selon le manuscrit de Rabénou.<br />

« Et telles sont les lois que tu placeras devant eux » (Chémot, 21:1).<br />

Nos Sages, de mémoire bénie, ont affirmé (Kidouchine, 35b, Baba <strong>Kama</strong>,<br />

15a) : « Devant eux » signifie que cet ordre concerne autant l’homme que la femme. Il<br />

est rapporté dans la Mékhilta (21:1) : « Les disciples peuvent étudier sans parvenir à<br />

comprendre ! » Et il est précisé : “Que tu placeras devant eux", autrement dit, présente<br />

les et mets les à leur disposition comme une table que l’on dresse ».<br />

1- Sache que la raison essentielle de l’exil est le manque de foi, comme il est écrit<br />

(Cantique, 4:8) : « Regarde du haut d’AMaNA ». La foi/EMouNA est synonyme de<br />

prière, comme il est écrit : « Et voici, les mains de Moché étaient foi » (Chémot, 17:12)<br />

que le Targoum traduit : « Mains tendues en prière ». Telle est la notion de miracles<br />

qui transcendent la nature, car la prière se situe au-delà de la nature. Si la nature<br />

impose sa loi, la prière quant à elle est en mesure de modifier cette nature. Il s’agit là<br />

du principe du miracle qui requiert de la foi, car l’homme doit croire à l’existence de<br />

Celui qui modifie les choses selon Sa Volonté.<br />

Ainsi, l’essence de la foi, et par conséquent celle de la prière et des miracles, n’existe<br />

qu’en Terre d’Israël, comme il est écrit : « Habite la terre et nourris-toi de foi » (Ps.<br />

37:3). L’essentiel de l’élévation des prières est là-bas, comme il est écrit (Béréchit,<br />

28:17) :1 C'est ici la porte du ciel ». C’est <strong>pour</strong>quoi, lorsqu’Avraham faillit en<br />

demandant « Comment saurai-je ? » (idem, 15:8), il porta atteinte à l’héritage de la<br />

terre, qui relève de la foi et de la prière, entraînant ainsi l’exil d’Egypte. Et c’est<br />

précisément Yaakov et ses enfants qui descendirent en Egypte, car ils représentent<br />

les douze versions (portes) du rite de la prière. Il (L’Eternel) les fit descendre en<br />

Egypte. Quant à l’Egypte, elle symbolise (la vie selon les lois naturelles,) l’opposé<br />

même des miracles/NiSSiM, comme dans le verset (Chémot, 14:27) : « Et les<br />

Egyptiens s’élancent/NaSSiM vers lui… », car ce pays n’était, ni un lieu de miracles, ni<br />

un lieu de prière, comme il est écrit (idem, 9:29) : « Au moment où je quitterai la<br />

79


ville, j'étendrai mes mains vers l'Éternel ». C’est ainsi que tous les exils portent le nom<br />

d’Egypte/MiTSRaïM, en ce sens qu’ils ont tous en commun d’oppresser/MeTSeRiM<br />

Israël. Et lorsque l’on altère la foi, la prière ou la Terre d’Israël, on descend en exil.<br />

C’est ce que nous enseignent nos maîtres, de mémoire bénie (Sanhédrine, 97a) en<br />

affirmant : « Le Messie ben David ne viendra pas avant que la dernière Prouta (petite<br />

pièce de monnaie) ne disparaisse de la poche ». Autrement dit, pas avant que ne<br />

disparaissent ces incroyants, dé<strong>pour</strong>vus de foi dans les miracles, qui recouvrent<br />

chaque miracle d’une (couche de) “logique" » naturelle. Car l’essence des miracles se<br />

trouve en Erets Israël.<br />

En effet, la Terre d’Israël est la première à être abreuvée (Taanit, 10a) et cet<br />

abreuvement provient des abîmes profonds/TeHoMot, au sens de : « Toute la ville<br />

fut en émoi/vaTaHoM » (Ruth, 1:19) (à propos de l'arrivée à Bethlehem de Naomi<br />

accompagnée de Ruth), car généralement, le monde est en émoi face à des<br />

événements miraculeux. Tel est le sens du verset : « Le gouffre appelle le<br />

gouffre/Téhom el Téhom » (Ps. 42:8). Il existe en effet des miracles élevés,<br />

correspondant à la notion de gouffre supérieur, et des miracles inférieurs, relevant<br />

de celle de gouffre inférieur. De fait, l’ange qui englobe tous les types de miracles,<br />

ceux des deux gouffres, ressemble à un veau/EGueL (Taanit, 25b) qui fait allusion à<br />

la notion de cercles/IGouLim de la foi, comme dans : « Ta foi rayonne autour de toi »<br />

(Ps. 89:9), (toi) dont les lèvres sont ouvertes/PRiTa. Ce qui renvoie à la notion de<br />

prière, comme il est écrit : « Éternel, ouvre mes lèvres » (idem, 51:17), qui englobe<br />

tous les miracles. Telle est l’explication de « Avant que la dernière PRouTa ne<br />

disparaisse de la poche » car il existe des personnes qui justifient par (des<br />

explications selon) les lois naturelles toutes les sortes de miracles inclus (incarnés)<br />

dans l’ange dont les lèvres/PRiTa sont ouvertes. Mais lorsque ceci disparaîtra, que<br />

la foi/EMouNA abondera en ce monde, alors le Messie viendra, car la Délivrance en<br />

dépend fondamentalement, comme il est écrit : « Regarde du haut d’AMaNA».<br />

2- Cependant, il est impossible de parvenir à la foi sans la vérité, comme le Zohar le<br />

rapporte (III, 198b) à partir du verset (Isaïe 11:5) : « La justice sera la ceinture de ses<br />

reins, et la foi … ». La justice, c’est-à-dire la foi. Cela est expliqué par : « Quand la<br />

justice s’allie à la vérité, elle est appelée vérité ».<br />

80


3- En outre, il est impossible de parvenir à la vérité sans se rapprocher des Justes et<br />

sans suivre leurs recommandations. Ainsi, lorsqu'elle accepte leurs conseils, la<br />

vérité se grave sur la personne, comme il est écrit : « Toi, tu désires la vérité » (Ps.<br />

51:8). Lorsque tu désires la vérité, alors « dans le secret des cœurs, dans mon for<br />

intérieur, tu m’enseignes la sagesse ». En effet, les conseils que l’on reçoit d’eux (des<br />

Justes) relèvent de la dimension du mariage et de l’union intime. A l’inverse, lorsque<br />

l'on reçoit des conseils venant de personnes mauvaises cela équivaut à un mariage<br />

avec les forces du mal, comme dans le verset (Eve à propos du serpent qui incarne le<br />

mal) : « Le serpent m’a séduite/iSSIaNi » (Béréchit, 3:13) dans le sens de<br />

NISSouïN/mariage. En effet, les conseils que ‘Hava (Eve) a reçus du serpent<br />

correspondent à la notion de mariage (d’union), et c’est par le biais de cet union<br />

qu'il répandit en elle l’impureté. Ce n’est que lors du don de la Torah sur le Mont<br />

Sinaï, que cette impureté cessa (Chabat 146a ; Rachi) car (Israël) y reçut les 613<br />

commandements, ou « saints conseils » (Zohar 2, 82b) et contracta une alliance de<br />

sainteté.<br />

Et <strong>pour</strong> quelle raison le conseil est-il appelé mariage ? Parce que « les reins<br />

conseillent » (Brakhot, 61a). Ils constituent les organes de reproduction, produisant<br />

la matière séminale. On peut donc en déduire que lorsque nous recevons un conseil<br />

de quelqu'un, nous sommes dans une situation équivalant à recevoir sa semence.<br />

Tout (la valeur de ces conseils,) dépend donc de (la nature de) cet homme, s'il est<br />

méchant ou Juste. C’est <strong>pour</strong> cela (Sanhédrine 26b) que la Torah affaiblit/maTiCH et<br />

réduit la vigueur de l’homme (elle affaiblit la force qui le pousse à fauter). Elle est<br />

également appelée sagacité/TouCHia car elle contient 613 conseils comme le<br />

rappelle le verset : « A Moi le conseil et la sagacité (Prov. 8:14) ». Ces conseils sont<br />

assimilés au mariage, à l’union intime qui affaiblit la force de l’homme.<br />

Les conseils du Juste sont « une pure semence de vérité. ». Tel est le sens de : « Et Moi,<br />

Je t'avais plantée comme une vigne de choix/SoReK » (Jérémie, 2:21). (Le contenu de<br />

ce verset) est lié à la délivrance, comme nous le voyons dans « Je leur ferai entendre<br />

le signal/eSReKa et les rassemblerai » (Zékharia, 10 :8). De quelle manière (est-on<br />

délivré) ? Grâce à la « pure semence de vérité » que représentent les conseils des<br />

Justes grâce auxquels on accède à la vérité. Cela, (Les conseils du Juste nous<br />

délivrent lorsque la vérité) se transforme en foi et lorsque cette dernière est<br />

81


associée à la vérité. Tout ceci amène la rédemption. Lorsque l’homme reçoit des<br />

gouttes de l’intellect du Juste, il reçoit son conseil comme nous l'enseigne le<br />

verset : « Toi, tu désires la vérité » — « dans mon for intérieur », et par mes reins, « Tu<br />

m’enseignes la sagesse ». Ainsi, j’ai le mérite de recevoir des « gouttes du cerveau »,<br />

de l’intellect, par l’intermédiaire du conseil que je reçois d’eux (des Justes). Je<br />

<strong>pour</strong>rai alors accéder à la vérité car ces gouttes du cerveau sont qualifiées de « pure<br />

semence de vérité ».<br />

4- Sache que, par le commandement des franges/Tsitsit, l’homme est préservé du<br />

conseil du serpent, de l’union avec le méchant et de la débauche sexuelle. Les Tsitsit<br />

représentent (en effet) une protection contre l’immoralité, comme le rapportent les<br />

Tikounim (18), à propos du verset (après l'enivrement de Noah) : « Chem et Yafet<br />

prirent la couverture, la déployèrent tous deux sur leurs épaules » (Béréchit, 9:27). Il<br />

s’agit là d’une allusion aux Tsitsit. « Mais ils ne virent pas la nudité de leur père », car<br />

les Tsitsit recouvrent la nudité. ‘Ham en revanche, symbole du mauvais penchant,<br />

qui chauffe (incite) le corps de l’homme à fauter, est maudit, ainsi qu’il est<br />

écrit : « Maudit soit Canaan (fils de 'Ham) ! » (idem, 9:25). Le serpent (aussi est<br />

maudit après avoir conseillé 'Hava) : « Tu es maudit entre tous les animaux »<br />

(Béréchit, 3:14). La couverture (de Noa'h), c’est-à-dire les Tsitsit, est une protection<br />

contre les conseils du serpent et son impureté.<br />

C'est (également) ce à quoi il est fait allusion (dans la bénédiction de Yossef) : « Un<br />

fils fertile/Ben Porat <strong>pour</strong> l’œil », (Béréchit, 49:22). C'est par les TSITSit,<br />

qu'évoquent : « Qui observe/meTSITS depuis le treillis » (Cantique, 2:9) qu’il (Yossef)<br />

a bénéficié d’être un fils fertile/Ben Porat. Il a été préservé du mariage avec le<br />

serpent, de l’union avec l’Autre côté (les forces du mal, la femme de Poutifar) <strong>pour</strong><br />

bénéficier du mariage de sainteté. C’est le sens de PORat, au sens d’union intime<br />

comme « PRou Ourvou -croissez et multipliez ».<br />

La débauche est provoquée essentiellement par l’intermédiaire des yeux, comme<br />

nous le voyons avec : « Chimchon fut entraîné par ses yeux » (Sota, 9b), ou<br />

encore (dans le Chéma Israël) : « Ne vous égarez pas à la suite de votre cœur et de vos<br />

yeux » (Dévarim, 15:39). Ainsi, la protection des Tsitsit — les yeux — constitue une<br />

82


protection contre le conseil du serpent. L’homme peut alors recevoir les conseils du<br />

Juste, qui est une « pure semence de vérité ».<br />

5- C’est la signification des paroles de Rabah bar bar ‘Hanna : « Voici ce que m’a dit<br />

ce marchand Ichmaélite : “Viens, je vais te montrer le Mont Sinaï ! » Je l’ai suivi<br />

et j’ai vu des scorpions autour de lui, qui ressemblaient à des ânes blancs. C’est<br />

alors que j’ai entendu une voix céleste qui disait : ”Hélas <strong>pour</strong> moi, qui ai juré,<br />

car à présent que j’ai juré, qui <strong>pour</strong>ra me délier de mon serment ? » (Baba<br />

Batra, 73b).<br />

Viens, je vais te montrer le Mont Sinaï — correspond à la notion de conseils, car<br />

c’est à cet endroit qu’ils reçurent les 613 « conseils ».<br />

J’ai vu des scorpions autour de lui — Ce sont les conseils du serpent, des<br />

méchants, qui empêchent de recevoir les recommandations des Justes, la « semence<br />

de vérité ».<br />

Qui ressemblaient à des ânes blancs — allusion aux Justes qui assurent une<br />

protection contre l’incitation du serpent à la débauche, comme l’ont affirmé nos<br />

Sages de mémoire bénie (Ména’hot, 43) : « Qui est puni le plus <strong>pour</strong> (ne pas avoir<br />

mis à ses franges) les fils blancs ou bleus ? » Et de répondre : « Ce cas est<br />

comparable à celui d’un homme (un roi) qui aurait ordonné qu’on lui apporte un<br />

sceau en or — allusion aux fils bleus, et un sceau d'argile — les fils blancs. En<br />

d’autres termes ‘HaMRé/ânes, se réfère à ‘HoMeR vétit/argile et chaux, qui sont<br />

blancs (allusion aux fils blancs), principale couleur des franges de nos jours.<br />

J’ai entendu une voix céleste qui disait : « Hélas <strong>pour</strong> moi, qui ai juré » —<br />

Rabénou Chmouel (Rachbam) explique qu'il s'agit d'une référence à l’exil. Grâce aux<br />

Tsitsit, nous pouvons obtenir le conseil des Justes et accéder à la vérité, et par la<br />

suite à la foi. Par le mérite de la foi survient la délivrance. C’est <strong>pour</strong>quoi le Sage<br />

entendit Dieu regretter l’exil (d’avoir expulsé les Enfants d’Israël) car les Tsitsit<br />

blancs furent la cause de tout cela.<br />

C’est là l’explication de « Et telles sont » — à chaque endroit où figure le terme<br />

« telles sont », c’est <strong>pour</strong> ajouter/mOSSiF, quelque chose de plus à ce qui figurait<br />

83


auparavant. C’est (dans ce cas) une allusion à yOSSeF, qui représente la notion de<br />

préservation de la pureté sexuelle, allusion aux Tsitsit.<br />

« Les lois » – référence à « pure semence de vérité », comme il est écrit : « Les lois de<br />

l’Éternel sont vérité » (Ps. 19:10). (Par les lois de vérité), on mérite de recevoir le<br />

conseil des Justes — qui renvoie à la vérité.<br />

« Que tu placeras devant eux » — Lorsque (la justice) est associée à la vérité,<br />

aspect de « l’homme équivaut à la femme », car « l’homme » et la « femme »<br />

représentent (respectivement) l’union de la vérité et de la foi dont dépend la<br />

délivrance finale. Cela explique : « Se <strong>pour</strong>rait-il que les disciples étudient sans<br />

comprendre ? ». Le verset spécifie (que si tu dois leur exposer les lois) : « Présente les<br />

comme une table dressée/Choul'han 'Aroukh (nom du principal du Code de lois du<br />

judaïsme) ». Il s’agit d’une allusion à la délivrance. En effet, dans les temps futurs,<br />

toutes les sagesses se présenteront à l’image d’une table dressée, ainsi qu’il est<br />

écrit : « Car la terre sera pleine de la connaissance de Dieu. » (Isaïe 11:9).<br />

S’achèvent ici les mots de Rabénou.<br />

Adenda à cette Torah<br />

La prière est synonyme de foi qui à son tour est synonyme de miracles. Car le<br />

miracle est au-dessus de la nature et fait appel à la foi, comme nous l’avons vu plus<br />

haut (section #1). La prière est propice à la mémoire car la prière correspond à la<br />

foi. L’oubli se produit lorsqu’une chose que nous connaissions a quitté notre esprit.<br />

[C’est la caractéristique de ce qui permet de considérer (comme prédéterminés) les<br />

mouvements des astres que l’homme croit (permanents), établi et défini, dans<br />

l’espace et dans le temps, jour après jour. Et cela va à l’encontre de la foi. Il en va<br />

tout autrement quand l’homme croit (vraiment) à la réalité de Celui qui peut à tout<br />

moment, comme bon Lui semble, modifier les lois de la nature, puisqu’Il transcende<br />

le temps. Il n’y a dès lors nulle place <strong>pour</strong> l’oubli].<br />

Regarde à présent l’incroyable profondeur des paroles de nos maîtres, de mémoire<br />

bénie (Chabat, 104a) : « Les lettres Mem et Samekh qui étaient (gravées) dans les Tables<br />

de la Loi tenaient miraculeusement (leur forme – ronde et carrée – n'aurait pas dû<br />

permettre à leur contenu de « tenir » dans une pierre traversée par les lettres). (Et) ces<br />

deux lettres Mem-Samekh (MaS/oubli), symbolisent la perte de mémoire. A ce propos,<br />

84


nos Sages enseignent : « On ne peut comparer celui qui révise son étude 100 fois à celui qui<br />

la révise 101 fois » (‘Haguiga, 9b). Ces deux lettres ont une valeur numérique<br />

(additionnées) de 100. (Or,) l’ange de l’oubli ne peut exercer son emprise que jusqu’au<br />

nombre cent. C’est <strong>pour</strong>quoi les Sages enseignent que les lettres Mem et Samekh,<br />

autrement dit MaS – l’oubli — tenaient par miracle sur les Tables, puisque le miracle est<br />

l’opposé de l’oubli. Les miracles sont du même ordre que la prière et la foi, antithèse de<br />

l’oubli, comme nous l'avons vu.<br />

Sache que les Tsitsit constituent une protection contre la débauche. (A propos de<br />

Chem et Yaphet) « Tous deux, sur leurs épaules/Chékhem »(Béréchit, 9:27) : il s’agit<br />

d’une allusion aux Tsitsit.<br />

(De plus, comme il est écrit également à propos des frères de Yossef) « Tes frères<br />

font paître les troupeaux à Chekhem » (Béréchit, 37:13) : c’est (également) une<br />

allusion aux Tsitsit, protection contre la débauche, <strong>pour</strong> préserver sa pureté<br />

sexuelle, qui s’applique à Yossef. C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle Yaakov dit à son fils<br />

Yossef : « Tes frères font paître les troupeaux à Chékhem », et puisqu’il s’agit de ta<br />

qualité spécifique, dès lors « Je veux t'envoyer auprès d'eux » (Yossef incarne la<br />

qualité de Yessod, pureté sexuelle).<br />

C'est ce que signifie le verset : Et Moi, Je t'avais plantée comme une vigne/SoReK<br />

de choix, car quand on reçoit les conseils du Juste, on reçoit des gouttes de son<br />

intellect. Le mot SoReK peut être rapproché de ShouRouK qui désigne la voyelle<br />

“ou », formée de trois points ( ‏,(סֻ‏ que le Tikounim (#56) nomme les trois gouttes.<br />

C’est le même concept que les trois cerveaux. Car la goutte provient du cerveau et<br />

parvient dans les reins qui sont les organes de reproduction qui sécrètent le liquide<br />

séminal. Et en effet, l’intellect prend naissance dans le cerveau <strong>pour</strong> descendre<br />

ensuite aux reins qui ont, comme nous l’avons vu, le pouvoir de conseiller. Ces trois<br />

cerveaux correspondent aux notions de : « Le cœur s’est épaissi … et ses oreilles… et<br />

ses yeux… de peur que ses yeux ne voient clair, que ses oreilles n'entendent, que son<br />

cœur ne comprenne, qu'il ne s'amende alors et ne soit sauvé » (Isaïe 6:10).<br />

On parle ici de celui qui refuse de s’attacher aux Justes « de peur qu’il ne voit… et ne<br />

se repente. » … En revanche, lorsque l’homme parvient à s’attacher aux Justes et<br />

reçoit d’eux leurs conseils, il correspond aux « reins qui conseillent », car (ces<br />

derniers) font partie des organes de reproduction. Il reçoit la goutte du cerveau qui<br />

se divise en trois gouttes, en trois cerveaux. Il est en mesure de « voir de ses yeux,<br />

85


d’entendre de ses oreilles et comprendre avec son cœur … », ce qui correspondent aux<br />

trois cerveaux. Il se repentira et il sera guéri. « Et Moi, Je t'avais plantée comme une<br />

vigne, pure semence de vérité. » (Jérémie 2:21). Comprends cela.<br />

C’est ce qui explique les premières paroles de Rabah bar bar ‘Hanna : « Ce<br />

marchand Ichmaélite m’a dit ». Rabénou Chmouel explique (ce qu'évoque le<br />

marchand Ichmaélite) : ICHMA'ël représente toujours l’idée de prière, comme il est<br />

écrit : « Parce que Dieu a entendu/CHaMA' ton affliction » (Béréchit, 16:11), que la<br />

Targoum traduit par « Parce que Dieu a entendu ta prière ». Cela fait (donc) référence<br />

à la foi. Le mot marchand/So’HeR est à rapprocher de l’expression Sé’HoR/entourer<br />

qui fait allusion à la foi, comme il est écrit : « Ta foi t’entoure » (Ps. 89:9).<br />

Cela explique également le verset (à propos de la relation de Ruth et Boaz qui est à<br />

l'origine de la royauté du roi David) : « Tu étendras le coin/KéNaFékha de ton<br />

manteau sur ta servante » (Ruth, 3:9). Car dans les Tsitsit de sainteté (qui se placent<br />

aux quatre coins du vêtement), les KaNFé/coins du commandement, correspondent<br />

à la préservation de l’Alliance de pureté et à l’union de sainteté.<br />

Tel est le sens de la question du prophète ‘Hagaï (2:12) « S'il arrive que quelqu'un<br />

transporte de la chair consacrée dans le coin/KéNaF de son habit et qu'il mette ce pan<br />

de vêtement en contact avec du pain ». En effet le fait de porter atteinte à la<br />

préservation de l’Alliance cause le manque de pain, comme il est écrit : « Car <strong>pour</strong><br />

une femme prostituée, on peut être réduit (aller chercher) une miche de pain » (Prov.<br />

6:26). Comprends cela.<br />

« Son arc est resté plein de vigueur … de là le Berger d’Israël, le rocher/EVeN d’Israël »<br />

(Béréchit, 49:24). AVhan ouVNin (un père et ses fils) correspondent à la prière, c'està-dire<br />

à Yaakov et à ses fils (qui incarnent les douze portes de la prière).<br />

Remède <strong>pour</strong> (guérir) un malade : regarder ses Tsitsit. Le secret (de ce remède) se<br />

trouve dans le verset (où Yaakov, malade, est visité par son fils) : « Voici que ton fils<br />

Yossef vient te voir » (idem, 48:2). Car tous ces mots font allusion aux Tsitsit, à la<br />

somme totale des fils, des enroulements et des nœuds. Et ainsi « Israël en fut<br />

fortifié. »<br />

Chabat ‘Hanouca 5563<br />

TORAH 8<br />

86


« Je vis un chandelier tout en or et un récipient à son sommet » (Zékharia, 4:2,<br />

Haftara de Chabat ‘Hanouca)<br />

1- Comme le soupir et le gémissement du Juif sont précieux. Ils <strong>pour</strong>voient à<br />

tous ses manques. En effet, c’est par l’intermédiaire de la respiration qui est<br />

le souffle de vie, que le monde a été créé, comme il est écrit : « Par le souffle<br />

de Sa bouche (furent créées), toutes leurs milices » (Ps. 33:6). De même, le<br />

renouvellement du monde s’opèrera par ce souffle, comme il est écrit : « Tu<br />

renvoies Ton souffle, ils renaissent, et Tu renouvelles la face de la terre » (idem,<br />

104:30). Cela constitue la vitalité de l’homme car celle-ci réside dans la<br />

respiration, comme il est écrit (à propos de la création de l'homme) : « Il<br />

insuffla dans ses narines un souffle de vie » (Béréchit, 2:7) et (à propos du<br />

déluge) « Tout ce qui était animé du souffle de la vie » (idem, 7:22). C’est ce<br />

qu’affirment nos Sages, de mémoire bénie (voir Zohar 2, 24) : « S’il n’y a pas<br />

de respiration, il n’y a pas de vie ! » La vitalité de toute chose passe par le<br />

souffle.<br />

Lorsqu'un manque existe dans une chose, cela vient essentiellement d'un défaut<br />

dans la force vitale car c’est le souffle de vie qui fait vivre cette chose. Le soupir<br />

est une expiration prolongée, liée à la notion de patience ou « souffle long ».<br />

C’est <strong>pour</strong>quoi, lorsqu’un individu soupire à cause d’un manque, en prolongeant<br />

son expiration, il amène un souffle de vie dans ce manque puisque la cause<br />

majeure du manque vient essentiellement de la carence de ce souffle de vie. En<br />

soupirant, l’homme comble ce manque.<br />

2- Mais d’où reçoit-on le souffle de vie ? Sache que l’essence du souffle de vie que nous<br />

recevons provient du Juste et Rav de la génération. Le principe de ce souffle de vie réside<br />

dans la Torah, comme il est écrit : « Et le souffle de Dieu planait à la surface des eaux »<br />

(Béréchit, 1:2) — il s’agit de la Torah, à laquelle les Justes sont attachés. C’est <strong>pour</strong> cela<br />

que le souffle de vie se situe essentiellement chez eux (les Justes). Et lorsqu’un homme<br />

se lie au Juste et au Rav de la génération, en soupirant et en prolongeant son souffle, il<br />

puise dans le souffle de vie du Juste de la génération, lui-même attaché à la Torah d'où<br />

vient ce souffle.<br />

87


C’est en cela que le Juste est appelé : « Un homme animé d’un souffle » (lors de<br />

l'intronisation de Yehochoua par Moché dans Bamidbar, 27:18), car il est<br />

capable de se conduire selon le souffle de chacun (Rachi). En effet, le Juste<br />

amène et perfectionne le souffle de vie de chacun. Telle est l’idée (contenue dans<br />

la notion) de vent du Nord soufflant sur la harpe de David (afin de l'éveiller <strong>pour</strong><br />

ses dévotions de minuit dans (Brakhot, 3b). Celle-ci était constituée de cinq<br />

cordes qui représentent les cinq livres de la Torah. Quant au vent du nord<br />

soufflant sur sa harpe, il fait référence au « souffle de Dieu qui planait à la surface<br />

des eaux ». Car le vent du nord/TSaFoNe, fait allusion au TSaFouNe/souffle<br />

caché dans le cœur de l’homme, qui est le souffle de vie. Le nord est lié au<br />

manque (Baba Batra, 25a). Et ce manque se trouve dans le cœur, comme il est<br />

écrit : « Et Il t’accordera les demandes de ton cœur » (Ps. 37:4) et : « Que l’Eternel<br />

comble tous tes vœux » (idem, 20 :6). Le souffle de vie se trouve principalement<br />

dans le cœur, comme le rapportent les Tikounim (13) : « L’ensemble des<br />

membres obéit au cœur qui ressemble à un roi », comme l'indique le<br />

verset : « Du côté où le souffle dirigera leur marche » (Ezéchiel, 1:12). Le souffle<br />

est dans le cœur et le manque apparaît lorsque le souffle situé dans le cœur<br />

disparaît. Voilà <strong>pour</strong>quoi le manque est ressenti précisément dans le cœur et<br />

voilà <strong>pour</strong>quoi également, lorsque ce manque — qui est l’aspect du souffle —<br />

vient à être comblé, il est écrit : « Et Il t’accordera les demandes de ton cœur » et<br />

« Que l’Eternel comble (ton cœur)… » C’est en cela que le peuple d’Israël qui<br />

reçoit le souffle de vie de la Torah, est appelé TSaFoNe, comme dans le<br />

verset : « Contre Ton peuple ils ourdissent des complots, ils se concertent contre<br />

TSeFouNekha/ceux que tu caches (et protéges) » (Ps. 83:4).<br />

2- Mais quand les mécréants parlent du Juste avec arrogance et mépris, d’où<br />

reçoivent-ils le souffle <strong>pour</strong> combler le manque ? Tu dois savoir qu’il existe<br />

un Rav du côté des écorces correspondant à Essav, comme (il le dit luimême)<br />

dans le verset : « j’ai amplement/RaV » (Béréchit, 33:9). Cela<br />

correspond aux « chefs d’Essav » (Idem, 36:15) qu’Onkelos traduit en<br />

araméen par : « RaVrévé Essav », c'est-à-dire par de Rav des écorces. C’est<br />

donc à partir de lui que les mécréants reçoivent le souffle d’impureté qui<br />

correspond au vent de tempête/SéARa, comme il est écrit : « Mais Essav, mon<br />

88


frère, est un homme SAïR/velu » (idem, 27:11). C’est <strong>pour</strong>quoi leur souffle est,<br />

temporairement fort et puissant comme une tempête qui est violente sur le<br />

moment. Ainsi qu'il est écrit : « Tous ses adversaires, Il les renverse d’un<br />

souffle » (Ps. 10 :5) — Il les renverse véritablement car il prend le dessus<br />

grâce au souffle de sa bouche. Il est puissant sur le moment mais non dans la<br />

durée. Il finira par disparaître, laissant son corps et son âme décimée.<br />

Comme il est écrit : « Mais qui punit/MéCHaLeM ses ennemis sur leurs faces, en<br />

les faisant périr » (Dévarim, 7:10). MéCHaLeM, au sens de CHLéMout (plénitude,<br />

rendre complet), car il comble et complète leurs manques, aspect de l’extension<br />

du souffle. Tel est le sens de « sur leurs faces », correspondant au souffle, comme<br />

il est écrit : « L'impudence de leurs visages témoigne contre eux » (Isaïe 3:9) qui<br />

fait référence au nez (Yébamot, 120a). Et (le nez) fait référence au souffle<br />

comme il est écrit : « Il insuffla dans ses narines un souffle de vie » et « Tout ce qui<br />

était animé du souffle de la vie ». Mais (son intention) est seulement de les faire<br />

périr car malgré sa puissance du moment, il (le mécréant) finira par être<br />

anéanti. C'est ce à quoi fait référence : « La patience <strong>pour</strong> les mécréants » (Taanit<br />

Yérouchalmi 2:5). Le souffle de la respiration contient un aspect de la patience,<br />

puisqu’il retient sa respiration. Ce souffle est peut-être fort et puissant sur le<br />

moment, mais il finira par disparaître.<br />

C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle (l’Assemblée) d'Israël est appelée : « Affligée et<br />

battue par la tempête/SoARa » (Isaïe, 54:11). Car elle se trouve sous la<br />

domination d’Essav, homme velu/SAïR, lié au vent de tempête/SéARa. Mais<br />

quiconque reste attaché aux Justes reçoit le souffle de vie, cette perfection qui<br />

comble le manque — à partir du Juste et Rav de la génération.<br />

4- Ainsi : « Un homme Sage sait l'apaiser » (Prov. 16:14). C'est que le manque<br />

provient des péchés, comme l’enseignent nos Sages zal : « Point de mort sans<br />

péchés et point de souffrances sans transgressions » (Chabat, 55a), comme il est<br />

écrit : « Je châtierai leur rébellion avec un bâton et leurs transgressions par des<br />

plaies » (Ps. 89:33). Ainsi, le Juste, en attirant le souffle de vie et en comblant le<br />

manque, répare les fautes.<br />

89


Cela provient de la grandeur de la miséricorde et de la compassion du Créateur,<br />

béni soit son Nom, qui s’est contracté Lui-même, afin d’être un souffle de vie<br />

<strong>pour</strong> les Justes qui recevront le souffle de vie de la Torah, <strong>pour</strong> combler les<br />

manques et réparer les fautes.<br />

Telle est la dimension des treize Attributs de Miséricorde: « Dieu, Dieu, tout<br />

puissant, clément et miséricordieux, patient/Erekh Hapaïm… » (Chémot, 34:6) —<br />

Erekh Hapaïm renvoie au souffle, car Il (l’Eternel) prolonge Sa respiration<br />

(reste patient) en soupirant sur les manques de l’homme.<br />

Autrement dit, « Rav ‘Hessed/plein de bonté » : comme nous l’avons dit, nous<br />

recevons le souffle de vie du Juste, Rav de sainteté, qui est Rav ‘Hessed, plein de<br />

bonté, à l’opposé d’Essav — le Rav des Ecorces — qui est roux, et qui incarne la<br />

rigueur. « Et c’est le sens de la suite du verset “et vérité" » : car le Juste reçoit le<br />

souffle de vie de la Torah, appelée : « Une Torah de vérité était dans sa bouche »<br />

(Malakhi, 2:6). Ainsi : « Il conserve Sa bonté à la millième génération/ALaFim »<br />

(Chémot, 34:7) renvoie à la notion de princes d’Essav/ALouFé, Rav des Ecorces.<br />

C’est là (la signification de) « Il conserve la bonté » — car la bonté est un aspect<br />

de « Rav de sainteté », qui protège et adoucit les (jugements) des princes<br />

d’Essav.<br />

C’est <strong>pour</strong>quoi : « Il pardonne le péché, la rébellion et la faute… » (En poussant)<br />

un soupir <strong>pour</strong> puiser dans le souffle de vie du Juste, et ainsi combler le manque<br />

et faire expier nos fautes. C’est l’explication du verset : « Un homme Sage sait<br />

l’apaiser », et : « Il pardonne le péché, la rébellion et la faute ».<br />

5- Ainsi, en poussant un soupir, l’homme puise dans le souffle de vie de façon à<br />

combler le manque <strong>pour</strong> lequel il soupire et le comble. Toutefois, il est<br />

impossible de provoquer les mécréants, car lorsqu’on provoque le mécréant et<br />

que celui-ci soupire, il attire de la même manière le souffle venant de son Rav<br />

des écorces. Ce souffle est à ce moment précis, si puissant, « qu’il renverse d’un<br />

souffle tous ses adversaires » et qu'il peut lui porter préjudice. C’est la raison<br />

<strong>pour</strong> laquelle, il n’est pas permis à tout homme de provoquer les<br />

mécréants : seul un Juste parfait peut le faire. Car le Juste parfait appartient à la<br />

catégorie : « Aucune calamité ne surprend le Juste » (Prov. 12:21). Ce Juste a<br />

90


définitivement chassé et annihilé tout le mal qui était en lui, au point qu’il est<br />

certain de ne plus trébucher sur la faute.<br />

Pour y parvenir, il faut savoir qu’il existe quatre éléments fondamentaux : le feu,<br />

l’air, l’eau et la terre, qui dans leur source spirituelle, correspondent chacun à<br />

l’une des lettres du Nom de Dieu YHVH (Youd, Hé, Vav, Hé). Ces quatre éléments<br />

fondamentaux sont ici-bas (dans notre monde), composés d'un mélange de bien<br />

et de mal. Le Juste parfait réussi à séparer totalement le bien du mal, au point de<br />

faire disparaître la moindre trace de mal dans ces quatre éléments<br />

fondamentaux qui englobent tous les traits de caractère, comme on le sait. Ce<br />

n'est que lorsque le Juste atteint ce niveau qu'il lui est permis de provoquer les<br />

mécréants.<br />

En effet, chaque mécréant dispose d'un canal par lequel il reçoit le souffle lui<br />

permettant de combler son manque. Ce canal constitue la voie de transmission<br />

du mauvais trait de caractère transmis par les quatre éléments fondamentaux<br />

— (ce canal) l'amène et le fortifie. Il constitue le réceptacle par lequel il reçoit le<br />

souffle de vie destiné à combler son manque. Lorsque le Juste souhaite le faire<br />

tomber (le mécréant), il est contraint de descendre dans le mauvais trait de<br />

caractère que le mécréant a renforcé. C’est ainsi que le Juste peut dominer et<br />

détruire ce canal par lequel le mécréant reçoit son souffle de vie.<br />

Ainsi, seul ce Juste, le Juste parfait débarrassé de tout mal, ne peut être dominé<br />

par la force du vent de tempête. Autrement, le souffle de vie du mécréant (qu'il<br />

affronte) <strong>pour</strong>rait lui nuire, que Dieu nous préserve, au moment où il descend<br />

dans le mauvais trait de caractère du mécréant <strong>pour</strong> le détruire. En effet, le mal<br />

n’a aucune emprise sur le Juste parfait et n’a aucun moyen de lui porter atteinte.<br />

[Même le trait de caractère négatif vers lequel le Juste descend, n’a aucune<br />

emprise sur lui, à Dieu ne plaise, car le Juste n’y descend que <strong>pour</strong> le soumettre<br />

et le rabaisser comme il est écrit : « Avram remonta d’Egypte »(sans dommages)<br />

(Béréchit, 13:1) ].<br />

Telle est l’allusion contenue dans (Ps. 147:6) : « Il abaisse jusqu’à terre les<br />

méchants/Machpil Réchaïm Adé Arets » qui a <strong>pour</strong> initiales les quatre éléments<br />

91


fondamentaux : Maïm (eau), Roua’h (air), Afar (terre), et Ech (feu). Ces quatre<br />

éléments fondamentaux sont à la base de tous les traits de caractère qu’il faut<br />

raffiner complètement afin qu’il n’y ait plus aucune emprise du mal dans ces<br />

quatre éléments. C'est ainsi que (le Juste) deviendra un Juste parfait. Lorsqu’il<br />

aura retiré le mal des quatre éléments : feu, air, eau et terre, il <strong>pour</strong>ra « abaisser<br />

les méchants jusqu’à terre ».<br />

Ce ne sera pas le cas du Juste qui n’est pas parfait. Car bien qu’il soit exempt de<br />

toute faute, il n’a pas <strong>pour</strong> autant fait disparaître complètement le mal présent<br />

en lui. Ce mal subsiste en effet de manière potentielle chez lui, de telle sorte qu’il<br />

lui est interdit de chercher à se confronter aux mécréants. Ce mal a encore la<br />

possibilité de le menacer et de lui porter atteinte, que Dieu nous préserve. Le<br />

souffle prolongé du mécréant reste très puissant même si ce n'est que<br />

momentané, comme le vent d’une tempête.<br />

Tel est l’enseignement de nos maîtres, de mémoire bénie (Brakhot, 7b) sur le<br />

verset : « N’entre pas en conflit avec les malfaiteurs ». (Ps. 37:1) De qui parle-ton<br />

? De celui dont le cœur à des scrupules. Ce que Rachi explique ainsi : « de<br />

celui qui éprouve encore la crainte à cause des fautes qui sont dans sa main » —<br />

dans sa main littéralement. C’est ce que nous disions : en réalité, il n’est<br />

coupable d’aucune transgression mais il redoute néanmoins les fautes qui sont<br />

dans ses mains, c'est-à-dire qu’il peut potentiellement commettre (le mal reste<br />

chez lui latent, « en sommeil »). Tel est le cas de celui qui n’a pas encore eu le<br />

mérite d’accéder au niveau de : « Aucune calamité ne surprend le Juste »,<br />

(situation) de celui qui n’est pas certain d’être hors d’atteinte du danger de la<br />

faute. Un tel homme n’a donc pas le droit d’affronter les mécréants. C'est ce que<br />

signifie : « Gardes-tu le silence quand le méchant dévore plus juste que lui ? »<br />

(‘Habakouk, 1:13) que nos Maîtres ont expliqué (Baba Metsia, 71b) : « Il dévore<br />

seulement un Juste plus grand que lui (mais qui n’est pas parfait) » — Il le dévore<br />

véritablement par le prolongement de son souffle momentané mais puissant. En<br />

92


evanche, il ne peut « dévorer » le Juste parfait car son cœur n’est pas en proie à<br />

la tentation et donc au risque de faillir. Il est en effet parvenu à effacer<br />

totalement le mal en extirpant les mauvais traits de caractères et les désirs<br />

interdits liés aux quatre éléments fondamentaux. Ce Juste parfait — et tous ceux<br />

qui l’accompagnent — peut dès lors se permettre de se confronter aux<br />

mécréants puisqu’il est capable de descendre à l’intérieur des canaux véhiculant<br />

les mauvais traits de caractère qu’ils ont renforcés en eux, de les briser et de les<br />

annihiler. C’est de cette façon qu'il « abaisse jusqu’à terre les méchants », comme<br />

nous l’avons vu.<br />

6- On parvient à séparer, à extraire et à annuler le mal (mêlé) au bien grâce à la<br />

Torah et à la prière. L'étude de la Torah consiste à approfondir le code de la loi,<br />

la Halakha, l’étude des Décisionnaires. Il existe en effet dans la Torah une (prise<br />

en compte de l') emprise du bien et du mal qui prend forme dans (la recherche<br />

de) ce qui est permis ou interdit, pur ou impur, comestible ou pas. Et tant que<br />

l’homme ne clarifie pas la Loi, il porte en lui ce mélange de bien et de mal. C’est<br />

<strong>pour</strong>quoi Il ne peut séparer le bien du mal et l’éradiquer. (La présence du mal)<br />

se trouve dans cet aspect : « Et celui qui cherche le mal, il viendra à lui » (Prov.<br />

11:27). C’est seulement après avoir approfondi et clarifié la loi dans la pratique<br />

qu’il déterminera ce qui est interdit, ce qui est permis… Ainsi, en étudiant les<br />

Décisionnaires, l’on (apprend à) extraire le bien du mal. Mais <strong>pour</strong> espérer<br />

parvenir à ce stade de compréhension avec notre intelligence et<br />

l’approfondissement de la Loi, il faut nécessairement avoir recours à la prière,<br />

car c’est de là que l’on puise l’intelligence (nécessaire).<br />

7- En effet, les Tikounim (14 et 20b) mentionnent : « Le jardin fait allusion à la<br />

Torah ». La Torah est appelée « jardin », et les âmes juives qui se consacrent<br />

assidûment (approfondissent/Me'aYeNim) l’étude de la Torah, sont associées à<br />

la notion « d’herbes et de verdure » qui poussent dans le jardin. Qui les fait<br />

pousser ? La source/Ma'eYaN qui est la sagesse, comme il est écrit : « La source<br />

des jardins » (Cantique, 4:15). Et d’où puissent-ils cette sagesse (que représente<br />

cette source) et cette intelligence qui revêt l’aspect la source ? De la prière,<br />

comme il est écrit : « Une source jaillira de la maison de l'Éternel » (Yoël, 4:18).<br />

93


(Cette source) c’est la prière, comme il est écrit : « Car Ma maison est une maison<br />

de prière » (Isaïe, 56:7).<br />

C'est elle (la prière qui) permet le passage du potentiel à l’effectif. En effet, la<br />

prière constitue un aspect du renouvellement du monde car elle implique la foi<br />

dans « Celui qui renouvelle, qui a le pouvoir de changer, selon Sa volonté, les lois<br />

de la nature ». (La prière) est la dimension de création potentielle, comme il est<br />

écrit : « Tu les as toutes faites (Tes œuvres) avec sagesse », (Ps. 104:24) qui fait<br />

référence à la prière à partir de laquelle jaillit la source de la sagesse comme<br />

nous l’avons vu. Quant à la Torah, elle relève de la dimension de création<br />

effective/Bé POaL, comme dans le verset (Prov. 8:30) : « J’ai été, auprès de Lui,<br />

un précepteur/AMoNe » — au sens de OuMaNe dans le sens d’un artisan qui<br />

façonne car le monde fut « créé » par la Torah.<br />

Ainsi, lorsqu’on prie <strong>pour</strong> quelque chose, cela correspond au renouveau du<br />

monde, à sa création potentielle, à un réveil de la sagesse qui est dans la prière.<br />

« Une source jaillira de la maison de Dieu » — il s’agit de la prière, car c'est à<br />

partir de cette source que la sagesse se réveille et se dirige vers la Torah, <strong>pour</strong><br />

devenir effective, comme il est écrit : « De Sa bouche, émanent connaissance et<br />

intelligence » (Prov. 2:6). La Torah représente un dévoilement de la sagesse et<br />

c’est ainsi que se crée la « source des jardins ». Elle abreuve le jardin et fait<br />

pousser herbes et verdures, comme nous l’avons vu. C’est ainsi que nos Sages<br />

l’enseignent (Brakhot, 32b) : « Celui qui insiste trop dans sa prière (par ses<br />

demandes) finit par avoir mal au cœur », comme il est écrit (Prov. 13:12) : « Un<br />

languissement prolongé rend le cœur malade » — que devra-t-il faire alors ?<br />

Etudier la Torah, comme le <strong>pour</strong>suit le texte : « Un désir satisfait est un arbre de<br />

vie » (idem). Comme nous l’avons vu, dans la prière, les choses sont encore à<br />

l’état potentiel avant de devenir effectives au moment où l'on s’adonne à l'étude<br />

de la Torah, dimension de la création effective. Alors sa requête peut être<br />

accordée et passer du potentiel au concret.<br />

Et c’est ce qui est écrit : « Un fleuve sortait d'Éden <strong>pour</strong> arroser le jardin, de<br />

là, il se divisait <strong>pour</strong> former quatre bras » (Béréchit, 2:10).<br />

94


Eden — correspond à la notion de prière comme il est écrit : (Isaïe,<br />

64:3) : « Jamais œil humain ne l'a vu ». Nos Sages (Brakhot, 34) nous enseignent<br />

que ce verset fait allusion à la prière qui est au-delà de la nature car, grâce à la<br />

prière, il est possible de modifier la nature [Ceci explique l’emploi des<br />

mots : « Jamais œil ne l’a vu », car nous n’avons nulle compréhension de ce qui se<br />

situe au-delà de la nature].<br />

« Un fleuve sortait d'Éden » — autrement dit de la prière. « Et une source<br />

jaillira de la maison de l’Eternel », « <strong>pour</strong> arroser le jardin », il s’agit de la<br />

Torah « la source des jardins ». Et lorsque la source de la sagesse jaillissant de la<br />

prière se déverse sur le jardin — la Torah — alors se multiplient et fleurissent<br />

herbes et verdures qui représentent les âmes juives.<br />

En d’autres termes, elles (les âmes juives) grandissant dans le jardin,<br />

comprennent et réfléchissent par la Torah, et parviennent à entrer dans la<br />

profondeur de la Loi en vue de clarifier la Loi dans ce qui est interdit ou<br />

permis… et ainsi, on sépare le bien du mal. C’est là la signification de « … de là il<br />

se divisait » — le mal est extrait des quatre éléments fondamentaux <strong>pour</strong> ne<br />

garder que le bien. Et ainsi « <strong>pour</strong> former quatre bras. » Ce sont les quatre<br />

lettres du Nom Divin YHVH constituant la racine du bien que l’on trouve dans<br />

les quatre éléments fondamentaux, comme vu plus haut.<br />

8- Cela correspond aux quatre Tsitsit, car les quatre coins de franges constituent<br />

le souffle de vie, comme il est écrit : « Ainsi parle le Seigneur Dieu : des quatre<br />

directions provient le souffle » (Ezéchiel, 37:9). C’est grâce (aux franges) qu’est<br />

soumis le vent de tempête, le souffle de ceux qui s’opposent aux Justes<br />

véritables. Ils (les opposants) reçoivent leur long souffle du Rav de l’écorce qui<br />

est Essav, l’homme velu/SA'ïR, comme nous l’avons vu. C’est la raison <strong>pour</strong><br />

laquelle le terme franges/Tsitsit sont synonymes de cheveux/Sé'AR comme<br />

dans le verset : « Et il me saisit par les Tsitsit (boucles de cheveux) de ma tête »<br />

(idem, 8:3). C’est par eux (les franges), que Essav le velu, ou vent de<br />

tempête/Sé'ARa, peut être dominé.<br />

C’est le concept du Talith blanc, dont s’enveloppe le Saint béni soit-Il <strong>pour</strong><br />

révéler les Treize Attributs de Miséricorde (Roch Hachana, 17b) qui<br />

95


correspondent au souffle de vie de sainteté. Le Talith, avec ses quatre coins fait<br />

allusion au souffle qui vient des quatre points cardinaux. C’est <strong>pour</strong>quoi le<br />

Talith, de couleur blanche est à l’opposé du souffle de l’écorce, liée à Essav qui<br />

était « roux et dont le corps était couvert de poils » (Béréchit, 25:25). Rachi<br />

l’explique en ces termes : « (les cheveux et les poils le couvraient) comme un<br />

Talith — au sens littéral ». Il y a là une allusion au Talith de l’écorce qui est<br />

comme le Talith rouge dont est issu le souffle des mécréants.<br />

Grâce au Talith de sainteté, le Talith blanc, on parvient à soumettre (le<br />

mécréant), car c’est de là (du Talith blanc) qu’émane le souffle de vie de la<br />

sainteté, les Treize Attributs de Miséricorde. C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle le Saint<br />

béni soit-Il s’est enveloppé d’un Talith blanc précisément et a (alors) révélé les<br />

Treize Attributs de Miséricorde devant Moché. Le Talith de sainteté est de<br />

l’ordre de ce qui entoure, de l'ordre du souffle de vie, de la notion de « vent qui<br />

souffle de toutes parts » (Kohélet, 1:6). C'est ainsi que le Talith des forces du mal,<br />

ou du souffle de vie des forces du mal est défait.<br />

Tel est le sens de « Pour saisir les coins de la terre et en rejeter les méchants »<br />

(Yov, 38:13) : (Il s'agit de secouer) les quatre coins (de la terre apparentés aux<br />

quatre coins du Talith) qui correspondent au souffle de vie de sainteté et aux<br />

quatre bras du fleuve. Et de « rejeter les méchants », ce qui fait référence à<br />

« Machpil Réchaïm Adé Arets (Il abaisse jusqu’à terre les méchants) », qui<br />

représentent Maïm, Roua’h, Afar et Ech, (c'est-à-dire les quatre éléments)<br />

comme nous l’avons vu plus haut.<br />

Voici l’explication des paroles de Rabah bar bar ‘Hanna :<br />

« Un certain marchand ichmaélite m’a dit : “Viens que je te montre les<br />

morts du désert. Je vins et je les vis : ils étaient semblables à des ivrognes.<br />

Ils étaient couchés sur le dos et le genou de l’un d’entre eux était relevé.<br />

Un marchand arriva et passa sous son genou. Et bien qu’il ait été sur un<br />

chameau et brandissait une lance, il ne le toucha pas. Je coupais le coin du<br />

Talith de l’un d’eux et nous fûmes incapables de bouger. Le marchand me<br />

demanda : “Peut-être as-tu pris quelque chose à l’un d’eux ? Une tradition<br />

affirme que celui qui leur prend quelque chose ne peut plus s’en aller." Je<br />

96


suis donc retourné leur rendre ce que j’avais pris et nous pûmes alors<br />

reprendre notre route. » (Baba Batra, 73b)<br />

Rachbam<br />

Marchand : Ismaélite. Je vins et je les vis : ils étaient semblables à des<br />

ivrognes : Ils étaient étendus et leurs visages étaient jaunes, pareil à celui qui a<br />

trop bu. Ils étaient couchés sur le dos : Le visage regardant vers le haut. Un<br />

marchand arriva et passa sous son genou : c'est-à-dire que je vis le marchand<br />

passer sous le genou du mort, juché sur un chameau, avec une lance à la main et<br />

<strong>pour</strong>tant il ne pouvait toucher son genou. Je coupai un coin du Talith <strong>pour</strong> le<br />

montrer aux Sages afin qu’ils apprennent à partir de lui si les Lois concernant<br />

les franges suivent l’Académie de Chamaï ou celles de Hillel. Nous fûmes<br />

incapables de bouger. Les animaux que nous chevauchions ne pouvaient plus<br />

avancer.<br />

« Viens que je te montre les morts du désert » — autrement dit, il voulait lui<br />

montrer les mécréants, ceux qui ne se sont pas attachés aux Justes. Ils sont<br />

appelés « les morts du désert », car le vent du nord ne soufflait pas dans le désert<br />

(Yébamot, 72a). (Le vent du Nord) fait référence au souffle de vie de sainteté qui<br />

ne soufflait pas sur cette contrée désertique mais soufflait, en revanche sur les<br />

cordes de la harpe du roi David. Et ces mécréants qui ne sont pas attachés aux<br />

Justes ni ne sont animés du souffle de sainteté, sont appelés « morts », même de<br />

leur vivant. Il (le marchand) leur montra comment combler leurs manques.<br />

Voici ce qu’il leur montra :<br />

« Ils sont semblables à des ivrognes » — selon Rabénou Chmouel : « Comme<br />

s’ils étaient ivres de vin ». Ils revêtaient l’aspect d’Essav le roux, le Rav des<br />

écorces, à partir desquelles les mécréants reçoivent leur souffle de vie, afin de<br />

combler leurs manques.<br />

Ainsi, ils « étaient couchés sur le dos » — « leurs visages dirigés vers le haut »,<br />

nous apprend Rachbam. « Leurs visages » est une allusion au souffle, comme<br />

l’indique le verset : « Le signe distinctif de leurs visages etc. » (Isaïe 3:9) [que nos<br />

Sages ont identifiés au nez].<br />

97


« Vers le haut » — parce que leur souffle est momentanément très puissant,<br />

jusqu’à ce que leur succès monte très haut : « Tous ses adversaires, il les renverse<br />

d’un souffle ».<br />

« Le genou de l’un d’eux était levé » — cela montre l’importance de la réussite<br />

des mécréants car le manque de réussite est évoqué par l’expression : « genoux<br />

vacillants » (Isaïe, 35:3). Ici en revanche, les « genoux levés » traduisent l’idée<br />

d’une grande réussite.<br />

« Un marchand arriva et passa sous son genou » — C'est une allusion au<br />

Juste, qui est appelé « marchand », comme l’interprète Rachbam (qui précise) à<br />

chaque fois « marchand Ichmaélite ». Le terme de « marchand » est lié à la<br />

dimension de souffle, comme dans le verset : « Le vent (souffle) tourne tout<br />

autour » (Kohélet, 1:6). Le Juste reçoit son souffle (de vie) de la sainteté. Tel est<br />

le sens de « marchand iCHMA'ëli » comme cela est suggéré dans : « Parce que<br />

Dieu a entendu/CHaMA ton affliction » (Béréchit, 16:11). En effet, le Juste entend<br />

tous les soupirs de ceux qui sont attachés à lui : c’est de lui que la vie provient<br />

<strong>pour</strong> chacun d’eux, car il est « l’homme animé d’un souffle » rencontré plus haut.<br />

« Il était sur un chameau/GaMLa » — qui renvoi au verset : « L'homme<br />

bon/Ich ‘HeSSeD, assure son propre bien/GoMeL Nafcho » (Prov. 11:17) qui fait<br />

référence au « Rav du bien/HeSSeD ».<br />

« Brandissait une lance/RoMa’H » — RoMa’H renvoi à Roua'H Mem (Zohar, 3,<br />

237) : « Le souffle/Roua'H de Dieu planait au-dessus des eaux ». (Les eaux c'est)<br />

la Torah, qui fut donnée en quarante jours (valeur numérique Mem) et qui est la<br />

source du souffle de vie. Autrement dit, même si le Juste possédait l'aspect du<br />

souffle, qui provient de la Torah, « il passa (néanmoins) sous son genou », sous<br />

(c'est-à-dire qu'il passa outre) la réussite du mécréant, bien qu' il soit écrit : « Le<br />

mécréant dévore un Juste plus grand que lui ».<br />

« Je coupai un coin du Talith de l’un d’eux »— cela signifie qu’il brisa et coupa<br />

le mauvais trait de caractère, issu de l’un des quatre éléments fondamentaux,<br />

que le mécréant a développé et attiré sur lui, et qui constitue son canal. C'est ce<br />

que signifie « couper le coin du Talith », car nous avons déjà vu que toutes les<br />

98


mauvaises qualités découlent des quatre éléments essentiels dont la source se<br />

trouve dans les quatre franges (Tsitsit).<br />

« Nous fumes incapables de bouger » — il s’est retrouvé dans l’incapacité de<br />

faire plier le mécréant et de s’extraire de sous son genou. Autrement dit, il n’a<br />

pu échapper à son influence, même s’il a coupé et brisé le trait de caractère<br />

mauvais du mécréant issu des quatre éléments, et dont la source se trouve dans<br />

les quatre coins des Tsitsit.<br />

« Le marchand me demanda : Peut-être as-tu pris quelque chose à l’un<br />

d’eux ? » — Peut-être dois-tu encore parfaire l’un des quatre éléments<br />

fondamentaux que tu n’as pas réparés totalement, en t’extirpant définitivement<br />

du mal ? Ce qui expliquerait <strong>pour</strong>quoi nous ne pouvons <strong>pour</strong>suivre notre route.<br />

Car aussi longtemps que subsiste une quelconque emprise du mal sur un de nos<br />

traits de caractères, il est impossible de venir à bout du mécréant. Dès lors,<br />

« peut-être as-tu pris quelque chose à l’un d’eux ? » Peut-être portes-tu en<br />

toi une part de ce mal appartenant aux mécréants ? As-tu pris un quelconque<br />

trait de caractère ou un désir interdit provenant d’eux ? Cela expliquerait<br />

<strong>pour</strong>quoi il nous est impossible de sortir d’ici.<br />

« Une tradition affirme que celui qui leur prend quelque chose ne peut<br />

plus s’en aller » — Nous avons une tradition affirmant que tout homme qui<br />

s’approprie quelque désir ou attribut mauvais des mécréants, reste soumis à<br />

l’influence de leurs traits de caractère négatifs. Il ne peut leur échapper et les<br />

soumettre.<br />

« Je suis donc retourné leur rendre ce que j’avais pris » — Je leur rendis la<br />

moindre parcelle de leurs mauvais traits que j’avais en moi.<br />

« Nous pûmes alors reprendre notre route » — Nous eûmes alors la<br />

possibilité de nous échapper et de sortir de son genou <strong>pour</strong> le soumettre et<br />

l’abaisser. Le Juste parfait qui est en mesure d’extraire totalement toute trace de<br />

mal en lui, toute emprise de leurs mauvais traits de caractère, est celui qui peut<br />

assujettir et faire plier les mécréants de l’ordre de : « Il abaisse les méchants<br />

jusqu’à terre ».<br />

99


Telle est la signification des mots : « Je vis un chandelier tout en or » — il s’agit<br />

de la Torah qui est « plus précieuse que l’or » (Ps. 19:11), « Son récipient à son<br />

sommet » — Rachi explique : la source, c’est celle qui jaillit de la Maison de<br />

Dieu, c’est-à-dire la prière.<br />

« Ses sept lampes » correspondent aux âmes qui croissent dans le jardin et qui<br />

sont réparties en sept catégories (Midrach Cho’her Tov, Mizmor 11).<br />

« Et sept conduits <strong>pour</strong> les lampes », représentent les quarante-neuf lumières,<br />

allusion à la « lumière cachée » réservée <strong>pour</strong> les temps futurs (comme<br />

l’explique Rachi). C'est ce à quoi fait allusion le verset : « Jamais œil ne l’a vu »,<br />

référence à la prière.<br />

« Puis deux oliviers à ses côtés » : selon Rachi : deux arbres, c’est-à-dire l’arbre<br />

« de vie » et l’arbre « de mort » (cf, Zohar 2, 117), ceux du « bien » et du « mal ».<br />

C’est le sens de : « Un à droite (du récipient), l’autre à gauche ». Et de là il les<br />

sépara : le bien fut séparé du mal, l’un à droite, l’autre à gauche.<br />

« Je dis à l’ange : Qu'est-ce que ces choses… Il répondit… Ni par la puissance<br />

ni par la force, mais seulement par Mon esprit » — il s’agit d’une allusion au<br />

souffle ou esprit de vie auquel on se réfère dans : « Ainsi parle le Seigneur<br />

Dieu : des quatre directions provient le souffle ».<br />

La Torah et la prière permettent de distinguer et de séparer le bien du mal —<br />

vision du candélabre — grâce auxquelles (Torah et Prière) on peut mériter le<br />

souffle de vie et combler toutes les imperfections<br />

[Tel est le sens de : « Ni par la puissance ni par la force, mais seulement par<br />

Mon esprit, dit l'Eternel-Tsévaot. Qu'es-tu, grande montagne, devant<br />

Zéroubavel ? Une simple plaine », car Zéroubavel était, à ce moment, le Juste de<br />

la génération auquel s’opposèrent plusieurs mécréants résolus à affaiblir ses<br />

forces spirituelles, comme le rappellent de nombreux versets (Rachi ‘Haggaï, 1-<br />

2, Zékharia, 4). C’est à ce propos qu’il est écrit à cet endroit : « Ni par la<br />

puissance ni par la force, mais seulement par Mon esprit… »— en attirant en effet<br />

l’esprit de vie, le Juste parfait parvient à dominer et venir à bout de ses ennemis,<br />

100


ce qu'indique : « Qu'es-tu, grande montagne, devant Zéroubavel ? Une simple<br />

plaine ». En d’autres termes, tous les opposants qui se dressent devant lui tels<br />

une montagne seront anéantis par la dimension de souffle de vie].<br />

9- Il a été expliqué plus haut que le souffle de vie se trouve dans la Torah selon le<br />

verset : « Le souffle de Dieu planait au-dessus des eaux ». C’est la raison <strong>pour</strong><br />

laquelle en Egypte — avant la réception de la Torah — les Enfants d’Israël<br />

n’avaient pas encore accès à la source du souffle de vie (la Torah). Il est précisé<br />

qu’ils avaient « le souffle court » (c'est-à-dire un esprit oppressé). Ils étaient donc,<br />

<strong>pour</strong> l’heure, privés du souffle de vie, le souffle long/Erekh Hapaïm. Ils avaient le<br />

souffle court à l’opposé du souffle long ou souffle de vie qui s'acquiert par le<br />

soupir destiné à combler les manques. Le souffle représente le moyen de parfaire<br />

ses imperfections, comme il est écrit : « Il comblera les désirs de ton cœur. »<br />

Et c’est là l’explication du verset : « Ouvre grand ta bouche et Je la remplirai. » de<br />

manière à combler ton manque. (Ta bouche … Je la remplirai) fait allusion à<br />

(une des treize voyelles de l'hébreu) MéLaPouM : MéLo–PouM/bouche pleine.<br />

Le son MéLaPouM exprime le son « ou », formée d’un Vav et d’un point au<br />

milieu : ‏.וּ Cette voyelle est formée d’un Youd et d’un Vav, ce qui correspond aux<br />

dix (Youd) types de pouls et renvoie aux Dix commandements (Zohar III, 257).<br />

Le pouls provient du souffle, comme nous le savons (Tikounim, 69). Tel est le<br />

rapport entre les dix pouls et les dix Paroles : le souffle auquel renvoie le pouls<br />

trouve sa source dans la Torah.<br />

La lettre Vav symbolise la descente de ce souffle, c’est-à-dire le Mélapoum —<br />

bouche pleine — car dans sa descente, le souffle permet de remplir le manque<br />

comme y fait allusion : « Ouvre grand ta bouche et Je la remplirai » (Ps. 81:11)<br />

qui est l’aspect de Mélapoum, une bouche pleine. C’est <strong>pour</strong>quoi le même verset<br />

mentionne : « Je suis, Moi, l’Eternel Ton Dieu, qui t’ai fait monter du pays<br />

d’Egypte », <strong>pour</strong> nous rappeler que les enfants d’Israël reçurent la Torah où se<br />

trouve le souffle. C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle, précisément dans ce même verset,<br />

il est écrit : « Ouvre ta bouche et Je la remplirai », ce qui fait référence au<br />

Mélapoum et à l’action de combler le manque. De plus, comme nous avons pu le<br />

voir, c’est précisément après la sortie d’Egypte — comme l'exprime le<br />

101


verset : « Qui t’ai fait monter du pays d’Egypte » — que fut annulé le niveau de<br />

« souffle court » dès que la Torah leur fut donnée (et que le souffle de vie leur fut<br />

octroyé). Nous voyons ainsi précisément, qu'« Ouvre ta bouche et Je la<br />

remplirai » renvoie au manque que l’on comble, de l’ordre de Mélo Poum, « Qu’il<br />

comble tous les désirs de ton cœur ». Telle est la raison <strong>pour</strong> laquelle la sortie<br />

d’Egypte est rappelée dans la Section des Tsitsit (Bamidbar, 15:41), les Tsitsit<br />

correspondent en effet à la notion de souffle de vie et aux quatre points<br />

cardinaux…<br />

Rabénou évoqua également le sujet des douze heures du jour et des douze<br />

heures de la nuit, qui portent en elles les douze combinaisons du Nom divin<br />

YHVH (Youd, Hé, Vav, Hé). La combinaison de ce Nom divin se produit à chaque<br />

heure, chaque heure étant divisée en 1080 parties, et chacune de ces 1080<br />

parties porte en elle également une combinaison du Nom divin. Tout cela<br />

correspond au souffle de vie présent dans le pouls (Réchit ‘Hokhma, Chaar<br />

Hayira, 10).<br />

Je (Rabbi Nathan) n’ai pas eu le privilège d’entendre clairement l’explication de<br />

tout cela et j’en ai également oublié une partie ; mais les personnes<br />

clairvoyantes <strong>pour</strong>ront comprendre.<br />

« Les chars de Dieu se comptent par myriades (dizaines de milliers) et par milliers<br />

de milliers/ALFé CHiNAN » (Ps. 68:18). Le terme ALFé (milliers) fait allusion aux<br />

ALouFé/Chefs d'Essav. Les mots : « Les chars de Dieu se comptent par myriades<br />

et milliers », correspondent au don de la Torah d’où les Rav de sainteté reçoivent<br />

leur souffle de vie. L’expression « Alfé Chinane », milliers d’anges, est ainsi<br />

interprétée par nos Sages (Avoda Zara, 3) : « Ne lis pas “CHiNAN " mais<br />

“CHéAiNaN" qui signifie “qui ne sont plus" ». En d’autres termes, par le don de la<br />

Torah qui inclue le souffle du Rav de sainteté, tous les princes d’Essav, la<br />

multitude d’Essav qui renvoient au Rav d’impureté, s’annulent et sont terrassés.<br />

Les princes d’Essav, la multitude d’Essav, se transforment en « ALFé<br />

CHéAiNaN », des milliers/ALFé qui seront effacés et qui n’existeront<br />

plus/CHéAiNaN.<br />

102


« Des coins de la terre nous entendions des cantiques : “Gloire au juste !"<br />

Mais je dis : “J’ai un secret, j’ai un secret ! Malheur à moi ! Les traîtres<br />

m’ont trahi, ceux qui ont trahi les traîtres ont été trahis ! » (Isaïe, 24:16).<br />

Des coins de la terre — représentent les coins des Tsitsit d’où provient le<br />

souffle de vie, la harpe de David, qui jouait grâce au vent du nord qui l’a faisait<br />

vibrer, comme nous l’avons vu (Zohar Chela’h 175). En effet, la mélodie et les<br />

chants émanent du souffle de vie qui se trouve dans les ‘ailes'/KaNFé (ailes et<br />

coins) des poumons (Tikounim 13).<br />

C’est là le sens de « Nous entendions des cantiques »— qui fait référence à la<br />

musique émanant de la harpe de David, le souffle de vie. Cela correspond aux<br />

coins des Tsitsit, en rapport avec « les coins de la terre ». De cette manière, les<br />

mécréants seront vaincus, comme l’exprime le verset : « Pour en saisir les coins<br />

de la terre et en rejeter les méchants ».<br />

« Gloire/TSéVi au Juste ! » — est l’expression que Rachi explique par : « Dans<br />

les temps futurs, les Justes se tiendront bien fermes/maTSaV) et seront élevés. »<br />

Grâce au souffle de vie, les Justes vaincront les mécréants, comme nous l’avons<br />

vu.<br />

Tel est le sens de « J’ai un secret ! Malheur à moi ! » que Rachi interprète<br />

ainsi : « Deux secrets m’ont été révélés : le secret de la souffrance et le secret du<br />

salut. » Mais le salut est encore lointain, et c’est <strong>pour</strong>quoi le prophète<br />

crie : « Malheur à moi », car le souffle du mécréant est <strong>pour</strong> l’heure encore<br />

puissant, tel un vent de tempête, d’où émanent tous les malheurs et le long exil<br />

d’Israël.<br />

C’est <strong>pour</strong>quoi il est dit : « Les traîtres ont trahi », car les traîtres/BoGDim et<br />

les mécréants puisent leur vitalité d’un défaut des Tsitsit, qui se trouvent aux<br />

(quatre) coins du vêtement/BéGeD, c'est-à-dire du défaut des quatre éléments<br />

fondamentaux, dont la source supérieure émane des quatre Tsitsit.<br />

Mais finalement : « Epouvante, effroi et fosse vous menacent, habitants de la<br />

terre », car tous les mécréants seront soumis et finiront par chuter. A la fin, les<br />

Justes parfaits les soumettront et les repousseront aux confins de la terre grâce<br />

103


à leur souffle de vie qui sont les Tsitsit, ce à quoi fait allusion : « Des coins de la<br />

terre nous entendions des cantiques ».<br />

La harpe (du roi David) avait cinq cordes — cela représentent la Torah (le<br />

Pentateuque — les cinq Livres). Comme l'indique le Zohar (III 32a) : « Ceux qui<br />

se saisissent de la Torah sont ceux qui se saisissent (qui jouent) de la harpe ». De<br />

plus, le poumon possède cinq parties (‘Houline, 47a), le souffle de vie réside<br />

dans les poumons et c’est donc de là que provient le soupir, comme nous<br />

pouvons le constater concrètement.<br />

Le poumon est donc constitué de cinq parties, allusion aux cinq Livres de la<br />

Torah (Tikoun 25) et aux cinq cordes de la harpe de David, d’où provient le<br />

souffle de vie [Tikounim 10 : Les coins du commandement des Tsistit possèdent<br />

cinq nœuds correspondant aux cinq mots : Chéma Israël Adonaï Elohénou<br />

Adonaï, ainsi qu'aux cinq cordes de la harpe du roi David].<br />

104


Chabat Chira 5563.<br />

TORAH 9<br />

Selon le manuscrit de Rabénou.<br />

« Les abîmes les ont recouverts, ils sont tombés au fond du gouffre comme une<br />

pierre » (Chémot, 15:5).<br />

1- L’essence de la vitalité s’acquiert essentiellement par l’intermédiaire de la prière,<br />

comme il est dit : « Prière au Dieu de ma vie » (Ps. 42:9). C’est <strong>pour</strong>quoi il convient de<br />

prier Dieu de toutes ses forces, car lorsque l’homme prie de toutes ses forces et qu’il<br />

insuffle cette force dans les lettres de la prière, sa propre force se voit alors renouvelée.<br />

C'est ce que nous indique le verset : « (Tes bontés) se renouvellent chaque matin, grande<br />

est Ta foi » (Lam. 3:23). Car la foi est synonyme de prière comme nous le révèle (la Torah<br />

à propos de Moché lors du combat contre Amalek) : « Ses mains étaient foi » (Chémot,<br />

17:12) que le Targoum traduit par « Ses mains étaient élevées en prière ».<br />

2- Et sache, qu’il existe douze Tribus, elles correspondent aux douze signes<br />

astrologiques (Tikoun 18 et 21). Chaque Tribu possède sa propre version (de la prière et<br />

dispose) d'une porte spécifique par laquelle passe sa prière. Ainsi, la prière de chaque<br />

Tribu réveille la force de sa constellation, le Mazal, parmi les douze constellations. Ce<br />

Mazal éclaire (et agit sur) ce qui est ici-bas, fait croître les végétaux et tout ce qui en<br />

dépend (<strong>pour</strong> la subsistance).<br />

Telle est l’explication de : « Un astre s'élance de Yaakov et une Tribu se lève du sein<br />

d'Israël » (Bamidbar, 24:17) — « se lève » correspond à la prière de la Amida (que l’on<br />

fait debout). Lorsqu’une Tribu d’Israël se lève <strong>pour</strong> prier, elle éveille une étoile qui<br />

s’avance et « frappe » les végétaux <strong>pour</strong> les faire pousser (autrement dit, la prière met en<br />

œuvre l'influence des astres sur la nature). Comme l’affirment nos Sages, de mémoire<br />

bénie : « Tu ne trouveras pas une seule plante en bas qui ne possède un astre et un ange<br />

céleste chargés de la frapper et de lui ordonner : Pousse » (Béréchit Raba, 10 :7).<br />

105


L’enseignement de nos maîtres (en confirme la complexité) : « Subvenir à ses besoins<br />

matériels est aussi difficile que l’ouverture de la mer rouge » (Pessa’him, 118a) et (Sota,<br />

2a) « Trouver son âme-sœur est aussi difficile que l’ouverture de la mer rouge ». On voit en<br />

effet que la Mer rouge se fendit en douze couloirs correspondant aux douze Tribus<br />

(Pirké de Rabbi Eliezer 42, Tikounim, 21). Ainsi que nous l'apprennent les psaumes,<br />

lorsqu’ils prient, les enfants d’Israël permettent l’union du Saint béni soit-Il et de la<br />

Présence divine : « Exaltez Celui qui chevauche dans les hauteurs célestes » (Ps. 68:5).<br />

« Celui qui chevauche », c'est Le Saint béni soit-Il et « dans les hauteurs/ARaVot » — il<br />

s’agit de la Présence divine où se mélangent/mitAReV, les différentes nuances de<br />

couleurs célestes. Et, en fonction de l’union spirituelle qu’il génère par sa prière,<br />

l’homme mérite du même coup de finaliser sa propre union (trouver sa partenaire au<br />

mariage). La prière se décline en douze versions différentes et c’est <strong>pour</strong>quoi le fait de<br />

trouver son partenaire ressemble à l’ouverture de la Mer rouge, qui s’ouvrit en douze.<br />

De la même façon, Israël, par sa prière, « soutient » son Père qui est dans le ciel, comme il<br />

est écrit : « Il l’a érigé/vayAaMiDéa, en loi <strong>pour</strong> Yaakov » (Ps. 105:10). « La loi fait<br />

référence à la subsistance » (Beitsa, 16a) et « la AMiDa fait toujours référence à la<br />

prière » (Brakhot, 6b). Tel est le sens de : « Ils demeuraient fidèles à ses témoignages, aux<br />

lois qu’Il leur avait données » (Ps. 99:7). « Témoignage » renvoie à la prière, comme dans<br />

le verset : « Les Tribus de l’Éternel, témoignage <strong>pour</strong> remercier le nom de Dieu » (Ps.<br />

122:4). Dans le même ordre d’idées, nos Sages ont affirmé : « Il n’est de témoignage qu’en<br />

position debout » (Chavouot, 30a) et la position « debout » correspond à la prière de la<br />

Amida par laquelle nous portons témoignage de l’unicité de Dieu. Ainsi, par sa prière,<br />

tout comme il « soutient » son Père qui est dans le Ciel, ainsi reçoit-il sa subsistance d’en-<br />

Haut. Nos Sages enseignent : « la subsistance d’un homme est aussi difficile que l’ouverture<br />

de la Mer » (Pessa’him 118a), autrement dit, la subsistance est elle aussi divisée en<br />

douze voies, selon les douze portes (par lesquelles passent) les prières des Tribus de<br />

Dieu.<br />

Il faut un grand mérite <strong>pour</strong> que l’homme parvienne à « faire monter » sa prière par la<br />

Porte de la Tribu qui lui correspond. C’est le sens des paroles prononcées par Aba<br />

Binyamin : « Ma vie durant, j’ai eu deux soucis : que ma prière, soit proche de mon<br />

lit/MiTati… ». Il désirait parvenir à prier en passant par la Porte de sa Tribu/MaTé<br />

puisqu'il existe douze Tribus/MaTot, chacune possédant sa voie propre. C’est ainsi qu’il<br />

priait constamment afin que sa prière ne soit pas éloignée de la Tribu dont il dépend. Tel<br />

106


est le sens du terme « MaTé », au sens d’union maritale, comme dans l’expression « Que<br />

mon lit/MiTati soit fait » (allusion au lit conjugal). De même, MaTé peut être entendu au<br />

sens de subsistance, comme dans le verset : « Quand Je vous briserai le MaTé/bâton de<br />

pain (Je vous couperai les vivres) » Vayikra, 26:26). Nous voyons que les douze Tribus<br />

sont à l’origine de l’union (entre Dieu et de la Présence divine) et qu'elles soutiennent<br />

(leur Père au Ciel). Par conséquent, trouver un conjoint est aussi difficile que l’ouverture<br />

de la Mer.<br />

Il (Aba Binyamin) priait également en faveur de sa Tribu, afin qu’elle obtienne le mérite<br />

des deux tables (celles de la sagesse et de la prospérité). Ainsi disait-il : « Que mon lit soit<br />

placé entre le nord et le sud », et nos Sages nous enseignent à ce propos (Baba Batra,<br />

25b) : « Celui qui aspire à la sagesse (doit se tourner vers le sud)… Celui qui aspire à la<br />

richesse (doit se tourner vers le nord) …<br />

Yaakov, qui incluait en lui les douze Tribus, connaissait la source de chacune d’entre<br />

elles en particulier. C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle, il est écrit : « Yaakov ramena ses pieds<br />

dans sa couche/MiTa » (Béréchit, 49:33). « Ses pieds » correspond à la notion de<br />

« prière », comme il est indiqué : « La justice marche au-devant de lui » (Ps. 85:14).<br />

En d’autres termes, Yaakov ramenait chacune des prières à sa source et possédait même<br />

la force de confier à son fils Yossef une portion (plus importante) des parties du monde,<br />

comme il est indiqué : « Je t’ai donné une portion/CHeKHeM supérieure à celle de tes<br />

frères » (Béréchit, 48:22). En effet, sa prière lui donnait le pouvoir de déverser la vitalité<br />

sur les trois parties du monde qui sont : le monde d’en-bas, le monde des étoiles et le<br />

monde des anges. Tel est le sens du mot CheKheM (portion supérieure), qui porte en lui<br />

les initiales des mots : Chafel (bas), Kokhav (étoile) et Malakh (ange). Il le mérita par (la<br />

puissance de) sa prière comme il est écrit « Que j’ai prise de la main … par mon épée et<br />

par mon arc » (idem), (qu'Onkelos) traduit « par ma prière et ma supplication ».<br />

3- Cependant, lorsque l’homme se tient debout en prière, des pensées étrangères et des<br />

écorces l’entourent. Il demeure alors dans l’obscurité et n’est plus en mesure de prier,<br />

comme il est écrit : « Tu T'es entouré de nuages, <strong>pour</strong> empêcher les prières de passer »<br />

(Ekha, 3:44) et « Les méchants rôdent aux alentours » (Ps. 12:9). Les méchants sont ces<br />

forces du mal qui « rôdent », (tournant) autour de l’homme (durant sa prière). « Ce qui<br />

est élevé est méprisé » (suite du verset) — car la prière se tient au sommet de l’univers<br />

(Brakhot, 6b).<br />

107


Et sache qu’il existe, dans cette obscurité, de nombreuses ouvertures permettant de s’en<br />

échapper. Comme l’ont affirmé nos maîtres, de mémoire bénie : « Celui qui cherche à se<br />

souiller, on lui ouvre (les portes) » (Yoma, 38b), il existe donc des ouvertures. Ceci signifie<br />

que s'il existe de nombreuses ouvertures dans l’obscurité (<strong>pour</strong> s'y enfoncer), elles<br />

peuvent tout aussi bien lui permettre de s’en échapper. Mais dans son aveuglement,<br />

l’homme n’arrive pas à trouver d’issue.<br />

Tu dois savoir que c'est par la (recherche de la) vérité que l’homme est en mesure de<br />

trouver cette ouverture. Car l’essence de la lumière qui éclaire, c’est le Saint béni soit-Il,<br />

comme il est écrit : « Le Seigneur est ma lumière et mon salut » (Ps. 27:1). En revanche,<br />

par le mensonge, l’homme chasse le Saint béni soit-Il, comme nous l'indique les<br />

versets : « Tu n'invoqueras pas le Nom de l'Éternel ton Dieu à l'appui du mensonge »<br />

(Chémot, 20 :7) et « Celui qui débite des mensonges ne subsistera pas devant Mes yeux »<br />

(Ps. 101:7). A l’inverse, par la (recherche de la) vérité, le Saint béni soit-Il réside à ses<br />

côtés, comme il est écrit : « L’Eternel est proche de tous ceux qui l’invoquent, de tous ceux<br />

qui l’appellent avec sincérité… » (Idem, 145:18). Et lorsque le Saint béni soit-Il est à ses<br />

côtés, Il l'éclaire et lui montre de quelle manière sortir de cette obscurité qui l’empêche<br />

de prier, comme il est écrit : « Dieu est ma lumière ».<br />

C'est ce qu'explique le verset : « Tu feras une fenêtre <strong>pour</strong> l’arche » (Béréchit, 6:16).<br />

Rachi l'interprète ainsi : « Certains disent qu’il s’agissait d’une pierre précieuse. » La<br />

différence entre une pierre précieuse et une fenêtre est que cette dernière ne possède<br />

pas de lumière propre mais laisse simplement passer une lumière extérieure. Dans ce<br />

cas, cela signifie qu’en l’absence de lumière, il n’y aura pas d’éclairage. Par contre, avec<br />

une pierre précieuse, même en l'absence de lumière extérieure, celle-ci (la pierre<br />

précieuse) éclaire d’elle-même (elle émet sa propre lumière). Dans la même logique,<br />

nous trouverons des personnes dont la parole est comme une fenêtre qui ne dispose pas<br />

de la faculté d’éclairer par elle-même. Et tel est le sens des mots du commentaire de<br />

Rachi : « Certains disent » … car leur parole est comme une fenêtre. Il existe d'autre part<br />

des personnes dont la parole est comme une pierre précieuse qui éclaire.<br />

Sache également que tout dépend de l’importance de la part de la vérité (dans les<br />

paroles de ces personnes), car l’essence de la lumière est le Saint béni soit-Il, et<br />

l’essentiel du désir de Dieu béni soit-Il n’est rien d’autre que la vérité.<br />

108


Tel est le sens du verset : « Que tu réduiras/TéKhaLéna depuis le haut/Miléma’la à la<br />

largeur d'une coudée/AMa » (Béréchit, 6:16) à associer à : « L’âme de David<br />

désira/vaTéKhaL » (Chmouel 2, 13:39). Et à « AMaH » (le Hé à <strong>pour</strong> valeur numérique<br />

« 5 ») qui fait allusion aux cinq organes de la bouche qui sont constituées de feu/Ech et<br />

d'eau/Mayim. Il faut donc veiller à ce que toutes les paroles qui sortent de ta bouche<br />

expriment la vérité. C’est par la vérité que d’en-Haut, le Saint béni soit-Il désire résider<br />

avec toi et t’éclairer. Tel est le sens de « Ama Tékhaléna Miléma’la » qui forment le mot<br />

vérité/EMeT. C’est en effet par la vérité que Dieu aspire d’en-Haut résider avec l’homme<br />

comme il est écrit « Dieu est proche de ceux qui l’invoquent, de tous ceux qui l’appellent en<br />

vérité ».<br />

Et alors : « Tu placeras la porte de l'arche/TéVa sur le côté/TSiDa », autrement dit, la<br />

parole/TéVa qui sort avec vérité, ouvrira une porte <strong>pour</strong> te sortir de l’obscurité où tu es<br />

pris au piège/niTSoD. C’est le sens de TSiDa (sur le côté) qui fait allusion aux forces du<br />

mal qui chasse le gibier/TSaD TSaïD, comme il est écrit à propos d’Essav qui était<br />

« chasseur avec sa bouche » (Béréchit, 25:28).<br />

Au début, (celui qui prie) est incapable de parler du fait de l’obscurité qui l’entoure. Mais<br />

en s’extrayant de cette obscurité et en priant comme il convient, il parvient à réparer les<br />

étages (de l’arche) : inférieur, second et troisième, autrement dit (il parvient à réparer<br />

les trois mondes) : le monde terrestre, le monde des étoiles et le monde des anges.<br />

[Il est toutefois impossible de prier <strong>pour</strong> celui dont oreille n’est pas à l’écoute de la<br />

Torah car « l’ignorant ne saurait être pieux » (Pirké Avot, 2:6). Il est dit également : « Qui<br />

ferme son oreille aux leçons de la Torah, même sa prière devient un acte abominable »<br />

(Prov. 28:9). (D’après le manuscrit des amis)].<br />

4- Ainsi tout homme se doit de relier sa prière au Juste de la génération. Car seul le Juste<br />

sait s'orienter parmi les différentes portes et faire monter chaque prière vers la porte<br />

qui lui convient. En effet, chaque Juste incarne certains aspects de Moché, le Messie,<br />

comme l’ont montré nos Sages (se parlant l’un à l’autre) : « Moché, tu as bien parlé ». De<br />

même, il est écrit : « Jusqu’à ce que vienne Chilo » (Béréchit, 49:10) — il s’agit de Moché<br />

(Zohar 1, 25b). Le Messie inclut en lui toutes les prières, c’est <strong>pour</strong> cela qu’il jugera (les<br />

hommes) grâce à son odorat (Sanhédrin, 93b). Ses prières sont en effet liées au<br />

109


nez/'HoTeM, comme il est écrit : « Pour l'honneur de mon nom (ma prière) je<br />

retiens/é'HToM ma colère » (Isaïe, 48:9).<br />

« Telle est la signification des paroles de Rabah bar bar ‘Hanna : “Je voyageai une<br />

fois dans le désert, accompagné de ce marchand Ichmaélite. Il prélevait de la terre,<br />

la sentait et disait : "Par ici ce chemin conduit vers tel endroit, par là, ce chemin<br />

conduit vers tel autre endroit". Nous lui avons demandé : "A quelle distance<br />

sommes-nous d’un point d’eau ?". "Donnez-moi de la terre" nous dit-il. Nous lui<br />

en donnâmes et il me dit : "A une distance de huit Parsa". Nous<br />

étudiâmes (synonyme de "répétâmes" en araméen) et nous lui en donnâmes encore<br />

et il nous dit : "A Trois Parsa". Nous intervertîmes les terres (<strong>pour</strong> voir s’il était<br />

vraiment expert) mais je ne réussis pas à le tromper »<br />

Je voyageai une fois dans le désert, accompagné de ce marchand ichmaélite — Le<br />

« marchand ichmaélite » représente le Juste de la génération, qui inclut en lui toutes les<br />

prières, comme le Messie. Les prières correspondent au marchand iCHMA'élite comme<br />

nous le voyons dans « Dieu a entendu/CHaMA' ta détresse » (Béréchit, 16:11), que le<br />

Targoum traduit par « Dieu a agréé ta prière ». C'est le sens du mot marchand/So’HeR<br />

qui renvoie à l'araméen « autour/Se’HoR » qui correspond à la foi, comme il est écrit<br />

« Ta foi, autour de toi » (Ps. 89:9).<br />

« Accompagné de ce marchand ichmaélite » – allusion à notre attachement au Juste de<br />

la génération, aspect du Messie, qui inclut toutes les prières.<br />

« Il prélevait de la terre, la sentait et disait : "Par ici, ce chemin conduit vers tel<br />

endroit, par là ce chemin conduit vers un tel autre endroit" » — la terre correspond à<br />

la notion de prière, comme dans le verset : « Son épée réduit les choses en poussière »<br />

(Isaïe, 41:2). L’épée fait référence à la prière, ainsi qu’il est écrit (à propos de Yaakov,<br />

comme nous l'avons vu plus haut) : « Par mon épée et par mon arc » (Béréchit 48:22 Cf.<br />

Rachi). Cela indique que ce marchand est doté de cette capacité de « sentir », car il inclut<br />

en lui toutes les prières. Il est écrit en effet : « Et Ma louange, sera à l’image du nez ». Il<br />

était donc en mesure de dire « Ce chemin conduit vers tel endroit » : il connaissait les<br />

portes des prières et les Tribus auxquelles elles étaient associées.<br />

Nous lui avons demandé : « A quelle distance sommes-nous d’un point d’eau ? ».<br />

« Donnez-moi de la terre », nous dit-il. Nous lui en donnâmes et il me dit : « A huit<br />

110


Parsa ». Je lui en donnai encore et il me dit : « A une distance de Trois Parsa ».<br />

Nous étudiâmes (synonyme de répétâmes) et nous lui en donnâmes encore et<br />

il nous dit : « A Trois Parsa ».<br />

« A quelle distance d’un point d’eau sommes-nous ? »- Il s’agit d’une allusion au<br />

verset : « Epanche ton cœur comme de l'eau face au Seigneur » (Lam. 2:19). « Il me<br />

dit : A une distance de huit Parsa » : « Huit » fait référence aux cinq livres de la Torah<br />

et aux trois prières. Nous étudiâmes/Tanénane (synonyme de répétâmes) et nous lui<br />

en donnâmes encore : « A quelle distance d’un point d’eau sommes-nous ? ». Après<br />

avoir étudié, je lui demandai à quelle distance de la notion d’eau (évoquant la prière)<br />

nous nous trouvions ? Il nous dit : « A Trois Parsa » : c’est-à-dire dans les trois niveaux<br />

de la prière évoquées précédemment, mais il nous a fait comprendre que nous n’étions<br />

pas encore parvenus à un niveau de ferveur suffisamment intense dans notre prière<br />

<strong>pour</strong> épancher véritablement comme de l’eau notre cœur devant Dieu. La preuve : Nous<br />

intervertîmes, comme il est écrit : « Tu retournes le tranchant de son épée, tu ne le<br />

soutiens pas dans les combats » (Ps. 89:44). Toutes les prières représentent un aspect de<br />

l’épée du Messie, et si les prières étaient parvenues au niveau escompté (c'est-à-dire<br />

avec la dévotion requise), Dieu n’aurait pas « retourné » le tranchant de Son épée. C’est le<br />

signe que nous ne sommes pas encore parvenus au niveau souhaité, celui de : « Epanche<br />

ton cœur comme de l’eau ».<br />

5- La prière correspond aux miracles car elle n’est pas soumise aux lois de la nature. En<br />

effet, la nature a généralement le pouvoir d'imposer ses lois mais ces dernières peuvent<br />

être annulées par la prière. L’essentiel du miracle, c’est-à-dire l’essentiel des effets de la<br />

prière, ne se trouve qu’en Terre d’Israël, comme il est écrit : « Habite le pays et nourristoi<br />

de foi » (Ps. 37:3). La foi fait allusion à la prière, comme dans le verset : « Ses mains<br />

étaient foi » (Chémot, 17:12) que la Targoum traduit par « (ses mains) étaient tendues en<br />

prière ». Parce qu'on s'y nourrit de foi, la Terre d’Israël est la plus élevée de toutes les<br />

terres (Zéva’him, 54b). C'est là que se trouvent les miracles/NiSSim comme nous le<br />

montre le verset : « Levez l'étendard/NeSS » (Isaïe, 62:10).<br />

C’est <strong>pour</strong> cette raison qu’elle porte également le nom de terre de Cana’an qui exprime<br />

l’idée de marchand. Et marchand renvoie à la foi, comme dans le verset : « Ta foi<br />

t’entoure ».<br />

111


C’est ce que nos Sages, de mémoire bénie, enseignent : « La Terre d’Israël est abreuvée la<br />

première » (Taanit, 10a). La pluie provient des abîmes comme<br />

l'indique : « L’abîme/TéHoM, appelle l’abîme » (Ps. 42:8). L’abîme peut également avoir<br />

le sens de miracle, comme il est écrit (Ruth, 1:19) : « Toute la ville fut en<br />

émoi/vaTéHoM », car face à un miracle, à un fait exceptionnel, les gens ont <strong>pour</strong> habitude<br />

de s’émerveiller et d’être en émoi. Telles sont les paroles de nos maîtres (Taanit, 25b) à<br />

partir du verset : « La voix de la tourterelle se fait entendre dans notre terre » (Cantique<br />

2:12) qui fait référence à la pluie. Car c’est en Terre d’Israël — domaine des abîmes, des<br />

miracles, de la foi et de la prière — que la quintessence des pluies est « entendue »<br />

Or <strong>pour</strong> chaque chose, Dieu a créé son opposé. L’Egypte est l’exact opposé de la Terre<br />

d’Israël, comme il est écrit : “Les Égyptiens fuyaient/NaSSim à sa rencontre » (Chémot,<br />

14:27) (lors de la fermeture des passages dans la mer). En effet, l’Egypte s’oppose à la<br />

Terre d’Israël et s’oppose aux miracles/NeSS. C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle il n’y a pas de<br />

place <strong>pour</strong> la prière en Egypte comme le laisse apparaître Moché : « Au moment où je<br />

quitterai la ville, j'étendrai mes mains vers l'Éternel » (idem, 9:29).<br />

Dans la même logique, c’est la raison <strong>pour</strong> laquelle Avraham causa un dommage<br />

spirituel à la Terre d’Israël au moment où Dieu lui fit la promesse d’en hériter et qu’il<br />

demanda : « Comment saurai-je ? » (Béréchit, 15:8). Cette question entraîna l’exil de nos<br />

pères en Egypte car Avraham avait porté atteinte à la foi, à la Terre d’Israël, aux<br />

miracles, de telle sorte que Yaakov et ses enfants descendirent en Egypte. Et ce fut<br />

précisément Yaakov et ses enfants qui y descendirent. Car il (Avraham) avait porté<br />

atteinte à la Terre d’Israël — concept de la prière — voilà <strong>pour</strong>quoi Yaakov (et ses fils)<br />

qui représentent la prière et ses douze portes durent descendre (de la Terre sainte <strong>pour</strong><br />

aller en Egypte).<br />

L’essence de la prière est représentée par Yaakov et ses fils. (En y portant atteinte,<br />

Avraham ne mérita pas la Terre d’Israël, c'est-à-dire la prière). Seuls Yaakov et ses fils<br />

eurent ce mérite comme il est indiqué (à propos d’Avraham) : « Car c'est la postérité<br />

d’Yits’hak qui portera ton nom » (Béréchit, 21:12) — mais pas toute la postérité<br />

d’Yits’hak (Nédarim, 31a).<br />

Telle est l’affirmation de nos Sages : « Les pluies ne tombent que <strong>pour</strong> le mérite de<br />

AMaNa » (Taanit, 8a). La Terre d’Israël est liée à la prière, à la foi/EMouNa. Elle, (la terre<br />

112


d'Israël) est abreuvée la première par les abîmes/TeHoMot, c'est-à-dire par les miracles,<br />

ainsi qu’il est écrit : « Toute la ville fut en émoi/vaTéHoM ».<br />

Ceci nous renvoie aux paroles de nos maîtres : « Lorsque les pluies s’écoulent, même la<br />

pièce de monnaie/PRouTa qui se trouve dans la poche est bénie » (Taanit, 8b). La<br />

PRouTa correspond à la voix de la tourterelle/ToR et nos Sages enseignent à ce<br />

sujet : « L’ange en charge de la pluie a l’aspect d’un ToR (bœuf en araméen) dont les<br />

lèvres remuent/PRiTa ». Il se tenait entre l’abîme (supérieur) et l’abîme (inférieur). Il<br />

comprenait les deux abîmes (miracles) » — qui représentent tous les miracles ». Tel est<br />

le sens des mots : « Prouta dans la poche/baKiSS ». KiSS à le sens de recouvrir et de<br />

cacher, car le pouvoir des miracles est parfois recouvert et caché/nitKaSSé. Mais lorsque<br />

tombe la pluie, la PRouTa est « bénie », elle reçoit la bénédiction, c’est-à-dire les<br />

miracles, car ses lèvres remuaient/PRiTa (ouvrir en araméen).<br />

Certaines personnes réfutent l’existence des miracles en arguant que tout obéit aux lois<br />

de la nature. Et même lorsqu’ils sont témoins d'un miracle, ils s’emploient à le<br />

« recouvrir » (à le mettre « sous couvert ») des lois de la nature, s'ingéniant à lui trouver<br />

une explication naturelle.<br />

Une telle attitude porte atteinte à la prière. La prière n’est que miracle et possède, par<br />

définition, la faculté de modifier la nature.<br />

Par leur comportement, de telles personnes entachent également la dimension de foi, car<br />

elles n’ont pas foi en la Providence divine.<br />

Elles portent ainsi atteinte à la Terre d’Israël, lieu des miracles par excellence. Ainsi qu'il<br />

est écrit : « La voix de la tourterelle se fait entendre dans notre terre » et « La Terre<br />

d’Israël est abreuvée en premier ». Elle, (la Terre d’Israël) est l’endroit des<br />

abîmes/TeHoMot, elle est l’endroit des miracles : « Toute la ville fut en émoi/vaTéHoM »<br />

(à propos de l'arrivée à Bethlehem de Naomi accompagnée de Ruth).<br />

A cause de cela, (en réfutant les miracles,) on tombe dans l’exil d’Egypte, car Dieu a créé<br />

un opposé à toute chose. Et tous les exils portent le nom d’Egypte/MiTSRaïM car ils<br />

oppressent/MeTSaRiM, Israël.<br />

6- Telle est l’explication (du premier verset) : « Les abîmes les ont recouverts, ils sont<br />

tombés au fond du gouffre comme une pierre » (Chémot, 15:5)<br />

113


« Les abîmes les ont recouverts -Téhomot Yékhasioumou » — car celui qui<br />

recouvre/Mékhassé les miracles et tente de démontrer qu'ils ont une cause naturelle,<br />

tombe comme une pierre/AVeN au fond du gouffre. Comme dans le verset : « De là il est<br />

devenu le berger, EVeN (le rocher) d’Israël » (Béréchit, 49:24). « AVèN », que le Targoum<br />

décompose en deux mots : AV (père) et BEN (fils).<br />

« Au fond du gouffre/bimTSouLot » renvoie à l’Egypte, comme il est écrit : « Ils<br />

dépouillèrent/vaïnaTSéLou, l’Egypte » (Chémot, 12:36). Comme une pierre/AVeN — Av et<br />

Ben, père et fils, référence à Yaakov et ses fils, qui représentent la prière et les miracles<br />

de la Terre d’Israël. Ainsi, plus sont importants la chute et le dommage causés à la prière,<br />

à la foi et à la Terre d’Israël, plus sera sévère la profondeur (le gouffre) de l’exil d’Egypte.<br />

Yaakov et ses enfants ont du descendre en Egypte à cause (du doute contenu dans) la<br />

question d’Avraham à propos de l’héritage de la Terre Sainte : « Comment saurai-je ? ».<br />

Avant Pourim 5563, à Térovitsa.<br />

TORAH 10<br />

« Et telles sont les lois que tu placeras devant eux » (Chémot, 21:1).<br />

1- Quand, Dieu en préserve, pèse sur Israël, la menace de jugements sévères, la rigueur<br />

stricte de la justice peut se voir adoucie par des danses et des battements de mains.<br />

2- En effet, la grandeur du Saint béni soit-Il se manifeste essentiellement lorsque même<br />

les idolâtres comprennent qu’il existe un Dieu qui gouverne et dirige le monde, comme<br />

cela se révèle dans : « Quand Yitro arriva et déclara : "Je sais à présent que Dieu est<br />

grand", le Nom du Tout Puissant s’en trouva ainsi plus grand et plus exalté » (Zohar 2,<br />

68a).<br />

3- Les nations du monde ne peuvent prendre conscience de la grandeur du Saint béni<br />

soit-Il qu’à travers Yaakov, comme il est dit: « Maison de Yaakov, allons et marchons à la<br />

lumière de l'Éternel » (Isaïe, 2:5). Yaakov a en effet révélé la divinité du Saint béni soit-Il<br />

bien plus que les autres Patriarches. Nous avons vu qu’Avraham appelait (le lieu du<br />

Temple) « montagne » et Yits’hak l’appelait « champ » (Pessa’him, 88a). Nous savons que<br />

114


le champ est plus accessible et nécessaire à l’homme que la montagne. Yaakov, quant à<br />

lui, l’appelait « maison », ce qui est plus habitable qu’un champ. Yaakov appelait<br />

l’emplacement du saint Temple, lieu de la prière : « maison » – comme le lieu<br />

d’habitation des hommes.<br />

Il (Yaakov) éleva la prière de la dimension de « montagne » et de « champ » jusqu’à celle<br />

de « maison », qui est plus accessible aux hommes qu’une montagne et qu’un champ. La<br />

notion de maison est compréhensible également <strong>pour</strong> les idolâtres comme il est<br />

écrit : « Car Ma maison sera appelée maison de prières <strong>pour</strong> toutes les nations » (Isaïe,<br />

56:7). En ce sens, lorsque la prière et le Temple entrent dans le concept de « maison »,<br />

« le Nom du Tout Puissant se trouve plus grand et plus exalté ».<br />

Telle est la signification du verset : « L’Eternel est grand et il est hautement glorifié » (Ps.<br />

48:2). Quand donc le Nom de Dieu est-il grand ? Lorsqu’il « est hautement glorifié », c'està-dire<br />

(lorsqu'il est glorifié) même par le côté de la mort et de l’idolâtrie [comme<br />

l’enseignent nos Sages (à propos du sixième jour de la création) : « Dieu examina tout ce<br />

qu’il avait fait et c’était très bien. » (Béréchit, 1:31). « Très bien » fait allusion à l’ange de la<br />

mort (Béréchit Raba, 9:5)]. Lorsqu’ils (les idolâtres) Le louent, alors « (L’Eternel) est<br />

grand » et cela constitue le fait de sa Grandeur.<br />

Et quand Le glorifient-ils ? Le verset <strong>pour</strong>suit : « Dans la ville de notre Dieu ». (Ils peuvent<br />

plus facilement Le glorifier) lorsque la montagne devient la « ville de notre Dieu », lieu<br />

d’habitation des hommes, la maison est une notion plus accessible (<strong>pour</strong> les hommes)<br />

que celles de champ et de montagne. En d’autres termes, lorsqu’on élève la prière du<br />

niveau de montagne à celui de ville et de maison, les idolâtres peuvent en acquérir une<br />

certaine perception. Ceci représente un fondement essentiel de Sa Grandeur, à<br />

savoir : lorsque les éloignés Le reconnaissent, béni soit-Il.<br />

4- On élève la prière du niveau de « montagne » et de « champ » jusqu’à celui de<br />

« maison » et de « ville de notre Dieu » dans le but de révéler Sa grandeur aux idolâtres<br />

afin qu’ils puissent parvenir à une certaine perception de Sa divinité, béni soit Son Nom.<br />

Cela ne peut être réalisé que par l’intermédiaire des Justes de la génération. En effet,<br />

comme l’ont affirmé nos Sages : « Celui qui a un malade dans sa maison, qu’il se rende<br />

chez un Sage qui invoquera la miséricorde divine <strong>pour</strong> sa guérison » (Baba Batra, 116a).<br />

Car l’essence de la prière n’est connue que des Justes de la génération.<br />

115


Il existe toutefois des hommes orgueilleux qui refusent que l’on se rende chez des Justes.<br />

Ils prétendent pouvoir se passer de leurs prières et prier eux-mêmes. Ces personnes<br />

vont jusqu’à dissuader ceux qui souhaitent se rendre chez des Justes <strong>pour</strong> (parer à) un<br />

malheur quelconque ou <strong>pour</strong> (guérir) un malade. C'est à leur sujet que le verset<br />

affirme : « Restitue l'épouse de cet homme. » (Béréchit, 20 :7). En effet, l’homme<br />

orgueilleux est appelé (du nom du roi des Philistins) « Avimélekh » : Avi (mon père)<br />

dans le sens de volonté, car il veut régner (mélekh), d’où ce nom : "Avi-Mélekh (« je veux<br />

régner »).<br />

Le Juste, lui, exerce son pouvoir et son influence par sa prière, comme le rappelle le<br />

verset : « Le Juste gouverne » (Samuel 2, 23:3). Tandis que l'autre personne<br />

(l'orgueilleux) se pavane, prétend présomptueusement savoir comment prier et se<br />

targue de posséder une force équivalente (à celle du juste). Voilà <strong>pour</strong>quoi elle (la<br />

personne) est appelée « Avimélekh », elle prétend en effet régner et déclare : « Je vais<br />

régner ».<br />

Telle est l’explication des mots du verset : « Restitue l'épouse/ESheT de cet homme ».<br />

ESheT représente les initiales de « Adonaï Sfataï Tifta’h/Mon Dieu, ouvre mes lèvres »<br />

(qui introduit la Amida). Il s’agit d’une allusion à la prière, que l’on interprète<br />

ainsi : « Restitue l’épouse » — c’est-à-dire (restitue) la notion de prière — au Juste, car<br />

« c’est un prophète ». En effet, parce que le Saint béni soit-Il désire la prière des Justes<br />

(‘Houline, 60b), Il met dans leur bouche, une prière ordonnée (la prière s’écoule<br />

limpidement de leurs lèvres) afin qu’Il en éprouve du plaisir. Tel est le sens des mots<br />

« car il est prophète/NaVI » dans le sens du verset : « Celui qui crée les sillons/NIV des<br />

lèvres ». Comme l’ont enseigné nos Sages, de mémoire bénie (Brakhot, 34b) : « Je créerai<br />

le sillon des lèvres. Lorsque sa prière s’écoulait de sa bouche avec facilité… (le Juste savait<br />

alors qu’elle avait été agréée) ».<br />

C’est là le sens du terme « Restitue/HaSheV (l’épouse) » dont les lettres forment les<br />

mots : Har (montagne), Sadé (champ) et Baït (maison). Cela indique que la prière du<br />

Juste est parfaite et se voit élevée du niveau de « montagne » et de « champ », à celui de<br />

« maison ».<br />

De leur côté, les orgueilleux empêchent le Saint béni soit-Il d’éprouver du plaisir<br />

puisqu'ils ne demandent pas aux Justes de prier <strong>pour</strong> eux. Ils pensent qu’en se<br />

soumettant à des mortifications et à des jeunes, ils sont devenus eux-mêmes des Justes.<br />

Mais la vérité est tout autre, toutes les abstinences auxquelles ils se sont astreints ne<br />

116


essemblent à rien d’autre qu’à des sacs remplis de nombreux trous. C'est que même<br />

lorsqu’ils sont vidés, ces sacs n’en conservent pas moins leurs trous.<br />

Le corps est appelé « sac », selon la parole du Tana : « Ouvre donc ton sac et mange ! »<br />

(Chabat, 152a). Mais s’ils procédaient à une (véritable) introspection, ils réaliseraient<br />

que malgré toutes leurs mortifications, leurs passions continuent à subsister en eux,<br />

attachés à leurs sacs, c’est-à-dire à leurs corps. Et non seulement leurs propres passions<br />

restent liées à leurs corps, mais également les passions de leurs parents, qu’ils<br />

entretiennent depuis leur naissance, leur père ne s’étant pas (suffisamment) sanctifié<br />

lors de l’acte conjugal et cela (ces traces des passions physiques) restent toujours<br />

attachées à leurs corps. Sans aucun doute, s’ils pouvaient voir tout cela, une terrible<br />

crainte s’emparerait d’eux. Ils verraient concrètement à quel niveau indigne ils se<br />

trouvent. Telle est l’explication du verset (à propos des fils de Yaakov revenant<br />

d'Egypte) : « Or, comme ils vidaient leurs sacs, voici que chacun retrouva son argent<br />

empaqueté dans son sac » (Béréchit, 42:35). Après toutes ces mortifications, symbolisées<br />

par le fait de vider leur sac — leur corps — « l’argent se trouve toujours empaqueté dans<br />

le sac » — l'argent, c'est-à-dire les passions physiques qui restent attachées au corps.<br />

« Ils virent cet argent ainsi enveloppé » — non seulement leur argent, qui représente<br />

leurs propres passions, mais également celles de leurs parents qui étaient restées collées<br />

à eux. « Ils frémirent » car une crainte profonde s’était emparée d’eux et ils avaient perdu<br />

toute envie de pouvoir et de domination (personnelle).<br />

Et c’est là le sens du verset : « Yaakov leur père, leur dit : Vous m'avez privé de mes<br />

enfants. Yossef n’est plus, etc. ». Il fait allusion aux remontrances de l’intellect, car<br />

l’intellect réprimande en effet les orgueilleux à la recherche des honneurs. YaAKoV<br />

représente l’intellect comme le confirme le Targoum d’Onkelos : « Il m’a<br />

supplanté/YaAKVéni » (Béréchit, 27:36) qu’il traduit par : « Il a été plus intelligent que<br />

moi ».<br />

Et c’est « AVihem/leur père », car il est le père/AV de la sagesse (Méguila, 13a). En<br />

d’autres termes, l’intellect/SeKheL les réprimande et leur dit : « Vous m’avez<br />

privé/ShiKaLtem », car toute personne faisant preuve d’orgueil voit sa sagesse<br />

disparaître (Pessa’him, 66b).<br />

« Yossef n’est plus » correspond à l’idée de réparation de ce qui a été détérioré,<br />

autrement dit : « Vous n’avez pas encore réparé ce qui a été abîmé, c’est une humiliation<br />

117


et une insulte, vous devriez en avoir honte ». YoSSeF renvoie à l'idée de réparation de la<br />

faute comme il est écrit : « Dieu a mis un terme/ASSaF à ma honte » (Béréchit, 30 :23).<br />

« Et Chimon n’est plus » car, dé<strong>pour</strong>vu de la notion de Yossef, tu es également privé de<br />

celle correspondant à CHiM'on, selon le verset : « Parce que l’Eternel a entendu/CHaM'a<br />

que j’étais dédaignée » (Béréchit, 29:33). Mais toi, cependant, on ne te dé<strong>test</strong>e pas, car ne<br />

t'étant pas toi-même encore amélioré, tu n’es pas en mesure de réprimander les autres,<br />

sinon (tu t'exposerais) à les voir te rétorquer : « Occupe-toi déjà de te corriger toimême<br />

». C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle tu n’es pas dé<strong>test</strong>é car c’est seulement celui qui<br />

réprimande qui est dé<strong>test</strong>é, comme le rappellent nos maîtres, de mémoire<br />

bénie : « Lorsqu’un Sage est apprécié dans sa ville, ce n’est pas parce qu’il est exceptionnel<br />

mais parce qu’il ne réprimande pas sur les affaires spirituelles ». Ainsi, c'est celui qui<br />

réprimande qui est dé<strong>test</strong>é.<br />

« Et vous voudriez m’ôter Binyamin ? » fait référence à la grandeur. Rachi explique que<br />

« BiNYaMIN » — fut ainsi nommé à cause de la Terre d’Israël — Ben YaMIN. La Terre<br />

d’Israël est plus élevée que toutes les autres terres (Zéva’him, 54b). En d’autres termes,<br />

non seulement, ces hauts niveaux te font défaut, mais en plus « Vous voudriez m’ôter<br />

Binyamin », vous voudriez vous approprier grandeur et prestige !<br />

L’intellect (Yaakov) conclut ainsi ses remontrances à leur égard « C'est sur moi que tout<br />

cela tombe ? » — car « celui qui s’enorgueillit voit sa sagesse le quitter ».<br />

5- Le meilleur conseil <strong>pour</strong> éradiquer l’orgueil, qui est une forme d’idolâtrie, comme<br />

nous le voyons (Sota, 4b) à propos du verset : « Tout cœur hautain est une horreur <strong>pour</strong><br />

l'Éternel » (Prov. 16:5), consiste à se rapprocher des Justes. C'est ce que rapporte le<br />

Zohar (Tikounim 21:48b) : « Le dieu étranger disparaît quand on entend la Téroua' (son<br />

saccadé du Chofar) qui est le souffle ».<br />

Le Juste est lié au souffle, comme dans le verset : « Homme animé de l’esprit (du souffle) »<br />

(Bamidbar, 27:18). Grâce à lui (le Juste), l’esprit d’orgueil est soumis, lui que l’on appelle<br />

également « EL A’Her/dieu étranger » devient « EL E’Had/Dieu Un ». En effet (Tikounim<br />

21:55b), le Juste correspond à la pointe (droite, rajouté au rèch <strong>pour</strong> en faire) la lettre<br />

daleth (dont la valeur numérique est quatre), source des quatre points cardinaux<br />

(quatre souffles ou quatre directions), comme il est écrit : « Des quatre coins, viens, ô<br />

esprit (souffle) » (Ezéchiel, 37:9). Cela se rattache à la notion de « TéRou'A », sonnerie du<br />

Chofar, au sens de « Tu les briseras/TéRo’Em avec un sceptre de fer » (Ps. 2:9) car elle<br />

118


(cette sonnerie) brise l’esprit orgueilleux, (et brise également) le dieu étranger et<br />

l’athéisme.<br />

6- Tout cela est à rapprocher des danses et des battements de mains car les danses et les<br />

battements de mains proviennent de l’esprit (souffle) qui est dans le cœur. Nous<br />

pouvons le constater concrètement : par la joie éprouvée dans son cœur, un homme se<br />

met à danser et à taper dans ses mains. Et le Zohar le rappelle : « L’esprit souffle à travers<br />

les six sections du bras et les six sections du pied » (Tikounim 21:51a) qui représentent les<br />

battements de mains et la danse. Tel est le sens à donner au verset : « Son cœur souleva<br />

ses pieds » (Béréchit Raba 70 :8). Autrement dit, l’esprit du cœur entraîne les danses.<br />

Ainsi, par l’intermédiaire du Juste qui correspond à la notion de souffle, l’orgueil est<br />

éliminé. Nous le voyons dans le verset : « Que le pied de l’orgueil ne m’atteigne pas » (Ps.<br />

36:12). L’idolâtrie également est effacée comme l'indique (Abraham aux anges) : « Lavez<br />

vos pieds » (Béréchit, 18:4), qui fait allusion à l’idolâtrie (Baba Metsia, 86b). Et lorsque les<br />

pieds s’élèvent par les danses, comme dans « Son cœur souleva ses pieds », alors l’orgueil<br />

et l’idolâtrie sont annulés et sont diminuées les forces (accusatrices) de la rigueur. En<br />

effet, tant que l’idolâtrie existe dans le monde, la colère divine y demeure (Sifri Réé,<br />

13:18). (A l'inverse,) lorsque l’idolâtrie disparaît, la colère divine disparaît elle aussi et<br />

se déversent alors Ses bontés/’HaSSaDim. Les pieds deviennent ceux de ses<br />

‘HaSSiDav : « Les pieds de Ses pieux/’HaSSiDav » (Samuel I 2:9) faisant référence à ses<br />

‘HaSSaDim/bontés. Cela se réfère à « Les bienfaits de David sont fiables/néEMANim »<br />

(Isaïe, 55:3). « Fiables » (dignes de foi) exactement, car l‘hérésie et l’athéisme auront été<br />

éradiqués (allusion à la EMOUNah – la foi que l’on a en Dieu).<br />

Ceci (le souffle) est également à rapprocher des battements de mains car par<br />

l’intermédiaire du souffle, l’éclat (le claquement l'une sur l'autre) des mains se fait<br />

entendre, comme il est écrit : « La voix de mon bien-aimé frappe » (Cantique, 5:2). (Le<br />

mot) « Frappe » renvoie à la notion de souffle, comme le rapporte le Zohar (Tikounim<br />

25:68a). Le verset cité se <strong>pour</strong>suit par : « Mon bien-aimé retire sa main de l’ouverture »<br />

(idem, 5:4) où il est fait allusion à la révélation de l’éclat des mains, c’est-à-dire au<br />

battement de mains. Alors, l’idolâtrie et l’hérésie sont annulées comme c’est écrit : « Ses<br />

mains étaient foi » (Chémot, 17:12).<br />

119


Par conséquent, par le Juste — « souffle du cœur » — se révèle l’éclat des mains et des<br />

pieds, le battement des mains et les danses extirpant l’orgueil et l’athéisme <strong>pour</strong><br />

augmenter la foi. S’accomplit alors le verset : « Mon pied foule un chemin tout droit » (Ps.<br />

26:12) qui est une allusion à la foi. L’hérésie est symbolisée par l’image des « pieds qui<br />

chancellent », selon les termes d’Assaf (idem, 73:2) : « Mes pieds ont failli chanceler » qui<br />

évoque l’idée que son cœur s’est détourné vers l’hérésie. Par contre : « Mon pied foule un<br />

chemin tout droit », fait référence à la foi et alors s’accomplit le verset : « Ses mains<br />

étaient foi ».<br />

7- La Torah est associée à cette notion de pieds et de mains. Il existe en effet dans la<br />

Torah une dimension « révélée » et une dimension « cachée ».<br />

L’aspect révélé est lié aux mains, comme il est écrit : « Mon bien-aimé retire sa main du<br />

trou/ha’HoR ». Le terme ‘HoR (trou) renvoie au verset (sur les tables de la Loi)<br />

« gravé/‘HaRout sur les Tables » (Chémot, 32:16) et représente l’aspect révélé.<br />

Quant à l’aspect caché, selon les enseignements de nos Sages de mémoire bénie, il est lié<br />

aux pieds, comme nous le voyons dans le verset : « Les contours de tes hanches »<br />

(Cantique, 7:2) : « Tout comme les hanches (qui évoquent les pieds) sont cachées, les<br />

paroles de la Torah le sont aussi » (Souka, 49b).<br />

L’ensemble de la Torah est appelée « cœur/LeV » car elle commence par la lettre Beth<br />

(du premier mot Bérechit) et s’achève par la lettre Lamed (du dernier mot IsraëL). Le<br />

cœur est le siège du souffle qui circule à travers les six parties de la main et les six<br />

parties du pied, c'est-à-dire la Torah cachée et la Torah révélée.<br />

8- Ceci (l'ensemble des notions abordées ci-dessus) est en rapport avec Mordékhaï,<br />

Esther et Haman, avec Pourim, avec le (tirage au) sort imposé par Haman et avec la<br />

mesure d’offrande d’orge — le Omer. En effet, Haman représente l’idolâtrie, car selon<br />

l’enseignement de nos maîtres (Méguila, 10b), il fit de sa propre personne une idole.<br />

C'est <strong>pour</strong> cela qu'il décida (d'effectuer) le tirage au sort (qui devait exterminer Israël)<br />

durant le mois d’Adar précisément. Le mois d’Adar est en effet celui de la mort de Moché<br />

(idem, 13b). Or, Moché est celui qui détruisit l’idolâtrie. Voilà <strong>pour</strong>quoi Moché fut<br />

inhumé devant Beit Péor (maison d'idolâtrie), ceci afin d’effacer l’idolâtrie présente à<br />

Beit Péor comme nos Sages l’enseignent (Sota, 14a). « Moché » a la même valeur<br />

numérique (valeur :345) que « ‘HaRoN AF/colère divine », car il a annulé la colère divine<br />

120


causée par cette idolâtrie (qui devait détruire Israël). Il avait en effet reçu la Torah qui<br />

inclue les notions de pieds et de mains par lesquels l’idolâtrie a été éliminée.<br />

C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle Haman se réjouit, lorsque le sort désigne le mois de la mort<br />

de Moché (Adar). Il pensait que Moché, celui qui annule l’idolâtrie, étant mort, nul autre<br />

ne disposerait d'un pouvoir suffisant <strong>pour</strong> éradiquer l’idolâtrie.<br />

Mais Mordékhaï et Esther disposaient du pouvoir d’annihiler l’idolâtrie de Haman. Et<br />

c’est <strong>pour</strong> cette raison, qu'à cette époque, les Enfants d’Israël acceptèrent à nouveau la<br />

Torah. Comme l’expliquent nos maîtres : « Ils accomplirent et acceptèrent » (Méguilat<br />

Esther 9:27) — ce qui signifie qu’ « Ils accomplirent ce qu’ils avaient déjà reçu par le passé<br />

(sur le Mont Sinaï) » (Chabat, 88b). Tel est le sens de « Ils accomplirent et<br />

acceptèrent » : « Ils accomplirent », correspond aux « pieds », « Ils acceptèrent »,<br />

correspond aux « mains » — allusion à la Torah entière.<br />

C'est à ces notions que renvoient Mordékhaï et Esther. MoRDékhaï c’est MoR<br />

Déror/myrrhe pure (Chémot, 30 :23). Le terme Déror signifie également « liberté »,<br />

allusion aux mains, ainsi qu’il est écrit : « Mon bien-aimé retire sa main du trou. ». Esther<br />

représente les jambes — « tout comme la hanche est cachée … » comme nous l'avons vu.<br />

Voici comment peut être interprété le mot POuRim : annulation de l’idolâtrie, comme il<br />

est écrit : « J'ai foulé un pressoir/POuRa tout seul, et d'entre les nations, personne n'a été<br />

avec moi » (Isaïe, 63:3). Par le rayonnement de Mordékhaï et d'Esther, qui renvoient aux<br />

notions de pieds et de mains, l’athéisme a été éradiqué et la foi s’est renforcée dans le<br />

monde. Comme il est écrit (Esther 2:7) : « (Mordekhaï) éleva/OMèNe Hadassa (Esther) »<br />

et il est indiqué : « Comme si elle était encore sous sa tutelle/VéOMNa » (idem, 2:20). Les<br />

deux (Mordekhaï et Esther) représentent la foi/EMouNa et tout ceci (éliminer l’athéisme<br />

et faire grandir la foi) est rendu possible par le souffle comme nous l'avons vu.<br />

C’est ainsi que nous apprenons (Méguila, 7) que « Le livre d’Esther a été transmis par<br />

esprit (souffle) prophétique », référence à « Son cœur souleva ses pieds ». C'est qu'en effet,<br />

l’idolâtrie dépend essentiellement d’elle (Esther) qui est synonyme de pieds, comme il<br />

est écrit : « Ses pieds descendent à la mort » (Prov. 5:5). C’est <strong>pour</strong>quoi l’essentiel de la<br />

réparation de l’idolâtrie dépend essentiellement d’elle et c'est <strong>pour</strong> cela précisément<br />

qu'il est dit que le rouleau d'Esther fut dicté par inspiration divine. Bien qu'en vérité la<br />

réparation de l'idolâtrie s'est également faite grâce à Mordekhaï, comme vu plus haut,<br />

mais du fait que les idolâtres sont dépendants essentiellement de cela (les pieds), elle<br />

121


(Esther) réalise l'essentiel de la réparation. Cela explique <strong>pour</strong>quoi le livre d’Esther fut<br />

nommé du nom d’Esther (Meguilat Esther peut se lire Meguila/dévoilement de ce qui est<br />

Esther/caché). Voilà <strong>pour</strong>quoi « Le livre d’Esther a été transmis par esprit (souffle)<br />

prophétique », car si le souffle réside dans le cœur, et si par lui se produit le<br />

rayonnement des mains et des pieds, l'essentiel dépend cependant des pieds, liés euxmêmes<br />

à Esther.<br />

On retrouve ainsi le concept de la mesure d’orge/Omer liée à MoRDékhaï. Omer fait en<br />

effet allusion à MoR Déror. Déror à le sens de ‘HéRouT/liberté, et renvoie à<br />

‘HaRouT/gravé sur les pierres [comme nous l’enseignent les Sages (Erouvine, 54b) : « Ne<br />

lis pas ‘HaRouT/gravé, mais ‘HéRouT/liberté car les Juifs sont devenus libres.] Tout cela<br />

fait référence à la Torah révélée et renvoie à la notion de Ayin Bé Ayin/face-à-face<br />

(Bamidbar, 14:14).<br />

L’orge/SéORim, (correspond à Esther et à l’esprit prophétique,) comme il est écrit : « Le<br />

livre d’Esther a été transmis par esprit (souffle) prophétique » et également, « Comme la<br />

bruyante ondée/SéIRim, sur les plantes » (Dévarim, 32:2), SéIRim au sens de souffle. C’est<br />

la raison <strong>pour</strong> laquelle, lorsque Haman se rendit chez Mordékhaï, il le trouva en train<br />

d’étudier les lois relatives à l’offrande de la mesure d’orge (Omer) et il (Haman) lui<br />

affirma : « Ta mesure d’orge a eu raison de moi et de mes fils », comme le rapporte le<br />

Midrach (Esther Raba, 10 :4). Grâce à cette mesure d’orge, liée aux notions de pieds et de<br />

mains, c’est-à-dire aux danses et aux battements de mains, furent écrasés l’idolâtrie et<br />

l’orgueil, propres à Haman. On le voit en allusion dans le fait qu’Haman ordonna que l’on<br />

édifie une potence haute de cinquante coudées, car il souhaitait annuler la force des<br />

cinquante jours du compte du Omer d’où Esther et Mordékhaï tiraient leur pouvoir.<br />

9- Telle est l’explication des paroles de Rabah bar bar ‘Hanna : « Ce marchand me<br />

dit : "Viens donc que je te montre l’endroit de la terre où a été englouti Kora’h. Je le<br />

suivis et vis deux failles dans la terre d’où s’échappait de la fumée. L’Ichmaélite prit<br />

une pièce d’étoffe de laine qu’il trempa dans de l’eau, la plaça à la pointe de sa lance<br />

qu’il enfonça à l’intérieur d’une faille. Lorsqu’il l’en sortit, l’étoffe était<br />

complètement calcinée. Il me dit : « Ecoute, qu’entends-tu ? » J’entendis des voix<br />

clamer : « Moché est vérité, sa Torah est vérité et nous sommes des menteurs ! ». Le<br />

marchand me dit : « Une fois tous les trente jours, l’enfer les ramène ici, tout comme<br />

122


de la viande dans une marmite, et voici ce qu’ils disent : « Moché et sa Torah sont<br />

vérité et nous sommes des menteurs ! » (Baba Batra, 74b).<br />

Rachbam :<br />

Failles : ouvertures comme dans : "et la terre s’ouvrit". La fumée : exhalaison. Prit une<br />

pièce d’étoffe de laine : il prit une toison de laine et la trempa dans l’eau. Complètement<br />

calcinée : la balle de laine, bien qu’elle ait été trempée dans l’eau. Ecoute bien : silence !<br />

Prête attention et écoute. J’entendis des voix clamer : car ils étaient descendus vivant<br />

en enfer. Une fois tous les trente jours : à chaque nouvelle lune. De la viande dans une<br />

marmite : qu’on retourne <strong>pour</strong> qu’elle cuise.<br />

« Ceux qui ont été engloutis avec Kora’h » — Selon le Midrach (Dévarim Raba, 18),<br />

Kora’h était un hérétique et l’hérésie est comparable à l’idolâtrie. « Je vis deux failles<br />

dans la terre d’où s’échappait de la fumée » — cela correspond à la colère divine,<br />

conséquence de l’hérésie, comme l’enseignent nos Sages de mémoire bénie : « Aussi<br />

longtemps qu’existe l’idolâtrie dans le monde, existe la colère divine dans le monde.» Les<br />

deux failles dans la terre représentent les deux narines d’où s’échappe la fumée, comme<br />

dans le verset : « De la fumée s’élève de son nez » (Ps. 18:9). « L’Ichmaélite prit une pièce<br />

d’étoffe de laine/'AMRa », allusion au 'OMeR, « qu’il trempa dans de l’eau », allusion à<br />

l’orge, qui correspond au livre d’Esther qui a été transmis par esprit prophétique — les<br />

pieds. Les pieds sont associés aux bonnes sources d’eau, aux saules des rivières/AReVé<br />

Na’hal. Et comme nos maîtres nous l’enseignent : « Les pieds d’un homme sont ses<br />

garants/ARéVine » (Souka, 53a), ce qui fait allusion à Mordékhaï et à Esther, aux pieds et<br />

aux mains, aux battements de mains et aux danses.<br />

« Il la plaça à la pointe de sa lance/Roma’h » — RoMa’h peut se décomposer en Roua’h<br />

Mem, allusion à « Des quatre coins, viens, ô esprit ». La lettre Mem (valeur numérique 40)<br />

correspond aux quatre points cardinaux, à l’esprit du Juste qui « souffle dans les mains et<br />

les pieds ». La pointe de la lance symbolise le Juste car de lui sort le souffle (l’esprit),<br />

comme il est écrit « homme animé du souffle (de Dieu) ».<br />

« Lorsqu’il l’en sortit, l’étoffe était complètement calcinée/Y’HéRaKh » — y’herakh<br />

exprime la vie, la longévité, comme l’affirment nos Sages (Erouvine, 54b), à propos du<br />

verset : « L’homme perfide ne <strong>pour</strong>ra pas faire roussir/Ya’HaRoKh, son gibier » (Prov.<br />

12:27). Autrement dit, il ne vivra/Yi’Hyé pas et ne connaîtra pas la longévité/yaaRiKh.<br />

123


Ainsi donc, les mots « complètement calcinée/Y’HéRaKh » renvoient à la notion de vie et<br />

de longévité, et dès lors que l’orgueil et l’idolâtrie sont annihilés, la sagesse peut alors<br />

resplendir. Grâce à elle, l’homme peut espérer voir ses jours se prolonger comme il est<br />

indiqué : « La sagesse fait vivre » (Kohélet, 7:12).<br />

« Il me dit : « Ecoute, qu’entends-tu ? » J’entendis des voix clamer : « Moché est vérité,<br />

sa Torah est vérité ». On reconnaît la vérité, lorsqu’on se rapproche des Justes et que<br />

l’on reçoit de leurs souffles. Ainsi s’élimine l’orgueil et l’idolâtrie. Même ceux qui<br />

appartiennent au domaine du mal seront en mesure de reconnaître la grandeur du Saint<br />

béni soit-Il.<br />

« Le marchand me dit : « Une fois tous les trente jours, l’enfer les ramène ici, tout<br />

comme de la viande dans une marmite, et voici ce qu’ils disent : « Moché et sa Torah<br />

sont vérité ». Rabénou Chmouel explique que cela arrive à chaque nouvelle lune (Roch<br />

‘Hodech — la néoménie), car chaque chose est reliée à sa source et la source du repentir<br />

se trouve dans Roch ‘Hodech. C’est ce qu'indique : « Dieu dit : Apportez <strong>pour</strong> moi une<br />

offrande d’expiation (<strong>pour</strong> avoir causé la diminution de la lune)» (‘Houlin 60a) — comme<br />

nous l’enseignent nos Maîtres. Cette notion est liée à celle de repentir, et ce repentir se<br />

projette (se répand) sur toutes les créatures lors de la nouvelle lune. C’est <strong>pour</strong> cela que<br />

Kora’h et son assemblée sont contraints de ressentir un certain remord à chaque<br />

néoménie, bien que le repentir, dans leur cas, ne puisse pas les aider. (La valeur du)<br />

repentir n'est en effet essentielle que dans ce monde-ci, car « celui qui s’est fatigué à la<br />

veille de Chabat … » (Avoda Zara, 3a).<br />

Aussi, ces hommes (Kora’h et son assemblée) ne peuvent pas être épargnés des<br />

souffrances de l’enfer par la seule confession (à laquelle ils se soumettent une fois par<br />

mois). Voilà <strong>pour</strong>quoi il est écrit que « l’enfer les ramène là-bas » puisqu’ils ne sont<br />

jamais définitivement délivrés de l’enfer. Tout au plus, leur est-il accordé une pause<br />

chaque mois, l’enfer n’ayant pas (la même intensité) le jour de Roch ‘Hodech que<br />

pendant les jours profanes (Zohar II 150b). L’enfer, tel qu'il se manifeste le jour de Roch<br />

‘Hodech, ne correspond qu'au repentir par lequel nous regrettons, nous reconnaissons<br />

et nous avons honte (de nos fautes), tel est précisément leur enfer. C’est là le sens des<br />

mots : « l’enfer les ramène là-bas », ils y sont ramenés afin de confesser leurs fautes. C’est<br />

cela leur enfer.<br />

124


10- Voici l’explication du verset « Et telles sont les lois que tu placeras devant eux » (qui<br />

figure en entête de cette torah). Il est rapporté dans la Mékhilta que « Devant eux »<br />

signifie que femmes et hommes sont égaux (sont soumis aux mêmes règles) devant les<br />

lois (décrets, sanctions) de la Torah. Explication : « toutes les lois » (décrets, sanctions)<br />

de la Torah, <strong>pour</strong> être atténuées (rendues moins rigoureuses), nécessitent l’égalité, c’està-dire<br />

(impliquent) l’union du Saint béni soit-Il avec Sa Présence divine, qui correspond<br />

à l’homme et la femme, à Mordékhaï et Esther.<br />

Tel est le sens des mots : « Et telles ». « A chaque fois que cette expression apparaît, elle<br />

vient ajouter quelque chose à ce qui a été dit auparavant » (Béréchit Raba, 30 :3). Il s’agit<br />

là des notions d’ajout et d’augmentation qui correspondent à l’orgueil et à l’idolâtrie<br />

comme le suggère : « Ce n’est pas <strong>pour</strong> votre nombre que l’Éternel vous a désirés »<br />

(Dévarim, 7:7), (« votre nombre ») fait allusion à l’orgueil. C’est ce qu'implique : « ceci<br />

vient ajouter à ce qui a été dit en premier », qui fait allusion à Haman/Amalek dont il est<br />

dit : « Le premier des peuples est Amalek » (Bamidbar, 24:20).<br />

Et il (Haman/Amalek) est rectifié par « Les lois/jugements » liés au souffle comme il est<br />

dit : « Un souffle de justice… <strong>pour</strong> ceux qui repoussent les attaques », (Isaïe, 28:6). Par<br />

l’intermédiaire du souffle, l’orgueil et l’idolâtrie sont réparés, comme nous l’avons vu.<br />

C’est de cette manière que : « Tu placeras devant eux » : femmes et hommes seront<br />

placés sur un pied d’égalité <strong>pour</strong> toutes les lois/dinim de la Torah. Cela entraîne<br />

l’atténuation des jugements divins/dinim. En effet, aussi longtemps qu’il existe de<br />

l’idolâtrie dans le monde, la colère divine et la rigueur de la justice règnent dans le<br />

monde. C’est grâce à ce souffle évoqué plus tôt, que s’opère l’unification entre le Saint<br />

béni soit-Il et Sa Présence divine. Alors, tous les jugements divins/décrets sont atténués<br />

et la colère divine disparaît de ce monde.<br />

Pour conclure, nous dirons que c’est par l’intermédiaire du Juste qui est porteur du<br />

souffle (et qui le diffuse), que les « autres dieux » et l’athéisme disparaissent. C’est par ce<br />

même souffle qu'il entraîne les danses et les battements de mains. C’est le souffle du<br />

Juste qui rend possible l’élévation des pieds (la danse), ainsi le battement des mains est<br />

révélé et la foi se renforce. C’est en cela qu’il est dit à propos de Yossef qui représente le<br />

Juste : « Sans ton ordre, nul ne lèvera la main ni le pied » (Béréchit, 41:44). Sans cet aspect<br />

du Juste, propre à Yossef, il est impossible de lever les mains et les pieds. A partir de ces<br />

choses, tu peux en déduire que la « Torah révélée » renvoie aux « mains », alors que la<br />

125


« Torah cachée » renvoie aux « pieds », c'est-à-dire respectivement à « Mordékhaï » et à<br />

« Esther ». Et bien que la notion de « Torah cachée » soit plus élevée que celle de « Torah<br />

révélée », le dévoilement de l’aspect révélé de la Torah — les mains — se place à un plus<br />

haut niveau que celui qui est caché — les pieds même s'ils sont (situés dans le corps<br />

humain à un niveau) plus bas que les mains. Ce point, profond, est abordé dans le Zohar<br />

(II, 258 ; Tikouné 21:43), qui rapporte (et confirme) que les Tanaïm (Maîtres de la<br />

Michna — les premiers Sages) correspondent aux jambes (pieds) alors que les Amoraïm<br />

(Maitres du Talmud — qui sont venus plus tard) correspondent aux bras (mains). Bien<br />

que les Tanaïm disposent d'une autorité supérieure à celle des Amoraïm, leur position<br />

est néanmoins plus basse que celle des Amoraïm. Il en va de même <strong>pour</strong> les Livres des<br />

Prophètes par rapport aux Hagiographes. La raison de tout cela a déjà été expliquée.<br />

[(Rabbi Nathan :) J’ai trouvé aussi ce manuscrit de Rabénou Zal lui-même, en<br />

complément de cet Enseignement :<br />

« Et telles sont les lois que tu placeras devant eux » — Il est établi par la terre entière<br />

que l’orgueil est un défaut méprisable qu’il convient de fuir. Il existe <strong>pour</strong>tant des<br />

personnes qui <strong>pour</strong>suivent les honneurs et aspirent (indûment) à régner sur le monde et<br />

à le diriger. Ils prétendent avoir le « pouvoir entre leurs mains » et ainsi pouvoir<br />

(moyennant argent) procéder à des rédemptions et prier en votre faveur. Ce verset (où<br />

Dieu s'adresse à Avimelekh à propos d'Avraham) dit à leur sujet : « Restitue la femme de<br />

cet homme car c’est un prophète, afin qu’il prie <strong>pour</strong> toi et que tu vives. »<br />

Nous savons que le Saint béni soit-Il [désire la prière des Justes et qu’il convient de se<br />

rendre chez eux, afin qu’ils intercèdent en notre faveur]. En revanche, non seulement les<br />

orgueilleux ne se rendent pas chez le Juste <strong>pour</strong> lui demander de prier <strong>pour</strong> eux, mais de<br />

plus, ils empêchent les autres de le faire. Ces orgueilleux prétendent qu’ils sont euxmêmes<br />

des Justes capables de prier et qu’il n’y a pas plus juste qu’eux sur terre. C’est<br />

<strong>pour</strong> cela qu’ils sont appelés « AVimélekh » : « AVi » au sens de volonté,<br />

comme dans : « l’Éternel ton Dieu ne voulut pas/lo AVa écouter Bilaam » (Dévarim, 23:6)].<br />

Chavouot 5563<br />

TORAH 11<br />

126


« Je suis l'Eternel, c'est Mon nom. Je ne prête ma majesté à aucun autre, ni Ma gloire<br />

à des idoles sculptées » (Isaïe, 42:8)<br />

1- Il existe une unification supérieure et une unification inférieure (Zohar, 1:18b),<br />

correspondant respectivement à « Chéma Israël… » (proclamation de l'unicité divine) et<br />

à « Béni soit le Nom de Son Royaume à tout jamais ». Ainsi, chaque juif, individuellement,<br />

doit s’efforcer de parvenir (à cette unification) <strong>pour</strong> atteindre un haut niveau de<br />

compréhension de la Torah. En effet, celui qui se situe à un niveau spirituel peu élevé est<br />

loin de pouvoir accéder aux niveaux de compréhension de la Torah (ceux auxquels un<br />

juif peut aspirer). C’est seulement grâce à la parole que l’homme peut espérer atteindre<br />

un niveau profond de perception de la Torah. En d’autres termes, c’est lorsqu’il parle (et<br />

non pas en pensée) de sujets de Torah (qu'il <strong>pour</strong>ra la comprendre en profondeur), ainsi<br />

qu’il est dit : « Car elles (les paroles) sont la vie <strong>pour</strong> celui qui les trouve/LéMoTSaéHem »<br />

(Prov. 4:22) — que tu peux aussi lire : « qui fait sortir/LéMoTSiéHem », celui qui fait<br />

sortir les paroles de Torah de sa bouche (Erouvine, 54b).<br />

Cette parole éclaire la personne qui l'énonce dans les endroits qui lui sont nécessaires<br />

<strong>pour</strong> se repentir. Nos maîtres enseignent : « Ouvre ta bouche et tes paroles<br />

éclaireront » (Brakhot, 22a). Après chaque acte de repentir, l’homme passe d’un niveau à<br />

l’autre, il peut ainsi passer (progressivement) d’un niveau de compréhension inférieur à<br />

des niveaux de compréhension plus profonds. C’est le sens de la question posée par<br />

Yo’hani et Mamré à Moché : « De la paille/TéVèN, tu fais entrer à Afarim ? ». Il leur<br />

répondit : « Il est un dicton : « Au marché de légumes, apporte tes légumes à vendre »<br />

(Ména’hot, 85a). La paille/TéVèN renvoie au concept de TéVouNa/compréhension<br />

comme l'indique le verset : « La compréhension te protègera » (Prov. 2:11). Ils avaient<br />

compris que Moché souhaitait introduire la compréhension (en profondeur) de la Torah<br />

dans le peuple d’Israël. Voilà le sens de l’allusion suggérée par leur question. En effet, si<br />

les Enfants d’Israël sont comparés à la poussière/Afar lorsqu’ils n’accomplissent pas la<br />

volonté divine (les deux magiciens se demandaient), comment Moché espérait-il les<br />

élever à un niveau supérieur de compréhension de la Torah ?<br />

C'est ce à quoi se rapporte « TéVèN/paille », au sens de « TéVouNot » (compréhension)<br />

de la Torah. « Tu fais entrer à Afarim », allusion à la poussière/Afar qui fait allusion à un<br />

127


niveau spirituel très bas. « Il leur répondit : il est un dicton/amrei Enachei (les gens<br />

disent) » — par les paroles qu’il prononce, le Juif éclaire tous les endroits dans lesquels<br />

il doit se repentir. D’où : « Au marché de légumes/YaRKa » — les lieux où l’on doit se<br />

repentir — YaRKa évoque le repentir, comme le Midrach Raba (43:2) l’indique à partir<br />

du verset (Béréchit, 14:14) : « Il arma/vaYaReK ses disciples » ! Il (Avraham) les « arma »<br />

au moyen de la lecture du passage du chapitre Choftim. Autrement dit, il les encouragea<br />

à se repentir, puisque ce chapitre est consacré au repentir : « Quel est l’homme qui a peur<br />

et dont le cœur est lâche » (Dévarim, 20 :8) — « qui a peur » des fautes qu’il a commises<br />

(Sota, 43a).<br />

Dès lors, « Il leur répondit : il est un dicton/AMRei enachei : Au marché de<br />

légumes/YaRKa » – cela signifie que par les dires et la parole (AMRei) d'un Juif, « au<br />

marché de légumes », il se rend dans les endroits où il doit se repentir (YaRKa). C’est<br />

grâce à la parole « qui l’éclairera » qu’il <strong>pour</strong>ra se repentir. C’est <strong>pour</strong>quoi : « Des<br />

légumes à vendre/yarka CHKoL » correspond à un repentir pondéré/hamiCHKaL<br />

(mesuré, c'est-à-dire proportionnel à sa faute). La parole l’éclaire de telle sorte qu’il est<br />

en mesure de se repentir de manière pondérée (selon l'importance de ses péchés).<br />

2- Cependant, on ne mérite que cette parole nous éclaire que grâce à la « gloire », c’est-àdire<br />

en veillant à glorifier le Saint béni soit-Il le plus parfaitement possible. (C'est-à-dire<br />

à condition) que notre propre honneur soit insignifiant devant l’honneur du Saint béni<br />

soit-Il. On ne peut y parvenir que par l’humilité et (par la conscience de) notre propre<br />

insignifiance. Car l'essentiel de la parole vient de la gloire, comme il est dit : « Qui donc<br />

est ce roi de gloire ?» (Ps. 24:8). Ce verset fait allusion à la Royauté qui est la bouche<br />

(Tikounim, deuxième introduction).<br />

En effet, lorsque la Torah est exprimée via des paroles corrompues, prononcées par une<br />

bouche impure, non seulement, ces paroles de Torah ne l’éclairent pas mais de plus,<br />

cette Torah se fait grossière et obscure dans sa bouche. Il est écrit : « Ce Livre de la Torah<br />

ne quittera/YaMouCH pas ta bouche » (Yéhochoua, 1:8) en lien avec le<br />

verset : « L’obscurité sera palpable/véYaMeCH » (Chémot, 10 :21). En d’autres termes,<br />

(veille à ce que les paroles de Torah) ne deviennent pas grossières et sombres dans ta<br />

bouche. Car si par orgueil, une personne ne veille pas à ce que l’honneur de Dieu soit<br />

parfait, elle devient alors incapable d’ouvrir la bouche, comme nous le trouvons<br />

dans : « Ils ont bouché leur cœur, leurs lèvres s’expriment avec orgueil » (Ps. 17:10). Ceci<br />

128


s’apparente à l’histoire de Lévi bar Sissa, qui, lorsqu’on le fit monter sur l’estrade, fut<br />

envahi d’un tel sentiment d’orgueil qu’il se retrouva dans l’incapacité d’ouvrir la bouche<br />

(Yérouchalmi, Yébamot, 12:69a).<br />

En effet, l’orgueil est apparenté à l’idolâtrie — à propos de laquelle il est dit : « Vous<br />

livrerez les statues de leurs dieux aux flammes » (Dévarim, 7:5). Comme l’enseignent nos<br />

maîtres (Roch Hachana, 28a) à propos d’un Chofar qui aurait été utilisé à des fins<br />

idolâtres : « Tout ce qui doit être brûlé est considéré comme déjà brûlé, comme si sa<br />

substance était déjà consumée ». De même, la substance d’un idolâtre est considérée<br />

comme déjà désagrégée. Il se retrouve donc privé des organes de la parole et ne peut<br />

plus s’exprimer.<br />

En revanche, lorsqu’il est scrupuleux à ce que l’honneur rendu à Dieu soit parfait, en se<br />

considérant lui-même comme « insignifiant et méprisable à ses propres yeux » (Ps. 15:4),<br />

il est alors apte à prononcer des paroles à même d’éclairer au sens du verset : « Et la<br />

terre illuminait par Sa gloire » (Ezéchiel, 43:2). (Ses paroles) éclairent la voie de son<br />

repentir, de telle sorte qu’il est en mesure d’atteindre des niveaux de compréhension<br />

profonds de la Torah, comme nous avons pu le voir.<br />

3- Mais l’honneur/KaVoD, <strong>pour</strong> être total, doit recevoir la lettre Vav. S’il n’en est pas<br />

ainsi, il ne subsiste que l’expression KeVaD Pé/la bouche pesante (à propos de Moché<br />

Rabénou qui avait des difficultés à parler). Mais avec la lettre Vav (il peut parler), aspect<br />

de : « Honneur/Kavod, et il ne se taira pas » (Ps. 30 :13). En effet, à chaque fois que le Vav<br />

apparaît, il vient ajouter quelque chose (Pessa’him, 5a), c'est-à-dire (dans notre cas), un<br />

supplément de sainteté dû au respect de la pureté sexuelle. Nos Sages nous<br />

enseignent en effet : « A chaque endroit où tu trouves une barrière à la débauche sexuelle,<br />

tu trouveras la sainteté » (Midrach Vayikra Raba, 24:6). Les deux, orgueil et débauche,<br />

sont interdépendants, comme nos maîtres, de mémoire bénie, l’affirment (Sota, 4b),<br />

s'appuyant sur le verset : « Une femme adultère attrape dans ses filets une âme<br />

orgueilleuse » (Prov. 6:26).<br />

C’est <strong>pour</strong>quoi le respect de l’Alliance (sexuelle) est associé au nom (saint) Chadaï,<br />

comme il est écrit (Béréchit, 35:11) : « Je suis Dieu Tout Puissant/El Chadaï : tu vas croître<br />

et multiplier ». Le Nom divin CHaDaÏ signifie : « Il y a assez/yeCH DaÏ de Ma Divinité <strong>pour</strong><br />

toutes les créatures » (Rachi, Lekh Lékha, 17). Mais lorsque l’homme néglige cette<br />

129


Alliance de pureté, lorsque par orgueil, il fait de sa propre personne une idole, montrant<br />

ainsi qu’il n’a pas assez de « Sa divinité », il se tourne alors vers l’idolâtrie. Il souille le<br />

nom Chadaï qui, Lui, possède <strong>pour</strong>tant assez de « Sa divinité » <strong>pour</strong> toute la Création.<br />

Lorsque l’homme parvient à préserver sa pureté, il mérite de recevoir une lumière qui<br />

éclaire son repentir (cf. ci-dessus).<br />

4- La lumière dont il est question correspond aux 39 lumières (Tal Orot), inclues dans la<br />

lettre Vav du mot Kavod, ce qu'évoque le verset : « Voyez tout cela, Dieu le fait deux ou<br />

trois fois avec l'homme (<strong>pour</strong> ramener son âme des bords de l'abîme, et l'éclairer de la<br />

lumière des vivants) » (Yov 33:29-30). « Deux ou trois fois » fait allusion aux trente-neuf<br />

lumières. Elles correspondent aux trois premières lettres du nom divin YHVH « en<br />

expansion » [Explication : les trois premières lettres ‏(יהו)‏ du Nom YHVH ‏(יהוה)‏ auxquelles<br />

on ajoute la lettre Alef ‏.(א)‏ Par ce procédé, les lettres יוד-הא — ואו associées à Alef ‏(א)‏ ont<br />

<strong>pour</strong> valeur numérique 39, allusion aux trente-neuf lumières. Elles sont ainsi incluses<br />

dans le Vav du Nom de Dieu]. « Avec l’homme/GueVeR » — inclue ces lumières dans<br />

l’Alliance de pureté comme mentionné dans les Juges : « Tel homme, telle<br />

vigueur/GueVouRato » (Choftim, 8:21). C’est <strong>pour</strong> cela que l’Alliance porte le nom de<br />

BoAz (ancêtre du roi David) que l’on décompose ainsi : Bo/en lui — Az/la vigueur<br />

(Tikounim, 31).<br />

Mais lorsque l’homme ne respecte pas l’Alliance, il endommage les trente-neuf lumières<br />

et attire sur lui le joug de la subsistance matérielle (il est dépendant des lois de la nature<br />

<strong>pour</strong> gagner sa vie), liée aux trente-neuf travaux (interdits le Chabat et réservé aux six<br />

jours de la semaine), comme il est enseigné dans le Zohar (3:244a) : « Celui qui jette les<br />

miettes de pain sera <strong>pour</strong>suivi par la pauvreté et à plus forte raison celui qui dilapide des<br />

miettes de son cerveau ».<br />

La notion « Bo-Az » inclut ces deux dimensions : trente-neuf lumières (Tal Orot), <strong>pour</strong><br />

celui qui observe l’Alliance et trente-neuf travaux (Tal Mélakhot) <strong>pour</strong> celui qui la rompt<br />

(l’Alliance). En effet, le mot Az (valeur numérique 77) fait deux fois trente-neuf (deux fois<br />

le mot Tal et en ajoutant 1 <strong>pour</strong> compter le mot lui-même).<br />

C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle le mot Tabernacle (à propos de sa construction) est répété<br />

deux fois (Chabat, 49b) dans le verset : « (Voici les comptes du) Tabernacle, Tabernacle »<br />

(Chemot, 38:21). (Cela, <strong>pour</strong> nous fait comprendre que) celui qui veille à la pureté<br />

sexuelle, même lorsqu'il est engagé dans les trente-neuf travaux, ces derniers<br />

130


contribuent eux aussi à la construction du Tabernacle et aux trente-neuf lumières. En<br />

revanche, <strong>pour</strong> celui qui souille l’Alliance, les travaux correspondent à la destruction du<br />

Tabernacle et aux trente-neuf coups de la (peine de) flagellation (Tikounim, 48), comme<br />

il est écrit : « Il lui en infligera quarante, sans ajouter/yoSSiF » (Dévarim, 25:3). « Sans<br />

ajouter » est une allusion aux dommages causés à l’Alliance, c'est ce qu'évoque la notion<br />

d’ajout/toSSaFot (de ceux qui ne savent pas se réfréner), comme cela a déjà été expliqué.<br />

5- L’observation de l’Alliance est également présente sur deux niveaux : il y a ceux dont<br />

l’union intime se déroule durant les six jours de la semaine mais qui parviennent tout de<br />

même à respecter les règles de pureté selon la Torah, sans enfreindre aucune loi. Et il y a<br />

ceux dont l’union intime ne se déroule que de Chabat en Chabat en respectant l’Alliance.<br />

Ces deux niveaux correspondent à l’unification supérieure et à l’unification inférieure.<br />

C’est de l’ordre du « Chadaï de Chabat », quand (arrivant au Chabat de Sa Création), Dieu<br />

dit à Son monde : « Daï/assez » (‘Haguiga, 12a) lorsqu'Il s'est abstenu de tout travail —<br />

c’est l’unification supérieure. De même, il existe la notion de « Chadaï de la semaine » car<br />

même durant les jours de semaine il existe des restrictions au travail. Cela correspond à<br />

(l'œuvre de l’ange) Matat dont l’autorité s’exerce durant les six jours de la semaine et<br />

fait allusion aux six Traités de la Michna (Tikounim Intro.). Le nom (de l'ange Matat) est<br />

équivalent à celui de son Maître, comme il est écrit : « Car Mon nom est en lui » (Rachi).<br />

C’est l’unification inférieure, c’est-à-dire que le Saint béni soit-Il s’habille Lui-même en<br />

Matat tout au long des six jours de la semaine et dirige le monde par son intermédiaire.<br />

6- Voici les notions de Halakha (la loi juive) et de Cabala (la tradition ésotérique). La<br />

Cabala renvoie au verset (Ps. 29:2) : « Prosternez-vous devant l’Eternel dans la Splendeur<br />

de Sa Gloire », « Hichta’havou Lachem Béadrat Kodech », dont chacune des lettres<br />

initiales forment le mot Cabala, alors que le verset (idem, 100 :1) : « Acclamez l’Éternel,<br />

toute la terre », « Hariou Lachem Kol Haarets », a <strong>pour</strong> acronyme le mot « HaLaKhaH »<br />

(Kavanot Ari Zal).<br />

« Prosternez-vous devant l’Eternel dans la Splendeur de Sa Gloire » correspond à<br />

l’unification supérieure, les relations conjugales du Chabat. C’est l’Alliance supérieure<br />

qui inclut l’aspect essentiel du prosternement, comme il est écrit : « Les frères de Yossef<br />

vinrent et se prosternèrent devant lui » (Béréchit, 42:6). Yossef étant lui-même le symbole<br />

de la « splendeur de sa gloire/HaDRat Kodech », comme il est écrit : « Le premier-né de<br />

son taureau fait sa splendeur/HaDaR Lo » (Dévarim, 33:17).<br />

131


Quant au verset « Acclamez l’Éternel, toute la terre », il correspond à l’unification<br />

inférieure, c’est-à-dire à l’union intime pratiquée durant les jours de semaine, référence<br />

à l’ange Matat, dont l’autorité s’exerce durant les six jours de semaine, et aux six sections<br />

de la Michna. Tel est l’emploi de l’expression : « Acclamez/HaRi'OU » (au sens de<br />

sonnerie/TéRou'A et de chant), comme il est écrit : « Du coin/Kanaf de la terre nous avons<br />

entendu des cantiques » (Isaïe, 24:16). Car Matat correspond à la notion de coin/KaNaF,<br />

dans le sens de : « Ton maître ne se dérobera plus/lo iKaNeF à ton regard » (Idem, 30 :20).<br />

Car le Saint béni soit-Il se revêt de lui tout au long des six jours de la semaine, comme<br />

cela est connu.<br />

7- Cela correspond aux « secrets/RaZIn», et aux « secrets des secrets/RaZIn dérazin »<br />

(dont parle le Zohar). Les « Secrets », correspondent à la Loi (Halakhah) et les « secrets<br />

des secrets » correspondent à la Cabala. La Kabala, lorsqu'elle s’habille dans la Loi, est<br />

semblable à la conduite du Saint béni soit-Il pendant les six jours de la semaine —<br />

l’unification inférieure (lorsque Dieu « s'habille » de Matat). Nous le voyons dans le<br />

verset, cité précédemment : « Gloire au juste, j’ai un secret/RaZI Li, RaZI Li » (idem,<br />

24:16). Les mots « gloire au juste/tsvi laTsadik », font allusion à la sainteté des relations<br />

conjugales qui comprennent les deux niveaux de sainteté : celui de l’unification<br />

supérieure et celui de l’unification inférieure, équivalant à Loi et Cabala et aux<br />

« secrets » et « secrets des secrets ».<br />

C’est en ce sens que nos maîtres ont affirmé (‘Houline, 60a) : « Que la Gloire de Dieu soit<br />

éternelle ». C’est le prince des anges (Matat) qui le déclara. Lorsque le Saint béni<br />

ordonna aux arbres (de se reproduire) de donner leur fruits « selon leur espèce » », les<br />

plantes se dirent à elles-mêmes : « Si déjà, les arbres, qui sont grands et ne se reproduisent<br />

pas souvent, ont reçu cette injonction divine : selon leur espèce, à plus forte raison, les<br />

espèces plus petites comme nous, qui nous reproduisons plus souvent, sommes tenues de<br />

nous reproduire chacune selon notre espèce ». Le prince des anges déclara alors : « Que la<br />

Gloire divine règne à jamais ».<br />

Car en vérité, même les grands (les gens importants), dont les relations conjugales ne<br />

sont pas continues mais espacées de Chabat en Chabat, sont prévenus par la Torah de<br />

bien veiller à respecter l’Alliance. Ils doivent faire attention à se préserver, comme il est<br />

écrit : « Les Enfants d’Israël garderont le Chabat », « véchamrou Bné Ysraël Eth<br />

132


HaChabat », (Chémot, 31:16) dont les premières lettres ont <strong>pour</strong> acronyme le mot<br />

« BYAH/relations sexuelles », comme le rappellent les Kavanot du Ari zal (Pri Ets ‘Haïm,<br />

Chaar Hachabat, 18). En d’autres termes, même si l'union conjugale n’a lieu que de<br />

Chabat en Chabat, il faut garder une extrême vigilance, de l’ordre de « Ils garderont… ».<br />

A plus forte raison, <strong>pour</strong> les petits (les gens simples), qui entrent dans la catégorie des<br />

« herbes », dont la reproduction, y compris les jours de semaine, est fréquente, eux aussi<br />

doivent redoubler de vigilance sur le respect de l’Alliance et se comporter selon les<br />

règles de la Torah, (être attentif) sur l’aspect « selon leur espèce ».<br />

Aussitôt que le prince des anges, Matat, dont le pouvoir s’exerce pendant les jours de<br />

semaine, en lien avec les plantes et l’union inférieure, entendit cela, il ouvrit la bouche et<br />

déclara (expression du Zohar) : « Que la Gloire de Dieu… ». Le mot « Gloire » précisément,<br />

car en respectant l’Alliance sur les deux niveaux, cette Gloire devient parfaite.<br />

Ainsi, en gardant l’Alliance sur les deux niveaux, union supérieure et union inférieure,<br />

c'est-à-dire arbres et plantes, grands et petits, union intime le Chabat et union intime<br />

durant la semaine, Loi et Cabala, secrets et secrets des secrets — la Gloire est complète<br />

comme nous le savons. Et par la Gloire, on mérite d’accéder à la parole qui éclaire <strong>pour</strong><br />

atteindre ainsi une compréhension profonde de la Torah.<br />

C’est ainsi que peuvent être entendues les paroles de Rabah bar bar<br />

‘Hanna : « Nous voguions une fois en bateau quand nous aperçûmes cet oiseau qui<br />

se dressait dans l’eau qui lui arrivait jusqu’à la cheville alors que sa tête atteignait<br />

le ciel. Nous dîmes : « Il ne doit pas y avoir beaucoup d’eau par ici », et nous<br />

voulions descendre plus bas <strong>pour</strong> nous rafraîchir. Une voix se fit entendre du Ciel<br />

et nous dit : « Ne descendez pas par ici car la hache d’un charpentier est tombée ici<br />

il y a sept années et n’a toujours pas atteint la terre (le fond de la mer), non pas<br />

parce qu’il y a beaucoup d’eau mais parce que les eaux s’écoulent rapidement ».<br />

Rav Achi déclara : « Cet oiseau est le Ziz Sadaï, comme dans : « L’oiseau des champs,<br />

Ziz Sadaï, est avec moi » (Ps. 50 :11). (Baba Batra, 73b).<br />

Rachbam<br />

Nous aperçûmes cet oiseau : le texte se lit ainsi. Nous dîmes : « Il ne doit pas y avoir<br />

beaucoup d’eau par ici : nous pensions que l’eau n’était pas très profonde parce qu’elle<br />

133


nous arrivait qu’aux chevilles. La hache d’un charpentier : un coupeur de bois. Non<br />

parce qu’il y a beaucoup d’eau : en sept ans de parcours la hache n’avait pas atteint le<br />

fond. Mais parce qu’elle s’écoule rapidement : à cause de la rapidité de la rivière, elle<br />

ne toucha pas le fond et pas seulement parce que c’était profond. Ziz Sadaï (l’oiseau des<br />

champs) est avec moi : sa tête arrivant au firmament.<br />

Cet oiseau fait allusion à la parole. Il représente l’interface entre l’homme — qui est<br />

formé des eaux masculines et féminines — et les cieux, qui correspondent à la<br />

compréhension de la Torah. Comme il est enseigné (Vayika Raba 16 ; Erkin, 16b) à<br />

propos du lépreux (la lèpre était la conséquence de la médisance) qui devait apporter<br />

deux oiseaux en expiation : « Que vienne celui qui piaille et papote (l’oiseau) et fasse<br />

expiation <strong>pour</strong> celui qui a piaillé et papoté (par sa médisance).<br />

« Qui se dressait dans l’eau qui lui arrivait jusqu’à la cheville ». La parole doit<br />

l’éclairer dans tous les endroits où il doit se repentir, ce qui relève parfois de la<br />

catégorie : « Elle découvrit ses pieds et se coucha » (Ruth, 3:7). En effet, la parole doit<br />

éclairer l’homme et lui montrer qu’il se trouve en bas, à un bas niveau spirituel. C’est la<br />

raison <strong>pour</strong> laquelle la parole est symbolisée par l’oiseau qui se dressait dans l’eau qui<br />

lui arrivait jusqu’à la cheville.<br />

L’eau — correspond à l’homme, qui provient des eaux masculines et féminines, comme<br />

nous le savons, alors que la parole est comparée à l’oiseau qui se dressait… jusqu’à la<br />

cheville — cette parole se trouve chez l’homme situé à un bas niveau, afin de l’éclairer<br />

comme dans le verset : « Elle découvrit ses pieds… ». Et c’est qui se dressait dans l’eau<br />

qui lui arrivait jusqu’à la cheville, comme nous l’avons vu.<br />

Nous dîmes : « Il ne doit pas y avoir beaucoup d’eau par ici » — Ils ont compris que<br />

l’on ne peut mériter la parole (illuminée) que si la Gloire est complète. C'est-à-dire<br />

lorsque l’homme se considère, à ses propres yeux, comme néant et totalement<br />

insignifiant. C’est le sens de : « il n’y a pas/AYiN d’eau ! ». L’homme s’assimile au<br />

néant/AYiN. Nous voulions descendre plus bas – au sens d’abaissement, en nous<br />

montrant humbles et modestes. Pour nous rafraîchir/LéAKouRé, comme dans le<br />

verset : « Je rendrai les hommes plus précieux/OKiR que l'or pur » (Isaïe, 13:12). En<br />

d’autres termes, cette (pseudo) humilité avait <strong>pour</strong> finalité l’orgueil, c'est-à-dire d'être<br />

honoré et mis en valeur. Il y a des individus qui agissent de manière très humble afin de<br />

jouir des honneurs et des attentions accordés aux gens humbles. C’est ce que l’on appelle<br />

134


la fausse modestie qui constitue en fait le comble de l’orgueil. C’est <strong>pour</strong>quoi « nous<br />

voulions descendre plus bas » — nous montrer humbles et insignifiants, « <strong>pour</strong> nous<br />

rafraîchir/LéAKouRé », et par ce biais, apparaître plus précieux/YéKaRim et<br />

importants, car la prétention est très méprisable.<br />

« Une voix se fit entendre du Ciel et nous dit : « Ne descendez pas par ici » — N’allez<br />

pas tenter de vous montrer petits et inférieurs simplement <strong>pour</strong> être honorés et mis en<br />

valeur. La voix céleste les mit en garde de ne pas feindre la modestie <strong>pour</strong> être l’objet de<br />

considération. Car la fausse modestie représente le degré ultime de l’orgueil.<br />

« La hache d’un charpentier est tombée ici il y a sept années et n’a toujours pas<br />

atteint la terre » : la voix céleste leur indiqua qu’elle était l’origine de l’orgueil afin<br />

qu’ils s’en éloignent autant que possible. Sans « descendre par ici », c’est-à-dire sans<br />

essayer de paraître humble <strong>pour</strong> être mieux considéré, comme l’ont écrit nos Sages, de<br />

mémoire bénie : « Sois très très humble » (Pirké Avot 4:4). Ceci <strong>pour</strong> nous enseigner que<br />

cet orgueil est une dégradation de l’honneur et de la majesté divine qui appartiennent au<br />

Saint béni soit-Il, ainsi qu’il est écrit : « L’Eternel règne, Il est revêtu (vêtement) de<br />

majesté » (Ps. 93:1). Telle est l’allusion induite par les mots : « Une hache/‘HaTSiNa est<br />

tombée », car ce terme indique (également) le vêtement, comme <strong>pour</strong> : « vé‘HiTSNo/et<br />

le pan de son vêtement (qu’il ne remplit pas) de gerbes » (Ps. 129:7).<br />

« Le charpentier » : il s’agit du Saint béni soit-Il, ainsi qu’il est écrit : « Sur les eaux Il a<br />

posé Ses voûtes » (Ps. 104:2) et par ailleurs : « Votre Dieu est un menuisier » (‘Houline,<br />

60a). La chute de ce vêtement divin entraîne ainsi des manifestations d’orgueil, liées à la<br />

notion des « sept maisons (royales) d’idolâtrie » à cause desquelles les Enfants d’Israël<br />

furent exilés de leur terre. C’est ce que nos Sages affirment : « Les enfants d’Israël n’ont<br />

été exilés qu’à partir du moment où les sept maisons (royales) ont servi <strong>pour</strong> l’idolâtrie »<br />

(Guitine, 88a). Pour cette raison, l’idolâtrie est appelée gloire, comme il est<br />

écrit : « Comme la gloire d’un homme est d’habiter sa demeure » (Isaïe, 44:13). En effet,<br />

l’idolâtrie, qui constitue une forme d’autoglorification, est générée par la chute de Sa<br />

Gloire (les sept maisons royales qui se sont approprié illégitimement la gloire divine).<br />

Tel est le rapport avec « sept années », qui renvoient à l’orgueil, aux sept maisons<br />

d’idolâtrie.<br />

De ce fait, « Elle n’a toujours pas atteint la terre » — à cause de cette transgression,<br />

nous n’avons toujours pas réintégré notre terre puisque cette faute, cet orgueil lié à la<br />

pratique de l’idolâtrie, a entraîné notre exil. Nous n’avons toujours pas retrouvé notre<br />

135


terre par (la faute de) l’orgueil et l’idolâtrie. Telle est la signification de « non parce<br />

qu’il y a beaucoup d’eau » – ne va pas prétendre que la raison <strong>pour</strong> laquelle nous ne<br />

sommes toujours pas retournés sur notre terre est due au fait qu’il y a trop d’eau,<br />

autrement dit, parce les idolâtres sont trop nombreux, comme il est écrit : « Ces nationslà<br />

sont plus considérables que moi » (Dévarim, 7:17), comme les « eaux nombreuses »<br />

(Cantique, 8:7).<br />

« Mais parce que les eaux s’écoulent rapidement », car ces personnes courent (de<br />

même que les eaux s'écoulent rapidement) après les honneurs qui sont assimilés aux<br />

eaux, comme le précise le verset : « Le Dieu de gloire gronde, l’Eternel sur les grandes<br />

eaux » (Ps. 29:3). A cause d’elles (de ces personnes qui courent derrière les honneurs)<br />

nous n'arrivons pas à retourner sur notre terre. C'est que si l’exil est si long, c’est par la<br />

faute de l’orgueil et de la <strong>pour</strong>suite des honneurs. Tout ceci est annoncé par la voix<br />

céleste : combien est méprisable l’arrogance ! L’homme doit prendre au maximum ses<br />

distances avec ce mauvais trait de caractère et alors seulement la Gloire divine sera<br />

complète. C’est à cette condition que l’on peut espérer atteindre le niveau de « la parole<br />

qui éclaire », évoquée par l’image de l’oiseau, vu plus haut.<br />

Mais de quelle manière parvient-on à briser cette tendance à l’orgueil et au désir de<br />

gloire personnelle <strong>pour</strong> rendre parfaite la gloire de Dieu ? Par la préservation de<br />

l’Alliance, le respect de la pureté sexuelle : l’unification supérieure et inférieure.<br />

C’est le sens des paroles de Rav Achi : « Cet oiseau est le Ziz Sadaï » — il fait allusion à<br />

l’unification supérieure et inférieure. Par cette unification, par l’observance de l’Alliance<br />

sur ses deux niveaux, la gloire devient complète. Et quand la gloire atteint la perfection,<br />

on a le mérite d’accéder à l’oiseau, c'est-à-dire la parole, qui représente l’intermédiaire<br />

entre l’eau et le ciel, comme nous l’avons vu. Ziz évoque l’unification inférieure, liée à<br />

Matat au coin de la terre, car il est dit dans le Midrach Raba (Bérechit 19:6 ; Vayikra<br />

22) : « Il existe un oiseau qui, lorsqu’il déploie ses ailes, assombrit le soleil, dont le nom est<br />

Ziz. » Telle est l’unification inférieure, Matat, « le coin de la terre », dans laquelle<br />

s’enveloppe l’Alliance supérieure, la dimension de soleil. « Sadaï » étant lié à<br />

l’unification supérieure, comme nous l’avons vu.<br />

Telle est la signification de (ce verset introduisant cette étude) : « Je suis l’Éternel » —<br />

unification supérieure, « C’est Mon Nom » — unification inférieure, « Et Mon honneur,<br />

Je ne le concèderai à personne » — il s’agit de la notion de gloire rendue parfaite. « Ni<br />

136


Ma louange aux idoles » — il s’agit de la parole, comme il est écrit : « Que ma bouche<br />

dise les louanges de l’Éternel » (Ps. 145:21), le tout est expliqué plus haut.<br />

Chabat Na’hamou 5563 à Breslev.<br />

TORAH 12<br />

Selon le manuscrit de Rabénou<br />

« Louange de David, je t’exalterai… » (Ps. 125:1).<br />

1- Si nous voyons que la plupart de ceux qui étudient la Torah s’opposent avec<br />

arrogance aux Justes et parlent d’eux en termes méprisants, cela relève d’une intention<br />

précise du Saint béni soit-Il.<br />

Il existe en effet deux catégories (de personnes qui étudient la Torah) : celle de Yaakov<br />

et celle de Lavan. Yaakov représente le Juste, qui découvre de nouvelles dimensions à la<br />

Torah en l’étudiant <strong>pour</strong> Son Nom et de manière désintéressée. Les bienfaits (de cette<br />

étude) sont cachés et réservés <strong>pour</strong> les temps futurs, comme disent nos Sages : « Demain<br />

<strong>pour</strong> recevoir leur récompense » (Erouvine, 22a). C’est parce que leur salaire leur sera<br />

accordé à la fin qu’il porte le nom de YaaKoV, au sens de EKeV, dans le sens de « talon »<br />

et de « fin ».<br />

Quant à Lavan, il correspond à la dimension de l’érudit diabolique juif, dont l’étude de la<br />

Torah ne vise qu’à (satisfaire) son orgueil et à critiquer l’autre. Il est dit d’un tel<br />

personnage qu’une charogne vaut mieux que lui (Midrach Vayikra, 1:15).<br />

Nous savons en effet que celui qui étudie la Torah est considéré comme un érudit en<br />

Torah lorsqu’il étudie la Loi Orale. Car celui qui n’étudie que la Torah Ecrite, le<br />

Pentateuque, ne saurait être qualifié de d’érudit en Torah. Seule la personne versée dans<br />

le Talmud et les Décisionnaires peut prétendre au titre d’érudit en Torah. Mais lorsque<br />

l’homme étudie sans la (vraie) connaissance (c'est-à-dire de manière intéressée), il est<br />

appelé Lavan à cause de la fourberie qu’il déploie. Cela le pousse à <strong>pour</strong>suivre et à<br />

prendre en haine les Justes : le Juste inférieur autant que le Juste supérieur.<br />

Comme l'écrit le Zohar (1, 153b), la Présence divine réside entre les deux Justes. Nous le<br />

voyons dans : « Les Justes hériteront de la terre ». Le terme « Justes » au pluriel confirme<br />

137


qu’il existe deux catégories de Justes : le Juste supérieur qui découvre des<br />

enseignements inédits (de nouvelles explications) de la Loi Orale, et le Juste inférieur qui<br />

étudie ces mêmes enseignements. La Loi Orale, c’est la Présence divine, comme il est<br />

écrit (Tikounim) : « la Royauté (Malkhout) c’est la bouche (Pé) » — elle est appelée Torah<br />

Ché Béal Pé/Loi Orale (littéralement « Torah qui est sur la bouche »). Quand la Présence<br />

divine qui est appelée Loi Orale, pénètre à l’intérieur de l’érudit démon juif, on parle<br />

alors d’exil de la Présence divine, car il (l’érudit démon juif) se sert de sa bouche <strong>pour</strong><br />

parler du Juste avec mépris.<br />

Lorsque l’homme étudie dans la sainteté et la pureté, une loi ou une décision légale<br />

révélée par un Tana (Maître de la Michna) ou par un Juste, cette étude engendre le<br />

baiser (Néchikine) qui consiste à unir un souffle avec un autre. Car cette décision légale,<br />

tranchée par le Tana et par la parole constitue le souffle de vie, comme<br />

l'indique : « l’homme devint une âme vivante » (Béréchit, 2:7), que le Targoum traduit<br />

par : « un esprit parlant ». Or cet « esprit parlant », « l’âme vivante » provient de la Loi<br />

Orale, comme il est écrit : « Que la terre produise une âme vivante » (idem, 1:24). Ainsi,<br />

lorsque le Tana conçoit une nouvelle interprétation de la Torah, en l’exprimant par la<br />

parole, cette parole (devient) un aspect de la Loi Orale qu’il a enrichi. C’est en effet d’elle<br />

qu’il puise, comme il est écrit : « Que la terre produise une âme vivante ». Ainsi, lorsque<br />

nous étudions un enseignement original et que nous faisons entrer cet enseignement<br />

original (ces paroles) à l’intérieur de notre bouche, nous lions le souffle du Juste qui a<br />

innové (en produisant) ce nouvel enseignement avec le « souffle parlant » — avec les<br />

paroles de celui qui étudie maintenant ces enseignements originaux (nous lions les<br />

paroles du Tana avec les nôtres).<br />

Ce lien, d’un souffle à l’autre, s’appelle « le baiser ». Ainsi, le souffle du Tana s’attache au<br />

souffle de celui qui étudie, et c’est comme si ce dernier embrassait le Tana.<br />

En revanche <strong>pour</strong> l’érudit démon juif qui étudie le Talmud ou les Décisionnaires, c'est de<br />

lui que le verset dit : « Un ennemi est prodigue de baisers » (Prov. 27:6). En effet, le Juste<br />

ne peut supporter le souffle de l’érudit démon juif. Car qui <strong>pour</strong>rait embrasser le cadavre<br />

d’un animal, à plus forte raison quand « une charogne lui est supérieure. »<br />

Il en va de même des Justes ayant déjà quitté ce monde : lorsque nous étudions leurs<br />

enseignements, leur souffle s’attache à notre souffle, comme l’ont souligné nos maîtres,<br />

de mémoire bénie : « Leurs lèvres remuent dans la tombe » (Yébamot, 97a) — cela fait<br />

référence au « baiser ».<br />

138


Telle est l’idée sous-entendue dans le verset : « Yaakov embrassa Ra’hel, il éleva la voix et<br />

pleura » (Béréchit, 29:11). Rachi explique qu’il vit par esprit prophétique qu’elle ne<br />

serait pas enterrée avec lui. Ra’hel symbolise la Loi Orale. Elle est comme une brebis<br />

(ra’hel en hébreu) devant ceux qui tondent sa laine. Tous la tondent afin d’en extraire<br />

des Lois qui deviendront des vêtements, comme il est écrit : « Des brebis <strong>pour</strong> te vêtir »<br />

(Prov. 27:26) et « Tu possèdes un manteau, sois notre chef » (Isaïe, 3:6). En effet,<br />

lorsqu’un homme vertueux étudie l’enseignement du Tana, ce Tana l’embrasse et il<br />

embrasse lui-même ce Tana. Cela (cet échange) procure un grand plaisir au Tana, ainsi<br />

qu’il est écrit « Ses lèvres remuent dans la tombe » (Yérouchalmi, Brakhot, 13).<br />

Telle est l’allusion que l’on trouve dans : « Yaakov embrassa » — il s’agit du Tana.<br />

« Ra’hel » — c'est la Loi Orale qu’il a révélée. Il embrasse et attache son souffle à l’esprit<br />

saint de la Présence Divine. « Et il pleura » — car il a vu, par esprit prophétique, ce qui a<br />

été exprimé par sa bouche et s’est introduit dans la Loi Orale. Il a vu que dans l’exil, la<br />

majorité de ceux qui étudient la Loi Orale (les érudits) ne seraient pas vertueux. A cause<br />

de cette étude (non sincère) dans laquelle ils s’engagent, le souffle saint de Ra’hel – la Loi<br />

Orale- n’entrera pas dans la tombe. A cause de l’étude du méchant, les lèvres (du Tana)<br />

ne remuent pas dans la tombe. C’est <strong>pour</strong> cette raison qu’il (Yaakov, conscient par vision<br />

prophétique de l'exil futur de la Présence divine) a pleuré sur l'exil.<br />

Il arrive également que l’étudiant formule un enseignement original (du Tana et qu'il<br />

l'énonce) en son propre nom, au lieu de citer le nom du Tana (son véritable auteur). Il en<br />

découle qu’il n’entrera pas (ne sera pas associé) avec le Tana dans la tombe, car il ne l'a<br />

pas enseigné pas au nom de celui qui l’a révélé.<br />

2- Et si tu venais à te demander « Pourtant, cet étudiant (malhonnête) devrait se<br />

repentir aussitôt après avoir étudié les enseignements originaux du Juste ? Comment la<br />

Loi Orale permet-t-elle à cet étudiant de <strong>pour</strong>suivre sa mauvaise voie ? » La réponse<br />

est : « Yaakov dit à Ra’hel qu’il était parent de son père et le fils de Rivka ». Cela signifie<br />

qu’au moment où le Juste révèle un enseignement de la Loi Orale, il le fait (prévenu de<br />

l'existence de l'alternative) : « Les Justes y marcheront fermement, mais les pécheurs y<br />

trébucheront » (Hochéa, 14:10). C'est ce que signifie : « Car il est le frère de son père » —<br />

c’est la ruse, comme dans : « Les pécheurs y trébucheront ». Mais il est aussi le fils de<br />

Rivka — la vertueuse, ce qui nous renvoie aux mots : « Les Justes y marcheront<br />

139


fermement ». De plus, « Elle courut l’annoncer à son père » nous montre que « Les<br />

pécheurs y trébucheront » vient plus facilement (cette voie leur est plus naturelle, ils<br />

l'empruntent facilement). Ce que confirment nos Sages, de mémoire bénie (Sota, 21), à<br />

propos du verset : « Je suis la sagesse qui a résidé avec (la) ruse » (Prov. 8:12). En effet,<br />

lorsque l’homme étudie la Torah, la ruse peut s’infiltrer (rapidement) en lui. Telle est la<br />

signification de « Elle courut », à l’image d’un homme qui court avec rapidité et avec<br />

aisance. « Elle dit à son père » — car la Torah peut transmettre à l’étudiant la ruse (c’est<br />

<strong>pour</strong>quoi « elle courut annoncer à son père »). La ruse s’acquiert (s'infiltre) plus<br />

rapidement et plus facilement chez l’homme que la sainteté qui, à l’inverse, nécessite<br />

une aide d’En-haut, comme l’enseignent nos maîtres : « Celui qui va se purifier, on lui<br />

vient en aide » (Avoda Zara, 55). Mais en ce qui concerne ruse, lui sont ouvertes<br />

(rapidement) de nombreuses ouvertures qu’il peut suivre aisément.<br />

3- Si tu te demandais : « Si ce Tana était un Juste parfait, comment pouvait-il énoncer un<br />

enseignement qui ait un double sens : un positif « Les Justes y marcheront fermement » et<br />

son opposé : « Les pécheurs y trébucheront » ? Sache que ce Tana est un Juste parfait et<br />

que son enseignement pur est dénué de la moindre scorie. Tout ce qui <strong>pour</strong>rait laisser<br />

soupçonner une connotation de ruse vient de ce que le monde entier reçoit sa<br />

subsistance du côté gauche, comme l'indique : « (A sa droite, la longévité des jours) et à sa<br />

gauche, richesse et honneur » (Prov. 3:16). C’est <strong>pour</strong> cette raison qu’en dispensant son<br />

enseignement, le Tana chute et commet une erreur infime comme l’épaisseur d’un<br />

cheveu, venant du (côté) gauche, afin de (permettre de) prodiguer un flux d’abondance<br />

et de subsistance dans le monde et de procurer richesse et honneur. Voilà <strong>pour</strong>quoi il est<br />

écrit : « à sa gauche, richesse et honneur ». En revanche, le Tana lui-même est dénué de<br />

fourberie et de perversion.<br />

Aussi, avant d’étudier, l’érudit doit savoir qu’au moment même où il est assis et qu’il<br />

étudie, le Juste qui se trouve dans le Jardin d’Eden écoute sa voix, comme il est écrit<br />

(Cantique, 8:13) : « Toi qui te tiens dans les jardins, les amis écoutent ta voix » (Zohar Lekh<br />

Lékha, 92). Et aussi : « Voici, lorsque Lavan entendit le nom de Yaakov, le fils de sa sœur ».<br />

Autrement dit, lorsque l’érudit connaît le nom de Yaakov, que Yaakov est le « fils de sa<br />

sœur », symbole de vertu, et qu’il étudie et répète cet enseignement de manière intègre<br />

<strong>pour</strong> le Nom de Dieu, dès lors, Yaakov, qui représente le Tana, entend sa voix.<br />

140


« Il courut vers lui, il l’enlaça et l’embrassa » — signifie que par son étude (des<br />

enseignements du Tana), il (celui qui étudie) attache son esprit à celui du Tana, ce qui<br />

évoque le « baiser ». « Et Il l’emmena dans sa demeure » — car il conduit le souffle du<br />

Tana à l’intérieur de l’enseignement qu’il étudie, car là (où on étudie ses paroles) est sa<br />

« demeure », comme il est écrit « Que la terre produise une âme de vie ».<br />

«Et Yaakov raconta/vayeSaPèR à Lavan tout ce qui était arrivé », au sens de SaPiR/éclat<br />

et lumière. L’esprit du Tana illumine l’érudit en lui expliquant tous « les événements ».<br />

Rachi l'explique ainsi : « Yaakov n’est venu qu’après avoir été dépouillé de ses biens par<br />

son frère. Cela signifie que l’esprit du Tana informe l’érudit qu’il est arrivé à cette<br />

situation où son enseignement doit inévitablement comporter un peu de ruse, « parce<br />

qu’il a été dépouillé de ses biens par son frère », tout cela afin de parvenir à : « A sa gauche,<br />

richesse et honneur », c'est-à-dire afin de pouvoir lui prodiguer une certaine abondance<br />

matérielle.<br />

Lorsque l’érudit sait tout cela, Lavan dit alors : « Tu n’es rien moins que mon corps et ma<br />

chair », autrement dit, l’étudiant s’attache au Tana par un lien particulièrement fort. « Il<br />

demeura/VayéCHeV, avec lui un mois/‘HoDeCH YaMiM » — il médite/hitiaCHeV sur la<br />

parole du Tana et réfléchit aux moyens de se repentir, de renouveler/lé’HaDeCH les<br />

jours/YaMav passés dans l’obscurité, comme dans le verset : « Fais se renouveler ta<br />

jeunesse comme celle de l’aigle » (Ps. 103:5).<br />

Par contre, l’érudit démon juif, ne voit pas cela et n’entend pas parler du nom « fils de sa<br />

sœur » (Il n'est pas rappelé par Lavan qu'il est le fils d'une Juste). (Au contraire) « Il lui<br />

dit : tu es mon frère » — Lavan (l'érudit démon) réfléchit et dit que le Tana n’a dit ses<br />

paroles qu’avec ruse, sans posséder la moindre trace d’intégrité. Il pense que le Tana est<br />

« son frère » dans la fourberie, que tout est tromperie, à Dieu ne plaise. Il ne souhaite<br />

donc pas se repentir et parle du Juste avec arrogance et mépris.<br />

4- Et sache que tout ceci est prémédité par le Saint béni soit-Il. Lorsque Dieu fait tomber<br />

un grand Juste dans la bouche de l’érudit (démon), lorsque cet érudit dit du mal du Juste,<br />

c'est afin que le Juste libère la Loi Orale (qui est en lui), (afin qu'il libère) la Présence<br />

divine de son exil dans la bouche de l’érudit (démon) et qu'elle s'élève (que retournent<br />

la Loi Orale et la Présence divine) à leur source, de niveau en niveau, depuis le niveau<br />

« étreinte », et « baiser » jusqu'à « union intime ». Comme il est écrit : «Je suis la rose du<br />

141


Charone » (Cantique, 2:1) — au début elle (la Présence divine) est verte comme la rose<br />

(Zohar Vayé’hi, 221). Comme l’enseignent nos Sages : « Esther avait le teint verdâtre »<br />

(Méguila, 13a). Cela correspond au niveau « étreinte », évoquée dans « Et sa droite<br />

m’étreint » (Cantique, 2:6). (Le Juste le fait avec Joie) car la joie provient du cœur, comme<br />

il est dit : « Tu as mis de la joie dans mon cœur ». (Ps. 4:8) Le cœur correspond à l'esprit<br />

de déduction (Bina, l’entendement, la compréhension). On y trouve le vin qui réjouit —<br />

le monde caché — comme l'indique : « Et le vin réjouira le cœur de l’homme » (Ps.<br />

104:15).<br />

Ainsi, le Juste qui tombe « dans la bouche » de l’érudit (indigne) qui s’exprime en termes<br />

arrogants à son sujet, comprend que les paroles formulées sur sa personne sont des<br />

combinaisons de lettres de la Loi Orale. Il comprend de quelles Lois ces paroles sont<br />

issues. Il les accepte avec joie et amour, comme l’ont affirmé nos maîtres, de mémoire<br />

bénie : « Ceux qui sont humiliés… se réjouissent de leurs épreuves et agissent avec amour »<br />

(Chabat, 88b). Cet amour avec lequel le Juste accepte l’affront est semblable à<br />

« l'étreinte » comme dans : « Et sa droite m’étreint ». Ainsi avec la joie par laquelle il<br />

accepte les souffrances, il s’élève au niveau de « Je suis la rose du Charone », niveau du<br />

cœur, comme il est écrit : « Tu as mis de la joie dans mon cœur ». Dès lors, il parvient au<br />

niveau : « rocher de mon cœur » (Ps. 73:26), qui correspond à la Loi Orale, également<br />

appelée « Rocher », comme le rapportent les Tikounim (Zohar, 21:43a) : « Si Moché<br />

Rabénou, la paix soit sur lui, n’avait pas frappé (aussi durement) le rocher, nous n’aurions<br />

pas eu à peiner aussi durement avec la Loi Orale ».<br />

C’est ce (sujet) qu’évoque le verset (Béréchit, 14:14) : « Avraham hâta/vaYaReK, ses<br />

fidèles/‘HaNiKHav », car Avraham correspond en effet à la droite, à l’étreinte. Or le terme<br />

vaYaReK indique justement cette ligne verte/YaRoK qui émane du discernement (Bina)<br />

et qui entoure (étreint) le monde entier. Les fidèles/‘HaNiKHav connotent la notion de<br />

bonté car comme le rapporte le Midrach (Béréchit Raba 43) (ce terme est à rapprocher)<br />

de « ‘HaNiKHato/son nom », car ils furent nommés d'après le nom d'Avraham (qui<br />

caractérise la bonté). En d’autres termes la ligne verte et la « rose (du Sharone) »<br />

auxquelles fait allusion l’idée « d’Esther au teint verdâtre » représentent la Présence<br />

divine qui connaît une élévation par le biais de l’étreinte de la droite.<br />

Mais c’est principalement par la sagesse que se construit la Présence divine, ce qui lui<br />

permet d’être prête à « l’union intime », idée qu’évoque le verset : « En outre, elle est ma<br />

142


sœur, la fille de mon père (incarnant la sagesse/'Hokhma), mais non la fille de ma mère<br />

(incarnant le discernement/Bina) » (Béréchit, 20 :12), aussi « elle devint ma femme »,<br />

suggère que c’est bien ainsi (par sa filiation paternelle évoquant la sagesse) qu’elle<br />

devint fin prête à l’union [(Zohar Emor) : Rabbi Aba envoya (une question) à Rabbi<br />

Chimon, demandant : « Quand donc a lieu l’union intime entre l’Assemblée d’Israël<br />

(représentant la Présence divine) et le Roi ? Rabbi Chimon lui envoya cette (seule)<br />

réponse, (se contentant de) citer le verset précédemment mentionné : « De fait, elle est<br />

ma sœur … »].<br />

En outre, un commentaire du Sifra Ditsniouta explique que les baisers sont l’œuvre de la<br />

Sagesse, lorsque les lèvres supérieures que sont (les sephirot) Netsa’h et Hod<br />

supérieures, s’éveillent à l’union par l’attachement d’un souffle à un souffle, alors Netsa’h<br />

et Hod inférieures s’éveillent à l’union, attachement d’un corps à un corps.<br />

Ainsi, lorsque le Juste se sert de sa sagesse et de son intelligence <strong>pour</strong> découvrir à partir<br />

de quelles combinaisons (de lettres et de mots) de la Loi Orale sont issues les<br />

combinaisons (de lettres et de mots) énoncées par l’érudit qui parle (en mal) de lui, le<br />

Juste étudie alors toutes ces combinaisons et les transforme en combinaison de Loi qui<br />

existait préalablement, avant d’être endommagées (par ce mauvais érudit). Lorsqu’il (le<br />

Juste) possède une telle sagesse, cela permet à la Présence divine (de se libérer de l'exil<br />

et) d’atteindre la dimension de « rose des vallées » (Cantique 2:1), qui est associée aux<br />

« baisers », comme il est écrit : « Ses lèvres sont des roses », qui correspond au lien d’un<br />

souffle avec un autre souffle d'où s’éveille l’union d’un corps à un autre corps.<br />

La Présence divine se trouve entre ces deux Justes — le Juste supérieur, c’est-à-dire le<br />

Tana qui a élaboré un enseignement qui exerce à présent, grâce à lui, une influence— et<br />

le Juste inférieur, qui étudie cet enseignement et fait monter les eaux féminines jusqu’à<br />

la Présence divine afin qu’elle s’attache (au Roi).<br />

C'est en ce sens que « Ses lèvres sont des roses, elles laissent s'écouler la myrrhe qui coule<br />

» : grâce à la dimension « baisers » qui « laissent s’écouler/'OVèR la myrrhe » (Cantique<br />

5:13), au sens de « d’un bout à l’autre/mé 'EVèR lé'EVèR » (la bonne odeur de<br />

l'enseignement du Juste se répand « d’un bout à l’autre », à l'opposé de la puanteur de<br />

l'érudit démon juif comparée à celle d'une charogne). Autrement dit, un bon parfum<br />

émane et se répand sur la Présence divine des deux côtés, ceux du Juste supérieur et du<br />

143


Juste inférieur. C’est l’allusion présente dans : « Les mandragores/DouDaïm, répandent<br />

leur parfum » (Cantique 7:14) — il s’agit de deux « DoDim/biens aimés », soit les deux<br />

Justes, qui exhalent leur parfum (sur la Présence divine).<br />

Tel est le sens des paroles de Rabah bar bar ‘Hanna : « J’ai vu Hourmiz, le fils de<br />

Lilith, courant en haut de la muraille de Ma’hoza, pendant qu’un cavalier galopait<br />

rapidement en dessous de lui, sans pouvoir le rattraper. Une autre fois, deux<br />

mules furent sellées, chacune d’elles se trouvait sur deux ponts du fleuve Donag. Il<br />

sautait d’un pont à l’autre tout en tenant deux verres de vin dans ses mains, qu’il<br />

transvidait l’un dans l’autre, sans en renverser une seule goutte par terre, bien<br />

qu’il s’agissait d’un jour de tempête, « Ils montaient jusqu’au ciel, descendaient<br />

dans les abîmes » (Ps. 107:26). Le roi entendit cette histoire et le fit mettre à<br />

mort » (Baba Batra, 73a).<br />

Rachbam<br />

Hourmiz — un démon, comme il est enseigné dans Sanhédrin (39a) : « toute la partie<br />

située plus bas que sa taille appartient au Hourmiz ». Courant en haut de la muraille<br />

— sur les crêtes (créneaux) du mur. Ici nous voyons la droiture de l’Eternel qui prend en<br />

pitié Ses créatures. Il ne donne pas l’autorisation à ces démons de nuire et déconseille de<br />

voyager seul sur les routes. Un cavalier galopait rapidement — il ne le faisait pas<br />

volontairement. Sans pouvoir le rattraper — parce que le démon courait beaucoup<br />

plus vite. Le cavalier n’y faisait pas attention. Furent sellées — on sella et on brida les<br />

mules. Sur deux ponts du fleuve Donag — c’était le nom d’un fleuve. Les ponts étaient<br />

éloignés l’un de l’autre et le démon sautait d’une mule à l’autre. Deux verres de vin —<br />

les deux étaient remplis de vin. Qu’il transvidait — les deux à la fois, l’un dans l’autre<br />

tout en sautant. Aucune goutte ne tomba, bien qu’il faisait ce jour là une si terrible<br />

tempête que celui qui se trouvait sur un bateau était balloté jusqu’au ciel et rejeté<br />

jusqu’aux abîmes. Cependant pas une seule goutte ne tomba sur le sol. Ils montaient<br />

jusqu’au ciel — Ce verset se trouve dans les psaumes (107:26) et parle des navigateurs.<br />

Le roi en entendit parler — Cela se rapporte au roi des démons. Les démons n’ont pas<br />

l’habitude de se dévoiler aux hommes et il fut exécuté <strong>pour</strong> avoir dévoilé leur secret.<br />

Autre interprétation : le roi se réfère au César (l’empereur romain) qui craignait<br />

144


qu’Hourmiz n’usurpât son trône. Car le démon descendait d’un homme qui avait eu des<br />

relations avec une femme-démon et vivait parmi les hommes.<br />

« J’ai vu Hourmiz » — Rabénou Chmouel explique : il s’agit d’un démon. « Fils de<br />

Lilith » — allusion à l’érudit démoniaque juif, « fils de Lilith », comme il est rapporté<br />

dans le Midrach (Cho’her Tov, Téhilim 19) : « Comment Moché pouvait distinguer le jour<br />

de la nuit lorsqu’il montait au Ciel ? On explique : lorsqu’il étudiait avec Dieu la Loi Orale, il<br />

savait que c’était la nuit/LaïLa ». Ceci renvoie (même racine) au « fils de LiLith », car<br />

l’érudit se caractérise essentiellement par sa connaissance de la Loi Orale. « Courant en<br />

haut de la muraille » — ceci est une référence au Juste de la génération qui est<br />

comparé à une muraille et que l’érudit démon juif <strong>pour</strong>chasse, comme il est écrit : « Un<br />

érudit véritable ne saurait avoir besoin de protection » (Baba Batra, 7b). « Un<br />

cavalier/PaRaCHa, galopait » — il ne le faisait pas volontairement comme l’explique le<br />

Rachbam. Le cavalier/PaRaCHa est le Tana, qui a renouvelé cet enseignement, et l’a<br />

interprété/PiReCH de belle manière, mettant en lumière ses secrets. Aussi, (même si) cet<br />

érudit démon juif n’a pas l’intention de <strong>pour</strong>suivre le Tana, cela se fait<br />

naturellement. « En dessous de lui » – car l’érudit qui étudie l’enseignement (du Tana)<br />

permet à l’âme du Tana de réintégrer son corps et ce retour de l’âme dans le corps est<br />

comparé à l’action de chevaucher un cheval, car le cheval est secondaire (par rapport au<br />

cavalier). Tel est le sens de « en dessous de lui » car par leur étude, ceux qui se trouvent<br />

« en bas » parviennent à replacer l’âme du Tana sur le cheval, c’est-à-dire dans son<br />

corps, et c’est ainsi qu’il est écrit : « Ses lèvres remuent dans la tombe ». « Sans pouvoir<br />

le rattraper » cependant — car le Tana ne peut supporter son « baiser », puisque même<br />

une charogne vaut mieux que cet érudit comme il est écrit « Un ennemi est prodigue de<br />

baisers ». Il (Tana) fuit donc cet étudiant (indigne).<br />

Et si tu demandes : <strong>pour</strong>quoi cet enseignement du Tana ne le ramène pas sur la voie du<br />

bien mais, bien pire encore, accentue grandement son arrogance ? Comment<br />

comprendre qu’à partir du saint enseignement de ce Tana, l’érudit puisse tant s’égarer ?<br />

La réponse est la suivante : « Deux mules furent sellées <strong>pour</strong> lui » — il arrive parfois<br />

que le Tana fasse une légère erreur, particulièrement insignifiante, dans le but d’attirer<br />

sur le monde deux types de vitalité : la vitalité d’ordre spirituel d’une part qui<br />

145


correspond à « Longueur des jours à sa droite », et la vitalité d’ordre matériel d’autre<br />

part, en rapport avec « A sa gauche, richesse et honneur ». Et le Tana, de par son fort<br />

attachement à la vitalité spirituelle, ne peut jamais se séparer totalement d’elle, Dieu<br />

préserve. Mais ayant chuté du niveau de l'étude désintéressée vers un (gain en) vitalité<br />

matérielle :<br />

« Chacune d’elles se trouvait sur un pont du fleuve Donag. Il sautait d’un pont à<br />

l’autre » — comme un homme qui se tiendrait sur un pont en cire (Donag) et ne<br />

<strong>pour</strong>rait y rester, sauterait sur l’autre pont. Mais dans la mesure où le second pont est<br />

également de cire, il saute de nouveau sur le premier, et ainsi de suite, de l’un à l’autre.<br />

Dans ce même esprit, le Tana, dont l’étude de la Torah est essentiellement désintéressée,<br />

doit toutefois « chuter » avec une intention d’étude intéressée, afin de pouvoir attirer sur<br />

le monde l’abondance matérielle. On lui retire ainsi cette dimension de Torah<br />

désintéressée, et il « saute » de l’étude de Torah « désintéressée » à l’étude de Torah<br />

« intéressée ». Mais par sa sainteté et son détachement des futilités de ce monde (il ne<br />

peut supporter de rester à ce niveau « intéressé »), il saute (à nouveau) vers le<br />

« désintéressé » car cet aspect (« intéressé ») ressemble <strong>pour</strong> lui à un pont de cire, sur<br />

lequel il ne peut tenir. Ainsi il ressaute dans l’aspect « désintéressé ». Mais parce qu’il est<br />

indispensable d’en faire profiter le monde, il doit ressauter à nouveau de ce pont qui<br />

s’apparente <strong>pour</strong> lui, comme un pont de cire. « Il sautait d’un pont à l’autre » — Grâce<br />

à cela, son enseignement contient l'idée : « les pêcheurs y trébucheront ». La réparation<br />

du monde (est à ce prix), elle passe par ces phases (de sauts).<br />

« En tenant deux verres de vin dans ses mains » — il existe en effet, deux catégories<br />

de vin : celui de la Loi Orale qui est : « Vin de royauté (Malkhout) en abondance » (Esther,<br />

1:7) et celui de l’intelligence (Bina), joie du cœur, comme dans le verset « Et le vin réjouit<br />

le cœur de l’homme » qui est lié à la dimension de vin.<br />

« Qu’il transvidait l’un dans l’autre » — cela signifie qu’il doit faire descendre la ligne<br />

verte/YaRoK, correspondant à « Il hâta ses fidèles/VaYaReK » vu plus haut. C’est<br />

« l’étreinte » — (Le Juste doit) accepter avec amour (d'être l'objet de) persécution et<br />

(même) de se réjouir dans les épreuves. La Présence divine qui est la Loi Orale revêtira<br />

l’aspect de « l’étreinte » qui correspond à « Je suis la rose » — YéRouKa/verte comme la<br />

rose » afin que l’étreinte soit parfaite.<br />

C'est l’allusion contenue dans : « Sans en renverser une seule goutte par terre, bien<br />

qu’il s’agissait d’un jour de tempête où « Ils montaient jusqu’au ciel, et<br />

146


descendaient dans les abîmes » — la Présence divine se trouve entre deux Justes : le<br />

Juste supérieur — qui correspond à « Ils montaient au ciel » et le Juste inférieur — qui<br />

correspond à « Ils descendaient dans les abîmes. Il est question de la notion de<br />

« baiser » correspondant à « Laissent s’écouler la myrrhe ». Mais comment arrive-t-on à<br />

cette notion (quelle est l’origine de ces baisers), « ces parfums de myrrhe qui<br />

s’écoulent » ? Par la sagesse (voir plus haut).<br />

Dès lors : « La royauté entendit cette histoire et le fit mettre à mort » — autrement<br />

dit, qu’il réfléchisse et il entendra la Loi Orale (« qui est dans la bouche »), appelée la<br />

« royauté de la bouche », qu’il réfléchisse aux combinaisons (désordonnées) de lettres<br />

qui viennent de l’érudit démon juif, qu’il écoute et réfléchisse au mépris et à<br />

l’humiliation exprimés par la bouche de cet érudit démon juif (contre le Juste). Ainsi, il<br />

entendra et comprendra la Loi Orale.<br />

C’est ainsi « qu’il le fit mettre à mort », car l’essentiel de la vitalité des forces du mal et<br />

des démons ne résulte que des étincelles de la Présence divine. Aussi longtemps qu’elle<br />

(la Présence divine) n’est pas complète, et qu’elle a encore des manques, elles (les forces<br />

du mal) possèdent de la vitalité. Mais lorsqu’on élève (la Présence divine) à l’aspect de<br />

Sagesse — d’où elle tire essentiellement son fondement – et qu'elle est définitivement<br />

édifiée de manière parfaite, l'érudit démoniaque « est mis à mort. »<br />

Telle est l’explication (du premier verset préliminaire : Je T’exalterais mon Dieu, le Roi.<br />

Je bénirai Ton Nom à tout jamais.)<br />

« Louange/TéHiLa de David » (Psaume, 145:1) au sens de confusion, comme il est<br />

écrit : « Jusque dans Ses anges, Il constate des défaillances/TaHaLa » (Yov, 4:18).<br />

« David », correspond à la dimension de Loi Orale : lorsque la Loi Orale tombe et se<br />

mélange aux autres combinaisons de lettres comme nous l’avons vu. « Je<br />

T’exalterai/aRoMiMekha mon Dieu » au sens de son élévation/hitRoMéMout, grâce à<br />

« Mon Dieu », aspect de : « La Bonté de Dieu, toute la journée » (Ps. 52:3). « Le Roi »,<br />

correspond à l’intelligence du cœur, car le cœur qui se trouve dans l’âme ressemble à un<br />

roi dans la bataille » (Séfer HaYetsira 6). Et « Je bénirai Ton Nom » — il élève ensuite la<br />

Loi Orale au niveau de la Sagesse qui est appelée « bénie » car elle est abondante en<br />

bénédictions, la Sagesse est la source de la bénédiction.<br />

Roch Hachana 5564.<br />

147


TORAH 13<br />

« Heureux le peuple qui connaît la sonnerie de Térou'a » (Ps. 89:16)<br />

1- Il est impossible d’attirer (ici-bas) la Providence divine parfaite autrement qu’en<br />

brisant la passion <strong>pour</strong> l’argent. L’homme y parvient par la charité.<br />

Il est dit en effet dans le Zohar (III, 224a) : « Un esprit descend <strong>pour</strong> apaiser la passion du<br />

cœur. Lorsque cet esprit descend, le cœur l’accueille avec la joie du chant des Lévites ». Cet<br />

esprit (« souffle ») s’incarne dans la dimension de charité qui est un esprit de don<br />

(générosité). Grâce à lui, la flamme spécifique à la passion <strong>pour</strong> l’argent se refroidit. C'est<br />

ce que suggère le verset (Ps. 76:13) : « Il limite l’esprit des nobles, il est redoutable <strong>pour</strong><br />

les rois de la terre », car cet esprit tempère (chez les « grands ») l’attrait <strong>pour</strong> le faste et la<br />

richesse.<br />

Le chant des Lévites correspond aux affaires réalisées avec foi, lorsque l’homme se<br />

satisfait de son sort sans chercher à devenir riche. Le chant symbolise les transactions<br />

commerciales/MaSsa oumaTaNe (littéralement « prendre et donner »), nous le voyons<br />

dans : « Chantez/Séou des hymnes (Séou évoque maSsa), faites retentir/ouTeNou, le<br />

tambourin » (Ps. 81:3). La joie évoque le fait d'être joyeux (satisfait) de son sort.<br />

Cela nous renvoie à la notion d’encens qui relie la passion ardente du cœur à l’esprit et<br />

c’est en cela que « L’encens réjouit le cœur » (Prov. 27:9). Cela correspond aussi à : « Ils<br />

présentent l'encens devant ta face/Afékha » (Dévarim, 33:10). En effet, (l'action de) la<br />

notion d'encens permet d’annuler (les effets du verset) : « C'est à la sueur de ta<br />

face/Afékha, que tu mangeras du pain» (Béréchit, 3:19).<br />

(Cet apaisement de la passion <strong>pour</strong> l'argent) fait allusion au dévoilement du Messie.<br />

(L'époque de sa venue) marquera la disparition de l'appétit d’argent (cupidité) comme il<br />

est dit : « En ce jour, ils abandonneront leurs idoles d'argent et d'or » (Isaïe, 2:20). Cette<br />

dimension est évoquée dans le verset : « Esprit de notre face/Af, le Messie de l’Éternel »<br />

(Lam. 4:20). En effet, aussi longtemps que règnera cette forme d’idolâtrie, (la<br />

vénération) <strong>pour</strong> l’argent en ce monde, la colère divine/‘Harone Af existera dans le<br />

monde (Sifri, 13:18). (A l'inverse,) l’éradication de cette idolâtrie entraînera la<br />

disparition de la colère divine grâce à « Esprit de notre face, le Messie de l’Éternel » (la<br />

venue du messie fera disparaître la passion <strong>pour</strong> l'argent). La bonté se répandra alors<br />

148


sur terre comme il est écrit : « Il fait du bien à Son Oint (Messie signifie Oint) » (Ps.<br />

18:51).<br />

Aussitôt que se dévoilera cette bonté (faite au Messie), la Connaissance — par laquelle le<br />

Temple a été construit — se répandra. Comme il est écrit : « Et moi, grâce à Ton immense<br />

bonté, j’entrerai dans Ta maison » (Ps. 5:8). C’est ce que confirme le Zohar (Pin’has<br />

220b) : « Le côté droit est prêt à reconstruire le Temple », car la Connaissance représente<br />

le Temple, ainsi que l’affirment nos Sages de mémoire bénie (Brakhot, 33a) : « Celui qui<br />

possède la Connaissance, c’est comme si le Temple avait été construit de son temps ».<br />

2- Ces différents aspects de la révélation de la Torah des temps futurs sont évoqués dans<br />

le Zohar (III 152a) : « Aux temps futurs, la Torah de l’ « Ancien Caché » sera dévoilée ».<br />

En effet, on reçoit principalement la Torah par la réflexion, ce qui correspond à Moché-le<br />

Messie (Moché à la même valeur numérique que Chiloh, autre nom du Messie), comme il<br />

est écrit (Prov. 21:22) : « Le Sage escalade une ville de guerriers » (Moché le sage a fait<br />

descendre la Torah du Ciel malgré les anges, ces guerriers qui voulaient l'en empêcher).<br />

Ainsi, celui qui possède la dimension « Moché — Messie » est à même de recevoir la<br />

Torah et d’attirer la lumière qui en émane afin de l'enseigner aux autres. De cela, du<br />

dévoilement de la Torah, vient une Union du Saint béni soit-Il et de Sa Présence divine,<br />

ainsi qu’il est dit : « Ecoute mon fils, les instructions de ton père et ne délaisse pas les<br />

enseignements (Torah) de ta mère ». Ton Père, c’est le Saint béni soit-Il et ta Mère c’est<br />

l’Assemblée d’Israël » (Zohar, 2:85a et 213).<br />

De fait, leur union se produit par l’élévation des âmes juives, comme (s'élèvent) les<br />

« eaux féminines ». Le Sage est en mesure de saisir ces âmes <strong>pour</strong> les élever comme<br />

s'élèvent les « eaux féminines », comme le rappelle le verset : « Et celui qui prend des<br />

âmes est un Sage » (Prov. 11:30). Ainsi, de cette union naît la Torah et lorsque le Sage<br />

s’élève avec les âmes, il réalise le verset dans sa totalité : « Le Sage escalade une ville de<br />

guerriers », alors il l’a « fait descendre (l’a fait tomber là-même où elle plaçait) la<br />

confiance en sa puissance » (idem, 21:22).<br />

3- Et le néféch (âme) c’est la notion de volonté. Toutes ces personnes, lorsqu’elles se<br />

rendent chez le Sage de la génération, sont animées de leur volonté propre. Le Juste<br />

s’empare alors de toutes ces volontés et s’élève avec elles. Puis, « il fait descendre la<br />

confiance en sa puissance », comme dans : « Les anges montaient/Ratso, et<br />

149


descendaient/VaChov » (Ezéchiel, 1:14) : Ratso : par l’élévation des âmes — VaChov : par<br />

le retour des âmes avec la révélation de la Torah. C’est ce qui apparaît dans les Tikounim<br />

(70 109a) : « Ratso » — il s’agit de Nouriel, « VaChov » — il s’agit de Matat, l’Ange de la<br />

Face. Nouriel au sens de « NouR/un brasier allumé » (Zohar I Béréchit, 23b et 70) —<br />

l'ardeur de la passion <strong>pour</strong> l’argent. VaChov correspond à « Matat Sar Hapnim/Prince de<br />

la Face (qui se contient) dont les lettres forment le nom de « MoChéH » c’est-à-dire le<br />

Messie, le « souffle de nos narines » qui tempère cette passion brûlante (la cupidité).<br />

C’est <strong>pour</strong>quoi : « Heureux le peuple qui ainsi est à Lui/CHéKaKhaH lo » (Ps. 144:15) —<br />

CHéKaKhaH a la même valeur numérique que MoCHéH (Zohar III 111b). C’est lui en effet<br />

qui atténue/méCHaKeKh, l’idolâtrie relative à l’argent et à l’or. Quant à RaTsO, il s’agit<br />

de la volonté/RaTsOne, autrement dit l’âme. Et Vachov correspond à Moché, qui reçoit la<br />

Torah.<br />

4- C’est ainsi qu’en faisant descendre la Torah, la Providence divine se voit elle aussi<br />

attirée, car la Torah est constituée (des quatre aspects) : T’N’T’A, autrement dit de<br />

Téamim (signes de cantillation), Nékoudot (ponctuation), Taguine (couronnes) et Otiot<br />

(lettres), qui représentent les trois variations de couleurs de l’œil et la pupille. C’est<br />

<strong>pour</strong>quoi la Torah débute par BéRéCHiT, car ce mot peut se décomposer en RaCHé et<br />

BaT ('ayin)/pupille (Tikounim, 18b). En effet, Raché fait allusion au verset (Chémot,<br />

6:14) : « Voici les têtes/Raché de leur famille paternelle/Avotam ». Les « pères » (les Avot<br />

que sont Avraham, Yits’hak et Yaakov) représentent les trois couleurs de l’œil. « Là-bas il<br />

y a BaT » (fille) c'est-à-dire la pupille (pupille/BaT ('ayin) : « fille (de l'œil »).<br />

Par conséquent, lorsque le Sage fait descendre la Torah en ce monde, il attire ainsi la<br />

force de vision de la Providence divine sur nous. Aussi, selon son degré de proximité<br />

avec la Torah, chacun reçoit sur lui la Providence divine.<br />

En effet, l’essentiel du processus de vision est caractérisé par le fait de « frapper » l’objet<br />

observé, avec les yeux. Le mécanisme de la vision fait revenir vers les yeux l’image de<br />

l’objet. Les yeux voient alors la chose observée : c’est notre capacité de vision.<br />

Par contre, lorsque la chose vue se trouve éloignée des yeux, avant de parvenir jusqu’à<br />

l’objet, la force de vision se disperse dans l’atmosphère, s’altère et ne parvient pas à<br />

frapper l’objet regardé avec suffisamment de force. C’est <strong>pour</strong>quoi cette force de vision<br />

ne revient pas vers les yeux, tant et si bien que les yeux ne voient pas l’objet. En effet,<br />

l’essentiel de la vision découle de ce « pouvoir de frappe » comme il est écrit : « Reviens<br />

150


de grâce ! Du haut du Ciel regarde et vois !» (Ps. 80 :15). Autrement dit, que revienne vers<br />

Ses yeux, par l’intermédiaire du « coup » (pouvoir de frappe), le regard que Dieu porte<br />

sur nous depuis les cieux. Dès lors « Regarde » : car la vision s’effectue par le retour du<br />

regard. Telle est l’allusion du verset : « Et les anges allaient et venaient/Ratso VaChov ».<br />

« Et les anges/‘HaYot », renvoient à la Torah qui représente la vie/'HaYïm — « Ratso »<br />

correspond au regard porté, du haut vers le bas. « VaChov » fait allusion au fait de<br />

frapper l’objet observé qui revient vers les yeux et prend la forme d’une représentation.<br />

Car les yeux sont comparables à un miroir brillant dans lequel toute forme, face à lui, est<br />

reflétée. Et lorsque nous sommes proches de la Torah, il en résulte que nous sommes<br />

proches de la vision, et de ce fait, la force de vision revient aux yeux. Nous sommes ainsi<br />

vus et prenons forme à travers Ses Yeux (Hachem). Cependant, les autres nations, du fait<br />

qu’elles se trouvent loin de la Torah, se trouvent loin de Sa Providence qui ne leur<br />

parvient donc pas par ce phénomène de "frappe". Par conséquent, Sa providence<br />

s’exerce sur les autres peuples de manière partielle alors qu’elle repose sur nous de<br />

manière pleine et entière.<br />

5- La vision d'Ezéchiel (Voir Ezéchiel 1:1) — Elle renvoie à la notion de "réparation" du<br />

Char Supérieur et du Char Inférieur. Par l’intermédiaire du Sage qui prend les âmes,<br />

s’élève avec elles, puis redescend : « il fait descendre la confiance (d'où il tire) sa<br />

puissance ». Les deux Chars sont ainsi rectifiés.<br />

La notion d'âme inclut quatre créatures vivantes, le trône, et celui qui y siège.<br />

Le lion/ARIé (premier aspect de la réparation de l'âme) contenu dans la notion d’âme<br />

correspond à : « J'ai récolté/ARIti, ma myrrhe/MoRi, et mon baume/Bessami ». (Cantique,<br />

5:1). « MoRi » fait allusion à (Samuel I, 1:10) : « L’âme remplie d’amertume/MaRat »,<br />

comme dans « Car son âme est affligée/MaRa » (Rois II 4:27). Il est question ici, d'un<br />

dommage causé à l’âme et à la volonté. Lorsqu’un homme entend assouvir un désir<br />

quelconque, cette envie entraîne une altération de sa volonté et une amertume dans son<br />

âme. Mais lorsque cet homme se rend chez le Sage de la génération, avec son âme et sa<br />

volonté, le Sage prend toutes les volontés, les recueille une à une, afin de les élever,<br />

comme nous l’avons vu plus haut. Il rassemble également toutes les volontés et toutes<br />

les âmes déchues (tombées).<br />

C'est ce que représente la dimension « lion/ARIé » dans le sens « recueillir/LéKéT »<br />

(connoté également par « J'ai récolté/ARIti ») puisqu’il recueille l’amertume de l’âme,<br />

151


c’est-à-dire, la blessure de l’âme. Et avec mon baume/Bessami — avec la bonne volonté<br />

qui dégage et fait monter une odeur agréable.<br />

Le Bœuf/CHoR (second aspect de la réparation). Il existe également dans l’âme (parmi<br />

les quatre créatures vivantes) la dimension « Bœuf », c’est la lumière limpide qui<br />

s’ajoute à l’âme par la réunification. Il s'agit de la réunification des fragments de l'âme,<br />

qui provoque alors en lui une intense illumination. En effet, lorsque la volonté (d'une<br />

personne) ne brille pas, l’âme se retrouve alors en situation « d’âme affamée (sur le plan<br />

sprirituel) » (Ps. 107,9). La faim découle essentiellement d’une absence de lumière,<br />

comme l’ont enseigné nos Sages de mémoire bénie à propos du verset : « Il t'a fait<br />

souffrir, Il t'a affamé, puis Il t'a nourri de manne » (Dévarim, 8:3). Ils affirment à ce<br />

sujet : « D’ici, nous apprenons qu’un aveugle n’est jamais rassasié » (Yoma, 74b). En effet,<br />

le (sentiment de) satiété dépend principalement de la lumière que l'on perçoit avec ses<br />

yeux. Ainsi, la cécité a <strong>pour</strong> effet d’empêcher la plénitude de l’âme, c'est-à-dire la<br />

satisfaction de la volonté, en effet : « Mieux vaut la vision des yeux que la démarche<br />

spirituelle » (Kohélet, 6:9, Yoma 74b). Ainsi, lorsqu’une personne éclaircit son âme par la<br />

clarté immaculée de la lumière, dès lors, « Une âme affamée s’emplit de délices » (Ps.<br />

107:9), comme dans : « Il rassasiera ton âme de la clarté immaculée » (Isaïe, 58:11). Tout<br />

ceci évoque la dimension du bœuf, au sens d’observation, de l’ordre de « « Mieux vaut la<br />

vision des yeux que la démarche spirituelle » (Le terme bœuf/CHoR rappelle la<br />

vision/CHouR).<br />

L’Aigle (troisième aspect de la réparation) de l’âme, signifie le renouvellement que<br />

connait l’âme dans son ascension en dimension de « gestation » (renouveau). Ceci<br />

correspond à l’aigle, ainsi qu’il est dit : « ta jeunesse se renouvèlera comme l’aigle » (Ps.<br />

103:5).<br />

L’Homme, (quatrième créature et aspect de la réparation) de l’âme, correspond à: « Et<br />

l'homme devint une âme vivante » (Bérechit 2:7). En effet, l’homme porte en lui les deux<br />

conditions, celle de la pauvreté et celle de la richesse. C’est en ce sens qu’il est écrit à<br />

propos du verset : « Faisons l'homme à notre image etc. », il s’agit des « riches », (et, suite<br />

de notre verset) « … selon notre ressemblance » (Bérechit 1:26), il s’agit des « pauvres »<br />

(Zohar, introduction, 13b). C'est par leur rassemblement que les âmes entrent dans la<br />

dimension d’Homme. Les grandes âmes et les petites correspondent aux pauvres et aux<br />

riches.<br />

152


Les Roues, quant à elles, représentent les corps. En effet, les corps agissent<br />

essentiellement de par la vitalité/'HaYouT de l’âme. L’âme exprime ses actions par<br />

l’intermédiaire des membres du corps qui ne se meut pas de lui-même. Tous (ses<br />

mouvements) proviennent des forces de l’âme.<br />

La notion de Trône/KiSSé, dans l’âme, correspond à l’âme du Sage qui a été<br />

cachée/nitKaSSa. (Cette âme) évoque : « Elle est plus précieuse que les perles/PéNiNIM »<br />

(Prov. 3:15), [que nos Sages, de mémoire bénie, expliquent : « plus (précieux) que le<br />

Grand Prêtre qui pénètre l'intérieur de l'intérieur/liFNay véliFNIM » (c.à.d. le Saint des<br />

Saints. Sota, 4b)]. L’âme du Sage est si précieuse, qu’elle se cache profondément dans la<br />

partie la plus intime du Temple, et toutes les âmes deviennent des vêtements <strong>pour</strong> elle.<br />

(Là dessus,) l’Homme qui siège sur le Trône représente la Connaissance du Sage. En<br />

effet, « Sans Connaissance, l'âme ne trouve aucun bien » (Prov. 19:2).<br />

De la même façon (que <strong>pour</strong> l'âme), il existe ainsi quatre 'Hayot <strong>pour</strong> la Torah.<br />

Le Lion de la Torah (correspond à la force), puisque la Torah est appelée « force ». De<br />

plus, « Qu’y a-t-il de plus fort qu’un lion ? » (Juges, 14:18).<br />

Le Bœuf/CHoR dans la Torah évoque l’idée : « Par Moi les Princes<br />

gouvernent/yaSSORou (dont la graphie est celle de CHoR) » (Prov. 8:16).<br />

L’Aigle, dans la Torah, correspond à la notion de renouvellement des explications de<br />

Torah, comme dans « (Ta jeunesse) se renouvèlera comme l’aigle » (Ps. 103:5).<br />

Quant à l’Homme, dans la Torah, il évoque : « Voici la Torah, un homme … » (Dévarim,<br />

19:14). La Torah présente à la fois des aspects permissifs et d’autres (plus) stricts,<br />

correspondant aux riches et aux pauvres.<br />

Le Trône, dans la Torah, représente les choses qu'Atik Yomin (l'Ancien des jours) a<br />

caché (Pessa’him, 119a, Zohar 3, 152a), et qui se dissimulent dans les récits de la Torah.<br />

Celui qui siège sur le Trône. Il s’agit d’Atik Yomin, évoqué par : « L’Ancien des jours était<br />

assis » (Daniel, 7:9).<br />

Les Roues, relatives à la Torah, représentent les corps de la loi (Voir Maximes des Pères,<br />

3,18).<br />

Tel est le sens du récit rapporté dans Taanit (23b), à propos de Rabbi Yona : « Lorsque<br />

le monde avait besoin de pluie, il disait : « Je vais acheter du blé <strong>pour</strong> la valeur<br />

153


d’un zouz ». Il se tenait dans un endroit profond, un endroit caché et se couvrait<br />

d’un sac. (Il priait et) c'est ainsi que la pluie se mettait à tomber ».<br />

« Lorsque le monde avait besoin de pluie » — c’est-à-dire de Torah, ainsi qu’il est<br />

dit : « Que mon enseignement s'épande comme la pluie » (Dévarim, 32:2).<br />

« Il disait : « Je vais acheter du blé/'IBouRa, <strong>pour</strong> la valeur d’un Zouz » — IBOuR<br />

correspond à EB RAYOu. 'EB, c'est l'apaisement, et RAYOu correspond à l'ardeur.<br />

« Zouz » évoque la passion <strong>pour</strong> l’argent. En d’autres termes, il avait l'intention<br />

d'apaiser la cupidité, comme nous l'avons vu plus haut (Chap. 3).<br />

« Il se tenait dans un endroit profond ». Ayant apaisé la cupidité, il avait mérité un<br />

endroit profond, de l'ordre de la bonté, comme nos Sages l’enseignent : « (Un objet)<br />

exposé au soleil apparaît plus profond que dans l’ombre » (Chavouot, 6b). En outre, la<br />

lumière du jour signifie « bonté », comme dans le verset : « Le jour, l’Éternel décrète Sa<br />

Bonté » (Ps. 42:9). Grâce à la bonté, il mérita la construction du Temple, qui correspond à<br />

l’intelligence comme nous l’avons vu (chap. 1 à la fin).<br />

« Un endroit caché ». Il s'agit du Temple qui est (cette) intelligence, ainsi qu’il est<br />

dit : « La Sagesse est avec les (personnes) réservées » (litt. « Ceux qui se cachent »,<br />

discrètes — Prov. 11:2).<br />

« Et se couvrait d’un sac ». Celui-ci symbolise le fait de prendre les âmes <strong>pour</strong> les élever,<br />

comme nous l'avons évoqué un peu plus haut. « Celui qui prend des âmes est un Sage »<br />

(id. 11,30). La globalité des âmes s'appelle « SaK », car « elles se délectent/SHaKiya des<br />

eaux du fleuve » (Zohar III, 67b), comme dans « Il rassasiera ton âme de clarté » (Isaïe,<br />

58:11).<br />

De ce fait, « la pluie se mettait à tomber », ce qui signifie qu’il attira (fit descendre) la<br />

Torah, comme il est écrit : «Il fait descendre la confiance en sa puissance» (Prov. 21:22).<br />

6- Cependant, il faut énormément réclamer, rechercher un tel Sage, implorer Dieu, béni<br />

soit-Il, d’avoir le mérite de trouver un tel Sage qui est de la dimension de « Celui qui<br />

prend des âmes est un Sage », (c'est-à-dire) apte à rassembler les âmes, puis à les élever,<br />

et les faire descendre avec la Torah. En effet, le Sage lui-même n’est pas en mesure<br />

d’accomplir pareille chose avec une seule intelligence. Il existe en effet deux (formes d')<br />

intelligence : la première consiste à « réunir » les âmes, et l'autre permet de les « élever »<br />

et de faire descendre « la confiance en sa puissance ». Ce qui correspond au Chin à trois<br />

têtes et au Chin à quatre têtes.<br />

154


Voici l’explication de :<br />

Rabah bar bar ‘Hanna disait : « Les navigateurs en mer me racontaient : « Entre<br />

une vague et l’autre, il y a (la distance de) 300 parsah, et chaque vague a une<br />

hauteur de 300 parsah. Il arriva une fois, alors que nous étions en chemin, qu'une<br />

vague nous souleva si haut que nous vîmes l'assise d'une petite étoile, dont la<br />

superficie suffisait à semer 40 guérivah de graines de moutarde. Si la vague nous<br />

avait soulevés plus haut, nous aurions été consumés par le souffle (ardent de<br />

l’étoile). Puis une vague éleva sa voix vers sa consœur : « Mon amie, as-tu laissé<br />

quelque chose dans le monde que tu n’aurais pas inondé ? Je me propose d'aller le<br />

détruire. » L’autre lui répondit : « Viens voir la puissance de ton Maître : « Aucune<br />

(d'entre nous) ne <strong>pour</strong>ra dépasser le sable (des plages), même pas de l’épaisseur<br />

d’un fil ». Il est écrit à ce sujet (Jérémie, 5:22) : « Est-ce bien Moi que vous ne<br />

craindrez pas ?, déclare l’Eternel, etc. » (Baba Batra 73a).<br />

Rachbam<br />

Entre une vague et l’autre : Puisqu'on nous dira ensuite qu’une vague éleva sa voix<br />

vers sa consœur, on doit nous informer qu'elle entendait la voix de sa semblable d'une<br />

distance de 300 parsah. Une vague nous souleva : Elle nous a projetés plus haut que sa<br />

propre hauteur, jusqu’au ciel. Autre explication : le souffle du firmament s'étend sur une<br />

distance proche de celle de la marche de cinq cents ans qui sépare le ciel de la terre<br />

(Pessa'him 94b). L'assise : Le lit. D’une petite étoile : La plus petite des petites étoiles.<br />

Superficie… semer : Un champ suffisant <strong>pour</strong> semer 40 mesures de moutarde qui est<br />

plus prolifique que toutes les autres plantes. Consumés par le souffle. Brûlés par la<br />

chaleur de l’étoile. Éleva sa voix : C'est-à-dire cria. A l'instar de : « Le gouffre appelle le<br />

gouffre au son de etc.» (Ps 42:8). Il s'agit sans doute des anges préposés (aux flots de la<br />

mer). As-tu laissé quelque chose dans le monde, etc : Elle s'élevait tellement haut<br />

qu'elle semblait avoir dépassé le rivage et inondé le monde. Je me propose de le<br />

détruire : A cause des fautes de la génération. L’autre lui répondit : La vague à sa<br />

consœur. Viens voir la puissance de ton Maitre : En d'autres termes, je n'ai pas le droit<br />

de franchir. Le sable, même pas de l’épaisseur d’un fil : Je ne peux pas sortir à<br />

l'extérieur du sable, même sur une distance (équivalent à) l'épaisseur d'un fil : Il est<br />

155


écrit à ce sujet : « Est-ce bien Moi que vous ne craindrez pas ? Ce sont les paroles du<br />

Talmud.<br />

Les navigateurs en mer. (Litt : Ceux qui descendent en mer) Il s’agit de ceux qui attirent<br />

l'océan de la Torah en ce monde.<br />

Entre une vague et l’autre, il y a (une distance de) 300 parsah — Il s'agit de la<br />

(première) lettre Chin (le Chin qui rassemble) dont nous avons parlé (dont la valeur<br />

numérique est égale à 300).<br />

Chaque vague a une hauteur de 300 parsah —qui représente le second Chin précité.<br />

[C’est-à-dire les deux intellects précités : celui qui rassemble les âmes et celui qui les<br />

élève afin d'attirer la Torah. Ces deux intellects du Juste qui est le Sage authentique, sont<br />

symbolisés par les deux Chins, comme il est rapporté plus haut]. Quant aux vagues, elles<br />

symbolisent les âmes, comme dans: « Fais retentir ta voix, fille des vagues» (Isaïe, 10 :30),<br />

que nos Sages interprètent au sens de « fille des Patriarches (La fille représente la<br />

Communauté d’Israël) » (Sanhédrin, 94b).<br />

Entre une vague et l’autre — Il s'agit des Sages, qui se trouvent entre une vague et<br />

l’autre, autrement dit, qui établissent la liaison entre toutes les âmes, comme dans « Sage<br />

est celui qui prend les âmes ».<br />

300 parsah — De l'ordre du premier Chin.<br />

Et chaque vague a une hauteur de 300 parsah — C'est-à-dire <strong>pour</strong> élever les âmes, de<br />

l'ordre de l’autre Chin.<br />

Il arriva une fois, alors que nous étions en chemin — Autrement dit, nous entrâmes<br />

afin d’éveiller l’union (intime), appelée chemin, comme dans le verset: « Mon chemin, et<br />

ma liaison » (Ps. 139:3).<br />

Une vague nous souleva — En d’autres termes, nous élevâmes les âmes vers le Haut,<br />

comme : « Le Sage escalade une ville de guerriers » (Prov. 21:22).<br />

Si haut que nous vîmes l'assise d'une petite étoile — Autrement dit, nous avons<br />

provoqué l’Union supérieure. (Le terme) Assise/maRBa'ta fait allusion à l’union intime,<br />

comme dans « Mon chemin, et ma liaison/RiV'i ». Au moment de l’Union, la Présence<br />

divine est appelée « petite étoile », comme le rapporte le Zohar, « Par amour, (la Présence<br />

divine) se réduit à un petit point. Elle s’unit ainsi à son époux » (III 191a). Consulter ce<br />

passage.<br />

156


Dont la superficie suffisait à semer 40 guérivah (mesures) de graines de moutarde<br />

— Le Zohar rapporte: « Lorsque cette bête est enceinte, elle s'obstrue et ne peut mettre<br />

bas. Un serpent vient alors mordre ses organes génitaux. Elle s’ouvre alors, perd du sang et<br />

boit ce sang » (voir Zohar Pin'has 249b). Ceci correspond aux graines de moutarde,<br />

allusion à « une goutte de sang de la taille d’une graine de moutarde » (expression<br />

talmudique évoquant la mesure minimale du sang d'impureté, Nida 5a et autres). Ce<br />

sang s'écoule d'elle du fait de la morsure au niveau de sa matrice. Rabénou Chemouel a<br />

en effet commenté « Un champ suffisant <strong>pour</strong> semer » (qui peut se lire aussi « lieu de la<br />

semence », donc la matrice). Par la suite, elle met bas. Ce qui naît est la Torah. Cette<br />

Torah voyage alors durant quarante jours, allusion « aux autres 'Hayot qui totalisent<br />

quarante », dix de chaque côté, comme le relate le Zohar (idem, plus bas). Telle est la<br />

signification des « 40 guérivah », référence aux quarante 'Hayot, correspondant aux<br />

quarante jours de la Torah.<br />

Si la vague nous avait soulevés plus haut, nous aurions été consumés par la<br />

vapeur/Hével — En effet, « Il y a une vanité/Hével qui se passe sur la terre : il est des<br />

Justes qui sont traités comme s'ils agissaient à la manière des impies, etc. » (Kohélet 8:14).<br />

Cette vanité/Hével pousse de nombreuses personnes à renier leur foi. Elles constatent<br />

effectivement que le Juste connaît des malheurs alors que le méchant connaît le bonheur<br />

(voir Berakhot 7a). Mais, si nous avions relevé de nombreuses âmes, « nous aurions été<br />

consumés/maKLinan », dans le sens de soulagés/KouLa de cette vapeur/vanité/Hével, si<br />

bien que cette vanité/Hével, n’aurait pas été si dure <strong>pour</strong> le monde.<br />

Puis une vague éleva sa voix vers sa consœur : « Mon amie, as-tu laissé quelque<br />

chose dans le monde que tu n’aurais pas inondé ? Je me propose à aller le détruire ».<br />

Cela signifie qu’ensuite, toutes ces âmes reviennent de cette « gestation » dont nous<br />

avons parlé, avec un surcroit d'amour l'une <strong>pour</strong> l'autre. C'est <strong>pour</strong>quoi elles se<br />

raniment mutuellement, se parlent l'une à l'autre, et rappellent l'une à l'autre : « Mon<br />

frère ! Aurais-tu laissé un quelconque trait de caractère négatif en ce monde, qui<br />

exercerait encore son emprise sur toi, et duquel tu ne parviendrais pas encore à<br />

t’affranchir ?<br />

Je me propose à aller le détruire » — C’est-à-dire, que je t'aiderai à éradiquer ton<br />

défaut.<br />

« Viens et vois comme est grande la puissance de ton Maître » — Il s'agit du Sage<br />

dont nous avons parlé. Vois la grandeur de son pouvoir:<br />

157


« Aucun ne <strong>pour</strong>ra dépasser le sable, même pas de l’épaisseur d’un fil » — Rabénou<br />

Chmouel explique : Je ne peux pas sortir au-delà du sable, pas même la distance de<br />

l'épaisseur d'un fil. En d’autres termes, tu me demandes si j’ai laissé un défaut en ce<br />

monde que je n’aurais pas encore corrigé. Sache donc mon amie, que je suis encore<br />

empêtrée dans toutes les tentations et que je ne suis pas encore sortie du profane (<strong>pour</strong><br />

atteindre) la sainteté, pas même d’un fil.<br />

De toute évidence, quelqu'un (comme moi) qui se trouve à un tel niveau (si bas), Ne<br />

<strong>pour</strong>ra dépasser/dé 'AVaR (ce niveau) et n'aurait certainement pas pu accéder à la<br />

dimension de gestation/'IBouR, dont nous avons parlé. Mais malgré tout, « Viens et vois<br />

comme est grande la puissance de ton Maître », autrement dit, la force du Sage. Sa<br />

force est si grande qu’il est parvenu à élever même mon âme en gestation.<br />

7- Voici l’explication [du verset initial : « Heureux le peuple qui connaît la sonnerie de<br />

Téroua » (Ps. 89:16)] :<br />

« Heureux le peuple » — Il s’agit de la Providence.<br />

« Qui connaît la sonnerie/Téroua' » — Il s’agit de la dimension de Yaakov, qui<br />

correspond à la charité, ainsi qu’il est écrit: « c’est Toi qui a exercé la justice et la charité<br />

en Yaakov » (Ps. 99:4).<br />

« Oh, Eternel » — C’est l’aspect des tétragrammes, liés aux bontés.<br />

« A la lumière de Ton Visage » — Il s’agit de l’intellect, comme il est écrit : « La sagesse<br />

de l’homme éclaire son visage » (Kohélet 8:1).<br />

« Ils marcheront ». Ce sont les âmes, de l’ordre de « la démarche spirituelle ».<br />

[J’ai également trouvé un manuscrit de Rabénou, de mémoire bénie, en rapport avec cette<br />

Torah. Mais je n'ai trouvé qu'une extrémité du papier, sur lequel seule la fin de l'exposé est<br />

écrite. Le début du sujet manque. La voici :]<br />

La Torah est une dimension de la vision, 'T'N'T'A (Taamim, Nékoudot, Taguine et Otiot,<br />

comme nous l’avons vu au début de cette Torah).<br />

« Toutes les chairs ensemble etc. » correspond à la récolte de toutes les âmes, comme<br />

dans « Et celui qui prend des âmes est un Sage » (Prov. 11:30), comme nous l'avons vu.<br />

« Que c'est bien la bouche de Dieu qui a parlé ». Tout ceci est effectué grâce à un esprit de<br />

générosité, comme précité, qui n'est autre que «la bouche de Dieu », comme nos Sages<br />

l’affirment : « Dans ta bouche » — « c'est la charité » (Roch Hachana 6b).<br />

158


[Jusqu’ici le langage de Rabénou, de mémoire bénie.<br />

Selon toute évidence, il avait précédemment rapporté le verset : « La gloire de l'Eternel<br />

va se révéler, et toutes les chairs, ensemble, verront que c'est bien la bouche de l'Eternel qui<br />

a parlé. » (Isaïe 40,5). De plus, (il est clair) qu'il avait expliqué toute cet Enseignement<br />

cité plus haut, car il ressort clairement de ce verset. Mais à cause de nos nombreux<br />

péchés, il manque le commentaire sur la première partie du verset]<br />

Chabat ‘Hanouca 5564.<br />

TORAH 14<br />

Selon le manuscrit de Rabénou<br />

« Sonnez le Chofar à la nouvelle lune, etc. » (Ps. 81:4)<br />

1- Pour faire descendre la paix en ce monde, il convient d’élever jusqu’à sa source la<br />

Gloire du Saint béni soit-Il. (Cette source est) la crainte, comme il est écrit : « Afin de<br />

craindre ce Nom honorable » (Dévarim 28:58).<br />

2- Mais il n’est possible d’élever la Gloire divine qu’en vertu de la Torah de Bonté. Nos<br />

Sages disent : « une Torah de bonté » (Proverbes 31,26), il s’agit de celui qui étudie la<br />

Torah dans l’intention de l’enseigner (Souka, 49b).<br />

En effet, c’est en cela que consiste l'essentiel de Sa Gloire, comme le mentionne dans le<br />

Zohar : « Lorsque les autres nations viennent, et reconnaissent le Saint-béni-soit-Il, le<br />

Nom divin est alors exalté et honoré en haut comme en bas. Il en a été ainsi avec Yitro.<br />

Lorsque Yitro a déclaré : « Je sais à présent que l’Éternel est plus grand que toutes les<br />

divinités » (Chémot 18,11), le Nom divin alors a été exalté et honoré » (Zohar Yitro, 69a).<br />

On en déduit que Sa Gloire se définit par le rapprochement des hommes depuis<br />

l'extérieur de la sainteté vers l'intérieur de la sainteté. Rapprocher et introduire ces<br />

hommes à l'intérieur équivaut à L'honorer. Il en est de même, <strong>pour</strong> les prosélytes qui se<br />

convertissent, comme <strong>pour</strong> les Juifs repentis, car eux aussi se trouvaient à l'extérieur.<br />

159


Maintenant, la Gloire est en exil. (La preuve en est que) l’honneur se trouve<br />

(aujourd'hui) principalement chez les Nations alors que nous, enfants d’Israël, sommes<br />

rabaissés et humiliés. Mais dans les temps futurs, Sa Gloire se révèlera à partir de<br />

l’obscurité, comme on le voit : « La gloire de l'Eternel va se révéler et toute chair Le<br />

verra » (Isaïe, 40 :5). Alors, tout le monde s'inclinera <strong>pour</strong> « Le servir à l’unisson »<br />

(Céphania, 3:9). Les peuples clameront alors : « Allez, marchons à la lumière de l'Éternel »<br />

(Isaïe 2:5). En effet, la Gloire est appelée lumière, comme dans le verset : « Et la terre<br />

sera illuminée de sa Gloire » (Ezéchiel, 43:2).<br />

3-Mais il est impossible de rapprocher les convertis et les repentis, sinon par la Torah,<br />

ainsi qu’il est écrit : « Tes sources se répandront au dehors » (Prov. 5:16). Il faut donc<br />

abreuver ceux qui sont à l’extérieur, leur faire savoir quelle voie suivre. C'est ce que nos<br />

Sages, de mémoire bénie, ont souligné : « Il n’est pas d'honneur autre que la Torah. »<br />

(Maximes 6,3). Ils ont dit aussi, à propos du verset « Si tu extrais ce qu'il y a de précieux<br />

de ce qui est méprisable » (Jérémie 15:19) : « il s'agit de ceux qui rapprochent les gens au<br />

culte de Dieu, béni soit-Il » (Baba Metsia 85a). En effet, « ce qu'il y a de précieux/YaKaR »<br />

signifie la Gloire (YaKaR qui signifie en hébreu « rare » et « précieux », signifie en<br />

araméen « honneur ») et « de ce qui est méprisable » évoque « l'humiliation de l'exil ».<br />

C’est là le sens du verset (Ps. 113:4) : « L’Eternel est élevé au-dessus de tous les peuples,<br />

etc. » (que Rabénou lit : élevé par tous les peuples). Lorsque les autres nations<br />

reconnaissent et louent Dieu, alors (suite du verset) «… Sa gloire dépasse les cieux ». En<br />

d’autres termes, Son honneur s’élève depuis l’obscurité.<br />

Or, (nous le savons,) il est impossible de parvenir à éveiller le repentir, tant <strong>pour</strong> les<br />

pécheurs d'Israël que <strong>pour</strong> (faire venir) des convertis, autrement que par la Torah. Il<br />

faut les éclairer (avec une Torah qui parvient jusqu'au) lieu (obscur) où ils se trouvent,<br />

comme il est écrit : « Tes sources se répandront au dehors » (Proverbes, cité plus haut),<br />

précisément au dehors. En effet, la Torah est constituée de six cent milles lettres qui<br />

correspondent aux six cent mille âmes d'Israël. Toutes les âmes d'Israël possèdent leur<br />

source en haut, dans la Pensée du Saint béni soit-Il, car « Israël est (en premier) dans la<br />

pensée (divine) originelle (qui a précédé la Création du monde)» (Berechit Raba, 1:5).<br />

Les âmes des prosélytes sont engendrées par une union des âmes. Les âmes (d'Israël)<br />

ressentent un éveil lorsque nous prononçons les lettres de la Torah et les faisons briller<br />

l'une vers l'autre. Cela évoque une union intime du fait que chacune reçoit la lumière de<br />

160


l'autre. C'est de l'union de l'étincellement des âmes (produit) avec la Pensée (originelle<br />

du Tout puissant) que se créent les âmes des prosélytes.<br />

De même, (nos Sages ont enseigné que) le pécheur d'Israël, aussi longtemps que le nom<br />

d’Israël lui est associé [il s'appelle pécheur d'Israël, le nom d’Israël lui est associé malgré<br />

tout puisqu'on l'appelle ainsi], « …bien qu'il ait fauté, demeure un ressortissant d'Israël »<br />

(Sanh. 44a). A ce titre, il conserve son ancrage et sa racine dans la Pensée Supérieure.<br />

Par conséquent, l'étincellement provoque (chez lui aussi) l'illumination de la racine de<br />

son âme avec les autres racines. Cette illumination parvient à ce pécheur d'Israël depuis<br />

la racine de son âme. C'est cette lumière qui l'incite à revenir au repentir.<br />

4- C'est (précisément) le sens des paroles de nos Sages, de mémoire bénie : « Pourquoi<br />

des érudits en Torah n’ont-ils pas d'enfants érudits en Torah ? Parce qu’ils n’ont pas, en<br />

premier (avant l'union), prononcé la bénédiction sur la Torah » (Nédarim 81a).<br />

Autrement dit, tout homme, et en particulier un érudit en Torah, doit, avec son étude de<br />

la Torah, bénir et l'illuminer de la source des âmes, c’est-à-dire la Pensée divine<br />

originelle (appelée « en premier »). La racine (de notre âme) se trouve là-bas.<br />

Par conséquent, lorsque l'on apporte lumière et bénédiction dans sa première pensée<br />

(avant l'union intime), on provoque du même coup l’illumination et la bénédiction des<br />

âmes. (A ce moment) lorsque l'on attire une âme à son (futur) fils, on lui attire une âme<br />

claire et raffinée. Et grâce à cela, ce fils deviendra lui-aussi un érudit en Torah.<br />

En revanche, si durant son étude (de Torah), on n’éclaire pas et on ne bénit pas ce<br />

premier, lorsqu'on attirera une âme <strong>pour</strong> son fils, cette âme évoquera plutôt la<br />

dimension de « Je suis endormie » (Cantique 5:2). Elle ne brillera pas, et c'est <strong>pour</strong>quoi<br />

son fils ne sera pas érudit en Torah. C’est la conséquence (du fait) de ne pas avoir<br />

prononcé la bénédiction sur la Torah en premier, dès l'origine des âmes, dans la même<br />

logique que : « Israël est apparu dans la Pensée (divine) originelle » (Berechit Raba 1:5).<br />

5- Personne ne peut mériter la Torah autrement que par l'humilité. C’est ce qu’ont<br />

affirmé nos Sages (Erouvin, 54a) à propos du verset : « du désert à Matana » (Dévarim<br />

21:18)<br />

Chacun doit briser son orgueil selon les quatre degrés de l’humilité : on doit se faire petit<br />

devant plus grand que soi, devant une personne équivalente à soi et devant une personne<br />

inférieure à soi. Parfois même, lorsque l'on se considère comme le plus petit parmi les<br />

161


petits, on doit encore se rabaisser relativement à son propre niveau <strong>pour</strong> se considérer<br />

plus bas que son niveau (réel), de l’ordre de : « Que chacun siège sous sa place (quel que<br />

soit ton niveau réel, considère-toi comme au-dessous) » (Chemot 16:29).<br />

Telle est la signification des paroles de Rabah bar bar ‘Hanna :<br />

« Je vis une fois un ourzilla âgé d’un jour, qui ressemblait au Mont Tabor. A quelle<br />

altitude s'élève le Mont Tabor ? Quatre parsa. La longueur de son cou était de trois<br />

Parsa et la longueur de l'assise de sa tête était d’une parsa et demi. Il laissa<br />

échapper un excrément qui obstrua le Jourdain » (Baba Batra 73a).<br />

Rachbam<br />

Un ourzilla âgé d’un jour. Un auroch d’un jour, il venait de naître le même jour.<br />

Ressemblait au Mont Tabor. Tellement il était grand. La longueur de l'assise de sa<br />

tête. L’endroit où il posait la tête quand il se couchait par terre. Il laissa échapper un<br />

excrément. Il déféqua. Qui obstrua. L’excrément barra momentanément le Jourdain,<br />

jusqu’à ce que l’eau le dissolve peu à peu.<br />

« Un ourzilla, âgé d’un jour ». Cela fait référence à la Gloire, qui se trouve (en exil) chez<br />

les nations, en disgrâce. Cette appellation « OuR-ZILLA » y fait allusion. (ZILLA signifie<br />

« humiliation », et) OuR (qui rappelle OR/lumière) correspond à la Gloire, comme dans<br />

le verset « Et la terre s’illuminera de sa Gloire » (Ezéchiel, 43:2. Voir chap #2).<br />

Il est défini comme étant « âgé d’un jour » parce que la Gloire (divine) ne se révèlera<br />

qu’à la venue de notre Messie. Le terme « aujourd'hui » est effectivement mentionné à<br />

son sujet : « Quand donc viendra mon Maître ? Etc. », aujourd'hui : « Aujourd’hui si vous<br />

écoutez Sa voix (Ps. 95:7) », [comme l'ont dit nos Maîtres, de mémoire bénie, dans<br />

Sanhedrin. 98a]. Cela signifie que chaque jour, la Gloire est prête à sortir de la disgrâce<br />

(de l'exil).<br />

« Qui ressemblait au Mont Tabor ». Il vit que l’élévation de la Gloire dépend du fait<br />

que l’homme brise son orgueil et que la hauteur de cette élévation est proportionnelle à<br />

(l'étendue de cette) brisure de l'orgueil. En effet, Sa Gloire s'élève par la Torah, comme<br />

162


nous l’avons vu, et l’homme ne peut mériter la Torah que par l'humilité, comme l’ont<br />

affirmé nos maîtres, de mémoire bénie : « Du désert à Matana ». C'est donc la<br />

signification de « Mont » : le « mont » est symbole de grandeur, ainsi qu’il est dit : « Tu as<br />

puissamment fortifié ma montagne » (Ps. 30 :8), et « Tabor » signifie briser (en<br />

araméen).<br />

« A quelle altitude s'élève le Mont Tabor ? Quatre parsa .» Il s'agit des quatre<br />

dimensions d’humilité dont nous avons déjà parlé. Il faut se rabaisser devant les Justes,<br />

devant les hommes moyens, devant les méchants et (même) par rapport à son propre<br />

niveau (réel), à savoir, se considérer comme si l’on n’avait même pas encore atteint le<br />

niveau auquel on se trouve en ce moment. « Le Mont Tabor etc. Quatre parsa » signifie<br />

donc que l'orgueil doit être brisé dans les quatre dimensions susmentionnées.<br />

« La longueur de son cou était de trois parsa ». Cela rappelle les domaines qui font<br />

habituellement l'objet de l'orgueil humain. Ils sont au nombre de trois, et l'on doit de<br />

s'en garder, comme le rappelle le verset : « Que le sage ne se glorifie pas de par sa sagesse,<br />

etc. » (Jérémie, 9:22). Il y a donc trois aspects : Intelligence (sagesse), bravoure et<br />

richesse. L’orgueil est appelé "longueur du cou", comme dans « Ne parlez pas avec un<br />

cou hautain » (Ps. 75:6).<br />

« Et la longueur de l'assise de sa tête était d’une parsa et demi ». Cela fait allusion à<br />

l’union, accomplie dans la Pensée première (du Créateur, ce qu'implique « de sa tête »).<br />

L'assise/maRBa'ta fait allusion à l’union conjugale, comme dans « Mon chemin, et ma<br />

liaison/RiV'i (également union conjugale) » (id. 139,3).<br />

Cette union engendre « une parsa et demi ». Attirer des âmes <strong>pour</strong> ses fils se symbolise<br />

par « Une parsa ». On parle alors de « parsa complète ». (L'âme descend directement<br />

de sa source, de la Pensée divine. Chap #3). Tandis que la « demi parsa »correspond à<br />

l'étincellement des âmes, qui scintillent et éclairent les pécheurs d'Israël <strong>pour</strong> les<br />

amener au repentir (d'une part) et qui (d'autre part) engendrent les âmes des convertis<br />

(parce que le renouvellement de leur âme vient par l'action d'un intermédiaire). En effet,<br />

ces personnes sont encore très loin de la sainteté, et peuvent encore affronter de<br />

nombreux obstacles. Elles doivent déployer de nombreux efforts afin de se défaire des<br />

« habits sales » qu’elles ont portés, comme il est écrit : « Enlevez ces vêtements sales »<br />

(Zékharia, 3:4). Ces vêtement souillés les empêchent de revenir vers le Saint béni soit-Il,<br />

163


ils font obstruction comme une rivière infranchissable qui barre le chemin. Il faut donc<br />

se débarrasser de ces vêtements souillés. C'est ce dont il s'agit dans :<br />

« Il laissa échapper un excrément qui obstrua le Jourdain ». En se défaisant des<br />

« habits sales » et en les rejetant, tous les obstacles et tous les écrans qui s’interposent<br />

entre l’homme et la sainteté disparaissent. Tel est le sens de « qui obstrua le<br />

Jourdain ». Le Jourdain, en effet, sépare la sainteté de la Terre d’Israël de l’extérieur de<br />

la Terre d’Israël. C’est <strong>pour</strong>quoi ils sont appelés « moitié » car ils doivent encore se<br />

défaire de leurs « habits souillés » de façon à écarter les barrières, les obstacles et les<br />

écrans qui les séparent de la sainteté. En revanche, ces âmes, que les érudits en Torah<br />

attirent <strong>pour</strong> leurs enfants, comme nous l'avons vu, portent le nom de « parsa entière ».<br />

Elles ne sont en effet aucunement gênées par un quelconque écran.<br />

C'est (aussi) ce dont il s'agit dans : «Et tu L’honoreras » (Isaïe, 58:13). – « Honore-Le en<br />

revêtant un habit propre », selon l'exégèse de nos Maîtres (Chabat 119a) s'appuyant sur<br />

le verset « l'Eternel digne de respect etc. » « Un habit propre » signifie le fait de se défaire<br />

des habits souillés. En effet, là réside l’essentiel de l’honneur dévolu à Dieu, béni soit-<br />

Il : « Si tu extrais ce qu'il y a de précieux de ce qui est méprisable » (Jérémie 1, 5:19 ; voir<br />

Chap #3) consiste à ramener les hommes au repentir et à attirer les âmes des convertis.<br />

Les prosélytes qui se convertissent sont sous les ailes de la Présence divine. C’est la<br />

raison <strong>pour</strong> laquelle le converti est appelé « Guer Tsédek » (littéralement « converti de<br />

justice » voir introduction au Zohar, 6). Cela fait par ailleurs référence aux paroles du<br />

Zohar (II, 93a) : « Un habit propre correspond aux ailes/KaNFé du commandement »<br />

(KaNFé/coins, allusion au vêtement à quatre coins où l'on met des tsitsits qui rappellent<br />

« tous Mes commandements »). Il s'agit de la Présence divine, qui est appelée<br />

« commandement », comme : « Tous Tes commandements sont justice/Tsédek (cf. Guer<br />

Tsédek vu plus haut) » (Ps. 119:172). Il s'agit donc bien de : « Et tu l’honoreras », car<br />

l'essentiel de Son Honneur consiste à introduire des convertis sous les ailes/KaNFé de la<br />

Présence divine, comme nous l'avons vu.<br />

6- Chacun, selon son niveau personnel, peut être conscient du niveau d'élévation de la<br />

Gloire divine jusqu’à la source de la crainte. Plus il respecte ceux qui craignent Dieu, plus<br />

la Gloire (l’honneur de Dieu) s’élève jusqu’à source. C'est là (dans la crainte) que se<br />

trouve l'essentiel de la Gloire, comme dans le verset : « Et qui honore ceux qui craignent<br />

164


l’Éternel », (Ps. 15:4). Aussi longtemps que la Gloire reste en exil, chacun selon son<br />

niveau (sa position), méprisera ceux qui craignent Dieu, (ou à l'inverse), dans la mesure<br />

où il aura affermi la Gloire divine, il honorera ceux qui craignent Dieu.<br />

7- Le point essentiel est le suivant : on doit honorer ceux qui craignent Dieu avec<br />

sincérité. Nos Sages enseignent à ce sujet : « Pour ce qui dépend du cœur, il est dit : « Tu<br />

craindras ton Dieu » (Kidouchin. 32b). C’est en effet là (dans le cœur) que réside<br />

l’essentiel de l’honneur, comme il est écrit : « ne m'honore que des lèvres, et tient son<br />

cœur éloigné de moi » (Isaïe 29:13).<br />

8- En ramenant la Gloire à sa source, c'est-à-dire à la Crainte, comme nous l'avons vu, les<br />

carences (présentes) dans la Crainte se trouvent réparées. On mérite alors la « paix ».<br />

Il existe deux sortes de paix. D’une part, la paix (intérieure) « dans ses os », car l’homme<br />

doit d’abord s'inquiéter que la paix repose dans ses os. Parfois, il n'y a pas de paix,<br />

comme il est écrit : « Il n’y a pas de paix dans mes os du fait de ma faute » (Ps. 38:4). Mais<br />

par la crainte, il mérite la paix dans ses os, comme le mentionne le Zohar (Yitro 79a) : «<br />

Là où il y a la crainte, il y a la plénitude (la paix) : « Car rien ne fait défaut à ceux qui Le<br />

craignent » (Ps 34:10).<br />

Lorsque la paix réside dans les os, on peut prier. Car la prière dépend principalement de<br />

la crainte, comme y fait allusion : « La femme qui craint l'Eternel est seule digne de<br />

louanges (prières) » (Prov. 31:30). (Nous savons que) la prière se substitue aux<br />

sacrifices, (et nous voyons qu') il est dit au sujet des sacrifices : « Tout sacrifice qui<br />

présentera un défaut ne sera pas apporté » (Vayikra 21:18). Cela implique que lorsqu’on<br />

est exempt de défaut, (puisqu'on est) relié à « Là où il y a la crainte », on peut donc<br />

s’approcher afin d’effectuer un culte (prière) parfait.<br />

C’est <strong>pour</strong>quoi il est écrit : « Et ‘Hanna parlait en son cœur » (Samuel I, 1:13), car grâce à<br />

la crainte, elle méritait (d'effectuer) une prière (parfaite). Or, nous l’avons vu, la crainte<br />

se trouve essentiellement dans le cœur.<br />

De plus, grâce à la prière, on obtient la paix générale, c’est-à-dire la plénitude des<br />

mondes. C’est en cela que la prière est appelée « KoRBane/sacrifice » dans le sens de<br />

rapprochement/KéRouV des mondes vers leur perfection.<br />

9- C’est ce dont parle Rabah bar bar ‘Hanna :<br />

165


« Ce marchand me dit : « Viens, je te montrerai où s’accolent la terre et le ciel ». J'y<br />

suis allé, et je vis (un endroit) formé de nombreuses fenêtres. Je pris mon panier,<br />

et le déposai sur une fenêtre céleste. Après avoir fini de prier, je voulus prendre<br />

(mon panier) mais je ne l'ai pas retrouvé. Je lui ai dit : « Y aurait-il des voleurs<br />

ici ? » Il me répondit : « C'est la sphère du firmament qui a tourné. Attends jusqu’à<br />

demain à la même heure, et tu le retrouveras » (Baba Batra 74a).<br />

Rachbam<br />

Où s’accolent la terre et le ciel. Il y avait là-bas un lieu élevé, où ils sont accolés l'une à<br />

l'autre. Ce n’était pas l’extrémité de l’univers, puisque sa dimension est celle d'une<br />

marche de cinq cents ans. De plus, la Terre d’Israël, où se trouvait Rabah bar bar ‘Hanna,<br />

est au centre de l’univers comme il est écrit : « Qui résident au nombril de la terre »<br />

(Ezéchiel 38,12). Mon panier. Mon panier à pain. Qui a tourné. Comme il est enseigné<br />

dans (le traité) Pessa'him : « C’est la sphère du firmament qui tourne, et les<br />

constellations qui sont fixes». (Pessa’him 94b).<br />

« Où s’accolent la terre et le ciel ». Il s’agit de la notion de « paix dans les os ». « La<br />

terre » correspond au corps. « Le ciel » correspond à l’âme, comme il est écrit : «Il<br />

adresse son appel aux cieux, etc. » (Ps. 50 :4) – il s'agit de l’âme, « … et à la terre » – il<br />

s'agit du corps » (Sanh. 91b). Et lorsque la paix règne entre eux :<br />

« Formé de nombreuses fenêtres ». Grâce à (cette paix), s'effectue la prière, comme<br />

nous l'avons dit. (Les fenêtres) correspondent à : « Des fenêtres ouvertes à l'étage »<br />

(Daniel 6:11).<br />

« Je pris mon panier, et le déposai sur une fenêtre céleste ». Le panier symbolise la<br />

subsistance, comme dans: « Celui qui a du pain dans son panier » (Yoma, 74b). Cela<br />

signifie qu'il ne voulait pas s'occuper des affaires de ce monde, mais exclusivement des<br />

progrès de son âme. Même ses prières avaient <strong>pour</strong> seule finalité de connecter son âme.<br />

Même les prières concernant spécifiquement les besoins corporels, telles que « Guérisnous<br />

» ou « Bénis-nous », et autres besoins matériels, Rabah bar bar ‘Hanna ne les<br />

récitait pas dans l'intention des besoins du corps. (Il les prononçait) uniquement <strong>pour</strong><br />

les besoins de son âme. Il y plaçait son intention <strong>pour</strong> la subsistance de son âme et <strong>pour</strong><br />

sa guérison.<br />

166


Et dès lors, « Je pris mon panier, et le déposai sur une fenêtre céleste ». Il prit la<br />

prière instituée <strong>pour</strong> les besoins matériels, et la « déposa » dans la prière, de sorte<br />

qu'elle était entièrement (dédiée) aux besoins de son âme. (Il croyait) en effet, qu'en<br />

perfectionnant en Haut la dimension spirituelle, du même coup, la dimension matérielle<br />

s'en trouverait réparée.<br />

« Après avoir prié ma prière et ne pas l'avoir retrouvé. » Cela signifie qu’après (la<br />

prière), il ne trouva pas suffisamment de subsistance. Malgré son intervention dans le<br />

domaine spirituel et les rectifications qu'il y a effectuées, il ne reçut pas d’abondance<br />

matérielle.<br />

Il demanda donc : « Y aurait-il des voleurs ici ? » qui auraient dérobé l'abondance (à<br />

laquelle j'aspire) ?<br />

Il lui répondit : « C'est la sphère/GaLGaLa du firmament qui a tourné ». Il s'agit (du<br />

cycle) de réincarnation/GuiLGouL des âmes qui est à l’origine de ce manque<br />

d’abondance chez le Juste. Il est rapporté de même à propos de Rabbi Pedath (qui s'était<br />

plaint à Dieu de son état de dénuement) : « Si tu le désires, je <strong>pour</strong>rai détruire le monde et<br />

peut-être que tu naîtras à un moment propice à la subsistance » (Ta'anit 25a ; Tikounim,<br />

100b).<br />

C’est ce dont il s'agit dans le verset : « Tu feras des compartiments/Kinim <strong>pour</strong> l’arche »<br />

(Berechit, 6:14), que le Midrach interprète : « Tout comme les oiseaux offerts en<br />

sacrifices/Kinim permettent la purification du lépreux, de même l'arche/TeVaH te<br />

purifiera » (Berechit Raba, 31:9). En effet, le lépreux représente « l'agitateur qui<br />

provoque la division entre amis » (Prov. 16:28), celui qui sème la discorde entre un<br />

homme et sa femme (Zohar Vayikra 16b). C’est <strong>pour</strong>quoi « Il demeurera isolé » (Vayikra,<br />

13:46). Et tous comme les oiseaux le purifient, ton arche/TeVaH ou la TeVaH (parole) de<br />

la prière – répare la discorde et établit la paix globale, la paix de tous les mondes. C’est la<br />

raison <strong>pour</strong> laquelle la prière (de la Amida) s’achève par la (bénédiction <strong>pour</strong> la) paix.<br />

10- C’est là l’explication du verset : « Sonnez/TiK'ou, etc. », au sens de paix, comme il est<br />

écrit : « Je le planterai/TKa'tiv, comme un clou, en lieu sûr » (Isaïe 22:23. Ce verset fait<br />

allusion à la paix qui règnera dans les temps à venir).<br />

167


« … le Chofar à la nouvelle lune ». Il s'agit du renouvellement de la Gloire, de<br />

l’élévation de Son Honneur qui résulte du rapprochement des convertis et des repentis.<br />

« Au jour fixé/KeSSE ». Il s'agit de la notion de Crainte, qui se trouve à la racine de la<br />

Gloire. Ce terme, KeSSE, s'entend en effet aussi au sens de caché/hitKaSSiA, et (parce<br />

que la crainte vient du cœur,) cela correspond à : «Pour ce qui dépend du cœur, il est<br />

dit : « Tu craindras ton Dieu » (Kidouchin. 32b). Il s'agit bien des choses cachées du<br />

regard de tous.<br />

« Au jour » renvoie à la notion de paix du foyer. Le jour est en effet, lié à la lumière,<br />

comme il est écrit : « Dieu appela la lumière, jour » (Genèse 1:5). Et la lumière représente<br />

la paix du foyer, comme nos Sages, de mémoire bénie, l’ont enseigné : « Les bougies de<br />

Chabat priment sur le Kidouch du jour » (Chabat 23). C'est qu'en effet, la paix du foyer<br />

passe avant tout.<br />

« Notre solennité » se réfère à la prière, au culte, ainsi que l’affirment nos<br />

maîtres : « Pour quelle raison le passage concernant l’idolâtrie est juxtaposé à celui<br />

traitant des fêtes ? Afin de nous enseigner que celui qui néglige les fêtes est considéré<br />

comme un idolâtre. » (Pessa’him 118a). On peut en déduire (à l'inverse,) que respecter<br />

les fêtes symbolisent le service divin parfait et nous savons que le « service divin n’est<br />

rien d’autre que la prière » (Sifré Ekev 102 ; Berechit Raba 33). La prière a donc <strong>pour</strong><br />

conséquence la paix globale, comme nous l'avons vu.<br />

Par conséquent, ceux qui souhaitent attirer (dans ce monde) la paix globale (universelle)<br />

doivent faire remonter la Gloire vers sa source qui est la Crainte. Cette crainte fait<br />

mériter la paix du foyer. Et grâce à la paix du foyer on obtient le mérite de prier<br />

(convenablement). (Et enfin,) grâce à la prière, on mérite (de recevoir) la paix globale.<br />

11- Cette Torah s'applique aux versets suivants : « L'Eternel est bon <strong>pour</strong> tous, et Sa<br />

miséricorde s'étend à toutes Ses œuvres, etc… » (Ps. 145:9 et suivant).<br />

« Dieu est bon <strong>pour</strong> tous » nous renvoie à la notion de prière. (Cette dernière découle de)<br />

la croyance en l'Eternel, (de la foi) que le Saint béni soit-Il, est bon <strong>pour</strong> tout (et avec<br />

tous), autant <strong>pour</strong> guérir que <strong>pour</strong> (recevoir notre) subsistance matérielle et <strong>pour</strong> tout<br />

autre besoin. Doté de cette foi, l’essentiel de nos efforts nous portera certainement à<br />

nous rapprocher du Saint béni soit-Il, plutôt que (de nous perdre en stratégies et à) la<br />

168


echerche de ruses. En effet, celui qui ne croit pas au Saint béni soit-Il est toujours en<br />

quête de manœuvres (visant à guérir par ses propres moyens). Par exemple, s’il a besoin<br />

de guérir, il cherchera parmi les plantes thérapeutiques. Ces plantes, parfois, ne seront<br />

pas disponibles dans son pays, et celles qui sont disponibles ne conviendront pas <strong>pour</strong><br />

sa maladie. (A l'inverse,) le Saint béni soit-Il « est bon <strong>pour</strong> guérir toutes les maladies et<br />

Il est toujours disponible, ainsi qu’il est écrit : « Qui est (etc.) comme l’Éternel notre Dieu,<br />

dans tous nos appels vers Lui ?» (Dévarim, 4:7).<br />

Ensuite, par la prière, on mérite (de recevoir) la paix globale. Tel est le sens de « et Sa<br />

miséricorde s'étend à toutes Ses œuvres ». En d’autres termes, la miséricorde divine<br />

descendra sur toutes les créatures et toutes les créatures éprouveront de la miséricorde<br />

les unes envers les autres, de telle sorte que la paix règnera entre elles. Il est écrit à ce<br />

sujet : « Le loup résidera avec l'agneau, la panthère avec le chevreau etc. ils ne feront ni<br />

mal ni violence » (Isaïe 11:6-9), car la paix résidera entre eux. C’est cela qu'implique « et<br />

Sa miséricorde s’étend à toutes Ses œuvres », tel que cela a été enseigné par nos Sages<br />

(Chabat 151b) : « Celui qui prend les créatures en pitié sera pris en pitié par le Ciel »,<br />

comme le dit le verset (Dévarim, 13:18) : « Il t’accordera miséricorde et te prendra en<br />

pitié ».<br />

Le verset suivant explique comment parvenir à une prière (digne de ce nom) : par la paix<br />

du foyer s’exercera la paix dans ses os, entre son corps et son âme, comme nous l’avons<br />

vu.<br />

C’est ce que signifie : « Toutes tes œuvres/ma’ASSékha te louent » qui correspond (au<br />

monde de) 'ASSiyah, c'est-à-dire au corps.<br />

« Et tes fidèles Te béniront ». « Tes fidèles/’HaSSiDékha », se rapporte à l’âme, comme il<br />

est écrit : « Celui qui fait du bien à son âme est un homme de bonté/’HeSSeD.» (Prov.<br />

11:17).<br />

Le verset suivant explique comment parvenir à la paix du foyer : en élevant la Gloire de<br />

Dieu, béni soit-Il, à sa source – la Crainte – appelée « Puissance ».<br />

Tel est le sens de « Ils invoqueront la Gloire de Ta Royauté », Sa Gloire se révélera et<br />

s'élèvera à sa source.<br />

169


Et ce dont il s'agit dans « Et diront Ta Puissance » : « Puissance » fait référence à la<br />

Crainte, comme l’ont at<strong>test</strong>é nos Sages de mémoire bénie : « Dieu fit en sorte qu'on Le<br />

craigne » (Kohélet 3,14) – Il s'agit du tonnerre. » (Bérakhot 59a). Il est écrit par<br />

ailleurs : « Et le tonnerre de Sa Puissance, qui <strong>pour</strong>rait le concevoir ? » (Job, 26:14).<br />

12- Ceci renvoie au commandement des bougies de ‘Hanouca qui doivent être allumées<br />

près de l’entrée de la maison (Ora'h 'Haïm 671,5).<br />

Le fait d'allumer des bougies est à rapprocher de la notion d’étincellement de la Gloire,<br />

comme dans le verset : « Et la terre s’illuminera de sa Gloire » (Ezéchiel, 43:2, voir plus<br />

haut chap. #2). C’est <strong>pour</strong>quoi, le commandement est d’allumer près de la porte de la<br />

maison. Il s'agit de la porte supérieure (la plus élevée), c'est-à-dire (la porte) de la<br />

Crainte. (Ce commandement consistant) à ramener la Gloire à sa racine, à la Crainte,<br />

comme nous l’avons vu.<br />

Et à quel moment la Gloire s’élève-t-elle (vers sa source, la crainte) ? Lorsque l'on amène<br />

des hommes au repentir, et que l'on suscite (le retour) des pénitents (juifs) et (la venue)<br />

de prosélytes. C’est là l’aspect essentiel de Sa Gloire, comme nous l'avons vu.<br />

C’est <strong>pour</strong>quoi l’heure de l’allumage des bougies de ‘Hanouca, qui est l’étincellement de<br />

Sa Gloire, commence « à partir de la sortie des étoiles, jusqu’à ce que disparaissent du<br />

marché les pas des passants » (Chabat 21b ; Choul’hane Aroukh, 672).<br />

« La sortie des étoiles » correspond à : « Ceux qui auront dirigé la multitude dans le droit<br />

chemin, comme les étoiles » (Daniel 12:3). Ceux qui dirigent la multitude sur le droit<br />

chemin sont ceux qui suscitent pénitents et convertis. Grace à eux, Sa Gloire luit et<br />

réintègre sa racine, la crainte. Cela fait mériter la paix et annule la discorde, comme nous<br />

l'avons vu.<br />

C'est ce à quoi se réfère : « Jusqu’à ce que disparaissent du marché les pas des passants »<br />

[le marché signifie le lieu (des forces) de l'extérieur]. « Les pas/RéGUéL », correspondent<br />

à « l'agitateur qui provoque la division entre amis » (Prov. 16:28) dont nous avons parlé.<br />

Autrement dit, il s'agit des médisants et des provocateurs de zizanies, qui marchent,<br />

espionnent/meRaGUeLim, colportent et tiennent des propos calomnieux, suscitant des<br />

170


querelles entre les hommes et entre le mari et son épouse, ce à quoi fait allusion le<br />

verset : « qui n’ait pas de calomnie/RaGaL sur la langue » (Ps.. 15:3).<br />

C'est <strong>pour</strong> cela qu'il convient d’éclairer et d'allumer les lumières de ‘Hanouca près de la<br />

porte d’entrée, c’est-à-dire d'illuminer la Gloire et de la ramener à sa racine – la crainte –<br />

jusqu’à mériter la paix, à annuler et à faire disparaître l'agitateur qui provoque la division<br />

entre amis. Telle est donc la signification de « Jusqu’à ce que disparaissent du marché les<br />

pas/RéGueL, des passants » : Que disparaissent les médisants et autres colporteurs, qui<br />

ont la calomnie/RaGaL sur leur langue, et que la paix dans le monde se multiplie.<br />

Grâce à la paix on mérite une (vraie) prière. Cette dernière permet de mériter la paix<br />

globale, la paix dans tous les mondes. Dès lors que l’on parvient à la paix générale, toutes<br />

les transactions commerciales disparaissent de ce monde. En effet, toutes les<br />

transactions commerciales sont la conséquence d'une absence de paix. Il est en effet<br />

impossible que la volonté du vendeur et celle de l’acheteur soient identiques. L'un veut<br />

vendre et l'autre veut acheter. La (parfaite) similitude de leurs volontés rendrait toute<br />

transaction inconcevable.<br />

Il en ressort que toutes les transactions et tout commerce ne sont effectués qu’en vertu<br />

de la notion de divergence (d'intérêt) puisque la paix ne règne pas entre les volontés.<br />

Cette notion est évoquée dans : « Il y eut une dispute entre les bergers des troupeaux<br />

d'Avraham et les bergers des troupeaux de Lot, le Cananéen était alors sur la terre » (Bér.<br />

13:9). « Le Cananéen » fait allusion au marchand, comme l’explique Rachi au verset : « Le<br />

Cananéen manie des balances frauduleuses » (Osée 12:8). En d'autres termes, les<br />

dimensions de discorde et de querelle, auxquelles il est fait allusion dans : « Il y eut une<br />

dispute etc. » entraînent : « Et le Cananéen était alors sur la terre » – Cela implique la<br />

présence de commerçants et d'activités commerciales dans le monde.<br />

Mais dans les temps futurs, lorsque règnera une paix merveilleuse dans le monde, dont il<br />

est dit : « Le loup résidera avec l'agneau, la panthère avec le chevreau », alors toute<br />

activité commerciale cessera, de même : « Il n’y aura plus de Cananéen » (Zékharia<br />

14:21).<br />

C'est également ce que signifie : « Jusqu’à ce que disparaissent du marché les pas des<br />

passants ». Le commandement qui consiste à allumer les bougies de ‘Hanouca jusqu’à ce<br />

que les gens ne se promènent plus au marché fait référence à la paix qui se réalisera avec<br />

171


le retour de la Gloire. (Cette paix) ira jusqu’à annuler toute transaction, comme cela a<br />

déjà été expliqué. Voilà <strong>pour</strong>quoi «Jusqu’à ce que disparaissent du marché les pas des<br />

passants », (signifie) qu’il ne restera pas le moindre pas/RéGUéL dans le marché puisque<br />

aura disparu toute transaction commerciale, grâce à la paix, comme nous l’avons vu.<br />

13- [Relatif à ce qui apparaît plus haut] (chapitre #6). « L’honneur de Dieu remonte à sa<br />

source dans la mesure où l’homme respecte ceux qui craignent Dieu. Aussi longtemps<br />

que la Gloire restera en exil, chacun à son niveau, méprisera ceux qui craignent Dieu,<br />

alors que dans la mesure où elle est rectifiée, il honore ceux qui craignent Dieu… »<br />

Grâce à cela (en fonction de l'honneur qui est accordé) en honorant ceux qui craignent<br />

Dieu, (on œuvre) au retour de la Gloire vers sa racine, c'est-à-dire vers la crainte, on<br />

mérite (de recevoir) la paix, comme cela a été expliqué dans le détail.<br />

C'est ce qu'ont enseigné nos Sages de mémoire bénie : « Aucune guérison <strong>pour</strong> la maladie<br />

de celui qui offense un érudit en Torah » (Chabat 119b). En effet, celui qui offense un Sage<br />

de la Torah et méprise ceux qui craignent Dieu, porte atteinte à la Gloire qu’il ne ramène<br />

pas à sa racine. En cela, il ne mérite pas la paix. C’est <strong>pour</strong>quoi il n’y a aucune guérison<br />

<strong>pour</strong> sa maladie. Toutes les maladies proviennent en effet du principe de « discorde » et<br />

représentent (elles-mêmes) la discorde, dans la mesure où la paix est absente dans ses<br />

os. Les (différents) éléments (qui le constituent) se heurtent l’un à l’autre et ne se<br />

comportent pas de manière paisible et équilibrée. C’est de là que vient la maladie,<br />

comme nous le savons.<br />

Par conséquent, lorsque l’homme offense un Sage de la Torah et porte atteinte à la paix,<br />

il ne peut alors y avoir de guérison <strong>pour</strong> son mal puisque la guérison s'effectue<br />

essentiellement grâce à la paix comme nous l'avons dit. Cette dimension est celle<br />

de : « Paix, paix, <strong>pour</strong> qui est loin et <strong>pour</strong> qui est proche. Je le guérirai, a dit l'Éternel »<br />

(Isaïe, 57:19).<br />

[Lorsqu' il enseigna cette Torah, Rabénou, de mémoire bénie, rappela les paroles de nos<br />

Sages de mémoire bénie : « On ne prononce pas d’éloge funèbre durant ‘Hanouca »<br />

(Chabat 21b, et Choul'han Aroukh 670), mais je ne me souviens pas de ce qu’il avait<br />

expliqué sur ce point. (Il me semble, à mon humble avis, que l’éloge funèbre a <strong>pour</strong><br />

finalité de remédier à la disparition de la Gloire divine. Celle-ci est endommagée par la<br />

disparition du Juste qui avait l’habitude de perfectionner la multitude, ce qui représente,<br />

172


comme nous l'avons vu, l'essentiel de l’étincellement de la Gloire. Nos maîtres, de<br />

mémoire bénie en débattent par ailleurs : « L’oraison funèbre est-elle la gloire des vivants<br />

ou celle des défunts ?» (Sanh. 46b). Voilà <strong>pour</strong>quoi on ne prononce pas d'oraison funèbre<br />

durant ‘Hanouca, puisque la Gloire resplendit alors grâce à la bougie de ‘Hanouca,<br />

comme susmentionné).]<br />

[Relatif à ce qui apparaît plus haut] (Chapitres 2 et 5). Il s'agit du verset (Prov.<br />

15:33) : « L’humilité précède la gloire » car c’est l’humilité qui fait mériter la gloire. Il a<br />

été vu plus haut que la Gloire s’élève essentiellement par (la venue et le retour) des<br />

convertis et des repentants que l’on a pu susciter. On ne le mérite qu’en vertu de la Torah<br />

de Bonté, etc. Mais personne ne peut mériter la Torah autrement que par l'humilité etc.<br />

comme cela a (déjà) été expliqué. Il est par conséquent impossible de mériter la gloire de<br />

la sainteté autrement que par l'humilité. Telle est la signification de « L’humilité précède<br />

l’honneur », comme nous l'avons vu.<br />

Le fondement de (tout) cet enseignement repose sur cinq principes : mener la Gloire vers<br />

la Crainte (sa source) ; (ramener) la Crainte dans le cœur ; (amener) une paix totale<br />

(dans le monde) ; (ramener) la paix (intérieure) en la personne ; et amener les êtres<br />

humains au repentir, en référence à : « Si tu extrais ce qu'il y a de précieux/YaKaR de ce<br />

qui est méprisable » (Jérémie, 15:19), comme nous l'avons vu. Cela (constitue) la<br />

réparation de l’émission de semence en vain/KéRY, les mêmes lettres formant ces deux<br />

mots.<br />

TORAH 15<br />

Selon le manuscrit de Rabénou.<br />

« Et vous serez <strong>pour</strong> Moi un royaume de prêtres etc. » (Chémot 19:6)<br />

1- L'homme qui désire goûter à la lumière enfouie, c'est-à-dire aux secrets de la Torah<br />

qui se révèleront dans les temps futurs, (cet homme) doit faire remonter la vertu de la<br />

Crainte à sa source.<br />

173


2- Et comment élève-t-on la Crainte ? Grâce au jugement, ainsi qu’il est écrit : « Un roi<br />

affermit une Terre par la justice » (Prov. 29:4). La « Terre » correspond à la Crainte,<br />

comme dans: « La terre s’effraya (crainte) » (Ps. 76:9). En d’autres termes, l’homme doit<br />

juger tous ses actes comme il est écrit : « et il règle ses affaires avec justice » (Ps. 112:5).<br />

Cela signifie que l'on doit se juger et évaluer toutes ses actions.<br />

En agissant ainsi, on écarte de soi toutes les peurs. L'aspect pur et sain de la crainte se<br />

renforce alors, jusqu'à ce qu'il ne reste aucune autre crainte que celle de Dieu.<br />

En effet, lorsque l’homme ne s’évalue pas et ne se juge pas lui-même, on l’observe et on<br />

le juge en Haut, car « lorsqu’il n’y a pas de jugement en bas, il y en a un en haut »<br />

(Devarim Raba, 5:4). Et lorsque l'homme est jugé en haut, ce jugement peut s'habiller de<br />

toute chose, (il peut se manifester sous n'importe quelle forme) et toutes les choses<br />

deviennent des agents de Dieu (exécutants de Sa justice), mettant en œuvre « l'arrêt<br />

consigné par écrit » (Ps. 149,9) contre cet homme. Nos Sages, de mémoire bénie, l'ont<br />

at<strong>test</strong>é (dans Nédarim 41a, sur le verset Ps. 119:91) : « Ils se tiennent devant Tes<br />

Jugements etc. (Ils sont passibles de jugement), …ils sont tous Tes serviteurs » (toute<br />

chose peut servir) <strong>pour</strong> accomplir Sa justice contre cette personne.<br />

En revanche, si l'on se juge soi-même, un jugement ayant eu lieu en bas, il n’est (par<br />

conséquent, pas nécessaire) d'être jugé en Haut. S'étant éveillé de lui-même, il n'est pas<br />

nécessaire que la crainte se manifeste au moyen d'autre chose, (la crainte ayant en effet)<br />

<strong>pour</strong> fin d'éveiller l’homme.<br />

C'est ainsi (que l'on peut comprendre) : « Quiconque dirige/SaM avec soin sa conduite »<br />

(Ps. 50 :23), (il est question de) celui qui évalue/CHaM ses voies [selon l'exégèse de nos<br />

Maîtres, de mémoire bénie, dans Sota, 5b]. (Cela désigne la personne) qui juge son<br />

propre comportement, comme dans : « Telles sont les jugements que tu placeras/taSiM »<br />

(Chémot 21:1). Grâce à cela (c'est-à-dire, s'il se juge lui-même, s'applique alors la suite<br />

du verset) : « Je lui ferai contempler le salut de l’Eternel » Ps. 50 :23. Il y est question de la<br />

notion de Crainte, comme il est écrit: « Crains l’Eternel » (Kohélet 12:13).<br />

Autrement dit, (en agissant ainsi, en se jugeant soi-même et en réservant sa peur<br />

uniquement <strong>pour</strong> Dieu,) la notion de Crainte (se libère et peut) s'élever (se dégager de<br />

l'emprise) de l’écorce (des forces du mal) et des nations grâce au jugement. En effet, la<br />

Crainte s'était initialement habillée de l'écorce. C'est le cas d'un homme qui est effrayé<br />

174


par une chose quelconque, comme la peur d’un haut fonctionnaire, la peur des voleurs<br />

ou autres angoisses. En réalité, c'est la Crainte qui s’habille de la chose qui lui fait peur.<br />

Et si la Crainte ne s'était pas revêtue de ces choses, ces dernières n’auraient aucun<br />

moyen d'effrayer un homme.<br />

3- La source de la crainte se situe dans la Connaissance, comme il est écrit dans le Ets<br />

‘Haïm : « MaNTSePaKh se situe dans la Connaissance de Zéer Anpine, comme il est<br />

écrit : « Alors tu comprendras la crainte de l'Éternel et tu atteindras la connaissance de<br />

Dieu » (Prov. 2:5) » (Chaar Roch Hachana 2).<br />

L'essentiel de la Connaissance se trouve dans le cœur, comme il est écrit : « Et Il ne vous<br />

a pas donné un cœur <strong>pour</strong> connaître » (Dévarim 29:3). Et l'essentiel de la Crainte s'y<br />

trouve aussi (dans le cœur), comme l’ont révélé nos maîtres de mémoire<br />

bénie : « Lorsqu’une chose relève du cœur, il est écrit à son sujet : « Et tu craindras ton Dieu<br />

» (Kidouchin 32b). En d’autres termes, il faut connaître Celui qui inspire la (véritable)<br />

crainte, autrement dit (il faut) : « Craindre ce Nom glorieux », ce qui correspond à la<br />

crainte de Sa Grandeur (Messilat Yecharim 24).<br />

4- Puis, lorsque l’on parvient au niveau de la Connaissance, on mérite (d'atteindre) la<br />

perception (connaissance) de la Torah, comme il est écrit : « Je suis la sagesse, j'habite<br />

dans l'intelligence » (Prov. 8:12). Cela signifie que la Torah réside chez celui qui est doté<br />

de Connaissance, comme il est écrit (Daniel 2:21) : « C'est Lui… qui prodigue la sagesse<br />

aux Sages (et la science à ceux qui savent comprendre) ».<br />

La Torah possède deux dimensions : une dimension révélée et une cachée. La dimension<br />

cachée ne sera accessible qu’aux temps futurs (Zohar III,152a). Cependant, même en ce<br />

monde, l'aspect caché (ésotérique) de la Torah peut être perçu par une prière exprimée<br />

avec le don de soi (de toute son âme). Par la Torah révélée, on peut mériter une telle<br />

prière. La Torah révélée, évoque en effet le « Sinaï » comme l’ont enseigné nos maîtres<br />

de mémoire bénie. : « Lequel d'entre eux est préférable, « Sinaï » ou « Déracineur de<br />

montagnes » ? On répond : « Sinaï » est préférable, car tout le monde a besoin de<br />

marchands de céréales » (Brakhot 64a ; Horayot 14a). En effet, tout le monde a besoin de<br />

la partie « révélée » de la Torah, tandis que l’aspect « caché » de la Torah est réservé à<br />

une minorité (Zohar 3, 73a).<br />

De plus, les notions de Sinaï et d’humilité sont apparentées, comme l’ont enseigné nos<br />

Sages, de mémoire bénie : « Le Saint béni soit-Il a disqualifié toutes les autres<br />

175


montagnes, et a donné la Torah au Mont Sinaï (Sota 5a, la plus petite et la plus humble<br />

parmi les montagnes) ». Nos Sages, de mémoire bénie (dans Sota 5b) ont ajouté : « La<br />

prière de l'humble ne saurait être rejetée, comme il est écrit (Ps. 51:19) : « Un cœur brisé,<br />

etc. Tu ne le dédaignes pas ». Une prière effectuée avec abnégation, (au point) d'annuler<br />

toute conscience physique, transcende toute limite. C'est précisément l'absence de<br />

limites qui permet de percevoir la Torah du futur, elle aussi est infinie et ne saurait être<br />

circonscrite à de quelconques limites.<br />

5- Voici les paroles de Rabah bar bar ‘Hanna : « Je vis cette grenouille, qui était<br />

comme la ville de Hagrounia. Quelle est la dimension de la ville de Hagrounia ?<br />

Soixante maisons. Un serpent apparut et l’avala. Un corbeau arriva, avala le<br />

serpent, puis s’envola <strong>pour</strong> aller se percher sur un arbre. Vois comme est grand le<br />

pouvoir de cet arbre ! Rav Papa bar Chmouel dit : "Si je ne m’y étais pas trouvé, je<br />

ne l'aurais pas cru !" ». (Baba Batra 73b).<br />

Rachbam<br />

Grenouille. Tséphardé’a (en hébreu). Comme la ville de Hagrounia. Aussi grande que<br />

cette ville. Quelle est la dimension de la ville de Hagrounia ? Soixante maisons. C’est<br />

le Talmud qui intervient ici. Un serpent apparut. C’est (la suite des) paroles de<br />

Rabba. Corbeau. Un corbeau femelle. Sur un arbre. Sur une branche, selon l'habitude<br />

des oiseaux. Je ne l'aurais pas cru. Je n’aurais pas cru.<br />

Rabénou Chmouel explique : Grenouille (en hébreu). Il s'agit de l'élévation (le retour) de<br />

la Crainte jusqu’à sa source, qui est la Connaissance : le terme<br />

« grenouille/TSéPHaRDé'A » peut se décomposer en TSiPoR/Oiseau et<br />

Dé'A/Connaissance (Tana Debé Eliyahou Raba 1:7). « Oiseau » correspond à la Crainte<br />

(voir plus bas). Il correspond également à la notion de Terre, comme il est écrit : « Du<br />

coin de la terre, nous entendons des cantiques » (Isaïe 24:16). (Voici maintenant le lien<br />

entre l'oiseau et la Crainte :) « Qui sont ceux-ci/MI ELéH etc. » dont les lettres forment le<br />

Nom ELoHIM, « … qui volent tel un nuage » (Isaïe 60 :8). La Connaissance étant la source<br />

de la Crainte.<br />

176


« Comme la ville de Hagrounia/aKRA déhaGROUNia » qui ressemble phonétiquement<br />

à : « KéRA béGaRON/Cri à pleine gorge » (Isaïe, 58:1). Il est fait référence ici à la Torah<br />

révélée, comme l’enseignent nos Maîtres de mémoire bénie : « Pour ceux qui les font<br />

sortir de leurs bouches » (Erouvin 54a). En effet, (il nous est montré ici que) la Crainte<br />

élevée au niveau de la Connaissance permet de mériter la Torah « révélée ».<br />

« Quelle est la dimension de la ville de Hagrounia ? Soixante maisons ». Allusion à la<br />

prière. En effet, lorsque nous invoquons le Saint béni soit-Il (nous le faisons en utilisant)<br />

des attributs (des qualités) humaines. Et Il se trouve avec nous « chaque fois que nous<br />

L’invoquons » (Dévarim 4,7). Il s'agit là d'un effet de la bonté divine. En effet, n'était-ce<br />

l'effet de la Bonté divine, il n’aurait servi à rien d’invoquer Dieu béni soit-Il, ni de Lui<br />

attribuer des qualités au moyen de quelconques attributs ou louanges, aucun mot ni<br />

(même aucune) lettre (ne peuvent le qualifier). Mais tout cela n’est que l’effet de la<br />

Bonté de Dieu, béni soit-Il. C'est la signification des « soixante maisons » qui se réfèrent<br />

à la dimension de Bonté, dimension d'Avraham, comme il est écrit : « Les reines sont au<br />

nombre de soixante» (Cantique 6:8), que Rachi explique comme se référant à Avraham<br />

(les soixante maisons royales des descendants d'Avraham). « Maisons » fait allusion aux<br />

maisons royales.<br />

C'est de cela dont il s'agit dans : « Soutenez-moi, par des lanternes noircies » (Cantique,<br />

2:5). Tout comme l’on interpose du verre noirci face à une lumière forte <strong>pour</strong> regarder<br />

cette lumière forte au travers du verre, de même Dieu a-t-Il décidé de nous soutenir<br />

(lorsque nous l'invoquons) au travers de certains attributs et de certaines paroles de<br />

louanges. Le terme « Soutenez-moi/SaMeKHouni » renvoie à la lettre SaMeKH (de valeur<br />

numérique 60), liée à « Les reines sont au nombre de soixante », de l'ordre d’Avraham, qui<br />

correspond aux soixante maisons.<br />

« Un serpent apparut et l’avala ». Ce serpent fait allusion au Serpent (de la Genèse). Ce<br />

dernier incite l’homme à prier <strong>pour</strong> un intérêt, comme : «Donne-nous vie et<br />

subsistance » (Tikounim, 22a), ou <strong>pour</strong> tout autre bénéfice personnel.<br />

« Un corbeau arriva, avala le serpent ». Rabénou Chmouel explique qu’il s’agit d’un<br />

corbeau. Nos Sages, de mémoire bénie, rappellent que : « La Torah se trouve chez « celui<br />

qui assombrit son visage comme un corbeau » et chez « celui qui se montre cruel envers ses<br />

enfants, comme le corbeau » (Erouvin 22a). Il est question ici de celui qui prie sans la<br />

177


moindre attention <strong>pour</strong> son intérêt personnel, qui se considère comme inexistant, qui<br />

annule totalement son existence et sa corporéité, et qui s’efface comme s’il ne faisait plus<br />

partie de ce monde. Il est écrit à ce sujet : « Pour Toi, nous subissons chaque jour la mort »<br />

(Ps. 44:23). C'est cela la dimension « noires comme le corbeau » (Cantique 5,11).<br />

« Puis s’envola <strong>pour</strong> aller se percher sur un arbre ». Parce qu'il mérite le niveau<br />

« Torah cachée », comme il est écrit : « Des ténèbres, Il fait Sa cachette » (Ps. 18:12). Ce<br />

verset veut dire que l’homme accède aux recoins cachés de la Torah grâce à l’obscurité,<br />

par abnégation, allant jusqu'à « s'assombrir le visage comme le noir du corbeau ». Ces<br />

recoins cachés (Torah cachée) sont évoqués par l'obscurité du fait de leur profondeur.<br />

C'est de cela qu'il s'agit : « Puis s’envola <strong>pour</strong> aller se percher sur un arbre », là où se<br />

trouve la demeure des âmes, comme il est écrit : « Toutes les âmes émanent du Grand<br />

Arbre » (Zohar II 99a). (La notion d'arbre) évoque le monde futur, là où se trouve la<br />

longévité, comme il est écrit: « Les jours de Mon peuple seront comme les jours de l'arbre »<br />

(Isaïe 65:22). Cela se mérite grâce à la prière, car le Saint béni soit-Il désire vivement la<br />

prière d’Israël (voir Houlin 60b).<br />

Ainsi, lorsqu'Israël prie face à Lui et comble Ses désirs, Il devient, si l’on peut s’exprimer<br />

ainsi, « comparable » à une femme, dans le sens où Il reçoit de nous un plaisir, comme il<br />

est écrit : « C’est une offrande (IChéH), combustion d’odeur agréable à l'Éternel »<br />

(Bamidbar, 28:8.). (Ce verset signifie que) du fait de l’odeur agréable qu’Il reçoit, Il<br />

devient alors semblable à une femme. De plus, « La femme entourera l’homme » (Jérémie,<br />

31:21), (ce qui signifie que) le Saint béni soit-Il empruntera l'aspect du « vêtement<br />

révélé » (la Torah révélée). Ce qui revient à dire que ce qui était caché auparavant, Il le<br />

dévoilera grâce à la prière. Etant donné que le Saint béni soit-Il et la Torah ne font qu’un<br />

(Zohar III, 73a), la Torah et les secrets de la Torah se révèlent grâce a la prière.<br />

« Vois comme est grand le pouvoir de cet arbre ! ». C’est-à-dire à quel point est grand<br />

le pouvoir des secrets de la Torah qui ne peuvent s’habiller dans aucune chose limitée,<br />

dans aucun corps, mais uniquement chez celui qui assombrit son visage comme un<br />

corbeau et devient tel un corbeau vis-à-vis de ses enfants.<br />

6- (Tout ce processus) correspond (aussi) à : « Dieu fit acquisition de cinq choses dans<br />

Son monde. » (Maximes des Pères 6:10)<br />

« La Torah, une acquisition. » Renvoie à la Torah révélée.<br />

178


« Le Ciel et la Terre, une acquisition. » Renvoie à l’élévation de la Crainte vers la<br />

Connaissance. La Terre évoque la crainte, comme nous l’avons vu (chap. 2). Le Ciel<br />

correspond à la Connaissance, car la Connaissance consiste à lier (des notions entre<br />

elles), ainsi qu’il est écrit (Bér. 4:1, à propos de la relation entre Adam et Eve) : « Et<br />

l’homme connut ». Il s'agit de l'association du feu/ECh et de l'eau/MaYiM, qui forment<br />

"ciel/ChaMaYiM".<br />

« Avraham, une acquisition ». Il s'agit de la prière, de l'ordre des soixante maisons, et<br />

des « Soixante reines », comme nous l'avons vu (chap. 5).<br />

« Israël, une acquisition ». C'est le jugement, qui élève la Crainte, comme nous l'avons<br />

vu (chap. 2), et comme il est écrit : « Ses statuts et ses jugements <strong>pour</strong> Israël » (Ps.<br />

147:19).<br />

« Le Temple, une acquisition. » Il s'agit des secrets de la Torah que l’on mérite grâce à<br />

la prière symbolisée par Avraham. (Cette notion est évoquée dans :) « Cette montagne<br />

acquise par Sa droite » (Ps. 78:54). En effet, « Sa droite », le côté droit, se réfère à la<br />

prière et à Avraham. Par ailleurs, (le Temple) s'appelle «montagne » du fait de la<br />

profondeur de cette notion (la Torah cachée). (Le Temple) s'appelle « maison de<br />

sainteté » et comme tout ce qui se rapporte à la sainteté, il est associé à la notion de<br />

« prémices ». Sachant que Le Temple fait allusion aux secrets de la Torah : « Nul étranger<br />

ne consommera de chose sainte » (Vayikra 22,10), nul autre que Ses saints et que ceux<br />

qu'Il aura invités n'en consommera (les profondeurs de la Torah cachée ne seront<br />

accessibles qu'à eux).<br />

7- Et c'est ainsi que nous expliquerons le verset placé en introduction de cette<br />

enseignement : « Et vous serez <strong>pour</strong> Moi un royaume de prêtres (etc.) » (Chémot 19,6).<br />

Telles sont les paroles que tu diras aux Enfants d’Israël ».<br />

« Royaume » évoque la Torah révélée, car « Par Moi règnent des rois » (Prov. 8:15). La<br />

royauté correspond à ce qui est dévoilé, car « il ne saurait y avoir de roi sans peuple<br />

(<strong>pour</strong> le reconnaître) » (Pirké de Rabbi Eliezer, 3), le roi est nécessaire à tous, de même<br />

que tous ont besoin du marchand de céréales (voir chap. #4).<br />

179


« Prêtres » correspond à la prière, reliée à Avraham, comme nous l’avons vu. De même,<br />

nos Sages de mémoire bénie enseignent : « Le Saint béni soit-Il dit à Avraham : « Tu es<br />

prêtre <strong>pour</strong> l’éternité » (Ps. 110 :4) ». (Nedarim 32b).<br />

« Et un peuple saint » : correspond au Temple, à la Torah cachée, appelée « Sainte ».<br />

Grâce à quoi mérite-t-on (toutes) ces dimensions ? En élevant et en reliant la Crainte à la<br />

Connaissance, par l’intermédiaire du jugement, comme nous l'avons vu. C’est ce dont il<br />

s'agit dans (la suite du verset) : « Telles sont les paroles que tu diras ». C'est la Crainte<br />

qui est appelée « parole », car la faculté de parole s'y trouve essentiellement. Nos Sages,<br />

de mémoire bénie enseignent : « Les paroles de ceux qui craignent Dieu sont entendues »<br />

(Brakhot 6b). Et Moché correspond à la Connaissance. C’est le sens de « (Telles sont les<br />

paroles) que tu diras (aux enfants d'Israël) », (toi, Moché) précisément. Ainsi est-il écrit<br />

par ailleurs : « Lorsqu'ils auront une affaire, ils viennent à moi » (Chémot 18:16). Israël,<br />

qui représente le jugement (cf. plus haut), élève et relie [la Crainte] à la dimension de<br />

Moché, à la Connaissance.<br />

« (Que tu diras) aux enfants d’Israël », précisément. Ceux-ci relèvent en effet du<br />

jugement, comme il est écrit « Ses statuts et ses jugements <strong>pour</strong> Israël » (Ps. 147:19).<br />

Il en découle donc qu’en reliant la Crainte à la Connaissance, par le biais du jugement, on<br />

mérite (de recevoir) la Torah révélée. Grâce à la Torah révélée, on obtient le mérite de la<br />

prière. (Et enfin,) grâce à la prière, on mérite (de recevoir) les secrets de la Torah.<br />

« Lorsqu'ils auront une affaire/DaVaR, ils viennent à moi » (Chémot 18:16). Une affaire<br />

correspond à la Crainte, comme il est écrit : « C’est alors que ceux qui craignent l'Eternel<br />

parlèrent/NiDBéRou entre eux » (Malakhi, 3:16).<br />

8- Toute cet Enseignement est contenue dans le verset : « Mes yeux sont tournés vers<br />

les hommes loyaux (de la terre <strong>pour</strong> demeurer avec moi ; qui suit un chemin intègre,<br />

celui-là Me servira). » (Ps. 101:6).<br />

« Mes yeux ». Il s’agit de la Connaissance, comme il est écrit (à propos d'Adam et Eve<br />

après la consommation du fruit de l'arbre de la connaissance) : « Leurs yeux à tous deux<br />

se dessillèrent » (Bér. 3:7). De plus, la Connaissance englobe dix (combinaisons des)<br />

Tétragrammes, dont la valeur numérique (260), équivaut à deux fois celle le mot "œil"<br />

(2x130), comme nous le savons.<br />

180


« Vers les hommes loyaux », correspond à Aharon, comme le rapporte le Midrach<br />

Cho’her Tov. Aaron renvoie à la notion de jugement, ainsi qu’il est écrit : « Aharon portera<br />

le jugement des enfants d'Israël (sur sa poitrine) » (Chémot 28:30).<br />

« La terre » renvoie à la crainte (cf. plus haut).<br />

« Pour demeurer avec Moi » (suite du verset). Il s’agit du Sinaï, de l’humilité. « Je résiderai<br />

avec les humbles » (Isaïe 57:15), comme nous l'avons vu.<br />

« Qui suit un chemin intègre » : évoque la prière en rapport avec Avraham, à propos de<br />

qui il est écrit (dans les mêmes termes) : « Marche devant Moi et sois intègre » (Bér.<br />

17:1).<br />

« Celui-là, Me servira ». Il s'agit des secrets de la Torah. « Celui-là » renvoie au monde<br />

futur (Zohar 154b).<br />

Béni soit Celui qui a élu l'assemblée que nul ne peut dénombrer, qui nous a aidés jusqu'à<br />

présent à entendre de telles merveilles sur les paraboles de Rabah bar bar Hanna. Vois<br />

comme est grand le pouvoir de cet arbre ! Avec la permission du Roi Suprême, il fera<br />

monter devant vous en sacrifice journalier de beaux agneaux. Un grand bien est camouflé<br />

et dissimulé dans les contes saints de la Torah des hautes demeures. Ce sont les fruits des<br />

champs qui renferment des conseils saints qui proviennent de la Torah de l'Ancien<br />

Inaccessible. Allez voir les œuvres de l'Eternel, Son chemin merveilleux, oh combien grand<br />

et puissant est l'Arbre ! Sa cime atteint le ciel et scrute l'extrémité de toute terre, son fruit<br />

est nombreux et son apparence est belle. Ecoutez et votre âme vivra. Et vous puiserez avec<br />

joie l'eau des sources du salut.<br />

Eté 5563, durant le repas du Chabat matin.<br />

TORAH 16<br />

Selon le manuscrit de Rabénou.<br />

Rabbi Yo’hanane raconta : « Une fois, au cours d’un voyage en bateau, nous vîmes<br />

ce poisson qui sortit la tête de l’eau. Ses yeux ressemblaient à deux lunes, et de<br />

l’eau jaillissait de ses deux branchies, comme les deux fleuves de Soura ». (Baba<br />

Batra, 74a).<br />

Rachbam<br />

Faisait jaillir : déversa. Branchies : Narines. Fleuves de Soura : fleuves de Soura.<br />

181


« Nous vîmes ce poisson », qui est le Juste, dénommé « poisson », comme nous le<br />

savons.<br />

« Ses yeux ressemblaient à deux lunes et des trombes d’eau jaillissaient de ses deux<br />

narines, comme les deux fleuves de Soura ». En effet, il est impossible <strong>pour</strong> le Juste de<br />

garder ses pensées constamment absorbées dans les sagesses supérieures. Il doit sortir<br />

parfois à l’extérieur, et s'occuper des choses du monde, comme nos Sages de mémoire<br />

bénie en ont témoigné : « Parfois annuler (l'étude de) la Torah contribue à la préserver »<br />

(Mena’hot, 99b).<br />

« Qui sortit la tête de l’eau ». C’est-à-dire qu'il s’est extrait des sagesses supérieures.<br />

Dès lors :<br />

« Ses yeux ressemblaient à deux lunes ». En effet, le dessillement des yeux signifie la<br />

sagesse, comme dans : « Leurs yeux à tous deux se dessillèrent » (Beréchit, 3:7) – Ainsi,<br />

lorsque le Juste est absorbé dans la sagesse, ses yeux évoquent alors la notion de<br />

« soleil ». Son retrait de cette sagesse supérieure ressemble au coucher du soleil. Et<br />

lorsque le soleil se couche, ses yeux restent cependant de la dimension « lune ». En effet,<br />

la lune ne brille qu’après le coucher du soleil. Cette notion ressort dans : « Et nos yeux<br />

brillent comme le soleil et comme la lune » (Prière de « Nishmat » le Chabat matin). (Nos<br />

yeux) brillent parfois comme le soleil, lorsque nous adhérons à la Sagesse. Mais parfois,<br />

ils (ne) brillent (que) comme la lune, lorsque nous suspendons notre contemplations de<br />

la Sagesse.<br />

« Et de l’eau jaillissait de ses deux branchies ». Elles (les branchies) sont de l'ordre<br />

des deux Messies, dont les nations s'enquerront et par lesquels elles seront attirées,<br />

comme il est écrit : « Et toutes les nations afflueront vers lui » (Isaïe 2:2).<br />

C'est donc : « Comme les deux fleuves de Soura ». Soura fait allusion aux nations, du fait<br />

de leur idolâtrie, comme il est écrit (Chémot 32:8) : « Ils ont rapidement quitté/SaRou la<br />

voie ». (Tous les peuples) sont contenus dans deux nations : Essav et Ichmaël. Les deux<br />

Messies sont les « deux narines » auxquelles fait référence le verset : « Le souffle de notre<br />

nez, l’oint de Dieu » (Lam. 4:20). Par leur intermédiaire (les nations) seront délivrées, et<br />

182


elles afflueront chez eux (vers les deux Messies) comme des fleuves, afin d’apprendre la<br />

parole de Dieu.<br />

Ces deux nations, Essav et Ichmaël, représentent les deux nuages qui recouvrent les<br />

yeux (Zohar Pin’has, 246), les empêchant de briller constamment comme le soleil. Pour<br />

cette raison, le Juste doit parfois annuler (interrompre) quelque peu son adhésion (à la<br />

sagesse divine) afin d’empêcher aux deux nations, Essav et Ichmaël, d’affaiblir ses yeux,<br />

et d’annihiler entièrement sa sagesse, à Dieu ne plaise. Mais grâce à ces deux Messies,<br />

dont les sources se déverseront vers l’extérieur (vers les nations), les langues de tous les<br />

peuples se transformeront <strong>pour</strong> devenir un langage clair (par lequel ils <strong>pour</strong>ront<br />

invoquer Dieu). S’accompliront alors les termes du verset : « La lumière de la lune sera<br />

alors semblable à celle du soleil » (Isaïe 30 :26). Le Juste n’aura plus alors à diminuer son<br />

attachement à la sagesse supérieure.<br />

Jusqu’ici, selon les mots de Rabénou.<br />

Chabat ‘Hanouca 5567<br />

TORAH 17<br />

« Or, comme ils vidaient leurs sacs, voici que chacun retrouva son argent<br />

serré dans son sac. A la vue de cet argent ainsi enveloppé, eux et leur père frémirent.<br />

Yaakov, leur père, leur dit : « Vous m'arrachez mes enfants ! Yossef a disparu,<br />

Chimon a disparu et vous voulez m'ôter Benyamin ! C'est sur moi que tout cela<br />

tombe ». (Gen, 42:35-36).<br />

l – Il n’est d'autre moyen de recevoir (les sentiments de) crainte et d’amour (<strong>pour</strong> Dieu)<br />

que par l’intermédiaire des Justes de la génération, car en effet, seul le Juste de la<br />

génération est à même de dévoiler les sentiments de crainte et d’amour.<br />

Car le Juste aspire et recherche constamment à découvrir la volonté du Saint béni<br />

soit-Il qui est en toute chose. La volonté divine se retrouve en effet en chaque chose,<br />

aussi bien dans l’ensemble de la création, puisque Dieu souhaita créer un monde, mais<br />

183


également dans la diversité de la création, et jusque dans ses moindres détails. Le Saintbéni-soit-Il<br />

voulut en effet que telle chose soit telle qu'elle est, de telle apparence, douée<br />

de telle force et d'une nature particulière, et que telle autre chose ait une apparence<br />

différente, une autre force, et une nature et un comportement différents.<br />

Ainsi, le Juste recherche et aspire constamment à connaître toute les volontés<br />

inscrites dans la création, il cherche à saisir et comprendre la volonté divine qui fut à<br />

l’origine de chaque chose en particulier. À titre d’exemple, il cherche à savoir <strong>pour</strong> quelle<br />

raison Dieu souhaita que le lion possède telle force et telle bravoure, avec telle<br />

apparence, telle nature, et tel comportement, propres au lion ? Et il cherche également à<br />

savoir à l'inverse, <strong>pour</strong>quoi le petit moustique est doté d’une force si réduite et possède<br />

une nature, une apparence et un comportement si différents.<br />

Il en va de même <strong>pour</strong> les sous-parties (au sein de la création). Toujours dans le<br />

cas du lion, (le Juste cherche à comprendre) <strong>pour</strong>quoi tel de ses membres adopte-t-il<br />

telle forme, telle force et telle nature ? Et <strong>pour</strong> quelle raison, tel autre de ses membres a-<br />

t-il une forme, une nature et un comportement si différents ?<br />

Et ainsi <strong>pour</strong> toutes les créations en ce monde, <strong>pour</strong> ce qui est du minéral, du<br />

végétal, de l'animal ou de l'humain. Toutes recèlent une multitude de dissemblances. On<br />

trouvera en effet en chacun d’eux, quantité de détails singuliers, en chacun des détails<br />

qui le composent. Et il en va de même <strong>pour</strong> les plantes, les arbres et autres éléments de<br />

la Création : tous présentent de très nombreuses variations, dans leurs aspects, leurs<br />

forces et leurs comportements. Tout ceci en vertu de la Volonté du Créateur, béni soit<br />

Son Nom, qui désira que telle chose soit ainsi, et telle autre, différente.<br />

Ainsi donc, le Juste recherche inlassablement à connaître la volonté spécifique qui<br />

anima le Créateur dans sa création.<br />

Et il la saisit en effet et la découvre, en découvrant la fierté que le Créateur<br />

conçoit <strong>pour</strong> Israël, en tant que collectivité, ainsi que <strong>pour</strong> chacun de ses membres, et ce<br />

jusque dans leurs intimes individualités.<br />

En effet, le monde tout entier n’a été créé que <strong>pour</strong> Israël, comme nos Sages<br />

l’évoquent : (le premier mot de la Torah relatant la création du monde, soit) : « Au<br />

commencement – signifie réellement : (<strong>pour</strong> le commencement, soit en d’autres termes)<br />

« <strong>pour</strong> Israël » qui est désigné par ailleurs « le commencement » (Jérémie 2:3). Israël<br />

était donc présent dans la pensée divine créatrice originelle (Berechit Raba 1:4).<br />

184


En d’autres termes, Le Saint béni soit-Il entrevoyait la gloire et la joie que lui<br />

procurerait Israël, ce qu’exprime : « Israël, Toi dont Je me glorifie ! » (Isaïe 49:3).<br />

C’est à cette intention que Dieu créa le monde !<br />

Par conséquent, le monde dans son ensemble a été créé en vue de la gloire que<br />

Dieu retirerait d’Israël. Voilà <strong>pour</strong> ce qui est de l’idée d’ensemble de la Création. Et si<br />

dans son ensemble, la création visait la gloire que Dieu retirerait d'Israël collectivement,<br />

<strong>pour</strong> ce qui est des détails de la Création, ils ne furent également créés qu’en vue des<br />

sources de gloire spécifique à chacun que Lui procurerait Israël. Il existe en effet en<br />

chaque personne d'Israël, une source de gloire particulière dont Dieu Se glorifie. Ce qui<br />

est vrai même <strong>pour</strong> les personnages les plus insignifiants d'Israël, y compris les<br />

pécheurs d'Israël (et aussi longtemps qu'ils portent le nom d'Israël, on les nomme en<br />

effet « pécheurs d’Israël »), chacun recèle en lui une source de gloire propre, dont le<br />

Saint-béni soit-Il tire une fierté particulière.<br />

Plus loin encore, dans tout ce qui peut bien composer un individu, c'est-à-dire<br />

que chaque membre et chaque mouvement d’un Israélite, éveille auprès de Dieu, une<br />

fierté toute particulière. Il arrive par exemple parfois, qu’un Juif des plus simples, remue<br />

sa longue mèche au coin de sa chevelure (signe distinctif à Israël) et Dieu conçoit même<br />

de ce geste apparemment insignifiant, beaucoup de fierté.<br />

Le Juste, <strong>pour</strong> sa part, recherche ardemment et inlassablement jusqu’à découvrir<br />

cette source de gloire que représente Israël auprès de Dieu, aussi bien collectivement<br />

qu’individuellement, et jusque dans les détails qui font de chacun d’eux ce qu’ils sont, et<br />

les membres et les mouvements de chaque individu d'Israël. Alors, par ce biais, il<br />

comprend et saisit toutes les intentions que Le Saint béni soit-Il avait à tous les niveaux<br />

de la Création : dans son ensemble et dans sa diversité, et jusque dans les moindres<br />

détails. Toutes les volontés que Dieu avait dans la forme que prendrait l'ensemble de la<br />

Création, avaient <strong>pour</strong> dessein la fierté que Dieu entrevoyait de retirer d’Israël. Chaque<br />

chose a donc été créée par Sa volonté, dotée de telle force, de telle nature et de tel<br />

comportement, en fonction de la fierté que Dieu entendait retirer de chaque israélite.<br />

Il en résulte que lorsque le Juste reconnaît et distingue la gloire qui habite Israël,<br />

collectivement, individuellement et dans chaque détail intra-individuel, il reconnaît alors<br />

les intentions du Créateur dans la création dans sa globalité, ainsi que dans sa diversité<br />

et les détails qui la composent.<br />

185


[Note du copiste : La gloire particulière que Dieu retire d’Israël est la cause<br />

première de la création. En d’autres termes, la gloire collective envers la communauté<br />

d’Israël dont Dieu se magnifie est la racine commune à toute la création dans son<br />

ensemble.<br />

Il en va ainsi <strong>pour</strong> ce qui est de la gloire particulière que Dieu retire de chaque<br />

enfant d'Israël, cette gloire est à l’origine de la diversité existant au sein de la création,<br />

puisqu’ils ont tous étés créés à cette fin.<br />

Il en va encore ainsi des caractéristiques qui distinguent chaque individu : la<br />

gloire particulière que Dieu retire <strong>pour</strong> chaque individu d'Israël dans toute sa spécificité,<br />

dans tous ses membres et mouvements, se trouve être l’origine d’un détail bien<br />

spécifique au sein de la Création, des particularités au sein des créations<br />

individuellement.<br />

Car telle est la règle : l’idée générale de la Création visait la Gloire que Dieu<br />

retirerait d'Israël. Cette fierté constitue donc la source vitale animant toute la Création<br />

dans son ensemble, dans sa diversité et dans les détails au sein de cette diversité. En<br />

effet, toutes les volontés que Dieu exprima en créant le monde dans son ensemble, dans<br />

sa diversité et dans les détails au sein de sa diversité, allaient tous de pair avec la fierté<br />

que Dieu conçoit <strong>pour</strong> Israël dans son ensemble, dans sa diversité et dans les<br />

caractéristiques individuelles. En effet, la Création dans son ensemble reçut un aspect,<br />

une hiérarchie et un protocole propres à l'ensemble de la Création, qui allaient de pair<br />

avec la fierté que Dieu retire de la collectivité d'Israël. De même, chaque détail au sein de<br />

la création fut doté d’un aspect et d’une nature spécifiques, allant de pair avec la fierté<br />

particulière que Dieu retire de chaque enfant d'Israël en particulier. Et également <strong>pour</strong><br />

ce qui est des détails au sein de chaque création, comme il fut expliqué.<br />

Et c'est <strong>pour</strong>quoi, en découvrant la fierté que le Saint béni soit-Il conçoit<br />

constamment envers Israël dans son ensemble, dans sa diversité, et dans les<br />

caractéristiques propres à chacun, le Juste comprend quelles furent les raisons <strong>pour</strong><br />

lesquelles Dieu formula ainsi les désirs distincts de la création du monde dans son<br />

ensemble, du choix de sa diversité, et jusque dans leurs moindres détails. Car toutes ces<br />

volontés allaient de pair avec la fierté que Dieu entrevoyait recevoir d’Israël etc. comme<br />

expliqué précédemment.<br />

Comprends bien ces choses, car elles sont d’une extrême profondeur, et tu seras<br />

alors en mesure d’appréhender la grandeur du Créateur, la grandeur d’Israël et la<br />

186


grandeur des Justes véritables, de quelle manière ils observent le monde et<br />

comprennent en chaque plante et en chaque création, le sens de leur apparence, de leurs<br />

aptitudes et de leur nature, jusque dans leurs moindres détails. C’est la raison <strong>pour</strong><br />

laquelle je me suis étendu, m’appliquant à revenir sur ces notions qui sont d’une grande<br />

finesse et d’une grande profondeur.]<br />

Et lorsque le Juste découvre la fierté que Dieu conçoit envers Son peuple Israël,<br />

découvrant par ce biais (le sens) des volontés (que Dieu entretenait dans le choix que<br />

prendrait) la création, les sentiments de crainte et d’amour apparaissent alors au grand<br />

jour.<br />

Car lorsque la fierté se dévoile, la crainte se manifeste également. En effet,<br />

lorsqu’Israël se glorifie de Dieu, un sentiment de crainte (à l’égard d’Israël) s’empare<br />

alors (de l’humanité) : la fierté qu’Israël éprouve (vis-à-vis de sa proximité particulière à<br />

Dieu) est le sujet même des Téfilin, désignés (à ce titre) « fierté » (Brakhoth 11a), et à<br />

travers lesquels un sentiment de crainte (à l’égard d’Israël) s’empare (de l'humanité),<br />

comme l’enseignent nos Sages : « D’où voyons-nous que les Téfilin confèrent une<br />

puissance au peuple d’Israël ? Car il est écrit (Dévarim 28:10) : « Et tous les peuples de la<br />

Terre verront que le Nom de l'Éternel est associé au tien (référence aux Téfilin que nous<br />

portons et qui contiennent le Nom de l’Eternel), et ils te redouteront » (Brakhoth 6a),<br />

texte duquel nous apprenons que lorsque la fierté qu’Israël conçoit (en raison de sa<br />

relation particulière) vis-à-vis de Dieu est manifeste, une crainte (à l’égard d’Israël)<br />

s’empare alors (de l'humanité entière). Ainsi, de manière identique, lorsque la fierté que<br />

Dieu conçoit <strong>pour</strong> Israël se manifeste, ce qui est l’objet même des Téfilin que porte Dieu<br />

[comme nos Sages l’enseignent « D’où savons-nous que le Saint béni soit-Il porte les<br />

Téfilin etc.» (Idem) et sur les Téfilin de Dieu sont écrits la fierté que Dieu éprouve vis-àvis<br />

d’Israël : « Et qui est comme Ton peuple Israël » (Chmouël I 17:21), « Quel grand<br />

peuple etc. » (Dévarim 4:7)] par le biais de cette fierté, la crainte divine se dévoile au<br />

grand jour, c'est-à-dire le sentiment de crainte que l’on doit avoir <strong>pour</strong> Dieu.<br />

En effet, même si devant le Roi, tout le monde est nécessairement saisi de crainte<br />

et d’effroi, le jour de l'anniversaire du Roi, lorsqu’Il se revêt de ses somptueux atours et<br />

s’habille de Ses vêtements de Gloire, la crainte se dévoile bien plus encore. Car bien que<br />

tout le monde sache déjà qu'Il est Roi, l’âme de celui qui contemple Sa majesté, en est<br />

cependant d’autant plus sensible, ce qui est notoire.<br />

187


[Explication : tout ce qui parvient à notre connaissance par le biais des yeux,<br />

imprime dans l’âme une plus grande impression que si nous ne connaissions cette chose<br />

que de manière purement théorique, comme les livres en font état. Ainsi, lorsque l’on<br />

raconte à quelqu’un la grandeur du Roi, même si cet auditeur comprend la portée des<br />

mots, sa sensibilité ne lui permettra pas encore de ressentir une crainte égale à l’égard<br />

du Roi, que s'il voyait le Roi de ses propres yeux, dans l’expression de sa grandeur,<br />

revêtu d’habits somptueux et à la tête de ses troupes etc. Une crainte bien plus forte<br />

s’emparera alors de lui, l'âme étant plus sensible au regard des yeux].<br />

C'est <strong>pour</strong>quoi lorsque le Juste dévoile la fierté que Dieu conçoit <strong>pour</strong> Israël, ce<br />

qui s’apparente au jour d’anniversaire du Roi, jour également à laquelle il est intronisé,<br />

en d’autres termes genèse de la Royauté divine, car Sa Royauté ne dépend que d’Israël<br />

qui acceptent Sa Royauté, puisqu’il ne saurait y avoir de Roi sans peuple. Ainsi, au jour<br />

d’anniversaire de la Royauté, au jour de son intronisation, au jour où la gloire d’Israël se<br />

manifeste, l’âme de celui qui observe (ce spectacle) se trouve d’autant plus sensibilisé, et<br />

la crainte (de Dieu) se dévoile et s'abat alors sur le monde, y compris dans le firmament.<br />

Cette idée se retrouve exprimé dans le verset : « Son orgueil <strong>pour</strong> Israël » (Ps.<br />

68:35), lorsque la gloire et la splendeur divine <strong>pour</strong> Israël se dévoilent, alors « et Sa<br />

puissance qui éclate dans le firmament », la puissance évoque l’idée de crainte, comme<br />

nous l’avons vu dans : « D’où voit-on que les Téfilin confèrent une puissance (au peuple<br />

d’Israël ? Car il est écrit : « Et tous les peuples de la Terre verront que le Nom de l'Éternel<br />

est associé au tien, et ils te redouteront ») (Dévarim 28:10), signifiant que la crainte <strong>pour</strong><br />

Dieu s’imprime jusqu’au firmament, car l’âme de celui qui observe est d’autant plus<br />

sensible.<br />

Et lorsque la fierté (divine <strong>pour</strong> Israël) se manifeste, suscitant ainsi (de par le<br />

monde un sentiment) de crainte (à l’égard de Dieu), la Volonté divine (créatrice,<br />

présente en toute chose) et relevant (intrinsèquement) de l’ordre d’amour, s’éclaircit (à<br />

cette même occasion). En effet, telle est l'habitude du roi au jour anniversaire de son<br />

couronnement, alors qu’Il revêt ses habits majestueux et qu’une grande crainte s'abatte<br />

sur tout le monde, que tous soient frappés de stupeur et tremblent de sa face, le roi<br />

dévoile ensuite sa volonté à l’égard de chacun. Il distribue et offre des cadeaux à chacun<br />

personnellement, selon son rang, selon la bienveillance du roi et l’amour qu’il lui<br />

porte. Et c'est ainsi (qu’en retour) se manifeste l’amour (<strong>pour</strong> Dieu).<br />

188


De même que les Justes révèlent la fierté que Dieu retire d'Israël, et qu'ils<br />

dévoilent ainsi la Volonté divine inscrite dans chaque chose, comme il a été expliqué, de<br />

même, le jour du couronnement qui marque la révélation de Sa fierté, devient le jour du<br />

dévoilement de Sa Volonté, béni soit-Il. Effectivement, Il révèle alors sa (bonne) volonté<br />

à chacun, offre des cadeaux et élève le statut personnel de chacun, selon Sa<br />

bienveillance, comme cela a été indiqué.<br />

Telle est la notion du dévoilement de l’amour. En effet, bien qu'au moment du<br />

dévoilement de la fierté, la peur et la crainte s'emparent de tous, voyant la volonté du roi<br />

et sa proximité avec chacun, tous se rapprochent de Lui et éprouvent de l'amour à son<br />

égard.<br />

[Explication : de même que la fierté que le Saint béni soit-Il retire d'Israël a<br />

suscité toutes les volontés au sein de la Création, de même la crainte suscitée par le<br />

dévoilement de cette fierté, entraîne (avec elle) la révélation de Sa Volonté, avec laquelle<br />

le Roi se lie à chacun et les rapproche avec bienveillance, ce qui est une expression<br />

d’amour. Il ressort donc que le Juste qui révèle Sa fierté, draine par ce fait les sentiments<br />

de crainte et d’amour, lorsqu’il découvre toutes les intentions de Dieu à travers la<br />

création etc… car la crainte et l’amour sont ainsi suscités.]<br />

Tout cela est en allusion dans le verset : « Car Tu es la fierté de leur puissance, et<br />

par Ta Volonté Tu élèves notre gloire » (Ps. 89:18). « La fierté de leur puissance »<br />

correspond à la crainte qui se dévoile par la révélation de la fierté, car comme nous<br />

l'avons vu, la puissance renvoie à la notion de crainte. De ce fait « par Ta Volonté Tu<br />

élèves notre gloire » car Il dévoile Sa Volonté et élève l'importance de chacun ainsi que<br />

l’Amour (qu'Il éprouve <strong>pour</strong> Ses créatures). Par conséquent, (nous voyons que) le Juste<br />

révèle la crainte et l’amour.<br />

2- Cependant, la crainte et l’amour s'obscurcissent parfois chez une personne, comme<br />

dans : « Je revêts les cieux d'un crêpe et je les drape du sombre cilice » (Isaïe 50 :3). Les<br />

cieux, CHaMaYiM, correspondant au feu : eCH et à l’eau : MaYiM, autrement dit, la<br />

crainte et l’amour s’habillent d’obscurité, s'assombrissent et se revêtent d’un cilice. En<br />

d’autres termes, cela signifie que la crainte et l’amour se voilent chez certains. Cela vient<br />

du fait que la lumière du Juste duquel on reçoit la crainte et l’amour, s’est affaiblie à son<br />

niveau, voilé. Il arrive en effet parfois que la lumière du Juste s’obscurcisse chez une<br />

189


personne, de telle sorte qu’elle n’est pas en mesure de comprendre et de contempler sa<br />

grande lumière. Et même s’il se trouve en présence du Juste, il n’est pas en mesure de<br />

savourer, de comprendre et de voir son éclatante lumière, par laquelle il <strong>pour</strong>rait<br />

parvenir au comble du bien. Comme nous avons pu le voir auprès d’Efrone, <strong>pour</strong> qui<br />

l’emplacement du Caveau des Patriarches, désignant (<strong>pour</strong>tant) l’entrée du jardin<br />

d’Eden, endroit duquel toutes les âmes s’élèvent et dont la lumière est très forte, était à<br />

ses yeux un lieu sombre et obscur. C’est donc avec une grande joie qu’il vendit le lieu à<br />

Avraham, comme le rapporte le Zohar (‘Hayé Sarah 128a). De la même manière, la<br />

lumière du Juste, bien qu'illuminant tous les mondes, à fortiori ce monde matériel, peut<br />

parfois ne pas briller du tout auprès d’une personne qui n'y verra au contraire<br />

qu'obscurité.<br />

Cela provient de la souillure de ses actes et de la stupidité de son esprit. Car par les<br />

mauvaises actions, son intellect s’obscurcit, devient insensé, et s’emplit de pensées<br />

futiles et de sagesses étrangères. C’est ainsi qu’il est écrit : « Intelligents seulement <strong>pour</strong><br />

le mal, ne sachant faire le bien » (Jérémie, 4:22). En effet, par leurs mauvaises actions, ils<br />

sont totalement incapables de faire bon usage de leur intellect, (le réservant)<br />

uniquement <strong>pour</strong> le mal. Par la stupidité de leur esprit, ils sont inaptes à voir ou à<br />

comprendre la lumière du Juste.<br />

3- La réparation dans ce cas consiste à soumettre la stupidité de l’esprit, ce qui s'effectue<br />

grâce à l’Autel. En effet, la stupidité, soit les énergies négatives, puise essentiellement<br />

leur vitalité de la notion d’Autel (Zohar II 139a) – la nourriture – puisque la table d’un<br />

homme a pouvoir d’expiation tout comme l’Autel (Brakhot 55a). Or, (c'est précisément)<br />

de là, que les énergies négatives tirent l'essentiel de leur vitalité. C’est <strong>pour</strong> cela que<br />

même après le repas d'un homme vertueux, une légère perturbation de l’esprit se<br />

produit inévitablement, car c’est de là que la stupidité puise sa vitalité. Mais il convient<br />

de ne pas accorder de vitalité à ces énergies négatives au-delà de la mesure minimale,<br />

juste ce qui est nécessaire à la vie et pas davantage.<br />

Alors, lorsque l’Autel est rétabli (comme il convient), c'est-à-dire que l’on se sustente de<br />

la bonne manière, les énergies négatives, soit la sottise de l’esprit, sont soumises,<br />

puisque l’homme ne leur prodigue de vitalité, qu’au strict minimum indispensable à la<br />

vie et que nous sommes contraints de leur accorder, ce qui est notoire. Mais on ne leur<br />

accorde pas plus que la force nécessaire à leur vitalité.<br />

190


C'est <strong>pour</strong>quoi, lorsque l’on s’alimente noblement, la sottise se voit soumise et<br />

l’intellect élevé. C’est ainsi que nous trouvons dans la Guémara (Baba <strong>Kama</strong> 72a) que<br />

Rav Nahman explique à Rava que la raison <strong>pour</strong> laquelle il n’avait pas répondu à sa<br />

question la veille, était qu’il n’avait pas mangé de viande de bœuf. Autrement dit, le fait<br />

qu'il n’avait pas mangé avait empêché son esprit d’être clairvoyant. En effet, par son<br />

alimentation, la stupidité se trouve affaiblie et l’intelligence renforcée.<br />

En revanche, la gloutonnerie porte atteinte à l’Autel, et c’est alors que les énergies<br />

négatives, soit la sottise de l’esprit, puisent au-delà de ce qui est nécessaire, venant ainsi<br />

prendre le pas sur l’intellect. Alors que grâce à une alimentation effectuée comme il se<br />

doit, les énergies négatives se soumettent, comme nous l’avons vu.<br />

Et c’est là l’idée qu’exprime le texte Talmudique (Zev. 53b) : « L’Autel se trouve<br />

dans le lot du prédateur/ToReF (soit sur le territoire de la tribu de Benjamin, comparé<br />

au loup), ce qui renvoie à : « Il <strong>pour</strong>voit à la nourriture/TeReF de ceux qui le craignent »<br />

(Ps. 111:5), faisant référence à l’alimentation en bonne et due forme, par laquelle on<br />

assujettit et l’on dévore/ToReFin les énergies négatives et la sottise de l’esprit. Par<br />

contre, en portant atteinte à l’Autel, c'est-à-dire par une alimentation non conforme, on<br />

entretient la sottise de l’esprit, et l’on transforme "Toref", en Térouf : folie de l’esprit, qui<br />

prend alors le pas, comme indiqué précédemment.<br />

4- Et l'atteinte à l’Autel se corrige grâce aux convertis.<br />

En effet, toute l’idolâtrie du monde ne tire son énergie que par l’endommagement de<br />

l’Autel, ce qu’indique le verset : « En tous lieux, de l'encens et des sacrifices sont présentés<br />

<strong>pour</strong> Mon Nom » (Malakhie 1:11). Car même s’ils sont idolâtres, leur énergie provient de<br />

l'endommagement de certaines parties de l’Autel, et c’est <strong>pour</strong>quoi le Saint béni soit-Il<br />

déclare : « Encens et sacrifices <strong>pour</strong> Mon Nom », car leur énergie provient de l’étincelle<br />

sainte de l’Autel de sainteté tombée parmi eux. Mais grâce aux convertis, à celui qui<br />

abandonne sa foi <strong>pour</strong> embrasser la croyance d’Israël, on parvient à assujettir l’idolâtrie<br />

issue de la détérioration de parties de l’Autel. Dès lors, les étincelles (perdues) des<br />

parties de l’Autel, réintègrent leur place, et l’Autel se retrouve restauré.<br />

Ceci correspond (au verset): « Il ne se reposera que rassasié de carnage, et il boira<br />

le sang de ses victimes » (Bamidbar 23:24), dont on traduit (la fin par) : « Et il héritera de<br />

la richesse des nations ». « Rassasié de carnage/Teref » correspond à l’Autel dans sa<br />

191


perfection, équivalant à : « L’Autel se trouve dans le lot du prédateur/Toref », comme nous<br />

l’avons déjà vu. Ceci peut s’effectuer grâce à : « et il héritera de la richesse des nations »,<br />

c'est à dire par les prosélytes, ainsi que nos Sages ont enseigné à propos de l'héritage<br />

d'un prosélyte : « Toute personne qui s'approprie en premier des biens du converti<br />

(décédé), a priorité » (Baba Batra, 42a, 53b, 149a).<br />

5- La question se pose alors : comment faire des convertis, alors qu’ils sont<br />

particulièrement éloignés de la sainteté d’Israël ? Comment peut-il leur venir à l’esprit<br />

de se convertir ?<br />

Sache que cela s’effectue par la dimension (suggérée par le verset) : « La richesse accroît<br />

le nombre des amis » (Prov. 19:4). En d’autres termes, en donnant la charité à un Sage de<br />

la Torah, qui inclut en lui de nombreuses âmes d'Israël.<br />

Car en vérité, comment est-il possible que les gentils embrassent la croyance<br />

d’Israël, alors qu’ils sont si éloignés d’Israël ? Comment peut-on leur parler de telle sorte<br />

qu'ils nous écoutent et rejoignent la foi sainte ? Pourtant, (cela peut se comparer) à un<br />

homme très éloigné de son ami, au point qu’il lui est impossible de lui parler <strong>pour</strong> qu’il<br />

l’entende. On devra alors lui écrire une lettre. Il en va de même à ce sujet : nous devons<br />

leur envoyer une forme d'écriture <strong>pour</strong> qu’ils puissent entendre, malgré leur<br />

éloignement.<br />

En effet, l'essentiel de l’ouïe vient du fait que les lettres émises par la parole se<br />

« gravent » dans l’air. Les couches d’air se heurtent l’une l’autre, jusqu’à parvenir à<br />

l’oreille de celui qui écoute. De ce fait, lorsque l’air est calme, pur et clair, et que celui qui<br />

peut parler parle, sa parole se fait entendre de loin, comme il est facile de le constater.<br />

En revanche, lorsqu’un vent de tempête souffle violemment, son camarade ne peut rien<br />

entendre, car le vent perturbe et sépare les particules d’air qui se dispersent alors à tel<br />

point, que son camarade est dans l'impossibilité d’entendre la voix, et à plus forte raison,<br />

la parole elle-même.<br />

Mais par la charité, on acquiert des âmes, car on s'acquiert des amis, répandant<br />

ainsi l’amour, comme Mounbaz le disait : « Mes pères ont amassé des trésors et moi j’ai<br />

amassé des âmes » (Baba Batra, 11a). Il en découle que plus on donne de la charité, et<br />

plus on acquiert des amis.<br />

192


Et par l’amour obtenu grâce à la charité, l’air se purifie. Et en accroissant le<br />

nombre de personnes auxquelles on donne la charité, on acquiert ainsi l'amour d’un plus<br />

grand nombre de personnes, et l’on accroît ainsi la quantité d'air calme et pur. En effet,<br />

l’amour consiste à joindre une âme à une autre, (on joint) le souffle de celui qui aime au<br />

souffle de celui qui est aimé. Telle est la notion d’air calme, car leurs esprits coexistent<br />

sereinement, et aucun air vicié par la haine, ne les sépare.<br />

En effet, la haine est un mauvais air, comme il est écrit : « Dieu suscita un mauvais<br />

esprit entre Avimélekh et les gens de Chekhem » (Juges 9:23). « Mauvais esprit » que Rachi<br />

interprète par « haine ». De ce fait, nous comprenons que le mauvais esprit correspond à<br />

la haine, à un air troublé, qui empêche d'entendre la parole.<br />

A l’opposé, amour et amitié correspondent à la dimension d’un air calme et pur,<br />

permettant ainsi de faire entendre une parole au lointain. Ceci est rendu possible grâce à<br />

la charité, comme le suggère le verset : « La richesse accroît le nombre des amis ». Grâce à<br />

la charité, il fait l’acquisition d’amis et d’intimes, et l’air se fait calme et pur, comme<br />

expliqué.<br />

Et plus l’on donne la charité à un grand nombre de personnes, plus se développe<br />

cette dimension d’air calme et pur. En effet, en donnant la charité à une seule personne,<br />

on s’acquiert un ami, car ces deux esprits s’attachent, créant ainsi un petit espace d’air<br />

calme et pur. Et lorsque l’on donne la charité à deux personnes, ce filet d’air calme et pur<br />

s'élargit. Et ainsi de suite, de manière croissante, plus l’on augmente le nombre de<br />

personnes auxquelles on donne la charité, plus on augmente le nombre de ses amis, en<br />

vertu du verset : « La richesse accroît le nombre des amis », et plus l’espace de l'air calme<br />

et pur s’agrandit et s’étend.<br />

Et c’est la raison <strong>pour</strong> laquelle il importe de donner la charité à des Justes<br />

véritables et à des pauvres méritants, car ceux-ci incluent plusieurs âmes d'Israël. Et de<br />

la sorte, on élargit considérablement l’espace d’air calme et pur, comme il a été expliqué.<br />

Car par cette seule charité, on s’acquiert de très nombreux amis, puisqu’ils englobent en<br />

eux de nombreuses âmes, ce qui a <strong>pour</strong> effet d'augmenter considérablement la<br />

dimension de l’air calme et pur.<br />

Dès lors que l’air est calme et pur, et qu’une parole « juive », autrement dit<br />

« sainte », est prononcée par une personne pouvant la formuler, cette parole est alors<br />

inscrite et gravée dans l’air, comme dans : « Ma langue est le burin d’un scribe expert »<br />

193


(Ps. 45:2), et peut être de ce fait entendue au loin, comme le suggère le verset : « Et sa<br />

renommée se répandait dans toutes les provinces » (Esther 9:4). En effet, lorsque l’air est<br />

calme et pur, il devient possible d’entendre au loin.<br />

Et cette parole s'inscrit ainsi dans les livres des gentils, « dans chaque province<br />

suivant son système d'écriture » (ibid. 8,9), les conduisant à trouver dans leur propre<br />

littérature, des contradictions à leur foi. Nous connaissons plusieurs exemples de<br />

personnes qui se sont convertis <strong>pour</strong> cette raison, d’avoir trouvé l'inverse de leur foi<br />

dans leurs propres ouvrages.<br />

Et d’où cela provient-il, qu'ils découvrent à présent ce qui contredit leur<br />

religion ? Cela provient des paroles du Juste inscrites et gravées dans l’air, ainsi qu’il est<br />

dit : « Ma langue est le burin d’un scribe expert », et l’air étant alors pur et calme, car « la<br />

richesse accroît le nombre des amis », ceci a permis à la parole en question de se<br />

propager, comme dans : « Et sa renommée se répandait dans toutes les provinces », et de<br />

s’inscrire et se graver dans leurs livres. Et c'est ainsi que les nations trouvent dans leur<br />

littérature ce qui contredit leur religion, les amenant à se convertir. On raconte que<br />

plusieurs prosélytes témoignent s'être convertis <strong>pour</strong> cette raison, <strong>pour</strong> avoir trouvé<br />

dans leurs livres des contradictions avec leur religion. Tout cela découle de ce qui a été<br />

expliqué.<br />

Ce sujet se trouve en allusion dans les versets suivant : « On y trouva écrit ce que<br />

Mordékhaï avait dit » (Esther 6:2). Mordékhaï correspond au principe de reniement de<br />

l’idolâtrie, ainsi qu’il est dit : « Un homme juif » (Esther 2:5), à propos duquel nos Sages<br />

enseignent (Meguila 13a) : « Tout homme qui rejette l’idolâtrie est appelé Juif ». En<br />

d’autres termes, les paroles que prononça Mordékhaï, qui sont des paroles de rejet de<br />

l’idolâtrie, se sont inscrites dans l’air, jusqu’à ce qu’elles soient écrites dans leurs livres,<br />

comme nous l'avons expliqué. Tel est le sens de : « On y trouva écrit ce que Mordékhaï<br />

avait dit », les paroles que Mordékhaï avait dites, qui étaient des paroles de foi d’un Juste<br />

authentique, se sont trouvées inscrites dans leurs livres. En effet, les paroles du Juste ont<br />

été très loin, jusqu'à être écrites et gravées là-bas, dans leurs ouvrages. C’est ainsi que<br />

des contradictions à leur foi purent être trouvées dans leur livres, puisque ces livres<br />

renfermaient les paroles de sainteté prononcées par Mordékhaï, qui correspond à la<br />

dimension du Juste. Et telle est la signification de : « On y trouva écrit ce que Mordékhaï<br />

avait dit », comme il a été expliqué. Par conséquent, lorsque les gentils trouvent le<br />

194


contraire de leur propre foi, ils viennent se convertir, à l’image du verset : « Un grand<br />

nombre parmi les gens du pays se firent Juifs » (Esther 8:17).<br />

6 – Et d’où vient le fait que certains trouvent dans leurs livres des paroles opposées à<br />

leur foi, les amenant à se tourner vers la foi d'Israël et à en prendre connaissance,<br />

alors que d’autres ne trouvent rien de tout cela et restent attachés à leur (ancienne)<br />

foi ? Sache que cela provient du bien qui se trouve sous leur domination, c’est-à-dire<br />

des parcelles d’âmes d'Israël qui leur sont assujetties. En effet, les âmes d'Israël sont<br />

déterminées par tout le bien.<br />

En d'autres termes, (il arriva que) les nations du monde prennent le pouvoir et<br />

empêchent Israël d’accomplir les commandements, comme par exemple lors de faits<br />

historiques tels que les décrets (édictés par les grecs puis les romains) contre la<br />

circoncision et <strong>pour</strong> la profanation du Chabbat (voir Roch Hachana 19a ; Baba Batra<br />

60b). Il en résulte donc que le bien qu'Israël auraient dû accomplir se retrouve sous leur<br />

emprise. De même, (il arrive que) les Gentils entravent indirectement Israël dans son<br />

service du Saint béni soit-Il, en lui imposant des taxes et des impôts (discriminatoires),<br />

ou bien en réduisant ses droits. Tout cela entraîne leur domination sur le bien (qui<br />

aurait dû se concrétiser), autrement dit, sur des parcelles d’âmes d'Israël.<br />

Dans un premier temps, ce bien gardé en captivité chez eux, se souvient qu’il<br />

provient d’une source sainte et élevée. Mais par la suite, ils dominent ce bien et le<br />

soumettent à leur autorité jusqu’à ce qu’il en arrive à être tellement assujetti et enchaîné<br />

à eux qu'il oublie la grandeur de ses origines.<br />

Mais lorsque les paroles (d'un Sage) d'Israël se répandent et s'inscrivent dans<br />

leurs livres, comme nous l’avons vu. Alors, ce Bien qui est sous leur domination se<br />

trouve (les paroles du sage d'Israël) dans leur littérature. Il y trouve des contradictions à<br />

leur foi et se souvient de sa grandeur. Il se rappelle qu’il provient d’une source<br />

extrêmement élevée, qu'il n'est autre que des parcelles d’âmes d'Israël <strong>pour</strong> lequel tous<br />

les mondes ont été créés. (Comme) on le retrouve dans le verset : « C’étaient les potiers<br />

et les habitants des plantations et des parcs. Ils y demeuraient près du roi dans son<br />

travail » (Chron. I, 4:23), (qui évoque que) le Saint béni soit-Il prit conseil auprès des<br />

âmes d'Israël afin de créer le monde (Berechit Raba, 8 ; Midrach Ruth, 82).<br />

195


Ce « Bien » commence alors à se désoler et à se languir d’être tombé d’un endroit<br />

aussi élevé <strong>pour</strong> ne leur être à présent qu'assujetti, en danger de perte et d'annihilation<br />

irréversible, à Dieu ne plaise. Il désire alors s'échapper et revenir à sa source. Mais dans<br />

la mesure où ce Bien est déjà lié et enchaîné à eux, lorsqu’il commence son retour, il<br />

entraîne et arrache avec lui une part du mal qui est le leur. Il s'agit de la dimension des<br />

prosélytes qui viennent se convertir, cela correspond au mal qui s'est arraché d’elles<br />

(des nations) en même temps que le Bien (et qui accompagne) ce Bien revenu à sa place.<br />

En effet, à cause de la solidité du lien qui l'attache et l'amarre là-bas, le Bien ne peut pas<br />

revenir par ses propres moyens. Il est donc inévitable qu’il entraîne avec lui une part du<br />

mal (qui l'environnait). Il s'agit là de la dimension des convertis.<br />

Ceci est évoqué dans : « Tel signera de sa main <strong>pour</strong> le Seigneur » (Isaïe 44:5), que<br />

Rachi interprète : « il s’agit des repentis » et qui fait référence à la dimension du Bien qui<br />

retrouve son lieu d'origine. (Ce processus) s’effectue par la notion d’écriture, liée à « On<br />

y trouva écrit ce que Mordékhaï avait dit ». « Et se fera gloire du nom d'Israël » (fin du<br />

verset d’Isaïe 44:5) se réfère aux convertis, car le retour du bien qui revient à sa source,<br />

a <strong>pour</strong> effet de susciter des convertis, comme rappelé plus haut.<br />

Ainsi, « Ils ne seront pas inscrits sur les rôles de la maison d'Israël, et ils ne<br />

viendront pas sur le sol d'Israël » (Ezéchiel 13:9) : cela signifie que lorsque la notion<br />

d’écriture d'Israël, qui suscite les convertis, fait défaut, il en découle « ils ne viendront pas<br />

sur le sol d'Israël ». En d’autres termes, ils n’obtiendront pas le mérite de (restaurer)<br />

l’Autel dans son intégrité. Celui-ci est appelé « Autel de terre » (Chémot 20 :21, et voire<br />

Berechit Raba 14), et sa réparation dépend des convertis, comme cela a été expliqué plus<br />

haut.<br />

C'est ce dont il s'agit dans: « Tout est écrit comme Dieu a voulu que je comprenne »<br />

(Chron. 28:19), car la perfection de l’intellect s’effectue par la médiation de l’écriture.<br />

Car comme nous l'avons vu : les convertis se font grâce à l'écriture selon le principe « On<br />

y trouva écrit ce que Mordékhaï avait dit » comme cela a déjà été vu. Ainsi, grâce aux<br />

convertis, l’Autel se restaure et la restauration de l'Autel entraîne (à son tour) celle de<br />

l’intellect. Il en ressort que, par la notion d’écriture, l’intellect trouve sa perfection. Tel<br />

est le sens du verset « Tout est écrit comme Dieu a voulu que je comprenne ».<br />

196


C’est là le sens de « Réparer le monde par la royauté de Chadaï et tous les êtres de<br />

chair et de sang invoqueront Ton Nom » (extrait de la prière finale du rituel "Alénou<br />

Léchabéa’h"). Cela fait écho à la notion de repentir, lorsque le bien revient à sa source<br />

comme rappelé plus haut. En effet, le Nom Chadaï correspond au repentir ressenti par<br />

l’homme qui revient vers Dieu (après) la faute d’idolâtrie. CHaDAÏ évoque l'idée « Il y<br />

a/yeCH) suffisamment (DAÏ) de Ma Divinité <strong>pour</strong> toutes les créatures » (voir Rachi<br />

Genèse 17,1), au point qu'aucun autre culte n’est nécessaire. « Que se tournent vers Toi<br />

tous les méchants de la terre » (La suite de la prière Alénou), correspond aux convertis.<br />

« Tous les habitants de la terre connaîtront et sauront » : il s’agit de la notion de<br />

perfection de la connaissance qui en résulte.<br />

Tel est le sens de « Et Chadaï sera <strong>pour</strong> toi un amas de trésor, un monceau/tOaFot<br />

d’argent » (Job 22:25). Car grâce à cette notion d’argent en monceau, qui est dans la<br />

même logique que « La richesse augmente le nombre des amis », qui entraîne que l’air<br />

devienne plus volatile/meOFef, car il devient pur, comme nous l’avons vu. C’est à partir<br />

de là que se crée la dimension de Chadaï, c’est-à-dire de retour et de convertis, car<br />

Chadaï correspond au repentir.<br />

7 – Et sache que parfois, lorsque le mal constate que le bien (ainsi prisonnier) se<br />

languit, cherche et aspire à retourner à sa source, il s'acharne alors d'avantage à son<br />

encontre, et le dissimule plus profondément encore. En d’autres termes, ils commencent<br />

à fomenter des pensées au sujet de ce bien, et l’entraînent et l’enfouirent au plus profond<br />

de leur pensée. Autrement dit, (lorsqu') elles commencent à entretenir des pensées sur<br />

ce bien, il est repoussé et dissimulé (dans les recoins les plus reculés) de leur esprit.<br />

Malgré cela, le Bien sortira par l’intermédiaire des enfants qu’ils engendrent.<br />

Car ce bien est caché et profondément dissimulé dans les tréfonds de leur pensée et de<br />

leur cerveau (d'où provient la semence) comme cela a été rappelé plus haut. Or, c'est de<br />

là que proviennent les naissances. Ainsi, le bien sortira par la semence qui engendrera<br />

leur descendance. Le mal attaché à cette descendance n'a pas la force de surmonter le<br />

bien qui se trouve en eux. Ce bien ressort donc par l'intermédiaire de leur progéniture<br />

qui en vient à se convertir.<br />

C'est ce qu'évoque : « L’Eternel, en inscrivant les nations, proclame : « Un tel y est<br />

né, Sélah » (Ps. 87:6). « En inscrivant » correspond à la dimension du bien, qui sort grâce<br />

197


à l’écriture, comme nous l’avons vu. De fait : « Un tel y est né, Sélah » : c’est le bien qui<br />

s’habille dans ceux qui naissent, et ressort grâce à eux, comme nous l’avons vu plus haut.<br />

Rachi explique : « Un tel y est né » c'est Israël assimilés (engloutis) parmi les nations. En<br />

d'autres termes, il s'agit du « Bien » soumis chez eux, c'est à dire des parcelles d’âmes<br />

d'Israël comme indiqué plus haut.<br />

Tel est le sens du verset : « Il ne se reposera qu'assouvi de carnage », qui<br />

correspond à l’idée de restauration de l’Autel comme nous l'avons dit. « Il boira le sang<br />

de ses victimes », que le Targoum traduit par « Il héritera de la richesse des nations » qui<br />

fait référence aux convertis. C’est ce que signifie « Il héritera de la richesse des<br />

nations » qui fait allusion à la notion de bien caché parmi les nations, qui l’ont amené à<br />

être voilé et dissimulé dans les profondeurs de leurs pensées comme rappelé<br />

auparavant. Ce bien émerge avec la semence de leurs enfants qui se convertissent. C’est<br />

ainsi que l’Autel se rétablit dans sa perfection comme nous l'avons vu.<br />

8- Et c’est en ce sens que l’on peut interpréter les paroles de Rav Safra : « Un jour<br />

que je voyageais en bateau, je vis un poisson qui sortait la tête de l’eau. Il avait des<br />

cornes sur lesquelles était gravée cette inscription : « Je suis une créature légère<br />

de la mer. Ma taille est de trois cent Parsa et je me dirige vers la bouche du<br />

Léviathan ». Rav Achi a dit que cet animal était la chèvre des mers qui y creuse.<br />

Elle a des cornes » (Baba Batra, 74b).<br />

Rachbam<br />

« Une créature légère » parmi les petites créatures de la mer. « Vers la bouche<br />

du Léviathan » : qui me mangera aujourd’hui. « La chèvre des mers » : car tout ce qui se<br />

trouve sur la terre ferme se trouve également sous les eaux de la mer, à l’exception de la<br />

belette. « Qui y creuse. Elle a des cornes » : <strong>pour</strong> y chercher sa nourriture.<br />

« Je vis un poisson qui sortait la tête de l’eau » : il s’agit de la dimension du bien,<br />

correspondants aux parties des âmes d'Israël (qui reviennent) avec les convertis,<br />

comme cela a été vu plus haut. En effet, les poissons, autorisés à la consommation (sans<br />

autre formalité qu') en les pêchant/ASSiFa (‘Houline, 27), renvoient à la notion d’âmes<br />

d’Israël, selon le verset: « Il attirera/yeESSoF à lui son souffle et son esprit » (Job 34:14).<br />

Cela renvoie également à la notion de converti que suggère le verset : « Que les plus<br />

198


nobles d’entre les nations s’assemblent/yeESSaFou » (Ps. 47:10). C’est en ce sens que les<br />

sages sont aussi appelés « ceux qui rassemblent » (Kohelet 12:11), car ils rassemblent le<br />

bien en faisant des convertis.<br />

Ce bien, avec les convertis, « sort la tête de l’eau », autrement dit, la<br />

compréhension émerge des eaux qui engloutissent. Ces eaux malfaisantes représentent<br />

la stupidité qui submerge l’intellect, comme cela a été rappelé par ailleurs.<br />

« Il avait des cornes sur lesquelles était gravée cette inscription. « Je suis une<br />

créature légère de l’océan. Ma taille est de trois cents Parsa et je me dirige vers la<br />

bouche du Léviathan » la corne/Keren correspond à la notion de charité, comme dans<br />

« La richesse accroît le nombre des amis ». Elle représente le capital/Keren (corne en<br />

hébreu) principal du monde futur, comme l’affirme Mounbaz : « Mes ancêtres ont amassé<br />

en bas, quant à moi, j’ai amassé en haut » (Baba Batra 11a).<br />

« Sur lesquelles était gravée », car la charité provoque une marque, comme de<br />

l’écriture, comme nous l’avons vu, dans le verset : « Et sa renommée se répandait dans<br />

toutes les provinces » c'est-à-dire jusqu'au bien qui se trouve sous l’emprise des nations.<br />

Elle éveille au repentir et incite à retourner à sa source lorsque le bien se souvient de<br />

son identité.<br />

« Je suis une créature légère de la mer », autrement dit, je suis au-dessus de<br />

tous les mondes.<br />

« Mer/YaM » – la lettre Mem finale de ce mot correspond aux Quatre mondes<br />

spirituels et la lettre Youd correspond à la Sagesse qui se propage dans tous les mondes,<br />

ainsi qu’il est dit : «Tu les as tous créés par la Sagesse » (Ps. 104:24).<br />

Tel est le sens de « Une créature légère de la mer » : tout comme une chose<br />

légère flotte au-dessus (des eaux), de même l’âme, qui représente le bien, est au-dessus<br />

de tous les mondes.<br />

« Ma taille est de 300 Parsa » C'est-à-dire que l’âme se souvient qu'elle était du<br />

rang de « Israël s’est élevé dans la Pensée originelle de Dieu », et que le Saint béni soit-Il<br />

prit conseil auprès d'elle avant de créer le monde, comme dans : « C’étaient les potiers et<br />

les habitants des plantations et des parcs. Ils y demeuraient près du roi dans son travail »<br />

(Chron. I 4:23), que l'on explique comme le conseil qu'Il prit auprès des âmes d'Israël<br />

199


lors de la Création du monde. L’âme se souvient alors avoir été à un tel niveau<br />

d’élévation, comme cela a été rappelé auparavant. Mais désormais, elle est menacée<br />

d’anéantissement et de perte, à Dieu ne plaise.<br />

« Trois cents » – correspond à la dimension de la pensée, qui se divise en trois<br />

catégories : les pensées intellectuelles abstraites, les pensées liées aux vertus morales et<br />

les pensées pratiques.<br />

"Parsa" (en hébreu : sabot) fait allusion au pied, c’est-à-dire au conseil, comme<br />

dans le verset : « Tout ce peuple à tes pieds » (Chémot 11:8), dans le sens de « qui suivent<br />

ton conseil ». En d’autres termes, l’âme se rappelle avoir été dans la Pensée originelle et<br />

que Dieu prit conseil auprès d'elle lors de la Création de Son monde.<br />

(Cependant), maintenant « Je me dirige vers la bouche du Léviathan », je vais<br />

vers ma disparition et ma perte, que Dieu préserve. Et ainsi, qu’en prenant pitié d'ellemême,<br />

elle s’éveille au retour à sa source, comme nous l’avons vu par ailleurs. C’est alors<br />

que se créent des repentis et des convertis.<br />

« Rav Achi dit que cet animal était la chèvre/IZa, des mers qui y creuse avec<br />

ses cornes » IZa (chèvre) fait allusion à la notion de force/OZ, c'est-à-dire à la crainte,<br />

comme dans « Tu es la splendeur de leur puissance », comme cela a été expliqué plus<br />

haut.<br />

« Qui y creuse », évoque le Juste, qui cherche constamment la dimension de fierté<br />

enfouie en chaque membre du peuple d'Israël, comme cela a été expliqué plus haut.<br />

« Elle a des cornes/Keren » fait allusion à « Dans Ta Volonté, Tu élèveras notre<br />

stature/KaRNenou », c'est-à-dire, l’amour révélé par le Juste. Car par l’intermédiaire de<br />

toutes ces dimensions, la lumière du Juste se dévoile, et grâce à elle, la crainte et l’amour<br />

peuvent être acquis, comme nous l'avons vu.<br />

9. Telle est la signification du verset : « Ils vidèrent leurs sacs » qui correspond à «<br />

J’habillerai les cieux d’obscurité et d’un sac etc. » (Isaïe, 50 :3). « Les cieux » renvoient à la<br />

crainte et l’amour.<br />

Puis lorsqu’ils vident le sac et (donc) l’obscurité (qui recouvrent) la crainte et<br />

l’amour, alors « Voici que chacun retrouva son argent empaqueté dans son sac ».<br />

200


Cela fait référence au Juste, comme dans « Il a emporté sa sacoche avec lui » (Pro,<br />

7:20) que Rachi explique comme une allusion aux Justes.<br />

« Dans son sac », c’est-à-dire lorsque la lumière du Juste s’assombrit, s’habille et<br />

se voit dissimulée dans l’obscurité (comme) dans un sac. En d’autres termes, ils<br />

ressentent que le sac et l’obscurité qui recouvrent la crainte et l’amour<br />

correspondent au sac et à l'obscurité provoquée par le voilement de la lumière du<br />

Juste, comme expliqué plus haut.<br />

« Ils virent cet argent ainsi enveloppé, eux et leur père » – ils virent et reconnurent<br />

que ces « sacoches d’argent » dépendent de la matière et de la forme, appelés<br />

« eux et leur père ». « Eux », correspond à la matière, à l'instrument de l’action, et<br />

« leur père » correspond à l’intellect appelé "père", comme dans l’expression "père<br />

en sagesse" (Meguila 13b). Ceci signifie, comme nous l'avons vu, que <strong>pour</strong> qu'ils<br />

méritent de connaître, de comprendre, de goûter et de contempler le dévoilement<br />

de la grande lumière du Juste, ils doivent parfaire leurs actions et purifier leur<br />

intellect.<br />

« Yaakov leur père leur dit », fait référence aux réprimandes de l’intellect, qui<br />

admoneste la matière du corps, outils de l’action, et les tient <strong>pour</strong> responsables<br />

du malaise.<br />

« Vous avez fait de moi un endeuillé (de mon fils) », car les actes méprisables ont<br />

<strong>pour</strong> conséquence la perte et la dégradation de l’intellect.<br />

« Yossef n’est plus », comme dans « La richesse augmente/Yossif le nombre des<br />

amis »<br />

« Et ChiM'On n’est plus », comme dans « Et sa renommée, ChoM'O se répandait<br />

dans toutes les provinces », qui est réalisée grâce à la dimension de « richesse<br />

augmente/Yossif », comme nous l'avons vu.<br />

« Et vous prendrez Benyamin », allusion à « L’Autel dans le lot du Toref », c’est-àdire<br />

Binyamin, car la perfection de l’intellect dépend essentiellement de cela,<br />

comme nous l'avons vu plus haut. Tout cela signifie que l’intellect fait des<br />

remontrances en prétendant que la responsabilité du trouble du cerveau<br />

incombe principalement aux instruments de l’action. Autrement dit, (au manque)<br />

201


de charité qui dépend de l’action, de ce qui évoquée dans le verset : « Et ce sera<br />

l’acte de charité » (Isaïe, 32:17). Par son intermédiaire, l’intellect se parfait,<br />

comme nous l'avons vu. En effet, lorsque nous donnons la charité, cet acte a <strong>pour</strong><br />

conséquence de créer des convertis, comme nous l'avons expliqué plus haut. Et<br />

de la sorte, l’Autel retrouve sa perfection, qui se retrouve dans la table de<br />

l’homme, en ce sens que nous avons alors le mérite de manger dans la sainteté et<br />

de parfaire ainsi notre intellect. Nous avons alors le mérite de voir la lumière du<br />

Juste et grâce à cela, de recevoir de lui crainte et amour, comme nous l'avons vu.<br />

Hiver 5564 à Terovitsa<br />

TORAH 18<br />

Selon le manuscrit de Rabénou.<br />

Rabbi Yonathan raconte : Je voyageai une fois en bateau et nous vîmes un coffre orné<br />

de pierres précieuses et de perles. Autour duquel tournaient des poissons<br />

nommés BiRCHa. Bar Amoraï, plongea <strong>pour</strong> aller le chercher, mais un poisson<br />

s'agita et tenta de lui enlever la jambe. L’homme lui lança un jet de vinaigre et le<br />

poisson disparut. Un écho céleste descendit et déclara : « Que faites-vous donc<br />

avec le coffre de la femme de Rabbi ‘Hanina ben Dossa ? Elle s'apprête à y mettre<br />

le bleu-azur, <strong>pour</strong> les Justes, dans le monde à venir. » (Baba Batra 74a-b.)<br />

Rachbam<br />

Coffre : caisse. Bircha : tel est son nom. Bar Amoraï : un homme qui sait nager. Qui tenta<br />

de lui enlever la jambe : il voulut lui couper la cuisse. Lui lança du vinaigre : le<br />

vinaigre dont l’odeur fait fuir le poisson. Y mettre : y déposer.<br />

1- Sache que chaque chose a une finalité, et que cette finalité possède (également) une<br />

autre finalité, l’une plus haute que l’autre. Par exemple, la finalité de la construction d’une<br />

maison est d’offrir à l’homme un endroit où se reposer, la finalité du repos est de procurer<br />

des forces afin de servir Dieu, et la finalité du service divin est…, etc.<br />

Et la finalité de chaque chose est liée à la pensée et à l’intellect (l’ayant initié et conçu), plus<br />

encore que ce qui a amené cette finalité à aboutir. (En outre) la finalité est plus proche de la<br />

202


pensée, que de sa cause (immédiate), car « la finalité d’une action est dans la pensée<br />

première » (Cantique Lékha Dodi). Ainsi, l'aboutissement et la finalité sont les prémices de<br />

la pensée, et entretiennent avec elle une (réelle) proximité. Et de cette finalité, découle<br />

l’action.<br />

Par exemple, lorsque nous projetons de construire une maison, évidement la maison ne se<br />

construit pas en un instant. Il faut au préalable préparer le bois à partir duquel on<br />

façonnera chaque planche et poutre, selon sa destination (finale). Et ce n’est qu’ensuite que<br />

la maison (commencera à être) bâtie, jusqu’à son achèvement. Ainsi, l’achèvement de la<br />

maison qui constitue le but et la finalité de la construction, se trouvait effectivement dans la<br />

pensée initiale. La finalité est donc plus proche de la pensée initiale, que du commencement<br />

de sa matérialisation.<br />

2- Et sache que la finalité de la Création, c’est le plaisir du monde à venir. Mais il est<br />

impossible d’amener l’entendement humain (à concevoir) cette finalité. En effet, le verset<br />

déclare à son sujet : « Nul œil, hormis Toi, ne l’a entrevu etc.» (Isaïe, 64:3).<br />

Cependant, les Justes véritables sont, eux-aussi, en mesure de saisir par la pensée, la finalité<br />

(ultime) que représente le monde à venir. Et chaque juif, également, selon la source de son<br />

âme qui se trouve dans celle du Juste, reçoit de lui (le pouvoir de saisir) cette finalité, dans<br />

la mesure (toutefois) qu’il élimine la colère à l’aide de la miséricorde. En d’autres termes,<br />

lorsqu’un homme éprouve un sentiment de colère, il devra veiller à ce que sa colère<br />

n'engendre aucune cruauté dans son comportement. Mais il s’efforcera au contraire,<br />

d’atténuer cette colère en éveillant sa compassion, à l’image du verset : « Dans Ta colère,<br />

souviens-Toi donc de la clémence » (‘Habakouk, 3:2).<br />

Par cette attitude, une couronne se formera <strong>pour</strong> les humbles qui fuient honneurs et<br />

pouvoir, et se considèrent (vis-à-vis des autres) comme le restant (du peuple). Couronnés<br />

ainsi d’une couronne de clémence, à l’image du verset : « Qui te couronne d’altruisme et de<br />

clémence » (Ps. 103:4), ils obtiennent alors, malgré eux, honneurs et pouvoir, ce<br />

qu’exprime : « Une couronne de splendeur <strong>pour</strong> le reste de Son peuple » (Isaïe 28:5), que nos<br />

Sages interprètent : « à l’intention de ceux qui se considèrent comme le restant (du peuple) »<br />

(Méguila 15b).<br />

Car si les Justes fuient ainsi pouvoir et honneurs et ne souhaitent diriger le monde, c’est<br />

qu’ils sont habités par une pensée qui leur vient du « voilement de la Face Divine ». Ce<br />

« voilement » est dû au manquement de foi dans le Peuple d’Israël. Car la Face Divine se<br />

203


dérobe du monde à la mesure de son hérésie. Ce qui a <strong>pour</strong> conséquence que le Juste<br />

également, ne veut pas prendre la direction du monde.<br />

Car le voilement (de la Face Divine) n’est autre que l’expression de Sa colère et de Son<br />

courroux engendrés par l’idolâtrie, comme l’enseignent nos Sages : « Aussi longtemps<br />

que l’idolâtrie existera dans le monde, le courroux sera présent dans le monde » (Sifri Réé).<br />

Et même lorsqu’il n’y a pas d’idolâtrie (à proprement parler), mais que la foi n’est pas<br />

aussi parfaite (qu’elle devrait l’être), Son courroux et Sa dissimulation sont malgré tout<br />

présents, mais à la mesure toutefois, du manque de foi.<br />

Cependant, puisque Sa colère ne se manifeste qu’un court instant, comme il est écrit : « Car<br />

Sa colère ne dure qu’un instant » (Ps. 30 :6), elle n’est réellement ressentie que lorsque<br />

l’idolâtrie est dans le monde. Alors qu’en absence d’idolâtrie, mais que la foi (en Dieu)<br />

soit cependant incomplète, on ne ressent déjà plus la colère divine qui ne perdure alors<br />

qu’une parcelle d’un instant, faisant que le voilement de la Face divine soit<br />

imperceptible.<br />

Cependant, lorsque la colère divine (parcourant le monde) atteint les Justes, ceux-ci se<br />

dérobent eux-aussi du monde et ils ne veulent pas le diriger. Mais comme la colère<br />

(divine) ne se manifeste qu’une infinitésimale parcelle d’un instant, les Justes<br />

n'attribuent pas ce désengagement à un (quelconque) sentiment de colère (de leur part),<br />

mais à de la modestie. En effet ils se dévalorisent (à leur propre yeux) et arguent à ne<br />

pas être habilités à diriger le monde. En fait, ils n’identifient ni ne ressentent eux-mêmes<br />

le courroux (divin qui a influencé leur attitude), parce que (la colère divine est)<br />

infinitésimale.<br />

Voilà donc <strong>pour</strong>quoi, lorsque Moché, se dévalorisant, souhaitait échapper (à la mission<br />

Divine l’enjoignant) de se rendre en Egypte et de prendre la direction (du peuple), et<br />

qu’il déclara entres autres : « Qui suis-je, <strong>pour</strong> que j’aille chez Pharaon ? » (Chémot 3:11),<br />

le texte évoque alors : « Et le courroux de l’Éternel s’emporta en Moché » (Chémot 4:14),<br />

signifiant que cette modestie qui lui faisait refuser de prendre en charge la direction du<br />

peuple, avait <strong>pour</strong> cause (réelle) la colère Divine qui parvenait jusqu’à lui.<br />

Mais lorsque le courroux et la colère sont tempérés par la miséricorde, cette miséricorde<br />

adoucit également la colère qui touche les Justes. Alors, la clémence gagne les Justes qui,<br />

saisis de pitié <strong>pour</strong> le monde, se laissent convaincre, acceptent de le diriger et endossent<br />

le rôle de dirigeants. C’est par cette clémence, qu’ils dirigent le monde, conformément au<br />

verset : « Car celui qui les prendra en pitié, les dirigera » (Isaïe 49:10). La clémence est<br />

204


donc leur couronne, elle les couronne des qualités (nécessaires) à la royauté, ou à un<br />

dirigeant.<br />

C’est là le sens de (l’anecdote de nos Sages, citée en début d’enseignement) : « Un coffre<br />

orné de pierres précieuses », que Rachbam traduit par « aRGaZ/caisse », qui est une<br />

allusion à la « colère/RoGueZ ». Alors que les « pierres précieuses » renvoient à l’idée<br />

de couronne, c'est-à-dire à la compassion, comme nous venons d’en faire état. « Autour<br />

duquel tournaient des poissons nommés BiRCHa », référence à la foi, comme<br />

l'enseignent nos Sages (au sujet du verset) : « Où croissaient les broussailles, croîtra le<br />

cyprès/BRoCH » (Isaïe, 55:13), « Il s'agit de Mordékhaï » (Meguila 10a). Or Mordékhaï<br />

est désigné (par ailleurs) Juif, parce qu’ayant renié l’idolâtrie, comme l’enseignent nos<br />

Sages : « Tout homme qui renie l’idolâtrie est appelé Juif » (Méguila 13a).<br />

3- Mais il arrive parfois qu’un homme s'imagine éprouver de la pitié <strong>pour</strong> le monde et<br />

veuille donc prendre sa direction, alors qu’en vérité, il <strong>pour</strong>suit les honneurs et attribue<br />

cette <strong>pour</strong>suite à de la miséricorde (à l’égard du monde), alors que réellement, il est bien<br />

loin d’une telle miséricorde.<br />

Car tant qu’un homme ne possède pas une foi absolument parfaite, il ne devra<br />

certainement pas accepter le rôle de dirigeant. Et même s’il ne croit qu'en une seule<br />

superstition, faisant partie des « pratiques Emorit » (voir Tossefta Chabbat chapitres 7 et 8),<br />

quand bien même croirait-il en Dieu, il ne devra certainement pas accepter le rôle de<br />

dirigeant. Car c’est un (sentiment) de miséricorde, qui <strong>pour</strong> l’essentiel, doit animer le rôle<br />

de dirigeant. Or, la miséricorde prend naissance au fur et à mesure que l’on éradique<br />

l’idolâtrie, et qu’il faudra chasser jusqu’à sa plus infime forme. Un homme dusse-t-il<br />

penser : « Si un cerf a croisé mon chemin, cela signifie que… » (Sanhedrin 65b), que sa<br />

miséricorde (à l’égard d’autrui) n’est pas complète. Par conséquent, il ne devra pas<br />

accepter le rôle de dirigeant, même si par ailleurs il possède une grande foi, et ce, tant qu’il<br />

ne se soit assuré qu’aucune croyance en laquelle il n’est pas nécessaire de croire, ne<br />

subsiste encore en lui, comme <strong>pour</strong> le cas des pratiques Emorit, précitées. Car il faut s’en<br />

remettre pleinement en l’Eternel (Cf. Deutéronome 18,13), et alors (seulement), sa<br />

miséricorde est réelle, et (un tel homme) est habilité à diriger.<br />

Par contre, celui dont la foi est encore défectueuse et s'imagine éprouver un sentiment de<br />

compassion à l’égard du monde, (sentiment) qui (selon lui), le pousse à vouloir diriger le<br />

monde, cet homme tombe sous la sentence de nos Sages qui déclarèrent : « La royauté se<br />

205


transformera en hérésie » (Sota 49b). En effet, cette trace infime d’hérésie corrompt la<br />

royauté, le rôle de dirigeant, et la transforme en hérésie, tout comme (cet homme) a<br />

détourné vers lui la royauté, alors qu’il est un tant soit peu hérétique.<br />

4- Sache également, que la foi renforce constamment la royauté et l’autorité de façon à ce<br />

que nul étranger qui en est indigne, ne vienne s’en emparer.<br />

Sache encore que la royauté est <strong>pour</strong> l’essentiel enracinée dans la sagesse, et ce, afin de<br />

savoir comment guider et régner. C’est <strong>pour</strong> cette raison que tout roi a (dans son<br />

entourage) des sages et des conseillers, <strong>pour</strong> qu’ainsi sa royauté s’affermisse et son<br />

royaume perdure, comme l’indique le verset : « Ainsi devint-il roi de Yéchouroun, lorsque<br />

les têtes du peuple s’étaient réunies » (Dévarim 33:5). C’est en effet grâce aux têtes qui<br />

représentent le cerveau et la sagesse, que la royauté s’affermit.<br />

En outre, grâce à l’amour porté aux sages, la royauté s’affermit. Mais si le roi conçoit une<br />

quelconque inimitié envers les sages, c’est là un signe, que depuis les cieux, sa royauté<br />

lui sera retirée. Car le monde ne peut perdurer sans sagesse, ainsi qu’il est écrit : « Le roi<br />

maintient son pays par la justice » (Prov. 29:4). Et c’est cette même justice qui fait<br />

référence aux Sages, ainsi qu’il est écrit : « Et si vous prenez en horreur Mes Jugements »<br />

(Vayikra 26:15) que l'exégèse identifie à ceux qui haïssent les Sages en Torah (Cf. Rachi).<br />

Ainsi, celui dont la foi n'est pas parfaite, de par ses croyances émorites, et qui tente de<br />

s'accaparer de la royauté et du pouvoir, bien qu’il n’en est pas habilité, la foi qui entoure<br />

le pouvoir et prévient sa gestion contre toute intrusion étrangère, fera chuter cet homme<br />

dans la haine des Sages, afin que la royauté et la direction ne perdurent entre ses mains.<br />

Elles ne perdureront certainement pas entre ses mains, car en effet, l’essence de la<br />

royauté dépend du jugement, comme nous l’avons vu.<br />

À moins que celui qui s'accapare de la royauté ne se renforce dans l’hérésie, au point de<br />

dissocier la foi du pouvoir, c'est-à-dire de la royauté, (et de ce fait, d'empêcher la foi) de<br />

tenir (sous contrôle) la royauté. Alors, il se peut que le pouvoir reste entre ses mains. En<br />

effet, rien ni personne ne l’entraînerait vers la haine des Sages, la foi étant séparée de la<br />

royauté.<br />

Tel est le sens de : « Bar Amoraï, plongea <strong>pour</strong> aller le chercher, mais un poisson s'agita<br />

et tenta de lui enlever la jambe ». Bar Amoraï renvoie à celui dont la foi n'est pas<br />

parfaite, comme nous avons expliqué (il croit dans les superstitions des Emori). La<br />

jambe : « ATMa », correspond à : « Celui qui se bouche/OTeM les oreilles aux propos<br />

sanguinaires » (Isaïe, 33:15), que l'exégèse identifie à celui qui refuse d’écouter des<br />

206


propos désobligeants à l’égard des Sages en Torah (Makot 24a). En d’autres termes<br />

Bircha, (que nous avons) précédemment (défini comme la foi), tente de le précipiter<br />

dans la haine à l’égard des Sages. « L’homme lui lança un jet de vinaigre et (le poisson)<br />

disparut ». Le vinaigre représente le renforcement de l’hérésie, comme dans le<br />

verset : « Quand mon cœur s’aigrissait » (Ps. 73,21). C'est de cette façon qu'il fit fuir le<br />

Bircha en question.<br />

5- Car en réalité, bien que les rois des nations règnent sur nous, il n’y a dans leur royauté<br />

aucune équivalence avec la royauté spécifique à Israël – ils ne l’ont d’ailleurs jamais<br />

approchée ! Et celui qui (parmi eux), souhaite s’en approcher, ni l’une ni l’autre (de ces<br />

deux royautés) ne subsiste entre ses mains : en d’autres termes, cet homme se voit<br />

destitué de la royauté qu’il exerçait sur les nations du monde. Et ce, parce que la foi qui<br />

entoure (et protège) notre royauté, fait chuter la sagesse (de cet homme et de ses<br />

conseillers) de laquelle (justement) dépend leur royauté, comme précédemment<br />

expliqué.<br />

C’est en ce sens qu’il est écrit, au sujet de la chute de l’Egypte : « Les princes de Çoân sont<br />

fous » (Isaïe, 19:13), (ce qui signifie que) la déraison, c'est à dire l’effondrement de leur<br />

sagesse, entraîna la chute de leur royauté.<br />

C’est ce qu’ont affirmé ‘Hanania, Michaël et Azaria à Nabuchodonosor : « Tu es notre roi<br />

<strong>pour</strong> les taxes, mais en ce qui concerne le fait de nous guider dans le service divin et dans<br />

notre foi, un chien et toi êtes semblables » (Vayikra Raba, 33). Ils lui dirent, en d’autres<br />

termes, qu'il n'avait aucun accès à la royauté d’Israël liée à notre foi. En effet, notre foi<br />

entoure la royauté, la protège de tout contact avec l'étranger, et fait tomber dans la<br />

haine des sages ceux qui la briguent. A moins que l’hérésie ne prenne le dessus sur la foi<br />

jusqu'à la faire chuter, alors seulement, ils peuvent avoir accès à notre royauté, à Dieu ne<br />

plaise, ce qu'évoque : « L’homme lui lança un jet de vinaigre et (le poisson) disparut ».<br />

6- Cependant, sache que le Ciel ne lui permettra pas de s’en emparer, (en effet) : « Un écho<br />

céleste descendit et déclara : Que faites-vous donc avec le coffre de la femme de Rabbi<br />

‘Hanina ben Dossa ? Elle s'apprête à y mettre du bleu-azur <strong>pour</strong> les Justes, dans le<br />

monde futur ».<br />

En d’autres termes, par la perfection des lettres des paroles de foi, que symbolise la femme<br />

de Rabbi ‘Hanina ben Dossa. Car Rabbi ‘Hanina ben Dossa représente la foi, parce qu’elle<br />

le caractérisait, comme l’indique (la parole de nos Sages) : « Alors que ‘Hanina, Mon fils, se<br />

contente (<strong>pour</strong> toute nourriture) d’une mesure de caroube » (Brakhot 17b), cette mesure de<br />

207


caroube fait référence à une mesure de foi, puisque la caroube renvoie aux Bérochim qui<br />

rappellent Bircha, comme nous l'avons vu.<br />

Quant à la femme, elle correspond au concept des lettres dont la perfection s'obtient par la<br />

foi, ce qu’indique l'acronyme du verset : « Avanim SHlémot Tivné : Tu bâtiras avec des<br />

pierres intactes » (Dévarim, 27:6) (formant le terme : ESHeT/femme). Or les pierres sont<br />

des lettres, comme l'enseigne (le Séfer Yétsira) : « Trois pierres bâtissent six maisons ».<br />

Dire que les lettres atteignent leur perfection grâce à la foi, renvoie à : « C’est alors que Je<br />

transformerai <strong>pour</strong> les nations, une langue claire… » (Tséphania 3:9). Et cela se fera par la<br />

foi (évoquée à la fin de ce verset) : « <strong>pour</strong> que tous invoquent le Nom de l'Éternel », car c’est<br />

ainsi que « Je transformerai <strong>pour</strong> les nations, une langue claire », qui correspond à la<br />

perfection de la parole.<br />

La perfection des lettres, représente la finalité de tous les êtres créés. En effet, tous les<br />

mondes ont été créés par des lettres, or la perfection des lettres est (symbolisée par la<br />

lettre) Youd, – aspect du Monde à venir qui a été créé par le Youd (Mena’hot 29b). Or la<br />

lettre Youd constitue le point final, qui parachève la forme de chaque lettre, car lorsque<br />

ce point final qui complète la forme de chaque lettre, vient à manquer, cette lettre est<br />

alors certainement imparfaite, et sa forme est défectueuse.<br />

En outre, les lettres sont liées à la royauté et à l’autorité, de l'ordre de : « la royauté, c’est la<br />

bouche », en ce sens que la royauté et l’autorité s'accomplissent essentiellement par (la<br />

force de) la parole, car on ne dirige et ordonne autrement que par la parole.<br />

Il ressort que grâce au parachèvement des lettres exprimant la foi au sein de la royauté, les<br />

Justes prennent connaissance de la finalité ultime du monde à venir. En effet, les Justes<br />

en dirigeant le monde, puisque : « Le Juste gouverne » (Samuel II 23:3), se rattachent<br />

ainsi à l’attribut de royauté. Or en se rattachant à la royauté, ils se rattachent du même<br />

coup aux lettres qu’elle renferme. Ainsi, en saisissant les lettres parachevées, ils<br />

saisissent la finalité (de chaque chose en ce monde), qui n’est autre que le<br />

parachèvement des lettres obtenues par le Youd et qui évoque le Monde à venir.<br />

(C'est ce qu'exprime) la dimension du bleu-azur/TéKHéLeT, qui correspond à la<br />

finalité/TaKHLiT se révélant à l’intérieur du « coffre », soit à l’intérieur du pouvoir et de<br />

la royauté, grâce à « la femme de Rabbi ‘Hanina ben Dossa », (c'est-à-dire) au moyen<br />

(des lettres, évoquées par le verset) : « Tu bâtiras avec des pierres intactes ».<br />

208


« Pour les Justes, dans le Monde futur », c'est-à-dire de telle sorte que les Justes<br />

parviennent à saisir la finalité, soit, le Monde à venir.<br />

Et tel est le sens du verset : « En toutes tes voies, connais-Le !» (Prov. 3:6), indiquant que<br />

l’homme peut saisir la finalité (de l’existence) à travers chaque chose (en ce monde). En<br />

effet, chaque chose a été créée avec des lettres, or chaque lettre possède (en elle) une<br />

finalisation, soit le point final (venant compléter sa calligraphie) qui n’est autre que (la<br />

lettre) Youd, reflet du Monde à venir, ou finalité (de l’existence), venant parachever la<br />

calligraphie de chaque lettre, comme nous l'avons vu.<br />

7- Or la finalité/TaKHLiT s'appelle TéKHéLeT/bleu-azur. En effet, le bleu-azur est un<br />

« mélange » de noir et de blanc, car il est une couleur intermédiaire entre le noir et le blanc.<br />

Ainsi, lorsque noir et blanc s’unissent, comme dans le cas de l’écriture, où (l’encre) noire<br />

s’inscrit sur du (papier) blanc, alors indéniablement, au point d’adhérence et de proximité de<br />

la lettre au papier blanc, le noir et le blanc composent un mélange qui est à l’image du<br />

TéKHéLeT/bleu azur.<br />

Or le point d’attache de la lettre (au papier), représente l’aboutissement, c'est-à-dire la<br />

finalité. En effet, (dans un premier temps), le scribe lorsqu'il écrit, place le roseau imbibé<br />

d’encre et faisant office de plume, sur le papier. Cette encre se trouve encore quelque peu<br />

éloignée du papier, jusqu'à ce que le scribe fasse pénétrer (par pression) le roseau imprégné<br />

d’encre, dans l'épaisseur du papier. Et la couleur noire de l’encre adhère alors au papier en<br />

profondeur avec une forte adhérence. L’adhérence (de la lettre au papier) constitue<br />

l'aboutissement et la finalité/TaKHLiT. Et à l’endroit de cette adhésion, le papier et l’encre se<br />

mélangent, à l’image du TéKHéLeT/bleu azur. Ainsi, la finalité qui est l'aboutissement de<br />

l’acte (créateur), se trouvait dans la pensée initiale, très proche de cette pensée, comme nous<br />

l’avons vu.<br />

[Note de Rabbi Nathan : Je pense humblement comprendre que l’aboutissement de l’action<br />

renvoie au noir, alors que le commencement de la pensée correspond à la blancheur suprême,<br />

comme nous le savons par ailleurs (des textes cabalistiques). Ainsi, l’aboutissement de l’action<br />

(créatrice) représentant la finalité, préexistait bien dans la pensée initiale dans un état de<br />

forte proximité avec celle-ci, et correspond au bleu-azur, qui est le lieu de jonction du noir et<br />

du blanc. Comprends ceci.]<br />

209


8- C’est précisément (<strong>pour</strong>quoi) un écho céleste est sorti. En effet, la dimension d'écho<br />

céleste, représente la finalité de toute chose, en ce qu’elle inverse toute chose, de son début<br />

à son terme, soit sa finalité. Ceci renvoie à (l'enseignement de nos Sages) : « Qui est le Sage ?<br />

Celui qui voit ce qui va naître » (Tamid 32a), autrement dit, le terme et la finalité.<br />

En effet, un écho est ce que l’on entend lorsqu’on émet un son dans la forêt ou ailleurs, on<br />

entend alors un son semblable au sien, comme s'il avait été émis par autrui. Nous pouvons<br />

constater que lorsqu’une personne émet une parole, nous entendons également cette<br />

parole (émettre un écho). Ainsi, l’écho renverse la parole, faisant de son début la fin,<br />

rapprochant la fin de cette parole à lui-même (c.à.d. à l'écho). Par exemple, lorsqu’un<br />

homme prononce le mot « Béni/BaRouKH », évidement la lettre « Beth » sort la première<br />

et s’éloigne de lui, puis il émet la lettre « Rech » de « BaRouKH », de telle sorte que cette<br />

seconde lettre soit plus proche l'émetteur que le « Beth », et de même <strong>pour</strong> la lettre<br />

« KHaf », qu’il émet en dernier et qui devient plus proche de lui que le « Rech ». Mais l’écho<br />

prend ce mot : « Baroukh » et l'inverse de son début à sa fin, faisant en sorte que la lettre<br />

Beth soit plus proche de l’homme, (plus rapidement) que la lettre « Rech », et le « Rech » de<br />

la lettre « Khaf ». Par conséquent, la lettre « Khaf » qui constitue le terme et la finalité du<br />

mot, qui était au début la plus éloignée de l’écho, devient à présent la plus proche (de lui).<br />

C’est ce que l’on entend en effet, lorsque l’écho émet le mot « Baroukh » : le « Beth » au<br />

début, puis le « Rech » puis le « Khaf ». Il ressort donc que le « Khaf », qui est la finalité et<br />

qui était au départ le plus éloigné qu'il soit de cet écho, se trouve désormais le plus<br />

rapproché, car l’écho a inversé le mot.<br />

C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle « un écho céleste descendit », car c'est précisément un écho<br />

qui révéla : « Que faites-vous donc avec le coffre de la femme de Rabbi ‘Hanina ben<br />

Dossa ? Elle s'apprête à y mettre le bleu-azur <strong>pour</strong> les Justes, dans le monde futur ».<br />

Ont été présentées jusqu’ici les paroles de Rabénou lui-même, que sa mémoire soit bénie.<br />

Le restant des enseignements du même ordre, rapportés dans Baba Batra après les<br />

enseignements de Rabah bar bar Hanna, tels que « Houna bar Nathan m'a dit etc. » et<br />

l’histoire de Rabbi Eliezer et de Rabbi Yéhochoua, seront exposés intégralement dans le<br />

second volume, enseignements 4, 5 et 7. Regarde-les, et tu trouveras sérénité <strong>pour</strong> ton âme.<br />

210


Ta miséricorde nous a aidés à achever les enseignements nommés : « ils racontent »,<br />

dans lesquels tous ces Tanaïm et Amoraïm ont dissimulé les trésors cachés du Roi.<br />

Maintenant tendez votre oreille aux paroles qui proviennent des chambres<br />

(privées), belles (au point de pouvoir) être présentées devant des rois. De son<br />

intelligence, il vous dévoilera une partie des allocutions (traitant) de la grandeur du<br />

Créateur, des trésors suprêmes enfouis dans le Sifra Ditsniouta. Les merveilles et les<br />

miracles que le Dieu du ciel fit <strong>pour</strong> nous, en nous dévoilant les conseils de la Torah<br />

d'une façon merveilleuse et pénétrante, accessible à chacun, grâce auxquels (chacun)<br />

<strong>pour</strong>ra mériter de s'approcher de Celui qui créa tout et de Lui être agréable. Que Son<br />

Nom soit béni au-delà de toutes les bénédictions et de tous les cantiques.<br />

SIFRA DITSNIOUTA<br />

Chavouot 5564<br />

TORAH 19<br />

« Prière du prophète ‘Habakouk, <strong>pour</strong> ses errements etc. » (‘Habakouk, 3:1)<br />

Il est écrit dans le premier chapitre du Sifra Ditsniouta (Zohar Térouma 176b) : « Tant que<br />

la balance n’existait pas, on ne regardait pas face-à-face ».<br />

1- Le monde se demande : « En quoi est-il nécessaire de voyager chez le Juste <strong>pour</strong> écouter<br />

(un enseignement) de sa bouche, alors qu'il est possible d'étudier les ouvrages traitant<br />

d’éthique (morale) ? »<br />

Mais il y a là en réalité un grand avantage, car il existe une différence notable entre celui qui<br />

entend (un enseignement) de la bouche-même du Juste véritable et celui qui l'entend de la<br />

bouche de quelqu'un qui rapporte ses propos. A plus forte raison lorsqu'on l'entend de<br />

celui qui l'a entendu de celui qui l'a entendu. (A chaque fois) on descend de niveau,<br />

(passant) à un niveau (de plus en plus) éloigné de la bouche du Juste. Plus grande encore<br />

est la différence entre celui qui entend la parole du Juste et celui qui l'étudie dans un<br />

ouvrage.<br />

211


2- Car il faut affiner le visage, si bien que chacun puisse voir son propre visage à travers<br />

son visage (celui du Juste) comme dans un miroir. Et que sans remontrances ou morales,<br />

il regrette aussitôt ses (mauvais) agissements, simplement en regardant son visage<br />

(celui du Juste). Car en regardant ce visage, chacun se verra comme dans un miroir, (et<br />

constatera) combien son visage a sombré dans les ténèbres.<br />

3- Inestimable est la valeur de la langue sainte par laquelle le monde a été créé ! Comme<br />

l'enseignement nos Sages : « C’est <strong>pour</strong>quoi elle sera nommée ICHah/femme, parce qu'elle<br />

a été prise de ICH/l’homme » (Berechit 2:23), « Ce langage (désignant la femme) tombe<br />

(sous le sens étymologique, ou en d’autres termes découle) du langage (désignant<br />

l’homme), duquel nous apprenons que le monde a bien été créé par la langue sainte »<br />

(Berechit Raba 18, rapporté par Rachi).*<br />

Cela renvoi à ‘HaVa/Eve, comme dans le verset : « La nuit relate/yé’HaVé à la nuit la<br />

connaissance » (Ps. 19:3) qui fait référence à la parole en langue sainte par laquelle le<br />

monde a été créé. C'est ce qu'implique : « Celle-ci/léZOT sera appelée femme » (Genèse<br />

2,23) ; il s'agit de la parole, comme « Et c’est de ceci/véZOT dont il leur parla » (Bér. 49:28).<br />

Grâce à la langue sainte, « Il nous a élevés au-dessus de toutes les langues » (<strong>pour</strong> exprimer<br />

que) toutes les langues des nations tombent grâce à la langue sainte. C'est-à-dire que le mal<br />

(spécifique) rattaché à (telle) nation s'annule et s'effondre devant la langue sainte et n'a<br />

plus autorité sur Israël. Telle est la notion rappelée plus haut : « un langage tombe sur un<br />

langage ».<br />

De plus, (même) le mal général, qui englobe tous les maux des soixante-dix langues, c'est-àdire<br />

le brasier ardent de la passion <strong>pour</strong> la débauche, dans lequel les soixante-dix nations<br />

sont enfoncées et rassemblées, tombe, s'annule et perd (lui aussi) son autorité grâce à la<br />

langue sacrée. Cette (notion) correspond au brasier des soixante-dix étoiles, évoqué dans le<br />

Saint Zohar (2, Vayakel, 203a), c'est-à-dire au mal général, qui n’est autre que le brasier<br />

ardent de la passion <strong>pour</strong> la débauche, dans lequel les soixante-dix nations sont englobées.<br />

Telle est la notion de ‘HaCHMaL, ‘Hayot eCH MémaLéLot/des anges de feu qui<br />

parlent/méMaLéLot (‘Haguiga 13). « Des anges/‘Hayot de feu/eCH » correspondent à<br />

‘Hava/Eve, iCHa/la femme, c’est-à-dire au concept de langue sainte grâce à laquelle le<br />

feu du brasier des soixante-dix étoiles se voit étiolé/mitMaLeL et annihilé. On le<br />

212


etrouve en allusion dans MaL du mot ‘HaCHMaL qui correspond au brasier des<br />

soixante-dix étoiles (car MaL a <strong>pour</strong> valeur numérique 70) qui est étiolé et annulé grâce<br />

à la langue sainte. C’est en effet <strong>pour</strong> cette raison qu’elle se nomme « langue sainte », car<br />

« Partout où tu trouves un barrage à la dépravation, tu y trouves la sainteté » (Vayikra<br />

Raba 24).<br />

C’est ainsi que Rachi commente : « C'est <strong>pour</strong>quoi l'homme abandonnera son père et sa mère<br />

<strong>pour</strong> s’attacher à sa femme » (Bér. 2:24) : « nous apprenons de là que l'inceste leur fut<br />

interdit, et c’est le souffle saint qui (faisant interruption dans le récit) parle (ici dans le<br />

verset) ». Le souffle saint, c’est la langue sainte comme dans « Et par le souffle de Sa<br />

bouche, toutes leurs légions » (Ps. 33:6). En d’autres termes, grâce à la langue sainte, la<br />

passion <strong>pour</strong> la débauche, c'est-à-dire le brasier des soixante-dix étoiles, se retrouve<br />

attaché et emprisonné (le même terme hébraïque désigne « interdit » et<br />

« emprisonné »). Ainsi, (ce brasier) se voit privé de son emprise sur Israël grâce à la<br />

langue sainte, du même ordre que « une langue tombe sur une langue », car le souffle de<br />

folie s'annule devant le souffle de sainteté.<br />

Telle est dimension de la réparation de l’Alliance, qui correspond au souffle de sainteté, à<br />

associer au verset : « Et aucun autre souffle (d’éveil sexuel) ne s’est levé sur un homme »<br />

(Josué, 2:11 ; Zéva'him, 116a-b).<br />

C'est (aussi la signification de) « Il referma la chair à sa place » (Bér. 2:21) (commenté par<br />

nos Sages) : « Ceci se réfère uniquement à l’endroit de l’incision/’HaTaKH » (Brakhot<br />

61a), c’est-à-dire à l’articulation/’HiTouKH (littéralement au découpage) de la parole.<br />

C'est (aussi la signification de) « Il construisit » (Bér. 2:22) – « Il l’a formée comme un silo »,<br />

car la fabrication et la réparation de la langue sainte dépend essentiellement de « la<br />

crainte de l'Eternel est son trésor » (Isaïe, 33:6), ainsi qu’il est écrit : « La conclusion de<br />

toute parole, écoutons-la : Crains Dieu » (Ecc, 12:13).<br />

C'est (aussi la signification de) « comme un silo de blé » (Rachi), car la crainte est un silo<br />

dont dépend la formation et l’accommodement du blé, des vingt-deux lettres de la<br />

langue sainte (Tikounim, 16).<br />

C'est à cela que fait allusion le verset : « Elohim a parlé en Son sanctuaire » (Ps. 60 :8), car la<br />

parole de sainteté dépend de « la crainte de l’Eternel ».<br />

213


Yossef aussi possédait une parfaite maîtrise de la langue sainte, comme il est écrit : « Car<br />

c’est ma bouche qui vous parle » (Bér. 45:12) en langue sainte. C’est <strong>pour</strong>quoi il est dit à<br />

son sujet : « Existe-t-il un homme tel que celui-ci, dans lequel réside le souffle de Dieu ? »<br />

(Idem, 41:38). Le souffle de Dieu fait référence à la réparation de l’Alliance, comme dans<br />

le verset (déjà cité) « Et aucun autre souffle (d’éveil sexuel) ne s’est levé sur un homme ».<br />

En effet, la réparation de l’Alliance dépend de la langue sainte, comme dans l’affirmation<br />

« nous apprenons de là que l'inceste leur fut interdit », car l’une ne peut exister sans<br />

l’autre autrement dit, la réparation de l’Alliance et la perfection de la langue sainte sont<br />

interdépendantes.<br />

C’est là le sens de : « Celui qui fréquente des prostituées perdra son bien » (Prov. 29:3).<br />

(Rachi sur Prov. 3,9) : « Ne lis pas ton bien/HoNekha, mais ta gorge/grONekha, liée à la<br />

notion de langue sainte. En effet, celui qui porte atteinte à l’Alliance, perd la langue<br />

sainte.<br />

Tel est le sens de : « Honore l'Eternel avec ton bien » Prov. 3:9). « Honore », précisément, car<br />

la notion d'honneur dépend justement de cela. En effet, les offenses et les calomnies,<br />

liées à l’immoralité sexuelle, sont à l’opposé de l’honneur comme nous l’apprenons des<br />

Tikounim : « Et ils n’éprouvaient pas de honte » (Bér. 2:25), la honte n'est présente que là<br />

où il y a immoralité sexuelle (Tikounim, 58). Cette immoralité est l'atteinte à l’Alliance,<br />

de l'ordre du prépuce, évoqué dans « Car c’est un déshonneur <strong>pour</strong> nous » (Bér. 34:14).<br />

Il s'agit (précisément de) « Honore », à l’opposé des offenses et des calomnies, que (le<br />

verset) fait dépendre de « ton bien » et donc de « ta gorge », car il s'agit de la perfection<br />

de la langue sainte.<br />

Le nom « YoSSeF » qui désigne (lui aussi) la perfection de la langue sainte, est apparenté à<br />

la réparation de l’Alliance, comme l'évoque : « Dieu a effacé/aSSaF ma honte » (Bér.<br />

30 :23). En effet, de (cette perfection) dépend l’honneur, car il n’est de honte qu’en un<br />

lieu d’immoralité sexuelle.<br />

Par contre, le serpent – qui désigne le mal global dont nous avons parlé plus haut – lorsque<br />

la perfection fait défaut à la langue sainte, va et domine la langue sainte. C'est ce à quoi<br />

fait allusion « La domination du serpent s’exerce sur la chair (Zohar 1, 65a) qui fait<br />

référence à ‘Hava, appelée « la chair de sa chair », comme dans « la chair sainte »<br />

('Haggaï, 2:12).<br />

214


Cela renvoie au serpent qui séduisit ‘Hava et fit pénétrer en elle son impureté, qui est le<br />

vent de tempête, esprit de folie, « femme stupide » (Prov. 9:13), qui n’a de cesse de<br />

séduire le souffle de sainteté, qui est la langue sainte, la femme sage, de l'ordre de « La<br />

sagesse des femmes » (Prov. 14:1), et d’instiller en elle une souillure.<br />

Cette notion est à rapprocher de « Le péché est tapi à la porte » (Bér. 4:7). « A la porte »<br />

équivaut à « Les portes de ta bouche » (Mikha 7:5) de la langue sainte. Ce péché est tapi<br />

(à sa porte) dans l’attente de puiser d’elle sa vitalité.<br />

4- Et sache que cette femme stupide, qui signifie le mal global des soixante-dix langues,<br />

n’est pas en mesure de puiser (sa subsistance) de la femme sage, de la langue sainte dont<br />

nous avons parlé, si ce n’est par l’intermédiaire de la notion d’Arbre de la Connaissance<br />

du Bien et du Mal. C’est par lui qu’il séduit la langue sainte et instille en elle une<br />

pollution. L’Arbre de la connaissance, qui inclut en lui deux forces, qui sont le « Bien » et<br />

le « Mal », sert d’intermédiaire entre la langue sainte, qui est la femme sage, entièrement<br />

bonne, et la langue des soixante-dix nations, qui est entièrement mauvaise.<br />

De plus, l’arbre de la connaissance du bien et du mal s'apparente au Targoum (traduction<br />

araméenne de l’hébreu), qui sert d'intermédiaire entre la langue sainte et celles des<br />

soixante-dix nations. Ainsi lorsque les langues des peuples désirent puiser leur vitalité<br />

de la langue sainte, elles ne peuvent y parvenir que par le langage du Targoum, identifié<br />

à la « femme sensée/Maskélet » (Prov. 19:14) correspondant à « Maskil par<br />

l’intermédiaire d’un traducteur » (Pessa’him, 117a).<br />

En effet, la langue du Targoum inclut en elle le « bien et mal ». Elle évoque parfois la<br />

dimension de MaSKiL (intelligente), et parfois de celle de MéShaKeL (littéralement qui<br />

assassine l'enfant d'autrui, c'est-à-dire criminelle). Cette femme stupide séduit la femme<br />

sage par l’intermédiaire de la femme sensée. En effet, le pouvoir des forces du mal<br />

provient essentiellement de la langue du Targoum (l'araméen), qui correspond à «<br />

L’araméen tenta de détruire mon père » (Dévarim, 26:5) et à « Balak m’a fait venir<br />

d'Aram, » (Bamidbar 23:7). (Ces deux versets) font référence la langue du Targoum,<br />

l'araméen, d'où s'éveillent (les forces du mal) <strong>pour</strong> puiser (leur nourriture) de la<br />

sainteté.<br />

(En revanche), le principal de la construction et de la perfection de la langue sainte ne<br />

s'effectue qu’en faisant tomber le mal du Targoum et en élevant le bien du Targoum vers<br />

la langue sainte. C’est de cette manière que la langue sainte trouve sa perfection.<br />

215


De fait, Lavan l’araméen, qui n’est autre que « L’araméen tenta de détruire mon père » cité<br />

plus haut, tenta de puiser (sa nourriture) de la sainteté par le biais du Targoum. C’est la<br />

raison <strong>pour</strong> laquelle « il l'appela Yégar Sahadoutha » (Bér. 31:47). Mais Yaakov élevait le<br />

Targoum (au niveau de) la langue sainte, « C'est <strong>pour</strong>quoi il l'appela Galed » (idem), en<br />

langue sainte.<br />

Tel est le sens de « L’Éternel-Dieu fit tomber une torpeur » (Bér. 2:21), dont la valeur<br />

numérique est équivalente au mot Targoum, comme rapporté par ailleurs (Likouté<br />

Torah Parachat Vaet’hanane), car la construction de la langue sainte s’effectue<br />

essentiellement grâce au Targoum. Plus précisément, en élevant vers la langue sainte le<br />

bien qui se trouve dans le Targoum et en faisant chuter le mal qu’il renferme, les<br />

soixante-dix langues tombent, comme : « un langage tombe sur un langage ».<br />

Tel est le sens de « fit tomber/VaYaPeL » (idem), acronyme des mots du verset : « Pé Lahem<br />

Vélo Yédabérou », « Ils ont une bouche mais ne parlent pas » (Ps. 115:5). En effet, cette<br />

torpeur, associée à la notion de langue du Targoum permet l'essentiel de la construction<br />

de ‘Hava, c'est-à-dire de la langue sainte. En élevant le bien qui se trouve (dans le<br />

Targoum) et en faisant chuter le mal qu'il contient, les soixante-dix langues s'effondrent<br />

comme le laisse entendre : « Ils ont une bouche mais ne parlent pas » dont les initiales<br />

forment le mot « Vayapel/il fit tomber ».<br />

Yossef, <strong>pour</strong> sa part, du fait qu’il était parvenu à la perfection de la langue sainte était en<br />

mesure d’interpréter les rêves. En effet, l'essentiel (de la notion) de rêve se trouve dans<br />

le sommeil, c'est-à-dire dans la torpeur. La langue sainte parfaite s'obtient (aussi) grâce à<br />

la torpeur, liée au Targoum, comme nous avons vu. C’est <strong>pour</strong>quoi Yossef, qui a mérité<br />

d'accéder à la perfection de la langue sainte, qui s'effectue principalement par la torpeur<br />

savait interpréter les rêves qui viennent dans la torpeur.<br />

[Yossef mérita d'épurer la langue du Targoum, (c'est à dire) celle de la torpeur, ou en<br />

d'autres termes d'élever le bien qu’il contient, vers la langue sainte et de faire chuter le<br />

mal qui y est inhérent. C'est ce qui constitue la notion de perfection de la langue sainte<br />

par le biais de la langue du Targoum. C’est en cela qu’il savait interpréter le rêve qui se<br />

trouve dans le sommeil et dans la torpeur c'est à dire dans la dimension du Targoum. Il<br />

était en effet capable d'épurer le bien et la vérité qui se discernent dans le rêve, dans la<br />

torpeur qui correspond au Targoum. Il avait ainsi mérité d'épurer la langue du Targoum<br />

ce qui constitue l'essentiel de la notion de perfectionnement de la langue sainte grâce au<br />

Targoum, de par son mérite].<br />

216


5- Ceci correspond à la notion de « Mikrey Laïla/l’émission séminale nocturne (Dévarim<br />

23 :11). Le vent de tempête, c'est-à-dire l’esprit de folie, lié aux soixante-dix langues,<br />

s’élève de par le Targoum, la torpeur et le sommeil, et se nourrit de la langue de sainteté,<br />

de l’esprit de sainteté, de l’Alliance de sainteté.<br />

Car qui possède la perfection de la langue sainte peut refroidir sa chaleur grâce à langue<br />

sainte. Ce qui correspond à « Mon cœur est brûlant en moi… j’ai parlé par ma langue » (Ps.<br />

39:4) autrement dit, il refroidit sa chaleur par les paroles de la langue sainte. C'est ce que<br />

signifie (également) « Celle-ci, cette fois, est un os de mes os » (Bér. 2:23, que l'on<br />

commente :) d'où nous apprenons qu’Adam fut apaisé (littéralement : refroidi) avec ‘Hava<br />

(Yébamot 63a).<br />

En revanche, celui qui est dé<strong>pour</strong>vu de la perfection de la langue sainte se voit<br />

refroidi/meKaRer par le vent de tempête, par une émission de semence/miKRey nocturne,<br />

durant son sommeil. « Quand (Amalek) t’a surpris/KaRekha en chemin » (Dévarim,<br />

25:18) dans le sens de « refroidissement/KéRirout ». « En chemin » fait allusion à « Telle est<br />

la voie, d'une femme adultère » (Prov. 30 :20), car le vent de tempête se répand par la voie<br />

du Targoum, qui correspond à la notion de Noga et puise (sa nourriture) dans le ‘Hachmal<br />

(anges de feu), évoqué plus haut.<br />

En outre, Elicha hérita de l’esprit saint d’Eliyahou et reçut, grâce à cela, la perfection de la<br />

langue sainte, comme dans « Puissé-je recevoir une double part de l'esprit qui t'inspire »<br />

(Rois 2, 2:9). « Une double part » (littéralement : « bouche des deux ») équivaut à la<br />

langue sainte, au sens de « Deux fois le texte hébraïque, et une fois le Targoum » (voir<br />

Brakhot 8a). Pour cela, il est écrit au sujet (d'Elicha) « Un homme saint nous visite<br />

toujours » (idem, 4:9), que l'on commente par : « elle n'a jamais vu de pollution<br />

nocturne sur son drap » (Brakhot 10b). En effet, grâce à la perfection de la langue sainte,<br />

on est préservé du risque de perte séminale nocturne et grâce à la perfection de la<br />

langue sainte on peut mériter la réparation de l’Alliance.<br />

En effet, la perfection de la langue sainte s’opère principalement par le Targoum, lié à la<br />

torpeur et au sommeil, c'est-à-dire (plus précisément) par l'épuration de la dimension<br />

du Targoum qui correspond au sommeil, comme expliqué plus haut. C’est <strong>pour</strong>quoi on<br />

est alors préservé de toute pollution nocturne issue de la torpeur.<br />

217


C’est là ce que demandait David : « Le chef de ceux qui m’encerclent, dissimulant la dureté de<br />

ses lèvres » (Ps. 140 :10). « Le chef de ceux qui m’encerclent » en référence<br />

au : « rayonnement/Noga qui encercle » (Ezéchiel 1:4), c'est-à-dire qui encercle en<br />

premier lieu la sainteté. « Dissimulant la dureté de ses lèvres » (en d’autres termes, David<br />

priait <strong>pour</strong> que) la dureté et le mal qu’il y a en Noga soient annulés. Quant aux autres<br />

langues qui correspondent au concept de brasier des soixante-dix étoiles évoqué plus<br />

haut, (David demanda) : « Que pleuve sur elles des charbons ardents » (suite du verset<br />

précité), car « Ils sont sortis du feu et le feu les consumera » (Ezéchiel 15:7). En effet,<br />

l’aspect de Noga, qui renvoie au Targoum, doit être épuré, de telle sorte que le mal qu'il<br />

contient s'effondre, et que le bien qu’il renferme soit épuré, qu'il s'élève et soit intégré<br />

dans la sainteté, c'est-à-dire dans la langue sainte, car comme nous l’avons dit : « le<br />

perfectionnement de la langue sainte s’obtient grâce à la langue du Targoum ». Quant au<br />

reste des langues des nations, qui symbolisent le mal absolu, celles-ci doivent être<br />

totalement éradiquées, ce qu’indique (le verset faisant suite) : « Que pleuve sur elles des<br />

charbons ardents etc. ».<br />

Ceci correspond à la flamme de feu qui descend la veille de Chabbat, sur la tête des forces<br />

du mal afin de les empêcher d’être incluses dans Noga et de puiser (leur nourriture) de<br />

la sainteté.<br />

En effet, la veille du Chabbat, Noga se voit intégrée dans la sainteté tant et si bien que les<br />

autres forces du mal, totalement impures, souhaitent également s’élever vers la sainteté.<br />

C’est alors qu'une flamme de feu descend sur leurs têtes et qu'elles tombent vers le bas.<br />

Ceci constitue le secret de l'intention (que nous devons avoir à l'occasion) de la douche à<br />

l’eau chaude la veille de Chabbat, comme expliqué dans les Kavanot (Chaar Hakavanot,<br />

62). Cela correspond à ce que nous avons évoqué plus haut, c'est-à-dire épurer le bien<br />

qui se trouve dans le Targoum, relevant de Noga, et lui permettre ainsi de s’inclure dans<br />

la langue sainte. Quant aux langues des autres peuples, qui symbolisent le mal absolu, il<br />

convient de les faire tomber et de les annuler complètement.<br />

6- Ainsi, lorsque l’homme élève le bien qui se trouve dans le Targoum et donne ainsi sa<br />

perfection à la langue sainte par laquelle le monde fut créé, cela a <strong>pour</strong> effet de réveiller<br />

et d’amplifier la puissance des lettres de la langue sainte qui existent en toute chose au<br />

monde. En effet, chaque chose renferme en elle plusieurs combinaisons de lettres par<br />

lesquelles elle a été créée. De fait, avec la perfection de la langue sainte et au moyen du<br />

Targoum, la force de ces lettres présentes en chaque chose se voit éveillée et accentuée.<br />

218


Tel est le sens du verset : « Maintenant, de grâce, que la puissance de Dieu se déploie comme<br />

Tu as parlé en disant » (Bamidbar 14:17) « en disant » : (terme duquel nos Sages<br />

relevèrent une parenté avec) les interdits d’ordre sexuel (Sanh. 56b). Il s’agit donc du<br />

« brasier des soixante-dix astres » que nous avons précédemment identifié à la luxure, et<br />

qui disparaît grâce à la parole en langue sainte. Ainsi : « comme Tu as parlé en disant »<br />

signifie, selon (la qualité) de la parole en langue sainte par laquelle les interdits d’ordre<br />

sexuel furent promulgués et la luxure annulée, ainsi : « la puissance de Dieu se déploie ».<br />

En effet, en proportion du perfectionnement octroyé à la parole en langue sainte – soit<br />

l'évincement et l'annulation du désir de luxure – ainsi s’accroît et se réveille la puissance<br />

de Dieu inhérente à la Création, représentée par les lettres qui existent en chacune des<br />

choses en ce monde.<br />

7- Et quand on est en mesure d’éveiller l'illumination (potentielle) des lettres de l’Acte de la<br />

Création, son alimentation, sa boisson et tous ses plaisirs ne proviennent que de<br />

l'illumination des lettres contenues dans son alimentation et dans sa boisson. Comme (il est<br />

écrit) « Boaz mangea, but et fit du bien à son cœur » (Ruth 3:7). « Fit du bien à son cœur » fait<br />

allusion à la notion d'illumination des lettres des trente-deux (fois où le Nom divin) Elohim<br />

(apparaît) dans le récit de la Création du monde, et qui sont présentes en toute chose. Tel<br />

est le sens de « du bien à son cœur », car il n’est d’autre bien que la lumière, comme<br />

l'indique le verset : « Dieu considéra que la lumière était bonne » (Bér. 1:4). Voilà <strong>pour</strong>quoi<br />

« Il mangea, but et fit du bien à son cœur » (signifie que) son alimentation et sa boisson<br />

provenaient de l’éclat et du scintillement des lettres des trente-deux (occurrences du Nom)<br />

Elohim présentes dans le repas qu’il mangeait.<br />

C'est (aussi l'enseignement de nos Sages): « et fit du bien à son cœur » correspond à la<br />

bénédiction du repas (Zohar II, 218a ; Ruth Raba 5). C'est que son alimentation et sa boisson<br />

provenaient de l'illumination des lettres qui se trouvaient dans l'alimentation et dans la<br />

boisson, ce qui correspond à la bénédiction du repas. Le repas tire en effet sa bénédiction de la<br />

perfection de la langue sainte qui éveille et illumine les lettres contenues en toute chose. C’est<br />

de là que doit découler l'essentiel de l'alimentation, de la boisson et des autres plaisirs.<br />

8- Toute personne simplement sage [sans (<strong>pour</strong> autant) être un Juste] peut connaître les<br />

lettres par lesquelles ce qu’il est en train de manger a été créé. En effet, (prenons le cas<br />

de) celui qui connaît la force de la douceur ou de l’amertume, de ce qui rend piquant ou<br />

salé, de ce qui rend tendre ou dur, de ce qui accroît et de ce qui réduit, de ce qui<br />

219


contracte et de ce qui élargit, et connaît (également) la classification des lettres réparties<br />

en trois lettres principales Alef, Mem et Shine, en sept lettres doubles et en douze lettres<br />

simples ainsi que les lettres correspondant à chacune des Séfirot, (cette personne)<br />

connaît (finalement) le pouvoir de chaque Sephira : l'une est tendre et l’autre dure, etc.<br />

De ce fait, en goûtant ou en regardant une chose quelconque, il peut connaître et<br />

comprendre les combinaisons de lettres par lesquelles cette chose a été créée.<br />

En effet, chaque chose se singularise par son goût, par son parfum et par son aspect.<br />

(Chaque chose) dépend de la combinaison de lettres de la langue sainte que le Saint béni<br />

soit-Il a estimé (nécessaire <strong>pour</strong> elle) dans Sa Sagesse et de par Sa simple Volonté : telles et<br />

telles lettres <strong>pour</strong> créer cette chose-ci, et telles et telles lettres <strong>pour</strong> créer cette chose-là.<br />

Il s'agit de la notion de (lettres) manquantes, supplémentaires et points-voyelles qu'il y a<br />

dans la Torah. Tout dépend du pesage : il faut parfois retrancher et parfois ajouter une<br />

certaine lettre ou une voyelle afin d'obtenir l'équilibre de la force divine, le tout selon Sa<br />

Sagesse et Sa Volonté. (Chaque chose devra être pesée), en fonction de ce qu'a décrété Sa<br />

Volonté et Sa Sagesse, Béni soit-Il, de peser telles et telles lettres et tels et tels points, et de<br />

créer cette chose par cette puissance, par ces mêmes lettres et par ces mêmes points, <strong>pour</strong><br />

qu’elle ait ce goût, ce parfum et cet aspect (qui la caractérise). Dans le même esprit, Il a pesé<br />

telles autres lettres et tels autres points et a créé avec eux autre chose, de sorte que cette<br />

dernière acquiert (elle aussi) une force, un parfum, un goût et un aspect différents avec ces<br />

lettres. Il en est ainsi de toute chose en ce monde.<br />

Celui qui est simplement un sage est à même de comprendre tout cela par sa (seule)<br />

sagesse, (il peut ainsi) connaître les lettres contenues en toute chose. Mais ressentir et tirer<br />

plaisir de la combinaison des lettres comme « Il mangea et but », n’est possible qu'à celui<br />

qui a porté la langue sainte à la perfection et l'a gratifié d'une nouvelle illumination <strong>pour</strong><br />

chaque chose, dans les lettres contenues en chaque chose. Une telle personne est en<br />

mesure d’appliquer (ce principe évoqué dans) : « Il mangea et but etc. », comme nous<br />

l'avons expliqué.<br />

[L’explication est la suivante : par la seule sagesse, on peut connaître les lettres contenues<br />

en chaque chose, (mais seulement) si l'on connaît toute (la science) dont il est question<br />

plus haut. Par exemple, en examinant une chose dont le goût est doux, sachant que la<br />

douceur possède la faculté d'attendrir, sachant de quelle Séfira émane ce pouvoir de<br />

220


douceur et d'attendrissement, en l'occurrence la Séfira de Bonté, et sachant (également)<br />

quelle lettre parmi les vingt-deux lettres correspond à la Séfira de Bonté, on sait alors<br />

que cette lettre est revêtue de cette chose. Il en est ainsi <strong>pour</strong> chaque chose en ce monde.<br />

Par contre, quand bien même serait-il un très grand savant, connaissant clairement tout<br />

ceci, connaissant les lettres contenues en chaque chose {il faudrait <strong>pour</strong> cela être un<br />

expert particulièrement qualifié dans toute la science de vérité, autrement dit dans la<br />

science cabalistique, ainsi que dans toutes les sciences naturelles et celles des éléments<br />

comme le comprendra tout homme intelligent. Seul un très grand savant en Cabala<br />

Cabala et dans les autres sciences <strong>pour</strong>ra connaître tout cela}. Il n’en demeure pas moins<br />

que sa nourriture, sa boisson et ses autres plaisirs restent (limités) au seul aspect<br />

physique de la chose et non à l’illumination des lettres. On ne peut en effet mériter<br />

(d'atteindre ce niveau où) tous les plaisirs ne proviennent que des lettres contenues<br />

dans chaque chose, que si l’on a le mérite d’accéder à la perfection de la langue sainte.<br />

(Ce niveau est) de celui qui a mérité de briser totalement le désir sexuel et qui a ainsi<br />

porté la langue sainte à la perfection, au point de procurer un éclat nouveau à la langue<br />

sainte, aux lettres qui constituent chaque chose. Le Juste détient (ce niveau) et lui seul a<br />

ce mérite puisqu'il ne retire de plaisir de nulle chose, nourriture, boisson et plaisirs de<br />

ce monde, si ce n'est de l’illumination des lettres comprises dans chaque chose. Heureux<br />

soit-il.]<br />

Telle est l’idée suggérée par le verset : « Et que de Tsion, Il soit ton appui » (Ps. 20 :3), que<br />

ton repas, c'est-à-dire tout ce que tu manges, bois et tous tes plaisirs, provienne des<br />

marques/Tsioune, soit des signes-lettres, marqués et signés en chaque chose. En effet, le<br />

gout, le parfum et l’aspect sont une marque des lettres présentes dans cette chose.<br />

Tel est le sens du début du verset précité : « Qu’Il t’envoie ton secours du Sanctuaire ». « Ton<br />

secours », correspond à « Je lui ferai une aide » (Bér. 2:18), équivalent à ‘Hava, c’est-à-dire<br />

à la langue sainte, comme nous l'avons vu. C’est <strong>pour</strong>quoi il est écrit « du Sanctuaire »,<br />

c'est-à-dire de par la langue sainte.<br />

Et c’est <strong>pour</strong>quoi (les termes) : « Qu’Il t’envoie ton secours du Sanctuaire » forment par les<br />

dernières lettres (du texte hébraïque), le mot « obscurité », ce qui renvoie à la notion de<br />

torpeur, et donc au Targoum, (rappelant ainsi) que la perfection de la langue sainte<br />

s’effectue essentiellement par le Targoum, comme nous l’avons établi. Ainsi, lorsque l’on<br />

221


parvient à une telle perfection, alors : « de Tsion (viendra) ton appui », comme<br />

précédemment expliqué.<br />

9- Celui qui se tient au niveau de : « Et que de Tsion, viendra ton appui », verra son cœur<br />

briller. En effet, l' (illumination du) mot cœur (de valeur numérique 32), vient de ce qu'il<br />

reçoit et se nourrit de la crème de la crème (Zohar Pin’has 216b et 221b), des trentedeux<br />

(mentions du Nom) Elokim du récit de la Création, qui représentent les lettres<br />

présentes en toute chose. Elles émanent toutes de cette dimension des trente-deux<br />

Elokim du récit de la création.<br />

De plus, par le biais du scintillement de la lumière que le cœur reçoit des trente-deux<br />

(mentions d’) Elokim, son visage (lui aussi, reflète) l'éclat de cette lumière, de l'ordre de «<br />

Un cœur joyeux rend le visage serein » (Prov. 15:13). Lorsque son visage brille après avoir<br />

été purifié, son prochain <strong>pour</strong>ra alors voir son (propre) visage comme dans un miroir,<br />

regretter (ses actions passées) et se repentir. (C'est en ce sens que l'on peut<br />

comprendre) : « C'est face à face que l'Éternel parla avec vous » (Dévarim 5:4). Autrement<br />

dit, lorsque la Parole de l'Eternel est avec vous, la perfection de la langue sainte entraîne<br />

l'éclat des visages qui brillent tellement que chacun peut se voir (dans l’autre) face-à-face.<br />

Telle est (la signification de) : « Tant que la balance n’existait pas », la perfection de la<br />

langue sainte, appelée balance vient du fait que le Saint béni soit-Il pesa les lettres selon<br />

Sa Volonté comme nous l'avons vu. (Il s'agit aussi) de la dimension « donner au vent son<br />

équilibre » (Job, 28:25), car le Saint béni soit-Il pesa telle et telle lettre attribuée à<br />

chacune des choses afin qu’elle possède ce goût, ce parfum et cet aspect (qui la<br />

caractérise), conformément à Sa Volonté.<br />

Ainsi, avant que la langue sainte parvienne à sa perfection, « on ne regardait pas face-àface<br />

». Cette dimension de « face-à-face », n’existait pas encore car il est impossible de<br />

mériter le niveau de « visage brillant » et de « face à face », si ce n’est par la dimension de<br />

« balance » qui correspond à la notion de perfection de la langue sainte. En effet,<br />

l'essentiel de cette dimension de face-à-face s'obtient par le biais de « (C'est face à face)<br />

que l'Éternel parla avec vous ».<br />

C’est là le sens de « Tant que la balance n’existait pas ». Il s'agit de la notion de langue sainte<br />

dont la perfection s'obtient essentiellement par le Targoum, qui est Noga, appelé<br />

« balance », comme nous le savons (Zohar II, 113).<br />

222


De là provient la différence entre celui qui écoute de la bouche du maître, (et celui qui<br />

écoute) de la bouche du disciple, ou qui consulte un livre. En effet, les Justes sont<br />

qualifiés de « Héros puissants, qui font Sa Parole » (Ps. 103:20), en ce qu’ils réalisent et<br />

bâtissent la Parole du Saint béni soit-Il, c’est-à-dire la langue sainte par laquelle le<br />

monde a été créé.<br />

Il s'agit ici de la dimension « Dieu prit conseil auprès des âmes des Justes (avant de) créer le<br />

monde » (Bér. Raba, 8). En effet, en prévision des plaisirs qu'Il obtiendrait des âmes des<br />

Justes, s’ensuivit : «Par la parole de l’Eternel les cieux se sont formés, par le souffle de Sa<br />

bouche, toutes leurs légions » (Ps. 33:6). Ce qui signifie que les paroles de la langue sainte<br />

par lesquelles le monde fut créé furent formulées (par les Justes), car les Justes sont ceux<br />

« qui font Sa Parole », ils produisent la Parole du Saint béni soit-Il, afin qu’Il parle et qu'Il<br />

crée le monde.<br />

Tout ceci eut lieu avant la Création. Mais même aujourd'hui, lorsque les Justes souhaitent<br />

entendre une quelconque Parole du Saint béni soit-Il, ils forment d’abord cette parole et<br />

la construisent. Autrement dit, c'est par leurs bonnes actions qu'ils méritent d’entendre<br />

des Paroles du Saint béni soit-Il. Par conséquent, ces paroles ont été engendrées et<br />

construites grâce à eux.<br />

Telle est l’idée évoquée par le verset : « Qui font Sa Parole, <strong>pour</strong> écouter la voix de Sa<br />

Parole » (Ps. 103:20). Lorsqu’ils désirent entendre la Parole du Saint béni soit-Il, ils<br />

élaborent d’abord cette parole, selon la dimension « qui font Sa Parole ». Et ensuite, ils<br />

entendent cette même Parole du Saint béni soit-Il, selon la dimension de « Pour écouter<br />

la voix de Sa Parole », car c'est par cette parole que le Saint béni soit-Il parle avec eux.<br />

En outre, la perfection de la parole de langue sainte dépend de la crainte, comme dans « Il<br />

la fit comme un silo de blé », comme nous l’avons déjà vu. Or « la crainte dépend des<br />

oreilles » (Tikounim 70). Il en résulte que lorsque le Juste entend une parole de Torah de<br />

la bouche du Saint béni soit-Il, cette parole possède une perfection, car la parole dépend<br />

de la crainte, et que le Juste écoute cette parole en vertu de la dimension de : « Pour<br />

écouter la voix de Sa Parole ».<br />

Aussi, celui qui écoute (directement) de la bouche (du Juste) reçoit la parole de la langue<br />

sainte dans sa perfection, c’est-à-dire avec crainte. En effet, cette langue sainte accède à<br />

la perfection grâce au concept de : « Pour écouter la voix de Sa Parole ». Car la perfection<br />

de la parole dépend de la crainte et la crainte dépend des oreilles, comme nous le<br />

223


savons. Par contre, celui qui écoute de quelqu’un d’autre se trouve alors à distance de<br />

cette perfection, car (cette parole) est déjà descendue de niveau.<br />

Tel est le sens du verset : « Seigneur, j'ai entendu Ton message et j'ai été pris de<br />

crainte » (Habakouk 3:2) : Lorsque l'écoute s'effectue (directement à partir) de la<br />

bouche du Juste qui entend lui-même de Sa bouche, ce qui correspond à « Qui font Sa<br />

Parole <strong>pour</strong> écouter la voix de Sa Parole » – C’est là la signification de « Ton message »,<br />

que le Juste entend (directement) de Toi, c’est-à-dire de la bouche du Saint béni soit-Il<br />

Lui-même. Alors : « J’ai été pris de crainte », car l'essentiel de la crainte dépend des<br />

oreilles. La langue sainte trouve alors sa perfection.<br />

Ainsi, « l'œuvre que tu as projetée, Seigneur, fais-la vivre au cours des années » (idem),<br />

ce que Rachi commente « fais-la vivre » a <strong>pour</strong> sens « éveille-la ». Autrement dit, l'œuvre<br />

de Dieu s'éveille, en d'autres termes la puissance de l’œuvre de la Création s'éveille « au<br />

cours des années ».<br />

Ne lis pas : « années/CHaNiM » mais « deux/CHNaïM » (Sotah 49a). (Qui fait allusion<br />

à) : « Deux (fois), le verset (et une fois le Targoum) », c'est-à-dire à la langue sainte. (Cela<br />

signifie donc que) par l’intermédiaire de la langue sainte dans sa perfection, obtenue<br />

grâce la crainte qui dépend des oreilles, la force de création originelle créée grâce à la<br />

langue sainte, s’éveille et scintille.<br />

Rachi commente (le premier verset) « Prière du prophète ‘Habakouk, <strong>pour</strong> ses<br />

errements », comme le traduit le Targoum : la langue sainte parvient à sa perfection<br />

essentiellement grâce au Targoum, comme nous l’avons déjà rappelé.<br />

« Pour ses errements », car les erreurs correspondent au Targoum, qui évoque l’Arbre de<br />

la Connaissance du Bien et du Mal où le mal et le bien sont mélangés. Il en va de même<br />

de celui qui commet une faute par erreur, il comporte à la fois du bien et du mal, car si<br />

l’acte est mauvais, l’intention est bonne.<br />

[Additifs relatives à cette Torah]<br />

Entre celui qui étudie dans un livre et celui qui écoute (un enseignement) de la bouche<br />

du Sage, il existe une différence capitale. En effet, le livre n’existe que <strong>pour</strong> la mémoire (il<br />

a <strong>pour</strong> but de conserver l'enseignement), comme il est écrit : « Ecris ceci, comme<br />

souvenir, dans le livre » (Chémot 17:14). La mémoire provient du pouvoir de<br />

l’imagination (c'est elle qui permet de se souvenir). L’animal possède également une<br />

mémoire, comme nous pouvons le constater (par expérience) : un animal se souvient<br />

224


(par exemple) qu’à tel endroit un chien l’a mordu, et (voilà <strong>pour</strong>quoi) il évitera cet<br />

endroit. Pour cette raison, nos maîtres de mémoire bénie, ont affirmé : « Tu n'es pas<br />

autorisé à retranscrire les paroles orales» (Guittin 60b). Des choses (des secrets<br />

profonds) existent à l'intérieur (de cet enseignement), car le verset (nous demandant de<br />

mettre les choses par écrit) : « Ecris ceci, comme souvenir, dans le livre », ne fait, en vérité,<br />

référence qu'à la Torah écrite, que l'on doit précisément écrire. [J’ai entendu tout ceci de<br />

sa bouche sainte, au moment où je retranscrivais devant lui cette Torah, mais il n'a pas<br />

clarifié tout à fait ce sujet].<br />

Là est le secret (contenu dans) les paroles de nos Sages de mémoire bénie : « Adam, le<br />

premier homme cacha sa circoncision (lit. MaChouKh/tira sur son prépuce <strong>pour</strong><br />

recouvrir le gland) ; Adam, le premier homme, parlait araméen » (Sanh. 38b).<br />

Comprends bien cela. (Sache que) par l'usage de la langue araméenne, qui est celle du<br />

Targoum, le prépuce, incarnant le mal absolu, pouvait tirer/MaChKha et puiser (sa<br />

vitalité) de la langue sainte, de l’Alliance sainte, comme cela a été expliqué, tu l'étudieras<br />

soigneusement.<br />

En effet, la dégradation de l’Alliance constitue le mal dans son ensemble. (Ce qui porte<br />

atteinte à l'alliance, ce sont) les langues des nations, qui tirent/MaChKha<br />

essentiellement (leur vitalité) de la langue araméenne, du Targoum et cette dernière<br />

correspond à Noga. (Ainsi, grâce au Targoum) elles parviennent à s’élever et à puiser<br />

(leur subsistance) de la langue sainte, de l’Alliance sainte, comme nous l'avons vu<br />

précédemment. L’essentiel de la « balance », des épreuves et du libre-arbitre relève de la<br />

notion de Noga liée au Targoum. Noga est appelée « balance », comme nous l’avons vu.<br />

De là le sens de : « Adam, le premier homme, avait le prépuce tiré ; Adam, le premier<br />

homme, parlait araméen » car (ces deux concepts) dépendent l'un de l'autre. En effet, la<br />

détérioration de l’Alliance, avec la notion : « Il avait le prépuce tiré », découle <strong>pour</strong><br />

l'essentiel de la langue araméenne, qui est la langue du Targoum lorsque l'on ne l'élève<br />

pas (au niveau) de la langue sainte, comme nous l'avons vu (en choisissant de masquer<br />

sa circoncision et de parler araméen (Ps. 139:17), Adam chuta et souilla l'Alliance<br />

sainte).<br />

225


(Ceux) « … qui font Sa Parole, <strong>pour</strong> écouter la voix de Sa Parole » (Ps. 103:20) signifie que<br />

c'est le Juste qui élabore la parole (de Dieu), etc, comme vu plus haut. Lorsque la langue<br />

sainte vient d’en haut, elle manque encore de perfection, (car <strong>pour</strong> la parfaire) il faut<br />

élever le bien (contenu) dans le Targoum. C’est là le secret de l'intention (profonde) de<br />

la circoncision, comme la question (soulevée par) les hérétiques au sujet de la<br />

circoncision, rapportée dans le Midrach : « Comment Dieu <strong>pour</strong>rait-Il créer une chose<br />

imparfaite (comme un homme incirconcis) ? » (Bér. Raba 11). Il s'agit de la même<br />

idée : comme nous l'avons expliqué, la langue sainte – qui représente la réparation de<br />

l’Alliance sainte venue d’en haut – est encore imparfaite. Sa réparation s’opère<br />

principalement ici-bas, en ce monde, lorsque nous élevons le bien contenu dans le<br />

Targoum et parachevons (ainsi, la perfection de) la langue sainte. Parce que l’essentiel<br />

de toute réparation s'accomplit ici-bas, en ce monde précisément. Telle est la dimension<br />

de perfection de la langue sainte par le biais du Targoum, car même si la langue sainte<br />

provient d’En-haut, elle n'obtient néanmoins son aboutissement que grâce à la langue du<br />

Targoum, liée à la notion d’Arbre de la Connaissance du Bien et du Mal. En d’autres<br />

termes, du fait que nous extirpons le bien qui se trouve dans le Targoum, (tout comme)<br />

le bien que renferme l’Arbre de la Connaissance, ainsi exclusivement, la langue sainte<br />

trouve sa perfection.<br />

Cela correspond à ce qui est expliqué dans le Midrach (idem, en réponse) à la question<br />

des hérétiques dont nous avons parlé au sujet du commandement de la<br />

circoncision : « Comment Dieu <strong>pour</strong>rait-Il créer une chose imparfaite ? », vu plus haut.<br />

On leur avait répondu « Toute chose nécessite son achèvement. Le lupin nécessite la<br />

cuisson, etc. L’homme aussi a besoin d'être réparé, etc. » Vois là-bas.<br />

Comme nous l'avons expliqué, Dieu, béni soit-Il, a créé tout l'univers <strong>pour</strong> l’homme, Il l'a<br />

doté du libre-arbitre afin que lui, précisément, répare toutes choses, en extrayant le bien<br />

contenu dans l’Arbre de la Connaissance. De la même façon, il parachève et répare toutes<br />

les choses de ce monde. C’est <strong>pour</strong>quoi, nous devons procéder à la rectification de la<br />

circoncision, associée à la réparation de l’Alliance, en ce monde ci, précisément. Il s'agit<br />

ici de parfaire la langue sainte exclusivement par l’entremise du Targoum. En effet, la<br />

langue sainte, qui émane d’En-haut, ne dispose de perfection lorsqu’elle arrive d’en haut,<br />

que par le fait que nous épurons le bien qui se trouve dans le Targoum. Alors<br />

226


seulement, la langue sainte obtient sa perfection, comme nous l'avons expliqué plus<br />

haut.<br />

C’est le concept du « ’HaChMaL » (que l'on décompose en) : « ’HaCH (et) MaL », (ce<br />

second terme) ramène à la circoncision/MiLa. De plus, « MaL » a <strong>pour</strong> valeur numérique<br />

soixante-dix, (qui est lié aux 70) aspects du brasier des soixante-dix étoiles, évoqué plus<br />

haut. (La luxure) est brisée/nitMaLel, se trouve retranchée et s'annule par la<br />

circoncision qui répare l’Alliance. Plonge-toi dans les Kavanot et comprends.<br />

De plus, élever le bien (à partir) du Targoum s’effectue par la rectification des erreurs<br />

(commises) non-intentionnellement, car on doit réparer les fautes commises par<br />

inadvertance.<br />

Et celui qui possède à la perfection la langue sainte sait interpréter les rêves (survenus)<br />

dans la torpeur, à l’instar de Yossef, comme expliqué là-bas. C'est parce que les rêves<br />

sont (déterminés) par les aliments que l’on consomme, comme il est expliqué (dans le<br />

Zohar). Chaque chose contient des lettres, comme nous l'avons vu. Ainsi, lorsque<br />

l’homme est allongé et qu’il dort, les vapeurs (provenant) des aliments consommés<br />

s’élèvent jusqu’au cerveau, et les lettres que (ces aliments) renferment se recomposent.<br />

C'est à partir de cela que le rêve s'élabore.<br />

Par conséquent, au cours de son repas, si l'homme avait consommé la seconde cuillerée<br />

avant la première, un autre rêve lui serait apparu, car chaque chose contient des lettres<br />

différentes. Donc, s’il avait mangé cette cuillerée en premier, les lettres se seraient<br />

combinées selon d'autres combinaisons, de sorte qu'un autre rêve lui serait apparu. Mais<br />

celui qui a parfait la langue sainte connaît les lettres contenues dans chaque chose,<br />

comme nous l'avons vu, il est donc en mesure d’interpréter les rêves, comme nous<br />

l'avons vu.<br />

Comprends clairement combien le sujet de l’interprétation des rêves grâce à la<br />

perfection de la langue sainte se trouve à présent expliqué. (Ce sujet est<br />

particulièrement bien éclairci) par ce qui est écrit plus bas : que par la perfection de la<br />

langue sainte, des lettres présentes en chaque chose scintillent. Grâce au scintillement<br />

de ces lettres qui engendrent les rêves contenus dans tous les aliments, le Juste qui<br />

s’apparente à Yossef, sait interpréter les rêves survenus dans la torpeur, comme<br />

expliqué.<br />

227


[Nous avons trouvé l'extrait suivant qui a trait à cet enseignement, écrit de la main<br />

de Rabénou lui-même]<br />

"Qu’Il t’envoie ton secours du Sanctuaire" (Ps. 20 :3). Inestimable est la valeur<br />

précieuse de la langue sainte par laquelle le monde a été créé. Selon l'enseignement de<br />

nos Sages de mémoire bénie : « Celle-ci sera nommée ICha/femme, parce qu'elle a été<br />

prise de ICh/homme » (Genése 2:23). « Un langage tombe sur un langage », ce qui fait la<br />

preuve que le monde a été créé par la langue sainte » (Berechit Raba 18, rapporté par<br />

Rachi).<br />

La femme correspond à la dimension de « langue sainte », avec laquelle le monde a été<br />

créé. C’est <strong>pour</strong>quoi (elle s'appelle) ’HaVa/Eve, dans le sens de parole, comme dans le<br />

verset : « (Le jour en parle au jour et) la nuit raconte/yé’HaVé à la nuit, la connaissance »<br />

(Ps. 19:3). Ce qui explique : « Celle-ci/léZOT sera appelée femme » (Genèse 2,23), car la<br />

parole est appelée « Zot » comme il est écrit « Et c’est de ceci/véZOT dont leur père leur<br />

parla » (Bér. 49:28).<br />

De plus, grâce à la langue sainte, Il nous a élevés au-dessus de toutes les langues. Cette<br />

notion est liée à « une langue tombe sur une langue », (ce qui signifie que) toutes les<br />

langues tombent (découlent de) la langue sainte, et il n'y a pas… [Ici ce termine ce<br />

(fragment) que nous avons trouvé].<br />

[Le second chapitre du Sifra Ditsniouta a été commenté plus haut dans la Torah 2]<br />

TORAH 20<br />

Roch Hachana 5565 à Breslev<br />

Selon le manuscrit de Rabénou<br />

Chapitre trois [du Sifra Ditsniouta]<br />

« Neuf rectifications considérables ont été transmises à la Barbe. Tout ce qui est<br />

dissimulé et non-révélé se trouve élevé et honoré. Il (s'agit d') un trésor précieux.<br />

Des poils sur des poils, du devant des orifices des oreilles jusqu’au-dessus de la<br />

228


ouche. De ce côté à l’autre côté. En dessous des deux narines, se trouve un chemin<br />

plein, que l’on ne voit pas. Les mâchoires sont recouvertes (de poils) de ce côté et de<br />

ce côté. On y voit deux pommettes rouges comme une rose. Dans une (seule) touffe<br />

pendent des (poils) noirs et forts jusqu’au ventre. Les lèvres sont rouges comme une<br />

rose, et dégagées (de poils). Des petits (poils) descendent sur la gorge et recouvrent<br />

la nuque. Des grands et des petits (poils) descendent de manière symétrique. Grâce<br />

à cela, il se trouve vaillant et fort ».<br />

1- Sache qu’il existe une âme dans le monde, à travers laquelle les explications et les<br />

interprétations de la Torah sont révélées. Mais cette âme endure des<br />

souffrances : « Mange du pain avec du sel et bois avec mesure, telle est la voie <strong>pour</strong><br />

acquérir la Torah » (Pirké Avot, 6:4). Et tous les commentateurs de la Torah reçoivent<br />

(leur inspiration) de cette âme.<br />

De plus, toutes les paroles de cette âme sont semblables à des braises incandescentes,<br />

car il est impossible de recevoir et de puiser des eaux de la Torah excepté <strong>pour</strong> celui<br />

dont les paroles ressemblent à des braises incandescentes, comme il est écrit : «Ma<br />

parole ne ressemble-t-elle pas au feu ! » (Jer, 23:29).<br />

Mais lorsque cette âme chute du niveau : « Ma parole ne ressemble-t-elle pas au feu! »,<br />

lorsque ses paroles ne ressemblent plus au feu, et qu' (au contraire) ses paroles se<br />

refroidissent, cette âme se retire. Et lorsqu’elle disparaît, disparaissent (avec elle) les<br />

explications de la Torah qui auraient dû émaner d'elle. Dès lors, tous les commentateurs<br />

de la Torah se retrouvent dans l’incapacité de percevoir la moindre explication de Torah.<br />

Et c’est alors que s'éveille la controverse contre les Justes. En effet, la discorde est la<br />

conséquence principale de la disparition des commentaires de la Torah, dans la mesure<br />

où le commentaire constitue une réponse aux objections et aux conflits.<br />

Ceci est évoqué dans : « le désert de Tsine/miDBaR TSiNe» (Bamidbar 20 :1), au sens de<br />

« Parole refroidie/DiBouR méTSouNaNe. C’est en ce lieu que mourut MyRiam, symbole<br />

de l’âme qui endure l’amertume/MéRirout de l’asservissement dont souffre la Torah<br />

(lorsque la parole se refroidit). C'est alors que disparaît le puits/BééR (qui suivait les<br />

hébreux dans le désert par le mérite de Myriam, sœur de Moché), allusion à la notion<br />

d’éclaircissements/BéouRé de la Torah. C’est donc alors que « le peuple se querella avec<br />

229


Moché » (idem 20 :3), référence à la con<strong>test</strong>ation qui s'éveille (lorsque disparaissent les<br />

commentaires de la Torah), comme nous l'avons vu.<br />

C’est <strong>pour</strong>quoi ces commentateurs de la Torah sont appelés enseignants/MoRIM parce<br />

qu’ils ont reçu (les enseignements) de cette âme appelée du nom de MyRIaM. Eux aussi<br />

enseignent à leurs enseignants, ainsi qu’il est dit : « De mes élèves j’ai appris plus que de<br />

tous les autres (plus que de mes collègues et plus que de mes maîtres) » (Taanit 7a). C’est<br />

<strong>pour</strong>quoi Moché leur déclara : « Ecoutez donc, rebelles/haMoRIM » (idem 20 :10).<br />

2- Quant à celui qui souhaite transmettre des explications de Torah, il doit au préalable<br />

attirer sur lui des paroles brûlantes comme des braises incandescentes, nous l’avons vu.<br />

Cette parole émane du Cœur Supérieur : « Le rocher de mon cœur » (Ps. 73:26). Il doit<br />

donc se répandre en prière devant Dieu, béni soit-Il. Sa prière parvient ainsi à éveiller<br />

sur lui la miséricorde de Dieu, béni soit-Il, et à ouvrir le Cœur Supérieur. En effet, la<br />

Miséricorde réside essentiellement dans le cœur. Des paroles proviennent alors du Cœur<br />

Supérieur. C'est au moyen de cette Parole, qu'il peut rapporter de là-bas (du Cœur<br />

supérieur) des explications de la Torah.<br />

De plus, le Cœur dont nous avons parlé, s'apparente au « rocher » d’où provient la<br />

parole, comme dans « Les mots coûtent une pièce » (Meguila 18a). En outre, la "roche"<br />

rappelle le rocher dont il est question dans : « Il ouvrit le rocher et des eaux jaillirent »<br />

(Ps. 105:41) qui symbolise (également) le Cœur, comme dans « Le rocher de mon cœur »<br />

(Ps. 73,26).<br />

Le Cœur s'émeut alors, (se transforme) en miséricorde et déverse des paroles chaudes,<br />

de l’ordre de : « Mon cœur était brûlant en moi, je sentais comme un feu ardent alors que<br />

je parlais avec ma langue » (Ps. 39:4). Toutes les explications de la Torah sont écrites sur<br />

ce Cœur, comme rappelé dans « Inscris-les sur les tablettes de ton cœur » (Prov. 3:3).<br />

Ainsi, celui qui désire saisir quelque explication, doit la puiser au cœur, avec la prière et<br />

la supplication. C'est <strong>pour</strong>quoi les commentateurs de la Torah, avant même de procéder<br />

à une explication, doivent au préalable épancher leur prière devant Dieu, béni soit-Il,<br />

afin d'éveiller le Cœur Supérieur (et de lui permettre) de déverser sur eux des paroles<br />

semblables à des braises incandescentes. Ce n’est qu’ensuite qu’ils commenceront leurs<br />

explications, car ce n'est qu'après cela que le rocher s’ouvre et que ses eaux, c'est à dire<br />

les explications de la Torah, jaillissent.<br />

230


3- En outre, il existe une distinction entre l'explication qu’un homme exprime à luimême,<br />

et une explication qu’un homme expose en public. En effet, lorsqu’il formule en<br />

public, et qu’avant l'explication, il se relie aux âmes (à celles de ce public) et qu'il<br />

épanche sa prière et son propos devant Dieu, il ne fait aucun doute que : « Vois, Dieu est<br />

puissant et Il ignore le dédain » (Job, 36:5). Mais (s'il s'agit seulement d') une prière<br />

individuelle, il se peut que cette prière soit négligée. Nous y trouvons une allusion<br />

dans : « Tu parleras au rocher, devant leurs yeux » (Bamidbar 20 :8) (qui recommande)<br />

que ta prière soit formulée au moment où le public est rassemblé. C'est aussi (la<br />

signification) de (Dévarim 31:12) « rassemble le peuple ».<br />

4- Il s'agit également de la distinction (existant) entre celui qui étudie dans un livre et<br />

celui qui écoute (l'enseignement) de la bouche du Sage lui-même . En effet, l'âme de celui<br />

qui écoute de la bouche-même du Sage, se lie nécessairement à celle du Sage lorsqu'il<br />

(épanche vers Dieu, en présence du public, les paroles de) sa prière, comme nous l'avons<br />

vu. Cet homme (qui écoute directement de la bouche du Sage) obtient alors une part<br />

dans cette explication (de Torah).<br />

En effet, la prière a <strong>pour</strong> conséquence d’ajouter de la sainteté dans les mondes<br />

supérieurs. Par conséquent, toute prière émanant de nombreuses âmes, augmente la<br />

sainteté en haut et réveille d'autant le Cœur Supérieur, comme nous l'avons vu. Le Cœur<br />

Supérieur déverse alors avec d'autant plus (de vigueur) les eaux de ces (nouvelles)<br />

explications (de Torah). (La puissance de) tout (ce phénomène) est fonction du nombre<br />

de personnes (présentes). L'augmentation de Sa sainteté, comme le révèle : « Tu es Saint,<br />

trônant au milieu des louanges d’Israël » (Ps. 22:4), (suggère que) grâce aux louanges<br />

d’Israël, s'amplifie Sa sainteté.<br />

De même, lors de cet enseignement, tout le public, voit le mal existant en lui, se<br />

soumettre au bien (présent) dans le Sage. De plus, c'est proportionnellement (à<br />

l'intensité de cette) soumission que les ennemis sont dominés. Il s'agit des écorces<br />

(forces du mal) qui entourent le Cœur Supérieur. Y fait allusion : « Cette Jérusalem, Je l'ai<br />

placée au milieu des nations » (Ezekiel 5:5), car Jérusalem représente le Cœur<br />

(Supérieur), comme le montre : « Parlez au cœur de Jérusalem » (Isaïe 40 :2).<br />

Cela est (aussi) à associer à la notion de « bâton », au sujet duquel le Saint béni soit-Il dit<br />

à Moché : « Prends ton bâton et rassemble la communauté ». Le bâton symbolise l’autorité<br />

231


et la force du Juste, acquis par son travail (son service divin). Et grâce à lui (à ce bâton)<br />

tous les ennemis sont dominés, aussi bien en bas qu’en haut. C’est (le sens du verset) : «<br />

L’Eternel étendra de TSION le bâton de ta puissance » (Ps. 110 :2). Il s'agit des<br />

commandements et des bonnes actions qui constituent les marques/TSIOuNim des<br />

choses élevées. Le bâton de puissance (capable de) soumettre les ennemis, est fabriqué à<br />

partir d'elles (des lois et bonnes actions). C'est ce que signifie : « Et tu domineras au<br />

milieu de Tes ennemis » (fin du verset précédant). Il en découle donc que celui qui se<br />

trouve auprès du Sage, au moment de l'explication de la Torah, voit le mal qui est en lui,<br />

dominé (par le bien présent dans le sage), comme nous l'avons vu.<br />

C'est (également le sens de) : « Epanche ton cœur comme de l'eau à la Face de l'Eternel »<br />

(Lam. 2:19). « La Face de l'Eternel » fait référence aux explications et interprétations de<br />

la Torah, comme nous le voyons dans : « Tu honoreras la face du vieillard » (Vayikra<br />

19:32). (Ce verset fait allusion à l'enseignement suivant) « La barbe est l'honneur de la<br />

face » (Rachi sur Baba Metsia 84a). Il s'agit des Treize réparations de la Barbe (Sifra<br />

Ditsniouta, chapitre 2) qui sont les Treize principes d’interprétation de la Torah (voir<br />

Zohar III, 62a). (Ce verset confirme donc) qu’il convient de déverser sa parole et sa<br />

prière (devant Dieu) avant de transmettre des explications de la Torah, comme nous<br />

l'avons vu plus haut.<br />

C’est <strong>pour</strong>quoi (dans le désert, après la disparition de Myriam et du puits qui<br />

accompagnait de par son mérite les israélites, il est dit de Moché et Aaron) : « Ils<br />

tombèrent sur leurs faces » (Bamidbar 20,6) lorsqu’ils entendirent (les clameurs de) la<br />

discorde. Ils comprenaient que les causes (de l'opposition qu'ils rencontraient)<br />

résidaient dans (la disparition des) explications de Torah (conséquence de la disparition<br />

du Sage : Myriam), qui correspondent elles-mêmes à la notion de Face, comme nous<br />

l'avons vu. (Plus précisément,) la discorde commença à cause de la chute (tarissement<br />

de ces éclaircissements) dont nous avons parlé plus haut.<br />

5- Lorsque l’on prie avant de commenter la Torah, il faut prier en suppliant et demander<br />

au Saint béni soit-Il tout sous la forme du don gratuit. On ne doit rien faire dépendre de<br />

son propre mérite. Car même si le bâton de sa puissance s’est maintenant réveillé du fait<br />

de son travail, ce bâton ne doit pas le pousser à s’enorgueillir, mais (uniquement) à<br />

dominer le mal (présent) au sein de l’assemblée. En effet, dans le public, il y a des bons<br />

232


et des mauvais. On doit (se limiter à) assujettir le mal se trouvant chez les méchants,<br />

comme nous l'avons vu.<br />

Mais devant Dieu, béni soit-Il, on doit se tenir comme un pauvre et exprimer des<br />

supplications, sans rien faire dépendre du moindre mérite. C'est ce qui est évoqué<br />

par : « J'implorai l'Éternel en ce temps, en disant… » (Dévarim 3:23), (dont on peut<br />

traduire le dernier mot par « <strong>pour</strong> dire »). (Ce qui signifie qu') il faut se répandre en<br />

supplications (devant Dieu) lorsque l’on souhaite « dire », en d'autres termes : avant<br />

d'enseigner (la Torah).<br />

C’est (précisément) l’erreur commise par Moché. Dieu lui dit : « Prends le bâton,<br />

rassemble la communauté et tu parleras au rocher en leur présence » (Bamidbar 20,8).<br />

Moché était supposé se servir du pouvoir (que lui conférait sa propre) puissance,<br />

acquise par sa pratique des commandements et par ses bonnes actions (afin d'accomplir<br />

le verset) : « Et rassemble la communauté ». Car à l'occasion de ce rassemblement – dans<br />

lequel se trouvent aussi des impies-, le bâton de puissance (dont la puissance est due à<br />

ses mérites personnels) est nécessaire <strong>pour</strong> soumettre leur méchanceté. Puis, « Tu<br />

parleras au rocher en leur présence ». Le terme « parole » n'a d'autre signification que<br />

« douceur » le Zohar (Ki Tetsé, 279) comprend : « Vous parlerez au rocher » comme des<br />

paroles convaincantes et d’apaisement). Autrement dit, il faut déverser sa prière en<br />

suppliant (Dieu), à l’image d’un pauvre et d'un mendiant (c'est-à-dire sans invoquer ses<br />

propres mérites, sans orgueil). « Au rocher », c’est-à-dire en faveur du Cœur Supérieur,<br />

comme nous l'avons vu. « En leur présence » précisément, parce qu'il faut que le public<br />

soit présent à ce moment (la prière), afin qu’il (le Sage, puisse) se rattacher à leur âme,<br />

comme nous l'avons vu.<br />

Mais lui (Moché) a agi différemment, il a invoqué sa (propre) bonté et sa justice <strong>pour</strong><br />

(renforcer) sa prière (et non <strong>pour</strong> rassembler le peuple et dominer le mal présent en son<br />

sein). Il n'a donc pas utilisé le bâton en faveur de l’assemblée, il en a fait usage <strong>pour</strong> sa<br />

prière.<br />

C'est ce à quoi fait allusion « Moché éleva sa main » (verset 11). Sa main signifie « sa<br />

prière », ainsi qu’il est écrit « Ses mains furent foi » (Chémot 17:12), que le Targoum<br />

traduit par « déployées en prière ». Il éleva (donc directement) sa prière sans se<br />

rattacher à l’assemblée.<br />

233


« Il frappa le rocher de son bâton par deux fois ». « Il frappa le rocher et ses eaux<br />

s'écoulèrent » (Ps. 78:20). (Ces versets) s'expriment comme s'il avait frappé le Cœur<br />

Supérieur. (Cela en vient à) le comparer à ceux qui s'accaparent de quelque chose par la<br />

force et la violence, (il s'y autorisait) en vertu de ses bonnes actions.<br />

Voici (l'explication) des deux coups dont le rocher fut frappé (un seul aurait dû<br />

suffire). Le premier coup (sous-entend) qu’il s’est emparé des explications de la Torah<br />

par la force et la contrainte sans (les) demander (à titre) de don gratuit, comme nous<br />

l'avons vu. L'autre coup relève de (cet enseignement du Talmud) : « Celui qui presse le<br />

temps, le temps fera pression sur lui » (Brakhot 64a ; Erouvin 13), ce qui a eu <strong>pour</strong> effet<br />

d’entraîner sa disparition prématurée (ce coup supplémentaire est celui qui a justifié la<br />

décision prise au Ciel de le frapper <strong>pour</strong> compenser le déficit de sainteté entraîné dans le<br />

monde supérieur par le fait qu'il n'a pas associé le public à sa prière). La Présence<br />

divine, qui est le Cœur dont nous avons parlé, se lamente et pleure sur sa disparition. (Il<br />

semble que Rabénou explique ainsi la fin du verset des Psaumes précité : "Et ses eaux<br />

s'écoulèrent", qui emploie une expression utilisée aussi <strong>pour</strong> l'écoulement des larmes.)<br />

« Deux fois » (explique aussi cette double perte, dans la mesure où) Moché et Aaron<br />

moururent (tous deux) à cause de (ces deux) coups, comme il est écrit : « Ce sont les eaux<br />

de la controverse, etc. » (verset 13, voire Rachi sur la fin de ce verset).<br />

C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle un homme ne doit pas s'imposer <strong>pour</strong> quoi que ce soit (dans<br />

sa prière). (Il doit) au contraire implorer et supplier. Si Dieu, béni soit-Il, lui accorde (sa<br />

demande), tant mieux. S’Il ne la lui accorde pas, tant pis.<br />

Voici (la signification de) « Parce que vous n’avez pas assez cru en Moi » (Bamidbar<br />

20,12). Il s'agit ici de la prière, comme nous avons vu, dans la mesure où Moché a élevé<br />

sa prière au-dessus de celle de l’assemblée, sans se rattacher à l'assemblée. (Comme<br />

nous le savons,) la prière évoque la foi comme dans : « Ses mains étaient foi » (Chémot<br />

17,12).<br />

« Pour Me sanctifier aux yeux des enfants d’Israël » (Bamidbar 20,12), "Me sanctifier",<br />

précisément, car c'est par la prière publique que le Nom de Dieu se trouve sanctifié,<br />

comme nous l'avons vu.<br />

234


« De fait, vous n’apporterez pas etc. dans le Pays » (idem), fait allusion à la disparition (de<br />

Moché). En effet, la sainteté s'accroît en haut lorsque le Juste disparaît, comme nous le<br />

savons. Par conséquent, le manque (le déficit de sainteté) qu'ils ont causé (au ciel) sera<br />

rempli par eux (compensé par leur disparition).<br />

6- En outre, par le mérite de la Torah que l’on fait descendre (du Cœur supérieur), on<br />

(mérite) d'obtenir (sa part dans) la Terre d’Israël, comme nous le voyons (« Il fendit le<br />

rocher et ses eaux ont jailli » (Ps. 105:41), et le psaume <strong>pour</strong>suit) : « Il leur octroya des<br />

terres des peuples etc. » (Ps. 105:44).<br />

Mais la Terre d’Israël constitue l’une des trois choses qui s'acquiert dans la douleur<br />

(Brakhot 5a). Cette douleur résulte principalement des obstacles provoqués par les<br />

détracteurs (de la terre d'Israël), par ceux « qui débitent leurs calomnies sur le Pays »<br />

(Bamidbar 14,37). Il convient donc auparavant de soumettre ces mécréants et de les<br />

punir par l’épée et par la mort. Ce n’est qu'après cela qu’il deviendra possible de se<br />

rendre en terre d'Israël. Mais on ne peut acquérir la force (nécessaire et suffisante) <strong>pour</strong><br />

punir les méchants, que si on la reçoit d’EDoM. Il s’agit en effet de cette force qui le<br />

caractérise, comme on le voit (dans sa bénédiction) : « Et par ton épée tu vivras » (Bér.<br />

27:40). De plus, il puise (sa vitalité) du signe de Mars/maADiM (la planète rouge-sang).<br />

7- Et sache (le formidable) intérêt des forces spirituelles créées par les lettres de la<br />

Torah que l’on a générée. Ces forces sont en vérité des anges qui reçoivent leur<br />

puissance d’Edom dans le but de punir les méchants par l’épée et par la mort. Elles sont<br />

créées selon la modalité de : « Le Seigneur produit une parole, des messages de bonheur,<br />

nombreux comme une armée » (Ps. 68:12). (Ces forces) châtient les méchants, comme<br />

nous le voyons : « Car à Ses anges, Il a donné mission etc. Tu écraseras le chacal et la<br />

vipère etc. » (Ps. 91:11-13).<br />

8- Ces forces spirituelles, c’est-à-dire les anges, sont créés en fonction (et à la mesure)<br />

du renouvellement apporté à la Torah. Nous avons vu précédemment que les nouvelles<br />

explications de la Torah sont fonction de la sainteté (qu'elles viennent) ajouter en haut.<br />

Plus il y aura de sainteté, plus la Torah rayonnera ; plus il y aura de Torah et plus<br />

nombreux seront les anges dont nous avons parlé. Mais il en va de même <strong>pour</strong> l’inverse.<br />

La sainteté est parfois si faible que les anges générés par les nouvelles explications de<br />

Torah sont (eux aussi) dotés de faibles aptitudes. Ils sont alors incapables de recevoir les<br />

235


forces nécessaires <strong>pour</strong> châtier les méchants par l’épée et par la mort. Ils ne disposent<br />

que d'une force suffisante <strong>pour</strong> soumettre les méchants et les intimider, mais pas assez<br />

<strong>pour</strong> les punir par l’épée et la mort et (dans tous les cas) pas assez <strong>pour</strong> les anéantir.<br />

9- Mais parfois, même la force minimale suffisante <strong>pour</strong> les soumettre, manque à ces<br />

anges. Du fait de la pauvreté de la sainteté dont nous avons parlé auparavant, leur force<br />

est dérisoire. Leur seule force est alors d’éveiller (d'utiliser) le pouvoir des nations<br />

contre les calomniateurs de la Terre (d’Israël). C’est le cas actuellement (dans notre) exil<br />

où (du fait de la pauvreté de notre sainteté,) nous sommes dé<strong>pour</strong>vus du pouvoir de<br />

punir nous-mêmes les méchants. (Nous ne pouvons que) passer par l’intermédiaire de<br />

leurs tribunaux, c'est ce à quoi fait allusion : « Car le méchant cerne le Juste, c’est <strong>pour</strong>quoi<br />

la justice inique se dégage » (‘Habakouk, 1:4). En effet, le méchant encercle le Juste, et<br />

nous sommes dénués du pouvoir de le repousser par nous-mêmes autrement que par<br />

leurs lois, en le faisant juger par leur tribunaux et en acceptant d’eux (qu'ils exercent<br />

leur) pouvoir de <strong>pour</strong>suivre le méchant.<br />

Et sache encore que parfois, c'est par la Volonté divine que le méchant assiège le Juste et<br />

que le Juste est incapable de le chasser autrement que par l’intermédiaire de leurs lois.<br />

(Pourquoi ? Parce que) grâce à la force de la justice, le jugement de sainteté qui était<br />

tombé parmi les écorces peut se dégager. Le Juste le libère ainsi de (son<br />

emprisonnement par les) forces du mal (écorces). Le jugement perd alors son caractère<br />

inique. En effet, il s'était fourvoyé parmi les écorces, ce à quoi fait référence : « Et Ses lois<br />

leur sont inconnues » (Ps. 147:20). Mais à présent, le jugement se dégage de son<br />

égarement et se rétablit. Ainsi (se réalise le verset) « C’est <strong>pour</strong>quoi, la justice inique se<br />

dégage » (elle sort de son iniquité).<br />

10- Parfois, même cette force leur fait défaut. (Les anges, non seulement) sont<br />

incapables de châtier (les méchants) de façon (optimale) comme nous l'avons vu plus<br />

haut, mais ils sont même incapables de les réprimer selon leur système juridique,<br />

comme nous l'avons vu également, ni même encore de les intimider. (Leur dernière)<br />

force est simplement de les faire taire, de faire cesser leurs médisances contre nous,<br />

d’empêcher leur parole d’être entendue de tous. Et parfois, ce pouvoir lui-même vient à<br />

leur manquer. Tout dépendra (donc alors du degré) de faiblesse de la sainteté.<br />

236


C’est (la signification de la suite de la citation) « Moché envoya, de Kadech, des<br />

messagers au roi d'Edom » (Bamidbar 20 :14.). Il s'agit des anges dont nous avons<br />

parlé plus haut.<br />

Le "Roi d’Edom" s'entend au sens vu plus haut (les anges reçoivent leur pouvoir<br />

d'Edom).<br />

« Ainsi parle ton frère Israël ». Ces anges ont été créés à partir des paroles pures<br />

d’Israël, comme nous l'avons vu, selon : «Le Seigneur produit une parole, des messages de<br />

bonheur, nombreux comme une armée » (Ps. 68:12).<br />

« Tu connais les tribulations que nous avons éprouvées. Nos pères descendirent en<br />

Egypte » (verset 15). « Tu connais », précisément, car tous les châtiments passent par lui<br />

(Edom, qui est la source de la rigueur et des châtiments), en particulier celui de l’exil<br />

d’Egypte, qui fut la conséquence de la détérioration de l’Alliance comme nous le savons.<br />

C'est l’épée qui vient sanctionner la faute de l'atteinte à l’Alliance, selon : « (Je ferai surgir<br />

contre vous) le glaive vengeur (de l'alliance) etc. » (Vayikra 26:25), et (précisément,<br />

Edom) est le préposé à l’épée, comme cité plus haut.<br />

« Les Egyptiens nous opprimèrent et nous implorâmes l’Éternel, notre Dieu, qui<br />

envoya un ange » (verset 16). Nos Sages, de mémoire bénie, expliquent (à propos de<br />

l'ange/envoyé) qu’il s’agit de Moché.<br />

« Il nous fit sortir ». L'atteinte à l’alliance équivaut à une atteinte à la Connaissance,<br />

comme dans « Et Adam connut Eve » (Bér. 4:1). De plus, la voix réveille la Connaissance<br />

(du Créateur et de Sa Torah) selon le principe « La voix réveille l'intention » (qui<br />

convient à la prière, voir Berakhot 24b). C'est ce qui explique : « Nous implorâmes etc.<br />

et Il entendit notre voix », (preuve que) la voix éveille la Connaissance ; « Il envoya un<br />

messager/ange », il s’agit de Moché qui incarne la Connaissance ; et du fait que la<br />

Connaissance s'est révélée comme il convient, alors « Il nous fit sortir (d'Egypte) ».<br />

C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle nous lisons la Hagada à voix haute. La délivrance eut lieu au<br />

moyen de la voix, comme : « Il entendit notre voix ». C’est <strong>pour</strong> cela (également) que ce<br />

texte est appelé « HaGaDa », il désigne la réparation de l’Alliance, au sens de « Et Il vous<br />

dit/vayaGueD, Son alliance » (Dévarim 4:13). De plus, ce commandement (de dire la<br />

Hagada) passe essentiellement par l'usage de vin (référence aux quatre coupes du<br />

seder). (Le vin) symbolise la rétablissement (après la détérioration) de la Connaissance,<br />

comme l’enseignent nos Sages : « Le vin et le parfum rendent clairvoyant » (Sanh. 70a).<br />

(Ils rajoutent) « Celui qui fait bon usage du vin/tiRoCh devient une tête/RoCh » (id.),<br />

237


c'est-à-dire (reçoit les moyens intellectuels d'acquérir) la Connaissance. (Que l'on peut<br />

comprendre aussi) « Par son mérite, il devient d'une tête », c'est-à-dire « connaissance »<br />

« Permets-nous de traverser ton pays » (Bamidbar 20, 17). Ils espéraient entrer en<br />

Terre d’Israël par le biais des forces d’Edom, comme nous l'avons expliqué plus haut,<br />

<strong>pour</strong> recevoir de lui la force de châtier les méchants par l’épée et par la mort, ce qui leur<br />

aurait fait emprunter la « voie royale », la voie du Roi du monde.<br />

Ils ne convoitaient pas les plaisirs de ce monde. C’est ce qu'ils précisent en disant « Nous<br />

ne passerons pas par le champ ni par la vigne, et nous ne boirons pas de l'eau du<br />

puits » : Tout cela fait allusion aux plaisirs terrestres. Là n'est pas notre intention. Notre<br />

intention est « Nous suivrons la route royale », que les méchants ne nous empêchent pas<br />

d’emprunter la voie du Roi du monde.<br />

« Edom lui répondit : « Tu ne traverseras pas ma frontière, car je me porterais en<br />

armes à ta rencontre »» (v. 18). Une telle réaction est suscitée par la faiblesse de la<br />

force de la sainteté, comme nous l'avons vu.<br />

C’est de cela qu'il s'agit dans : « Nous (le peuple d’Israël) sommes à KaDeCH, ville à la<br />

limite de ta frontière » (v. 16). En d’autres termes, la sainteté/KéDouCHa est à un<br />

niveau si bas qu’elle frôle la limite de l’impureté. Ils leur répondirent donc à juste<br />

titre : « Tu ne traverseras pas ma frontière etc. », car celui qui se trouve à un bas niveau<br />

ne doit pas défier les méchants, car : « le méchant est capable d’avaler plus juste que lui »<br />

(‘Habakouk 1,13 ; Baba Metsia 71a).<br />

« Ils lui dirent : C'est par la route principale/Messila que nous voulons monter » (v.<br />

19). Cela renvoie à : « Les routes/Messilot dans leur cœur » (Ps. 84:6). (Les enfants<br />

d'Israël) argumentent ici que leur intention (n'est que) de susciter une crainte dans le<br />

cœur (des méchants).<br />

« Et si nous buvons de ton eau » — « ton eau » renvoie à la notion de justice, comme<br />

dans : « Que la justice jaillisse comme l'eau » (Amos 5:24). Il faut contraindre parfois en<br />

effet, les méchants, par le système juridique (des nations).<br />

« Je paierai son prix » que le Targoum traduit par « argent ». Cela fait référence aux<br />

pots-de-vin qu’ils reçoivent (les nations), car il faut leur donner de l’argent corrupteur<br />

<strong>pour</strong> qu’ils acceptent de rectifier un jugement inique.<br />

« Je ne ferai que traverser à pied », je veux emprunter momentanément ton pouvoir,<br />

seulement <strong>pour</strong> réduire au silence les méchants et empêcher ainsi leurs paroles de<br />

pénétrer « mes pieds » (c'est-à-dire d'influencer mon peuple). Il s'agit de la masse des<br />

238


gens, qualifiée de « pieds », comme nous le voyons dans le verset : « Et tout le peuple à<br />

tes pieds » (Chémot 11:8).<br />

« Il répondit : tu ne passeras pas ». Tout cela résulte de la faiblesse de la sainteté,<br />

comme nous l’avons vu. (Pour y remédier) il faut déverser sa prière avant (les<br />

enseignements de) Torah et se rattacher à l’âme des auditeurs. C’est de cette manière<br />

qu'une grande sainteté s’ajoute en Haut, comme il est rappelé : « Plus le peuple est<br />

nombreux, plus la gloire du roi est grande » (Prov. 14:28). En outre, plus la sainteté<br />

s'accroît, plus l’éclat de la Torah s'intensifie. L’éclat de la Torah ainsi intensifié augmente<br />

d'autant plus la force des anges qui peuvent alors châtier les méchants qui formulent des<br />

(paroles) médisantes (sur le Pays d'Israël).<br />

Voici l'explication du troisième chapitre (du Sifra Ditsniouta):<br />

« Neuf rectifications considérables ont été transmises à la Barbe », il s’agit du sage<br />

(ZaKeN/vieillard et ZaKaNe/barbe) qui s'apprête à enseigner dans l'école talmudique.<br />

Neuf principes dont nous avons traités plus haut, le concernent en particulier :<br />

1) « Prends le bâton ». 2) « Et rassemble la communauté », afin de soumettre leur mal,<br />

comme nous l'avons vu. 3) « Et vous parlerez au rocher », en supplications, comme nous<br />

l'avons vu. 4) « En leur présence », dans l'intention de se rattacher à eux. 5) Attirer des<br />

paroles de feu. 6) Attirer la Torah. 7) Créer des anges. 8) Recevoir la force d’Edom <strong>pour</strong><br />

soumettre les ennemis. 9) Se rendre en Terre d’Israël – Ces rectifications sont<br />

transmises au Sage qui enseigne.<br />

« Tout ce qui est dissimulé et non-révélé etc. » fait allusion à l’âme disparue (et à la<br />

Torah qu'elle enseignait, qui ne peut plus être révélée du fait de sa disparition),<br />

symbolisée par Myriam. « Se trouve », signifie que tout ce qui a été perdu du fait de la<br />

disparition de cette âme peut être à présent retrouvé grâce à ce Sage (et à ses<br />

enseignements, les neuf rectifications).<br />

Les neuf Rectifications vont être à présent expliquées dans l’ordre :<br />

La première Rectification : « Des poils sur des poils, du devant des orifices des<br />

oreilles jusqu’au-dessus de la bouche ». « Des poils/Sé'ARot », fait allusion aux<br />

239


« Portes/Sha'ARé de TSiON » (Ps. 87:2) et donc à : «L’Eternel étendra de TSION le bâton<br />

de ta puissance » (Ps. 110 :2). « Du devant des orifices des oreilles », c’est-à-dire avant<br />

d'entendre s’ils étaient capables de recevoir la Torah (il s'est servi du bâton, il a en<br />

quelque sorte "forcé" la Torah à descendre avant de savoir s'ils étaient prêts à la<br />

recevoir), « jusqu’au-dessus de la bouche » : ils ont ouvert la bouche et ont dit : « Nous<br />

ferons ». C’est en ce sens que nos Sages rapportent « Votre bouche a devancé vos<br />

oreilles » (Ketoubot 112a).<br />

La seconde Rectification : « De ce côté à l’autre côté » c'est à dire <strong>pour</strong> dominer leur<br />

mal. Pour ce faire, il les extrait de l’emprise de « l’autre côté » et les fait entrer sous<br />

l’autorité de la sainteté. Tel est le sens de « De ce côté à l’autre côté ».<br />

La troisième Rectification : « En dessous des deux narines se trouve un chemin plein,<br />

que l’on ne voit pas ». C'est une allusion au nez/‘HoTeM, se rapportant à « Vous parlerez<br />

au rocher », comme nous l'avons vu, de l'ordre de « Je scellerai/e’HéToM Ma Gloire en ta<br />

faveur » (Isaïe 48:9). Ce chemin est plein car « Ceux qui Le craignent ne manquent de<br />

rien » (Ps. 34:10) ; ceci justifie l'emploi du terme « plein ». De plus, la crainte (de Dieu)<br />

associée à la prière, comme le révèle : « Une femme qui craint Dieu est digne de louanges »<br />

(Prov. 31:30), se rapporte au nez, comme dans : « Il le sentira par la crainte de Dieu »<br />

(Isaïe 11:3). « Que l’on ne voit pas » signifie qu'il faut se faire petit (humble) en ne<br />

faisant rien dépendre (dans la prière) de son propre mérite, comme : « Ne te glorifie pas<br />

devant le roi » (Prov. 25:6).<br />

La quatrième Rectification : « Les mâchoires sont recouvertes (de poils) de ce côté et<br />

de ce côté » fait référence au rattachement (le sage qui enseigne la Torah s'est relié) à<br />

leurs âmes, de telle sorte qu'ils (les gens du peuple) le recouvrent de tous côtés.<br />

La cinquième Rectification : « On y voit deux pommettes rouges comme une rose ».<br />

« pommettes/TaPou’Hin », fait allusion aux fenêtres/MiFté’Hé du cœur qui<br />

s’ouvrent/niFTa'Hin du fait de l’éveil de la miséricorde du Cœur Supérieur et du<br />

déversement des paroles chaudes, des paroles incandescentes, qui se rapportent au<br />

« rouge comme une rose ».<br />

240


La sixième Rectification : Dans une (seule) touffe pendent des (poils) noirs et forts.<br />

Allusion à la Torah qui est attirée (vers le bas), comme nous l'avons vu. Ces paroles de<br />

Torah sont « Des boucles/TaLTaLim noires comme le corbeau » (Cantique 5:11) et<br />

constituent « des piles et des piles/TiLé-TiLim de prescriptions » (voir Erouvin 21b). Ces<br />

poils descendent « jusqu’au ventre », c'est-à-dire jusqu'aux entrailles, comme dans « Ta<br />

Torah jusque dans mes entrailles » (Ps. 40 :9). « Dans une touffe/'HouTa » fait référence<br />

à : « Autour de lui gronde/nisS'ARa la tempête » (Ps. 50 :3), car le Saint béni soit-Il se<br />

montre particulièrement pointilleux à l’égard des Justes, comme l'épaisseur (infime)<br />

d’un cheveu/HouT haSé'Ara » (voir Yebamot 121b). Et lorsqu’ils faillissent, ne serait-ce<br />

que (de l'épaisseur) d’un cheveu, ils n’ont plus le pouvoir d’attirer ces prescriptions dont<br />

nous avons parlé.<br />

La septième Rectification : « Les lèvres sont rouges comme une rose, et dégagées (de<br />

poils). » Il s'agit de la création des anges comme nous l'avons expliqué, de l'ordre de<br />

« Par le souffle de Sa bouche, toutes leurs légions » (Ps. 33:6). « Rouges comme une rose »<br />

évoque « Ses serviteurs sont des flammes ardentes » (Ps. 104:4).<br />

La huitième Rectification : « Des petits (poils) descendent dans la gorge et<br />

recouvrent la nuque ». (Il s'agit de la nécessité) de recevoir le pouvoir d’Edom afin de<br />

soumettre les ennemis qui, (se détournant de Dieu, lui) montrent leur nuque. « Petits »<br />

signifie le pouvoir d'Edom, comme (le dit le prophète à propos d'Edom) : « Je te fais petit<br />

parmi les peuples » (Obadia, 1:2). « Descendent dans la gorge » fait allusion à l’épée<br />

dont nous avons parlé, comme dans le verset : « Des exaltations de Dieu dans leur gorge,<br />

et une épée à deux tranchants (etc.) » (Ps. 149:6).<br />

La neuvième Rectification : « Des grands et des petits (poils) descendent de manière<br />

symétrique » : il s’agit de la Terre d’Israël qui fut répartie entre Tribus. Ces dernières<br />

correspondent au verset (Ps. 104:25) : « Des bêtes petites avec des grandes ». « Grâce à<br />

cela, il se trouve vaillant et fort », autrement dit, ce n'est que lorsqu’on parvient au<br />

niveau « Terre d’Israël », que l'on peut se qualifier de vaillant et fort. En effet, avant de<br />

parvenir au niveau de la Terre d’Israël : « Celui qui ceint l'épée ne doit pas se vanter<br />

comme celui qui la dépose (à la fin victorieuse du combat) » (Rois I, 20 :11). Par contre, (à<br />

la fin) on le nomme « homme de guerre » (il peut se vanter) en tant que vainqueur.<br />

241


[Cette Torah fut dite à Roch Hachana, à partir du verset : « Heureux le peuple qui connaît<br />

la sonnerie » (Ps. 89:16). Cependant, nous n’avons pas mérité de recevoir l’explication de ce<br />

verset écrite de sa sainte main sur cette Torah.<br />

De plus, avant d’avoir dit cette Torah, il nous a raconté une histoire terrible, qu'il avait vu<br />

"là où il l'avait vue", alors qu'il se trouvait en état de veille ou en rêve. Il précisa que cet<br />

Enseignement des neuf Rectifications est une explication de cette terrible vision. Si Dieu le<br />

permet, le temps arrivera où nous expliquerons ailleurs ces choses, avec l’aide de Dieu béni<br />

soit-Il.]<br />

TORAH 21<br />

Chabat Na’hamou 5564, en chemin.<br />

Quatrième chapitre du Sifra Ditsiniouta : « Atika est caché et dissimulé etc. »<br />

« Lorsque tu feras monter les lampes etc. » (Bamidbar 8:2). Rachi commente : « que la<br />

flamme monte d’elle-même ».<br />

1- Il est écrit : « Tu m’as cerné, par l’arrière et par l’avant » (139:5). Il existe une<br />

intelligence auquel l’homme n'accède qu'au moyen de nombreuses introductions<br />

préparatoires. Cette intelligence s'appelle « arrière ». Il existe par ailleurs une<br />

intelligence qui vient à l’homme sans aucune introduction préalable, elle provient de<br />

« l'abondance divine » : celle-ci s'appelle « devant ».<br />

Or, l’ardeur du cœur naît du mouvement de l’esprit. Les mouvements ont <strong>pour</strong><br />

conséquence naturelle de générer de la chaleur. Et la chaleur générée dans le cœur est<br />

proportionnelle à la vitesse des mouvements de l'esprit. L'abondance divine déverse<br />

l'intelligence sur l'homme de façon rapide car cela ne nécessite pas d'introductions<br />

préalables. Cet influx divin, doté de rapidité, entraîne une montée de flamme dans le<br />

cœur.<br />

242


2- Pourtant, personne ne peut parvenir au niveau d'abondance divine évoqué ci-dessus,<br />

autrement que par la sanctification de sa bouche, de son nez, de ses yeux et de ses<br />

oreilles, car c'est par eux que l'homme sera illuminé par flux divin.<br />

Autrement dit, on doit veiller de ne pas exprimer de mensonges par sa bouche. On doit<br />

également craindre le Ciel, ce qui fait référence au nez, ce que laisse entendre : « Il<br />

sentira par la crainte de l'Eternel » (Isaïe 11:3). De même, on aura foi dans les Sages, ce<br />

qui dépend des oreilles, comme : « Penche ton oreille vers les paroles des Sages » (Prov.<br />

22:17). On devra enfin fermer ses yeux à la vision du mal.<br />

Ces sens sont ceux qui permettent d'éveiller la venue de l'abondance divine dont nous<br />

avons parlé. En effet, la bouche, le nez, les yeux et les oreilles dépendent du cerveau et<br />

éveillent ce dernier à passer en mode « avant », l’aspect de la « face ».<br />

(Ces quatre sens sont mentionnés au sujet du cerveau, chacun séparément). « Le<br />

commencement/RoCH de Tes Paroles est Vérité » (Ps. 119:160) fait référence au cerveau<br />

relatif à la bouche. « Le début/RéCHit de la sagesse est la crainte de l'Eternel » (Ps.<br />

111:10) fait allusion à ce qui est relatif au nez dans le cerveau. « Réprimande le Sage et il<br />

t’aimera » (Prov. 9:8). Cela évoque ce qui est associé aux oreilles dans le cerveau, comme<br />

dans : « Penche ton oreille vers les paroles des Sages » (id. 22,17). « Les yeux des deux se<br />

dessillèrent» se rapporte à ce qui est lié aux yeux dans le cerveau.<br />

Ces organes, précisément, représentent les sept lampes. La bouche, les deux narines, les<br />

deux yeux et les deux oreilles correspondent aux sept lampes, et le Candélabre est la tête<br />

(introduction Tikounim 13b), c’est-à-dire le cerveau. Quant à la « face du Candélabre »<br />

(Bamidbar 8,2), elle est l'abondance divine évoquée plus haut.<br />

3- Cette abondance divine évoque la dimension de "SouKA", car Souka fait allusion à «<br />

Parce qu'elle voyait/SaKhA par esprit de sainteté », et l’esprit de sainteté constitue un<br />

flux divin. En outre, cette Souka advient par l’intermédiaire de sept nuées (de gloire qui<br />

entouraient les enfants d'Israël dans le désert), associées aux sept lampes dont nous<br />

avons déjà parlé, par lesquelles l’homme perçoit la face du Chandelier, qui n'est autre<br />

que la Souka, ou le flux divin. L’esprit de sainteté est appelé ainsi du fait qu'il provient de<br />

la sagesse. Il s'agit d'un esprit de sagesse issu de la sainteté, comme nous le savons<br />

(Zohar 3, 61a).<br />

243


Telles sont les paroles de nos Sages, de mémoire bénie : « D’où apprenons-nous que l’on<br />

ne peut recouvrir la Souka que d’éléments qui ne contractent pas l’impureté et qui<br />

poussent de la terre ? Parce qu’il est écrit : « Une vapeur s’élevait de la terre » (Bér. 2:6).<br />

La vapeur est une chose qui ne contracte pas l’impureté, et elle grandit à partir de la<br />

terre, etc. » (Souka 11b). La vapeur évoque les nuées susmentionnées, et relève de la<br />

sainteté. Elle doit sortir de la terre, car l’homme qui la reçoit doit préalablement être<br />

Sage, puisque "Il accorde la sagesse aux Sages" (Daniel, 2:21), de même que « dans le<br />

cœur de tout Sage de cœur, j’ai donné la sagesse » (Chémot 31:6).<br />

4- La Souka, l’esprit de sainteté ou l'abondance divine dont nous avons parlé relèvent du<br />

niveau des « sphères transcendantes. » Il s’agit en effet d'une connaissance tellement<br />

élevée qu'elle est inatteignable <strong>pour</strong> le cerveau humain. Ces "sphères transcendantes" ne<br />

pénètrent pas le cerveau. Elles ne font qu’entourer la tête. Nous constatons ainsi que<br />

certaines pensées sont tellement profondes que le cerveau humain n’est pas en mesure<br />

de les comprendre parfaitement. Il en est ainsi <strong>pour</strong> de nombreuses énigmes (de la<br />

connaissance) auxquelles nous nous heurtons, comme par exemple le paradoxe de la<br />

connaissance et du libre-arbitre que l’esprit humain n’est pas apte à comprendre. Cette<br />

intelligence relève d’une dimension qui "entoure" en ce sens qu’elle ne pénètre pas<br />

l'intérieur du cerveau mais l’enveloppe à l’extérieur. L’intelligence intérieure (contenue<br />

dans le cerveau) reçoit cependant sa vitalité, précisément, de cette "sphère<br />

transcendante" (de cette intelligence qui l'entoure).<br />

De plus, sache qu’il est question ici de l’essence de la puissance du libre-arbitre. (La<br />

condition de l'existence du) libre-arbitre en dépend. Il durera aussi longtemps que<br />

l’intelligence n'aura pas progressé suffisamment <strong>pour</strong> comprendre (l'énigme que<br />

représente) la connaissance et le libre-arbitre, car l'homme garde ainsi la possibilité de<br />

choisir la vie ou son contraire. En revanche, lorsque cette sphère pénètre l'intérieur du<br />

cerveau, l’esprit humain s'élève et le secret de la connaissance et du libre-arbitre est<br />

révélé à l’homme. Alors, le libre-arbitre s'annule. En effet, arrivé à ce niveau<br />

d’intelligence, l'homme sort des limites de ce qui est humain et s’élève au niveau de<br />

l’ange, et de là arrive la fin du libre-arbitre. C'est la difficulté de comprendre la science<br />

du paradoxe de la connaissance et du libre-arbitre qui fournit à ce dernier l'essentiel de<br />

sa force.<br />

244


C’est ainsi que l’on doit comprendre les paroles de nos Sages (à propos des temps<br />

futurs) : « Les Justes siègeront avec leurs couronnes dans leurs têtes etc. » (Brakhot<br />

17a). Il aurait fallu dire (leurs couronnes) « sur » leurs têtes. Mais on fait ici une allusion<br />

à la disparition du libre-arbitre dans les temps à venir. Tel est aussi le sens de « Les<br />

Justes siègent », car la position assise est signe d’absence de libre choix. « Lui qui siège<br />

dans les cieux » (Ps. 2:4) signifie de même, l’absence de changement (que l'on attribue à<br />

Dieu), puisque tout mouvement implique un changement (par le passage) d’une volonté<br />

à une autre. Par conséquent, la position assise signifie l'absence de changement, ce qui<br />

équivaut à une annulation du libre-arbitre.<br />

(Nos Sages indiquent ici la cause de cette annulation du libre choix.) Elle provient de<br />

« leurs couronnes/ATeRotéhem… », autrement-dit, elle provient des « sphères »<br />

(makifim, connaissances extérieures qui entourent), comme dans le verset « Chaoul et<br />

ses hommes entouraient/OTeRim David » (Sam. 1, 23:26). « … Dans leurs têtes », et non<br />

pas sur leurs têtes. Autrement dit, ces « sphères » ont pénétré à l’intérieur des cerveaux.<br />

Ce qui signifie que toutes les sciences que l’homme était incapable de comprendre<br />

jusque-là pénètreront alors dans son esprit, jusqu'à ce qu’il les connaisse et les saisisse.<br />

Il sortira ainsi des limites de l’humain et s’élèvera au niveau de l’ange, d’où (en<br />

corollaire,) la disparition du libre-arbitre.<br />

5- Il s'agit (des mêmes notions que l'on trouve dans) la cérémonie du<br />

mariage/KiDouCHin et dans celle du dais nuptial. Car l'abondance divine dont nous<br />

avons parlé est associé à la sainteté/KoDeCH, de même que le dais nuptial, est reliés aux<br />

"sphères" de connaissances transcendantes (makifim).<br />

C’est <strong>pour</strong> cela que nos Sages, de mémoire bénie, affirment : « Chaque Juste sera brûlé<br />

par le dais d’un autre Juste » (Baba Batra, 75a). En effet, la "sphère" qui entoure l'un des<br />

Justes <strong>pour</strong>ra être plus grande que celle qui entoure un autre, et une intelligence qui<br />

entoure l’un <strong>pour</strong>ra avoir déjà été intériorisée par un autre.<br />

Il est question ici, de la notion des sept jours de célébrations qui suivent le mariage, elle<br />

se rapporte aux sept lampes évoquées plus tôt, grâce auxquelles la "sphère" pénètre à<br />

l'intérieur. Il s'agit également de la notion des sept jours de deuil, à Dieu ne plaise, au<br />

cours desquels nous exprimons notre chagrin <strong>pour</strong> celui qui a rendu l’âme, afin que cette<br />

245


dernière s’élève vers la lumière de la Face dont nous avons parlé. Ces sept jours en sont<br />

le moyen.<br />

6- C’est le sens de la cérémonie du crachat de la ‘Halitsa, au sujet duquel est écrit : « Elle<br />

crachera à son visage » (Dévarim 25:9), à sa face précisément.<br />

En effet, son époux défunt s’en est allé sans laisser, ni descendance, ni bénédiction,<br />

susceptible d'attirer, par de bonnes actions, « l'intelligence de la Face » en ce monde. Or,<br />

le frère du défunt refuse <strong>pour</strong>tant de perpétuer le nom de son frère en refusant<br />

d’épouser sa belle-sœur veuve. C'est <strong>pour</strong>quoi elle crache à sa face, car il ne veut pas que<br />

l’âme de son frère <strong>pour</strong>suive son œuvre en ce monde. Il ne lui permet pas de parvenir à<br />

réparer « la lumière de la Face divine » Le visage du défunt lui-même apparaît parfois<br />

dans ce crachat (Zohar Harakia, 97). Par ce crachat, le beau-frère est humilié, et la honte<br />

se manifeste essentiellement sur la face. Tout cela est la conséquence du fait qu’il n’a pas<br />

voulu perpétuer le nom de son frère défunt.<br />

Nous pouvons relier cela (aux paroles de Dieu à propos de la faute de "médisance" de<br />

Myriam à l'encontre de son frère Moché) : « Si son père lui avait craché à la face, n'en<br />

serait-elle pas humiliée durant sept jours ? » (Bamidbar, 12:14). Ces sept jours,<br />

précisément, correspondent aux sept nuées évoquées plus haut, grâce auxquelles brille la<br />

face du Candélabre. Et cet homme a refusé de perpétuer le nom de son frère défunt, c’est<br />

<strong>pour</strong>quoi : "Elle crachera à sa face", provoquant une honte sur son visage.<br />

A l'inverse, nos Sages, de mémoire bénie, enseignent que (lorsque le beau-frère épouse<br />

la femme de son frère défunt <strong>pour</strong> lui donner un nom) : « Le lévirat se réalise par une<br />

déclaration/maAMaR » (Yebamot 52a). Il s'agit ici du contraire de la honte,<br />

comme : « Tous/KouLo disent/OMeR Sa Gloire » (Ps. 29:9). Ce verset est également le<br />

contraire de « Humiliée/tiKaLem durant sept jours ».<br />

Myriam, a porté atteinte à l’honneur de Moché, alors qu'il représente la dimension du<br />

Flux divin (abondance divine), comme on le voit : « Et voici que la peau de son visage<br />

brillait » (Chémot 34:30). Elle a ainsi porté atteinte à la dimension des sept lampes. En<br />

effet, Moché était humble, modeste et patient, il n’a exprimé aucune colère devant son<br />

humiliation. Il s'agit de la notion de perfection du nez. Il est par ailleurs écrit à son<br />

propos : « Je parlerai avec lui face-à-face » (Bamidbar 12:8), ce qui correspond à la<br />

notion de bouche (en hébreu, le verset dit littéralement « bouche à bouche »). Il est<br />

246


également dit par la suite « C’est l’image de Dieu qu’il contemple » (id.), ce qui fait<br />

référence aux yeux. Il est encore écrit à son propos « De toute Ma maison, c'est le plus<br />

fidèle » (idem, 12:7) en allusion à la perfection des oreilles (il m'entend et m'obéit<br />

immédiatement), comme dans « L'homme loyal sait cacher les choses ». (Prov. 11:13) (il<br />

est appelé loyal parce qu'il peut taire les secrets) comme le rapporte le Zohar (Idra Raba,<br />

128a).<br />

Pour cette raison, Myriam fut frappée de lèpre (la lèpre bloque la descente de la lumière<br />

divine) : « le lépreux incarne le confinement (l'arrêt de la descente de l'abondance<br />

divine) de la Lumière Suprême » (Zohar 3, 49b), (le retrait) de la lumière du Visage dont<br />

nous avons parlé. C'est <strong>pour</strong>quoi le verset dit à son sujet « Elle sera confinée à l’extérieur<br />

du camp durant sept jours » (Bamidbar 12:15).<br />

Voilà <strong>pour</strong>quoi Aaron demanda : « Par pitié, fais en sorte qu'elle ne ressemble pas au<br />

mort-né, qui, dès la sortie de la matrice de sa mère, a une moitié de son corps<br />

consumée » (Bamidbar 12:12). Car l'arrêt du flux de la Lumière Suprême entraînerait<br />

qu'elle soit considérée comme morte, comme : « Un lépreux est considéré comme mort »<br />

(Nedarim 64b).<br />

« Dès la sortie de la matrice de sa mère ». Il s’agit d’une allusion au lévirat, par lequel<br />

sa femme devient sa mère (l'âme du défunt se réincarne dans l'enfant de sa femme et de<br />

son frère), car la veuve du défunt devient sa mère.<br />

« Une moitié de son corps consumée » en ce sens qu’il est à présent privé de la<br />

conjointe (qui lui était réservée au ciel), car le mari et la femme forment deux moitiés<br />

d’un même corps. Mais désormais, sa femme étant devenue sa mère, alors, une moitié de<br />

sa chair est "consumée" : il lui manque sa conjointe.<br />

[L’explication est la suivante : Lorsqu’un homme disparaît sans laisser d’enfants, sa<br />

femme doit passer par la procédure du lévirat. Grâce au lévirat, l’âme du défunt se<br />

réincarne dans l’enfant qui va naître de cette union entre la femme et le frère de son<br />

mari, comme il est expliqué dans le Zohar (III, 100b) : « Sa femme est sa mère ». C'est<br />

une grande souffrance et une punition <strong>pour</strong> le défunt que sa femme devienne sa mère. Il<br />

doit désormais renaître de sa femme, et sa femme deviendra <strong>pour</strong> lui une mère. Pour<br />

cette raison, l’enfant de cette veuve, né de ce lévirat, ne <strong>pour</strong>ra trouver son âme-sœur<br />

qu’en vertu d’une très grande miséricorde divine (comme le rapporte le Zohar (I, 92a),<br />

247


où il est dit à son sujet : « de peur qu’un autre le précède, avec miséricorde », voir sur<br />

place). Le fils de cette veuve, qui est en réalité le mari de cette veuve, puisque sa femme<br />

est devenue sa mère, est privé de conjointe, son âme-sœur est devenue sa mère. C’est ce<br />

qu’a expliqué Rabénou Zal au sujet de ce qu'Aaron demanda en faveur de Myriam qui<br />

avait porté atteinte à l’intelligence de la Face, qui correspond à celle du défunt parti sans<br />

enfants, comme il est expliqué. (Aaron pria <strong>pour</strong>) qu’elle ne soit pas punie, à Dieu ne<br />

plaise, de la punition du lévirat. Tel est le sens des mots : « Qu'elle ne ressemble pas au<br />

mort-né, qui, dès la sortie de la matrice de sa mère etc. », qu’elle ne ressemble pas à un<br />

mort parti sans laisser d’enfants qui serait contraint de se réincarner dans la matrice de<br />

sa mère, alors qu'en fait elle est sa femme. (Autrement dit, Aaron a imploré) que sa<br />

femme ne devienne pas sa mère, ce qui aurait <strong>pour</strong> conséquence « une moitié de son<br />

corps consumée ». En disant que la moitié de son corps lui fait défaut, il signifie que son<br />

âme-sœur, qui est la moitié de sa chair, lui manquerait, comme il apparaît plus haut. ]<br />

7- Cependant, il arrive parfois que les cerveaux et l'abondance divine soient voilés,<br />

comme en état de gestation (grossesse). C'est alors que l'on conseille à l'homme de crier.<br />

Ceci convient autant <strong>pour</strong> la prière que <strong>pour</strong> (l’étude de) la Torah.<br />

Dans ce cas, le retrait des cerveaux, c'est-à-dire cette gestation, évoque ces versets : « Le<br />

Rocher qui t'a engendré, tu l’affaiblis » (Dévarim, 32:18) et « Pas de force <strong>pour</strong><br />

l’enfantement » (Isaïe 37:3). Ces versets comparent cette situation à celle d'une femme<br />

trop épuisée <strong>pour</strong> accoucher. Mais lorsque cette femme se trouve sur le point<br />

d’accoucher, elle pousse soixante-dix cris, correspondant au nombre de mots composant<br />

le psaume « Que Dieu te réponde » (Ps. 20), après quoi elle enfante (Zohar Pin’has, 249b).<br />

Ces soixante-dix cris correspondent aux sept voix exprimées par David, à propos de l’eau<br />

(Ps. 29), car chacun d’eux en inclut dix.<br />

De fait, lorsque les cerveaux sont cachés (que la connaissance le fuit), comme en<br />

(situation de) grossesse, le cri poussé par l’homme durant sa prière ou son étude<br />

s’apparente aux cris de la femme qui accouche. Dès lors, le Saint béni soit-Il, qui<br />

« connaît les mystères » des cerveaux et connaît les raisons <strong>pour</strong> lesquelles ils sont<br />

dissimulés, « écoute nos cris » (voir plus loin). Ces cris remplacent ceux de la Présence<br />

divine. Ils ont le même effet que les cris de la Présence divine avant son accouchement<br />

des cerveaux. Ceci correspond à l'enseignement « La voix éveille l’intention », autrement<br />

dit, (elle éveille) les esprits.<br />

248


Tel est l’aspect évoqué dans « Humiliée sept jours », sept jours correspondent aux « sept<br />

plaintes de David », et donc aux soixante-dix cris que nous avons mentionnés plus haut. Il<br />

faut en effet crier afin de faire passer la lumière de la Face, d’un état caché, vers son<br />

dévoilement. Une telle révélation s'apparente à une naissance.<br />

Ainsi, après la naissance, (du fait de l'accouchement,) le sang se trouble et se transforme<br />

en lait (Brakhot 6b). Cela se rapporte à l'humiliation de Myriam, car la honte se<br />

caractérise par « Le rouge (qui) disparaît (du visage) et devient blanc » (Baba Metsia,<br />

58b). En d’autres termes, le sang se trouble et se transforme en lait.<br />

Tel est le sens de : « TSour Yéladekha Téchi/le Rocher qui t’a engendré, tu l’affaiblis »<br />

(Dévarim, 32:18), dont les initiales correspondent à celles de « TSaakaténou Yodéa<br />

Taaloumot/(entend) nos cris, Toi qui connais les mystères » (Prière instituée par Rabbi<br />

Nehouniya ben Hakané). Il s'agit (aussi) de « TéCHY », formé des initiales de « Tikalem<br />

Chivat Yamim/elle sera humiliée sept jours ».<br />

8- Ainsi, lorsqu’un homme étudie la Torah et qu'il n'y perçoit pas la moindre nouveauté,<br />

il doit savoir que c’est parce que l’Intelligence et les cerveaux relatifs à cet Enseignement<br />

et à cette étude sont en état de « grossesse ». Cette situation porte le nom de « YaAKoV ».<br />

En effet, Yaakov se rattache à la gestation, comme on le voit (dans l'événement de sa<br />

naissance à l'origine de son nom) : « Dans le ventre (maternel) il talonna/AKaV son frère<br />

» (Osée, 12:4).<br />

Cet homme doit pousser les cris mentionnés plus haut, ce qui nous renvoie au verset : «<br />

La voix, c’est la voix de Yaakov » (Bér. 27:22), ce qui signifie que lorsqu’on se trouve à un<br />

stade correspondant à Yaakov, ces voix nous sont nécessaires <strong>pour</strong> faire apparaître les<br />

« cerveaux », de même que la naissance (fait apparaître l'enfant).<br />

Celui dont l'étude est dé<strong>pour</strong>vue de nouvelles compréhensions ne doit pas enseigner au<br />

public.<br />

Certes, cette Torah, même si elle ne relève que de la dimension de Yaakov, c'est-à-dire de<br />

la gestation, est agréable au Saint-béni-soit-Il, comme : « Son drapeau est <strong>pour</strong> moi<br />

amour » (Cantique 2,4 dont voici l'exégèse :) "Ne dis pas Vediglo/son drapeau, dis plutôt<br />

Veliglougo/son balbutiement" (Cantique Raba 2). Malgré tout, on ne doit pas révéler<br />

(des enseignements de Torah) en public. En effet, un discours doit exposer des thèmes<br />

clairs, comme il ressort de l'enseignement : « Dis à la sagesse Tu es ma sœur » (Proverbes<br />

249


7,4). Autrement dit : « Si le sujet traité est <strong>pour</strong> toi clair comme l'est l'interdiction de te<br />

marier à ta sœur, expose-le. Sinon, abstiens-toi de le dire » (Chabat 145b).<br />

Cela apparait dans le verset : « Car Dieu a choisi Yaakov <strong>pour</strong> Lui, etc. » (Ps. 135:4). Pour<br />

une étude du niveau : "Yaakov", "gestation", c'est-à-dire en l'absence de "cerveaux", cette<br />

étude est choisie par le Saint-béni-soit-Il en privé (dans la sphère intime), comme : « Et<br />

son drapeau, <strong>pour</strong> moi, est amour ». Il est donc interdit de l'exposer au public.<br />

Par contre, (lorsqu'on passe du niveau "Yaakov" ci-dessus, au niveau "Israël" dont il est<br />

dit :) «… Israël est Son peuple d’élection » (idem). Le mot "Israël" est formé des mêmes<br />

lettres que « Li Roch/J'ai une tête » (ce qui fait référence une étude accompagnée par)<br />

l'apparition des "cerveaux", de l'influx de la lumière de la Face, de l'abondance divine<br />

dont nous avons parlé plus haut, qui pénètre l'intériorité, comme nous l'avons vu.<br />

Il est question maintenant de la dimension « Israël », du même ordre qu'« Israël, en toi Je<br />

me couvre de Gloire » (Isaïe 49:3). « En toi », précisément, car il est question d'un niveau<br />

<strong>pour</strong> lequel la couronne de la fierté, allusion aux « sphères » évoquées plus haut ont<br />

pénétré « en toi », dans ton intériorité.<br />

« … Son peuple d’élection » fait référence à une Torah qui peut être exposée en public.<br />

9- Nous sommes en effet appelés « peuple d’élection/SéGouLa » (Dévarim 7:6). Le même<br />

terme est employé également <strong>pour</strong> certains remèdes pseudo-médicaux. Il s'agit de<br />

substances qui ne contiennent aucune propriété naturelle destinées à guérir mais qui<br />

possèdent cependant un (mystérieux) pouvoir thérapeutique. Il s'agit donc d’un<br />

phénomène surnaturel, que l’esprit humain ne saurait comprendre. Il en va de même en<br />

ce qui nous concerne : le Saint béni soit-Il nous a choisis comme son peuple d’élection,<br />

sans que l'entendement humain puisse comprendre les raisons d’un tel choix : comment<br />

a-t-Il pu choisir un peuple parmi d’autres peuples ? Comme (par exemple) lors de<br />

l’ouverture de la Mer Rouge, au cours de laquelle l’attribut de Rigueur objecta : « Ceux-ci<br />

et ceux-là sont idolâtres etc. » (Bér. Raba 57 ; Exode Raba 21:7). Le Saint béni soit-Il nous<br />

a malgré tout choisis comme peuple saint.<br />

En résumé, la chose est comparable à ces remèdes qui se trouvent au-delà de la nature et<br />

de l’entendement humain. Cela fait référence à la notion de « sphères transcendantes »<br />

("makifim") comme cela nous a été décrit plus haut. Quant à celui qui a mérité ces<br />

« sphères », qui les a fait naître et les a intériorisées, il mérite du même coup de<br />

250


comprendre (le mystère de) la Ségoula. La droiture exige de lui de dévoiler (en public, la<br />

science de) la Ségoula au peuple Ségoula.<br />

Ainsi, chacun, avec ses spécificités, possède (une intelligence) intériorisée et (une<br />

intelligence) extérieure (couronne transcendante qui l'entoure/makif). Dieu accorde à<br />

chacun, selon le niveau qu'Il lui a accordé, de faire pénétrer telle "sphère" (telle<br />

connaissance extérieure/"makif") dans son intériorité, de comprendre et de découvrir<br />

tel ou tel nouvel enseignement (de Torah). Ainsi la droiture exige de lui dévoiler et de<br />

faire pénétrer en lui cette compréhension de la "Segoula" qui était auparavant <strong>pour</strong> lui<br />

"Segoula" (un mystère), et de le dévoiler au peuple "Segoula", de façon à en faire<br />

bénéficier les autres.<br />

10- C’est là l’explication du quatrième chapitre du Sifra Ditsniouta : « Atika est caché et<br />

dissimulé, Zéïr Anpine est dévoilé et n’est pas dévoilé ».<br />

"Atika" fait référence aux "sphères" (connaissances transcendantes et extérieures qui<br />

entourent l'homme sans le pénétrer/Makifin) dont nous avons parlé, qui sont "cachées et<br />

dissimulées" de toutes parts, tout au long de l’histoire de ce monde, et qui ne se<br />

révèleront qu’aux temps futurs.<br />

En revanche, "Zéïr Anpine" correspond aux sagesses humaines, que l’homme est en<br />

mesure de saisir. Elles contiennent également un aspect intériorisé et un aspect<br />

transcendant (extérieur). Ainsi, chacun selon son niveau, possède une dimension<br />

intériorisée et une dimension qui le transcende.<br />

Ces énigmes dont nous avons parlé plus haut, incompréhensibles à l'intelligence<br />

humaine, relèvent de la dimension dite « Atika ». D’autre part, toutes les connaissances<br />

potentiellement accessibles à l'intellect humain relèvent de la dimension de "Zéïr<br />

Anpine". Cependant, (même si elles sont accessibles) ces dernières sont parfois cachées<br />

[référence à la catégorie "gestation", comme expliqué plus haut]. Ici, en l'occurrence, il<br />

s’agit de l'aspect "non dévoilé".<br />

Mais lorsqu'elles se révèlent à l’homme, elles acquièrent l'aspect "dévoilé". Aussi<br />

longtemps que la chose restait <strong>pour</strong> lui à l’état de "non dévoilé", de l'ordre du caché, elle<br />

s'apparentait à une "Ségoula", comme expliqué plus haut, à quelque chose qui est audelà<br />

de sa compréhension. Mais quand elle se révèle à lui, il en fait bénéficier les autres<br />

avec grâce.<br />

251


11- « Consolez, consolez Mon peuple » (Isaïe 40 :1). L'intensité des malheurs, des<br />

souffrances et de l’exil est proportionnelle au manque de Connaissance (de conscience).<br />

Et lorsque la connaissance se parfait (se complète), tous les manques sont comblés,<br />

comme le suggèrent nos sages : « Si tu as acquis la Connaissance, que te manque- t-<br />

il ? » (Nédarim 41) ; il est dit encore : « C'est <strong>pour</strong> cela que mon peuple a été exilé, faute de<br />

connaissance » (Isaïe 5:13 ; Sanhedrin 92b).<br />

Aux temps futurs, la vie éternelle sera essentiellement dépendante de la connaissance<br />

qui s'amplifiera car tous connaîtront Dieu. La connaissance permettra à tous de se<br />

fondre dans Son Unité et l'on vivra alors éternellement comme Lui. En effet, c'est la<br />

connaissance qui permet de s'inclure en Lui, comme l’enseigne le Sage : « Si je Le<br />

connaissais, je serai Lui » (voir Kouzari, 5:21).<br />

L'essentiel de la connaissance est gardée <strong>pour</strong> les temps à venir, ainsi qu’il est<br />

annoncé : « Car la terre sera pleine de la connaissance » (Isaïe 11:9). Du fait de cette<br />

connaissance, aucun bien ne manquera et il n'y aura que du bien, <strong>pour</strong>tant, comme nos<br />

Sages, de mémoire bénie, se le demandent : « N’est-Il donc pas Un, même maintenant ? »,<br />

ce à quoi ils répondent « Aux temps futurs, (nous prononcerons exclusivement la<br />

bénédiction) « bon et qui fait le bien » (Pessa’him 50a).<br />

Même les nations bénéficieront d’une connaissance étendue, mais pas autant que la<br />

nôtre. Ils réaliseront que toute la grandeur qui paraissait être leur, ainsi que la bassesse<br />

qui leur paraissait être nôtre en temps d’exil, n'étaient en vérité que grandeur <strong>pour</strong><br />

nous. Même s’il demeure, <strong>pour</strong> l’heure, impossible de comprendre tout cela car nous ne<br />

pouvons réfuter notre rude vécu. Malgré tout, la connaissance s'amplifiera au point que<br />

tout le monde comprendra que la grandeur des nations consistait en réalité en notre<br />

grandeur et que la bassesse était leur.<br />

Mais même si, a priori, il s’agit là d’une grande connaissance, elle sera <strong>pour</strong> nous source<br />

de dérision et de plaisanterie par rapport à la grandeur de notre connaissance (cette<br />

prise de conscience nous paraîtra dérisoire et négligeable rapportée aux sommets<br />

qu'aura atteint notre nouveau niveau de connaissance). Tel est le sens des<br />

versets « Alors notre bouche s’emplira de rire, etc. On déclarera alors parmi les<br />

nations : L'Eternel a accompli la grandeur <strong>pour</strong> ces gens. L’Eternel a accompli la grandeur<br />

<strong>pour</strong> nous » (Ps. 126:2-3). Ils en prendront conscience et diront que la grandeur que<br />

nous avions reçue, nous <strong>pour</strong> les nations, (en vérité) L'Eternel l'a accomplie « <strong>pour</strong> ces<br />

gens », car cette grandeur était <strong>pour</strong> Israël (à qui elle était destinée). « Alors notre bouche<br />

252


s’emplira de rire », c'est à dire que nous rirons et nous moquerons de leur prise de<br />

conscience et de leur compréhension (si sommaire comparée à) notre connaissance,<br />

tellement illimitée.<br />

Or, comme nous l'avons vu plus haut à propos du verset : « Lorsque tu feras monter les<br />

lampes », la Connaissance relève à la fois d'une « sphère transcendante » (Makif" et d'une<br />

« sphère » qui entoure encore cette dernière (« sphère transcendant cette<br />

transcendance/Makif deMakif »). Tel est le sens de : « Consolez, consolez (mon peuple) ».<br />

Il s'agit de la « sphère » et de « celle qui l'entoure ». En effet, l’essentiel de la consolation<br />

<strong>pour</strong> toutes les souffrances endurées est la connaissance. La suite du verset décrit<br />

comment on peut accéder à la Connaissance : « Dira votre Dieu » (Isaïe 40 :1). « Dira »<br />

désigne « une parole murmurée » (Zohar Vaéra 25b ; Idra Raba, 132), équivalent à<br />

l’huile et aux sept lampes.<br />

Par contre, « Votre Dieu » évoque l'élévation de la voix, comme dans « Dieu, ne reste pas<br />

silencieux » (Ps. 83:2), qui se rapporte aux cris de la femme qui accouche, comme nous<br />

l'avons expliqué.<br />

[Depuis la Torah 20 jusqu’ici, ce sont les paroles de Rabénou, que sa mémoire soit<br />

bénie.]<br />

[Voici l'explication : Il a été expliqué que le cri permet de mériter d'engendrer les<br />

« cerveaux/Mo'hine » (pensées) en les libérant de leur voile, et que la sanctification des<br />

sept lampes donne le mérite de faire pénétrer les « sphères » à l'intérieur. En effet, deux<br />

étapes sont nécessaires <strong>pour</strong> recevoir la Connaissance sainte.<br />

Il faut, dans un premier temps, donner naissance aux « cerveaux/Mo'hine », car parfois<br />

les « cerveaux » et l'abondance divine sont dissimulés… comme vu plus haut. C'est <strong>pour</strong><br />

y remédier que l'on utilise le cri, dans le but de les accoucher.<br />

Dans un second temps, une fois les « cerveaux » mis au monde, ces derniers ont toujours<br />

un aspect intériorisé et un autre (extérieur) transcendant. Pour cela, il faut sanctifier les<br />

sept lampes, de façon à faire pénétrer les « sphères transcendantes » et l'abondance<br />

divine à l'intérieur, <strong>pour</strong> faire en sorte que le transcendant devienne immanent. Regarde<br />

bien le texte et tu comprendras.<br />

Le commentaire qu'a fait (Rabénou) sur verset : « Consolez, consolez », c'est que la<br />

consolation relève essentiellement de la perception des « sphères transcendantes »,<br />

253


c'est-à-dire de la Connaissance divine. Pour mériter (les « sphères transcendantes »et la<br />

Connaissance (divine), les deux notions évoquées plus haut sont nécessaires.<br />

D'abord, le cri, qui donne naissance aux « sphères », puis la sainteté des sept lampes, qui<br />

permet d'intérioriser les « sphères », comme expliqué plus haut. (Ces deux notions<br />

apparaissent dans la suite du verset) « Dira votre Dieu ». « Dira » fait allusion au<br />

chuchotement (à la parole murmurée), référence à l'huile (qui coule) en silence, comme<br />

le rapporte le Zohar : « Le vin émet un son mais l’huile est silencieuse » (Chémini 39a).<br />

L’huile correspond aux sept lampes (allumées) avec de l’huile. « Votre Dieu » renvoie à<br />

Dieu/Elokim qui élève la voix, de l'ordre du « cri » dont nous avons parlé. Ainsi, au<br />

moyen de ces deux notions, on parvient à percevoir les « sphères transcendantes », c'est<br />

à dire la Connaissance sainte, d'où vient l’essentiel de la consolation, comme : « Consolez,<br />

consolez ». Ces deux notions correspondent l'une à la « sphère transcendante » et l'autre<br />

à la « sphère qui entoure cette dernière », comme expliqué plus haut.]<br />

[Ce sujet tout entier, expliqué brièvement dans le saint langage (de Rabénou) à partir du<br />

verset « Consolez, consolez », je l’ai entendu (une deuxième fois) un peu plus explicité, de<br />

la sainte bouche du Rabbi lui-même. Je l’avais retranscrit <strong>pour</strong> moi tel que je l’ai<br />

entendu, c’est <strong>pour</strong>quoi je ne me suis pas abstenu de le recopier ici.<br />

Au début, Rabénou a commencé à parler du sujet de la vie et de la mort. Il avait proclamé<br />

et dit : « Entre la vie et la mort il n’y a aucune différence, si ce n’est (la distance) d'une<br />

coudée. L’homme habite maintenant par ici et ensuite, il habite par là-bas ». Il a incliné<br />

sa main vers le cimetière. Il a commencé ensuite l'exposé entier du sujet qui suit : « La<br />

vie éternelle etc. » Il a voulu signifier par-là, que celui qui obtient le mérite de la<br />

Connaissance véritable, celle de Le connaître, le saint béni soit-Il, n'éprouve aucune<br />

différence entre la vie et la mort. Il est attaché et inclus en Lui, béni soit-Il, dans sa vie<br />

comme dans sa mort. La seule différence est que <strong>pour</strong> l’instant, il habite ici et après il<br />

habite là-bas, comme il l'a montré. Puis, j’ai entendu de sa bouche sainte tout<br />

l'enseignement suivant :]<br />

12- La vie éternelle appartient seulement à Dieu, béni soit-Il, car Il est vivant <strong>pour</strong><br />

l’éternité. De fait, celui qui est inclus à Sa source, c’est-à-dire, en Lui, béni soit-Il, vivra lui<br />

aussi <strong>pour</strong> l’éternité car, à partir du moment où il s’inclut dans le Un et ne fait qu’un avec<br />

254


le Saint béni soit-Il, il vit alors une vie éternelle, à l’image de Dieu. De même, en dehors<br />

de Lui, tous sont imparfaits alors que celui qui s’inclut en Lui, possède la perfection.<br />

Le principal de cette fusion, qui consiste à être inclue dans l'Un, passe par la<br />

Connaissance de Lui, qu'Il soit béni. Le sage n'a-t-il pas dit : « Si je Le connaissais, je<br />

serais Lui. » En effet, puisque l'intellect est (l’entité) principale chez l'homme, l'homme<br />

se trouve essentiellement à l'endroit qui est l'objet de la pensée de son intellect. Ainsi,<br />

dès qu'il sait et saisit une quelconque connaissance divine, il se trouve déjà<br />

véritablement en Lui. Plus il acquiert de connaissance, plus il s’inclut en Sa source, c’està-dire<br />

en Lui, béni soit-Il.<br />

De plus, tous les manques de l'homme découlent du manque de connaissance. Cela est<br />

vrai <strong>pour</strong> sa subsistance, ses enfants, sa santé ainsi que tous les autres domaines où il<br />

ressentirait des manques.<br />

S’il existe malgré tout des personnes totalement dénuées de connaissance mais<br />

possédant <strong>pour</strong>tant tout ce qui existe de meilleur, tout ce bien, en réalité, ne vaut rien.<br />

A l’inverse, <strong>pour</strong> celui dont la connaissance est parfaite mais à qui il manque quelque<br />

chose, son manque est insignifiant en réalité. Nos Sages affirment en ce sens : « Si tu as<br />

acquis la connaissance, que te manque-t-il, et si tu manques de connaissance, qu’as-tu<br />

acquis ? » (Nedarim 41a), cela vient exprimer que le manque et la plénitude sont<br />

intrinsèquement dépendants de la connaissance.<br />

La colère et la cruauté découlent aussi d’une carence en connaissance, ainsi qu’il est<br />

dit « la colère repose parmi les sots » (Kohélet 7:9). C'est <strong>pour</strong>quoi un malade est-il si<br />

irritable ? Car il fait l'objet de décrets rigoureux. Parce que des décrets rigoureux<br />

s’abattent sur lui et que ces décrets rigoureux relèvent de « l'étroitesse d'esprit » (il<br />

souffre du fait de ses carences en connaissances), il se met donc facilement en colère.<br />

Mais dans les temps futurs, la connaissance se dévoilera et tous connaîtront l'Eternel,<br />

ainsi qu’il est écrit : « Car la terre sera pleine de la connaissance de l'Eternel » (Isaïe 11:9).<br />

C'est <strong>pour</strong>quoi la colère disparaîtra, comme il est écrit « Alors le loup habitera avec la<br />

brebis, et le tigre reposera avec le chevreau etc. Génisse et ours etc. Ils ne feront plus le mal,<br />

ne détruiront plus etc. Car la terre sera pleine de la connaissance de l'Eternel etc. » (idem,<br />

6-9).<br />

255


Pour l’heure, la colère rend impossible la cohabitation du loup et de l’agneau, etc. Mais<br />

dans les temps à venir, avec la disparition de la colère conséquente au dévoilement de la<br />

connaissance, ils <strong>pour</strong>ront enfin cohabiter.<br />

13- Dans l'avenir, tous connaîtront Dieu, y compris les nations, puisque comme nous<br />

l’avons vu ci-dessus, la terre sera emplie de la connaissance de Dieu. Mais la<br />

connaissance à laquelle elles auront accès alors, nous est déjà accessible et nous sommes<br />

en mesure d'en discuter. Par contre, la connaissance à laquelle nous aurons accès alors,<br />

reste <strong>pour</strong> le moment tout à fait inaccessible, au point que nous ne pouvons même pas<br />

en parler. En effet, cette connaissance future est <strong>pour</strong> l’instant de l'ordre des « sphères<br />

transcendantes », comme nous l'avons expliqué.<br />

Ainsi, toute la plénitude et tous les bienfaits dont profitent actuellement les nations ne<br />

sont rien en réalité. Comme nous l’avons déjà vu : « Si tu manques de connaissance,<br />

(qu’as-tu acquis ?) » (Nedarim 41a). Au contraire, toute leur grandeur et toute leur<br />

réussite sont à notre bénéfice. Dans l'avenir, « lorsque la terre s’emplira de<br />

connaissance », et que l'ensemble des nations connaîtra Dieu, ils comprendront que<br />

toute la grandeur et le bien dont ils profitaient en ce monde n’existaient en vérité que<br />

<strong>pour</strong> notre bien et <strong>pour</strong> notre grandeur. Tel est le sens du verset : « On déclarera alors<br />

parmi les nations : L'Eternel a accompli la grandeur <strong>pour</strong> ces gens. L’Eternel a accompli la<br />

grandeur <strong>pour</strong> nous » (Ps. 126:2-3), autrement dit, toute la grandeur qu’Il nous a<br />

accordée en ce monde [à nous les nations], « L'Eternel a accompli la grandeur <strong>pour</strong> ces<br />

gens », tout ceci était destiné à la grandeur de ces gens [<strong>pour</strong> Israël], puisque c’était <strong>pour</strong><br />

leur bien et <strong>pour</strong> leur grandeur. C'est à cette catégorie de savoir qu'ils auront accès, de<br />

par la nature de la connaissance et de la perception qui leur sont destinées. Pour nous en<br />

revanche, une telle connaissance sera un savoir élémentaire et risible (de simplicité)<br />

tant notre connaissance se sera accrue. C’est <strong>pour</strong>quoi : « Alors notre bouche s’emplira de<br />

rire etc. On déclarera alors parmi les nations : L'Eternel a accompli la grandeur etc. », car<br />

cette connaissance et cette perception qu’ils obtiendront en proclamant « L'Eternel a<br />

accompli la grandeur etc. » nous paraîtra risible et élémentaire, du fait du niveau si<br />

considérablement élevé de notre connaissance.<br />

La vie sera éternelle dans l'avenir, car la connaissance se révèlera, et tous seront inclus<br />

dans l’Un. Nos Sages, de mémoire bénie, ont enseigné à ce propos « En ce jour, l'Eternel<br />

sera Un et son nom sera Un » (Zékharia 14:9, ce verset appelle la question :) Et<br />

256


maintenant n’est-Il pas Un ? (Ce à quoi ils répondent:) Pour un malheur, nous<br />

prononçons maintenant la bénédiction « Béni soit le Juge de vérité » et <strong>pour</strong> un bienfait<br />

« Qui est bon et qui fait le bien » ; mais aux temps futurs, nous prononcerons sur tout<br />

événement « Qui est bon et qui fait le bien» (Pessa’him 50). En effet, dans les temps à<br />

venir, lorsque la Connaissance sera révélée, nous réaliserons que le mal n’existe<br />

absolument pas dans le monde et qu’Il est totalement bon et totalement Un. L’exil, luimême,<br />

ne résulte que d’un manque de connaissance, comme en témoigne le verset «<br />

C'est <strong>pour</strong> cela que mon peuple a été exilé, faute d'intelligence » (Isaïe 5:13). C’est <strong>pour</strong><br />

cela que la libération d’Egypte fut menée par Moché qui représente la connaissance.<br />

C’est <strong>pour</strong>quoi il est dit « Vous prendrez connaissance que Moi, l'Éternel, suis celui qui<br />

vous soustraits aux tribulations de l'Égypte » (Chémot 6:7), car la délivrance s'accomplit<br />

essentiellement par la Connaissance.<br />

14- Et sache que même dans les temps futurs, lorsque la terre s’emplira de<br />

connaissance, et que « l'intelligence transcendante » (extérieur/makif) se transformera<br />

en « l'intelligence immanente » (intériorisé/pnimi), il y aura d'autres (de nouvelles)<br />

« sphères transcendantes » (makifim). En effet, on ne connaîtra certainement pas la<br />

nature de Dieu, béni soit-Il, par contre, chacun bénéficiera d'une perception<br />

proportionnelle à son niveau, à sa dévotion, aux efforts et au travail qu'il aura fourni en<br />

ce monde <strong>pour</strong> Dieu béni soit-Il.<br />

Cet affinement sera universel, y compris <strong>pour</strong> les nations, mais il demeurera une grande<br />

différence entre eux et nous : ce qui leur semblera une découverte relevant d'une grande<br />

connaissance, celle-ci ne représentera <strong>pour</strong> nous qu'une chose élémentaire, comme une<br />

plaisanterie. Nous ne la considérerons même pas comme une perception digne de ce<br />

nom. Comme il a été rappelé plus haut : « Alors notre bouche s’emplira de rire et nos<br />

langues de chants, etc. On déclarera alors parmi les nations : L'Eternel a accompli la<br />

grandeur ». Ce qui représentera <strong>pour</strong> elles une grande prise de conscience : connaître et<br />

comprendre la grandeur d'Israël, comprendre en quoi tous les bienfaits et la grandeur<br />

dont elles (les nations) ont profités durant l'histoire étaient destinés à Israël, tout cela<br />

sera <strong>pour</strong> eux ne compréhension et une connaissance qu'ils considéreront comme une<br />

grande découverte. En fait, il s'agit là véritablement d'une grande prise de conscience<br />

que personne ne comprend aujourd'hui. Malgré tout, <strong>pour</strong> nous, ce savoir ne sera pas du<br />

tout considéré comme une découverte, mais comme une plaisanterie et une chose<br />

élémentaire, tellement haut sera notre niveau de perception.<br />

257


Au sein du peuple d'Israël aussi : entre les Justes, et à plus forte raison, entre un Juste et<br />

un impie, il y aura des différences notoires. En effet, ce qui sera transcendant (extérieur)<br />

chez l’un sera immanent (intériorisé) chez l’autre. Comme nous l’avons rappelé plus<br />

haut : « Chaque Juste sera brûlé par le dais d’un autre Juste » (Le dais nuptial, les nuées, la<br />

Souka représentent la connaissance qui entoure le Juste ; voir Baba Batra, 75a), voir sur<br />

place (au chap. #5) et comme ce qui a été commenté sur le verset : « Car la terre se<br />

remplira de la connaissance de Dieu, comme l’eau recouvre l’océan » (chap. 11).<br />

Une compréhension commune sera partagée universellement sans distinction, y compris<br />

par les nations car tout le monde connaîtra Dieu, mais la profondeur de cette sagesse<br />

différera <strong>pour</strong> chacun, individuellement, chacun selon son niveau, de la même manière<br />

que l’eau recouvre la mer. Si en surface les eaux sont uniformes, en profondeur par<br />

contre, elles se différencient certainement. À tel endroit, l’eau est peu profonde et (sa<br />

surface est) proche de la terre, alors qu’à un autre endroit l’eau peut être plus profonde,<br />

et ainsi elles peuvent être de plus en plus profondes jusqu'à ce qu'à certains endroits<br />

l’eau peut être d'une profondeur abyssales. Il en sera de même avec la connaissance de<br />

Dieu béni soit-Il, aux temps futurs.<br />

Tel est le sens de « Chaque Juste sera brûlé par le dais de son prochain ». Lorsque l’homme<br />

parvient à un nouveau niveau de compréhension et qu'il le ressent comme une<br />

nouveauté, il s'enthousiasme alors et s'enflamme du fait de la lumière engendrée par<br />

cette perception merveilleuse à ses yeux. Mais aucun enthousiasme ne sera éprouvé par<br />

celui qui a déjà acquis une telle perception et qui appréhende à présent de nouveaux<br />

sujets (à ses yeux) bien plus prodigieux et extraordinaires que la perception d'un autre.<br />

C’est en cela que « Chaque Juste sera brûlé », il sera enflammé et enthousiasmé « par le<br />

dais de son prochain », par une perception élémentaire <strong>pour</strong> son voisin qui lui, ne<br />

s’enflammera pas du tout. Cette connaissance simple ne le réchauffe pas, au point qu’il<br />

doit se recouvrir et s'envelopper (dans son dais), car cette perception ne le réchauffe en<br />

rien et ne l’enflamme pas du tout. Mais le second Juste, qui lui est inférieur, se trouve<br />

brûlé et enflammé par une telle compréhension.<br />

[Ce sujet sera mieux expliqué à partir de ce qui est écrit plus haut sur le mouvement de<br />

l’intellect (chap. 1). Il s'agit de l'abondance divine, de la perception des « sphères<br />

transcendantes » et de la perception de la « Connaissance sainte ». Il apparaît là-bas que<br />

ces derniers engendrent la chaleur du cœur. Il en découle que la cause de cette chaleur<br />

258


et de cette ardeur sainte réside principalement dans l’intégration de « sphères<br />

transcendantes » qui n'est autre que l'intériorisation de la Connaissance, comme<br />

expliqué plus haut.<br />

Ce sujet, tel qu'il est exposé ici, est bien expliqué : « Chaque Juste sera brûlé par le dais<br />

etc… » Autrement dit, le Juste de niveau inférieur appréhende cette connaissance comme<br />

élevée, au point d'être brûlé par elle puisque la perception de la connaissance génère de<br />

la chaleur, comme il est expliqué. Voilà <strong>pour</strong>quoi il sera brûlé par elle. Pour le Juste qui<br />

lui est supérieur, cette même connaissance n’est aucunement perçue comme telle. Il<br />

n’est donc ni brûlé ni réchauffé par elle. Il devra donc se couvrir et s'envelopper d'une<br />

autre compréhension plus élevée, afin de se réchauffer.<br />

Cet enseignement : « chaque Juste sera brûlé par le dais de son prochain » a été évoqué<br />

différemment plus haut (chap. 5) : il sera brûlé par la sphère de son prochain, puisque la<br />

« sphère » de ce dernier est plus importante que la « sphère » du premier, que<br />

l’intelligence qui entoure l'un a déjà été intériorisé chez l'autre et que le dais symbolise<br />

les lumières qui entourent, comme nous l’avons vu. Cependant, ce qui est exposé plus<br />

haut ne fait qu’un avec ce qui est écrit ici. En effet, le dais, qui symbolise la « sphère »,<br />

correspond véritablement à une couverture qui réchauffe l’homme, puisque la chaleur et<br />

l’enthousiasme relèvent essentiellement de la perception des « sphères ». Comprends<br />

bien ceci.]<br />

15- Il se peut aussi que certains Justes, une fois parvenus dans le monde futur, soient<br />

confrontés aux perceptions déjà atteintes en ce monde-ci par un Juste plus grand qu’eux.<br />

Ces perceptions leur paraîtront tellement terribles qu’elles les brûleront. Mais <strong>pour</strong> le<br />

grand Juste, il ne s'agit que de perceptions ordinaires de ce monde-ci.<br />

Il en va de même avec les nations. Le judaïsme simple, auquel chaque ressortissant<br />

d'Israël a accès en ce monde, leur apparaîtra comme une grande découverte. Ils<br />

prendront connaissance du service divin réalisé par Israël, ainsi que de la sainteté des<br />

commandements accomplis par eux en ce monde-ci. Cette connaissance représentera<br />

<strong>pour</strong> eux une découverte en ce sens qu'ils éprouveront, un tant soit peu, cette sainteté, à<br />

la mesure de ce que ressent en ce monde-ci un juif intègre dans son service divin<br />

habituel, sans aucune compréhension. Mais en observant cette chose, les nations la<br />

259


considéreront comme une grande découverte. Quant à nous, peuple saint, notre<br />

perception sera incommensurable, à plus forte raison celle du Juste.<br />

16- La perfection de la Connaissance d'une personne consiste à transformer son<br />

intelligence transcendante (extérieure) en intelligence immanente (intériorisée).<br />

Elle sera ainsi sauvée de tous les malheurs. Par exemple, si elle est une cible, épiée par<br />

un assassin, le mieux <strong>pour</strong> elle est de se déguiser afin de ne plus être reconnu, comme il<br />

est écrit : « change de figure et tu t'en débarrasses » (Job, 14:20). En effet, en changeant<br />

d’apparence par un changement de vêtements, l’homme peut espérer s'échapper.<br />

De même <strong>pour</strong> ce qui est le principal chez l’homme, c’est-à-dire son intelligence. Il existe<br />

des notions « vêtements », c'est-à-dire une intelligence transcendante (extérieure), qu’il<br />

faut intégrer <strong>pour</strong> en faire une intelligence immanente (intériorisée), de façon à lui<br />

permettre d’accéder à de nouvelles perceptions transcendantes, c'est-à-dire à d'autres<br />

vêtements (en adoptant de nouveaux vêtements, c'est-à-dire en réclamant à Dieu de<br />

nouvelles connaissances extérieures venant remplacer celles qui ont été intériorisées,<br />

son apparence est suffisamment différente <strong>pour</strong> tromper ceux qui le <strong>pour</strong>suivent, les<br />

écorces). C’est de cette manière qu’il sera sauvé de toute embûche et de tout assaillant.<br />

En effet, «Malbouch/vêtement » a <strong>pour</strong> valeur numérique « ‘Hachmal » (créatures<br />

brûlantes qui éliminent le mal <strong>pour</strong> protéger la sainteté, se référer à la vision<br />

d'Ezéchiel), et toutes les forces destructrices fuient le 'Hachmal.<br />

Tel est le sens de : « Son vêtement est force et splendeur, elle rira au jour dernier » (Prov.<br />

31:25). Grâce à ce vêtement (« Son vêtement est force et splendeur ») qui fait allusion au<br />

‘Hachmal, qui est un vêtement de force et de splendeur, un vêtement fort et<br />

gracieux : « elle rira au dernier jour », car l'homme (avec ce nouvel habit) ne craint plus<br />

en rien (les forces du mal qui le <strong>pour</strong>suivent), comme nous l'avons expliqué.<br />

Le temps le plus propice <strong>pour</strong> cela est le mois d’Eloul. Les lettres de « Eloul » sont en<br />

acrostiche dans le verset qui vient d'être cité : "… son vêtement, elle rira au jour<br />

dernier" (… Levouchah VatYits’hak Leyom A'haron).<br />

17- Cela fait référence également à la notion des « sept jours de deuil », à Dieu ne plaise,<br />

etc, <strong>pour</strong> que son âme s’élève vers la « lumière de la Face » dont nous avons parlé, etc.<br />

(citation du chap. #5). Vois là-bas. En outre, c'est la raison <strong>pour</strong> laquelle l'endeuillé, à<br />

Dieu ne plaise, doit procéder à la déchirure de son vêtement.<br />

260


En effet, les trois radicales du verbe "déchirer/KéRiA" ont <strong>pour</strong> valeur numérique 370,<br />

qui représente le nombre des lumières de la lumière de la Face. Ce nombre correspond à<br />

la valeur numérique de deux fois le nom divin El, en épelant les lettres elles-mêmes. En<br />

effet, El représente la Lumière de la Face.<br />

18- Des sages ont posé la question suivante : "Il y a des « sphères » (connaissances<br />

extérieures) concernant l’intelligence humaine, qui ne pénètrent pas l’intellect humain<br />

(ne sont pas intériorisées). Il existe également des sphères transcendantes <strong>pour</strong> la Torah<br />

qui entourent la Torah sans y pénétrer. Parmi ces sphères, il en existe certaines qui<br />

entourent et se trouvent en face des yeux ; elles entourent seulement sans pénétrer<br />

l’intellect. Mais il en existe d’autres qui sont cachées, qui ne sont même pas encore<br />

perçues comme « sphères », et qui évoquent la notion de « grossesse » (en gestation, en<br />

devenir).<br />

Que faire alors <strong>pour</strong> que les sphères relatives à la Torah pénètrent l'intérieur de la<br />

Torah et <strong>pour</strong> que les sphères relatives à l’intellect pénètrent à l'intérieur de l’humain ?<br />

En d’autres termes, comment faire <strong>pour</strong> qu'au préalable, les sphères relatives à la Torah<br />

puissent sortir de leur état caché <strong>pour</strong> se manifester comme « sphères » et pénétrer à<br />

l’intérieur ? De même <strong>pour</strong> les sphères relatives à l'intelligence humaine : de son état<br />

« caché » à celui de « sphères transcendantes ». Comment faire <strong>pour</strong> que ce qui est<br />

inaccessible du fait de l’imperfection humaine passe de l'état de « sphère » extérieure<br />

vers l'intérieur de l'homme ? Comment faire <strong>pour</strong> que les « sphères transcendantes »<br />

soient intériorisées ?<br />

[Cette question fut posée là où elle fut posée. Lui (Rabénou), de mémoire bénie, en<br />

donna une réponse que j'entendis explicitement de sa sainte bouche. Puis, nous<br />

méritâmes d’entendre toute la Torah rapportée ci-dessus. A présent, celui qui étudie cet<br />

Enseignement verra cette question et cette difficulté élucidées. Il s'agit principalement<br />

de savoir comment faire sortir (faire naître) les cerveaux (l'intelligence) de leur état<br />

caché, <strong>pour</strong> qu'ensuite après leur naissance, on puisse mériter de faire pénétrer les<br />

sphères à l'intérieur.<br />

Cette Torah a déjà clairement expliqué comment on accède à ce mérite : au moyen du<br />

« cri » dans l’étude et dans la prière, on obtient le mérite de faire naître les « cerveaux »,<br />

de les sortir de leur cache. Cela se fait au moyen de la sainteté des sept lampes, c'est-à-<br />

261


dire en sanctifiant ses yeux, en ne regardant pas ce qu’il est interdit de regarder, etc, en<br />

sanctifiant sa bouche, son nez et ses oreilles, comme expliqué plus haut.<br />

C'est par l'intermédiaire du contrôle de ces organes que l'on peut mériter de faire<br />

pénétrer les sphères à l'intérieur. Le développement de ce sujet avec ses démonstrations<br />

et les sources à partir desquelles on tire des allusions sur ces terribles secrets, tout ceci<br />

et plus encore est très clairement expliqué plus haut. Heureux celui qui prend à cœur de<br />

s’y plonger avec sincérité, d'étudier, d'enseigner, d'observer, d'exécuter et d'accomplir.]<br />

TORAH 22<br />

5 e jour de Techouva après Roch Hachana 5565<br />

CINQUIEME CHAPITRE DU SIFRA DITSNIOUTA<br />

« Au commencement, Dieu créa ». « Au commencement » : Parole. « Créa » : Demiparole.<br />

Père et fils, caché et révélé. 'Eden supérieur, qui est caché et dissimulé.<br />

'Eden inférieur. »<br />

1. Sache qu’il existe un sceau et un sceau à l’intérieur d’un sceau.<br />

Il s'agit d'un sceau. Il y a des sermonneurs de la génération (qui vont réprimander et<br />

faire revenir vers Dieu les enfants d'Israël). Ils sont associés à la notion de « pieds ». Ils<br />

sont appelés « pieds » car ils sont les « conseillers » (enseignants) de l'Eternel, en ce sens<br />

qu’ils Lui donnent des conseils, si l'on peut dire. Mandatés par Lui, ils marchent vers<br />

Israël <strong>pour</strong> lui faire des remontrances et le ramener vers Dieu, béni soit-Il. Cette<br />

désignation fait référence aux pieds à cause du conseil, comme l’a développé Rachi sur<br />

(le verset, à propos de la sortie d'Egypte) « (… sors, toi) et tout le peuple qui est à tes<br />

pieds » (Chémot 11:8) : « ceux qui suivent tes conseils ». (Ils sont appelés pieds)<br />

également du fait de la marche, car ils avancent, investis de cette mission de réprimande,<br />

comme nous l'avons dit.<br />

De fait, lorsque Dieu, béni soit-Il, décrète un jugement (sévère) dans le monde, ce<br />

jugement est la Torah, car il s’agit nécessairement d’un jugement de (selon la) Torah. Et<br />

puisque qu'ils (les Justes) sont enseignants de l'Éternel, Il prend conseil auprès d’eux et<br />

leur révèle le jugement de Torah qui a été décrété sur la génération. Ils dissimulent ce<br />

262


jugement de Torah et le scellent, comme : « Une source scellée » (Cantique 4:12) afin<br />

d’empêcher les forces extérieures (négatives) de venir y puiser (de s'en nourrir) et<br />

d'éviter ainsi de faire de cet arrêt une sentence cruelle, à Dieu ne plaise. Cela correspond<br />

(directement au verset) : « (Il faut tenir secrète ma leçon,) sceller la Torah parmi mes<br />

enseignants (conseillers) » (Isaïe 8:16). Le verdict de Torah se trouve donc scellé par les<br />

enseignants de Dieu, <strong>pour</strong> empêcher les forces du mal d’y puiser (leur vitalité).<br />

Alors, aussitôt que le décret leur est révélé, (les sermonneurs) se mettent en marche<br />

<strong>pour</strong> réprimander la génération, la ramener au bien et adoucir ainsi le jugement.<br />

Cependant, même alors qu'ils réprimandent, ils veillent à (maintenir) scellé et à<br />

dissimuler (ce jugement de Torah) <strong>pour</strong> ne pas permettre aux forces extérieures de<br />

venir y puiser (leur subsistance), comme (le révèle le verset) : « … avec leur réprimande<br />

il est scellé » (Job, 33:16). Pour tout cela, ils sont associés à la notion de sceau.<br />

De ce fait, ces enseignants de l'Éternel augmentent la paix dans le monde, comme il est<br />

écrit : « Tous tes enfants sont enseignants de l'Éternel, grande est la paix de tes enfants<br />

» (Isaïe 54:13), car ils se mettent en marche <strong>pour</strong> réconcilier et rétablir la paix entre<br />

Israël et son Père qui est dans le Ciel. En effet, face à Lui, béni soit-Il, ils minimisent la<br />

chose (la faute des juifs) et plaident en leur faveur. (Au contraire, lorsque ces<br />

enseignants se trouvent) face à Israël, ils exagèrent beaucoup (la gravité de) leur faute.<br />

Nous avons déjà constaté ce comportement chez Moché qui (lors de la faute du veau<br />

d'or), implora Dieu, béni soit-Il, (en ces termes) : « Pourquoi déchainerais-Tu Ta colère<br />

contre Ton peuple » (Chémot 32:11), alors (qu'à l'inverse, face à) Israël, il les réprimanda<br />

ainsi : « Vous avez péché d'une grande faute » (idem, 30).<br />

Mais lorsque le mal, dans la génération, l’emporte sur le sceau dont il a été question plus<br />

haut et qu'il l'endommage, à Dieu ne plaise, la paix se détériore du même coup dans le<br />

monde. Divorces et querelles, le contraire de la paix, se produisent dans le monde,<br />

comme c’est suggéré : « Et de la terre, on le bannira » (Job, 18:18). Le « sceau » devient<br />

« bannissement », ces deux mots possédant la même valeur numérique (454), comme<br />

cela a été rapporté.<br />

2. Mais il existe un sceau au-dessus de ce sceau, (ce deuxième sceau apparaît) associé<br />

aux mains qui vont recevoir les remontrances des sermonneurs, comme dans : « Il<br />

scellera par la main de tout homme » (Job, 37:7). Les mains symbolisent la foi qui accepte<br />

263


la réprimande, comme il y est fait allusion dans : « l'Éternel avait parlé, par la main (par<br />

l’intermédiaire) de Moché » (Chémot 9:35 ou Bamidbar 17:5) et (lors de guerre contre<br />

Amalek) dans : « Les mains de Moché étaient foi » (idem, 17:12).<br />

Un tel sceau nécessite un redoublement de surveillance afin qu'il ne soit pas<br />

endommagé, afin que la foi ne soit pas altérée. En effet, si le sceau extérieur était<br />

endommagé, à Dieu ne plaise, les forces du mal <strong>pour</strong>raient alors approcher le sceau<br />

intérieur après avoir endommagé le sceau extérieur qui est « foi ».<br />

Lorsque ce sceau (extérieur représenté par) les mains est endommagé, à Dieu ne plaise,<br />

l’hérésie, qui est le contraire de la foi, surgit et mène à des croyances mensongères. En<br />

effet, dans son essence, la force de l’idolâtrie n’a de pouvoir qu'à la hauteur de celui<br />

qu’elle reçoit des mains, comme dans : « Il prit l'or de leurs mains et le moula avec le<br />

poinçon » (Chémot 32:4).<br />

[Comme le rapporte le Zohar (Ki Tissa 192a) sur ce verset, à propos du veau<br />

d’or : « Comment ont-ils réussi à le fabriquer ? Parce qu’il (Aaron) prit (l’or) de leurs<br />

mains. S’il avait jeté à terre, même si ensuite il l’avait ramassé, cette œuvre méprisable<br />

n’aurait pas réussi »].<br />

A l'inverse, la réparation (du sceau extérieur) passe par les mains, comme il est<br />

écrit : « Ils remirent à Yaakov tous les dieux étrangers qui étaient dans leurs mains » (Bér.<br />

35:4). Car au sceau (s'il est endommagé) se substitue le bannissement (les deux termes<br />

ont la même valeur numérique), comme l'indique : « Vos mains sont pleines de<br />

sang » (Isaïe 1:15). On trouve en effet que la valeur numérique du mot « main » selon<br />

l'épellation des lettres (qui forment ce mot) équivaut à celle de « bannissement/NiDaT»,<br />

autrement dit, à l’idolâtrie, dont l'impureté égale celle d'une femme dans son cycle<br />

menstruel/NiDah (Chabat 82a, nommée « bannie », « séparée) entraîne le bannissement.<br />

3. Il faut veiller à s'emplir les mains, qui sont « foi », de l'éclairage des Sept Bergers. Ces<br />

derniers incluent l’ensemble des dirigeants de la génération, comme dans (à propos de<br />

la nomination des fils d'Aaron dans le désert <strong>pour</strong> le service du Tabernacle) : « Tu<br />

empliras leur fonction (litt. : leur main) pendant sept jours » (Chémot 29:35). En effet, (ces<br />

Bergers) sont les Bergers de la foi, chargés de l’affermir et de la parfaire. Leur<br />

appellation de bergers provient de « Que la foi soit leur pâture (d'où vient<br />

« pâtre/berger ») » (Ps. 37,3). Ce sont eux qui acheminent vers la génération, l’essentiel<br />

de la foi d'Israël. C'est ce qu'évoque : « Tous leurs saints sont dans Ta main » (Dévarim<br />

264


33:3), <strong>pour</strong> dire qu'ils incarnent l'ensemble des dirigeants de la génération (qui<br />

reçoivent la foi/main directement de Dieu). (La même idée) s'entend aussi dans : « fidèle<br />

vis-à-vis des saints » (Osée, 12:1). (Par exemple), Moché, qui est l’un des sept Bergers, a<br />

été appelé « berger fidèle ».<br />

4. Il est impossible de parvenir à ces bergers qui incarnent la totalité de la sainteté<br />

autrement que par l'audace, comme l’affirment nos Maîtres, de mémoire bénie : « Sois<br />

audacieux comme le léopard » (Avot, 5:20), et tel qu'il est écrit « Tu (Dieu) le (peuple)<br />

dirigeas par ta hardiesse vers ta sainte demeure sainte » (Chémot 15:13) <strong>pour</strong> montrer<br />

qu'il faut de l’audace (de la hardiesse, même terme en hébreu) <strong>pour</strong> pénétrer dans la<br />

sainteté.<br />

C'est que la génération comprend également des bergers de « l’autre côté » (issus des<br />

forces impures), jouissant d'une (grande) notoriété, qui contraignent les gens à les<br />

servir, et dont l’autorité s’exerce essentiellement avec effronterie. Il est dit en effet : «<br />

L’effronterie règne sans couronne » (Sanh. 105a). Par leur effronterie, ils s'apparentent<br />

aux chiens dont il est fait mention : « Les chiens effrontés... tels sont eux-mêmes les<br />

bergers… » (Isaïe 56:11), et c'est d'eux qu'il s'agit dans « Le visage de la génération<br />

ressemble à celui du chien » (Sota 49 ; LMI-50). C'est la raison <strong>pour</strong> laquelle la seule<br />

façon d’échapper à leur emprise est de faire preuve d'une hardiesse suffisante <strong>pour</strong><br />

résister à leur effronterie. De cette façon, (avec audace/hardiesse et fermeté) on pénètre<br />

dans la sainteté comme l'indique le verset : « Tu (Dieu) le (peuple) dirigeas par ta<br />

hardiesse vers ta demeure sainte » (Chémot 15:13).<br />

De plus, tous les sons (que nous pouvons laisser s'extérioriser <strong>pour</strong> entrer dans la<br />

sainteté) relèvent de la hardiesse. Qu'il s'agisse de cri, de gémissement, du son du Chofar<br />

ou de chants, ils se rattachent tous à « Voici qu’Il fait retentir sa voix, d'un son de force<br />

(littéralement : un son d'audace) » (Ps. 68:34).<br />

5. En outre, tout homme doit éprouver beaucoup de compassion <strong>pour</strong> la chair du corps<br />

(de son corps). Il doit partager avec elle (sa chair) toutes les connaissances et toutes les<br />

fulgurances que peut capter son âme, afin que le corps lui aussi connaisse chacune de<br />

ces perceptions, comme (en témoigne le prophète) : « Ne te détourne pas de ta<br />

chair » (Isaïe 58:7) : de ta chair (à toi), précisément (et contrairement au sens manifeste<br />

de ce verset où « ta chair » désigne les proches de ta famille). Il s'agit de ne pas se<br />

265


détourner de la pitié <strong>pour</strong> sa chair, <strong>pour</strong> son corps (<strong>pour</strong> soi-même). On doit éprouver<br />

en effet une très forte compassion <strong>pour</strong> le corps, prendre soin de le raffiner (le parfaire),<br />

afin de pouvoir l’instruire de toutes les lumières et de toutes les connaissances que notre<br />

âme perçoit. Car l’âme de tout homme voit et perçoit constamment des choses très<br />

élevées sans que le corps en ait connaissance. Voilà <strong>pour</strong>quoi, tout homme doit éprouver<br />

une grande compassion <strong>pour</strong> la chair du corps et s’employer à la purifier, de manière<br />

telle que l’âme puisse l’instruire de tout ce qu’elle voit et saisit constamment, comme<br />

nous l’avons vu.<br />

Lorsque le corps atteint une telle dimension, il en fait bénéficier l’âme. Si le corps est pur<br />

et brillant, l'âme, qui chute parfois de niveau, parviendra à s’élever <strong>pour</strong> revenir à son<br />

niveau (antérieur) grâce au corps. Pour être plus précis, les plaisirs du corps permettent<br />

à l'âme de se rappeler de ses propres plaisirs et de s’élever vers eux. En effet, un corps<br />

bon et sain (instruit des trésors révélés par l'âme) ne se laissera pas piéger par les<br />

plaisirs (de ce monde). En fait, l’âme <strong>pour</strong>ra, grâce aux plaisirs du corps, réintégrer son<br />

niveau, ses propres plaisirs. De la même façon, les impressions du corps, imprimées par<br />

les faisceaux de lumière que l’âme avait projetés sur lui auparavant, permettent (en<br />

retour) à l'âme de se souvenir, de s'élever et de revenir à son niveau (initial). Cela<br />

correspond à : « De ma chair, je contemplerai Dieu » (Job, 19:26). De ma chair,<br />

littéralement. En d’autres termes, c’est à partir de la chair du corps que l’on contemplera<br />

Dieu, que l'on percevra le divin. L’homme parviendra à contempler et percevra à partir<br />

de son corps, les perceptions élevées que l’âme perçoit constamment, comme nous<br />

l'avons vu.<br />

Mais lorsque le corps se comporte avec effronterie, comme « les chiens effrontés », l’âme<br />

ne peut être épaulée (par le corps), ni s’approcher de lui <strong>pour</strong> l’informer de ce qu'elle<br />

perçoit. Elle risque alors d’être saisie par la force et l’effronterie du corps, tant le corps<br />

peut être effronté et puissant <strong>pour</strong> (assouvir) ses passions.<br />

L'effronterie <strong>pour</strong> la sainteté, c'est à dire les sons évoqués plus haut, s'avèrent dans ce<br />

cas indispensable. C'est ainsi (grâce à eux) que l'on brise l’effronterie du corps. En effet,<br />

« un gémissement brise le corps de l’homme » (Brakhot 58b). En brisant l’effronterie et<br />

l'arrogance du corps, l'âme <strong>pour</strong>ra se rapprocher du corps, sans en être prisonnière.<br />

C’est là le sens du verset : « À cause du son de mon gémissement, mon os est collé à ma<br />

chair » (Ps. 102:6). L’os/'ATsMi, c'est l'âme car elle constitue l’essence/'ETseM de<br />

l’homme. En effet, l’âme, élément fondamentalement éternel constituent l'entité<br />

266


principale de l’homme qui est appelé « moi » (également 'ATsMi) chez lui. (Les mots<br />

« os », « essence » et « je/moi » sont un seul terme en hébreu).<br />

L’effronterie du corps dans la recherche de ses plaisirs, a <strong>pour</strong> conséquence d'éloigner<br />

de sa chair et de son corps, l’âme qui est l’essence de l’homme. Toutefois, le son du<br />

gémissement, lié à l’audace sainte, comme nous l'avons vu, a <strong>pour</strong> effet de briser<br />

l’effronterie du corps et de permettre le rapprochement de l'os et de la chair, c'est-à-dire<br />

(le rapprochement) de l'âme et du corps. Tel est la signification de « À cause du son de<br />

mon gémissement, mon os a collé à ma chair », comme nous l'avons vu.<br />

Les notions de « son des Téki'ot » et de « son de mes gémissements » sont équivalentes.<br />

Elles brisent le corps de l'homme, comme dans : « Le Chofar sonnerait dans une ville et ne<br />

mettrait pas le peuple en émoi ? » (Amos, 3:6). Elles (ces notions liées au son) permettent<br />

de se relier aux Bergers dont nous avons parlé. C'est ce qu'évoque la (série de trois<br />

catégories de sons du chofar) Téki'a, Chévarim, Térou'a.<br />

Téki'a (son long ininterrompu) correspond aux sons de : « un son de force » (Ps. 68:34).<br />

Chévarim (litt. : "les bris" : son brisé en trois de même durée) permettent de briser<br />

l’effronterie du corps.<br />

TéRou'a (son saccadé brisé neufs fois) renvoie à « Et toi, tu feras paître/TiR'é mon<br />

peuple » (Sam 2, 5:2) qui fait référence aux bergers saints. Il est en effet impossible de se<br />

rapprocher d'eux autrement que par l’audace sainte, liée à cette notion de sons de<br />

sainteté, elle-même liée au son du Chofar, comme nous l'avons vu.<br />

C’est de cela qu'il est question (à propos de la circoncision/alliance des mâles du clan<br />

d'Avraham) dans « Il retrancha la chair de leur excroissance, ce jour-même » (Bér. 17:23.<br />

Litt. : « Dans l'essence de ce jour »), et dans « Ce jour-même, Avraham fut circoncis » (id.<br />

17, 26). « Ce jour » correspond au son du Chofar, qui est un commandement qui ne<br />

s'accomplit (que) le jour (Roch Hachana 28a ; Méguila 20a), comme : « l’Eternel<br />

t’exaucera au jour de détresse » (Ps. 20 :2). En effet, (le son du chofar) permet le<br />

retranchement et la brisure de l'excroissance de la chair (la circoncision), et (la chair)<br />

reçoit (ainsi) la lumière de l’essence.<br />

6. L’ensemble du genre humain intègre également ces notions d'essence (âme) et de<br />

chair. Le Sage véritable, correspond à l’âme du peuple qui se trouve en dessous de lui. Il<br />

évoque la dimension de l’« essence/'ETseM » du peuple qui lui incarne la dimension<br />

« chair ».<br />

267


Ainsi, lorsque les gens se comportent (avec le sage) comme une « chair », à l'instar de la<br />

chair du corps fixée à l'os humain, ils entendent le son du gémissement, c’est-à-dire la<br />

voix du Sage, et celle-ci brise leur corps, comme « le gémissement brise etc. » De fait, il<br />

peut s'appuyer (sur eux) et se rapprocher d’eux, car ils procèdent de la « chair », comme<br />

« Du son de mes gémissements, mon os a collé à ma chair », comme nous l'avons expliqué.<br />

Par contre, lorsqu’ils (les enfants d'Israël) n'entrent pas dans la définition de « chair », ils<br />

n’entendent pas du tout le son du gémissement dont nous avons parlé. Et quand bien<br />

même l’entendraient-ils, ils n’entendent pas le son lui-même, mais seulement le son de<br />

l'écho.<br />

7. Voici ce qu'est le son de l'écho. Sache que lorsque s'éveille le « son de sainteté », se<br />

réveille du même coup le « son de l'autre côté » (de l'impureté). En effet, les fautes (du<br />

peuple d'Israël) créent des forces destructrices. Ces dernières crient : « Donne-nous à<br />

manger ! Donne-nous notre vitalité ! » Lorsque la voix de sainteté ne se renforce pas ni<br />

ne se réveille, elles (les voix de l'impureté restent) au repos. En revanche, dès que la voix<br />

de sainteté s’éveille, elles s’éveillent aussitôt et commencent à crier contre lui et à<br />

l’accuser. Telle est la voix de l’écho, provoquée (dans son sillage) par la voix de la<br />

sainteté. Cela correspond à « Si nos fautes nous accusent » (Jérémie, 14:7, litt.: "répliquent<br />

en nous". (Nos Sages enseignent en outre que) toute « réplique » évoque le « cri » (Sota<br />

32b, rapporté par Rachi Deutéronome 26,5). Autrement dit, nos fautes crient en nous,<br />

véritablement, en notre fort intérieur. (Cela advient) en conséquence à l'éveil du son de<br />

la sainteté.<br />

(Ce principe) rappelle le verset rapportant les propos que la femme Tsarfit adressa à<br />

Elie : « Tu es venu chez moi <strong>pour</strong> rappeler ma faute » (Rois I, 17:18). Tant qu’Elie ne se<br />

trouvait pas là-bas (chez elle), la sainteté n’y était pas intense, ses fautes restaient<br />

calmes. Mais dès que la sainteté d’Elie (apparaissait), ses fautes étaient rappelées et<br />

s'éveillaient <strong>pour</strong> crier contre elle et l'accuser.<br />

Tel est l'objet de (la prière de Jérémie) : « Si nos fautes nous accusent ». Nos fautes<br />

hurlent à l’intérieur de nous. Et même lorsqu'il nous arrive de laisser éclater un<br />

quelconque son de sainteté, nous ne méritons pas d’entendre le son de sainteté luimême,<br />

celui qui permet de briser l’effronterie du corps. (Nous n'en percevons) que<br />

l'écho, le son de nos fautes qui se réveillent contre la voix de la sainteté et qui crie en<br />

268


nous. (La suite du verset nous avertit qu'un seul remède nous reste <strong>pour</strong> échapper à ces<br />

accusations :) « Ô Eternel, agis en faveur de Ton Nom » (Jérémie 14:7). (Nous<br />

demandons ainsi à Dieu :) agis Toi-même en faveur de Ton Nom, et prends-nous en pitié,<br />

<strong>pour</strong> Ta seule gloire.<br />

Ainsi, lorsque l'on n'entre pas dans la catégorie « chair » par rapport au Sage, qui est de<br />

la catégorie « essence » (âme), on n’entend pas le son (de la voix du Sage) lui-même,<br />

mais uniquement le son de l'écho, c'est-à-dire le son des fautes réveillées par cette voix<br />

(de la sainteté).<br />

C’est ce que l'on peut comprendre avec : « Celui qui sonne du chofar dans un puits… »<br />

(Michna Roch Hachana, 3,7 ; Talmud id. 27b). (Ce cas est) comparable à celui qui gémit<br />

et émet des sons (comme ceux du Chofar) à cause de sa détresse : « Tu m’as plongé dans<br />

un puits profond (Ps. 88:7). Ceux qui se tiennent dehors… », qui ne se trouvent pas au<br />

niveau « chair » (par rapport au sage). « S’il a entendu le son du Chofar, il est quitte »<br />

(litt. "Il est sorti"), il <strong>pour</strong>ra sortir de son mal (de ses fautes) ». En revanche, « …S’il a<br />

entendu (seulement) l’écho (du son du Chofar), il n’est pas quitte », (il ne s'en sortira<br />

pas, il n'est pas libéré du mal) comme nous l'avons expliqué plus haut.<br />

En résumé, ce même principe se vérifie (au niveau individuel) <strong>pour</strong> le son de son propre<br />

gémissement (autant que <strong>pour</strong> le son du gémissement du sage au niveau collectif). On ne<br />

peut entendre (le son de son propre gémissement) si l'on ne correspond pas au niveau<br />

« chair » (compte tenu de l'éloignement de notre corps par rapport à notre âme), on<br />

n'entendra que le son de l'écho. En ce qui concerne l'homme lui-même, l'éloignement<br />

considérable entre son corps et son essence, son âme (en est la cause). Une telle distance<br />

ne lui permet pas d'entendre le son de son propre gémissement. Il en va de même <strong>pour</strong><br />

le son du gémissement du sage, si on ne se trouve pas comme une chair par rapport au<br />

sage, on n'entend pas sa voix, mais seulement le son de l'écho.<br />

8. On parvient à ce niveau de chair par le service (<strong>pour</strong> devenir « chair » du Sage, il faut<br />

le servir). Lorsque l’homme se met au service d’un Sage, il relève de la dimension<br />

« chair » par rapport à ce Sage. De la même façon, lorsque le corps se met au service de<br />

l’âme, en accomplissant des commandements concrets, le corps entre alors dans un état<br />

« chair » par rapport à l’âme.<br />

Ainsi la chair évoque cette dimension, dès lors : « A Jérusalem, J'enverrai un<br />

messager/MeVaSseR » (Isaïe 41:27). Depuis la chair/MiBaSseR qui a été circoncis, dont<br />

269


nous avons parlé (à la fin du chap. #5), Jérusalem, la ville fidèle (id. 1,26), trouve sa<br />

perfection.<br />

En d'autres termes, l'effronterie du corps, l'effronterie de l'autre côté, se brise au moyen<br />

de l'audace sainte, liée à tous les sons de sainteté. Sans briser (l'effronterie impure) il est<br />

impossible d'approcher les Justes véritables de la génération. De ces derniers on reçoit<br />

la totalité de la sainteté, qui n'est autre que la foi. C'est donc ainsi que l'on mérite la<br />

foi : en méritant de s'approcher et de ces Justes et d'adhérer à eux. On mérite ainsi une<br />

foi/EMouNah parfaite, qui est l'attribut de Jérusalem, la ville fidèle/neEMaN (digne de<br />

foi), comme cela a été rappelé.<br />

9. On parvient à l'audace sainte au moyen de la joie, comme dans : « Car la joie en<br />

l'Eternel est votre force (audace/témérité) » (Néhémia 8:10). Autrement dit, (on y<br />

accède) grâce à la notion « Nous ferons et nous comprendrons » (Chémot 24:7) qui<br />

représente la joie. Nos Sages, de mémoire bénie, enseignent en effet « Lorsque Israël<br />

déclara : « Nous ferons et nous comprendrons », soixante-mille anges descendirent du ciel<br />

et posèrent deux couronnes sur la tête de chacun d’eux, etc. Mais ils en furent<br />

dépossédés lorsqu’ils fautèrent (avec le veau d'or), etc. Mais dans les temps futurs, le<br />

Saint béni soit-Il leur restituera (les couronnes), comme il est écrit (Isaïe 35:10) : « Une<br />

joie éternelle sur leurs têtes » (Chabat 88a). Il apparaît donc que « Nous ferons et nous<br />

comprendrons » représente la notion de joie, équivalent à « Une joie éternelle sur leurs<br />

têtes ».<br />

Et sache que les deux ornements qui les couronnèrent sur le mont ‘Horev grâce à « Nous<br />

ferons et nous comprendrons », correspondent à « Au commencement, Il créa », comme le<br />

rapporte le Sifra Ditsniouta (au début du chapitre #5) :<br />

(Nous pouvons maintenant développer l'introduction de cet Enseignement :)<br />

« Au commencement » : Parole. « Créa » : Demi-parole. Caché et révélé. Eden<br />

supérieur, qui est caché et dissimulé, et Eden inférieur. Sagesse supérieure et<br />

sagesse inférieure. Père et fils. »<br />

En effet, « Nous ferons et nous comprendrons » correspond à la notion de « caché » et<br />

de « révélé ».<br />

270


« Nous ferons » renvoie au « révélé », il s'agit des commandements que chacun peut<br />

accomplir à son niveau.<br />

« Et nous comprendrons » renvoie au « caché », (dimension) plus élevée (que « nous<br />

ferons » et donc) cachée, ne relevant pas d'un culte (d'une pratique religieuse) précis.<br />

Ainsi, chaque commandement est entouré de paroles. En effet, <strong>pour</strong> chaque injonction<br />

de la Torah d'accomplir un commandement, il existe également des énoncés<br />

complémentaires, comme par exemple : « Dieu parla à Moché » et d’autres paroles<br />

relatives à ce commandement. Le culte (la pratique religieuse) accompagnant ces<br />

paroles de Torah et qui sont des annexes au commandement, évoque le « nous<br />

comprendrons », c'est-à-dire l’aspect caché.<br />

Nous pouvons en effet, accomplir le commandement lui-même. En revanche, nous ne<br />

savons pas de quelles pratiques accompagner ces paroles. Il s'agit en fait de la dimension<br />

« nous comprendrons », une dimension cachée.<br />

Il s’agit ici des notions de Torah et de prière. « Nous ferons » correspond à la Torah,<br />

c’est-à-dire à ce qui est révélé, ce que l’on sait accomplir. En revanche, « Nous<br />

comprendrons » correspond à ce qui nous est caché, comme les paroles de la Torah qui<br />

entourent chaque commandement sont de l’ordre du caché, comme nous l’avons vu. Ces<br />

paroles que nous ne savons pas utiliser <strong>pour</strong> servir Dieu, béni soit-Il, sont de l'ordre de<br />

la prière, puisque cette dernière est dévotion (attachement à Dieu).<br />

En effet, « la compréhension (entendre) dépend du cœur » (Tikounim, 58), comme il est<br />

écrit : « Tu donneras à ton serviteur un cœur qui comprend (entend) » (Rois I, 3:9). De<br />

plus, « Le service du cœur, c’est la prière » (Taanit, 2a), autrement dit (ce service<br />

demande un travail) d’annulation (de soi) devant l’Infini, et d'attachement à l'Infini.<br />

L’Infini représente ce que l’on ne peut saisir, et ce que l’on ne peut saisir [c’est-à-dire les<br />

paroles (annexes) de Torah (entourant les commandements) rappelées plus haut en tant<br />

que dimension cachée, comme on l'a vu] correspond à la prière, à l’attachement<br />

(adhésion à Dieu), qui est l’annulation devant l’Infini.<br />

10. On retrouve ce « Nous ferons et nous comprendrons » à chaque niveau (spirituel) et<br />

dans chacun des mondes. (A un niveau individuel) chacun possède en effet, une<br />

dimension "Nous ferons", lié à la Torah qui lui est révélé, et une dimension "Nous<br />

comprendrons", cachée, liée à la prière, comme nous l'avons vu.<br />

271


Le "Nous comprendrons" d'un tel, parvenu à un niveau plus élevé que le précédent<br />

(niveau auquel il était), devient "Nous ferons". Il découvre alors une nouvelle dimension<br />

de "Nous comprendrons". Il en va ainsi de niveau en niveau. Chaque homme, selon son<br />

niveau, possède aussi une dimension "Nous ferons et nous comprendrons". Il existe une<br />

dimension "Nous ferons et nous comprendrons" dans chaque monde. Ainsi, ce qui relève<br />

de "Nous comprendrons" dans ce monde-ci, devient un "Nous ferons" dans le monde des<br />

astres (dans les mondes supérieurs). Et eux-mêmes ont un "Nous comprendrons" plus<br />

élevé. Il en va ainsi d’un monde à l’autre.<br />

(Cette évolution du statut des connaissances qui passent de révélées à cachées, de<br />

niveau en niveau et de monde en monde) correspond également aux notions de "Torah<br />

de l'Eternel" et "Sa Torah" (dans Avoda Zara, 19a). La "Torah de l'Eternel", représente<br />

ce qui est caché : « Les choses cachées appartiennent à l’Éternel notre Dieu » (Dévarim,<br />

29:28). Lorsque l’homme atteint un niveau supérieur, elle devient alors "sa (propre)<br />

Torah", car le "Nous comprendrons" s'est transformé en "Nous ferons" : « Les choses<br />

révélées nous appartiennent à nous et à nos enfants » (Id.).<br />

« Les choses cachées appartiennent à l’Éternel notre Dieu » correspond à "Nous<br />

comprendrons". « Les choses révélées nous appartiennent à nous et à nos enfants »<br />

correspond à "Nous ferons". C’est <strong>pour</strong>quoi (la suite du verset) « Pour l’éternité, <strong>pour</strong><br />

accomplir toutes les paroles de cette Torah » désigne l’évolution progressive qu'il<br />

nous incombe de passer dans un monde <strong>pour</strong> lequel le "Nous comprendrons" deviendra<br />

"Nous ferons". « Pour accomplir toutes les paroles de cette Torah ». Les "paroles de la<br />

Torah" font référence aux paroles (gravitant) autour du commandement, telles que<br />

« Dieu parla », associées à « Nous comprendrons », le transformant en « Nous ferons ». Tel<br />

est le sens de « Pour l’éternité » (littéralement « au monde ») car l’homme doit<br />

progresser et évoluer, de niveau en niveau et de monde en monde. « Pour accomplir »<br />

précisément, <strong>pour</strong> faire, qui est lié à « Nous ferons ».<br />

« Toutes les paroles de cette Torah » : ce sont les paroles de Torah qui entourent le<br />

commandement, de l’ordre des choses cachées, de « Nous comprendrons », comme nous<br />

l'avons vu. Elles devront être transformées en « Nous ferons » et prendre l'aspect de<br />

« choses révélées ».<br />

272


De fait, chaque homme doit progresser de niveau en niveau et de monde en monde, afin<br />

de parvenir, à chaque fois, à des dimensions plus élevées de « Nous ferons » et de « nous<br />

comprendrons ». De telle sorte que les notions de "Nous comprendrons", de "caché", de<br />

"prière", de "paroles de Torah autour du commandement" et de "Torah de l'Eternel" se<br />

transforment chez lui en "Nous ferons", en "révélé", en "Torah" et en "sa Torah". Il<br />

parviendra ainsi à une dimension plus haute de « Nous comprendrons », etc. Ainsi à<br />

chaque fois, l’homme devra s’élever d’un degré à l’autre et d'un niveau à l'autre, jusqu’à<br />

parvenir au point initial de la Création, c’est-à-dire le début du monde de l’Emanation.<br />

Là aussi (dans le monde de l’Emanation) se trouve une notion de « Nous ferons et nous<br />

comprendrons ». Mais la dimension de « Nous comprendrons » qui s’y trouve est la vraie<br />

Torah de l'Eternel. En effet, la "Torah de l'Eternel" relative à chacun des (autres) mondes<br />

et à chacun des (autres) niveaux n'est appelée ainsi que dans un sens métaphorique.<br />

Cette appellation de "Torah de l'Eternel" n'y est justifiée qu'à cause de son voilement<br />

subjectif (et temporaire), car elle devient "sa Torah" dès que l'homme y parvient. Par<br />

contre, la dimension de « Nous comprendrons » qui se trouve au début du monde de<br />

l'Emanation constitue réellement la Torah de l'Eternel puisqu’il n’existe rien de plus<br />

élevé, tout n’y est que Torah de l'Eternel, à proprement parler.<br />

Ensuite, lorsque l’homme se fond dans l’Infini, le « Nous ferons » devient la dimension<br />

"Torah de l'Eternel" dans l'absolu, et le « Nous comprendrons » est la dimension de<br />

"Prière de l'Eternel".<br />

Il existe en effet une "Torah de l'Eternel", comme l’évoquent nos Sages de mémoire<br />

bénie (suivent des paroles des sages citant des commandements accomplis par Dieu, Sa<br />

Torah) : « Je l’ai accomplie (la Torah) en premier » (Yerouch. Bikourim 3:3) et : « Le<br />

Saint béni soit-Il habille ceux qui sont nus et rend visite aux malades etc. » (Sota 14a), ou<br />

par ailleurs (Brakhot 6a) : « D’où voyons-nous que le Saint béni soit-Il porte les<br />

Téfilin ? Etc. ».<br />

Il existe (d'autre part) également une "Prière de Dieu", comme nos Sages le<br />

rappellent (id. 7a) : « D’où savons-nous que le Saint béni soit-Il prie ? Du verset : « Je les<br />

comblerai de joie dans la Maison de Ma prière » (Isaïe 56:7). Nous constatons donc qu’il<br />

existe à la fois une Torah de l'Eternel et une Prière de l'Eternel. Et lorsqu’on parvient au<br />

273


mérite de se fondre dans l'Infini, sa Torah devient véritablement la "Torah de l'Eternel"<br />

et sa prière devient, véritablement, la "Prière de l'Eternel".<br />

C’est en ce sens que nos maîtres ont enseigné : « Toute personne qui invoque la<br />

Miséricorde divine en faveur de son prochain, tout en ayant besoin de la même chose,<br />

sera exaucée en premier » (Baba <strong>Kama</strong>, 92a). En effet, si cette personne a besoin de la<br />

même chose, mais ne la réclame pas <strong>pour</strong> elle-même, c’est parce qu’elle se situe dans<br />

une dimension d'abnégation, dans la dimension initiale, c’est-à-dire antérieure à la<br />

Création. Et comme elle se trouve dans la dimension initiale, elle est donc exaucée en<br />

premier.<br />

[A priori, ceci ne se rattache pas parfaitement avec ce qui figurait précédemment. Mais<br />

en réalité, ce sujet est bien expliqué <strong>pour</strong> qui l’approfondit un peu. Il est rappelé plus<br />

haut et (également) plus bas que la notion de "Prière de l'Eternel" correspond à l’idée de<br />

ce qui précède la Création, il s'agit de l’Infini et du commencement. Dans la mesure où<br />

cette dimension s'apparente au concept du néant (de la pré-création), nul ne peut<br />

aspirer à la mériter hormis celui qui correspond à la dimension de l'abnégation, c'est<br />

celui qui fait preuve d'une humilité véritable et qui s’annule de manière absolue, comme<br />

s’il ne faisait pas partie du monde, jusqu’à se fondre dans l’Infini. Là, se trouve la<br />

dimension de la Prière de l'Eternel ».<br />

Le sujet qui suit, traitant de l'enseignement de nos Sages "Eléazar le petit etc." qui fut<br />

soupçonné d'orgueil et que l'on emprisonna etc. s'y rattache parfaitement, voir sur place.<br />

Il ne paraît <strong>pour</strong>tant pas y avoir de rapport entre le thème de la faute d’orgueil et notre<br />

Torah (cet enseignement), qui ne traite pas du tout de l'orgueil. Mais en réalité, à partir<br />

de ce qui a été expliqué, il apparaît clairement que tout ce qui a été exposé, à savoir<br />

comment parvenir à la dimension "Nous ferons et nous comprendrons" la plus haute, tout<br />

ce qui s'apparente à la notion de fusion dans l’Infini, dans l’origine de la Création, tout<br />

cela ne peut être acquis que par l’humilité véritable, de l'ordre du néant (de la précréation),<br />

comme nous l'avons vu plus haut.<br />

Dès lors, le lien entre le principe : "Celui qui prie <strong>pour</strong> son prochain etc. est exaucé en<br />

premier" et cette Torah, devient parfaitement clair. Celui qui prie en faveur de son<br />

prochain <strong>pour</strong> une chose dont il a <strong>pour</strong>tant lui-même besoin appartient à la dimension<br />

de l'humilité, rentre dans l’ordre du néant (de la pré-création), car il fait preuve<br />

274


d'abnégation. Insensible à son propre intérêt, il ne ressent que la détresse de son<br />

prochain. Par cette abnégation, il se fond dans le néant qui se rattache aux dimensions<br />

du "commencement", de "antérieur à la Création", de "Nous comprendrons" et de "prière<br />

de l'Eternel", comme nous l’avons vu. Il est exaucé en premier car il correspond à cette<br />

dimension initiale.]<br />

Il s'agit des concepts de « père et fils, Parole et demi Parole ».<br />

Le "Nous ferons" correspond aux dimensions de "ce qui est révélé"/"Torah"/"a<br />

créé"/"fils"/"Eden inférieur"/"Sagesse inférieure"/"demi parole". Tout cela relativement<br />

au "nous comprendrons", qui correspond aux dimensions de "Au<br />

commencement"/"Parole entière"/"Sagesse supérieure"/"Eden<br />

supérieur"/"père"/"prière"/"ce qui est caché". En effet, chaque niveau comparé au<br />

niveau qui lui est supérieur est considéré comme une demi-parole. Ainsi par exemple,<br />

lorsqu’un père parle, il prononce une parole entière (complète). Mais lorsque son jeune<br />

fils répète les paroles de son père (lorsqu'il apprend à parler), il parle seulement de<br />

manière morcelée (des bribes de phrases : demi parole). Il en va ainsi <strong>pour</strong> chaque<br />

niveau par rapport au niveau qui lui est supérieur : il (le niveau inférieur) lui correspond<br />

comme une "demi parole". De même, le niveau qui lui est supérieur correspond à une<br />

"parole entière" relativement à lui.<br />

Et ainsi de suite <strong>pour</strong> chacun des niveaux. En effet, tous les êtres humains, les animaux,<br />

les oiseaux, les plantes et tout ce qui compose ce monde ne constituent que la dimension<br />

d'une demi-parole par rapport au monde qui se trouve au-dessus de ce monde. Tous ces<br />

éléments ne se présentent que comme les métaphores des choses qui leurs sont<br />

supérieures. Il en est ainsi de monde en monde. Et il en va de même <strong>pour</strong> l'ensemble de<br />

la Création vis-à-vis de ce qui la précède. Cela évoque le concept de la demi-parole car la<br />

perfection demeure essentiellement dans l’Infini, là où se trouve la Parole entière (de<br />

manière absolue).<br />

Tel est l'enseignement (du Sifra Ditsniouta) : "Il créa"/BaRA, qui désigne la globalité de<br />

la Création et constitue une demi-parole relativement à "Au commencement"/BéREchyt.<br />

Ce dernier terme est associé à "ce qui précède la création". (Le terme "Il créa" est<br />

effectivement formé des trois premières des six lettres qui constituent "au<br />

275


commencement"). Il correspond (également) à la dimension "Prière" qui comme "Au<br />

commencement"/BéREChYT, peut se lire "craignant la honte"/YaRE BoCheT (Tikounim<br />

7) et sont (les traits de celui qui s'élève en) prière. (Ces notions de crainte et prière se<br />

trouvent confirmées dans) : « Qui craint Dieu est digne de louanges/Prière » (Prov.<br />

31:30), qui est une parole entière.<br />

C’est aussi la raison <strong>pour</strong> laquelle la foi est appelée "Jérusalem", comme vu plus haut, car<br />

c'est de "au commencement" que vient sa construction. (Jérusalem) correspond à<br />

"Crainte/YiRAh et parfaite/ChaLeM", on y trouve la crainte et on y trouve la plénitude.<br />

(Berechit Raba 56,10, le nom Jérusalem provient de ces deux notions et de leurs<br />

interrelations). (De même,) "Au commencement/BeREChYT " se lit "craignant la<br />

honte"/YaRE BoCheT et constitue une "parole entière" (les notions de crainte et de<br />

perfection sont ainsi liées à Jérusalem).<br />

La foi provient des Bergers, comme nous l'avons vu, et il est impossible de les approcher<br />

sans l’audace, comme nous l'avons vu. Nous avons vu également que l’on obtient<br />

l'audace par la joie et que l'on mérite (de recevoir) cette dernière par les dimensions<br />

"nous ferons" et "nous comprendrons", liées à celles de "Torah" et de "prière", etc, comme<br />

rappelé. Cependant, la joie parfaite est obtenue essentiellement par la crainte comme il<br />

est écrit : « réjouissez-vous dans la crainte » (Ps. 2:11, voir Berakhot 30a). En d’autres<br />

termes, la joie et l’allégresse passent avant tout par la prière. Cette dernière correspond<br />

à la notion de crainte, comme nous l'avons expliqué, ainsi qu'à "nous comprendrons", à<br />

"Parole complète". De là provient l'essence de la plénitude, comme nous l'avons vu.<br />

Il en découle que la construction de la foi, associée à Jérusalem, ville fidèle (digne de foi),<br />

s’acquiert essentiellement par la prière, associée à la crainte et à la parole entière,<br />

comme nous l'avons vu. Pour cette raison, la foi est appelée "Jérusalem" dans le sens de<br />

"Crainte/YiRAh et perfection (ou entière)/ChaLeM" : (Yerouchalaïm/Jérusalem). En effet<br />

sa construction s’effectue principalement à partir de la notion de "crainte", de "parole<br />

entière", correspondant à "Au commencement", (qui se lit) "craignant la honte"/YaRE<br />

BoCheT et qui constitue une parole entière, comme développé plus haut.<br />

Tel est le sens de : « Le Témoignage de l’Éternel est digne de foi » (Ps. 19:8). Le<br />

témoignage/'EDout de l’Éternel rappelle les ornements/'ADayim dont nous avons parlé.<br />

"Digne de foi", car par (ce témoignage/ornement) se construit la foi.<br />

276


Tel est le sens de (la bénédiction accordée par Yaakov à Yossef avant sa mort) : « D’ici un<br />

berger, pierre d’Israël » (Bér. 49:24). Le Targoum traduit "pierre/EVeN", par "père/AV et<br />

fils/BeN", et ceci est (vraiment) une parole entière, puisqu'elle inclut le fils avec le père.<br />

La demi-parole correspond au fils uniquement, alors que la Parole entière inclut<br />

ensemble le père et le fils. A ce stade tout est englobé dans le même ensemble. (Nous<br />

apprenons ainsi que) l'on parvient à la dimension "Bergers" (en nous rattachant à la<br />

parole entière), c'est ce qu'implique « D’ici un berger, pierre d’Israël ».<br />

11. Toutefois, une descente doit précéder une élévation si l’on désire passer d'une<br />

dimension « Nous ferons et nous comprendrons » à une autre dimension "« Nous ferons et<br />

nous comprendrons » de niveau supérieur. En effet, la chute est la finalité de l'élévation,<br />

comme l'enseignent nos maîtres : « David ne devait pas commettre cette faute (avec<br />

Bathchéva)… Les enfants d’Israël ne devaient pas commettre cette faute (avec le veau<br />

d'or), mais Dieu, béni soit-Il, fit en sorte qu’ils tombent dans ce piège, <strong>pour</strong> le bien du<br />

monde », et comme ils l'expliquent : « <strong>pour</strong> enseigner le repentir » (Avoda Zara. 4b).<br />

C’est (ce que nous enseigne dans le même ordre d'idées) : « Cet obstacle sous tes mains »<br />

(Isaïe 3:6), (nos Sages (Chabat 120a), interprètent cet obstacle comme se référant aux)<br />

paroles de Torah, sur lesquelles personne ne se tient debout sans qu'elles l'aient fait<br />

trébucher (paroles de Torah que seul peut maîtriser celui qui a trébuché dessus, voire<br />

qui les a transgressées).<br />

« Paroles de Torah » correspond aux énoncés annexes au commandement, telles que<br />

« Dieu parla à Moché etc. », comme nous l'avons expliqué, relevant de "ce qui est caché",<br />

de "nous comprendrons" et de la "prière", comme nous l’avons vu.<br />

« Ne se tient debout » : il s'agit de la dimension "prière", puisque « Il n'est d'autre<br />

position debout que la prière » (Brakhot 6b ; la "'amida/debout" également appelée<br />

"Tefila/Prière" est la partie centrale et l'essentiel des trois prières quotidiennes).<br />

Cet enseignement décrit la nécessité de trébucher, du fait de la transformation des<br />

paroles de Torah depuis une dimension "Nous comprendrons" vers une dimension "Nous<br />

ferons". Cette transformation a <strong>pour</strong> effet que la position debout, qui correspond à la<br />

prière, devient "sur elles", c'est-à-dire qu'apparaissent les dimensions "position debout",<br />

de "prière" et de "Nous comprendrons" (d'un niveau) plus élevées. Nécessairement, dès<br />

que le "Nous comprendrons" (antérieur) devient "Nous ferons", apparaît un (nouveau)<br />

277


"Nous comprendrons" plus élevé comme nous l'avons vu. Ce processus est donc<br />

impossible sans qu'il provoque un trébuchement (un déséquilibre).<br />

Tel est le sens du verset : « En ce jour, on recherchera le péché d'Israël, mais il sera<br />

annihilé » (Jérémie, 50 :20), car aux temps futurs, seul le repentir demeurera, et grâce au<br />

repentir, les péchés seront transformés en mérites. Les fautes d'Israël deviendront<br />

"Torah". Voilà <strong>pour</strong>quoi les péchés seront alors recherchés. En effet, on recherchera les<br />

péchés d’Israël, (dans l'espoir d'en trouver) encore un <strong>pour</strong> le transformer en Torah.<br />

« Mais il sera annihilé ». Il s'agit de la fusion de tous les péchés dans le néant, autrement<br />

dit dans l'Infini, là où les péchés sont transformés en mérites grâce au repentir. Il est<br />

question ici de la notion de chute comme finalité de l’ascension, dont nous avons parlé<br />

plus haut.<br />

Tel est donc le sens du verset « Reviens, Israël… car tu as trébuché par ton péché » (Osée,<br />

14:2) : Le repentir a <strong>pour</strong> effet de transformer les péchés en ce qui s'apparente à une<br />

notion d'obstacle, qui est la Torah, comme expliqué plus haut.<br />

C’est là l’explication de la Michna : « Yéhoudah fils de Téma dit : « Sois audacieux comme<br />

la panthère, etc. » (Avot, 5:20). De fait, Il (nous) met en garde au sujet de l'audace sainte.<br />

(Dans ce sens,) il enjoint à l'homme de faire preuve d’audace comme la panthère <strong>pour</strong><br />

affronter tous ceux qui s'opposent à son service (divin), à Dieu ne plaise. Mais<br />

immédiatement après, suit une description de la gravité des dommages causés par<br />

l’audace (venant) du côté du mal et son interdiction. C’est ce qui apparaît ensuite, « Il<br />

avait coutume de dire : une personne effrontée (audacieuse) ira en enfer, etc. ». C'est<br />

qu'il y a matière à se tromper, à Dieu ne plaise. En effet, d'une part l’audace est<br />

nécessaire <strong>pour</strong> la sainteté car il est impossible d'approcher véritablement la sainteté<br />

sans faire preuve d’audace, comme nous l'avons vu. Le Sage l’affirme lui-même : « Sois<br />

audacieux comme la panthère ». Mais d’autre part, l’audace peut s’avérer extrêmement<br />

néfaste, au point de mener en enfer. Il est question de celui qui manifeste de l'effronterie<br />

sans la réserver à la sainteté [à plus forte raison s’il utilise cette effronterie contre la<br />

sainteté et fait preuve d'insolence, par exemple, envers ceux qui craignent Dieu], cette<br />

forme d’effronterie est particulièrement dé<strong>test</strong>able (au point que l'enfer en est la<br />

punition).<br />

278


Dès lors, tout le bénéfice (de l'audace) disparaît, car on ignore comment se comporter<br />

(comment distinguer avec certitude l'audace sainte de l'effronterie impure ?). C’est <strong>pour</strong><br />

cela que le sage prononce cette prière : « Que Ta Volonté soit de reconstruire Ta Ville<br />

(Jérusalem), au plus vite et de nos jours ». [Il y a ici a priori une grande bizarrerie<br />

digne d'étonner chacun. Que vient faire la juxtaposition de cette prière avec ce qui<br />

précède ? En outre, il n’est pas habituel de voir une Michna adresser une prière ou une<br />

requête quelconque au milieu d'un enseignement. Mais ceci se comprend aisément à<br />

présent].<br />

En effet, ce Sage a prié précisément <strong>pour</strong> mériter de savoir comment se comporter en<br />

matière d’audace. (Le Sage prie ici) <strong>pour</strong> se préserver totalement de l’effronterie des<br />

forces du mal, et <strong>pour</strong> se concentrer exclusivement sur l'audace sainte, grâce à laquelle<br />

Jérusalem, cité fidèle, peut-être construite. Il demande en d’autres termes, (de recevoir)<br />

une audace susceptible d'assurer le mérite de la foi. Comme nous l'avons rappelé par<br />

ailleurs, il est impossible de se rapprocher des Justes véritables sans audace. Ces (Justes)<br />

incarnent la dimension globale des sept bergers, eux-mêmes représentant la dimension<br />

globale de la sainteté. C'est essentiellement grâce à eux que se répand la foi, comme<br />

expliqué plus haut.<br />

La condition <strong>pour</strong> parvenir à ce stade (nous est fourni par la fin de cette<br />

Michna) : « Donne-nous notre part dans Ta Torah ». (Pour cela, nous devons) saisir la<br />

dimension de « Nous ferons et nous comprendrons », qui consiste à faire du « Nous<br />

comprendrons » un « Nous ferons », c'est-à-dire à transformer la « Torah de l'Eternel » en<br />

« sa Torah » (<strong>pour</strong> l'intérioriser et en faire sa propre Torah) lorsque nous avons le<br />

mérite de parvenir à la Torah de l'Eternel, comme nous l’avons déjà vu. C’est ce que<br />

signifie : « Donne-nous notre part dans Ta Torah ». (Le Sage prie) <strong>pour</strong> que "notre<br />

part", ce qui est (devenu) notre part dans la Torah, du niveau de "sa Torah", de "Nous<br />

ferons", devienne : « Dans Ta Torah », dans la Torah de l'Eternel en (son sens) absolu.<br />

(Il prie donc <strong>pour</strong>) mériter de se fondre dans l’Infini divin, comme nous l'avons vu, <strong>pour</strong><br />

mériter de saisir la Torah de l'Eternel, de l'ordre de "Nous comprendrons". Nous avons<br />

déjà vu que cela permet d'accéder à la joie, et par là, à l’audace de sainteté, comme (nous<br />

le montre le verset) : « Car votre audace fait la joie de l'Eternel ».<br />

C'est ce dont il s'agit dans (dans les paroles du Tana Yehoudah ben Tema) : « Et (celui<br />

qui éprouve de) la honte ira au Paradis ». En effet, cette audace sainte découle<br />

279


véritablement de la honte. (En voici la démonstration :) Nous avons déjà vu que l'audace<br />

sainte s'obtient grâce à la joie et l’allégresse dans le verset : « Car votre audace fait la joie<br />

de l'Eternel » et que cette allégresse de l'Eternel s’obtient grâce à "Nous ferons et nous<br />

comprendrons". Nous avons vu également que la joie parfaite passe principalement par<br />

la crainte, par les notions de « Nous comprendrons » et de "prière". La crainte est liée à la<br />

honte. Il en ressort donc que cette audace sainte résulte de la honte (découle d'un<br />

sentiment de honte). De plus, « (celui qui éprouve de) la honte ira au Jardin d’Eden<br />

» : cette audace sainte, liée à la honte, évoque l'Eden, l’aspect du "Eden supérieur, etc.",<br />

qui correspond à "Nous comprendrons", à la crainte, et à la prière, comme nous l'avons<br />

vu.<br />

C'est donc <strong>pour</strong> parvenir à cette audace (sainte) qu'il (le Tana Yéhoudah ben Tema)<br />

pria ainsi : « Que soit Ta Volonté, que Ta Ville soit construite etc. »<br />

(Ce qui précède) explique (le passage suivant) : « El'azar Zeira (le petit) portait des<br />

chaussures noires. On lui demanda : "Que fais-tu ?" Il répondit : "Je porte le deuil<br />

de Jérusalem ». (Baba <strong>Kama</strong> 59b). Il portait le deuil de Jérusalem, cité digne de foi, (il<br />

s'endeuillait) <strong>pour</strong> la dégradation de la foi. Il portait donc des chaussures noires, afin de<br />

montrer que le sceau (inférieur, celui) des pieds était brisé et que ce sceau s’était<br />

transformé en sang de menstruation. « Des chaussures noires » <strong>pour</strong> indiquer la<br />

détérioration des pieds qui étaient devenu du sang menstruel, car « Ce noir était<br />

initialement rouge » (‘Houline, 47b). Cette situation provient essentiellement de la<br />

détérioration de la foi. En effet, le principal est la foi, comme rappelé plus haut. [La foi<br />

correspond à la dimension du sceau des mains (nous avons déjà vu que les mains<br />

symbolisent la foi). C'est <strong>pour</strong>quoi le sceau des pieds se retrouve endommagé du même<br />

coup, car le principal est la foi, comme vu plus haut].<br />

« Ils lui dirent : Depuis quand es-tu si important <strong>pour</strong> porter le deuil, etc. ? »,<br />

autrement dit, ils le suspectèrent d’orgueil et lui firent savoir qu’il était responsable<br />

d’avoir endommagé les pieds (du fait de son arrogance), comme dans : « Que le pied de<br />

l’orgueil ne m’atteigne pas » (Ps. 36:12). En effet, l’orgueil endommage les pieds, comme<br />

le signale : « Toute personne qui fait preuve d’orgueil, s'apparente à celui qui repousse le<br />

pied de la Présence divine » (Brakhot 43b).<br />

280


Le soupçonnant d'orgueil, "ils l’enfermèrent". En effet, la sanction de l’orgueil est<br />

l’emprisonnement, comme l’enseignent nos Sages de mémoire bénie (Meguila 13b) : « Si<br />

l’homme est orgueilleux, le Saint béni soit-Il le rabaisse, comme il est dit : « … et s’ils sont<br />

enchaînés prisonniers (Job 36:8). En résumé, la punition <strong>pour</strong> l'orgueil est l’enfermement,<br />

voilà <strong>pour</strong>quoi ils l’emprisonnèrent.<br />

« Il leur dit (El'azar Zeira) : « Posez-moi une question (difficile) ou est-ce moi qui<br />

vous questionnerais ? ». Par cette question, il leur proposa un <strong>test</strong> (un paradoxe<br />

destiné à leur prouver qu'il est un sage digne de porter le deuil de Jérusalem et de la<br />

foi) : Si je suis orgueilleux, je ne serai pas en mesure de vous répondre, puisqu’il est<br />

dit : « Toute personne orgueilleuse perd sa sagesse » (Ps. 66b).<br />

« Il leur demanda : « Si quelqu’un a abattu un dattier bourgeonnant (appartenant<br />

à autrui), comment devra-t-il le dédommager ? » Abattre un dattier bourgeonnant<br />

symbolise le défaut de l'effronterie. Le dattier bourgeonnant/KouFRa représente (à la<br />

fois) l'effronterie et les sons, comme dans le verset « Les lionceaux/haKeFiRim rugissent<br />

après la proie » (Ps. 104:21). Il leur demanda donc d'évaluer le prix à payer <strong>pour</strong> celui<br />

qui s'est fourvoyé dans cette effronterie.<br />

Ils lui répondirent : « Il doit payer la valeur d’un dattier bourgeonnant », il doit<br />

payer exactement le dommage qu'il a causé.<br />

« Il rétorqua : « Mais les bourgeons deviendront des dattes ! ». En effet, l'atteinte à<br />

l'effronterie (à des conséquences) elle peut entraîner une détérioration de la foi. Il s'agit<br />

(bien de la foi auxquelles) les dattes/taMRé font allusion, comme : « Est-ce qu'un peuple<br />

a changé/hahéMiR ses dieux ? Mon peuple a abandonné/héMiR Ma gloire ! Etc. » (Jérémie<br />

2:11, où le prophète reproche aux juifs leur infidélité, c'est-à-dire de n'être pas digne de<br />

foi).<br />

« Ils répondirent : « Qu’il paie (<strong>pour</strong>) des dattes », (au prix fort) comme il convient<br />

<strong>pour</strong> la dégradation de la foi.<br />

« Mais ils ne sont pas encore devenus des dattes », quoi qu’il en soit, il n’est pas<br />

encore parvenu au stade de l’hérésie.<br />

Il répondit : « Il devra payer un soixantième ». Il s'agit de l’enfer. En effet, le monde<br />

entier représente un soixantième de l’enfer (voir Taanit 10a et Berakhot 57b), et "une<br />

281


personne effrontée ira en enfer" (Michna susmentionnée). Nous le savons par la<br />

transformation des châtiments effectuée par Abraham notre père en l'asservissement<br />

aux nations. Seul le châtiment <strong>pour</strong> effronterie demeurera l'enfer. Par conséquent, celui<br />

qui faillit à l'audace sainte <strong>pour</strong> la remplacer par l’effronterie des forces du mal, "devra<br />

payer un soixantième", autrement dit, ira en enfer, comme nous l'avons vu.<br />

De plus, l’audace de sainteté correspond au mois de Tichri. C’est <strong>pour</strong>quoi ce mois est<br />

appelé "le mois de fermeté" (Rois I 8,2), dans le sens de puissance et d'audace, car à cette<br />

période, le peuple juif crie de sa voix et fait entendre le son du Chofar et tous ces sons<br />

correspondent à l'audace, comme il a été rappelé.<br />

C’est <strong>pour</strong>quoi, les deux sceaux (inférieur et supérieur, pieds et mains) sont scellés et<br />

fixés durant cette période, un sceau à l’intérieur d’un sceau. En effet, l'audace sainte<br />

permet d'acquérir la foi, qui correspond au sceau des mains. Ce qui permet ensuite de<br />

recevoir les remontrances des sermonneurs de la génération et cela correspond au<br />

sceau des pieds, comme nous l'avons vu. Tels sont ces deux sceaux, un sceau à l’intérieur<br />

d’un sceau.<br />

Tichri consiste (en ces deux sceaux). Sa valeur numérique correspond à deux fois celle<br />

du mot "sceau" plus deux (Kavanot Ari Zal Hochaana Raba). De plus, la raison <strong>pour</strong><br />

laquelle la joie d’Israël apparaît durant le mois de Tichri est que l'audace s'acquièrt par<br />

la joie, comme nous l'avons vu, car « Car votre audace fait la joie de l'Eternel ». Ce verset<br />

fait spécifiquement référence à Roch Hachana (qui ouvre le mois de Tichri).<br />

Omissions relatives à cette Torah<br />

Les thématiques développées plus haut à propos du verset : « En conséquence/'EKeV de<br />

votre écoute de ces lois » (Dévarim, 7:12). Le mot "En conséquence" renvoie aux pieds. Ces<br />

derniers font référence aux "sermonneurs", comme nous l’avons déjà vu. C'est à eux que<br />

l'on dévoile les lois, et ce sont eux qui réprimandent la génération. « En conséquence de<br />

votre écoute de ces lois » signifie donc : votre écoute de ceux qui correspondent aux<br />

pieds, autrement dit, (votre écoute de) ceux qui sermonnent. « Votre écoute de ces<br />

lois » : Il s'agit des jugements (décrets pesants sur Israël), car c'est à eux (aux<br />

sermonneurs) qu'ils sont révélés, comme nous l'avons vu. Ils font donc l'objet de leur<br />

réprimande vis-à-vis de la génération.<br />

282


Tous les sons sont un aspect de l'audace. La voix du sermonneur correspond au son<br />

du Chofar, ainsi qu’il est écrit : « Comme le chofar, fais retentir Ta voix » (Isaïe 58:1, "son"<br />

et "voix" sont le même mot). Il en va de même <strong>pour</strong> le son d'un instrument de musique.<br />

Ceci est évoqué dans : « Jouez harmonieusement la sonnerie (du chofar ou de la<br />

trompette) » (Ps. 33:3). Le son de la musique renvoie donc à la sonnerie/TéRou'a, et au<br />

Chofar. Cette notion est à rapprocher de : « Et tu feras paître/TiR'é, (ou conduiras) Mon<br />

peuple » (Sam II, 5:2), comme nous l'avons vu (chap. 5).<br />

A l’époque de Raban Gamliel, (le niveau de) la Torah de la génération s'élevait jusqu'à<br />

(celui de) "Nous comprendrons" et de "prière". Pour cela, nos Sages enseignent : « Au<br />

temps de Raban Gamliel, on étudiait la Torah debout » (Meguila 21a) ; or, la position<br />

debout correspond à prière, comme nous l'avons vu. Et de ce fait « à la mort de Rabane<br />

Gamliel, la gloire de la Torah disparut », comme l’ont affirmé nos Sages, de mémoire<br />

bénie (id. et Sota 49).<br />

La notion de "Nous ferons et nous comprendrons" se retrouve dans chaque monde.<br />

Pour les anges, il y a aussi un "Nous ferons et nous comprendrons", comme il est<br />

écrit : « Bénissez l'Eternel, vous Ses anges, héros puissants, qui exécutez Sa Parole, <strong>pour</strong><br />

entendre le son de Sa parole » (Ps. 103:20), et comme l’enseignent nos maitres, de<br />

mémoire bénie : « Qui donc a révélé ce secret à Mes enfants, secret que (seuls) les anges<br />

du service divin utilisent ? Comme le dit le verset : "Héros puissants, etc." » (Chabat 88a).<br />

Il est impossible de se rapprocher de la sainteté sans faire preuve d'audace,<br />

comme il est écrit : « Sois audacieux comme le léopard », ainsi que cela a été<br />

développé plus haut. De même, nos maîtres de mémoire bénie ont enseigné : « La Torah<br />

n’a été donnée à Israël que parce qu’il est audacieux » (Betsa 25b).<br />

Grande est la honte : le verset la répète deux fois : « Mon peuple n’aura plus honte, etc. il<br />

n’aura plus jamais honte (Yoël 2:26-27) (Moëd Katan 9b).<br />

Le jardin d'Eden et l’enfer se trouvent dans ce monde-ci, véritablement. Il est toutefois<br />

impossible d'y accéder à cause du froid qui se situe au nord comme au sud. En outre, la<br />

souffrance relative à la honte est très forte, elle dépasse le châtiment de l’enfer. De plus,<br />

à toutes les souffrances vécues dans ce monde s'ajoute la douleur de la honte (publique,<br />

que nous ressentons du fait de la présence des autres), car devant autrui on a honte de<br />

souffrir. De même, aux temps futurs, la honte fera beaucoup souffrir, au point même que<br />

283


"chaque Juste sera brûlé par le dais de son prochain" (il aura honte de ne pas avoir<br />

atteint le niveau de son prochain). Malheur <strong>pour</strong> cette honte, malheur <strong>pour</strong> cet<br />

opprobre, comme l’ont révélé nos Sages, de mémoire bénie (à propos de la différence de<br />

niveau entre Moché et Yéhochoua qui malgré sa sainteté se trouve <strong>pour</strong>tant à une telle<br />

distance de son maître) : « Le visage de Moché était semblable à la face du soleil, le<br />

visage de Yéhochoua comme la face de la lune. Malheur <strong>pour</strong> cette honte, malheur <strong>pour</strong><br />

cet affront ! Etc. » (Baba Batra 75a). A plus forte raison, combien grande sera la honte<br />

des pécheurs ! A Dieu ne plaise. Et même si l’on se situe à un niveau qui ne justifie<br />

aucune honte devant quiconque, on éprouvera de la honte envers le Saint béni soit-Il. En<br />

effet, le Saint béni soit-Il accomplit toute la Torah, comme nos maîtres l'ont enseigné<br />

(décrivant le niveau d'accomplissement des commandements réalisés par Dieu Luimême)<br />

: « Le Saint béni soit-Il enterre les morts etc. Le Saint béni soit-Il rend visite aux<br />

malades etc. », ainsi que les autres commandements que nos Maîtres ont répertoriés<br />

comme accomplis par le Saint béni soit-Il. En outre, le Saint béni soit-Il prie, comme<br />

l’enseignent nos Sages, de mémoire bénie : « D’où savons-nous que le Saint béni soit-Il<br />

prie ? Et quelle est Sa prière ? Que telle soit Ma volonté etc. » Evidemment, le Saint béni<br />

soit-Il accomplit les commandements de la Torah et prie de façon (optimale, tel) qu'Il lui<br />

sied. Combien éloignées se trouvent la Torah et la prière de ce Juste, de la Torah et de la<br />

prière de Dieu, béni soit-Il ! En effet chacun sert Dieu selon son niveau de "Nous ferons et<br />

nous comprendrons", c'est-à-dire (selon son niveau) de Torah et de prière, comme nous<br />

l'avons vu.<br />

[Lorsque Rabénou commença à enseigner cette Torah, il débuta avec le sujet exposé ici,<br />

concernant le paradis et l’enfer et la souffrance découlant de la honte etc, comme il<br />

apparaît plus haut, (et il continua) jusqu'à aborder les sujets de la Torah et de la prière<br />

de Dieu Lui-même, tel qu'il apparaît ici. Après ces introductions, il passa de sujet en sujet<br />

jusqu’à terminer toute cet Enseignement précité. Mais lorsque je retranscris cet<br />

Enseignement en sa présence, il inversa quelque peu la chose, et m’ordonna de<br />

commencer cet Enseignement par le sujet du "sceau à l’intérieur d’un sceau". Dieu Seul<br />

connaît son intention.]<br />

Que Dieu soit exalté, au commencement et à la fin<br />

De nous avoir aimés et désirés<br />

De nous avoir transmis la Torah<br />

284


Et nous avoir donné le mérite de conclure le Sifra Ditsniouta.<br />

Nous élevons à présent nos mains devant notre Dieu,<br />

Afin qu’Il se place à notre droite,<br />

Pour débuter et achever les secrets suprêmes,<br />

Enfouis dans Savé Dé Bé Atouna (les Anciens d’Athènes).<br />

TORAH 23<br />

Hiver 5563<br />

Selon le manuscrit de Rabénou<br />

SABE DEVE ATOUNA<br />

(Les sages d'Athènes mettent à l'épreuve Rabbi Yehochoua' ben 'Hanania :)<br />

(Les sages d'Athènes :) « Raconte-nous des choses invraisemblables ».<br />

Il (Rabbi Yehochoua' ben 'Hanania) leur répondit : « Nous avions une mule qui mit<br />

bas, et une note était pendue au cou de son petit. Cette note disait que mon père<br />

avait une dette de cent mille Zouz hypothéquée sur ses biens ».<br />

Ils lui demandèrent : « Depuis quand une mule peut-elle mettre au monde ? »<br />

Il leur rétorqua : « C'est ce en quoi il s’agit, d’une histoire invraisemblable ! ».<br />

- « Comment peut-on rétablir du sel avarié ?<br />

- Avec le placenta d’une mule.<br />

- Depuis quand la mule a-t-elle un placenta ?<br />

- Et depuis quand le sel s’abime-t-il ? ».<br />

(Traité Békhorot, 8b)<br />

Rachi.<br />

Des choses invraisemblables : Une histoire mensongère.<br />

Une note était pendue : Un document juridique, au cou du petit.<br />

« Tu as exigé la justice de Tes ordonnances, et une foi intense » (Ps. 119:138) 1<br />

285


Il existe d'une part, un Visage de sainteté, une Face Lumineuse, liée à la vie, comme il est<br />

écrit « Dans la lumière du visage du Roi de la vie » (Pro. 16:15). Cela correspond à la joie,<br />

comme dans le verset « (Tu me feras connaître le chemin de la vie,) la plénitude des joies<br />

qui accompagne Ton visage » (Ps. 16:11). Et de même, le verset « L’esprit de Yaakov<br />

revint à la vie » (Bér. 45:27) se rapporte à la joie (Chabat 30b).<br />

Il existe d’autre part, un Visage de l’autre côté, "Face sombre", "mélancolie" et<br />

"idolâtrie", comme il est écrit « Tu n’auras pas d’autres dieux devant Ma Face » (Exo.<br />

20 :3, voir Zohar Yitro 87).<br />

Certaines personnes tombent dans la cupidité. Elles ne croient pas le Saint béni soit-Il<br />

capable de subvenir aux besoins de l’homme par une voie facile. Au contraire, elles<br />

déploient de grands efforts à courir derrière l'argent de leur subsistance. (Et en fin de<br />

compte) elles mangent leur pain dans la tristesse, comme il est dit (à Adam après la<br />

faute) : « Tu en mangeras dans la tristesse » (Bér. 3:17). La tristesse est synonyme de<br />

mélancolie. Ces gens (qui <strong>pour</strong>suivent l'argent) s'attachent au Visage de l'autre côté,<br />

dieux étrangers, obscurité, semblable à la mort, comme il est dit : « Il m'a relégué dans<br />

des régions ténébreuses, (comme les morts, à jamais). » (Lam. 3:6). C’est à leur sujet qu’il<br />

est dit : « Et leur or sera objet de répulsion » (Eze. 7:19), comme l'est l’idolâtrie. C’est ce<br />

qu’enseignent nos maîtres, de mémoire bénie : « D'où savons-nous que l’idolâtrie rend<br />

impur comme une femme indisposée ? Du verset « Rejette-les comme une femme<br />

impure (Isaïe 30 :22) » (Chabat 89).<br />

En revanche, les personnes qui (ont foi en Dieu et) qui commercent (honnêtement) avec<br />

foi sont attachées à la lumière du Visage de sainteté. En effet, il ne peut y avoir de foi<br />

sans vérité, comme le rapporte le Zohar : « La justice est assimilable à la foi, etc. » (Balak,<br />

198b). [Le Zohar conclut ainsi : « la foi est appelée ainsi (ʺjusticeʺ) quand elle est<br />

associée à la vérité » c'est donc essentiellement la vérité qui permet la foi], et la vérité<br />

représente la lumière de la Face, comme on le sait.<br />

(Cette proximité entre cupidité et idolâtrie se retrouve dans ce que) nos sages<br />

enseignent : « Il campa face à la ville » (Bér. 33:18). L’un (des sages) commente qu'il y<br />

établit un système monétaire et un autre affirme qu’il introduisit des bains publics. Ils<br />

expriment (tous deux) la même idée, et ne sont pas en désaccord » (Chabat 33b). Yaakov<br />

symbolise en effet, la vérité, comme nous le montre le verset : « Tu as gratifié Yaakov de<br />

la vérité » (Mikha 7:20), ce qui le fait correspondre à la Lumière du Visage. En tant que<br />

tel, son arrivée (dans la ville de Chekhem y) restaure immédiatement la foi. Voilà<br />

<strong>pour</strong>quoi « il leur établit un système monétaire », autrement dit, il rectifia leur défaut de<br />

cupidité. Cette correction du défaut de cupidité entraîna du même coup celui de<br />

l’idolâtrie. C'est de cela dont il est question lorsqu' « il leurs instaura des bains publics ».<br />

Nous voyons en effet que, (avant de trouver l'enfant Moché dans le Nil) « La fille de<br />

Pharaon descendit se baigner » (Chémot 2:5), que nos sages ont interprété : « afin de se<br />

laver des idoles de la maison de son père » (Méguila 13a Sotah 12b).<br />

286


De plus, « Il campa face à la ville » (vient nous dire qu'il répara) précisément la face, le<br />

Visage de l'autre côté, celui (des idoles) que l'on voit apparaître sur (le côté face) des<br />

pièces de monnaie. Ce qui signifie (qu'il rectifia) la passion idolâtre <strong>pour</strong> l'argent.<br />

C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle, le mot « monnaie » avec ses lettres, a <strong>pour</strong> valeur<br />

numérique 140, en relation avec les cent quarante cris que la Présence divine pousse<br />

<strong>pour</strong> ceux qui sombrent dans la cupidité, lorsqu’elle s’exclame : « Ma tête me fait<br />

souffrir ! Mon bras me fait souffrir ! » (Sanh. 46a). Il s'agit de l'idolâtrie fusionnée (de<br />

l'ensemble des différentes) formes d’idolâtrie des soixante-dix nations. [C'est <strong>pour</strong>quoi<br />

les cris sont au nombre de cent quarante, soit deux fois soixante-dix (Bamidbar des<br />

nations dans le monde). La Présence divine hurle en effet des cris doubles : « Ma tête me<br />

fait souffrir ! Mon bras me fait souffrir ! ». Il s'agit de la dimension des doubles cris, soit<br />

soixante-dix cris deux fois, que la Présence divine pousse <strong>pour</strong> ceux qui chutent dans<br />

l’obsession <strong>pour</strong> l’argent, qui est une idolâtrie qui englobe toutes les idolâtries des<br />

soixante-dix nations]. C'est ce que nos Sages, de mémoire bénie, ont enseigné : « La<br />

difficulté (<strong>pour</strong> obtenir les moyens de) subsistance est le double de celle de la femme en<br />

couche » (Pessa'h 118a). En effet, la femme qui accouche pousse soixante-dix cris avant<br />

de mettre au monde, or il s'agit ici de cent quarante cris, soit le double.<br />

Tel est le sens de : « Ne sois pas méchant face à toi-même/ATSMékha » (Maximes, 2:13).<br />

« Face » fait allusion au visage de l’autre côté, issu de la cupidité. Le Saint béni soit-Il<br />

nourrit (<strong>pour</strong>tant toutes ses créatures) et subvient à leurs besoins. Mais tel homme n'y<br />

croit pas. Il s'imagine que « C'est ma force et la puissance/OTSeM de mon bras, qui m'ont<br />

valu cette richesse » (Devarim 8:17). C'est <strong>pour</strong>quoi « toi-même/ATSMékha » a la même<br />

racine que « puissance/OTSeM » de mon bras.<br />

2. Sache que l'on se préserve du Visage de l’autre côté par la réparation de l’Alliance<br />

sainte. Le sang des menstrues, lié à la cupidité, se répare avec le sang de la circoncision.<br />

(Cette notion s'exprime dans) ce verset : « Avec le sang de ton alliance etc. », grâce à la<br />

circoncision, « … je tirerai tes captifs de la fosse » (Zakharia 9:11). La fosse fait référence<br />

à la rate (Tikounim, 48), à la mélancolie et à « Tu en mangeras dans la tristesse » (grâce à<br />

la circoncision, je tirerai tes captifs de la tristesse due à la cupidité). Car la circoncision<br />

est liée au sel, qui atténue l’amertume et la tristesse de la subsistance, comme le<br />

rapporte le Zohar (I, 241b) : « Sans le sel, le monde ne <strong>pour</strong>rait supporter l’amertume ».<br />

Tel est le sens de (alliance d'Avraham avec Dieu) : « C’est une alliance de sel<br />

éternelle » (Bamidbar 18:19), ainsi que (à propos des sacrifices) : « Tu n’omettras pas le<br />

sel de l’alliance de ton Dieu » (Vayikra 2:13). « De ton Dieu », précisément, car par ce<br />

biais, l’homme s’attache à Dieu et se sépare de l’idolâtrie, ainsi est-il dit : « De ma chair, je<br />

contemplerai Dieu » (Job, 19:26). En effet, (nous voyons ainsi que) grâce à la réparation<br />

de l’alliance, l’homme fait briller sur lui la lumière du Visage du Roi de vie.<br />

C'est ce qui est également formulé dans cet adage : « Le salage de l’argent est sa<br />

diminution » (Ketoubot 66b). (Sur quoi Rabénou ajoute:) grâce au sel, sa passion <strong>pour</strong><br />

l’argent s’amoindrit.<br />

287


3. C'est ce que suggère également (la bénédiction de la tribu d'Acher) : « Il chasse<br />

l'ennemi de ta face etc. », de ton Visage de sainteté, « … et il dit : détruis/haCHMeD ! »<br />

(Deu 33:27), au sens de CHeMaD, qui désigne l'idolâtrie, liée à la cupidité. En effet, tous<br />

les enfants d’Israël sont qualifiés de « Justes », du fait de l'Alliance (c.à.d. la circoncision.<br />

Voir Zohar Lekh Lekha 93a), grâce à laquelle, lorsque Dieu chasse l’ennemi (loin) de son<br />

Visage de sainteté, Il fait sombrer ces ennemis dans le visage de l’autre côté, dans la<br />

destruction. De ce fait, à chaque fois que le Saint béni soit-Il entend chasser l’ennemi<br />

d’un Juste, Il fait en sorte de le faire tomber dans la cupidité. En effet, le Juste correspond<br />

à l’Alliance éternelle (Tikounim, 48) et cet ennemi du Juste, qui s’oppose à lui, ne<br />

possède pas le sel susceptible d'adoucir son amertume, car « Le salage de l’argent est sa<br />

diminution », (nous avons expliqué que) la diminution de la passion <strong>pour</strong> l’argent<br />

dépend essentiellement de (la perfection de) l’Alliance (que le Juste garde à son plus<br />

haut niveau).<br />

C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle le verset rapporte au sujet de Zévouloun qui aimait (son<br />

frère) Issakhar (au point de l'entretenir dans son étude de la Torah) : « Réjouis-toi,<br />

Zévouloun » (Deu 33:18). Réjouis-toi, à l’opposé de la tristesse et dans « la plénitude des<br />

joies qui accompagne Ton visage » (Ps. 16:11, voir paragraphe 1).<br />

C’est ce dont il s'agit à propos du signe de vie (voir Zohar I, 261b) que Ra’hav demanda<br />

(après les avoir sauvé, aux explorateurs envoyés par Yehochoua <strong>pour</strong> explorer Jéricho),<br />

comme le verset rapporte : « Et vous laisserez la vie à mon père et à ma mère etc. »<br />

(Josuéué 2:13). Elle ajouta : « Vous me donnerez un signe de vérité », car la vérité<br />

correspond à la vie, comme nous l'avons vu. Ils lui répondirent : « Attache-toi un cordon<br />

de fil écarlate (à la fenêtre) ». Le mot « cordon/TiKVaH ‘hout » correspond à la foi,<br />

comme il est écrit : « Il y a espoir/TiKVaH en ton avenir » (Jér. 31:16). De plus, la foi<br />

représente la fin des temps (voir Zohar Ki Tissa 189b ; Vaet'hanane 270b). En effet,<br />

toutes les qualités reposent sur la foi, comme nos sages nous enseignent : « Le prophète<br />

‘Habakouk vint et les fit tous dépendre d'une chose, etc.» (Makot, 24a). De plus, le fil<br />

écarlate renvoie à la notion d'éclat/ZéRi'Ha de la lumière du Visage. Cette notion ressort<br />

des deux versets : « (Ensuite naquit son frère dont la main portait le fil écarlate) Il lui<br />

donna <strong>pour</strong> nom ZéRa’H. » (Gen, 38:30) et « Car l'obscurité couvrira la terre etc. Mais sur<br />

toi, rayonnera/yiZRa'H l’Éternel» (Isa, 60 :2). En effet, l’obscurité correspond à la<br />

tristesse, aux préoccupations et au désir (exacerbé) de subsistance, au double des<br />

douleurs d’une femme qui accouche, au « visage sombre », à l’idolâtrie. (A l'inverse,)<br />

« L’Éternel rayonnera sur toi » correspond à la foi dans le divin, à la lumière du Visage, à<br />

« Il campa face à la ville », à l'instauration de la monnaie, à la réparation de la cupidité,<br />

comme : « Réjouis-toi Zévouloun ».<br />

Il est question (également) des notions de : « "Matsa" (a trouvé) ou "Motsé" (je trouve)<br />

? » (Voir Brakhot, 8a). En effet, la femme représente la subsistance. Ainsi, comme l’ont<br />

affirmé nos sages, de mémoire bénie : « Empiéter sur le commerce de son prochain (lui<br />

nuire dans ses moyens de subsistance) équivaut à abuser de sa femme » (Sanh. 81a).<br />

Dans cette logique, la subsistance obtenue dans la peine est associée au verset : « Je<br />

trouve/Motsé la femme plus amère que la mort » (Kohélet 7:26). [L’amertume du monde<br />

288


doit être adoucie par le sel, comme rappelé plus haut, (et comme l'enseigne le Zohar :)<br />

« Sans le sel, le monde ne <strong>pour</strong>rait supporter l’amertume » (voir Zohar Vaye'hi 241b à<br />

propos de Zévouloun). A l’inverse, en ce qui concerne la subsistance de sainteté, il est<br />

écrit: « Qui a trouvé/Matsa une femme a trouvé le bien » (Prov. 18:22). Le bien<br />

correspond au Juste et à l’alliance de sel qui adoucit l’amertume, c’est-à-dire la passion<br />

et les contrariétés relatives à la subsistance]. D’autre part, la subsistance qui entre dans<br />

la catégorie de « Réjouis-toi Zévouloun à ta sortie » correspond à : « Qui a trouvé/Matsa<br />

une femme a trouvé le bien ». Ce que confirment nos Sages : « Le bien n'a d'autre<br />

signification que le Juste » (Yoma, 38b), et ce dernier fait allusion à la circoncision. Ces<br />

notions ressortent des deux versets : « Annoncez au juste qu’il est bon » (Isaïe, 3:10),<br />

et : « Elle vit qu’il était bon » (Chémot 2:2) car il naquit circoncis (Chemot Raba, 1). En<br />

outre, « Il n’est d’autre bien que la lumière » (idem), comme il est dit (lors de la création<br />

du monde) : « Dieu vit que la lumière était bonne etc. » (Gen, 1:4). Ce qui correspond<br />

à : « L’Éternel rayonnera sur toi » et à la notion de « fil écarlate ».<br />

4. Il est également question de la notion de « Mézouza » (posée sur les poteaux des<br />

portes). En effet, le Midrach dit : « Pour quelle raison (les mézouzot), sont-elles appelées<br />

ZouZé/pièces de monnaie ? Parce qu’elles bougent/ZaZine de l’un à l’autre/miZé-léZé »<br />

(Nom Rab, 22). C'est de cela dont il est question dans « Et Chadaï sera <strong>pour</strong> toi un amas<br />

de trésor, etc. » (Job, 22:25), grâce à la Mézouza (sur laquelle le Nom Chadaï est inscrit)<br />

« … un monceau/tO'aFot d’argent » permet à ta subsistance de voler/mé'OFéFet vers toi.<br />

En effet, Chadaï évoque l’Alliance (voir Zohar Pin'has 257b), comme il est écrit : « Je suis<br />

le Dieu Chadaï, crois et multiplie » (Gen, 35:11). De plus, nos sages enseignent à propos<br />

des Dix Commandements qui se retrouvent dans la lecture du Chéma, que le<br />

Commandement « Tu ne convoiteras pas » trouve son pendant dans (le passage) : « Vous<br />

les écrirez sur les Mézouzot » (Yérouchalmi Brakhot, 1). La Mézouza a donc <strong>pour</strong> effet<br />

d'annuler la cupidité, comme nous avons vu auparavant (à propos de) « Le salage de<br />

l’argent est sa diminution ».<br />

C'est (aussi) ce dont il s'agit dans : Tout ce qui se meut/ZiZ » etc. c'est-à-dire l'argent ; « …<br />

dans Mes champs/Saddaï est avec Moi » (Ps. 50:11). Ce verset indique que par le respect<br />

de l’Alliance, par la Mézouza, on mérite la dimension de « Réjouis-toi Zevouloun ».<br />

Voici (aussi) l’exégèse de nos sages : « Vous les écrirez sur les poteaux/MéZouZot »<br />

(Dévarim 6:9), que l’écriture soit parfaite » (Chabat 103b et Ména’hot 34). Ce qui renvoie<br />

à : « Yaakov était un homme intègre/TAM » (Gen, 25:27), car à travers lui, « Il campa à la<br />

face de la ville » et à travers lui s'effectue la réparation (du système) monétaire, comme<br />

nous l'avons vu.<br />

C’est (aussi) ce que nos sages démontrent, à partir de la juxtaposition des versets « Et<br />

vous les écrirez » et « Afin que vos jours se prolongent » (Dévarim 11:20-21) : la Mézouza<br />

apporte la longévité (Chabat 32b). En effet, la foi (c'est-à-dire un comportement<br />

honnête, faire les bons choix dans les affaires, conformes à la Torah) dont on fait preuve<br />

dans les transactions commerciales permet l'expression de « la Lumière de la vie »,<br />

289


comme rappelé plus haut. Nos Sages font allusion à cette idée en disant : « Un verset<br />

peut être interprété par sa juxtaposition avec le verset précédent (idem. Littéralement<br />

« qui lui fait face »). Il est question ici de la dimension « Lumière de la Face », qui est le<br />

« signe de vie ».<br />

C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle on doit fixer la Mézouza au tiers supérieur de l’entrée<br />

(Ména’hot 33a). En effet, nos sages enseignent (Baba Metsia, 42a) : « L’homme devra<br />

constamment s’efforcer de diviser ses biens en trois parts : un tiers (investit) dans les<br />

affaires etc. (un tiers dans l'immobilier et un tiers épargné) » (Baba Metsi'a 42). Le tiers<br />

supérieur est celui (investit dans) les affaires, comme il ressort des paroles de nos<br />

maîtres : « Cinquante qui rapportent valent mieux que deux-cents qui ne rapportent<br />

pas » (Yérouchalmi Péa, 8).<br />

La foi doit se révéler principalement dans le domaine des affaires, comme le disent nos<br />

sages (à propos des premières questions qui nous seront posées dès notre arrivée dans<br />

le monde d'après la vie) : « As-tu dirigé ton commerce avec foi ? » (Chabat 31a). Il<br />

apparaît donc que dans le domaine économique, ce qui sollicite (le plus) la foi est<br />

essentiellement le tiers supérieur, celui des affaires commerciales.<br />

5. A présent, tous les commandements que l’homme accomplit sans risquer son argent,<br />

s’il ne souhaite pas dépenser d’argent <strong>pour</strong> accomplir un commandement, sont de la<br />

dimension de « justice ». Cette idée est suggérée dans le verset (rappelé en<br />

préambule) : « Tu as exigé la justice de Tes ordonnances etc. » (Ps. 119:138). En revanche,<br />

si l'on valorise le commandement au point de ne ressentir en rien la perte financière, on<br />

atteint la dimension appelée foi. C'est en effet essentiellement dans le domaine<br />

économique que se vérifie la foi, là où se trouve le Visage de Sainteté. (La mise en œuvre<br />

de la foi) consiste à briser la cupidité, comme nous l'avons vu. Pour cela (la suite du<br />

verset précité précise) : « (Tu as exigé la justice de Tes ordonnances) et une<br />

foi intense/MeOD ». Il y est effectivement question de l'argent, comme nous le voyons<br />

dans « et de tout ton pouvoir/MeODekha » (Dévarim 6,5).<br />

Voici à présent l’explication des paroles des Sages d’Athènes : « Raconte-nous des<br />

choses invraisemblables », il s’agit de paroles de mensonge et d’idolâtrie, comme nos<br />

Sages, de mémoire bénie, l’enseignent : « Toute personne qui ment est considérée<br />

comme servant un culte idolâtre, etc. (Sanh. 92a).<br />

« Nous avions une mule qui mit bas ». La mule se dit PiRDa en hébreu, allusion à<br />

l’idolâtrie, car elle (l'idolâtrie) réside dans le monde de la division/PIRouDA, comme le<br />

rappelle le Zohar (II, 95a) : « Elle commence dans l’union et se termine dans la division ».<br />

« Qui mit bas ». Il s'agit du profit, qui est appelé enfantement (du fait de la fructification<br />

des revenus du capital).<br />

« Ils lui demandèrent : "Depuis quand une mule peut-elle mettre au mondeʺ ? », car<br />

« l’idolâtrie est un dieu étranger et stérile, qui ne donne pas de fruits » (idem. 103a).<br />

Il leur rétorqua : « C'est en cela qu'il s’agit d’une histoire invraisemblable ! » Ce n'est<br />

qu'une illusion. Ils s'imaginent faire un bénéfice, mais en vérité ils ne gagnent rien.<br />

290


« Une note était pendue au cou de son petit. Cette note disait que mon père avait une<br />

dette de cent mille Zouz hypothéquée sur ses biens. » Le père représente l'idolâtrie<br />

(comme le souligne le verset de Jérémie 2:27 à propos des pratiques idolâtres) : « Celui<br />

qui dit au bois : tu es mon père, (à la pierre : c'est toi qui m'a donné la vie) ». De plus,<br />

l'idolâtrie se nomme 'Hova, car elle fait pencher tout verdict dans le sens de l'accusation,<br />

et ses adeptes sont tous endettés, comme nous le constatons ostensiblement.<br />

Ce fardeau (la dette due au culte de l'argent) pend au cou des gens, du fait qu'ils ne se<br />

contentent pas de leur patrimoine, et qu'ils empruntent de l'argent à autrui. Ils<br />

s'imaginent amasser de grands profits, mais (finissent) par mourir endettés. Et même<br />

lorsqu’ils ne meurent pas endettés, ils restent endettés toute leur vie, accablés par de<br />

lourdes préoccupations, exposant leur vie au danger en voyageant dans l’espoir de faire<br />

quelque profit <strong>pour</strong> rembourser la « dette de leur père », prix de l’idolâtrie.<br />

C'est en effet « un devoir d’accomplir la volonté d’un défunt » (Taanit 21 ; Guittin 14b),<br />

ils considèrent donc le remboursement de la dette de leur père (l'idole) comme son<br />

<strong>test</strong>ament. C’est ce qu’explique le Maharcha : « une note pendue au cou de son petit »,<br />

un document <strong>test</strong>amentaire.<br />

« Puis ils lui dirent : « Comment peut-on rétablir du sel avarié ? » car le remède à la<br />

cupidité consiste en la vigilance concernant l’alliance du sel, comme nous l’avons vu. Ils<br />

lui demandèrent : celui dont l'Alliance est réparée (et qui est supposé être protégé de la<br />

cupidité), s'il lui arrivait (malgré tout) de chuter dans la cupidité, en quoi consisterait la<br />

rectification (de son défaut) ?<br />

Il leur répondit : « Avec le placenta d’une mule ». Il existe effectivement un autre moyen<br />

de rectifier la cupidité. Il s'agit de considérer la source d’où provient tout l’argent et d’où<br />

se déversent toutes les bénédictions. La contemplation (de cette source) serait suffisante<br />

<strong>pour</strong> annuler sa (mauvaise) passion. En effet, là-haut, en sa source, le flux (de<br />

bénédictions) n'est que lumière claire, éclatante et délice spirituel. La convoitise<br />

n'apparait qu’ici-bas. [Autre version basée sur un manuscrit : "qui (la lumière et le délice<br />

spirituel) n'obtiennent de pesanteur qu'ici-bas"]. Quel fou rejetterait le délice spirituel<br />

au profit d’un plaisir grossier ?<br />

Mais on ne peut parvenir à une telle contemplation avant d'avoir rendue parfaite son<br />

Alliance (pureté sexuelle), ainsi qu’il est dit : « De ma chair, je contemplerai Dieu ». Il faut<br />

au préalable perfectionner la chair sainte <strong>pour</strong> être apte à contempler le divin. C'est<br />

<strong>pour</strong>quoi la rectification de la cupidité s’opère essentiellement par la circoncision. La<br />

rectification de l'Alliance empêche de sombrer dans la tentation de l’argent. En effet,<br />

l'(alliance) du sel amoindrit la passion <strong>pour</strong> l'argent, comme nous avons déjà expliqué.<br />

La source qui déverse ce flux est désignée par le terme « placenta », lieu où réside<br />

l’embryon. Le placenta correspond aux « portes de mon ventre ». En effet, « la femme<br />

possède deux portes » (Voir Bekhorot 45a), comme il est dit: « Il n’a pas scellé les portes<br />

de ma matrice » (Job, 3:9). (Ce placenta est donc) composé de deux Dalets en forme de<br />

Mêm fermé. (Ce placenta) accueille l'embryon. Il correspond à la dimension des<br />

quarante jours de la formation embryonnaire (Nida 30a). De la même façon, il existe des<br />

291


portes dans le ciel, d’où « naissent » les flux d’abondance, comme il est écrit : « Il a ouvert<br />

les portes du ciel… Il a fait pleuvoir de la nourriture nombreuse comme la poussière etc. »<br />

(Ps. 88:23-27).<br />

C’est <strong>pour</strong>quoi il leur répondit : « Avec le placenta d’une mule », car il est bien ici<br />

question de la réparation de celui qui aurait préservé l’Alliance, mais aurait failli par<br />

cupidité.<br />

Ils s'exclamèrent : « Depuis quand une mule a-t-elle un placenta ? En d’autres termes,<br />

l’idolâtrie ne possède pas même un « utérus ».<br />

Il leur répondit : « Et depuis quand le sel s’abîme-t-il ? », car en vérité, celui qui a<br />

rectifié l’Alliance ne tombe pas dans la cupidité.<br />

« Les hommes préoccupés par l'argent et par la perfidie n’atteindront pas la moitié de<br />

leurs jours » (Ps. 55:24). Autrement dit, la personne querelleuse tombe dans la cupidité,<br />

et ses jours se perdent à la <strong>pour</strong>suite du lucre. C’est <strong>pour</strong>quoi : « … Ils n’atteindront pas la<br />

moitié de leurs jours ». En effet « personne ne meure ayant assouvi la moitié de ses<br />

désirs » (Kohelet Raba, 1). Voici le sens de : « la moitié de leurs jours », car une telle<br />

personne ne parvient pas à satisfaire même la moitié de ses désirs, comme cela a été<br />

rappelé par ailleurs (chap. #3) à propos du verset « Il écarte devant toi l'ennemi. Il<br />

dit : détruis ». Regarde bien sur place.<br />

[Jusqu’ici sont les paroles de Rabénou, de mémoire bénie].<br />

C'est (aussi) ce dont il s'agit à la fin (du verset précédant) : « Mais je placerai ma<br />

confiance en Toi » qui décrit (le comportement) inverse de la cupidité : une personne<br />

sous l'emprise de la cupidité n’a aucune confiance en Dieu puisqu’elle s'adonne à toutes<br />

les formes d’idolâtrie. Moi, par contre, « Je placerai ma confiance en Toi », Tu sauras<br />

solliciter ma subsistance par une voie (d'accès) facile. Je me réjouirai de mon lot, sans<br />

me noyer dans la passion de l’argent.<br />

Par conséquent, cet homme enlisé dans (la passion de) l’argent, plus il dispose de<br />

richesse, plus il est en proie aux préoccupations, à l’anxiété, à la tristesse et à la<br />

mélancolie. En effet, son argent et sa richesse évoquent le verset « Tu mangeras dans la<br />

tristesse », au sens d'affliction, de mélancolie, de visage sombre, de mort, comme rappelé<br />

plus haut. C’est en cela qu'accumulant argent et richesse, il accumule du même coup<br />

tristesse, mélancolie et anxiété, car son argent relève des dimensions de tristesse et de<br />

bile noire, comme précité. C’est ce que nos Sages ont enseigné : « Qui augmente ses biens<br />

augmente son anxiété » (Avot, 2:7), car il est certain qu'on augmente ses soucis et sa<br />

tristesse en augmentant ses biens et sa richesse. En effet, ses biens relèvent eux-mêmes<br />

de la dimension de tristesse, comme nous l’avons déjà vu. De ce fait, plus on en rajoute,<br />

plus la tristesse et l'inquiétude s’accroissent, comme nous l'avons vu.<br />

292


Voilà <strong>pour</strong>quoi l’argent et la richesse réduisent et tarissent les jours et la vie de l’homme,<br />

nulle chose ne provoque en effet de perte de vitalité comme les soucis et la tristesse, ce<br />

que savent les spécialistes en médecine. Ce sont l'argent et la richesse qui, précisément,<br />

amplifient l'anxiété et la tristesse, comme nous l'avons vu. Ils entraînent la perte et le<br />

tarissement de la vie (de l'homme). Ils sont rattachés au visage de l'autre côté, aux<br />

"autres dieux", à l’obscurité, ils sont liés à la mort, à l’opposé de la Lumière du Visage du<br />

Roi de vie, comme cela a déjà été évoqué. Par conséquent, l’argent tue, il est un aspect de<br />

la dimension de la mort, de la tristesse, etc, comme vu plus haut, et tout cela se rattache<br />

à la notion de cupidité.<br />

De plus, est-il écrit (à propos de la punition du serpent après la faute originelle) : « Tu<br />

mangeras de la poussière tous les jours de ta vie » (Bér. 3:14). La poussière correspond à<br />

l’argent, comme il est écrit : « La poussière d’or est sienne » (Job, 28:6). En d’autres<br />

termes, l’argent et la richesse, qui correspondent à la poussière, dévoreront tous les<br />

jours de ta vie, de même que l’argent ronge et ruine tous les jours de la vie de l’homme,<br />

comme nous l'avons vu (Le verset <strong>pour</strong>rait se lire : "la poussière mangera tous les jours<br />

de ta vie"). La poussière correspond à la tristesse, elle-même liée à la passion <strong>pour</strong><br />

l’argent, comme le rappellent les Tikounim (70 :122b) : « La poussière est froide et<br />

sèche, la rate est également froide et sèche ». On sait que la tristesse provient de la rate.<br />

C’est <strong>pour</strong>quoi les Tikounim concluent ainsi : « Pour cette raison, la poussière mangera<br />

les jours de ta vie ». C'est exactement ce qui est rappelé plus haut. Vois sur place et<br />

comprends bien.<br />

C’est ce qui figure par ailleurs dans les Tikounim (3, des onze derniers) : « La rate est<br />

Lilith, la mère du Erev-Rav, le rire du sot. Qui est le sot ? Il s’agit du dieu étranger, etc. »<br />

Vois sur place. « Elle est la plaie des enfants pécheurs. Elle se moque d'eux avec la<br />

richesse de ce monde, puis les tue ». Les personnes enlisés dans l'appétit d’argent<br />

évoquent le verset : « Tu mangeras dans la tristesse », associé à la rate. Cette dernière<br />

correspond à l'affliction, à la mélancolie et à la multiplication des soucis. Elles se<br />

rattachent au Visage de "l’autre côté", au dieu étranger, etc, vu plus haut. Toutes ces<br />

notions sont associées à la rate, à la mère du Erev-Rav, au rire du sot, au dieu étranger,<br />

comme nous l’avons vu. C’est <strong>pour</strong>quoi il est dit là-bas : « Puis elle les tue ». Evidemment,<br />

l’argent, qui correspond à la rate et à la tristesse, les tue, puisque l'argent évoque la<br />

mort, le Visage sombre, la tristesse, etc, comme rapporté.<br />

Peut également y être rattaché ce qui a été évoqué auparavant : « "Matsa" (trouvé) ou<br />

"Motsé" (trouve) ? ». En effet, la cupidité relève de ("trouve") : « Je trouve la femme plus<br />

amère que la mort » (Kohélet 7:26), etc, comme cela a déjà été rapporté. Il est en effet<br />

expliqué dans les Tikounim (70) : «"Je trouve la femme plus amère que la mort", il s’agit<br />

de la rate, etc.». Par contre, la subsistance (provenant) de la sainteté correspond<br />

à ("trouvé") : « Qui a trouvé une femme a trouvé le bien » (Pro, 18:22), etc. (Ce bien)<br />

correspond au Juste, comme nous l'avons vu. En effet, le Juste véritable est préservé de<br />

cela (de toutes ces dimensions négatives), car l’argent ne lui fait aucun tort. C’est à son<br />

293


sujet qu’il est dit (suite du verset de l'Ecclésiaste 7:26) : « Le bon envers Dieu se préserve<br />

d’elle (de cette femme mauvaise) » (et il <strong>pour</strong>suit : « mais le pêcheur se laisse prendre<br />

(par elle) »).<br />

Comme le mentionnent les Tikounim (3) : « Pourquoi sont-ils appelés "enfants" ? (Voir<br />

plus haut à propos de Lilith : « Elle est la plaie des enfants pécheurs. Elle se moque d'eux<br />

avec la richesse de ce monde, puis les tue »). Parce qu’ils manquent de connaissance<br />

<strong>pour</strong> se préserver d'elle. Mais un cœur intelligent se préserve d'elle (de la femme<br />

méchante et de la cupidité), c'est là que se trouve le Juste. Le secret de la chose (le sens<br />

caché du verset) : "Le bon envers Dieu se préserve d’elle, mais le pécheur sera piégé par<br />

elle" » est qu'il faut une sagesse et une connaissance profondes <strong>pour</strong> éviter de subir les<br />

dommages dus à l'argent et ne pas perdre les jours de sa vie. En effet, la majorité des<br />

gens s'y trouve piégée, je veux dire dans la cupidité, de telle sorte que l'argent les tue et<br />

les mène à leur perte. Il est impossible d'y échapper (seul), sans le Juste. C'est ce dont il<br />

est question dans : « Le bon envers Dieu se préserve d’elle etc. », comme nous avons<br />

vu. Heureux soit-il.<br />

Etudie donc ces Tikounim (3 et 70) et tu verras des merveilles. De la façon par laquelle<br />

Rabénou nous a ouvert les yeux, et nous a révélé les préambules nouveaux et<br />

merveilleux explicités plus haut dans cette Torah, les enseignements précités de ces<br />

Tikounim apparaissent à présent clairs et limpides. Maintenant, on y trouve clairement<br />

toutes les paroles de Rabénou citées plus haut. Vois, comprends et acquière la sagesse.<br />

Observe bien là-bas dans ce Tikoun 70 ce qui y apparaît : « Si l’homme est méritant, sa<br />

femme est son aide. S’il ne l’est pas, elle s’oppose à lui, etc. Il est écrit à son<br />

propos : "Je trouve la femme plus amère que la mort", c'est la rate, Saturne, etc.» [Cela fait<br />

référence aux dimensions de tristesse et de bile noire, qui correspond à la rate, à<br />

Saturne, ustensile noir, comme on sait]. « "Aide", c'est la Présence divine, au sujet de<br />

laquelle il est dit : "Qui a trouvé une femme a trouvé le bien, et a gagné la faveur de<br />

l'Eternel", c'est <strong>pour</strong>quoi les Maîtres de la Michna avaient coutume de demander "Matsa<br />

(trouvé) ou Motsé (trouve)" ». Regarde bien et comprends. Tu verras que toutes les<br />

paroles de Rabénou s'y trouvent clairement explicitées, là-bas ainsi que dans le Tikoun 3<br />

que nous avons cité.<br />

[Cette Torah retranscrit les paroles de Rabénou lui-même, de mémoire bénie, jusqu’à<br />

l’endroit mentionné plus haut. Ce qui suit ensuite provient de moi-même, de ce que j’ai<br />

entendu par ailleurs, mais qui n’a pas été explicité par son saint langage. Mais il reste<br />

encore des choses à dire, ce que j’ai entendu et compris de sa sainte bouche, lorsque j’ai eu<br />

le mérite d’entendre cet Enseignement de sa sainte bouche. Les voici : ]<br />

« Obtenir (les moyens de) sa subsistance est deux fois plus difficile que d’accoucher »,<br />

car la femme sur le point d’accoucher pousse soixante-dix cris, alors qu'ici (en ce qui<br />

concerne la subsistance), il y a cent quarante cris, etc, voir plus haut. En effet, avant de<br />

pouvoir mériter de commercer avec foi (honnêtement, digne de foi), de gagner et de<br />

"mettre au monde" un argent empreint de sainteté, on doit préalablement expérimenter<br />

294


et parfaire (son comportement) en ce qui concerne la tentation de l’argent (se mettre à<br />

l'épreuve en ce domaine). Autrement dit, il faut redoubler d’efforts dans l'exercice du<br />

commerce afin de ne pas du tout chuter dans la tentation de l’argent, à Dieu ne plaise. On<br />

devra gérer ses affaires exclusivement avec sincérité et foi, en brisant et en annulant<br />

toutes les pensées, les troubles et les désirs relatifs à l’argent, qui passeraient par la tête.<br />

On concentrera son intention uniquement sur Dieu, béni soit-Il, afin de mériter de Le<br />

servir avec l’argent gagné (en lien avec Lui), de pouvoir donner la charité <strong>pour</strong> soutenir<br />

ceux qui étudient la Torah et qui servent Dieu, etc. C'est en cela qu'assurer sa<br />

subsistance est deux fois plus difficile qu'accoucher. En effet, celle qui accouche doit<br />

endurer les douleurs de l’enfantement et pousser soixante-dix cris avant d'accoucher.<br />

Mais dans notre cas, la Présence divine pousse cent quarante cris, à Dieu ne plaise, <strong>pour</strong><br />

ceux qui tombent dans cette passion <strong>pour</strong> l’argent. Et Elle s’écrie : « Ma tête me fait<br />

souffrir ! Mon bras me fait souffrir ! ». Avant de gagner de l'argent, il faut donc s'exercer,<br />

passer par des épreuves et se rectifier à travers ces cent quarante cris. On doit hurler et<br />

prier Dieu, béni-soit-Il, <strong>pour</strong> les surmonter avec succès et pouvoir en réchapper. C’est en<br />

cela que la subsistance est deux fois plus difficile que l’accouchement. Ce dernier<br />

nécessite soixante-dix cris, alors que <strong>pour</strong> la première il en faut cent quarante.<br />

Comprends bien ceci.<br />

Il a également expliqué là-bas que les cent quarante voix équivalent au double des<br />

soixante-dix, et que (ce redoublement découle de) « Ma tête me fait souffrir ! Mon bras<br />

me fait souffrir », qui évoquent deux catégories de cris : celle de la tête et celle du bras.<br />

Chacune d’elles évoquent les soixante-dix cris de la femme qui accouche. Mais ici, ils sont<br />

doubles : « Ma tête me fait souffrir/KaLani ! Mon bras me fait souffrir/KaLani », au sens<br />

de KoL (cri, voix), c’est <strong>pour</strong>quoi on compte (en tout) cent quarante cris.<br />

En effet, tout profit (gain), que l'on qualifie de "venue au monde", de même que tout<br />

argent et tout afflux de bienfaits, émanent en vérité uniquement de la destruction de la<br />

passion <strong>pour</strong> l’argent. Cette destruction correspond au concept de vérité, comme<br />

rappelé plus haut. Il s'agit ici de la dimension de « La vérité est stable » (Chabat 104a),<br />

car nos Maîtres de mémoire bénie ont enseigné : « "Et tous les biens dans leurs jambes"<br />

(Dévarim 11.6), il s’agit de l’argent qui fait tenir, l’homme sur ses jambes. » (Pessa'him<br />

119. Le mot KaM, qui signifie aussi "levé debout" est la racine du terme employé par le<br />

verset précédent : "les biens"/yéKouM. Il y a donc une allusion au nombre 140, valeur<br />

numérique de KaM). Voilà en quoi la position dressée de l'homme, ses moyens de<br />

subsistance, c'est-à-dire son argent qui lui permet de se tenir debout, s'obtient<br />

essentiellement grâce à la vérité. Car cette dernière s'acquiert (à travers la douloureuse<br />

épreuve) de la destruction de la passion <strong>pour</strong> l'argent, comme nous l'avons vu. Il s'agit<br />

bien de la dimension de "la vérité est stable". En d'autres termes, c'est grâce à la vérité<br />

que l'on obtient l'argent. Ce dernier correspond à la stabilité de la position debout, car<br />

(l'argent) "permet de se tenir debout sur ses jambes", comme nous l'avons vu.<br />

295


En revanche, "le mensonge ne tient pas" car le mensonge est idolâtrie et cupidité,<br />

comme le confirment nos Sages, de mémoire bénie : « Toute personne qui ment est<br />

considérée comme servant un culte idolâtre » (Sanh. 92a). C’est <strong>pour</strong>quoi, le mensonge,<br />

qui correspond à l’idolâtrie et à la cupidité prive l’homme de toute stabilité et de toute<br />

existence, autrement dit, le privent d’argent, également appelé "yéKouM" etc. comme<br />

rappelé. C’est donc le sens de « Le mensonge ne tient pas », comme nous l'avons vu, car<br />

l’idolâtrie, le dieu étranger est castré (stérile) et ne donne pas de fruits, comme<br />

l'explique clairement cette Torah, car ceux qui n’ont de cesse de <strong>pour</strong>suivre l’argent<br />

meurent généralement ne laissant en ce monde que des dettes et rien d’autre. Et quand<br />

bien même ne mourraient-ils pas criblés de dettes, ils resteraient, de leur vivant,<br />

redevables à leurs passions. Ils sont si assoiffés de posséder quantités d’argent qu’ils<br />

courent et s'épuisent tout au long de leur vie, ils se mettent en danger <strong>pour</strong> satisfaire<br />

leur (insatiable) appétit. Tout se passe comme s'ils portaient le poids d’une très lourde<br />

dette à payer : la dette de l’idolâtrie, etc, comme rappelé en haut. Durant toute leur vie,<br />

ils ne parviennent ni à combler leur désir, ni à rembourser cette dette contractée par<br />

leur passion. En effet, « personne ne meurt ayant assouvi la moitié de ses désirs », etc,<br />

comme il apparaît plus haut. En définitive <strong>pour</strong>tant, cet argent est absolument<br />

insignifiant, puisqu’on n'en tire aucun plaisir (véritable) : « le dieu étranger a été castré<br />

(est stérile), il ne donne aucun fruit, etc. », vu plus haut.<br />

Par conséquent, sans (avoir préalablement) brisé la passion <strong>pour</strong> l'argent, il est<br />

impossible d'attirer (à soi) le flux d’abondance et de subsistance (divins), de gagner un<br />

argent digne de ce nom : de l’argent de sainteté qui rend « heureux de son lot ». Car telle<br />

est la véritable richesse, au sens où nos Sages l'ont enseigné : « Qui est riche ? Celui qui<br />

se réjouit de son lot » (Avot, 4:1). (L'anéantissement de la cupidité) est l’aspect de la<br />

vérité, d’où provient le flux de l’abondance, comme il a été rappelé plus haut.<br />

Pour cette raison, « Obtenir sa subsistance est deux fois plus difficile que de mettre au<br />

monde », car il faut aller, traverser (des épreuves) et briser les cent quarante cris reliés à<br />

la passion <strong>pour</strong> l’argent, comme cela est expliqué plus haut. Telle est la condition<br />

nécessaire <strong>pour</strong> gagner de l’argent, car le flux d'abondance provient essentiellement de<br />

la vérité qui est associée à la destruction de la passion <strong>pour</strong> l’argent.<br />

Ces explications rattachent entre eux (les différents sujets analysés dans) cette Torah.<br />

Tâche de très bien la comprendre, car les paroles de Rabénou, de mémoire bénie, sont<br />

particulièrement pénétrantes et renferment une grande profondeur.<br />

A présent, ce qui a été dit à propos de : « Raconte-nous des choses invraisemblables »<br />

devient parfaitement compréhensible. On appelle la passion <strong>pour</strong> l'argent « choses<br />

invraisemblables » car il y est question du mensonge de l'idolâtrie, comme on l'explique<br />

là-bas. Elle (l'idolâtrie) évoque le mensonge, car elle donne une illusion répétée de gain,<br />

alors qu'en fin de compte elle n'apporte strictement rien. Ce dénuement (ainsi causé) se<br />

retrouve fréquemment dans ce monde. C'est <strong>pour</strong>quoi tant qu'on tient à cet argent, on<br />

ne vit pas du tout. On en tire, en effet, aucun profit. On en manque toujours plus, et on<br />

296


devient toujours endetté. C'est <strong>pour</strong>quoi il répondit : « C'est en quoi il s’agit d’une<br />

histoire invraisemblable ! », c'est-à-dire d'un mensonge, car on croit gagner alors qu'on<br />

ne gagne rien, comme il a expliqué. « Ils meurent endettés » car en général, ils laissent<br />

manifestement des dettes. Au moindre, ils sont redevables à leurs passions, comme il a<br />

expliqué. Etudie bien tout ceci plus haut, et comprends comment tous (ces différents<br />

sujets) sont rattachés correctement (l'un à l'autre). Le principal est que tu comprennes<br />

vraiment comme il faut, jusqu'à passer à l'action, que tu t'efforces de sauver ta vie du<br />

« plus amer que la mort », c'est-à-dire de la passion <strong>pour</strong> l'argent, comme mentionné<br />

plus haut.<br />

(En rapport avec le paragraphe 1). Il est dit là-bas que l’argent est lié au visage, voir sur<br />

place.<br />

C'est en ce sens que nos Sages, de mémoire bénie, ont enseigné : « La face de la terre<br />

signifie les riches » (Midrach Tan’houma ; Mikets, 7), comme le commente Rachi, sur le<br />

verset : « La famine régnait sur toute la face de la terre » (Bér. 41:56) : qui est la face de la<br />

terre ? Ce sont les riches. Ainsi, l’argent et la richesse sont liés au Visage (à la face),<br />

comme cela a été expliqué.<br />

On enseigne aussi là-bas que l’attrait <strong>pour</strong> l’argent est associé à l’obscurité, au Visage<br />

sombre, etc. Voir sur place. En ce sens, le Zohar (I, 193a) énonce à propos de<br />

Job, (28:3) : « "Il a posé une limite à l’obscurité, etc. (Il va chercher le minerai caché dans<br />

les ténèbres et l'ombre de la mort)", il s'agit de l’impureté de l’or ».<br />

En ce qui concerne le paragraphe 3: « Il chasse l'ennemi de devant ta face et il dit : détruis,<br />

etc. » En effet, tous les enfants d’Israël sont qualifiés de "Justes", du fait de l'alliance (la<br />

circoncision), etc. ». Voir sur place. C’est <strong>pour</strong>quoi, celui qui veille davantage que son<br />

prochain à l’Alliance, <strong>pour</strong>ra faire chuter son prochain. En effet, par rapport à son<br />

prochain, il appartient à la dimension de "Juste", du Visage de sainteté, au sujet duquel il<br />

est dit « Il chasse l'ennemi de ta face etc. ». C’est <strong>pour</strong>quoi, lors d'un différend avec<br />

quelqu'un, il faut se montrer très vigilant afin de ne pas tomber dans la passion de<br />

l’argent. Cette personne <strong>pour</strong>rait éventuellement correspondre à la catégorie du "Visage<br />

de sainteté" par rapport à lui, et à ce titre, pouvoir le faire chuter. Cette chute<br />

consisterait précisément à le faire tomber dans le piège du désir <strong>pour</strong> l’argent, évoqué<br />

plus haut. On doit donc rester vigilant face à ce danger.<br />

Là-bas encore (dans le paragraphe 3, à propos de) : « Tous les enfants d’Israël sont<br />

qualifiés de "Justes", du nom de l'Alliance », j’ai entendu de sa bouche sainte, que tous les<br />

enfants d'Israël, (si seulement, ils ont) été circoncis, sont appelés Justes.<br />

(En rapport avec le paragraphe 4) « Il s'agit de la notion de Mézouza etc, telle est la<br />

signification de : « Et Chadaï sera <strong>pour</strong> toi un amas de trésor, etc. (et l'argent volera vers<br />

297


toi » En effet, (le Nom) Chadaï (associé à la mézouza sur laquelle il est inscrit) évoque<br />

l’Alliance etc. », voit sur place.<br />

Telle est la notion de : « ChaDAÏ, (il est appelé ainsi) car Il a dit "suffit/DAÏ !" à son<br />

monde » ('Haguiga 12a). En d’autres termes, Il s’est montré heureux de Son lot, et a donc<br />

dit à ce qu'Il possède : "Cela suffit !" Il n'a pas désiré davantage. Ce qui correspond au<br />

principe d'annulation de la passion <strong>pour</strong> l’argent, que l'on mérite en préservant<br />

l’Alliance, comme nous le savons.<br />

(Ceci est également en rapport avec le paragraphe 4)<br />

Il est rappelé là-bas que grâce au commandement de la Mézouza, la tentation <strong>pour</strong><br />

l’argent s'annule, et c’est <strong>pour</strong>quoi (dans le chéma) : « Vous les écrirez sur des parchemins<br />

etc. » est associé au Commandement : « Tu ne convoiteras pas ». Vois sur place. À présent,<br />

viens donc contempler les merveilles de l’Éternel ! Le récit suivant est rapporté dans le<br />

Talmud Yérouchalmi Péa (1,1 et dans Berechit Raba, 35) : « Artaben fit parvenir une<br />

pierre précieuse à Rabbi Yehoudah, lequel lui envoya en retour, une Mézouza ». Il<br />

semble <strong>pour</strong> le moins étrange à priori que Rabbi Yehoudah ait jugé bon de lui renvoyer,<br />

précisément, une Mézouza, plutôt que tout autre ustensile du culte. Cependant, à partir<br />

de ce que Rabénou nous a révélé dans cette Torah, cette question trouve une réponse<br />

claire. En effet, nous avons vu que c’est justement la Mézouza qui efface la convoitise de<br />

l’argent et c’est <strong>pour</strong> cette raison qu’il a envoyé précisément une Mézouza. Artaben lui<br />

avait en effet envoyé une pierre précieuse, symbole de richesse et d'argent. Cette pierre<br />

valait beaucoup d’argent, et il la considérait comme la valeur principale. En retour, Rabbi<br />

Yehoudah lui fit parvenir une Mézouza précisément, car celle-ci possède le pouvoir<br />

d’annuler la convoitise de la richesse, comme rappelé plus haut.<br />

(Ceci est en relation avec le paragraphe 5)<br />

« Du sel avarié/SARia. (Comment peut-on le rétablir ?) Celui qui a chuté dans<br />

l'avilissement de la cupidité etc. »<br />

Ils ont utilisé à juste titre le mot "SARia" (<strong>pour</strong> signifier l’idée de dégradation), car il est<br />

employé à propos de l’idolâtrie, comme dans le verset : « Ils se sont écartés/SARou<br />

rapidement (de la voie que je leur avais prescrite, ils se sont fait un veau de métal), etc.<br />

» (Chémot 32:8). En effet, celui qui est enfoncé dans l’argent s’adonne à toutes les<br />

idolâtries, comme rapporté plus haut. Ceci explique également <strong>pour</strong>quoi des<br />

représentations idolâtres sont gravées sur (la "face" de) chaque pièce de monnaie.<br />

Au regard de ces éléments, un savant perspicace <strong>pour</strong>ra comprendre le passage entier<br />

du Talmud : « L’or acquiert l’argent mais l’argent ne peut acquérir l’or etc. Le cuivre<br />

acquiert etc. » (Baba Metsia 44a) Et il (<strong>pour</strong>ra comprendre) le principe selon lequel, les<br />

pièces de monnaie ayant un cours légal supérieur sont considérées comme argent ayant<br />

cours. Voir sur place tout le raisonnement : tout le passage qui pose la question de savoir<br />

si l’argent peut être acquis par le biais du troc (Baba Metsia 45b) ainsi que le passage<br />

298


intitulé : « Toute chose utilisée comme de l’argent <strong>pour</strong> en acheter une autre »<br />

(Kidouchin. 28a), tout deviendra limpide à la personne sagace, d’après cet<br />

Enseignementet quelques autres explications préliminaires.<br />

TORAH 24<br />

Eté 5563 durant le repas du vendredi soir.<br />

Selon le manuscrit de Rabénou<br />

(Les Sages d’Athènes) lui demandèrent : « Où se situe le centre du monde ? »<br />

- « Ici », dit-il en levant son doigt.<br />

- « Qui le prouvera ? », demandèrent-ils ?<br />

- « Apportez une corde et mesurez », dit-il.<br />

(Bekhorot 8b).<br />

1- Sache qu’il existe une lumière supérieure aux Nafchin, aux Rou’hin et aux Nichmatin. Il<br />

s’agit de la Lumière de l’Infini Divin. Et bien que l’intelligence ne la perçoive pas, la<br />

pensée ne cesse de la <strong>pour</strong>suivre. Par cette <strong>pour</strong>suite, l’intelligence parvient à la saisir,<br />

(mais seulement) au niveau de « perçoit et ne perçoit pas » (Zohar 16b), car en réalité, il<br />

est impossible de la percevoir puisque cette lumière se trouve au-dessus de Nefech,<br />

Roua’h et Nechama.<br />

2- Sache aussi qu’il serait impossible de la percevoir, serait-ce même au niveau de «<br />

perçoit et ne perçoit pas » sans la joie dans l'accomplissement des commandements.<br />

C'est la joie (présente dans l'accomplissement) du commandement qui permet de<br />

parfaire la sainteté et d'élever (d'extraire) la vitalité et la sainteté qui se trouvent<br />

(prisonnières) des écorces (le mal), à la manière des onze épices de l'Encens.<br />

299


En effet, les écorces sont l’aspect du superflu. (Et le superflu) relève de la tristesse,<br />

comme le révèle le verset : « Toute tristesse contiendra du superflu » (Prov. 14:23). (Ces<br />

écorces et la tristesse) correspondent à la Rigueur/Guevoura du jugement, comme<br />

dans le verset (Bér. 6:6) : « Il s'affligea en son cœur » (lorsque Dieu regretta d'avoir créé<br />

l'homme et décréta le déluge).<br />

La joie se trouve en effet essentiellement dans le cœur, comme il est écrit : « Tu as mis de<br />

la joie dans mon cœur » (Ps. 4:8). Maintenant, l'exil de la Présence divine, qui (Elle)<br />

correspond au cœur, qui (incarne) la joie d’Israël, l'essentiel de cet exil (intervient)<br />

lorsque la tristesse, autrement dit les écorces, exercent leur domination sur Elle, comme<br />

nous le voyons dans : « Il s'affligea (s'attrista) en son cœur ». C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle<br />

(à l'inverse), la sortie des enfants d’Israël de leur exil (s'effectuera dans la joie) comme il<br />

est écrit « Car vous sortirez (de votre exil) dans la joie » (Isaïe 55:12).<br />

Et <strong>pour</strong> cela, parce que le service de l’Encens permet d'extraire la vitalité enfouie dans<br />

les écorces, il est écrit : « L’encens réjouit le cœur » (Prov. 27:9). Aussi, lorsqu’on<br />

accomplit un commandement dans la joie, on élève de parmi les écorces, la Présence<br />

divine qui représente le commandement et la joie du cœur.<br />

Tout ceci évoque la dimension de Malkhout/Royauté (Présence divine) dans le monde de<br />

l’Action, s'élevant de parmi les écorces.<br />

3- Et lorsque l’homme accomplit un commandement quelconque, il existe une force<br />

(dans ce commandement), lui permettant d’aller et d'éveiller tous les mondes <strong>pour</strong><br />

servir Dieu, béni soit-Il. Nous le voyons dans (la réponse de Moché à Pharaon qui évoque<br />

cette notion dans Exode 10 :9) : « Avec nos jeunes et nos vieillards nous irons, avec nos fils<br />

et nos filles, avec nos brebis et nos bœufs » (du plus grand au plus petit – le bétail – nous<br />

nous élèverons des écorces <strong>pour</strong> quitter l'exil égyptien dans la joie et servir Dieu dans le<br />

désert). Il est question ici de la (sephira) Malkhout/Royauté qui habille (les sephirot<br />

supérieures) Victoire/Netsa'h, Splendeur/Hod et Fondement/Yessod, outils de la<br />

"marche". Ce qui correspond à : « La Torah de son Dieu est dans son cœur, ses pas ne<br />

chancellent pas » (Ps. 37:31), car (la Torah présente dans le cœur) se met en marche afin<br />

d'éveiller (les mondes). Cette idée apparaît aussi dans : « La marche de mon Dieu, de mon<br />

Roi en son Sanctuaire » (Idem, 68:25, dont voici l'explication en langage<br />

Séphirotique) : l'élévation de la Malkhout/Royauté dans la Sainteté lui permet d'habiller<br />

300


"la marche de mon Dieu", (c'est-à-dire) la Victoire/Netsa'h, la Splendeur/Hod et le<br />

Fondement/Yessod, <strong>pour</strong> aller éveiller toute chose au service de Dieu, béni soit-Il.<br />

4- Grâce à cet éveil, c’est-à-dire à cette marche, on attire la bénédiction dans tous les<br />

mondes. Ce qui correspond aux sephirot (du bas, utilisant les "pieds") : Victoire/Netsa'h,<br />

Splendeur/Hod et Fondement/Yessod qui habillent les sephirot (supérieures)<br />

Bonté/Hessed, Rigueur/Guevoura et Harmonie/Tiphéret, correspondant aux mains<br />

(Rabbi Na'hman expliquera plus bas comment les bénédictions viennent des mains.),<br />

d’où proviennent toutes les bénédictions. « L'Éternel t'a béni à mon pied » (Bér. 30 :30)<br />

exprime cette notion (lorsque les mains et les pieds s'unissent, l'abondance divine<br />

descend dans le monde). De ce fait, les pieds s’élèvent à la dimension des mains,<br />

comme : « La main des enfants d’Israël alla s’appesantissant » (Juges, 4:24). Les<br />

bénédictions proviennent essentiellement des mains, de l'ordre de : « Aaron éleva ses<br />

mains vers le peuple et les bénit » (Vayikra 9:22), et comme il est écrit (lorsque Yaakov<br />

transmit avec ses mains sa bénédiction à Yossef) : « Des mains du Protecteur de Yaakov,<br />

de là le Pasteur du rocher d’Israël » (Bér. 49:24).<br />

5- L’essentiel de la bénédiction émanant des mains, réside dans l’intellect. Quand (les<br />

bénédictions) descendent, elles se manifestent à chacun selon sa volonté particulière,<br />

ainsi qu’il est dit : « Ouvre Tes mains et rassasie toute créature vivante (selon sa) volonté »<br />

(Ps. 145:16). De fait, celui qui est maître de lui-même (l'intelligent) doit orienter sa<br />

volonté de façon à attirer la bénédiction de l’intellect/SéKheL de même que : « Yaakov<br />

croisa/SiKeL ses mains » (Bér. 48:14, intervertissant les bénédictions des fils de Yossef)<br />

et que (Chémot 15:17) : « Un Sanctuaire, ô mon Dieu, préparé par Tes mains » (Voir<br />

Berakhot 33a : « Celui qui possède la connaissance, c'est comme si le Temple avait été<br />

construit de ses jours », le Temple correspond à l'intelligence).<br />

Tout ceci correspond à la Bonté/'Hessed, la Rigueur/Guevoura et l'Harmonie/Tiphéret qui<br />

habillent la Sagesse/'Hokhma, la Compréhension/Bina et la Connaissance/Da'at.<br />

6- De plus, Il est nécessaire d'amener la foi au sein de la bénédiction de l’intellect. En<br />

effet, on ne doit pas s'appuyer que sur l'intellect, comme on le sait. (Les versets) «<br />

L'homme de foi est comblé de bénédictions » (Prov. 28:20), « Et ses mains étaient foi »<br />

(Chémot 17:12) et « La royauté d’Israël s'établira dans ta main » (Sam 1, 24:20)<br />

expriment cette idée. Autrement dit, il faut attirer la foi dans la bénédiction des mains.<br />

301


(Ces autres versets :) « Je lui édifierai une maison fidèle (digne de foi) » (Sam 1, 2:35) et<br />

« Ta foi dans l’assemblée des saints » (Ps. 89:6) expriment également cette idée. La<br />

sainteté (dont il est question dans le dernier verset) correspond aux cerveaux/Mo’hin. Il<br />

est question ici de la notion de la Malkhout/Royauté du monde de la Formation/Yetsira<br />

qui devient Sagesse/'Hokhma, Compréhension/Bina et Connaissance/Da'at du monde de<br />

l’Action/'Assya.<br />

7- La dimension qui organise et contrôle l’intellect, la dimension Couronne/Keter, se<br />

trouve bénie dans l'intériorité des bénédictions, qui est l'aspect raffiné des bénédictions,<br />

comme (Bér. 26:3) « Je serai avec toi et te bénirai ». Le terme de Couronne/KéTeR signifie<br />

également attente, comme il est écrit : « Attends-moi/KaTaR, un moment » (Job, 36:2). En<br />

effet, lorsque l’on interroge un homme sur un certain concept, il répond : « Attends un<br />

moment jusqu'à ce que je sois prêt ». Là aussi, la foi/EMouNa, est requise, comme<br />

dans : « Un merveilleux artisan/AMoNe » (Tikoun 70 ; Gen. Rab. 1:1). Tout ceci<br />

correspond à : « La Couronne/Keter de l'Action/'Assya est construite depuis l'intériorité<br />

de la Bonté/'Hessed, de la Rigueur/Guevoura et de l'Harmonie/Tiphéret, et depuis<br />

l'intériorité de la Malkhout/Royauté de la Formation/Yetsira." (Voir Parparaot<br />

La'Hokhma).<br />

Les mondes montent ainsi jusqu’en haut, jusqu’au monde de l’Emanation/Atsilout, et<br />

toujours plus haut. Tel est le sens du verset : « Bénie soit la Gloire de l'Eternel en son<br />

lieu » (Ezekiel 3:12). « Bénie » correspond à la dimension des mains, « la Gloire de<br />

l'Eternel » renvoie à la foi; « En son lieu » évoque l’aspect de la Couronne/Keter.<br />

8- Lorsque l’on effectue et prépare correctement la Couronne/Keter, celle qui règle et qui<br />

pondère, et que les cerveaux/Mo'hin (la matière grise) partent à la <strong>pour</strong>suite de la<br />

lumière de l’Infini divin, la Couronne/Keter s’oppose à l’intellect afin de le stabiliser.<br />

Cette <strong>pour</strong>suite et cette opposition font que les cerveaux/Mo’hin frappent sur ce qui<br />

règle et qui pondère. C'est ainsi que les palais <strong>pour</strong> la lumière de l'Infini divin sont<br />

formés.<br />

Malgré tout, (ces palais et cette lumière) restent inconnus et impénétrables. Tout cela<br />

apparaît dans le Zohar Parachat Noa’h (65a) : « Depuis l'intériorité de cet écran (qui<br />

s'oppose) à la <strong>pour</strong>suite de cette pensée, "on perçoit et on ne perçoit pas", etc. ». L'écran,<br />

est ce qui règle et qui pondère, comme la Couronne/Keter, qui est déployé entre les<br />

302


créatures et le Créateur. « … Neuf palais sont ainsi créés. Ils ne sont ni lumières, ni<br />

Rou'hin, ni Nichmatin. Personne ne peut s'y tenir, ils sont inconcevables et inconnus ».<br />

Pourtant, sache qu’il s’agit du sommet de la connaissance. Le summum de la<br />

connaissance consiste en effet, à ne pas savoir. C'est ce qu'évoque le verset : « Il<br />

rassasiera ton âme de lumières pures » (Isaïe 58:11), ces lumières sont supérieures aux<br />

Séphirot (voir Pardess Rimonim, Chaar Hatsa’htsa’hot). Heureux celui qui mérite que sa<br />

pensée <strong>pour</strong>suive de telles conceptions, bien que l'intellect reste incapable de les<br />

concevoir, puisqu'ils sont: "inconcevables et inconnus".<br />

Quant à ces neuf palais, ils sont créés grâce aux coups que les cerveaux/Mo’hin frappent<br />

sur la Couronne/Keter lors de la <strong>pour</strong>suite. En effet, les cerveaux/Mo’hin sont au nombre<br />

de trois et chacun englobe les trois, car ils se combinent les uns aux autres lors de la<br />

<strong>pour</strong>suite. Trois fois trois égalent neuf, voici donc les neuf palais.<br />

[Ce sujet est « Extrêmement profond ; Qui peut le comprendre ? » (Kohélet 7,24). Le<br />

(lecteur) avisé comprendra à quel point il est profond. De même, Rabénou m'a fait une<br />

allusion à la profondeur de ce secret effroyable qui atteint des niveaux élevés, "et<br />

toujours plus haut" (chap. 7), comme le lecteur peut le constater dans cette Torah.<br />

Une brève explication s’impose néanmoins. La voici.<br />

La Couronne/Keter est ce qui règle et qui pondère les cerveaux/Mo’hin. Il s’agit, en<br />

d’autres termes, de la faculté intellectuelle de l’homme lui permettant de régler et de<br />

pondérer le cerveau et la connaissance, afin de les empêcher de se précipiter à dépasser<br />

les limites (de l'intellect). Une telle faculté correspond à la Couronne/Keter, comme cela<br />

a été expliqué. Cette faculté s'apparente donc à un écran qui sépare les cerveaux/Mo’hin<br />

de la lumière de l'Infini. En effet, cette faculté, régulatrice et pondératrice, retient les<br />

cerveaux/Mo’hin dans leur course et leur <strong>pour</strong>suite, les empêchant ainsi d'outrepasser<br />

les limites dans leur précipitation <strong>pour</strong> atteindre l'Eternel. « Les cerveaux/Mo’hin<br />

partent à la <strong>pour</strong>suite de la lumière de l’Infini divin ». Mais cette faculté intellectuelle<br />

dont nous avons parlé, celle qui règle et qui pondère, de l'ordre de la Couronne/Keter<br />

(les cerveaux/Mo’hin), se tient devant eux comme un écran, et les retient dans leur<br />

course, comme cela a été expliqué.<br />

303


« Cette <strong>pour</strong>suite et cette opposition, etc. » Il s'agit de la <strong>pour</strong>suite (l'élan) effectuée par<br />

les cerveaux/Mo’hin <strong>pour</strong> atteindre la lumière de l'Infini divin, tandis que l'opposition (le<br />

frein), est la faculté (intellectuelle) qui s'oppose, c'est une faculté régulatrice et<br />

pondératrice, de l'ordre de la Couronne/Keter, comme nous l'avons vu. Ces deux facultés<br />

sont en interaction : les cerveaux/Mo’hin frappent et cognent contre ce qui fait écran, qui<br />

règle et qui pondère, (la Couronne/Keter) dont nous avons parlé.<br />

Grâce à cela (cette interaction), « C'est ainsi que les palais <strong>pour</strong> la lumière de l'Infini<br />

divin sont formés ». En d'autres termes, c'est ainsi que les notions de réceptacles et de<br />

palais se forment dans la spiritualité suprême, dans le but de permettre de saisir<br />

(d'effleurer) la lumière de l'Infini, béni soit-Il, de l'ordre de « perçoit et ne perçoit pas ».<br />

En effet, sans cet obstacle dont nous avons parlé plus haut, personne ne <strong>pour</strong>rait retenir<br />

les cerveaux/Mo’hin dans leur <strong>pour</strong>suite et dans leur course, et les cerveaux/Mo’hin<br />

disparaîtraient totalement. L'homme verrait son existence s'anéantir, puisqu’il est<br />

impossible de saisir la lumière de l’Infini divin. Mais par l’intermédiaire de ces deux<br />

dimensions de <strong>pour</strong>suite et de retenue, se créent les clôtures et les palais évoqués plus<br />

haut, qui permettent d'appréhender la lumière de l’Infini divin au delà de l'ordre du<br />

« perçoit et ne perçoit pas ».<br />

L’explication de l’expression « perçoit et ne perçoit pas » est connue de ceux qui sont<br />

doués de compréhension. Il est question en fait de « parvenir sans parvenir », C'est-àdire<br />

de <strong>pour</strong>suivre et d'arriver à une perception, sans toutefois parvenir à la percevoir<br />

(réellement), ce qui s'effectue du fait de « cette <strong>pour</strong>suite et de cette opposition »<br />

abordée plus haut.<br />

Car, malgré leur formation (leur existence), les palais en question restent « inconnus, et<br />

impénétrables, personne ne peut s'y tenir, ils sont inconcevables et inconnus, etc. »,<br />

comme nous l'avons vu. Il est impossible de se représenter par l'intelligence ce que l'on<br />

saisit de ces palais, car ils se trouvent « supérieurs aux Nafchin, aux Rou’hin et aux<br />

Nichmatin ». Ils sont au dessus de toute perception intellectuelle, ils sont « supérieurs<br />

aux Séfirot », etc, comme l'explique Rabénou dans son langage, plus haut. Plonge-toi bien<br />

dans ce sujet et tu comprendras que je n’ai rien ajouté du tout, et que mes paroles sont<br />

inclues dans ses paroles. Je me suis contenté de répéter et d’expliquer un peu ces choses,<br />

du fait de leur profondeur (qui va) jusqu'à l'infini.<br />

304


C'est dans ce but précisément, que les neuf palais sont formés. « En effet, les<br />

cerveaux/Mo’hin sont au nombre de trois », et du fait de leur <strong>pour</strong>suite et des coups<br />

portés à l'obstacle dont nous avons parlé, ils se combinent les uns aux autres. Chacun se<br />

retrouve inclus dans les trois. « Trois fois trois égalent neuf, telle est la notion des neuf<br />

palais », comme rappelé.<br />

Heureux celui qui aura le mérite d’aller et de s’élever dans la voie de la sainteté,<br />

développée dans cette Torah, jusqu’à parvenir à de telles perceptions. ]<br />

Telle était la question des Sages d’Athènes :<br />

- « Où se situe le centre du monde ? »<br />

- « Ici », dit-il en levant son doigt.<br />

- « Qui le prouvera ? », demandèrent-ils ?<br />

- « Apportez une corde et mesurez », dit-il.<br />

En d’autres termes, ils lui demandèrent : comment parvient-on à percevoir la lumière de<br />

l’Infini divin, « centre du monde », à partir de laquelle tous puisent vitalité et abondance<br />

?<br />

- « En levant son doigt ». Il fait référence aux bénédictions, comme dans : « Aaron éleva<br />

ses mains et les bénit ». Autrement dit, grâce aux bénédictions, les cerveaux/Mo’hin<br />

frappent la Couronne/Keter, ce qui entraîne la formation des palais, comme nous l'avons<br />

vu.<br />

– « Qui le prouvera ? » demandèrent-ils : qui pénétrera dans ces chambres de<br />

substitution (voir plus loin), dans le lieu des écorces, <strong>pour</strong> élever (extraire) la sainteté<br />

(qui y est prisonnière), comme (le fait) l’encens, ainsi que nous l'avons vu (voir chap.<br />

#2). Cette élévation permettrait aux bénédictions de monter (c'est-à-dire d'en sortir),<br />

comme nous l'avons vu (chap. 3). Tel est le sens de (l'expression utilisée par les sages<br />

d'Athènes) : « qui le prouvera/Mi YéMaR », au sens de « substitution », comme dans le<br />

verset (Vayikra, 27:33) : « (On n'examinera pas s'il est bon ou mauvais) et on ne le<br />

remplacera/haMeR yéMiRénou (pas) » (à propos de la dîme sur le bétail).<br />

305


Il leur répondit : « Apportez une corde et mesurez » : on élève (on extrait des écorces)<br />

la sainteté essentiellement avec la joie. Et dans les temps futurs, les enfants d’Israël<br />

sortiront de l’exil dans la joie, ainsi qu’il est annoncé : « Car vous sortirez dans la joie »,<br />

alors que les écorces disparaîtront définitivement. Cela justifie (sa<br />

réponse) : « Apportez une corde (et mesurez par vous-même) » qui signifie : « Les<br />

écorces seront annihilées par vous et malgré vous (vous, les nations) ». En effet, vous<br />

ramènerez vous-mêmes la maison d'Israël depuis l’exil (vers sa liberté). Car Israël est<br />

surnommé « corde », comme dans « (Car ce peuple est la part de l'Eternel, Yaakov est) la<br />

corde (la mesure) de Son héritage » (Dévarim 32:9). Il est écrit par ailleurs : « Et ils<br />

amèneront tous vos frères, (du milieu de chaque nation) … la maison d’Israël » (Isaïe<br />

66:20). (Nous y voyons que) chaque nation, conduira de ses propres mains la maison<br />

d'Israël depuis l’exil. La joie débordera en ces temps, comme il est écrit : « Alors on<br />

s’écria parmi les peuples : "L'Eternel a fait de grandes choses <strong>pour</strong> ces gens etc."… Nous<br />

sommes joyeux » (Ps. 126:2-3). Grâce à la joie, les écorces s’annuleront, de même que : «<br />

(Puis il (David) vainquit …) Il les mesura au cordeau, les faisant coucher par terre » (Sam,<br />

2, 8:2, voir Zohar Balak 190a).<br />

« Et mesurez » fait référence à la « mesure » destinée à les annihiler<br />

TORAH 25<br />

Selon le manuscrit de Rabénou<br />

(Les Sages d’Athènes lui dirent :) « Montre-nous un objet qui ne vaut pas le<br />

dommage (qu'il entraîne). »<br />

Il apporta un paillasson. Ils déroulèrent, mais celui-ci ne passait pas la porte.<br />

Il ordonna : « Apportez un marteau et détruisez (la porte et le mur) », et il<br />

ajouta : « Voici une chose qui ne vaut pas le dommage qu’elle cause ».<br />

(Berakhot 8b)<br />

« Depuis la destruction du Temple, le Chamir, le nectar de Tsophim et (les gens)<br />

de foi ont disparu ».(Sota 48a)<br />

306


Commentaire de Rachi.<br />

Montre-nous un objet qui ne vaut pas le dommage. Montre-nous un ustensile qui n’a<br />

pas la valeur du dommage qu'il cause.<br />

Un paillasson. Un tapis<br />

Ne passait pas la porte. Sa largeur et sa longueur étaient plus grandes que l’entrée.<br />

Apportez un marteau et détruisez. La maçonnerie de l’entrée et du mur jusqu'à ce qu'il<br />

entre.<br />

1- Il est nécessaire <strong>pour</strong> tout homme de se retirer de (son) imaginaire <strong>pour</strong> s’élever en<br />

intelligence (ce processus s'effectue en trois étapes comme nous allons le voir : Chamir,<br />

Nectar et Foi).<br />

Lorsqu’on se laisse entraîner par l'imagination, on entre dans la notion de « rudesse du<br />

cœur » (Dévarim 29,18), on <strong>pour</strong>suit (alors les désirs de) l'imagination qui se trouvent<br />

dans le cœur. Et lorsqu’on se retire de la rudesse du cœur, que l'on brise son cœur de<br />

pierre, (on entre alors dans) la dimension « Chamir », qui soumet la pierre (le Chamir a<br />

taillé les pierres destinées au Temple), on ne se laisse pas guider par les passions<br />

illusoires, mais par la raison.<br />

Pour celui qui n'a pas encore rendu effectif son intellect, c'est à-dire, tant qu'il ne s'en<br />

sert pas, son intelligence reste potentielle. Et cela, même si cette intelligence a d'ores et<br />

déjà brisé (les illusions vers lesquelles le porte) son imagination et que se raffermit sa<br />

raison, selon (le principe) : « Lorsque l’un s’élève, l’autre chute » [que Rachi rapporte au<br />

début de la Paracha Toledot (à propos de l'antagonisme historique entre les frères Essav<br />

et Yaakov)]. Malgré tout, l’intelligence (non encore mise en œuvre) n'existe encore qu'en<br />

puissance. Ce n'est que par la suite, lorsque l’on effectue des recherches (analyses)<br />

intellectuelles et donc lorsqu'on l'utilise, que l’intellect (sort du potentiel <strong>pour</strong>) devenir<br />

effectif. Cette (étape) correspond à la notion de nectar de Tsoufim, comme dans le<br />

verset : « Tes lèvres distillent la douceur du nectar » (Cantique 4:11) qui figure la douceur<br />

du nectar de l'intellect lorsque du (niveau) potentiel, il se réalise. [L'expression « Tes<br />

lèvres » rappelle le passage du "potentiel" à "l'effectif", par la parole (la parole est une<br />

concrétisation de l'intelligence)].<br />

307


Ensuite, lorsque l'on a saisi intellectuellement tout ce que l’entendement humain était à<br />

même de saisir, l’intellect devient un acquis intellectuel. Les philosophes l'ont exprimé<br />

ainsi : il existe un intellect potentiel, un intellect en acte (en voie d'acquisition) et un<br />

intellect acquis ; l'essentiel de ce qui perdure de l'homme après sa mort n'est autre que<br />

l’intellect acquis, et c’est ce qui lui survit une fois disparu. Il s’agit là de la notion de foi,<br />

dans le sens de fidélité absolue, qui perdure. En effet, l’intellect acquis représente ce qui<br />

subsiste de l’homme après sa mort. L’acquis intellectuel désigne une connaissance<br />

mobilisant de nombreux éléments (intégrés) en une (seule) idée. En effet, la perception<br />

d'une idée quelconque implique la connaissance de nombreuses notions préalables.<br />

Mais une fois la chose saisie, on peut oublier les introductions, car on la perçoit<br />

(globalement), en une (seule) idée.<br />

La source de la sagesse jaillissait principalement du Temple, lieu du service des sacrifices<br />

dont la fonction consistait à briser l’animalité (qui est en nous) ainsi que notre faculté<br />

d'imagination. Car comme l'écrit le psalmiste : « Les sacrifices agréables à l’Éternel sont<br />

un cœur brisé » (Ps. 51:19). Autrement dit, les sacrifices (ont <strong>pour</strong> fonction de) briser<br />

l'imaginaire voilà <strong>pour</strong>quoi nos maîtres, de mémoire bénie, affirment : « Depuis la<br />

destruction du Temple, le Chamir, le nectar et (les gens) de foi ont disparu ». Mais<br />

lorsque le Temple sera rebâti : « Une fontaine jaillira du Temple » (Yoël, 4:18) ».<br />

2- Et sache que ces illusions existent dans chaque monde et à chaque niveau. Ce sont là<br />

les écorces qui entourent le fruit et qui gravitent autour de la sainteté, comme dans le<br />

Psaume (12:9) : « Les méchants rôdent aux alentours ». Ainsi, lorsqu’un homme passe<br />

d’un niveau à l’autre, <strong>pour</strong> parvenir à la sainteté, il doit nécessairement traverser ces<br />

illusions. Dès qu'il s'élève à un degré (supérieur), les écorces (les forces négatives)<br />

relatives à ce degré s’éveillent et l’entourent. Il faut alors les vaincre, les briser et<br />

purifier ce lieu de ses écorces.<br />

308


3- Sache (aussi) qu’il n’existe pas deux êtres humains identiques. En effet, toutes les<br />

âmes sont disposées l'une au dessus de l'autre, l’une "habillant" l’autre. L'intériorité<br />

d’une âme inférieure fait fonction de vêtement et d'extériorité <strong>pour</strong> l'extériorité de celle<br />

qui lui est supérieure. De ce fait, lorsque l’on souhaite s’élever de son niveau vers un<br />

niveau supérieur, l’homme qui se situe au niveau supérieur se retrouve propulsé à un<br />

niveau encore plus élevé, car deux personnes ne peuvent être (en même temps) au<br />

même niveau. Cependant, seule l'intériorité de celui qui se trouve au niveau supérieur<br />

s’élève, alors que son extériorité reste (à son niveau initial). De même, seule l'intériorité<br />

de l'homme du niveau inférieur s'élève, de sorte que l'intériorité de celui qui lui est<br />

inférieur devient l'extériorité de l'extériorité de celui qui lui est supérieur.<br />

De plus, bien que l’écorce du niveau supérieur ait déjà été brisée par l’homme de niveau<br />

supérieur, malgré tout, lorsque l'intériorité du supérieur s’élève, et que l'extériorité de<br />

l'inferieur [autre version: l'intériorité de l'inférieur] s'élève, l’écorce se réveille à<br />

nouveau. En effet, elle n’a été soumise que par la lumière de l'intériorité de la personne<br />

supérieure, mais elle possède (suffisamment) de pouvoir <strong>pour</strong> se confronter à la<br />

personne inférieure, y compris à son intériorité. C'est <strong>pour</strong>quoi il doit la briser et la<br />

soumettre à nouveau.<br />

Les notions d'intériorité et d'extériorité correspondent à deux sortes de service : le<br />

service (de l’étude) de la Torah, de la prière et (de l'accomplissement) des<br />

commandements évoquent l'intériorité, tandis que les activités liées à l'alimentation, à la<br />

boisson et aux autres besoins corporels évoque l'extériorité. Ainsi, le service de<br />

l'extériorité de l’homme situé à un niveau supérieur, c'est-à-dire son repas et sa boisson,<br />

est plus lumineux et plus précieux que le service intérieur de l’homme situé au niveau<br />

inférieur, c'est-à-dire sa Torah et sa prière. C’est en cela que l'intériorité de la personne<br />

inférieure fait usage de vêtement <strong>pour</strong> l'extériorité de la personne supérieure.<br />

(Cet enseignement) nous permet de comprendre le verset : « Trône de Gloire, exalté<br />

(Exalté depuis l’origine, le lieu de notre Sanctuaire) » (Jérémie, 17:12). Le<br />

Trône/KiSSé, fait référence à l'intériorité, au sens de itKaSSia/ce qui est caché.<br />

La Gloire correspond à l'extériorité et au vêtement, comme il est écrit : « Rabbi<br />

Yo’hanane appelait ses vêtement "sa gloire" » (Chabbat 113b).<br />

309


« Exalté depuis l’origine » Il s'agit de l'exaltation et de l'élévation depuis le premier<br />

niveau, de telle sorte que l'intériorité devienne extériorité.<br />

Pour cela «… le lieu de notre Sanctuaire. » : il faut sanctifier une nouvelle fois ce lieu,<br />

car les écorces s'y réveillent à nouveau, comme nous l'avons vu.<br />

4- Il n’est possible de soumettre les écorces de chaque niveau : illusions, pensées, désirs,<br />

perturbations et les obstacles qui s'y présentent, que par (l'évocation de) la grandeur du<br />

Créateur. Cette idée est rapportée dans les Kavanot (Chaar Hakavanot, drouché hatéfila<br />

1, Péri Ets Haïm Chaar Hazémirot 1) sur la louange : « Rendez-gloire à Dieu, invoquez Son<br />

Nom » (Liturgie du matin, selon Ps. 105 et Chron. I 16:8) : ce cantique a été institué (dans<br />

la prière du matin) afin de soumettre les écorces du monde de la Yetsira/Formation , qui<br />

s’éveillent lorsque la 'Assya/Action s’élève vers la Yetsira/Formation. De fait, en<br />

évoquant la grandeur du Créateur, ces écorces se soumettent, voir sur place. En effet,<br />

« L'intériorité de la Yetsira/Formation s'élève vers la Beriya/Création, et l'intériorité de<br />

la 'Assya/Action s’élève et habille l'extériorité de la Yetsira/Formation », voir sur place.<br />

De plus, la révélation de la grandeur du Créateur se manifeste grâce à la charité que l’on<br />

donne à un pauvre honnête.<br />

En effet, l’essentiel de la grandeur et de la magnificence est le dévoilement des couleurs<br />

(voir Zohar Bechala'h 62b et Terouma 152b). L’argent et l’or (englobent toutes) les<br />

couleurs, car les couleurs suprêmes y résident.<br />

De plus, les couleurs suprêmes habillées dans l’argent et dans l’or ne brillent que<br />

lorsqu’elles entrent en possession d’un homme d'Israël, car telle est leur place.<br />

Ces couleurs s'incluent alors l’une dans l’autre et s'illuminent, comme l'indique : « Israël,<br />

c'est toi qui M'illumine » (Isaïe 49:3). En effet, le lieu des couleurs n'est autre que<br />

l’homme d'Israël. Puis, lorsque ces couleurs illuminent, le Saint béni soit-Il est exalté et<br />

glorifié en elles, comme il est écrit : « A Moi appartient l'argent, à Moi l'or » (‘Haggaï, 2:8).<br />

De plus, «"Des vêtements de YéCHa'" (Isaïe 61:10) sont tissés à partir d'elles. YéCHa' au<br />

sens de contemplation, comme dans : « Ils se tournent/YiCH'ou (etc.) vers l'Éternel »<br />

(Sam. II, 22:42) » (voir Zohar Yitro 90b), car du fait de la splendeur, tous Le contemplent<br />

; en effet, tous désirent Le contempler.<br />

310


En revanche, lorsque l’argent et l’or sont en possession des nations (chez les non-juifs),<br />

les couleurs occultent leur (propre) lumière et elles cessent de luire. Telle n'est pas leur<br />

place, qui est uniquement chez l’homme d'Israël, comme le montre : « Israël, c'est toi qui<br />

M'illumine », car là-bas se trouve la magnificence des couleurs. Ceci explique <strong>pour</strong>quoi<br />

les nations convoitent l’argent d'Israël. Quand bien même les nations possèderaient<br />

argent et or en abondance, elles n’en désirent pas moins une pièce d'argent appartenant<br />

à un Juif, comme si elles n’avaient jamais vu d’argent. Ceci est dû au fait que les couleurs<br />

ne brillent pas dans l'argent et dans l'or qu'ils possèdent. La grâce ne repose pas sur<br />

l’argent et l’or qu'elles possèdent, car la gloire et la grâce ne sont essentiellement<br />

révélées que chez Israël. C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle elles sont appelés<br />

pauvres/RaChim, comme dans : « Prenez garde aux autorités/ReChout etc.» (Pirké Avot,<br />

2:3). Elles sont (effectivement) pauvres et misérables puisqu’elles ne profitent pas de<br />

leur argent, comme si elles étaient (véritablement) pauvres. Elles convoitent l’argent<br />

d’Israël puisque la gloire et la grâce reposent sur l’argent du Juif, et tous aspirent à<br />

contempler la splendeur et la grâce. Mais sache qu'à l’instant même où le non-juif<br />

obtient l’argent d'Israël, la grâce et la splendeur disparaît aussitôt de l'intérieur de cet<br />

argent. C'est <strong>pour</strong>quoi les nations réclament, à chaque fois, d’autres sommes d’argent, et<br />

oublient l’argent qu'elles ont déjà reçu, puisque la grâce en a disparu dès qu'il est entré<br />

en possession du non-juif. C’est ce dont il s'agit dans (la suite de la citation) « (Prenez<br />

garde aux autorités) car elles ne font preuve d’un rapprochement amical que lorsqu'elles<br />

en tirent un profit ».<br />

Tout cela est en relation avec le verset : « (Et Noé trouva) grâce aux yeux de l’Éternel »<br />

(Bér. 6:8). Les yeux de l’Éternel correspondent aux couleurs suprêmes, comme l’argent<br />

et de l’or, essentiel de la grâce et de la splendeur. C’est ce qu’a dit Avimélekh à Sarah : «<br />

Voici, j'ai donné mille pièces d'argent à ton frère. Certes, il est <strong>pour</strong> toi comme un vêtement<br />

<strong>pour</strong> les yeux » (Bér. 20 :16). Autrement dit, dès que l’argent passa des mains du non-juif<br />

(Avimélekh) à celles d'Israël (Avraham), des couleurs (sublimes) se révélèrent aussitôt,<br />

prenant l'aspect des vêtements de YéCHa' (qui poussent à la contemplation, qui attirent<br />

l'œil), soit "un vêtement <strong>pour</strong> les yeux", que tous contemplent, que tous désirent<br />

contempler.<br />

311


De la même façon, grâce à la charité, lorsque l'on donne de son argent, tout l'argent que<br />

l'on possède (encore) se trouve "réparé". Les couleurs se dévoilent et brillent. Tout cet<br />

argent entre dans les notions de : « A Moi appartient l’argent, à Moi l’or », et de : « Il m’a<br />

habillé de vêtements de YéCHa', enveloppé du manteau de charité » (Isaïe 61:10). De plus,<br />

même l’argent (des juifs) que les nations s'approprient est considéré comme de la<br />

charité, comme l’enseignent nos Sages, de mémoire bénie, (Baba Batra 9a), à propos du<br />

verset : « (… là où il y avait) tes oppresseurs, (Je mettrai la) charité » (Isaïe 60 :17). Tel est<br />

le sens de : « Tes yeux sont comme les piscines/BeRéKHot de Hechbone, (à la porte de Bat<br />

Rabim)… » (Cantique 7:5). "Tes yeux", il s’agit des couleurs, celles de l’argent et de l’or<br />

qui sont bénis/nitBaReKHin grâce à la charité, (au sujet de laquelle il est dit) « chaque<br />

petite pièce s'accumule en un grand compte/‘Hechbone » (Baba Batra 9b). Même<br />

l’argent qui entrerait en possession des nations, appelés ici « Bat Rabim/multitude (qui<br />

évoque les nations) » est considéré comme de la charité, comme dans « (… là où il y<br />

avait) tes oppresseurs, (Je mettrai la) charité » ». (Mais cette bénédiction reste)<br />

précisément « à la porte de Bat Rabim ». Tant que l'argent se trouve « à la porte », c'està-dire<br />

avant qu'elle entre (véritablement) en possession des nations, la grâce repose sur<br />

l’argent, mais elle disparaît par la suite, comme nous l'avons vu.<br />

Telle est la signification des paroles des Sages d’Athènes lorsque :<br />

« Ils lui dirent : "Montre-nous un objet qui ne vaut pas le dommage.<br />

"Il leur apporta un paillasson. Ils déroulèrent, mais celui-ci ne passait pas la porte.<br />

"Apportez un marteau et abattez l’entrée et le mur", ordonna-t-il. »<br />

Un paillasson/BouDYa fait allusion à l’imagination du cœur/BeDaYout, ce que l’homme<br />

s’invente/BoDé en son cœur, autrement dit l'imaginaire, comme cela a été expliqué plus<br />

haut. Nous trouvons ici cette notion de « rudesse du cœur », cette faculté imaginative du<br />

cœur qui prend le dessus et se répand sur l’homme (s'attaque à lui) lorsqu'il s’élève d’un<br />

degré inférieur vers un degré supérieur. Cette écorce, désignée comme l'imaginaire, ne<br />

vaut ni la perte ni le dommage, car bien qu'elle ait déjà été dominée par l’homme qui se<br />

trouvait au niveau supérieur, elle se renforce (sur le nouveau venu) comme nous l'avons<br />

vu.<br />

312


« Mais celui-ci ne passait pas la porte ». Cela signifie que l’homme ne peut accéder à la<br />

porte de la sainteté que représente l’intelligence, du fait de la prédominance (chez lui)<br />

de la faculté imaginative.<br />

Le conseil à suivre ici est de « casser l’entrée ». (Cette entrée) représente (la force de)<br />

l'imaginaire et de l’impureté, comme dans : « Celui qui veut se souiller, on lui ouvre (la<br />

porte) » (Yoma, 38b), ce qui est du même ordre que le verset (Bér. 4:7) : « La faute est<br />

tapie devant la porte ».<br />

(Cette entrée) est abattue par les couleurs, comme nous l'avons vu. (Ces couleurs luisent<br />

grâce à l'évocation de) la grandeur du Créateur (elles peuvent ainsi briser l'imagination),<br />

comme nous l'avons vu plus haut. Tel est le sens du terme Kotel/mur, que l’on peut<br />

décomposer ainsi : « Ko – Tel » (Zohar II, 2, 116a). « Ko » correspond au saint Nom divin<br />

qui correspond également aux couleurs, comme il est écrit : « L'Eternel est ma lumière<br />

etc. », (qui fait référence à) la lumière des couleurs ; « … et mon salut/véYiCH'i » (Ps.<br />

27:1) fait allusion aux vêtements de YéCHa' dont nous avons parlé. (Ce saint Nom) est<br />

donc une colline/Tel vers laquelle tous se tournent et que tous désirent contempler.<br />

(De la Torah 24 jusqu’ici, il s’agit des paroles de Rabénou, de mémoire bénie)<br />

313


5- Sache également, que <strong>pour</strong> vaincre l'écorce enveloppante, qui existe à chaque niveau,<br />

comme nous l’avons vu, il faut éveiller en soi la joie (de l’accomplissement) du<br />

commandement. Il faut se réjouir en se rappelant que l'on a mérité de se rapprocher du<br />

Saint béni soit-Il, que l'on a obtenu le privilège de se rapprocher des Justes qui nous<br />

rapprochent de Dieu, béni soit-Il. C'est grâce à cette joie que l'on brise l'écorce et que<br />

l'on accède au niveau suivant.<br />

[Relatif au paragraphe 1]<br />

« Les sacrifices agréables à l’Éternel sont un cœur brisé » (Ps. 51:19). Autrement dit, les<br />

sacrifices brisent l'imaginaire, voir sur place. Il s'agit de la notion de l'imposition des<br />

mains sur les sacrifices. En effet, on apporte les sacrifices depuis le domaine animal, qui<br />

correspond à la faculté imaginative. En effet, l’animal possède aussi la faculté<br />

imaginative. Ainsi, lorsque l’homme se laisse entraîner par l'imagination de son cœur,<br />

c’est-à-dire par ses passions qui, à Dieu ne plaise, émanent de la faculté imaginative, il<br />

s’agit là d’un acte véritablement animal, car l’animal possède aussi la faculté imaginative.<br />

Puisque toutes les fautes résultent de la faculté imaginative, source de toutes les<br />

passions, lorsque l’homme faute, à Dieu ne plaise, il doit donc apporter un sacrifice<br />

(provenant) du "règne" animal. Il doit imposer (ses mains) et confesser toutes ses fautes<br />

sur le sacrifice, au moment de l'imposition. Grâce à cela, toutes ses fautes et sa faculté<br />

imaginative passent sur l’animal, qu'on identifie à la faculté imaginative, comme nous<br />

l'avons vu. Puis, « l'égorgement succédera immédiatement à l'imposition » (Mena'hot<br />

93a), on égorge l'animal en sacrifice. C'est ainsi que l'on soumet et que l'on brise la<br />

faculté imaginative.<br />

[Relatif aux paragraphes 2 et 3]<br />

314


Il est expliqué là-bas : « Ainsi, lorsqu’un homme passe d’un niveau à l’autre, il doit<br />

nécessairement traverser ces illusions, afin de parvenir à la sainteté. Dès qu'il s'élève à<br />

un degré (supérieur), les écorces relatives à ce degré s’éveillent et l’entourent. Il faut<br />

alors les vaincre à nouveau etc. » – « De plus, bien que l’écorce du niveau supérieur ait<br />

déjà été brisée, etc. Malgré tout, lorsque l'intériorité du supérieur s’élève, et que<br />

l'extériorité de l'inferieur [autre version : l'intériorité de l'inferieur] s'élève, l’écorce se<br />

réveille à nouveau, etc. », voir sur place.<br />

(Rabénou) dit alors, en ces termes : C’est en cela que les gens pieux font souvent erreur.<br />

Ils ont soudain l’impression d’avoir chuté dans leur service divin, alors qu’en réalité, il<br />

ne s'agit pas du tout d'une chute. C’est simplement parce qu’ils doivent s’élever d’un<br />

niveau à l’autre, et que s’éveillent et réapparaissent les écorces, qui sont les passions, les<br />

perturbations, les illusions, les pensées et les obstacles, comme nous l'avons vu. C’est la<br />

raison <strong>pour</strong> laquelle ils doivent se renforcer à chaque fois de nouveau, <strong>pour</strong><br />

recommencer à soumettre et à briser les écorces et les entraves, etc. relatives à chacun<br />

des niveaux. Mais en réalité, il ne s’agit nullement d’une chute, comme nous l'avons dit.<br />

[Relatif au paragraphe 3]<br />

« Sache qu’il n’existe pas deux êtres humains identiques, etc. De ce fait, lorsque l’un<br />

souhaite s’élever de son niveau au niveau supérieur, l’homme qui se situe au niveau<br />

supérieur se retrouve propulsé à un niveau encore plus élevé, etc. » Il a dit alors, en ces<br />

termes : il s’agit là de la notion d’élévation, ce qui permet à l'un d'élever et de hisser son<br />

prochain. En effet, la montée de l'un depuis un niveau inférieur vers un autre échelon lui<br />

permet d'élever et de hisser de son prochain, qui se trouvait à un niveau supérieur, vers<br />

un niveau plus élevé encore. Il en va de même <strong>pour</strong> le prochain du prochain, qui était à<br />

un niveau plus élevé encore. Il se retrouve propulsé encore plus haut, et ainsi de suite,<br />

toujours plus haut. Il est en effet impossible à deux personnes d’être au même niveau,<br />

comme nous l'avons dit.<br />

315


Après avoir énoncé l'enseignement ci-dessus, dans lequel il qualifie et désigne toutes les<br />

passions du mauvais penchant comme « faculté imaginative », il a ajouté alors : « On<br />

devrait l'appeler autrement et lui donner un autre nom. Je parle de notre adversaire, du<br />

mauvais penchant. On devrait l'appeler autrement, c'est-à-dire ne plus l'appeler mauvais<br />

penchant, mais le nommer ʺimaginationʺ ». Il a dit cela sous forme de plaisanterie, mais<br />

j’ai compris qu’il y avait en cela une intention (conception) complète, mais je n’ai pas eu<br />

le mérite de comprendre le fond de sa pensée.<br />

TORAH 26<br />

Selon le manuscrit de Rabénou<br />

(Les Sages d’Athènes lui demandèrent:) « Par où est sorti le souffle (de vie) d'un<br />

poussin mort dans son œuf ? ". Il leur répondit : " Par où il est entré." » (Bekhorot 8b)<br />

Rachi : Un poussin mort dans sa coquille.<br />

Ce poussin/eFRoa’H symbolise le Juste, comme dans: « Que fleurisse/iFRa’H, le Juste<br />

durant ses jours » (Ps. 72:7). Telle est donc leur question : "Le Juste qui se sacrifie en<br />

faisant preuve d'abnégation dans ses prières et ses supplications, à quel endroit de la<br />

prière doit-il le plus se sacrifier ?"<br />

Il leur répondit : « Par où il est entré », cela signifie : Là où il doit élever les étincelles de<br />

sainteté. Autrement dit, là où des pensées étrangères (à la prière) sont entrées (en lui).<br />

Nous savons qu'il doit les élever. C’est à cet endroit qu’il doit faire preuve d'abnégation.<br />

TORAH 27<br />

Selon le manuscrit de Rabénou<br />

316


(Les Sages d’Athènes lui demandèrent :) « Par où est sorti le souffle (de vie) d'un<br />

poussin mort dans son œuf ? ". Il leur répondit : " Par où il est entré." » (Bekhorot 8b).<br />

1- On ne peut amener le monde entier au service divin, à le servir à l'unisson, à faire en<br />

sorte que tous jettent leurs dieux d'argent et d'or (Isaïe 2:20) et ne prient que Dieu béni<br />

soit-Il, cette chose n'est réalisable, <strong>pour</strong> toute génération, qu'à proportion de la paix<br />

régnant dans cette génération. En effet, lorsque la paix règne entre les humains, ils<br />

peuvent rechercher la vérité et se l'expliquer l'un l'autre. Ainsi, chacun peut rejeter le<br />

mensonge des idoles d'argent et se rapprocher de la vérité.<br />

2- Et on ne parvient à cette conception de la paix que par l’illumination du Visage, et par<br />

la beauté du Visage. C'est de cela qu'il s'agit : « Yaakov arriva entier/CHaLeM dans la ville<br />

de CHeKHeM » (Gen, 33:18). C'est parce que la dimension : « Pour L'adorer à l'unisson<br />

(d’une seule épaule/CHeKHeM) » (Tsephania, 3:9) est éveillée par la paix/CHaLoM, et la<br />

paix s’acquiert par la dimension "Yaakov" qui correspond à l’illumination du Visage,<br />

comme (le suggère) : « La beauté de Yaakov ressemble à celle d’Adam » (Baba Metsia<br />

84a) qui correspond (également) à : « Ceux qui recherchent Ta Face, Yaakov » (Ps. 24:6).<br />

3- L’illumination du Visage correspond à l'idée d'interprétations de Torah car la Torah est<br />

interprétée selon les treize principes d'herméneutique (de Rabbi Yichm'aël – Sifra 1:1,<br />

rapporté dans la liturgie du matin). (Ces treize principes) émanent des treize<br />

Rectifications de la Barbe (Zohar III 62a). (Ces treize Rectifications de la Barbe)<br />

correspondent à la beauté du Visage, comme il est écrit dans le Lévitique (19:32) : « Tu<br />

magnifieras le visage du vieillard ».<br />

4- La finesse de la sagesse (acquise grâce à) ces treize principes vus plus haut, sera<br />

proportionnelle à la finesse du son de son chant (Kol signifie à la fois chant et<br />

supplication, voir Ps. 106:44). (Cette affirmation) est illustrée par (deux enseignements<br />

qui montrent le lien entre sagesse et voix) : « Le vieillard/ZaKèNe est celui qui a<br />

acquis/Zé KaNa de la sagesse » (Kidouchin 30b) et par : « c’est le larynx/KaNé qui émet<br />

le son de la voix » (Berakhot 61a, voir Zohar Pin’has 232, 234 et 135). C'est également à<br />

cela que fait référence le verset : « Laisse-moi voir ton visage etc. » (Cantique 2:14) qui<br />

correspond à l’illumination du Visage et au vieillard, comme nous l'avons vu. Et, (suite du<br />

verset) : « … Fais-moi entendre ta voix », car la voix dépend de la sagesse des<br />

interprétations de la Torah et de l'intelligence des treize principes par lesquels on<br />

317


interprète la Torah. Tel est le sens de : «Recherchez-moi (ou interprétez-moi) et vivez »<br />

(Amos, 5:4) car « La sagesse fait vivre celui qui la possède » (Kohélet 7:12).<br />

5- Et maintenant, lorsqu'on aura raffiné sa voix, alors, par le simple fait d’entendre sa<br />

voix, même sans parler, le Saint béni soit-Il le sauvera au moment de sa détresse. Telle<br />

est la notion : « (L'Eternel) vit leur détresse en entendant leur chant » (Ps. 106:44), en<br />

entendant (simplement) sa voix (affinée), le Saint-béni-soit-Il voit qui est son<br />

oppresseur, (et au niveau du peuple d'Israël) quelle est la nation qui le persécute.<br />

Telle est la signification de : « (tu écriras sur les pierres cette doctrine) Très<br />

clairement/BeER HéTèV » (Dévarim 27:8 ; littéralement : "d'une bonne clarté "; Rachi<br />

explique que Moché a traduit les paroles de la Torah) : « en soixante-dix langues » (Sota<br />

32). (Par conséquent) les commentaires et interprétations de la Torah d’où viennent<br />

(l'affinement de) la voix, Lui permettent de nous prodiguer du bien/HéTiV dans (notre<br />

rapport à) toutes les langues et à tous les peuples (autrement dit : Dieu nous fait du bien<br />

quelque soit la nation dans laquelle nous sommes exilés). Il est question ici de la notion<br />

de : « En entendant leur chant/Béchom'o Et Rinatam », qui forme en acrostiche le mot<br />

BaER qui signifie "clarification" et "interprétation".<br />

6- Mais l'illumination du Visage est inaccessible sans la réparation de l’Alliance. C'est ce<br />

que nous trouvons dans : « Majesté et beauté devant Lui (litt. : "à Son Visage") etc.<br />

» (Chron. I, 16:27), lorsque (suite du verset) : « … Audace/OZ et joie sont en Son endroit ».<br />

Il y est question de l'Alliance, appelée Boaz ("en lui l'audace", ancêtre du roi David, voir<br />

Tikouné Hazohar 31) et de la "joie" qui est celle de la "Matronita" (Peri Ets ‘Haïm, Chaar<br />

Hazmirot, 1).<br />

C'est de cela dont il est question dans (le cantique de la traversée de la mer des Joncs) : «<br />

Dieu est Mon audace et mon chant, il est mon salut, c'est mon Dieu et je le glorifierai<br />

» (Chémot, 15:2) qui fait référence à « Il vit leur détresse (en entendant leur chant) ». «<br />

Ma force etc. » évoque l’Alliance, « … le chant » évoque la voix, « … Il est mon salut. »<br />

(Chémot, 15:2) renvoie à « Il vit leur détresse (en entendant leur chant) ».<br />

De plus, nos Sages, de mémoire bénie ont enseigné : « Lorsque les enfants d’Israël<br />

montèrent de la mer, ils éprouvèrent le désir (littéralement : "ils fixèrent leurs<br />

yeux") d’entonner un cantique » (Sota, 30b). C'est parce que la dimension "Alliance" se<br />

révéla lors de la traversée de la mer, (tel que cela ressort de l'association des deux<br />

318


versets effectuée) par nos Sages de mémoire bénie : « La mer vit et s’enfuit » (Ps.<br />

113:3) et "Il s'enfuit et sortit dehors" (Bérechit 39:12 ; voir Berechit Raba Vayéchev 7).<br />

« Ils éprouvèrent le désir » (ou "fixèrent leurs yeux"). Il s'agit de la beauté du Visage,<br />

comme : "Zakène, c'est celui qui a acquis la sagesse", c'est ce qu’explique Rachi, sur le<br />

verset « Les yeux des deux se dessillèrent » (Bér. 3:7) : « Allusion à la sagesse ».<br />

« D’entonner un cantique » correspond à la voix qui est révélée grâce à la sagesse.<br />

C’est <strong>pour</strong>quoi nos Sages enseignent (Sota 30b, à propos du cantique de la mer des<br />

Joncs) : « Les jeunes enfants et les nourrissons dirent : « C’est/Zé mon Dieu et je Le<br />

magnifierai (Chémot 15,2) ». «Zé » correspond à l’alliance, comme dans (Chémot<br />

3:12) : « C’est/Zé <strong>pour</strong> vous un signe » (le "signe" par excellence c'est l'Alliance, le Brit,<br />

voir Genèse 17,11), « et je Le magnifierai », il s’agit de la beauté du Visage.<br />

C'est (également) cela l'explication de : « Celui qui fréquente des prostituées perdra sa<br />

fortune » (Prov. 29:3). "Fortune" renvoie à la voix, comme l’ont enseigné nos Sages de<br />

mémoire bénie : « "Honore l’Éternel de ta fortune" (Prov. 3:9). Ne lis pas "Méhonekha"/ta<br />

fortune, mais "Miguéronekha"/par ta gorge (allusion à la voix) » [Comme rapporté dans<br />

Baer Hétév (Ora'h 'Haïm siman 53) (14) au nom de la Psikta (chapitre 25) et aussi dans<br />

Rachi sur les Proverbes chapitre 3. Cependant le texte de la Psikta est : « Mé'hanekha/De<br />

ce qu'Il t'a donné. S'Il t'a donné une voix agréable, etc. »]. Mais lorsque l’on porte atteinte<br />

à l’Alliance, la voix est endommagée. Yaakov, <strong>pour</strong> sa part, préserva son Alliance, comme<br />

(en témoigne le verset, au sujet de Reouven) : « Prémices de ma vigueur » (Bér. 48:3). Il<br />

mérita donc la voix (affinée), du niveau de : « La voix est celle de Yaakov » (Bér. 27:22)<br />

(lorsqu'il reçut la bénédiction de 'Essav).<br />

C'est par cette dimension "voix" que l'on obtient la paix, comme nous le voyons : «<br />

Cantique des cantiques (donc exprimé par la voix), composé par CHeLoMo » (Cantique<br />

1:1) , autrement dit : « Au roi à qui appartient la paix/ChaLoM » (Cantique Raba 1). C’est<br />

<strong>pour</strong>quoi, immédiatement après la voix du chant du Cantique entonné sur la mer, (les<br />

enfants d’Israël) reçurent la paix du Chabat (voir Zohar Kora'h 177b), ainsi qu’il est<br />

dit : « Ils arrivèrent à Mara » (Chémot 15:23). C’est effectivement à Mara qu’ils reçurent<br />

l’injonction du Chabat (Sanh. 56b). Nous le voyons également dans le verset : « Myriam<br />

leur répondit : "Chantez <strong>pour</strong> Dieu" » (Chémot 15,21), dont l’acronyme (Vataane Lahem<br />

319


Myriam Chirou Lachem) forme le mot : CHaLOM. En effet, le chant leur permit d’obtenir<br />

la paix.<br />

7- Et c’est précisément à Mara qu’ils reçurent la paix du Chabat, car c'est l'habitude de la<br />

paix de s’habiller d’amertume (Mar signifiant « amer »), comme le suggère le<br />

prophète : « Voici que <strong>pour</strong> la paix, je souffre d'une extrême amertume » (Isaïe 38:17).<br />

Tous les médicaments sont des épices amères, il en va de même <strong>pour</strong> la paix qui est<br />

guérison de toute chose, comme nous le voyons : « Paix, paix, <strong>pour</strong> celui qui est loin<br />

comme <strong>pour</strong> celui qui est proche. Je le guérirai, ainsi parle l'Éternel » (idem, 57:19).<br />

Mais il arrive parfois que la faiblesse soit si grande que le malade ne peut plus supporter<br />

l’amertume des médicaments. Les médecins se retrouvent alors impuissants et<br />

provoquent ainsi le désespoir chez le malade. Ainsi, lorsque les péchés, qui sont les<br />

maladies de l'âme, se renforcent beaucoup, au point que le pécheur ne puisse plus<br />

supporter l'amertume des traitements, alors : « Pas de paix, dit l'Éternel aux méchants »<br />

(Idem 48:22). C'est justement en cela que (le roi) Ezéchias loua le Saint-béni-soit-Il<br />

d'avoir jeté tous ses péchés derrière son dos, afin qu'Il n'en vienne pas à habiller la paix<br />

d'une trop forte amertume. C'est donc (la signification de ces versets) :<br />

« Voici que <strong>pour</strong> la paix, je souffre d'une extrême amertume ». Nous savons en effet<br />

que la paix nécessite de l’amertume.<br />

« Et Toi, dans Ton amour, Tu as préservé mon âme de la fosse de perdition » (idem,<br />

38:17). Car Tu as su que je n'avais pas la force de supporter l’amertume nécessaire à (la<br />

guérison de) ma faute.<br />

« Et Tu as jeté derrière Ton dos toutes mes fautes » (idem), afin que la paix se<br />

revêtisse d’une amertume que je puisse supporter.<br />

Il s'agit (également) de la signification de : « Et Avraham était vieux/Zakène etc. »<br />

(Bér. 24:1), grâce à ce vieillard dont nous avons parlé plus haut, « L’Éternel bénit<br />

Avraham en tout » (idem). Il s’agit de la paix, comme il est écrit : « Il fait la paix et crée<br />

le tout » (liturgie du matin).<br />

8- (Lorsqu'une personne a réparé son alliance et raffiné sa voix, il mérite la paix,) "La<br />

paix dans son corps" [Chabat 33b, où nos Sages interprètent le verset : « Yaakov arriva<br />

entier/CHaLeM (dans la ville de Chekhem) » (Bér. 33:18) au sens de paix/CHaLoM dans<br />

320


son corps, paix dans sa fortune, paix dans sa Torah] il s'agit de (la paix) entre les quatre<br />

"biles" de telle sorte qu'aucune d'entre elles ne domine l'autre.<br />

« La paix dans sa fortune » afin qu’un argent ne "dévore" pas l'autre, comme l’a dit la<br />

fille de Nakdimone ben Gourion (Kétoubot 66b).<br />

« La paix dans sa Torah » : sans questions.<br />

Dès lors, « Yaakov arriva entier/CHaLeM dans la ville de CHeKHeM », comme nous<br />

l'avons expliqué.<br />

Tout ceci est le commentaire de (l'enseignement du début) :<br />

Le poussin/ReTSiTSa fait référence au roseau brisé/KaNé RaTSouTS (voir Rois II,<br />

18,21). Il s'agit des nations éloignées de la dimension "ZaKèNe", de celui qui a<br />

acquis/KaNa la sagesse, de la beauté du Visage. (Au contraire,) ils sont rattachés au<br />

roseau brisé, comme il est écrit dans les psaumes (68:31) : « Gourmande la bête sauvage<br />

tapie dans les roseaux/KaNé ».<br />

Mort dans son œuf. Il s'agit de tuer, et de mettre un terme à leurs supplications et à<br />

leurs prières, <strong>pour</strong> qu'ils cessent d'implorer des dieux étrangers, et que tous en viennent<br />

à invoquer le Nom de l'Eternel.<br />

Par où est sorti le souffle ? Autrement dit, cette dimension est inaccessible si ce n'est<br />

par la réparation de l’Alliance. (En effet, "le souffle") fait allusion à "Le souffle ne s'éveille<br />

plus chez aucun homme" (Josuéué 2:11) (référence à l'éveil du désir sexuel). La question<br />

est donc : par où faire sortir, et comment dégager les étincelles de sainteté tombées du<br />

fait des atteintes portées à l’Alliance ?<br />

Il leur répondit : "Par là où il est entré". Autrement dit, de la même façon que ce souffle<br />

lui est parvenu. C'est-à-dire exactement comme le souffle de folie, les pensées perverses,<br />

lui étaient parvenus. Il doit donc briser cette passion. C'est ainsi que l'on dégage et fait<br />

sortir les étincelles de sainteté (tombées du fait de) l'atteinte causées à l’Alliance. C'est la<br />

notion de "repentir compensatoire".<br />

« Les vieillards ont cessé de paraître à la Porte, les jeunes gens d'entonner leurs chants »<br />

(Lam. 5:14) (Ce verset des lamentations résume l'enseignement de cet<br />

Enseignement: avec la destruction du temple, « Les vieillards ont cessé… » avec la<br />

321


sagesse, la connaissance de la Torah, le soutien de ceux qui ont raffiné leur voix, « …les<br />

jeunes gens (ont cessé) d'entonner leurs chants »).<br />

[Jusqu’ici, les paroles de Rabénou, de mémoire bénie]<br />

[Relatif à plus haut (paragraphe 5)]<br />

« (L'Eternel) vit leur détresse en entendant leur chant » (Ps. 106:44), en entendant<br />

(simplement) sa voix (affinée), le Saint-béni-soit-Il voit qui est son oppresseur, (et<br />

au niveau du peuple d'Israël) quelle est la nation qui le persécute.<br />

Il (Rabénou) ajouta : « C'est <strong>pour</strong>quoi, lorsqu'il y a, à Dieu ne plaise, un quelconque<br />

décret ou une quelconque persécution contre Israël de la part d'une quelconque nation,<br />

il est bon de chanter l'hymne de cette même nation qui nous persécute, à Dieu ne plaise.<br />

C'est précisément "en entendant leur chant", c'est-à-dire le chant et l'hymne de la<br />

nation qui persécute Israël, à Dieu ne plaise ».<br />

TORAH 28<br />

Selon le manuscrit de Rabénou<br />

(Les Sages d’Athènes lui dirent :) « Construis-nous une maison en l'air. » Il prononça<br />

un Nom, et fut suspendu entre ciel et terre. Il leur dit: « Sortez des briques et du<br />

ciment de là-bas. » Ils lui répondirent : « Qui peut monter là-haut ? » Il leur dit : «<br />

Celui qui peut construire une maison entre ciel et terre »(Békhorot, 8b)<br />

1- Les opposants, qui méprisent et offensent ceux qui craignent Dieu, agissent ainsi<br />

parce qu’ils ont reçu une Torah venant d’érudits que l’on appelle (Zohar Pin’has 253a) «<br />

démons juifs ». Ces érudits-démons-juifs reçoivent leur Torah de démons qui disposent<br />

d'une Torah "tombée" (de l'autre côté, dans les écorces), issue des Alef/mille tombés. Ces<br />

Alef/mille sont évoqués à propos de Salomon (Rois I, 5:12) qui « a dit trois Alef/mille<br />

paraboles, et son chant était de Alef/mille et cinq ». Mais Salomon eut le mérite (de<br />

recevoir ces enseignements) dans la sainteté alors que les érudits-démons-juifs, les<br />

obtiennent au travers des "écorces". C’est <strong>pour</strong>quoi toutes les paroles (de la Torah des<br />

322


érudits-démons-juifs) ont (elles aussi) la forme de paraboles, de métaphores et de<br />

merveilleux/niFLAÏm raisonnements. Cela, parce que (cette Torah qui émerveille ses<br />

auditeurs) provient de ces ALeF dont nous avons parlé. C'est à propos de ces érudits<br />

(démons-juifs) que le verset affirme : «Est-ce trop peu <strong>pour</strong> vous de lasser les hommes que<br />

vous vouliez encore lasser Dieu ? » (Isaïe 7:13). Car ils fatiguent les personnes qui<br />

viennent écouter leurs explications et leur torah. Ces personnes viennent dans l'espoir<br />

d'en tirer un quelconque bénéfice, ils viennent <strong>pour</strong> connaître l'Eternel et apprendre à<br />

Le servir. Or, ces personnes, n'en obtiennent aucun bénéfice, car la Torah de ces érudits<br />

n’a pas le pouvoir de guider l’homme sur la voie du bien. Car, « du mauvais ne sort rien<br />

de bon » (voir Berakhot 29, Berechit Raba 22:8, Vayikra Raba Metsora 19:6 et Chabbat<br />

129a). Pire encore : « … que vous vouliez encore lasser Dieu ? » (Ils veulent lasser Dieu, Le<br />

décourager d'aider ceux qui aspirent à Le servir et) laisser croire que le Saint-béni-soit-Il<br />

est impuissant à aider ceux qui Le servent. Finalement, à cause de cela, ces personnes<br />

(ceux qui aspirent à Le servir) tombent dans de grandes hérésies, pensant, à Dieu ne<br />

plaise, que "Dieu ne voit pas et ne comprend pas le comportement des hommes" (voir Ps.<br />

94:7 et Sefer Haïkarim 4, chap. 10). C'est ainsi qu'ils en viennent à ne pas "honorer ceux<br />

qui craignent l'Eternel" (voir Ps. 15:4), à les offenser et à les mépriser. Le déshonneur et<br />

l'offense provient donc de l'hérésie. C'est <strong>pour</strong>quoi le déshonneur est appelé "idolâtrie",<br />

comme dans le verset : « Ils se sont consacrés à cette honte » (Osée 9:10).<br />

2- Lorsque ceux qui craignent Dieu subissent offenses et déshonneur de la part de ces<br />

hérétiques. Le conseil à suivre est (de se considérer comme) : « Moi, je suis un ver et non<br />

un homme, l’opprobre des gens » (Ps. 22:7). (Autrement dit,) le remède aux offenses et<br />

aux humiliations est apparenté à la notion de ver/Tola’, grâce à laquelle on vainc ses<br />

ennemis. La notion de ver est liée à celle de foi/EMouNa, comme il est dit (dans ce verset<br />

des Lamentations (4:5) qui associe les deux notions) : « Ceux qui ont grandi/haEMouNim<br />

sur le <strong>pour</strong>pre/Tola’ ». (Le ver) correspond également à Avraham, premier des croyants,<br />

comme il est écrit : « Il eut foi en l’Éternel » (Bér. 15:6). C'est donc grâce à la dimension<br />

Avraham, qui incarne la foi, que l’on (peut) briser et annuler idolâtrie, hérésie et<br />

humiliations, et que l'on (peut) vaincre les hérétiques, comme dans le verset des<br />

psaumes (20 :7) : « Par les forces du salut de sa droite » (La droite représente la Bonté).<br />

En effet, Avraham correspond à la bonté et à la foi, comme le montre le verset : « Mais je<br />

n'abrogerai pas Ma bonté envers lui, je ne ferai pas mentir Ma foi » (Ps. 89:34). C'est cette<br />

323


droite qui assure le triomphe sur les ennemis, on s'apparente alors à : « hommes de<br />

guerre, vêtus de <strong>pour</strong>pre/Tola’ » (Na’houm 2:4).<br />

Avec cette bonté on rectifie les Alef/mille déchus, dont nous avons parlé plus haut,<br />

comme : « …qui accomplit bonté (jusqu’) à deux milles/laALaFim » (Chémot 20 :5, que<br />

l'on peut lire " …qui accomplit bonté aux (lettres) Alef").<br />

3- Mais l’on ne peut accéder à la bonté qu'en offrant l'hospitalité à des érudits en Torah,<br />

Justes et vertueux. Car celui qui offre l'hospitalité à d’authentiques érudits en Torah est<br />

comparé à celui qui apportait des sacrifices perpétuels/Tamid. Ainsi que l'affirment nos<br />

Sages, de mémoire bénie : « "Un homme saint nous rend visite constamment/tamid" (Rois<br />

II 4:9), etc. » (Berakhot 10b). On accède à la bonté dont nous avons parlé, justement par<br />

les services qu'on leur rend, en s'occupant de leurs besoins, comme il est<br />

dit : « Empêcher son disciple de le servir équivaut à lui supprimer la bonté » (Kétoubot<br />

96a).<br />

C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle le « Tamid » était un agneau. En effet, il consistait à rectifier<br />

les lettres ALeF, auxquelles fait allusion : « J’étais, moi, comme un agneau/KéVeSs<br />

docile/ALouF » (Jérémie, 11:19). Il est question ici de la notion d'agneau/KéVeSs, au sens<br />

de dévoué/KaVouSh à son maître, (comme celui qui) se met au service (des érudits en<br />

Torah). C’est <strong>pour</strong>quoi le mot « Tamid » a <strong>pour</strong> valeur numérique quatre fois Alef, ce qui<br />

correspond à la rectification des (lettres) Alef, comme nous l’avons vu.<br />

Tel est le sens de : « Pour qui les querelles et <strong>pour</strong> qui les plaintes/SYa’H ? » (Prov<br />

23:29) : les querelles apparaissent à cause de l'Erudit-Démon-Juif (les initiales de ces<br />

trois mots 'Hakham Shed Yéhoudaï composent le mot SYa’H). C'est lui (l'Erudit-Démon-<br />

Juif) qui cause l'opposition.<br />

C'est le sens des paroles des Sages d’Athènes :<br />

« Construis-nous une maison en l'air ». Ces personnes désireuses de fonder leur<br />

service (divin) sur la Torah apprise de ces érudits-démons-juifs n'auront, en réalité,<br />

aucune base sur laquelle reposer. Et cela équivaut au désir de construire une maison en<br />

l'air. En effet, ces érudits démons juifs volent dans les airs, sans rien avoir sur quoi<br />

324


s’appuyer, à l’image des démons, (dont la principale caractéristique est) qu'ils volent<br />

dans les airs.<br />

Il prononça un Nom, et fut suspendu entre ciel et terre. L'érudit authentique (lui<br />

aussi) se situe entre ciel et terre. (Mais la différence est signifiée) dans le Targoum du<br />

verset « Car tout ce qui existe dans le ciel et sur la terre (est Tien) » (Chron. I, 29:11),<br />

[celui qui empoigne (établie la jonction entre) le ciel et la terre].<br />

Il leur dit : «Sortez des briques et du ciment/TYNA de là-bas/Hatam. ». En effet, la<br />

rancœur/TYNA s’introduit dans le cœur (des disciples des érudits-démons-juifs), et leur<br />

cœur devient un cœur de pierre. ("Ciment" en araméen signifie "rancœur" en hébreu).<br />

Ainsi, l'érudit authentique réagit à leurs mauvaises pensées en leur demandant de faire<br />

sortir la rancœur de leur cœur de pierre, de sorte qu'ils cessent de renier le Saint béni<br />

soit-Il. En effet, la rancœur et le cœur de pierre proviennent de « là-bas/Hatam », c’està-dire<br />

des Alef déchus dont nous avons parlé. Leur valeur numérique équivaut en effet à<br />

« Hatam » [car 4 fois "ALeF" (111) plus 1 (<strong>pour</strong> la valeur du mot lui-même) égalent<br />

"Hatam" (445)].<br />

Ils lui répondirent : « Qui peut monter là-haut/Hatam ? ». Ils lui ont demandé : qui<br />

peut faire remonter les Alef déchus ?<br />

Il leur dit : « Celui qui peut construire une maison entre ciel et terre ». Autrement dit,<br />

quiconque construit sa maison avec l'aide d'érudits authentiques. Ils ont (savent) sur qui<br />

s’appuyer, car les érudits authentiques sont le fondement/Yessod de toute chose (Prov<br />

10:25: "Le Juste est le fondement du monde").<br />

Celui dont la maison est un lieu de rencontre <strong>pour</strong> les sages (Maximes 1,4) et qui<br />

construit sa maison (entre le ciel et la terre) trouve une référence dans verset suivant<br />

(où la Chounamite parle à son mari à propos d'Elicha) : « Un homme saint nous rend<br />

visite constamment/Tamid. Construisons un mur (élevé) en étage » (Rois 2, 4:9), comme<br />

nous l'avons vu, ces gens (comptent parmi ceux) qui rehaussent les Alef.<br />

Tout ceci est évoqué dans Alef, Beth, Guimel, Dalet, (etc. jusqu'à Youd).<br />

Guimel et Dalet représentent le ciel et la terre. Beth (qui signifie "maison", évoque) celui<br />

qui construit sa maison entre le ciel et la terre. (Ces trois lettres) rectifient les Alef.<br />

325


Zaïn et ‘Het se référent à ces personnes qui reçoivent leur Torah des "démons juifs". Ces<br />

derniers sont appelés "ZaïN", comme dans : « Les démons auxquels ils se<br />

prostituent/ZoNim » (Vayikra 17, 7). Ils sont à l’origine des offenses et des humiliations,<br />

ainsi qu’il est écrit : « La honte des familles me terrifie/yé’HiTéni » (Job, 31:34), référence<br />

à la lettre ‘HeT.<br />

Hé et Vav évoquent l’exclamation " Hoï Vaï !", au sens de cri et de querelle, comme nous<br />

l’avons vu au sujet du verset : « Pour qui les querelles et <strong>pour</strong> qui les plaintes ? » (Prov<br />

23:29 qui commence par : « Qui crie Hoï (Hé), qui crie Vaï (Vav) »). Il s'agit (évidemment)<br />

du Zaïn et du ‘Het.<br />

Tet et Youd. Il y a du bien enfoui à l'intérieur (Tet est la première lettre de Tov/bon), car<br />

lorsqu’on écoute la Torah des érudits-démons-juifs, on doit s’efforcer de « manger le bon<br />

qu'elle renferme », à l'instar de : « Rabbi Méïr trouva une grenade. Il en mangea<br />

l’intérieur » (Haguiga 15b), et comme il est écrit : « Mon fils, donne-moi ton cœur » (Prov.<br />

23:26) et « Ecoute les paroles des Sages et concentre ton cœur sur mon intension » (Id.<br />

22,17). En procédant de la sorte, on élève le bien enfoui à l'intérieur, les Alef tombés. Il<br />

s'agit du Tet, (qui évoque) le bien/Tov caché à l'intérieur (Intr. Zohar 3a). Il faut donc<br />

concentrer son cœur vers le bien que renferment ses paroles.<br />

Avec cela, (on aboutit au) Yod. En d'autres termes, on rectifie les Alef, comme dans : « Je<br />

ferai preuve de reconnaissance/ODÉ envers Ton Nom, car Tu as accompli des<br />

merveilles/PéLE » (Isaïe 25:1). Pélé correspond à ALeF (Tikounim 70, page 135a et Zohar<br />

III, 193b). Et ce Yod forme un Alef. C'est le yOD au sens de reconnaissance/ODÉ (puisque<br />

nous venons de voir le lien entre yOD et le Alef de ODé). (De plus) YoD correspond à jeter<br />

comme dans : « Ils ont jeté/vaYaDou une pierre sur moi » (Lam. 3:53) incluant une notion<br />

de rejet (comme Rabbi Meïr qui a consommé l'intérieur et) a rejeté l’écorce.<br />

[Jusqu’ici : les paroles de Rabénou, de mémoire bénie]<br />

Nous avons entendu de la bouche sainte de Rabénou, que cet Enseignementfait allusion<br />

à toutes les intentions (que le fervent doit avoir) lors de la récitation du sacrifice<br />

perpétuel, chaque matin. Il nous l'a un peu expliqué. Consulte néanmoins les Kavanot<br />

(Chaar Hakavanot, 13bc, et Pri Ets ‘Haïm cités plus bas), et tu verras et comprendras que<br />

326


toutes les intentions relatives à la section du sacrifice perpétuel sont expliquées dans<br />

cette Torah.<br />

Il est expliqué là-bas, dans les Kavanot, que le sacrifice perpétuel domine les écorces du<br />

monde de l’Action, etc, qui correspondent à l’idolâtrie, etc.<br />

De plus, le terme 'Olat/holocauste a <strong>pour</strong> valeur numérique le (saint) Nom אבג יתץ etc,<br />

associé à la (sephira) Hessed/Bonté etc, tel est le sens ésotérique (caché) du<br />

verset : « Avraham se leva le matin » (Bér. 19:27). Il s'agit de la signification secrète du<br />

verset : « Ne crains rien, ver/Tola'at de Yaakov » (Isaïe 41:14), etc. Il existe, à l'inverse,<br />

une écorce du Tola'/ver, qui détruit et qui dévore tout (comme les démons juifs), etc.<br />

C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle Dieu dans Sa Miséricorde, nous enjoint d’apporter un<br />

holocauste perpétuel/'Olat Tamid, afin de renforcer la dimension « 'Olat Tamid » de<br />

sainteté, de l'ordre "ver/Tola'at" de Yaakov (qui incarne la foi), contre le ver/Tola' de<br />

l'écorce (TOLA' et 'OLAT sont composés des mêmes lettres).<br />

Et sache que tout sacrifice de 'Ola/holocauste évoque la dimension de Léa, etc. C’est<br />

<strong>pour</strong>quoi le sacrifice Perpétuel vient en opposition avec elle, <strong>pour</strong> atténuer la rigueur de<br />

ses jugements, afin d’empêcher le ver impur d’exercer son emprise, et <strong>pour</strong> que<br />

« TOLA' » se retourne en « 'OLAT ».<br />

Il est écrit : Olat Tamid/holocauste perpétuel. En effet, Tamid (444) a <strong>pour</strong> valeur<br />

numérique celle de quatre Alef (4 fois 111 = 444, permettent au Tamid de maintenir les<br />

quatre Alef dans la sainteté de façon à adoucir les jugements) que Léa prend, etc. Tout<br />

ceci est expliqué dans le Pri Ets ‘Haïm, Chaar Hakorbanot, chapitre 4. Regarde bien làbas,<br />

et en étudiant méticuleusement, tu verras que tout ceci est explicité dans la<br />

présente Torah.<br />

Il y est rapporté que les opposants, qui offensent ceux qui craignent Dieu, émanent des<br />

Alef effondrés, et que les Alef de la sainteté correspondent à Léa. Mais chez eux (les<br />

opposants), ceci se dégrade dans la dimension : « Est-ce trop peu <strong>pour</strong> vous de<br />

lasser/hALOt les hommes, que vous vouliez encore lasser/tiLOU Dieu ? » (Isaïe 7:13),<br />

comme s’ils fatiguaient/LOÉ, le Saint béni soit-Il (<strong>pour</strong> le décourager) d'apporter Son<br />

aide (à ceux qui servent Dieu), etc. En effet, chez eux, LÉA devient LOÉ (lassée, fatiguée),<br />

car ils puisent (leur vitalité) des jugements rigoureux appartenant à Léa, où s'accrochent<br />

les écorces les plus dures, comme l’idolâtrie mentionnée plus haut. C’est ce qui est<br />

327


expliqué dans cet Enseignement(qui spécifie) qu'ils tombent dans les hérésies, dans<br />

l’idolâtrie, voir sur place.<br />

Et la réparation (est possible avec) : « Je suis un ver et non un homme (l'opprobre des<br />

gens, objet de mépris <strong>pour</strong> le peuple). » (Ps. 22,7), autrement dit, grâce à la notion de ver<br />

de la sainteté qui domine le ver de l’écorce. Ceci est mentionné plus haut dans cet<br />

Enseignement (voir chap. #2), en tant que "notion d'Avraham". Il est effectivement<br />

expliqué dans les Kavanot que le ver de la sainteté, lié à Olat Tamid (sacrifice perpétuel)<br />

correspond au Hessed/Bonté, à Avraham, au Hessed/Bonté qui est dans la<br />

Guevoura/Rigueur. C'est ce qui est désigné dans cet Enseignement: « Par les forces du<br />

salut de sa droite » (Ps. 20 :7), c'est-à-dire la dimension Hessed/Bonté (droite) qui est<br />

dans la Guevoura/Rigueur (forces).<br />

C'est aussi (la notion) présentée là-bas, selon laquelle l'essentiel de la réparation est<br />

atteint en offrant l'hospitalité chez soi à des érudits en Torah, cela est considéré comme<br />

si l'on apportait des sacrifices perpétuels/Tamid (chap. 3). En effet, « Tamid » a <strong>pour</strong><br />

valeur numérique quatre fois Alef (voir note 2), or l'essentiel de la rectification se fait<br />

par la dimension du sacrifice perpétuel, dont la valeur numérique égale celle de quatre<br />

Alef. Grâce à cela, les Alef sont rétablis, et l'on mérite la dimension de ver/Tola' de<br />

sainteté, liée à celle d’Olat Tamid, de l'ordre de "(Tu donneras la vérité à Yaakov,) la<br />

bonté à Avraham" (Michée 7,20).<br />

Consulte cet Enseignementet les Kavanot avec beaucoup d’attention, et tu comprendras<br />

comment toutes les intentions relatives à la section du sacrifice perpétuel (du rituel de<br />

prières) sont inclues dans cette Torah. Observe bien, et tu comprendras des merveilles.<br />

TORAH 29<br />

Chavouot 5566<br />

Les Sages d’Athènes dirent : « Cet homme qui est allé chercher une épouse qu'on ne<br />

lui a pas accordée. Pourquoi est-il allé ensuite en chercher une de rang supérieur ?<br />

(Pour leur répondre) Il (Rabbi Yehochoua ben 'Hanina) prit une cheville et tenta de<br />

328


l’enfoncer dans le bas du mur, mais sans succès. Il essaya alors de l’insérer plus<br />

haut, et cette fois-ci, elle entra. Il dit alors : « Celui-ci aussi peut trouver la femme qui<br />

lui est destinée. » (Bekhorot, 8b).<br />

Commentaire de Rachi: Une de rang supérieur – Née d'une famille plus noble. Il le<br />

questionne en disant : « Si on lui a refusé la première, on lui refusera a fortiori celle-ci. »<br />

Une cheville – un piquet. L'enfoncer – Il baissa sa main à un endroit du mur sans trou,<br />

et ne put l'enfoncer. Plus haut… elle entra – Il éleva sa main et le planta là où il y avait<br />

un trou et il s'enfonça.<br />

1- On ne considérera pas toutes les paroles comme étant des paroles. En effet, si une –<br />

parole n’est ni entendue ni reçue, elle ne se qualifiera pas en tant que parole, mais sera<br />

de la catégorie citée dans le verset : « Pas de discours, pas de paroles, leur voix ne se fait<br />

pas entendre » (Ps. 19:4). De plus, la raison majeure, <strong>pour</strong> laquelle une parole est reçue,<br />

vient du « bien » qui est en elle, car tout le monde recherche le bien. De ce fait, lorsqu’il y<br />

a du bien dans une parole, celle-ci est entendue et acceptée. En revanche, lorsqu’il n’y a<br />

pas de bien dans une parole, celle-ci n’est pas acceptée. Et comment peut-on faire (en<br />

sorte qu'il y ait) du bien dans la parole ? Lorsque l’on tire la parole depuis la<br />

Connaissance, elle contient alors du bien. Par contre, lorsque la parole est privée de<br />

connaissance, le bien en est absent, comme il est écrit : « Si l’esprit d’une personne n’est<br />

pas empreint de connaissance, ce n’est pas une bonne chose » (Prov. 19:2). L’esprit<br />

correspond ici à la parole, comme il est écrit (à propos de la création de l'homme) : « Il<br />

devint une âme vivante », que le Targoum traduit par « une âme parlante » (Béréchit 2:7).<br />

2- La construction et l'élévation de la Connaissance se fait par l’éloge des Justes. Ainsi,<br />

lorsque l’on exalte et glorifie les Justes, grâce à cela la Connaissance se voit élevée, ce qui<br />

correspond à : « Comme l’aigle veille sur son nid » (Dévarim, 32:11). "L’aigle, c'est<br />

l’esprit" (Tikoun 3) et cela correspond au "Juste", comme il est écrit : « Un homme doté<br />

d’un esprit (divin) » (Bamidbar 27:18). « Veille sur son nid », c'est celui qui réveille les<br />

cerveaux de leur torpeur, c’est-à-dire de leur « étroitesse d'esprit » (Mo’hine dé<br />

Katnout), de leur "sommeil". Son nid/KiNo, renvoie au verset : « Qui acquiert/KNé la<br />

sagesse, acquiert/KNé la compréhension » (Prov. 4:5), qui sont les cerveaux.<br />

Même les anges, lorsqu’ils souhaitent produire une parole qui sera entendue et acceptée<br />

parmi eux, comme dans : « Qui font Sa Parole <strong>pour</strong> entendre la voix de Sa Parole » (Ps.<br />

329


103:20), commencent (d'abord) par louer et exalter le Saint béni soit-Il, qui est, par<br />

excellence, le Juste du monde, ainsi qu’il est écrit : « L’Éternel est juste dans toutes Ses<br />

voies » (idem, 145:17). C’est par cela (en louant et exaltant) que la parole s'élabore (<strong>pour</strong><br />

accéder à) la dimension : « Pour entendre (la voix de Sa Parole) ». C'est (ce que dit le<br />

début du verset) : « Bénissez l’Éternel, vous Ses anges (héros puissants qui exécutez Ses<br />

paroles ; attentifs au son de Sa parole) » (idem, 103:20), qui révèle la louange qu'ils<br />

adressent préalablement au Saint béni soit-Il, Juste du monde. Ensuite, grâce à cela : « Ils<br />

font Sa Parole <strong>pour</strong> entendre la voix de Sa Parole », autrement dit, ils élaborent la parole<br />

de sorte qu'elle soit entendue et acceptée (en louant le Juste du monde, ils Lui<br />

permettent de mettre du bien dans leurs paroles qui deviennent entendues et<br />

acceptées).<br />

3- Tel est le niveau "vêtements blancs", désignant la réparation de la parole, qui<br />

correspond au concept de "Royauté par la bouche/Malkhout Pé" (voir l'introduction du<br />

Tikouné Hazohar), qui correspond aux "vêtements blancs". En effet, l'homme doit faire<br />

très attention (à ses) vêtements qu'il ne doit pas mépriser, mais (au contraire) les garder<br />

comme il convient afin de les préserver de la moindre tache ou souillure.<br />

Et, plus une personne est grande, plus elle doit veiller à ses habits, car plus grande est<br />

une personne, plus méticuleusement elle sera examinée (par les autres). Cela explique<br />

<strong>pour</strong>quoi "un érudit en Torah qui porte un vêtement taché est passible de mort (Chabat<br />

113), on se montre beaucoup plus pointilleux avec lui. En fait, les vêtements eux-mêmes<br />

le jugent, selon le principe "la loi du Royaume (est la loi)" (Dina DeMalkhouta –Nedarim<br />

28a), puisque les vêtements correspondent à la dimension "royauté". Rabbi Yo’hanane<br />

(Ce Tana représentait l'autorité de la Torah après la destruction du second Temple)<br />

assimilait ses habits à sa gloire (Chabat 113a), car il représente la dimension "Royauté",<br />

la dimension « Roi de Gloire » (Psa, 24:8). Les vêtements représentent (également) la<br />

dimension « Justice est la Royauté sainte » (Pata’h Eliyahou), qui est la dimension des<br />

habits, comme : « Je me suis revêtu de justice » (Job, 29:14). Quant à celui qui les méprise,<br />

il est donc considéré comme rebelle à la royauté et de fait, "Dina DéMalkhouta" (la loi du<br />

royaume…) applique son jugement.<br />

De la sorte, il (celui qui dénigre ses vêtements) crée une séparation entre le Saint béni<br />

soit-Il et Sa Présence divine, qui correspond à « Le serpent la ('Hava) séduisit et la<br />

souilla » (Zohar III, 79a), à la dimension "sang des menstruations" et à : « Pourquoi ce<br />

330


ouge sur ton vêtement » (Isaïe, 63:2). Et telle est la notion de tache et de souillure<br />

trouvée sur son habit, par laquelle la Royauté, dont nous avons déjà parlé, qui est la<br />

"Présence de Sa force", se sépare du Saint-béni-soit-Il. Dès lors, « Il pousse de violents<br />

rugissements <strong>pour</strong> le lieu de Sa Résidence » (Jérémie, 25:30), <strong>pour</strong> (Rachi : Il pleure la<br />

destruction du Temple et l'exil de la Présence divine -) Sa Résidence (Zohar III, 74b).<br />

C’est alors que la « servante mauvaise », qui est la royauté de l'"Autre côté" (du domaine<br />

du Mal) prend le pouvoir, de même que : « La servante, lorsqu’elle supplantera sa<br />

maîtresse » (Prov. 30 :23), qui désigne la "femme mauvaise" et la notion de "temps<br />

mauvais". Il existe en effet "28 temps", (14) temps <strong>pour</strong> le bien et (14) temps <strong>pour</strong> le<br />

mal.<br />

Il faut donc soumettre la servante mauvaise appelée "temps <strong>pour</strong> le mal", comme il est<br />

dit : « En tout temps, tes vêtements seront blancs » (Kohélet 9:8) ; « En tout<br />

temps » précisément. « Tes vêtements seront blancs », c’est-à-dire sans taches, équivalent<br />

à la dimension de « purification de la Présence divine de son état d’impureté<br />

menstruelle », à la dimension « sang qui se décompose et qui se transforme en lait »<br />

(Békhorot 6b et Nida 9). Ainsi, les méchants, avec leurs fautes, sont à l’origine de la<br />

dissociation entre le Saint béni soit-Il et Sa divine Présence, car ils entraînent une<br />

impureté menstruelle, au point qu'Elle est appelée "ville de sang" (Na’houm 3:1). Pour la<br />

même raison, les méchants sont appelés "hommes de sang" (Ps. 55:24).<br />

En effet, les trois cent soixante-cinq commandements négatifs dépendent des trois cent<br />

soixante-cinq vaisseaux sanguins par lesquels circule le sang. Au commandement négatif<br />

qu'ils transgressent correspond un (type de) sang des menstrues <strong>pour</strong> la Présence<br />

divine, car il existe différents types de sang (Nida 19). On doit donc adoucir ces sangs en<br />

réparant les commandements négatifs (corrompus) correspondants aux vaisseaux<br />

sanguins, en y introduisant la blancheur, selon le principe : « Le sang se décompose et<br />

devient du lait ». Tel est le sens des mots : « À tous moments, tes vêtements/BéGaDékha<br />

devront être blancs » — dans tes vaisseaux sanguins/BéGuiDékha précisément, en y<br />

introduisant la blancheur.<br />

4- Mais rectifier chaque faute en particulier, alors qu’elles sont très nombreuses, est une<br />

tâche accablante <strong>pour</strong> l’homme, voire impossible à réaliser. Il y a en effet<br />

d'innombrables détails et cas particuliers (à prendre en compte) <strong>pour</strong> chacune des<br />

transgressions. Il convient donc de réparer les vaisseaux sanguins/GuiDim dans leur<br />

331


globalité, de même que : « Il vous a dit/vayaGueD Son alliance » (Dévarim, 4:13). Dès<br />

lors, grâce à la réparation de l’Alliance, qui englobe la totalité des vaisseaux sanguins,<br />

tous les commandements négatifs transgressés se trouveront corrigés, et la blancheur<br />

leur sera amenée. De ce fait, les vaisseaux sanguins, dans leur globalité, qui<br />

correspondent à l’Alliance sainte, sont appelés "Chadaï", voir plus haut Torah 11,3 qui<br />

signifie (Voir Rachi sur Genèse 49.25) qu'« il projette/Chadei et tire comme une flèche »<br />

blancheur et réparations vers chacun des détails (vers chaque partie altérée par la faute)<br />

selon ses besoins, y compris dans les endroits les plus étroits et les plus fins. Il existe en<br />

effet des endroits si étroits et si fins qu'aucune réparation ne <strong>pour</strong>ra les atteindre<br />

exceptée la réparation globale/Tikoun Haklali qui projette la blancheur et les<br />

rectifications vers les endroits étroits/TSaRim et fins, au sens de : "Et le Dieu Chadaï sera<br />

avec toi dans ta détresse/béTSaRékha" (Job, 22:25). Cela signifie qu’il tire (comme une<br />

flèche) des réparations vers les endroits les plus étroits/TSaRim et les atteint (avec<br />

précision).<br />

C’est en ce sens également que l’Alliance est appelée « éclat du firmament », car avant la<br />

réparation, le ciel appartient à la catégorie : « Les cieux révèleront sa faute » (Job, 20 :27).<br />

Mais après la réparation, l’Alliance fait briller et purifie le firmament. Cela correspond au<br />

"cordon de laine cramoisi" qui les blanchit de leurs fautes rattachées aux (transgressions<br />

des) trois cent soixante-cinq commandements négatifs (Yoma 67 et 68) et qui influe de la<br />

blancheur aux 365 vaisseaux sanguins, jusqu'à la notion de « A tous moments, tes vêtements<br />

seront blancs » (ce qui rappelle le lien entre Vaisseaux/GuiDim et vêtement/beGuaDim : les<br />

vêtements doivent toujours être blancs, de même, la réparation générale "blanchit" les<br />

vaisseaux de leurs fautes).<br />

En effet, toute blancheur/LaVNounit descend du cerveau, comme : « S’écoulent du<br />

Liban/LéVaNone » (Can, 4:15, qui est interprété comme) blanc du cerveau (Zohar Pin’has<br />

235b). C’est donc en réparant l'ensemble des vaisseaux sanguins que le cerveau s’élève, à la<br />

dimension de (Dévarim 32:11) : « Comme l’aigle veille sur son nid (plane sur ses oisillons…)<br />

». « L’aigle », c’est l'esprit, qui inclue tous les vaisseaux sanguins (comme expliqué plus<br />

haut), de l'ordre de (Josuéué 2:11, voir Zeva'him 116) : « L’esprit ne s’est plus levé sur aucun<br />

homme ». « Veille sur son nid/KiNo », car il éveille : « Qui acquiert/KeNe la Sagesse,<br />

acquiert/KeNe la Compréhension » du sommeil (comme nous l'avons vu, lorsqu'une<br />

personne faute, elle descend à un niveau sommeil, étroitesse d'esprit).<br />

332


(La suite du verset s'explique ainsi :) « Il plane sur ses oisillons/GOZaLav » – il plane et<br />

protège les cerveaux qui avaient été volés/niGZaLin, comme : « Qui vole/GOZeL, son père et<br />

sa mère » (Pro, 28:24), qui sont (deux) cerveaux : le père dans la Sagesse/'hokhma (Meguila<br />

13), la mère dans la Compréhension/bina.<br />

Cela fait allusion à : « Le bébé tête les seins (seins/CheDei rappelle le nom divin ChaDaï) de<br />

sa mère » (Berakhot 3a).<br />

"Le bébé", c'est l'"étroitesse d'esprit", il doit être nourri et élevé dès son plus jeune âge au<br />

moyen de la "réparation générale/Tikoun Haklali", qui projette/ChaDeï et tire comme une<br />

flèche.<br />

"Sa mère" renvoie à l’Assemblée d’Israël comme il est écrit : « Ne dédaigne pas ta mère qui<br />

vieillit » (Prov. 23:22), que Rachi (idem, 1:8 et Berakhot 54a) explique ainsi : « ta mère c'est<br />

l’Assemblée d’Israël », car toutes les réparations s'y rassemblent et y sont inclues.<br />

L'essentiel du rapprochement d’Israël vers son Père qui est au Ciel, c'est par la réparation<br />

de l’Alliance. Pour cela, le principal dans le rapprochement d'Israël vers son Père qui est au<br />

ciel est à associer à : « Je vous ai portés sur les ailes des aigles et Je vous ai rapprochés de<br />

Moi » (Chémot 19:4). « L’aigle », c'est la réparation générale/Tikoun Haklali, qui est de<br />

l'ordre de : « Il vous dit Son Alliance », comme indiqué plus haut. De cette manière,<br />

précisément (se réalise la suite du verset :) « Et Je vous ai ramené à Moi ». Car en effet, ils se<br />

sont rapprochés de Lui, béni soit-Il et l'essentiel du rapprochement vers le Saint béni soit-Il<br />

s’opère par la réparation de l’alliance.<br />

5- De cela dépend la subsistance (reçue) sans peine, qui correspond au « Pain du<br />

ciel » (c'est-à-dire la manne, Exode 16:4). Autrement dit, (la subsistance reçue sans<br />

peine) dépend de la réparation générale/Tikoun Haklali qui n'est autre que la réparation<br />

de l’Alliance, comme (Prov. 30 :19) : « La voie de l’aigle est dans le ciel » (ceux qui<br />

parviennent à réparer l'alliance – "l'aigle"– obtiennent la subsistance sans peine, elle est<br />

réservée à ceux qui gardent l'alliance).<br />

Tel est (l'enseignement du Zohar) : "La manne était semblable à la graine de<br />

coriandre" (Bamidbar 11:7). "Graine de coriandre ", c'est la goutte blanche (semence<br />

humaine) (Tikounim, 21, 52b). Il est donc question ici de la dimension (Cant. 4:15) : «<br />

S’écoulent du Liban », qui fait référence au perfectionnement de l’Alliance dont dépend<br />

333


la subsistance (obtenue) sans peine, à l’image de la manne, « pain du ciel », comme nous<br />

l'avons vu.<br />

Car les moyens de subsistance (obtenus) dans la peine et la difficulté résultent d'une non<br />

réalisation de la réparation générale/Tikoun Haklali, qui est le perfectionnement de<br />

l’Alliance. « Si la pauvreté <strong>pour</strong>suit celui qui gaspille des miettes de pain, (elle<br />

<strong>pour</strong>suivra) à plus forte raison celui qui gaspille les miettes de son cerveau » (nous dit le<br />

Zohar III, 244a).<br />

Tel est le sens du verset : « Vous ne mangerez pas sur le sang (Vous ne vous livrerez<br />

pas aux présages ni à l'astrologie) » (Vayikra 19:26). C'est parce qu'à cause du sang,<br />

qui est <strong>pour</strong> ainsi dire l'effet des menstruations de la Présence divine, comme il y est fait<br />

allusion dans : « une ville de sang », et « Pourquoi du rouge sur tes vêtements ? » ainsi que<br />

dans : « celui qui porte un vêtement taché (etc.) ». En d'autres termes, le dommage causé<br />

à l’Alliance qui correspond à l'altération générale des vaisseaux sanguins et à la souillure<br />

des habits, entraîne : « Vous ne mangerez pas (sur le sang) », qui renvoie à la<br />

subsistance acquise dans la peine.<br />

C'est également (ce qu'implique la suite du verset) : « Vous ne vous livrerez pas aux<br />

présages ni à l'astrologie ». Car ces pratiques amènent à la notion : « Le serpent la<br />

séduisit », ainsi qu'à la domination de "la servante mauvaise", qui est : « un temps<br />

mauvais » (voir chap. #3). Ainsi, « Vous ne vous livrerez pas aux<br />

présages/téNa’HaCHou » consiste à ne pas provoquer, à Dieu ne plaise, « Le<br />

serpent/Na’HaCH la séduisit, etc. », comme nous l'avons expliqué.<br />

« Ni à l'astrologie/té'ONénou », au sens de temps et de période/'ONa, consiste à ne pas<br />

provoquer la domination des "temps mauvais" de parmi les vingt-huit temps, comme<br />

nous l'avons vu plus haut.<br />

C'est aussi ce que Yaakov demanda (à Dieu après la vision de l'échelle) : « Donne-moi du<br />

pain <strong>pour</strong> manger et un vêtement <strong>pour</strong> m’habiller » (Bér. 28:20), car l’un et l’autre sont<br />

liés. La subsistance dépend de la notion de "vêtements blancs". Ce qui est évoqué<br />

dans : « Manger en abondance et se vêtir de façon somptueuse » (Isaïe 23:18).<br />

Yaakov a attiré la dimension "blancheur", comme on le voit dans (Bér. 30 :37) : « En<br />

mettant à découvert la blancheur ». Il y parvint grâce à la «réparation générale/Tikoun<br />

Haklali », comme il est écrit: « Les prémisses de ma vigueur » (ibid, 49:3, à propos de son<br />

aîné Réouven qui est né de sa première émission séminale). C'est à son sujet (Yaakov)<br />

334


qu'il est écrit : « Il résidait sous la tente » (ibid, 25:27). Ce verset fait allusion au ciel,<br />

comme il est écrit : « Il déploie les cieux comme une tente <strong>pour</strong> Sa résidence » (Isaïe<br />

40 :22). Il y est question de la dimension de : « La voie de l’aigle dans le ciel », de : «<br />

l’éclat/ZoHaR, étincelant du ciel » et de « cordon cramoisi/ZéHoRit », qui « blanchit leurs<br />

fautes », ainsi que du sang des 365 vaisseaux sanguins, comme l'évoque : « (Vos péchés,)<br />

s’ils sont rouges comme le cramoisi, ils deviendront blancs comme la laine » (Isaïe, 1:18).<br />

6- Tant que l’homme n’a pas procédé à la « réparation générale/Tikoun Haklali », et que<br />

la Présence divine reste au niveau : « Pourquoi du rouge sur tes habits ? », qui renvoie au<br />

sang des menstruations, alors la parole est interdite, comme le suggère le verset : « Je<br />

suis resté muet/DouMiya » (Ps. 39:3). Comme si, de ce sang/DaMim s'est développé<br />

l'aspect "mutisme/DouMiya". En effet, l'essentiel de la parole dépend de la "réparation<br />

générale/Tikoun Haklali" qui évoque le verset : « Il vous a dit Son Alliance », comme nous<br />

l’avons vu.<br />

Ceci est évoqué dans le Zohar (III 79a, 105b) : « Après la mort de Rabbi Chimon, chaque<br />

disciple disait à son collègue (Kohélet 5:5) : "Ne permets pas à ta bouche de faire fauter ta<br />

chair" » (Zohar III 79a, 105b). En effet, Rabbi Chimone (Berechit Raba, 35,2) incarnait<br />

l'Arc de l’Alliance, de l’ordre de : « Il vous a dit/vayaGUeD Son Alliance », c’est-à-dire<br />

l’ensemble des vaisseaux sanguins/GUiDin. Donc, en l’absence de "réparation globale", la<br />

parole est interdite, comme « Je suis resté muet » et « Ne permets pas à ta bouche etc. »,<br />

comme nous l'avons vu. De plus, celui qui parle sans "réparation globale", enfreint<br />

l’interdiction suivante : « Ne va pas colporter de commérages parmi ton peuple » (Vayikra<br />

19:16), et s'apparente à (Prov. 11:13) : « Celui qui colporte des commérages divulgue un<br />

secret ».<br />

Par contre, « à l’époque de Rabbi Chimon, chaque disciple disait à son collègue : "Ouvre<br />

ta bouche"» (Zohar Id.), car en présence de la "réparation globale", qui est l'Arc de<br />

l’Alliance (incarné par Rabbi Chimon), la parole devient permise. En effet, le sang a été<br />

purifié (blanchit), comme dans : « Le sang se décompose et se transforme en lait » et « A<br />

tous moments, tes vêtements seront blancs ». C’est la signification de : « De la sorte Te sera<br />

chantée la Gloire et ne se taira pas » (Ps. 30 :13). « La Gloire » correspond aux vêtements,<br />

comme nous l’avons vu, qui ont été blanchis de leur état de « Pourquoi du rouge/aDoM<br />

sur tes vêtements », comme le "sang/DaM de menstruations". Dès lors, elle « ne se taira<br />

pas/vélo yiDoM », car la blancheur/LaVNounit est amenée dans le sang, comme : « Et<br />

335


s’écoulent du Liban/LéVaNone », comme nous l'avons vu, et la parole devient permise, ce<br />

qui correspond à "ouvre ta bouche".<br />

7- Cela est à rapprocher de la notion d'épilepsie, à Dieu ne plaise. Lorsque le sang<br />

s'intensifie et gicle vers le cerveau, et par cela, provoque une pression dans les cerveaux.<br />

Cette pression dans les cerveaux provoque un tremblement des membres. Car le cerveau<br />

est le « chef des armées », et lorsque l'ennemi atteint le chef, toutes ses armées se<br />

mettent à trembler, car tous sont dépendants de lui. Dès lors, la Présence divine chute, à<br />

Dieu ne plaise, comme dans (Amos, 9:11) : « La Souka de David qui tombe ».<br />

Mais comme nous l'avons vu, la "réparation globale" réveille les cerveaux et fait venir la<br />

blancheur dans les vaisseaux sanguins, comme : « A tous moments, tes vêtements seront<br />

blancs ». (La "réparation globale") a donc un effet thérapeutique sur l'épilepsie. Dès lors<br />

(Amos, 5:2) : « Certes elle est tombée, mais elle ne continuera pas. Relève toi, vierge<br />

d'Israël ! », la parole devient alors permise, comme dans « Ouvre ta bouche ».<br />

C’est là le sens de « Ne va pas colporter etc, et tu ne te tiendras pas debout près du sang de<br />

ton prochain » (Vayikra 19:16). « Ton prochain » fait allusion aux cerveaux, qui sont<br />

comme « deux amis qui ne se séparent pas » (Zohar III 4b). Lorsqu'ils ne sont pas réduits<br />

au silence ou empêchés d'accomplir leur rôle, du fait de l'accroissement du sang qui<br />

faisait pression sur eux, grâce à cela, tu n'enfreindras pas l'interdiction « Ne va pas<br />

colporter », car la parole devient alors permise, comme <strong>pour</strong> : "Ouvre ta bouche" et : "A<br />

l'époque de rabbi Chimon etc."<br />

8- Telle est la dimension de : « Car le vin est traître » (‘Habakouk 2:5). "Traître/boGUeD"<br />

renvoie aux vaisseaux sanguins/GUiDim dont nous avons parlé plus haut. Car (le vin a<br />

des effets :) « Celui qui colporte des commérages divulgue un secret » (Proverbes 11,13),<br />

ou « Le vin entre, le secret sort » (Sanh. 38a). Le vin correspond aux vaisseaux sanguins,<br />

(et plus précisément) à l'accroissement (de la pression) du sang, comme dans ce verset<br />

(Prov. 23:31) « Ne regarde pas le vin qui devient rouge/yitaDaM », (que l'on comprend<br />

ainsi, Sanh. 70b) : « Car il deviendra sang/DaM » (Ne désire pas le vin car à la fin il<br />

amène le sang).<br />

C’est en ce sens qu’il (le vin) est appelé « tiRoCH ». Et nos Sages, de mémoire bénie, en<br />

ont déduit : « S’il est méritant, il devient tête/RoCH, s’il n'est pas méritant, il devient<br />

pauvre/RaCH » (Yoma 77b). Autrement dit, lorsqu’il n'est pas méritant/ZaKha, c'est<br />

336


qu’il ne purifie/ZaKhekh pas le sang. Il devient pauvre puisqu'il se voit privé du pain du<br />

ciel, comme nous l’avons vu. En revanche, s’il est méritant/ZaKha (il purifie/ZaKhekh le<br />

sang), il devient tête, ce qui correspond aux cerveaux, c'est-à-dire (plus précisément) au<br />

fait d'attirer la blancheur depuis les cerveaux, comme : « S’écoulent du Lévanon », comme<br />

nous l'avons vu.<br />

9- Cela fait référence (également) à la notion de "commerce (effectué) avec foi". Car celui<br />

qui ne commerce pas avec foi s'enlise dans la cupidité, vole son prochain, et ainsi réveille<br />

le sang comme nous l'avons vu, au niveau de : « Pourquoi du rouge sur tes vêtements ? »<br />

et provoque le sang de menstruation/NiDaH de la Présence divine. Tel est le sens du<br />

verset : « Et leur or sera refoulé/NiDaH » (Ezéchiel, 7:19). C'est ce dont il est question<br />

dans : "Sangs : deux significations" (Méguila 14b, cf. ‘Hidouché Agadot Chabat 139). C’est<br />

<strong>pour</strong> cela que le vol est nommé comme "vêtement", comme il est écrit : "Les traîtres<br />

trahiront, et le vêtement des traîtres sera trahi" (Isaïe 24.16). Il s'agit de l'atteinte aux<br />

vêtements dont nous avons parlé plus haut, de l'ordre de "une tache a été trouvée sur son<br />

vêtement". C'est en ce sens que Yonathan traduit ce verset (d'Isaïe précité, commenté<br />

dans Sanhedrin 94a) : "Le pays sera pillé et les pilleurs seront pillés". Il s'agit de la<br />

cupidité, car (Kohelet Raba 1,34) : "Plus (le cupide) s'enrichit, plus il convoite encore".<br />

La réparation du commerce s'opère essentiellement ainsi : on doit avoir l'intention, dans<br />

chacun des déplacements que l'on entreprend <strong>pour</strong> le commerce et dans chaque parole<br />

par laquelle on va négocier <strong>pour</strong> le commerce, on doit avoir l'intention que le bénéfice<br />

servira à donner la charité. Et cela entre dans la catégorie "réparation globale/Tikoun<br />

Haklali" du sang (ou de l'argent). Car la charité correspond à l'ensemble des vaisseaux<br />

sanguins, comme dans : « Semez/ZiR'ou <strong>pour</strong> vous-mêmes la charité » (Osée, 10 :12) qui<br />

fait référence à « ZéRa'/semence de coriandre » (la manne) qui est la goutte blanche.<br />

Cette réparation a <strong>pour</strong> effet d’élever les cerveaux, comme : « Un cerveau aussi blanc que<br />

l’argent » (Tikounim 70, 129a).<br />

C’est <strong>pour</strong> cela que le commerce s'appelle « Massa OuMatane » (littéralement : porter et<br />

donner), en considération à son aptitude à réparer la dimension "vêtements" et celle de<br />

"sangs/argent" dont nous avons parlé.<br />

« MaSsa/porter » correspond à : « Car mes fautes sont montées par-dessus ma tête, et<br />

comme un poids lourd/MaSsa, elles pèsent sur moi » (Ps. 38,5). Il s'agit des 365<br />

commandements négatifs dont nous avons parlé, qui submergent la "tête", c'est-à-dire<br />

337


les cerveaux, comme : « Tu ne te tiendras pas debout près du sang de ton prochain »<br />

comme nous l'avons vu. Il est donc question de l'atteinte aux vêtements, comme nous<br />

l'avons vu.<br />

C’est <strong>pour</strong>quoi le verset répète « Comme un poids lourd elles pèsent/KaVeD yiKhBeDou<br />

», en référence à la dimension du Roi de Gloire/KaVoD, rappelée auparavant. "KaVeD"<br />

(qui signifie à la fois « lourd » et « foie »), renvoie au sang, car le foie est rempli de sang,<br />

et il rappelle le sang des menstruations.<br />

« MaTaNe/donner » correspond à la « réparation générale/Tikoun Haklali », assimilée à<br />

la charité/TSeDaKa, comme il est écrit : « Le don/MaTaNe de l’homme l’élargira » (Prov.<br />

18:16). Il s'agit de l'arc d’Alliance personnifié par le Juste/TSaDiK, ainsi qu’il est<br />

écrit : « Le Juste octroie et donne » (Ps. 37:21). Et c'est ce qu'ont enseigné nos Sages, de<br />

mémoire bénie : « " (… une offrande que tu as dit) dans ta bouche" (Dévarim 23:24), c'est<br />

la charité » (Roch Hachana 6a). Alors, la parole devient permise.<br />

10- Voici la règle générale : il faut d’abord s'occuper de la « réparation générale/Tikoun<br />

Haklali » et par cela, tous les cas particuliers seront réparés à la même occasion. Et bien<br />

que la « réparation générale/Tikoun Haklali » soit plus élevée et éminente que la<br />

réparation spécifique de chaque chose, néanmoins, parce que c'est d'elle que dépendent<br />

les réparations spécifiques – c'est-à-dire faire descendre la blancheur du cerveau comme<br />

dans « S’écoulent du Liban » (voir chap. #4), l'élévation du cerveau n'est possible qu'à<br />

travers la « réparation générale/Tikoun Haklali », de même que « … l’aigle veille sur son<br />

nid… » comme nous l'avons vu (chap. 2). Il est dès lors nécessaire d'atteindre d'abord le<br />

plus haut niveau, la « réparation générale/Tikoun Haklali », <strong>pour</strong> réparer et élever le<br />

cerveau. Alors, toute chose se répare d'elle-même, comme expliqué.<br />

Telle est l’explication (de la question des sages d'Athènes) : « Cet homme qui est allé<br />

chercher une épouse qu'on ne lui a pas accordée ». ("Une épouse",) il s'agit de (celui<br />

qui cherche) « La femme qui craint l'Eternel » (Prov. 31,30), autrement dit, de celui qui<br />

par ses péchés, a provoqué une dégradation par ses fautes, et a provoqué le "sang de<br />

menstruation chez la Présence divine, comme nous l’avons vu, de telle sorte que : « Le<br />

serpent la séduisit et la souilla, etc. » (voir chap. #3), causant ainsi une séparation entre le<br />

Saint béni soit-Il et Sa divine Présence.<br />

338


Et « Ils ne lui ont pas accordé » correspond à « « Il pousse de violents rugissements <strong>pour</strong><br />

le lieu de Sa Résidence ».<br />

« Pourquoi est-il allé ensuite en chercher une de rang supérieur ? ». En d'autres<br />

termes, dans sa volonté de purifier la Royauté des sangs (la Présence divine de<br />

son « impureté »), il se dirige vers le niveau supérieur, c’est-à-dire la « réparation<br />

générale/Tikoun Haklali », qui est au-dessus de « La femme qui craint l'Eternel » et qui<br />

correspond à : « Le Juste gouverne par la crainte de Dieu » (Sam. II, 23:3). En effet, le<br />

Juste, qui incarne la dimension de la réparation générale est d'un rang supérieur, et<br />

dirige par la crainte de Dieu. (Cette crainte) correspond à la Royauté, comme il est<br />

écrit : « N’était-ce la crainte de la Royauté (les hommes s'entredévoreraient) » (Maximes,<br />

3:2).<br />

Ainsi : « Il prit une cheville et tenta de l’enfoncer dans le bas du mur ». "Une cheville"<br />

comprend des sortes d'aiguilles et de clous, comme le commente Rachi. Il s'agit des<br />

paroles de la Torah, comme il est écrit : « Les paroles des Sages sont comme des aiguillons<br />

et des clous » (Kohélet 12:11).<br />

« Dans le bas du mur ». Fait référence aux niveaux inférieurs, lorsqu'il n'y a pas de<br />

réparation générale, comme : « A la mort de Rabbi Chimon », lorsque la parole devint<br />

interdite. Alors :<br />

« Mais sans succès », car il était alors impossible de prononcer des paroles de Torah.<br />

« Il essaya alors de l’insérer plus haut, et cette fois-ci, elle entra ». Ce sont des<br />

allusions à : "A l’époque de Rabbi Chimon", qui incarne l'Arc d'Alliance, la réparation<br />

générale, lorsque la parole est autorisée. En d’autres termes, il (Rabbi Yehochoua) leur a<br />

montré qu’il est impossible de réparer la parole sans l’éloge des Justes, car elle (l'éloge<br />

des Justes) est la réparation générale de la parole.<br />

Il en va de même <strong>pour</strong> toute chose. On ne peut (en effet) rien rectifier sans la réparation<br />

générale qui consiste en l'élévation du cerveau, d’où émane toute blancheur, comme vu<br />

plus haut.<br />

Ainsi : « Celui-ci aussi peut trouver la femme qui lui est destinée/Bat maZeLéh » fait<br />

allusion aux cerveaux, comme : « Et s’écoulent/noZeLim du Liban ». En d'autres termes, la<br />

parole n'est qu'un exemple qu'il a choisi <strong>pour</strong> leur montrer (la règle) qu'il est impossible<br />

de rectifier sans la « réparation générale ». Preuve en est qu'à l’époque de Rabbi Chimon,<br />

la parole était bien établie et fonctionnelle, et que dès la disparition (de Rabbi Chimon),<br />

339


il est dit : « Ne permets pas à ta bouche (de faire fauter ta chair) ». C'est (de cet exemple)<br />

dont il s'agit dans : « Il tenta de l’enfoncer dans le bas ».<br />

Mais de la même manière, chaque chose devra être rectifiée selon la réparation générale<br />

qui lui est appropriée. Le commerce (sera réparé) par la charité. Il en va de même <strong>pour</strong><br />

toute chose. Chacune doit être rectifiée par la réparation générale qui lui correspond. On<br />

doit élever les cerveaux, attirer de là la blancheur, et réparer et blanchir toutes les<br />

taches. Mais ceci ne peut être accompli que par la réparation générale, comme nous<br />

l’avons vu.<br />

Tel est donc le sens de : « Celui-ci aussi peut trouver la femme qui lui est destinée/Bat<br />

maZeLéh », faisant référence à « S’écoulent/noZeLim du Lévanone/LeBaNoN », depuis le<br />

blanc/LiBouNa du cerveau, comme nous l'avons vu.<br />

(Tout cela fait allusion aux mots) « La langue du juste, c’est de l’argent de choix (Prov. 10,<br />

20) ».<br />

En rapport avec la section 8:<br />

Le vin est nocif <strong>pour</strong> une femme dont le sang menstruel est abondant et qui n'a pas de<br />

règles fixes , cela correspond à : « le vin quand il est rouge », car il se transforme en sang,<br />

de même que « Là où le vin entre, le secret sort ». Malgré tout, sa guérison passe par le vin<br />

qu’un Juste véritable a regardé.<br />

En effet, les yeux correspondent à la dimension des cheveux et aux « sept couches des<br />

yeux » (Tikounim, introduction 12, 13b et Tikoun 70 128a). Ces dernières<br />

correspondent aux « sept boucles de ses cheveux » (Juges, 16:19), et correspondent aux<br />

cerveaux. Plus précisément, les cheveux sont une extension des cerveaux, et<br />

correspondent donc aux « sept boucles/ma’HLéFot », de l'ordre des sept vertus qui<br />

traversent/‘HoLeFim la pensée du cerveau. En effet, la pensée du cerveau dépend des<br />

vertus de l’homme. Plus précisément, les pensées traversent et passent (spontanément)<br />

dans le cerveau de l'homme selon la vertu que l'homme retient (volontairement). Il<br />

s'agit bien des « sept boucles/Ma’HLéFot de sa tête », dans le sens de traverser/‘HoLeF<br />

et passer (spontanément).<br />

Lorsque l’on porte atteinte aux cheveux, la vue s’en trouve altérée car elle s'apparente<br />

aux « sept couches des yeux ». Voilà <strong>pour</strong>quoi il est dit au sujet de Chimchon (Samson)<br />

340


qui porta atteinte aux sept boucles de ses cheveux : « Les Philistins lui crevèrent les yeux »<br />

(ibid, 16:21).<br />

C'est (aussi, à l'inverse) la raison <strong>pour</strong> laquelle les "sept couches des yeux" permettent<br />

de réparer les "sept boucles de sa tête", c'est-à-dire des cheveux comme : « Les cheveux<br />

de sa tête étaient comme de la laine blanche » (Daniel 7:9) et le "cordon de laine<br />

cramoisie" qui blanchit la rougeur des 365 vaisseaux sanguins, de même que : « S’ils<br />

rougissent comme le cramoisi, ils deviendront (blancs) comme la laine ».<br />

Pour cela, la rougeur qui correspondant au sang des menstruations, comme nous l'avons<br />

vu, s'en trouve réparée.<br />

Et c'est cela : « De la détresse/haMeTSaR, je T’invoque » (Ps. 118:5). "Détresse" s'écrit des<br />

lettres inversées du mot laine/TSéMeR, comme il est fait mention dans les Kavanot<br />

(L'explication cabalistique du psaume apparaît dans Chaar Hakavanot, Inyan vaya'avor<br />

6,7 et Ets 'Haïm 13,9). Regarde là-bas et comprends.<br />

TORAH 30<br />

Chabat ‘Hanouca 5567, durant le 3 e repas du Chabat<br />

« Comment moissonne-t-on un parterre de couteaux ? », lui ont-ils demandé. « Avec la<br />

corne d’un âne », répondit-il. « Et depuis quand un âne possèderait-il une corne ? », lui<br />

demandèrent-ils. « Et depuis quand une chose telle qu’un parterre de couteaux, existe-telle<br />

? »<br />

Ils lui apportèrent deux œufs et lui demandèrent : « Lequel provient d’une poule blanche et<br />

lequel d’une poule noire ? » Il apporta à son tour deux fromages et leur demanda : « Lequel<br />

provient d’une chèvre blanche et lequel d’une chèvre noire ? » (Békhorot, 8b).<br />

Rachi : Comment fauche-t-on une rangée de couteaux ? Comment la couper et la tailler ?<br />

1- Il est impossible de parvenir à une perception du divin sans passer par de<br />

nombreuses contractions (simplifications), depuis les causes (principales) jusqu'aux<br />

conséquences (causes secondaires), d’une intelligence supérieure à une intelligence<br />

inférieure. Nous pouvons constater empiriquement que l'on ne peut saisir un concept<br />

élevé sans qu'il soit habillé de concepts inférieurs. Ainsi par exemple, un enseignant, qui<br />

341


souhaite expliquer à un élève une idée profonde, doit habiller cette idée dans une<br />

représentation (plus) élémentaire et simplifiée afin de permettre à l’élève de la<br />

comprendre. Autrement dit, cet enseignant commence par lui présenter des<br />

introductions (préalables) et des notions simples que l’élève est en mesure de saisir, afin<br />

de le préparer à saisir l'idée désirée, à la conception élevée et profonde.<br />

2- Aussi, chacun doit rechercher vivement un enseignant qui possède ce don, qui puisse<br />

lui expliquer et lui faire comprendre un concept aussi sublime et élevé que la perception<br />

de la divinité. En effet, il faut <strong>pour</strong> cela, un très grand Rabbi, capable d’expliquer un<br />

concept tellement profond au moyen de concepts simplifiés comme nous en avons parlé,<br />

de sorte que les petits puissent (eux aussi) le comprendre.<br />

Et plus le disciple est petit (simple) et éloigné de Dieu, béni soit-Il, plus il lui faudra un<br />

grand Rabbi. Par exemple, lorsqu’Israël se trouvait à un niveau extrêmement bas, en<br />

Egypte, plongé dans la quarante-neuvième porte (degré) d’impureté (Zohar ‘Hadach,<br />

39), Israël eut alors besoin d’un grand Rabbi, d'un enseignant particulièrement élevé et<br />

redoutable, c’est-à-dire Moché Rabénou, que la paix soit sur lui. Car plus on est petit et<br />

éloigné (de Dieu), plus on a besoin d’un enseignant (de niveau) élevé. Ce dernier devra<br />

faire preuve d'une telle virtuosité, qu'il <strong>pour</strong>ra habiller un concept aussi élevé que de la<br />

perception de Dieu, béni soit-Il (<strong>pour</strong> en permettre l’approche à une personne) aussi<br />

petite et éloignée que lui. Car plus le malade sera atteint, plus devra être compétent le<br />

médecin (appelé à le guérir).<br />

Voilà <strong>pour</strong>quoi personne ne devra dire : « Il me suffira d’être proche de tel homme<br />

respectable, qui craint de Dieu, quand bien même il ne serait pas d’un niveau<br />

exceptionnel – Puissé-je déjà lui ressembler ! » Ne dis pas cela. Bien au contraire. Certes,<br />

chacun a conscience de l’étendue de son insignifiance et de l'incommensurable distance<br />

qui le sépare de Dieu, béni soit-Il, chacun le reconnaît en son for intérieur, selon son<br />

niveau de connaissance de soi. Cependant, c'est justement la mesure extrême de son<br />

éloignement (de Dieu), évalué par sa propre conscience, qui doit déterminer le niveau<br />

extrême de compétence du médecin qu'il doit rechercher. En l'occurrence, on doit<br />

s'efforcer toujours de rechercher le mérite de s'approcher du très grand Rabbi. En effet,<br />

plus l’on est petit, plus on a besoin d’un grand maître, comme nous l'avons vu.<br />

342


3- Et voici le concept de "cheveux" : ils permettent le dévoilement des lumières des<br />

"cerveaux" (Chaar Hakavanot, drouché hatsitsit 4). De la même façon, l'intelligence<br />

supérieure, que (nécessitent) les perceptions du divin, s'habille-t-elle de l'intelligence<br />

inférieure. C'est ce à quoi correspond : « Un cheveu dans un cercle » (Tikounim 70,<br />

113a), référence aux (nombreux) tours (qu'il est nécessaire d'effectuer, et qui consistent<br />

à tourner autour de la notion supérieure <strong>pour</strong> la cerner). Il est question ici des<br />

introductions qui « tournent » (autour du concept) et permettent en fin de compte<br />

l'accès à (la notion) souhaitée, comme nous l'avons vu.<br />

Mais l’essentiel reste (la notion) visée. Nous en avons trouvé un exemple dans les<br />

paroles de nos maîtres, de mémoire bénie : « Ils l’ont entouré avec des lois jusqu’au<br />

moment où ils sont arrivés sur le sujet de la « rivale de la fille » » (Yébamot, 16a). Toutes<br />

les lois dont ils ont parlé auparavant n'étaient donc pas essentielles dans leur intention.<br />

Elles ne servaient que de stratagème et d'introduction <strong>pour</strong> parvenir à la question<br />

(litigieuse) de la « rivale de la fille », qu'ils souhaitaient (véritablement) aborder.<br />

Telle est la notion de « cheveux noirs » (Tikounim, idem, 111b), qui coïncide avec « Je<br />

suis noire et belle » (Cant. 1:5). En effet, <strong>pour</strong> bien voir, le noir (de l'œil, la pupille)<br />

concentre l'image (visible), et la contracte de façon à permettre une meilleure vision.<br />

Ainsi (par un processus semblable), l'intelligence inférieure correspond à la notion de<br />

"noir" (en ce sens) qu’elle contracte en elle-même, la "belle" et la beauté de l'intelligence<br />

supérieure (qui est ainsi filtrée par le niveau inférieur : « Je suis noire » – au niveau<br />

inférieur « mais belle » – car je reflète le niveau supérieur).<br />

En outre, ces « cheveux/Sé'aRot » correspondent à : « la mesure/Shi'ouRa des lettres de<br />

la Torah » (Tikoun 70). Car les commandements expriment la sagesse du Créateur, béni<br />

soit Son Nom, et chacun des commandements possède des mesures définies et des<br />

limites. C'est par exemple la Sagesse divine qui a déterminé la manière exacte<br />

d'accomplir tel commandement, et c'est également selon la Sagesse divine que tel autre<br />

commandement doit être pratiqué. Chacun des commandements possède ainsi des<br />

lettres, des mots et des modalités qui constituent des mesures et des limites, dans<br />

lesquelles s’est contractée la Sagesse de Dieu, béni soit Son Nom. C’est cela la notion<br />

d’habillement de l’intelligence supérieure dans l’intelligence inférieure donnant le<br />

mérite de percevoir la divinité, comme nous l’avons vu plus haut (#1).<br />

Cette notion est évoquée dans (le commentaire sur la bénédiction d’Avraham qui fut<br />

béni en tout/Bakol) : « Avraham avait une fille/Bat dont le nom était Bakol ». "Bat"<br />

343


correspond à "Bat Aïn"/pupille (de l'œil). Autrement dit, c’est le noir de l’œil, lié à la<br />

notion de « noir » dont nous avons parlé, qui contracte, délimite et englobe l'ensemble<br />

des grandes choses qui se présentent à elle. Par exemple, une grande montagne exposée<br />

devant la pupille, qui est le noir de l’œil, toute cette montagne se retrouve englobée à<br />

l’intérieur de la pupille qui la contemple. Car le noir de l’œil contracte toutes les grandes<br />

choses qui se retrouvent contenues en lui et que l'on peut ainsi voir en lui. C’est de cette<br />

manière que l'on peut contempler et percevoir la chose que l’on voit. Dans le même<br />

ordre d’idées, l’intelligence inférieure rétrécie et délimite le grand intellect (concept)<br />

supérieur, qui se retrouve inclus en elle. Elle permet (donc) de percevoir, de<br />

comprendre et de saisir le grand intellect supérieur, comme nous l'avons indiqué plus<br />

haut.<br />

Cela renvoie également à (Moché lors de la vision du buisson ardant) : « Il lui apparut<br />

dans un jet/LaBat de feu » (Chémot 3:2). Car Dieu, béni soit-Il, voulut habiller en sa<br />

faveur (<strong>pour</strong> Moché) des perceptions divines. Il les habilla <strong>pour</strong> lui selon le principe de<br />

« Bat Aïn » dont nous avons parlé (voir Tikouné Hazohar 6, 11 et 70).<br />

Cela correspond (également) à : « Une fille (née) en premier est un bon signe <strong>pour</strong> des<br />

garçons (à venir) » (Baba Batra, 141a). « Une fille née en premier » fait référence à<br />

l’intelligence inférieure, qui constitue un préambule et une introduction à l’intelligence<br />

supérieure.<br />

Et voici la notion de « Bon signe <strong>pour</strong> des garçons ». « Garçons » correspond à<br />

l’intelligence supérieure. Nos maîtres, de mémoire bénie ont précisé : « Ramène de loin<br />

mes garçons, et des confins de la terre mes filles » (Isaïe, 43:6). « Ramène mes garçons », il<br />

s’agit des exilés de Babylone, (ceux) dont la connaissance est établie comme celle des<br />

garçons (car comme les exilés de Babel, leurs connaissances sont solides et structurées).<br />

"Mes filles", il s’agit des (Juifs) exilés dans les autres contrées, dont la connaissance est<br />

(plus) aléatoire (moins ferme, plus instable), comme (celle) des filles » (Ména’hot 110a).<br />

On en déduit que les garçons correspondent à la notion de connaissance « établie »,<br />

comme la grande intelligence supérieure que nous avons décrit plus haut qui est perçue<br />

grâce à des introductions qui, elles, correspondent à l’intelligence inférieure.<br />

Tel est le sens de "Une fille en premier, etc.", qui représente l’intelligence inférieure. Elle<br />

(une fille) est « un bon signe <strong>pour</strong> des garçons », (car cette intelligence inférieure)<br />

permet de saisir l’intelligence supérieure, associée à la notion de "garçons". Le "bon<br />

signe" s'appelle ainsi car c'est en lui (dans l’intelligence inférieure) que l’intelligence<br />

344


supérieure se trouve désignée et délimitée, comme <strong>pour</strong> « la mesure des lettres de la<br />

Torah », ce qui correspond à « Je suis noire et belle », comme nous l'avons expliqué.<br />

4- Mais on ne peut parvenir à cette intelligence inférieure que si l’on « dé<strong>test</strong>e le profit »,<br />

c’est-à-dire, qu’on ait l’argent en aversion, autant que faire se peut. Car la notion de<br />

« cheveux noirs », qui correspond à (celle d’) intelligence inférieure, appartient au « parti<br />

de la Royauté ». De même, qui exècre l’appât du gain, appartient lui aussi au « parti de la<br />

Royauté » (voir Tikounim 70). En effet, l’intelligence inférieure évoque la Royauté dans<br />

le sens qu’elle correspond à la « Sagesse inférieure » qui existe dans tous les mondes et<br />

qui dirige chacun de ces mondes. Cette aptitude à la direction et à la Royauté équivaut à<br />

la Sagesse et à l'intelligence inférieures, relativement à son aptitude à (permettre de)<br />

percevoir le divin (c.à.d. l'intelligence supérieure).<br />

Voila <strong>pour</strong>quoi, à l’époque (du prophète) Samuel, lorsque les chefs de la génération<br />

tombèrent dans l’appétit du gain, comme il est écrit (à propos des fils du prophète qui ne<br />

marchaient pas sur ses traces) : « Ils recherchaient le lucre » (Samuel I, 8:3). Ils portèrent<br />

aussitôt atteinte à la Royauté de Sainteté (Royauté divine), comme il est écrit (dans les<br />

versets suivants, Dieu déclara) : « C'est moi-même, dont ils ne veulent plus <strong>pour</strong> roi »<br />

(Samuel I, 8:7), et ils réclamèrent "un roi comme toutes les autres nations" (Samuel I, 8:5).<br />

Par contre, à l’époque de Salomon, (où) l’argent était insignifiant (voir Rois I, 10,21), la<br />

Royauté de la Sainteté était convenablement disposée et établie, comme le dit le<br />

verset : « Salomon s’assit sur le trône de l’Éternel » (Chron. I, 29:23), que l'on<br />

interprète : « Il régna sur les êtres supérieurs et inférieurs » (Méguila 11b). C'est <strong>pour</strong>quoi<br />

le roi Salomon obtint le mérite (de parvenir à) l’intelligence inférieure dont nous<br />

parlons, comme il est écrit : « Il devint le plus sage des hommes » (Rois I, 5:11) et « La<br />

sagesse de Salomon était plus abondante que celle de tous les Orientaux » (Rois I, 5:10) car<br />

cette intelligence relève de la Royauté, comme nous l’avons vu plus haut.<br />

A l’inverse, l’appât du gain fait tomber dans la noirceur de « l’autre côté », comme (ce<br />

que représente la planète) "Saturne, l'ustensile noir" (Tikoun 70, pages 124a et 134a),<br />

« la bile noire » (synonyme d'angoisse et d'amertume) et (la malédiction de l’homme<br />

après la faute) : « Tu mangeras ton pain dans la tristesse » (Bér. 3:17). On tombe ainsi<br />

dans les cercles et les tours de « l’autre côté », comme : « Les méchants tournent aux<br />

alentours » (Ps. 12:9). Tout ceci advient lorsque l'on désire et que l'on convoite l’argent,<br />

tel (à propos de la recherche de la manne) : « Le peuple se dispersait/CHaTou <strong>pour</strong> la<br />

345


ecueillir » (Bamidbar, 11:8), que l'on explique (ainsi) : « ils agirent avec<br />

stupidité/CHTout » (Zohar II 62b et 63a), à l'inverse de la Sagesse (comportement de<br />

ceux qu’attire l’argent).<br />

5- Mais celui qui possède une telle Sagesse doit veiller à attirer sur elle de la vitalité afin<br />

de vivifier cette sagesse inférieure, chacun (le fera) proportionnellement (au degré de)<br />

sagesse inférieure qui lui est propre et en fonction de la sagesse inférieure qui est dans<br />

chaque monde. La vitalité provient essentiellement de « l'éclat (lumière) du Visage »,<br />

comme : « La vie se trouve dans la lumière du visage du roi » (Proverbes 16:15). Voilà<br />

<strong>pour</strong>quoi on doit élever la Royauté, liée à la sagesse inférieure, vers « l'éclat du Visage »<br />

qui éclaire lors des Trois Fêtes.<br />

(En voici la démonstration:)<br />

L’essentiel de « l'éclat du Visage » est la joie, comme qu’il est écrit : « Un cœur joyeux<br />

rend le visage serein » (Proverbes 15:13). Et l'essentiel de la joie vient (de<br />

l’accomplissement) des commandements, comme il est écrit : « Les préceptes de l’Eternel<br />

sont droits, ils réjouissent le cœur » (Ps. 19:9). Et la joie réside principalement dans le<br />

cœur, comme il est écrit : « Tu as mis de la joie dans mon cœur » (idem, 4:8).<br />

Les Trois Fêtes sont le cœur de l’année, comme on le voit dans : « Voici les fêtes de<br />

l'Eternel » (Vayikra 23:4) dont les initiales (Elé Mo’adé Y.) forment le mot « IMI/ma<br />

mère » que (nous savons se) rapporter à la Compréhension/Bina. Or, « La<br />

Compréhension correspond au cœur » (Pata’h Eliahou). Ainsi, la joie (ressentie lors de<br />

l'accomplissement) de tous les commandements, durant toute l’année, converge vers le<br />

cœur, c’est-à-dire vers les Trois Fêtes. Voilà <strong>pour</strong>quoi ce sont des jours de joie, comme il<br />

est écrit : « Tu te réjouiras durant tes fêtes » (Dévarim 16:14). Le Visage brille alors, grâce<br />

à la joie, comme : « Un cœur joyeux rend le visage serein » (Prov. 15:13). C’est en ce sens<br />

que nous avons reçu ce commandement : « Trois fois dans l'année, tous tes mâles<br />

paraîtront au Visage de l'Eternel ton Dieu » (Dévarim 16:16), afin de recevoir la Lumière<br />

du Visage.<br />

Cela correspond à : « L'homme est tenu de rendre visite à son maître lors de la fête »<br />

(Souka 27b, littéralement: "de recevoir le visage de son maître"), afin de recevoir la<br />

« lumière du Visage » et de vivifier la Royauté.<br />

Pour cela : « L'équité marche vers Son visage (et il dirigera ses pas/PE'AMav sur la<br />

route). » (Ps. 85:14). « L'équité » correspond à la Royauté sainte (Pata’h Eliahou), que<br />

346


l'on doit conduire jusqu’à « l'éclat (lumière) du Visage ». (Cela se fait) essentiellement<br />

selon : « … il dirigera ses pas/PE'AMav sur la route », autrement dit, à l'occasion de<br />

« Trois fois/PE'AMim dans l’année etc. ». C'est en effet grâce à elles (les trois fêtes), que<br />

l'on profite de la « Lumière du Visage », comme nous l’avons vu.<br />

Cela correspond (également) à : « Les gens droits s'établiront à Ta Face » (Ps. 140 :14).<br />

« Droits » fait référence à : « Les préceptes de l’Eternel sont droits, ils réjouissent le cœur ».<br />

Ils établissent ainsi la lumière du Visage, l'arrange et lui permettent de briller, comme<br />

nous l’avons vu.<br />

6- Mais parfois, à Dieu ne plaise, certains aspects de la Royauté sainte, aspects de la<br />

Sagesse inférieure sombrent dans l’exil des quatre royaumes. La Royauté correspond en<br />

effet à la lettre DaLeT, car « la Royauté ne possède rien/DéLéT par elle-même » (Zohar<br />

Vayé’hi, 238 et 249b), si ce n’est ce qu'elle reçoit par les ramifications de l’intelligence<br />

supérieure qui se diffusent en elle.<br />

Elle fait également partie des quatre mondes. Car chaque monde comprend des aspects<br />

de la Royauté, de la Sagesse inférieure, qui lui permet de le diriger, comme nous l’avons<br />

vu ci-dessus.<br />

Toutes les sagesses des nations sont au-dessous de la plus inférieure des sagesses<br />

inférieures, comme nous l’avons vu, et c’est de là que se nourrit leur propre sagesse.<br />

Mais lorsqu’elles (les nations) y puisent, à Dieu ne plaise, davantage que ce qu’il leur<br />

revient, elles augmentent leur pouvoir (contre la Royauté), à Dieu ne plaise, et cela<br />

entraîne alors la domination des quatre royaumes, que sont les quatre exils.<br />

Qui <strong>pour</strong>ra supporter le son puissant des cris et des hurlements, lorsque la Royauté, la<br />

Sagesse inférieure, chute (parmi les nations), à Dieu ne plaise ? Il s'agit du « cri du<br />

souverain éclatant parmi les sots » (Kohélet 9:17), c'est-à-dire, du cri qui retentit lorsque<br />

l'autorité, la Royauté, la Sagesse inférieure, tombent parmi les sots. Les sots prétendent<br />

à la sagesse. (Voilà <strong>pour</strong>quoi) ils désirent puiser et absorber la Sagesse véritable, la<br />

Sagesse inférieure dont nous parlons, (<strong>pour</strong> l’intégrer) dans leurs sciences, qui ne sont<br />

véritablement que sottises.<br />

Il existe également un cri plus perçant encore que le précédent. Il s'agit, si l’on peut dire,<br />

du cri de Dieu Lui-même, béni soit-Il, comme (l’évoque) : « … Il pousse de violents<br />

rugissements <strong>pour</strong> le lieu de Sa Résidence… » (Jér. 25:30), <strong>pour</strong> (pleurer) sa compagne<br />

(Zohar III, 74b), référence à la Royauté déchue dans l’exil des quatre royaumes.<br />

347


Il faut donc veiller à sectionner et séparer des quatre exils, ces aspects de la Royauté<br />

dont nous avons parlé, afin de faire remonter (à sa place) la Royauté (sainte). L’essentiel<br />

de son élévation s'effectue par la bonté, comme (le révèle le verset suivant évoquant le<br />

roi ‘Hizkiyahou dont le trône était affermi par les nombreux actes de bonté qu’il a<br />

accompli) : « Un trône sera affermi par la bonté » (Isaïe 16,5) et « Moissonnez selon la<br />

bonté » (Osée 10 :12) Autrement dit, au moyen de la bonté, on peut moissonner et<br />

couper le Dalet, qui correspond à la Royauté, on sépare d’eux (des quatre royaumes, la<br />

royauté) et on l’élève vers la « Lumière du Visage ».<br />

Avraham était un homme de bonté, s’efforçant constamment de faire le bien,<br />

précisément dans l'intension d’élever (extraire) d’eux la dimension de Royauté. C’est<br />

<strong>pour</strong>quoi Avraham <strong>pour</strong>suivit les quatre rois <strong>pour</strong> les vaincre, car ils représentaient les<br />

quatre royaumes de "l'autre côté". Avraham dé<strong>test</strong>ait le profit. L’argent de Sodome le<br />

répugnait, comme il est écrit (lors de son entretien avec le roi de Sodome qu’il vient de<br />

libérer des quatre rois) : « Fût-ce un fil, fût-ce le lacet d'une sandale (je ne prendrai rien de<br />

ce qui est à toi) que tu ne dises pas : C'est moi qui ai enrichi Avram » (Bér. 14:23).<br />

De plus, "Avraham institua la prière du matin/CHa’HaRit " (Berakhot 26b), au sens de<br />

noirceur/CHa’HaRout. Nous avons expliqué plus haut que la dimension d'intelligence<br />

inférieure, de sagesse inférieure et de noirceur peut être corrigée par le mérite de celui<br />

qui dé<strong>test</strong>e le profit. C’est <strong>pour</strong> cette raison que d’Avraham sortirent Yits’hak, Ichmaël,<br />

Yaakov et Essav, de même que " La Torah parle de quatre fils : un sage, un méchant, un<br />

intègre et un qui ne sait pas poser de questions" (Hagada de Pessa’h). Ceux-ci<br />

correspondent aux quatre Royaumes de la sainteté, comme on le sait (voir les Kavanot<br />

sur la Hagada).<br />

« Yits’hak » correspond au fils sage, car Yits’hak évoque le rire/TSe’HoK et la joie, au<br />

sens de : « Un fils Sage fait la joie de son père » (Prov. 10 :1).<br />

« Essav », quant à lui, est le fils méchant.<br />

« Yaakov » est le fils intègre, ainsi qu’il est écrit : « Et Yaakov était un homme<br />

intègre » (Bér. 25:27).<br />

« Ichmaël » correspond au fils qui ne sait pas poser de questions, car Ichmaël s’est<br />

repenti, comme l’enseignent nos maîtres de mémoire bénie (Baba Batra, 16b). En effet,<br />

l’aspect essentiel du repentir consiste à "ne pas savoir" et à "demander", c’est-à-dire à se<br />

repentir et à demander l’expiation à Dieu, béni soit-Il, <strong>pour</strong> ce (les fautes) qui est<br />

inconnu. C’est là que se trouve l’essentiel du repentir, comme (les propos du roi David<br />

348


sur ses ennemis nombreux) : « Ce que je n’ai pas volé, je leur rendrai » (Ps. 69:5). C’est ce<br />

que représente : « Avraham institua la prière du matin/Cha’harit » ; CHa’HaRIT a <strong>pour</strong><br />

acronyme : « ’Hakham/sage, Racha/méchant, Tam/intègre et CHééno Yodéa/qui ne sait<br />

pas, référence aux quatre royautés évoquées plus haut.<br />

C’est cela : « Samuel scinda Agag » (Samuel I, 15:33 – Samuel fit exécuter Agag, le Roi<br />

d’Amalek, le coupant en quatre), car Agag contient (en lui) les quatre royautés de<br />

l' « autre côté », comme il est écrit (Bamidbar 24:20) : « Amalek était le premier des<br />

peuples ». Voila <strong>pour</strong>quoi Rachi explique : « Scinda, il l’a découpé en quatre ». Autrement<br />

dit, il a coupé et séparé la lettre Dalet, qui correspond à la dimension de Royauté de la<br />

Sainteté qui ne possède rien d’elle-même comme vu plus haut, (Samuel a séparé le<br />

Dalet) d’Agag, qui représente l'ensemble des Quatre Royautés de l'"autre côté". Il<br />

(Samuel) a ainsi élevé la Royauté Sainte des Trois Fêtes. C’est <strong>pour</strong>quoi : « Il<br />

scinda/vaïChaSSeF », s'écrit avec les initiales de Chavouot, Soukot et Pessa’h. En effet,<br />

l’essentiel de la vitalité (de la Royauté) provient de la Lumière du Visage (qui brille lors)<br />

des Trois Fêtes, comme nous l'avons vu.<br />

Cela correspond à : « Ce fut au retour de l'année, au temps où sortent les rois » (Sam. II,<br />

11:1). « Retour/Techouva de l'année » renvoie aux Trois Fêtes, qui constituent des jours<br />

de Jugement et de repentir/Techouva, comme l’enseignent nos maîtres, de mémoire<br />

bénie : « A Pessa’h, a lieu le jugement <strong>pour</strong> les moissons, à Chavouot etc. » (Roch<br />

Hachana, 16a. "Retour" et "repentir" sont identiques en hébreu). C'est (précisément) « le<br />

temps où les rois sortent », c’est-à-dire, le moment où l'on fait sortir la Royauté Sainte de<br />

l’exil des quatre Royaumes <strong>pour</strong> l’élever vers la Lumière du Visage, qui brille durant les<br />

Trois Fêtes, comme rappelé plus haut.<br />

C’est <strong>pour</strong>quoi il y a quatre dimensions <strong>pour</strong> chacune des Trois Fêtes :<br />

A Pessa’h, c’est les quatre coupes (de vin) ;<br />

A Chavouot, c'est la Michna, dont l'enseignement était répété quatre fois, comme nos<br />

Sages l’enseignent : "Voici comment la Michna est présentée, etc." (Erouvin 54b) ;<br />

A Soukot, ce sont les quatre espèces. Tous correspondent à la dimension du Dalet, lié à la<br />

Royauté dont nous avons parlé, que l’on doit élever vers la Lumière du Visage par<br />

l’intermédiaire des joies (qui accompagnent la pratique) des commandements, qui se<br />

concentrent dans les Fêtes, comme nous l'avons vu.<br />

349


7- L’essentiel du dévoilement de la bonté, grâce auquel on moissonne, on coupe et on<br />

sépare le Dalet des quatre Exils des nations comme nous l’avons vu plus haut, s'effectue<br />

au moyen de la remontrance. En effet, la sagesse se dévoile lorsqu'une personne ouvre la<br />

bouche <strong>pour</strong> faire des remontrances. La bonté se manifeste au travers de cette sagesse.<br />

La bonté se dévoile en effet essentiellement par la sagesse, parce que « El (le Nom divin<br />

représentant la bonté) est la lumière de la Sagesse » (Zohar I, 94a. Voire Zohar Tsav 31a<br />

et A'haré-Mot 65a). Il est écrit par ailleurs : « Elle ouvre la bouche avec sagesse, et<br />

l'enseignement de bonté est sur ses lèvres » (Prov. 31:26). C'est ce dont il s'agit dans : «<br />

Que le Juste me frappe par bonté, et qu’il me réprimande » (Ps. 141:5). En d’autres termes,<br />

la remontrance permet le dévoilement de la bonté.<br />

Nous devons accepter (des Justes) leur réprimande, quand bien même, venue d'eux, elle<br />

prendrait parfois une forme méprisante qui nous humilie. Nous devons <strong>pour</strong>tant<br />

accepter leurs remontrances, de façon à recevoir par elles la bonté, comme nous l'avons<br />

montré. Même si cette réprimande s'effectue parfois de façon méprisante, nous devons<br />

les juger avec indulgence. Nul n'est en effet tenu responsable <strong>pour</strong> des paroles<br />

prononcées dans la peine. En fait, nous leur faisons endurer (aux Justes) une grande<br />

souffrance (peine). Car même ce qui (paraît être) le bien <strong>pour</strong> nous est (en réalité) le mal<br />

<strong>pour</strong> les Justes. Cela est comparable à l'enseignement de nos maîtres, de mémoire<br />

bénie : « Tout le bien des méchants est mauvais <strong>pour</strong> les Justes » (Yébamot 103a).<br />

Autrement dit, il est clair que, (compte-tenu de leur niveau,) nos occupations et nos<br />

propos profanes sont un mal <strong>pour</strong> eux ; mais (leur niveau est tellement élevé que) même<br />

le bien, c’est-à-dire la prière, qui à notre niveau (nous paraît n’être) que du bien, est<br />

(également) un mal <strong>pour</strong> les Justes, comme il est écrit : « Ma prière à leur détriment » (Ps.<br />

141:5, fin du verset), car notre prière les perturbe.<br />

En effet, toutes les confusions de l’esprit, toutes les perturbations et toutes les stupidités<br />

qui sont nôtres parfois, sont attirées par notre prière. C'est précisément au moment de<br />

la prière que se manifestent toutes les perturbations et toutes les pensées qui peuvent<br />

traverser l’esprit de l’homme. Tout s'exprime à ce moment précis, lorsque l’on s'apprête<br />

à prier, comme il est écrit : « Qui exprimera la puissance de l’Eternel… fera entendre toute<br />

Sa louange » (Ps. 106:2), « Sa louange/TéHiLato », renvoie à « Jusque dans Ses anges Il<br />

constate des défaillances/TaHoLa» (Job, 4:18), au sens de confusion et de perturbations.<br />

Ceux-ci se font entendre précisément au moment où l’on s'apprête à prier, à exprimer la<br />

puissance de l'Eternel. Cela se produit <strong>pour</strong> (l'une des) deux raisons (suivantes).<br />

350


Soit (ces confusions) surgissent <strong>pour</strong> être rectifiées. En voyant que l'on prie avec<br />

ferveur, comme il convient, elles viennent alors <strong>pour</strong> être corrigées, car c’est maintenant<br />

le moment propice <strong>pour</strong> être réparées. Elles renferment en effet des étincelles de<br />

sainteté qui requièrent une réparation.<br />

Cela s'explique également tout autrement, par le fait que l’on n’est pas habilité à prier,<br />

ces perturbations viennent alors distraire <strong>pour</strong> empêcher de prier. D'une manière ou<br />

d’une autre, c’est précisément au moment de la prière que toutes ces perturbations et<br />

toutes ces confusions surgissent en l’homme et se font entendre en lui. Pour cette raison,<br />

ces perturbations et ces confusions sont appelées « défaillances/TaHoLa », dans la<br />

mesure où elles interviennent justement au moment de la prière et de la<br />

« louange/TéHiLa », comme nous l'avons vu.<br />

Et toutes ces prières, accompagnées de toutes ces perturbations parviennent aux Justes,<br />

dans la mesure où les Justes possèdent une dimension messianique, vers laquelle<br />

affluent toutes les prières <strong>pour</strong> être rectifiées. Nous trouvons ce concept dans : « En<br />

faveur de Ma gloire/TéHiLati, Je scellerai/e'HeToM (ma colère) contre toi » (Isaïe 48:9),<br />

qui suggère que toutes les « louanges/TéHiLot » parviennent à la dimension<br />

messianique représentée par le « nez/'HoTaM », comme « Le souffle de nos narines, le<br />

Messie de l’Éternel » (Lam. 4:20). En effet, le Messie sera apte à exercer la justice grâce à<br />

son sens de l’odorat (comme l'ont expliqué nos Sages de mémoire bénie, Sanh. 93b), « Il<br />

sentira dans la crainte de l'Eternel » (Isaïe 11:3), c'est-à-dire dans les prières. Ces<br />

dernières correspondent à « Celle qui craint l'Eternel est digne de louanges » (Prov.<br />

31:30). En effet, il perçoit les prières de chacun, il hume et ressent en elles les<br />

spécificités de chacun, car toutes les confusions se retrouvent dans la prière, comme<br />

nous l'avons expliqué.<br />

Il en résulte donc que les Justes endurent les souffrances causées par nos prières, car ces<br />

dernières les troublent. C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle, il convient de recevoir leurs<br />

remontrances, quand bien même elles nous offenseraient, comme nous l'avons dit.<br />

8- Pourtant, comment le Juste peut-il réprimander chacun en particulier ? Toutes les<br />

prières lui parviennent ensemble, celles des gens intègres comme celles de ceux qui ne<br />

le sont pas. Comment peut-il distinguer que telle prière provient de ceux-ci ou de ceuxlà,<br />

afin de leur faire des remontrances ?<br />

351


En réalité, il le sait. C'est la qualité d’audace et la Torah de chacun en particulier qui lui<br />

indique si telle prière est convenable ou pas.<br />

En effet, il existe deux sortes d’audace : d’une part, l’audace de sainteté sans laquelle il<br />

est impossible de recevoir la Torah, comme l’enseignent nos Sages, de mémoire bénie : «<br />

Le timide ne peut apprendre » (Avot, 2:5), et « Pourquoi la Torah a-t-elle été donnée à<br />

Israël ? – Parce qu’il est audacieux » (Betsa, 25b) ou encore : « Sois audacieux comme le<br />

tigre » (Avot 5:20). C’est <strong>pour</strong>quoi la Torah est appelée « Force » comme il est<br />

écrit : «L’Eternel donne la force à Son peuple » (Ps. 29:11, selon le commentaire de<br />

Rachi et Zéva’him 116a). En effet, il est impossible de parvenir à la Torah sans faire<br />

preuve d’audace de sainteté.<br />

A l’inverse, en parallèle à cette audace de sainteté, il y a l’effronterie de l'autre côté, d’où<br />

sont issus d’autres enseignements, qui composent leurs doctrines, de la dimension<br />

d’ « idoles/PeSSiLim ». Dans ce cas, « Les ancêtres de celui qui fait preuve d'effronterie<br />

ne se sont certainement pas tenus sur le Mont Sinaï » (Nédarim 20a), et celui-ci<br />

(l’effronté) possède une Torah de « l’autre côté », nommée « idoles/PeSSiLim », qui est à<br />

l’opposé de notre sainte Torah, qui est de l'ordre de : « Taille/PeSSoL <strong>pour</strong> toi (Chémot<br />

34:1). En effet, (la Torah est) elle aussi, appelée « PeSSoLet/résidus », en référence au<br />

(monde) Futur. Nos Sages enseignent à son sujet : « La lumière, si précieuse en ce<br />

monde, deviendra insignifiante et dérisoire dans le monde futur » (Pessa’him, 50a, sur le<br />

verset Zékharia 14,6). Il s'agit de la notion de résidus, comparés à la mousse (d'un plat<br />

cuit), légère, négligeable et qui flotte en surface. Mais la Torah de celui-ci (l'effronté) est<br />

considérée comme résidus, même dans ce monde-ci. C’est <strong>pour</strong>quoi (ces doctrines)<br />

s'appellent « idoles/PeSSiLim », comme il est écrit (le deuxième des dix<br />

commandements) : « Tu ne te feras pas d’idole/PeSSeL » (Chémot 20 :4). Quiconque est<br />

doté de leur effronterie qui provient de l'autre côté, reçoit leur Torah du côté des idoles,<br />

comme nous l'avons expliqué.<br />

Ainsi, l’audace qu’il (le Juste) distingue chez chacun en particulier, selon ses<br />

particularités, s’il dispose d’une audace de sainteté ou du contraire, permet au Juste de<br />

savoir si la prière (de l’un ou de l’autre) était convenable ou le contraire.<br />

En effet, la prière s'effectue également par audace. Il est impossible de se tenir en prière<br />

devant Dieu béni soit-Il autrement que par effronterie. Chacun se représente en son<br />

cœur la grandeur du Créateur, comme il est écrit : « Son époux est considéré aux<br />

352


Portes/CHé'ARim » (Prov. 31:23) et que l'on explique : « Chacun (Le connaît) selon ce<br />

qu’il « évalue/méCHA'èR » dans son cœur » (Zohar Vayéra, 103b). La question se pose<br />

donc à chacun, en fonction de la grandeur du Createur, béni soit-Il, que son cœur<br />

évalue : comment peut-on se tenir en prière devant Lui ?<br />

A fortiori lorsqu'il s'agit de prières qui consistent (en demandes) de miracles, (à<br />

réclamer) un bouleversement des systèmes établis ! Des lois déterminent ce qui est<br />

nécessaire, chaque astre, chaque constellation agit selon ses règles, telles que le<br />

Créateur, béni soit-Il, l’a établi de manière immuable <strong>pour</strong> qu’il fonctionne de telle ou<br />

telle manière. Et celui-ci vient, dans sa prière, et entend bouleverser les systèmes établis<br />

et opérer des miracles ! C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle, au moment de la prière, on doit se<br />

débarrasser de la honte, comme il est écrit : « Nos ancêtres ont cru en Toi, etc. Ils ont cru<br />

sans avoir honte » (Ps. 22:5-6). En effet, la honte (lucide) que l'on ressent face à Dieu<br />

rend inconcevable toute prière. Il faut donc faire preuve d'audace, comme nous l’avons<br />

vu.<br />

Cela correspond à : «Tu es le Dieu tout puissant, auteur de merveilles. Tu as fait<br />

connaître Ta force parmi les nations » (Ps. 77:15). Ce qui signifie que Dieu, béni soit-Il,<br />

réalise des merveilles grâce aux prières d'Israël, elles s'effectuent grâce à l’audace,<br />

comme nous l'avons vu. C'est ainsi que Dieu fait connaître aux nations l’audace de<br />

sainteté propre à Israël. En voyant les merveilles accomplies en ce monde grâce aux<br />

prières d'Israël, les autres nations réalisent combien est grande l’audace de sainteté<br />

d'Israël, <strong>pour</strong> prier et accomplir de telles merveilles, comme nous l'avons expliqué.<br />

Revenons au Juste, il distingue l'audace et la Torah de chacun en particulier. Ceci lui<br />

permet de reconnaître parmi tous, celui de qui provient la prière qui l'a dérangé. Il sait<br />

alors réprimander la personne concernée.<br />

Voici (maintenant) le sens de : « Un parterre de couteaux ». Il s'agit de la Sagesse<br />

inférieure dont nous avons parlé, de l'ordre de la Royauté comme nous l'avons vu. Il<br />

s'agit bien de l’étude, de l'ordre de : «Habituée, étais-je habituée» (Bamidbar 22:30), au<br />

sens d’étude [comme le traduit le Targoum Onkelos : « Ai-je jamais appris ? »]. Cela<br />

renvoie également au : « glaive vengeur » (Vayikra 26:25), qui fait référence à la Royauté<br />

comme nous l’avons dit.<br />

« Un parterre ». Rachi traduit : « une rangée/'ARouGa ». Il s'agit du « Le cri du<br />

souverain etc. » (Kohélet 9:17), comme il est écrit : « Comme la biche aspire/Ta'ARoG<br />

353


(au sens de « crier avec regret ») » (Ps. 42:2 – La biche correspond à la royauté/Malkhout<br />

– voir Zohar III, 249b).<br />

« Comment moissonne-t-on ? ». Rachi explique : comment la coupe-t-on. Autrement<br />

dit, comment coupe-t-on et sépare-t-on la Royauté, afin de la sauver de ce cri ci-dessus. Il<br />

s'agit de « Il l'a découpé (Agag) en quatre », comme nous l'avons vu.<br />

Il leur répondit : « Avec la corne d’un âne », c’est-à-dire au moyen de la remontrance,<br />

par laquelle se dévoile la Bonté. C'est de cette manière que l'on fauche et que l'on coupe<br />

le Dalet, référence à « Fauchez selon la bonté », comme nous l'avons vu.<br />

« La corne » renvoie à la voix de celui qui réprimande, à la corne du Chofar, comme : «<br />

Fais retentir ta voix comme le Chofar et dis à mon peuple ses fautes » (Isaïe 58:1), qui<br />

évoque la réprimande.<br />

« Un âne » fait allusion à : « Issakhar est un âne osseux qui se couche entre les<br />

collines » (Bér. 49:14), de l'ordre de : «Des enfants d’Issakhar, qui connaissent la<br />

compréhension des temps » (Chr. I, 12:33). En effet, grâce aux remontrances, on élève (la<br />

Royauté) vers les (Trois) Fêtes, qui sont de l’ordre de « la compréhension des temps ».<br />

« Ils lui apportèrent deux œufs/Bé'é », au sens de prière et de<br />

« supplication/Ba'outa ». Ce qui correspond aux (deux) aspects de la prière.<br />

Ils demandèrent : « Lequel provient d’une poule blanche et lequel d’une poule noire ? ».<br />

Ils souhaitaient lui demander : "Tu affirmes que la remontrance permet d'élever la<br />

Royauté, comme nous l'avons vu. Mais comment peut-on réprimander alors que les<br />

prières parviennent ensemble ? Comment le Juste peut-il réprimander chacun selon sa<br />

prière alors qu'il ne peut pas savoir laquelle des prières, provient de l'homme intègre, et<br />

laquelle provient de celui qui ne l'est pas? "Telle est la signification de « Lequel provient<br />

d’une poule blanche et lequel d’une poule noire ? ». Quelle prière provient de l’homme<br />

vertueux ou l’inverse ?<br />

« Il leur apporta deux fromages » fait allusion à : « Comme le fromage, tu m’as<br />

affermi/taKPiéni » (Job, 10 :10). Cela fait référence aux deux Torah mentionnées plus<br />

haut, toutes deux de l'ordre de la "mousse/KaFouy légère", semblable aux résidus,<br />

comme dans « Taille <strong>pour</strong> toi (deux tables…) » et « Tu ne te feras pas d’idoles », comme<br />

nous l'avons vu plus haut.<br />

« Il leur demanda : « Lequel provient d’une chèvre/'IZé blanche et lequel d’une chèvre/'IZé<br />

noire ? », il s’agit des deux formes « d’audace/'AZout », rappelées plus haut, d’une part<br />

l’audace de sainteté et de l’autre, l’ « audace de l’autre côté », dont sont issues les deux<br />

354


Torah dont nous avons parlé. C'est en fonction du type d’audace qu'il est possible de<br />

connaître la nature des prières. Et c'est ainsi que le Juste est en mesure de les<br />

réprimander, comme nous l'avons dit. Cette réprimande permet de couper et de séparer<br />

la Royauté et de sauver cette dernière du cri du souverain, <strong>pour</strong> l’élever aux dimensions<br />

de la « Lumière du Visage » qui brille durant les Fêtes, comme nous l’avons vu.<br />

[Rabénou commença à dire cet Enseignementà partir du verset : « Ce fut, au terme de<br />

(deux années) » (Bér. 41:1 – Verset qui introduit le double songe de Pharaon dont<br />

l’interprétation permettra à Yossef de régner sur l’Egypte et à Yaakov et ses fils d’y<br />

descendre <strong>pour</strong> devenir un peuple), mais n’acheva pas son explication du verset selon<br />

cette Torah. Plus tard, il déclara que s’il avait voulu terminer l’explication de ce verset, il<br />

lui aurait fallu dire une autre Torah comme celle-ci, afin d'expliquer ce verset.]<br />

Il est possible de connaître les aspects de Royauté de quelqu'un à partir de sa voix. Il y a<br />

en effet des aspects de Royauté chez chacun en particulier. On est reconnaissable par sa<br />

voix, car il n’existe pas deux voix identiques, et la voix de chacun diffère de celle de son<br />

prochain. C’est <strong>pour</strong> cela que l’on peut reconnaître une personne à sa voix, comme nous<br />

le constatons par l’expérience concrète. C'est selon les caractéristiques propres à chaque<br />

homme que sa voix (se développe). Ainsi, c'est dans sa voix que l'on peut reconnaître ses<br />

aspects de la Royauté.<br />

Il existe ainsi « le son d’une voix puissante et le son d’une voix faible » (Chémot 32:18), en<br />

fonction de la dimension de Royauté de chacun. C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle, lorsque<br />

Chaoul <strong>pour</strong>suivit David après avoir vu qu'il régnerait, le texte de la Bible nous rapporte<br />

que lors de leur rencontre, Chaoul dit à David : « Est-ce là ta voix, David, mon fils ? »<br />

Chaoul comprit précisément en entendant la voix de David, que ce dernier était puissant<br />

dans ses aspects de Royauté. Voilà <strong>pour</strong>quoi Chaoul demanda à David : « Est-ce là ta voix,<br />

David, mon fils ? » (Sam. I, 24:16) tant il était surpris par la voix de David, il avait compris<br />

qu'il s'agissait de la voix d’un véritable roi. C'est <strong>pour</strong> cela que Chaoul tenta d’élever sa<br />

voix, de rehausser sa voix plus haut que celle de David (<strong>pour</strong> le subjuguer), mais en vain.<br />

Tel est le sens de la fin du verset : « Chaoul éleva la voix et pleura », il tenta d’élever et de<br />

rehausser sa voix. Mais celle-ci resta étouffée par les pleurs. C'est de cela qu’il s'agit<br />

dans : « et pleura » : sa voix s'affaiblit tel le son d’un sanglot. Voilà <strong>pour</strong>quoi Chaoul<br />

355


déclara alors : « Je sais pertinemment que tu régneras », il le sut à partir (de sa<br />

perception de) la voix de David, comme nous l’avons vu.<br />

TORAH 31<br />

Selon le manuscrit de Rabénou<br />

Ils lui dirent : « Nous avons un puits dans le désert. Amène-le en ville. » Il leur<br />

apporta du son, le jeta devant eux et leur dit : « Tressez-moi une corde à partir de ce<br />

son et je vous apporterai (le puits) en ville. » Ils lui dirent : « Comment peut-on<br />

tresser une corde avec du son ? » « Et comment peut-on transférer un puits, du<br />

désert en ville ? », leur répondit-il. (Bekhorot 8b.)<br />

Rachi : Du son. Confectionnez-moi une corde avec du son. Si vous n'accomplissez pas ma<br />

demande, moi non plus je n'accomplirai pas la vôtre.<br />

1- La charité est liée aux sphères célestes (mouvement des astres, roues/GaLGaLim),<br />

comme nos Sages de mémoire bénie l’enseignent : « Car à cause/biGLaL de cette<br />

chose » (Dévarim 15:10), il s'agit d'une roue/GaLGaL qui tourne autour du monde »<br />

(Chabat 151b). C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle la charité comprend six bénédictions et onze<br />

bénédictions [comme l’enseignent nos maîtres de mémoire bénie : « Celui qui donne une<br />

pièce à un pauvre se voit béni de six bénédictions et celui qui le réconforte en paroles se<br />

voit béni d'onze » (Baba Batra 9b)], ce qui est à mettre en corrélation avec les sept<br />

planètes et les douze constellations du zodiaque.<br />

La charité régit (le cours de) l’ensemble des sphères célestes, de même que : « La voie de<br />

l’aigle dans le ciel » (Prov. 30 :19). « L’aigle représente la miséricorde » (Zohar Yitro,<br />

80b), c’est-à-dire la charité (Baba Batra 10a ; Zohar Nasso 148a). C’est de cela qu’il s'agit<br />

dans ce que dit Chmouel : « Les chemins du ciel sont <strong>pour</strong> moi aussi clairs que les<br />

chemins de NéHaRDé'A » (Berakhot 58b). Autrement dit, aussi lumineux que les<br />

chemins des « lumières de la Connaissance/NéHoRé Dé'A », ce qui correspond à la<br />

356


charité et à la miséricorde, car la miséricorde dépend essentiellement de la<br />

Connaissance [voir plus loin LMI-56, LMI-105 et LMI-119].<br />

2- Et (nous pouvons remarquer qu’) il manque (dans ce compte) des bénédictions. Il<br />

devrait y avoir sept bénédictions d’une part et douze bénédictions de l’autre (<strong>pour</strong><br />

correspondre aux sept planètes et aux douze constellations). Pourtant, (d’après le<br />

Talmud,) seules dix-sept bénédictions (sont accordées, six) à qui donne (la charité) et<br />

(onze) à qui réconforte (un pauvre).<br />

Sache que les sphères célestes ne parviennent principalement à leur perfection, et donc<br />

à la charité parfaite, que le Chabat. C’est ce que signifie : « Le soleil durant le Chabat est<br />

une charité <strong>pour</strong> les pauvres » (Taanit, 8b), autrement dit, la charité n’atteint sa lumière<br />

parfaite que grâce au Chabat. C'est par le biais du Chabat qu'elle brille comme le soleil,<br />

en tant que : « Soleil de charité » (Malachie 3:20).<br />

Ainsi, la raison <strong>pour</strong> laquelle la Michna juxtapose : « les (lois concernant) « les sorties<br />

(d’objets qui passent d’un domaine à un autre) durant Chabat sont (au nombre de) deux<br />

qui font quatre » avec : « Si le pauvre tend la main » (Michna Chabat 1,1). C’est parce que<br />

le scintillement de la lumière de la charité et sa perfection ne s’obtiennent<br />

essentiellement que grâce au Chabat. Car l’essence de la charité est la foi, comme nous le<br />

voyons : « Il eut foi en l’Éternel (et cela lui fut considéré comme une charité) » (Bér. 15:6).<br />

Et le Chabat est en (lui-même un acte de) foi car (sa pratique implique) la foi dans la<br />

Création du monde et en Son unité. En outre, la foi est la source des bénédictions,<br />

comme le rappellent les versets : « Un homme de foi est comblé de bénédictions » (Prov.<br />

28:20) et « Dieu bénit le septième jour » (Bér. 2:3). Les bénédictions n'atteignent pas leur<br />

perfection sans provenir de la source des bénédictions. C’est <strong>pour</strong>quoi (seules) six<br />

bénédictions et onze bénédictions ont été dénombrées, afin de nous enseigner qu’elles<br />

ne connaissent pas (encore) la perfection.<br />

Ceci se retrouve (aussi) dans l'enseignement de nos Sages, de mémoire bénie : « David<br />

vint et les a inclus en onze. Puis Isaïe vint et les résuma (au nombre de) six. Vint enfin<br />

‘Habakouk qui les a basés sur (un unique précepte qui est) la foi. » (Makot 24a). Il s'agit<br />

du principe qu’il ne peut exister de perfection de la Connaissance, qu’est la Torah, ni de<br />

perfection des sphères célestes, sans la foi.<br />

357


En outre, en ce qui concerne les sphères, nous avons trouvé qu'elles se déplaçaient<br />

principalement d’Ouest en Est, alors que le mouvement journalier les force à se déplacer<br />

d’Est en Ouest. Un phénomène similaire se retrouve <strong>pour</strong> la charité : « L’Est »<br />

correspond à celui qui donne la charité, comme dans : « De l’Est, Je ramènerai ta<br />

progéniture/ZaR'ekha » (Isaïe 43:5) et « Semez/ZiR'ou <strong>pour</strong> vous selon la charité » (Osée<br />

10 :12). « L’Ouest » correspond à celui qui rassemble la charité, autrement dit le pauvre,<br />

comme dans : « Et de l’Ouest, Je te rassemblerai » (Isaïe idem).<br />

Telle est la signification de : « Le pauvre fait davantage <strong>pour</strong> le maître de maison (en<br />

recevant la charité) que ne fait le maître de maison <strong>pour</strong> le pauvre (en lui donnant la<br />

charité) » (Ruth Raba 5:9) , car l'essentiel du mouvement s’opère d’Ouest en Est,<br />

autrement dit, l’essentiel du bienfait est accompli par le pauvre envers le maître de<br />

maison (celui qui donne).<br />

3- Sache que la consistance de la foi ne dépend que du concept d’Alliance (l’alliance est<br />

le fondement de la foi), comme dans : « Mon alliance lui reste fidèle » (Ps. 89:29). C’est<br />

<strong>pour</strong>quoi l’alliance est associée au Chabat, comme il est écrit (à propos du<br />

Chabat) : « Une alliance éternelle, entre Moi et les enfants d’Israël, etc. » (Chémot 31:16-<br />

17). C’est également le sens de : « Sans Mon Alliance avec le jour et la nuit, je n’aurais pas<br />

fixé les lois du ciel et de la terre » (Jérémie, 33:25), car les lois du ciel, autrement dit les<br />

sphères astrales, dépendent de l’Alliance (même les lois de la nature sont soumises au<br />

respect de l’Alliance sainte).<br />

4- Sache que les épreuves que l’homme rencontre lorsqu’il voyage résultent de<br />

l’influence des astres. En effet, tu ne trouveras rien ici-bas qui n’ait (qui ne dépende de)<br />

son étoile en haut (Berechit Raba, 10 :7). Il existe des étoiles qui font pousser certaines<br />

espèces de végétaux en certains endroits qu’elles éclairent. D’autres déterminent le<br />

chemin que l’homme emprunte, là où elles éclairent. D’autres, font qu’il y ait un désert<br />

alors que d’autres, enfin, font en sorte que l’endroit qu’elles éclairent soit un lieu<br />

d’habitation. Le lieu se comporte selon l’éclairage de l’étoile qui l'atteint.<br />

Cette notion se retrouve dans ces citations : « Les routes de Tsion sont en deuil, personne<br />

ne se rendant à ses temps de solennités » (Lam. 1:4). « Solennité » est associé aux sphères<br />

célestes, grâce auxquelles on calcule le temps (voire Genèse 1,14:« Ils serviront de<br />

signes, <strong>pour</strong> les solennités, etc. »). C'est aussi le sens de : « Le chemin des méchants est<br />

358


comme les ténèbres » (Prov. 4:19), car les étoiles et les constellations ne brillent pas <strong>pour</strong><br />

eux, ce qui les conduit à l'échec.<br />

Tout dépend de l’Alliance, comme il est écrit : « Sans Mon Alliance etc. ». C’est en cela que<br />

(nous retrouvons ces notions d’influence des astres et de respect de l’Alliance dans le<br />

Talmud) : « Toutes les routes sont présumées dangereuses/SaKaNa » (Yérouchalmi<br />

Brakhot 4:4, Kohelet Raba 3,3) et : « T’ai-je déjà mis en danger/hiSKaNti ? » (Bamidbar<br />

22:30) [Voir Sanhedrin 105b, où l’on déduit de ce mot que Bil’am avait des rapports avec<br />

son ânesse (cette formulation peut impliquer l’habitude de la cohabitation)]. On voit<br />

donc que la route dépend (à l’inverse du comportement de Bil’am), du respect de<br />

l’Alliance. C’est <strong>pour</strong>quoi l’homme est tenu d’avoir un rapport conjugal avec son épouse<br />

avant de partir en route (Yébamot, 62b), afin de ne pas corrompre sa voie « Car toute<br />

chair avait corrompu sa voie » (Bér. 6:12) (ce qui entraîna le déluge à l’époque de Noa'h).<br />

En d’autres termes, le respect de l’Alliance préserve de la souffrance sur les routes.<br />

5- De plus, l'Alliance connaît deux aspects : une relative à Avraham et une relative à<br />

Eliézer. Avraham représente l’Alliance suprême et correspond au firmament qui sépare<br />

les eaux supérieures des eaux inférieures. (Avraham incarne donc) l’homme libre/ben<br />

‘HoRiNe, comme : « Heureux soit le pays dont le roi est un homme libre/ben<br />

‘HoRiNe » (Kohélet 10 :17). Et il (Avraham) produit des engendrements, comme (le<br />

montre) : « Les âmes qu’ils avaient faites à ‘HaRaNe » (Bér. 12:5). En effet, la liberté<br />

dépend (du respect) de l’Alliance, comme nous le voyons aussi dans: « Par le sang de ton<br />

alliance, j’ai tiré tes captifs de la fosse (où il n’y a pas d’eau) » (Zékharia 9:11)<br />

Eliézer, lui, représente l’Alliance inférieure, selon le verset (qui évoque le « mandataire »<br />

de Dieu, ange ou prophète) : « Car Mon Nom est en lui » (Chémot 23:21), que l'on<br />

explique ainsi : « Son Nom est le même que celui de son maître » (Sanh. 38b, rapporté<br />

par Rachi Ex. id.). Il s’agit de ‘Hanokh. Comme (évoquant ‘HaNoKh/éducation) : « Il rallia<br />

ses disciples/‘HaNiKhav » (Bér. 14:14) et : « Eduque/‘HaNoKh, l’enfant (selon sa voie) »<br />

(Prov. 22:6. Zohar Beréchit 37b) et de « Malheur au pays dont le roi est un enfant<br />

» (Kohélet 10 :16 – au verset suivant « enfant » est opposé à « homme libre/ben<br />

‘horine »). Il (l’alliance d’Eliézer) se situe au-dessous de l’Alliance suprême (d’Avraham),<br />

comme (selon le serment qu’Avraham lui a demandé d’accomplir en ces termes) : « Place<br />

ta main sous ma hanche (Rachi : parties génitales) » (Bér. 24:2). Il (Eliézer) représente le<br />

firmament qui sépare les eaux pures des eaux impures, (qui sépare) ce qui est interdit<br />

359


de ce qui est permis, ce qui est approprié de ce qui est inapproprié, ce qui est impur du<br />

pur (voir Tikoun 30). Cette notion apparaît dans « Eduque l’enfant selon sa voie » ;<br />

« selon », précisément, fait allusion à la Loi Orale. (« Selon » se dit « Al Pi », et signifie<br />

littéralement « sur la bouche » et fait ainsi référence à la Loi Orale/be Al Pé.)<br />

L’Alliance suprême correspond à la préservation de l’Alliance sainte (dimension du<br />

Juste) et l’Alliance inférieure correspond à la vigilance en matière d’interdit et de permis,<br />

etc. (dimension de l’érudit). L’homme doit donc acquérir ces deux dimensions d’Alliance,<br />

en d’autres termes, qu’il soit juste et assidu dans l'étude (de la Torah), car « l’ignorant ne<br />

peut être pieux » (Avot, 2:5). Un homme est appelé juste lorsqu’il garde l’Alliance sainte,<br />

et assidu à l'étude, lorsqu’il respecte l’interdit et le permis.<br />

Tel est le sens de : « Si le maître ressemble à un ange de l’Éternel Tsévaot (tu peux alors<br />

étudier la Torah d’un tel Sage) » (Moëd Katane, 17a). Cela signifie qu’il doit être (à la<br />

fois) Juste et assidu à l'étude. « Ange » correspond à celui qui est assidu à l'étude et fait<br />

allusion à Matat, comme nous l’avons vu. Et (la qualité de juste peut être déduite de) «<br />

Tséva-ot », qui signifie : il est un signe (qui se distingue par la préservation de l’alliance)<br />

dans Son armée (« Ot » signifie « signe » et « Tsava », armée), comme « Le Juste est un<br />

signe d'Alliance » (Ra'ya Mehemna Pin'has 236a. Voir 'Haguiga 16a). Ainsi, à chaque<br />

endroit où est mentionné un Juste, est inclue aussi l’Alliance inférieure. En effet,<br />

l'inférieur est inclus dans le supérieur, de même que : « Place ta main sous ma hanche ».<br />

6- A propos de celui qui intègre la dimension de l’Alliance, (il est dit que) « La bonté se<br />

dévoile à l’extrémité du membre (organe masculin, lieu où s’inscrit l’Alliance) » (Idra,<br />

Nasso 142a), de même que : « Éternellement, Je conserverai Ma Bonté envers lui, et Mon<br />

Alliance avec lui reste fidèle » (Ps. 89:29). C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle la bonté fut<br />

attribuée à Avraham, car il fut le premier à avoir la foi et le premier des circoncis<br />

(Sanhédrin, 38b).<br />

De même, lorsque la bonté, c’est-à-dire l’amour et le désir, se révèle comme : « Car je<br />

suis malade d’amour » (Cantique 2:5), sont produites des âmes, de même que : « Les<br />

âmes qu’ils avaient faites (à ‘Haran) » (Bér. 12:5). Autrement dit, on produit ainsi des<br />

voyelles <strong>pour</strong> les lettres de la Torah. En effet, les lettres sans voyelles s'apparentent à un<br />

corps sans âme, et privées d’une âme, elles restent dé<strong>pour</strong>vues de mouvement et<br />

d'action. (En grammaire hébraïque, la syllabe s'appelle « mouvement »).<br />

360


Il en va de même avec la combinaison et le mariage des lettres en 231 portes (Séfer<br />

Yétsira 2,5) : c'est seulement grâce aux voyelles que les lettres possèdent une aptitude à<br />

réaliser une action quelconque. Les voyelles/Nékoudot, représentent en effet l’amour et<br />

l'aspiration/KiSSouFine, comme dans : « (Nous te ferons des chaînons d’or) avec des<br />

paillettes/Nékoudot d'argent/haKaSSeF» (Cantique 1:11). Les aspirations sont l’âme, de<br />

même que : « Mon âme aspire et se languit » (Ps. 84:3).<br />

Les voyelles dépendent (également de la nature) des aspirations : si l'on aspire au mal<br />

on crée des voyelles mauvaises et, de ce fait, les lettres se combinent et s'accouplent<br />

<strong>pour</strong> accomplir des actions mauvaises. Si au contraire on aspire au repentir, de bonnes<br />

voyelles se créent, c’est-à-dire de bonnes âmes. Les lettres se meuvent et s'accouplent<br />

<strong>pour</strong> accomplir de bonnes actions.<br />

Voici (l'explication de l'ensemble du verset précité :) "Nous te ferons des chaînons d'or<br />

(avec des paillettes d'argent). Le Zohar rapporte que « L’éveil du désir conjugal provient<br />

du Nord » (I, 186b) et que « L’or vient du Nord » (Job, 37:22). C'est donc que « Nous te<br />

ferons des chaînons d'or » signifie que l'éveil du désir des lettres de la Torah à se<br />

combiner et à s'accoupler, afin d'accomplir une action quelconque n'est envisageable<br />

qu'au travers des « paillettes d'argent ». (Les lettres) ne se meuvent que grâce aux<br />

voyelles (« paillettes d'argent »), elles-mêmes créées grâce aux aspirations.<br />

C’est <strong>pour</strong>quoi, « Si le maître ressemble à un ange de l’Éternel Tsévaot (etc.) », comme<br />

nous l'avons vu, il ne fait aucun doute que la bonté et l’amour se manifestent. Le désir,<br />

assimilé aux voyelles, se dévoile. Dès lors, « … Ils réclameront la Torah de sa bouche »,<br />

les lettres de la Torah elles-mêmes réclament d’être prononcées par lui, afin d'obtenir<br />

des voyelles et des âmes.<br />

7- Sache également que le seul désir du cœur est insuffisant et que l’homme doit<br />

exprimer ses aspirations avec ses lèvres. C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle le rituel des<br />

prières a été institué. Le désir du cœur génère en effet, une âme ainsi que des voyelles<br />

(mais seulement) en potentiel. Lorsque l’homme extériorise ce désir par sa parole, l'âme<br />

se crée de façon effective. L’âme s'exprime essentiellement par la bouche, comme : « Mon<br />

âme est sortie par Sa Parole » (Cantique 5:6). Voilà <strong>pour</strong>quoi « Ils réclameront la Torah<br />

de sa bouche », de sa bouche, précisément.<br />

361


Et voilà <strong>pour</strong>quoi le Targoum traduit « L’homme devint une âme vivante » (Genèse 2,7)<br />

par « Un souffle parlant », car l'essentiel de l’âme se dévoile dans la parole.<br />

8- De là la signification de : « Il existe un souffle qui est accompli sur la terre (il est des<br />

Justes qui sont traités comme s’ils agissaient à la manière des impies, et des impies qui sont<br />

traités comme s’ils agissaient à la manière des justes) » (Kohélet 8:14). Cela fait référence<br />

à la notion de « périples des âmes » (à la transmigration des âmes, à la réincarnation).<br />

Lorsqu’un homme désire (intensément) quelque chose et qu'il exprime ensuite ce désir<br />

par le souffle de sa bouche, comme nous l'avons vu, alors se crée une âme. Cette âme,<br />

autrement dit ce « souffle parlant », se déplace dans l’air, parvient jusqu’à un autre<br />

homme et suscite en lui le désir. (Ce désir) s’éveille chez cet homme selon (la nature) du<br />

désir, de l’âme et du « souffle parlant ». Si ce désir émane d’un Juste vers un méchant, ce<br />

méchant éveille (en lui) des pensées de repentir, selon (la suite du verset) : « …des<br />

impies qui sont traités comme s’ils agissaient à la manière des Justes ». Dans le cas inverse,<br />

il se produit le contraire. Tout s’accomplit en fonction du souffle de la bouche, qui est<br />

l’âme. En effet, tout le monde sait que les organes de la parole percutent l'air, qui percute<br />

l’air qui lui est proche, et ainsi de suite jusqu’à parvenir à une autre personne qui entend<br />

les lettres. Lorsque cette personne perçoit le discours de son interlocuteur, il reçoit du<br />

même coup son âme et s’éveille (se sensibilise) au sujet qui est exprimé.<br />

9- Celui qui se trouve au niveau d’Avraham se trouve dans la dimension « maître de<br />

l'âme » (« Baal nefech », Proverbes 23,2 – selon le commentaire des Metsoudot, Rachi<br />

'Houlin 6a). Tout ce qu’il mange et tous ses repas évoquent nécessairement la<br />

dimension : « pain de proposition/Lé’hem haPaNIm». Cela correspond à : « Marche<br />

devant Ma Face/léPhaNaY (et sois irréprochable) » (Bér. 17:1). « Marche » évoque la<br />

notion de pied qui est liée à celle de subsistance, comme : « La terre sous leurs<br />

pieds » (Dévarim, 11:6) [que nos maîtres (Sanhédrin, 110a) définissent comme une<br />

allusion aux possessions de l’homme, ce sur quoi il « se tient » (s’appuie) (suggère que<br />

c’est la subsistance qui fait qu’une personne peut tenir fermement sur ses pieds)]. «<br />

Marche (les pieds/subsistance) devant Ma Face/léPhaNay » signifie que les pieds<br />

deviennent une dimension du visage/PaNim. Telle est la signification de : « Du pain<br />

chaud, au jour où il était remplacé» (Sam. I, 21:7), c'est-à-dire du pain de proposition (qui<br />

représente la subsistance accordée par Dieu). Le "pain chaud" (c'est-à-dire "frais")<br />

correspond à Avraham, qui incarne la dimension : « Dans la chaleur du jour» (Bér. 18:1).<br />

362


Dès lors, toutes les nations, ainsi que toutes les étoiles et les constellations auxquelles<br />

elles sont subordonnées, se fatiguent <strong>pour</strong> un tel homme. Cette notion est évoquée<br />

par : « Assieds-toi à Ma droite etc. » et fait référence à Avraham « … jusqu’à ce que J’aie<br />

fait de tes ennemis ton marchepied » (Ps. 110 :1), dans le sens où ils travailleront <strong>pour</strong><br />

assurer ta subsistance.<br />

Cela correspond également : « Ils sont notre pain, car leur ombre les a<br />

abandonnés » (Bamidbar 14:9). En effet, « l'aspect « soleil » paraît plus profond (dans le<br />

sens d'impénétrable) à cause de l’ombre » (Baba Batra 84a); le « soleil» correspond à<br />

« dans la chaleur du jour » et à « pain chaud ». Mais lorsque l'ombre les quitte, le soleil<br />

s’élève et (sa lumière authentique) apparaît, (c'est-à-dire) le niveau d'Avraham. Ils<br />

deviennent alors soumis à lui, dans le sens : « Jusqu’à ce que J’aie fait de tes ennemis ton<br />

marchepied, etc. ».<br />

Tel est le sens de (ce que Dieu dit à Avraham) : « Marche devant Moi et sois intègre », qui<br />

renvoie à : « Tu seras intègre avec l’Éternel ton Dieu » (Dévarim 18:13), que l'on explique<br />

ainsi « que tu n’aies pas à interroger étoiles et constellations » (Pessa'him 113b), car tu<br />

seras au-dessus d’elles.<br />

C’est également ce dont il est question dans : « Et que l'on ne paraisse pas les mains vides<br />

à la Face de l’Éternel » (Dévarim 16:16), durant les fêtes, lorsque se révèle le Visage de<br />

l'Eternel, (c'est-à-dire) la dimension « Face ». Ainsi, chacun apporte un sacrifice dit de «<br />

vision » (fruit) de son labeur effectué tout au long de l’année. Par cela, tout son pain et<br />

toute sa subsistance se trouvent réparés, (et acquièrent) la dimension du « pain du<br />

Visage ».<br />

Cette notion apparaît aussi dans la réponse du Saint béni soit-Il à Moché : « Ma Face<br />

marchera et Je t'exempterai » (Chémot 33:14). En effet, puisque Moché avait demandé<br />

l'expiation (de la faute du peuple), en lui répondant : « Ma Face marchera », (Dieu<br />

demande) qu'ils rectifient la dimension des pieds (en l’élevant) à celle du Visage. C’est<br />

ainsi qu’ils <strong>pour</strong>ront être absous. (Rabbi Na'hman explique comment on <strong>pour</strong>ra leur<br />

pardonner :) La table (du repas où l’on consomme sa subsistance) est équivalente à<br />

l'autel (sur lequel reposait les pains de présentation) qui (représente la subsistance et)<br />

apporte l'expiation(‘Haguiga, 27a), c'est <strong>pour</strong>quoi (l'ange arpenteur) débuta sur l'autel<br />

et conclut : « Ceci est la table qui se trouve devant l'Eternel » (Ezéchiel 41:22).<br />

363


Devant/liPhNé, précisément, <strong>pour</strong> indiquer qu’elle (la table – et donc la subsistance, les<br />

« pieds », l'économie,) doit s'élever à la dimension « Visage », et qu’ainsi elle a pouvoir<br />

d'expiation.<br />

Mais dans l'avenir, la prophétie : « (Le seigneur vous accordera du pain dans la détresse et<br />

de l’eau dans la pénurie et) ton maître ne se dissimulera/yeKaNeF plus, et tes yeux<br />

contempleront ton maître » (Isaïe 30 :20) se réalisera, et se manifestera alors la<br />

dimension « Visage ».<br />

Pour le moment, la Face de Dieu est dissimulée dans les lois de la nature, à travers<br />

l’influence des astres, de même que : « Je dissimulerai Ma Face d’eux et ils seront<br />

consumés » (Dévarim 31:7). Pour le moment encore, « l'aspect soleîl parait plus profond<br />

à cause de leur ombre ».<br />

C'est de cette notion qu'il s'agit dans : « L’ombre des ailes/KNaFaïm » (Isaïe 18:1). La<br />

raison <strong>pour</strong> laquelle la Providence se dissimule et se cache dans les ailes et les voiles que<br />

nous assimilons à l'ombre qui voile le soleil, tout cela n'est due qu’à l'imperfection de<br />

l’éclat de la lumière du soleil. Nous ne parlons donc que de l'aspect du soleil, "l'aspect",<br />

précisément. Mais dans les temps à venir, lorsque se réalisera : (Mais <strong>pour</strong> vous qui<br />

révérez Mon Nom) se lèvera le soleil de charité, portant la guérison dans ses<br />

rayons/biKhNaFé’ha » (Malachie, 3:20), qui implique le dévoilement de la puissance du<br />

soleil, alors : « Le saint béni soit-Il fera sortir le soleil de son écrin » (voire Nédarim 8b et<br />

Avoda Zara 3b). Dès lors s’accomplira le verset : « … portant la guérison dans ses<br />

rayons/biKhNaFé’ha » (Malachie, 3:20), c’est-à-dire que « Ton maître ne se<br />

dissimulera/yiKaNeF plus », tel que nous l'avons cité plus haut (Isaïe 30 :20).<br />

Tel est le sens de la requête des Sages d’Athènes :<br />

« Nous avons un puits/BiRa, dans le désert . Amène-le en ville ». Bira est de l'ordre de<br />

« BaR/blé » et de nourriture, qui se trouve à l’extérieur, et derrière la sainteté, de même<br />

que « Je cacherai d'eux Ma Face, (et il y aura de la nourriture <strong>pour</strong> leurs ennemis) ».<br />

« Amène-le en ville », vers le Visage, afin qu'il acquière la dimension du « pain du visage<br />

».<br />

364


Il leur apporta du son, le jeta devant eux et dit : « Tressez-moi une corde ». Le<br />

son/PARé, c'est le Chabat et la foi, comme l’explique Rachi sur le verset « Tu as glorifié<br />

l'Éternel… et l'Éternel t'a glorifié » (Dévarim, 26:17-18) : "au sens de gloire/PeER" et de<br />

louange, dans le sens où nous glorifions le Saint béni soit-Il, croyons en Lui en<br />

proclamant : « Dieu est Un » (expression de la foi du peuple juif, tout comme Chabat).<br />

« Il le jeta/véCHaDé devant eux ». Cela évoque l’Alliance, comme CHaDaï , comme nous<br />

l’avons vu.<br />

« Une corde » fait référence à l’Amour et la Bonté qui se révèlent à l’extrémité de<br />

l’organe masculin (La bonté/’Hessed se révèle dans le fait de garder l’Alliance), comme<br />

nous l'avons expliqué, de même qu’il est écrit : « Je les mènerai avec des cordes<br />

d'humanité, avec les liens de l'amour » (Osée 11:4).<br />

Autrement dit, grâce au Chabat et à l’alliance, l’amour se dévoile. En outre, grâce à<br />

l’amour, on accède au « pain du Visage », comme rappelé.<br />

(Jusqu’ici, les paroles de Rabénou, de mémoire bénie)<br />

[Cette Torah fut dite à partir du verset : « Dieu les détourna/vayaSSeV » (Chémot 13:18),<br />

que le Midrach commente : « Ce détour/haSSiBa s’entend au sens de repas (Chémot<br />

Raba, 20 :18. "haSSéBa" signifie aussi "s’attabler"). Il s'agit de la notion de subsistance,<br />

de « blé/Bar », et de nourriture, évoquée dans Bira, comme rappelé plus haut. Il acheva<br />

l'explication de ce verset d'après cet enseignement, mais nous ne méritâmes pas de la<br />

recevoir. J’avais entendu au préalable, de sa sainte bouche, le sujet de la grandeur des<br />

aspirations de sainteté, rappelées dans cet enseignement, avec plus d'explications ainsi<br />

que quelques commentaires nouveaux, qui n’ont pas été évoqués ici du tout. De même,<br />

j’avais entendu préalablement, un par un et dans un style un peu différent, aussi de sa<br />

sainte bouche, le sujet de la foi et les autres notions rappelées ici. Je les retranscrirai<br />

donc ici. Les voici :]<br />

L’union et la combinaison des lettres s’effectuent grâce aux voyelles, car les voyelles<br />

constituent la vitalité et le mouvement des lettres. Sans voyelles, les lettres sont<br />

semblables à un corps inerte, dé<strong>pour</strong>vues du moindre mouvement. C’est en cela que les<br />

voyelles évoquent la dimension « âme ». En effet, l’âme constitue la vitalité de l’homme ;<br />

absolument tous ses mouvements dépendent de l’âme ; sans âme, il est un corps inerte.<br />

365


De même, les voyelles sont la vitalité et l'âme des lettres. Sans voyelles elles<br />

s'apparentent à un corps inerte, et restent dénuées de tout mouvement et de toute<br />

vitalité. Leur mouvement dépend exclusivement des voyelles, et grâce aux voyelles les<br />

lettres s'accouplent et se combinent.<br />

En outre, l’âme est générée essentiellement grâce au désir et à l'aspiration de l'homme<br />

d'Israël <strong>pour</strong> Dieu, béni soit-Il. Chacun se situe à un niveau donné, aspire, désire et se<br />

languit d'accéder au niveau supérieur. C'est (justement) à partir de ces aspirations que<br />

l'âme se crée, comme il est écrit : « Mon âme désire et se languit ». En d’autres termes,<br />

mon désir et mon aspiration auprès du Saint béni soit-Il, sont eux-mêmes générateurs<br />

de mon âme. C’est <strong>pour</strong>quoi nos Sages, de mémoire bénie (Betsa 16a), enseignent sur le<br />

verset : « Il se reposa/VaYiNaFaCH » (Chémot 31:17) : « Comme il s’est reposé,<br />

VaY/hélas, l’âme/NéFeCH est perdue ! ». Cela signifie qu’à l’entrée du Chabat, puisque<br />

nous devons recevoir un supplément d’âme, nous nous souvenons de la perte de l'âme<br />

en semaine. Nous disons donc "Hélas, l'âme est perdue !", et commençons à nous languir<br />

d’elle. C'est précisément à partir de cette nostalgie que se forme l'âme supplémentaire.<br />

Telle est la notion de : « Des paillettes/Nékoudot d’argent/haKaSSeF » (Cant. 1,11) (Voir<br />

plus haut LMI-31, #6), ce qui signifie que par l’intermédiaire des aspirations/KiSSouFim,<br />

se forment les voyelles/Nékoudot, qui évoque l’âme. En d'autres termes, nous aspirons<br />

et désirons (toujours) une chose, <strong>pour</strong> le bien ou <strong>pour</strong> le mal, à Dieu ne plaise. Dès lors,<br />

ces aspirations créent des voyelles, et les lettres de la chose désirée se dessinent. En<br />

effet, toute chose possède ses lettres, cependant, en l’absence de voyelles, elles<br />

ressemblent à un corps inerte, et restent défigurées. Mais elles prennent forme grâce aux<br />

voyelles, qui sont l’âme des lettres. C'est donc en fonction de la qualité des aspirations et<br />

des désirs de l'homme qu'elles se dessinent. Ainsi, si l’homme aspire à une chose qui est<br />

bonne, cette aspiration engendre une âme sainte, et se forment des voyelles<br />

d’argent/d'aspiration. Dès lors, les lettres auparavant inertes, se dessinent et deviennent<br />

un réceptacle <strong>pour</strong> recevoir le bien. Il en va de même à l’inverse, à Dieu ne plaise, si<br />

l’homme aspire au mal, à Dieu ne plaise, ses désirs engendrent des âmes équivalentes à<br />

des voyelles. Et les lettres se dessinent en devenant des réceptacles <strong>pour</strong> le mal, à Dieu<br />

ne plaise.<br />

366


En effet, « De la Bouche du Très Haut ne sortiront ni mal ni bien » (Lam. 3:38). En fait,<br />

chacun selon sa propension à dessiner et à créer un réceptacle <strong>pour</strong> le bien ou <strong>pour</strong> le<br />

mal, à Dieu ne plaise, selon la nature de ses aspirations et de ses désirs, engendre une<br />

âme qui procède de ces voyelles. Les voyelles animent les lettres, qui, à leur tour se<br />

dessinent <strong>pour</strong> le bien ou le contraire, à Dieu ne plaise.<br />

Mais (résultat des aspirations et désirs susmentionnés, l’âme n’existe encore que de<br />

façon potentielle), <strong>pour</strong> que l’âme passe du potentiel à l'effectif, il faut que les<br />

aspirations et les désirs que l’on ressent soient exprimés oralement, comme il est<br />

écrit : « Mon âme est sortie à Sa Parole » (Cantique 5:6). C'est par la parole que l’âme<br />

passe du potentiel à l’effectif. Les aspirations permettent la création de l’âme, (mais<br />

seulement) en potentiel. Mais la parole, exprimant oralement l'aspiration, permet la<br />

finalisation de l'âme et sa transition du potentiel à l'effectif.<br />

Tel est le sens des paroles de nos Sages, de mémoire bénie : « Si le maître ressemble à un<br />

ange de l’Éternel Tsévaot, ils rechercheront la Torah de sa bouche » (Moëd Katan, 17).<br />

En effet, les lettres de la Torah agissent en tant que force vitale de toute chose, comme il<br />

est écrit : « Et dans Sa Bonté, Il renouvelle chaque jour l’œuvre de la Création originelle »<br />

(prière du matin) ; et « Le Bien est la Torah » (Brakhot 5a). Elles régissent donc le<br />

monde entier. Cependant, en elles-mêmes, les lettres sont semblables à un corps inerte,<br />

elles n'ont aucun mouvement, ni vitalité, ni la moindre forme. C’est <strong>pour</strong>quoi la Torah<br />

supporte deux aptitudes potentielles (Yoma 72b et Taanit, 7) : « Si l’homme est méritant,<br />

elle est <strong>pour</strong> lui un élixir de vie (mais s’il n’est pas méritant, elle est <strong>pour</strong> lui un poison<br />

mortel) –. En effet, chacun dessine et commente les lettres de la Torah selon ce à quoi il<br />

aspire, car la Torah englobe le potentiel du bien et du mal. « Les Justes y évolueront et les<br />

pécheurs y trébucheront » (Osée, 14:10). C’est que chacun a ses (propres) aspirations<br />

génératrices d'âmes. Chacun crée ainsi des voyelles <strong>pour</strong> les lettres de la Torah. Ces<br />

dernières se dessinent et s'interprètent <strong>pour</strong> le bien ou <strong>pour</strong> le contraire, à Dieu ne<br />

plaise. Tout dépend donc de la nature des aspirations. De fait, ces lettres agissent dans le<br />

monde selon le dessin qu'on leur fait représenter. Pour cette raison les lettres<br />

demandent à prendre forme chez le Juste, qui exprime oralement ses propres<br />

aspirations de sainteté. Les lettres reçoivent ainsi leurs voyelles et se dessinent <strong>pour</strong> le<br />

bien.<br />

367


Voici donc l'explication de « Si le maître ressemble à un ange de l’Éternel Tsévaot » : le<br />

maître, lui aussi, possède nécessairement les deux forces potentielles de la Torah, élixir<br />

de vie et poison, de façon telle que celui qui se rapproche de lui (du maître) ont la<br />

possibilité de recevoir selon sa volonté. « Les Justes évolueront et les pécheurs<br />

trébucheront, car si l’on aspire au service de Dieu, béni soit-Il, on <strong>pour</strong>ra recevoir du<br />

Maître la voie la plus directe <strong>pour</strong> servir l'Eternel. A l’inverse, (surtout) si de la rancœur<br />

se trouve dans son cœur, il sera possible de trouver également en son Maître, matière à<br />

renier le divin et devenir un véritable hérétique, à Dieu ne plaise.<br />

C’est ce qu’évoque (Cette Agada du Talmud – Voir LMI-51 où elle est développée) : «<br />

Quatre sont entrés dans le Pardès. Rabbi Akiva entra en paix et en sortit en paix. Ben<br />

Azzaï contempla et perdit la raison. Ben Zoma contempla et en perdit la vie. A’her (Rabbi<br />

Elicha ben Avouya) en revint hérétique » (‘Haguiga 14b). Ces quatre catégories<br />

correspondent au Juste, au méchant, à celui qui sert Dieu et à celui qui ne Le sert pas,<br />

mentionnées dans le verset : « Vous reviendrez et vous verrez la différence entre le Juste et<br />

le méchant, le serviteur de Dieu et celui qui ne L'aura pas servi. » (Malachie 3:18). De fait,<br />

ces quatre dimensions se retrouvent chez tous les hommes qui souhaitent accéder au<br />

service de l'Eternel, et se rapprocher du juste et du maître de la génération. Il y a en effet<br />

celui qui entre, se rapproche du Juste, et reçoit de lui une direction appropriée <strong>pour</strong> le<br />

service de l'Eternel, selon son niveau et ses aptitudes. Il s’agit là de la catégorie du Juste,<br />

associée à Rabbi Akiva, qui entra en paix et sortit en paix. Il existe aussi ceux qui entrent<br />

dans la catégorie de « il contempla et mourut » et de « il contempla et perdit la raison ».<br />

C'est-à-dire que leur cœur fut fortement embrasé par la grandeur de la lumière et par<br />

l’enthousiasme émanant du juste, de manière démesurée, plus haut que leur niveau, et<br />

qui peut les conduire jusqu’à la mort. Celui-ci s'apparente à : « il contempla et mourut »,<br />

et correspond au "serviteur de Dieu". Il y a par ailleurs celui qui perd la raison parce<br />

qu’il s’élève plus haut que son propre niveau, ce qui s'apparente à « il contempla et<br />

perdit la raison », et correspond à « celui qui ne L'aura pas servi ». Mais quoi qu’il en soit,<br />

même celui qui « contempla et mourut » ainsi que celui qui « contempla et perdit la<br />

raison » correspondent au Juste, au sujet duquel il est dit : « Les Justes y évolueront », à la<br />

différence qu’ils n’y entrèrent ni n'en sortirent en paix, comme Rabbi Akiva. Il existe en<br />

outre celui qui se rapproche du Juste et devient hérétique, jusqu’à tout renier, à Dieu ne<br />

plaise. Celui-ci est appelé méchant, et correspond à la dimension de « A’her ». Son cœur<br />

contenait certainement de la rancœur, comme nos Sages, de mémoire bénie, nous<br />

368


l’enseignent à propos d’A’her (‘Haguiga 15b). C'est <strong>pour</strong>quoi il trouvera inévitablement<br />

ce qui lui correspond chez le Juste ; il trouvera quelque prétexte <strong>pour</strong> renier le divin.<br />

C'est à son sujet qu'il est dit : « Et les pécheurs y trébucheront ». En effet, le maître<br />

possède forcément ces deux forces potentielles, comme nous l'avons dit plus haut.<br />

Telle est la notion « d’ange de l’Éternel Tsévaot », comme l’ont affirmé nos maîtres, de<br />

mémoire bénie, au sujet d’A’her : « Que vit-il ? Il vit (l’ange) Matat assis etc, et dit : « S’il<br />

en est ainsi, il doit exister deux autorités ». Par contre, Rabbi Akiva commenta : «<br />

"L'Eternel Tséva-OT est Son Nom": Il est un signe au sein de Son armée » (idem, 15a).<br />

C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle le maître possède nécessairement ces deux aspects : celui<br />

d’un ange, c’est-à-dire Matat, et celui d’Eternel Tsévaot. C’est en cela qu’il est dit : « …<br />

Ressemble à un ange de l’Éternel Tsévaot ». C’est alors qu’il devient possible à celui qui<br />

entre et se rapproche de lui de devenir hérétique, de par la dimension « ange », à l’instar<br />

d’A’her qui devint hérétique après avoir contemplé Matat qui est un ange et qui est assis<br />

etc. C’est à cause de cela qu’il affirma par erreur que Matat constituait une autorité en<br />

soi, à Dieu ne plaise, comme nous l’avons rappelé.<br />

On a également l’option d’entrer et de ressortir en paix, comme Rabbi Akiva, grâce à<br />

l’aspect « Éternel Tsévaot ». En effet, tout Juste se doit d’être à la fois assidu dans (l’étude<br />

de) la Torah et vertueux par ses bonnes actions. S’il n’est pas assidu dans la Torah, les<br />

Sages affirment : « Et l’ignorant ne peut être vertueux ». De la même façon, être<br />

seulement un érudit ne vaut rien non plus, car il est possible d’être érudit tout en étant<br />

un parfait méchant, et « s’il n’a pas de mérite, elle devient poison mortel ». C’est <strong>pour</strong><br />

cette raison que (le Juste) doit être (à la fois) érudit et vertueux (voir Zohar Pin'has<br />

213b). Ces deux aspects correspondent à : « ange de l’Éternel Tsévaot ». En effet,<br />

l'érudition en Torah correspond à la dimension « ange », qui est Matat, comme il est<br />

écrit : « Dieu dit : Que soit un firmament qui sépare les eaux des eaux » (Bér. 1:6), il s’agit<br />

de Matat (Tikounim 30), tout comme la Michna, qui fait la séparation et distingue entre<br />

les eaux pures des eaux impures, entre l’impur et le pur, entre l’interdit et le permis, etc.<br />

(Mais) il doit (aussi) ressembler à son Créateur, être vertueux par ses bonnes actions, de<br />

l’ordre de l’Éternel Tsévaot. Toutefois, celui qui se méprend, considérant que seul<br />

l'aspect « érudition » est essentiel, il correspond à la dimension d’A’her, qui devint<br />

hérétique. Il considéra que l’ange Matat était lui-même une autorité, à Dieu ne plaise.<br />

Pourtant en réalité, Matat en lui-même, sans le Saint béni soit-Il, n’est rien, n’est investi<br />

369


d’aucune autorité. Il en est ainsi de la Torah dénuée de bonnes actions : elle ne vaut rien.<br />

Pire encore : « S’il n’est pas méritant etc. », c'est du fait de ces deux dimensions dont le<br />

Juste doit faire preuve, érudition et vertu, qui correspondent à « ange de l’Éternel<br />

Tsévaot ». On trouve chez le Juste les deux forces qui se trouvent dans la Torah : élixir de<br />

vie et poison mortel. Il est ainsi possible à celui qui se rapproche de lui de trouver en lui<br />

de quoi devenir hérétique, ou de quoi entrer et sortir en paix.<br />

Tel est le sens de : « Si le maître ressemble à un ange de l’Éternel Tsévaot etc. », c’est-àdire<br />

s'il est érudit en Torah et qu'il sert l'Eternel, il dessine (alors) les lettres de la Torah<br />

<strong>pour</strong> le bien. Dès lors, « … Ils réclameront la Torah de sa bouche ». En effet, les lettres de<br />

la Torah réclament la réception de voyelles <strong>pour</strong> se dessiner par sa bouche. Plus<br />

précisément, le discours de sa bouche exprime son désir et son aspiration à la sainteté,<br />

ce qui a <strong>pour</strong> effet de parachever et de réaliser des âmes en fixant des voyelles aux<br />

lettres, de telle sorte qu'elles se dessinent et deviennent un réceptacle <strong>pour</strong> le bien. En<br />

effet, grâce aux voyelles, les lettres s’unissent et se combinent, comme nous l’avons vu.<br />

C’est ainsi le sens du verset : « Nous te ferons des chaînons d'or avec des paillettes<br />

d'argent », l’or représente en effet la notion d’union intime, comme dans : « L’or provient<br />

du Nord » (Job, 37:22) puisque l’éveil du désir conjugal vient du côté gauche, autrement<br />

dit du Nord (Zohar Vayéchev, 186b). C’est <strong>pour</strong>quoi : « Nous te ferons des chaînons<br />

d’or » car les lettres de la Torah s’accouplent et se combinent grâce aux paillettes<br />

d’argent (aux voyelles de l'aspiration). En effet, l’union et la combinaison des lettres sont<br />

réalisées grâce aux voyelles, engendrées par le désir et l'aspiration, à l’origine également<br />

de la naissance des âmes, de l'ordre des voyelles. C'est en effet grâce à l'aspiration que<br />

l’union se produit. L'aspiration à une chose donnée engendre une âme ; de plus,<br />

l’aspiration à cette chose amène cette même chose à revenir vers lui, à aspirer à lui. De<br />

là, se crée (donc) également une âme. Ces (deux) âmes s’accouplent, puis parviennent au<br />

stade de la gestation, puis de la naissance. Tel est le sens de ce qui figure dans le Zohar (I,<br />

85b) : « Le désir de la femme engendre une âme féminine, le désir de l’homme engendre<br />

une âme masculine », car le fait d'aspirer (à une chose) est l’aspect du « désir féminin »,<br />

qui engendre une âme féminine. Et le fait que la chose revienne (vers lui) et aspire à lui<br />

correspond à un « désir masculin », qui engendre une âme masculine. C’est alors leur<br />

union qui aboutit à une gestation puis à une naissance, comme il apparaît dans ce Zohar.<br />

370


Il s'agit de la notion de « périple des âmes ». En effet, la parole, qui engendre les âmes,<br />

s'effectue par le découpage des lettres dans l’air. Ainsi, les organes vocaux se percutent<br />

l’un l’autre et découpent les lettres dans l'air, puis les masses d’air se percutent l'une<br />

après l'autre jusqu'à ce qu'elles parviennent à l’oreille de l'auditeur. C'est au moyen du<br />

découpage des lettres dans l’air que se produit la parole, d’où sortent les âmes. En effet,<br />

l’air constitue la vitalité de toute chose, et sans air il est impossible de vivre. Il<br />

correspond donc à l’âme, et les âmes apparaissent et pérégrinent.<br />

Telle est la règle : les aspirations et les désirs <strong>pour</strong> une chose de sainteté sont très<br />

précieux. Une âme se crée grâce à eux, elle se parachève par la parole, comme nous<br />

l'avons vu, et sort enfin <strong>pour</strong> migrer quelque part. Parfois, une âme sainte migre et<br />

arrive à l’intérieur d’un méchant ; des pensées de repentir s’éveillent en lui, de façon<br />

telle qu'elle peut le conduire à revenir vers le bien. Il en va de même à l’inverse. Oh<br />

combien de désagréments les aspirations au mal engendrent-elles ! À Dieu ne plaise. En<br />

effet, l'âme engendrée par des aspirations mauvaises migre parfois chez le Juste, et peut<br />

le faire fauter, à Dieu ne plaise.<br />

Tout ceci correspond au verset : « Il existe un souffle (chose vaine) réalisé sur la terre (il y<br />

a des Justes qui reçoivent les actes des méchants, il y a aussi des méchants qui reçoivent les<br />

actes des Justes ») (Kohélet 8:14). Un « souffle » renvoie au souffle de la bouche, d’où<br />

sortent les âmes. De ce fait, « … il y a des Justes qui reçoivent les actes des méchants, etc. »,<br />

parce qu'une âme issue d'aspirations mauvaise les atteint. « Il y a aussi des méchants qui<br />

reçoivent les actes des justes. », lorsqu'une âme issue de bonnes aspirations les atteint.<br />

Parfois, certes, le Juste répare la mauvaise âme introduite en lui, et de même, le méchant<br />

endommage l’âme sainte qui s’est introduite en lui. Malgré tout, au début, au moment où<br />

l’âme arrive, ce qu’évoque le verset : « Il existe des Justes qui reçoivent etc. » (il s'agit donc<br />

d'une regrettable vanité). Forcément, des pensées coupables lui parviennent au moment<br />

où l’atteint une âme mauvaise issue d'aspirations mauvaises. Seulement par la suite, il se<br />

peut qu'elle le fasse fauter comme il se peut qu'il la rectifie. De même, « il y a des<br />

méchants qui reçoivent etc. ». Des pensées de repentir s’introduisent nécessairement au<br />

moment où lui parvient une âme sainte issue d'aspirations saintes. Cependant, par la<br />

suite, il se peut qu’il détériore cette âme sainte ou, au contraire, qu'elle le ramène vers le<br />

bien.<br />

371


C’est là le secret de la prière de Néfilat Apaïm qui consiste à élever l’âme à la façon de<br />

l'élévation des eaux féminines et à réaliser une union (Chaar Hakavanot). En effet, les<br />

aspirations et le désir correspondent à l’élévation des eaux féminines, comme nous le<br />

savons (Zohar Vayé'hi, 244), et c'est justement grâce à eux que l’âme vient au monde,<br />

qu'elle s’élève et qu'une union et un accouplement se produisent, comme nous l'avons<br />

vu (voir plus haut LMI-31,#6). « Les aspirations provoquent la création d’âmes qui sont<br />

de la catégorie des voyelles ; les âmes s'accouplent, etc. ». Il s'agit de l'accouplement et<br />

de la combinaison des voyelles, de l'ordre de l’union des âmes. Et grâce aux voyelles, les<br />

lettres s'accouplent et se combinent. Cela correspond à l’union des corps.<br />

C’est ce dont il s'agit dans le verset (parmi les bénédictions de Bil’am sur le peuple<br />

d’Israël) : « Il ne décèle aucun mal chez Yaakov » (Bamidbar 23:21), selon l’interprétation<br />

de nos Sages, de mémoire bénie : « Le Saint béni soit-Il n’assimile/AVèNe pas une<br />

mauvaise pensée à un acte » (Kidouchin 40a. Le terme utilisé <strong>pour</strong> "assimile" est le<br />

même qui désigne "combiner", ordonnancer, il s'agit donc de voyelles ou de lettres). Ceci<br />

apparaît dans cette exégèse : « "Il ne décèle/AVèNe aucun mal », AVèNe est formé des<br />

initiales de : « Vaï Avda Néfech/Hélas, l’âme est perdue ! » (Bétsa, 16), qui évoque les<br />

désirs et les aspirations, comme rappelé plus haut. Autrement dit, le Saint-béni-soit-Il ne<br />

procède pas à la combinaison des appétits et des aspirations mauvaises (Il ne prend pas<br />

en compte les mauvaises pensées qui restent au stade du désir). C’est cela précisément<br />

« Il ne décèle aucun mal chez Yaakov ».<br />

Le verset : « Il accomplit la volonté de ceux qui Le craignent, entend leurs supplications et<br />

leur porte secours » (Ps. 145:19) souligne la nécessité des deux dimensions : volonté et<br />

parole, comme nous l'avons vu. En effet, la volonté, qui correspond aux aspirations, agit<br />

de telle sorte qu'une âme se crée en potentiel. Et grâce à la parole, l’âme passe du<br />

potentiel à l'effectif. Car la requête est alors exaucée, par le fait de dessiner les lettres<br />

<strong>pour</strong> le bien, etc. En cela : « Il accomplit la volonté de ceux qui Le craignent » car, grâce à<br />

la volonté, qui n'est autre que les désirs/aspirations, se crée l'âme en potentiel, et sa<br />

demande ne s'accomplit qu’en potentiel, de même que : « Il accomplit la volonté de ceux<br />

qui Le craignent ». Et ensuite il y a « leurs supplications » qui expriment oralement le<br />

désir, la volonté et les aspirations. Cela a <strong>pour</strong> effet : « Il entend et leur porte secours »,<br />

car la parole permet la finalisation de l’âme, sa sortie du potentiel vers l'effectif. C'est<br />

alors que les lettres se dessinent et deviennent des réceptacles aptes à recevoir le bien.<br />

372


La requête est donc exaucée concrètement, comme nous l'avons dit. En effet, en fonction<br />

de l'âme que l'on crée potentiellement ou effectivement, se forment des voyelles <strong>pour</strong> les<br />

lettres, se dessinent les lettres, qui agissent et accomplissent sa requête et sa volonté,<br />

comme nous l'avons vu.<br />

[Ce qui suit a trait à ce qui apparaît plus haut, à savoir qu’un érudit qui se contente<br />

d’étudier la Torah, ne vaut rien, etc. Et celui qui considère par erreur, à Dieu ne<br />

plaise, que l’essentiel est d’être un érudit, correspond au niveau d’A’her, qui devint<br />

hérétique, car on peut être érudit (tout) en étant un parfait méchant, etc, comme<br />

cité plus haut.]<br />

De même, le Juste aussi chute parfois du niveau où il se trouve, car on sait qu’il est<br />

impossible de demeurer constamment au même niveau. Mais dès lors qu’il chute, s’il<br />

souhaite se maintenir au niveau « érudit » qui lui reste, la chose n’est pas bonne. Ce qu’il<br />

doit faire, c’est alors de maintenir son niveau de crainte du Ciel, <strong>pour</strong> autant qu'il lui en<br />

reste, à partir des impressions qui lui restent (de son niveau antérieur).<br />

Consulter les Tikounim (69, page 102b) : « Car le jour où tu en mangeras, (mourir, tu<br />

mourras) » (Bér. 2:17). C'est en ce jour même qu'il contempla et qu'il mourut. Rabbi<br />

Chimon dit c’est <strong>pour</strong> cette raison il est écrit "Il existe un souffle/Hevel réalisé sur la<br />

terre, il y a des Justes qui reçoivent les actes , etc"» (Kohélet 8:14) », regarde bien sur<br />

place et comprends .<br />

La perfection de toute chose est la foi, et sans la foi, toute chose est défectueuse. Nos<br />

maîtres, de mémoire bénie, l’ont affirmé à propos de la charité : « Celui qui donne une<br />

pièce à un pauvre se voit béni de six bénédictions et celui qui le réconforte, de onze »<br />

(Baba Batra 9b). Or, il en manque une, autant <strong>pour</strong> celui qui donne que <strong>pour</strong> celui qui<br />

réconforte. (Le nombre des bénédictions) aurait dû s'élever à sept et à douze<br />

bénédictions, en conformité avec les sept planètes et les douze constellations du<br />

zodiaque. En effet, la charité évoque les sphères célestes, comme nos maîtres, de<br />

mémoire bénie l'ont enseigné : « "Car grâce à/biGLaL cette chose, Il te bénira… "<br />

(Dévarim 15:10). Une « roue/GaLGaL » tourne dans le monde » (Chabat 151b). De plus,<br />

(la charité) ressemble à la sphère céleste (mouvement des astres) en ce que cette<br />

dernière supporte deux mouvements : l'un est naturel, d’Ouest en Est ; l'autre est<br />

373


contraignant, d’Est en Ouest, en ce que la sphère journalière revient et tourne d’Est en<br />

Ouest, et contraint avec elle le mouvement des autres sphères. De même <strong>pour</strong> la charité,<br />

nos maîtres, de mémoire bénie, ont affirmé : « Le pauvre fait davantage <strong>pour</strong> le maître de<br />

maison (qui donne) que ne fait le maître de maison <strong>pour</strong> le pauvre (qui reçoit) ». Ceci fait<br />

référence aux deux mouvements, d’Ouest en Est et d’Est en Ouest, autrement dit, du<br />

pauvre vers le maître de maison et du maître de maison vers le pauvre [comme expliqué<br />

plus haut dans son langage, que sa mémoire soit bénie]. En effet, toute l’abondance et les<br />

bénédictions passent par les sphères célestes, puisque comme nous le savons, le Saint<br />

béni soit-Il dirige le monde par leur intermédiaire. C'est <strong>pour</strong>quoi, il aurait été plus<br />

approprié que les bénédictions évoquées au sujet de la charité soient au nombre de sept<br />

et de douze, en concordance avec les sphères célestes. Mais sur ce point, nos Sages, de<br />

mémoire bénie, nous enseignent que la charité reste défectueuse, manque de perfection,<br />

et qu’une bénédiction fait encore défaut, tant chez celui qui donne, que chez celui qui<br />

réconforte. En d’autres termes, il s’agit du manque de foi. Sans la foi, la charité reste<br />

imparfaite, et c’est en vertu de la foi que la dimension « charité » trouve sa perfection et<br />

illumine. C'est ce dont il s'agit dans le verset (après la promesse de Dieu à Avraham qui<br />

lui garantit une postérité innombrable) : « Il eut foi en Dieu et Il considéra cela comme<br />

une charité » (Bér. 15,6). Autrement dit, la charité est (pleinement) considérée (comme<br />

telle) grâce à la foi. Sans la foi, la charité reste imparfaite.<br />

C’est ce que nos maîtres, de mémoire bénie, enseignent : « Le soleil durant le Chabat est<br />

une charité <strong>pour</strong> les pauvres » (Taanit, 8b). Le Chabat correspond à la foi (ce qui a été<br />

développé plus haut, chapitre #2) en ce qu'il témoigne de l’unité et du renouvellement<br />

du monde, comme le rapportent les ouvrages (Chla Hakadoch, Traité Chabat, « Torah Or<br />

»). C'est donc grâce à la foi, qui correspond au Chabat, que la charité brille. C'est bien là<br />

la signification de : « Le soleil durant le Chabat… », le soleil est associé à la lumière. Cela<br />

signifie donc que pendant le Chabat qui correspond à la foi, la charité brille, comme nous<br />

l'avons expliqué.<br />

De la même façon, la Torah elle aussi est incomplète sans la foi. C’est <strong>pour</strong>quoi nos<br />

maîtres, de mémoire bénie, ont déclaré que « David est venu et les a (les principes de la<br />

Torah) résumés à onze. Puis Isaïe les a résumés à six » (Makot 24a). Il en ressort donc<br />

qu’il manque aussi ici un dans le compte, ce qui correspond exactement à ce qu’ils ont<br />

affirmé à propos de la charité, à savoir qu’il y a six et onze. En effet, la Torah sans la foi<br />

374


est imparfaite. C’est ce qu'ils ont ajouté : « Vint enfin ‘Habakouk qui les a résumés à un:<br />

« Le Juste vivra par sa foi » (‘Habakouk 2,4), car c'est grâce à la foi que la Torah trouve sa<br />

perfection. Telle est l’intention du Tanna, qui ouvre cette Michna ainsi : « Les sorties<br />

(interdites) d’objets durant Chabat sont au nombre de deux qui font quatre. De quelle<br />

manière ? Le pauvre se tient à l'extérieur, etc. Le pauvre tend la main à l’intérieur, etc. »<br />

(Michna Chabat 1,1). Dès le commencement de (cet enseignement) du (traité) Chabat, il<br />

(le Tana) aborde immédiatement le commandement de la charité. Il fait ainsi allusion à<br />

ce que nous avons dit plus haut, à savoir que la charité trouve sa perfection et illumine<br />

durant le Chabat, et à : « Le soleil durant le Chabat est une charité <strong>pour</strong> les pauvres ». Car<br />

c'est grâce au Chabat, qui est l’aspect de la foi, que la charité devient parfaite et brille ;<br />

c'est grâce à eux (la foi et le Chabat) que les bénédictions auparavant défectueuses<br />

deviennent complètes. Car la foi est source de bénédictions, comme il est écrit : « Un<br />

homme de foi est comblé de bénédictions » (Prov. 28:20). De même, il est dit à propos du<br />

Chabat : « Car il est la source de la bénédiction » (Liturgie du vendredi soir : « Lékha Dodi<br />

»).<br />

Il s'agit aussi du verset : « La justice marchera devant Lui, etc. » (Ps. 85:14). Il existe en<br />

effet des routes larges, qui sont des voies de circulation <strong>pour</strong> le public. De même, il existe<br />

des sentiers (étroits). Chaque voie et chaque sentier mène à tel ou tel endroit. A chaque<br />

route et à chaque sentier correspond une route et un sentier dans les sphères célestes.<br />

De même, entre une route et une autre, pousse de la végétation. Il y a aussi une étoile qui<br />

correspond à chacun des végétaux, et qui lui permet de croître, comme nous l’enseignent<br />

nos maîtres, de mémoire bénie : « Il n’est d’herbe qui ne possède son étoile, etc. » (Bér.<br />

Raba, 10). De fait, si parfois un homme subit des contretemps et des désagréments sur<br />

sa route, ceci est dû au fait que l'étoile correspondant à cet endroit subit une gêne<br />

l’empêchant de briller parfaitement. Le remède préventif consiste à donner la charité<br />

avant de partir en voyage, comme il est écrit : « La justice marchera devant Lui et trace la<br />

route devant ses pas ». En effet, la charité permet à l’étoile de briller, car c’est par la<br />

charité que les sphères célestes luisent, comme nous l'avons vu plus haut. C'est<br />

<strong>pour</strong>quoi, en donnant la charité, on <strong>pour</strong>ra supprimer un (éventuel) obstacle pouvant<br />

advenir en chemin, provenant d’un frein céleste et astral, comme nous l'avons expliqué.<br />

C’est en cela que nos Sages affirment : « Il existe une étoile qui égare les bateaux »<br />

(Arayot, 10a). Autrement dit, lorsque le bateau arrive sous cette étoile, il perd sa route,<br />

puisque cette étoile n’éclaire pas correctement.<br />

375


Le soleil correspond à l’Alliance (Zohar Chemot 3b et Pin'has 217b). La dégradation de<br />

l’Alliance provoque un manque dans l’éclat du soleil ne nous permettant de ne recevoir<br />

que l’apparence du soleil. Les nations sont d’ailleurs appelées « ombre », comme dans : «<br />

Oï, pays qu'ombragent les ailes » (Isaïe 18:1) et voilent la lumière du soleil. Il y est<br />

question de la notion de « l’ombre des ailes/KeNaFayim », au sens de : « Ton maître ne se<br />

dissimulera plus/yiKaNeF ». C'est aussi la notion de : « l'aspect du soleil paraît plus<br />

profond (impénétrable) à cause de l’ombre » (Baba Batra 84a). En effet, bien qu'Israël<br />

constitue l’essentiel, malgré tout, les nations du monde le voilent, comme si le monde<br />

entier leur appartenait. Ils voilent le monde avec les lois de la nature. Bien que le Saint<br />

béni soit-Il dirige en réalité le monde, les nations voilent le gouvernement divin, comme<br />

si, à Dieu ne plaise, le monde se comportait exclusivement selon les astres et les<br />

constellations. Cependant, dans les temps futurs, Il les refoulera. Le verset : « Leur ombre<br />

les a abandonnés » (Nom. 14,9) se réalisera, et la lumière du soleil se dévoilera. De<br />

même : « Le soleil resplendira <strong>pour</strong> vous qui craignez Mon Nom. » (Malachie, 3:20),<br />

autrement-dit, la lumière du soleil se dévoilera. C’est le sens de : « Et la guérison<br />

accompagnera ses rayons/biKHNaFeha » (Malachie, 3:20), qui correspond à : « Ton<br />

maître ne se dissimulera plus/yiKaNeF ». Le verset : « Jusqu’à ce que J’ai fait de tes<br />

ennemis ton marchepied » se réalisera enfin. Ce qui signifie qu’ils se situeront en bas, et<br />

non pas comme ils étaient auparavant (comme) « l'aspect du soleil paraît plus profond »<br />

(Voir plus haut chapitre #9).<br />

En ce qui concerne Avraham, il est dit : « Dans la chaleur du jour », car il correspond au<br />

soleil puisqu’il se circoncit et révéla l’Alliance. La prière est associée à la dimension<br />

« pied » [voir LMI-9 et LMI-55].<br />

[Nous avons entendu tout cet exposé, auparavant, sans explication ni liaison. Mais les<br />

sujets traités sont dorénavant bien explicités dans la Torah « Nous avons un puits »,<br />

citée plus haut.<br />

En ce qui concerne « L'homme qui emprunta » et « La meule cassée » (autres passages<br />

des discussions avec les sages d'Athènes), nous n’avons pas mérité d’entendre de Torah.<br />

Mais j’ai pu comprendre de ses discours, qu’il souhaitait révéler des enseignements sur<br />

l'intégralité des récits rapportés là-bas (Bekhorot 8b). Il a également dévoilé son<br />

intention de divulguer un enseignement sur le récit complet qui introduit et qui conclut<br />

là-bas les discussions avec les Sages d’Athènes, de quelle manière Rabbi Yéhochoua ben<br />

376


‘Hanania se comporta-t-il avec eux, comment il arriva chez eux, etc. Et comment il se<br />

comporta avec eux par la suite. Il m’a parlé brièvement de ce sujet, rapporté par le<br />

Talmud là-bas, et j’ai compris qu’il avait des enseignements inédits sur l'ensemble de<br />

cette histoire. Mais nos nombreuses fautes ont fait se coucher le soleil en plein jour, et<br />

nous n’avons pas mérité d’écouter davantage que ce qui est imprimé ici, gloire au Dieu<br />

vivant.]<br />

[Cette fois, nous remercierons Dieu avec joie et chanson <strong>pour</strong> le mérite d'achever<br />

« Les Sages d’Athènes ». Des choses cachées et scellées par mille serrures, à défaut<br />

de sagesse et de compréhension. Et même si un sage prétendrait comprendre, il<br />

ne <strong>pour</strong>rait y parvenir. Ses paroles seraient risibles, dénuées de compréhension Il<br />

s’agit d’un sentier inconnu <strong>pour</strong> l’aigle, nul œil ne l’a jamais contemplé. Que<br />

<strong>pour</strong>rais-je ajouter ? Rabénou a parlé, et formé des anses <strong>pour</strong> (tenir) la Torah<br />

dissimulée. Nos mains s'étendent à présent vers l'Eternel, en requête, prière et<br />

supplication. Que l'Eternel continue à nous aider à imprimer le reste de ces<br />

extraordinaires enseignements, dans lesquels Rabénou révéla des voies<br />

merveilleuses sur la manière de servir Dieu. Des piliers de marbre édifiés sur des<br />

bases d’or, sur tous les versets de la Bible et toutes les paroles de nos Sages, des<br />

cylindres d'or parés de gemmes, plus précieux que les perles et sertis d’or de<br />

choix. Grâce à eux, nous mériterons d’étudier, d'enseigner, d'observer et<br />

d'accomplir toutes les paroles de Ta Torah, que nous avons reçu de la bouche du<br />

maître de tous les prophètes. Et que se réalise bientôt, en nos jours, le<br />

verset : « Des sauveurs s’élèveront du Mont Tsion », Amen, que telle soit Sa<br />

Volonté !]<br />

TORAH 32<br />

Selon le manuscrit de Rabénou.<br />

« Mon Dieu, ouvre mes lèvres » (Ps. 51:17) correspond aux danses du mariage. En effet, tant<br />

qu’elle n’est pas préparée à l’union conjugale, la femme est appelée « Naara» (Zohar II,<br />

38b), et dont la valeur numérique équivaut aux 320 jugements. Mais lorsqu’elle est prête<br />

à l’union conjugale, elle est alors appelée « Naara », avec un Hé רָ‏ ה)‏ ‏.(נַעֲ‏ En effet, les<br />

rigueurs du jugement sont alors adoucies par les cinq Alef du Nom divin « Ehié » qui sont<br />

377


en Bina (la séphira Compréhension), comme le rappelle le Pri Ets ‘Haïm, Chaar haAmida<br />

(Hé a <strong>pour</strong> valeur numérique 5, et Alef, 1). En résumé, la jeune mariée se trouve encore<br />

au stade de « Naara » (sans Hé), des 320 jugements, il faut (donc) l'adoucir et la<br />

perfectionner, et ceci se fait au moyen des danses. En effet, les jambes correspondent<br />

aux (séphirot) de Netsa’h et Hod (Victoire et Splendeur, cf. Pata’h Eliahou), et elles<br />

s’élèvent par le cœur, plus précisément, par la joie du cœur. On peut en outre constater<br />

que c'est bien la joie du cœur qui nous amène à danser. De même, au sujet de Yaakov il<br />

est écrit : « Il leva ses jambes… » (Bér. 29:1), et Rachi commente : « Son cœur porta ses<br />

jambes ». De plus, le cœur s'apparente à la Bina (la Compréhension), comme<br />

dans : « Bina c’est le cœur, par laquelle le cœur comprend » (Pata’h Eliahou,Tikounim<br />

intro).<br />

C’est <strong>pour</strong>quoi l'intention qu'il faut avoir dans les danses est [d'attirer] les Alef du cœur au<br />

moyen des jambes vers la mariée, qui correspond à cinq fois «Din/jugement » de valeur<br />

numérique 320, égale à celle de « Naara » (sans le Hé). C’est au moyen de la lumière du<br />

cœur, attirée vers elle, qu'elle devient « Naara » avec un « Hé », et qu'elle devient 5 fois «<br />

Adonaï».<br />

Tout ceci correspond à : « Mon Dieu/Adonaï, ouvre mes lèvres », dans le sens où, au moyen<br />

des lèvres, apparentées (aussi) à Netsa’h et Hod, la mariée s’ouvre et s’adoucit au niveau<br />

de l’union conjugale. Elle entre dans la catégorie de « Adonaï », dans le fait qu'elle<br />

devient « Naara » (avec Hé), apte à l’union intime.<br />

Il figure (aussi) dans le Midrach qu'au mariage de Yaakov avec Léa, au moment où ils<br />

dansèrent, ils chantèrent "Haï Laï", (<strong>pour</strong> insinuer) "c'est Léa" (Bér. Raba, 70 :19).<br />

Autrement dit, Léa correspond au monde caché (Zohar, 1, 154a), qui correspond au<br />

cœur, comme il est écrit : « En mon cœur, je cache tes paroles » (Ps. 119:11), d’où<br />

provient l'adoucissement des jugements, lorsqu’on attire le « Hé » du cœur. Tel est donc<br />

le sens de « Hé Léa » (c’est Léa), car il faut attirer depuis Léa les 5 Alef, afin d’adoucir et<br />

de préparer la mariée.<br />

Ils (lui) signifiaient également que la mariée s'appelait Léa (et non Ra’hel), et qu’en vertu<br />

des dimensions qui étaient les siennes, elle pouvait être adoucie.<br />

TORAH 33<br />

Durant l’année 5562<br />

378


Selon le manuscrit de Rabénou<br />

« Quel est l’homme qui désire la vie, aime les jours <strong>pour</strong> voir le bien » (Ps. 34:13)<br />

1- La règle est la suivante : il faut rechercher la paix, (aspirer à ce) que la paix règne au<br />

sein d'Israël et (faire en sorte) que la paix réside en chacun en particulier, dans ses<br />

vertus (traits de caractère). Plus précisément, l’homme ne doit pas être tiraillé entre ses<br />

émotions et les aléas de sa vie, qu’il s’agisse d’événements heureux ou désagréables. Il<br />

devra constamment y trouver la main de Dieu, béni soit-Il, comme il est écrit : « Par<br />

l'Eternel (Nom divin de miséricorde), dont je loue la Parole, par Elokim, dont je loue la<br />

Parole » (Ps. 56:11).<br />

Et de quelle manière trouvera-t-on Dieu dans les désagréments comme dans le<br />

bonheur ? Grâce à la Torah, qui est appelée « paix », comme dans : « (Ses voies sont des<br />

voies pleines de délices), tous Ses sentiers sont paix » (Prov. 3:17 ; Zohar Kora'h 177b) et<br />

grâce aux Justes, également appelés « Alliance de paix» (cf. Bamidbar 25:12, ajouts au<br />

Zohar Berechit 257a). Ainsi, l’homme devient apte à aimer la paix, en toutes<br />

circonstances, tant lors d’un évènement agréable que désagréable. La paix peut ainsi<br />

régner au sein d'Israël, et chacun peut aimer son prochain.<br />

2- Il faut savoir qu’Il « emplit toute la terre de Sa Gloire » (Isaïe 6:3), et qu’il n’est nul<br />

endroit vide de Sa Présence (Tikounim 57, 91b). « Il emplit tous les mondes et entoure<br />

tous les mondes » (Zohar III Pin’has, 225). Même celui qui pratique le commerce avec les<br />

nations ne peut se dispenser (d’en tenir compte). Il ne peut prétendre à une incapacité à<br />

servir Dieu, béni soit-Il, en tirant prétexte des assauts répétitifs de la grossièreté et de la<br />

matérialité impliquées par les affaires qu'il entreprend toujours avec eux (les idolâtres).<br />

Nos Sages de mémoire bénie nous ont déjà révélé que l'on peut trouver la présence de la<br />

divinité dans toute chose matérielle et dans toutes les langues des Nations. Sans Sa<br />

divinité, elles (ces choses/paroles) seraient dé<strong>pour</strong>vues de toute vitalité et de toute<br />

existence, comme il est écrit : « Et Toi, Tu donnes la vie à tous les êtres » (Né’hemia, 9:6).<br />

Cependant, la vitalité et la divinité sont là-bas (diffusées de façon) particulièrement<br />

étroite et en quantité minimale, à peine suffisante <strong>pour</strong> (leur permettre de) subsister et<br />

perdurer, mais pas davantage. En effet, le Saint béni soit-Il a restreint Sa divinité dans<br />

une succession de contractions, nombreuses et variées, depuis le commencement de la<br />

379


Pensée jusqu’au point central du monde matériel, qui n'est autre que le foyer des<br />

écorces. La quantité de revêtements qui habillent Sa divinité augmente avec le nombre<br />

des chaînons de cette chaîne descendante et ses contractions successives. Cet<br />

enseignement a été révélé par nos Sages, de mémoire bénie. Ils nous ouvrent une<br />

perspective telle que l'homme éclairé saura et comprendra que toute chose matérielle<br />

renferme Sa divinité et Sa vitalité. Nos sages, de mémoire bénie, ont expliqué en ces<br />

termes : "TaT", en langue Katpi, signifie "deux", et "PaT", en langue Afriki, signifie<br />

"deux"(Ména’hot 34b). Cela vient nous apprendre que toutes les langues des Nations<br />

contiennent de Sa divinité qui les fait vivre. C’est également ce que le Talmud<br />

Yérouchalmi rapporte : « Si un homme te demande où est ton Dieu, réponds-lui : "Dans<br />

la grande métropole de Rome", comme il est écrit : "Il m’appelle depuis Séïr" (Isaïe<br />

21:11) ».<br />

Il en ressort que cet homme (Juif) qui a posé cette question : « Où est ton Dieu ? » est très<br />

certainement enfoncé dans le foyer des « écorces », car en remettant en cause le<br />

fondement de la foi, il s’est retranché de l’ensemble du peuple (voir la Hagada de<br />

Pessa'h). En effet, en demandant : « Où est ton Dieu ? », (il témoigne que) Dieu lui semble<br />

absent de l’endroit où il se trouve. C’est <strong>pour</strong>quoi tu lui répondras : "Même à l’endroit où<br />

tu te trouves, là où tu es enfoncé, dans le foyer des « écorces », là-bas aussi tu <strong>pour</strong>ras<br />

trouver Sa divinité, car c’est Lui qui donne vie à tout, comme il est écrit : « Et Toi, Tu<br />

donnes vie à tous les êtres ». Et même depuis là-bas, tu as la possibilité de t’attacher à Lui,<br />

béni soit-Il, et de revenir vers Lui par un repentir complet, « Car (cette Loi que Je t’impose<br />

en ce jour,) elle n’est pas loin de toi » (Dévarim 30 :11, selon le commentaire du Ramban).<br />

La seule différence (en ce cas) est que là où tu te trouves, (Sa divinité se revêt) de<br />

nombreux habits."<br />

Ainsi, plus l’homme progresse de niveau, plus il se rapproche de Dieu béni soit-Il, mieux<br />

il <strong>pour</strong>ra connaître Dieu avec une compréhension accrue. En effet, plus le niveau devient<br />

élevé, plus le nombre de vêtements diminue et moins il y aura de contraction (de la<br />

divinité). Il s'approchera ainsi de plus en plus de Dieu, béni soit-Il, il peut s’aimer luimême<br />

en même temps que Dieu, béni soit-Il, d'un amour accru d'autant.<br />

3- Et voici : il existe deux sortes de jours : des jours de bien et des jours de mal, comme il<br />

est écrit : « Au jour de bien, réjouis-toi, au jour de malheur, regarde. » (Kohélet 7:14).<br />

380


Autrement dit, l’homme doit scruter très scrupuleusement (ces mauvais jours) et il y<br />

trouvera très certainement « des bons jours », c’est-à-dire, la Torah.<br />

Les jours sont également appelés « mesures », comme dans : « La mesure de mes<br />

jours » (Ps. 39:5). Or, les mesures sont la Torah, car la Torah tout entière est constituée<br />

des Attributs du Saint béni soit-Il. La Torah parle d’amour, de crainte et des autres<br />

vertus. C’est avec elle que le Saint béni soit-Il créa les mondes, comme il est écrit : « Et Je<br />

serai, auprès de lui, comme un précepteur » (Prov. 8:30 – que le Midrach explique ainsi :)<br />

« Ne lis pas AMoNe/précepteur, mais « OMaNe/artisan » (Beréchit Raba, 1:1 ; Zohar III,<br />

35b). Ce sont donc les lettres de la Torah qui font vivre chacune des choses (comme un<br />

artisan aidé de ses outils, Dieu s’est servi de la Torah <strong>pour</strong> créer les mondes). Plus le<br />

niveau est bas, plus les lettres de la Torah se trouvent contractées par rapport au niveau<br />

supérieur. Elles n'y brillent pas autant qu'au-dessus, au niveau supérieur, afin de ne pas<br />

prodiguer de lumière et de vitalité excessive, plus qu’il ne convient. Il en ressort que l'on<br />

peut trouver des lettres de la Torah même dans le foyer des « écorces», autrement dit,<br />

dans les mauvais jours, dans les mauvaises vertus, dans les langues des nations.<br />

Cependant, la quantité de « vêtements » et l’ampleur de leur rétrécissement empêchent<br />

d'apercevoir les lettres de la Torah. Autrement dit, les jours de bien (sont voilés) par les<br />

jours de mal et les ténèbres qui les couvrent.<br />

Toutefois, l'assujettissement (par l’homme) du mauvais penchant, des jours de mal et<br />

des mauvaises vertus, suscite une confusion totale chez le mal du fait des jours de bien<br />

qu’ils renferment. Les lettres deviennent dès lors particulièrement évidentes,<br />

apparentes et étincelantes. Alors qu’avant (l’assujettissement du mauvais penchant)<br />

elles ne brillaient que modérément, puisqu’elles ne recevaient que peu de lumière d’Enhaut<br />

afin que les jours mauvais ne reçoivent pas plus que nécessaire à leur vitalité. A<br />

présent, alors que le mal est anéanti et que seules les lettres de la Torah subsistent, elles<br />

reçoivent désormais une puissante lumière d’En haut.<br />

Par conséquent, chez celui qui assujettit son penchant, en d’autres termes : <strong>pour</strong> celui<br />

qui a soumis les jours de malheur, les discussions avec les idolâtres ou l'observation de<br />

leur comportement s'accompagnent de la disparition et de la chute du mal qui recouvre<br />

le bien, (qui recouvre) les lettres de la Torah. Ces dernières deviennent visibles. Il<br />

perçoit donc la Torah contenue dans cette même chose.<br />

C’est ce qui figure dans le saint Zohar: « Bénissez l’Eternel, vous ses anges, héros puissants,<br />

qui faites Sa Parole, etc. » (Ps. 103:20) : il s'agit de ceux qui surmontent leur penchant et<br />

381


essemblent ainsi à de véritables anges. « Qui faites Sa Parole/chose » signifient qu'ils<br />

produisent cette chose. « … Pour écouter le son de Sa Parole » (suite), signifie qu’ils<br />

obtiennent le mérite d’entendre les voix d’En haut » (Zohar I, 90a). En effet, la Torah est<br />

appelée « parole », comme dans : « Il a enjoint par Sa Parole à mille générations » (Ps.<br />

105:8).<br />

Plus nombreuses sont les contractions, plus nombreux sont les habits qui rétrécissent et<br />

qui habillent les lettres de la Torah, plus la Torah se trouve cachée et dissimulée. Par<br />

conséquent, celui qui découvre les lettres de la Torah de leurs vêtements ressemble à<br />

celui qui construit la Torah. Ainsi par exemple, les lettres de la Torah étaient dispersées<br />

et éparpillées parmi les langues des nations, sans que nul homme n’en ait connaissance,<br />

du fait des jours mauvais qui les assombrissaient et les recouvraient. Et voici que<br />

soudain, le mal, c'est-à-dire les langues des nations, se soumettent et s'annulent devant<br />

cet homme qui ressemble à un ange de l’Éternel Tsévaot, de par la domination de son<br />

penchant, c’est-à-dire des jours mauvais. Les lettres de la Torah deviennent alors<br />

apparentes. Débarrassées de leurs habits matériels, c'est-à-dire des langues des nations,<br />

des mauvaises vertus ou des jours mauvais, ces lettres de la Torah reçoivent une lumière<br />

plus intense que celle qu’elles recevaient antérieurement. En effet, au départ, elles n'en<br />

recevaient que le minimum vital, convenant au lieu, de façon à ne pas influer davantage<br />

que ce qui leur revient.<br />

Ainsi est-il mentionné dans les écrits du Ari Zal : « Jusqu’à ne plus faire la distinction<br />

entre maudit soit Haman et béni soit Mordékhaï» signifie qu'il faut attirer l’abondance<br />

vers les « écorces », mais pas plus que ce qui leur assure une vitalité minimale [cf. Pri Ets<br />

‘Haïm, Kavanot Pourim, chap. #6, où il est expliqué que l’on doit attirer la vitalité <strong>pour</strong> la<br />

sainteté enfouie dans les écorces, mais dans une proportion minime. Ceci constitue le<br />

secret des intentions que l'on doit avoir <strong>pour</strong> l’ivresse de Pourim, voir là-bas].<br />

Mais une fois dépouillées des écorces, elles (les lettres de la Torah débarrassées de leurs<br />

habits matériels) reçoivent d’En haut une lumière intense. Tel est donc le sens de « Qui<br />

faites Sa Parole, <strong>pour</strong> entendre le son de Sa Parole » : lorsque l’on produit et que l'on<br />

construit la Torah auparavant dispersée et disséminée dans les langues des idolâtres,<br />

dans les mauvaises vertus et dans les jours mauvais, alors : « Pour entendre le son de Sa<br />

Parole », on mérite d’entendre les voix d’en haut. Autrement dit, la chose/parole, c'est-àdire<br />

la Torah, reçoit une lumière puissante d’En haut. C’est ce qui signifie « écouter la<br />

Torah ».<br />

382


Telle est la notion de « Nous ferons et nous écouterons » (Chemot 24:7). Dans un premier<br />

temps, les lettres de la Torah doivent être « faites » et construites, de telle sorte qu’elles<br />

soient « visibles et combinées » (Yoma, 73b). Par la suite, « nous écouterons » : nous<br />

mériterons d’entendre les voix d’En haut. Autrement dit, les lettres de la Torah reçoivent<br />

une grande vitalité et une puissante lumière, bien plus que ce qu’elles recevaient<br />

auparavant, lorsqu’elles étaient habillées des langues des nations et des jours mauvais.<br />

4- De plus, il est connu que l'amour de Dieu, béni soit-Il, repose sur la Torah, c'est-à-dire<br />

sur les Attributs et donc sur les jours. Ceci apparaît dans le Zohar Hakadoch :<br />

« Le jour, l’Éternel ordonne Sa Bonté… » (Ps. 42:9). La bonté signifie l’amour, comme il<br />

est écrit : « Je t’aime d’un amour éternel etc, [aussi, Je déverse sur toi Ma Bonté] » (Jérémie,<br />

31:2) ; « … il s’agit du jour qui accompagne tous les autres jours » (Zohar Balak 191b et<br />

Berechit 46a), c’est-à-dire (qui accompagne) les Attributs. En effet, les Attributs<br />

constituent les contractions de Sa divinité, nous permettant de Le percevoir par<br />

l’intermédiaire de Ses Attributs. Ceci apparaît (aussi) dans le Zohar Hakadoch : « Pour<br />

qu’ils Le connaissent » (Zohar II, 42b), car il est impossible de Le connaître sans Ses<br />

Attributs. C'est précisément cet amour par lequel Il aime Israël, et grâce auquel Il désire<br />

qu’ils s’attachent à Lui, qu'ils L’aiment, et qu'ils soient avec Lui dans ce monde-ci<br />

précisément, qui L'amena à revêtir Sa divinité des mesures de la Torah.<br />

Telle est la notion de « 613 commandements ». En effet, Dieu, béni soit-Il, estima dans<br />

Son (infinie) Connaissance, que nous <strong>pour</strong>rions Le percevoir à travers tel ou tel<br />

commandement. Ainsi, Il a contracté Sa divinité, précisément, dans chacun de ces 613<br />

commandements. Par exemple, Il a estimé dans Sa Connaissance le commandement des<br />

Téfilin, y compris les modalités de ce commandement. En l'occurrence, (dans les Téfilin<br />

de la tête, Il a considéré) qu’il y aurait quatre parchemins, quatre compartiments de cuir<br />

avec des inscriptions et des lanières de cuir. C’est ainsi que dans Sa Connaissance, Il a<br />

estimé, que nous <strong>pour</strong>rons Le percevoir et Le servir au moyen de cette contraction. Voilà<br />

<strong>pour</strong>quoi Il n’a pas ordonné de fabriquer quatre boîtiers en argent ou en or, car c’est<br />

ainsi qu’Il l’a considéré, et qu'il l’a mesuré dans Son amour. Il en ressort que c'est Son<br />

amour <strong>pour</strong> Israël qui Le porta à Se revêtir des mesures de la Torah. Par conséquent,<br />

chacune des mesures contient l’amour que la Saint-béni-soit-Il éprouve <strong>pour</strong> Israël.<br />

383


De ce fait, celui qui dépouille la Torah de ses revêtements d’écorces en dominant son<br />

penchant, se rapproche de la paix, comme il est écrit : « Toutes ses voies sont paix » (Prov.<br />

3:17).<br />

La Torah contient deux aspects : un aspect révélé et un aspect caché. Le caché<br />

correspond à « La Torah de l’Ancien impénétrable, qui se révèlera aux temps futurs ».<br />

Dès lors que se dévoilera cette Torah de « l’Ancien impénétrable », une merveilleuse<br />

paix règnera sur le monde, comme il est écrit : « Le loup résidera avec l’agneau, le léopard<br />

avec la brebis, etc. Ils ne feront plus de mal, ne détruiront plus sur toute la Montagne de Ma<br />

sainteté, car la terre toute entière sera recouverte de connaissance de l'Eternel » (Isaïe<br />

11:6-9). En effet, c'est alors que l’amour contenu dans Sa Connaissance se révèlera.<br />

5- Il existe deux sortes d’amour : un amour relatif aux jours, comme nous l’avons vu plus<br />

haut : «Le jour, l’Éternel ordonne Sa Bonté », il s'agit du jour qui accompagne tous les<br />

autres jours, où chaque jour, c’est-à-dire chacune des mesures, renferme l’amour de<br />

Dieu béni soit-Il <strong>pour</strong> Israël. Il s’agit de l'(amour) effectif. Et il existe (également) un<br />

amour à l’état potentiel. C’est l'amour qui reliait, avant la Création, Israël à son Père qui<br />

est dans les Cieux, lorsqu'Israël se trouvait encore dans l’esprit et dans le « cerveau »<br />

divin. Chaque homme est en mesure de saisir la notion d’amour qu’un père porte à son<br />

fils. Par contre, nous ne pouvons pas actuellement saisir l'amour ni le rapport qui<br />

existent entre un fils et son père, lorsque le fils se trouve encore dans le cerveau<br />

paternel (en potentiel), avant même sa conception. Nous ne pouvons en effet saisir, <strong>pour</strong><br />

l’instant, que ce qui entre dans le cadre du temps et des mesures. Et un amour situé au<br />

niveau de la pensée et du cerveau transcende justement le temps et les mesures, et<br />

aucun habit ne le revêt.<br />

Mais dans l'avenir, lorsque la Torah de l’Ancien Caché sera révélée, la parole de nos<br />

maîtres de mémoire bénie se réalisera : « Les Justes sont destinés à pointer du doigt,<br />

ainsi qu’il est écrit : "Voici l’Éternel en Qui nous avons espéré " (Isaïe 25:9) » (Taanit 31).<br />

En effet, le Saint béni soit-Il se dépouillera alors de Ses vêtements et « la terre se<br />

remplira de la Connaissance de l'Eternel, comme les eaux recouvrent la mer ». L’amour qui<br />

est dans la Connaissance, qui l’essence de l'intériorité de la Torah, c’est-à-dire la divinité<br />

résidant dans la Torah et ses mesures/attributs, se dévoilera. En effet, <strong>pour</strong> l’heure, ce<br />

vêtement recouvre Sa divinité, c’est-à-dire la dimension profonde de la Torah. De plus,<br />

384


lorsque se révèlera l'intériorité, autrement dit Sa divinité, la paix abondera, comme il est<br />

écrit : « Ils ne feront plus de mal, ne détruiront plus sur toute la Montagne de Ma sainteté,<br />

car la terre tout entière sera remplie de connaissance etc. » C'est alors l’amour contenu<br />

dans la Connaissance (dans la Pensée divine) qui se dévoilera.<br />

C'est aussi ce dont il s'agit dans : « Ce sera un jour unique, l'Eternel le connaît » (Zékharia<br />

14:7). En effet, il y est question du dévoilement de l'amour, appelé « jour », comme il est<br />

écrit : « Le jour, l’Éternel ordonne Sa Bonté ». Autrement dit, il s'agit du dévoilement de<br />

l'intériorité de la Torah auparavant enfouie, comme dans : « Dieu vit que la lumière était<br />

bonne » (Bér. 1:4. Le verset de Zékharia fait allusion au "jour un"), que nos Sages de<br />

mémoire bénie interprètent : « Qu’il était bon de dissimuler » ('Haguiga, 12a). En effet, le<br />

monde n’est pas (encore) en mesure de faire usage de la lumière de cette Torah. En<br />

outre, la Torah est appelée « bonne », comme il est écrit: « Car c’est un bon enseignement<br />

que Je vous ai donné (Prov. 4:2) » (Avoda Zara, 19). D’autre part, la Torah est appelée «<br />

lumière », comme dans : « Et la Torah est lumière » (Prov. 6:23).<br />

En parallèle, il existe des Justes cachés et dissimulés dont le monde ne peut faire usage.<br />

Aussi, le Juste se nomme "bon", ainsi qu’il est écrit : « Annoncez au juste qu’il est bon »<br />

(Isaïe 3:10, 'Haguiga id.) ; de même, il s'appelle « lumière », comme dans : « La lumière se<br />

répand sur le Juste » (Ps. 97:11).<br />

En revanche, lorsque les Justes cachés et la Torah cachée se dévoileront, la paix se<br />

manifestera en abondance, sous la forme du l'union de tous les contraires, comme<br />

dans : « Le loup résidera avec l’agneau ». En effet, l’amour contenu dans la Connaissance<br />

(la Pensée divine) se dévoilera alors. C'est cet amour qui est appelé « Ce sera un jour<br />

unique, l'Eternel le connaît », autrement dit l'amour contenu dans la Connaissance, « qui<br />

n’est ni jour ni nuit » dans la mesure où cet amour transcende le temps et les mesures.<br />

6- (Ce principe se vérifie) même en ce qui concerne les mesures elles-mêmes,<br />

puisqu'elles relèvent chacune d'un niveau distinct, chacune d'elles a une fonction de<br />

Connaissance, relativement à celle qui lui est inférieure. C’est ce que nos Sages ont<br />

enseigné : « Ce que la Sagesse considère comme la Couronne sur sa tête n’est considéré<br />

par l'humilité que comme le talon de sa chaussure » (Cantique Raba 1:9, cité par les<br />

Tossafot Yébamot 150). Il en découle que le niveau inférieur du monde de la Formation<br />

représente la dimension de Connaissance <strong>pour</strong> le monde de l'Action, situé au-dessous de<br />

lui. En conséquence, il peut y avoir l’amour qu’un homme éprouve <strong>pour</strong> Dieu, béni soit-Il,<br />

385


selon ses mesures et dans le temps, que l’homme situé à un niveau inférieur à lui<br />

considérera comme un amour contenu dans la Connaissance, au-dessus du temps.<br />

Telles sont les paroles de nos maîtres, de mémoire bénie : « Car les lèvres du Cohen<br />

conserveront la connaissance et l’on réclamera la Torah de sa bouche, etc. » (Malachie<br />

2:7), si le maître ressemble à un ange de l’Éternel Tsévaot, etc, c’est-à-dire, s’il domine<br />

son penchant, il ressemble alors à un ange de l’Éternel Tsévaot, comme il est écrit dans<br />

le Zohar : « Bénissez l’Eternel, vous, ses anges, héros puissants », il s’agit de ceux qui<br />

maîtrisent leurs instincts, etc. Car avec la domination de son penchant, les lettres de la<br />

Torah apparaissent et se combinent. (Ce maître) évoque la dimension « Nous ferons et<br />

nous entendrons », car il fait et construit les lettres de la Torah, et mérite d’entendre la<br />

voix de la Torah d'En haut. Il va sans dire que d’un tel maître « on réclamera la Torah de<br />

sa bouche ». En effet, il connaît très certainement la Torah, et il recueille les lettres de la<br />

Torah même à partir des choses matérielles.<br />

C’est ainsi : « Car les lèvres du Cohen conserveront la connaissance » : le Cohen reflète la<br />

dimension de Bonté ; « Conserveront la connaissance », signifie alors que l’amour<br />

contenu dans la Connaissance se dévoilera grâce à ce maître. (Cet amour), relativement à<br />

ton niveau, est un amour qui transcende le temps, car il est « Un jour unique, l'Eternel le<br />

connaît, etc. »<br />

7- De fait, tout homme peut savourer le goût de la lumière de l’amour contenu dans la<br />

Connaissance, chacun selon sa dimension, y compris actuellement, au cœur même des<br />

jours. Et plus précisément, (on peut y arriver) lorsque l'on connecte son cœur à sa<br />

connaissance. En effet, chaque israëlite sait globalement qu’il existe un Dieu, alors que<br />

"les impies sont sous l’emprise de leur cœur" (Berechit Raba, 34:10). De plus, les vertus<br />

et les jours sont inclus dans le cœur, comme l’on enseigné nos sages, de mémoire<br />

bénie : « Dieu désire le cœur » (Sanh. 106b) et « que l’on dirige son cœur vers le Ciel »<br />

(Berakhot 5b). En effet, l’essentiel (le siège) des vertus est le cœur.<br />

Il en ressort alors que lorsque l'on connecte son cœur à Sa connaissance, que l'on sait<br />

d’une manière générale qu'un Dieu existe « qui emplit toute la terre de Sa Gloire » et que<br />

l’on conçoit les connaissances de la Torah (que Dieu existe partout…), on soumet alors<br />

son cœur à cette connaissance. Autrement dit, on a le contrôle de son cœur. Du coup, les<br />

386


vertus de son cœur s'incluent, elles aussi, dans sa connaissance. Par conséquent, les<br />

vertus reçoivent la lumière de l’amour contenu dans la Connaissance, et l’on voit et<br />

appréhende la lumière (originelle) cachée, chacun selon son degré. Autrement dit, (nous<br />

percevons alors) les Justes et la Torah qui nous étaient auparavant cachés. Lorsqu’on<br />

soumet son cœur à la Connaissance, le cœur, qui constitue la racine de toutes les vertus,<br />

reçoit la lumière de l’amour contenu dans la Connaissance. C'est l'amour qui était en<br />

potentiel, entre le Saint béni soit-Il et Israël, avant la création.<br />

Tel est le sens de : « Qui est l’homme qui désire la vie ». "Désire" correspond au cœur,<br />

car le désir se trouve dans le cœur. Et "la vie" correspond à la connaissance, ainsi qu’il<br />

est écrit : « La connaissance est source de vie <strong>pour</strong> celui qui la possède » (Prov. 16:22). Il<br />

s'agit donc de la connexion du cœur à la connaissance, lorsque l'on a l'emprise sur son<br />

cœur, que l’on soumet son penchant. Dès lors, chacun selon son niveau, « aime les<br />

jours ». On attire l’amour depuis la Connaissance vers l’intérieur des jours et des<br />

mesures. « Pour voir le bien ». On voit et perçoit la lumière "qui est bonne" et qui était<br />

cachée. On perçoit la lumière, c’est-à-dire la Torah cachée et les Justes cachés.<br />

[J’ai aussi entendu, au nom de Rabénou, qu'il avait dit que cet Enseignementinclut en elle<br />

les Kavanot du Loulav . Je n’ai cependant pas eu le mérite d’entendre l'explication sur ce<br />

sujet. Je me suis toutefois penché sur la question, et j’ai trouvé quelque peu.<br />

En effet, l’essentiel des Kavanot du Loulav consiste à attirer toutes les Bontés vers la<br />

poitrine et à les éclairer vers la Royauté. On doit ainsi effectuer (avec le loulav) des vaet-vient<br />

de façon à attirer la lumière depuis la racine des Bontés contenues dans la<br />

Connaissance jusqu’aux Bontés répandues dans le corps, leur ajoutant une grande<br />

lumière, depuis leur source dans la Connaissance, etc. Voir Pri Ets ‘Haïm, porte du<br />

Loulav. Y est également expliquée (au chap. #3) l’intention cabalistique relative au<br />

verset : « Le jour/Yomam, l’Éternel ordonne Sa Bonté ». Il est écrit « Yomam » (avec un<br />

"Mêm" superflu, qui fait allusion à un pluriel), plutôt que « Yom », (<strong>pour</strong> suggérer que la<br />

Bonté) accompagne tous les autres (attributs), voir sur place.<br />

Eh bien tout ceci est expliqué dans cette Torah, selon l'extraordinaire élocution de<br />

Rabénou, de mémoire bénie. Il y est effectivement expliqué que grâce à la soumission du<br />

penchant, on mérite de dévoiler l’amour, qui est la Bonté, qui est le « jour qui<br />

accompagne tous les autres jours. » En d’autres termes, l’amour, qui est la Bonté habillée<br />

dans toutes les vertus, etc.<br />

387


Il y est expliqué aussi qu’il existe un amour contenu dans la Connaissance, qui<br />

transcende le temps et les mesures, et qu'en connectant son cœur à sa connaissance,<br />

lorsque son cœur est sous son contrôle etc, dès lors, les vertus reçoivent la lumière de<br />

l’amour contenu dans la Connaissance, etc. Comme il apparaît plus haut.<br />

Tout ceci représente le secret des Kavanot du Loulav dont nous avons parlé, qui consiste<br />

à attirer une illumination depuis la source des Bontés contenues dans la Connaissance,<br />

de l'ordre de l’amour contenu la Connaissance, vers l’intérieur des Bontés situées dans le<br />

corps, relevant de l’aspect général des vertus. En effet, toutes les vertus habillent les<br />

Bontés, correspondant à l’amour, comme nous l'avons vu.<br />

Tout ceci dans le but d'illuminer en direction de la Royauté, qui n'est autre que l'Etrog.<br />

Autrement dit, dans l'intention de révéler Sa Royauté sur toutes les créatures terrestres,<br />

ou encore de découvrir Sa Divinité dans toutes les langues des Nations, dans toutes les<br />

choses matérielles et dans tous les foyers des écorces, comme évoqué plus haut. Tout<br />

ceci correspond à « Sa Royauté s’exerce sur tous » (source), et tout ceci se fait grâce au<br />

juste qui soumet son penchant. (Le Juste) correspond au Loulav, comme nous le savons,<br />

de l'ordre de : « Le Juste fleurit comme le palmier » (Ps. 92:13).<br />

En effet, durant la fête de Soukot, nous nous employons à dévoiler Sa Royauté à toutes<br />

les créatures terrestres, y compris aux soixante-dix cultures des nations, ce qui constitue<br />

le secret des soixante-dix taureaux apportés en sacrifice, en leur faveur, durant Soukot.<br />

C’est <strong>pour</strong> cela que nous disons après avoir porté le Loulav et après les Hakafot : « Pour<br />

que tous les peuples de la terre aient la connaissance que l'Eternel est Dieu et qu'il n'y en a<br />

d'autres ». Tout cela est expliqué dans cette Torah, comme rapporté plus haut en détails.<br />

Il faut cependant effectuer encore une profonde étude afin d’expliciter toutes les<br />

Kavanot du Loulav d’après la présente Torah. L'Eternel éclairera nos yeux dans Sa<br />

Torah, afin que nous méritions de comprendre ses paroles, ses allusions merveilleuses<br />

et extraordinaires.]<br />

TORAH 34<br />

Selon le manuscrit de Rabénou<br />

388


« Vous, vous serez <strong>pour</strong> Moi une dynastie de prêtres et une nation sainte. Telles sont les<br />

paroles que tu diras aux enfants d'Israël » (Chémot 19:6)<br />

1- Il est écrit : « L'affront a brisé mon cœur » (Ps. 69 21). Autrement dit, les offenses et<br />

les humiliations brisent le cœur de l’homme. Pour réparer cela, il faut rattacher le cœur<br />

(de la personne) au point correspondant à son cœur à cet instant précis. Grâce à cela, la<br />

honte reposant sur son cœur disparaîtra.<br />

2- En effet, telle est la règle : le Juste peut exercer son pouvoir comme il le veut, ainsi<br />

que l’ont expliqué nos Sages de mémoire bénie, sur le verset « Le Juste<br />

gouverne » (Samuel II, 23:3). (Comme si Dieu demandait :) « Qui Me gouverne ? – Le Juste<br />

» (Moëd Katan 16b). (Cette règle est) l’équivalent de : « Et Yossef était le gouverneur »<br />

(Bér. 42:6), (où) Yossef est la racine englobant l’ensemble des âmes d'Israël. Ces<br />

dernières constituent ses branches, et reçoivent de lui (leur vitalité). L’essentiel de ce<br />

pouvoir consiste à éclairer et à éveiller leur cœur au service de Dieu, béni soit-Il, ainsi<br />

qu’il est écrit : « Ecoute Éternel, la voix de Yehouda, et ramène le à son peuple » (Dévarim<br />

33:7). Autrement dit, le pouvoir du juste consiste à éclairer sa lumière sur les branches,<br />

c'est-à-dire, à faire briller le cœur d’Israël. C’est ce que signifie : « Et ramène-le à son<br />

peuple ».<br />

3- Le concept : « Et Yossef était le gouverneur » correspond au Mélafoum , comme il est<br />

écrit [dans tous les textes cabalistiques et rapporté dans Chaaré Tsion, Tikoun<br />

Hanéfech] : L’Alliance du char du Yessod/Fondement (maîtrise de l’Alliance, représenté<br />

par Yossef) est exprimé avec le Tétragramme ponctué avec un Mélafoum [Tikounim 70].<br />

En effet, les lettres du mot Mélafoum peuvent se lire : Mélo-Foum/la bouche pleine, <strong>pour</strong><br />

signifier que les réceptacles de l'abondance, c’est-à-dire la bouche du juste, est emplie de<br />

la divinité de Dieu béni soit-Il. On serait en effet en droit de se poser la question : a<br />

priori, <strong>pour</strong>quoi avons-nous besoin de la prière, alors que Dieu béni soit-Il connaît nos<br />

pensées ? Mais (en fait) la parole constitue les réceptacles de l’abondance, par lesquels<br />

nous recevons la bénédiction, comme il est écrit : « Il vous bénira, comme Il vous a parlé »<br />

(Dévarim 1:11), autrement dit, l'abondance est fonction de la parole. Si la parole, c’est-àdire<br />

le réceptacle de l’abondance, connaît la perfection et la plénitude, on <strong>pour</strong>ra alors<br />

recevoir d’eux (les bénédictions dans) la plus grande abondance. Or, puisque les paroles<br />

389


du Juste sont sans nul doute parfaites et complètes, il est donc en mesure d’attirer<br />

l'abondance sur Israël. C’est <strong>pour</strong> cela qu'il s'appelle « Mélo-Foum », car sa bouche est<br />

pleine et parfaite.<br />

4- Chaque membre d'Israël renferme la dimension « gouvernance du Juste », liée à «<br />

Mélo Foum » (bouche pleine), comme il est écrit (Isaïe 60 :21) : « Et l'ensemble de ton<br />

peuple [Israël] est constitué de Justes » (le principe s’étend à chaque juif, tous sont des<br />

Justes). L’explication de : « Israël, Ses gouvernants » (Ps. 114:2) s'apparente avec : « Qui<br />

Me gouverne ? – Le Juste ». En effet, chacun des membres d'Israël renferme quelque<br />

chose de précieux, comme un « point » (une spécificité) qui n’existe pas chez un autre.<br />

Nous l’avons vu par exemple, dans l'anecdote d’Abbayé et Abba Oumana (Taanit 21b).<br />

On y raconte que <strong>pour</strong> consoler Abbayé, qui enviait le mérite d’Abba Oumana, les sages<br />

lui dirent : « Tu ne peux pas réaliser les bons offices (rendus par) Abba Oumana, etc. »<br />

C'est que le point en question, que chacun renferme (en lui, par rapport à) son prochain,<br />

(a <strong>pour</strong> rôle) d’influencer, d’éclairer et d’éveiller le cœur de l’autre. Son prochain doit<br />

(donc éprouver grâce) à lui un éveil, et recevoir (de lui) cette dimension, comme il est<br />

écrit : « Ils reçoivent l’un de l’autre». En effet, avant le don de la Torah, le pouvoir se<br />

trouvait dans les mains de Dieu béni soit-Il. Mais après le don de la Torah, Il confia cette<br />

autorité à l'ensemble d'Israël, chacun selon son niveau. Les lettres de la Torah<br />

constituent en fait l’enveloppe qui habille la Volonté de Dieu béni soit-Il.<br />

La Volonté de Dieu béni soit-Il est que les commandements prendront telle ou telle<br />

forme. Ainsi par exemple, à propos du commandement des Tefilin (Phylactères), Sa<br />

Volonté fut qu'il y aurait quatre parchemins avec des boîtiers en cuir et non pas d’argent,<br />

car telle était Sa Volonté. Sa Volonté s'habille ainsi dans toute la Torah. Aussi, à présent,<br />

alors que la Torah nous a été transmise, la Volonté de Dieu béni soit-Il se retrouve entre<br />

nos mains. Nous détenons désormais le pouvoir, si l’on peut s’exprimer ainsi, de faire en<br />

sorte que Sa Volonté soit selon notre volonté.<br />

(La formule) « Israël, Ses gouvernants » (prend alors toute sa signification). C'est aussi le<br />

sens de l'exégèse de nos maîtres, de mémoire bénie : « "Tu as accompli de nombreuses<br />

choses, Toi l'Éternel mon Dieu, etc." (Ps. 40 :6) avant le don de la Torah. Mais après le don<br />

de la Torah : " … Tes prodiges et Tes pensées en notre faveur" » (Yerouchalmi Roch<br />

Hachana, 1:3). Autrement dit, tout est entre nos mains. Tel est le sens du verset : « Je suis<br />

l’Éternel qui t’ai fait monter du pays d’Egypte, etc. » (Ps. 81:11) : avant le don de la Torah,<br />

390


tout dépendait de « Je suis ». Mais après le don de la Torah : « … Ouvre ta bouche et Je la<br />

remplirai » (id.), de la dimension Mélafoum, du même ordre que « Yossef était le<br />

gouverneur », ainsi que « Qui Me gouverne ? etc. ». Autrement dit, l’abondance dépend de<br />

l’ouverture de la bouche, c’est-à-dire des outils de la parole, chacun selon son niveau.<br />

5- De plus, le Mélafoum, de l'ordre de « Yossef était le gouverneur » (de l’Egypte), se<br />

présente comme un point et d’un Vav ‏(ּו)‏ En effet, la dimension de Yossef émane de la<br />

Sagesse et de la Compréhension, comme il est écrit (paroles de Pharaon à Yossef) : « Dès<br />

lors que Dieu t'a révélé tout cela, nul n'est sage ni intelligent comme toi » (Bér. 41:39). Il<br />

s’agit là d’une référence à la Sagesse et à la Compréhension, et c'est grâce à elles que se<br />

réalise : « Yossef était le gouverneur ». De plus, la Sagesse correspond à un point, c’est-àdire<br />

à un Youd, à une source. La Compréhension, elle, est un fleuve qui émane de la<br />

source. C’est en référence (à ce) prolongement qu'elle est (signifiée par) le Vav, qui<br />

s'appelle "fleuve qui s’écoule de la source", ce qu’est le Youd.<br />

6- La dimension Mélafoum se retrouve dans la globalité autant que dans le détail des<br />

choses.<br />

En effet, les Dix commandements avec les Tables de la Loi correspondent au Mélafoum.<br />

(Les Dix commandements) sont Youd (dont la valeur numérique est 10), et les Tables<br />

sont Vav (dont la valeur numérique est de 6), comme l’ont expliqué nos maîtres de<br />

mémoire bénie : « Les Tables avaient <strong>pour</strong> longueur six et <strong>pour</strong> largeur six » (Baba Batra<br />

14a).<br />

La Torah et le monde correspondent également au Youd et Vav. En effet, la Torah est<br />

Youd, puisqu’elle est appelée (Ps. 111:10) « le commencement de la Sagesse ». Le monde,<br />

quant à lui, est Vav, car il fut créé en six jours.<br />

Le Juste et Israël sont également Youd Vav. Le Juste est Youd en ce sens que les Justes<br />

sont appelés les Sages de la communauté. Israël correspond au Vav, car ils sont les<br />

soutiens de la Torah [voir Introduction au Zohar, page 8] et sont appelés « les crochets<br />

des piliers » (Chemot 27, 10).<br />

Chaque membre du peuple d'Israël renferme spécifiquement en lui cette dimension de<br />

Youd Vav. Youd se réfère à la bouche, comme il est écrit : « Ma bouche exprimera la<br />

sagesse, etc. » (Ps. 49:4). Vav se réfère à (suite du verset) : « … Les pensées de mon cœur<br />

sont des compréhensions ». Il s'agit là des Tables, qui sont Vav, comme rappelé plus haut,<br />

391


comme est-il écrit : « Attache les à ton cou, inscris-les sur les tables de ton cœur » (Prov.<br />

3:3).<br />

7- Lorsque le cœur, qui correspond au Vav et aux Tables, est investi dans des amours<br />

néfastes, correspondant aux offenses et aux humiliations, appelées « excroissance du<br />

cœur » (voir Deut. 10 :16), on se trouve alors dans la dimension « débris des Tables ».<br />

L'humiliation correspond au prépuce, comme il est écrit : « Nous ne saurions donner<br />

notre sœur à un homme incirconcis, ce serait un déshonneur <strong>pour</strong> nous» (Bér. 34:14). Il<br />

s’agit là de la notion d’amour déchu et brisé. On sait en effet que le mauvais penchant et<br />

les écorces se créèrent à cause de la brisure des réceptacles, comme il est rappelé dans<br />

le Ets ‘Haïm (Nékoudim, Chvirat Hakélim, 3) et que la brisure des réceptacles de la Bonté<br />

tomba dans la Compréhension/Bina du monde de la Création. Il s'agit de la<br />

Compréhension, qui correspond au cœur (Pata'h Eliahou). Mais la lumière de la<br />

Bonté/’Hessed resta (en haut) dans le Fondement du monde de l'Emanation, qui renvoie<br />

à : « Le Juste est le fondement du monde » (Prov. 10 :25). Les amours néfastes<br />

proviennent de la brisure des réceptacles de la Bonté, Onkelos traduit : « Ce serait un<br />

déshonneur <strong>pour</strong> nous » par : « Car il s’agit <strong>pour</strong> nous d’une Bonté/‘HiSSouDa ». En effet,<br />

l’offense, c’est-à-dire l'excroissance du cœur, les amours néfastes, provient de la brisure<br />

des réceptacles de la Bonté/'HeSSeD. Nous le constatons d’ailleurs concrètement, car «<br />

L’amour recouvre toutes les fautes » (Prov. 10 :12). Même si un homme pèche contre son<br />

ami, celui-ci (l'aimant,) ne l’offensera pas <strong>pour</strong> autant, car l’amour couvre toutes les<br />

fautes. Mais lorsque l‘alliance d’amour qui les lie se dégrade, ce qui correspond à la<br />

brisure des réceptacles de Bonté, il l'offensera alors certainement, car cette offense<br />

provient de la brisure des réceptacles de Bonté, comme nous l’avons vu. De fait, lorsque<br />

le cœur est noyé dans l’humiliation, c’est-à-dire dans l'excroissance du cœur, de l'ordre<br />

des débris des Tables, il s'agit de « L'affront a brisé mon cœur ». Mais si l’on rattache son<br />

cœur, c’est-à-dire la dimension du Vav dont nous avons parlé, au Youd, autrement dit au<br />

point correspondant au Juste, là où la lumière de l’amour saint réside, puisque la lumière<br />

de la Bonté reste dans le Fondement/yessod du monde de l'Emanation, les amours<br />

mauvais, les offenses, ou l’excroissance du cœur se voient alors annulés. En effet, le Juste,<br />

qui est un point, là où persiste l’amour saint, éclaire le Vav, correspondant au cœur, et du<br />

même coup annihile l'affront, ou l’excroissance du cœur. L’amour couvre toutes les<br />

fautes, car l’amour saint réside à cet endroit.<br />

392


C’est ce que nos Sages (Nédarim 32b) ont enseigné : « Le Saint béni soit-Il souhaitait que<br />

la prêtrise soit issue de Chem (le fils de Noé) ; mais parce que ce dernier (sous le nom de<br />

MelkiTsédek roi de Chalem, Prêtre du Dieu suprême) bénit Avraham avant de bénir Dieu<br />

(Béréchit 14:19), ce privilège lui fut retiré <strong>pour</strong> être accordé à Avraham, comme il est<br />

écrit : « Tu es prêtre <strong>pour</strong> l’éternité à cause des propos de MelkiTsédek » (Ps. 110 :4) ». De<br />

la même façon, le Saint béni soit-Il accorda la prêtrise à Pin’has. Il dit : « Me voici, Je lui<br />

accorde Mon alliance de paix » (Bamidbar 25:12). En effet, la prêtrise évoque la<br />

dimension d’amour/’Hessed, associée à Avraham, résidant à l’endroit de l’Alliance de<br />

paix, autrement dit : « Le Juste est le fondement du monde ».<br />

8- Par conséquent, en son for intérieur, chacun doit exprimer (sa prière) à Son<br />

créateur, <strong>pour</strong> que son « point » – de même que « Ma bouche exprimera la sagesse » -,<br />

illumine le Vav qui correspond à « Les pensées de mon cœur sont des compréhensions ».<br />

De cette manière, l'excroissance de son cœur s’annule (et s’annulent) les affronts ou<br />

amours néfastes.<br />

Chacun doit parler à son prochain (empli) de crainte du Ciel, afin que son cœur éprouve<br />

un éveil à partir du point qui existe chez son ami plus que chez lui, comme il est<br />

écrit : « Ils reçoivent l’un de l’autre ». Car cet aspect spécifique, plus présent chez son ami<br />

que chez lui, est de l'ordre du point. Ce point contient l’amour appelé « prêtre ». Ce point<br />

s’apparente à la notion de « Juste » comparativement à son ami, et ce point illumine le<br />

cœur de son ami, appelé Vav.<br />

En outre, tous ces points, c'est-à-dire le point qui s'appelle : « Ma bouche exprimera la<br />

sagesse » et le point que chacun possède mais que l’autre ne possède pas, sont des<br />

branches du Juste, qui est le point (central) de la globalité du peuple d'Israël. Tous<br />

doivent (commencer par) recevoir du Juste avant tout, puis, chacun recevra l’un de<br />

l’autre, puis chacun recevra de (l’intérieur de) lui-même (en conversant avec son<br />

Créateur). C’est par ces trois dimensions que les affronts, l'excroissance du cœur, ou les<br />

amours néfastes sont annulés. Tel est le sens de « L’amour couvre toutes les fautes » car<br />

c'est là-bas que réside l’amour saint.<br />

C’est <strong>pour</strong>quoi, lorsque Yossef naquit, Ra’hel dit : « Dieu a repris mon déshonneur » (Bér.<br />

30 :23). En effet, lorsque le point dans lequel se trouve l’amour saint se dévoile, les<br />

offenses, ou le prépuce du cœur, ou les amours mauvais, se trouvent annulés. C’est aussi<br />

ce qui est écrit à propos de Yossef (se faisant reconnaître par ses frères) : « Car ma<br />

393


ouche vous parle » (Bér. 45:12) et ce que Rachi commente : « Ma bouche est semblable à<br />

mon cœur ». Autrement dit, son point illuminait son Vav ; « Ma bouche exprimera la<br />

sagesse » illuminait « …les pensées de mon cœur sont des compréhensions ». Toujours à<br />

propos de Yossef, le verset dit : « Il parla à leurs cœurs » (Gen 50 :21), que Rachi explique<br />

ainsi : « Des paroles qui sont agréées par le cœur », c’est-à-dire que son point global<br />

illumina le cœur de tout Israël. En résumé, (le point éveille et éclaire le Vav) grâce à ces<br />

trois dimensions : L’attachement aux Justes, en tant que point de la globalité d'Israël, de<br />

manière à ce qu’ils illuminent vers lui, et qu'ils éveillent son cœur ; la parole avec son<br />

ami, car chacun peut également illuminer et éveiller le cœur de son ami; enfin en luimême,<br />

car la parole intime avec son Créateur peut aussi éveiller son cœur, par « Ma<br />

bouche exprimera la sagesse » et écartera de lui l'excroissance du cœur.<br />

Telle est l’explication (du verset d’introduction de cette enseignement) : « Et vous serez<br />

une dynastie de prêtres » : Il s'agit de la dimension d’amour saint, comme expliqué plus<br />

haut.<br />

« Et une nation sainte/KaD-O-CH ». C'est-à-dire la sainteté/KoDeCH, de l'ordre du point,<br />

à laquelle est ajoutée un Vav (le O), qui est de l'ordre du cœur, comme nous l'avons vu.<br />

Et de quelle manière parvient-on au niveau d’amour, et à celui de « KoDeCH-Vav » ?<br />

Grâce à « Voici les paroles que tu diras aux enfants d’Israël ». En effet, Moché<br />

représente le point (central) de la globalité des âmes d'Israël. Chacun doit, dans un<br />

premier temps, recevoir de ce point central. Puis par la suite, chacun devra éclairer<br />

depuis lui-même vers son prochain, depuis le point qu'il renferme. Il <strong>pour</strong>ra aussi s'autoilluminer<br />

depuis son point propre, apparenté à « Ma bouche exprimera la sagesse » sur le<br />

Vav qui n'est autre que « Les pensées de mon cœur sont des compréhensions ».<br />

C'est alors qu'il se nommera « nation sainte », c’est-à-dire « KoDeCH-Vav », puisque le<br />

point éclaire le Vav. De cette façon, « Vous serez une dynastie de prêtres », autrement dit,<br />

amour saint. Tu recevras donc de tous ces points, qu’il s’agisse de toi-même vers toimême,<br />

ou des points présents en chacun des Juifs, ou encore du point de globalité (du<br />

Juste). Là-haut, sur tous ces points, réside l’amour saint, appelé « prêtre », comme il est<br />

écrit : « Voici, Je lui accorde Mon alliance de paix ». Le point est précisément cette alliance<br />

de paix, comme il est écrit dans le Ets ‘Haïm : "La lumière de la Bonté reste dans le<br />

Fondement de l'Emanation".<br />

394


[Lorsqu’on parle avec son ami de crainte du Ciel, on reçoit le point situé dans le cœur de<br />

son ami sans vêtement. Mais parfois, on reçoit le point de son ami par le biais d’autres<br />

choses qu'on lui raconte. Car parfois, l’on peut recevoir une lumière et un réveil <strong>pour</strong> le<br />

service de Dieu, béni soit-Il, à partir du point de son ami, par l’intermédiaire d’une<br />

discussion profane avec lui. (Dans ce cas) on reçoit la lumière du point au travers d'un<br />

revêtement. En effet, il faut parfois que ce point soit revêtu. Il s’habille donc dans de<br />

telles paroles et l'on reçoit alors de lui (la lumière).]<br />

TORAH 35<br />

Durant l’année 5562<br />

Selon le manuscrit de Rabénou<br />

« Heureux le peuple qui connaît la sonnerie (du chofar), Eternel, à la lumière de Ta face ils<br />

marcheront » (Ps. 89:16)<br />

1- Tu dois savoir que le repentir consiste à ramener une chose à l’endroit d'où elle a été<br />

prise. Ce qui correspond à la notion de « Zarka», qui figure dans le Zohar Hakadoch<br />

(Tikoun 21, 43b, 60, 86 ; fin du Zohar ‘Hadach, 109) : « Zarka signifie « être rejeté » vers<br />

l’endroit d'où elle (quelque chose) a été prise. Quel est cet endroit ? C’est la Sagesse ». En<br />

effet, la Sagesse est source de toute chose, comme il est écrit : « Toutes choses Tu les as<br />

créées avec sagesse » (Ps. 104:24).<br />

C’est <strong>pour</strong>quoi chacun doit préserver son intelligence des sagesses extérieures, qui<br />

portent le nom de « fille de Pharaon ». En effet, la finalité de la sagesse est d’acquérir la<br />

complétude. En ce sens, seule importe la sagesse divine et toutes les sagesses étrangères<br />

ne sont rien d’autre que des sagesses vaines et futiles que l’on ne saurait considérer<br />

comme des sagesses véritables. Ainsi, « la fille » fait allusion à la sagesse qui n’en est pas<br />

une, comme l’ont affirmé nos Sages, de mémoire bénie, « Ramène de loin mes garçons,<br />

etc. et mes filles ». (Isaïe, 43:6). …"Mes filles", il s’agit des exilés des autres contrées, celles<br />

dont les connaissances sont aléatoires, à l’image des filles » (elles ne sont pas « fermes »<br />

et solides comme celles des garçons – Ména’hot 110a). « PHaR'On » signifie<br />

’empêchement', comme dans : « Ne dérangez/taPHRi'Ou pas le peuple » (Chémot 5:4). De<br />

plus, les sagesses extérieures font allusion au roseau. Il y a en fait un roseau/KaNé dans<br />

395


la sainteté, qui représente les sagesses saintes, comme il est écrit : « Acquiers/KNé la<br />

sagesse » (Prov. 4:5). Mais puisque « A chaque chose, Dieu a fait correspondre son<br />

opposé » (Kohélet 7:14), il existe donc un roseau dans les écorces, comme il est écrit : «<br />

Gourmande la bête tapie dans les joncs/Kané » (Ps. 68:31). Ce sont les sagesses<br />

extérieures.<br />

Certes, Israël est un peuple saint, et « chaque israélite possède une parcelle divine d’En<br />

haut » (Job 31:2) qui correspond à la Sagesse, ainsi qu’il est dit : « Tu les a tous créés par<br />

la sagesse ». C'est justement à ce titre qu'ils sont appelés « prémices », comme dans : «<br />

Israël est saint <strong>pour</strong> l’Éternel, les prémices… » (Jérémie, 2:3). Mais à la naissance,<br />

l’intelligence se rétrécie chez chacun. C'est (à partir) du moment où l’on commence à en<br />

faire usage <strong>pour</strong> approfondir sa réflexion sur le service de Dieu, béni soit-Il, que<br />

l'intellect va en grandissant, comme il est écrit : « La sagesse de Salomon s’accrût » (Roi I,<br />

5:10). Cependant, dès qu’un homme introduit des pensées extérieures, des sagesses<br />

extérieures, dans son intelligence sainte, la sainteté de son intellect s’amoindrit. (Cet<br />

amoindrissement est) proportionnel à la place prise par les sagesses extérieures,<br />

l’intelligence extérieure, au sein de l’intellect saint. La sagesse extérieure se trouve donc<br />

plantée dans l’intelligence sainte, tel un roseau, et réduit la place de la sainteté. C’est<br />

justement sur ce roseau, c’est-à-dire sur cette intelligence, que se concentrent et<br />

s’agglomèrent toutes les vertus mauvaises et viles.<br />

Tel est donc le sens de : « Lorsque Salomon épousa la fille de Pharaon, (l’ange) GaVRiel<br />

descendit et planta un roseau dans la mer. » (Sanh. 21b). Autrement dit, même en haut,<br />

des résidus d'or de l'ordre des écorces, que sont les sagesses extérieures, se créent à<br />

cause de la descente progressive des GuéVouRot (décrets sévères), signifiées ici par «<br />

Gavriel descendit ». Ces scories portent également le nom de roseau. « Il le planta dans la<br />

mer » de la sagesse, et diminua ainsi la place de la sainteté.<br />

« … Un banc de sable émergea à cet endroit, etc. » (id.). Il s'agit d'une allusion aux vertus<br />

viles.<br />

« … Sur lequel la grande cité/KRaKH de Rome fut construite. » (Id.). Il s'agit du Serpent<br />

originel, enroulé/KaRouKH autour de la sainteté. C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle (le<br />

Serpent) est appelé « grande cité/Krakh Gadol », comme l’enseignent nos Sages : « Car il<br />

cause de grands dégâts » (Yoël, 2:20).<br />

[Ils (les sages) ont expliqué là-bas que le mauvais penchant provoque Israël en<br />

particulier, et de préférence les plus grands. Il est écrit aussi là-bas : « Et chez les érudits<br />

396


de la Torah, plus que chez tout autre ». C’est en ce sens que le Serpent et le mauvais<br />

penchant portent le nom de « grande cité »], car il est toujours rattaché aux grands de la<br />

génération, bien plus qu'aux autres personnes, édifiant son édifice sur les bases de cet<br />

intelligence extérieure.<br />

2- Par la suite, même si l’homme se garde des intelligences extérieures, on n’en a pas<br />

terminé <strong>pour</strong> autant, il doit encore constamment renouveler son intelligence. C'est la<br />

notion : « Il renouvelle, chaque jour, l’œuvre de la Création originelle » (Rituel du matin).<br />

En effet, le renouveau de la Création équivaut au renouveau de la Sagesse, comme il est<br />

écrit : « Tu les as tous créés par la sagesse » (Rituel du matin). De plus, le renouveau de<br />

l’intelligence équivaut au renouveau de l’âme, car l’intelligence est l’âme, comme il est<br />

écrit : « L’âme du Tout Puissant les rend intelligents » (Job, 32:8), et comme les paroles de<br />

nos Sages : « Tout comme le Saint béni soit-Il nourrit le monde, de même, l’âme nourrit<br />

son corps » (Berakhot 10a). Il en ressort donc que l’âme qui fait vivre le corps est ellemême<br />

« intelligence », comme il est écrit : « La sagesse fait vivre etc. » (Kohélet 7:12).<br />

3- Quant au renouveau de l’intelligence, c'est-à-dire le renouveau de l’âme, il s’opère<br />

dans le sommeil, comme le rapporte le saint Zohar (1, 19a et 3, 213b), à propos du<br />

verset : « …se renouvellent chaque matin, grande est Ta confiance» (Lam. 3:32). En effet,<br />

lorsque la matière grise (notre esprit) se fatigue, le sommeil lui permet de se renouveler.<br />

Ce phénomène se constate empiriquement. Nous l’exprimons dans la bénédiction « Qui<br />

donne de la force à celui qui est fatigué » (Rituel du matin – premières bénédictions), car<br />

la veille, nous étions fatigués et à présent, nous nous sommes renforcé. De fait, au cours<br />

du sommeil, les cerveaux (l’intelligence), c’est-à-dire l’âme, pénètrent à l’intérieur de la<br />

Foi, comme : « … se renouvellent chaque matin, etc. », ainsi que le rappelle le saint Zohar.<br />

4- Il existe plusieurs catégories de sommeil :<br />

Il y a un sommeil physique, qui constitue un repos <strong>pour</strong> les « cerveaux ».<br />

Il existe également une forme d’étude nommée « sommeil », en relation à (la forme)<br />

d’attachement au Créateur (qu’elle produit). Il s’agit de l’étude de la partie littérale (le<br />

Pchat) de la Torah, appelée « sommeil» (Zohar III 244b), comme il est écrit : « Et ta foi,<br />

durant les nuits » (Ps. 92:3) ainsi que : « et les ténèbres, Il les appela nuit » (Bér. 1:5).<br />

L’homme attaché constamment au service de Dieu voit ses cerveaux s’affaiblir, du fait de<br />

397


l’étendue de cet attachement. Il doit alors étudier la partie simple de la Torah, et lorsqu’il<br />

agit ainsi, ses cerveaux, autrement dit son âme, pénètrent la foi, de même que : « Se<br />

renouvellent chaque matin », se renouvèlent et se renforcent de leur fatigue.<br />

Tel est le sens de la série des signes de cantillation liturgique: « PaCHTa – mouNa’H –<br />

ZaRKa ». Le sens simple de la Torah, PCHaT, correspondant à « Ta foi durant les nuits »,<br />

constitue un repos/Naï’Ha, <strong>pour</strong> les cerveaux ; ces derniers se renouvellent comme<br />

avant ; ce renouvellement est signifié par ZaRKa, car ils se voient « être rejetés » vers<br />

l’endroit d’où ils viennent.<br />

5- De plus, les cerveaux que l’on reçoit grâce à la foi proviennent essentiellement de<br />

« l’éclat du Visage », comme il est écrit : « La vie se trouve dans la lumière du visage du roi<br />

» (Prov. 16:15). "La vie", c'est les cerveaux, comme dans : « La sagesse fait vivre ». On la<br />

reçoit de la lumière du Visage, par l'intermédiaire de la foi, appelée Royauté. Cette<br />

dernière correspond à Jérusalem, comme il est écrit : « Et MalkiTsédek, roi de Chalem »<br />

(Bér. 14:18), traduit par le Targoum : « Roi de Jérusalem ». Il s’agit de la notion de foi,<br />

comme il est écrit (à propos de Jérusalem): « Ville de la justice, cité fidèle » (Isaïe 1:26),<br />

associée à celle de « nuit », comme il est écrit : « Et ta foi durant les nuits », qui<br />

s’apparente à l'étude littérale de la Torah, comme dans : « Il m’a reléguée dans les<br />

ténèbres, etc.». Il est écrit également : « Et les ténèbres, Il les appela nuit » (Bér. 1:5),<br />

correspondant à la notion de « petit luminaire », comme dans : « Petite cité » (Kohélet<br />

9:14) et dans « …et le petit luminaire <strong>pour</strong> le gouvernement de la nuit » (Bér. 1:16).<br />

Il existe plusieurs aspects à la lumière du Visage. Certains reçoivent l’intelligence par la<br />

lumière du visage de la Torah, car la Torah possède soixante-dix faces (ou visages).<br />

D’autres la reçoivent par la lumière du visage des Justes, lorsque le Juste leur montre un<br />

visage bienveillant (Taanit 8a), ils reçoivent alors une intelligence nouvelle et une âme<br />

nouvelle. En effet, l’essentiel de l’intelligence provient de la lumière du visage, comme il<br />

est écrit : « La sagesse de l’homme éclaire son visage » (Kohélet 8:1).<br />

6- Il existe encore diverses (autres) catégories de sommeil. Il y a le sommeil<br />

correspondant à l’étude littérale de la Torah, relativement à l’attachement (à Dieu). Il y a<br />

aussi le sommeil de l'ordre du commerce (effectué) avec foi, également lié au sens littéral<br />

de la Torah. En effet, lorsque l’homme se consacre à ses affaires commerciales avec foi<br />

(avec intégrité), les cerveaux, c'est-à-dire son âme, pénètrent la foi, comme « Se<br />

398


enouvellent chaque matin ». Ils s’y renouvellent et s'y renforcent de leur fatigue. C’est ce<br />

que nos maîtres ont at<strong>test</strong>é : « Celui qui souhaite acquérir la Sagesse doit étudier les lois<br />

relatives aux transactions financières » (Baba Batra 175b). Autrement dit, celui qui<br />

désire renouveler son intelligence, c’est-à-dire son âme, devra se consacrer aux lois<br />

relatives aux transactions financières, au commerce (effectué) avec foi. En effet, celui qui<br />

se consacre aux négociations commerciales avec foi étudie nécessairement les lois des<br />

transactions financières, car toutes ces lois traitent du commerce. Il est en effet<br />

impossible de se consacrer au commerce (effectué) avec foi sans être expert dans les lois<br />

concernant les transactions financières, afin de ne pas commettre d’erreur. Tel est le<br />

sens du verset (à propos de la femme vaillante) : « Pareille à un vaisseau marchand,<br />

etc. » (Prov. 31:14), autrement dit au moyen des négociations commerciales, c’est-à-dire<br />

au moyen du sens littéral de la Torah, « … Elle amène de loin ses provisions » (suite). (Ce<br />

qui signifie que) l’on attire sur soi une intelligence renouvelée à partir de la lumière de la<br />

Face. L’intelligence est en effet appelée « loin », comme il est écrit : « Je<br />

disais : "J'acquerrai la sagesse". Mais elle s'est tenue loin de moi » (Kohélet 7:23).<br />

7- Cependant, lorsque l’homme fait entrer son intelligence, c’est-à-dire, son âme, à<br />

l’intérieur de la foi, dans le sens littéral de la Torah, ou bien dans les affaires<br />

commerciales, de même que « …se renouvellent chaque matin », il doit protéger la foi afin<br />

que les forces extérieures ne puisent (ne s’en nourrisse) pas d’elle. En effet, elle (la foi)<br />

réside parmi des forces extérieures comme : « Voilà Jérusalem : Je l'ai placée au milieu<br />

des nations, et autour d'elle des pays » (Ezéchiel, 5:5). Jérusalem représente la foi, comme<br />

il est écrit : « Cité fidèle/digne de foi ». Elle (la foi) est associée à la "nuit", comme dans<br />

« Et ta foi durant les nuits » (voir plus haut § 4). Il en va de même de même du sens<br />

littéral de la Torah, comme l’affirment nos Sages : « Il m’a relégué dans les ténèbres » et<br />

« les ténèbres, Il les appela nuit » (Bér. 1:5 – voir plus haut #5). Il s’agit (également) de la<br />

notion de petit luminaire, comme dans : « Le petit luminaire <strong>pour</strong> la royauté de la nuit »<br />

(Bér. 1:16).<br />

Il faut donc attirer l’aspect de ‘Hachmal depuis le monde de la Compréhension/Bina afin<br />

d’habiller la Royauté/Malkhout, c’est-à-dire la foi, afin empêcher les nations et les autres<br />

pays qui l’entoure d’y puiser (de s’en nourrir). Et lorsque l’homme s’affaire au<br />

commerce, d’une foi tellement inébranlable, comme Rav Safra, accomplissant les termes<br />

du verset : « Il dit la vérité qui se trouve dans son cœur » (Ps. 15:2 selon nos Sages, Makot<br />

399


24a), cette attitude forme la dimension de ‘Hachmal, c'est-à-dire un vêtement (une<br />

protection) autour de la foi. « Alors, la mère entoure ses enfants » (Tikounim<br />

introduction p. 2), empêchant les autres de se nourrir d’elle. Elle (la mère) est : « Car<br />

si/IM tu appelles la Compréhension » (Prov. 2:3), et la Compréhension est le cœur. Ainsi,<br />

celui qui accomplit « il dit la vérité dans son cœur » (Ps. 15:2) permet à la Mère<br />

d’entourer ses enfants, dans le sens où le cœur façonne le ‘Hachmal, comme un vêtement<br />

autour de la foi, <strong>pour</strong> empêcher les forces extérieures d’y puiser.<br />

C’est ce que nos Sages enseignent : « Que celui qui souhaite se consacrer aux lois des<br />

transactions financières aille se mettre au service de Chimon ben Nanass » (suite de<br />

Baba Batra 175b rapporté plus haut au #6). En d’autres termes, celui qui désire se<br />

consacrer à ses affaires avec foi, ce qui correspond au sens littéral de la Torah appelé «<br />

obscurité » comme dans : « Il m’a relégué dans les ténèbres », et à la foi comme il est<br />

écrit : « Et ta foi durant les nuits », doit attirer le ‘Hachmal du cœur, c'est-à-dire<br />

accomplir « il dit la vérité en son cœur » (Ps. 15:2). Ce ‘Hachmal couvre ainsi le petit<br />

luminaire, c'est-à-dire la foi, de l’ordre de « La mère entoure ses enfants ». C’est <strong>pour</strong>quoi<br />

il devra « se mettre au service de CHiM'on ben Nanass, car « l’ouïe/CHeMi'a » dépend du<br />

cœur. En effet, « ’Hachmal-Lev/cœur a la même valeur numérique que «<br />

Chéma'/Ecoute», comme il est écrit : « Tu donneras à ton serviteur un cœur/Lev <strong>pour</strong><br />

entendre/Chma’ » (Rois I, 3:9). Quant à Ben Nanass, il s'agit de la foi, qui correspond à<br />

Ben Nanass, au petit luminaire.<br />

8- De plus, lorsque l’homme se consacre aux affaires commerciales avec foi, ainsi<br />

qu'aux lois des transactions financières, et au sens simple de la Torah, il s'apparente à la<br />

dimension (du Cohen) qui apporte le sacrifice perpétuel et l’encens. En effet, le sacrifice<br />

perpétuel a <strong>pour</strong> effet d'élever la Sagesse, la Compréhension et la Connaissance depuis le<br />

monde de l'Action (Assia) vers le monde de la Formation (Yetsira), et toutes les étincelles<br />

de sainteté résidant dans les écorces s'élèvent par le secret des onze épices constituant<br />

l’encens, de l'ordre de la Royauté. L’homme qui se consacre à ses affaires commerciales,<br />

ses affaires étant de l’ordre des lois transactionnelles, (un tel homme) se rapporte au<br />

sens littéral de la Torah. En résumé, en effectuant ses affaires commerciales (avec foi),<br />

on se consacre de fait à l'étude du sens littéral de la Torah assimilé à Matat qui réside<br />

dans le monde de la Formation (Yetsira le monde où résident les anges). Il en découle<br />

donc que sa sagesse, sa compréhension et sa connaissance/Da’at dans leur activité <strong>pour</strong><br />

400


les affaires, s’élèvent jusqu'à la Formation, autrement dit, vers le sens littéral de la<br />

Torah. Ainsi toutes les étincelles de sainteté se trouvant parmi les nations et dans les<br />

pays entourant Jérusalem, s’élèvent vers la dimension de foi, également appelée «<br />

Jérusalem » et « Royauté ».<br />

Ainsi, lorsque « l’un s’élève, l’autre tombe», car l’effondrement de la foi est appelé<br />

« destruction de Jérusalem », comme l’ont expliqué nos maîtres, de mémoire<br />

bénie : « Jérusalem n’a été détruite qu’à partir du moment où les gens de foi la<br />

quittèrent » (Chabat 119b). Donc, lorsque Jérusalem, c’est-à-dire la foi, les affaires<br />

commerciales, ou le sens simple de la Torah, se renforce, dès lors, ces nations et ces pays<br />

s’écroulent. Et toutes les étincelles de sainteté qui s’y trouvaient s’élèvent, en vertu du<br />

secret des onze épices de l’encens.<br />

C’est ce que nos Sages ont enseigné : « Trois commandements ont été donnés à Israël à<br />

son entrée en terre sainte : désigner un roi, anéantir la descendance d’Amalek et<br />

construire le Temple » (Sanh. 20b). Ces trois injonctions sont interdépendantes. En effet,<br />

l'intronisation d'un roi évoque la foi, comme nous l'avons expliqué. L'éradication de la<br />

descendance d’Amalek correspond aux étincelles qui s’élèvent de parmi les nations et les<br />

autres pays comme les onze épices de l’encens. (Ces deux notions sont liées) comme le<br />

Midrach (Ruth Raba, 1:2) le rapporte : « Pour quelle raison le paragraphe concernant la<br />

destruction de la descendance d’Amalek est-il juxtaposé à celui relatif aux poids et<br />

mesures? Afin de nous enseigner que la guerre d’Amalek intervint suite à l’utilisation<br />

malhonnête des poids et mesures". Ces deux aspects sont intimement liés, comme nous<br />

le savons.<br />

Quant à la construction du Temple, elle renvoie à la notion de lumière du visage,<br />

correspondant au renouveau des cerveaux et au renouveau de l’âme, comme l’ont<br />

enseigné nos Sages : « Celui qui possède la Connaissance ressemble au contemporain de<br />

la construction du Temple » (Brakhot 33a), comme nous l'avons expliqué plus haut.<br />

9- De plus, ce « ’Hachmal », formé grâce à « Il dit la vérité en son cœur » et qui habille la<br />

foi, correspond aux lanières (des Tefilin). En effet, les lanières entourent la<br />

Royauté/Malkhout, c’est-à-dire la foi.<br />

C’est en cela que Rav dit à Rav Chmouel Bar Chilat : « Quand tu frappes un enfant, ne le<br />

frappe qu’avec un lacet de chaussure » (Baba Batra 21a).<br />

401


"Frappe/TiM’Hé" connote ici la "purification", comme dans : « J’ai effacé/Ma’HiTi tes<br />

fautes comme un brouillard» (Isaïe 44:22).<br />

« L’enfant » correspond au petit luminaire, il est de l'ordre du sommeil.<br />

« Ne le frappe qu’avec un lacet de chaussure » fait allusion aux lanières des Tefilin. A ce<br />

propos, nos Sages, de mémoire bénie, ont dit : « En récompense des paroles<br />

d'Avraham : "D’un fil jusqu’au lacet d’une chaussure" (Bér. 14:23), ses enfants furent<br />

gratifiés de deux commandements : le fil bleu azur (du Talith) et les lanières des Tefilin »<br />

(Sota 17a). Le Targoum emploie exactement le même terme (en araméen) <strong>pour</strong> «<br />

Jusqu’au lacet d’une chaussure » (que Rav, cité plus haut). Autrement dit, lorsque tu<br />

souhaites préserver le petit luminaire, c’est-à-dire le commerce avec foi, afin d’empêcher<br />

les forces extérieures d’y puiser leur vitalité, tu ne <strong>pour</strong>ras préserver le « nain », c'est-àdire<br />

le petit luminaire ou l'enfant, que grâce aux lacets des chaussures, c'est-à-dire aux<br />

lanières des Tefilin. En d’autres termes, tu devras attirer le « ‘Hachmal » du<br />

cœur/Compréhension, afin d’habiller la foi. Autrement dit, il s'agit de : « Qu’il se mette<br />

au service de Rabbi Chimon ben Nanass » (Baba Batra 175b rapporté plus haut aux #6 et<br />

#7), comme nous l’avons vu, c'est-à-dire, que tu accomplisses : « Et il dit la vérité en son<br />

cœur » lors de tes agissements dans tes affaires commerciales, à l’image de Rav Safra.<br />

De plus, le mot « lanière/Rétsoua » a <strong>pour</strong> valeur numérique 370 (voir Chaar hakavanot,<br />

Tefilin). Ce qui fait allusion à ce que grâce à ce ‘Hachmal, de l'ordre de « Il dit la vérité en<br />

son cœur », la foi est préservée, c'est-à-dire l’âme et plus précisément les cerveaux qui<br />

s’y trouvent. Cette foi reçoit (l’influx) de la Lumière du Visage. Il s'agit des 370 lumières<br />

du Visage Supérieur, émanant de la réparation de "Et vérité", comme on le sait.<br />

De plus, voici l'explication (suite des recommandations de Rav à Rav Chmouel bar Chilat,<br />

Baba Batra id.) de : « S’il apprend, il apprend. Et s'il n’apprend pas, qu’il soit une<br />

compagnie <strong>pour</strong> son ami ». En effet, (selon ce que nous avons exposé) se pose a priori la<br />

question : Nous concevons bien que les affaires commerciales (réalisées) avec foi de<br />

celui qui est versé dans la Torah lui sont profitables, puisque ses cerveaux se<br />

renouvellent. Mais celui qui n’est pas versé dans la Torah, quel bénéfice peut-il espérer<br />

de ses affaires commerciales ? Sache donc, que celui qui se consacre à ses affaires<br />

commerciales avec foi procure un bienfait à son prochain dont l’âme provient de la<br />

même racine. Les cerveaux de ce prochain se renouvellent (eux aussi) à partir des<br />

affaires commerciales (du premier) réalisées avec foi. Voici donc le sens de : « S’il<br />

apprend, il apprend », cela se réfère à celui qui est versé dans l’étude de la Torah et chez<br />

402


qui le renouvellement de l’intellect dans la foi est un bienfait. Il obtient de nouveaux<br />

cerveaux <strong>pour</strong> l’étude et l’attachement à son Créateur. « Et s'il n’apprend pas, qu’il soit<br />

une compagnie <strong>pour</strong> son ami », autrement dit, qu’il procure un bienfait à son prochain<br />

issu de la même racine.<br />

10- Tout cela évoque les sonneries de Roch Hachana. En effet, Roch Hachana correspond<br />

au « sommeil », comme nous le savons. Ceci est lié aux affaires commerciales réalisées<br />

avec foi, (ainsi que) au sens simple de la Torah et à celui qui se consacre à l'étude des<br />

lois relatives aux transactions financières. Quant aux sonneries, elles provoquent le<br />

réveil du sommeil [voir plus bas, LMI-60,#9], ce qui correspond au renouveau des<br />

cerveaux, à partir de la lumière du visage. C’est de là que provient le rougissement du<br />

visage de celui qui sonne le Chofar, car les lumières du Visage Supérieur s'éveillent.<br />

Voici maintenant l’explication de « Heureux le peuple qui connaît la sonnerie (du chofar) »<br />

(cité en introduction de cet Enseignement). Il se réfère à la notion d’élévation des onze<br />

ingrédients de l’encens, qui sont (disséminés) parmi les nations et les pays, qui<br />

entourent les affaires commerciales réalisées avec foi et auxquels les étincelles (de<br />

sainteté) se rattachent. C’est la signification de : « Connaît », au sens de liaison et<br />

d'attachement (voir Beréchit Raba 22:1 sur Bér. 4:1 – « Adam connut sa femme »).<br />

« La sonnerie/TRou’Ah », au sens de brisure (la brisure est suggérée par « tu les<br />

briseras/TRo’Am avec un sceptre de fer » Ps. 2:9), car les étincelles sont issues de la<br />

brisure des réceptacles.<br />

« Eternel, à la lumière de Ta face ils marcheront », renvoie aux affaires commerciales,<br />

comme il est écrit : « Que Zevouloun se réjouisse dans ses sorties» (Dévarim 33:18).<br />

Autrement dit, lorsqu'on se consacre à ses affaires commerciales avec foi, afin de<br />

conduire son âme au niveau de : « Se renouvellent chaque matin, grande est ta foi »,<br />

(c'est-à-dire) afin de recevoir de la lumière du Visage un renouveau des cerveaux ou un<br />

renouveau de l’âme, de cette manière, toutes les étincelles s’élèvent, au moyen des onze<br />

épices de l’encens.<br />

TORAH 36<br />

Durant l’année 5562<br />

403


Selon le manuscrit de Rabénou<br />

« Quand des malfaiteurs m’approchent <strong>pour</strong> dévorer ma chair » (Ps. 27:2).<br />

1- Il est un principe général : toute âme juive est enracinée dans les soixante-dix âmes<br />

de la maison de Yaakov. Ces dernières sont enracinées dans les soixante-dix facettes de<br />

la Torah. Mais à chaque chose, Dieu a fait correspondre son exact opposé (Ecc. 7,14).<br />

Ainsi, face aux soixante-dix âmes de la maison de Yaakov sont les soixante-dix langues<br />

(des soixante-dix nations). Chacune de ces langues se caractérise par une mauvaise<br />

vertu qui lui est propre, que l’on ne trouve pas chez une autre. Et c'est du fait de ces<br />

défauts qu'elles se trouvent éloignées des soixante-dix facettes de la Torah. Ainsi,<br />

lorsque l’une des âmes de la maison de Yaakov est exilée sous l’emprise des soixante-dix<br />

nations, ou plus exactement, sous l’influence de leurs mauvaises vertus, elle pousse alors<br />

soixante-dix cris, à l’image de la femme (enceinte) qui pousse soixante-dix cris au<br />

moment où elle accouche (Zohar III 249b). Ils correspondent aux soixante-dix mots qui<br />

composent le psaume 20, sans lesquels il lui est impossible d'accoucher.<br />

Il s'agit d'un principe : toute âme d'Israël, avant d'avoir un dévoilement dans la Torah et<br />

le service divin se voit mise à l’épreuve et doit être épurée dans l’exil des soixante-dix<br />

langues, autrement dit, dans leurs désirs. Et lorsque cette âme, en exil, vient en contact<br />

avec leurs (mauvaises) vertus, elle pousse alors soixante-dix cris. En effet, le<br />

dévoilement constitue une forme d'accouchement, car avant un dévoilement de Torah,<br />

celle-ci se trouve en état de gestation, dissimulée à l’âme, comme « l'embryon dans le sein<br />

qui le porte » (Kohélet 11:5), de même que « Cacher, Je me cacherai » (Dévarim 31:18),<br />

c’est-à-dire, en exil, dans les mauvais travers des soixante-dix nations. En effet, l’écorce<br />

précède le fruit, et celui qui désire consommer un fruit doit préalablement briser son<br />

écorce. En conséquence, avant le dévoilement, l’âme doit nécessairement passer par<br />

l’exil, de leurs (mauvaises) vertus, afin de les briser et parvenir ensuite au dévoilement.<br />

2- Sache, par ailleurs, que l’ensemble des soixante-dix langues, (l’ensemble) de leurs<br />

mauvaises vertus, (se résume à) la tentation <strong>pour</strong> la débauche sexuelle. Et telle est la<br />

Rectification générale (Tikoun Haklali) : celui qui parvient à briser cette tentation, peut<br />

ensuite facilement briser toutes les autres tentations.<br />

404


Moché Rabénou représente la globalité de la révélation de la Torah. Il correspond à la<br />

Connaissance, car la Torah est appelée « Commencement de la connaissance » (Prov. 1:7).<br />

Il est rapporté que « Moché Rabénou » a <strong>pour</strong> valeur numérique 613(Séfer Hakana 12 ;<br />

Rokéa’h 296 ; Mégalé Amoukot, 113), car il représente la globalité de la Torah. C’est<br />

<strong>pour</strong>quoi, il a eut besoin de s'abstenir totalement, comme il est écrit : « Et toi, tu resteras<br />

avec Moi » (Dévarim 5:28).<br />

A l’inverse, Bilaam correspondait à Moché du côté des écorces (forces du mal), ainsi<br />

qu’il est écrit : « Qui connait la Connaissance du Très Haut » (Bamidbar 24:3). Les lettres<br />

du nom de BiL’aM évoquent sa correspondance avec la Torah du côté des écorces. Ainsi,<br />

la lettre Beth est le début de la Torah (première lettre), Lamed est la fin de la Torah<br />

(dernière lettre), ‘Ayin correspond aux 70 facettes (valeur numérique de ‘ayin = 70) et<br />

Mem renvoie aux 40 jours durant lesquels la Torah fut transmise (valeur numérique de<br />

mem = 40). Ainsi, puisque Bilam se trouve dans l'écorce, il est particulièrement enfoncé<br />

dans cette tentation, ainsi qu’il est dit : « Est-ce qu’habituée, j’étais<br />

habituée ? » (Bamidbar 22:30).<br />

Yossef aussi, avant de recevoir une révélation de la Torah, c'est-à-dire la Sagesse et la<br />

Compréhension, comme il est écrit : « Le commencement de la Sagesse… » (Ps. 110 :10) et<br />

« Si tu appelles la Compréhension » (Prov. 2:3), eut à endurer préalablement l’épreuve et<br />

la purification de la tentation globale des soixante-dix nations dont nous avons parlé.<br />

C'est donc en vertu de son succès face à cette épreuve, <strong>pour</strong> avoir brisé l’écorce<br />

précédant le fruit, qu'il en mérita le fruit, autrement dit, la révélation de la Torah,<br />

assimilée à la Sagesse et la Compréhension, comme il est écrit (paroles de Pharaon à<br />

Yossef) : « Nul n’est Sage ni intelligent comme toi » (Bér. 41:39).<br />

C'est <strong>pour</strong>quoi nos Sages, de mémoire bénie, ont commenté le verset («Cela formera<br />

<strong>pour</strong> vous des franges dont la vue vous rappellera tous les commandements de l’Eternel,<br />

afin que vous les accomplissiez et ne vous égariez pas) après votre cœur (et après vos<br />

yeux). » (Bamidbar 15:39). [«"Après votre cœur", il s'agit de l’hérésie; "… et après vos yeux<br />

", il s’agit de la débauche sexuelle » (Brakhot 12b)]. De même Chimchone fut entrainé<br />

par ses yeux à fauter (Id. et Sota 9b). Ainsi Bilaam est appelé : « L’homme (borgne) dont<br />

l’œil est ouvert » (Bamidbar 24:3) du fait que cette tare représente la globalité des<br />

mauvaises vertus des soixante-dix langues.<br />

405


3- Par conséquent, lorsqu’on lit le premier verset du Chéma Israël, il convient de<br />

fermer ses yeux, comme : « Une belle jeune fille qui n’a pas d’yeux » (Zohar II 95a). En<br />

effet, les pensées de débauche qui s’éveillent chez l’homme se réparent par la lecture de<br />

« Chéma Israël » et de « Barou’h Chem Kévod ».<br />

En effet, le désir de débauche résulte de la dégradation du sang, autrement dit de la rate,<br />

apparentée à Lilith , appelée « mauvaise servante », « mère du Erev Rav », la royauté du<br />

mal.<br />

Quant à la Royauté céleste, elle est l’aspect de la « Maitresse », « femme qui craint Dieu »<br />

(Prov. 31:30), de l’ordre de la « mer de Salomon » qui repose sur douze bœufs, référence<br />

aux Douze Tribus de Dieu (Zohar Vayé’hi, 241). Ainsi, en acceptant le joug de la Royauté<br />

céleste avec ces versets (« Chéma Israël » et de « Barou’h Chem Kévod »), au travers<br />

desquels son âme s’englobe dans les Douze tribus de Dieu, on sépare son âme de l’âme<br />

du Erev Rav issue de la femme prostituée, de la mauvaise servante. Alors il est comme<br />

dans le verset : « Je fuis de devant Saraï, ma maîtresse » (Bér. 16:8). Son désir s’enfuit et<br />

se désengage d'elle. Par contre, s’il ne s’efforce pas de chasser la femme prostituée, il<br />

entre alors dans la catégorie de : « La servante qui supplante sa maîtresse » (Prov.<br />

30 :23). En effet, ces deux versets (« Chéma Israel » et « Baroukh chem » = 6+6)<br />

contiennent douze mots en référence aux douze Tribus de Dieu, ainsi que 49 lettres<br />

(25+24), correspondants aux 49 lettres qui forment les noms des Tribus de Dieu .<br />

L’acceptation du joug de la Royauté divine l'associe à la « mer de Salomon », le sépare<br />

des âmes du Erev Rav, apparentée à la servante mauvaise, à la femme prostituée, <strong>pour</strong><br />

l’inclure dans les âmes des Tribus de Dieu, liées à la « femme qui craint le Ciel ». Il évoque<br />

alors les yeux clos au moment de l'acceptation du joug de la Royauté divine. Il indique<br />

ainsi qu'au moment de l'acceptation du joug de la Royauté céleste, il s'identifie à cette<br />

« belle jeune fille sans yeux », (afin de fuir) la tentation englobant tous les désirs<br />

mauvais des soixante-dix langues.<br />

4- Tout ceci est valable lorsque l’homme a de telles pensées de manière occasionnelle.<br />

Dans ce cas, il lui suffit de réciter les deux versets (du Chéma’) cités plus haut.<br />

En revanche, si à Dieu ne plaise, il est accoutumé à avoir de telles pensées liées à cette<br />

tentation globale, et se montre incapable de s’en séparer, il doit alors également verser<br />

des larmes au moment de l’acceptation du joug de la Royauté céleste. Il est dit en effet<br />

que les larmes résultent d’un surplus de bile noire, et cette bile noire est liée à la rate<br />

406


(Tikounim 56), symbole de la royauté du mal, la femme prostituée, d’où proviennent les<br />

âmes du Erev Rav. En versant des larmes, ces surplus (de bile noire) sont expulsés et<br />

sortent à l’extérieur. Il s'agit des désirs de débauche causés par la dégradation du sang<br />

de la rate et de (ses) excédants. Il <strong>pour</strong>ra ainsi inclure son âme dans la Royauté céleste.<br />

C’est en ce sens que Yonatane ben Ouziel traduit le verset : « Ils pleurèrent à l’entrée du<br />

Sanctuaire » (Bamidbar 25:6) : « Ils pleurèrent et récitèrent le Chéma ». Ils agirent ainsi<br />

uniquement <strong>pour</strong> se garder de la pensée à la femme prostituée, qui est l’écorce<br />

précédant le fruit, et ainsi parvenir à une révélation de la Torah.<br />

5- Et lorsque l’homme parvient à un dévoilement de la Torah, cette révélation<br />

engendre des âmes nouvelles, comme il est écrit dans le chant du Ari Zal (Azamer<br />

Bichva’hin) : « Pour créer de nouvelles âmes et esprits avec trente-deux, (et avec 3<br />

branches) ». Il s’agit de la Torah, qui comprend trente-deux sentiers de sagesse. « … Et<br />

avec trois branches », car « la Torah est considérée comme triple » (Chabbat 88a). Il en<br />

résulte donc que lorsque le Juste dévoile un certain point de la Torah, il fait alors<br />

descendre de nouvelles âmes à chacun de ceux qui écoutent son enseignement, chacun<br />

selon son niveau et ses aptitudes.<br />

En effet, la Torah possède deux facultés : tuer ou faire vivre, comme l’enseignent nos<br />

Sages : « "Vous les placerez/véSaMTeM" (Deu 11:18) : s’il est méritant, la Torah devient<br />

<strong>pour</strong> lui un remède/SaM de vie, etc. » (Yoma, 72b ; Taanit, 7). Il est écrit par<br />

ailleurs : « Les voies de Dieu sont droites, les Justes les emprunteront, etc. » (Osée 14:10).<br />

Ainsi est la Torah du Juste, <strong>pour</strong> chacun selon sa capacité. Il y a celui qui recevra une âme<br />

nouvelle du fait de la révélation de la Torah ; mais il y a aussi, à Dieu ne plaise, à<br />

l’inverse, comme il est écrit : « Les Justes les emprunteront ». Chacun selon son réceptacle,<br />

c'est-à-dire selon ses aptitudes, les aptitudes de ses cerveaux. Il s’agit ici d’un grand<br />

principe : il est absolument impossible à un homme de percevoir et de saisir la parole du<br />

Juste s’il n’a pas, au préalable, réparé l’Alliance sainte (pureté sexuelle) comme il se doit.<br />

Si c’est le cas, il peut alors comprendre et saisir la parole du Juste. En effet, le Zohar<br />

rapporte (II, 110a) : « Le Fondement/Yessod s’élève jusqu’au Père et jusqu'à la Mère». Il<br />

s’agit ainsi d’une référence à la Sagesse (père) et à la Compréhension (mère), signifiés<br />

par le Nom divin YaH , apparentés aux cerveaux. Il en ressort donc qu'en ayant rectifié<br />

l’Alliance sainte comme il convient, l'homme procure à ses cerveaux la perfection. Il peut<br />

407


ainsi comprendre la parole du Juste. Chacun en particulier acquière une perception en<br />

fonction de la réparation qu'il aura effectuée.<br />

6- Il est un (autre) principe fondamental : « De la Bouche du Très Haut, ne sort … »<br />

(Lam. 3:38) qu’une Lumière simple. C’est toutefois en fonction de la nature du réceptacle<br />

qui reçoit cette lumière que cette même lumière se dessine en lui. Si le réceptacle est<br />

parfait, ce qu’il reçoit alors est l’aspect « luminaires », dit « plein » מאורות (« Méorot »<br />

écrit avec la lettre Vav) ». Mais s’il n’est pas parfait, à Dieu ne plaise, il reçoit alors une<br />

lumière relevant de l’aspect « luminaires » dit « défectueux », ‏,מארות écrit sans la lettre<br />

Vav. C’est ainsi qu’il est écrit : « La malédiction/Méérat, de Dieu dans la maison du<br />

méchant » (Prov. 3:33) ‏,מארות)‏ écrit sans lettre Vav, ‏,מארת peut se lire<br />

malédiction/Méérat). C’est <strong>pour</strong>quoi : « Les Justes les emprunteront etc… ».<br />

En effet, la Lumière simple venue d’En-haut est de l'ordre de « fermée/Kamits et scellée<br />

» (en allusion à la voyelle <strong>Kama</strong>ts). Par contre, (cette lumière,) telle qu'elle est reçue en<br />

fonction de la nature du réceptacle de ceux qui la reçoivent, est de l'ordre du TSéRé<br />

(voyelle dont le nom évoque l’idée de dessein/TSiyouR), car elle se dessine selon la<br />

nature du réceptacle. C’est <strong>pour</strong>quoi il est dit à propos de Bilaam, « Voici, j’ai pris une<br />

bénédiction/Barekh, בָרֵ‏ ‏ְך (écrit avec la voyelle <strong>Kama</strong>ts), Oubérekh, ‏ְך ‏,ּובֵרֵ‏ (écrit avec la<br />

voyelle Tséré) je ne peux la faire revenir » (Bamidbar 23:20). Ce qui sous-entend que dès<br />

même la prise (de cette bénédiction), qui était encore de l'ordre de "fermée et scellée",<br />

elle devient immédiatement de l'ordre de Bérekh (écrit avec la voyelle Tséré). On en<br />

veut <strong>pour</strong> preuve que Bila’am souhaitait que la lumière se dessine selon la nature de son<br />

propre réceptacle, de l'ordre de la malédiction, mais se retrouva dans l’incapacité totale<br />

de faire revenir, de composer ni de dessiner cette lumière en fonction de son réceptacle.<br />

Tel est le sens des mots : « C’est une bénédiction, Oubére’h, et je ne peux la faire revenir »,<br />

puisque même dès la prise, il s’agissait d’une bénédiction. Quelle en est la raison ? Parce<br />

que le texte de la Torah at<strong>test</strong>e qu’Israël représente les « Tribus de Dieu/YaH », comme<br />

l’explique Rachi, sur le verset « La famille de ‘Hanokh, Ha‘HanokhY" (Bamidbar 26:5),<br />

Mon Nom at<strong>test</strong>e en leur faveur ». Il s’agit du Nom YaH, lié aux cerveaux. Ainsi est-il<br />

rapporté dans le Midrach : « Les non-juifs disaient que s’ils dominaient les corps des<br />

Juifs, ils domineraient certainement leurs femmes, <strong>pour</strong> cela le texte témoigne (de leur<br />

identité familiale) » (Cantique Raba, 4:12). C’est ce dont il s'agit dans : « Vois, Je place<br />

devant vous (la bénédiction et la malédiction » (Devarim 11:26) ». Devant vous,<br />

408


précisément, car en Haut, (la Lumière) est de l'ordre du du <strong>Kama</strong>ts, fermé et caché. En<br />

revanche, devant vous, en bas, la lumière se dessine selon la nature du réceptacle. C'est<br />

donc <strong>pour</strong> cela que Bilaam conseilla à Balak à les faire fauter par la débauche sexuelle<br />

(avec Baal péor), afin de détériorer leurs réceptacles.<br />

C’est <strong>pour</strong> cela que les Sages experts en médecine écrivirent que la castration est un<br />

remède <strong>pour</strong> les fous. En effet, « Le Fondement s’élève jusqu’au Père et jusqu'à la Mère »,<br />

autrement dit « Mon Nom at<strong>test</strong>e en leur faveur ».<br />

Tel est le sens de « Quand des malfaiteurs/Méréïm, m’approchent etc.». Il s'agit des<br />

« Deux amis/Réïm, qui ne se séparent pas » (selon Zohar 3, 4a), c'est-à-dire des cerveaux.<br />

Leur nourriture, dont il s'agit dans : « Mangez, amis/Réïm » (Cantique 5:1), autrement<br />

dit, leur renforcement, est la « chair sainte » (Haguiga 2:12) dont il est question dans,<br />

« <strong>pour</strong> dévorer ma chair ». Il s'agit de l’élévation du Fondement/Yessod, c'est-à-dire sa<br />

réparation, qui parvient jusqu’aux cerveaux, qui sont le Père et la Mère. Tel est le Tikoun<br />

Haklali, la Rectification générale, par lequel « Mes oppresseurs et mes ennemis sont à<br />

ma merci, courent à leur perte et tombent » (suite du verset). Ceux-ci représentent les<br />

soixante-dix langues. Ainsi, lorsque l'on brisera cette tentation, toutes les autres<br />

disparaitront du même coup.<br />

[Cette Torah provient de la bouche de Rabénou, que son souvenir soit une bénédiction.<br />

Il a déclaré qu’elle est le secret des intentions cachées du Kidouch, qui sera expliqué par<br />

ailleurs avec l’aide de Dieu. J’ai trouvé également un manuscrit de la sainte main de<br />

notre maitre, qui se rapporte à cette Torah, mais dans une forme légèrement différente.<br />

Le papier était à moitié déchiré, mais j’ai retranscrit ce qui est resté écrit sur ce qu'il<br />

reste. Le voici.]<br />

Tsafnat Panéa’h (nom donné par Pharaon à Yossef) : celui qui révèle … les soixante-dix<br />

facettes … Torah …<br />

Le secret d’A’her, comme dans : « Le secret de l’autre/A’her, ne le dévoile pas » (Prov.<br />

25:9), comme le rappelle le Zohar (Tik. 34, 77b) : « Lorsque l’on tranche le point du<br />

Dalet (extrémité supérieure droite de la lettre Dalet) du mot E’HaD/Un, ce point<br />

représentant le signe de l’Alliance, apparait alors A’HeR (le Dalet devient Rech). En<br />

409


d’autres termes, il s'agit de celui qui introduit son Alliance dans la « prostituée », appelée<br />

« royaume du mal », ou « Dieu étranger/El A’her ».<br />

Par contre, celui qui se sanctifie et se garde de cette tentation, se lie du même coup à la<br />

Royauté céleste, (qui est également) appelée « Ani/Je », comme il est écrit : « Vous serez<br />

saints car Je suis saint » (Lév, 19:2). Ainsi, partout où tu trouves une entrave à la<br />

débauche, tu trouves la sainteté » (Zohar I, 204b). « Mais celui qui a des relations<br />

adultères/Gali Araïn, est condamné à être exilé/Gali au sein de ces adultères/Araïn,<br />

que sont les dieux étrangers » (Tikounim 56:93). C’est <strong>pour</strong>quoi, le Zohar<br />

affirme : « Lorsque Rabbi Chimone apercevait des femmes très belles, il déclarait : « Ne<br />

te détourne pas vers les idoles » (III, 84a). En effet, adultère signifie débauche, dieux<br />

étrangers, royauté du mal.<br />

C'est <strong>pour</strong>quoi, le remède <strong>pour</strong> chasser les pensées lascives est la lecture du Chéma<br />

Israël et de Barou’h Chem Kévod etc, comme le rapporte le verset : « Il amena parmi ses<br />

frères la Midianite, etc. » (Bamidbar 25:6): « Ils pleurèrent à l’entrée du Sanctuaire »<br />

(Bamidbar 25:6) ) : fin de la page 1 du manuscrit.<br />

Il en résulte donc que l’essentiel des épreuves et des expériences que l'homme a à<br />

endurer, passe précisément par la débauche sexuelle, qui englobe les soixante-dix<br />

nations, car elle englobe le secret d’A’her, dieux étrangers. Et lorsqu’il crie vers Dieu,<br />

comme il est écrit : « Mon âme aspire à Toi » (Ps. 42:2), et qu'il ne pousse pas moins de<br />

soixante-dix cris, les secrets de la Torah lui sont alors ouverts, des choses cachées lui<br />

sont révélées, et il donne naissance à de nouvelles âmes. En effet, il «accouche» d'une<br />

Torah, et la Torah inclue toutes les âmes d'Israël. Il révèle les facettes de la Torah qui<br />

étaient jusque-là dissimulées à l’intérieur de l’écorce, car l'écorce précède le fruit. De<br />

plus, par la Torah qu’il renouvelle, le Juste peut faire profiter de sa Torah à des âmes<br />

nouvelles, à chacun de ceux qui lui sont proches, et attachés à son enseignement. Le<br />

chant (du Ari Zal, Azamer Bichva’hin, voir §5) traite de cela : « Pour créer des nouvelles<br />

âmes, avec trente-deux, etc. ». Autrement dit, par la Torah qui commence par la lettre<br />

Beth (valeur de 2) et se conclut par la lettre Lamed (valeur de 30); « … et par trois<br />

branches, etc. », référence à la Torah qui est « triple »; «… Il façonne des âmes et des<br />

esprits nouveaux. »<br />

410


Quant à la Torah, lorsqu’il est méritant, elle devient <strong>pour</strong> lui un remède de vie, mais<br />

lorsqu’il n’est pas méritant (elle devient un poison). Comme il est écrit : « Vous placerez<br />

etc. » et « Les Justes les emprunteront etc. ». Chacun selon sa manière de recevoir. Mais de<br />

Lui, nul mal ne peut résulter, comme dans le verset : « De la Bouche du Très-Haut, nul mal<br />

ne saurait sortir » (Lam. 3:38). La bénédiction et la malédiction sont donc créées chez<br />

l’homme lui-même, selon le réceptacle qu’il a (façonné par son comportement), comme il<br />

est écrit : « Vois, Je place devant vous la bénédiction et la malédiction », devant vous,<br />

précisément, car devant le Saint béni soit-Il émerge une Lumière simple, c’est-à-dire des<br />

lettres simples. Ce n'est que selon l'homme (qui les reçoit) que la combinaison (des<br />

lettres) s'effectue. S’il s’agit d’un homme bon, se forme une combinaison de bénédiction,<br />

ou le contraire <strong>pour</strong> une personne mauvaise. Tel est le sens des mots : « …devant vous,<br />

bénédiction et malédiction », précisément, car devant Dieu, il n’existe encore nulle forme<br />

ni combinaison de ce type, qui décidera s'il s'agit d'une bénédiction ou non. C’est ce qui<br />

suscita la surprise de Bilaam, qu’il exprima en ces termes : « Voici, j’ai pris une<br />

bénédiction/Barekh, je ne peux la faire revenir ». Barekh, écrit avec la voyelle <strong>Kama</strong>ts.<br />

« J’ai pris » implique une action intentionnelle.<br />

TORAH 37<br />

Selon le manuscrit de Rabénou<br />

« Soyez en quête de l’Eternel et de Sa puissance, recherchez constamment Sa<br />

face » (Ps. 105:4)<br />

1- La finalité majeure de la Création du monde est « Que l’homme connaisse Dieu »<br />

(Zohar II 42a), comme il est écrit : « Pour Ma Gloire Je l’ai créé, formé et même fait » (Isaïe<br />

43:7).<br />

2- Ainsi, le corps et l’âme sont associées aux notions d’homme et d’animal, matière et<br />

forme, sagesse et ignorance, lumière et obscurité, comme il est écrit : « Comme la lumière<br />

est un avantage sur l’obscurité … » (Kohélet 2:13) et comme nos Sages<br />

411


affirment : « Grande est la Connaissance, mentionnée entre deux Noms, comme il est<br />

écrit : « Car le Dieu des connaissances est l’Éternel » (Sam I, 2:3 ; Brakhot 33a) et « Le Dieu<br />

Eternel nous a éclairés » (Ps. 118:27), ou encore « Ils ne savent pas et ne comprennent<br />

pas (mais marchent dans les ténèbres) » (Ps. 82:5). De plus, (le corps et l’âme)<br />

correspondent à la vie et à la mort, ainsi qu’il est écrit : « La sagesse fait vivre etc. »<br />

(Kohélet 7:12) et : « Ils mourront sans sagesse » (Job, 4:21) et « Il m’a relégué dans les<br />

ténèbres etc.» (Lam. 3:6). Ils représentent les notions de souvenir et d’oubli, comme il est<br />

écrit : « Mon souvenir disparaît des cœurs comme celui d’un mort » (Ps. 31:13) et « Il s’est<br />

souvenu de Sa Bonté » (Ps. 98:3). C’est en cela que nos maitres, de mémoire bénie, ont<br />

enseigné (Avot 3:8) : « Celui qui oublie une seule chose de son étude, c’est comme s’il<br />

mettait sa vie en danger, comme il est écrit « Garde-toi seulement et préserve bien ton<br />

âme, de peur d'oublier … » (Dévarim 4:9). Enfin, ils sont associés aux (notions de)<br />

sagesses de la Torah (et de sagesses extérieures), car les sagesses extérieures sont<br />

l’aspect de la matérialité et de l'ignorance, comme l'animal, comparées aux sagesses de<br />

la Torah.<br />

3- De fait, tout homme doit soumettre la matière, c'est-à-dire la mort, qui correspond à<br />

la folie des quatre éléments fondamentaux (dont est constitué le) corps (terre, air, eau<br />

et feu – voir chaaré kedoucha de Rabbi ‘Haim Vital, 1:1). Comme il est écrit dans le Zohar<br />

(I, 27a) : « L'Eternel Dieu prit l’homme (<strong>pour</strong> l’établir au Gan Eden) » (Bér. 2:15). D’où le<br />

prit-Il ? (Il le sorti) de ses quatre éléments fondamentaux, le séparant de leur tentation »<br />

(Zohar 1:27a).<br />

Cela se réalise grâce au jeûne, car le jeûne permet d’affaiblir les quatre éléments<br />

fondamentaux et d’annuler la matière/ignorance/obscurité/oubli/animalité, tandis qu’il<br />

renforce et élève les dimensions intellect/forme/lumière/souvenir/humaine. C’est ce<br />

que nos Sages, de mémoire bénie, enseignent : « La récompense du jeûne est la charité »<br />

(Brakhot 6b). La charité fait référence à la lumière, comme dans : « Un soleil de charité<br />

brillera sur vous qui craignez Mon Nom » (Malachie, 3:20). Elle correspond également à la<br />

Torah, comme il est mentionné dans le Zohar (1, 76b) : « Ecoutez-Moi, cœurs vaillants<br />

qui êtes loin de la charité » (Isaïe 46:12), il s'agit de ceux qui sont éloignés de la Torah.<br />

Elle correspond également à l’homme, comme il est écrit : « Telle est la Torah, l’homme »<br />

(Bamidbar 19:14).<br />

412


« ‏,ם dont la lettre finale, Mem ‏,אדם (homme) Et telles sont les lettres du mot Adam<br />

fermée », correspond au jeûne lié au monde futur où il n’y aura ni boire ni manger<br />

(Tikounim, 21 et 56a).<br />

La lettre Dalet ד fait allusion au rabaissement des quatre éléments fondamentaux grâce<br />

au jeûne .<br />

Du coup, s'élève l’intellect, auquel la lettre Alef א fait allusion, comme il est écrit : « Et je<br />

t’enseignerai/AaLEFkha la sagesse » (Job, 32:33). C'est ce qui est écrit dans le Zohar<br />

(Intro, 13b) : « Faisons l’homme (à notre image)… etc. » (Bér. 1:26), au moyen du jeûne, la<br />

dimension « homme » fut formée. … Il est écrit ici « Faisons/na’ASseh » et, par ailleurs,<br />

« Et le nom de l’homme avec qui j’ai fait/’ASsiti » (Ruth, 2:19), tout comme, là-bas, il<br />

s’agissait de charité , de même ici il s’agit de charité.<br />

[L’explication est la suivante : le Zohar explique que l'on prend une forme humaine avec<br />

la charité. Il tire cet enseignement du verset (parlant la création de l’Adam) : « Faisons<br />

l’homme (à notre image) » (Gen 1:26) qui emploie ici le verbe « faire », quand un autre<br />

verset mentionne : « Le nom de l’homme avec qui j’ai fait » (Ruth 2:19), évoquant le sujet<br />

de la charité. Rabénou, de mémoire bénie, en tire un enseignement au sujet du jeûne, la<br />

charité et le jeûne étant du même ordre, puisque « La récompense du jeûne est la<br />

charité », comme il l'a rapporté plus haut. Nous voyons donc de là, qu'au moyen du jeûne<br />

qui correspond à la charité, se forme une dimension « Homme/Adam », correspondant à<br />

la connaissance véritable de la Torah, de l’ordre de la lumière/l’âme/etc. En effet, la<br />

soumission de la matière et du corps de dimension animale, à l’âme de dimension<br />

« Adam », est accomplie par le jeûne qui correspond à la charité, comme rapporté plus<br />

haut].<br />

4- Il existe deux catégories de charité : la charité à l’extérieur de la Terre d’Israël et la<br />

charité en Terre d'Israël. La charité en Terre d'Israël est plus grande et élevée que la<br />

charité à l’extérieur de la Terre d’Israël (voir Lois Tsédaka #251, 3). De même, il existe<br />

deux dimensions à la Torah, car « la Torah qui émane du souffle qui connait la faute ne<br />

saurait ressembler à celle qui est exprimée par un souffle qui ne connait pas la faute »<br />

(Chabat 119b). En effet, « le jugement ne peut être adouci et le monde ne peut perdurer<br />

que par le souffle de la bouche des enfants (qui ne connaissent pas la faute) » (id.). Il est<br />

écrit de même (plus en détails) dans le Zohar (Intro. 1b) : « Les bourgeons apparaissent<br />

413


sur la terre, etc. » (Cantique 2:12, voir Chir hachirim Raba2:12), il s’agit des Patriarches<br />

du monde; « … L’heure de l’élagage est venue « , lorsque vient le temps de retrancher les<br />

méchants du monde; « … Et la voix de la tourterelle/TOR, se fait entendre », il s’agit du<br />

son de la voix des enfants qui étudient la Torah ». Il est écrit : « Des chainons/TORé<br />

d’or » (Cantique 1:11) et « Tu feras deux Chérubins en or » (Chémot 25:18, c'est-à-dire<br />

des jeunes enfants).<br />

De fait, grâce au son de la bouche des enfants, les Patriarches se révèlent en ce monde<br />

<strong>pour</strong> le protéger. Il en ressort donc que lorsque tu souhaites que par ton intermédiaire<br />

les Patriarches se révèlent en ce monde, afin de repousser la rigueur du jugement et de<br />

l’obscurité/oubli/ignorance de ce monde, tu dois avoir un souffle dénué de la moindre<br />

faute. C'est au moyen de la charité en Terre d’Israël que tu te fonds dans l’air de la Terre<br />

d’Israël, correspondant à la dimension de « Souffle saint », pur de toute faute. Telle est<br />

l’explication du verset « Je me souviendrai de Mon alliance avec Yaakov, etc. » (Vayikra<br />

26:42) : quand donc les Patriarches se dévoileront dans le monde ? Quand « … Je me<br />

souviendrai de la Terre », grâce à l’air de la Terre d’Israël et grâce au souffle pur de toute<br />

faute, de l'ordre du souffle de la bouche des enfants. En effet, c’est précisément ainsi que<br />

les enfants furent bénis, comme il est écrit (à propos de la bénédiction de Yaakov à<br />

Ephraïm et Menaché) : « (Que l’ange qui m’a délivré de tout mal bénisse ces jeunes<br />

enfants) bénisse ces jeunes gens, qu’ils perpétuent mon nom et le nom de mes pères » (Bér.<br />

48:16). Il s'agit du dévoilement des Patriarches afin de protéger, par l’intermédiaire des<br />

enfants. C'est grâce à la charité de la Terre d’Israël que l'on s'inclut dans l’air de la Terre<br />

d’Israël, l’air saint, comme un souffle dénué de toute faute.<br />

C’est <strong>pour</strong>quoi nos Sages ont affirmé : « Celui qui observe un jeûne est appelé<br />

‘Hassid/bon » (Taanit, 11b), comme il est écrit : « Un homme de bonté prodigue le bien à<br />

son âme » (Prov. 11:17). Car le jeûne consiste à prodiguer le bien à l’égard de son âme,<br />

c’est-à-dire à la Torah, comme il est écrit : « La Torah de l’Éternel est parfaite, elle<br />

réconforte l’âme » (Ps. 19:8). C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle il est appelé « homme<br />

Hassid/bon », en ce sens qu’il annule la rigueur du jugement et l’obscurité, <strong>pour</strong> attirer<br />

les Bontés dans le monde.<br />

5- Tel est le sens de cet enseignement : « Trois mises en garde furent données par Rabbi<br />

Yehoudah ben Bétera de Nétsivim : prenez garde au vieil érudit en Torah qui a oublié<br />

son étude malgré lui, montrez-vous vigilants sur les veines comme Rabbi Yehoudah<br />

414


(Rabbi Yehoudah bar I’laï) et faites attention aux enfants des ignorants car c’est d’eux<br />

qu’émergera la Torah » (Sanh. 96a). Ainsi, ces trois notions (prenez garde, montrez vous<br />

vigilants et faites attention) font toutes allusion à l’élévation de l’âme, de l’intellect, de la<br />

Torah et du souvenir.<br />

Ce vieil érudit qui a oublié son étude malgré lui, évoque la dimension de mort et de folie<br />

résultant de l’oubli. Cependant, "toute faute imposée par les circonstances est exemptée<br />

de punition" (Nedarim 27a). Rabbi Yehoudah nous enjoint encore de le respecter tout<br />

autant, car par l’honneur qui lui est rendu, son oubli disparait. Ainsi l’âme se révèlera,<br />

c’est-à-dire le souvenir de la Torah. En effet, la Torah tire sa source de la Gloire de Dieu,<br />

béni soit-Il, comme dans : « Pour Ma Gloire, J’ai créé etc. », comme nos maitres nous ont<br />

enseigné : « Il n’est d’autre gloire que la Torah » (Avot 6:3).<br />

6- Tel est aussi le sens de : « Montrez-vous vigilants sur les veines, comme Rabbi<br />

Yehoudah », car le sang représente l’âme qui se réincarne, et le Cho’het doit avoir<br />

l’intention d’élever l’âme qui se trouve dans le sang.<br />

En outre, les problèmes de subsistance dans nos générations sont causés uniquement<br />

par les Cho’hatim qui ne sont pas scrupuleux en la matière. Ceci est évoqué dans: « (S’il<br />

n’y a) pas de Torah, il n’y a pas de farine » (Avot 3:17). En effet, la Torah est l’aspect de<br />

l’âme, comme nous l’avons vu. De ce fait, la farine vient à manquer et (les moyens de) la<br />

subsistance s’amoindrissent. C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle le couteau réservé à l’abattage<br />

rituel est appelé « maAKHéLet », comme dans (le sacrifice d’Yits’hak à propos<br />

d’Avraham) : « Il s’empara du couteau/maAKHéLet » (Bér. 22:10). Il existe un Cho’het<br />

sérieux, qui « nourrit/maAKHiL » et subvient aux besoins d’Israël. Un tel abatteur rituel<br />

habille (fait monter) l’âme présente dans (le règne) animal jusqu’au (niveau) du parlant<br />

(règne humain) par la parole de bénédiction qu’il prononce. Cette parole est associée à<br />

la Présence divine, comme il est écrit : « La Royauté, c’est la bouche » (Tikounim, 17a).<br />

Tel est également le sens du verset : « L’épée <strong>pour</strong> l'Eternel est maculée de sang » (Isaïe<br />

34:6). En effet, la Présence divine porte également le nom d’épée <strong>pour</strong> l'Eternel (voir<br />

Zohar, 12), associée à la notion de parole, de l’ordre de « épée à double<br />

tranchant/Pifiot », au sens de (deux) « bouche/Pé », comme il est écrit : « Des hymnes de<br />

louanges dans leurs gorges, une épée à deux tranchants etc. » (Ps. 149:6).<br />

415


Ainsi, lorsque l’âme entre dans l’épée <strong>pour</strong> l'Eternel, qui est de l'ordre de la parole, de<br />

l’ordre des « eaux féminines », dès lors, la Présence divine s'unie en vertu de Ses eaux<br />

féminines, de l'ordre de « Regarde le fils avec lequel je suis venue devant toi » (Zohar III<br />

13a). C’est <strong>pour</strong>quoi : « L’épée de l'Eternel est maculée de sang », du fait des âmes qui<br />

s’élèvent en elle, sous forme de Ses eaux féminines. De par cette Union, elle reçoit la<br />

subsistance destinée à Israël. Tel est le sens du verset : « Au péril de nos vies, nous nous<br />

procurons nos vivres, à cause du glaive qui sévit dans le désert » (Lam. 5:9). Autrement dit,<br />

lorsqu’il n’est pas consciencieux et n’élève pas l’âme comme un aspect des eaux<br />

féminines, ce Cho’het ressemble, au moment de l’abattage, couteau en main, à un<br />

assassin. Son couteau s’apparente alors au « glaive du désert/haMiDBaR » et non pas à «<br />

l’épée <strong>pour</strong> l'Eternel », qui est l’épée de celui qui parle/haMéDaBeR. De plus, l’âme<br />

enfouie dans l'animal éprouve une souffrance telle qu’elle pousse un cri amer : « Mon<br />

âme est sortie à Sa Parole » (Cantique 5:6-7). « Mon âme est sortie ». Elle est sortie dans<br />

l’espoir d’entrer « … dans sa parole/beDaBeRo » de bénédiction, de l'ordre des eaux<br />

féminines. Mais quand je suis partie, « … Je l’ai cherché sans le trouver, je l’ai appelé mais<br />

il ne m’a pas répondu », il était absent au moment de la bénédiction : il avait une pensée<br />

impropre. A cause de cela, « …. Les gardes m’ont trouvée, ceux qui tournent en ville, ils<br />

m'ont frappée, m'ont blessée, ont enlevé mon manteau ». C’est-à-dire qu'il a enlevé à<br />

l'âme, même le degré qu'elle avait dans sa dimension animale. Elle n’a désormais nulle<br />

part où poser la plante de ses pieds. Malheur à ce Cho’het ! Malheur à cette âme ! Il a tué<br />

cette âme et l’a remise dans les griffes de ses ennemis. La Présence divine n’a plus d’eaux<br />

féminines <strong>pour</strong> pouvoir attirer la subsistance sur sa maison. De ce fait, « Au péril de nos<br />

vies, nous nous procurons nos vivres », au prix d’efforts et de difficultés considérables.<br />

C’est en cela que nos Sages affirment : « La subsistance de l'homme est plus difficile que<br />

l’ouverture de la Mer Rouge » (Pessa’him 118a), car la Mer fut fendue en douze<br />

ouvertures (Pirké dé Rabbi Eliezer 42 ; Tikouné 21), qui correspondent aux douze<br />

vérifications nécessaires du couteau d’abattage, par lesquelles, précisément, la<br />

subsistance d’un homme s’avère difficile.<br />

C’est <strong>pour</strong>quoi nos maitres, de mémoire bénie, ont enseigné : « La table s'apparente à<br />

l’Autel » (Brakhot 5a), car les critères des défauts du couteau sont les mêmes que ceux<br />

de l’Autel (‘Houlin, 17b).<br />

416


D’autre part, les mots de la bénédiction prononcée avant l’abattage : « Sur la Ché’hita »<br />

ont <strong>pour</strong> valeur numérique 437, qui forment l’acronyme des mots (de la malédiction<br />

d’Adam après la faute) : « Bézéat Apékha Tokhal Lé’hem « A la sueur de ton front tu<br />

mangeras du pain » (Bér. 3:19), allusion au manque de subsistance causé par des<br />

abatteurs rituels peu scrupuleux. Tel est le sens du verset : « Il <strong>pour</strong>voit à la<br />

nourriture/TéReF, de ceux qui Le craignent » (Ps. 111:5). En effet, ce terme « Téref »<br />

présente deux acceptions : l’une, au sens de Tréfa, comme mentionné dans le Zohar (II,<br />

121b), l’autre, au sens de nourriture, <strong>pour</strong> nous enseigner que lorsque le peuple se garde<br />

de consommer de la viande Tréfa, il mérite alors de recevoir sa subsistance.<br />

» מנצפך/‏Manetsépakh Ceci est évoqué dans les mots : « Les visionnaires ont institué<br />

(Chabat 104a). «Manetsépakh » (valeur numérique 280) correspond à la notion de<br />

VRYDiNe/veines (valeur = 280) et représente RaYoU DiNe . Quant aux visionnaires, il<br />

s’agit des prophètes qui puisent leur prophétie de la dimension des Chérubins, celle des<br />

enfants, celle du souffle pur de toute faute et de l’air de la Terre d’Israël. En effet, c'est de<br />

là que l’on reçoit l’esprit prophétique, comme il est écrit dans le Zohar (I, 85a), sur le<br />

verset : « Yona se leva <strong>pour</strong> fuir vers Tarchich » (Jonas, 1:3). Ces visionnaires, autrement<br />

dit ceux dont le souffle est dénué de toute faute, brillent dans Vridine/Riv<br />

Dine/Manetsépakh. Ils élèvent l’âme, aspect des eaux féminines et attirent l’abondance.<br />

Cette abondance est dénommée « OMeR », Alef, Mem et Rech, car elle est d’abord une<br />

lumière/Or (Alef) avant de devenir « eau/Maïm » (Mem) <strong>pour</strong> finir avec le firmament,<br />

Rakia (Rech). Et lorsque cette dimension de Manetséfakh est adoucie, elle se transforme<br />

en "Adonaï", car à partir des lettres ריו (Rayou) se forme la lettre א (Alef) (qui permet de)<br />

former le Nom divin אדני . Et Adonaï est la parole, (c'est-à-dire la) Présence divine,<br />

comme dans : « Adonaï, ouvre mes lèvres » (Ps. 51:17). De ce souffle, d’Adonaï, se révèle<br />

la subsistance répartie ensuite selon le niveau de chacun. Telle est l’explication du<br />

verset : « Adonaï fera entendre la Parole/Omer, annoncera à une grande légion » (Ps.<br />

68:12), à chacun en particulier, selon son niveau. C’est <strong>pour</strong>quoi nos Sages, de mémoire<br />

bénie, ont affirmé : «Ils dévorent mon peuple comme on mange du pain sans invoquer<br />

Adonaï » (Ps. 14:4). Rav dit : il s’agit d’une allusion aux juges, et Chmouel dit : il s’agit des<br />

professeurs des jeunes enfants (qui n’ont pas connu la faute). Chacun dit une chose<br />

différente mais ils ne sont pas en désaccord » (Sanh. 104b).<br />

417


Rav dit qu’il s’agit des juges, autrement dit « Riv Dine » qui n’élèvent pas l’âme comme<br />

les eaux féminines et ne transforment pas « Riv Dine » en « Adonaï ». Il est donc fait<br />

allusion aux abatteurs rituels qui ne sont pas scrupuleux et altèrent ainsi les jugements,<br />

soit Riv Dine/Manetsépakh/le sang, c'est-à-dire les âmes, c'est-à-dire les cinq lettres (de<br />

Manetsepakh), correspondant aux cinq catégories de sang, comme on le sait. Il s’agit<br />

ainsi d’une allusion aux cinq niveaux de l’âme, comme l’ont enseigné nos Sages, de<br />

mémoire bénie : « Le roi David a répété à cinq reprises Barékhi Nafchi (béni mon âme) »,<br />

en référence aux cinq niveaux de l’âme (Nefech, Roua’h, Nechama, ‘Haya et Ye’hida) etc.<br />

» (Brakhot 10a).<br />

Quant à Chmouel qui a dit : « il s’agit des enseignants des jeunes enfants », il a voulu dire<br />

qu'ils détériorent le souffle pur de toute faute. Lorsque la parole et le souffle du Cho’het<br />

ne correspond pas au niveau du souffle pur de toute faute, de l’ordre de l’air de la Terre<br />

d’Israël, alors : « Ils dévorent mon peuple », la subsistance diminue. Par contre, lorsque le<br />

Cho’het possède une dimension relevant du souffle dénué de toute faute, liée à l’épée de<br />

l'Eternel, à la charité de la Terre d’Israël, à l’âme et à la Torah, même l’âme, qui s’élève de<br />

son état animal au parlant, s’élève du même coup aux degrés évoqués.<br />

7- Voici l'explication de « Faites attention aux enfants des ignorants » : Il est connu que<br />

les âmes nobles sont captives au sein de la Tikla , la « balance », que le Zohar (II<br />

113a) nomme Klipat Noga . Cette écorce souhaite enliser en elle ces âmes. Elle les place<br />

donc dans la goutte de semence issue de l’union conjugale de l’ignorant, afin de la<br />

souiller davantage. Il en ressort que les enfants des ignorants sont des âmes de grande<br />

valeur, mais qui ressemblent à des « oiseaux pris au piège » (Kohélet 9:12). De quelle<br />

manière pouvons-nous connaitre la gloire de la splendeur (des enfants des ignorants,<br />

ces âmes de grande valeur) ? A travers leur Torah. Lorsque nous constatons qu’ils sont<br />

de Sages érudits, il est certain qu’ils portent en eux des âmes précieuses. De plus, toute la<br />

Torah qu’ils révèlent constitue une révélation totale <strong>pour</strong> le Cho’het. En effet, l’âme<br />

correspond à la Torah, comme nous l’avons vu, et la Torah révélée par les enfants des<br />

ignorants évoque les « étincelles », et s’élève vers la Présence divine comme eaux<br />

féminines, comme dans : « Regarde le fils avec lequel je suis venue devant toi » (développé<br />

§ 6). C’est <strong>pour</strong> cette raison qu’il convient de les respecter, car c’est précisément grâce à<br />

ce respect que la Torah, c’est-à-dire l’âme, se dévoile davantage encore, et sort du (lieu<br />

de sa) dissimulation. En effet, la source de toute chose est la Gloire, comme il est<br />

418


écrit : « Pour Ma Gloire, Je l’ai créé » et l’âme aspire à se fondre en sa source. C’est<br />

<strong>pour</strong>quoi « Faites attention aux enfants des ignorants », c’est (la nécessité de) leur<br />

témoigner du respect, afin que la Torah, c’est-à-dire l'âme, aspire à s’inclure dans sa<br />

source qui est la Gloire. Ainsi, "la Torah sortira d’eux."<br />

Telle est l’explication de : « Soyez en quête de l’Éternel, etc. » par quelle Sagesse peut-on<br />

Le chercher ? Le verset précise: « … Et Sa puissance », autrement dit, par le biais de la<br />

Torah, et non par d’autres sagesses, qui ne sont qu'ignorance et obscurité au regard de la<br />

sagesse de la Torah. Et de quelle manière parvient-on aux sagesses de la Torah ? « …<br />

Recherchez constamment Sa face », par la charité en Terre d’Israël, comme le mentionne<br />

le Midrach : « Il n’est de recherche de la Face que par la charité » (Berechit Raba, 44:12,<br />

Kohelet Raba, 1), ainsi qu’il est dit : « La justice marche devant lui » (Ps. 85:14). De même,<br />

l’idée de « constamment » fait référence à la Terre d’Israël (d’après Midrach Cho’her Tov<br />

Téhilim, 105 ; Réchit ‘Ho’hma, Chaar Hatéchouva, 7), comme il est écrit : « Les yeux de<br />

l’Éternel sont constamment tournés vers la Terre d’Israël » (Dévarim 11:12).<br />

TORAH 38<br />

Chabat Chirah 5562<br />

Selon le manuscrit de Rabénou<br />

« Les chars de Pharaon et son armée, Il les a jeté dans la mer » (Chémot 15:4)<br />

1- Toute personne doit s'examiner à tout moment, <strong>pour</strong> vérifier si elle est attachée à<br />

Dieu, béni soit-Il. Le signe de cet attachement est les Tefilin, car les Tefilin représentent,<br />

(ne serait-ce que) de par leur nom, la notion d’attachement.<br />

2- Il est toutefois impossible de parvenir à ce niveau « Tefilin » sans élever ni rectifier sa<br />

parole. En effet, la parole représente le souffle de la bouche du Saint béni soit-Il comme<br />

dans : « La Royauté, c’est la Bouche » (Tikounim, 17a), et ceci est lié à la mer. Car vers<br />

celle-ci tous les fleuves se déversent, comme dans : « Tous les fleuves vont à la<br />

mer » (Kohélet 1:7). (La « bouche ») correspond également à « Adonaï », comme dans<br />

« Adonaï, ouvre mes lèvres » (Ps. 51:17). Mais lorsque l’on détériore la parole, c’est-à-dire<br />

419


Adonaï, cette détérioration transforme le souffle de Sa Bouche en vent de<br />

tempête/Se'aRA (que l'on écrit Samekh Ayin Rech Hé). En effet, chacune des vingt-sept<br />

lettres en englobe dix, (Il y en a donc) 270, (ce qui donne) la valeur numérique RA' (Rech<br />

Ayin, qui signifie "mal"). Ainsi, à partir de la parole, c'est-à-dire à partir de la dimension<br />

"Adonaï", se forment 270 lettres. Le mot Se'aRA/tempête (de par ses lettres rappelle<br />

donc que) Same’h Hé (65) équivalant à "Adonaï" (65, qui est devenu) Rech Aïn, les 270<br />

lettres.<br />

Tel est le sens de « Un vent de tempête fait Sa Parole » (Ps. 148:8) : « la parole » est « faite<br />

», ou réparée. Elle est élevée depuis le niveau « vent de tempête ».<br />

Ce « vent de tempête » est le grand procureur (accusateur), à l’origine de toutes les<br />

accusations et de toutes les épreuves. Il est (appelé) « après les paroles », car il puise (sa<br />

vitalité) de la parole, dès qu’il trouve une ouverture propice. C’est le sens des versets : «<br />

Le péché est (tapi) à l’entrée de ta porte » (Bér. 4:7), « Surveille les portes de ta bouche,<br />

etc. » (Michée, 7:5). Tout comme il est écrit dans le Zohar sur le verset « Après ces<br />

paroles, Dieu éprouva Avraham » (Bér. 22:1 et Zohar I, 119b). En outre, (ce vent) agite le<br />

corps de l’homme. Tous les colportages et toutes les médisances prononcés contre un<br />

homme proviennent de ce vent de tempête, de ce « après ces paroles ». Il représente en<br />

effet : « La fin de toute chair » (Bér. 6:13) en ce sens qu’il cause la fin et le terme de toute<br />

chair. Les personnes qui jugent continuellement les autres avec sévérité et<br />

intransigeance, toujours à la recherche de leurs fautes, entrent dans la catégorie « fin de<br />

toute chair », comme il est écrit (Job, 28:3) : « Il mis fin à l'obscurité et rechercha une<br />

finalité à toute chose » (voir, Zohar, 193). Car ils cherchent constamment à conduire<br />

toute chose à sa fin et à sa destruction, à éveiller la rigueur du jugement et à accuser<br />

comme dans : « Mais les pervers sont comme une mer houleuse, qui ne peut s'apaiser »<br />

(Isaïe 57:20).<br />

De fait, tout homme doit s’efforcer de soumettre ce domaine de la « fin de toute chair » à<br />

la parole de sainteté, comme il est écrit dans le Zohar (I, 238a et III, 237a à propos du<br />

Machia’h/messie) : « "On attachera son ânon à la vigne" (Bér. 49:11), la vigne fait<br />

référence à l’Assemblée d’Israël » (Zohar I 238a). Il est écrit de même : « Prends soin de<br />

cette vigne/Guefen Zot » (Ps. 80 :15) et « (Tous ceux-là sont les douze tribus d’Israël et)<br />

c’est de ceci/Zot qu'il (leur père) parla » (Bér. 49:28 -bénédictions de Yaakov à ses fils) ».<br />

Ainsi, lorsque l’homme soumet son vent de tempête, c’est-à-dire qu’il en retranche<br />

420


toutes les paroles tombées dedans, alors : « Il transforme l’ouragan en brise légère » (Ps.<br />

107:29).<br />

3- Il convient donc de relever la parole vers sa source qui est le bras, correspondant aux<br />

cinq doigts de la main gauche, aux cinq attributs de rigueur (Guévourot), aux cinq<br />

organes de la parole. En effet, la parole fonctionne essentiellement grâce aux cinq<br />

articulations de la bouche , qui sont les Guévourot, comme il est écrit : « Qui saura dire la<br />

toute-puissance/guevourot de l’Éternel » (Ps. 106:2), car c’est par l’intermédiaire des<br />

Guévourot que la parole s’opère, comme dans : « Et de Ta Puissance, ils parleront » (Ps.<br />

145:29) et « Mes Paroles ne sont-elles pas semblables au feu, dit l’Éternel » (Jérémie<br />

23:29).<br />

Ainsi, l’élévation de la parole commence par la tête, autrement dit au degré de vérité le<br />

plus élevé de cette parole, que l’on appelle « tête » (la pensée est à la source de la<br />

parole). Il existe en effet plusieurs formes de vérité, comme nos Sages l’enseignent : « La<br />

vérité apparaitra par groupes » (Sanh. 97a) et comme l’évoque le verset : « Le début (la<br />

tête) de Tes Paroles est vérité » (Ps. 119:160). En effet, avant sa rectification, la vérité<br />

relevait de « Elle terrassa la vérité » (Daniel 8:12) et on ne pouvait prononcer la moindre<br />

parole de vérité, à cause du vent de tempête qui perturbait (la communication), comme<br />

il est écrit : « Ils montaient jusqu’au ciel, descendaient dans les abîmes » (Ps. 107:26). Mais<br />

après l'avoir rectifiée, on ne connait plus la moindre confusion. Ceci correspond à<br />

l’enseignement : « Le texte de la Torah a employé neuf lettres supplémentaires dans le<br />

seul but de ne pas utiliser un mot désobligeant » (Pessa’him 3a). Il y a là une allusion au<br />

fait que lorsque le vent de tempête domine, il est impossible de parler de manière<br />

directe dans la mesure où ce vent de tempête le trouble. On doit donc employer un<br />

itinéraire sinueux.<br />

4- La réparation de la parole passe par l’étude de la Torah qui est effectuée dans la<br />

détresse, la pauvreté et l’étroitesse qui renvoient à la dimension « nuit»*. (Comme le<br />

rapporte le Pri Ets ‘Haïm, Chaar Téfilin, chapitre 7, sur le verset : « Place-moi comme un sceau sur ton<br />

cœur » (Cantique 8:6). Par le biais de l’étude de la Torah durant la nuit, à la lumière du jour s’élève la tête<br />

de la Malkhout (qui est l’aspect de la parole, comme rappelé) et siège dans le bras de Zéïr Anpine et reçoit<br />

les traces qui se trouvent dans la poitrine de Zéïr Anpine qui reçoit lui-même ses propres traces. Et grâce à<br />

la prière, pénètrent de nouveaux cerveaux, et ces traces sortent dans la dimension des Tefilin, etc.) Cette<br />

dernière correspond (versets de la genèse) à : « Fin de toute chair », à « Il a posé des<br />

421


limites à l’obscurité » ou à « Et les ténèbres, Il les appela nuit ». Nos Sages, de mémoire<br />

bénie, ont expliqué : « Un fil de Bonté se pose le jour sur celui qui étudie la Torah durant<br />

la nuit » (‘Haguiga, 12b). La Bonté fait référence au « matin d’Avraham », comme il est<br />

écrit dans le Zohar: « "Le matin venu, etc." (Bér. 44:3), il s’agit du matin d’Avraham. "(aux<br />

premières lueurs de l’aube,) on laissa repartir ces hommes etc.", référence aux forces de<br />

rigueur du jugement, "Eux et leurs ânes" (suite du verset) renvoie à l’ensemble du<br />

domaine de l’impureté » (Zohar I, 203a). Il est écrit par ailleurs : « Couche-toi jusqu’au<br />

matin » (Ruth, 3:13). Tous les accusateurs qui dominent la parole tombent alors, et la<br />

parole sort sous la forme de chants et de louanges au Saint béni soit-Il, comme<br />

dans : « Oh Dieu, ne reste pas silencieux » (Ps. 83:2) et dans : « De la sorte mon âme Te<br />

chantera sans se taire » (Ps. 30 :13). Dès lors, « Les étoiles du matin chantent en<br />

chœur » (Job, 38:7). Tel est le sens du verset : « Nos pieds se tenaient, etc» (Ps. 122:2) car<br />

la parole est appelée « pied », comme dans : « Lui qui a appelé la justice à ses<br />

pieds » (Isaïe 41:2) et « Vous parlerez (direz) la justice » (Ps. 58:2) « (Nos pieds se<br />

tenaient) dans tes portes, Jérusalem » (suite du verset, Ps. 122:2), grâce à la Torah,<br />

comme l’explique Rachi (et selon nos Sages, Makot, 10).<br />

5- De ce fait, lorsque l’on élève la parole vers sa source, c’est-à-dire vers les Rigueurs<br />

(Guévourot), et que l’on commence à parler intimement à son Créateur avec un<br />

embrasement des Guévourot, s’éveillant ainsi au service de Dieu, béni soit-Il, pénètre<br />

alors la lumière originelle des Guévourot, autrement dit le réchauffement (ardeur) du<br />

cœur* (*Ceci correspond aux « traces » du cœur de Zéïr Anpine, qui entre dans « la tête de Tes Paroles<br />

est Vérité », c’est-à-dire, dans la tête de la Royauté, lorsqu’elle siège sur le bras gauche). En effet, la<br />

source des Guévourot se situe dans le cœur, comme il est écrit : « Mon cœur était brûlant<br />

en moi en prononçant etc. » (Ps. 39:4), et c’est également la source véritable de la vérité<br />

de la parole, comme il est écrit : « Qui parle (dit) la vérité dans son cœur » (Ps. 15:2). On<br />

commence alors à dire, dans la chaleur de son cœur, des paroles de vérité du cœur. Puis,<br />

lorsqu'on adresse à son Créateur des paroles de vérité qui viennent du cœur, par un<br />

éveil au repentir, que l'on constate sa propre bassesse face à la grandeur du Créateur –<br />

en effet, jusqu’à présent, on s'était détourné de ses fautes sans réellement s’y pencher,<br />

mais, à présent, (confronté au divin,) on les reconnait – pénètre alors en lui une grande<br />

422


honte au regard de la gravité de ses fautes devant le Maitre, le Gouverneur, Essence et<br />

Source de tous les mondes.<br />

[Certains disent que la troisième annotation doit être incérée ici, tel que cela apparait dans le manuscrit.<br />

Mais cela revient au même; Regarde bien dans le Pri Ets Haim].<br />

Mais cette honte n’est pas encore manifeste, elle reste encore dans l'intériorité sans être<br />

visible sur son visage, comme il est écrit : « La honte couvre mon visage » (Ps. 69:8). En<br />

effet, cette honte précède le repentir et, comme on le sait, « l’habitant du village ne<br />

saurait ressembler à l’habitant de la ville » (d’après ‘Haguiga, 13) : plus on est proche du<br />

roi, plus la honte est grande et plus on est conscient de la gloire du roi, plus on éprouve<br />

de la honte devant lui. Avant le repentir, la connaissance est encore à un stade immature.<br />

Pour cela, la honte n’est pas encore apparente sur son visage, car ses fautes obstruent<br />

encore son intelligence et sa connaissance, du fait de l’esprit de folie qui est en lui,<br />

comme nos Sages l’ont enseigné (Sota 3a) : « Une personne ne faute … (qu’à partir du<br />

moment où un vent de folie s’empare d’elle) » * (* Il s'agit de la dimension Zéïr Anpine, jalouse de<br />

la Royauté, qui prend ses propres traces). Mais par la suite, lorsqu’on se repentit, que l'on se<br />

débarrasse de cette stupidité et que l'on renforce son intelligence, on éprouve alors une<br />

honte si grande qu’elle apparait sur le visage. C'est cette honte qui correspond à la<br />

lumière des Tefilin * (* Il s'agit de la dimension des nouveaux cerveaux qui arrivent grâce à la prière,<br />

et les traces sortent alors dans la dimension des Tefilin. En effet, du fait de la honte, l’homme prie et<br />

demande pardon <strong>pour</strong> ses fautes) qui se révèle sur son visage, sur son front. La honte se<br />

manifeste essentiellement sur le front, comme il est écrit : « Tu avais le front d'une<br />

prostituée, tu refusais d'avoir honte » (Jérémie 3:3). Il s'agit de l’explication du verset : «<br />

Tu comprendras alors la crainte de l'Eternel (et tu atteindras la connaissance de<br />

Dieu)» (Prov. 2:5) rapportée dans le Zohar (Tikouné 9b) : « les Tefilin représentent la<br />

Mère qui couve son petit » et « La Mère est appelée Compréhension » (Idem, 2a, à partir<br />

de Pro, 2:3).<br />

C’est <strong>pour</strong>quoi « Tu comprendras alors etc. », autrement dit, grâce à une Compréhension<br />

accrue découlant d’une connaissance du Créateur, on parvient à « … la crainte de<br />

l'Eternel ». Il s'agit de la dimension des Tefilin, comme l’ont enseigné nos Sages, de<br />

mémoire bénie : «Et tous les peuples de la terre verront que le nom de l'Éternel se lit sur<br />

toi et ils te craindront" (Dévarim 28:10), il s’agit des Tefilin » (Brakhot 6a). Car la crainte<br />

équivaut à la honte, comme il est écrit : « La crainte de l’Éternel sur vos visages » (Chémot<br />

20 :17), c'est la honte » (Nédarim 20a) qui se manifeste sur le visage. Il s’agit des Tefilin<br />

acquis par la Compréhension qui est la Mère qui couve son fils.<br />

423


De plus, voici ce que nos Sages, de mémoire bénie, ont affirmé : « Les Tefilin sont appelés<br />

Peér/magnificence » (Brakhot 11a), comme dans « Tu te coiffes de ta<br />

splendeur » (Ezéchiel, 24:17). En outre, « PEéR » représente l’ensemble de la gamme des<br />

couleurs car la magnificence résulte de l’harmonie globale des couleurs, comme il est<br />

écrit : « Israël, par toi Je me couvre de Gloire/etPAaR » (Isaïe 49:3), car Israël englobe une<br />

diversité de couleurs. Nous pouvons le constater lorsque nous voyons un homme<br />

éprouver de la honte, son visage présente alors diverses couleurs. Nous pouvons aussi<br />

discerner après la réparation de sa faute, si un homme possède la crainte du Ciel, c’est-àdire<br />

la honte. (Ce sera le cas) si, lorsque nous regardons son visage, une crainte et une<br />

honte s’emparent de nous, si une connaissance de la grandeur du Créateur, béni soit Son<br />

Nom, descend sur nous. C'est le sens de « Tu comprendras alors la crainte de l'Eternel,<br />

etc. » : par cela tu comprendras que cet homme possède la crainte de l'Eternel, « … et tu<br />

trouveras la connaissance de Dieu » (Prov. 2:5). (Par cela), tu parviendras, toi aussi à la<br />

connaissance de la grandeur du Créateur, c’est-à-dire la honte et la crainte. Tout cela<br />

correspond au verset : « Tous les peuples de la terre verront… et ils te craindront »<br />

(Dévarim 28:10), en ce sens que la crainte du Ciel s’imprimera tout autant sur eux .<br />

6- Moché obtint le mérite d’acquérir la lumière des Tefilin, comme le mentionne le<br />

Zohar : «Les enfants d’Israël se départirent de leurs parures, etc. » (Chémot 33:6), il s’agit<br />

des Tefilin » ; « … Et Moché prit la tente/oHeL, etc. » (Idem, 7), il prit ces mêmes lumières,<br />

au sens de (Job, 29:3) : « Sa lumière brillait, béHiLo, sur ma tête » (Zohar, 1, 52b, 262a).<br />

Tel est le sens de : « Car son visage rayonnait/KaRaNe » (Chémot 34:30) , de même<br />

que : « Il avait une seule corne/KéRèNe sur le front » (‘Houline, 60a), qui fait allusion aux<br />

Tefilin que l’on porte sur le front. De ce fait, (Aaron et les israélites) « craignaient de<br />

s’approcher de lui » (suite du verset Exode 34:30) car il (Moché) faisait rayonner sur eux<br />

la crainte, comme il est écrit : « Tu comprendras alors la crainte de Dieu, etc.»<br />

C’est ainsi que nos Sages, de mémoire bénie, affirment à ce sujet : « Celui qui commet<br />

une faute et en éprouve de la honte est immédiatement pardonné » (Brakhot 12b). En<br />

effet, la faute introduit en l’homme un esprit de folie et grâce à la honte, il restitue les<br />

cerveaux (à leur état d’origine), comme il est écrit : « Tu comprendras alors la crainte de<br />

Dieu », comme nous l’avons vu.<br />

424


C’est ce qu’enseignent nos maitres : « Tout homme qui fait preuve d’effronterie fait<br />

reconnaitre que les pieds de ses ancêtres n’ont pas foulé le Mont Sinaï » (Nédarim 20a).<br />

Adam, le premier homme, en effet, avait porté atteinte à la dimension des Tefilin, qui<br />

sont l’aspect de « l’Arbre de la Vie », comme il est écrit : « L’Éternel, au-dessus d’eux, ils<br />

vivront » (Isaïe 38:16 ; Ména’hot, 44a), et il (Adam) se rattacha à l’Arbre de la mort. A<br />

cause de cela : « L’Éternel le chassa du Gan Eden » (Bér. 3:24), car « L’effronté va au<br />

Guéhinom » (Avot 5:23). Puis, lorsqu’il se repentit, il est écrit : « Il leur fit des tuniques de<br />

peau », allusion (encore une fois) aux Tefilin (comme cela est évoqué dans Tikouné 69,<br />

105a). Tel est le sens de ces paroles : « Le bœuf qu’Adam offrit en sacrifice ne possédait<br />

qu’une corne/KeReN sur le front » (‘Houlin, 60a), car par l’intermédiaire du sacrifice,<br />

c’est-à-dire du repentir, il mérita de parvenir au niveau des Tefilin, symbolisé par le<br />

rayonnement/KéRouN de la peau du visage.<br />

Caïn <strong>pour</strong> sa part, provenait de l’impureté du Serpent. Il est écrit à son sujet : « Pourquoi<br />

ton visage est-il abattu? » (Bér. 4:6), allusion au défaut de la lumière des Tefilin,<br />

équivalent au rayonnement de la peau du visage. Caïn apporta un sacrifice provenant de<br />

déchets (Bér. Rab, 22:5), parce qu’il voyait la faute chez chacun. En outre, le Midrach<br />

(Tan’houma, Gen, 10) enseigne : « Il le marqua d’un signe » (idem, 4:15), un<br />

rayon/KeReN luisait sur son front, exactement comme ce que nous avons dit. Voici ce<br />

qui est écrit à son sujet (idem) : « Il séjourna dans le pays de Nod, à l'Est/Kidmat d'Éden »,<br />

ce qui signifie qu’il n’obtint pas le mérite d'Eden <strong>pour</strong> avoir dégradé la lumière des<br />

Tefilin. C’est <strong>pour</strong>quoi les lettres du mot « KiDMaT » forment (en acrostiche) « Karkafta<br />

Déla Mana’h Téfilin »/« un crane qui ne porte pas les Tefilin ». Nos maitres, de mémoire<br />

bénie, nous enseignent ainsi : « Un homme qui fait preuve d’effronterie a certainement<br />

fauté avec une femme mariée » (Taanit 7b), car Caïn abusa de la sœur jumelle de Hével,<br />

son frère, comme il est écrit : « Comme ils étaient dans le champ » (Bér. 4:8 ; Zohar I, 54b)<br />

. Par contre, lorsqu’ils se tinrent sur le Mont Sinaï, les enfants d’Israël se virent nettoyés<br />

de l’impureté instillée par le Serpent originel. Quant aux non-juifs, qui n’y étaient pas<br />

présents, ils ne virent pas leur impureté s’interrompre (Chabat 146a). C’est en cela qu’il<br />

est certain « que les pieds de ses ancêtres n’ont pas foulé le Mont Sinaï », les pieds,<br />

précisément, car ils n’ont pas de pieds, comme il est écrit (à propos de la malédiction du<br />

serpent) : « Tu te traineras sur le ventre » (Bér. 3:14). Tel est le sens du<br />

verset : «L’Éternel le marqua d’un signe », que Rachi interprète : « Il restaura sur eux Sa<br />

crainte », comme dans le verset « Tous les peuples de la terre verront », comme il est<br />

425


écrit dans le Zohar : « Lorsque Caïn se repentit, Dieu fit <strong>pour</strong> lui un signe » (Tikouné 69,<br />

108b).<br />

7- C’est ce que le Sage de la Michna raconte : « Un cèdre tomba dans notre voisinage et<br />

seize chariots sont passés sur sa cime » (Berakhot 57b) . On sait en effet que lorsque le<br />

Juste, qui sert Dieu avec un grand attachement et avec une grande intelligence, chute à<br />

un niveau inférieur au sien, le niveau dans lequel il se trouve désormais n’en reste pas<br />

moins élevé au regard (de celui) des autres Justes. Mais par rapport à sa (propre) valeur,<br />

ce niveau n’en reste pas moins considéré comme une chute, dont il a honte, comme s'il<br />

avait accompli une quelconque faute. Il accomplit alors un repentir, comme s'il avait<br />

fauté. Il parvient ainsi à éprouver une grande honte, de l'ordre de « Tefilin », de : « Tu<br />

comprendras alors la crainte de Dieu », et de la dimension d'une nouvelle connaissance et<br />

perception. De plus, les Tefilin luisent essentiellement grâce aux Tables de la Loi, comme<br />

le mentionne le Zohar : « lorsque les enfants d’Israël déclarèrent "Nous ferons et nous<br />

comprendrons", ils obtinrent le mérite d’être ceints de l'arme supérieure ». De plus,<br />

Moché mérita le rayonnement de la peau de son visage de la lumière des Tables, car elles<br />

représentent les « cerveaux » eux-mêmes. En effet, en affûtant l’intelligence par l’étude<br />

de la Torah, les cerveaux s'aiguisent, une perception s'ajoute et l'on ressent une grande<br />

honte. En outre, les Tables constituent la racine de la Torah et sont appelées « Youd (10)<br />

Vav (6) », du nombre des « dix » Commandements, et <strong>pour</strong> leur taille de « six » de<br />

largeur sur « six » de longueur (Baba Batra, 14a). De plus, le Juste est appelé « cèdre du<br />

Liban » (Ps. 92:13) [« Le Juste fleurira comme un palmier et s'élèvera comme un cèdre au<br />

Liban »].<br />

C’est donc que le Tana a loué la dimension du Juste, qui était le Juste de sa génération et<br />

qui « tomba dans notre voisinage ». Ce Sage possédait certainement lui aussi un haut<br />

niveau, mais relativement au Juste, il s'agissait d'une chute (Explication de la Michna «<br />

Un cèdre tomba dans notre voisinage et seize chariots sont passés sur sa cime » –<br />

(Berakhot 57b).<br />

« Sont passés/AVRou » renvoie à l’idée de dévoilement, comme dans le<br />

verset : « L’Éternel passera/AVaR, <strong>pour</strong> frapper l’Egypte » (Chémot 12:23), qu’Onkelos<br />

traduit : « se révèlera ».<br />

426


« Youd Vav (16) chariots/KRaNot sur sa cime/‘HouDo ». Il s'agit de<br />

l'affûtage/‘HiDoud et du renouvellement de son intellect, qu'il reçut grâce à la Torah,<br />

appelée Youd Vav, comme rappelé. Grâce à cela, le rayonnement/KeRouN de la peau du<br />

visage se dévoila, c'est à dire la honte, de l'ordre des Tefilin.<br />

De plus, le Saint béni soit-Il est aussi appelé « l’Endroit du Monde » . Tel est donc le sens<br />

de « Tomba dans notre endroit », qui signifie que le Juste est tombé dans des<br />

perceptions divines selon notre perception, quand bien même notre perception est<br />

élevée, mais en regard à son niveau, il s’agit d’une chute, <strong>pour</strong> laquelle il s’est repenti,<br />

puisqu'il éprouve une grande honte de notre perception.<br />

Tel est le sens de « BéRéCHYT » (au commencement) dont les lettres forment «<br />

YaRé/Crainte et BoCHeT/Honte », (Tikouné 7, 24a), car la crainte (YiRa) équivaut à la<br />

honte (BouCha).<br />

« Ce mot se décompose également en RaCHE-BaT (idem 4, 18b), comme dans (à propos<br />

des chefs des tribus d’Israël) « Telles sont les têtes (Raché) selon leurs maisons (Baït)<br />

paternelles » (Chémot 6:14). Il s'agit là des trois couleurs de l’œil (référence aux trois<br />

Patriarches) et à la pupille/Bat 'Ayin, qui fait allusion à l’emplacement des Tefilin : « En<br />

signe entre tes yeux » (idem, 13:16). Les trois couleurs de l’œil avec la pupille<br />

correspondent ainsi aux quatre sections des Tefilin.<br />

C’est le sens de « Si tu cesses de fouler aux pieds le Chabat, de faire tes affaires en ce<br />

jour qui M'est consacré » (Isaïe 58:13).<br />

Chabat évoque la notion de honte .<br />

« Tes pieds » : il faut au préalable réparer la parole, appelée « pied » (<strong>pour</strong> atteindre une<br />

réparation complète).<br />

Comment rectifier la parole ? « De faire tes affaires en ce jour qui M'est consacré ». En<br />

effet, l’impureté du Serpent a entrainé 39 malédictions (source). Il s'agit des 39 travaux.<br />

Chaque homme doit attirer la sainteté du Chabat <strong>pour</strong> sanctifier les jours profanes,<br />

comme il est précisé dans la Mékhilta : « Souviens-toi du jour du Chabat" (Chemot<br />

20 :8) », souviens-t ‘en à partir du premier jour de la semaine (Yitro, 7). C'est donc en<br />

fonction de la sanctification effectuée dans les jours de semaine que l’impureté du<br />

Serpent se voit repoussée. Il s'agit donc (du recul) de "la fin de toute chair", de l’ordre du<br />

427


"vent de tempête". C'est donc de cette manière que la parole s’élève. Voici (plus<br />

précisément) le sens de :<br />

« De faire tes affaires etc. » : lorsque tu fais tes affaires, c’est-à-dire durant la semaine<br />

« au jour qui M’est consacré », c’est comme si ce jour était, maintenant, le jour qui M’est<br />

consacré. Autrement dit, tu dois transférer la sainteté de Chabat vers les jours de<br />

semaine et les sanctifier (de l'impureté) des trente-neuf travaux.<br />

C’est ainsi que Rabbi Yossi déclare (‘Haguiga, 12) : « Malheur aux créatures qui voient<br />

sans savoir ce qu’elles voient, (elles tiennent mais ne savent pas sur quoi elles<br />

tiennent. Sur quoi repose la terre ?) La terre repose sur des Piliers, (et les piliers sont<br />

sur l’eau… et l’eau sur les montagnes… et les montagnes sur le souffle et le souffle sur la<br />

tempête … et la tempête se tient sur le bras du saint-béni soit-Il.) », allusion à la<br />

Compréhension, la « Terre de Vie », source des (traces des) Tefilin, comme rappelé. De<br />

fait, la prière est appelée « Pilier/'AMouD », d’après : « Pin’has se leva/'AMaD et pria »<br />

(Ps. 106:30).<br />

« … Les Piliers etc.» correspondant à la prière « (reposent) sur l’Eau, etc.», c’est-à-dire,<br />

sur le Cœur, comme dans : « Déverse ton cœur comme de l’eau devant la Face de<br />

l’Éternel » (Lam. 2:19).<br />

« … Et l’eau sur les Montagnes, etc. ». Il s’agit de la Torah, grâce à laquelle s’éveille la<br />

Bonté d’Avraham, car les montagnes représentent la Torah qui est majestueuse, comme<br />

dans : « Les rois règneront par moi (grâce à la Torah) » (Prov. 8:15). De même, Avraham<br />

est appelé « montagne », comme il est écrit : « Fuis vers la montagne » (Bér. 19:17, voir<br />

Rachi).<br />

« … Et les Montagnes sur le Souffle, etc. ». Il s’agit du Souffle de la Bouche du Saint béni<br />

soit-Il, lié à la Parole. En effet, grâce à la Torah de Bonté, la parole s’élève, comme nous<br />

l'avons vu, comme il est écrit : « Couche-toi jusqu’au matin ».<br />

« … Le Souffle sur la Tempête, etc. ». Autrement dit, la dimension « fin de toute chair »,<br />

équivalente à « après ces paroles », puise sa subsistance dans la parole et se transforme<br />

en vent de tempête, comme nous l'avons vu.<br />

428


« Et la Tempête se tient sur le bras du Saint béni soit-Il ». En effet, les créatures ont<br />

besoin de "la fin de toute chair", comme dans : « "Et voici, c’est très bon" (Bér. 1:33), c'est<br />

l’Ange de la Mort » (Beréchit Raba, 9:10). Tout ceci découle des Guévourot supérieures<br />

qui sont « très bonnes ». C’est donc en ce sens que la Tempête se situe sur le bras, car le<br />

bras renvoie aux cinq Guevourot, dont elle tire sa vitalité, jusqu’au jour où « Il anéantira<br />

la mort à jamais » (Isaïe 25:8).<br />

Et voici l'explication de (verset placé en introduction) « Les chars de Pharaon et son<br />

armée » : Il s'agit de la dimension des Tefilin comme le rappelle le Zohar (I,<br />

201a) : « Pharaon représente la Mère dont toutes les lumières accaparent leur<br />

dû/itPaR'ane et se révèlent ». Les Tefilin, quant à eux, sont appelés « chars/maRKeVot »,<br />

comme il est écrit : « qui chevauche/RoKHeV les cieux » (Dévarim 33:26), et les<br />

« cieux/CHaMaYiM » sont « eCH/feu » et « MaYiM/eau », comme des couleurs, car les<br />

Tefilin sont les lumières de la Mère Supérieure.<br />

Comment parviendras-tu à la dimension « Téfilin » ? (Grâce à) « Il les jeta/Yara dans la<br />

mer ». « Yara » correspond aux Guévourot [Explication: « Yara » a la même valeur<br />

numérique que « Guévoura »].<br />

« Dans la mer » correspond à la parole. Lorsque tu relieras et élèveras la parole à sa<br />

source. Par quel moyen <strong>pour</strong>ras-tu élever la parole à sa source ? Grâce à l’étude de la<br />

Torah durant la nuit. Grâce à cette étude, un fil de Bonté est attiré. Dès lors, « A la<br />

lumière du matin, etc. », la parole (Bat kol) s’élève alors et devient fille d’Avraham,<br />

comme l’enseignent nos Sages, de mémoire bénie (Baba Batra, 16b) : « Avraham avait<br />

une fille prénommée Bakol ». « Dans la mer » a <strong>pour</strong> valeur numérique « Bakol ».<br />

C’est ainsi que : « L’élite/miV'HaR de ses soldats/CHaLiCHav fut noyée dans la mer »,<br />

car la Torah est appelée « Torah triple/méCHouLaCH » (Chabat 88a). De plus,<br />

« l’élite/miV'HaR » c'est Avraham, comme dans « Tu choisis/Ba'HaRta Avram »<br />

(Né’hemia, 9:7). Autrement dit, c'est grâce à la Torah apte à provoquer l'éveil de<br />

l’attribut d’Avraham que la parole se rectifie.<br />

Ainsi, la "fin de toute chair" se trouvera noyée dans les abysses des Grandes Profondeurs.<br />

C'est celle-ci (la fin de toute chair) « fut noyée dans la Mer de roseaux/Souf » (mer<br />

Rouge). « Souf », qui représente la fin/Sof de toute chair, attachée à la mer de la parole,<br />

429


sera noyée dans les abysses des grandes profondeurs , grâce au matin d’Avraham, éveillé<br />

grâce à la Torah, comme nous l'avons expliqué.<br />

[Cette Torah présente le secret de l’intention cabalistique des Tefilin comme il est<br />

rappelé là-bas, au milieu de cette Torah, comme il apparait dans les annotations sur le<br />

côté (qui montrent) comment toutes les intentions des Tefilin y sont englobées. Ces<br />

choses peuvent être comprises par les kabbalistes. Elles nécessitent donc un large<br />

commentaire, afin de bien les expliquer, et si Dieu est avec moi, ce sujet sera explicité<br />

ailleurs, avec l’aide de Dieu béni soit-il. En outre, sache que j’ai entendu de sa bouche<br />

sainte, qu'il a décompté plusieurs Toroth et qu'il a dit qu’elles présentaient toutes le<br />

secret de l’intention cabalistique des Tefilin : la Torah « Par les trompettes et le son du<br />

Chofar », « Anokhi, Je suis l’Éternel ton Dieu » et « Appelle Yéhochoua, etc. », ainsi que la<br />

Torah « Qui est l’homme qui désire la vie », « Vous serez <strong>pour</strong> Moi un royaume de prêtres »,<br />

« Heureux le peuple — Zarka » ainsi que celle-ci : « Les chars de Pharaon etc. ». Il y avait<br />

encore bien d’autres Toroth importantes dont je ne me souviens pas <strong>pour</strong> l’instant le<br />

détail. Il a dit : "Elles présentent toutes le secret des intentions cabalistiques des Tefilin".<br />

Heureux soit celui qui mérite de les retrouver.]<br />

TORAH 39<br />

Selon le manuscrit de Rabénou<br />

« Je donnerai l’herbe dans ton champ <strong>pour</strong> ton bétail » (Dévarim 11:15)<br />

'Essev/herbe est formé des initiales de « 'Ossé CHalom Bimromav/Il fait la paix dans Ses<br />

Hauteurs » (Job, 25:2). « Dans ton champ/SaDékha » : au sens de<br />

CHiDoud/retournement, et de brisure. Lorsque l’homme ressent une sensation de faim<br />

et que son appétit s’accroit, il doit savoir qu’il a des ennemis. Ainsi l’enseignent nos<br />

Sages de mémoire bénie (à l’inverse) : «Il met la paix à ta frontière (, Il te rassasie de la<br />

moelle du froment). » (Ps. 147:14), toute personne qui a des ennemis ici-bas peut être<br />

certain qu’il a des ennemis en Haut » (voir Sanh. 103b). Il doit donc révolutionner et<br />

briser sa nature animale avide de nourriture. En effet, l’appétit est principalement un<br />

trait de caractère animal. D’autre part, ils (nos maîtres) ont enseigné dans le Midrach<br />

(Beréchit Rab, 63) : « Avec le crime vient le déshonneur » (Prov. 11:2), le déshonneur<br />

correspond à la faim », comme dans « Pour que vous ne subissiez plus, parmi les nations,<br />

430


l’humiliation de la faim » (Ezéchiel 36:30). Il en découle donc que la controverse, c'est-àdire<br />

les offenses subies par l'homme, provient de la dimension de la faim. Aussi, cette<br />

faim, c’est-à-dire la dimension de la controverse, comme l’humiliation, est liée au<br />

prépuce. C’est ainsi qu’il est écrit : « Car il s’agit d’une offense <strong>pour</strong> nous (le fait d’être<br />

incirconcis) » (Bér. 34:14). De plus, le prépuce équivaut aux trois écorces, qui entourent<br />

l’Alliance de paix. Ainsi, lorsque l’on brise le prépuce, l’Alliance de paix se révèle. Puis,<br />

lorsque la paix règne en bas, on connait la paix en Haut, dans ses hauteurs. Enfin, lorsque<br />

la paix est instaurée en Haut, une grande satiété se dévoile et s’accroit dans la monde,<br />

comme il est écrit, au sujet de Yossef (lorsque les égyptiens, dans la famine lui<br />

demandèrent) : « Donne-nous de la semence et nous vivrons » (Bér. 47:19).<br />

Autre explication : « Je donnerai l’herbe (dans ton champ, <strong>pour</strong> ton bétail) », il s'agit des<br />

enfants, comme il est écrit : « (Tu verras s’accroitre…) ta descendance, comme l’herbe de<br />

la terre » (Job, 5:25).<br />

« … Dans ton champ, <strong>pour</strong> ton bétail », autrement dit, quand seras-tu gratifié d’enfants<br />

qui vivront durablement ? Lorsque ton union intime sera accomplie dans la sainteté et<br />

que tu briseras ton âme portée sur les désirs, c'est-à-dire ton âme animale, et que tu<br />

auras l’impression d’être possédé par un démon (Nedarim 20b). (L’explication est que)<br />

« SaDékha/ton champ » s'entend au sens de « CHeD/démon ». C’est ainsi que tu auras<br />

une descendance durable. En effet, la mort des enfants résulte des âmes prisonnières de<br />

la Tikla , comme nous le savons. En effet, la Tikla, c'est-à-dire l'écorce (appelée) Klipat<br />

Noga’, est proche de l’âme animale, comme le rapporte le Michnat ‘Hassidim, dans le<br />

traité Harkava. En outre, ton union doit principalement avoir lieu la nuit de Chabat,<br />

lorsqu'elle (Noga’) est inclue dans la sainteté, et que les "malfaiteurs" sont séparés d’elle.<br />

Tel est le sens de (la fin du verset d’introduction) : « Tu mangeras et tu seras rassasié »,<br />

qui fait allusion au Chabat , qui est le temps de satiété, par lequel les six jours sont bénis.<br />

TORAH 40<br />

Selon le manuscrit de Rabénou<br />

431


Il est dit dans les « Dix Paroles » : « "Voici/Elé les pérégrinations des enfants d’Israël "<br />

(Bamidbar 33:1), parce qu’ils fautèrent par (le veau d’or) : "Voici/Elé tes dieux, Israël"<br />

(Chémot 32:4), ils durent partir en pérégrinations ». Il en ressort que tous les<br />

déplacements de l’homme sont les conséquences d’une dégradation de la foi équivalente<br />

à l’idolâtrie. En effet, si l’homme croyait d’une foi entière que le Saint béni soit-Il est<br />

capable de lui prodiguer tous ses besoins, il n’aurait pas à effectuer le moindre voyage.<br />

Le voyage correspond à une dégradation de la foi du même ordre que l’idolâtrie. Voila<br />

<strong>pour</strong>quoi, il est écrit à propos de l'idolâtrie (et des idoles dont se détourneront les<br />

juifs) : « (vous les rejetterez au loin comme des immondices) Sors ! lui direz vous » (Isaïe<br />

30:22), « sors » dénote l’idée de voyage et de mouvement.<br />

En outre, le déplacement (physique) permet la réparation du déplacement (spirituel)<br />

causé en Haut si l’on peut dire, comme il est écrit : « Et l'idole serait-elle comme une rivale<br />

qui emménagerait ? » (Isaïe 28:20).<br />

L’idolâtrie a <strong>pour</strong> effet d'empêcher la pluie (et d’amener la disette) comme (nous le<br />

voyons dans) : «Vous servirez d’autres divinités … Il n’y aura pas de pluie » (Devarim<br />

11:16-17). Sans pluie, pas de satiété ; et sans satiété, pas de paix, comme dans : « Les<br />

montagnes apporteront la paix au peuple » (Ps. 72:3) que Rachi explique ainsi : lorsqu’il<br />

n’y a pas de paix, personne ne vient en aide à son prochain, et chacun doit voyager et se<br />

déplacer d’un endroit à l’autre <strong>pour</strong> (trouver) sa subsistance.<br />

L’exil est également provoqué par le délaissement de la Torah comme il est écrit : « Mon<br />

peuple a été exilé faute de compréhension » (Isaïe 5:13). A cause de l’idolâtrie, les pluies<br />

se trouvent retenues. Et « sans farine, pas de Torah » (Avot 3:17).<br />

TORAH 41<br />

Selon le manuscrit de Rabénou<br />

Il est dit dans l’ouvrage Ets ‘Haïm, page 22, au sujet des danses, que les genoux,<br />

autrement dit, les jambes, correspondent à l'Eternité/Netsa’h et à la Splendeur/Hod et il<br />

en va de même <strong>pour</strong> les talons.<br />

Ainsi, le mot "Ekev" (talon) a <strong>pour</strong> valeur numérique deux fois le Nom Elokim , (Nom) lié<br />

à la rigueur du Jugement, là où les forces extérieures exercent une emprise, comme nous<br />

432


le savons. Le moyen d’en extirper les forces extérieures (à la sainteté) est d'attirer les<br />

Guévourot (rigueurs) vers les genoux, depuis de la source de la Compréhension/Binah.<br />

Ainsi, lorsque l’on fait descendre la source des Guévourot depuis la<br />

Compréhension/Binah, les forces extérieures fuient instantanément, et l'on reçoit la<br />

« BéKhoRa » (le droit d'ainesse) et la « BéRaKha » (bénédiction) liés à la notion de<br />

« genoux/BiRKaïm ».<br />

D’autre part, la source des « BéKhoRot » (ainés et primeurs) est appelée "vin", comme on<br />

le sait . Il s’agit là du vin qui réjouit. C’est ce qui est écrit à propos de Yaakov (Zohar II,<br />

176a). Dès qu’il s’aperçut qu’il correspondait aux genoux, lieu du jugement (sévère) –<br />

car la valeur numérique de deux fois le nom Elokim avec leurs dix lettres, équivaut à<br />

Yaakov (182) – il attira la source du jugement, équivalent au vin qui réjouit. Il est dit (à<br />

propos de Yaakov, lorsqu’il prit les bénédictions destinées à ‘Essav) : « Et Il (Yaakov)<br />

présenta du vin (à Yits’hak) et il but » (Gen, 27:25), (donc le vin est) source de la<br />

bénédiction. Il en découle que par l’intermédiaire des danses (où l’on élève les pieds),<br />

lorsque l’on boit du vin qui réjouit, ce qui correspond à la source des Guévourot<br />

(rigueurs) de la Compréhension/Bina que l’on fait descendre vers le bas, dans les<br />

jambes, (alors, grâce aux) danses, on chasse les forces extérieures de là-bas (des pieds).<br />

L’ardeur dans la danse équivaut à « une odeur agréable <strong>pour</strong> l’Éternel » (Bamidbar 28:8).<br />

En revanche, une danse dans l’exaltation du mauvais penchant est appelée « faute de<br />

Nadav et Avihou », au sujet desquels il est dit : « Ils apportèrent un feu<br />

étranger » (Vayikra 10 :1). Nadav et Avihou sont « l'Eternité/Netsa’h » et la<br />

« Splendeur/Hod ».<br />

L’enthousiasme de la sainteté est appelé "vin qui réjouit", grâce auquel les « BéKhoRot »<br />

(ainés) sont adoucis (de leurs rigueurs). Par contre, le feu étranger est appelé "vin qui<br />

enivre", ou exaltation du mauvais penchant sur lequel, à Dieu ne plaise, les forces<br />

extérieures ont de l’emprise, et que Dieu n’a pas ordonné.<br />

Il est question aussi du rachat de l’âme (Pidione Néfech), car l’argent est appelé « piliers<br />

», comme il est écrit : « Toute la terre (ou possession) à leurs pieds » (Dévarim 11:6 et<br />

Pessa’him 119a). En effet, lorsque le Juste procède à un rachat/Pidione, et qu'il pose sa<br />

main sur l’argent, il dirige son intention sur la pensée qu'il y a « la grande Main » (« la<br />

main forte » et « la main exalté »), c’est-à-dire trois mains. En effet, trois fois la valeur de<br />

« main » donne la valeur numérique 42 (Mem Beth) . Le Nom divin « Mem Beth » est<br />

composé de sept mots, chacun composé de six lettres. Il (le Juste) concentre son<br />

433


intention <strong>pour</strong> attirer vers lui les Vavim , c’est-à-dire les sept Noms composés chacun de<br />

six lettres, <strong>pour</strong> les faire descendre jusque dans l’argent qui est appelé « piliers ». Alors,<br />

(l'argent) est appelé « crochets des piliers » (Chémot 27:10). Or, ces piliers, autrement dit<br />

ces pieds ou ces talons sont l’aspect du jugement, puisque deux fois Elokim égalent la<br />

valeur numérique de « Ekev/talon » qui est le lieu où les forces extérieures ont une<br />

emprise. Or, un jugement ne peut être adouci qu’à sa source, et la source du jugement est<br />

dans la Compréhension, comme il est écrit : « Les jugements s'éveillent depuis la<br />

Compréhension/Bina » (Zohar III 10b) et « Je suis Compréhension, à moi la rigueur »<br />

(Prov. 8:14). En outre, le Nom Mem Beth se situe en Compréhension/Bina. Il en ressort<br />

que lorsque l’on attire le Nom Mem Beth à l’intérieur des piliers, les Jugements se voient<br />

adoucis en leur source. Telle est l’explication du verset : « Les crochets des piliers et leurs<br />

cerclage en argent » (Chémot 27:10) : grâce au cerclage et à la jonction des crochets avec<br />

les piliers, se forme l’argent, (c’est-à-dire) la Bonté. (Ce qui signifie) que les jugements<br />

sont adoucis.<br />

Le Ets ‘Haïm nous apprend (chapitre 13, Hekhal Haktarim, Chaar 1:1) que : « Le Nom<br />

Mem Beth se trouve dans la Binah/Compréhension et ces quarante-deux sont les 370<br />

Lumières Etincelantes qui brillent ensemble avec les huit "cheveux blancs", ils<br />

équivalent à la valeur numérique de BaChalom (soit 370 + 8 = 378. BaChalom signifie<br />

"en paix") ».<br />

Au chapitre 14 du même ouvrage (Hekhal Haktarim, il est écrit) : « La valeur numérique<br />

de ‘Hachmal (et de) Malbouch/vêtement (chacun 378) signifie que le ‘Hachmal protège<br />

les Vêtements supérieurs des « Ach‏/עש » de l'écorce , comme il est écrit : « Comme un<br />

vêtement, les mites les mangeront » (Isaïe 51:8).<br />

C’est ce nos Sages enseignent : « Celui qui (de nos jours) souhaite offrir une libation<br />

de vin sur l’Autel doit emplir la gorge des érudits en Torah » (Yoma, 71b).<br />

« Offrir une libation », leNaSSeKH, au sens de règne et de pouvoir, comme il est écrit : «<br />

C’est Moi qui ai consacré/NaSSaKHti Mon roi, etc. » (Ps. 2:6).<br />

« Le vin » correspond à la Binah/Compréhension, source du droit d’ainesse, le vin qui<br />

réjouit.<br />

« L'Autel » correspond aux jugements.<br />

« Les érudits en Torah » correspondent à l'Eternité/Netsa’h et à la Splendeur/Hod.<br />

434


Voici donc l'explication : « Que doit faire celui qui souhaite régner, diriger et adoucir les<br />

jugements (rigoureux) en leur source, ce qui est (équivaut au) vin qui réjouit ? Un bon<br />

conseil <strong>pour</strong> cela : qu’il emplisse leurs gorges, par les danses ou par le rachat (rachat de<br />

l’âme – Pidione Néfech), comme il a été indiqué plus haut. Le remplissage de leur gorge<br />

permet d’adoucir les jugements. Telle est l’explication de : « Les érudits en Torah<br />

multiplient la paix dans le monde » (Brakhot 64a), car le Nom Mem Beth est attiré par<br />

leur intermédiaire. Il s'agit des 370 lumières qui, avec les huit "cheveux blancs"<br />

équivalent à « BaChalom ». Les érudits sont, de plus, appelés Eternité/Netsa’h et<br />

Splendeur/Hod, (c’est-à-dire) les jambes, comme le rappelle le Midrach : «"Ses jambes<br />

sont des colonnes de marbre" (Cantique 5:15), il s’agit des érudits » (voir le Targoum sur<br />

place).<br />

L’Autel porte, lui aussi, le nom de pieds, comme il ressort des versets : « Offrez des<br />

sacrifices de justice » (Ps. 4:6 –« Justice » fait référence aux Pieds comme le montre le<br />

verset suivant) : « La justice marchera devant Lui » (Ps. 85:14).<br />

Telle est (donc) l’explication du verset : « Puisse-t-Il combler les désirs de ton cœur,<br />

etc. » (Ps. 20 :5). Quand donc ? Lorsque : « … tout tes conseil Il emplira » (suite du verset)<br />

grâce au remplissage de la gorge des érudits qui sont appelés « conseils », comme<br />

dans : « Ils bénéficient de leur conseil et de leur intelligence » (Avot 6:1). Il est écrit de<br />

même « Le conseil de l’Éternel se dresse/ya'AMoD <strong>pour</strong> toujours » (Ps. 33:11). Ils<br />

constituent en effet les « piliers/'AMouDim » du monde. Il est écrit aussi : « L’Éternel-<br />

Tsévaot a conseillé », L’Éternel-Tsévaot représente l'Eternité/Netsa’h et à la<br />

Splendeur/Hod.<br />

TORAH 42<br />

Selon le manuscrit de Rabénou<br />

« Il fut attentif à leur détresse, en entendant leur chant. (Et, Il se souvint <strong>pour</strong> eux de<br />

Son Alliance, Il compatit à hauteur de la grandeur de Sa bienfaisance) » (Ps. 106:44).<br />

Voici : la rigueur des jugements est adoucie par la mélodie.<br />

435


Cela ressemble à ce qui est écrit dans le Saint Zohar (III 215a) : « L’arc en ciel représente<br />

la Présence divine ; les trois couleurs de l'arc en ciel représentent les Patriarches et<br />

constituent les Vêtements de la Présence divine. Lorsqu’Elle se revêt d'Habits lumineux,<br />

alors : « Je le (l’arc en ciel) verrai et Me souviendrai de l’Alliance éternelle » (Bér. 9:16).<br />

Dès lors, « La colère du Roi s’apaisa « (Esther 7:10). Par allégorie, il s'agit d'un roi qui<br />

s’emporta contre son fils, mais qui, à la vue de la reine vêtue d’habits étincelants, prit son<br />

fils en pitié. »<br />

D’autre part, les lettres (qui composent les paroles) de la prière sont la Présence divine,<br />

comme il est écrit : « Adonaï ouvre mes lèvres » (Ps. 51:17), ce qui montre que la parole<br />

(exprimée) est le Nom (divin) Adonaï (lorsqu’une personne prie, ses mots sont<br />

l’expression de la présence divine). (Cette parole) est appelée « arc », comme l’explique<br />

Rachi, sur le verset (Yaakov donne à Yossef ce qu’il a obtenu) : « Par mon épée et par mon<br />

arc » (Bér. 48:22), «arc », au sens de "prière".<br />

En outre, le son de la mélodie correspond aux trois couleurs de l’arc en ciel, car dans la<br />

voix il y a le feu, l’eau et l’air, équivalents aux trois Patriarches. Les trois Patriarches sont<br />

les trois couleurs brillantes, grâce auxquelles « Je le verrai et Je me souviendrai etc. »<br />

(Bér. 9:16). Il en découle que lorsque l’on chante les lettres de la prière et que le son de<br />

la mélodie est pur et particulièrement limpide, on parvient à habiller la Présence divine,<br />

c’est-à-dire les lettres, de vêtements étincelants. Le Saint béni soit-Il La voit (la reine, la<br />

Présence divine), et « La colère du Roi fut apaisée » (Esther 7:10).<br />

C’est ce qu’explique Rachi (sur notre verset d’introduction) : « En entendant leur chant »<br />

par le mérite des Patriarches. En d’autres termes, lorsque la mélodie qui s'apparente aux<br />

trois couleurs de l’arc en ciel comme nous l'avons vu, (lorsque la mélodie) est (chantée)<br />

de manière limpide et avec une grande pureté – car les trois couleurs sont les trois<br />

Patriarches, comme nous l'avons vu, ils sont (également) les vêtements de la Présence<br />

divine – donc, lorsque ces vêtements brillent avec limpidité et « pureté/ZaKouT », il est<br />

en fait question du « mérite/ZéKhouT » des Patriarches. Alors, « Je le verrai et Je me<br />

souviendrai de l’Alliance éternelle », il s’ensuit donc que : « Il les prit en pitié dans Sa<br />

grande Bonté » (Ps. 106:45), autrement dit « La colère du Roi s’apaisa ». La rigueur des<br />

jugements en fut apaisée.<br />

436


De la même façon, grâce à la foi dans les Sages, – (foi qui) consiste en la conviction que<br />

toutes leurs paroles et tous leurs actes ne sont pas ordinaires, ils renferment des<br />

intentions (profondes et) secrètes, – (grâce à la foi dans les sages) on habille l’arc en ciel<br />

de vêtements brillants. Et par conséquent : « Je le verrai et Je me souviendrai de l’Alliance<br />

éternelle », car le Juste évoque l’arc en ciel, comme l’a dit Rabbi Chimone Bar Yo’haï à<br />

Rabbi Yéhochoua ben Lévi : « A-t-on vu l’arc-en-ciel à ton époque etc. ? » (Kétouvot<br />

77b).<br />

Il est rapporté dans le Zohar : « A propos de celui dont les actes sont destinés à faire<br />

briller la Présence divine, à lui ôter les vêtements sombres de l’explication simple de la<br />

Torah <strong>pour</strong> L'orner de l'habit aux couleurs éclatantes des secrets de la Torah, le verset<br />

dit à son sujet : "Je le verrai et Je me souviendrai de l’Alliance éternelle", car la lumière/Or<br />

s'appelle "Secret/Raz". A ce stade, la colère contre son fils est apaisée, comme il est<br />

écrit : « La colère du roi fut apaisée » (III, 215a).<br />

Celui qui confectionne un bel habit <strong>pour</strong> le Juste contribue à adoucir les jugements<br />

(sévères). Cela correspond aussi à la dimension : « sonneries (du Chofar) », car (les trois<br />

types de sonneries) Tékia, Chvarim et Téroua correspondent aux (trois) Patriarches,<br />

Avraham, Yits’hak et Yaakov (et ainsi à l’arc- en- ciel). On en trouve une allusion dans<br />

(les trois lettres du mot "arc en ciel") « KéCHeT » : TéKia, Chvarim et Téroua (Zohar III,<br />

230b).<br />

Tel est le sens du verset : « Et Chadaï sera (fortification) dans ta détresse » (Job, 22:25).<br />

En effet, le Nom Chadaï représente les Patriarches (Zohar, 231) : la lettre Chine, qui<br />

comprend trois branches de l’arbre, représente les Patriarches. Et ces derniers<br />

représentent (aussi) les trois Noms divins de (la proclamation de) l’Unité : "L'Eternel<br />

notre-Dieu l'Eternel" (Chéma Israël), composés (en tout) de 14 lettres (4+6+4). Il s'agit<br />

du Youd et du Dalet (donc une valeur numérique de 14) du Nom Chadaï. De fait, les<br />

initiales des Noms Avraham (Alef) Yits’hak (Youd) et Yaakov (Youd) sont les initiales de<br />

"L'Eternel notre-Dieu l'Eternel" .<br />

« Pas de discours, pas de paroles, leur voix ne se fait pas entendre » (Ps. 19:14) correspond<br />

(aussi) à l’arc en ciel, et leurs "voix" aux trois couleurs de l’arc en ciel.<br />

TORAH 43<br />

Selon le manuscrit de Rabénou<br />

437


Sache que les paroles du méchant, détenteur de la connaissance, engendre (un désir de)<br />

débauche chez celui qui l’écoute. En effet, les unions intimes découlent de la<br />

Connaissance, comme il est écrit : « Adam connut ‘Hava sa femme » (Bér. 4:1) et : « Toute<br />

femme ayant connu un homme » (Bamidbar 31:17). Il existe cependant deux sortes<br />

d’unions : d'une part l’union de sainteté, qui consiste en l'attachement aux Justes, à la<br />

Torah et au Saint béni soit-Il. Elle provient de la Connaissance de la sainteté. D’autre<br />

part, il existe les unions issues de la faute, résultant de la Connaissance des écorces<br />

(forces du mal).<br />

La parole est un dévoilement de la Connaissance dans la mesure où l’on ne peut<br />

connaitre le contenu de la connaissance que par l’intermédiaire de la parole. Ainsi<br />

dans : « Et la nuit exprime/Yé’havé connaissance à la nuit » (Ps. 19:3), « Yé’havé » au sens<br />

de « parole », car la parole exprime ce qui se trouve dans la Connaissance.<br />

Lorsque le méchant parle et exhale de l’air de sa bouche, il engendre un souffle<br />

empoisonné (incitant à) la débauche. Qui écoute ses paroles et inhale son haleine fait<br />

entrer en son corps ce souffle (préjudiciable).<br />

Bil’am correspond à la Connaissance issue de l'écorce, comme l’enseignent nos Sages, de<br />

mémoire bénie : « "Nul prophète ne s’est levé comparable à Moché etc." (Dévarim 34:10).<br />

En Israël, « nul ne s’est levé », mais chez les autres peuples, un s’est levé, en la personne<br />

de Bil’am » (Sifré sur place, Zohar 3, 193b). En effet, Moché est Connaissance, voilà<br />

<strong>pour</strong>quoi sa génération est appelée « génération de la Connaissance » (Vayikra Rab,<br />

89:1). Pour cela, lorsque Moav sollicita les conseils de Midiane, il lui répondit : « Sa force<br />

ne réside que dans sa bouche, etc. », car la bouche est l’outil du dévoilement de la<br />

Connaissance. Moav répondit : « Nous aussi, dressons-nous donc contre Israël avec un<br />

homme dont la force réside dans la parole ». Bil’am relevait en effet aussi de la<br />

Connaissance, (celle) de l’écorce, de même qu’il est écrit : « Dieu créa chaque chose avec<br />

son opposé » (Kohélet 7:14). C'est ce qui est écrit (Bil’am, parlant de lui-même):<br />

« …(Celui) qui connait la Connaissance du Très Haut » (Bamidbar 24:16), ce que nos<br />

maitres de mémoire bénie expliquent ainsi : « Il connaissait l’instant précis où le Saint<br />

béni soit-Il se met en colère » (Brakhot 7a). Lorsque la Connaissance n’est pas affermie,<br />

il y a colère affirment nos Sages de mémoire bénie : « Toute personne qui se met en<br />

colère voit sa sagesse disparaitre » (Pessa’him 66b). C’est <strong>pour</strong> cela que lorsque Moché,<br />

la paix soit sur lui, s’emporta sur les soldats, à leur retour de Midiane, il perdit sa<br />

438


Connaissance (il en oublia sa Torah), à tel point qu’Eléazar fut contraint d’exposer les<br />

lois sur l’immersion rituelle des ustensiles. Par contre, lorsque la connaissance est<br />

parfaite, il ne peut y avoir de colère, comme il est écrit : « On ne fera plus le mal et l’on ne<br />

détruira plus sur toute la montagne de Ma sainteté, car la terre sera remplie de<br />

connaissance » (Isaïe 11:9). Quant à Bil’am, il scrutait la Connaissance issue de l'écorce,<br />

qui constitue des résidus de la Connaissance du Très-Haut. Et lorsqu’un changement<br />

survenait, il savait que le Saint béni soit-Il était « en colère ». Il en ressort donc que<br />

Bil’am, en tant (qu’expert dans la) Connaissance de l'écorce, engendra par sa parole l’air<br />

corrompu de la débauche. C’est <strong>pour</strong>quoi, lorsque les soldats revinrent de la guerre<br />

contre Midiane, il est dit : « Moché s’enflamma contre les officiers de l’armée, et<br />

dit : " Pourquoi avez-vous laissé les femmes en vie ? Ces femmes sont impliquées par la<br />

parole de Bil’am" », par la parole, précisément, car par sa parole, qui est un dévoilement<br />

de sa Connaissance (impure), il parvint à susciter (un vent de) débauche au sein de<br />

Midiane. Ceci explique <strong>pour</strong>quoi, à leur retour de la guerre contre Midiane, il est<br />

écrit : « Les officiers s’approchèrent de Moché, etc, Ils dirent : nous apportons un sacrifice<br />

<strong>pour</strong> l’Éternel, etc. <strong>pour</strong> racheter nos âmes devant l'Eternel » (idem, 48-50). Nos maitres,<br />

de mémoire bénie, expliquent leur paroles : « Même si nous sommes quittes de la faute,<br />

nous ne sommes pas <strong>pour</strong> autant quittes de la pensée de concupiscence » (Chabat 64a).<br />

TORAH 44<br />

Eloul 5562 à Breslev. Le premier Chabat avec Rabénou<br />

Selon le manuscrit de Rabénou<br />

Pourquoi tapons-nous paume contre paume durant la prière ?<br />

Nos Sages, de mémoire bénie, enseignent (Berechit Raba 1:2) : « Pourquoi la Torah<br />

débute-t-elle par le récit de la Création ? Pour contrer l’accusation des nations contre<br />

Israël : " Vous êtes des voleurs qui avez conquis et occupé la terre des sept peuples".<br />

C’est <strong>pour</strong>quoi : « La puissance/Koa’h de Ses actions, Il l’a racontée à Son peuple etc. « (Ps.<br />

111:6), Il a raconté que tous les mondes sont l’œuvre de Ses mains, qu’Il octroie à qui<br />

bon Lui semble. Cela, <strong>pour</strong> : « … Lui donner l’héritage des nations » (idem), car tout est Sa<br />

possession (Bér. Rab, 1:2). Toute chose est ainsi appelée « La puissance/Koa’h de Ses<br />

439


actions », référence aux vingt-huit (valeur numérique de « Koa’H ») lettres du premier<br />

verset de l'œuvre de la Création .<br />

On sait par ailleurs que l’air des pays des peuples est impur (Chabat 15a) , alors que<br />

celui de la Terre d’Israël est saint et pur. En effet, le Saint béni soit-Il l’a extrait (la terre<br />

d’Israël) de l’emprise des autres peuples <strong>pour</strong> nous la confier. En revanche, dans les pays<br />

des nations, en dehors d’Israël, l’air est impur. Lorsque nous frappons main contre main,<br />

nous réveillons ainsi les vingt-huit lettres de l'œuvre de la Création, (c'est-à-dire) la<br />

puissance de Ses actions. Il en découle que, de même qu’il est en Sa main de nous donner<br />

l’héritage des nations, puisque tout appartient au Saint béni soit-Il, nous avons-nousmêmes,<br />

entre nos mains le pouvoir de purifier l’air du pays des nations. Le pays des<br />

autres nations passe ainsi (du fait de nos claquements de mains) sous l’autorité du Saint<br />

béni soit-Il, qui peut (de ce fait) le confier à qui Il le désire, comme : « Lui donnant<br />

l’héritage des nations ». C’est ainsi que l'air de l’endroit où un Juif prie, se voit purifié,<br />

(permettant au juif qui prie de) respirer un air saint, comme s'il se trouvait en Terre<br />

d’Israël. De la même manière, le fait de taper des mains repousse l’air impur. En effet, en<br />

tapant une paume contre l’autre, un son se fait entendre, et ce son équivaut à de l’air<br />

saint, issu des vingt-huit lettres de l’œuvre de la Création et des vingt-huit phalanges des<br />

mains. Nous pouvons le constater empiriquement : l’air est repoussé sous l’effet des<br />

battements de mains.<br />

C’est <strong>pour</strong> cela que : « un homme doit s’assigner une place fixe <strong>pour</strong> prier » (Brakhot 6b).<br />

Nous constatons de même, que lorsque des gens arrivent dans un pays dont l'air est<br />

<strong>pour</strong> eux inhabituel, ils éprouvent une faiblesse pouvant les conduire à la mort. Même<br />

s'il s'agit d'un déplacement d’un endroit où l’air est sain à un endroit où l’air est néfaste.<br />

Il en va de même <strong>pour</strong> la prière : lorsque l’homme se met à prier à l’endroit ou un Juste a<br />

prié, il n’en reste pas moins très difficile <strong>pour</strong> lui de prier là-bas, car il n’est pas habitué à<br />

l’air de cet endroit. À plus forte raison (en passant) d’un endroit sain à un endroit<br />

malsain.<br />

C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle nos Sages, de mémoire bénie, ont enseigné (Brakhot<br />

6b) : « Tout homme qui s’assigne une place fixe (<strong>pour</strong> la prière), le Dieu d’Avraham lui<br />

viendra en aide ». C’est que par son intermédiaire, le monde se construit à nouveau et la<br />

construction du monde s’effectue à travers Avraham, comme il est écrit : « Il construit le<br />

monde par la Bonté» (Ps. 89:3). C’est ce qui figure d’ailleurs dans les Tikounim (22,<br />

68a) : « Par ce pouvoir/Koa'h, Israël surmonte Edom », et « Ce pouvoir/Koa'h doit être<br />

440


élevé jusqu’à la Sagesse ». Ceci renvoie donc à « Tout homme qui s’assigne une place fixe<br />

<strong>pour</strong> sa prière, le Dieu d’Avraham lui viendra en aide », car Avraham/’Hessed est du côté<br />

droit et « Toute personne qui aspire à la sagesse doit se diriger vers le Sud » (Baba Batra<br />

25b). De plus, le Dieu d’Avraham lui viendra en aide car Avraham fut le premier à<br />

percevoir la « Terre d’Israël », comme l’explique le Zohar (1, 78a) : « Avraham pesa avec<br />

sa balance jusqu’à ce que (la nature de la terre d’Israël) lui soit dévoilée ».<br />

Tel est le sens de cet enseignement (Brakhot 26b) : « Les prières ont été<br />

instituées/TiKNoum <strong>pour</strong> remplacer/KéNéGueD les sacrifices perpétuels/Tamid. Tamid<br />

renvoie à la « Terre d’Israël », comme il est écrit : « Les yeux de l’Éternel ton Dieu sont<br />

perpétuellement/Tamid tournés vers elle (la Terre d’Israël) ». Autrement dit, l’homme<br />

doit considérer qu'il s’emploie à prier dans « l’air de la Terre d’Israël », ce qui consiste à<br />

rectifier/TiKouNe les pensées étrangères qui viennent troubler sa prière. Tel est le sens<br />

de « Les prières instituées <strong>pour</strong> remplacer/Kénégued», comme cité plus haut : leur<br />

institution se réalise grâce au Tamid, grâce aux dimensions « Terre d'Israël ».<br />

Telle est l’explication de « Et dans la main des prophètes/NéViim, Je<br />

transparaitrai/ADaMeH » (Osée 12:11) : grâce aux mains, c’est-à-dire, au battement des<br />

mains, les paroles sont prononcées sur « la Terre/ADaMaH qui est Sainte » (Zékharia<br />

2:16). « Prophètes/NéViim», évoque « parole/NiV ». La mort et la désolation sont<br />

annihilés car les mains sont l’aspect de (Bér. 1:3-4) : « Que la lumière soit, et la lumière<br />

fut », droite et gauche . Il est écrit ensuite : « Dieu vit que la lumière etc. Il sépara la<br />

lumière etc. », il s’agit d’Aaron, « … de l’obscurité », il s’agit de Kora’h » (Tikounim 30). Il<br />

est question des dimensions : « Je ferai régner la paix dans le pays etc. et le glaive ne<br />

traversera pas votre territoire » (Vayikra 26:6).<br />

(« Vous vous tenez aujourd’hui devant l’Éternel votre Dieu, vos chefs de Tribus, vos anciens,<br />

vos préposés, tout homme d’Israël » Dévarim. 29:9).<br />

« Vous vous tenez aujourd’hui ». La position debout renvoie toujours à la prière (Brakhot<br />

6b).<br />

« … Devant l’Éternel votre Dieu », il s'agit des dimensions « Terre d’Israël », comme l’ont<br />

affirmé nos maitres, de mémoire bénie : « Toute personne qui réside en Terre d’Israël<br />

est considérée comme une personne qui a un Dieu » (Kétouvot 110b). Autrement dit, en<br />

vertu de quoi mériterez-vous que votre prière soit dans l'air de la Terre d’Israël ?<br />

441


« Vos chefs de Tribus, etc. », ce verset liste en tout dix catégories de battement des mains<br />

(correspondant au battement des dix doigts). (Pour signifier que) grâce au battement<br />

des mains, la prière se retrouve dans l’air de la Terre d’Israël, comme rappelé.<br />

« Les prières <strong>pour</strong> remplacer les sacrifices perpétuels etc. ». Il s'agit des dimensions<br />

« Terre d’Israël ». En frappant des mains, les pensées des autres nations s’annulent. En<br />

effet, " toute personne qui vit en dehors de la Terre d’Israël ressemble à quelqu’un qui<br />

n’a pas de Dieu et toute personne qui vit en Terre d’Israël ressemblent à une personne<br />

ayant un Dieu". Ainsi, grâce au battement des mains, on réside dans l’air de la Terre<br />

d’Israël, on a un Dieu et les pensées (idolâtres) des nations s’annulent.<br />

Aussi, la prière évioque la foi, comme il est écrit (à propos de Moché) : « Ses mains<br />

étaient foi jusqu’au coucher du soleil » (Chémot 7:12) que le Targoum traduit par : « (Ses<br />

mains étaient) élevées en prière ». À l’opposé/NéGueD de la foi se trouvent les hérésies et<br />

pensées des nations. Leur réparation/TiKouNam s'opère par les sacrifices<br />

perpétuels/Tamid, par la Terre d’Israël et les battements des mains.<br />

Tel est le sens de : « Et tu seras une couronne de splendeur/Tiphéret dans la main de<br />

l'Éternel » (Isaïe 62:3), qui signifie : grâce à la main de l'Eternel, grâce au battement des<br />

mains, les mains du Saint béni soit-Il s’éveillent, comme nous l'avons vu. Grâce à cela, les<br />

pensées des nations sont corrigées. En effet, les autres peuples provoquent une<br />

détérioration de Tiphéret/Splendeur, comme il est écrit : « Dans la splendeur/Tiphéret<br />

d’une forme humaine <strong>pour</strong> être à demeure dans la maison » (Isaïe 44:13). Lorsque l’on<br />

rectifie ses pensées, on suscite la formation d'une couronne de splendeur, on se coiffe de<br />

splendeur (Cantique 3:11) : « de la couronne dont sa mère l’avait orné ».<br />

Autre interprétation<br />

« Les prières remplacent/KéNéGueD les sacrifices perpétuels/Tamid » s’explique<br />

ainsi : Grâce à la prière, les secrets de la Torah sont dévoilés. Ces secrets sont appelés : «<br />

le mystère/KiVSHono du monde », les « secrets/KaVShé de Dieu », comme il est écrit<br />

(Prov. 27:26) : « Des agneaux/ KéVaSim, <strong>pour</strong> te vêtir » [Nos Sages, de mémoire bénie,<br />

ont interprété ce verset comme étant une référence au « mystère/KiVSHono du monde »<br />

dans ‘Hag, 13a (les agneaux/KéVaSim donnent la laine dont on fait les vêtements qui<br />

recouvrent les mystères/ KiVSHono du monde)]. D’autre part, les sacrifices<br />

perpétuels/Tamid sont des agneaux/KéVaSim, comme il est écrit : « Le premier agneau,<br />

tu l’offriras le matin, etc. » (Bamidbar 28:4). Ainsi, par l’intermédiaire des prières, se<br />

442


évèlent les secrets de la Torah comme ce qui a été révélé sur le verset : « Lorsque tu<br />

traverseras les eaux, Je serai avec toi » (Isaïe 43:2) (voir LMI-73 et LM-16) .<br />

Autre explication :<br />

« Les prières remplacent/KéNéGueD ». Il s’agit des pensées étrangères qui<br />

s’opposent/KéNéGueD à la prière et la troublent/MéBaLBeLin. Elles sont appelées<br />

« déluge/MaBouL », équivalant à confusion/BiLBouL de l’esprit.<br />

La « réparation/TiKouNo » consiste à donner la charité <strong>pour</strong> la Terre d’Israël. Grâce à<br />

cela, on s'inclue à (l’air de) la Terre d’Israël, au sujet de laquelle il est dit (Ezekiel<br />

22:24) : « Non trempée par la pluie, au jour de la colère » (évoque le<br />

déluge/MaBouL selon nos Sages, Zév. 113a). Grâce à cela on est préservé des pensées<br />

étrangères.<br />

Tel est le sens de « les sacrifices perpétuels/TéMiDine ils ont institué/TiKNoum » : Leur<br />

rectification/TiKouNo s'effectue grâce à la Terre d’Israël, au sujet de laquelle il est<br />

dit : « Les yeux de l’Éternel ton Dieu sont perpétuellement/TaMiD tournés vers elle ». De<br />

même, « l’air de la Terre d’Israël rend Sage » (Baba Batra 158b) et grâce à cela, son<br />

cerveau, c’est-à-dire sa pensée, s'affine. Tel est le sens de « Je le verrai et Je me<br />

souviendrai de l’alliance éternelle » (Bér. 9:16). « Je le verrai » (signifie que) grâce aux<br />

dimensions de la Terre d’Israël (que l’Éternel regarde), l’Alliance éternelle (la pureté<br />

sexuelle) s'éveille et se répare, liée à la prière, aux dix-huit (‘Haï) bénédictions de la<br />

‘Amida et au Juste, (qui est la) vie/‘Haï des mondes.<br />

[Tout ce sujet, depuis le début de la Torah 44, est relié en un ensemble. De même, nous<br />

avons entendu la majeure partie des sujets exposés en un seul enseignement. Seulement<br />

Rabénou, dans sa sainte retranscription, les a toutefois divisés un peu. Telle était parfois<br />

son habitude, et je n’en ai jamais connu la raison.]<br />

TORAH 45<br />

Selon le manuscrit de Rabénou<br />

Frapper des mains durant la prière, suscite l'éveil de la dimension des « ailes » d’où<br />

provient la parole, comme il est écrit : « Et l’être ailé prononcera la parole » (Kohélet<br />

443


10 :20) ainsi que (Ezéchiel. 1:8) : « Et des mains d'hommes sous leurs ailes ». Il en ressort<br />

que lorsque l’homme s’éveille (à frapper) ses mains, il suscite l'éveil des ailes, celle des<br />

« ailes » des poumons, d’où vient la parole.<br />

Cependant, il faut encore préparer et réparer la bouche de façon telle qu'elle puisse<br />

recevoir en elle la parole. C'est précisément en frappant paume contre paume, que la<br />

bouche se crée. En effet, chaque main comprend cinq doigts. Le choc des lumières de la<br />

main droite qui frappe la main gauche, équivaut à cinq fois cinq, soit vingt-cinq. De<br />

même, la main gauche qui frappe la main droite, cinq fois cinq qui font aussi vingt-cinq.<br />

Deux fois vingt-cinq donne un total de cinquante qui fait référence au nombre des<br />

mentions de la sortie d’Egypte dans le texte de la Torah. Car c’est grâce à la dimension «<br />

Jubilé/Yovel » que les enfants d’Israël furent libérés de leur exil d’Egypte (Zohar II 46a).<br />

En effet, la caractéristique essentielle de l’exil d’Egypte fut que la parole y était en exil, et<br />

voilà <strong>pour</strong>quoi Moché Rabénou bégayait. C’est donc par cette libération que la<br />

dimension « bouche » vit le jour. Et par conséquent, c’est grâce aux cinquante portes de<br />

la Compréhension que la dimension « bouche » fut créée. Il s'agit de : « Qui/Mi a donné<br />

une bouche à l'homme ? » (Chémot 4:11). «Qui/Mi » précisément (dont la valeur<br />

numérique est de 50). Il en découle ainsi que par le battement des mains, des cinq doigts<br />

de la main droite sur les cinq doigts de la main gauche et cinq doigts de la main gauche<br />

sur les cinq doigts de la main droite, se forme la dimension de « Mi », grâce à laquelle la<br />

bouche est créée, comme il est écrit : « Qui a donné une bouche à l’homme ? ».<br />

La bouche reçoit les paroles à partir des « ailes » des poumons, comme il est<br />

écrit : « L’être ailé prononcera des paroles », et les ailes s’éveillent grâce à l'éveil des<br />

mains de l’homme, comme il est écrit : « Des mains d’hommes sous leurs ailes ».<br />

Nous pouvons d’ailleurs constater concrètement que les mains se situent au niveau des<br />

« ailes » des poumons. Voilà <strong>pour</strong>quoi les décisionnaires ont affirmé (Yoré Déa,<br />

53:2) : « Si l’aile est cassée près du corps, l’oiseau est déclaré impropre à la<br />

consommation (Taref), car cela entraine sûrement la perforation du poumon.<br />

TORAH 46<br />

Après Soukot 5563 à Breslev.<br />

Selon le manuscrit de Rabénou<br />

444


Frapper des paumes (de la main) durant la prière est du même ordre que le<br />

positionnement du lit entre Nord et Sud (Brakhot 5b). En effet, le lit rappelle l’union<br />

intime et symbolise la prière (Tikounim 10 et 58). Par ailleurs, nord et sud représentent<br />

les mains. C’est <strong>pour</strong>quoi Aba Benyamin pria <strong>pour</strong> que sa « prière soit proche de son lit<br />

», autrement dit, qu’il n’y ait pas de séparation entre la prière et l’union intime.<br />

Taper des mains permet d’adoucir les rigueurs. En effet, il existe trois Tétragrammes,<br />

correspondant aux trois « mains » : la « grande Main », « la Main forte » et la « Main<br />

élevée ». Ainsi, la main droite est la « Grande main » et la main gauche est « la Main forte<br />

». Au moment où ces deux mains se percutent l’une contre l’autre et se rejoignent, on<br />

atteint le niveau « Main élevée ». Quant aux paroles qui sortent, elles émanent de la<br />

gorge/Garone, dont la valeur numérique (259) équivaut à trois fois Elokim . Ceux-ci (ces<br />

trois Elokim, Nom de rigueur) sont ainsi adoucis par les trois Tétragrammes.<br />

C'est ce dont il est question dans : « Mon âme est constamment dans ma paume, (et je n’ai<br />

pas oublié Ta Torah) » (Ps. 119:109).<br />

« L’âme » renvoie à la parole, comme il est écrit : « Mon âme est sortie à Sa Parole »<br />

(Cantique 5:6). Il s'agit de la prière , ainsi qu’il est dit : « Déchire son âme dans sa fureur »<br />

(Job, 18:4).<br />

« Dans ma paume », c'est le battement des paumes.<br />

Grâce à cela : « … je n’ai pas oublié ta Torah/VéToratekha Lo Cha’hakhti », qui forme en<br />

acrostiche : Chine, Lamed, Vav équivalent à 336, valeur numérique de trois<br />

Tétragrammes et de trois Elokim. Il est donc (bien) question de l'adoucissement des<br />

rigueurs. Or, l’oubli provient essentiellement de l’étroitesse d’esprit ("cerveaux de<br />

petitesse"), d’une logique « Elokim » (Nom de rigueur). C'est donc grâce à<br />

l'adoucissement d'Elokim effectué par les paumes que « … Je n’ai pas oublié ta Torah »<br />

(Ps. 119:109).<br />

Voici l’explication de : « Car c'est Moi/Ki-Bi qu'Il a désiré, et Je le sauverai » (Ps. 91:14) : «<br />

Ki-Bi » a <strong>pour</strong> valeur numérique 42 (Tikounim Intro. 7b), soit trois fois main/Yad (14)<br />

qui font 42, <strong>pour</strong> signifier que le désir du cœur se dévoile dans les mains . Il s'agit des<br />

dimensions « battement des paumes ». Ce qui entraine : « …Et Je le sauverai », évoquant<br />

l'adoucissement des rigueurs.<br />

445


De plus, grâce au battement des paumes, on éteint les polémiques. En effet, toute les<br />

controverses émanent de la notion "Kora’h contre Aaron" (Bamidbar 16), de l'ordre de la<br />

gauche et de la droite . Le battement des paumes a <strong>pour</strong> effet d'inclure la gauche dans la<br />

droite et la droite dans la gauche, <strong>pour</strong> devenir unité (unité qui rend le service des<br />

prêtres et des lévites acceptable par Dieu).<br />

Telle est l’explication de : « Ses éclairs illuminent le monde/Tével ; et elle a vu, (la terre et<br />

elle a tremblé) » (Ps. 97:4). Le « monde » représente le battement des paumes. En effet, la<br />

droite est « Aïn Beth » (72) et la gauche est 216 (Rech Youd Vav : RaYOu). Ainsi, en<br />

fondant l’un dans l’autre, on obtient deux fois la valeur de 216, soit la valeur numérique<br />

du mot Tével . En effet, le « Aïn Beth » (72) qui est la droite, contient également en lui<br />

trois fois 72, soit 216. De plus, trois fois 72 correspondent au Grand Prêtre, au simple<br />

prêtre et à l’adjoint du Prêtre .<br />

Ainsi, du fait que le "monde" est vu via le battement des paumes, « Ses éclairs illuminent<br />

», (les dégâts causés par) la polémique sont réparés. (La controverse) est appelée «<br />

éclair », comme il ressort des versets : « Sa flèche s'élancera comme un éclair » (Zékharia<br />

9:14), et la flèche suggère la controverse, comme dans : « Les porteurs de flèches le<br />

(Yossef) prirent en haine » (Bér. 49:23), que le Targoum traduit par « les faiseurs de<br />

discorde ».<br />

Tel est le sens du verset : « Vous tous les peuples, battez/Tik'ou des paumes » (Ps. 47:2),<br />

(« battez ») au sens de « joignez », car deux fois 72 et 216 produisent la valeur<br />

numérique de « Tik'ou » (576).<br />

[Avant de retranscrire cette Torah, à partir de son saint manuscrit, j'avais moi-même un<br />

peu écrit sur ce sujet, tel que je l’avais entendu. Et dans la mesure où un peu de choses y<br />

sont expliquées un peu plus clairement, je les ai donc également retranscrites, car les deux<br />

sont bénéfiques ensemble, les voici : ]<br />

L'intérêt de taper des paumes durant la prière. Il est écrit dans le Pri Ets ‘Haïm (Chaar<br />

‘Hazarat Amida, chapitre 7), « Je vivais paisible/Chalev, et il m'a broyé » (Job, 16:12).<br />

Chalev a <strong>pour</strong> valeur numérique trois Tétragrammes et trois Elokim (336). De plus, les<br />

initiales de : « Il te gratifiera de la paix » (Véyassem Lékha Chalom ; Bamidbar 6:26), ont<br />

<strong>pour</strong> valeur numérique celle de Chalev (336). Autrement dit, trois fois la valeur du<br />

Tétragramme adoucissent les trois Elokim. Il existe en effet trois « mains » : la « grande<br />

446


Main », la « Main forte » et la « Main élevée ». Elles sont la main droite, correspondant à<br />

la grande Main, la main gauche, correspondant à la Main forte et la rencontre des deux<br />

mains correspondant à la Main élevée. Par conséquent, lorsqu’un homme bat une paume<br />

contre l’autre et réunit ses mains lorsqu’il prie, il adoucie les rigueurs. En effet,<br />

main/Yad (14) évoque le Tétragramme, Youd (10) lettres et Dalet (4) lettres. Grâce aux<br />

trois mains qui sont trois Tétragrammes, sont atténuées les trois Elokim qui sont les<br />

jugements sortant de la gorge/Garone. Leur valeur numérique (259) est trois fois Elokim<br />

(86).<br />

(Battre des mains) est également un remède <strong>pour</strong> la mémoire, comme il est écrit : « Mon<br />

âme est constamment dans ma paume (et ta Torah, je ne l’ai pas oubliée) » (Ps. 119:109).<br />

« Mon âme », c’est la notion de prière, comme dans « Mon âme est sortie par sa parole ». «<br />

Constamment dans ma paume », en tapant une paume contre l’autre pendant la prière,<br />

« … Ta Torah, je ne l’ai pas oubliée ». Car l’oubli est l'effet de l’étroitesse d’esprit<br />

("cerveaux de petitesse") et correspond à Elokim. Ainsi lorsque l'on adoucit les rigueurs,<br />

comme rappelé plus haut, on est en « largesse d’esprit » ("cerveaux de grandeur"), et on<br />

n'oublie pas. Voila <strong>pour</strong>quoi : « Ta Torah, je ne l’ai pas oubliée », "Vetoratekha Lo<br />

CHakha'hti" qui forme ChaLeV en acrostiche. En adoucissant les trois Elokim avec les<br />

trois Tétragrammes, comme nous l’avons vu, il n’est plus d’oubli. Et tout ceci se déroule<br />

précisément au moment de la prière, car c'est alors que l'on sait si on se trouve en<br />

« cerveaux de petitesse » ou « de grandeur ». En effet, la parole est un dévoilement (du<br />

contenu) des cerveaux, comme il est écrit : « Connaissance et discernement viennent de sa<br />

bouche» (Prov. 2:6).<br />

TORAH 47<br />

Selon le manuscrit de Rabénou<br />

« Vous mangerez une nourriture, vous serez rassasiés et vous glorifierez (le Nom de<br />

l’Eternel votre Dieu qui aura fait <strong>pour</strong> vous tant de prodiges et plus jamais mon peuple<br />

n’aura à rougir) » (Joël, 2:26).<br />

447


On sait que celui qui s’enlise dans la gourmandise est (un signe) qu’il s’est éloigné de la<br />

vérité, et l’on sait que des accusations planent sur lui.<br />

Nous savons également que c’est un signe de pauvreté et qu'il souffrira d’offenses et<br />

d’humiliations. Comme l’expliquent nos Sages (Brakhot, 6b) : «Kéroum/la honte aux yeux<br />

des hommes » (Ps. 12:9). Dès que l’homme devient dépendant des autres, son visage<br />

change de couleur. Le terme Kéroum fait référence à un oiseau légendaire du même<br />

nom, connu <strong>pour</strong> changer de couleur au soleil .<br />

Sache que lorsqu’un homme brise sa passion <strong>pour</strong> la nourriture, le Saint béni soit-Il<br />

réalise, par son intermédiaire, des prodiges. En effet, nos maitres, de mémoire bénie, ont<br />

enseigné (Brakhot, 20b) : « Comment se peut-il qu’un verset affirme d’une part : « Il<br />

(Dieu) ne favorisera personne » (Dévarim 10 :17), alors qu’un autre assure : « Que<br />

l'Éternel dirige son regard vers toi » (Bamidbar 6:26) ? Mais le Saint béni soit-Il<br />

répond : « Comment ne <strong>pour</strong>rais-Je diriger Ma Face vers eux ? Alors que J’ai dit : « Tu<br />

mangeras, te rassasieras et tu béniras l’Éternel », eux, <strong>pour</strong> leur part, veillent<br />

scrupuleusement à réciter les actions de grâce, y compris lorsqu’ils ne consomment que<br />

la quantité d’une olive/Kazaït, ou d’un œuf/Kabeitsa, de pain ? » On peut en conclure que<br />

la faveur divine intervient dès lors que l’homme brise sa gourmandise.<br />

Telle est l’explication de « Je leur déroberai Ma Face et ils deviendront nourriture (<strong>pour</strong><br />

leurs ennemis). » (Dévarim 31:17) : autrement dit, la passion <strong>pour</strong> la nourriture<br />

provoque le voile de la Face divine.<br />

La lumière de la Face est lié à la réparation de la vertu "vérité/Emet" qui correspond à<br />

Yaakov, comme il est écrit : « Tu donnes la vérité à Yaakov » (Michée, 7:20).<br />

Il s'agit de la dimension Tefilin, car Yaakov représente la Splendeur/Tiféret, la globalité<br />

des couleurs, associée aux Tefilin qui sont eux aussi appelés PéER/apparat (même racine<br />

que tiPhERet), comme dans : « Coiffe-toi de ta parure/PéERékha » » (Ezéchiel, 24:17).<br />

La richesse résulte principalement de la vérité, comme l’ont enseigné nos Sages, de<br />

mémoire bénie : « La vérité tient » (Chabat, 104a). Par ailleurs, ils expliquent le verset «<br />

La terre tient sous leurs pieds » (Dévarim 11:6) comme faisant allusion aux possessions<br />

de l’homme, celles sur lesquelles il "se tient" (Pessahim 119a).<br />

Il s'agit des (deux) commentaires (Brakhot, 24a) de nos maitres sur le verset : « Et ton<br />

existence sera suspendue » (Dévarim, 28:66): "qui fait référence à celui qui laisse pendre<br />

448


ses Téfilin" (avant de les porter), et ailleurs (Ménahot, 23b) : « Cela fait référence à celui<br />

qui achète la récolte au marché ». Autrement dit, la pauvreté est causée par l’atteinte<br />

portée aux Tefilin et à la vérité.<br />

Par contre, la Terre d’Israël (répare ces atteintes car elle) reçoit principalement sa<br />

sainteté de la dimension « Yaakov », comme il est écrit : « Yaakov s’installa sur la<br />

terre » (Bérechit 37:1). C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle elle est appelée « Terre de vie »<br />

(Zohar, 3, 45b), car les Tefilin sont appelés "vie", comme dans : « Le Seigneur au-dessus<br />

d’eux, ils vivront » (Isaïe, 38:16, voir Mena’hot 44). Et il s'agit de Son éloge : « Un pays (la<br />

terre d’Israël) où tu ne mangeras pas ton pain dans la pauvreté » (Dévarim 8:9). Parfois,<br />

en effet, un homme ne mange (que) du pain du fait de son dénuement et non par<br />

manque d’appétit <strong>pour</strong> d’autres plaisirs. Mais si cet homme disposait d’autres aliments,<br />

il ne se contenterait pas seulement de pain.<br />

Il s’agit donc là d’un éloge de la Terre d’Israël : un pays dans lequel la cause de ta<br />

consommation de pain (seul) ne sera pas dû à la pauvreté mais bien d’avoir brisé et<br />

éliminé (la passion) <strong>pour</strong> la nourriture.<br />

La Terre d’Israël reçoit en effet une lumière et un influx (de bonté) de la dimension<br />

« Tefilin », Yaakov et vérité, source de la richesse. Il en résulte ainsi que tu ne mangeras<br />

pas de pain seul, par pauvreté, mais parce que tu auras brisé l’appétit. Telle est la<br />

signification du verset (Bamidbar, 13:32) : « Une terre qui dévore ses<br />

habitants/YoCHeVéha », car elle reçoit son opulence de la dimension Yaakov, comme il<br />

est écrit : « Yaakov s’installa/vaYéCHéV sur la terre ».<br />

Selon nos Sages (Tikounim 69, 91b), c’est le sens du verset: « Car c'est le vêtement <strong>pour</strong><br />

sa peau » (Chémot, 22:26), "sa peau" fait allusion au cuir (peau et cuir sont le même mot<br />

en hébreu) utilisée <strong>pour</strong> les Tefilin. Car celle-ci (la Terre d'Israël) accueille la dimension<br />

Tefilin.<br />

[Il n’y a, a priori, pas là d’explication : quel rapport y a-t-il entre ce sujet et ce qui est<br />

écrit plus haut ? Mais ainsi me semble être sa sainte intention : il a expliqué auparavant<br />

que par l’intermédiaire des Tefilin, liées à la dimension de vérité et de Yaakov, qui<br />

s’obtient en brisant la gourmandise, on parvient à se préserver de la pauvreté et du<br />

dénuement, comme nous l’avons vu. Voila <strong>pour</strong>quoi il rapporte ce verset : « Car c'est le<br />

vêtement etc. », précisément à ce sujet. En effet, ce verset traite du pauvre et du<br />

nécessiteux : "car il s’agit de sa couverture, le vêtement <strong>pour</strong> sa peau".<br />

449


Ce verset contient une allusion à l’indigence de la Présence divine en exil, source<br />

principale de la pauvreté d’Israël en exil, comme le rapportent les Tikounim. (Le mot<br />

"couverture" porte un suffixe féminin, d’où l'allusion à la pauvreté de la Présence<br />

divine). Tel est le sens de « Car c'est là sa seule couverture, c'est le vêtement de son<br />

corps », c’est-à-dire les Tefilin, en ce sens que les Tefilin constituent le vêtement<br />

principal qui préserve du dénuement de la Présence divive et de l’Assemblée d’Israël,<br />

car les Tefilin annulent la pauvreté. En effet, l’abondance et la richesse émanent<br />

essentiellement de la dimension Yaakov, de l'ordre de « vérité » et « Tefilin ». C’est de<br />

cette manière qu’il me semble devoir expliquer].<br />

Telle est l’explication du verset : « Je donnerai de l’herbe/Essev, dans ton champ (<strong>pour</strong> tes<br />

bêtes, et tu mangeras, et tu seras rassasié)» (Dévarim, 11:15). Le terme Essev peut se<br />

décomposer en Aïn Beth Chine (voir Tikounim 51, Zohar I, 25b). "Il s’agit de la globalité<br />

des couleurs". « Dans ton champ/béSaDékha <strong>pour</strong> tes bêtes », lorsque tu<br />

briseras/téSaDed ta nature animale, se dévoilera alors la globalité des couleurs, alors,<br />

ainsi qu’il est écrit : « L’Éternel tournera sa Face vers toi ».<br />

Mais lorsque l’on porte atteinte à la vérité, à la globalité des couleurs, cette globalité des<br />

couleurs se manifeste dans la honte. La honte vient, c'est à dire la pauvreté, comme il est<br />

écrit : « Kéroum, la honte aux yeux des hommes ». Son visage change, prenant plusieurs<br />

couleurs, comme (cet oiseau appelé) Kéroum.<br />

Quant à nous, enfants d’Israël, nous recevons l’abondance par l’intermédiaire de la Terre<br />

d’Israël. Et l'abondance de la Terre d’Israël est l'éclat du visage de Yaakov, lumière des<br />

Tefilin. C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle il est écrit à son sujet (Bérechit 49:21) : « Il (Naftali<br />

et ici, la terre d’Israël) apporte de belles paroles/Hanotène Imré Chafer », car ChaPhER, se<br />

rapporte à PéER, la dimension des Tefilin. Autrement dit, elle (la terre d’Israël) donne<br />

de l’éclat aux lettres qu’elle reçoit des Tefilin. Tel est le sens du verset : « Vois la vie avec<br />

la femme/Icha » (Kohélet, 9:9). En effet, le mot IChaH est composé des initiales<br />

de : Hanotène Imré Chapher. C’est <strong>pour</strong>quoi : « Vois la vie », précisément, car les Téfilin<br />

sont appelées "vie". Et c’est le sens de « Naftali est une biche qui s’élance … » car (le nom)<br />

NaFTaLi est composé des mêmes lettres que TeFiLiN.<br />

Ainsi, lorsque nous consommons l'abondance de "vérité" qui provient de la Terre<br />

d’Israël, puis que nous prononçons l’éloge du Saint béni soit-Il, de par la puissance (de<br />

cette consommation et de ces éloges) se créent alors des cieux nouveaux et une terre<br />

450


nouvelle. Nos maîtres de mémoire bénie, ont expliqué : «Et dire à Tsion : Tu es mon<br />

peuple/Ami » (Isaïe, 51:16), ne lis pas « ’Ami »/mon peuple, mais « ’Imi »/avec Moi, en<br />

association avec Moi, etc. » (Introduction au Zohar, 5a). En effet, les nouveaux cieux sont<br />

formés grâce à l’éclat du visage de Yaakov, et la nouvelle terre, grâce à la Terre d’Israël,<br />

par laquelle transite l’abondance. Il en découle donc qu’on créé maintenant d’autres<br />

cieux et d’autres constellations. On parvient ainsi à modifier la nature inscrite dans les<br />

constellations (astrales) initiales, puisque de nouvelles constellations ont maintenant<br />

été créées. Il en résulte qu’en brisant la gourmandise, des prodiges et des miracles se<br />

réalisent.<br />

[J’avais également moi-même écrit cette Torah, depuis le début. On y trouve certains points<br />

explicités davantage. Aussi, la fin de l’explication du verset "Et vous mangerez, etc."<br />

manque ici dans ses saintes paroles. Mais ce qui manque dans l'une apparait dans l'autre.<br />

C’est <strong>pour</strong>quoi j’ai également retranscrit cette version écrite par moi. La voici :]<br />

« Vous mangerez une nourriture abondante, vous serez rassasiés et vous<br />

glorifierez, etc.» (Joël, 2:26)<br />

Celui qui a réussi à se dégager de la gourmandise peut devenir un homme de miracles,<br />

alors que celui qui est enlisé dans cette addiction montre qu'il est un menteur. De fait,<br />

même un juste qui se serait déjà affranchi de cette tentation mais aurait chuté de niveau,<br />

ayant chuté dans la gourmandise, montre qu’il a prononcé un mensonge. Cela démontre<br />

aussi que des accusations sont portées sur lui d’en haut. C’est en outre un signe de<br />

pauvreté.<br />

En voici l'explication. Il est écrit: « Tu mangeras, tu te rassasieras et tu béniras ». Cela<br />

aurait pu a priori susciter une incitation du mauvais penchant (<strong>pour</strong> le pousser) à<br />

manger, à se rassasier et à combler sa personne dans l'intention ultérieure de bénir le<br />

Saint béni soit-Il. Mais en réalité, nos Sages, de mémoire bénie, ont enseigné (Brakhot<br />

20b) : « Il est écrit : " Il ne favorisera personne " et " Que l'Éternel dirige son regard vers<br />

toi ", etc, Comment ne <strong>pour</strong>rais-Je diriger Ma Face vers eux ? Alors que J’ai dit : "Tu<br />

mangeras, te rassasieras et tu béniras l’Éternel", eux <strong>pour</strong> leur part, veillent à réciter les<br />

actions de grâce, même lorsqu’ils ne consomment que la quantité d’une olive, ou d’un<br />

œuf, de pain ». Il y a donc ici cette allusion merveilleuse : si Israël veille<br />

451


consciencieusement à ne pas beaucoup manger et se contente d’une quantité (située)<br />

entre une olive et un œuf, ils sont de l'ordre : « L'Éternel dirige Sa Face vers toi ». Il y a<br />

alors une "élévation de la Face". Mais dans le cas contraire, à Dieu ne plaise, on peut<br />

déduire que cette affirmation se retourne. (Autrement dit) lorsqu’ils sont enlisés dans la<br />

gourmandise, (ils provoquent) une éclipse de la Face divine, à Dieu ne plaise. Tel est le<br />

sens de : « Je cacherai Ma Face d'eux, et il deviendra nourriture (<strong>pour</strong> ses ennemis)<br />

» (Dévarim 31:17). En d’autres termes, s’ils sont enfoncés dans les plaisirs de la<br />

nourriture, alors " Je cacherai Ma Face ", à Dieu ne plaise.<br />

Ainsi, l'élévation de la Face est l’aspect de la vérité, comme ceci est expliqué dans les<br />

Kavanot relatives aux Treize Attributs : "la rectification de la Vérité est l'illumination du<br />

Visage". C’est ce que nous avons dit : celui qui est enlisé dans la gourmandise se trouve<br />

éloigné de la vérité, car il se trouve dans la dissimulation de la Face, qui est l’attribut de<br />

Vérité, comme nous l’avons vu.<br />

De plus, le monde entier est nourri par (le flux) d’abondance de la Terre d’Israël, comme<br />

nous le savons. La Terre d’Israël elle-même reçoit l’abondance à partir de la vérité, qui<br />

est l’attribut de Yaakov, comme il est écrit : « Tu donnes la vérité à Yaakov » (Mic. 7:20),<br />

référence à l’attribut de Splendeur/Tiphéret, qui équivaut à la globalité des couleurs, de<br />

l'ordre des cieux/ChaMaïm : feu/eCH et eau/Maïm, et qui constitue également la<br />

globalité des couleurs.<br />

On y trouve une allusion dans la Torah : « Une terre qui dévore ses habitants » (Bamidbar<br />

13:32). Cela suscite la question : il est vrai que les explorateurs ont prononcé un<br />

mensonge, cependant, comment se peut-il que leur mensonge ait été mentionné dans la<br />

Torah qui est Vérité ? Il est donc certain que leurs paroles contiennent une allusion à<br />

une vérité quelconque. Il y a l'allusion dont nous avons parlé : « Une terre qui dévore »<br />

signifie que sa nourriture et son abondance évoquent la dimension de « ses<br />

habitants/YoCHeVeha », qui correspond à « Yaakov s’installa/vaYeCHeV », qui équivaut à<br />

l’attribut de Vérité, comme rappelé plus haut. Il s’agit aussi d’une référence aux Tefilin,<br />

appelés splendeur, l'attribut de Yaakov . C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle la Terre d’Israël<br />

s'appelle : « une biche qui s’élance, qui prodigue de belles paroles », comme l’enseignent<br />

nos Sages, de mémoire bénie. Autrement dit, « la Terre d’Israël ressemble à une biche<br />

qui s’élance <strong>pour</strong> faire murir ses fruits », et son abondance relève de l'attribut de vérité,<br />

qui équivaut à Splendeur et à Tefilin. C'est ce dont il s'agit dans « qui prodigue de belles<br />

452


paroles/chaPhER », au sens de PéER, qui est de l'ordre des Tefilin. Il faut aussi distinguer<br />

l’allusion contenue dans le nom de Naftali, composé des lettres du mot Tefilin.<br />

A ce sujet, il y a également l'allusion : « Vois la vie avec la femme » (Kohélet 9:9), car le<br />

mot « IChaH/femme » est composé des initiales de « Hanotène Imré Chafer » (« qui<br />

prodigue de belles paroles »). C'est ce dont il s'agit dans, « Vois la vie », car les Tefilin sont<br />

appelés « vie », comme dans l'exégèse concernant les Tefilin que nos maitres de mémoire<br />

bénie ont effectué sur le verset : « L’Éternel au-dessus d’eux, ils vivront", etc. » (Mén. 44a).<br />

En effet, il est dit à propos des Tefilin : « Tous les peuples de la terre verront que le nom<br />

de Dieu est au-dessus de toi » (Dévarim 28:10, voir Brakhot 6a). Ainsi donc « Vois la vie »,<br />

c’est-à-dire les Tefilin, « avec la femme », initiales de « Hanotène Imré Chafer ».<br />

Tel est le sens du verset : « Une terre sur laquelle tu mangeras du pain sans pauvreté »<br />

(Dévarim 8:9), autrement dit, "une terre" qui représente la vérité. Il s'en suit par<br />

conséquent, que l'on évoque l’éclat du Visage, puisque l'on ne choisit plus (de manger)<br />

de gourmandises. C'est <strong>pour</strong>quoi, "tu mangeras du pain", sans y ajouter d'autres<br />

« friandises », « sans pauvreté », non pas du fait d'une quelconque indigence ou<br />

dénuement, mais uniquement parce qu'on évoque la vérité, on est donc détaché de toute<br />

gourmandise, et l'on choisit seulement du pain comme nourriture. Pour cela, la Terre<br />

d’Israël est appelée « Terre de la vie », car l’abondance qu’elle reçoit émane de l’attribut<br />

de Yaakov, au sujet duquel il est dit (Taanit 5b) : « Yaakov notre père n’est pas mort ».<br />

Elle est en outre de l'ordre « Tefilin », que l’on appelle « vie ».<br />

Par conséquent, celui qui s’attache à l’attribut de vérité verra sa subsistance abonder,<br />

car la bénédiction émane de l’attribut de vérité, comme nous l'avons vu. Telle est<br />

l’allusion contenue dans le dicton : « La vérité tient, etc. ». En effet, nos maitres ont<br />

enseigné sur le verset : «Et la terre se tient sous leurs pieds" (Dévarim 11:6), il s'agit des<br />

possessions de l’homme, qui le maintiennent sur ses pieds » (Pessa’him 119a). Ainsi, «<br />

La vérité, etc. », celui qui reste fidèle à l’attribut de vérité "… tient", il s'agit de ses<br />

possessions qui le maintiennent sur ses pieds, donc sa subsistance abonde. En revanche,<br />

« … le mensonge ne perdure pas », car (avec lui), on se trouve éclipsé de (devant) la Face<br />

divine, cette dernière correspondant à la vérité.<br />

C’est <strong>pour</strong>quoi on décrète un jeûne dès que survient une calamité – qu'elle ne survienne<br />

pas ! En effet, lorsqu'Israël se trouve dans la détresse, il (Israël) évoque la<br />

« dissimulation de la Face », de l'ordre des rigueurs. C’est <strong>pour</strong>quoi on décrète un jeûne,<br />

de façon à briser la gourmandise. On évoque dès lors la dimension de l’illumination et de<br />

453


l'élévation du Visage, de l’ordre de l'adoucissement et de l'annulation des rigueurs,<br />

comme cité plus haut : « Comment ne <strong>pour</strong>rais-Je diriger Ma Face vers eux ? Eux, <strong>pour</strong> leur<br />

part, veillent scrupuleusement etc. ».<br />

En cela que tu <strong>pour</strong>ras comprendre les merveilleuses paroles de nos Sages de mémoire<br />

bénie, dans leur exégèse (Brakhot 24a) du verset : « "Ta vie sera suspendue", il s'agit de<br />

celui qui laisse pendre ses Tefilin». Ils ont aussi expliqué : « Il s'agit de celui qui achète<br />

son pain chez le boulanger » (Mén. 103b). En fait, ces deux commentaires (apparemment<br />

différents) sont tous (deux) les paroles du Dieu vivant et ne constituent qu’un seul<br />

enseignement. En effet, dès que l'on laisse pendre ses Tefilin, on porte atteinte à leur<br />

dignité, c’est-à-dire à la vérité, on se retrouve alors en situation de voile du Visage divin,<br />

on voit son abondance diminuer, et l'on doit alors acheter chez le boulanger.<br />

C’est <strong>pour</strong>quoi il est écrit à propos de la Terre d’Israël : « Les yeux de l’Éternel ton Dieu<br />

sont constamment tournés vers elle » (Dévarim 11:12). En effet, « Celui qui débite des<br />

mensonges ne subsistera pas devant Mes yeux » (Ps. 101:7), mais dans la mesure où la<br />

Terre d’Israël représente l’attribut de vérité, « Les yeux de l’Éternel ton Dieu sont<br />

constamment tournés vers elle ».<br />

De fait, lorsque le Juste mange <strong>pour</strong> rassasier son âme et non <strong>pour</strong> satisfaire ses passions<br />

matérielles, il devient l’aspect de l'élévation de la Face et se nourrit de l’Attribut de<br />

Vérité. Lorsque ce Juste s'apprête, renforcé par cette nourriture, à louer et à exalter<br />

l'Eternel, des paroles de vérité sortent de sa bouche. Elles sont liées à la dimension<br />

« Yaakov », à l’attribut Splendeur/Tiphéret qui n'est autre que globalité des couleurs, de<br />

l’ordre « cieux/CHaMaïM », feu/eCH et eau/MaïM. Il évoque également la dimension<br />

« Terre d’Israël », dont l’abondance, elle aussi, émane de l’attribut « Yaakov », comme vu<br />

plus haut.<br />

C'est <strong>pour</strong>quoi, par cette force, il devient l'associé du Saint béni soit-Il, capable de créer<br />

ciel et terre qui évoque la vérité, cela, grâce aux paroles saintes qui découlent et sortent<br />

de lui, sont un aspect elles aussi de la vérité, comme nous l'avons vu. C'est ce que nous<br />

avons dit plus haut, à savoir que la Terre d’Israël est « une biche qui s’élance », autrement<br />

dit, « qui délivre des belles paroles ». En effet, celui qui se nourrit de la dimension « Terre<br />

d’Israël », qui est « une biche qui s’élance », de l'ordre de la vérité, et dès lors « …<br />

prodigue de belles paroles ». En d’autres termes, elle prodigue, d’elle-même et de ses<br />

propres forces, de « belles paroles/Imré ChaPhéR », au sens de TiPhéRet, c’est-à-dire des<br />

paroles de vérité. C’est en cela qu'il <strong>pour</strong>ra créer ciel et terre, qui évoque également la<br />

454


vérité, comme nous l’avons déjà vu. De plus, il est dit à son sujet : « Pour dire à Tsion : tu<br />

es Mon peuple/’Ami » (Isaïe 51:16), ne lis pas « ‘Ami/Mon peuple », mais « ‘Imi/avec Moi »<br />

; tout comme J’ai créé le ciel et la terre par la parole, toi-même etc. par la parole » (Zohar,<br />

Int 1, 5a), car avec des paroles vraies, il <strong>pour</strong>ra créer ciel et terre.<br />

[Autrement dit, « Pour dire à Tsion » signifie que grâce à la dimension « paroles de vérité<br />

», de l'ordre « paroles de Tsion », « paroles de la Terre d’Israël », qui évoquent la vérité,<br />

alors, « tu es Mon peuple ». Ne lis pas « ’Ami/Mon peuple » mais « Imi/avec Moi » , etc, cité<br />

plus haut].<br />

Et dès lors qu’il peut créer une terre nouvelle et des cieux nouveaux, il sera apte à<br />

réaliser des miracles sur la terre et dans le ciel. En effet, Dieu béni soit-Il dirige Son<br />

monde selon les lois de la nature, et la nature obéi à la conduite des sphères célestes,<br />

comme on le sait, et puisque le Juste peut créer des cieux nouveaux, il parvient donc à<br />

modifier toutes les sphères célestes et il façonne une nouvelle nature. C'est <strong>pour</strong>quoi, de<br />

toute évidence, il peut accomplir des prodiges, qui constituent une modification de la<br />

nature. Ce point est extraordinaire.<br />

De ce fait, « Vous mangerez une nourriture, vous serez rassasiés, etc. » : ce que vous<br />

mangerez, que ce soit en petite ou en grande quantité, vous rassasiera, de sorte que vous<br />

ne serez pas enlisés dans la gourmandise. Vous serez alors de la dimension « élévation<br />

du Visage », et serez nourris de l’Attribut de Vérité. Et une fois renforcés par cette<br />

nourriture : « … vous glorifierez le Nom de l'Eternel votre Dieu etc.», comme nous<br />

l'avons vu. Vous serez associés au Saint béni soit-Il <strong>pour</strong> créer cieux et terre. C’est la<br />

signification de : « … Qui a fait avec vous/Imakhem etc. », à l'instar de : « ne lis pas<br />

"Mon peuple/Ami" mais "avec Moi/Imi", tout comme J’ai créé etc. ». Et dans la mesure où<br />

vous <strong>pour</strong>rez créer le ciel et la terre, dès lors : « … des merveilles, etc. », vous <strong>pour</strong>rez<br />

accomplir des merveilles et des prodiges, dans le ciel et sur la terre. Et voici la<br />

conclusion du verset : « Ils n’auront plus jamais honte », car la notion de honte renvoie<br />

également à la globalité des couleurs, car « La rougeur quitte le visage <strong>pour</strong> laisser la<br />

place à la blancheur » (Baba Metsia 58b), de sorte que le visage change avec plusieurs<br />

couleurs, il s’agit là de l’attribut Splendeur/Tiphéret, de sa dimension déchue.<br />

En ce sens, combien douces deviennent les paroles de nos maitres, de mémoire<br />

bénie : « Dès que (sa subsistance) dépend des créatures, son visage change de couleur<br />

comme le Kroum, qui arbore une gamme variée de coloris » (Brakhot 6b). En effet, la<br />

455


dépendance aux autres signale une atteinte à l’attribut de vérité ainsi qu’une situation<br />

d'éclipse de la Face, qui évoque l’attribut de vérité, de la globalité des couleurs, comme<br />

rappelé. C’est <strong>pour</strong>quoi son visage change de couleurs à l’instar de (l’oiseau) Kroum, qui<br />

correspond également à l’attribut Splendeur/Tiphéret, parmi les attributs déchus. En<br />

effet, Dieu a créé une chose et son opposé, etc. (Kohélet 7:14).<br />

A présent, ce verset peut être expliqué comme un collier de perles :<br />

« Vous mangerez une nourriture, vous serez rassasiés, etc.», il s’agit de la dimension<br />

de vérité, comme nous l'avons vu.<br />

Vous <strong>pour</strong>rez alors accomplir des miracles, « … Qui a fait avec vous/’Imakhem des<br />

merveilles etc. », comme nous l'avons vu.<br />

Dès lors « Mon peuple n'aura plus jamais honte. » En effet, à partir du moment où vous<br />

relevez de la vérité, de la globalité des couleurs, vous n’avez plus a éprouver la honte, qui<br />

représente (aussi) la globalité des couleurs, des attributs déchus. Par<br />

conséquent : « Mon peuple n'aura plus jamais honte.»<br />

Tel est le sens de « Je donnerai l’herbe dans ton champ <strong>pour</strong> tes bêtes, et tu mangeras et<br />

seras rassasié », comme le Zohar l'explique: "Essev/l’herbe correspond à Aïn/Beth/Chine,<br />

trois têtes, trois Patriarches, qui sont les couleurs". Ainsi : « Dans ton champ/SaDekha<br />

<strong>pour</strong> tes bêtes », tu élimineras/teSaDeD ton caractère animal. « Tu mangeras et seras<br />

rassasié », manger et se rassasier, simplement en se contentant de peu. Dès lors : « Je<br />

donnerai l’herbe ».<br />

TORAH 48<br />

Isrou ‘Hag Soucot 5563<br />

Selon le manuscrit de Rabénou<br />

« Pour vous être rebellés contre Moi … par les eaux de Mériva à Kadech, dans le désert de<br />

Tsine » (Dévarim 32:51-52).<br />

La voyelle TSéRé correspond à « VayiTSèR /il forma » (Bér. 2:7), « une formation <strong>pour</strong> le<br />

bien et une formation <strong>pour</strong> le mal, une formation <strong>pour</strong> la récompense et une formation<br />

<strong>pour</strong> la punition » (double, car écrit avec deux Youd) de l'ordre de justice et de<br />

miséricorde. Ce qui correspond à la Compréhension/Bina, dans laquelle se forme<br />

456


l’embryon, comme il est écrit : « Puisses-tu appeler "mère" la Compréhension » (Prov.<br />

2:3). On y trouve deux dimensions : la Bonté/’Hessed et la Rigueur/Gvoura. En effet, les<br />

rigueurs émanent de la Compréhension.<br />

Celle-ci (la Compréhension/Bina) correspond à la SouKa, comme il est écrit : « Tu m’as<br />

recouvert/téSsouKéni dans le ventre de ma mère » (Ps. 139:13). Elle correspond<br />

également à la force de la prière, car lorsque l'on prie avec force, « Tous mes os<br />

proclament etc. » (Ps. 35:10). Elle correspond à la Souka, comme dans : « Tu m’as<br />

recouvert/téSsoKhékhéni d’os et de nerfs » (Job, 10:11). En effet, la force/Koa’h (valeur<br />

numérique de 28) que l’homme investit dans les mots (de la prière) équivaut aux 28<br />

lettres de l’œuvre de la Création, par lesquelles le monde fut créé. Les Dix Paroles par<br />

lesquelles le monde fut créé reçoivent leur force/Koa’h de ces vingt-huit lettres. Quant<br />

aux paroles que l’homme prononce avec force, elles correspondent aux paroles du Saint<br />

béni soit-Il. Il s'agit de la dimension : « Je placerai Mes paroles dans ta bouche » (Isaïe<br />

51:16), car elles sont elles-mêmes la parole de l'Eternel, et constituent « la force de Ses<br />

œuvres » (Ps. 111:6). En outre, les Paroles par lesquelles le monde fut créé évoquent la<br />

Bonté, ainsi qu’il est écrit : « Car J’ai dit que le monde serait fondé sur la Bonté » (Ps.<br />

89:3), et la Bonté renvoie à la Souka, à la notion d’enlacement. C’est <strong>pour</strong>quoi : « Je<br />

placerai Ma Parole dans ta bouche, etc. » et dès lors (suite du verset Isaïe 51:16), « … de<br />

l’ombre de Ma Main Je t’ai couvert », qui représente la Souka, liée à l’ombre de la main,<br />

l'enlacement du bras droit $(Zohar, 214).<br />

En revanche, les paroles qui ne sont pas des paroles saintes ont <strong>pour</strong> effet de susciter la<br />

Souka des idolâtres, la Souka des nations, ainsi qu’il est dit : « Dont la bouche profère la<br />

vanité et dont la droite est une droite mensongère » (Ps. 144:11) qui correspond à<br />

l'enlacement de l’Autre côté (les forces du mal).<br />

Tel est le sens du verset « Cache-les dans une Souka, contre la dispute/Riv des langues »<br />

(Ps. 31:21) : lorsque les langues des nations dominent, à Dieu ne plaise, ceci a <strong>pour</strong> effet<br />

la « discorde/Riv » entre la Présence divine et le Saint béni soit-Il, comme il est écrit<br />

dans les Tikounim $(21, 45b) « Ecoutez montagnes, la querelle/Riv, etc » (Mikha, 6:2). Ce<br />

qui signifie que la Présence divine est en conflit, du fait de l’exil de Ses enfants. En effet,<br />

en Terre d’Israël, elle (la Présence divine) est « RaBI/Maître », de telle sorte que les<br />

lettres de « RIV » s'interchangent <strong>pour</strong> former « Rabbi ». Oui, la Terre d’Israël s'acquiert<br />

essentiellement grâce à « la force de Ses œuvres », comme il est écrit : « La force de Ses<br />

œuvres, Il l’a révélée à Son peuple, en lui donnant l’héritage des nations » (Ps. 111:6).<br />

457


Cependant, lorsque cette force, de l’ordre de la Souka, vient à être altérée, les nations du<br />

monde parviennent à dominer et la "droite mensongère" gouverne alors. « Riv » se<br />

substitue alors à « Rabbi », entraînant le conflit de la Présence divine, exaspérée par<br />

l'exil de ses enfants (éloignés) de la table de leur Père, du fait qu'ils ont quitté leur pays.<br />

Pour cette raison, la Souka, c'est à dire la prière avec force, est une aide précieuse <strong>pour</strong><br />

avoir des enfants. Voilà <strong>pour</strong>quoi, aussitôt après Soukot, vient la fête de Chemini<br />

'ATSéReT au cours de laquelle la femme « retient/'OTSéReT » et recueille la goutte (de<br />

semence), afin de ne pas avorter (Pri Ets ‘Haïm, fin de Chemini Atséret). Ceci est de<br />

l'ordre : « « Tu m’as couvert/téSsouKéni dans le ventre de ma mère », autrement dit, la<br />

dimension de SouKa (prière intense) est associée à celle de gestation. C’est le sens<br />

de $(Samuel I, 1:10) : « ‘Hanna pria 'sur' Dieu », « sur» précisément, de façon à exprimer<br />

sa dimension de Souka.<br />

De même, la Terre d’Israël est une aide précieuse <strong>pour</strong> (avoir) des enfants, comme l’ont<br />

enseigné nos maîtres de mémoire bénie $(Roch Hachana, 16b) : « Pars <strong>pour</strong> toi, de ton<br />

pays, et là-bas, tu auras le mérite d’avoir des enfants » (Bér. 12:1). En effet, « L’héritage<br />

de l’Éternel, ce sont les enfants » (Ps. 127:3), car (suite du verset) « la récompense du fruit<br />

des entrailles » est le bénéfice obtenu par la Souka, de l'ordre de : « Tu m’as<br />

couvert/TéSouKeni dans le ventre de ma mère » (Ps. 139:13).<br />

En effet, la Terre d’Israël s'acquiert essentiellement grâce à « la force de Ses œuvres »,<br />

comme il est écrit : « La force de Ses œuvres, Il l’a révélée à Son peuple, en lui donnant<br />

l’héritage (des nations) ». Cette force correspond à la Souka, et comme dans les versets :<br />

« tous mes os proclameront », « Tu m’as recouvert d’os et de nerfs », « Je placerai Ma Parole<br />

dans ta bouche et de l’ombre de Ma Main Je t’ai couvert (voulant établir de nouveaux cieux,<br />

réédifier la terre et dire à Sion : « tu es mon peuple ! ») » (Isaïe 51:16).<br />

(Suit l’explication du verset $(Mikha 6:8) : « Homme, Il t'a dit ce qui est bien et ce que<br />

le l'Eternel attend de toi simplement de pratiquer la justice, l’amour de la<br />

bienfaisance, et de marcher humblement avec l’Éternel ton Dieu ».<br />

Cela correspond à : « Homme, Il t'a dit ce qui est bien et ce que le l'Eternel attend de<br />

toi : simplement de pratiquer la justice, etc. » (Mikha 6:8), il s’agit du jugement (Makot<br />

24), de l'ordre de : « Sa gauche sous ma tête » (Cantique 2:6), « … Et l’amour de la<br />

458


ienfaisance, etc. », il s’agit de la dimension des Bontés profondes, « … et de marcher<br />

humblement etc.» : il s’agit des (lumières) enveloppantes de l'ordre de « Souka ». En<br />

effet, la Souka doit être (entourée des) deux murs entiers que sont « Eternité/Netsa’h »<br />

et « Gloire/Hod », ainsi que d’un troisième (dont la taille minimale doit être au moins)<br />

d’un Téfa’h (Souka 6), correspondant au « Fondement/Yessod ». C'est ce dont il s'agit<br />

dans « marcher humblement », humblement est associée au Fondement/Yessod (comme<br />

dans) « qui découvre un Téfa’h et recouvre un Téfa’h », et « marcher » renvoie à Eternité<br />

et Gloire.<br />

« … Avec l’Éternel ton Dieu », il est question ici de la dimension « Terre d’Israël », car<br />

toute personne qui réside en Terre d’Israël correspond à celui qui a un Dieu $(Kétouvot<br />

110b) puisque la Terre d’Israël résulte de « la force de Ses œuvres ».<br />

Dans les temps futurs, lorsque les nations du monde seront mises à l’épreuve par le biais<br />

du commandement de la Souka, se réalisera alors : « Je transformerai alors tous les<br />

peuples en une langue pure » (Cephania, 3:9). « Langue/SaPhaH » a <strong>pour</strong><br />

initiales : « Sakhar Pri Habatène/récompense du fruit des entrailles », de l'ordre de<br />

« Souka », comme rappelé. Aussi, « La discorde/Riv des langues » sera également<br />

changée et cette dimension « querelle/Riv » disparaîtra. Une seule langue sera employée<br />

<strong>pour</strong> servir l’Éternel à l'unisson. La vérité triomphera alors, comme il est écrit : « Une<br />

langue de vérité demeure à jamais » (Prov. 12:9). En résumé, même les autres peuples<br />

viendront à Le servir à l'unisson.<br />

C’est <strong>pour</strong>quoi : « Si tu t’améliores, tu obtiendras le pardon/SéET, etc. » (Bér. 4:7) qui est<br />

formé des initiales de « Sfat Emet Tikone/Une langue de vérité demeure », et « … si tu ne<br />

t’améliores pas, la faute est tapie à ta porte/Lapéta’h ‘Hatat Rovets », dont les initiales, à<br />

l’envers, forment Ra’HeL qui détourne son visage, de l'ordre de la discorde, puisqu’elle<br />

bataille <strong>pour</strong> défendre Ses enfants (envoyés) en exil. Car les nations du monde,<br />

« langues querelleuses », « dont les bouches profèrent des vanités (mensonges) »,<br />

prennent l’ascendant.<br />

Tel est le sens (du verset introduisant l’Enseignement : « Pour vous être rebellés contre<br />

Moi … par les eaux de Mériva à Kadech, dans le désert de Tsine » Dévarim 32:51-52) :<br />

« Par les eaux de la discorde/MéRIVa », il s’agit des eaux de Bontés, de l'ordre de la Souka<br />

qui préserve « des langues querelleuses/RIV », comme il est écrit : « Cache-les dans une<br />

Souka, contre les langues querelleuses/RIV ».<br />

459


« Kadech » a <strong>pour</strong> traduction « Rekem », au sens de façonner et former/TsiyeR, liée à la<br />

voyelle TséRé, dont découle la formation du fœtus.<br />

« Désert de Tsine », au sens de "palmiers/TsiNé de la montagne de fer" (Michna Souka<br />

1,3), au sens de dates/TMaRim, à la notion de TéMouRa, (c’est-à-dire) changement et<br />

échange $(Souka. 32).<br />

En voici l'explication : le Saint béni soit-Il leur ordonna de parler au rocher afin qu’Israël<br />

apprenne par a fortiori un enseignement sur la récompense et la sanction, comme<br />

l’explique Rachi ; mais eux, portèrent atteinte à la parole et entraînèrent ainsi, à Dieu ne<br />

plaise, le renforcement de la « discorde des langues ». Ils entraînèrent le renforcement<br />

de la "droite du mensonge", comme il est écrit : « Dont la bouche profère des<br />

vanités/mensonges, etc. ». C’est là le sens du terme Tsine, au sens d’échange, échange de<br />

la sainteté, du Tséré, de la Souka de sainteté, <strong>pour</strong> une Souka de l'écorce (des forces du<br />

mal), à Dieu ne plaise.<br />

C'est <strong>pour</strong>quoi leur châtiment fut « Tu la verras de loin, et tu n’y entreras pas», car la<br />

Terre d’Israël provient de la « force de Ses œuvres », comme nous l’avons vu.<br />

TORAH 49<br />

Nissan 5563 à Medvedevka. Après le mariage de sa fille Sarah, au 3 e repas du Chabat.<br />

Selon le manuscrit de Rabénou<br />

« Il a placé parmi eux une tente <strong>pour</strong> le soleil. Et Lui, tel un marié qui sort de son dais<br />

nuptial (se fait une joie de parcourir son chemin. Son point de départ est à l’extrémité des<br />

cieux) » (Ps. 19:5-6).<br />

1- Avant la Création, la lumière du Saint béni soit-Il était infinie, et le Saint béni soit-Il<br />

souhaitait que Sa Royauté se révèle. Car il ne saurait y avoir de roi sans peuple. C’est<br />

<strong>pour</strong>quoi le Saint béni soit-Il dut créer l’homme afin que celui-ci (puisse) accepter le<br />

joug de Sa Royauté. Or la révélation de Sa Royauté est impossible à appréhender sans<br />

des « mesures/attributs ». C’est grâce aux mesures/Attributs divins que l’on peut saisir<br />

Sa divinité et savoir qu’il existe un Maître qui dirige et qui gouverne. Il (Dieu) contracta<br />

ainsi la Lumière infinie sur les côtés de façon à laisser un espace vacant dans lequel Il<br />

460


créa les mondes qui constituent eux-mêmes Ses Attributs (comme l’explique le début du<br />

Ets ‘Haïm, 1:3).<br />

Le cœur est celui qui dessine les mesures/vertus, et plus particulièrement, la sagesse du<br />

cœur, comme il est écrit : « Et dans le cœur de tous ceux qui possèdent la sagesse du cœur,<br />

etc. » (Chémot 31:6). Et la formation/YeTSiRa (du monde) a été essentiellement réalisée<br />

par la Sagesse, comme il est écrit : « Tu les as tous faits avec sagesse ». Il en ressort donc<br />

que le cœur est le « dessinateur/TSaYaR » comme il est écrit : « Rocher/TSouR de mon<br />

cœur » (Ps. 73:26). Mais il y a Formation <strong>pour</strong> le bien et <strong>pour</strong> le mal, comme l’ont dit nos<br />

Sages, de mémoire bénie : « Il forma/VaYiTSèR » (Bér. 2:7), qui est écrit avec deux Youd,<br />

etc. Il s'agit du « bon penchant/YeTSeR hatov » et du « mauvais penchant/YeTSeR hara ».<br />

Les bonnes pensées sont le bon penchant et les mauvaises pensées sont le mauvais<br />

penchant. En effet, les penchants sont essentiellement les pensées et les réflexions du<br />

cœur, comme il est écrit : « Tout le penchant des pensées de son cœur etc. » (Bér. 6:5).<br />

Lorsque l’homme médite de mauvaises pensées, il bouche l’espace vacant (laissé par) la<br />

Création, lieu du dévoilement des Attributs. C’est que le cœur est le « façonneur/TSouR<br />

des mondes » (Isaïe 26:4), c'est-à-dire le façonneur/TSayaR des vertus (le cœur de<br />

l’homme est la partie qui donne forme à ses pensées).<br />

En effet, du fait de l’intensité de la lumière (provoqué par) l’exaltation du cœur de<br />

l’homme d'Israël, il est impossible (de permettre) aux mesures (Attributs) de se dévoiler<br />

car la lumière de son exaltation atteint l'infini, au point qu'il n'existe ni fin ni terme aux<br />

aspirations (de son cœur). Il faut donc contracter l’enthousiasme afin qu'il reste un<br />

espace dans le cœur, comme il est écrit : « Et mon cœur est vide à l’intérieur de moi » (Ps.<br />

109:22). Ainsi, en contractant l’enthousiasme (l’élan du cœur), on peut permettre la<br />

révélation des mesures/Attributs, c’est-à-dire servir Dieu, béni soit-Il, de manière<br />

graduelle et mesurée.<br />

Quant aux bonnes pensées du cœur, elles sont les bonnes inclinations qui permettent<br />

l’expression des bonnes actions et des bonnes mesures/Attributs. Il s’agit de la<br />

Formation <strong>pour</strong> le bien. Cependant, (à l’inverse) lorsque l’homme a de mauvaises<br />

pensées, il bouche (l’espace vacant dans) le cœur, de l'ordre de «prépuce du cœur » et<br />

porte atteinte à la Création, à la Sagesse du cœur. Le mauvais penchant (incarne) en effet<br />

la stupidité du cœur, comme il est écrit : « Vous circoncirez le prépuce de votre cœur »<br />

(Dévarim 10:16), que le Targoum traduit par : « La stupidité de votre cœur ». La<br />

stupidité est la dégradation de la Création qui est le produit de la Sagesse.<br />

461


Il en ressort que lorsque l’homme entretient en son cœur de bonnes pensées,<br />

telles : comment servir le Saint béni soit-Il ? Son cœur acquiert alors la dimension «<br />

rocher/TSouR de mon cœur » et « mon cœur est vide à l’intérieur de moi ». C’est dans cet<br />

espace vacant que se manifesteront ses actions, et grâce à ses bonnes actions et à ses<br />

bonnes vertus, il sera manifeste qu'il accepte pleinement le joug de la Royauté divine.<br />

Telle est l’explication de : « Chanteurs comme danseurs, (toutes mes sources de joie sont<br />

en toi !) » (Ps. 87:7). « Chanteurs/ShaRim » fait référence à la révélation de la Royauté,<br />

au sens de « Celle qui gouverne/SaRa le monde entier » (Brakhot 13a), de l'ordre<br />

de : « L'Eternel sera alors roi etc. » (Zékharia 14:9). « Comme danseurs/ké‘HoLeLim,<br />

toutes mes sources sont en Toi », autrement-dit (l’étendue du) dévoilement de Sa<br />

Royauté sera fonction de l’espace (laissé) vide/‘HaLaL grâce aux pensées saintes.<br />

2- Cela correspond à : « Et Le servir de tout votre cœur » (Dévarim 11:13), et quel est le<br />

service dans le cœur ? La prière » (Taanit 2a). En effet, la prière correspond à la royauté<br />

de David, comme il est écrit : « Je suis prière » (Ps. 109:4). Or l’essentiel de la prière<br />

dépend du cœur car on doit y investir tout son cœur, et ne pas être associé à : « Qui<br />

M’honore par ses lèvres, alors que son cœur est loin de Moi » (Isaïe 29:13). En effet, la<br />

prière du cœur correspond au dévoilement de Sa Royauté, à l’intérieur de l’espace<br />

vacant, au travers des Attributs et des mondes.<br />

3- Ceci est de l'ordre de la lettre ‏.ה/‏Hé Il était un ‏,ד/‏Dalet puis il s'est transformé en Hé.<br />

En effet, « c’était un DaLet » au sens de DaLa/pauvre et démunie. Lorsque l'on obstrue<br />

son cœur avec la stupidité, étant donné que : « il n’est de véritable pauvre que celui qui<br />

manque de connaissances » (Nédarim 41a), on ressemble ainsi au Dalet. Mais lorsqu’on<br />

sanctifie sa pensée, étant donné que : « il n’y a pas de sainteté à moins de dix » (Meguila<br />

23b). Il est donc de l'ordre du « Youd/י/dix » que l’on l'attire dans la lettre Dalet <strong>pour</strong><br />

». ה/‏Hé former la lettre «<br />

4- Et lorsque la prière érige la dimension de la Royauté, de l’ordre de : « Le servir de tout<br />

votre cœur », cela correspond alors à : « Telle est la ‘Ola/Holocauste » (Vayikra 6:2), de<br />

l'ordre de : « Qui/Mi est-elle/Zot, qui monte/’Ola » (Cantique. 8:5), "Mi" monte avec "Zot"<br />

(Zohar, 10a, Tikounim, 21, 30, 38 et 69). Il y a deux « maisons » (de Dieu), la « Maison<br />

462


supérieure » et la « Maison inférieure », qui bénéficient toutes deux (ensemble) d'une<br />

ascension. En effet : « Je n'entrerai pas dans la ville (de Jérusalem, dit Dieu) avant que « la<br />

sainteté ne soit dans tes entrailles ».<br />

[Voici l'explication : Nos maîtres, de mémoire bénie, ont expliqué : « Je suis saint en toi. Je<br />

n'entrerai pas dans la ville » (Osée 11:9). Le Saint béni soit-Il a juré qu’Il n’entrera pas<br />

dans la Jérusalem céleste, tant que ne sera pas reconstruite la Jérusalem terrestre »<br />

(Taanit 5a). Il ressort des écrits du Ari Zal, de mémoire bénie, que la signification<br />

ésotérique en est que la « Compréhension/Bina/Mère Supérieure », la Maison<br />

supérieure correspond à la Jérusalem céleste. La « Royauté/Malkhout », la Maison<br />

inférieure, correspond à la Jérusalem terrestre. En d’autres termes, l’union d’en Haut,<br />

c'est-à-dire l'ascension de la Maison supérieure ne sera pas achevée avant l'entière<br />

construction de la dimension de la Royauté (en bas), qui est de l'ordre de l'ascension de<br />

la Maison inférieure, etc.<br />

C’est ce que Rabénou, de mémoire bénie, a écrit : « Mi monte avec Zot- Qui monte avec<br />

elle ». « La Compréhension/Bina, c’est le cœur » (Pata’h Eliyahou) qui correspond à la<br />

Maison Supérieure, de l'ordre de « Mi ». Quant à la Royauté, elle correspond à la Maison<br />

Inférieure, de l'ordre de « Zot ». Et grâce aux deux dimensions évoquées dans cette<br />

Torah, ces deux Maisons connaissent une ascension. Il s'agit de la Maison Supérieure et<br />

la Maison Inférieure, de l'ordre de « Mi » avec « Zot ».<br />

Ce qui signifie que grâce à la contraction de la lumière de l’enthousiasme du cœur, ceci<br />

dans le but de ne pas être exalté excessivement et de pouvoir servir Dieu béni soit-Il de<br />

manière progressive et mesurée. Et également, par la sanctification de la pensée (de<br />

façon à interdire l’irruption de toute) mauvaise pensée et de n’entretenir constamment<br />

que de saintes pensées, issues du bon penchant, de la sagesse du cœur, (saintes pensées)<br />

grâce auxquelles on « dessine » ces bonnes vertus qui font mériter d’accomplir des<br />

bonnes actions et d’acquérir les bonnes vertus. Tout cela a <strong>pour</strong> effet de dévoiler la<br />

dimension de la Royauté. On a ainsi montré qu’on acceptait pleinement le joug de la<br />

Royauté céleste, ce qui entraîne l'élévation de la dimension « Royauté/Malkhout », qui<br />

est la Maison Inferieure. C'est précisément à ce moment que la Maison Supérieure, qui<br />

est la Compréhension/Cœur, connaît, elle aussi, une ascension. En effet, les deux ne font<br />

qu’une en réalité, et l’une dépend de l’autre.<br />

463


Pour expliciter un peu ce point, il faut revenir sur le sujet de cette Torah. Le principe de<br />

la Torah concerne ce qu'il est exposé au début du Ets ‘Haïm, selon lequel, lorsque Dieu<br />

béni soit-Il désira créer le monde, la lumière du Saint béni soit-Il était infinie, à un point<br />

tel qu’il n’y avait pas de place <strong>pour</strong> la création des mondes. Il dut, si l’on peut s’exprimer<br />

ainsi, « contracter » cette Lumière infinie et la repousser sur les côtés. Un espace vacant<br />

apparut, dans lequel Il créa tous les mondes. Et tous les mondes furent créés au moyen<br />

de la Sagesse, comme il est écrit : « Tu les créas tous par la sagesse ». De plus, la finalité<br />

essentielle de la création des mondes était la « Royauté/Malkhout », autrement dit de<br />

révéler Sa Royauté. Cela est en effet impossible sinon à travers (la création) des mondes,<br />

puisque « il ne saurait y avoir de roi sans peuple ». Telle est la finalité de la contraction<br />

(qui permit la création de) cet espace vacant, laissant une place <strong>pour</strong> la création des<br />

mondes dans le but de la révélation de Sa Royauté. Tout ceci figure dans le Zohar et les<br />

ouvrages de Cabala.<br />

Rabénou, de mémoire bénie, explique (que cela s’applique) à chaque homme : chaque<br />

israélite incarne en effet une parcelle du divin depuis en Haut, et la divinité se situe<br />

essentiellement dans le cœur. Et la divinité qui se trouve dans le cœur de l’homme<br />

d'Israël évoque l’Infini et la lumière de Son enthousiasme va jusqu’à l’infini. En d’autres<br />

termes, il n’y aurait ni frein ni entrave à son désir. Donc, (l’excès de) l’intensité de<br />

l’enthousiasme du cœur d’un homme d'Israël, qui est infini, l'empêcherait de réaliser un<br />

quelconque service, et le priverait de la possibilité de dévoiler une quelconque bonne<br />

vertu/mesure. En effet, l’immensité de son enthousiasme infini le paralyserait. Il est<br />

question ici de la dimension originelle où il n'y avait pas de place (prévue) <strong>pour</strong> la<br />

Création dans la mesure où tout était infini, comme nous l’avons vu. En effet, la création<br />

des mondes est aussi, intrinsèquement celle des Attributs/mesures, comme cela a été<br />

expliqué plus haut.<br />

Voilà <strong>pour</strong>quoi l’homme doit nécessairement contracter la lumière de l’enthousiasme de<br />

son cœur, qui est infinie, de façon telle qu’il puisse servir Dieu de manière progressive et<br />

mesurée. En effet, Dieu désire notre service et que nous Le servions par des bonnes<br />

actions et de bonnes vertus, chose impossible sans contraction, comme nous l’avons vu<br />

plus haut. De fait, lorsque l’on contracte la lumière de l’enthousiasme du cœur, un espace<br />

vacant est laissé alors dans le cœur, comme il est écrit : « Et mon cœur est vide en moi ».<br />

C’est à l’intérieur de cet espace vide que se révèlent les bonnes vertus/mesures, qui<br />

464


eprésentent le secret de la création des mondes à l’intérieur de cet espace vacant dont il<br />

est question. En effet, car les Attributs (vertus et mesures) sont eux-mêmes les mondes,<br />

comme nous l’avons déjà vu. En d’autres termes, grâce à cette contraction qui consiste à<br />

réduire la lumière de l'enthousiasme, se crée la dimension « espace vide », de l’ordre<br />

de : « Et mon cœur est vide en moi ». C'est grâce à cela que l'on peut servir Dieu béni soit-<br />

Il de manière progressive et mesurée, accomplir de bonnes actions et manifester ses<br />

bonnes vertus/mesures. Tout ceci est un aspect de la révélation des Attributs, que sont<br />

les mondes, à l’intérieur de l’espace vide qui est dans le cœur.<br />

La Création des mondes fut réalisée essentiellement par la Sagesse, comme nous l’avons<br />

vu. Il s'agit donc d’un aspect majeur du service de Dieu : mériter des bonnes vertus et<br />

des bonnes actions s’accomplit en entretenant la sagesse dans le cœur, c’est-à-dire (en<br />

surveillant) les pensées de son cœur. Nous devons donc contrôler scrupuleusement la<br />

pensée dans notre cœur, de l’ordre « sagesse du cœur », qui est la source des penchants<br />

de l’homme. En effet, les bonnes pensées sont le bon penchant et les mauvaises pensées<br />

sont le mauvais penchant. En d’autres termes, lorsque l’on a de bonnes pensées, de<br />

l'ordre de la « sagesse du cœur », on mérite d'agir <strong>pour</strong> le bien et d'acquérir de bonnes<br />

vertus. Il est question de la notion « dévoilement de la Création », des<br />

« Attributs/vertus/mesures », à l’intérieur de l’Espace vacant, grâce à la « sagesse du<br />

cœur », liée aux bonnes pensées du cœur. En revanche, lorsque l’on a de mauvaises<br />

pensées, à Dieu ne plaise, on endommage l’espace (vide) situé dans le cœur, qui est le<br />

secret de l’Espace vacant, et l'on bouche ainsi l’espace (vacant laissé) dans le cœur, de<br />

l'ordre du « prépuce du cœur », comme vu plus haut. Ce qui équivaut à une dégradation<br />

de la Création qui avait eu lieu grâce à la « sagesse du cœur », comme vu auparavant.<br />

L'essentiel du service nécessitant la "contraction" dont nous avons parlé, ainsi que<br />

l’entretien de bonnes pensées destinées à (nous faire) bien agir et à avoir de bonnes<br />

vertus/mesures, tout cela vise à dévoiler Sa Royauté, béni soit-Il, car c’est dans ce but,<br />

essentiellement, que la création eut lieu, comme expliqué plus haut. En effet, en méritant<br />

d’accomplir de bonnes actions, grâce à tout ce qui a été expliqué précédemment, on<br />

accepte pleinement le joug de la royauté divine. Il s'agit alors de la dimension<br />

« révélation de Sa Royauté », béni soit-Il, qui s’est dévoilé par la création des mondes à<br />

l’intérieur de l’Espace vacant, par la Sagesse, comme expliqué précédemment.<br />

465


Le principe est que la création des mondes (d'une part) et le service divin, béni soit-Il,<br />

par des bonnes actions et de bonnes vertus (d'autre part) ne sont véritablement qu’une<br />

seule notion, comme nous l'avons expliqué. Comprends bien cela. Ensuite, le<br />

dévoilement de Sa Royauté, béni soit-Il, grâce aux bonnes actions et aux bonnes<br />

vertus/Attributs, apparues à l’intérieur de l’Espace vacant qui est dans son cœur, comme<br />

expliqué plus haut, correspond à la notion d'élévation des deux Maisons, abordée plus<br />

haut, Mi avec Zot, la Maison Supérieure et la Maison inférieure. En effet, le dévoilement<br />

de la « Royauté/Malkhout » correspond à la Maison inférieure alors que le<br />

commencement de la Contraction divine qui constitue l’espace vide dans le cœur,<br />

correspond à la Maison Supérieure. Cela parce que la finalité principale de la Contraction<br />

était le service de Dieu, béni soit-Il, dans le but de mériter de dévoiler Sa Royauté, béni<br />

soit-Il. Voilà <strong>pour</strong>quoi, la réparation et l'élévation de la Maison Supérieure ne seront pas<br />

achevées avant que la Maison inférieure ne s’élève ; c'est-à-dire pas avant que Sa<br />

Royauté ne se révèle, car telle est la finalité et l’intention profonde qui sous-tend la<br />

Création. C'est exactement lorsque se dévoilera Sa Royauté, béni soit-Il, que la Maison<br />

Supérieure connaîtra son élévation. C'est précisément alors que les deux s’élèveront<br />

simultanément, la Maison Supérieure et la Maison inférieure, de l’ordre de « Mi Zot Ola »,<br />

etc, cité plus haut. En effet, "Je n'entrerai dans la ville" que lorsque "la sainteté sera dans<br />

tes entrailles" ; le Saint béni soit-Il ne pénètrera dans la Jérusalem céleste, qui est la<br />

Compréhension/Bina du cœur etc., comme cité plus haut, que lorsque que l'on<br />

construira la Jérusalem terrestre, de l'ordre du « dévoilement de Sa Royauté », béni soit-<br />

Il, comme rappelé.<br />

Tout ceci renvoie à la notion de prière, qui est le service du cœur. Car la prière du cœur<br />

représente l’aspect « révélation de Sa Royauté » à l’intérieur de l’espace vide du cœur,<br />

comme rappelé.<br />

Et comprends très bien que ces sujets sont extrêmement profonds. Cependant Rabénou<br />

a (parlé ici de façon) simplifié et par allusions, comme celui qui fait usage du langage des<br />

gestes <strong>pour</strong> exprimer des idées, mais les choses sont évidentes <strong>pour</strong> celui qui comprend.<br />

L’essentiel est de les accomplir simplement, en se préservant le plus possible des<br />

mauvaises pensées, car les mauvaises pensées sont la base du mauvais penchant, comme<br />

« création <strong>pour</strong> le mal ». Il faut donc surveiller nos pensées, nous efforcer constamment<br />

d’avoir de bonnes pensées, dans la logique du « bon penchant », de mériter d’accomplir<br />

466


de bonnes actions, d’acquérir de bonnes vertus etc., de prier avec ferveur et de se<br />

repentir.<br />

Au départ, il faut modérer l’enthousiasme du cœur afin qu’il ne s’emballe pas outre<br />

mesure, car nous devons clairement servir Dieu de manière progressive et avec mesure.<br />

Tout le reste des enseignements est saint et pur ; il s'agit de précieux conseils que l'on<br />

peut tirer des paroles de cet Enseignement saint et redoutable. « Il reste encore des<br />

arguments en faveur de Dieu » (Job 36:2) – autrement dit : Il y aurait encore beaucoup à<br />

dire), mais ceci sera expliqué quelque peu ailleurs, car même un grand nombre de pages<br />

ne suffirait pas à expliquer un seul enseignement de ses paroles redoutables. C’en est<br />

assez <strong>pour</strong> l’instant. Revenons au sujet initial.]<br />

C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle le mois de Nissan est appelé printemps/Aviv : un Alef avec<br />

un Beth, un Youd avec un Beth. Il est question de l’Union supérieure et de l’Union<br />

inférieure.<br />

5- Il est question aussi de la notion de « chant » qui sera éveillé dans le futur. Il est un<br />

chant simple, double, triple, et quadruple, ainsi que dix sortes de mélodies. Ce qui<br />

correspond au ה/‏Hé formé d’un ד/‏Dalet et d’un ‏.י/‏Youd La lettre Dalet (de valeur<br />

numérique 4) représente la notion de chant simple, double, triple, et quadruple et la<br />

lettre Youd (de valeur numérique 10) correspond aux dix sortes de mélodies. Ceci est<br />

réalisé grâce au dévoilement de Sa Royauté, comme dans : « Elle gouverne/Sara sur le<br />

monde entier ». Sara renvoie à la notion de « Chir/chant », de l'ordre de<br />

« Chanteurs/Charim comme danseurs », qui est la royauté de David, «l'harmonie des<br />

chants d’Israël » (Samuel II, 23:1).<br />

Telle est l'explication de : « Si ta femme est petite, penche-toi et chuchote-lui (à<br />

l’oreille) », $(Baba Metsia 59a) que Rachi commente ainsi : « Ecoute son conseil ».<br />

Effectivement, "Une femme qui craint le Ciel" (Prov. 31:30) est de l'ordre du conseil.<br />

Donc, lorsque la prière, qui est de l'ordre de la Royauté, se trouve rabaissée et<br />

rapetissée, comme : « Si ta femme est petite etc. » et « Nous avons une sœur petite »<br />

(Cantique 8:8), de l'ordre du « petit luminaire » (Bér. 1:16) et de : « Sa conseillère est<br />

tombée » (Sanh. 22) (allusion à la perte d’une épouse), il faut la relever, comme : « Je<br />

relèverai la Souka de David » (Amos 9:11). La SouKa équivaut à Sarah, "qui se<br />

couvrait/SaKhta de prophétie" (Meguila 14). Sarah correspond également à la Royauté<br />

467


de l'ordre : « (Nombreux sont les projets de l’homme, mais) c’est le conseil de Dieu qui<br />

s’élèvera » (Pro. 19:21), de l'ordre : «grands luminaires » (Bér. 1:6). Tel est le sens de<br />

« Chuchote-lui » : reçois son conseil. Il s'agit de l'élévation de la prière, dite à voix basse,<br />

qui est le « service du cœur » (Conseil fait allusion à la prière ; « relever » et « élever » se<br />

réfère à l’élévation de la prière).<br />

6- Et telle est la notion de repentir, comme il est écrit dans : «placé haut/'AL » (Samuel<br />

II, 23:1), il s’agit du joug/'OL du repentir » (Avoda Z. 5a). Les lettres formant le mot<br />

"repentir"/TéCHouVaH peuvent se lire « TaCHouV Hé/le Hé reviendra », ce qui implique<br />

la transformation du Dalet en Hé.<br />

Le repentir dépend essentiellement du cœur, comme il est écrit : « Son cœur comprendra<br />

et se repentira » (Isaïe 6:10). Ce qui correspond à : « Mi Zot 'Ola », Mi s’élève avec Zot,<br />

'OLa/joug du repentir, l'ascension/'ALia du repentir avec Mi.<br />

Ceci renvoie à : « Grand est le repentir car il parvient jusqu’au Trône de Gloire » (Yoma,<br />

86a) et « Grand est le repentir qui hâte la Délivrance » (idem, 86b). En effet, dans les<br />

temps futurs, au Jour qui sera entièrement Chabat, se dévoilera la Torah de l’Ancien-<br />

Caché, comme il est écrit : « Alors tu te délecteras ‘AL/au-dessus de l'Eternel » (Isaïe<br />

58:14). Au-dessus de l'Eternel, précisément, ce qui fait référence à l’Ancien-Caché qui<br />

représente l’essentiel du plaisir de Chabat (Zohar, 1, 219). De plus, Chabat correspond à<br />

la dimension téCHouVa/repentir, comme il est écrit : « Et tu reviendras/veCHaVta<br />

jusqu’à l’Éternel ton Dieu ». Tel est le sens de « Grand est le repentir » : lorsque l’on<br />

élève la Téchouva, depuis la dimension de « petit luminaire », depuis « Nous avons une<br />

sœur petite », vers une dimension de « Grand est, etc. », de l’ordre de « La lune brillera<br />

alors du même éclat que le soleil » (Isaïe 30:26). « … Qui parvient jusqu’au Trône de<br />

Gloire », autrement dit, de sorte que l'on parvienne et que l'on saisisse la Torah de<br />

l’Ancien-Caché. C'est cela le Trône/KiSSé de Gloire, car on la cache/méKhaSSim, de<br />

l'ordre de « Des brebis/KéVaSSim <strong>pour</strong> te vêtir » (Prov. 27:26). Les choses qui constituent<br />

le secret/KiVShono du monde, devront rester cachées sous tes vêtements » (‘Hag. 14), ce<br />

qui signifie qu'on la recouvre (la Torah de l’Ancien), de l'ordre de : « La Gloire de Dieu est<br />

de cacher la parole » (Prov. 25:2). Tel est le sens de « Trône/KiSSé de Gloire » : ce que l’on<br />

cache/méKhaSSim par respect de la Gloire de Dieu. Malgré tout, tu <strong>pour</strong>ras y parvenir et<br />

la saisir.<br />

468


Tout ceci renvoie à « Béréchit – Beth Réchit », c'est à dire les deux<br />

commencements : Roch Hachana (Tichri) et (le mois) de Nissan. Car le mois de Nissan<br />

est également un commencement d’une année. Il est mentionné dans les Tikounim (21<br />

et 45) : « Elle est appelée Cabala lorsqu'elle est entre les deux bras du Roi ». Ces deux<br />

bras sont Tichri et Nissan, qui sont des jours de repentir, car les jours de repentir<br />

surviennent durant ces mois. En effet, « Ils seront délivrés en Nissan » (Roch Hachana<br />

11a), et « Il ne peut y avoir de délivrance que par le repentir, comme il est écrit (Isaïe<br />

59:20): « Viendra de Tsion le rédempteur… » (Yoma 86b). De plus, la connaissance de la<br />

Cabala, des secrets de la Torah, aura lieu essentiellement dans les temps futurs, lorsque<br />

se dévoilera la Torah de l’Ancien, de l'ordre des délices du Chabat, de l'ordre de « Alors,<br />

tu te délecteras au-dessus de l’Éternel ». En outre, il s'agit du sens (du mot) tiCHRi, qui<br />

évoque CHiRa/le chant. Quant au terme Pessa'h, il se lit : Pé-Sa’h/"la bouche qui parle"<br />

(Chaar Hakavanot, 82), comme il est écrit : « Le chant sera <strong>pour</strong> vous comme une nuit de<br />

célébration de fête » (Isaïe 30:29). En effet, le chant et la mélodie s'éveilleront dans le<br />

monde, comme « Pé-Sa’h », de l’ordre de : « Afin que l'on chante Ta Gloire sans se taire »<br />

(Ps. 30:13), sans se taire, précisément, c'est "la bouche qui parle". La « Gloire » renvoie à<br />

la dimension « Roi de Gloire » (Ps. 24:7), de l'ordre de « celle qui Gouverne/Sara le monde<br />

entier », de l'ordre du chant des temps futurs.<br />

7- Ceci renvoie aux franges (aux quatre coins du vêtement, les Tsitsit), plus précisément<br />

au téKHéLet/(le fil) bleu-azur (des tsitsit), "qui consume/aKHLé et détruit tout" (Zohar<br />

III, 257a). En effet, le dévoilement de la Royauté de sainteté entraîne l'élimination de la<br />

royauté de l'Autre côté (les forces du mal, la Sitra A’hara). Malgré tout, Israël qui est<br />

attaché à l'Eternel, en tirera sa vitalité, comme il est mentionné dans le Zohar $(I, 51a) : «<br />

Vous qui êtes attachés à l’Éternel votre Dieu, etc. (Dévarim 4:4) etc. », de l'ordre du bleuazur<br />

qui consume et détruit tout, malgré tout, «… vous êtes tous en vie aujourd’hui ». En<br />

effet, la vitalité provient essentiellement de là-bas, de l'ordre de : « David, roi d’Israël, est<br />

bien vivant » (Roch Hachana 25a). C’est donc de l'ordre de « KHaLa/destruction », lié à<br />

TéKHéLet, qui détruit et consume tout. Néanmoins, Israël, du fait de son attachement à<br />

l'Eternel, reste bien vivant. Tel est le sens de : « Car Je lancerai la destruction/KhaLa sur<br />

toutes les nations » (Jérémie 30:11). Il s'agit de : « L’âme de David renonça/vaTéKHaL<br />

» (Sam. II, 13:39)<br />

469


[En fait, il est écrit là-bas « David renonça », mais Rachi explique qu'il s'agit d'un verset<br />

qui abrège "l'âme de David" et telle est son Targoum, etc.].<br />

« L’âme de David » correspond donc à l’aspect de TéKHéLet qui consume et détruit tout.<br />

Il s'agit de : « Un vent du Nord soufflait sur la harpe de David et la faisait jouer »<br />

(Brakhot 3b). Le « vent du Nord » correspond à la rigueur et aux jugements, de l'ordre de<br />

« Tékhélet ». Il est source de la mélodie, comme dans : « Du coin de la terre, nous<br />

entendîmes des chants » (Isaïe 24:16), « du coin » précisément, de l'ordre de Tékhélet.<br />

C'est là-bas que se trouve la dimension de « la beauté des chants d’Israël ». Ceci<br />

correspond à la lettre Hé, composée d’un Dalet et d’un Youd. Le Dalet (4 en valeur<br />

numérique) représente les quatre coins, comme « du coin de la terre ». Le Youd<br />

correspond aux Dix sortes de mélodies, de l'ordre de « Nous entendîmes des chants ».<br />

Telle est l’explication de « Un dixième d'Eiphah de fleur de farine en oblation » (Bamidbar<br />

28:5). La fiancée/KaLa, autrement dit, le téKhéLet reçoit l'essentiel de sa force de la<br />

dimension de « La Mère prête ses habits à sa fille » $(Intro. au Zohar, page 2). En effet,<br />

« la Compréhension/Bina, dont les rigueurs émanent d'elle » (Zohar, 220), elle est leur<br />

source, et c'est donc par son intermédiaire qu'ils s'adoucissent. C’est <strong>pour</strong>quoi « Dieu fut<br />

attristé en Son cœur » (Bér. 6:6), de l'ordre « des rigueurs qui émanent d’elle », mais<br />

ensuite (à propos du déluge) : « Il dit en Son cœur : Je ne maudirai plus jamais » (Bér.<br />

8:21), de l'ordre de l'adoucissement des rigueurs en leur source. C’est là le sens de « un<br />

dixième d'EiPHa ». "EiPHa" se décompose en : « Eï- PHé/où est la bouche ? ». (Il s'agit<br />

de) "La Royauté est la bouche" (Pata'h Eliyahou), de l’ordre de "la Gloire de Dieu" et de<br />

"le Roi de Gloire". « Lorsqu'elle s’élève, les anges demandent à son ; sujet : "où est la<br />

bouche ?", "quel est l’endroit de Sa Gloire ?" (Zohar I, 24a ; Tik. Zohar 10) « Un dixième »<br />

représente le Youd, le symbole de la sainteté, comme nous l'avons vu. En d’autres<br />

termes, lorsque nous voulons attirer la sainteté à l’intérieur de la Royauté, <strong>pour</strong> l’élever<br />

de l'ordre de « Eï Phé », (alors :) « Fleur de farine en oblation, mélangée à de l’huile »,<br />

il faut réunir les deux maisons <strong>pour</strong> n’en faire qu’une. La Maison Supérieure est appelée<br />

« fleur de farine d’oblation ». L'oblation/Min’ha correspond aux rigueurs, comme dans<br />

c’est indiqué dans (Brakhot 26) : « Yits’hak institua la prière de Min’ha ». « Fleur de<br />

farine/SoLeT », connote : « Tu foules aux pieds/SaLiTa ceux qui errent loin de tes<br />

préceptes » (Ps. 119:118). Ceci signifie que la Maison Supérieure adoucit et brise les<br />

rigueurs comme nous l’avons vu, de l'ordre de : « Qui/Mi exprimera les puissances de<br />

l'Eternel » (Ps. 106:2). En outre, il faut que La Maison Supérieure soit « mélangée » à la<br />

470


Maison Inférieure, appelée « huile », de l'ordre « royauté de David », comme il est<br />

écrit : « Voilà <strong>pour</strong>quoi Elokim ton Dieu t’a oint avec une huile d’allégresse » (Ps. 45:8). Et<br />

par conséquent, « Un quart de Hine » puisque les lettres Dalet se transforment en Hé.<br />

Voici l'explication (du verset placé en introduction de cet enseignement) : « Pour le<br />

soleil, Il a placé une tente parmi eux. (Et Lui, tel un marié qui sort de son dais nuptial se<br />

fait une joie de parcourir son chemin. Son point de départ est à l’extrémité des cieux) » (Ps.<br />

19:5-6)<br />

Le Juste est appelé « soleil », comme l’enseignent nos maîtres de mémoire bénie<br />

$(Kidouch. 72b) : « Tant que le soleil d’Hélii ne s’était pas couché etc. », « Le soleil se lève et<br />

le soleil se couche » (Kohélet 1:5). Ainsi, le lever du soleil relatif au Juste, c’est-à-dire la<br />

perception du Juste, n’existe qu'au travers d'Israël, comme dans (paroles de Dieu à<br />

Moché à propos du veau d’or) : « Descends car ton peuple a fauté » (Chémot 32:7), et « Je<br />

ne t’ai accordé de grandeur que <strong>pour</strong> la sauvegarde d’Israël » » (Brakhot 32a). C’est ce<br />

dont il s'agit dans « Une tente parmi eux », tente/OHeL, au sens de « briller » (comme le<br />

lever du soleil), comme il est écrit dans : "Dans l’éclat/béHiLo de sa lampe" (Job, 29:3).<br />

« Parmi eux » signifie ainsi "grâce à Israël". Mais lorsqu'Israël, à Dieu ne plaise, entre<br />

dans les sagesses extérieures des nations, le Juste chute de son niveau de perception, sa<br />

perception se voile et se recouvre/nit’HaPé. Par contre, lorsqu'Israël (renonce et) sort<br />

des sagesses des nations, alors « Lui, tel un marié qui sort de son dais<br />

nuptial/me‘HouPato », le Juste sort de l'enveloppe et de la couverture qui le masquaient<br />

jusqu’à présent. C’est alors que « Il se réjouit, tel un héros, de courir sa route » (Ps.<br />

19:6). En effet, les Justes sont « des héros puissants qui accomplissent Sa Parole et<br />

entendent Sa voix » (Ps. 103:20). Ils doivent renforcer leur courage <strong>pour</strong> courir cette<br />

route, puisqu'à l'époque où Israël était blâmé (par Dieu) ils pouvaient marcher, mais à<br />

présent ils doivent courir à grande vitesse sur cette route (<strong>pour</strong> réparer ce qui a été<br />

détérioré). Ce courage est de l'ordre de « Tsitsit », de l'ordre de « bleu-azur/Tekhelet »,<br />

comme nous l'avons vu, de l'ordre des sphères transcendantales/MaKiFim. C'est<br />

donc : « Son point de départ est à l’extrémité des cieux et sa révolution/outKouFato<br />

etc. » (Ps. 19:7), de l'ordre des sphères/maKiFim. C'est grâce à cette dimension « bleuazur<br />

» que l'on consume et que l'on détruit les idolâtres, comme dans : « Car Je lancerai<br />

la destruction/KhaLa sur toutes les nations » (Jérémie 30:11). C’est <strong>pour</strong>quoi : « Et rien<br />

ne se dérobe à sa chaleur » (Ps. 19:7), « sa chaleur/‘HaMato » correspond à<br />

471


Kala/destruction, comme dans « Anéantis-les/KaLé dans la colère/be'HéMa, anéantis-les,<br />

<strong>pour</strong> qu’ils disparaissent » (Ps. 59:14). De cette manière, on mérite de percevoir la Torah<br />

de l’Ancien caché, de l'ordre des délices du Chabat, comme nous l'avons vu. Tel est le<br />

sens de : « La Torah de l'Eternel est intègre, etc. » (Ps. 19:8) qui fait référence à la<br />

Torah de l’Ancien, qui est toujours entière puisque personne n'en a encore rien perçu.<br />

« … Elle réconforte/méCHiVaT l’âme » (idem), il s’agit de la dimension Chabat, car « En<br />

ce jour, Il se reposa, CHaVAT de toute Son œuvre » (Chémot 31:17).<br />

C’est <strong>pour</strong> cette raison que la fiancée procure un Talith à son futur époux (lui signifiant<br />

qu’il peut s’appuyer sur elle), car (de même que le fiancé tire sa force de la fiancée,) le<br />

Juste puise sa vigueur grâce à Israël, comme il est écrit : « Pour le soleil, Il a placé une<br />

tente parmi eux ». Cela explique également <strong>pour</strong>quoi il est de coutume de dire « 'EiLaH !<br />

» lors d’un mariage, en référence à c'est « l'holocauste/ha'OLaH » (celle qui monte),<br />

comme nous l'avons vu plus haut. En effet, la joie se situe dans le cœur, comme il est<br />

écrit : « Tu as mis la joie dans mon cœur » (Ps. 4:8). Il s'agit de « Qui/Mi est celle/Zot qui<br />

monte », Mi s’élève avec Zot. De plus, les chants que l’on entonne à l'occasion du mariage<br />

correspondent au Hé, soit un Dalet avec un Youd, au chant simple, etc., comme nous<br />

l’avons vu.<br />

Quant au cri que l'on pousse (à l’occasion du mariage) : « Chabat ! », il provoque le<br />

mérite d’atteindre le plaisir du Chabat, la Torah de l’Ancien, comme nous l’avons vu.<br />

En outre, lorsque l’on crie « Chabat ! », nous donnons des pièces parce que la Torah de ce<br />

monde-ci possède une droite et une gauche, et « à sa gauche, la richesse » (Prov. 3:16).<br />

En revanche, en ce qui concerne la Torah de l’Ancien, elle ne contient ni gauche ni<br />

richesse $(Zohar III, 129a). C’est <strong>pour</strong>quoi, lorsqu’Israël entend l’annonce de la Torah de<br />

l’Ancien, il donne des pièces, (il s’en défait) <strong>pour</strong> indiquer que nous n’avons nullement<br />

besoin de pièces puisque dans le monde à venir, il n’y aura ni nourriture ni boisson<br />

$(Brakhot 17a).<br />

Tel est le sens de : « Les rois/MaLKHé des armées se sont enfuis, etc. » (Ps. 68:13),<br />

c’est-à-dire les Justes, qui sont Ses anges/MaLaKHav, puissants héros, qui s’élancent<br />

avec promptitude et rapidité <strong>pour</strong> "courir la route", ce qui a trait aux danses. « … Et celle<br />

qui garde la maison, répartit le butin », il s'agit d'Israël qui distribue les pièces <strong>pour</strong><br />

montrer qu’il n’a pas besoin d’argent et <strong>pour</strong> souligner l’absence de la dimension<br />

472


« gauche » chez l’Ancien. Les initiales de : « Baït Té'halek CHalal/maison répartit le<br />

butin » forme le mot CHaBaT.<br />

Une autre raison à la distribution des pièces est de montrer une grande magnanimité,<br />

car la mariée est de l'ordre du Hé, que du Dalet elle devient Hé, et que cela apporte une<br />

grande richesse, de l’ordre de : « Je répandrai sur vous la bénédiction au-delà de toute<br />

mesure/Daï » (Malakhi 3:10) « jusqu’à ce que vos lèvres se lassent de dire « assez/Daï»<br />

(Chabat 32b). En distribuant ces pièces, on montre qu’ils (les Enfants d’Israël) sont<br />

parvenus à une telle bénédiction que l’argent est devenu insignifiant à leurs yeux. C’est<br />

le sens de « Un dixième de l’Eipha » : « un dixième/'ASSiRit » qui correspond à « Eï Phé »<br />

(« où est la bouche ? »), car leur bouche finira par dire « assez/Daï », tant ils possèderont<br />

de richesses/'ACHiRout. Tout ceci est obtenu grâce à "un quart de Hine", du Dalet s'est<br />

formé un Hé, comme nous l’avons vu.<br />

[De l’Enseignement 32 à ceux-ci, sont reproduits intégralement les paroles de Rabénou, de<br />

mémoire bénie, à l’exception de quelques endroits où j’ai ajouté quelques points, d'après ce<br />

que j’ai entendu et compris de sa sainte bouche ou de sa sainte plume, comme il est indiqué,<br />

à chaque fois, sur place. J’ai entendu d’autres choses concernant cette Torah, les voici].<br />

« Que celui qui souhaite procéder aux libations de vin sur l’Autel remplisse de vin<br />

la gorge des érudits de la Torah » (Yoma, 71a).<br />

En effet, l'essentiel du divin se situe (chez l’homme) dans le cœur, comme il est<br />

écrit : « celui qui façonne/TSouR mon cœur » et « Il n’existe nul Rocher/TSouR comme<br />

notre Dieu » (Sam I, 2:2), nul dessinateur/TSayaR comme notre Dieu » (Brakhot 10a). En<br />

effet, le cœur est le dessinateur des vertus, c'est-à-dire, de la sagesse située dans le cœur,<br />

etc., comme nous l’avons vu.<br />

En effet, avant la Création, la lumière du Saint béni soit-Il était infinie, etc. Etudie bien ce<br />

passage. Il en ressort que, lorsque le cœur correspond à : « Mon cœur est vide en moi », de<br />

l'ordre de : « Celui qui forme/Tsour mon cœur », comme nous l'avons dit plus haut, cela<br />

s'apparente à la création du monde. A l’opposé, lorsque le cœur est bouché, de l'ordre de<br />

« prépuce du cœur », on endommage la création, comme cela a été expliqué plus haut.<br />

Regarde bien là-haut.<br />

C'est <strong>pour</strong>quoi, le Juste qui possède un cœur ouvert à la Sagesse, comme « Mon cœur est<br />

vide en moi » et « Rocher de mon cœur », est en mesure grâce à cela, de renouveler<br />

473


l’œuvre de la création et d’accomplir des prodiges et des miracles dans le monde, comme<br />

il est écrit : « Dans Sa Bonté, il renouvelle, à chaque jour, constamment, l’œuvre de la<br />

création » (prière du matin). « Dans Sa Bonté », cela correspond au Juste, qui est appelé «<br />

bon », comme il est écrit : « Dites du Juste qu’il est bon » (Isaïe 3:10). En effet, le cœur<br />

d'un tel Juste est de l'ordre de la Création du monde, comme développé plus haut.<br />

Telle est l’explication de ce que nos Sages de mémoire bénie ont dit : « Les contours de tes<br />

hanches sont comme des colliers/'HaLaïm, œuvre des mains d'artiste » (Cantique 7:2), il<br />

est question des conduits creux/mé'HouLaLim et percés jusqu'à l’abîme » (Souka 49a). Il<br />

s'agit de la dimension « Mon cœur est vide/'HaLaL en moi », car "l’abîme, c'est le cœur",<br />

comme l’indique le Zohar $(III, 227b). C’est <strong>pour</strong>quoi « colliers, œuvre des mains d'artiste<br />

» sont les œuvres de l'art du Saint béni soit-Il (comme l’explique le traité Souka, à cet<br />

endroit). Autrement dit, la notion de « colliers/'HaLaïm », c'est-à-dire<br />

« creux/mé'HouLaLim jusqu'à l’abîme », de l'ordre de « Mon cœur est vide/'HaLaL en<br />

moi » correspond à la création du monde, comme nous l'avons vu plus haut. De plus, il<br />

s'agit bien de « œuvre des mains d'artiste, de l’art du Saint béni soit-Il ». En effet, les<br />

notions de « Mon cœur est vide etc. », et « des colliers, creux etc. » telles qu'elles sont<br />

décrites plus haut, représentent véritablement l’œuvre des mains de l'art du Saint béni<br />

soit-Il, car il s'agit de la dimension de la création du monde, abordée plus haut. C'est<br />

donc en vertu de cela que l’on <strong>pour</strong>ra accomplir des miracles dans le monde, comme<br />

nous l'avons vu. De plus, « Creux jusqu'à l’abîme/TéHoM » est une allusion aux miracles,<br />

comme cela figure dans : « La ville toute entière fut en émoi/vaTéHoM » (Ruth, 1:19), car<br />

un acte miraculeux laisse tout le monde ébahis.<br />

C’est <strong>pour</strong>quoi : « Que celui qui souhaite procéder aux libations de vin sur l’Autel<br />

remplisse de vin la gorge des érudits de la Torah » (Yoma, 71a). En effet, la gorge<br />

correspond aux "conduits creux jusqu'à l’abîme", liés à l'œsophage et au cœur [de plus, le<br />

vin a <strong>pour</strong> effet d'ouvrir le creux du cœur, de même que : « Et mon cœur est vide en moi »,<br />

car « Le vin et le parfum dessillent » (Sanh. 70a)]. C'est <strong>pour</strong>quoi « celui qui remplit les<br />

gorges etc. » est comparé à celui qui verse les libations au-dessus des conduits creux et<br />

percés jusqu'à l’abîme, comme nous l'avons vu.<br />

[Il manque ici quelques paroles qui n’ont pas été écrites en leur temps, et qui ont été<br />

quelque peu oubliées.]<br />

[Ceci a trait à ce qui est plus haut (en introduction) :<br />

474


« Il se réjouit, tel un héros, de courir sa route, etc. ». Ils doivent effectivement<br />

renforcer leur courage <strong>pour</strong> courir cette route, puisqu'à l'époque où Israël était<br />

réprimandés, ils n'avaient qu'à marcher, mais à présent ils doivent courir à grande<br />

vitesse sur cette route ». Fin de citation. Au moment où il a prononcé cette Torah, j’ai<br />

entendu alors, de sa sainte bouche ce sujet avec plus d'explications. Il a évoqué, en<br />

explication sur ce sujet, la question concernant les hommes qui ont mérité de se repentir<br />

de leur passé. Il a déclaré que même si l’on est parvenu à réparer ce qui est passé, malgré<br />

tout, où donc se trouve le temps durant lequel on était loin de Dieu béni soit-Il, durant<br />

lequel on pouvait servir Dieu, béni soit-Il ? Il est bien évident que nous devons réparer<br />

cela (aussi) ! C’est-à-dire compléter et remplir le service que nous aurions pu accomplir<br />

<strong>pour</strong> Dieu béni soit-Il, durant tout ce temps où nous étions réprimandés par Lui, béni<br />

soit-Il et éloignés de Lui. C’est <strong>pour</strong>quoi, après avoir mérité de s’éveiller au repentir, il<br />

faut faire preuve d’un grand empressement <strong>pour</strong> Son service, et courir autant que<br />

possible, <strong>pour</strong> mériter, grâce à cet empressement, de rattraper et de compléter<br />

également le manquement dans ce service des jours passés. A présent, il faut courir très<br />

vite toute cette route sur laquelle on aurait (simplement) marché durant le temps où on<br />

était loin de Dieu, béni soit-Il.<br />

Et c’est en ces termes qu’il s’adressa à ses disciples (en Yiddish) : « Vous devez vous<br />

empresser autant que possible, <strong>pour</strong> pouvoir encore réussir à accomplir quelque<br />

chose ».<br />

TORAH 50<br />

Selon le manuscrit de Rabénou.<br />

« Sauve mon âme du glaive, de la menace du chien » (Ps. 22:21).<br />

Lorsque l’homme porte atteinte à l’Alliance, il n’est plus en mesure de prier selon la<br />

dimension : « Tous mes os proclameront (qui est comme Toi ?) » (Ps. 35:10). Or, lorsque<br />

l’on ne prie pas dans le cadre de cette notion « Tous mes os », dès lors, « Un chien<br />

descend et consume son offrande », autrement dit, sa prière. Par contre, lorsque l’on prie<br />

et que l’on savoure la douceur des mots de la prière, cette dimension est appelée « Tous<br />

475


mes os proclameront ». Or, on ne peut savourer la douceur dans la prière que si l'on a<br />

réparé l'atteinte à l’Alliance. En effet, "l'eau douce" correspond à "l'eau pure". De fait,<br />

celui qui est de l’aspect "eau douce" voit ses paroles devenir douces et bonnes. De plus,<br />

lorsqu’elles sortent de sa bouche et qu’il les fait entendre à ses oreilles, comme nos<br />

Sages le recommandent : « Fais entendre à tes oreilles » (Brakhot 15a), la douceur de<br />

cette eau pénètre les os, de même que : « Une bonne nouvelle fortifie les os » (Prov.<br />

15:30). Et lorsque les os ressentent la douceur des paroles, cela correspond à « Tous mes<br />

os proclament ». Dès lors, un lion (ardent) descend et consume son sacrifice, car l’os<br />

représente le lion $(voir Tikounim).<br />

En revanche, celui qui aurait porté atteinte à son Alliance, évoque les eaux amères,<br />

comme dans le verset : « Ils ne purent boire l'eau de Marah, etc. » (Chémot 15:23), eau<br />

impure, semence impure, il ne peut donc prier selon la dimension : « Tous mes os<br />

proclament ». Un chien descend alors, qui est de l’aspect de l'eau amère, car il<br />

aboie : « Hav Hav !/Donne donne ! » $(voir Tikounim). Il évoque aussi de<br />

« l’amertume/Marah » qui possède deux bouches. Il évoque aussi « l’épée à double<br />

tranchant » (Prov. 5:4), de l'ordre de la Géhenne qui a « deux sœurs qui crient : « Donne,<br />

donne ! » (Prov. 30:15). Ceci correspond à la maladie que l’on appelle «Brekhnich», à<br />

Dieu ne plaise, qui brise les os de l’homme, résultant d’une dégradation de la moelle des<br />

os, correspondant à l'eau impure et à l'eau amère. Une telle maladie est la conséquence<br />

de la tentation de la débauche sexuelle.<br />

C’est <strong>pour</strong>quoi, au sujet du sacrifice pascal, nous avons reçu l’injonction : « Vous ne<br />

briserez aucun os » (Chémot 12:46). [Le Zohar explique qu’on accomplissait avec les os le<br />

commandement « Vous le jetterez aux chiens », pratique qui dérangeait<br />

considérablement les Egyptiens, voir sur place], afin que chacun des enfants d'Israël<br />

puisse distinguer si son Alliance convenait comme il se doit. En effet, à propos du<br />

sacrifice pascal il est écrit : « Nul incirconcis n’en consommera » (Chémot 12:48), car<br />

l’aspect essentiel de ce sacrifice réside dans le commandement de la circoncision,<br />

comme nous le savons. Ainsi, en jetant les os du sacrifice aux chiens, et en voyant si les<br />

chiens s'en emparaient, à Dieu ne plaise, (dans ce cas) ils savaient que l’Alliance n’était<br />

pas convenable, comme elle devrait, à Dieu ne plaise.<br />

C’est ce qui figure dans le Zohar $(III, 80a), sur le verset : « Ne soyez pas comme le cheval,<br />

comme le mulet, etc. » (Ps. 32:9), selon lequel il est question de la souillure de l’Alliance<br />

476


« … auxquels manque l’intelligence » (suite du verset). Puis, (le Zohar) cite le verset : « Et<br />

les chiens de nature effrontée » (Isaïe 56:11) vois sur place. Il s'agit de « Sauve mon âme<br />

du glaive, de la menace du chien »<br />

Par contre, « … Délivre-moi de la gueule du lion », autrement dit, lorsque le lion<br />

consumera mon sacrifice, ce sera <strong>pour</strong> moi une délivrance. C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle,<br />

lorsque le glaive et le chien sont évoqués, il est question de « sauvetage » alors que <strong>pour</strong><br />

le lion, est employé le terme « délivrance ».<br />

Sache en outre, que les effrontés qui caractérisent notre génération sont précisément les<br />

« chiens », comme il est écrit : « Et les chiens, de nature effrontée » (Isaïe 56:11), car ils se<br />

présentent et s’opposent à la prière de l’homme d'Israël qui n’a pas encore réparé<br />

pleinement son Alliance.<br />

Telle est l’affirmation de nos Sages, de mémoire bénie : « Un jeune disciple assis à jeûner<br />

mérite qu’un chien consomme son repas » (Taanit 11b). En effet, le repas d’un Juste est<br />

certainement précieux puisqu’il rassasie son âme sainte, comme il est écrit : « Le Juste<br />

mange <strong>pour</strong> rassasier son âme » (Prov. 13:25). En revanche, ce jeune élève qui s'affame,<br />

et ne sait pas comment rassasier son âme, mérite qu’un chien vienne manger son repas,<br />

car il est dit à leur propos (des chiens) : « Ils ne connaissent pas la satiété » (Isaïe 56:11).<br />

De même (que les chiens) il (l'élève) ne connaît pas le moyen de rassasier son âme<br />

précieuse.<br />

C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle le chien est appelé ChéGueL $(Roch Hachana, 4a), car il<br />

survient en correspondance avec le « désir sexuel/MiChGaL », comme nous l'avons dit.<br />

(Tout ceci ne concerne) que celui qui n’a pas besoin de jeûner, mais jeûne <strong>pour</strong>tant.<br />

Alors, qu’un chien vienne et lui mange son repas ! Par contre, celui qui doit jeûner devra<br />

certainement le faire, car il s'agit d'un commandement (jeûne prescrit par la Torah).<br />

Mais celui-ci relève de "celui qui est assis à jeûner", précisément "assis", <strong>pour</strong> signifier<br />

l’idée de stabilité et d’absence de changement, comme ce qui est rapporté [Ses paroles<br />

s’achèvent ici].<br />

TORAH 51<br />

Après Chavouot 5563<br />

477


« Rabbi Akiva a dit : « lorsque vous atteindrez les pierres de marbre pur, ne dites<br />

pas : « De l’eau, de l’eau ! », ainsi qu’il est dit (Ps. 101:7) : « Celui qui profère des<br />

mensonges ne subsistera pas devant mes yeux ». (‘Haguiga, 14b).<br />

Le « mensonge/CHéKeR » endommage les yeux, matériellement comme spirituellement,<br />

ainsi que (le suggère le verset suivant qui évoque l’arrogance des filles de Sion) : « … qui<br />

maquillent/MéSaKRot leurs yeux » (Isaïe 3:16). En effet, lorsque des yeux<br />

s'assombrissent, ils mentent/MeCHaKRin, ils ne montrent pas l’objet tel qu’il est. Ils<br />

montrent, par exemple, une chose grande comme étant petite ou une chose unique<br />

comme étant double, au contraire de la vérité. En fait, les yeux s’assombrissent du fait<br />

des larmes, comme nos Sages de mémoire bénie l’enseignent : « Les nuages reviennent<br />

après la pluie » (Kohélet 12:2) où il est question de la vue qui baisse, suite aux pleurs<br />

$(Chabat 151b). Les larmes, elles, sont des résidus de la « bile noire », que la nature<br />

expulse vers l’extérieur, par la voie des yeux. La bile noire, vient de la dégradation du<br />

sang. Et le sang, quant à lui, se dégrade du fait du mensonge. Il est en effet impossible de<br />

prononcer un mensonge sans une dégradation préalable du sang. (A l’inverse), il est<br />

impossible de dire une vérité sans avoir auparavant purifié son sang. Car l’essentiel de la<br />

parole vient de l’âme, comme il est écrit : « Mon âme m’a quitté quand Il a parlé »<br />

(Cantique 5:6). De plus, l’âme est le sang, comme il est écrit : « Car le sang est l’âme »<br />

(Dévarim 12:23). Par conséquent, lorsque l’on dit un mensonge, le sang se dégrade, ce<br />

qui provoque la bile noire, des reliquats de laquelle se forment les larmes, qui entraînent<br />

(à leur tour) l'obscurcissement des yeux. Tout cela se rapporte à : « Qui cueillent des<br />

plantes sauvages/Maloua’h sur les arbustes/SIa’H » (Job, 30:4). MaLoua’H fait référence<br />

aux larmes, constituées « d'eau salée/MéLou’Him », causées par la parole/SI’Ha.<br />

Cela correspond également à : « Ne dites pas : "De l’eau, de l’eau !" » qui constitue une<br />

mise en garde contre le mensonge [ainsi il est conclu là-bas : « Comme il est dit : « Celui<br />

qui profère des mensonges ne subsistera pas etc. »]. « De l’eau, de l’eau », correspond au<br />

mensonge, qui coïncide avec les larmes qui sont de l'eau salée. En effet, celui qui boit de<br />

l’eau assouvit sa soif, tandis que celui qui boit de l’eau salée, non seulement ne contente<br />

pas sa soif mais, pire encore, accroît davantage encore sa soif, au point qu’il se voit<br />

contraint de boire une autre eau <strong>pour</strong> contenter cette soif. C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle,<br />

le mensonge s'appelle : « De l’eau, de l’eau ». En cela : « Ne dites pas « De l’eau, de l’eau »,<br />

478


ce qui équivaudrait au mensonge, et il est écrit : « Celui qui profère des mensonges ne<br />

subsistera pas devant mes yeux ».<br />

L'origine du mensonge, qui est le mal, qui est l'impureté, résulte d’un éloignement de<br />

l’Unité. En effet, le mal équivaut à l'opposition. Ainsi par exemple, tout ce qui s’oppose à<br />

la volonté de l’homme est perçu (par lui) comme un mal. De plus, dans l'Unité,<br />

l'opposition n’a pas sa place puisque tout est bien. C’est en cela que nos Sages, de<br />

mémoire bénie, enseignent : « En ce jour, l'Eternel sera Un » (Zékharia 14:9). « Tout sera<br />

bien et bénéfique » (Pessa’him 50a), car dans l'Un, on ne peut parler de mal. De ce fait,<br />

dans les temps futurs se réalisera le verset : « Une langue de vérité demeure à<br />

jamais » (Prov. 12:19), car tout sera Un et tout sera bon. En effet, la vérité est<br />

(fondamentalement) Une. Par exemple, s'il on dit d'un ustensile d'argent qu’il s’agit d’un<br />

ustensile en argent, c’est la vérité. En revanche, lorsque l’on dit de cet ustensile qu’il est<br />

en or, c’est un mensonge. Il en ressort donc que la vérité est une, car il est impossible de<br />

dire la vérité sans dire simplement qu’il s’agit d’un ustensile en argent et rien d’autre.<br />

(La vérité est donc unique, alors que) par contre, le mensonge est multiple en ce sens<br />

qu’il est possible d’affirmer qu’il s’agit d’un ustensile en or et en cuivre ou d’autres<br />

qualificatifs de cet ordre. Nous voyons ainsi que le mensonge évoque le verset suivant : «<br />

Ils ont eu recours à de nombreux calculs » (Kohélet 7:29).<br />

De ce fait, dans les temps futurs, le mal sera annulé, l’opposition sera annulée et les<br />

larmes disparaîtront, ainsi qu’il est écrit : « Ils ne feront plus le mal, (plus de violence sur<br />

toute ma montagne sainte, car la terre sera pleine de la connaissance de Dieu, comme l’eau<br />

abonde dans le lit des mers) » (Isaïe 11:9), il s'agit donc de l’annulation du mal. Il est écrit<br />

par ailleurs : « Le loup vivra avec l’agneau, le tigre avec la brebis (veau, lionceau et bélier<br />

vivront ensemble et un jeune enfant les conduira.) » (Isaïe 11:6), il s'agit de l’annulation<br />

de l’opposition. (Il est écrit également) « l’Éternel Dieu fera sécher les larmes sur tous les<br />

visages » (Isaïe 25:8), cela (nous parle de) la disparition des larmes, qui correspond au<br />

mensonge, comme nous l’avons vu. En effet, « L'Eternel sera alors Un et Son Nom sera<br />

Un » (Zékharia 14:9), cela représente le bien total et la vérité totale, comme nous l'avons<br />

vu. Voilà <strong>pour</strong>quoi, dans les temps futurs, l’impureté sera abolie, ainsi qu’il est dit : « Et<br />

Je retirerai l’esprit d’impureté de la terre » (Zékharia 13:2), car tout sera alors totalement<br />

Un, ainsi qu’il est écrit : « Qui <strong>pour</strong>rait tirer quelque chose de pur de ce qui est impur ? Pas<br />

479


Un ? » (Job, 14). [Autrement dit, la mainmise de la pureté et de l’impureté est fonction<br />

essentiellement de la notion d’éloignement par rapport au « Un »].<br />

En effet, avant la Création, lorsque la Création était (encore) au stade de « potentiel », si<br />

l’on peut dire, avant de devenir « effective », tout était un, tout était vérité, tout était bon<br />

et tout était sainteté. Même le qualificatif de « pur » n’avait aucune raison d’être, puisque<br />

le « pur » n’a de sens que si l’impureté existe. C’est en ce sens qu’il est écrit : « Vous vous<br />

purifierez de toutes vos impuretés » (Ezéchiel. 36:25). +Mais lorsque tout est Un, il n’est<br />

nulle place <strong>pour</strong> les « nombreux calculs » qui constituent l’essentiel du mal et de<br />

l’impureté, comme nous l’avons vu. En effet, la pureté constitue la phase intermédiaire<br />

entre la sainteté et l’impureté en vertu de laquelle l’impureté est corrigée, de même que<br />

dans : « Vous vous purifierez de toutes vos impuretés ». Cela correspond à la notion de<br />

libre-arbitre qui est l’intermédiaire entre deux choses, mais cela n’a aucune raison d’être<br />

avant la Création, car tout alors était Un. En effet, dans l’Un, on ne saurait parler de librearbitre,<br />

puisqu'il correspond à la pureté. Par contre, lorsque le Saint béni soit-Il fit sortir<br />

le monde de son état « potentiel » vers celui « d'effectif », la dimension de pureté<br />

apparut aussitôt, car lorsqu’Il fit sortir de l’état « potentiel » vers l’état « effectif », il y<br />

avait (déjà) deux choses : la notion d'Unité d’une part et celle de Création de l’autre. Ce<br />

n'est qu’alors que l'on peut parler de libre-arbitre, de pureté, intermédiaire entre l’Un,<br />

car il est proche de lui, sans être parvenu encore aux « nombreux calculs »,<br />

correspondant au mal et à l’impureté. Ceci constitue néanmoins une trace et un signe de<br />

l’enchaînement (des mondes) permettant de descendre d'un niveau à l'autre jusqu’à<br />

devenir mal et impureté.<br />

C’est en ce sens qu’il est écrit dans le Zohar $(I, 48a) que « le principal appui de<br />

l’impureté provient du Côté gauche », car la pureté suppose l’existence de l’impureté, et<br />

elle sous-entend la possibilité de descente progressive jusqu’à l’impureté. C’est en outre<br />

la raison <strong>pour</strong> laquelle il reste possible de purifier et d’élever l’impureté jusqu'à la<br />

pureté, puisqu'elle provient elle-même, à l’origine, de la pureté, comme il est<br />

écrit : « Vous vous purifierez de toutes vos impuretés ». En résumé, l’essentiel de l’emprise<br />

de l’impureté provient de la pureté, qui relève du libre-choix, comme nous l’avons vu. En<br />

outre, la pureté est de l'ordre de la gauche, liée à la dimension « Lévi » : « Tu purifieras<br />

les enfants de Lévi » (Bamidbar 8:6) et Lévi correspond à la gauche, comme on le sait.<br />

C’est <strong>pour</strong>quoi l’essentiel de la mainmise de l’impureté vient de la gauche, car la gauche<br />

480


a son origine dans la pureté, d’où provient essentiellement l’emprise de l’impureté,<br />

comme nous l'avons vu.<br />

Autrement dit les dimensions de « gauche », de « pureté », de « libre choix », d’où<br />

provient l’essentiel de l'avènement progressif de l’impureté, c’est-à-dire du mal et de<br />

l’opposition, du mensonge, comme nous l’avons vu, tout cela émane de la dimension de<br />

l’après-création, une fois la Création sortie du potentiel (<strong>pour</strong> devenir) l'effectif, dès lors<br />

qu’existaient, si l’on peut dire, deux dimensions : celle de l’Un d’une part, celle de la<br />

Création de l’autre, comme nous l’avons déjà vu. Il en ressort que l’emprise du<br />

mensonge, qui est impureté etc., provient essentiellement de l'éloignement de l’Un, de la<br />

dimension postérieure à la Création.<br />

Mais du fait de la Providence divine, bénie soit-Elle, y compris après la mise en œuvre de<br />

la transition de ce monde, de son état potentiel vers son état effectif, toutes les choses<br />

sont (malgré tout) en union avec Lui. Le mal puise dans les « résidus » de la Providence<br />

divine, autrement dit, de « derrière son épaule » $(voir Zohar III 184a), comme on le sait,<br />

alors qu’il est éloigné de l’Un. Mais grâce à la vérité, la Providence divine est sur lui,<br />

comme il est écrit : « Mes yeux sont tournés vers les loyaux de la terre » (Ps. 101:6). En<br />

outre, le mensonge, qui est le mal, a <strong>pour</strong> effet d'écarter la Providence de Dieu, béni soit-<br />

Il, ainsi qu’il est dit : « Celui qui profère des mensonges ne subsistera pas devant mes yeux »<br />

(Ps. 101:7), et sa vitalité n’est dispensée que par « derrière l’épaule ». Par conséquent,<br />

celui qui souhaite être complètement Un, postérieurement à l’œuvre au passage (de la<br />

Création) du potentiel vers l'effectif, (celui qui désire) être père et fils à la fois, comme il<br />

l’était à l’origine, à l’état potentiel, devra se préserver du mensonge. C’est en vertu de<br />

cela que la Providence divine sera sur lui. C'est ainsi qu'il sera tout entier Un.<br />

Telles sont les paroles de Rabbi Akiva : « Lorsque vous atteindrez les pierres de<br />

marbre/CHaYiCH pur, etc. ». Marbre pur fait référence au stade postérieur à l'œuvre<br />

(de la Création), qui est le YeCH/l’existence (concrète). C’est (seulement) alors qu’il peut<br />

être question de « pur », comme nous l'avons vu.<br />

Si tu souhaites être comme avant l'œuvre, (lorsqu’elle était) au stade potentiel, père et<br />

fils ensemble, ce dont il s'agit dans : « Lorsque vous atteindrez les pierres/AVNé etc. »,<br />

de l'ordre de père/AV et fils/veN ensemble, qui est relatif à la dimension antérieure à la<br />

Création, lorsqu’elle était en potentiel, lorsque tout était Un.<br />

« Marbre pur » fait référence à l’après Création, de l’ordre de l’existence concrète et de<br />

la pureté.<br />

481


Si vous aspirez à joindre "marbre pur" et "pierres", ne dites pas « De l’eau, de l’eau ».<br />

Il s'agit du mensonge, comme nous l'avons vu, tel qu'il est écrit : « Celui qui profère des<br />

mensonges ne subsistera pas devant mes yeux » (Ps. 101:7). En effet, du fait du mensonge,<br />

on éloigne de soi la Providence divine, béni soit-Il, et on se trouve loin de l’Un. En<br />

revanche, avec à la vérité, la Providence divine repose sur soi et grâce à la Providence<br />

tout devient Un, comme c’était (le cas) avant la Création, comme rappelé plus haut.<br />

Voilà <strong>pour</strong>quoi, la récompense du monde futur est « Nul œil ne l’a contemplé à part Toi,<br />

Dieu » (Isaïe 64:3 ; voir Brakhot 34). En effet, puisque tout sera Un, il n’y aura pas d’œil<br />

<strong>pour</strong> voir, à l’exception de "Toi, Dieu".<br />

[Il (Rabénou) a dit alors que] sur ce point également se pose une question impossible à<br />

résoudre. En effet, s’il en était ainsi, comment la répartition de la récompense serait-elle<br />

attribuée à chacun en fonction de son niveau, de son travail et de son effort en ce monde<br />

<strong>pour</strong> Dieu béni soit-Il ? Car il est certain que même à la fin ultime, tous ne seront pas<br />

égaux. De fait, lorsque tout sera Un, comment (<strong>pour</strong>ra t-on) parler de distinguer entre un<br />

homme et son prochain selon son niveau ? Il y a sur ce point un secret que l’on ne peut<br />

pas comprendre, car la chose nous dépasse.<br />

[En référence à ce qui apparaît plus haut].<br />

Voilà <strong>pour</strong>quoi le mensonge est nuisible <strong>pour</strong> les yeux. Avec le mensonge, on repousse<br />

les Yeux de la Providence divine, béni soit-Il. Et c'est ce qui endommage les yeux qui<br />

correspondent à la Providence, comme expliqué plus haut. Le mensonge résulte en effet<br />

de l’éloignement de l’Un, d’où provient essentiellement la mainmise de l’impureté, qui<br />

est le mal et le mensonge, comme nous l'avons vu. C'est la raison <strong>pour</strong> laquelle, on nuit à<br />

la Providence à cause du mensonge et l'on éloigne ainsi de nous la Providence divine,<br />

bénie soit-Elle. En effet, grâce à la Providence de Dieu béni soit-Il, tout est Un, après la<br />

Création comme avant la Création. Mais le mensonge a <strong>pour</strong> effet de porter atteinte à<br />

l’unité. Le mensonge est loin de l’Un, comme nous l'avons vu. Ainsi, on repousse la<br />

Providence avec le mensonge et on sépare, à Dieu ne plaise, la dimension postérieure à<br />

la Création d’avec la dimension antérieure à la Création. C'est de là que provient<br />

essentiellement l’emprise de l’impureté, comme rapporté plus haut. En revanche, avec la<br />

vérité, qui est l’aspect de l’Unité totale, du bien total, on attire la Providence de Dieu béni<br />

482


soit-Il, et tout devient alors Un. Car par la Providence divine, l’après Création se fond<br />

dans l’avant Création, comme nous l'avons vu.<br />

C’est ce que Rabbi Akiva a dit, etc.<br />

[Cet enseignement se trouve ainsi relié convenablement, son commencement à sa fin et<br />

sa fin à son commencement, ainsi qu'à son milieu. Comprends bien cela.]<br />

TORAH 52<br />

Début de l’année 5563<br />

Selon le manuscrit de Rabénou.<br />

« Rabbi ‘Hanina ben ‘Ha’hinay dit : « Celui qui reste éveillé la nuit, qui part sur les<br />

routes isolées et laisse son cœur s’abandonner au vide – un tel homme se rend<br />

redevable sur sa vie» (Avot, 3:4)<br />

Certains hérétiques affirment que le monde existe comme une « réalité nécessaire ».<br />

Pour étayer leurs vaines et fausses croyances, ils imaginent des preuves et des<br />

démonstrations à partir de leur observation des règles de ce monde. Mais en réalité,<br />

leurs bouches profèrent des inepties, puisque le monde et tout ce qu’il renferme, ne<br />

constituent qu’une « réalité contingente », car seul le Saint béni soit-Il, exclusivement,<br />

existe de manière absolument nécessaire. En revanche, l’ensemble des mondes (qu’Il a<br />

créés) et tout ce qu’ils contiennent, ne sont que des réalités conditionnelles, dans la<br />

mesure où le Saint béni soit-Il les a créés à partir du néant (ex-nihilo). Ils dépendent<br />

donc de Son pouvoir, de Sa puissance et de Son choix de les créer ou de ne pas les créer.<br />

En cela, le monde et tout ce qu’il renferme ne sont qu’une réalité contingente.<br />

Dès lors, d’où provient cette erreur, cette opportunité de croire, à Dieu ne plaise, que<br />

l'existence du monde est nécessaire ? Sache que cela vient en vérité, du fait que lorsque<br />

que les âmes d'Israël ont été générées et sont apparues, le monde s’est trouvé dès lors,<br />

très certainement, devenir d'une réalité nécessaire. Le monde et tout ce qu’il renferme<br />

n’a été créé qu’en faveur d’Israël, comme on le sait, et Israël gouverne le monde. De ce<br />

483


fait, dès lors que les âmes juives ont émané <strong>pour</strong> être créées, le Saint béni soit-Il fut, si<br />

l’on peut dire, « contraint » de créer et de faire subsister le monde. Car (l’existence du<br />

monde) est la condition de l'émanation des âmes d'Israël, tous les mondes ont été créés<br />

en leur faveur. Cependant, les âmes d'Israël elles-mêmes, de par leur émanation, elles,<br />

ainsi que tous les mondes dépendants d’elles, constituent une « réalité contingente »,<br />

puisqu’Il avait la possibilité de les faire émaner (ou non), de les créer ou ne pas les créer.<br />

Mais dès que le Saint béni soit-Il éprouva le désir de faire apparaître les âmes d’Israël, le<br />

monde tout entier entra alors dans la dimension de « réalité nécessaire ». En effet, une<br />

fois les âmes d'Israël émanées, Il se trouva, si l’on peut dire, obligé de créer le monde,<br />

puisque c’est dans ce seul but qu’Il fit émaner leurs âmes, dans le but que tous les<br />

mondes soient créés <strong>pour</strong> elles et que celles-ci dominent sur tout. Comprends bien cela<br />

car telle est l’origine de l’erreur des hérétiques qui prétendent que l'existence du monde,<br />

à Dieu ne plaise, est une nécessité alors qu’en réalité, le Saint béni soit-Il est la seule et<br />

exclusive nécessité et tout le reste n’a qu’une existence contingente, comme nous l'avons<br />

dit.<br />

Le dessein divin, lorsqu’Il créa le monde entier <strong>pour</strong> Israël, était qu’il réalise Sa Volonté<br />

et qu’il retourne se rattacher à sa Source. En d’autres termes, qu’il (Israël) revienne se<br />

fondre en Lui, béni soit-Il, qui est l’Existence nécessaire. Telle est la finalité de toute la<br />

création. Par conséquent, en accomplissant la volonté divine, et en s’incluant dans sa<br />

source qui est la réalité nécessaire, Israël permet d’y inclure le monde entier qui fut créé<br />

<strong>pour</strong> lui, dans l'existence nécessaire.<br />

La finalité majeure de la Création du monde était en effet (d’atteindre) ce but, et c’est<br />

uniquement <strong>pour</strong> cette raison que le Saint béni soit-Il se retrouva, si l’on peut dire,<br />

« contraint » de créer et de maintenir tous les mondes en faveur d’Israël, afin qu’ils<br />

accomplissent Sa volonté. Telle est la raison <strong>pour</strong> laquelle, précisément lorsqu’ils<br />

accomplissent la volonté divine, le monde entier entre dans la dimension de réalité<br />

nécessaire et obligatoire, comme nous l'avons dit. En effet, plus ils accomplissent Sa<br />

volonté, plus ils s'incluent et (incluent) avec eux tous les mondes dépendant d’eux, dans<br />

cette dimension nécessaire. En effet, en accomplissant la volonté de Dieu, les âmes<br />

d'Israël retournent fusionner en Lui, béni soit-Il, Lui qui est l’Existence inconditionnelle.<br />

Dès lors, les mondes dépendant des âmes juives sont également inclus dans cette<br />

dimension nécessaire.<br />

484


Cependant, obtenir le mérite de s’inclure dans sa source, c’est-à-dire de retourner se<br />

fondre dans l’Unité de Dieu, béni soit-Il, dont l’Existence est nécessaire, n’est possible<br />

que par l’annulation de soi-même. L’homme doit totalement faire abstraction de luimême<br />

jusqu’à se voir inclus dans l’Unité du Saint béni soit-Il.<br />

Or, il est impossible d’atteindre ce niveau d'abnégation sans le recours à<br />

« l’isolement/Hitbodedout ». En effet, lorsque l’homme s’isole <strong>pour</strong> parler à Son Créateur,<br />

il parvient ainsi à annuler toutes ses tentations et tous ses mauvais traits de caractère,<br />

jusqu’à abolir toute sa dimension matérielle <strong>pour</strong> se fondre en sa source.<br />

Cet isolement doit se dérouler essentiellement la nuit, à l’heure où les hommes<br />

s’affranchissent des préoccupations (matérielles) diverses de ce monde. Car en journée,<br />

la course aux affaires de ce monde perturbe l’homme et l’empêche de s’attacher et de<br />

s’inclure dans le Saint béni soit-Il. Et même s’il n’est pas lui-même troublé, dans la<br />

mesure où le monde est troublé et affairé à courir après les futilités mondaines, il lui est<br />

difficile de parvenir à cette annulation de soi.<br />

L’isolement doit également se dérouler dans un endroit spécifique, en dehors de la ville,<br />

sur un chemin isolé, en un endroit où les gens ne passent pas. En effet, en un lieu, où, en<br />

journée, les gens ont l’habitude de passer, courant après les affaires de ce monde, même<br />

si <strong>pour</strong> l’heure, ils ne l’empruntent pas, ce lieu peut perturber l’isolement. En pareil cas,<br />

l’homme ne parvient pas à s’annuler et à s’inclure en Lui, béni soit-Il.<br />

C’est <strong>pour</strong> cela qu’il doit sortir la nuit, en solitaire, sur un chemin retiré, en un lieu qui<br />

n’est fréquenté par personne. C’est là-bas qu’il devra s’isoler. Il videra son cœur et son<br />

esprit de toute préoccupation liée à ce monde. Il effacera tout, jusqu’à mériter de<br />

parvenir véritablement à un tel degré de détachement. Autrement dit, il commencera<br />

par abonder en prières et en paroles pendant son isolement nocturne, sur un chemin<br />

isolé, comme nous l’avons dit, jusqu’à parvenir à annihiler tel mauvais trait de caractère<br />

ou telle mauvaise tentation. Par la suite, il s’efforcera de <strong>pour</strong>suivre la pratique d'un tel<br />

isolement, jusqu’à annuler un autre trait de caractère et une autre tentation. Ainsi, il<br />

consacrera un temps important à cet isolement, à l'heure définie plus haut, dans le lieu<br />

déterminé plus haut, jusqu’à tout faire disparaître (de ses qualités morales douteuses).<br />

Et si toutefois, quelque défaut subsiste encore, il l’annulera également, jusqu’à ce qu’il<br />

n’en reste rien.<br />

[En d’autres termes : il arrive parfois qu’après avoir annulé toutes les tentations et tous<br />

les traits de caractère négatifs, subsiste néanmoins quelque chose qu’il n’ait pas<br />

485


totalement encore annulé dans son orgueil et son physique. (Il est toujours possible<br />

qu’une) telle personne se considère encore à ses propres yeux comme (représentant)<br />

"quelque chose". Voilà <strong>pour</strong>quoi il convient de fournir des efforts et de pratiquer autant<br />

que possible l’isolement, jusqu’à ce que rien de négatif ne subsiste en lui, qu'il accède<br />

véritablement au niveau de « Ma’/quoi » (dans le sens de « que suis-je ? ») et qu’il<br />

acquière véritablement ce niveau d'abnégation.]<br />

Lorsqu’il arrive à un tel niveau de réelle annulation de sa propre personne, son âme<br />

s’inclut alors dans sa source, c’est-à-dire en Lui, béni soit-Il, l’Existence nécessaire. Le<br />

monde tout entier s’inclut alors avec son âme, en sa source, la réalité inconditionnelle,<br />

car tout dépend de lui, comme nous l'avons dit plus haut. Le monde tout entier, grâce à<br />

lui, entre alors dans cette dimension de réalité nécessaire, dont il est question plus haut.<br />

Tu vas voir à présent des merveilles de merveilles : de quelle manière tout ceci est<br />

clairement explicite dans la Michna citée plus haut (en introduction). Ainsi :<br />

« Celui qui est éveillé la nuit » - au sens littéral : il est éveillé la nuit, s’isole et parle à<br />

son Créateur.<br />

« Qui part sur les routes isolées » - comme nous l’avons vu : qui prend précisément un<br />

chemin isolé, un endroit fréquenté par personne. Ce sont là les conditions parfaites<br />

requises <strong>pour</strong> l’isolement : la nuit précisément et sur une route isolée. Le tout permet<br />

d’arriver à ce niveau d’annulation. C’est <strong>pour</strong>quoi :<br />

« Et laisse son cœur s’abandonner au vide » - il vide son cœur de toutes les<br />

préoccupations de ce monde, « vide/futilités », LéBaTaLa, c’est-à-dire, <strong>pour</strong> parvenir au<br />

degré d’annulation, de BiTouL. Il mérite alors de voir son âme s’inclure dans la réalité<br />

inconditionnelle et tous les mondes, en même temps que son âme, s’incluent dans la<br />

réalité nécessaire. Tel est le sens de :<br />

« Un tel homme se rend redevable/’HaYaV de sa vie » - le monde entier, ainsi que son<br />

âme, se fondent dans la réalité nécessaire/me’HouYaV. Car en s’isolant, il est parvenu à<br />

un stade d'annulation de soi tel, que son âme s’inclue dans l’Existence nécessaire. De la<br />

sorte, avec son âme, le monde tout entier est inclus dans l’Existence nécessaire vue plus<br />

haut. Tel est le sens de « Un tel homme se rend redevable de sa vie ».<br />

(Ce qui suit est la propre version de Rabénou de cette Thora qu’il rédigea de manière<br />

extrêmement succincte :)<br />

486


« Celui qui part sur les routes isolées, qui est éveillé la nuit… ». Sache que<br />

l’annulation de soi consiste essentiellement à effacer tout sentiment d’existence propre<br />

afin d’atteindre la dimension de « néant » et de s’inclure dans l’Unité du Saint béni soit-Il.<br />

Cela n’est possible que par l’isolement/Hitbodedout. Cet isolement requiert un lieu et un<br />

temps spécifiques, afin qu'aucune entrave ne vienne le troubler. Le temps propice à cela<br />

est la nuit, ainsi qu’il est dit « Celui qui reste éveillé la nuit », c'est-à-dire pendant que les<br />

gens dorment. Quant au lieu : « sur une route isolée » et non pas sur une route<br />

fréquentée par de nombreuses personnes, qui <strong>pour</strong>raient le troubler. Précisément donc,<br />

sur une route que peu de gens empruntent, sur laquelle il <strong>pour</strong>ra s’isoler : « Qui part sur<br />

les routes isolées ». Cela lui permet de libérer totalement son cœur <strong>pour</strong> atteindre un<br />

tel niveau d’annulation de tout sentiment d’existence. C'est ce qui est dit : « Qui laisse<br />

son cœur s’abandonner au vide ». Lorsqu’il s’annule totalement, il parvient alors à se<br />

fondre dans l’Unité du Saint béni soit-Il. Il entre dans la dimension d’existence<br />

nécessaire, car le Saint béni soit-Il est « réalité nécessaire/me’HouYaV », alors que toutes<br />

les autres choses (de la création) ne sont que des réalités contingentes. En s’annulant et<br />

en s’incluant dans Son Unité, il s’extrait alors de la dimension potentielle <strong>pour</strong> entrer<br />

dans celle de l’inconditionnel. Tel est le sens de « Un tel homme se rend<br />

redevable/’HaYaV de sa vie ».<br />

TORAH 53<br />

Selon le manuscrit de Rabénou<br />

La fécondité dépend principalement de (la lettre) Hé, comme il est écrit : « Voici/Hé <strong>pour</strong><br />

vous de la semence » (Bér. 47:23). De fait, Avraham et Sarah ne pouvaient engendrer<br />

avant de parvenir à ce Hé. Car la fécondité résulte essentiellement de la Connaissance,<br />

ainsi : « Adam connut ‘Hava etc. » (Bér. 4:25). Voilà <strong>pour</strong>quoi un enfant (car il est dénué<br />

de connaissance) ne peut engendrer (Sanh. 68b). L’essentiel de la Connaissance consiste<br />

à faire usage de son intelligence, autrement dit, à faire passer son intellect du potentiel à<br />

l'effectif. Car même l'enfant est <strong>pour</strong>vu de connaissance, mais chez lui, la connaissance<br />

est encore potentielle et non pas effective. Il n’a pas encore utilisé sa connaissance et ne<br />

l’a pas fait sortir du potentiel vers l'effectif. Quant à celui qui possède une connaissance<br />

parfaite, qu’il a faite passer du potentiel à l'effectif et qui a saisi par sa connaissance ce<br />

qu’il est humainement possible de saisir, celui-ci est proche de la Connaissance du Saint<br />

487


éni soit-Il. Il n’existe plus alors de distinction entre la connaissance de l’homme et la<br />

Connaissance du Saint béni soit-Il, si ce n’est cinq choses, comme il est rapporté $(Zohar<br />

‘Hadach, Chir Ha Chirim). Sa connaissance se nourrit de la Connaissance du Saint béni<br />

soit-Il, qui relève de la dimension du Hé. Il peut alors engendrer.<br />

Parfaire sa connaissance <strong>pour</strong> parvenir à une connaissance parfaite, n’est possible que<br />

par le biais des relations entretenues avec les autres hommes dans le but de les<br />

rapprocher du service de Dieu, béni soit-Il. C’est en agissant ainsi que sa connaissance se<br />

parfait. Car les autres hommes affinent sa connaissance (celle d’un tel homme), de même<br />

que : « Et c’est de mes élèves que j’ai le plus appris » (Makot 10a). C’est <strong>pour</strong> cette raison<br />

que les élèves sont appelés « enfants » (Sifré Bamidbar 6:7). C’est en effet par leur<br />

intermédiaire que vient la fécondité. Voilà <strong>pour</strong>quoi Avraham et Sarah déployèrent de<br />

grands efforts <strong>pour</strong> convertir des hommes et des femmes, et c’est grâce à cela (à ces<br />

efforts) qu’ils ont parfait leur connaissance et se sont rapprochés de ce Hé, c’est-à-dire<br />

de la Connaissance du Saint béni soit-Il. Ils ont mérité ainsi des enfants. En effet, les<br />

prosélytes leur permirent d'agrandir leur connaissance, de même que : «Et c’est de mes<br />

élèves que j’ai le plus appris ».<br />

En revanche, celui dont la connaissance est imparfaite, qui (reste) loin de la<br />

connaissance de l’homme et à plus forte raison de la Connaissance de Dieu, béni soit-Il,<br />

(celui-ci) correspondant à la dimension du Hé, équivaut à un enfant, incapable<br />

d’engendrer. C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle les Justes se fatiguent et courent après les<br />

êtres humains afin de les rapprocher du service de Dieu. Cela ne vise nullement à<br />

accroître leur honneur, à Dieu ne plaise, mais à parfaire leur connaissance, comme : « Et<br />

c’est de mes élèves que j’ai le plus appris ». C’est <strong>pour</strong> cette raison, que le pouvoir de<br />

délivrer des femmes de leur stérilité est entre les mains des Justes, puisque leur<br />

connaissance est parfaite et qu’ils sont proches de la Connaissance Supérieure.<br />

Cinq choses seulement, séparent leur connaissance de la Connaissance divine. Et ces<br />

cinq choses constituent précisément la Connaissance divine, d’où provient la fécondité.<br />

C'est de cela qu’il s'agit dans : « Trois choses élargissent la connaissance de l’homme :<br />

une belle épouse, une (belle) maison et de (beaux) ustensiles » (Brakhot 57b).<br />

« Une belle épouse », correspond à la matière, appelée « femme ». (Il faut, autrement dit,)<br />

que l’homme soit d’une matière mesurée avec équilibre, digne de recevoir la<br />

connaissance.<br />

488


« Une belle maison » : il s'agit de la crainte (de Dieu), comme il est enseigné $(Chabat<br />

31b) : « Pitié <strong>pour</strong> celui qui n’a pas de maison » (Le Talmud associe la crainte de Dieu et<br />

la maison), car la crainte de la faute doit précéder la sagesse $(Avot 3:9).<br />

« Ustensiles », il s'agit des élèves méritants qui recevront son enseignement.<br />

Ainsi, lorsque l’on dispose de toutes ces aptitudes, on est apte à parvenir à la<br />

connaissance parfaite.<br />

Voici les cinq choses qui marquent la différence entre Sa connaissance et la nôtre :<br />

La première : Sa Connaissance unique inclut de nombreuses connaissances, sans qu’il y<br />

ait de multiplicité dans Sa Connaissance.<br />

La seconde : Il connaît les choses avant leur existence, y compris lorsqu’elles n’ont<br />

aucune existence (réelle).<br />

La troisième : Sa Connaissance englobe des choses infinies (de même que Dieu Luimême<br />

est infini).<br />

La quatrième : Sa Connaissance ne subit aucune modification, et il n’y a aucun<br />

changement lorsqu’il connaît une chose en potentiel et que cette chose devient effective.<br />

La cinquième : Sa Connaissance n'entrave nullement le caractère contingent d'une<br />

chose quelconque (Sa connaissance du résultat final n’interdit pas aux participants à un<br />

événement futur, leur capacité de choisir comment ils agiront).<br />

[Fin de citation de sa parole, que sa mémoire soit bénie. Voici à présent une seconde<br />

version que j’ai moi-même écrite (Rabbi Nathan) et qui traite un peu de ce sujet, telle<br />

que je l’ai entendue. La voici :]<br />

Lorsqu’un homme mérite la connaissance parfaite, c'est-à-dire lorsqu’il mérite de savoir<br />

qu’il est humainement impossible d’en savoir davantage, c’est alors que la différence<br />

entre la Connaissance parfaite de l’homme et la Connaissance du Saint béni soit-Il se<br />

distinguent en cinq points, expliqués dans les livres. L’homme doit donc s’efforcer de<br />

parvenir à la connaissance parfaite, jusqu’au niveau où il devient humainement<br />

impossible de connaître davantage. L’écart entre sa propre connaissance et celle de Dieu<br />

béni soit-Il se situera seulement sur ces cinq points. C’est qu’en effet, ces cinq choses<br />

sont inaccessibles à l’intellect humain sauf par celui qui dépasse le genre humain.<br />

Toutefois, mériter la perfection de la connaissance passe par les « convertis », comme<br />

l’ont affirmé nos Sages, de mémoire bénie : « J’ai appris beaucoup de mes maîtres, et<br />

489


c’est de mes élèves que j’ai le plus appris ». En effet, la connaissance se parfait via les<br />

objections et les questions de chacun. Car chacun possède ses propres freins dans son<br />

service divin, béni soit-Il, et il faut répondre aux questions de tous.<br />

Grâce à cela, l’on mérite (d'avoir) des enfants. En effet, un enfant ne peut engendrer<br />

puisque sa connaissance n’est pas parfaite. Mais lorsque l’on mérite une connaissance<br />

parfaite, on obtient le mérite d’avoir des enfants. C’est ainsi qu’Avraham, qui<br />

convertissait les hommes, et Sarah les femmes (Bér. Raba 39), reçut ainsi la perfection<br />

de la connaissance, car il n’y avait pas de différence entre sa connaissance et celle du<br />

Saint béni soit-Il, à l’exception de ces cinq points. Grâce à cela, il mérita le Hé, comme<br />

évoqué plus haut. C’est <strong>pour</strong>quoi Avram n’engendre pas, mais Avraham (avec la lettre Hé<br />

rajoutée à son nom) peut engendrer (Idem, 44:16). Par la connaissance parfaite, du<br />

niveau du Hé, il mérita d’engendrer.<br />

TORAH 54<br />

Chabat ‘Hanouka 5565<br />

Selon le manuscrit de Rabénou<br />

« Ce fut au terme de deux années que Pharaon eut un songe, le voici debout au bord du<br />

fleuve. Et voici que du fleuve sortaient sept vaches etc. » (Bér. 41:1-2).<br />

« L'Eternel mon Dieu, Tu es très grand, Tu t’es revêtu de splendeur et de majesté. Tu<br />

t’enveloppes de lumière comme d’un manteau, Tu déploies les cieux comme une tenture »<br />

(Ps. 104:1-2).<br />

1- Il faut énormément préserver sa mémoire afin de ne pas sombrer dans l’oubli qui<br />

correspond à la notion de « mort du cœur ». La mémoire, <strong>pour</strong> l'essentiel, consiste à se<br />

souvenir constamment du Monde futur, et ne pas s’imaginer, à Dieu ne plaise, qu’il n’y a<br />

que ce monde-ci. C’est en attachant sa pensée au Monde futur que se réalise l'unification<br />

de « L’Éternel mon Dieu » [car « L’Éternel mon Dieu » correspond au « Nom Complet »,<br />

490


qui relève (lui-même) du Monde futur, comme il est rapporté. Ainsi est-il expliqué dans<br />

le Zohar sur ce verset : « L'Éternel mon Dieu » (Ps. 7:2), il s'agit du commencement de la<br />

foi, et de l’élévation de la pensée vers le Monde futur » (II, 98a)]<br />

2- Ce souvenir constant du Monde Futur, le fait de connecter sa pensée au monde avenir,<br />

se retrouve sur un plan général et sur un plan particulier. Sur le plan général, telle est<br />

l’attitude qui convient à ceux qui craignent Dieu : Aussitôt réveillé le matin, avant même<br />

de commencer quoi que ce soit, on se souvient immédiatement du Monde futur. Et on<br />

applique ensuite ce principe au plan particulier (c'est-à-dire dans le détail de nos actions<br />

quotidiennes).<br />

En effet, ce monde tout entier est le revêtement des niveaux inférieurs de la sainteté,<br />

c'est-à-dire des « pieds » de la Sainteté : « Et la terre est Mon marchepied » (Isaïe 66:1).<br />

Cependant, bien qu’il existe aussi un dévoilement de certains niveaux supérieurs de la<br />

sainteté dans ce monde, ce dévoilement ne se révèle pas réellement dans ce monde. Il<br />

est plutôt question d’un reflet qui rayonne vers la dimension des « pieds ». Aussi, c’est<br />

cette dimension « pieds » qui se révèle principalement dans ce monde.<br />

Ainsi, chaque jour possède sa pensée, sa parole et son action. En effet, le Saint béni soit-Il<br />

contracte Sa divinité depuis l'infiniment grand jusqu'à l'infiniment petit, jusqu’au point<br />

central de ce monde matériel sur lequel on se tient. Il occasionne <strong>pour</strong> chaque homme<br />

une pensée, une parole et une action selon le jour, l’être et le lieu. Il (Dieu) habille cette<br />

pensée, cette parole et cette action de messages implicites, afin de nous rapprocher de<br />

Son service. Ainsi, on doit examiner sa pensée en ce qui concerne cette action, et<br />

développer son intelligence de façon à comprendre les allusions (contenues) dans<br />

(chaque) détail, dont Dieu, béni soit-Il, habille telle pensée, parole et action spécifiques,<br />

tel (ou tel) jour. Cela peut concerner le travail, une négociation commerciale ou tout ce<br />

que le Saint béni soit-Il occasionne <strong>pour</strong> nous chaque jour. Il faut approfondir et élargir<br />

sa pensée afin de comprendre les allusions de Dieu, béni soit-Il.<br />

Cependant, le développement de cette analyse doit s’effectuer de manière mesurée, afin<br />

d’éviter de sortir du cadre de la sainteté. C’est uniquement par notre entendement<br />

humain que l'on développe la pensée à cet effet. Aussi, on ne doit pas viser plus haut que<br />

notre niveau réel, car « Tu ne dois pas chercher ce qui te dépasse » (‘Haguiga, 13a). Tel<br />

est le sens de : « … Tu es très grand, Tu t’es revêtu de splendeur et de majesté ».<br />

491


Autrement dit, lorsque l’on souhaite appréhender quelque chose de ce monde, qui relève<br />

de la dimension « Tu t’es revêtu de splendeur et de majesté », désigné comme étant « les<br />

pieds (de la sainteté) » [*car «les pieds » correspondent à Netsa’h et à Hod, liés à<br />

Hod/splendeur et Hadar/majesté, et comme il est écrit dans le Zohar $(idem) : «Tu t’es<br />

revêtu de splendeur et de majesté », il s’agit des deux branches du saule, etc. », voir sur<br />

place. Celles-ci correspondent à Netsa’h et à Hod, aux « pieds », comme on le sait]. On<br />

doit rester dans le principe de « Tu es très grand » afin que l'élargissement de cette<br />

intelligence s’effectue de manière mesurée et contractée. Tel est le sens du terme « très<br />

», qui équivaut au Côté gauche, qui est l’origine de la Contraction [comme il est écrit<br />

dans le Zohar $(idem) : «Très », il s'agit du Côté gauche »].<br />

Cependant, celui qui sait et comprend cette sagesse, c'est-à-dire (qui sait) comprendre<br />

les allusions que lui fait le Saint béni soit-Il en toute circonstance, <strong>pour</strong>rait être enclin à<br />

se consacrer exclusivement à cette occupation dans ce monde, puisqu’il comprend les<br />

allusions que Dieu, béni soit-Il, lui fait à travers elles. Mais il ferait une erreur. En effet,<br />

l’homme doit faire preuve de contentement, et se contenter dans ce monde uniquement<br />

de ce qui lui est nécessaire. Ceci <strong>pour</strong> deux raisons. La première : parce que cette<br />

sainteté, qui se revêt dans les actions matérielles de ce monde, relève de la dimension «<br />

pieds », c'est-à-dire d’une sainteté inférieure, de l’ordre de : « Le péché qui s’attache à<br />

mes talons » et est entourée constamment par les écorces (les forces négatives) qui<br />

désirent y puiser leur vitalité. Il s’agit donc d’un endroit dangereux. C’est la raison <strong>pour</strong><br />

laquelle l’on doit se contenter du strict nécessaire. La seconde raison est qu'il y a un<br />

service divin encore plus élevé, d’une sainteté supérieure, et qu’il est nécessaire de<br />

servir Dieu, béni soit-Il, par des tâches spirituelles plus saintes et plus élevées.<br />

[Autrement dit, même <strong>pour</strong> le Juste et le Sage, qui possèderait un grand esprit, capable<br />

de comprendre les allusions que lui fait Dieu, béni soit-Il, dans chaque chose et chaque<br />

jour, même dans les affaires profanes. Et même s’il pouvait servir Dieu, béni soit-Il, à<br />

travers toutes les choses de ce monde, y compris les affaires profanes, et qui souhaiterait<br />

se consacrer exclusivement à cela (c'est-à-dire aux affaires profanes), à Dieu ne plaise,<br />

même s’il reconnaît les allusions qu'elles renferment, et qu’il puisse se rapprocher du<br />

service de Dieu béni soit-Il au travers d'elles, il s'agit en réalité d'une erreur. Il est en<br />

effet interdit de trop se consacrer aux affaires de ce monde, y compris <strong>pour</strong> celui qui sait<br />

et qui comprend les allusions rappelées plus haut. Ceci s’explique à travers les deux<br />

raisons citées plus haut : la première parce que ce service centré sur les affaires du<br />

492


monde d’ici-bas peut être très dangereux etc., comme expliqué plus haut. La seconde,<br />

parce qu’il existe une sainteté et un service bien supérieur à cela, c’est-à-dire la sainteté<br />

de la Torah et des commandements. C’est <strong>pour</strong>quoi, même celui qui comprend les<br />

allusions rappelées plus haut doit faire preuve de contentement et se limiter au strict<br />

nécessaire dans ce monde].<br />

Cette limitation relève de : « Tu t’enveloppes de lumière comme d’un manteau », de<br />

l'ordre de lumière/Or « pleine ». Les méchants quant à eux ne connaissent pas le<br />

contentement, de l'ordre de : « Le ventre des méchants manquera » (Prov. 13:25). Chez<br />

eux, le terme «MEoRoT »luminaires, est défectueux (orthographié sans Vav), comme<br />

dans : « La malédiction/MEéRaT de l'Eternel repose sur la maison du méchant » (Prov.<br />

3:33). Chez les Justes en revanche, qui sont doués de contentement, comme dans : « Le<br />

Juste mange <strong>pour</strong> rassasier son âme » (Prov. 13:25), leur lumière est « pleine », de l'ordre<br />

de : « L’Éternel vit que la lumière était bonne » (Bér. 1:4), il n’est de « bien » que le Juste,<br />

comme il est écrit : « Dites du Juste qu’il est bon » (Isaïe 3:10) » (Yoma, 38b).<br />

En outre, même du minimum de ce monde matériel, on doit prélever la charité. Ceci<br />

relève de « … Tu déploies les cieux comme une tenture », car l’Arche d’alliance se trouve<br />

dans la situation du « pauvre », car elle est située en dessous de la tenture, et cette<br />

tenture exerce son influence (prodigue du bien) sur l’Arche d’alliance, ce qui constitue<br />

un acte de charité.<br />

[Autrement dit, grâce à la charité, par laquelle celui qui donne influe sur celui qui reçoit,<br />

on amène l’union entre le Juste et l’Assemblée d’Israël - car la dimension du Juste exerce<br />

son influence sur l'Assemblée d'Israël. Telle est la notion de l'influence de la tenture sur<br />

l’Arche d’alliance, de l’ordre de « Tu déploies les cieux comme une tenture ».<br />

3- Chez la majorité des gens, dé<strong>pour</strong>vus d’un intellect capable d’approfondir de tels<br />

domaines et de comprendre les allusions dont nous avons parlé plus haut, tout ceci<br />

s’effectue par le biais du sommeil, des Tsitsit, des Tefilin, de la Torah, de la prière et des<br />

affaires commerciales.<br />

En effet, le sommeil c’est l'attachement de la pensée au Monde futur - sur le plan général<br />

- de l'ordre de « L'Éternel, mon Dieu ». En effet, durant le sommeil, l’âme s’élève vers le<br />

Monde futur.<br />

493


D’autre part, les Tsitsit et les Tefillin correspondent à « Tu es très grand », car les Tefillin<br />

représente le développement de l’intellect, comme rappelé [en effet, les Tefillin relèvent<br />

du cerveau, comme on le sait, c’est-à-dire du développement de l’intellect qui permet de<br />

comprendre les allusions que fait Dieu béni soit-Il, chaque jour].<br />

Quant au Tsitsit, il relève de la contraction dont nous avons parlé, liée à « très » dont<br />

nous avons parlé. En effet, le bleu-azur, fait référence au « Trône du Jugement » (Zohar<br />

III 175a), correspondant à la Contraction. C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle les Tsitsit<br />

précèdent les Tefillin, de l'ordre de : « Sa gauche sous ma tête, etc. » (Cantique 2:6), et<br />

ensuite « … Sa droite m’étreint » [car la gauche représente le jugement, la contraction,<br />

liée au Tsitsit, alors que la droite représente l’intellect lié aux Tefillin].<br />

En outre, la Torah illustre l’attitude de celui qui sait se contenter. La Torah correspond<br />

en effet à l'arbre de Vie qui « contient la nourriture <strong>pour</strong> tous » (Zohar I, 26a). Autrement<br />

dit, chacun y trouve satisfaction. Il en découle qu’elle correspond au contentement. De<br />

surcroît, l’étude de la Torah renferme en elle la notion de contentement, comme l’ont<br />

affirmé nos maîtres, de mémoire bénie : « Tu n’es pas tenu d’achever la tâche » (Avot<br />

2:16). Ainsi, l’étude de la Torah est de l'ordre du contentement. Même la majorité des<br />

gens, qui ne sont pas en mesure d’étudier, accomplissent le commandement de<br />

s'occuper de Torah en récitant la lecture du Chéma Israël (jour et nuit) ainsi que<br />

l’enseignent nos Sages, de mémoire bénie $(Ména’hot 99b).<br />

La prière correspond à « Gloire et majesté », citées plus haut. En effet, la prière relève de<br />

la « vie temporelle » (Chabat 10a). Il s'agit donc de « Et la terre est Mon marchepied »,<br />

correspondant aux « pieds de la Sainteté » habillés par ce monde, comme nous l'avons<br />

vu.<br />

Les affaires commerciales correspondent à : « Tu déploies les cieux comme une tenture »,<br />

de l'ordre de l'union du Juste avec la Communauté d’Israël dont nous avons parlé. En<br />

effet, le Juste et l’Assemblée d’Israël sont de l'ordre des « transactions<br />

commerciales/Massa ouMatane ». Le Juste est appelé MaSSa, car il « porte/NoSSé » le<br />

monde, comme « la nourrice porte le nourrisson » (Bamidbar 11:12). De plus, il (le Juste)<br />

porte toutes les bénédictions, comme il est écrit : « Les bénédictions sur la tête du<br />

Juste » (Prov. 10:6), ou : « Il portera la bénédiction de la part de l'Éternel » (Ps. 24:5). Il<br />

porte, en outre, la goutte séminale de toutes les âmes : « Il porte la continuité de la<br />

494


semence » (Ps. 126:6). Il influe ainsi sur la Communauté d’Israël, qui la<br />

transmet/NoTèNèt ensuite au monde entier. C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle la<br />

Communauté d’Israël porte le nom de maTaNe, au sens de (la femme vertueuse) : « Elle<br />

distribue/vatiTèNe des vivres à sa maison, des rations à ses servantes » (Prov. 31:15).<br />

Aussi, l'union entre le Juste et l’Assemblée d’Israël s’effectue par le biais des transactions<br />

commerciales. En effet, toute chose en ce monde renferme des étincelles de sainteté<br />

tombées au moment de la brisure (des Vases). Et cette brisure est de l'ordre des lettres<br />

qui se cassèrent et s’éparpillèrent dans chaque élément de ce monde. Par ailleurs,<br />

« toute chose a son heure » (Avot 4). Autrement dit, telle chose doit devenir la<br />

possession de tel homme qui provient de la même racine que les étincelles (de sainteté,<br />

tombées au moment de la brisure) contenues dans cette chose. Ainsi, lorsque cette chose<br />

échoit à tel homme, et qu'il en tire sa vitalité, les lettres brisées renfermées en elle (dans<br />

cette chose ou cet objet), s’incluent dans la vitalité de cette personne. Elles deviennent<br />

alors une structure complète, et se propagent dans tout son corps. C’est grâce à cela que<br />

les lettres sont reconstituées et redeviennent entières. Et la chose doit séjourner chez<br />

cet homme afin qu’il l’utilise, jusqu'à ce que les lettres et les étincelles liées à sa racine<br />

soient épuisées (dans cette chose). Ensuite, la chose sortira de sa possession et ira chez<br />

une autre personne, car l’heure est venue d'élever les lettres restantes, qui sont de la<br />

même source de cet autre homme. Voilà <strong>pour</strong>quoi la chose change de propriétaire.<br />

Il arrive parfois que cette chose retourne par la suite à l'homme qui la possédait<br />

auparavant. Ceci s'explique parce qu'il n'avait pas encore en lui toutes les parcelles de<br />

Néfech, Roua’h et Néchama (nécessaires), et qu'il ne pouvait pas (par conséquent)<br />

parfaire les lettres qui lui correspondaient. Mais maintenant, que lui sont parvenues ces<br />

parcelles de Néfech, Roua’h et Néchama, il peut compléter les lettres restantes. Entretemps,<br />

cette chose devait nécessairement séjourner chez un autre.<br />

Lorsqu’il parvient à compléter ces lettres, ses propres parcelles de Néfech, Roua’h et<br />

Néchama reçoivent un éclat supplémentaire, du fait des lueurs de ces lettres parvenues<br />

jusqu’à lui et parachevées chez lui.<br />

Grâce à cette lumière, il éclaire la racine de son Néfech, Roua’h et Néchama, qui se trouve<br />

(précisément) chez le Juste et dans la Communauté d’Israël, racines de toutes les âmes,<br />

comme rappelé plus haut. Ainsi, grâce à cette lumière, le Juste s’unit à la Communauté<br />

495


d’Israël, appelés Massa ouMatane, comme nous l'avons dit. C’est en cela que les<br />

transactions commerciales, les achats et les ventes et toutes les autres formes (de<br />

négoce), et l'étude (de la Torah) s'appellent (tous) Massa ouMatane, car par leur<br />

intermédiaire, s’unissent le Juste et la Communauté d’Israël, appelés Massa ouMatane,<br />

comme nous l'avons vu.<br />

4- Et qui veut conserver intacte la mémoire dont nous avons parlé plus haut, doit veiller<br />

à ne pas sombrer dans la dimension du mauvais œil, correspondant à la mort du cœur.<br />

En effet, la mémoire dépend essentiellement de l’œil, comme il est écrit : « En souvenir,<br />

entre tes yeux » (Chemot 13:9), car l’oubli survient à cause de la malveillance (litt.:<br />

"immoralité de œil"). La mort du cœur est comme dans : « J’ai été oublié du cœur tel un<br />

mort » (Ps. 31:13). En effet, la malveillance et la mort du cœur sont du même ordre car<br />

« la force de l'œil dépend du cœur » (Avoda Zara. 28b). C’est en cela qu’il est dit de Naval,<br />

connu <strong>pour</strong> son mauvais œil : « Son cœur mourut en lui » (Sam. I, 25:37). Par ailleurs, la<br />

mort du cœur correspond à la brisure des Tables de la Loi et le cœur correspond aux<br />

Tables, de l'ordre de : « Inscris-les sur les tables de ton cœur » (Prov. 3:3). De plus, l’oubli<br />

résulte de la brisure des Tables, comme l’enseignent nos Sages, de mémoire bénie : « Si<br />

les premières Tables n’avaient pas été brisées, l’oubli n’existerait pas dans le monde »<br />

(Erouvin 54a). Par conséquent, l’oubli résulte essentiellement du mauvais œil, liée à la<br />

mort du cœur, la brisure des Tables, cause majeure de l’oubli.<br />

L’œil d’Avchalom, fut malveillant à l’égard de la royauté de son père, cela engendra chez<br />

lui de mort du cœur, comme il est dit : « Il prit en main trois javelots et les enfonça dans le<br />

cœur d'Avchalom » (Samuel II, 18:14). C’est <strong>pour</strong>quoi il n'eut pas de progéniture mâle<br />

$(Sota 11a.), car il porta atteinte à la mémoire, du fait de sa malveillance, comme nous<br />

l'avons vu.<br />

D'autre part, le roi David, que la paix repose sur lui, s’est enfui durant sa royauté à cause<br />

d’Avchalom. Lorsque Chimi ben Guéra l'injuria, (le roi David) déclara : « Peut-être<br />

l’Éternel verra-t-il dans mes yeux » (idem. 16:12), « dans mes yeux », précisément. En<br />

effet, celui qui se sent sombrer dans la malveillance, s'il ne se sent pas en mesure de s'en<br />

préserver, doit la fuir.<br />

Mais celui qui est capable de le rectifier devra le faire. Il doit voir de quelle nature est<br />

cette dimension de « mauvais regard », afin de reconnaître la racine par laquelle il doit le<br />

496


ectifier. Il existe en effet plusieurs catégories « d’œil malveillant ». Lorsque (par<br />

exemple) on sombre dans la malveillance associée à l’orgueil par jalousie de la grandeur<br />

de son prochain, on devra renverser (cette mauvaise inclinaison). Et il faudra le faire au<br />

niveau de la racine de la grandeur, qui n'est autre que la racine de la Royauté incarnée<br />

par le Messie. Ce dernier est la racine de la Royauté : « Et Il donnera la puissance à son<br />

roi, et Il exaltera la gloire de son oint » (Samuel I, 2:10). Ceci correspond à la notion de<br />

bienveillance (litt.: "bonté de l'œil") comme il est dit : « Des beaux yeux et un bon regard »<br />

(Samuel I, 16:12) à propos de David, qui est (l’archétype du) Messie.<br />

[Citation du Talmud Nida 24b] « Aba Chaoul dit : « J'étais fossoyeur. Une fois, une<br />

grotte s'ouvrit sous moi, et je me suis retrouvé enfoncé jusqu’au nez devant<br />

l'orbite oculaire d'un mort. Une fois revenu en arrière, ils me dirent que c'était<br />

l'œil d'Avchalom ».<br />

Telles sont les paroles d’Aba Chaoul :<br />

« J'étais fossoyeur», car Aba Chaoul s’efforçait constamment de rectifier la malveillance,<br />

appelée « mort », comme nous l'avons dit.<br />

« Une fois, une grotte s'ouvrit sous moi ». Une grotte/Mé'ARa correspond à la<br />

dimension d’attachement, au sens de « Comme deux époux enlacés/kéMa'AR » (Rois I 7).<br />

« Sous moi», il s’agit d’une référence à la vérité : « La vérité poussera de la terre » (Ps.<br />

85:12). En effet, « Un œil bienveillant est digne de bénédictions » (Prov. 22:15) et les<br />

bénédictions correspondent à la vérité, comme il est écrit : « Car celui qui voudra faire<br />

des bénédictions dans le pays les fera au nom du Dieu de vérité » (Isaïe 65:16). C’est ce que<br />

dit Aba Chaoul, du fait de la vérité qu’il possédait, l’attachement (à Dieu) s’est offert à lui.<br />

« Et je me tins dans l'orbite oculaire d'un mort, jusqu'à mon nez ». Par mon<br />

attachement (à Dieu), je me suis mis en danger jusqu’à pénétrer dans le globe oculaire<br />

d’un mort, c’est-à-dire dans la malveillance, au point d’être contraint de faire usage de la<br />

dimension « Messie », afin de vaincre cette malveillance. C’est le sens de « jusqu’à mon<br />

nez », qui relève de : « Le souffle de notre nez, l’oint de l'Eternel » (Lam. 4:20).<br />

« Une fois revenu en arrière, ils me dirent que c'était l'œil d'Avchalom » : C’est<br />

qu'Avchalom chuta dans ce niveau de malveillance. C’est <strong>pour</strong>quoi (il est dit) « Une fois<br />

revenu en arrière », autrement dit, (ils ne lui dirent pas qu’il s’agissait de l’œil<br />

497


d’Avchalom) qu’après avoir rectifié et avoir ramené la dimension « Messie » à sa place,<br />

celle de « l’arrière ». En effet, là-bas se trouve la racine du roi Messie : « Un roi lié dans les<br />

filets » (Cantique 7:6), dans les filets des cerveaux » (Tikouné 6:21b). « Lié » correspond<br />

au nœud des Tefillin, qui est de l'ordre de « Mon arrière » (le nœud, « daleth » des<br />

Tefillin, est placé derrière la tête), comme l’enseignent nos Sages de mémoire bénie :<br />

« « Tu verras Mon arrière» (Chemot 33:23), il s’agit du nœud des Tefillin » (Brakhot 7a).<br />

C’est ce dont il s'agit dans : « L'âme de mon seigneur restera liée au faisceau des<br />

vivants » (Sam. I, 25:29), dit au sujet de David, c'est-à-dire le nœud des Tefillin. En effet,<br />

les Tefillin sont de l'ordre de la vie, selon l’enseignement de nos Sages : « Tout homme<br />

qui porte les Tefillin mérite la vie » (Ména’hot. 44a), ainsi qu’il est écrit : « L'Eternel audessus<br />

d’eux, ils vivront » (Isaïe 38:16). C’est <strong>pour</strong>quoi ils ne lui révélèrent qu’il s’agissait<br />

de l’œil d’Avchalom qu’à partir du moment où il retourna en arrière, car s’il l’avait su<br />

avant, peut-être ne serait-il pas exposé au danger de pénétrer dans le domaine de la<br />

malveillance (mauvais œil), car il s’agit d’un grand danger.<br />

5- D’autre part, il faut préserver l’œil de l’imagination. Même l’homme doté de<br />

bienveillance (d’un bon œil) doit se protéger de cela. Tout comme nous pouvons<br />

constater que même celui qui possède une bonne vue, peut parfois faire erreur du fait de<br />

l'éloignement de ce qu'il voit, et s’imaginer le contraire de la vérité. C’est <strong>pour</strong>quoi une<br />

vigilance accrue est requise dans ce domaine.<br />

De plus, la faculté d’imaginer provient de la médisance. En effet, l’imagination appartient<br />

au côté animal (de l’homme), en ce sens que même l’animal possède la faculté<br />

d’imaginer. Et celui qui exprime des propos médisants tombe dans l’animalité. C’est en<br />

cela que le pouvoir de l’imagination, qui représente le caractère animal, prend le dessus.<br />

En effet, « Celui qui médit est un sot » (Prov. 10:18). Ainsi, lorsque la sagesse nous<br />

abandonne, on fait décliner notre amour <strong>pour</strong> Dieu, béni soit-Il, en faveur d'un amour<br />

bestial : « Puisque tu as dédaigné la sagesse, Mon dédain t’empêchera d’être Mon<br />

prêtre » (Osée 4:6). (Et à l’inverse nous trouvons) "Mon prêtre" qui correspond à<br />

« Avraham, celui qui M’aime » (Isaïe 41:8) du niveau de « Tu es Mon prêtre » (Ps. 110:4)<br />

et « le prêtre en prendra une poignée » (Vayikra 5:12). (Quand on médit) la faculté<br />

d’imaginer, force animale, exerce son emprise sur nous, de l’ordre de « Mon peuple fut<br />

réduit au silence/niDMou, privé de sagesse » (Osée 4:6), niDMou au sens de faculté<br />

d’imagination/méDaMé.<br />

498


6- La force de l’imaginaire cherche constamment un réceptacle dans lequel résider. C’est<br />

la raison <strong>pour</strong> laquelle elle aspire sans répit à se loger sur la bouche de ceux qui<br />

enseignent les Lois. S’ils découvrent une nouvelle explication de la Torah, cette idée est<br />

agréable et acceptée par tous puisqu’elle émane du pouvoir de l’imagination, qui<br />

procède par analogie. Cependant, le mal que (ces nouveaux commentaires) renferment,<br />

surpasse le bien. Ces explications inédites de la Torah nuisent à la subsistance de<br />

l’homme. En effet, les cieux et terre se créent au moyen du renouvellement de la Torah,<br />

comme il est écrit : « Et dire à Tsion : tu es mon peuple/'Ami » (Isaïe 51:16), « ne lis pas<br />

‘AMI/mon peuple, mais ‘IMI/avec moi, tout comme J’ai créé ciel et terre par Ma Parole,<br />

de même tu le fais » (Zohar Intro. 5a). C’est par cela que toutes les influences et toutes<br />

les bénédictions descendent dans ce monde, comme il est écrit : « L'Éternel ouvrira <strong>pour</strong><br />

toi Son bon trésor, le ciel etc. » (Dévarim 28:12). Mais lorsque ces nouvelles idées ne sont<br />

que le fruit de l'imagination, alors sont créés des cieux illusoires qui provoquent la<br />

venue de la famine dans le monde $(Zohar, idem). Certes, celles-ci (ces nouvelles<br />

explications) renferment également du bien, puisqu'il s'agit de paroles de Torah,<br />

synonyme d’abondance. Pourtant, puisque le mal surpasse le bien, c’est lui qui exerce<br />

son emprise, et le bien s’annule. Cela correspond à : «On ne reconnut pas qu’elles (les<br />

vaches grasses) avaient été englouties par elles (les vaches maigres) » (Bér. 41:21). Les «<br />

sept années de famine » l’emportèrent sur celle des « sept années de satiété », à Dieu ne<br />

plaise. Il s'agit de l’emprise du mal sur le bien, au point que l’on ne distingue plus le bien,<br />

à cause du mal, évoquant : « On ne reconnut pas etc. ».<br />

En outre, ce qui cause l'ambition <strong>pour</strong> la faculté d’imagination de résider dans la bouche<br />

de ceux qui enseignent les Lois est que (cette faculté) fut créée la veille du Chabat à la<br />

tombée de la nuit. Quand la sainteté du Chabat est entrée, on ne permit plus de créer des<br />

corps, comme l’explique le Zohar $(I, 47-48 et II, 155b), sur le verset : « Que Dieu créa<br />

<strong>pour</strong> faire » (Bér. 2:3). Ainsi, les écorces, c'est-à-dire la faculté d’imagination, furent<br />

créées la veille de Chabat, à la tombée de la nuit, alors qu'entre-temps la sainteté du<br />

Chabat s'installait. (Les écorces) se retrouvèrent ainsi sous forme d’esprits sans corps.<br />

Voilà <strong>pour</strong>quoi cette faculté d’imagination - apparentée aux forces impures - qui n’est<br />

qu’un esprit désincarné, recherche un corps dans lequel résider. Elles cherchent (en<br />

priorité) ceux qui enseignent les Lois, car ils peuvent tout créer par leurs paroles de<br />

Torah. Pour cela, cette écorce (force impure) cherche à résider chez eux, dans l'espoir<br />

que par leur intermédiaire, un corps sera créé, duquel elle <strong>pour</strong>rait se revêtir.<br />

499


Tel est le sens de: « Quant à la répétition/hiCHaNout du songe … :» (Bér. 41:32). Il<br />

s'agit du phénomène du rêve, qui relève de la faculté d’imagination qui désire résider<br />

chez celui qui enseigne/CHoNé les Lois.<br />

« … Car la chose est arrêtée devant Dieu, et que Dieu va s’empresser de<br />

l'accomplir/La’ASSoTo ». Il s'agit de : « Que Dieu créa <strong>pour</strong> faire/La’ASSoT » or, tout<br />

s’est arrêté la veille de Chabat, à la tombée de la nuit, aussi, peu avant l’entrée du Chabat,<br />

Dieu s’empressa de les créer sans corps. C’est <strong>pour</strong>quoi elle (force imaginaire) cherche<br />

constamment à résider chez celui qui enseigne les Lois, comme nous l'avons vu.<br />

Tel est le sens de : « Le rêve de Pharaon n’est qu’un » : le rêve de Pharaon/PaR'o<br />

signifie que la faculté d'imagination est une force d’annihilation, comme il est écrit : « Ne<br />

dérangez/taFRi'ou pas le peuple » (Chemot 5:4). Elle (cette force) provient du « un »,<br />

c’est-à-dire de l’amour[car « un » est de l'ordre de l’amour, comme il est rappelé ailleurs<br />

$(plus haut LM I, 4:4)], plus précisément d’un amour frelaté, comme dans « Mon peuple<br />

fut réduit au silence, privé de connaissance, puisque tu as dédaigné la sagesse etc. » (Osée<br />

4:6), comme vu plus haut.<br />

En résumé, la disparition de la sagesse est la conséquence de la médisance comme dans :<br />

« Un médisant est un sot » (Prov. 10:18). Comme la sagesse lui fait défaut, cela entraîne le<br />

transfert de l’amour <strong>pour</strong> Dieu, béni soit-Il, vers des amours à caractère animal. On se<br />

retrouve alors envahi par la faculté d'imagination, qui est une faculté bestiale. Cette<br />

faculté d'imagination cause un dommage à la mémoire et l'on sombre dans l’amnésie.<br />

Viens donc à présent constater combien convenable et agréable est le lien qui relie tout<br />

ce passage « Mon peuple fut réduit au silence, etc. » :<br />

« Mon peuple fut réduit au silence/niDMou, privé de connaissance », car par la<br />

dégradation de la sagesse, s’accroît le pouvoir de « l’imaginaire/méDaMé », comme nous<br />

l'avons vu plus haut.<br />

C'est ce dont il s'agit dans : « Puisque tu as dédaigné la connaissance, Mon dédain<br />

t’empêchera d’être Mon pontife ». En effet, la perte de la sagesse a <strong>pour</strong> conséquence<br />

que l'on s’écarte des amours de sainteté, de l'ordre de « pontife », comme nous l’avons<br />

vu. On renforce en soi la faculté de « l’imaginaire/méDaMé », comme dans : « Mon peuple<br />

fut réduit au silence/niDMou, etc. »<br />

500


C'est ce dont il s'agit à la fin de ce verset : « Tu as oublié la Torah de ton Dieu ». « Tu as<br />

oublié » évidemment. En effet, l'atteinte à la sagesse entraîne le renforcement de la<br />

faculté d’imagination, qui a <strong>pour</strong> effet d'endommager la mémoire. C'est ainsi que l'on en<br />

vient à oublier.<br />

C’est <strong>pour</strong>quoi : « J’oublierai à Mon tour tes enfants ». En effet, l’atteinte portée à la<br />

mémoire qui engendre l’oubli, empêche d'avoir un enfant mâle, comme il est rappelé<br />

plus haut à propos d’Avchalom, qui fut privé du mérite d'avoir un enfant<br />

« mâle/ZaKHaR » <strong>pour</strong> avoir altéré la « mémoire/ZiKaRon ». C'est le sens de<br />

« J’oublierai à Mon tour tes enfants ».<br />

Ceci explique <strong>pour</strong>quoi Pharaon décréta précisément la mort des enfants mâles. En effet,<br />

Pharaon incarne la faculté d’imagination, la force qui annihile et qui affaiblit la<br />

mémoire/ZiKaRon, de l'ordre de l’enfant mâle/ZaKHaR, comme nous l'avons vu. En<br />

effet, lorsque la faculté de l’imagination se renforce, à Dieu ne plaise, elle porte atteinte à<br />

la mémoire et l'annule, à Dieu ne plaise. C'est le sens de : «Pharaon décréta etc., tout mâle<br />

nouveau-né, vous le jetterez dans le fleuve » (Chemot 1:22). « Dans le fleuve »,<br />

précisément, car le fleuve de l’Egypte, le Pichone (Bér. 2:11, voir Rachi), relève de « Pi<br />

Choné Halakhot », la bouche révise des lois de la Torah (Zohar I, 26b, Tik. 55), dans<br />

laquelle réside la faculté d’imagination. En d'autres termes, il voulut porter atteinte à la<br />

mémoire, « l’enfant mâle », par l’intermédiaire de la force d’imagination résidant sur la<br />

bouche de ceux qui enseignent les Lois, comme nous l'avons vu.<br />

Pour surmonter la faculté d’imagination/méDaMé, il faut recourir à la dimension « main<br />

», de l'ordre de : « Par la main des prophètes, Je me représenterai/éDaMé » (Osée 12:11).<br />

La main correspond à la joie : « Vous vous réjouirez de tous les efforts de vos<br />

mains » (Dévarim 12:7). Ceci correspond aux instruments de musique, que l’on joue avec<br />

les mains. C'est par cela que la prophétie repose sur les prophètes, comme il est écrit :<br />

« Apportez-moi un musicien, etc. » (Rois II, 3:15). L’instrument a la capacité de collecter<br />

l’air qui est un mélange de bien et le mal. Il existe en effet, un esprit de tristesse, un<br />

esprit brisé et le mauvais esprit, comme il est écrit à propos de Chaoul : « Un mauvais<br />

esprit le hantait » (Sam. II, 16:14). Il existe par ailleurs un bon esprit, comme : « Ton<br />

esprit bienveillant me guidera sur une plaine » (Ps. 143:10), qui est de l'ordre de l’esprit<br />

501


de prophétie, de l'esprit de sainteté. Mais lorsque s’entremêlent le bien et le mal, on ne<br />

peut recevoir des prophéties authentiques. C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle, il est dit <strong>pour</strong><br />

Chaoul : « Il prophétisa, etc. et tomba, -dénudé- » (Sam. I, 19:24), que Rachi explique au<br />

sens de « folie », car dans son esprit s’était mélangé un vent de folie et de mélancolie.<br />

En jouant, avec les mains, d’un instrument, on collecte avec sa main le bon esprit, l’esprit<br />

prophétique que l’on détache de la tristesse. Il faut être musicien, <strong>pour</strong> savoir<br />

rassembler, collecter et trier les parcelles d’air, une par une, afin de composer la<br />

mélodie, c’est-à-dire la joie. Il s’agit de reconstituer l’esprit serein, l'esprit prophétique, à<br />

l’opposé de l’esprit de tristesse. Il faut ainsi monter et descendre (déplacer) ses mains<br />

sur l’instrument sur lequel on joue, avec l’intention d’édifier de manière parfaite la joie.<br />

Lorsque le prophète entend la mélodie du musicien, il perçoit, grâce à lui, cet esprit<br />

prophétique, collecté par sa main à partir de la tristesse. Tel est le sens de : « Il jouera de<br />

ses mains et cela sera bien <strong>pour</strong> toi » (Sam. I, 16:16), « bien <strong>pour</strong> toi », précisément, car il<br />

collecte et assemble le bien à partir du mal. Pour l’essentiel, l’édification et la<br />

construction de l’esprit prophétique s’exerce à travers les mains. C'est là-bas en effet,<br />

que se trouve le dépôt des âmes, comme il est écrit : « Dans Ta Main, je confie mon<br />

esprit » (Ps. 31:6) et « Il tient en Sa main l’âme de tout vivant et l'esprit de toute chair »<br />

(Job, 12:10). C'est ce dont il s'agit dans : « Lorsque le musicien jouait, la Main de Dieu était<br />

sur lui » (Rois II, 3:15).<br />

Il en ressort qu’en jouant avec les mains sur l'instrument, on parvient à trier le bon<br />

esprit du mauvais esprit, et il s'agit là de l’esprit de prophétie, comme expliqué plus<br />

haut. Tout cela correspond à la subjugation de la faculté d’imagination, de l'ordre du<br />

mauvais esprit, de l'esprit de folie, qui désire porter atteinte et troubler le bon esprit,<br />

l'esprit de prophétie. Il (l’imaginaire) se soumet et s'annule grâce à la joie provoquée par<br />

le musicien qui joue avec ses mains. En effet, la faculté de l’imagination se renforce<br />

essentiellement par la tristesse, car la faculté de l’imagination s’assimile à la tristesse de<br />

l’esprit, à l'esprit brisé, à l'esprit mauvais, qui perturbe le bon esprit, l'esprit<br />

prophétique, qui est la mémoire, avec laquelle on attache sa pensée au Monde Futur.<br />

Aussi, on ne peut recevoir l’esprit de prophétie, l'esprit saint, que par l’intermédiaire de<br />

la joie, par la musique jouée avec les mains, comme il est écrit : « Lorsque le musicien<br />

jouait, la Main de Dieu était sur lui », de l'ordre de : « Il jouera de ses mains et cela sera<br />

bien <strong>pour</strong> toi, etc. »<br />

502


Un tel musicien doit être expert en musique. Et son instrument aussi doit être parfait,<br />

afin que le volume d’air mêlé de bien et de mal ne sorte pas d’un seul coup. C’est<br />

<strong>pour</strong>quoi ce musicien doit être un maître en musique et l'instrument sur lequel il joue<br />

doit lui aussi être parfait, de façon à pouvoir trier et ajuster la mélodie d’une manière<br />

parfaite. Il s'agit d’extraire le bon souffle, la joie et l’esprit prophétique, de la tristesse<br />

apparentée au mauvais souffle. En effet, lorsque l’instrument n’est pas parfait, et que le<br />

musicien n'est pas un maître (en musique), il ne sait pas monter et descendre (sur les<br />

cordes) avec ses mains afin de trier le bon air du mauvais air. Il est écrit à son propos : «<br />

Le sot fait sortir tout son esprit » (Prov. 29:11). Autrement dit, il fait sortir tout l’air d’un<br />

seul coup, et la mélodie ne peut certainement pas être composée (correctement), car le<br />

caractère agréable de la mélodie provient essentiellement du tri de l'air [Il s'agit d’un<br />

souffle d’air à l’origine d’un son, comme le savent les spécialistes de la musique].<br />

Autrement dit, la dimension de la musique est fonction du tri entre le bon air et le<br />

mauvais. En revanche, si l’air sort tout entier, en une seule fois, il sort, mêlé de bien et de<br />

mal. La mélodie et la joie ne peuvent alors être construites, et la faculté de l’imagination<br />

ne peut être soumise.<br />

C'est ce dont il s'agit dans : « Son esprit se retire de lui, il retourne à sa terre » (Ps. 146:4),<br />

« à sa terre/léaDMato » fait référence à l’imaginaire/méDaMé. En d’autres termes,<br />

lorsque s’extrait l’air d’un coup, il réintègre l’imagination. En effet, l'imagination n'a pas<br />

été vaincue, puisqu'il n'est pas parvenu à recueillir et à trier le bon air, et le souffle sort<br />

en entier, avec le bien et le mal mélangés. Par contre, lorsqu’il possède la dimension de «<br />

main » dont nous avons parlé, qui collecte et qui trie le bon souffle du mauvais souffle, il<br />

réussit à l’emporter sur l’imagination comme dans : « Par la main des prophètes, Je Me<br />

représenterai ». En effet, la dimension de la prophétie provient essentiellement de la «<br />

main », qui trie le bon du mauvais souffle, et de cette manière on triomphe de<br />

l’imagination qui est un air nocif mêlé d’air bénéfique.<br />

C’est ce qui est écrit dans : « Qui est monté au Ciel et en est redescendu ? Qui a recueilli le<br />

vent dans ses paumes ? Qui a enserré les eaux dans le pan de son manteau ? Qui a établi<br />

toutes les limites de la terre … » (Prov. 30:4).<br />

« Qui est monté au Ciel et en est redescendu ? » fait référence au musicien. En effet, ce<br />

musicien monte et descend à travers la mélodie, car il faut monter et descendre sur<br />

l’échelle (dans les gammes) des cordes en fonction du rythme de la chanson afin de<br />

503


écolter l’air, ce qui correspond à : « Qui a recueilli le vent dans ses paumes ? »,<br />

littéralement « dans ses paumes », car il s'agit des mains, le lieu d’origine de l’air. Le<br />

souffle réside essentiellement dans les mains, où les esprits sont en dépôt, comme nous<br />

l'avons vu.<br />

Voici la signification de : « Qui a enserré les eaux dans le pan de son manteau ? » Les «<br />

eaux » correspondent au cœur, comme il est écrit : « Déverse ton cœur comme l’eau »<br />

(Lam. 2:19). Autrement dit, par le fait de collecter l’air, on permet « d’enserrer l’eau dans<br />

le pan de son manteau », préservant ainsi le cœur de l’emprise de l’imagination.<br />

Voici ce dont il est question dans : « Qui a établi toutes les limites de la terre ? ». Par<br />

cela, il établit la dimension « pieds » qui s’habillent dans ce monde. Limites/AFSé<br />

renvoie aux « pieds », comme il est écrit : « Il me fit traverser de l'eau qui arrivait aux<br />

chevilles/AFSaïm » (Ezékiel 47:3). Car grâce à la mélodie, jouée avec la main,<br />

l’imagination est soumise, et l'on parvient au mérite d’acquérir la mémoire qui consiste à<br />

comprendre toutes les allusions contenues dans toutes les choses de ce monde,<br />

correspondant à la vitalité divine, de l'ordre des « pieds de la Sainteté », s’habillant dans<br />

toutes les choses de ce monde. C’est : « Qui a établi toutes les limites de la terre ? » Il<br />

s'agit d’élever et d’établit la dimension des « pieds de la Sainteté » camouflée dans ce<br />

monde, comme mentionné plus haut.<br />

Tel est le sens de : « Ce fut au terme/MiKeTS de deux années ». « Deux années » fait<br />

référence aux médisants, à propos desquels il est dit « Un jour <strong>pour</strong> une année, un jour<br />

<strong>pour</strong> une année » (Devarim 14:34). A cause d’eux (des médisants), l’amour de la sainteté<br />

s’est dégradée et endommagée. Ce qui est de l'ordre de « Le prêtre en prendra une<br />

poignée/véKaMaTS », cité plus haut. « MiKeTS/au terme » fait allusion au dommage<br />

causé au «KaMaTS ».<br />

« Pharaon eut un songe », il s'agit de la faculté de l’imagination, comme nous l'avons dit.<br />

« Et voici, se tenant sur le fleuve ». « Le fleuve », il s’agit du Pichone, autrement dit, « Pi<br />

Choné Halakhot/la bouche de ceux qui s'instruisent des lois », contre laquelle la faculté<br />

d’imagination se renforce.<br />

« Et voici, à partir du fleuve, etc. » signifie que par leur intermédiaire viennent sept<br />

années de satiété et sept années de famine, autrement dit, le bien et le mal. De plus, le<br />

504


mal augmente et triomphe du bien comme dans : « On ne reconnut pas qu’elles fussent<br />

entrées en elles». La réparation sera par YoSSeF car : « Dieu a enlevé/ASSaF ma honte »<br />

(Ra’hel lors de la naissance de Yossef, Gen. 30:23). Il a adoucit le mal, correspondant à la<br />

famine : « Pour que vous ne subissiez plus, parmi les nations, l'humiliation de la faim »<br />

(Ezékiel, 36:30). Il est de l'ordre de « Qui a recueilli/Assaf le vent, etc.» et de : « Un<br />

homme qui renferme l’esprit de Dieu » (Bér. 41:38). C’est ce qui est dit à son propos :<br />

« Yossef placera sa main sur tes yeux » (Bér. 46:4), car grâce à la main, l’œil est préservé<br />

de la faculté de l’imagination. Regarder $(Zohar II, 98a), sur le verset : « Éternel, mon<br />

Dieu, Tu es très Grand, etc. ».<br />

C’est dans ce contexte qu’il est dit : « Je me souviendrai de mon chant la nuit, je<br />

parlerai avec mon cœur et chercherai mon esprit » (Ps. 77:7).<br />

"La nuit", lorsque les esprits (âmes) retournent à leur dépôt, comme il est écrit : « Dans<br />

Ta Main, je confie mon esprit ». C'est justement le temps de rassembler le bon esprit<br />

parmi le mauvais esprit. Autrement dit, c'est alors le moment optimal <strong>pour</strong> s’isoler et se<br />

retrouver seul avec son Créateur. On peut alors exposer sa parole devant Dieu béni soit-<br />

Il, discuter avec son cœur (méditer et s’introspecter). On décèlera le bon esprit (le bon<br />

sentiment), autrement dit les points positifs qui sont en nous, et que l’on doit extraire<br />

parmi l’esprit mauvais. Il s'agit exactement de la dimension de la mélodie qui permet de<br />

sauvegarder la mémoire. Par cela, on méritera de se souvenir de la finalité ultime, du<br />

monde futur, penser constamment à sa fin et attacher toujours sa pensée au monde à<br />

venir. Ainsi la mémoire sera préservée. « Je me souviendrai de mon chant la nuit, je<br />

parlerai avec mon cœur et chercherai mon esprit ». Si tu prêtes bien attention à ce<br />

verset, tu verras que tous ces termes concernent tout le sujet traité plus haut.<br />

« Je me souviendrai », rappelle la mémoire. Il faut constamment se souvenir du Monde<br />

futur, et « mon chant », c'est à dire la mélodie qui renvoie au tri entre le bien et le mal,<br />

comme nous l'avons vu. En effet, par l’intermédiaire de la mélodie et de la joie, il est<br />

possible de se souvenir soi-même du Monde futur. La conservation de la mémoire<br />

s’opère par la mélodie, jouée par les mains d’où sort la joie.<br />

C’est ce dont on parle dans : « la nuit ». En effet, le tri du bon air s’effectue<br />

essentiellement la nuit, au moment où les esprits (âmes) retournent à leur dépôt.<br />

505


« Je parlerai avec mon cœur ». Grace à la mélodie et la joie, le cœur est préservé de la<br />

faculté d’imagination. C'est alors que l'on peut épancher son cœur comme de l’eau,<br />

devant l'Eternel. Ceci correspond à « Qui a enserré l’eau dans son manteau », de l'ordre<br />

de : « Déverse ton cœur comme de l’eau, devant l'Eternel ».<br />

C'est donc ce dont il s'agit dans : « Je parlerai avec mon cœur et chercherai mon<br />

esprit », car ainsi, on s’éveille à parler avec son cœur de la finalité éternelle et du Monde<br />

futur. On s’emploie alors à chercher, à déceler et à trouver les points positifs qui sont les<br />

bons sentiments existant en nous, afin de revenir vers Dieu béni soit-Il. En effet, le<br />

repentir consiste essentiellement à dominer le mauvais esprit et en extraire le bon<br />

esprit.<br />

Telle est la notion du lever au milieu de la nuit, car une harpe était suspendue au-dessus<br />

du lit de David, et lorsque le milieu de la nuit arrivait, l’instrument jouait de lui-même<br />

$(Berakhot 3b). Autrement dit, c'est à minuit que la mélodie de sainteté s’éveille,<br />

émanant de la harpe de David. Il s'agit du tri du bon souffle. Par conséquent, c'est alors le<br />

moment propice <strong>pour</strong> se renforcer dans le service de Dieu, se lever, se consacrer au<br />

service divin et s’exprimer intimement devant Lui, béni soit-Il. En effet, le principal tri<br />

(de nos sentiments) s'effectue grâce à la mélodie jouée sur l'instrument de la harpe de<br />

David. Comprends bien ces choses afin de les mettre en pratique.<br />

[Cette Torah fut prononcée durant le Chabat de ‘Hanouka, et après l’avoir dite, Rabénou<br />

ajouta :]<br />

« Pour ma part, je viens de vous dire comment on allume la lumière de ‘Hanouka ». « Afin<br />

d’attirer l’huile d’onction sainte et allumer la lampe » $(Zohar, Bér. 31 ; Vayikra 7 ;<br />

Chemini 37 ; Emor, 88 et 104 ; Béhaaloté’ha, 154). L’huile d’onction sainte (Chemot<br />

30:25) équivaut à la Connaissance, c’est-à-dire élargir la Connaissance afin de conserver<br />

la mémoire.<br />

[Rabénou n’apporta pas d'explication supplémentaire.]<br />

[Se rapporte à ce qui est dit plus haut :]<br />

« Qui a recueilli le vent dans ses paumes ? Qui a enserré les eaux dans le pan de son<br />

manteau, etc. ». Il s’agit de : « Il fait souffler Son vent et l'eau ruisselle » (Ps. 147:18). « Il<br />

fait souffler Son vent », cela renvoie (au musicien) qui collecte et réunit l’air dans sa main,<br />

506


ce qui provoque que « l'eau ruisselle », « Qui a enserré les eaux ? », allusion au cœur<br />

comme dans : « Epanche ton cœur comme de l’eau », comme déjà expliqué.<br />

Le principe général (de cette Torah) se résume dans les paroles de nos Sages, de<br />

mémoire bénie : « Un homme ne doit pas faire de lui-même d’analogie entre deux lois »<br />

(Pessa’him 6a). En effet, l’analogie faite de lui-même <strong>pour</strong>rait provenir de sa faculté<br />

d’imagination, qui compare une chose avec une autre chose. C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle<br />

il est interdit de produire de soi-même à une analogie, c’est-à-dire, de comparer une<br />

chose à une autre, à moins que l’on ait reçu cette analogie (par transmission) de son<br />

maître, lui-même l’ayant reçu de son maître, et ainsi de suite jusqu’à Moché notre<br />

maître, que la bénédiction soit sur lui, qui l’a reçue directement de la bouche de Dieu.<br />

Tout ceci afin d’échapper à la force de l’imagination. Comprends bien cela.<br />

TORAH 55<br />

Zaslov 5567<br />

Selon le manuscrit de Rabénou<br />

Il est rapporté dans la Guémara : « Aba Chaoul dit : J'étais fossoyeur. Un jour, (alors<br />

que j’étais occupé à enterrer les morts, il m’est arrivé de) courir après un daim, je<br />

pénétrai dans le fémur d’un mort. (J’ai couru après lui sur trois parasanges , je n’ai pas<br />

réussi à rattraper le cerf, le fémur ne se terminait pas et lorsque je suis retourné sur mes<br />

pas, on me fit savoir que j’avais pénétré dans le fémur de ‘Og, roi de Bachan). » (Nidah<br />

24b).<br />

1- Sache qu’il n’est possible de voir la chute des méchants que par l’intermédiaire de la<br />

notion « Terre d’Israël », selon le verset : « Assieds-toi à ma droite, jusqu’à ce que J’aie fait<br />

de tes ennemis un escabeau <strong>pour</strong> tes pieds » (Ps. 110:1). « La droite/YaMiN » est de l'ordre<br />

de la Terre d’Israël, de même que BinYaMiN, fils de la droite, (seul fils d’Israël/Yaakov à<br />

être) né en Terre d’Israël (comme le fait remarquer Rachi dans son commentaire sur le<br />

verset Béréchit 35:18).<br />

507


2- Et bien que la sainteté de la Terre d’Israël soit présente en exil, sous l’emprise de "<br />

l’Autre côté " qui empêche le dévoilement de sa sainteté, malgré cela, on peut dévoiler et<br />

attirer sa sainteté, même dans cet exil amer, comme le suggère le verset : « Et <strong>pour</strong>tant,<br />

celle-ci/Zot aussi, quand ils se trouveront dans le pays de leurs ennemis, (Je ne les aurai ni<br />

dédaignés, ni repoussés), etc. » (Vayikra :26:44). Autrement dit, même dans cet exil amer,<br />

nous sommes en mesure de révéler (la sainteté de la terre d’Israël, nommée) « celleci/Zot<br />

aussi » (qui fait allusion à la Présence divine). Grâce à quoi pouvons-nous attirer la<br />

sainteté de la Terre d’Israël ? En faisant scintiller la lumière du mérite de nos Pères,<br />

comme l’enseigne le Zohar : « Là où se trouvent les Patriarches se trouve la Présence<br />

divine » (3, 174b), comme l’indique le verset : « Je me souviendrai de l’alliance avec<br />

Yaakov… et Je me souviendrai de la Terre » (Vayikra; 26:42). Ainsi, lorsque scintille la<br />

lumière du mérite des patriarches, se manifeste alors la sainteté de la Terre d’Israël.<br />

Ainsi, non seulement l’homme échappe au méchant, mais il voit aussi <strong>pour</strong> ce méchant,<br />

ce que ce dernier voulait voir <strong>pour</strong> lui (le mal qu’il souhaitait arrive au méchant).<br />

3- Car les méchants attirent le mauvais œil sur leurs ennemis, et même : « Bien plus<br />

encore, il voit (la déchéance) de ses ennemis » (Berakhot 7). (Rabénou dit que la vision<br />

du Juste risque de se corrompre comme celle de son ennemi). Mais l’homme se préserve<br />

de ce mauvais œil lorsqu’il juge avec indulgence le méchant. Le Saint béni soit-Il aussi<br />

juge avec indulgence le méchant, dans le but de préserver le Juste du mauvais œil du<br />

méchant. Telles sont les paroles de nos Sages, de mémoire bénie : « Bien plus encore, ils<br />

(les méchants) obtiennent gain de cause lors du jugement, comme il est écrit : "Tes<br />

jugements sont élevés, plus haut que lui" (Ps. 10:5) ». Il s’agit là de l'acquittement qu'il (le<br />

méchant) obtient lors du jugement, lorsque l'on effectue en sa faveur une plaidoirie<br />

favorable. (On agit) ainsi afin que le juste échappe au mauvais œil du méchant.<br />

Repousser le verdict de la justice nécessite le dévoilement de la « main », comme dans : «<br />

Ma main s’emparera du jugement » (Dévarim 32:41) <strong>pour</strong> ne pas dominer le méchant. Et<br />

lorsque la main de l'Eternel se dévoile, se forme alors une ombre, sous laquelle se<br />

dissimule le Juste, afin d’échapper au venin du malveillant, de même que : « Et Je<br />

t’abriterai dans l’ombre de Ma Main» (Isaïe 51:16).<br />

508


Dans cet exil amer, les yeux (des méchants) sont éclatants comme un miroir bien poli et<br />

le poison de leurs yeux fixe les (autres) de loin, de même que : « Ils me fixent, regardent<br />

en moi » (Ps. 22:18). Mais grâce à l'ombre (de la main de l’Eternel), l’éclat de leurs yeux<br />

se ternit et s’assombrit afin que leur venin ne puisse plus nuire. En revanche, l'éclat des<br />

yeux des Justes est aujourd’hui faible, comme : « Qui est aveugle comme Mon<br />

serviteur » (Isaïe 42:19). Mais grâce à l'ombre se renforce l’éclat de leurs yeux, comme<br />

c’est le cas de ceux qui ont une vue faible, incapables de bien voir lorsque la lumière est<br />

trop forte, et qui ont besoin d’ombre <strong>pour</strong> pouvoir voir.<br />

Tel est le sens des versets (Ps. 37:32-33) : « Le méchant guette le Juste afin de le tuer »<br />

par le biais du mauvais œil, comme nous l’avons vu plus haut.<br />

« Mais l’Eternel ne l’abandonne pas dans sa main » : « dans sa main » précisément,<br />

(qui renvoie) en d’autres termes au dévoilement de « la main de l'Eternel », comme nous<br />

l’avons vu. Et comment se révèle la main de l'Eternel ? Grâce à : « Il ne le laisse pas<br />

condamner lors de son jugement » (fin du verset) grâce à la dimension « Ma main<br />

s’empare du jugement », de même que : « Tes jugements sont élevés plus haut que lui ». Or,<br />

grâce à cela, l’éclat des yeux du méchant se ternissent, comme : « Leur vision est devenue<br />

trouble » du fait que : "ils vacillent dans leurs jugements" (Isaïe 28:7). Il s'agit donc de la<br />

justice qui les acquitte, ce qui entraîne que « Leur vision est devenue trouble ». Ainsi<br />

l'éclat de leurs yeux se ternit, comme expliqué plus haut. L’ombre a <strong>pour</strong> effet de<br />

renforcer l'éclat des yeux du Juste, comme nous l'avons dit. Il peut alors voir de loin, de<br />

même que : « Je lève mes yeux vers les montagnes » (Ps. 121:1). Il (le Juste) parvient ainsi<br />

à voir et à saisir la justice de Dieu béni soit-Il. Il peut savoir et comprendre que l’Éternel<br />

est juste, quand bien même le méchant est acquitté dans son jugement et<br />

qu'apparemment il ne s'agit pas de justice. Il réalise cependant que la justice exercée par<br />

le Saint béni soit-Il envers le méchant, en l'acquittant lors du jugement, constitue<br />

(malgré tout) la justice du Saint béni soit-Il : « Car je n’acquitterai pas le méchant »<br />

(Chemot 23:7). C’est ce dont il s'agit dans le verset : « Je lève mes yeux vers les<br />

montagnes » qui correspond à la justice du Saint béni soit-Il, du même ordre que : « Ta<br />

justice est comme les montagnes puissantes », même si "Tes arrêts sont comme l’immense<br />

abîme" (Ps. 36:7).<br />

4- De plus, le renforcement de la vision d’un tel Juste qui parvient à voir la justice de<br />

l'Eternel, renforce également sa foi, et il peut prier : son cœur se redresse de la sinuosité<br />

509


qui était sienne avant d’avoir vu la justice de l'Eternel. Du fait qu’il voit la justice de<br />

l'Eternel, son cœur se défait de sa sinuosité <strong>pour</strong> se redresser, comme : « Et Ta justice<br />

<strong>pour</strong> ceux dont le cœur est droit » (Ps. 36:11). Auparavant, son cœur se déformait du fait<br />

d’une carence dans sa foi totale en Dieu béni soit-Il. Il avait l’impression, à Dieu ne plaise,<br />

que le Saint béni soit-Il avait altéré Son jugement. Mais à présent qu’il voit la justice de<br />

l'Eternel, son cœur s'est redressé en une foi parfaite. Il se renforce alors, et prie selon ses<br />

besoins car la prière dépend essentiellement de la foi comme lorsque l’homme croit<br />

d’une foi entière que tout est dans le pouvoir du Saint béni soit-Il, y compris la faculté de<br />

modifier la nature et qu’Il ne prive aucune créature du salaire qui lui revient car<br />

« l’Éternel est juste ». Tel est le sens de « Je te louerai, de la droiture de mon cœur » (Ps.<br />

119:7) : par la droiture du cœur correspondant à la foi, se forme la dimension « prière ».<br />

Cela relève de la notion de « vache rousse » (Bamidbar 19:2), comme l’évoque le Zohar<br />

$(III, 180b) : « Une vache, qui reçoit d’un bœuf… ».<br />

La « vache » correspond à la prière, comme le dit le prophète : « Nous remplacerons les<br />

taureaux par nos lèvres » (Osée 14:3). « Qui reçoit d’un bœuf/CHOR » fait référence à la<br />

vision, de même que : « Je le distingue/aCHOuRénou, mais il n’est pas proche » (Bamidbar<br />

24:17). La dimension « Je lève mes yeux vers les montagnes » rappelée plus haut, nous<br />

ramène à la prière.<br />

C’est ce dont il s'agit (toujours à propos de la vache rousse) dans : « entièrement<br />

rousse ». « Rousse » c'est le décret du jugement. "Entièrement/TéMima" est (une allusion<br />

au) "Chor TaM "/un bœuf inoffensif, le jugement modéré » (Zohar, idem). Autrement dit,<br />

il faut réaliser que le Saint béni soit-Il atténue la force de la stricte justice, de même que<br />

« Ma main s’emparera de la justice ».<br />

« "Qui n’a pas encore connu le joug". Il s’agit des israélites dont la foi est entière »<br />

$(voir le Zohar). Il s'agit donc du renforcement de la foi, de la prière, réalisé grâce au<br />

renforcement de la vue, de même que « Et Ta justice <strong>pour</strong> ceux dont le cœur est droit »,<br />

comme nous l'avons vu.<br />

5- Il s'agit aussi de la dimension « poussière et cendre », évoqué au sujet de la vache<br />

(rousse) (Bamidbar 19:9). En effet, la dimension « prière » requiert celle de « poussière<br />

et cendre ». Il faut soumettre le mal, sur le plan individuel comme sur le plan général, en<br />

510


faveur du bien, de même que : « Et vous foulerez les méchants qui seront des cendres sous<br />

la plante de vos pieds » (Malakhi, 3:21).<br />

Il s’agit donc la notion de « cendre » présente dans la dimension « prière ». De plus, le «<br />

pied », correspond lui-même à la dimension "prière", comme : « Mon pied se tient (dans la<br />

droiture/bemiCHOR, dans les assemblées je bénirai l’Eternel.)» (Ps. 26:12). Au moment de<br />

la prière, on annulera le mal au niveau individuel, qui se caractérise par la grossièreté et<br />

la matérialité du corps, tout comme le faisaient les premiers ‘Hassidim, qui éprouvaient<br />

un tel détachement de la matérialité (de leur corps) pendant la prière $(Voir Ora'h Haïm<br />

98). Quant au mal sur le plan général, il correspond aux prières des pécheurs d'Israël<br />

parmi lesquels on prie. On doit annuler leur mal en le transformant en trône <strong>pour</strong> la<br />

sainteté. Telle est la dimension « cendre » dans la prière.<br />

A propos de la « poussière » qui se trouve dans la prière, il est question de se rattacher,<br />

en général comme en particulier, aux niveaux Néfech, Roua’h et Néchama (vitalité,<br />

souffle et âme) de ceux qui gisent dans la poussière, afin de les éveiller par notre prière,<br />

de prier avec eux, comme : « Réveillez-vous et entonnez des cantiques, vous qui résidez<br />

dans la poussière » (Isaïe 26:19). C'est de cela qu’il est question dans : « Qu'il mette sa<br />

bouche à la poussière » (Lam. 3:29), autrement dit, qu'il connecte sa parole à ceux qui<br />

gisent dans la poussière, comme nous l'avons vu. C’est ce qu'Avraham dit dans sa prière :<br />

« De grâce, j’ai entrepris de parler à l’Eternel, moi qui suis poussière et cendres » (Bér.<br />

18:27). Cela est nécessaire à la prière et porte le nom de « prière collective/beTSiBouR »<br />

dont les lettres sont les initiales de : TSadikim/Justes, Bénonim/moyens et<br />

Réchaïm/méchants.<br />

Le Bénoni/moyen est celui qui prie, comme en témoignent nos Sages, de mémoire bénie :<br />

« L’homme doit constamment se considérer comme à moitié méritant, etc. » (Kidouch.<br />

40b).<br />

Les TSadikim/Justes, correspondent à la poussière.<br />

Les Réchaïm/méchants correspondent à la cendre, comme cela a été vu.<br />

La manière d’éveiller ceux qui gisent sous terre présente un aspect individuel et un<br />

aspect général.<br />

Sur le plan individuel, il est question de ses propres parcelles de Néfech, Roua’h et<br />

Néchama déjà venues en ce monde par réincarnation et qui ont été réparées.<br />

511


Sur le plan général, il s’agit des parcelles de Néfech, Roua’h et Néchama d’autres<br />

personnes, qui dorment dans la poussière, qu'il faut éveiller <strong>pour</strong> prier avec eux. Ce qui<br />

relève de la notion de « sept, sept », évoquée à propos de la vache (rousse), dont tout le<br />

principe repose sur le sept, tel que le rapporte $(le Zohar III, 76b et Bamidbar Raba 19) :<br />

"sept aspersions, sept prêtres, etc." Ce qui correspond à la dimension « prière » qui est<br />

de l'ordre de: « Sept fois par jour, je te rends grâce » (Ps. 119,164).<br />

6- Il faut aussi réparer, par la prière, la dimension des trois voix.<br />

Celle de : « La voix du sot se reconnaît à l'abondance de ses paroles » (Kohélet 5:2), de «<br />

J’entends une voix d’exclamation » (Chemot 32:18) et de « Toute la journée, mon<br />

déshonneur est face à moi, etc. à la voix de l’offenseur et du détracteur » (Ps. 44:16-17). Il<br />

s'agit de la notion de "bois de cèdre, hysope et de laine cramoisie", évoqués à propos de la<br />

vache rousse(Bamidbar 19:6).<br />

Le « cèdre » correspond à : « La voix du sot se reconnaît à l'abondance de ses paroles », à<br />

la multitude de comportements et de croyances illusoires, de l'ordre des "pratiques de<br />

l’Amoréen", car « Le candide croira à toute chose » (Prov. 14:15). Tel est l’aspect du<br />

cèdre, de même que : « Et c'est Moi qui ai détruit l'Amoréen, dont la stature égalait celle<br />

des cèdres » (Amos 2:9). Les personnes de haute taille sont <strong>pour</strong> la plupart des sots. En<br />

effet, du fait de leur grande taille, les vapeurs qui s’élèvent du cœur vers le cerveau afin<br />

de s'y métaboliser <strong>pour</strong> constituer les pensées, se trouvent affaiblies du fait de la<br />

distance qu'il y a entre le cœur et le cerveau à cause de leur grande taille. Ces vapeurs<br />

étant ainsi dans l’incapacité de générer des pensées intelligentes. Voilà <strong>pour</strong>quoi les<br />

grands sont sots. Il est question des pratiques de l’Amoréen, dénués de toute<br />

intelligence, puisque "leur stature égalait celle des cèdres". C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle<br />

ils ont foi en de nombreuses vaines superstitions.<br />

« L’hysope » : quant aux personnes de petite taille, leur vapeurs se métabolisent<br />

parfaitement et produisent des pensées intelligentes. Cependant, leur intellect surpasse<br />

leurs bonnes actions, ainsi : « Toute personne dont la sagesse surpasse les bonnes<br />

actions etc. » (Avot 3:9). En pareil cas, lorsque la pensée intelligente retourne vers leur<br />

cœur, ce dernier n'a pas assez de force <strong>pour</strong> contenir l'intellect. En effet, le cœur se<br />

renforce essentiellement grâce aux bonnes actions. Ils relèvent de la catégorie : «<br />

Acquérir la sagesse sans avoir de cœur » (Prov. 17:16). Cette intelligence leur permet de<br />

512


faire fauter les autres. Il s'agit des philosophes, dé<strong>pour</strong>vus d’un cœur bon et pur. Ils<br />

n’entrent pas dans la catégorie « En mon cœur j’ai enfoui Tes paroles, <strong>pour</strong> ne pas fauter<br />

envers Toi » (Ps. 119:11). Du fait de cette intelligence, ils font beaucoup fauter les autres.<br />

Ils correspondent à « L’hysope qui sortirait d’un mur » (Rois I, 5:13). L’hysope<br />

correspond aux gens de petite taille, dotés d’un intellect fort, mais dont le cœur ne peut<br />

contenir en lui la sagesse du cerveau, car leur cœur est faible et défaillant. Les personnes<br />

débauchées qui se consacrent à la philosophie sont particulièrement atteintes, car leur<br />

cœur est incomplet, de même que : « Qui commet un adultère avec une femme est dénué<br />

de cœur » (Prov. 6:32).Tel est le sens de « L’hysope qui sortirait d’un mur », c'est-à-dire<br />

des parois du cœur. En effet, la sagesse s'échappe par les parois du cœur et le cœur ne<br />

peut contenir cette sagesse de même que : « Dans mon cœur j’ai enfoui etc. ». C’est ce<br />

dont il est question dans : « J’entends une voix d’exclamation », de l'ordre des voix de ceux<br />

qui insultent et blasphèment (comme l’explique Rachi), car ils font usage de leur<br />

intelligence <strong>pour</strong> blasphémer, comme nous le savons. A leur sujet il est écrit : « Ne sois<br />

pas trop intelligent » (Kohélet 7:16).<br />

« La laine cramoisie/Tolaat Chani » correspond au troisième type de voix : lorsque<br />

l’homme subit humiliations et offenses de la part de ses ennemis, comme dans : « Toute<br />

la journée, mon déshonneur est face à moi et mon visage se couvre de honte à la voix de<br />

l’insulteur et du détracteur ». C’est <strong>pour</strong>quoi il est question de Tolaat/ver, de même que :<br />

« Moi qui ne suis qu’un ver et non un homme, l’opprobre des gens, objet de mépris <strong>pour</strong> le<br />

peuple » (Ps. 22:7).<br />

Il est ici question des trois (mises en œuvre) évoquées au sujet de la vache (dans<br />

Nombres XIX) : l’égorgement rituel, la combustion et la collecte (des cendres). Elles<br />

correspondent à ces trois notions.<br />

« L’égorgement rituel/CHe'HiTa » représente l’annihilation des croyances des sots,<br />

comme dans : « Vaste et profonde/véCHa'HaTa a été leur aberration/SéTiM», (au sens de<br />

CHoTiM/fous) (Osée 5:2).<br />

« La combustion » correspond au renforcement du cœur, <strong>pour</strong> qu’il puisse contenir les<br />

paroles de sagesse, de même que : « Mon cœur est brûlant en moi » (Ps. 39:4). En effet, la<br />

rétention des paroles de sagesse dans le cœur provoque le réchauffement de ce dernier,<br />

car l’intellect est semblable à un feu contenu $(voir Jérémie 20.9). Il s'agit donc de<br />

combustion.<br />

513


« La collecte », elle, correspond à l’annulation des offenses des ennemis, comme (le<br />

suggère) le verset : « Dieu a assemblé ma honte » (Bér. 30,23), ce qui correspond à la<br />

disparition de la troisième voix, comme nous l’avons vu.<br />

7- De fait, celui qui prie doit rectifier tout cela. Il doit relever ceux qui tombent dans des<br />

croyances illusoires, les élever par sa prière vers une croyance authentique, qui n'est<br />

autre que la prière et implanter en leurs cœurs une fois parfaite. Il doit corriger le cœur<br />

des intellectuels/philosophes de façon à le rendre apte à contenir leur sagesse, sans que<br />

celui-ci les conduise à fauter, comme dans : « Dans mon cœur j’ai enfoui etc. ». Cela peut<br />

être réalisé par le biais de l’intention du cœur (la concentration) durant la prière. Il<br />

répare ainsi leurs cœurs. Il doit aussi inverser toutes les humiliations et offenses <strong>pour</strong><br />

les transformer en honneur. En effet, lorsqu’un homme se tient dans le palais du roi, qu’il<br />

fait totalement abstraction de lui-même, et ne voit absolument rien d’autre que le roi,<br />

alors, lorsqu’il entend une insulte ou une vexation quelconque, il interprète assurément<br />

cette vexation ou cette insulte comme un honneur rendu au roi. En effet, comment se<br />

<strong>pour</strong>rait-il que quelqu’un pénètre à l’intérieur du palais du roi <strong>pour</strong> venir humilier le<br />

roi ? (Pour la personne qui prie), sans aucun doute, ces paroles sont des paroles<br />

honorifiques (adressées au roi). Il s’emploie donc à réfléchir à la manière de les<br />

interpréter et de les recomposer de telle façon que ces paroles deviennent des paroles à<br />

la gloire du roi. Et il n'y a pas lieu de penser que ces offenses sont lancées contre luimême.<br />

C'est impossible, car qui est-il ? N'a-t-il pas annulé Son existence ? Y aurait-il ici<br />

quelqu'un d'autre que le Roi Lui-même ? C'est de cela qu’il s'agit dans : « Et dans Son<br />

palais, tous de déclarer Gloire (au Roi) » (Ps. 29:9), toutes les déclarations doivent être<br />

agencées de façon à générer de l’honneur. De plus, au moment de la prière, l’homme se<br />

tient vraiment dans le palais du Roi, comme le montre : « Seigneur, ouvre mes lèvres »<br />

(Ps. 51:17). « Seigneur/Adonaï » correspond au « palais/hékhal » (Tikounim 18, 31b).<br />

Voilà <strong>pour</strong>quoi il faut transformer toutes les offenses en paroles de gloire <strong>pour</strong> le Roi.<br />

8- Lorsque la prière est convenablement effectuée, la lumière du mérite des patriarches<br />

scintille, de même que : « Le mérite des patriarches intervient/‘hala » (Zohar III, 174a).<br />

Cela s’effectue par les prières, accomplies comme il se doit. En effet, « Le mérite des<br />

patriarches intervient/‘HaLa », de même que : « Moché implora/vaye’HaL etc. » (Chemot<br />

514


32:11), tout cela grâce à la prière (de Moché durant laquelle les Patriarches ont été<br />

évoqués).<br />

De plus, là où sont présents les Patriarches est présente la divine Présence. Cette<br />

dernière correspond à la « ‘HaLa/prélèvement rituel de la pâte » qui équivaut à « Gam<br />

Zot/celle-ci aussi » (qui évoque la Présence divine comme nous l’avons vu). En effet, «<br />

Gam » correspond à la « ’hala qui nécessite la quantité de 43 (valeur de Gam) œufs. Il<br />

s'agit de la notion « héritage de la Terre d’Israël », car ce commandement (la ‘HaLa)<br />

devait prendre effet immédiatement (à l’entrée en Terre sainte), comme il est écrit : «<br />

Lorsque vous mangerez du pain de la Terre, vous en prélèverez un tribut au<br />

Seigneur. Comme prémices de votre pâte, vous prélèverez une offrande » (Bamidbar 15:19-<br />

20). En effet, là où se trouvent les Patriarches, se trouve la Présence divine, qui<br />

correspond à la ‘Hala, qui relève de la Terre d’Israël.<br />

Ainsi, grâce à la dimension « Terre d’Israël », non seulement l’homme est préservé du<br />

mauvais œil des méchants, mais il parvient même à voir (s’accomplir) sur eux, ce qu’ils<br />

souhaitaient voir (s’accomplir contre) lui. Jusqu’à présent « les fantaisies de leur cœur<br />

dépassent toute borne » (Ps. 73:7), car ils ont obtenu bien davantage que ce qu’ils<br />

désiraient. Mais désormais, grâce à « Il implora/vayi’HaL », grâce à : « le mérite des<br />

patriarches intervient/‘HaLa », grâce à « l’offrande de ‘HaLa » et à la Terre d’Israël, leur<br />

cœur devient « Une espérance/to’HéLet qui traîne en longueur, une maladie/ma’HaLa du<br />

cœur » (Prov. 13:12).<br />

C'est ce dont il s'agit dans : « Garde ton espoir en l’Éternel et garde Sa voie/DaRKo » (Ps.<br />

37:34) qui correspond à la rectification de la prière, au fait de « tendre/DeRiKHat l’arc »,<br />

symbole de la prière. Il s'agit des trois couleurs de l’arc-en-ciel, apparentées à la lumière<br />

des patriarches qui scintille, dont nous avons parlé. Grâce à cela : « Il t’élèvera <strong>pour</strong><br />

hériter de la terre », allusion à la Terre d’Israël. De ce fait, « Tu assisteras à la destruction<br />

des méchants », de l'ordre de « Assieds-toi à ma droite etc. », comme rappelé plus haut.<br />

Tel est le sens de : « Réside sur la terre et cultive la foi » (Ps. 37:3), grâce à la foi, qui<br />

correspond à la prière, on accède à la dimension « Terre d’Israël ».<br />

9- Sache toutefois qu’il n’est pas donné à tout homme de rectifier par la prière les voix<br />

évoquées ci-dessus. Parfois, durant la prière, ces voix proviennent de personnes si<br />

méchantes que tous ceux qui s'y opposent mettent leur vie en danger. En ce cas, une<br />

prière puissante est nécessaire, à l’instar de la prière de Moché, que la paix soit sur lui.<br />

515


Or, même Moché notre maître, que la paix soit sur lui, craignait 'Og, le roi de Bachane. En<br />

effet,’Og se situait si proche de la droite, c’est-à-dire, de la Terre d’Israël, que le Saint<br />

béni soit-Il dut dire à Moché : « Ne le crains pas » (Bamidbar 21:34). Il (Moché) se disait :<br />

« Ma main droite (Aaron) a disparu », comme l’évoque le Zohar $(III, 184a). Quant à ’Og,<br />

il s'agrippait à la droite car il provenait de la maison d’Avraham et son territoire (le<br />

Bachan) était proche de la Terre d’Israël. C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle Moché craignait de<br />

le provoquer, plus que les autres hommes. On doit donc s’introspecter scrupuleusement<br />

et comprendre quelle est la racine du méchant, d’où il tire sa vitalité, afin d’évaluer si<br />

l'on peut se mesurer à lui et le détruire.<br />

« J'étais fossoyeur. Un jour, en courant après un daim, j’entrais dans le fémur d’un<br />

mort, etc. » Telle est la signification des paroles d’Aba Chaoul :<br />

« J'étais fossoyeur », il s’efforçait constamment d’assister à l’élimination des méchants,<br />

puisque même de leur vivant, ceux-ci sont appelés « morts » (Brakhot 18b).<br />

« Un jour, en courant après un daim/Tsvi » : La chute des méchants s’effectue<br />

essentiellement grâce à l’héritage de la Terre d’Israël, en attirant la sainteté de la Terre<br />

d’Israël, de l’ordre de « Assieds-toi à Ma droite », comme nous l’avons déjà vu. La Terre<br />

d’Israël est par ailleurs « un joyau/Tsvi, entre tous les pays » (Ezékhiel, 20:6).<br />

« Je pénétrai dans le fémur/KoLiT d’un mort » : autrement dit, il voulut rectifier les<br />

voix/KoLoT dont nous avons parlé plus haut.<br />

« Je courus après lui sur une distance de trois Parasanges », il s'agit de la dimension<br />

de la prière, au nombre de trois (par jour), par lesquelles brille la lumière des trois<br />

Patriarches qui correspondent aux trois pieds du trône (céleste) et ainsi d’attirer la<br />

lumière de la Terre d’Israël associée à la dimension « Tsvi » (joyau ou daim).<br />

« Je n’atteignis pas le daim et le fémur (les voix) n'en finissait pas » : il ne parvenait<br />

pas à percevoir la dimension « Terre d’Israël », ni à provoquer l’annulation des voix,<br />

comme rappelé plus haut.<br />

« Et quand je revins en arrière », c’est-à-dire, après avoir achevé ma prière, lorsque<br />

l’homme fait trois pas en arrière, « on me dit qu'il s’agissait du fémur d’Og, roi de<br />

Bachan », et que tout le monde n’est pas en mesure de rectifier de telles voix, car il est<br />

agrippé à la droite, et même Moché notre maître le craignait jusqu’à ce que le Saint béni<br />

soit-Il le rassurât en lui disant : « Ne le crains pas », comme le rapporte le Zohar.<br />

516


C’est <strong>pour</strong>quoi, la dimension « méchant comme Og » porte le nom de « réfugié », comme<br />

dans : « Le réfugié arriva » (Bér. 14:13), il s’agit d’Og $(Bérechit Raba 42:8 ; Nida, 61) qui<br />

souhaitait la mort d’Avraham afin d’épouser Sarah. Il correspond à « Le méchant scrute le<br />

Juste » qui est Avraham. « Mais l’Éternel ne l’abandonnera pas entre ses mains », de<br />

même que « Ma main s’emparera du jugement ». Mais le Saint béni soit-Il retint son<br />

jugement pendant longtemps, jusqu’à l’époque de Moché notre maître, que la paix soit<br />

sur lui. C’est <strong>pour</strong> cette raison qu’il est appelé « réfugié/PaLiT » comme dans : « Pour<br />

toujours j’échapperai/vaaPhaLéTa, à mon jugement » (Job, 23:7) car il échappa à son<br />

jugement durant une très longue période.<br />

Grâce à cela, les Justes, qui font le bien, méritent (le dévoilement de) la Face de l'Eternel.<br />

En effet, avant l’annihilation des méchants, la Face de l'Eternel était voilée et cachée par<br />

ceux qui font le mal, afin de les anéantir, comme : « La Face de l’Éternel est (cachée)<br />

parmi ceux qui font le mal <strong>pour</strong> anéantir leur souvenir » (Ps. 34:17). Mais à présent, dès<br />

que l’on assiste à la destruction des méchants, aussitôt la Face de Dieu se dévoile à ceux<br />

qui font le bien. C’est ce dont il est question dans : « Recherchez constamment Sa Face »<br />

(Ps. 105:4). En effet, la dimension de « constamment/Tamid » correspond à la Terre<br />

d’Israël, comme il est écrit : « Les yeux de l’Éternel, ton Dieu, sont constamment/Tamid,<br />

tournés vers elle » (Dévarim 11). Grâce à la Terre d’Israël, vous obtiendrez le mérite de<br />

trouver la Face de l'Eternel, grâce à la Terre d’Israël, vous aurez le mérite d’assister à la<br />

perte des méchants, comme nous l’avons vu plus haut.<br />

Il est (également) question ici de la notion de l'inclusion de l’Ange Sandal dans l’Ange<br />

Matat (chef des anges), prince de la Face, et de l'inclusion du monde de l’Action dans le<br />

monde de la Formation, ce qui se produit lorsque l’on répète le verset : « Toute<br />

âme/NéCHaMA loue l’éternel » (Ps. 150:6), <strong>pour</strong> chacune de nos<br />

respirations/NéCHiMAH, nous devons louer Dieu (Bér. Rab, 14:9). Le mauvais œil a <strong>pour</strong><br />

effet de redoubler la respiration, comme nous le constatons empiriquement lorsqu'un<br />

homme est victime de mauvais œil, il commence alors à suffoquer, puis ouvre sa bouche<br />

<strong>pour</strong> respirer une deuxième fois.<br />

Et puisque la respiration est doublée, il faut doubler également la louange. On doit en<br />

particulier louer et remercier l’Éternel qui nous a délivré de ce mauvais œil. C’est ainsi<br />

que l’on assiste à la perte des méchants. Il s'agit bien ici de la dimension relative à Matat,<br />

prince de la Face, qui illumine le monde de l'Action. En d’autres termes, ceux qui<br />

517


agissent bien méritent (le dévoilement de) la Face de l'Eternel, grâce à la destruction de<br />

ceux dont l'œil est malveillant, causant la répétition de la respiration.<br />

[Ici s’achèvent les paroles de Rabénou.]<br />

TORAH 56<br />

Chavouot 5565<br />

« Au jour des prémices, quand vous présenterez à l'Éternel l'offrande nouvelle, à la<br />

fin de vos semaines, il y aura <strong>pour</strong> vous convocation sainte : vous ne ferez aucun<br />

travail ».<br />

(Nom, 28:26)<br />

1- Il existe en chacun des Israelites une dimension de royauté. Oui, chacun à son niveau,<br />

possède des aspects de souveraineté : il y a celui qui conduit sa maison, un autre peut<br />

exercer une autorité plus large et un autre gouverne le monde tout entier, chacun selon<br />

le degré de royauté qui est le sien. Tout cela selon le principe : « Princes de milliers,<br />

princes de centaines, princes de cinquante et princes de dizaines » (Chemot 18,25). Les<br />

différents aspects de cette royauté qui est en chacun sont révélés ou cachés.<br />

Sous une forme révélée, l’autorité de chacun, selon son niveau, lui permet de diriger<br />

certaines personnes de manière manifeste, selon sa dimension de la royauté, comme<br />

rappelé.<br />

Sous une forme cachée, chacun possède également, selon son niveau, une dimension<br />

cachée de royauté. Autrement dit, même si en apparence, nul n’a l’impression qu’il<br />

exerce son autorité sur eux, malgré tout, de manière latente et particulièrement voilée, il<br />

exerce sur eux son autorité, puisque leurs âmes lui sont inferieures et lui sont soumises.<br />

Cette dimension de royauté cachée existe également chez chacun selon son niveau,<br />

selon : « Princes de milliers, princes de centaines, etc. ». Il en est <strong>pour</strong>tant un qui n'a<br />

aucune autorité manifeste, mais qui exerce une domination sur toute la génération, y<br />

compris sur tous les Justes de la génération, car toutes leurs âmes sont soumises à son<br />

autorité et à sa royauté. Tous lui sont soumis et subordonnés, mais de manière<br />

518


extrêmement cachée, de même que : « En tout lieu l’encens est présenté et offert <strong>pour</strong> Mon<br />

Nom» (Malakhi 1:11). En effet, même s’ils servent un culte idolâtre, de manière<br />

particulièrement cachée, ils restent tous néanmoins soumis à Lui, béni soit-Il, et Le<br />

servent, mais sous une forme extrêmement dissimulée. Il en va de même avec cette<br />

dimension cachée de la royauté : même si en apparence, il n’exerce aucune domination<br />

sur les autres, il les dirige malgré tout, sous une forme très voilée, ces personnes lui sont<br />

toutes inférieures et plient devant lui.<br />

2- Chacun doit toutefois veiller à ne pas utiliser la dimension de royauté dont il dispose<br />

<strong>pour</strong> son plaisir ou <strong>pour</strong> ses besoins (personnels). Ces dimensions de la royauté ne<br />

doivent pas devenir <strong>pour</strong> lui tel un esclave dont le rôle est de satisfaire ses désirs. Cette<br />

dimension de royauté devra exclusivement relever de « l’homme libre », de l'ordre de : «<br />

Heureuse terre dont le roi est un homme libre » (Kohélet 10:17). La royauté devra donc<br />

être chez toi : « homme libre », sans être utilisée <strong>pour</strong> ton plaisir. Tel est l’aspect de<br />

Mordékhaï, correspondant à « Mor/myrrhe Déror/franche » (Chemot 30:23), dont la<br />

marout/domination, c’est-à-dire la royauté, possède une liberté/Déror, car elle ne doit<br />

pas être utilisée à son aise, à des fins personnelles, mais uniquement <strong>pour</strong> Dieu, béni<br />

soit-Il, de même que : « Et la royauté appartiendra à l'Éternel » (Ovadia, 1:21), autrement<br />

dit, il ne faut faire usage de la royauté que <strong>pour</strong> le service divin, béni soit-Il. Et plus<br />

précisément, <strong>pour</strong> mettre en garde et rappeler à l’ordre toutes les âmes qui lui sont<br />

soumises, chacun selon la dimension de royauté qui est sienne, dévoilée et cachée. Si un<br />

homme exerce son autorité dans sa maison, il devra mettre en garde et rappeler à<br />

l’ordre les membres de sa famille. S’il possède une autorité plus large, il lui incombe de<br />

mettre en garde plus de personnes, selon le niveau de royauté qui est le sien.<br />

3- Il faut de plus attirer la longévité à l’intérieur de la royauté, afin de ne pas en arriver<br />

à : « Le pouvoir enterre celui qui le possède » (Pessa’him 87b). En effet, chacun, selon le<br />

niveau de royauté qui est le sien, s'apparente à un veilleur auquel incombe la<br />

responsabilité d’alerter et de réprimander les personnes (dont l'âme est) de sa racine,<br />

sur lesquels il exerce une position de royauté. Par conséquent, s’il les met en garde et les<br />

réprimande, il accomplit sa mission et sauve son âme, comme il est écrit : « Je t’ai placé<br />

en veilleur sur la maison d’Israël, etc., et toi, tu avertis le méchant et qu'il ne revienne pas<br />

de son iniquité etc., lui mourra par son péché, et toi, tu auras la vie sauve » (Ezékhiel, 3:17-<br />

519


19). En revanche, s’il ne les met pas en garde et ne les réprimande pas, la sanction pèse<br />

alors sur lui [comme il est écrit là-bas]. C’est en quoi « Le pouvoir enterre celui qui le<br />

possède ». Voilà <strong>pour</strong>quoi il faut rallonger la longévité à l’intérieur de la royauté,<br />

autrement dit, voir comment alerter et réprimander.<br />

Pourtant, comment est-il possible de mettre en garde et de réprimander lorsqu’on ne<br />

connaît pas les besoins (des personnes placées sous notre responsabilité) et qu’ils ne<br />

sont pas (assez) proches de nous <strong>pour</strong> pouvoir les aiguillonner ? Une (véritable)<br />

connaissance est indispensable <strong>pour</strong> savoir réprimander. Pour parvenir à une telle<br />

science, la longévité est également nécessaire. Ainsi les gens disent : « Il ne connaît rien<br />

de sa vie », car la connaissance résulte essentiellement de la vie, de la longévité. Pour<br />

atteindre la longévité, il faut se consacrer à la Torah. En effet, la Torah est le Nom du<br />

Saint béni soit-Il $(Tikounim 10, 25b) et, de même que lorsque nous devons appeler<br />

quelqu’un, nous l’appelons par son nom, de même devons-nous invoquer La Source de<br />

toute vie afin de faire survenir d’Elle, vie et longévité. Et <strong>pour</strong> cela, nous invoquons Son<br />

Nom, si l’on peut dire. Or, Son Nom n’est autre que la Torah, comme rappelé plus haut. Il<br />

en découle que par le biais de l’étude de la Torah, nous invoquons la longévité. C’est la<br />

raison <strong>pour</strong> laquelle il est enjoint au roi d’étudier la Torah bien plus que tout autre,<br />

puisqu’il doit attirer la longévité dans la royauté, comme nous l'avons vu. Tel est le sens<br />

du passage relatif au roi : « Elle (la Torah) restera avec lui, et il la lira tous les jours de sa<br />

vie, afin de prolonger ses jours sur son royaume » (Dévarim 17:19-20). C’est de cela qu’il<br />

est question dans « Il la lira tous les jours de sa vie », il la lira, précisément (ce terme<br />

signifie à la fois "lecture", "étude de la Torah écrite", et "appel"). Autrement dit, grâce à<br />

l’étude de la Torah, il appelle la vie, comme nous l'avons expliqué.<br />

Et voici la signification de « Tous les jours de sa vie » : « les jours de sa vie », précisément,<br />

car lorsque l’on reçoit la vitalité, il faut la recevoir avec mesure. En effet, sans mesure ni<br />

contraction, il est impossible de recevoir la vitalité de Dieu béni soit-Il, du fait du (risque<br />

de) trop-plein de lumière. Une trop grande quantité d’huile entraînerait en effet<br />

l’extinction de la lampe. Il faut donc recevoir la vitalité de manière mesurée et l’on y<br />

parvient grâce à l’étude de la Torah. En effet, la Torah est le Nom du Saint béni soit-Il, et<br />

le nom est le réceptacle de la chose, car c'est dans son nom que la vitalité d’une chose est<br />

circonscrite, comme il est écrit : « Toute âme vivante, tel est son nom » (Bér. 2:19). Dans<br />

le nom, l’âme et la vitalité de toute chose trouve son cadre. Voilà <strong>pour</strong>quoi, lorsque l’on<br />

appelle un homme par son nom, il nous est immédiatement disponible. C’est que son<br />

520


nom renferme toute son âme et toute sa vitalité. De même, « la Torah est le Nom du Saint<br />

béni soit-Il » signifie qu'elle délimite la vitalité de la Vie de toute vie. Car la Torah relève<br />

des « mesures ». On peut y trouver en effet des lettres, des mots, des versets, des<br />

paragraphes et des sections, qui sont des mesures, dans lesquelles la vitalité est<br />

circonscrite, de manière mesurée. De ce fait, grâce à la Torah, qui constitue le Nom du<br />

Saint béni soit-Il et qui est de l’ordre des mesures, nous pouvons recevoir la vitalité.<br />

Grâce à la Torah, nous appelons la vie, et nous attirons la vitalité à l'intérieur des<br />

mesures liées aux « jours ».<br />

Et tel est le sens du verset : «Ma’/Quelle est la mesure de mes jours ? » (Ps. 39:5). Il s'agit<br />

de la Torah qui correspond à la dimension de « Ma’ », comme dans : «Ma’/Quels sont ces<br />

statuts, ces lois et ces règlements » (Dévarim 6:20). Elle est donc de l’ordre des mesures<br />

et des jours, comme rappelé plus haut. Avec elle, nous appelons la vitalité au sein des<br />

mesures et des jours. Car sans cela, il n’aurait pas été possible de recevoir la vitalité du<br />

fait de l’excès de lumière. Telle est donc la signification de : « Il la lira tous les jours de sa<br />

vie » : par l’intermédiaire de la Torah, il attire la vitalité dans les jours et dans les<br />

mesures, comme rappelé.<br />

C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle il faut étudier la Torah précisément avec la bouche, car<br />

lorsque nous devons appeler quelqu’un par son nom, on l’appelle précisément avec la<br />

bouche. Il est impossible de l’appeler par la simple pensée. De même, il n’est possible<br />

d’appeler la Vie de toute vie par Son nom que par la bouche, et non pas par la seule<br />

pensée. Telles sont les paroles de nos Sages, de mémoire bénie : « Car elles sont la vie<br />

<strong>pour</strong> ceux qui les trouvent/léMoTSaEhem » (Prov. 4:22), <strong>pour</strong> ceux qui les<br />

sortent/léMoTSiEhem de leur bouche » (Erouvin 54a), <strong>pour</strong> ceux qui les sortent de leur<br />

bouche, précisément, car de cette manière, l’on obtient le mérite de la vie, comme nous<br />

l'avons vu.<br />

En résumé, grâce à l’étude de la Torah, on attire la longévité et l'on mérite la<br />

Connaissance. Car la connaissance et l’intelligence constituent elles-mêmes la vitalité,<br />

comme il est écrit : « La Sagesse fait vivre celui qui la possède » (Kohélet 7:12) et la<br />

Sagesse est la racine de la vitalité. Grâce à la Connaissance, nous sommes donc en<br />

mesure de rapprocher et réprimander ceux qui ont besoin d’être réprimandés.<br />

Il existe en effet deux niveaux de voilement. Lorsque Dieu, béni soit-Il, se cache derrière<br />

un seul voile, il est déjà très difficile de Le trouver, mais lorsqu’Il ne se cache ainsi que<br />

521


sous un seul voile, il reste possible de se fatiguer à creuser, jusqu’à Le trouver, béni soit-<br />

Il, dès lors que nous sommes conscients que Dieu béni soit-Il se cache de nous.<br />

En revanche, lorsque Dieu se cache à l’intérieur d’un second voile, autrement dit, lorsque<br />

le fait même qu’Il se cache nous soit caché, c’est-à-dire, lorsque que l’on ne sait pas du<br />

tout que Dieu s’est caché, il devient alors impossible de Le trouver, puisqu’on ne sait rien<br />

de Dieu, béni soit-Il. Cette situation relève de : «Moi, caché Je me cacherai » (Dévarim<br />

31:18), autrement dit : Je cacherai le fait même que Je me cache, et l'on ne saura pas du<br />

tout que Dieu béni soit-Il se cache. En ce cas, il est certain que l’on ne peut Le trouver,<br />

béni soit-Il, puisqu'on ignore totalement que l’on doit Le rechercher, on ne sait en effet<br />

pas du tout que Dieu béni soit-Il s’est dissimulé. La dissimulation elle-même nous est en<br />

effet dissimulée, comme nous l'avons dit.<br />

Mais en réalité, dans toutes les dissimulations, y compris dans une dissimulation à<br />

l’intérieur d’une dissimulation, même en ce cas, il est certain que Dieu béni soit-Il s’y<br />

trouve habillé. En effet, il ne saurait exister une seule chose (en ce monde) qui ne<br />

renferme la vitalité de Dieu béni soit-Il, car sans cette vitalité, elle n'aurait aucune<br />

existence. Il ne fait donc aucun doute que dans chaque chose, action et pensée, se<br />

« revête » le Saint béni soit-Il, si l’on peut dire. Quand bien même, à Dieu ne plaise, on<br />

ferait une faute, qui s’oppose à la Volonté de Dieu, il est certain que la vitalité de Dieu,<br />

béni soit-Il, s’y trouverait néanmoins, ne serait-ce que de manière particulièrement<br />

voilée et contractée. De plus, la Torah constitue la vitalité de toute chose. Par<br />

conséquent, en toute chose et en toute pensée, y compris dans une pensée, une parole ou<br />

une action liées à la transgression, à Dieu ne plaise, se trouve également le vêtement de<br />

la Torah, mais de manière extrêmement voilée et réduite, de l’ordre des dissimulations.<br />

En effet, « Si un homme faute et récidive, cette transgression devient à ses yeux une<br />

chose permise » (Yoma, 86b), comme nos Sages ont enseigné. En d’autres termes, les<br />

transgressions sont le moyen par lequel on inverse les paroles du Dieu Vivant, on opère<br />

ainsi des combinaisons nouvelles dans la Torah, au point de faire de ce qui est interdit,<br />

une permission, comme il est écrit : « Malheur à ceux qui appellent le mal bien et le bien<br />

mal, etc. » (Isaïe 5:20). Il en ressort que même les transgressions se revêtent de la<br />

vitalité de Dieu, béni soit-Il, c’est-à-dire des lettres de la Torah, mais de manière voilée.<br />

Cela signifie qu’avec les fautes, on inverse les combinaisons de la Torah jusqu’à changer<br />

l’interdit en permission, comme nous le rappelle : « Si un homme faute et récidive, cette<br />

transgression devient à ses yeux une chose permise ». Cela correspond à une<br />

522


dissimulation. Ainsi, lorsque Dieu béni soit-Il se cache de nous par une seule<br />

dissimulation, telle : « devient à ses yeux une chose permise », même ainsi, il est très<br />

difficile de Le trouver, puisque dès lors, la chose est <strong>pour</strong> lui telle une chose permise. Il<br />

reste cependant possible de faire des efforts et de creuser jusqu’à Le trouver, béni soit-Il,<br />

parce que l’on sait, malgré tout, que la chose est devenue <strong>pour</strong> nous semblable à une<br />

chose permise. Ainsi donc, même si le Saint béni soit-Il s’est dissimulé de nous et que<br />

nos fautes sont déjà devenues <strong>pour</strong> nous comme permises, on peut toutefois prendre<br />

conscience de cela-même, on peut ainsi réaliser qu’on est tombé à un niveau équivalent<br />

à : « devient à ses yeux une chose permise ». Qu’il demande et creuse jusqu’à sortir de<br />

cette situation dès lors qu’il a compris que la chose est devenue <strong>pour</strong> lui comme une<br />

chose permise !<br />

Mais sache qu’il existe aussi la dissimulation à l’intérieur de la dissimulation, lorsque la<br />

dissimulation elle-même nous est dissimulée, et que l'on ne sait pas du tout que Dieu<br />

béni soit-Il se cache de nous. Autrement dit, lorsque l'on n’a aucune conscience que<br />

l’interdit est devenu <strong>pour</strong> nous une chose permise, et que toutes les mauvaises choses<br />

nous semblent au même niveau, à Dieu ne plaise. En d’autres termes, si, à Dieu ne plaise,<br />

après avoir fauté et répété sa faute, on commet encore plus de transgressions, on n’est<br />

alors même plus conscient du fait que cet interdit est devenu permis <strong>pour</strong> nous. On en<br />

vient ainsi à ne plus avoir la moindre conscience d’une quelconque faute, et tout devient<br />

(comme) droit à nos yeux. Telle est la notion de « dissimulation dans une dissimulation<br />

» : lorsque la dissimulation elle-même nous est dissimulée, comme nous l’avons vu.<br />

Mais en réalité, même au sein de « la dissimulation dans la dissimulation », Dieu béni<br />

soit-Il se revêt des lettres de la Torah, car sans Lui, nulle chose ne possède de vitalité,<br />

comme nous l’avons vu. C’est uniquement du fait de la multitude des transgressions que<br />

l’on a totalement transformé les paroles du Dieu vivant, à tel point que la sagesse de la<br />

Torah s'est transformée chez nous en stupidité, jusqu’à ne plus laisser aucune<br />

conscience de la situation décrite plus haut selon laquelle la chose semble permise. Il<br />

s'agit ici de la notion de « dissimulation dans une dissimulation », comme nous l'avons<br />

dit.<br />

Il faut donc dévoiler ces dissimulations. On peut y parvenir en attirant la longévité sur la<br />

royauté, qui correspond à la Connaissance, comme nous l'avons vu plus haut. Grâce à<br />

cette Connaissance, on <strong>pour</strong>ra savoir qu’au sein même de la dissimulation, et même dans<br />

523


la dissimulation qui est dans la dissimulation, Dieu béni soit-Il (est présent et)<br />

s’ « habille ». Il s'agit de la Torah. Dès lors que l’on sait que même à l’intérieur de ces<br />

dissimulations se trouve Dieu béni soit-Il, cette conscience même, révèle ces<br />

dissimulations qui deviennent alors Torah. Même au sein de la dissimulation dans la<br />

dissimulation se fait la Torah, car en réalité, Dieu béni soit-Il s’y habille tout autant. Il<br />

s'agit de la Torah, comme nous l'avons dit. La situation antérieure était seulement le fait<br />

de l'ignorance de la dissimulation de Dieu béni soit-Il, qui constituait en soi les<br />

dimensions de dissimulation. Mais la prise de conscience que Dieu, béni soit-Il, s’y<br />

dissimule, a <strong>pour</strong> effet immédiat de transformer la dissimulation dans la dissimulation<br />

en Connaissance, et de rétablir la Torah qui s'y trouvait sous forme de Connaissance, à<br />

présent que l’on sait que Dieu béni soit-Il s’y dissimule.<br />

Et puisque la dissimulation à l’intérieur de la dissimulation se rétablit (<strong>pour</strong> devenir)<br />

connaissance, et qu'elle est devenue Torah, dès lors, la Torah elle-même les réprimande,<br />

ainsi : « La Torah leur déclare : Jusqu'à quand, niais, aimerez-vous la sottise $(Prov. 1:22),<br />

etc. » (Zohar III 58a). Car en réalité, la Torah déclare, crie et réprimande constamment,<br />

comme il est écrit : « Elle appelle à elle au milieu des bruyants carrefours etc. Jusqu'à<br />

quand, niais, aimerez-vous etc. » (Prov. 1:21-22), et l’homme n’entend pas la voix de cet<br />

appel, du fait de ces dissimulations. Mais une fois ces dissimulations dévoilées et<br />

restituées, et que par le biais de la connaissance elle soit devenue Torah, comme nous<br />

l'avons vu, dès lors qu’elles sont devenues Torah, c’est la Torah elle-même qui les<br />

exhorte : « Jusqu’à quand, niais etc. », comme nous l'avons dit.<br />

Tel est le sens du verset : « Elle ouvre sa bouche avec sagesse » (Prov. 31:26 – La femme<br />

vertueuse), du fait de la sagesse et de la connaissance dont nous avons parlé, on dévoile<br />

les dissimulations et l'on fait d’elles de la Torah, comme indiqué plus haut. Ce qui<br />

entraîne : « Elle ouvre sa bouche », et : « La Torah leur déclare », car la Torah elle-même<br />

ouvre sa bouche et les réprimande, ainsi que nous l'avons vu.<br />

En résumé, l’étude de la Torah, par laquelle on attire la longévité dans la royauté en<br />

attirant la vitalité à l'intérieur des mesures et des jours, comme nous l'avons expliqué,<br />

(l’étude de la Torah) permet de mériter la Connaissance, comme nous l'avons dit. C'est<br />

grâce à cela que l'on peut faire des remontrances, y compris à ceux qui sont très éloignés<br />

du Saint béni soit-Il, de l'ordre de « la dissimulation dans la dissimulation », comme nous<br />

l'avons expliqué.<br />

524


C'est ce à quoi fait allusion : «Et chaque jour, Mordékhaï arpentait les abords de la cour de<br />

la maison des femmes, etc. » (Esther 2:11) :<br />

« Mordékhaï » représente l’aspect de royauté dont nous avons parlé plus haut.<br />

« Et chaque jour », il s’agit de la dimension de la Torah, par laquelle on attire la vitalité<br />

dans les jours et dans les mesures, comme nous l'avons dit.<br />

« La cour de la maison » évoque la notion d'extériorité et d’intériorité, c’est-à-dire, les<br />

pensées et paroles dans lesquelles Dieu béni soit-Il se dissimule, y compris dans les<br />

pensées et dans les paroles de ceux qui sont éloignés de Dieu, béni soit-Il.<br />

« La cour de la maison des femmes/NaCHim », au sens de « se sont soulevés/NaCHou »<br />

et ont sauté du Lieu du monde $(voir Rachi Genèse. 32 sur le nerf sciatique/haNaCHé)<br />

autrement dit, ceux qui se sont éloignés du Dieu béni soit-Il. Il existe d’autre part des<br />

personnes qui avaient trouvé quelque peu Dieu béni soit-Il, mais qui désormais L’ont<br />

oublié. Tel est le sens de « les femmes/NaCHim », au sens d’oubli, comme il est écrit : «<br />

Dieu m’a fait oublier/NaCHani etc. » (Bér. 41:51), car ils ont oublié Dieu, béni soit-Il. En<br />

outre, il existe des personnes qui, même à présent, se souviennent de Dieu béni soit-Il,<br />

mais dont la force s’est tellement affaiblie/NaCHta (tiré de Jérémie 51) qu’ils sont dans<br />

l’incapacité de surmonter leur mauvais penchant. Tout cela est en relation avec les trois<br />

catégories décrites plus haut, appelés femmes/Nachim :<br />

La catégorie de ceux qui se sont soulevés et ont « sauté ».<br />

La catégorie de ceux qui ont cédé à l’oubli.<br />

Et la catégorie de ceux qui ont vu leur force s’affaiblir.<br />

Telles sont les trois causes de leur éloignement de Dieu béni soit-Il, qui <strong>pour</strong> sa part, se<br />

dissimule d’eux dans les dimensions de dissimulations décrites plus haut.<br />

Quant à Mordékhaï, dimension de la royauté, il est capable de les réprimander et les<br />

mettre en garde, grâce à l’étude de la Torah, liée à la notion de jours et de mesures,<br />

comme nous l'avons dit. Ce qui octroie le mérite d’acquérir la connaissance, car par le<br />

biais de cette connaissance, on dévoile la dissimulation enfouie dans la dissimulation<br />

<strong>pour</strong> en faire de la Torah, comme nous l'avons expliqué. C’est alors que la Torah leur<br />

déclare etc., cité plus haut. C’est ce dont il s'agit dans : « Pour connaître comment se<br />

portait Esther », car ainsi, on génère la Connaissance à partir de la dissimulation inclue<br />

dans la dissimulation, qui relève de la dimension « Esther », de l'ordre de « Cacher, Je<br />

cacherai/Aster, Astir »<br />

525


C’est ce que signifie : « Ma’/Qu’est ce qui advenait d’elle » qui notifie qu'il fait de la<br />

dissimulation une dimension de « Ma’ », c'est-à-dire de la Torah, comme il est écrit :<br />

« Ma’/Quels sont ces préceptes, etc. », comme expliqué plus haut. En effet, le fait de savoir<br />

que même dans la dissimulation inclue dans la dissimulation se trouve Dieu béni soit-Il,<br />

le simple fait de le savoir génère la connaissance, c’est-à-dire la Torah, et alors, la Torah<br />

leur déclare etc., comme cité plus haut.<br />

Cela constitue en soi la dimension de remontrance, en ce que la responsabilité lui<br />

incombe de rappeler à l’ordre et réprimander, comme nous l'avons vu. En effet, grâce à<br />

la connaissance, on suscite les exhortations de la Torah, comme nous l'avons dit. De plus,<br />

ces exhortations ont <strong>pour</strong> effet d'attirer le prolongement des jours dans la royauté, afin<br />

de ne pas entrer dans la catégorie : « L’exercice du pouvoir enterre ceux qui l’exercent »<br />

qui concerne ceux qui ne réprimandent pas les gens sur lesquels ils ont le pouvoir, etc.,<br />

comme nous l'avons expliqué plus haut. Par contre, l’étude de la Torah dont nous avons<br />

parlé, qui a <strong>pour</strong> effet d'attirer vie et longévité, de l'ordre de la connaissance, jusqu'à ce<br />

que la Torah remplisse ses obligations et les réprimande, on se rend quitte (du devoir)<br />

de la réprimande. Le pouvoir et la souveraineté ne sont plus nuisibles, car on attire la<br />

longévité à l’intérieur de la royauté grâce aux réprimandes, comme nous l'avons vu. En<br />

résumé, la longévité, qui relève de l’aspect « connaissance » que l’on attire grâce à la<br />

Torah, a <strong>pour</strong> effet d'attirer la longévité à l’intérieur de la royauté, comme nous l'avons<br />

dit.<br />

4- Sache encore que la Torah qui s’habille dans la dissimulation enfouie dans la<br />

dissimulation est une Torah particulièrement élevée qui relève des secrets de la Torah.<br />

En effet, dans la mesure où elle doit s’habiller dans des endroits tellement bas, c’est-àdire,<br />

chez ceux qui ont beaucoup fauté, au point que Dieu s’est caché d’eux dans une<br />

dissimulation enfouie dans une dissimulation, Dieu, béni soit-Il a donc fait en sorte de ne<br />

pas y enfouir les niveaux les plus simples de la Torah, afin que les « écorces » ne puissent<br />

y puiser beaucoup de vitalité et causer ainsi de grands dégâts. C’est <strong>pour</strong>quoi, Il s’y<br />

dissimule et s’y habille d’une Torah très élevée précisément, des secrets de la Torah qui<br />

constitue la Torah même de Dieu $[voir Torah 22,10]. Cela, afin que les écorces ne<br />

puissent y puiser beaucoup, comme dans : «Je passerai dans le pays d’Egypte, etc. »<br />

(Chemot 12:12). Moi, et non un ange, Moi et non un envoyé, "Je suis l’Éternel" et non<br />

etc. ». Car dans le pays d’Egypte, qui représente le lieu des écorces par excellence, Dieu<br />

526


éni soit-Il Lui-même s’est revêtu et s’est voilé. Il s'agit donc de la Torah de Dieu<br />

véritablement, celle des secrets de la Torah. C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle justement à<br />

partir de la dissimulation dans la dissimulation, lorsque l’on revient et qu'on la rétablit<br />

en connaissance, elle devient la Torah de Dieu, véritablement, car s’y cache la Torah de<br />

Dieu, celle des secrets de la Torah, comme expliqué.<br />

5- En outre, par opposition à la « Royauté de sainteté », il existe la « Royauté du mal »,<br />

autrement dit, la Royauté de Haman-Amalek, comme il est écrit : « Le premier des peuples<br />

est Amalek » (Bamidbar 24:20). L’un s’oppose à l’autre, car la royauté de sainteté relève<br />

de « L’arrière-garde/meaSseF de tous les camps » (Nom, 10:25), comme dans : « La<br />

finalité/SoF de toute chose, tout est entendu : c’est de craindre l’Éternel » (Kohélet 12:13).<br />

Il s’agit de la dimension de royauté, comme il est écrit : « Si ce n’était par crainte de la<br />

royauté » (Avot 3:2). Autrement dit, la royauté de sainteté représente la finalité/SoF de<br />

toute chose, de l'ordre de l’arrière-garde/meaSseF de tous les camps de la sainteté. Il<br />

s'agit de la dimension du camp de Dan, qui constituait (dans le désert) l’arrière-garde de<br />

tous les camps, « car la loi de la royauté fait loi » (Guitine, 10b, Baba <strong>Kama</strong>, 113).<br />

Quant à la Royauté de « l’Autre Côté », elle « amasse/meaSseF » l’argent. En effet, par<br />

crainte de se voir extraire de la bouche ce qu’elle a avalé, c’est-à-dire les étincelles de<br />

sainteté qu’elle a accaparées, elle se renforce en amassant de l’argent, autrement dit, des<br />

étincelles de sainteté. Celles-ci correspondent aux couleurs Supérieures contenues dans<br />

l’or, l’argent et le cuivre qui constituent la monnaie. Il est question ici de la passion <strong>pour</strong><br />

la richesse, liée à la royauté. C’est <strong>pour</strong>quoi Amalek, la Royauté du mal, <strong>pour</strong>suit le camp<br />

de Dan qui est de l'ordre de la Royauté de Sainteté, comme nous l'avons vu, ainsi qu’il est<br />

écrit : « Il t'attaqua à la queue, etc., sans craindre Dieu », c’est-à-dire, lorsqu’ils ne<br />

possèdent pas la force de la royauté de sainteté, la crainte de Dieu, comme nous l'avons<br />

vu. En effet, la Royauté de Haman-Amalek est l’opposé de la Royauté de Sainteté, car la<br />

Royauté de sainteté correspond à « l’arrière-garde/meaSseF » de tous les camps de<br />

sainteté, et la Royauté de Haman-Amalek qui est la Royauté du mal, correspond à celui<br />

qui « amasse/meaSseF » l’argent, comme nous l'avons vu, car elle intensifie sa cupidité<br />

dans le but de happer toutes les étincelles de sainteté, comme nous l'avons vu.<br />

En dépit de cela, cette action ne lui est d’aucune utilité, car la Royauté de sainteté<br />

renferme une force, correspondant à Mordékhaï, apte à lui extirper tout l’argent et<br />

527


toutes les étincelles de sainteté qu’elle a avalée. Telles sont les paroles de nos Sages, de<br />

mémoire bénie : «Car, à l'homme qui est bon à Ses yeux, Il a accordé sagesse et<br />

connaissance » (Kohélet 2:26), il s’agit de Mordékhaï » (Méguila, 10b). Autrement dit, à<br />

Mordékhaï, correspondant à la Royauté de Sainteté comme nous l'avons vu, Il a accordé<br />

Sagesse et Connaissance. Cela est appelé : « Bon à Ses yeux », de l'ordre de la Torah, car<br />

« Il n’est de bien que la Torah » (Avot 6:3). «Tandis qu'au fauteur, Il a donné le désir de<br />

recueillir et d'entasser » (idem), il s’agit d’Haman ». Autrement dit, Haman, correspond à<br />

la Royauté des forces du mal, comme nous l'avons vu, il amasse de l’argent, comme nous<br />

l'avons vu. Tel est le sens de (la suite de ce verset) : « Afin de le redonner à celui qui est<br />

bon devant Dieu », il s'agit de la Torah. En effet, Mordékhaï, qui correspond à la Royauté<br />

de Sainteté, extirpe d’elle tout l’argent et toutes les étincelles <strong>pour</strong> en faire de la Torah,<br />

comme nous l'avons vu. En effet, Mordékhaï extirpe de lui toute la richesse, ainsi : « Il a<br />

avalé une fortune/‘HaYiL, puis la vomit » (Job, 20:15), puis la transforme en Torah,<br />

appelée « femme vertueuse/‘HaYiL » (Prov. 31:10).<br />

6- En ce sens, plus la connaissance s’accroît, plus la subsistance est obtenue aisément. En<br />

effet, la subsistance obtenue facilement dépend de la connaissance, comme il est écrit (à<br />

propos de la manne) : «Le peuple se dispersait/CHaTou et recueillait » (Bamidbar 11:8),<br />

avec folie/CHTouta » (Zohar II 62b), car plus une personne manque de connaissance,<br />

plus elle devra fournir d’efforts et travailler dur <strong>pour</strong> sa subsistance.<br />

C’est également en fonction du développement de la Connaissance que la paix s’accroît.<br />

En effet, la paix dépend de la connaissance, comme il est écrit : « Le loup résidera avec le<br />

mouton, etc., car la terre se remplira de connaissance » (Isaïe 11:6-9). Une paix<br />

merveilleuse règnera alors dans le monde, de sorte que deux opposés <strong>pour</strong>ront vivre<br />

ensemble, grâce à la grandeur de la connaissance qu'il y aura alors. Car la paix s’accroît<br />

grâce à la connaissance, et du fait de la connaissance la colère et la cruauté disparaissent.<br />

La colère et la cruauté résultent en effet d’une absence de connaissance, comme il est<br />

écrit : « La colère demeure au sein des fous » (Kohélet 7:9). Ainsi, plus l’on accroît la<br />

connaissance, plus s’accroissent compassion et paix. C’est <strong>pour</strong>quoi la subsistance est<br />

obtenue facilement, de même que : « C’est Lui qui a fait régner la paix sur ton sol, qui te<br />

rassasie de la moelle du froment » (Ps. 147:14).<br />

528


7- Telle est la dimension de Chavouot. En effet, Chavouot est de l'ordre de l’intellect<br />

grand et particulièrement élevé, car il est Bonté Supérieure et Grande Miséricorde, en ce<br />

sens où la grandeur de la miséricorde dépend de la grandeur de la connaissance, comme<br />

nous l'avons vu. En effet, « au moment du don de la Torah, Il (Dieu) leur apparut sous les<br />

traits d’un vieillard plein de miséricorde» $(voir Rachi-Chémot 20:2 ; Mékhilta Béchala’h<br />

et Yitro). Le vieillard est caractérisé par une connaissance posée dont dépend la<br />

grandeur de la compassion. C’est en cela que la fête de Chavouot est Bonté Supérieure et<br />

Grande Miséricorde.<br />

Cela correspond au Mikvé (immersion rituelle) de Chavouot, qui renvoie au Mikvé de la<br />

Cinquantième Porte, la plus élevée des cinquante Portes de la Compréhension, (kavanot<br />

de Chavouot), de l'ordre de la Bonté Supérieure et de la Grande Miséricorde, comme<br />

nous l’avons vu. C’est en cela que le Mikvé délivre de tous les tourments, comme il est<br />

écrit : « Mikvé d’Israël, qui le délivre de toutes les détresses » (Jérémie 14:8), car il est<br />

Bonté Supérieure qui délivre de toute détresse. C’est <strong>pour</strong>quoi le Mikvé purifie de toutes<br />

les impuretés, ainsi : « Et j'épancherai sur vous des eaux pures afin que vous deveniez purs,<br />

etc. » (Ezékiel, 36:25). En effet, il ne saurait y avoir d’épreuves sans faute (Chabat 55a).<br />

C'est en cela que le Mikvé, qui délivre de toute détresse et de toute épreuve, purifie de<br />

toute impureté et de toute transgression.<br />

Telle est la dimension « Manne », (écrite Mem et Noune), de l’ordre du Mikvé de la<br />

Cinquantième Porte, (Chaar Ha Noune, 50), qui correspond à la Grande Connaissance,<br />

car la manne correspond à la connaissance. Ce qui renvoie à : « Lorsque la Parole<br />

s’ouvre, la foi se répand » (Chabat 104a). "La Parole s'ouvre" renvoie à la révélation de la<br />

connaissance, car la parole est la manifestation de la connaissance, comme il est écrit :<br />

« De sa bouche, connaissance et intelligence » (Prov. 2:6). Donc en Egypte, où la<br />

Connaissance était en exil, comme il est écrit : « Et Mon Nom, l'Eternel, Je ne leur ai pas<br />

fait connaître » (Chemot 6:3), la parole était également en exil (Zohar, 25), de même<br />

que : « La bouche et la langue empesées » (Chemot 4:10). Puis, lorsqu’ils sortirent<br />

d’Egypte, ce qui coïncide avec la sortie de la parole de son exil, la parole sortit et s’ouvrit.<br />

« La parole s'ouvre » signifie donc l'ouverture de la parole déVoilànt la connaissance.<br />

Ainsi, grâce au dévoilement de la connaissance, la fidélité de Dieu béni soit-Il se répand.<br />

Le fait qu’Il soit Fidèle à Sa promesse et qu'Il agit, devient apparent. Tel est le concept :<br />

« la foi se répand » puisque se propage Sa Fidélité. Mais en Egypte, où la connaissance<br />

529


était en exil, Sa fidélité ne s’était pas propagée ni dévoilée. C’est ce que Rachi explique :<br />

« Et Mon Nom, l'Eternel, Je ne leur ai pas fait connaître », Je ne me suis pas fait connaître à<br />

eux par Mon Attribut de vérité, car du fait que la connaissance ne s’était pas révélée en<br />

Egypte, Sa Fidélité ne pouvait être perçue. En effet, la Bonté dépend de la connaissance,<br />

comme nous l'avons vu.<br />

Telle est la dimension « "ANoKhY" (premier mot des 10 commandements) est<br />

l’acronyme de « Yéhiva Ketiva Néémanim Amareha/j'ai donné, j'ai écrit, fidèles sont ses<br />

paroles » (Chabat 105a), car par le biais du don de la Torah, la parole s’est ouverte et la<br />

connaissance s’est dévoilée comme nous l'avons vu, manifestant ainsi Sa Fidélité, comme<br />

nous l'avons dit. Tel est le sens de « fidèles sont ses paroles », de l'ordre de « Lorsque la<br />

Parole s’ouvre, la foi se répand », comme rappelé. Telle est la dimension « MaNe », dont<br />

les initiales forment « Maamar Néémane/la parole fidèle », liée à « Lorsque la Parole<br />

s’ouvre, la foi se répand », rappelée ci-dessus. En effet, la manne relève de la<br />

connaissance grande, comme nous l'avons vu. Voilà <strong>pour</strong>quoi les enfants d’Israël<br />

mangèrent la manne durant quarante années » (Chemot 16:35), car « A quarante ans,<br />

l’homme parvient à la compréhension » (Avot 5:21).<br />

8- Telles sont les paroles de nos Sages, de mémoire bénie : « Ils mangèrent de la manne<br />

durant quarante ans », mais ne s’agissait-il pas de quarante années moins trente jours ?<br />

Puisqu’ils trouvèrent le goût de la manne dans la galette qu’ils sortirent d’Egypte »<br />

(Kidouch. 38a). En effet, la manne qui représente la Connaissance, aurait dû être<br />

réellement consommée pendant quarante années pleines, car le nombre quarante<br />

correspond aux dimensions de Compréhension et de Connaissance, comme nous l’avons<br />

vu. Autrement dit, la Connaissance se déVoilà aussitôt qu'ils furent sortis d’Egypte. Il<br />

aurait donc été opportun qu’ils mangent immédiatement de la manne. Ce à quoi nos<br />

maîtres ont répondu : « ils trouvèrent le goût de la manne dans la galette qu’ils sortirent<br />

d’Egypte », c'est-à-dire dans les pains azymes. En effet, la paix dépend de la<br />

Connaissance, comme nous l'avons expliqué plus haut. Quant à la controverse, elle est<br />

l’opposé de la Connaissance. Cependant, il existe des controverses lancées au Nom du<br />

Ciel, qui constitue en réalité une très grande Connaissance, davantage encore que la<br />

Connaissance relative à la paix. En effet, une telle controverse n’est qu’amour et grande<br />

paix, comme nos Sages ont enseigné: « VaHEV en SouFa » (Bamidbar 21:14). Ils ne<br />

quittent pas l’endroit avant d’être parvenus à l’amour/oHEV, l’un envers l’autre »<br />

530


(Kidouch. 30b). C'est ce que nos maîtres enseignent : « Une controverse <strong>pour</strong> le Nom du<br />

Ciel finira par perdurer » (Avot 5:17), autrement dit, il s’agit véritablement d’amour,<br />

comme nous l'avons dit. De fait, « elle finira/SoFa par perdurer » car il s'agit d’amour,<br />

comme dans le verset : « VaHEV en SouFa » (Bamidbar 21:14).<br />

Cela correspond à la dimension « Moché ». En effet, Moché représente la Connaissance,<br />

lorsqu'elle est de l'ordre de « la controverse au Nom du Ciel ». C’est <strong>pour</strong> cela que<br />

« MoCHé » est l’acronyme de « Ma’hloket Chammaï veHillel/la controverse entre<br />

Chammaï et Hillel», qui représentent la dimension de controverse au Nom du Ciel. C’est<br />

la raison <strong>pour</strong> laquelle la délivrance d’Egypte fut réalisée par l’intermédiaire de Moché,<br />

car la délivrance dépend essentiellement de la connaissance, comme il est écrit : « Vous<br />

saurez que l’Éternel vous a fait sortir, etc. » (Chemot 16:6) et « Afin qu’ils sachent, etc. »<br />

(Vayikra 23:43).<br />

Ceci nous renvoie à la notion de « galette », c'est-à-dire de pains azymes/matsot, qu’ils<br />

sortirent d’Egypte. En effet, le terme de MaTSa évoque l’idée de controverse, comme<br />

dans : « Tes adversaires/Anché MaTSoutékha seront comme néant » (Isaïe 41:12). Tel est<br />

le sens de « qu’ils sortirent d’Egypte », « sortirent » précisément, car en Egypte, où la<br />

Connaissance se trouvait exilée, il est certain que la controverse n’était pas au Nom du<br />

Ciel, puisque celle-ci dépend de la Connaissance, comme nous l’avons vu. C’est en quoi :<br />

« La galette qu’ils sortirent d’Egypte », autrement dit, cette Matsa qui représente la<br />

controverse, « ils la sortirent d’Egypte », de l’endroit où la connaissance se trouvait en<br />

exil. « Ils y trouvèrent le goût de la manne », car lorsqu’ils firent sortir la dimension<br />

« controverse » de l’exil d’Egypte, celle-ci avait le goût de la manne, de l’ordre de la<br />

grande Connaissance, de l'ordre de la controverse au Nom du Ciel.<br />

Telle est l’expression « Pain/Lé’HeM du ciel » (Chemot 16:4) employée à propos de la<br />

manne, au sens de guerre/miL’HaMa, comme il est écrit : « Combats/Lé’HaM, ceux qui me<br />

combattent/Lo'HaMay » (Ps. 35:1), référence à la controverse. Autrement dit, la manne,<br />

qui est la Connaissance, correspond à la controverse au Nom du Ciel, comme nous<br />

l’avons vu.<br />

531


C’est <strong>pour</strong>quoi, Datane et Aviram, qui s’opposèrent à Moché, lié à la Connaissance,<br />

portèrent également atteinte à la manne, (contrairement aux instructions) ils en<br />

laissèrent <strong>pour</strong> le lendemain $(Midrach Raba Exode 1 ; Rachi Béchala’h). C’est parce que<br />

la manne relève de la Connaissance, liée à Moché, comme nous l'avons vu.<br />

Tel est le sens de ce qui figure dans le saint Zohar $(III 183b) : « La matsa est un remède<br />

». En effet, la matsa qui est liée à la controverse au Nom du Ciel, à la Connaissance et à la<br />

paix, est une guérison, car la paix est guérison, comme dans : « Paix, paix, <strong>pour</strong> celui qui<br />

est loin comme <strong>pour</strong> celui qui est proche, a dit l’Eternel, et Je le guérirai » (Isaïe 57:19). En<br />

effet, la cause principale de la maladie, à Dieu ne plaise, résulte d’une absence de paix,<br />

autrement dit, d’une dispute entre les éléments, lorsqu’un élément prend le dessus sur<br />

un autre. La paix représente donc une guérison.<br />

Voici en quoi la matsa est appelée « pain de pauvreté » (Dévarim 16:3), car "il n’est de<br />

pauvre que par la Connaissance" (Nédarim 41a). Cela correspond à la notion de «<br />

malade », comme il est écrit : « Pourquoi toi, fils du roi, sembles-tu si pauvre » (Sam. II,<br />

13:4). En revanche, la matsa est guérison, comme nous l'avons vu, ce qui équivaut à dire<br />

que le « pain de pauvreté » est un remède à la pauvreté, comme nous l'avons vu.<br />

9- Pour parvenir à la controverse au Nom du Ciel, il convient de raffiner et de purifier les<br />

cieux afin d’éviter qu’ils entrent dans la catégorie de « Je revêts les cieux<br />

d’obscurité » (Isaïe 50:3). Le raffinement et la purification des cieux s'effectuent par un<br />

soupir sincère.<br />

En effet, le cœur possède un souffle (flux) de pulsation qui, dès l’origine, draine avec lui,<br />

tous les fluides, tout le sang et toutes les secrétions. Ce souffle de pulsation va et frappe<br />

tous les organes. En circulant en eux et en insufflant, il les agite, les évente et les épure<br />

de toute saleté, afin qu’ils ne subissent ni gangrène ni altération. Cela ressemble au vent<br />

qui souffle sur la mer, agite et remue les flots afin qu’ils ne soient ni viciés ni putrides.<br />

Ce souffle de vent de pulsation se concentre dans les mains. Du fait que les mains sont<br />

constamment en action, il convient d'autant plus de les éventer et de les remuer. C’est la<br />

raison <strong>pour</strong> laquelle le médecin, en posant sa main <strong>pour</strong> prendre le pouls, parvient à tout<br />

connaître de l’état du malade, car c’est dans les mains que se situe essentiellement la<br />

532


circulation du souffle de pulsation du cœur, qui draine tout avec lui, comme nous l'avons<br />

dit. Il faut que ce souffle de pulsation ait un mouvement ordonné, stable et régulier.<br />

Mais il existe un serpent qui cause la dépression, de l’ordre des trente-neuf travaux - liés<br />

à la souillure du serpent - et c'est à cause de cela que survient la dépression. Ainsi, la<br />

dépression a <strong>pour</strong> effet de dérégler les pulsations du souffle. Les membres s'alourdissent<br />

alors, du fait que le souffle de pulsation ne souffle pas en eux comme il le faudrait. Les<br />

mains sont alors de l'ordre de « Les mains de Moché étaient lourdes » (Chemot 17:12), car<br />

la lourdeur réside essentiellement dans les mains, là où frappe l'essentiel du souffle de<br />

pulsation, comme rappelé. Ce qui correspond à la notion de « tristesse des mains » (Bér.<br />

5:29), car la dépression endommage principalement les mains, comme nous l’avons vu.<br />

De plus, lorsque les membres sont lourds, ils pèsent sur le souffle de pulsation qui<br />

s’affaiblit davantage encore. Ainsi, à mesure que le souffle de pulsation s’affaiblit, les<br />

membres s’alourdissent davantage. De fait, plus les membres s'alourdissent, plus le<br />

souffle de pulsation s’affaiblit. Et ainsi de suite, ce processus peut s’amplifier jusqu’à<br />

provoquer la mort, à Dieu ne plaise.<br />

Mais grâce au soupir, on peut redonner vie et santé au souffle de pulsation, et se voir<br />

ainsi délivré de la dépression. Le souffle de pulsation revient alors ventiler tous les<br />

membres, de manière normale, et en particulier les mains. C’est de cette manière que<br />

l’on purifie les cieux. En effet, les mains correspondent aux « cieux/ChaMaYiM », soit<br />

eCH/feu et MaYiM/eau, correspondant à la main droite et à la main gauche.<br />

Tel est le sens de « Elevons nos cœurs vers nos mains, vers Dieu au ciel » (Lam. 3:41). Il<br />

s'agit de la nécessité d'élever le cœur, c’est-à-dire, le souffle de pulsation situé dans le<br />

cœur, vers les mains, comme nous l'avons dit. C'est ce dont il s'agit dans : « Vers Dieu au<br />

ciel », car ainsi les cieux sont purifiés. Ce qui correspond à : « Car vers le ciel, J’élèverai Ma<br />

main » (Dévarim 32,40) signifiant qu’il faut élever les mains, de sorte qu'elles<br />

deviennent la dimension « cieux », comme nous l'avons dit. En effet, grâce au soupir, on<br />

purifie les mains et les cieux, comme nous l'avons vu, car il (le soupir) a <strong>pour</strong> effet<br />

d'élever le souffle provenant du cœur vers les mains. On entre ainsi dans la catégorie de<br />

la controverse au Nom du Ciel.<br />

En effet, toutes les paroles sont reçues du Ciel, lieu d'origine de toutes les paroles,<br />

comme il est écrit : « Pour toujours Éternel, Ta Parole demeure dans les cieux » (Ps.<br />

119:89). De plus, ces paroles que l'on reçoit du ciel, on les reçoit de coups de tonnerre,<br />

533


de l'ordre de : «L’Eternel gronde dans les cieux » (Ps. 18:14) et de l'ordre de : « Dieu fait<br />

retentir merveilleusement Sa voix » (Job, 37:5). Il en découle donc que l'on reçoit les<br />

paroles à partir des mains, car elles-mêmes correspondent aux cieux, source de toutes<br />

les paroles. En outre, cette réception s’opère essentiellement par l’intermédiaire du<br />

tonnerre qui correspond au souffle de pulsation rectifié par le soupir, grâce auquel les<br />

mains s’élèvent vers les cieux. En effet, le souffle de pulsation, qui circule, souffle et<br />

disperse tout, et dont l’essentiel réside dans les mains, de l'ordre du tonnerre, de l'ordre<br />

de « L’Éternel gronde dans les cieux », comme nous l'avons dit. Les mains sont de l'ordre<br />

des cieux, là où se trouvent toutes les paroles, de l’ordre de « Pour toujours Éternel, Ta<br />

Parole demeure dans les cieux ». Par conséquent, nous recevons les paroles à partir des<br />

mains. Ce qui relève de : « Comme l’Éternel parla par la main » (Vayikra 26, 46) (c’est-àdire<br />

par l’intermédiaire) de Moché et des autres prophètes. Car toutes les paroles y<br />

résident (dans les mains) et c’est donc de là que l’on peut les recevoir. De ce fait, il n'y a<br />

aucune raison de blâmer celui qui reçoit ces paroles, car elles proviennent toutes de làbas,<br />

de la dimension des mains, des cieux et du tonnerre, et on (celui qui les a reçues) les<br />

a reçues du Ciel, quand bien même la décision n'a pas été tranchée selon son opinion. De<br />

ce fait, véritablement, "ces paroles et ces paroles (les opinions contraires), sont l’une<br />

comme l’autre les paroles du Dieu Vivant" (Erouvin 13b). Nous ne pouvons ni<br />

comprendre, ni saisir la raison, <strong>pour</strong> laquelle la décision ne correspond pas à telle<br />

opinion, car tout cela relève de la dimension « tonnerre » d’où ont été reçues les paroles.<br />

Le verset at<strong>test</strong>e à ce sujet : « Dieu fait retentir merveilleusement Sa voix » en ce sens qu’il<br />

s'agit réellement des merveilles de Celui dont la connaissance est tellement parfaite qu’il<br />

nous est impossible de la percevoir. Et cela relève des voies divines qu’il est impossible<br />

de saisir. Tout cela est relié aux notions (suivantes) : « Le Juste qui bénéficie du bien » ; «<br />

le Juste qui subit le mal » ; « le méchant qui bénéficie du bien» et « le méchant qui subit<br />

le mal », (notions) que Moché notre maître lui-même, que la paix soit sur lui, ne pu saisir.<br />

Voilà <strong>pour</strong>quoi il demanda : « De grâce, fais-moi connaître Tes voies » (Chemot 33:13 ;<br />

Berakhot 7).<br />

Ainsi, « le Juste qui bénéficie du bien » correspond à la catégorie du Juste avec lequel<br />

s’accorde le tribunal, alors que « le Juste qui subit le mal » est celui dont l’opinion ne fait<br />

pas force de Loi. D’autre part, « le méchant qui bénéficie du bien » correspond au<br />

méchant qui est proche du Juste avec lequel s’accorde la Loi, et « le méchant qui subit le<br />

mal » correspond au méchant, proche du Juste dont l’opinion ne fait pas force de Loi.<br />

534


Même Moché ne parvint pas à le saisir car ces notions relèvent des voies de Dieu, de<br />

l'ordre du « tonnerre », qui équivaut aux merveilles de Celui dont la connaissance est si<br />

parfaite qu'il est impossible de la saisir. Voilà encore <strong>pour</strong>quoi, lorsqu’une personne<br />

reçoit les paroles du ciel, de la dimension des « mains » et du « tonnerre », il ne faut pas<br />

le blâmer, même si la loi ne coïncide pas avec son opinion. Ici, il s’agit en l'occurrence de<br />

la dimension : « controverse au Nom du Ciel » puisque, véritablement, les deux opinions<br />

représentent la Parole du Dieu Vivant. Il est simplement impossible de le saisir puisque<br />

cela relève des merveilles de Celui dont la connaissance est parfaite, de l'ordre du<br />

tonnerre, comme nous l’avons vu.<br />

Telle est l’explication de : « Par Son souffle, le ciel s'éclaircit ; Sa main transperce le<br />

serpent aux replis tortueux. Mais ce n'est là qu'une partie de Ses voies, quel faible écho nous<br />

en avons recueilli. Mais le tonnerre de ses exploits, qui <strong>pour</strong>rait le concevoir? » (Job, 26:13-<br />

14).<br />

« Par Son souffle, le ciel s'éclaircit », il s'agit du souffle de pulsation dont nous avons<br />

parlé, qui souffle dans les mains, qui correspondent aux cieux, comme nous l'avons dit.<br />

Voilà <strong>pour</strong>quoi : « Par Son souffle, le ciel s'éclaircit », car par le souffle de pulsation dont<br />

nous avons parlé, on raffine et l'on améliore le ciel, qui équivaut aux mains, comme : «<br />

Elevons nos cœurs vers nos mains, <strong>pour</strong> Dieu qui est au ciel », comme nous l'avons vu.<br />

« Sa main transperce le serpent aux replis tortueux » signifie que grâce à cela on fait une<br />

ouverture dans les mains, qui étaient lourdes et obstruées, du fait de la mélancolie, qui<br />

correspond à la souillure du Serpent, comme nous l'avons dit. Dès qu’il fait disparaître la<br />

dimension de la souillure du serpent et que le souffle de pulsation ventile<br />

convenablement, les mains s’élèvent alors et les cieux se purifient. On reçoit ainsi, à<br />

partir d’eux, les paroles relevant de la controverse au Nom du Ciel, de l’ordre des voies<br />

de Dieu, car véritablement, les deux opinions contraires constituent la Parole du Dieu<br />

Vivant, comme nous l'avons vu.<br />

C’est en cela que « Ce n'est là qu'une partie de Ses voies ». Autrement dit, cela<br />

correspond aux voies de Dieu, au "Juste qui bénéficie du bien, etc.", qu’il est impossible<br />

de saisir, comme nous l'avons dit, de l’ordre du tonnerre, ou des merveilles de Celui dont<br />

la connaissance est parfaite, comme nous l’avons déjà vu.<br />

De fait, « Quel faible écho nous en avons recueilli. Mais le tonnerre de ses exploits, qui<br />

<strong>pour</strong>rait le concevoir ? ». Autrement dit, dans ces paroles reçues des cieux, il ne saurait y<br />

535


avoir nul reproche. Il est donc interdit de blâmer celui qui les reçoit, quand bien même la<br />

décision ne va pas selon son opinion, car elle relève des « voies de Dieu », de l’ordre du<br />

tonnerre, qu’il est impossible de comprendre ou de saisir, comme nous l'avons dit. C’est<br />

ce dont il s'agit dans « Quel faible écho etc. » : car il n’y a chez eux aucun désaveu, même<br />

si la loi ne conforte pas leur opinion. (Rabénou fait allusion au terme "faible" du verset,<br />

qui signifie aussi "désavouer" en hébreu).<br />

En effet, « Le tonnerre de ses exploits, qui <strong>pour</strong>rait le concevoir ? », car qui est en mesure<br />

de comprendre le grondement de Sa Puissance qui correspond aux « merveilles de Celui<br />

dont la connaissance est parfaite », de l’ordre de « L'Eternel fait retentir<br />

merveilleusement Sa voix », car en réalité, cette opinion et son contraire constituent la<br />

Parole du Dieu Vivant, principe impossible à comprendre, celui-ci relevant des voies de<br />

Dieu, comme nous l'avons vu.<br />

Telle est l’explication (du verset placé en introduction, Bamidbar, 28:26) :<br />

« Au jour des prémices ». Il y est question de la dimension « Royauté », comme il est<br />

écrit : « Même Moi, Je ferai de lui Mon premier-né, supérieur aux rois de la terre » (Ps.<br />

89:28).<br />

« Quand vous présenterez à l'Éternel l'offrande nouvelle », il s'agit de la Torah<br />

nouvelle, Torah de l'Eternel, créée grâce à la dimension « royauté » dont nous avons<br />

parlé.<br />

« A la fin de vos semaines », c’est la notion de « Connaissance » dont nous avons parlé,<br />

de l'ordre de la manne, de l’immersion rituelle de la fête de Chavouot, qui représente le<br />

Mikvé de la Cinquantième Porte, comme nous l'avons expliqué. C’est la raison <strong>pour</strong><br />

laquelle Chavouot porte également le nom de 'ATSéRet, qui évoque la « Royauté »,<br />

comme dans le verset : « C'est lui qui régnera/Ya'ATSoR sur mon peuple. » (Samuel I,<br />

9:17).<br />

« Il y aura <strong>pour</strong> vous convocation sainte ». Il s'agit de l'esprit de sainteté, de l'ordre du<br />

souffle de pulsation dont nous avons parlé. Autrement dit, il faut convoquer la sainteté,<br />

qui correspond au souffle de pulsation, <strong>pour</strong> échapper à la souillure du serpent, aux<br />

trente-neuf travaux, et à la mélancolie, comme nous l’avons déjà vu.<br />

« Vous ne ferez aucun travail » afin d'annuler la souillure du serpent, les trente-neuf<br />

travaux, la "tristesse des mains", comme il est écrit « Celui-ci nous consolera de nos<br />

536


actions et de la tristesse de nos mains ». Tout y est donc, (conformément à ce qui a été)<br />

exposé plus haut.<br />

TORAH 57<br />

Selon le manuscrit de Rabénou.<br />

Les élèves de Rabbi Yossé ben Kisma lui demandèrent : « Quand viendra le<br />

descendant de David ? ». Il leur répondit : « Lorsque cette porte s’écroulera et sera<br />

reconstruite, qu’elle s’écroulera à nouveau <strong>pour</strong> être reconstruite, puis<br />

s’écroulera encore. Avant de parvenir à sa reconstruction, le descendant de David<br />

viendra » (Sanh. 98a).<br />

Rachi explique : « cette porte » est celle d’Aram, car ils se trouvaient à Aram à ce<br />

moment. « Avant de parvenir à sa reconstruction », une troisième fois.<br />

« Les élèves de Rabbi Yossé ben Kisma lui demandèrent : « Quand viendra le<br />

descendant de David ? »<br />

1- Sache que de chacune des paroles qui sortirent de la bouche du Saint béni soit-Il, un<br />

ange fut créé (‘Haguiga, 14a). De plus, chacune de ces paroles se fragmente en plusieurs<br />

étincelles, « Comme le marteau qui éclate le rocher » (Jérémie 23:29). Ainsi une multitude<br />

d’anges fut créée proportionnellement à la quantité des étincelles. Et l'ange, créé par la<br />

parole qui englobe les étincelles, représente le dirigeant et la tête des anges créés à<br />

partir des étincelles, et ceux-ci constituent son camp. Chaque ange est préposé à une<br />

charge spécifique. Tout arbre et toute plante sont subordonnés à son préposé (son<br />

ange), comme nos Sages, de mémoire bénie, l’ont assuré : « Tu n’as pas une herbe en bas<br />

qui ne soit sous un ange en haut, etc. » (Beréchit Raba 10:6). Chaque ange reçoit sa<br />

vitalité de la parole et exerce son influence à l'intérieur de la chose à laquelle il est<br />

préposé, qu’il s’agisse d’une herbe quelconque ou de toute autre chose dont il a la<br />

charge.<br />

537


Ces deux facultés que l’on trouve chez l’ange : la faculté <strong>pour</strong> un ange de recevoir et la<br />

faculté à influencer ont, <strong>pour</strong> métaphore, les « mains ». Par la main droite il capte sa<br />

vitalité, et par la main gauche il exerce son influence, de même que : « … Il le frappe et lui<br />

ordonne : "pousse" ! » Ce coup relève de la gauche. On trouve donc que toutes les<br />

médications dépendent de la Torah, de même que : « … Et guérit toute sa chair » (Prov.<br />

4:22). La Torah octroie en effet de la force aux anges, et les anges influent sur les plantes<br />

qui acquièrent ainsi leurs vertus thérapeutiques, par la force de la Torah. Mais celui qui<br />

altère sa foi dans les Sages et enfreint leurs injonctions ne peut trouver de guérison à<br />

son mal, comme (le suggèrent nos sages) : « Peut-être a-t-il été mordu par un serpent<br />

des Sages », <strong>pour</strong> indiquer qu'on ne peut le guérir. En effet, lorsque l’on enfreint leurs<br />

instructions, on écarte les mains des anges en fonction de la catégorie de notre (propre)<br />

déviation de la voie des paroles nos Sages. C’est le sens de : « Ne t'écarte de ce qu'ils<br />

t'auront dit, ni à droite ni à gauche » (Dévarim 17:11), c’est-à-dire selon la catégorie de la<br />

déviation : si l’on s’est écarté de la voie des paroles de nos Sages vers la droite, on écarte<br />

la droite de l’ange qui ne possède plus, alors, la faculté de réception. D’autre part, si l’on<br />

s’est écarté à gauche, on écarte similairement la main gauche de l’ange qui se trouve<br />

privé de sa faculté d’émission (d'influence). Dès lors que l’une des mains de l’ange est<br />

altérée, l’homme ne peut plus trouver de guérison. En effet, à défaut de cet influx, la<br />

plante dont dépend la guérison perd sa faculté thérapeutique. C'est ce dont il est<br />

question dans : « Une plaie qui n’est pas écrite dans la Torah » (Dévarim 28:61). Il est<br />

question ici de la mort des érudits en Torah $(Lamentations Raba 1:37). Et plus<br />

précisément, il y est question de la mort que des érudits en Torah entraînent. La maladie<br />

s’abattant sur une personne qui transgresse les injonctions des Sages ne peut connaître<br />

la guérison. Cette personne meurt donc des suites de cette maladie. Cette mort provient<br />

de la « plaie qui n’est pas écrite dans la Torah », dans la mesure où les paroles qui n’ont<br />

pas été écrites dans la Torah ont été transmises à nos Sages, et dans la mesure où nous<br />

sommes tenus d’écouter (la Torah orale) par leur entremise. Il y a celui qui méprise<br />

leurs paroles, qui ne croit pas en leurs paroles, parce qu'il s’imagine qu’il n’en est pas<br />

ainsi dans la Torah écrite. Pour cela il est frappé d’une maladie qui ne peut guérir et il en<br />

meurt.<br />

Il existe d'autre part des souffrances d’amour qui assaillent l’homme juste. Celui-ci est<br />

frappé de souffrances et sa guérison ne dépend pas des plantes thérapeutiques. C’est<br />

effectivement un Juste et il n’a pas porté atteinte aux mains des anges qui restent (donc)<br />

538


parfaites. C’est ainsi le sens de « Car je suis malade d’amour. Sa main gauche soutient ma<br />

tête et sa droite me tient enlacée » (Cantique 2:5-6). Autrement dit, une maladie d’amour<br />

touche parfois un homme, sans que sa guérison ne dépende des mains évoquées plus<br />

haut, car <strong>pour</strong> sa part, les mains ont conservé leur intégrité, de l'ordre de : « Sa main<br />

gauche soutient etc. ». C'est de cela qu’il est question dans l'anecdote de la visite de Rabbi<br />

Yo’hanan au Tana frappé de souffrances. Il lui demanda : « Apprécies-tu les<br />

souffrances ? » Le Sage lui répondit : « Non, etc. » Rabbi Yo’hanan lui dit : « Donne-moi ta<br />

main, etc. » (Brakhot 5). En d’autres termes, Rabbi Yo’hanan pensait que ces souffrances<br />

étaient des souffrances d’amour. C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle il lui posa la question :<br />

« Apprécies-tu ces souffrances ? », afin de savoir si cette douleur lui était agréable, c’està-dire,<br />

si ces souffrances étaient des souffrances d’amour. Il lui répondit par la négative.<br />

Lorsque Rabbi Yo’hanan entendit qu’il ne s’agissait pas de souffrances d’amour, il pensa<br />

que le Sage s’était endommagé les mains, à Dieu ne plaise, et que la guérison lui serait<br />

donc impossible. C’est <strong>pour</strong>quoi il lui dit : « Donne-moi ta main », afin de vérifier s’il<br />

avait porté atteinte aux paroles des Sages, à Dieu ne plaise, comme nous l'avons vu. Dès<br />

qu’il lui tendit son bras, il guérit. En effet, il ne s’agissait ni de souffrances d’amour, ni<br />

d'aucune atteinte aux mains. C'est <strong>pour</strong>quoi il pouvait continuer à vivre et se remettre<br />

de sa maladie.<br />

Tel est le sens du verset : « Il tire les puissants par Sa force, il se redresse mais n'a plus foi<br />

en la vie » (Job, 24:22).<br />

Celui qui ne croit pas les érudits en Torah qui sont appelés "vie" comme nos maîtres<br />

enseignent (Samuel II, 23:20) : «Et Benayahou fils de Yéhoyada, fils d’un homme de vie -<br />

les Justes, même après leur mort, sont appelés "vie" » (Brakhot 18b), tombera alors dans<br />

une maladie telle qu'il ne croira plus en sa vie, c’est-à-dire au point que cet homme ne<br />

<strong>pour</strong>ra plus espérer de se remettre d’une telle maladie, vu qu’il n’y a plus de médecine<br />

<strong>pour</strong> guérir son mal, comme nous l’avons vu.<br />

La réparation consiste alors à restaurer la foi défaillante et à croire en nos Sages. C’est<br />

<strong>pour</strong>quoi « Il se redresse mais n’a plus foi en la vie », autrement dit, celui qui n’avait pas<br />

foi dans les Sages, appelés « vie », devra rétablir cette foi qui s’est altérée. Ainsi il se<br />

relèvera de cette maladie que personne ne croyait pouvoir être guérie. C’est grâce à la foi<br />

qu’il guérira. En effet, la foi dans les Sages a <strong>pour</strong> effet de rectifier les catégories de<br />

mains des anges qui reçoivent et influent sur les facultés thérapeutiques des plantes<br />

nécessaires à sa guérison. De fait, « Il tire les puissants par Sa force », autrement dit, les<br />

539


anges, qui sont appelés « puissants » retrouvent chacun leur « force/Koa’h » (dont la<br />

valeur numérique est de 28), c’est-à-dire les vingt-huit phalanges des mains et ils font<br />

descendre l’abondance sur toutes les choses auxquelles ils ont été préposés. C’est alors<br />

que l’on connaît la guérison, car les paroles des Sages créent et réparent la dimension de<br />

la « main », comme nous l'avons dit.<br />

2- Rétablir la foi qui s’est effondrée passe alors par la dimension « Yaakov », et plus<br />

précisément par le vœu qui consiste à s'engager par une promesse quelconque. Par ce<br />

vœu, l’homme peut retrouver la foi dans les Sages. En effet, le manque de foi dans les<br />

Sages correspond à la disparition des Sages, de l’ordre de la « merveille/PéLÉ », de<br />

même que : « Me voici, Je vais continuer à émerveiller/léhaFLI ce peuple avec des choses<br />

prodigieuses/haFLÉ vaFéLÉ, et la sagesse de ses Sages se perdra » (Isaïe 29:14) que nos<br />

maîtres, de mémoire bénie, interprètent comme une allusion à la disparition des Sages<br />

$(Lam. Raba 1:37). La rectification de cet « émerveillement/haFLAa », c’est-à-dire de la<br />

disparition des Sages, passe par « l'engagement/haFLAa » dans un vœu, comme : «<br />

Lorsqu’il décide/yaFLI de faire un vœu » (Bamidbar 6:2). En effet, grâce au vœu, on<br />

s’élève jusqu’à la source dans laquelle sont enracinés les Sages, c’est-à-dire jusqu’à la<br />

dimension « merveilles/PéLiot de sagesse » $(voir Séfer Yétsira, 1:1 ; Zohar III, 193b), ce<br />

qui permet de connaître et de reconnaître le niveau des Sages. De cette manière, il<br />

retourne à la croyance dans les Sages. Tel est le sens de : « Je louerai Ton Nom car Tu as<br />

accompli des merveilles/PéLÉ, etc. », ainsi que « … Des conseils de loin avec une véritable<br />

foi » (Isaïe 25:1). Cela signifie que grâce à la dimension du vœu, qui relève de la<br />

« merveille/PéLÉ », se trouve rétablie la foi dans les Sages, ceux dont les conseils<br />

viennent de loin, de l'ordre de : « De loin, elle apporte son pain » (Prov. 31:14). En effet,<br />

« les paroles de Torah sont pauvres à tel endroit et riches à tel autre » (Yérouchalmi,<br />

Roch Hachana, 3:5) <strong>pour</strong> indiquer que les Sages font provenir leurs paroles d’endroits<br />

lointains de la Torah. Car le pouvoir de l'exégèse leur a en effet été transmis <strong>pour</strong><br />

effectuer tout ce qu'ils veulent, par le recours aux Treize Principes d’interprétation. Pour<br />

notre part, nous sommes tenus de croire à toutes leurs paroles, de l'ordre de : « Tu ne<br />

t’écarteras pas de la parole etc. » Quant à Yaakov, il est de la dimension du vœu en tant<br />

qu'instigateur du principe des vœux puisqu’il est écrit : « Yaakov fit un vœu » (Bér.<br />

28:20) et aussi : « Des mains du puissant de Yaakov, etc. ». Pour rectifier les mains de<br />

l’ange, appelé « puissant », il faut avoir recours au vœu, qui correspond à Yaakov, comme<br />

540


nous l’avons vu, car : « … De là-bas, le berger, pierre d’Israël » (idem, 49:24). Autrement<br />

dit, grâce au vœu, est réparée la foi, appelée berger/Ro'ÉH, au sens de « Et fait<br />

paître/ouRÉH la foi » (Ps. 37:3). Et dès lors que la foi est rétablie, les mains le sont tout<br />

autant, de l'ordre de « Tu ne t’écarteras pas etc. », comme nous l'avons vu.<br />

3- Ainsi, dès lors que les mains dont nous avons parlé sont réparées par l’intermédiaire<br />

du vœu, comme nous l'avons vu, les lumières des Patriarches scintillent sur lui. En effet,<br />

le vœu représente la dimension « lumière » de Yaakov. Quant aux mains, elles<br />

correspondent à Avraham et à Yits’hak, c’est-à-dire la droite et la gauche. C'est ce dont il<br />

s'agit dans : « Face à leurs pères, Il a accompli un prodige/Pélé » (Ps. 78:12), <strong>pour</strong><br />

indiquer que grâce au Pélé/prodige tel que nous l'avons expliqué, brille sur lui la lumière<br />

des Patriarches. On y trouve une allusion dans les lettres finales des noms des<br />

Patriarches : Bet (de YaakoV), Kouf (de Yits’hak) et Mem (d’AvrahaM) qui sont les<br />

initiales de « Béchémène Kodchi Méchakhtiv/avec l’huile de ma sainteté Je l’ai oint » (Ps.<br />

89), qui fait référence à la dimension du vœu, comme il est écrit au sujet du vœu de<br />

Yaakov : « Et cette pierre, etc. » (Bér. 28:22) et : « Il fit couler sur elle de l’huile » (Bér.<br />

35:14). Ainsi, grâce au vœu, la lumière des Patriarches brille sur l'homme.<br />

4- Grâce à ces lumières, on s’élève et se délecte du délice du Chabat, de l'ordre de : «<br />

Alors tu te délecteras sur etc., Je te ferai chevaucher sur les hauteurs de la terre et<br />

consommer l'héritage de ton père Yaakov. » (Isaïe 58:14). « Sur les hauteurs de la terre »,<br />

il s’agit d’Avraham et Yits’hak qui représentent les mains, car ils sont les « bras du monde<br />

» (Dévarim 33:27). « Et consommer l'héritage de ton père Yaakov » qui est la dimension<br />

du vœu dont nous avons parlé plus haut.<br />

De fait, grâce aux Patriarches et à la foi, on parvient au délice du Chabat, de l'ordre de<br />

« Chine-Bat ». (La lettre à trois branches) « Chine » correspond aux patriarches. « Bat »<br />

renvoie à la foi, de même que : « Avraham avait une fille/Bat etc. » [selon l’enseignement<br />

de nos maîtres sur le verset (Bér. 24:1) : « L’Éternel bénit Avraham en tout/Bakol » :<br />

Avraham avait une fille dont le nom était « Bakol »], de l'ordre de : « Un homme de foi est<br />

comblé de bénédictions » (Prov. 28:20).<br />

5- Le délice du Chabat correspond à nous nourrir avec sainteté. En effet, les forces du<br />

mal profitent, elles aussi, des repas consommés durant la semaine, alors qu’elles n’ont<br />

541


absolument aucune part aux repas de Chabat. Tel est le sens de l’injonction qu'Il nous a<br />

fait, à propos des repas de Chabat : « Mangez-la aujourd'hui, car c'est aujourd'hui,<br />

Chabat <strong>pour</strong> l'Eternel » (Chemot 16:25). En effet, ce que nous mangeons le Chabat<br />

devient sainteté et divinité pure, sans le moindre mélange de résidus, à tel point que<br />

l’homme peut accomplir par le repas de Chabat ce ne qu’il réalise d’ordinaire que par un<br />

jeûne. C’est-à-dire, en faisant tomber ses ennemis devant lui, par le mérite des délices du<br />

Chabat, comme il le ferait par un jeûne. C’est en ce sens qu’il porte le nom de CHaBaT : il<br />

porte en lui cette faculté à « faire cesser/LéhaCHBiT ses ennemis et adversaires » (Ps. 8:3).<br />

6- En effet, grâce au jeûne, les ennemis chutent devant lui. La colère, qui est issue du foie,<br />

comme nous l’enseignent les Sages : « La colère provient du foie » (Brakhot 61b), a <strong>pour</strong><br />

effet d'éveiller le grand Accusateur, soit Essav, « qui est EDoM » (Bér. 25:25-30). Car il<br />

exerce son emprise sur le foie (Zohar III, 234a), et de plus, il est roux/aDMoni, en<br />

relation avec le foie rempli de sang/DaM. De ce grand Accusateur, s’éveillent de haut en<br />

bas d’autres accusateurs et oppresseurs qui s’abattent sur l'homme qui se met en colère.<br />

Ces derniers ne le craignent pas, car la colère le fait ressembler à un animal comme il est<br />

écrit : « Ils sont semblables à des animaux » (Ps. 49:13). En effet, la crainte qu'ils (les<br />

animaux) éprouvent à l’égard de l’homme comme l’indique le verset « La peur et la<br />

crainte de vous » (Bér. 9:2), provient essentiellement de l’image divine imprimée sur le<br />

visage de l’homme. C’est cette image divine qui fait de l’homme un homme. Mais lorsque<br />

cette image disparaît (avec l’apparition de la colère), l’homme passe alors de la catégorie<br />

de l’« humain » à celle d’ « animal ». Ainsi disparaît toute crainte à son égard.<br />

En outre, l’aspect essentiel de cette image, qui brille sur le visage de l’homme, résulte de<br />

la sagesse du Créateur, par laquelle Il a conféré à l’homme une supériorité sur l’animal.<br />

Elle brille sur son visage, de l'ordre de : « La sagesse de l’homme éclaire son visage »<br />

(Kohélet 8:1). Mais la colère a comme (mauvais) effet de : « s'il s'agit d'un homme Sage,<br />

sa sagesse disparaît » (Pessa’him 66b). Son image divine le quitte alors et son visage<br />

« s'abat », de même : « Pourquoi es-tu en colère et <strong>pour</strong>quoi ton visage est-il abattu?» (Bér.<br />

4:6). Dès lors qu’il n’a plus le visage d’un homme, il n’inspire plus la crainte, il est<br />

semblable à un animal et ses adversaires l’oppressent. De ce fait, par le jeûne et<br />

l’abstinence, l’homme parvient à « rétablir » son visage et à retrouver la sagesse<br />

correspondant à l’image divine qui éclaire son visage. Dès lors, il est craint de tous et<br />

tous ses ennemis chutent devant lui. Devant lui/léFaNav, précisément, car cette chute<br />

542


dépend principalement du visage/PaNim, comme nous l'avons dit. Tout cela, grâce au<br />

jeûne, car le jeûne a <strong>pour</strong> effet de soumettre le foie au cerveau. En effet, au moment où<br />

l’homme mange, son foie est nourri en premier et <strong>pour</strong>voit ensuite (aux besoins du)<br />

cerveau. Il en découle que lorsque l’homme s’alimente, la grandeur et la prééminence<br />

sont l’apanage du foie. En revanche, lorsqu’on jeûne, le cerveau est alimenté en premier,<br />

puis il transmet la nourriture au foie. Il en ressort qu’au jour de jeûne, le foie est soumis<br />

au cerveau, tant et si bien que grandeur et prééminence échoient (au cerveau). Cela<br />

constitue donc une réparation au fait d’avoir d’abord porté atteinte à la sagesse, c’est-àdire<br />

au cerveau, à l’image divine qui brille sur son visage. Désormais, grâce au jeûne, on<br />

soumet le foie et on rend sa prépondérance au cerveau. Dès lors que le foie, qui est le<br />

premier des accusateurs, est assujetti, se soumettent alors tous les ennemis (de<br />

l’homme) liés au foie. C’est ce qui est évoqué par les lettres du mot « TSOM/jeûne »,<br />

initiales de « Vékhatoti Mipanav TSarav/Je détruirai ses ennemis de devant lui », le jeûne<br />

ayant <strong>pour</strong> effet de soumettre le foie, de rétablir le cerveau dans sa Sagesse, équivalant à<br />

l'image divine, et d'éclairer le visage de l’homme. C'est donc grâce à l’image (divine qui<br />

brille) sur son visage que « Je détruirai ses ennemis de devant lui », devant lui,<br />

précisément, comme nous l'avons dit plus haut.<br />

Mais lorsque l'on mérite d’accéder aux délices du Chabat dont nous avons parlé plus<br />

haut, on n’a plus alors besoin de jeûner car on accomplit en mangeant, ce qu’on a réalisé<br />

avec le jeûne, autrement dit de : « détruire l’ennemi ». En effet, les repas de Chabat sont<br />

sainteté, et « nul étranger n’en mangera » (Vayikra 22:10). De cette façon, le foie est<br />

soumis et sa force s’annule comme dans : « Tous les tyrans de la colère etc. »,<br />

correspondant au foie qui est à l’origine de la colère, « … tous s’enfuient et disparaissent<br />

» (Zohar II 135b) [et le cerveau de la Sagesse s'agrandit, éclairant son visage de l'ordre<br />

de : « son visage éclaire d’une lumière supérieure »]. Dès lors, tout devient amour, comme<br />

dans : « Amour des délices » (Cantique 7:7). Tout cela émane du délice du Chabat, comme<br />

nous l’avons vu.<br />

7- Sache que <strong>pour</strong> annuler et soumettre les ennemis, le jeûne ou la nourriture de Chabat<br />

sont suffisants. Mais, <strong>pour</strong> parvenir à une paix profonde, il faut également multiplier les<br />

actes de charité, comme l’ont enseigné nos Sages de mémoire bénie : « Augmenter la<br />

charité, c’est augmenter la paix » (Avot 2:7). C'est dans ce sens que nos sages ont dit :<br />

« La récompense d’un jeûne est la charité » (Brakhot 6b). Ils ont enseigné : « Le soleil de<br />

543


Chabat est une charité <strong>pour</strong> les pauvres » (Taanit 8b). Le soleil correspond à la paix,<br />

selon l’assertion de nos maîtres, à propos du verset (Chemot 22:2) : « Le soleil brillera<br />

sur lui », tout comme le soleil est paix <strong>pour</strong> tous les vivants etc. $(Mékhilta ; Sifri Ki<br />

Tétsé), de même, le soleil, c'est-à-dire la paix, résulte uniquement de la charité<br />

prodiguée aux pauvres.<br />

8- Sache également qu’il existe une différence entre la paix (induite par) le jeûne de la<br />

semaine et la paix (issue) du délice du Chabat. C'est qu’en effet, la paix relative au jeûne<br />

ne possède pas la dimension « parole », comme (à propos des frères de Yossef avant sa<br />

vente) : « Et ils étaient incapables de lui parler en paix » (Bér. 37:4). En revanche, le délice<br />

de la nourriture de Chabat a <strong>pour</strong> effet de parfaire la parole <strong>pour</strong> la paix, ainsi : « Pour<br />

mes frères et mes amis, je veux parler de paix » (Ps. 122:8) et « dire des paroles » (Isaïe<br />

58:13), où il est question de Chabat. En effet, la bouche atteint une perfection du fait de<br />

la grande lumière (qui brille) au cours des repas de Chabat.<br />

C’est ce que nos maîtres ont enseigné : « Il n’existe, entre Matsa (pain azyme) et ‘Hamets<br />

(pain levé) aucune différence si ce n'est une chose infime ». Le ‘HaMetTS correspond à la<br />

réparation de la colère par le jeûne, tel que nous l'avons décrit plus haut, et comme<br />

indiqué dans : « Quel est celui qui vient d'Edom, les vêtements teints de rouge/‘HaMouTS<br />

? » (Isaïe 63:1). Edom correspond au foie évoqué plus haut et ‘Hamets correspond à sa<br />

soumission, liée au jeûne et à la privation de nourriture, comme le suggère : « Vous ne<br />

mangerez d’aucune pâte levée/ma’HMéTSet » (Chemot 12:20). « Vous ne mangerez » fait<br />

référence au jeûne. La « MaTSa » correspond au délice de la nourriture du Chabat, de<br />

l'ordre de : « Pour que vous dégustiez/taMoTSou et vous délectiez etc.» (Isaïe 66:11).<br />

C'est de tout cela qu’il s'agit dans : « Il n’existe, entre Matsa et ‘Hamets etc. », autrement<br />

dit, il n’existe, entre le jeûne et le délice de la nourriture de Chabat, aucune différence si<br />

ce n'est une chose infime/Machéhou. MaCHéHOU a <strong>pour</strong> lettres les initiales de «<br />

Véhaya Maassé Hatsédaka Chalom/Et l'œuvre de la charité sera la paix » (Isaïe 32:17)<br />

qui exprime la différence entre la paix liée au jeûne et la paix du Chabat. En effet, l’une<br />

possède une bouche et non l’autre.<br />

Voici la différence : la dimension de paix qui possède une bouche est supérieure à la paix<br />

qui n’a pas de bouche, à l’instar de la supériorité de l’homme sur l’animal. En effet, les<br />

animaux vivent comme les hommes, mais l’homme possède une supériorité, à savoir la<br />

544


faculté de la parole (le règne humain se dit « parlant » en hébreu). Telle est la distinction<br />

entre ‘HaMeTS et MaTSaH, entre ‘Het et Hé (ces deux seules lettres différencient ces<br />

mots). ‘HaMeTS s’écrit avec la lettre ‘Het, associée à la notion de paix, dé<strong>pour</strong>vue de<br />

bouche, et apparenté au vivant/‘HaY, comme : « Les animaux/‘HaYat des champs ont fait<br />

la paix avec Toi » (Job, 5:23), de l'ordre de la paix privée de bouche, incapable de parler,<br />

à l’image des animaux des champs. Matsa s’écrit avec un Hé. Il s’agit des cinq (Hé)<br />

articulations de la bouche, liées à la faculté de la parole. Il s'agit également de :<br />

« Voici/Hé <strong>pour</strong> vous des semences » (Bér. 47:23), de l'ordre de « Semez <strong>pour</strong> vous la<br />

charité » (Osée 10:12), relié à : « Et l'œuvre de la charité sera la paix », cité plus haut.<br />

Ceci est également évoqué dans : « Le lot cessera les conflits etc. » (Prov. 18:18). Le lot<br />

représente le délice du Chabat, de même : « Tu te reposeras, puis tu te relèveras selon<br />

ton lot, à la fin des jours » (Daniel 12:13), c’est-à-dire au jour qui sera éternellement<br />

Chabat. C’est <strong>pour</strong>quoi « Tu te reposeras », (s’entend) au sens de « Au septième jour, Il se<br />

reposa » (Chemot 20:11). Et ce lot, associé au Chabat, il fait disparaître les conflits et les<br />

oppresseurs, comme nous l'avons vu. Il possède de plus le pouvoir de créer la dimension<br />

« bouche », comme nous l'avons vu. C’est ce dont il est question dans la fin du verset :<br />

« … et fait une séparation entre les puissants/'aTSouMim », au lieu de<br />

l'ossification/hit'aTSMout. Il (désarticule) la jonction de la barre du 'Het et du toit du<br />

‘Het, formant une séparation afin de transformer la lettre ‘Het ח en lettre Hé ‏,ה qui<br />

constitue (avec l’ouverture supérieure gauche) la dimension de « bouche », comme nous<br />

l'avons vu.<br />

C’est <strong>pour</strong>quoi les élèves de Rabbi Yossé ben Kisma lui demandèrent : « Quand viendra<br />

de fils de David », et qu'il leur répondit : « Lorsque cette porte s’écroulera… ». La chose<br />

essentielle est qu’elle doit tomber à trois reprises et qu’on ne puisse la reconstruire<br />

avant la venue du descendant de David. En effet, cette porte d’Aram correspond à la<br />

Porte de l’Autre Côté, celui des forces du mal. Et lorsqu’elle connaît chute après chute,<br />

selon les notions que j’ai mentionnées plus haut * $(voir notes de Rabbi Nathan), le<br />

descendant de David peut enfin venir et reconstruire les Portes de la sainteté. En<br />

d’autres termes, lorsqu’il n’y a pas de foi dans les Sages, lorsqu’on ne les écoute pas,<br />

comme dans : « Dressent des embûches à qui prêche à la porte » (Isaïe 29:21), on est alors<br />

frappé par la maladie, sans espoir de guérison, comme nous l'avons vu plus haut, de<br />

l'ordre de : « Ils étaient arrivés aux portes de la mort » (Ps. 107:18). Mais, lorsque les<br />

hommes possèdent la foi, s’ouvrent <strong>pour</strong> eux les portes de la sainteté, comme : « Ouvrez<br />

545


les portes etc. gardien de la foi » (Isaïe 26:2). Dès lors : « L’un s’élève, l’autre tombe» (Bér.<br />

25:23) et la porte d’Aram s’écroule une première fois.<br />

Ensuite, le redressement de la foi s'effectue grâce à la notion de vœu (associé à Yaakov),<br />

où brille alors la lumière des Patriarches, comme nous l’avons vu. La porte de la sainteté<br />

est alors reconstruite une seconde fois, de même que : « Relevez vos têtes, portes » (Ps.<br />

24:7), car les Patriarches constituent les « têtes », et : « Telles sont les têtes des maisons<br />

paternelles » (Chemot 6:14). Ainsi, « Lorsque l’un se lève, l’autre tombe », il s'agit de la<br />

seconde chute de la porte d’Aram.<br />

Grâce aux lumières des Patriarches, on mérite le Chabat, l’aptitude à détruire l’ennemi et<br />

l'on parvient à la paix, comme nous l'avons détaillé plus haut. Alors, la Porte de la<br />

sainteté est reconstruite <strong>pour</strong> la troisième fois, comme : « Exercez dans vos portes une<br />

justice de paix » (Zékharia 8:6), de l'ordre également de la charité : « N'écrase pas le<br />

pauvre à la porte » (Prov. 22:22). On soumet ainsi les ennemis qui puisent (leur<br />

nourriture) de la porte d’Aram, comme : « Ils parlent de moi, ceux qui sont assis à la<br />

porte/Sha’AR » (Ps. 69:13). En effet, le foie coléreux associé à Essav-Edom « aux<br />

cheveux/Sé’AR roux (Bér. 25:25), est alors soumis. Ce qui correspond à la chute de la<br />

Porte d’Aram, <strong>pour</strong> la troisième fois.<br />

[S’achèvent ici les paroles de Rabénou, de mémoire bénie]<br />

*Notes de Rabbi Nathan<br />

[La suite a trait à ce qui précède. Après les mots "selon les notions que j’ai mentionnées<br />

plus haut", Rabénou de mémoire bénie, a sauté quelques mots qui avaient été écrits<br />

selon ses paroles et de sa sainte main dans son propre manuscrit. Lorsqu’il m’a donné<br />

son manuscrit <strong>pour</strong> recopier cette Torah, il a effacé volontairement quelques mots qu’il<br />

avait écrits <strong>pour</strong> que je ne les retranscrive pas, et j’ai compris qu’il avait une intention<br />

précise en agissant ainsi. Telle était d’ailleurs son habitude à diverses reprises, dans<br />

plusieurs Enseignements. Lorsqu’il donnait un Enseignement à recopier, il prenait un<br />

soin tout particulier à scrupuleusement effacer de son manuscrit, à certains endroits,<br />

quelques mots <strong>pour</strong>tant extrêmement nécessaires à la compréhension du sujet, les «<br />

omettant » volontairement en plein milieu. Il ne voulait effectivement pas que ces mots<br />

soient révélés. Et celui qui consulte avec attention ces endroits <strong>pour</strong>ra constater que<br />

quelque chose manque, au milieu d’un sujet. C’est le cas également dans cet<br />

Enseignement, car nous voyons qu’il a écrit : « Et lorsqu’elle connait chute après chute,<br />

546


etc., selon les notions que j’ai mentionnées plus haut ». Cela ne correspond pas à son<br />

style. Néanmoins, tout était clairement écrit et distinctement exposé chez lui, mais il a<br />

sciemment omis certains mots au milieu. En effet, toutes ses saintes paroles étaient<br />

méticuleusement pesées : ce qu’il faut dévoiler et ne pas dévoiler. Ainsi Rabénou se<br />

montrait très pointilleux au mot près. Parfois, il ne fallait pas prononcer ou recopier tel<br />

mot ou tel mot. En fonction de son extraordinaire perception, il savait que la chose ne<br />

devait pas être révélée.<br />

Consulte également l’Enseignement 58 (#9), où il est écrit : « Car la grandeur des<br />

hommes intègres de la génération relève de la dimension « réceptacle » <strong>pour</strong> le<br />

renouvellement de la Torah, de l'ordre de « Tels sont etc. » On constate avec évidence<br />

une omission à cet endroit. Mais à présent, au regard de ce qui a été dit, tu peux<br />

comprendre la chose, car il a effacé ici plusieurs mots, au milieu de l’Enseignement. De la<br />

même façon, toujours dans cet Enseignement 58, Rabénou a effacé plusieurs mots et<br />

paroles diverses qui ne sont pas tellement évidents. Par la suite dans l’Enseignement 59,<br />

il a également effacé quelque chose là-bas au paragraphe 5, après : Telle est l’explication<br />

de « Maison et fortune etc. car les Patriarches convertissaient etc. » Il a effacé là-bas<br />

plusieurs mots, ainsi qu’à d’autres endroits de ce même Enseignement. Il en est ainsi de<br />

divers Enseignements qu’il a donnés à transcrire. Tout ceci demeure <strong>pour</strong> nous un grand<br />

mystère.]<br />

[Addendum aux paragraphes 1 et 2:]<br />

["Celui qui offense les érudits en Torah ne peut connaître de guérison à sa blessure"<br />

(Chabat 119b). En effet, tous les traitements sont des mixtures : on prend tel remède<br />

mélangé à telle plante, selon une quantité et un poids précis, ou telle autre plante, selon<br />

tel poids, ainsi procède-t-on avec toutes sortes d’espèces variées. Ainsi, chaque herbe<br />

possède des propriétés spécifiques que l’on mélange entre elles <strong>pour</strong> en faire une<br />

mixture. Cette mixture porte alors en elle le pouvoir curatif. Il en ressort que l’essentiel<br />

de la guérison se trouve dans une combinaison, de sorte qu'elle obtient une vertu<br />

nouvelle et différente à partir de toutes les plantes qui y ont été mélangées. C’est par la<br />

puissance de ce mélange précis que l’on est en mesure de guérir une maladie. C’est<br />

<strong>pour</strong>quoi il faut un médecin expert, maître dans l’art de procéder à ces mélanges. En<br />

revanche, celui qui n’est pas expert, même s’il dispose de toutes les plantes dotées de<br />

547


vertus thérapeutiques, elles ne <strong>pour</strong>raient pas <strong>pour</strong> autant agir, puisqu’il ignore<br />

comment les combiner.<br />

Il en va de même <strong>pour</strong> la Torah qui constitue le remède de toute chose, ainsi qu’il est<br />

écrit : « Qui guérit tout son corps » (Prov. 4:22), mais personne ne la maîtrise à<br />

l’exception des Sages de la génération. En effet, c'est à eux qu'elle a été transmise <strong>pour</strong><br />

l’interpréter selon les treize principes d'herméneutique de la Torah. On ne peut pas<br />

comprendre la Torah proprement dite sans l’aide des Sages de la génération car eux<br />

seuls savent l’interpréter. La Torah est « pauvre » à certains endroits et « riche » à<br />

d’autres, et les Sages rassemblent, prélèvent et combinent les éléments de Torah, en<br />

l’expliquant d’un endroit par rapport à un autre, et ce par le biais des treize principes.<br />

Ainsi, ils retranchent, ajoutent et forment leur exégèse $(Baba Batra 111b). Quand bien<br />

même telle chose est écrite dans la Torah, ils en retranchent toutefois une lettre ou un<br />

mot, alors qu’à d’autres endroits ils en ajoutent, et de cette manière ils la commentent<br />

selon ce qu'ils savent et comme cela leur a été transmis.<br />

Aussi, lorsque l’homme porte atteinte au respect d’un érudit en Torah, il ne peut exister<br />

le moindre remède à sa maladie. L'essentiel de la guérison que l’on reçoit de la Torah ne<br />

peut être obtenu en effet, que par les Sages de la génération, à qui a été transmise la<br />

faculté d’interpréter. Ils savent commenter et combiner les lettres de la Torah et c’est ce<br />

qui représente l’essentiel du pouvoir de guérison. Toutes les plantes reçoivent en effet<br />

leurs vertus de la Torah, comme nous l’avons vu, et leurs facultés résultent<br />

principalement de combinaisons. C'est <strong>pour</strong>quoi l’essentiel dépend des Sages de la<br />

génération, en ce sens qu’ils savent interpréter la Torah et combiner les lettres de la<br />

Torah. Grâce à cela, ils reçoivent le pouvoir de toutes les combinaisons de toutes les<br />

plantes, qui, elles-mêmes reçoivent leur force de la Torah. Voilà <strong>pour</strong>quoi, l’essentiel est<br />

d’avoir foi dans les Sages, les respecter et les craindre au plus haut point. Et même s’il<br />

semble qu’une chose n’est pas clairement exposée (ou erronée) dans la Torah selon<br />

notre compréhension et d’imaginer qu’ils agissent, à Dieu ne plaise, contre la Torah, on<br />

doit néanmoins croire que très certainement, ils agissent convenablement et<br />

conformément à la Torah. La Torah leur a été transmise. Nous voyons par exemple qu’il<br />

est clairement précisé dans la Torah : « Il lui infligera quarante coups » (Dévarim 25:3).<br />

Pourtant, nos maîtres nous enseignent : « trente-neuf coups précisément » (Makot 22b).<br />

Ils savent en effet que selon les règles d’interprétation et d’exégèse, comme cela leur a<br />

été transmis, il faut précisément se limiter à trente-neuf coups. Il faut par conséquent<br />

548


avoir confiance dans les Sages, mettre de côté sa propre intelligence et son<br />

discernement, et se reposer sur eux, car c’est à eux que la Torah a été confiée <strong>pour</strong> être<br />

(correctement) interprétée.<br />

TORAH 58<br />

Roch Hachana 5566<br />

Selon le manuscrit de Rabénou.<br />

Il est dit dans le Zohar Béréchit : « Trois émanent d’un. Un existe en trois. Un<br />

s’élève entre deux. Deux nourrissent un. Un nourrit plusieurs côtés » (Zohar I, 32b).<br />

1- Autrement dit, le puits (de Myriam), la nuée (qui accompagnait les juifs dans le désert<br />

par le mérite d’Aaron) et la manne sont tous revenus par le mérite de Moché, comme<br />

l’enseignent nos maîtres, de mémoire bénie : « J’anéantissais les trois bergers en un seul<br />

mois » (Zackarie, 11:8), mais sont-ils donc morts tous les trois le même mois ? » (Taanit<br />

9a). Ils (nos maîtres) répondirent qu’à la mort d’Aaron et de Myriam, disparurent la<br />

nuée et le puits, qui revinrent par le mérite de Moché. Puis, lorsque disparut Moché au<br />

mois d’Adar, disparurent alors le puits, la nuée et la manne; c’est donc comme s’ils<br />

étaient tous les trois morts le même mois. Tel est le sens de « Trois émanent d’un »,<br />

c’est-à-dire, le puits, la nuée et la manne apparurent en vertu d’un, autrement dit, de<br />

Moché.<br />

2- L’âme de Moché englobait les trois Patriarches, il possédait ainsi la force d’attirer ces<br />

trois influences : « un puits d’eaux vives » (Bér. 26:19) correspond à Avraham, aux eaux<br />

de la Bonté. Avraham fut en outre l'instigateur du forage des puits (chez Avimélekh).<br />

La nuée correspond à Yits’hak, de l'ordre de « l’obscurité, nuée et brume » (Dévarim<br />

4:11), de l'ordre de : « Sa vue s’obscurcit et il ne pouvait voir » (Bér. 27:1).<br />

Quant à la manne, elle correspond à Yaakov, de l’ordre de « Pour faire paître son peuple,<br />

Yaakov » (Ps. 78:71).<br />

549


Ainsi est-il dit de Moché, qui englobait les Patriarches : « Moché s’assit près du puits »<br />

(Chemot 2:15) et « Moché entra dans la nuée » (idem, 24:18) et d’autre part « Moché leur<br />

dit : « il est votre pain » (idem, 16:15). « Il » fait précisément référence à Moché luimême,<br />

par le mérite duquel ils mangèrent de la manne. Et dans les temps futurs, à<br />

l’heure de la résurrection, Moché se lèvera, englobant les trois Patriarches, comme par le<br />

passé, ainsi qu’il est écrit : « Ce qui a été, c’est ce qui sera » (Kohélet 1:9), de même dans :<br />

« Tu reposeras avec tes pères, et se lèvera etc. » (Dévarim 31:16). « Et se lèvera/véKaM »,<br />

autrement dit, il se lèvera lors de la résurrection (des morts), englobant les trois<br />

Patriarches. Tel est le sens de « Un existe/KayaMa en trois ».<br />

3- Par cette force, du fait d’englober les trois Patriarches, Moché fit la guerre à Amalek,<br />

comme « Le glaive, vengeur de l'Alliance » (Vayikra 26:25). Les Patriarches représentent<br />

en effet l’Alliance, de l'ordre de : « Je me souviendrai de l’Alliance avec Yaakov, etc. », et<br />

Amalek profana cette Alliance, comme il est écrit : « Qui t’a refroidi en chemin» (Dévarim<br />

25:18). C'est de cela dont il s'agit dans : « Un s’élève entre deux », c'est la guerre contre<br />

Amalek, comme il est écrit (à propos de Moché, précisément lors de la guerre contre les<br />

Amalécites) : « Aaron et ‘Hour soutinrent ses bras, l’un de chaque côté » (Chemot 17:12).<br />

4- Ayant ainsi soumis l'écorce d’Amalek et préservé l’Alliance, Moché est parvenu à la<br />

dimension évoquée dans (ce verset sur la récolte de la manne <strong>pour</strong> Chabat) : « Il se<br />

trouvera le double/Michné de leur récolte quotidienne » (Chemot 16:5). De même, à<br />

propos de Yossef qui eut le mérite de (préserver) l’Alliance, il est écrit : « Il (Pharaon) le<br />

fit monter sur son second/michné char » (Bér. 41:43). Autrement dit, il est question ici du<br />

"double/michné de leur récolte quotidienne", car grâce à (la préservation de) l’Alliance,<br />

l’on mérite une double abondance. Tel est le sens de « Deux nourrissent un », <strong>pour</strong><br />

exprimer que la dimension de Chabat reçoit grâce à Yossef une double portion de pain. Il<br />

s'agit du "double de la Torah"/Michné Torah $(Dévarim 17,18), de l'ordre de : « Je serai<br />

un enchantement jour après jour » (Prov. 8:30).<br />

En outre, la dimension de Chabat influe sur les autres mondes, de même : « Le Chabat de<br />

la terre vous appartiendra <strong>pour</strong> la consommation » (Vayikra 25:6). Tel est le sens de « Un<br />

nourrit plusieurs côtés ».<br />

550


5- Il est question également des notions suivantes : c'est grâce à la Connaissance<br />

qu'apparaissent ces trois choses dont nous avons parlé plus haut, qui sont : la<br />

nourriture, la boisson et les vêtements, car elles sont inclues en elle (la connaissance). La<br />

dimension de : « Venez, mangez de mon pain » (Prov. 9:5) correspond à la nourriture,<br />

comme la manne, induite par la Connaissance de la Torah ; la boisson est inclue dans la<br />

Connaissance, de même que : « Oh, tous les assoiffés, venez à l'eau » (Isaïe 55:1),<br />

autrement dit, au puits, de l’ordre de « Qui coulent de ta fontaine » (Prov. 5:15) ; quant<br />

aux vêtements, ils renvoient à «Tu possèdes un manteau, tu seras notre chef » (Isaïe 3:6),<br />

c’est-à-dire à la notion de nuée et d’habit, comme : « Quand Je lui donnai la nuée <strong>pour</strong><br />

vêtement » (Job, 38:9). Tel est le sens de « Trois émanent d’un ».<br />

L’existence de la Connaissance dépend principalement des Patriarches qui<br />

correspondent à la Bonté, à la Rigueur et à l’Harmonie.<br />

La Bonté correspond à la dimension d'Avraham, dans le sens où il faut enseigner sa<br />

sagesse aux autres, afin de les rapprocher sous les ailes de la Présence divine, de l'ordre<br />

de : « Une Torah de Bonté sur sa langue » (Prov. 31:26), que nos Sages ont expliqué ainsi :<br />

« il s’agit d’une allusion à celui qui étudie la Torah dans le but de l’enseigner » (Soukat,<br />

49b). Ce qui correspond à (ce qui est dit à propos d’Avraham et Sarah) : « Les âmes qu’ils<br />

firent à ‘Harane » (Bér. 12:5).<br />

La Rigueur (Yits’hak) correspond à « Celui <strong>pour</strong> qui la crainte de la faute passe avant la<br />

sagesse » (Avot 3:9).<br />

L’Harmonie (Yaakov) correspond à celui qui réfléchit avec précision à la manière<br />

d’exprimer sa sagesse afin que ses mots ne soient pas méprisés, de l'ordre de : « Les<br />

paroles de la bouche du Sages sont grâce » (Kohélet 10:12).<br />

Tel est le sens de « Un existe en trois ».<br />

De ce fait, lorsque la sagesse se trouve dans sa plénitude et sa perfection, on se situe<br />

alors dans la dimension de « Un s’élève entre deux », de sorte que l'on peut mener les<br />

guerres de l'Eternel, de même que : « La sagesse est préférable aux armes de guerre »<br />

(Idem, 9:18). Dès lors on parvient à prendre le dessus sur les oppresseurs qui<br />

<strong>pour</strong>suivent les plus faibles d'Israël <strong>pour</strong> les faire rentrer dans le service de Dieu, béni<br />

soit-Il, on mérite ainsi de découvrir de nouvelles explications de la Torah le Chabat, en<br />

double mesure, de l'ordre de "une double portion de pain", de l'ordre de « Michné<br />

551


Torah» et de : « rouleau qui vole » (Zékharia. 5:2). Il s'agit de « Deux nourrissent un »,<br />

comme expliqué plus haut, de l’ordre de « L’épée à double tranchant/PIFIyot » (Ps.<br />

149:6). Grâce au glaive vengeur, comme nous l'avons dit plus haut, on obtient une<br />

« double part/PI Chenaïm », de l'ordre de la double portion de pain.<br />

Le Chabat déploie alors ses lumières vers tous les niveaux, de l'ordre de « Un nourrit<br />

plusieurs côtés », et procède à la guérison de l’âme et du corps, comme : « Il ne paiera<br />

que son repos/CHiVTo, et guérir il guérira » (Chemot 21:19). Il s’agit ainsi des deux<br />

guérisons obtenues grâce au Chabat/CHaBaT.<br />

6- En outre, le fait d'influer sur la "double portion de pain" dont nous avons parlé plus<br />

haut, signifie que par son mérite, le Sage reçoit également la part d’une autre personne,<br />

comme l’affirment nos Sages, de mémoire bénie : « S’il est méritant, il reçoit sa part et<br />

celle de son ami » (‘Haguiga, 15a). Puis, lorsqu’arrive le jour du Chabat, que son<br />

âme/NéFeCH s'inclue dans le Chabat, de l'ordre de : « Car en ce jour, Il se<br />

reposa/vayiNaFaCH» (Chemot 31:17), il dispense alors une double portion de pain le<br />

Chabat, comme nous l'avons vu.<br />

7- De plus, grâce à l’éclat du Chabat, le monde s'éveille au repentir réalisé par amour. En<br />

effet, le Chabat relève du repentir, comme dans : « Tu retourneras/véCHaVTa à l’Éternel<br />

ton Dieu » (Dévarim 30:2). Il s'agit d'un repentir par amour, de l'ordre de « L’amour dans<br />

les délices » (Cantique 7:6). En effet, l’amour résulte du délice du Chabat, de même que :<br />

« Tu appelleras Chabat délice » (Isaïe 58:13). Effectivement, le repentir réalisé par amour<br />

correspond à la "double portion de pain", comme l’enseignent nos maîtres, de mémoire<br />

bénie : « Ici, c’est par amour, là par crainte » (Sota 31a) [Il est dit ici que celui qui sert<br />

Dieu par amour est plus grand que celui qui Le sert par crainte, car les bénéfices de l’un<br />

s’étendront sur deux mille générations alors que les bénéfices de l’autre s’étendront sur<br />

mille générations]. Aussi, grâce au repentir par amour, Il dispense la Bonté sur deux<br />

mille générations.<br />

8- Alors, toutes les personnes honnêtes de la génération se voient guéries, comme dans :<br />

« Il reviendra et sera guéri » (Isaïe 6:10). En effet, jusqu’à présent elles ont subi des<br />

souffrances, comme : « En effet, il a porté notre maladie » (Isaïe 53:4). Elles (ces<br />

personnes) deviennent également respectables aux yeux des créatures, de l'ordre de : «<br />

552


Que tu es belle, que tu es attrayante » (Cantique 7:6), grâce à "l’amour dans les délices",<br />

comme expliqué plus haut. Alors qu’auparavant, elles relevaient de : « Sans prestance ni<br />

splendeur » (Isaïe 53:2).<br />

9- Lorsque les gens honnêtes de la génération deviennent beaux et respectables aux<br />

yeux de tous, alors, chacun selon son honnêteté, comprendra que le Sage de la<br />

génération a déjà dispensé sur le Chabat la "double portion de pain/le’hem michné"<br />

évoquée plus haut. En effet, chacun, en fonction de son honnêteté, reçoit gloire et beauté,<br />

et se voit grandi aux yeux des créatures. De fait, la beauté et la grandeur sont un<br />

« signe/TSIouN », une marque du "double de la Torah/Michné Torah", dont nous avons<br />

déjà parlé, de l'ordre de : « Le Mont Sion/TSIoN sur les flancs nord » (Ps. 48:3). « Le<br />

Mont » se réfère à la grandeur, comme l’enseignent nos Sages, de mémoire bénie : « Fuis<br />

vers la montagne comme un oiseau » (Ps. 11:1), il s'agit de la royauté et de la grandeur »<br />

(Sanh. 107a). Le verset cité auparavant signifie donc que la grandeur, un signe/Tsioun et<br />

une marque du "flanc/YaRKété nord/TSaFoNe", de « la rondeur de tes<br />

hanches/YéRéKhayïkh » (Cantique 7) de la Torah cachée/TSéFouNa. C’est le sens de « Si<br />

tu cesses/TaCHiV (de piétiner) de ton pied le Chabat » (Isaïe 58:13) : grâce au<br />

repentir/TéCHouVa, issu de la dimension « Chabat », sont attirés "les flancs nord", et<br />

c'est précisément : « Ton pied ». Ainsi, chacun selon son honnêteté, se voit distingué et<br />

signalé chez lui, afin de recevoir ensuite, au sein des marques de grandeur, les "flancs<br />

nord", évoqués auparavant. En effet, la grandeur des personnes honnêtes de la<br />

génération est de l'ordre d'un réceptacle <strong>pour</strong> le renouvellement de la Torah, de l’ordre<br />

de… $[voir Enseignement 57, Notes de Rabbi Nathan].<br />

10- Ainsi, ces personnes honnêtes de la génération doivent méditer profondément sur la<br />

gloire, la splendeur et la grandeur qui leur est accordée, de façon à ne pas succomber à<br />

l’orgueil. Il arrive parfois, lorsque la génération ne s'astreint pas à garder une parole<br />

saine, qu'elle se retrouve dans l’incapacité de recevoir la dimension de Chabat dont nous<br />

avons parlé plus haut. En effet, le Chabat dépend de l’attention portée à la parole, comme<br />

« ne pas parler des paroles » (Isaïe id.), <strong>pour</strong> que tes paroles du Chabat ne soient pas<br />

comme celles de la semaine » (Chabat 113b). Dès lors qu’elle (la personne) ne surveille<br />

pas sa bouche, quand bien même les Sages de la génération influent sur le Chabat et le<br />

repentir comme nous l'avons vu, l’éclat du repentir est donc endommagé chez elle. Alors<br />

553


la gloire, la splendeur et la grandeur parvenant aux plus honnêtes de la génération se<br />

voient altérées, et ils deviennent orgueilleux. Tel est le sens de « Le péché de leurs<br />

bouches, les mots de leur lèvres, ils sont enfermés dans la faute de l’orgueil » (Ps. 59:13). A<br />

cause de la faute relative à la parole, ils se font happer par la faute de l'orgueil. C'est la<br />

notion de l’exil de la Présence divine, autrement dit, la grandeur, qui relève de la<br />

Royauté, de la Présence divine, qui est endommagée et devient de l’orgueil. C'est ce dont<br />

il s'agit dans : « Pourquoi les têtes des Babyloniens sont-elles ovales/Sgalgalot ? Parce<br />

que leurs sages-femmes ne sont pas expertes » (Chabat 31a). "Les Babyloniens", c'est la<br />

génération qui porte atteinte à la parole, de même que : « Car Dieu y confondit/BaLal<br />

tous les langages de la terre » (Bér. 11:9). « Les têtes », il s’agit des plus honnêtes de la<br />

génération. « Sgalgalot/ovales », au sens de Ségol-Galout/exil. Le mot SéGoL<br />

correspond à la Gloire et à la royauté, de l’ordre de « SéGouLat/les trésors des rois »<br />

(Kohélet 2:8). Il s'agit donc de l'exil de la Présence divine, comme nous l'avons dit, la<br />

Gloire ayant chez eux été entachée, ils se sont fait attraper par l’orgueil. Voilà <strong>pour</strong>quoi il<br />

leur répondit : « parce qu’ils n’ont pas de sages-femmes/‘Hayot expertes ». « ‘Hayot »<br />

correspond au Chabat dont nous avons parlé, de l'ordre de « Qui le goûtent parviennent<br />

à la vie/'Hayim » (prière du Moussaf de Chabat), de l'ordre du repentir, comme nous<br />

l'avons vu, de l'ordre de : « Repentez-vous et vivez » (Ezéchiel 18:32), de l'ordre de la<br />

guérison, comme il est écrit : « Tu m’as guérie et redonné vie » (Isaïe 38:16).<br />

En effet, si ce n'est par la vigilance (exercée) sur la parole, on ne reçoit pas la vitalité du<br />

Chabat de la part des plus intelligents et des plus Sages de la génération, de la dimension<br />

de Moché, comme nous l'avons vu. Oui, sans cela, il est impossible de recevoir le Chabat<br />

qui correspond au repentir, de la part du Sage évoqué plus haut. Mais si la génération<br />

relève de la dimension « Babyloniens », tels que nous l'avons expliqué, c’est-à-dire ne<br />

pouvant recevoir la vitalité du Chabat. « Leurs têtes », c’est-à-dire, les plus honnêtes de<br />

la génération, sont Ségol-Galout, en ce sens que la gloire et la grandeur se retrouvent<br />

chez eux exilées. Ce qui signifie que la dimension « Royauté » a été endommagée et c’est<br />

là le sens de l’exil de la Présence divine, lorsqu’ils chutent dans la grandeur, à Dieu ne<br />

plaise.<br />

TORAH 59<br />

Roch Hachana 5566<br />

554


Selon le manuscrit de Rabénou.<br />

1- Celui qui s’efforce à chaque instant de rapprocher les hommes du service de Dieu,<br />

béni soit-Il, doit se préserver (lui-même), afin d’empêcher les écorces et le mal (ancré)<br />

en ces personnes de s’attacher à lui. En effet, cet homme qui s’emploie à rapprocher et à<br />

« faire» des âmes comme (à propos d’Avraham) : « Et les âmes qu’ils firent à ‘Harane »<br />

(Bér. 12:5) construit le "Palais de Sainteté". « Sainteté » correspond à la dimension « Et<br />

celui qui reste à Jérusalem/YéRou-CHaLaïM sera appelé saint » (Isaïe 4:3). Autrement dit,<br />

du fait que grâce à lui des personnes s’attachent (à Dieu) d’une « foi entière/YiRa<br />

CHéLéMa », même si d’autres, très nombreux déchoient de leur sainteté, du fait (même<br />

de l’existence) de ceux qui restent fidèles d’une foi entière, celui-ci sera appelé « saint ».<br />

Tel est la dimension « Sainteté ».<br />

« Palais » renvoie à l’honneur glorifiant Le Saint béni soit-Il, comme le rapporte le Zohar<br />

$(II, 69a) : « Avec l’arrivée de Yitro, le Nom du Saint béni soit-Il fut glorifié ». Ceci est de<br />

l'ordre de « Racontez au peuple Sa Gloire » (Ps. 96:3) qui signifie que rapprocher (de Lui)<br />

ces personnes éloignées du service de Dieu béni soit-Il constitue la (plus grande) Gloire<br />

de Dieu, béni soit son Nom. La « Gloire », elle, correspond à la dimension de « palais »,<br />

comme : « Et dans Son Palais, tous de déclarer : Gloire ! » (Ps. 29:9).<br />

Ce « Palais de Sainteté » se polarise constamment vers sa source, c’est-à-dire, vers le<br />

cœur de celui qui l’a édifié, car c'est là-bas que se situe sa source. En effet, les paroles<br />

sorties des profondeurs du cœur de cet homme vertueux sont entrées dans le cœur (de<br />

ceux qui l’ont écouté) et ils sont ainsi revenues vers Dieu béni soit-Il. Ainsi, ce « Palais de<br />

Sainteté » réside dans le souffle vital du cœur de cet homme vertueux, et s’en revêt. En<br />

effet, le souffle se situe dans le cœur, de même que : « Je vous donnerai un cœur nouveau<br />

et un nouveau souffle » (Ezéchiel 36:26). Ainsi, le « Palais de Sainteté » puise sa vitalité de<br />

ce souffle, de l'ordre de : « L’esprit humble supporte la Gloire » (Prov. 29:23).<br />

Et c’est essentiellement au niveau des pieds de ce souffle que le « Palais de sainteté » se<br />

revêt comme : « Un souffle <strong>pour</strong> ceux qui la foulent » (Isaïe 42:5). En fait, ce souffle<br />

possède une structure entière, et c’est à partir de cette dimension « pieds » qu'il agit<br />

<strong>pour</strong> éveiller les hommes au service de Dieu béni soit-Il ce qui correspond à : « Nivelez<br />

dans le désert un sentier <strong>pour</strong> notre Dieu » (Isaïe 40:3). « Un sentier », précisément, qui<br />

est le lieu des pieds. Telle est la notion de : « Des sentiers dans leurs cœurs » (Ps. 84:6).<br />

555


Par les sentiers du cœur, on éveille et on met à niveau les personnes perdues dans le<br />

désert et la pénombre. On déblaie ainsi une voie vers le service de Dieu, béni soit-Il.<br />

Or, le Palais étant bâti à partir d’âmes qui étaient éloignées et entourées de nombreuses<br />

écorces comme dans : « Voici Jérusalem, que J’ai placée au milieu des nations » (Ezéchiel<br />

5:5), et étant donné que le Palais épouse le cœur, les forces extérieures viennent, à Dieu<br />

ne plaise, s’accrocher aux pensées du cœur de cet homme vertueux.<br />

Un conseil existe <strong>pour</strong> prévenir cela : que l’homme invite les anges de son cœur ! Il est<br />

question ici de l'enthousiasme du cœur, car l'enthousiasme correspond aux anges de<br />

même que : « Un ange de l'Eternel lui apparut dans la flamme » (Chemot 3:2). Un tel feu<br />

est à même de les consumer. Dès lors, le « Palais de Sainteté » reçoit également la force<br />

de ce feu et brûle les écorces qui tentent de s’accrocher à lui, de l'ordre de : « La Gloire de<br />

Dieu est telle un feu dévorant » (Chemot 24:17).<br />

2- Le feu de cet ange est créé à partir de la dimension « jugement », lorsqu’une personne<br />

gère ses affaires avec équité, en se jugeant elle-même. Telle est la notion de : « Car par le<br />

feu de l'Eternel, il se juge » (Isaïe 66:16). De plus, le jugement se situe dans le cœur de<br />

même que : « Aaron portera le jugement des enfants d’Israël sur son cœur, constamment »<br />

(Chemot 28:30). C'est alors que le jugement vient à la lumière (se dévoile) : lorsque le<br />

cœur s’enflamme et qu'il prend place sur le trône, comme dans : « Il a établi Son Trône<br />

<strong>pour</strong> le Jugement » (Ps. 9:8), cela correspond à la notion de Gloire évoquée plus haut, de<br />

l'ordre du « Trône de Gloire » (Jérémie 17:12).<br />

Telle est l’allusion (contenue) dans : « Affermis mes pas dans Tes sentiers » (Ps. 17:5), «<br />

mes pas » renvoie aux pieds dont nous avons parlé, « Tes sentiers/ma'GuéLotékha »,<br />

renvoie au Trône de Gloire, au sens de : « Le dossier du trône était arrondi/'AGoL vers le<br />

haut » (Rois 1, 10:19). En d’autres termes, la Gloire épouse le cœur. C'est ce dont il s'agit<br />

dans : « Une cité fidèle, pleine de justice » (Isaïe 1:21), la « cité » est Jérusalem, la ville de<br />

sainteté, qui reflète la notion de jugement. Comme dans le verset : « En ce temps, on<br />

appellera Jérusalem : "Trône de l'Eternel", vers laquelle toutes les nations afflueront <strong>pour</strong><br />

le Nom de l’Éternel, et ne suivront plus la folie de leurs cœurs mauvais » (Jérémie 3:17), car<br />

le feu des anges du cœur soumettra leurs cœurs mauvais.<br />

556


3- Cela renvoie à l’observance du Chabat, comme le rappelle le Zohar $(I, 5b) : « Vous<br />

garderez Mes Chabat » (Vayikra 19:30), « Mes Chabat », il s’agit d’un cercle avec un carré<br />

dedans.<br />

« Le cercle » correspond au Trône de Gloire, comme nous l'avons dit comme dans : « Le<br />

dossier du trône était arrondi ».<br />

« Le carré », correspond au Jugement, de l'ordre de : « Il sera carré, double » (Chemot<br />

28:16) évoqué à propos du « pectoral de jugement/‘Hochen Michpat ». En effet, durant la<br />

semaine, la Présence divine œuvre à effectuer des distinctions (entre le saint et le<br />

profane) et elle se repose durant le Chabat. Par contre, dans les temps futurs, lorsque le<br />

mal sera éradiqué, ainsi qu’il est écrit : « Ils ne suivront plus la folie de leurs cœurs<br />

mauvais », le jour de Chabat sera continuel, de la même façon, par le principe du cercle et<br />

du carré dont nous avons parlé, puisqu'ils entraînent l’annihilation du mal. Alors la<br />

notion « Mes Chabat » apparaît. Cette dimension correspond donc au cercle et au carré.<br />

4- Cela correspond à la notion de « annulation d’un interdit dans une quantité soixante<br />

fois supérieure ». « Soixante » renvoie au cercle et à la lettre Samekh ‏(ס)‏ qui représente<br />

un cercle comme le Trône de Gloire, ainsi qu’il est écrit : « Et des rois <strong>pour</strong> le trône » (Job,<br />

36:7) et : « Les reines sont au nombre de soixante,» (Cantique 6:8). Quant à l’interdit,<br />

c'est-à-dire l'écorce, elle se trouve annulée par les "trônes de jugement" . Mais seul le<br />

cercle apparaît, car lui seul est dévoilé, alors que le carré reste caché dans le cercle.<br />

Néanmoins, la force du Samekh dépend essentiellement du carré, c’est à-dire de la lettre<br />

Mem (qui forme un carré ם et dont la valeur numérique est de 40), de l’ordre de : « Il lui<br />

infligera quarante coups », le Samekh reçoit du Mem, car ils sont les "trônes du jugement<br />

".<br />

Telle est l’explication de : « Le Mem et le Samekh sur les Tables tenaient<br />

miraculeusement» (Chabat 104a). Le Mem est le carré, le Samekh est le cercle dont nous<br />

parlions. "Sur les Tables" du cœur, comme il est écrit : « Ecris-les sur les tables de ton<br />

cœur » (Prov. 3:3). "Tenaient miraculeusement ", le miracle correspond au Chabat, de<br />

l’ordre de « Il est un signe <strong>pour</strong> toujours » (Chemot 31:17).<br />

5- Cela fait référence également à : « Je leur donnerai, dans Ma Maison et dans Mes<br />

murailles, une main et un nom, meilleurs que des fils et des filles » (Isaïe 56:5). « Une main<br />

et un nom », précisément, par le mérite de la garde de Mes Chabat évoquée plus haut. La<br />

« main » correspond au carré, de l'ordre du jugement comme dans : « Ma main<br />

557


s’emparera du jugement » (Dévarim 32:41). Le « nom » correspond au cercle, comme<br />

dans : « Il me dirige dans les cercles de justice, en faveur de Son Nom » (Ps. 23:3).<br />

« Une main » fait également allusion à l’aptitude à former des élèves de qualité et à leur<br />

transmettre l’esprit de sagesse, comme il est écrit : « Yéhochoua, fils de Noun, était plein<br />

de l'esprit de sagesse, parce que Moché avait imposé/SaMaKh ses mains sur lui » (Dévarim<br />

34:9). Ainsi, cette aptitude lui provient de la Maison de Dieu, car « la source de sagesse<br />

émane de la Maison de Dieu » (Yoël, 4:18) et « une maison est bâtie par la sagesse » (Prov.<br />

24:3). « Un nom » fait allusion au fait d’acquérir une bonne renommée, au point que<br />

toutes les âmes désirent être ancrées dans son nom. En effet, le nom équivaut à l’âme,<br />

comme : « Une âme vivante, tel sera son nom » (Bér. 2:19). Ils souhaiteront être enracinés<br />

à son âme, de l'ordre de : « Ton nom et ton souvenir sont le désir de l’âme » (Isaïe 26:8).<br />

On méritera cette renommée en vertu de la dimension « muraille ».<br />

Cette dimension « muraille » renvoie à celle de « longanimité », (attribut divin) qui<br />

consiste à réprimer sa colère. Richesse et maîtrise de la colère ne sont qu’une même<br />

dimension, et sont toutes deux appelées « muraille ». En effet celui qui endommage la<br />

muraille de la richesse, se chargeant de colère et de fureur, transforme cette<br />

muraille/‘HoMA en colère/‘HèMA, toutes deux liées au Côté gauche, comme il est écrit :<br />

« Le mal débutera du Nord » (Jérémie 1:14) et « L’or vient du Nord » (Job, 37:22). De fait,<br />

la richesse (venant du nord) est une muraille, comme il est écrit : « La fortune d’un<br />

homme riche est la cité de sa puissance, telle une haute muraille <strong>pour</strong> sa demeure » (Prov.<br />

18:11). Ailleurs il est dit de la colère : « Un homme dont l’esprit est sans freins est<br />

semblable à une ville ébréchée, privée de murailles » (idem, 25:28). Mais lorsque la<br />

richesse est attirée vers un homme, il possède alors une muraille, et cette muraille de<br />

richesse devient un frein contre sa colère. Mais parfois, lorsque sa colère prend le<br />

dessus, et qu'il endommage la muraille de richesse, cette colère porte atteinte à la<br />

richesse. Lorsque le mauvais penchant le pousse à se mettre en colère, l’homme doit<br />

savoir qu’à ce moment précis, une certaine somme d’argent lui sera allouée d’en haut et<br />

que le mauvais penchant souhaite entraver cet influx. Par conséquent, l’essentiel <strong>pour</strong><br />

préserver sa renommée (réputation) et son âme est de se préserver de toute colère. La<br />

colère endommage en effet son âme, de même que : « Il déchire son âme dans sa fureur »<br />

(Job, 18:4).<br />

558


En revanche, lorsqu’on se protège de la colère, on renforce la muraille de la richesse, on<br />

fait grandir son âme et sa renommée, de sorte que toutes les âmes aspirent alors à se<br />

fondre en son âme. La racine de toutes les âmes se situant dans la richesse, de l’ordre<br />

de : « Et c’est vers lui qu’il élève son âme » (Dévarim 24:15), <strong>pour</strong> cela "celui qui vole<br />

l’argent d’un Juif est regardé comme s’il lui dérobait son âme" (Baba <strong>Kama</strong>, 119a),<br />

comme il est écrit : « Dérobant l’âme de ceux qu’il vole » (Prov. 22:23). Ceci explique<br />

<strong>pour</strong>quoi tous désirent se rapprocher d’une personne riche, car là-bas (près de lui) se<br />

trouve la racine de leurs âmes.<br />

Il en ressort que celui qui a le mérite de former de sages disciples, et d’avoir ainsi de<br />

nombreuses âmes incluses dans la sienne, est certainement préférable à celui qui a des<br />

fils et des filles. En effet, les fils et les filles sont en nombre limité, alors que les disciples<br />

sont nombreux. De plus, ils reçoivent tous leur vitalité de lui, comme s’il les avait<br />

engendrés.<br />

Tel est donc le sens du verset : « Je te bénirai et ferai grandir ton nom » (Bér. 12:2). Rachi<br />

explique : « Je te bénirai » par l’argent. En effet, la renommée et l'âme grandissent<br />

essentiellement avec la richesse, comme nous l'avons dit.<br />

Tout ceci est réalisé grâce au trône et au jugement évoqués plus haut. Lorsque l’on<br />

soupèse ses paroles avec rectitude, on est en mesure d’enseigner sa sagesse à des<br />

disciples, sans leur porter atteinte, puisque l’art de l'enseignement dépend<br />

principalement de cette aptitude à mesurer ses paroles avec équité, comme le confirme :<br />

« Sages, prenez garde à vos paroles etc., et les élèves à venir boiront etc.» (Avot, 1:11).<br />

Aussi, lorsque la gloire divine grandit, l’âme qui fait grandir cette gloire, grandit<br />

également. L’âme réside en effet dans la gloire, comme : « Que mon âme ne participe pas<br />

à leur intrigue, etc. » (Bér. 49:6). Ainsi, puisque son nom et son âme grandissent, toutes<br />

les âmes désirent s’inclure dans son âme et dans son nom, comme nous l'avons vu. C’est<br />

le sens de : « Maison et biens sont un héritage des pères » (Prov. 19:14), « maison et biens<br />

» correspondent à : « Dans Ma Maison et dans Mes murailles, etc. ». Cette aptitude est<br />

héritée des Patriarches qui convertissaient les hommes, ainsi qu’il est écrit à propos<br />

d’Avraham : « Et les âmes qu’ils firent à ‘Harane » (Bér. 12:5). Il est écrit par ailleurs, à<br />

propos d’Itshak : « Yaakov s’installa sur la terre où résidait/méGouRé son père » (Bér.<br />

37:1) et le Midrach enseigne : « Nous apprenons de là qu’Yits’hak lui aussi<br />

convertissait/GuiyeR ses contemporains » (Bér. Rab, 84:4), car c'est ce dont il s'agit dans<br />

"résidait/méGouRé son père". Il est écrit également, à propos de Yaakov (lors de son<br />

559


arrivée en terre sainte) : « Yaakov dit à sa maison et à ceux qui étaient avec lui, etc. » il<br />

s’agit des convertis, « … faites disparaître les dieux étrangers » (Bér. 35:2).<br />

6- Et sache qu’il existe certains méchants qu’il est interdit de rapprocher sous les ailes<br />

du culte divin, car ils font descendre de niveau celui qui cherche à les rapprocher. C’est<br />

ce que nous avons vu concernant Moché, lorsqu’il rapprocha le Erev Rav et que le Saint<br />

béni soit-Il lui déclara : « Va et descends, car ton peuple s’est corrompu » (Chemot 32:7).<br />

Aussi, le jugement dont nous avons parlé plus haut ne peut vaincre le mal qui est en eux,<br />

et l'absence du jugement entraîne une forte dégradation des anges issus de ce jugement,<br />

ainsi que sur le cercle et le carré.<br />

Tel est le sens de (Chabat 31a) : « Pourquoi les Tarmoudéens ont-ils les yeux faibles ? ».<br />

« Tarmoud » fait référence aux méchants, car on ne peut accepter d'eux des convertis<br />

[comme l’enseignent nos maîtres de mémoire bénie : « On n’accepte pas de convertir des<br />

Tarmoudéens » (Yébamot, 16a)]. Et tous ceux qui les rapprochent voient leurs yeux<br />

s'affaiblir, ce qui correspond à l’endommagement du Chabat, (mot que l’on décompose<br />

ainsi : la lettre) Chine représente les trois couleurs des yeux; Bat renvoie à la<br />

pupille/bat de l’œil (Tikouné 70:126b). Cela correspond également au dommage causé à<br />

la muraille et à la maison, évoqué plus haut, qui sont apparentées aux yeux. En effet, l’œil<br />

est évoqué à propos de la sagesse, comme il est écrit (à propos d’Adam et ‘Hava après la<br />

consommation du fruit de la connaissance) : « Les yeux des deux se décillèrent » (Bér.<br />

3:7). Pour ce qui concerne l’âme, il est dit : « Le regard des yeux vaut mieux que<br />

l’imagination de l’âme » (Kohélet 6:9). Cela est également à associer aux dommages<br />

causés par la colère, comme il est écrit : « Mon œil fut assombri par la colère » (Ps. 6:8)<br />

ainsi qu’à la richesse comme dans « Lorsque la fortune augmente, ceux qui la mangent<br />

sont nombreux, et quel avantage y a-t-il <strong>pour</strong> son possesseur autre que la contemplation de<br />

ses yeux ? » (Kohélet 5:10).<br />

Ainsi la question posée à Hillel, le Prince : « Pourquoi les Tarmoudéens ont-ils des yeux<br />

faibles ? » équivaut à demander : <strong>pour</strong>quoi tous les aspects relatifs aux yeux sont-ils<br />

affectés lorsque l’on rapproche ceux qui ne sont pas dignes d’être rapprochés, tels les<br />

Tarmoudéens ? Hillel répondit : « Parce qu’ils vivent entre les dunes de sables/‘HoLot »,<br />

ce qui signifie que leur réussite est si grande que la force du jugement ne peut soumettre<br />

leur méchanceté, selon le verset : « Ses voies sont prospères/ya’HiLou en tout temps, Tes<br />

jugements contre lui restent en haut » (Ps. 10:5). C’est <strong>pour</strong>quoi : « Entre les dunes de<br />

560


sables/‘HoLot », au sens de « Ya’HiLou ». Ils connaissent une telle réussite, que le<br />

jugement ne les atteint pas. Il est clair qu’ils doivent être jugés mais comme le jugement<br />

ne les atteint pas, alors tous les aspects relatifs aux yeux sont affectés.<br />

[Les paroles de Rabénou s’achèvent ici.]<br />

[« Trois émanent d’un » de l’Enseignement 58 et cet Enseignement sur « le Palais de<br />

sainteté », ont été prononcés ensemble, en une seule Torah, à propos du verset « Heureux<br />

le peuple qui connaît le son du Chofar. » Cependant par la suite, lorsqu'il les a<br />

retranscrites, il les a scindées en deux Enseignements. Lorsque j’ai reçu de lui ces<br />

Enseignements par écrit, il m’a dit : « Je les ai divisées en deux. » J’ai compris alors qu’il<br />

avait là une intention, mais Dieu Seul connaît son intention.]<br />

TORAH 60<br />

Roch Hachana 5567<br />

Idra Raba Kadicha (Zohar Nasso 128)<br />

Rabbi Chimon a ouvert la discussion en disant : « C’est le moment d’agir <strong>pour</strong> Dieu »<br />

(Ps. 119:126). Pourquoi est-il temps d’agir <strong>pour</strong> Dieu ? Parce qu’ "… Ils ont<br />

enfreint Ta Torah". Que signifie "Ils ont enfreint Ta Torah" ? Il s'agit de la Torah<br />

d'En-haut, que l’on enfreint si l’on ne l'accomplit pas selon cette rectification. Ceci<br />

s'adresse à l'Ancien des Jours/Atik Yomine. Il est écrit "Heureux sois-tu Israël, qui<br />

est comme toi ! ? " (Dévarim 33:29), et il est aussi écrit : " Qui est comme Toi,<br />

parmi les dieux, Éternel ?" (Chemot 15:11) ». Il (Rabbi Chimon) appela son fils<br />

Rabbi Elazar et le fit asseoir d’un côté, et fit asseoir Rabbi Aba, de l’autre côté. Il dit<br />

alors : « Nous englobons toutes les choses. Les rectifications ont à présent été<br />

effectuées ». Ils restèrent silencieux puis entendirent un bruit. Leurs genoux<br />

s’entrechoquèrent. Quel était ce bruit ? Celui des cohortes célestes venues se<br />

rassembler ». (Zohar III 128a)<br />

1- Sache qu’il existe des voies de la Torah qui nécessitent un très grand niveau de<br />

compréhension que l'on ne peut atteindre sans richesse. Car même <strong>pour</strong> les sens simples<br />

561


de la Torah, comme le dit la maxime : « sans farine point de Torah » (Avot 3:17), il faut<br />

au moins bénéficier d’une certaine indépendance financière. A plus forte raison, <strong>pour</strong><br />

cette compréhension extrêmement élevée qui requiert une très grande richesse, c'est-àdire<br />

posséder une grande fortune et de ne manquer de rien. Cette compréhension<br />

nécessite toute la richesse du monde. Ainsi, les enfants d’Issakhar, bénéficiaient de cette<br />

compréhension, car il est écrit « Et des enfants d’Issakhar, qui connaissent la<br />

Compréhension » (Chr. I, 12:33). Ils n'ont mérité ceci grâce à leur richesse, de l'ordre de :<br />

« Issakhar est un âne osseux » (Bér. 49:14), que le Targoum traduit par « riche en<br />

possessions ». C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle Moché et tous les prophètes possédaient de<br />

grandes richesses afin de parvenir, grâce à elles, à cette profonde compréhension. C’est<br />

d’ailleurs parce que cette compréhension se trouve dans la Torah que la Torah est<br />

également appelée « fortune ». Aussi, tous ceux qui ont transmis la Torah devaient être<br />

gratifiés d’une très grande richesse. Moché notre maître par exemple, qui transmit la<br />

Torah à Israël, était très riche, comme l’enseignent nos Sages, de mémoire bénie<br />

$(Nédarim, 38a). De même, Rabbi (Yehouda Hanassi), qui compila et scella la Michna, et<br />

Rav Achi qui clôtura du Talmud, en arrangeant l'ensemble (des textes) du Talmud,<br />

furent également très riches, comme l’affirment nos maîtres (Guittin 59a, Baba Metsia,<br />

85). En effet, <strong>pour</strong> avoir institué et ordonné toute la Loi Orale, et que la Torah soit passée<br />

ainsi par leurs mains, ils devaient bénéficier de la richesse, comme nous l'avons dit, car<br />

la richesse est nécessaire à l’acquisition de cette compréhension (élevée).<br />

Ceci relève de « Taille/PeSSoL <strong>pour</strong> toi» (Chemot 34:1), que nos Sages, de mémoire bénie,<br />

expliquent ces mots : « Les débris/PeSSoLet (de la pierre que tu auras taillée) seront<br />

<strong>pour</strong> toi, etc. » (Yérouchalmi, Chekalim, 5:2). En effet, <strong>pour</strong> l’interprétation littérale de la<br />

Torah, avant d’y apporter une nouvelle explication simple, il faut procéder à quelques<br />

introductions préalables, et ensuite s’écarter de ces introductions afin de parvenir à<br />

l’idée voulue. Car l'essentiel est le sujet visé. Aussi, tout ce qui précède et tous les<br />

préambules sont de l’ordre de « débris », dans le sens où ils sont découpés et rejetés,<br />

autour du sujet concerné.<br />

Il en va de même en ce qui concerne la compréhension profonde de la Torah, il faut d’abord<br />

la tourner et la contourner plusieurs fois, avant d’aborder le sujet visé. En effet, le<br />

principal étant le sujet visé, et tous ces tours (entrées en matière) sont comparables à<br />

des « débris », c'est-à-dire la richesse, grâce à laquelle on parvient à la compréhension.<br />

Tel est le sens de « Taille <strong>pour</strong> toi, les débris seront <strong>pour</strong> toi. C’est de là que Moché<br />

562


s’enrichit », car les débris issus des Tables représentent ces tours (introductions) qui<br />

sont découpés et écartés afin d’arriver à la compréhension. Ils correspondent à la<br />

richesse par laquelle on parvient à compréhension, comme nous l'avons expliqué. Telles<br />

sont les lettres du mot MaMoNe/argent, qui forment celles de « Micham Nitachère<br />

Moché »/de là-bas Moché s’enrichit » et la lettre Vav(de Mamone) correspond aux<br />

Tables, par lesquelles Moché s'enrichit, car « les Tables avaient six de longueur et de<br />

largeur» (valeur numérique de la lettre Vav), comme l’affirment nos maîtres de mémoire<br />

bénie.<br />

2- Pour parvenir à cette richesse, il est nécessaire de procéder aux Tikounim<br />

(rectifications) de l’Ancien des Jours/Atik Yomine, qui est lié à la longévité et apparenté<br />

à la notion de « vieillard/Zakène ».<br />

La longévité est en effet indispensable <strong>pour</strong> amasser cette richesse relative à la<br />

compréhension. De plus, cette longévité consiste à devoir tout mettre en œuvre <strong>pour</strong><br />

prolonger et augmenter ses jours. En effet le début d’un jour, lorsqu’il commence chez<br />

chacun, est inévitablement court. C’est-à-dire, qu’en début de journée, le service que l'on<br />

doit accomplir durant ce jour semble très difficile, comme par exemple, la prière, l'étude et<br />

tout le reste. C’est <strong>pour</strong>quoi, à son commencement, le jour est court, car on doit commencer<br />

peu à peu, et c’est seulement par la suite que l’on peut étendre et accroître<br />

progressivement son service divin. L’homme doit donc s’employer à augmenter, à élargir et<br />

à rallonger chacune des heures suivantes, à les augmenter et à les allonger d'un<br />

supplément de sainteté. Ainsi, le jour suivant se verra augmenter peu à peu d'un ajout de<br />

sainteté supplémentaire, et à chaque fois ainsi de suite, les jours s’élargiront d'un ajout de<br />

sainteté. Telle est la notion de longévité (en hébreu : rallongement des jours).<br />

Ainsi, Avraham qui eut le mérite de cette dimension de « Zaken» (vieillard), liée à la<br />

longévité, reçut la richesse, comme il est écrit : « Avraham était vieux, avancé dans les<br />

jours, et l'Eternel bénit Avraham en tout » (Bér. 24:1). Ceci est de l'ordre de : « Des<br />

vieillards, j’obtiendrai la compréhension » (Ps. 119:100), car la dimension de « vieillard »,<br />

permet d'accéder à celle de « compréhension », grâce à l’enrichissement qui est la source<br />

de l’allongement qu’exprime la notion de Zaken/vieillard, comme nous l’avons vu.<br />

563


3- Cette dimension de « vieillard », autrement dit, celle qui consiste à chaque fois à<br />

augmenter et à rallonger ses jours d'un supplément de sainteté, s'acquiert grâce à la<br />

crainte. En effet, la crainte apporte un supplément de sainteté <strong>pour</strong> chacun de nos jours,<br />

de sorte que les jours s’allongent et augmentent comme dans : « La crainte de l'Eternel<br />

accroît les jours » (Prov. 10:27). Ceci correspond à « La crainte de l'Eternel est son<br />

silo » (Isaïe 33:6) et à : « Il a façonné la femme comme un silo : étroite en haut et large en<br />

bas » (Berakhot 61a). En effet, c’est au moyen de la crainte, que les jours d’abord «<br />

étroits » vont en « s’élargissant » d'un supplément de sainteté. Il en ressort que l'on<br />

obtient le mérite de la longévité grâce à la crainte exprimée par la notion du « Vieillard »<br />

et des rectifications d’Atik, en vertu desquels on mérite la richesse.<br />

En effet, la crainte préserve du contraire de la richesse, c'est-à-dire de la pauvreté comme<br />

dans « La grâce est mensongère, et la beauté est futile » (Prov. 31:30). Il existe en effet<br />

diverses sortes de grâce mensongère, que l’on retrouve dans notre manière de se tenir, de<br />

manger, ou de converser avec les gens, ainsi que dans d’autres domaines. Il y a <strong>pour</strong> chaque<br />

situation un charme différent et spécifique. De plus, toutes ces grâces mensongères<br />

proviennent de : " la beauté est futile " comme dans : « La grâce est mensongère, et la<br />

beauté est futile ». En d’autres termes, celui qui ne se garde pas de la beauté des femmes<br />

sera pris dans des désirs relatifs aux grâces mensongères. En revanche, la crainte constitue<br />

l’opposé de cela, comme il est écrit : « La grâce est mensongère, et la beauté est futile, mais<br />

une femme qui craint l'Eternel est digne de louanges ».<br />

C'est <strong>pour</strong>quoi, lorsqu’Avraham et Yits’hak étaient en route vers des lieux où la crainte était<br />

absente, dès qu’ils y entraient, ils le ressentaient sensiblement et commençaient à<br />

éprouver, selon leur haut niveau de sainteté, (un attrait) <strong>pour</strong> la beauté des femmes. C’est<br />

de cette manière qu’ils ressentaient l’absence de crainte dans ces lieux, et c’est <strong>pour</strong> cette<br />

raison, qu’ils s’interdisaient l’union intime avec leurs épouses, comme si elles étaient leurs<br />

sœurs, comme il est écrit : « Car j’ai dit seulement qu’il n’y a pas de crainte de Dieu en cet<br />

endroit, etc. » (Bér. 20:11). Par la suite, Avraham rectifia cela (cette carence morale) et<br />

attira la longévité, ainsi qu’il est dit : « Avraham séjourna dans le pays de Philistins de<br />

nombreux jours » (idem, 21:34), de l'ordre de « La crainte de Dieu accroît les jours » (Prov.<br />

10:27). Mais les Philistins démolirent ensuite toutes les rectifications effectuées par<br />

Avraham, comme il est écrit « Tous les puits etc., furent bouchés par les Philistins » (idem,<br />

26:15). C’est <strong>pour</strong>quoi, lorsque Yits’hak parvint en ce lieu, il fut lui aussi contraint de<br />

564


s’interdire l’union intime avec sa femme, jusqu’à ce qu'il parvienne à attirer en cet endroit<br />

la longévité, liée à la crainte qui protège. Par la suite, elle (Rivka) lui fut à nouveau permise,<br />

comme il est écrit : « Alors que les jours se rallongeaient <strong>pour</strong> lui là-bas, Avimélekh, roi des<br />

Philistins, regarda par la fenêtre etc. » (idem, 26:8). De plus, en attirant la longévité, il<br />

mérita la richesse, comme il est écrit : « Yits’hak sema dans ce pays-là et recueillit, cette<br />

même année, au centuple, etc. » (idem, 26:12). En effet, celui qui est dénué de crainte, et qui<br />

ne se garde pas de "la beauté futile", accède par conséquent à la pauvreté, comme il est<br />

écrit : « Ne convoite pas sa beauté en ton cœur car se diriger vers une femme prostituée<br />

amène à manquer de pain » (Prov. 6:25-26).<br />

En effet, la richesse et "la beauté futile" sont deux opposés, car la richesse provient de la<br />

respiration prolongée alors que la beauté (l’acte sexuel) résulte de l’interruption de la<br />

respiration. En effet, au moment où la goutte de semence est prête à sortir, la respiration<br />

doit s’interrompre, <strong>pour</strong> deux raisons : la première est d’empêcher le refroidissement de la<br />

semence, car la respiration constitue un air froid que l’homme reçoit continuellement de<br />

l’extérieur, alors qu'elle doit sortir dans la chaleur <strong>pour</strong> être fertile. La seconde<br />

raison réside dans l'effort de l'expulsion de la semence qui nécessite inévitablement une<br />

interruption de la respiration. En effet, la respiration consiste à expirer et à inspirer, et<br />

puisque le corps est occupé à expulser la semence, il lui est impossible d'expirer de l’air,<br />

c’est <strong>pour</strong>quoi la respiration s’interrompt. Aussi, le souffle/Hével inspiré auparavant se fige,<br />

se charge de l'énergie d’expulsion, et provoque la sortie de la semence. C’est en fonction de<br />

la pureté et de la clarté de ce souffle que le bébé sera vif et bien constitué. En effet, si le<br />

souffle est pur et sain, la goutte qui sort chargée de ce souffle, sera elle aussi pure et saine,<br />

et par conséquent l’embryon sera lui aussi vif et en bonne constitution. Mais si, en<br />

revanche, une altération quelconque se trouve dans ce souffle, la goutte sera elle aussi<br />

altérée. Cette notion relève de : « L’homme est semblable au souffle/Hével » (Ps. 144:4), car<br />

la formation du fœtus dépend du souffle. Ceci relève de : « Les humains ne sont que<br />

souffle/Hével » (Ps. 62:10), car c’est le souffle qui offre au fœtus la vigueur et la santé. Ceci<br />

relève de : « La beauté est futile/Hével », car la beauté dépend du « souffle/Hével ». Il en<br />

découle que la « futilité de la beauté » provient de l'interruption de la respiration. C’est<br />

<strong>pour</strong>quoi, celui qui désire la beauté des femmes, se rattache à l’interruption de la<br />

respiration, et se retrouve donc dans l’opposé de la richesse qui elle correspond à la<br />

respiration prolongée.<br />

565


En effet, toutes les formes de richesse, c'est-à-dire toutes sortes de céréales, les arbres et<br />

les plantes, les différents types de métaux, dépendent des eaux des pluies. De même, tous<br />

les trésors proviennent des pluies, comme il est écrit : « Dieu ouvrira <strong>pour</strong> toi Son bon<br />

trésor, afin de donner la pluie de ta terre, etc. » (Dévarim 28:12). Les pluies sont<br />

apparentées à la respiration dans le sens qu’elles inspirent et reçoivent l’air de l’extérieur,<br />

comme il est écrit : « Au souffle de Dieu se forme la glace et se contractent les nappes<br />

d'eau » (Job, 37:10). Ceci est évoqué dans : « La fortune du riche est sa place forte » (Prov.<br />

18:11), autrement dit, la richesse est obtenue grâce à la respiration, constituée d’air froid<br />

que l’on reçoit à chaque instant de l’extérieur. Tel est le sens de "sa place forte"/Ouzo, de<br />

l'ordre de : « Une averse de pluies de Sa puissance/Ouzo » (Job, 37:6).<br />

C’est ce qui est écrit : « En est-il parmi les vanités des nations qui répandent la pluie ?»<br />

(Jérémie 14:22). En effet, « les vanités/Havlé des nations », qui correspondent à<br />

l’interruption de la respiration de l'ordre de "futile/Hével est la beauté" cité plus haut,<br />

ne renferment pas la dimension de pluies, puisque la pluie n'arrive qu'au moyen de la<br />

respiration, comme nous l’avons vu.<br />

De plus, ceci relève de : « La richesse s'amoindrira à cause du souffle/Hével » (Prov.<br />

13:11), car le souffle dont nous avons parlé amoindrit la richesse.<br />

Ceci relève aussi de « L'homme intelligent garde son sang-froid » (littéralement « souffle<br />

froid ») (Prov. 17:27), par le biais du souffle froid, correspondant à l’air froid de la<br />

respiration, l’on peut accéder à la Compréhension dont nous avons parlé plus haut, qui<br />

provient grâce à la richesse, comme nous l'avons dit.<br />

Ceci correspond à : «Le souffle du Tout-Puissant les rend intelligents » (Job, 32:8). En effet, la<br />

Compréhension s’acquiert principalement par la respiration, de l’ordre du « souffle froid<br />

», comme nous l'avons vu. En effet, l'essentiel de la rectification (du bon<br />

fonctionnement) de l’esprit dépend de la respiration. En effet, <strong>pour</strong> que l’esprit atteigne<br />

la performance idéale, apte à approfondir la compréhension, nous avons besoin des<br />

graisses du corps. L’esprit ressemble à une lampe allumée, qui s’éclaire grâce aux<br />

graisses, comme l’huile alimente la mèche enflammée. Mais à défaut de graisses dans le<br />

corps, l’esprit n’aura pas suffisamment de combustible <strong>pour</strong> arriver à la compréhension.<br />

C'est la cause de la folie, qui vient du desséchement des liquides du corps, provoquant<br />

alors la dégradation du cerveau, par manque d’huiles nécessaires <strong>pour</strong> l’éclairer. Ainsi<br />

tous les fluides et toutes les graisses du corps dépendent de la respiration, car : « sans<br />

les lobes des poumons qui ventilent le cœur, celui-ci consumerait tout le corps »<br />

566


(Tikouné 13, 28a). Ainsi, l'existence des graisses et des fluides du corps dépendent<br />

principalement de la respiration, afin que le poumon reçoive un souffle frais de<br />

l’extérieur <strong>pour</strong> refroidir le cœur. C'est grâce à cela que l’esprit reçoit l’énergie<br />

nécessaire <strong>pour</strong> la Compréhension. Comme dans : « L’âme/NiCHMat de l’homme est la<br />

lampe de l'Eternel » (Prov. 20:27), qui indique que le bon maintien de la lampe de<br />

l'Eternel, qui est l’esprit de l’homme, dépend essentiellement de la<br />

« respiration/NeCHiMa ». Pour conclure, il en ressort, que par la crainte on permet de<br />

mériter la longévité, source de richesse, qui conduit elle-même à la compréhension,<br />

comme déjà expliqué.<br />

4- Quant à la perfection de la crainte, elle est formée de trois composantes : la crainte du<br />

Ciel, la crainte de ton maître et la crainte du père et de la mère. Par conséquent, lorsqu'il<br />

existe un Sage de la génération qui a le mérite d’avoir des élèves intègres et des enfants<br />

honnêtes, la crainte se trouve alors dans un état de perfection. En effet, la crainte du<br />

Sage et du maître de la génération correspond à « la crainte du Ciel ». Les élèves<br />

éprouvent une crainte du maître, de l’ordre de « la crainte de ton maître ». Les enfants,<br />

quant à eux, éprouvent une « crainte de leur père et de leur mère ». C'est donc par le<br />

biais de ces trois composantes de la crainte que celle-ci atteint la perfection.<br />

En outre, chacune de ces trois dimensions de crainte doivent inclure trois subdivisions.<br />

Autrement dit, la crainte du sage qui correspond à « la crainte du Ciel », doit inclure les<br />

trois modes de compréhension : sagesse, compréhension et connaissance. En effet,<br />

l'essentiel de la crainte du sage dépend de la réflexion profonde sur la grandeur du<br />

Créateur, que Son Nom soit béni. Elle consiste à une recherche et à une étude au moyen<br />

de son intellect. Ainsi, cette crainte émane de son intellect. C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle la<br />

crainte doit être remplie de chacun des trois modes : sagesse, compréhension et<br />

connaissance, et qu’elles soient toutes remplies de la crainte de Dieu.<br />

D’autre part, la crainte de l’élève afin d’arriver à la « crainte de ton maître », s’acquiert de<br />

l’enseignement reçu de son maître, et doit s’étendre à toutes les parties de l’Etude, qui<br />

sont aussi au nombre de trois, comme dans la « Torah triple » (Chabat 88a).<br />

Quant à la crainte du fils, équivalant a à la « crainte du père et de la mère », elle doit être<br />

dirigée vers l’ « héritage des pères » comme dans : « Maison et fortune sont un héritage<br />

des parents » (Prov. 19:14). De même, la crainte doit se répandre dans toutes les parties<br />

de la richesse, qui constituent l' « héritage des pères ». Il s'agit (encore) de trois niveaux<br />

567


comme dans : « L’homme devra toujours s’employer à diviser ses biens en trois : un tiers<br />

<strong>pour</strong> le commerce, un tiers dans l’immobilier et un tiers dans sa main » (Baba Metsia<br />

42a). En outre, ces trois subdivisions de la richesse correspondent aux trois fois où la «<br />

richesse » est mentionnée dans la Torah. En effet, la richesse n’est pas évoquée dans la<br />

Torah, hormis les trois occurrences suivantes : Au sujet de Sodome comme il est écrit : «<br />

Afin que tu ne dises pas : C'est moi qui ai enrichi Avram » (Bér. 14:23), avec Rachel et Léa<br />

comme il est écrit : « Certes, toute la fortune que Dieu a retirée » (Bér. 31:16), et en<br />

rapport avec les Chekalim comme il est écrit : « Le riche ne donnera pas plus » (Chemot<br />

30:15).<br />

Le tiers investi dans le commerce correspond à la richesse évoquée <strong>pour</strong> Sodome, car il est<br />

écrit au sujet de Sodome : « Ignorés du pied des passants » (Job, 28:4). Car ils (les<br />

Sodomites) désiraient mettre un terme aux transactions commerciales, associées au<br />

« pied des passants », ainsi qu’il est dit : «Réjouis-toi Zvouloun, dans tes sorties » (Dévarim<br />

33:18). C’est <strong>pour</strong>quoi on doit précisément investir dans du commerce qui correspond à<br />

un « tiers <strong>pour</strong> les affaires ».<br />

En ce qui concerne le tiers réservé à l’immobilier, il renvoie à la richesse évoquée avec<br />

Rachel et Léa. En réalité, de manière fondamentale, la richesse n’a <strong>pour</strong> d’autre finalité<br />

que la compréhension (spirituelle). Si ce n’est le cas, la richesse ne sera réservée qu’aux<br />

femmes et aux esprits faibles (limités) du même genre. C’est <strong>pour</strong>quoi elles (Rachel et<br />

Léa) ont affirmé « Certes, toute la fortune que Dieu a retirée à notre père, elle est à nous et<br />

à nos enfants » (Bér. 31:16), autrement dit, toute la richesse n’est destinée qu’aux<br />

femmes et aux esprits limités comme nous, alors qu’en ce qui te concerne : « … Et<br />

maintenant, tout ce que Dieu t'a dit, fais-le !» (idem). Autrement dit, toi, tu as besoin de la<br />

richesse <strong>pour</strong> la compréhension de la grandeur de l'Eternel. Il s’agit là du « tiers à<br />

investir dans l’immobilier », de l'ordre de : « Une femme est un sol inerte » (Sanh. 74b).<br />

Quant au tiers à investir « dans sa main », il correspond à la richesse en rapport avec les<br />

Chekalim, dont il est dit : « Pour racheter vos âmes », comme dans : «Il tient en sa main<br />

l'âme de tout vivant et le souffle qui anime tout corps humain » (Job, 12:10).<br />

5- Le dévoilement de la crainte permet de rendre fertiles des femmes stériles. En effet, c'est<br />

par le processus de l'accouchement que la crainte se révèle comme dans : « Un frisson<br />

s’empara d’eux, une angoisse comme d’une femme qui enfante » (Ps. 48:7). En effet,<br />

l’accouchement est accompagné d’émissions de sang et de rigueurs, qui dévoilent la<br />

568


crainte, en particulier lorsqu’il s'agit d'une femme auparavant stérile. Car jusqu’à<br />

présent, les sangs et les rigueurs, étaient fortement retenus. C’est <strong>pour</strong>quoi,<br />

lorsqu’ensuite, ils jaillissent, cette crainte se manifeste d'autant plus. En outre, le<br />

dévoilement de la crainte est proportionnel au nombre de naissances. Certes, lorsqu’une<br />

femme stérile est délivrée, la crainte se dévoile, mais lorsque plusieurs femmes stériles<br />

sont délivrées, la crainte se manifeste avec plus d’intensité .Tel est le sens de « Une<br />

angoisse comme d’une femme qui enfante » - la révélation de la crainte est<br />

proportionnelle aux naissances. C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle la naissance d’Yits’hak eut<br />

lieu à Roch Hachana (Roch Hachana, 11a), car cela représente le comble de la révélation<br />

de la crainte qui correspondant à : « La crainte d’Yits’hak » (Bér. 31:43). En effet, lorsque<br />

Sarah fut délivrée, de nombreuses autres femmes stériles furent délivrées avec elle,<br />

comme l’ont enseigné nos maîtres de mémoire bénie $(Bér. Raba, 53).<br />

Tout ceci relève de : « Car j'ai donné un fils à sa vieillesse » (Bér. 21:7). Car la naissance<br />

d’Yits’hak, équivaut à la révélation de la crainte et introduit la notion de « Ancien », comme<br />

nous l'avons dit plus haut, comme dans « La crainte de l'Eternel accroît les jours » (Prov.<br />

10:27).<br />

6- C’est en réveillant les hommes de leur sommeil que les femmes stériles peuvent devenir<br />

fertiles. Il existe en effet des gens qui dorment tous leurs jours (toute leur vie). Même si<br />

ils donnent au monde l’impression de servir Dieu, de se consacrer à la Torah et aux<br />

prières, il n’en reste pas moins que ce service ne procure aucune satisfaction à Dieu béni<br />

soit-Il, car tout leur service demeure ici-bas, sans pouvoir s’élever et monter vers le haut.<br />

En effet, l’essentiel de la vitalité est l’intellect, comme il est écrit : « La sagesse fait vivre<br />

celui qui la possède » (Prov. 7:12). Aussi, lorsque le service s’effectue avec sagesse, il y<br />

introduit une vitalité qui lui permettra de s’élever. Lorsqu’en revanche, on sombre dans<br />

la dimension d’"esprit étroit", dans une sorte de sommeil, on ne peut s’élever vers le<br />

haut.<br />

Certains sombrèrent dans ce « sommeil » par leurs passions et leurs actes mauvais.<br />

D’autres sont <strong>pour</strong>tant des gens pieux et agréables, mais leur chute a été entraînée par la<br />

nourriture. En effet, lorsque parfois, l’homme mange un aliment qui n’a pas encore été<br />

affiné <strong>pour</strong> être consommé par l’homme, son cerveau tombe alors dans cette dimension<br />

de sommeil. En effet, tout comme sur le plan physique il existe des aliments plus<br />

soporifiques et d’autres plus toniques, il en va de même sur le plan spirituel : il existe<br />

569


des aliments qui n’ont pas été affinés, et qui font chuter dans la dimension du sommeil.<br />

Par contre, lorsqu’on mange dans la sainteté et dans la pureté, on entre alors dans la<br />

catégorie du Lé’hem haPaNiM ». En effet, l’intellect équivaut au « visage », comme il est<br />

écrit : « La sagesse d’un homme éclaire son visage/PaNiM » (Prov. 8:1). En revanche,<br />

lorsque l'alimentation ne s’effectue pas dans la sainteté, on « perd sa face », c’est-à-dire<br />

son intellect, et l'on tombe dans cette dimension de sommeil. En effet, la finalité majeure<br />

de la nourriture est de vivifier le cœur comme il est écrit : « Il mangea, but et fit du bien à<br />

son cœur » (Ruth, 3:7). Et comme nos Sages de mémoire bénie ont dit : « Le pain nourrit<br />

le cœur » (Berechit Rab, 48). Ainsi, lorsque l’aliment n’est pas affiné, et que l’on ne le<br />

consomme pas dans la sainteté, cela cause du tort au cœur. A cause de cette atteinte au<br />

cœur, le visage se détériore, ainsi qu’il est écrit : « Pourquoi ton visage est-il austère ? Ce<br />

ne peut être que la peine de ton cœur » (Né’hemia, 2:2). Et inversement, la "recherche du<br />

visage", autrement dit, la volonté de retrouver son visage dépend de l’amélioration du<br />

cœur, comme il est écrit : « Mon cœur te l'a dit : Recherchez ma face » (Ps. 27:8).<br />

C’est <strong>pour</strong>quoi parfois, à cause d’un aliment qui n’est pas affiné et qui cause un dommage<br />

au cœur, cet homme « perd son visage » et sombre dans cette dimension de sommeil. Il<br />

faut alors le réveiller de son sommeil. Mais il est impossible de le réveiller s’il ne se<br />

réveille pas de lui-même, car le réveil d’en-bas est essentiel. Et si on ne l’avait pas<br />

réveillé, il aurait continué à dormir. C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle, dès qu'il se réveille, on<br />

lui montre son visage d’avant le sommeil et on le lui applique sur son visage d’éveil. Telle<br />

est la dimension de réveil du sommeil.<br />

Aussi, lorsque l’on souhaite lui montrer son visage et l’éveiller de son sommeil, on doit<br />

habiller son visage dans des histoires et des contes. En effet, il existe soixante-dix faces<br />

dans la Torah, de l’ordre des soixante-dix « années/CHaNim », car chacune est<br />

« différente/méCHouNé » l’une de l'autre. Et il faut précisément revêtir son visage <strong>pour</strong><br />

trois raisons. La première, est que comme <strong>pour</strong> la guérison d'un aveugle, on doit l’isoler<br />

(de l’extérieur) afin d’éviter qu’il ne voie pas subitement la lumière. On doit lui filtrer la<br />

lumière afin d’éviter une vision (éblouissante) qui <strong>pour</strong>rait l’endommager. Il est de<br />

même <strong>pour</strong> celui qui était endormi dans l’obscurité pendant longtemps. Lorsqu’on<br />

souhaite lui montrer son visage et le réveiller, on doit habiller son visage dans des<br />

histoires et des contes afin que la lumière ne lui fasse pas de mal. Ceci correspond à : « Je<br />

contemplerai Ta Face avec justice, etc. » (Ps. 17:15). « Justice » correspond aux<br />

vêtements, comme dans : « Je me suis revêtu de justice » (Job, 29:14). Dès lors : « … à mon<br />

570


éveil, me rassasierai de ta vue » (Ps. 17:15). Ainsi une personne sera alors capable de<br />

voir « en état d’éveil », c'est-à-dire que l’on <strong>pour</strong>ra la réveiller de son sommeil car la<br />

lumière ne va pas l’éblouir subitement. La seconde raison de l'habiller, est d'empêcher<br />

les forces extérieures d'exercer leur emprise sur elle. La troisième raison est d’annihiler<br />

les forces négatives qui ont une emprise sur elle et qui l’empêche de sortir (de sa<br />

torpeur). C’est <strong>pour</strong>quoi il faut masquer son visage, <strong>pour</strong> le rendre différent, afin qu’elles<br />

(les forces négatives) ne le reconnaissent pas comme dans : « Tu déformes son visage et<br />

tu le laisses partir » (Job, 14:20).<br />

Il existe plusieurs manières de revêtir son visage, et parfois, on habille le visage par un<br />

conte. Mais il arrive parfois qu'il soit impossible de le réveiller avec son propre visage,<br />

aussi on doit lui montrer un autre visage supérieur. Il arrive que l’on doive le revêtir<br />

également par des paroles de Torah, c’est-à-dire, qu’on lui fasse part d'une Torah élevée,<br />

qu’il est impossible de transmettre telle quelle, et que l’on habille dans une Torah moins<br />

élevée et plus à son niveau. C'est ce dont il s'agit dans : « Eternel fais vivre Ton exploit au<br />

sein des années » (‘Habakouk 3:2). « Fais vivre », selon Rachi, signifie « éveille ». Ainsi, «<br />

Ton exploit » équivaut aux contes. De plus, « au sein des années » se rapporte donc aux<br />

récits des soixante-dix Visages, apparentés aux soixante-dix ans, comme rappelé plus<br />

haut. Ceci signifie que l’on éveille cette personne par l’intermédiaire de contes qui sont «<br />

au sein des années », autrement dit au moyen des contes des soixante-dix Visages.<br />

Mais il arrive parfois qu’une personne soit tombée de tous les soixante-dix visages, à tel<br />

point qu’il devient impossible de la réveiller, par un quelconque visage, mais<br />

uniquement par l’intermédiaire de contes des temps antiques, à partir desquels tous les<br />

soixante-dix visages, les soixante-dix années, reçoivent leur vitalité. Telle est la<br />

dimension de « l’Ancien », de l'ordre du « Vieillard », de l'ordre de la «majesté du<br />

visage», d’où tous les soixante-dix visages reçoivent leur vitalité et leur majesté. Il s'agit<br />

de la notion de « Grande Bonté » (Chemot 34:6). En effet, celui qui enseigne à son élève<br />

une loi fait preuve de bonté à son égard, comme l’ont affirmé nos Sages, de mémoire<br />

bénie $(Kétoubot 96a) : « Tout celui qui empêche son élève de le servir, c’est comme s’il<br />

le privait d’un bienfait ». En outre, le service du Sage correspond aux lois que l’élève<br />

reçoit de son maître. Il en découle que ce que le maître apprend avec son élève<br />

correspond à la dimension de « Bonté ». De ce fait, lorsqu’il le réveille par l’un des<br />

soixante-dix visages, en l’habillant comme dans : « Eternel fais vivre Ton exploit au sein<br />

des années », il s’agit là d’un acte de simple bonté. En revanche, lorsqu’il le réveille par<br />

571


des Contes des temps antiques, il s’agit alors de «Grande Bonté », car tous les visages et<br />

toutes les bontés reçoivent d’elle.<br />

7- Ainsi donc, lorsque l’homme s’emploie à éveiller les gens, il doit se préserver des élèves<br />

peu recommandables, afin que le mal qu'ils renferment ne se colle pas à lui, et n’entraîne<br />

pas chez lui de dommages, comme l’affirment nos Sages de mémoire bénie : « Celui qui<br />

enseigne la Torah à un élève peu recommandable etc. » (‘Houlin, 133a). De même nos<br />

sages ont interdit d’écrire sur la peau d’une bête impure, comme il est écrit : « Afin que<br />

la Torah soit sur ta bouche, sur un parchemin issu de ce qui est permis à ta bouche ».<br />

Effectivement, l'étude avec autrui relève de « l'écriture ». En effet, la langue correspond<br />

à : « Ma langue est le burin d’un scribe expert » (Ps. 45:2). En ce sens que l'enseignement<br />

se grave et s'inscrit sur le cœur de l’élève, comme il est écrit : « Ecris-les sur la table de<br />

ton cœur » (Prov. 3:3). C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle, il faut veiller à ce que ses paroles ne<br />

soient pas écrites sur une « peau de bête impure », c'est-à-dire enseignées à un élève<br />

malhonnête.<br />

Il est toutefois impossible à un être de chair et de sang de se préserver, et d'empêcher des<br />

élèves peu recommandables d’écouter ses paroles. Pour y parvenir, il faut que son<br />

enseignement amène l’élève à "apprendre, enseigner, observer et accomplir" (Avot 4,5).<br />

En d’autres termes, en étudiant avec son élève, il doit avoir l'intention de modeler son<br />

élève et de le façonner avec les paroles de Torah, ainsi que l’enseignent nos maîtres de<br />

mémoire bénie : « Tout homme qui enseigne la Torah au fils de son ami, c’est comme s’il<br />

l’avait fait etc., et comme s’il avait créé par ses paroles de Torah » (Sanh. 99b). Ainsi<br />

lorsqu’on étudie avec une telle intention, Dieu béni soit-Il protège, et empêche que les<br />

paroles ne s’inscrivent pas dans la mémoire de l’élève non convenable mais fait en sorte<br />

que ce dernier les oublie.<br />

Aussi, lorsque l’on s’emploie grâce aux contes, d’éveiller les autres, il faut que les propos et<br />

les histoires atteignent le même but que l’enseignement décrit plus haut, c'est-à-dire :<br />

"apprendre et accomplir ". Ceci renvoie au principe : « Les discussions des érudits de la<br />

Torah nécessitent une étude » (Avoda Zara. 19b), autrement dit, tout ce qui est<br />

nécessaire à l’étude est également nécessaire aux propos, de l’ordre des contes dont<br />

nous avons parlé plus haut. C’est ainsi qu’il est écrit : « Et sa feuille <strong>pour</strong> remède »<br />

(Ezéchiel 47:12). « Sa feuille » correspond aux discussions des érudits de la Torah,<br />

comme l’enseignent nos maîtres de mémoire bénie : « Sa feuille ne flétrit pas » (Ps. 1:3).<br />

572


Car même les discussions (profanes) d’un érudit en Torah demandent à être étudiées ».<br />

C’est ce que signifie : « <strong>pour</strong> remède/LiTRouFa », au sens de « permettre à la<br />

bouche/LéhaTiR-Pé », c'est-à-dire de l'ordre de "de ce qui est permis à ta bouche". En<br />

effet, lorsque ses paroles sont de la dimension « Les discussions d’un érudit en<br />

Torah demandent à être étudiées », de l'ordre de « apprendre, enseigner, observer et<br />

accomplir », comme nous l'avons vu, l’homme se voit alors protégé des élèves peu<br />

convenables car il est écrit : « ce qui est permis à ta bouche », qui est la réponse à la<br />

question : « d’où nous apprenons que nous ne devons pas écrire sur des peaux de bêtes<br />

impures ? »<br />

8- De plus, il s'agit ici de l'exégèse de nos maîtres de mémoire bénie sur ce même verset :<br />

« Sa feuille <strong>pour</strong> remède », <strong>pour</strong> rendre la parole aux muets et ouvrir l’orifice des femmes<br />

stériles (‘Houlin, 133a). En effet, en réveillant les hommes de leur sommeil par des<br />

contes, liés à « Sa feuille <strong>pour</strong> remède », on finira par rendre la parole aux muets. En<br />

effet, jusqu’à présent, ils étaient dans la dimension de sommeil, ils n’entendaient pas le<br />

réveil du Sage et ses paroles ne parvenaient pas à leurs oreilles. Si « Heureux celui qui<br />

parle à des oreilles qui entendent » (Zohar II 186b), malgré tout, ces personnes<br />

ressemblaient à des sourds qui n'entendaient rien du tout. C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle<br />

ils sont aussi muets, puisque « le sourd ni n'entend ni ne parle » (Téroumot 1:2 ;<br />

‘Haguiga, 2b), car le sourd privé d’ouïe, n’est pas en mesure de parler. Mais à présent<br />

qu'ils se trouvent éveillés par le Sage et qu'ils entendent ses paroles, du coup, ils peuvent<br />

parler. Tel est la notion de : "rendre la parole aux muets", et c'est aussi ce dont il s'agit<br />

dans : « Ouvre la bouche au muet » (Prov. 31:8).<br />

De plus, ceci aboutit à la dimension de « ouvrir l’orifice des femmes stériles ». En effet,<br />

cette parole depuis tellement longtemps refoulée chez les sourds-muets, au moment où<br />

elle est libérée, est expulsée avec puissance, comme dans : « Les héros puissants qui font<br />

Sa Parole » (Ps. 103:20). Cette puissance parvient aux organes reproducteurs comme<br />

dans « Ma force et les prémices de ma vigueur » (Bér. 49:3). Il s'agit des gens de confiance<br />

de la génération, qui remplissent une fonction similaire aux « organes reproducteurs ».<br />

Ceux-ci reçoivent cette puissance, de l’ordre de : « Ceux qui mettent leur espoir en<br />

l'Eternel remplaceront leur force » (Isaïe 40:31). C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle les reins<br />

sont appelés « confiants » (Job 38,36), car ils sont équivalents aux organes de<br />

procréation. Ainsi, lorsque les « confiants de la génération » reçoivent cette force de la<br />

573


parole, ils la reçoivent de manière juste et équitable. Et chacun la reçoit selon son degré<br />

de confiance. Comme il écrit : « Ouvre ta bouche au muet, <strong>pour</strong> la justice de tous ceux<br />

que l'on peut remplacer » et aussi : « Ceux qui mettent leur espoir en l'Eternel<br />

remplaceront leur force ». Car grâce à « Ouvre ta bouche », la force de la parole<br />

s’introduit dans les organes de reproduction que sont les « confiants », qui la reçoivent<br />

avec justice et équité, comme nous l'avons dit.<br />

Aussi, on veillera à ce que les organes de la parole soient proches des organes de<br />

reproduction afin que ces derniers puissent recevoir la force de la parole et ne pas<br />

répondre à : « Tu es proche de leur bouche mais loin de leurs reins » (Jérémie 12:2). C’est<br />

<strong>pour</strong>quoi, les organes de la parole et ceux de la procréation ont la même anatomie. Ils<br />

ont la même structure et l’un comme l’autre sont composés de vaisseaux et de nerfs. En<br />

effet, grâce à la force de la parole, la procréation est rendue effective, comme nous<br />

l'avons vu. Tel est le sens de « "Sa feuille <strong>pour</strong> remède", <strong>pour</strong> ouvrir la bouche des muets<br />

et celle des femmes stériles », car l’un dépend de l’autre. Il s'agit de la notion d’union par<br />

les baisers et l’union charnelle, <strong>pour</strong> laquelle les écrits de Cabala rapportent que l'union<br />

par les baisers doit précéder l’union charnelle. En effet, la force de parole, consistant à<br />

« rendre la bouche aux muets », correspond à l’union par les baisers précédant l’union<br />

charnelle afin de « d’ouvrir la bouche des femmes stériles » (c'est-à-dire les rendre<br />

fécondes), comme rappelé plus haut.<br />

On y trouve ici la coutume de briser un ustensile de terre au moment des fiançailles. Cela<br />

signifie que les fiançailles, destinées à la procréation, basé sur la confiance, liée aux reins<br />

en tant qu'organes reproducteurs comme dans : « Le cœur de son époux a confiance en<br />

elle » (Prov. 31:10), annulent et brisent la confiance envers les forces d’impureté. C’est la<br />

raison <strong>pour</strong> laquelle on brise un ustensile d'argile car comme dit le verset : « Vous avez<br />

placé votre confiance dans la fraude et le mensonge etc., que l’on brise comme un vase de<br />

potiers etc., pas même un tesson ne sera trouvé parmi les débris » (Isaïe 30:12-14). En<br />

effet, la confiance liée à la sainteté issue des fiançailles est à l’opposé de la confiance<br />

envers les forces de l’impureté, représentées par la brisure d’un ustensile en argile. C’est<br />

aussi une allusion que ceux qui ne comportent pas avec sainteté, et trahissent, à Dieu ne<br />

plaise, la confiance en matière de procréation, deviendront eux-mêmes comme cette<br />

brisure de l’ustensile d'argile, issue de « la confiance dans le traître » (Prov. 25:19).<br />

574


C’est donc là (le sens profond du verset) : « N’ayez confiance dans le prince/Alouph, futce<br />

devant la femme qui repose en ton sein, garde les portes de ta bouche. » (Mikha 7:5), car<br />

la « confiance », désignant les organes reproducteurs, ne peut être suffisamment proche<br />

de la parole, désignée (ici) par « le prince : ALouPh », car initiale de « afin de délier la<br />

bouche des muets » Léhatir Pé Illémim, et aboutir à « la femme qui repose en ton sein »,<br />

soit à des naissances, ce qu’indique (par ailleurs) « et elle reposera dans ton sein » (Roi I<br />

1:2) – ceci ne peut être réalisé que si l’on accomplit : « garde les portes de ta<br />

bouche » (<strong>pour</strong> n’enseigner la Thora qu’à qui de droit, comme expliqué précédemment).<br />

Tel est (également) le sens de : « il donnera sa bouche à la poussière, peut-être est-il<br />

quelque espoir » (Lam. 3:29). La « poussière » désigne (ici) l’absence de parole, idée que<br />

nous retrouvons par ailleurs (Isaïe 29:4) : « et de la poussière, tu murmureras ton<br />

propos » (murmure et non parole). Car il faut donner (« sa bouche à la poussière »), et que<br />

la parole délie la bouche des muets, <strong>pour</strong> que la puissance de leur parole (retrouvée)<br />

parvienne à « ceux qui espèrent en l'Eternel » et que sont les organes reproducteurs, ce<br />

qu’indique : « peut-être est-il quelque espoir », que la parole parvienne à ceux qui<br />

espèrent en l'Eternel. Et c’est ce qui (par ailleurs) explique (l’image du verset) : « Ta<br />

postérité sera comme la poussière de la terre » (Bér. 28:14), car la procréation dépend de<br />

celui qui : « donnera sa bouche à la poussière », comme nous venons de l’expliquer.<br />

Ceci correspond à : « Beaucoup de ceux qui dorment dans la poussière du sol se<br />

réveilleront » (Daniel 12:2). Autrement dit il s'agit du réveil de leur sommeil dont nous<br />

avons parlé plus haut. De plus, « de ceux qui dorment dans la poussière du sol » signifie<br />

qu'on les éveille de cette dimension d'absence de parole évoquée plus haut. « … Les uns<br />

<strong>pour</strong> une vie éternelle » (idem), c’est-à-dire <strong>pour</strong> ceux qui récupèrent la parole, comme il<br />

est écrit : « Et l'homme devint un être vivant » (Bér. 2:7), que le Targoum traduit : « Un<br />

esprit parlant » et qui correspond à « ouvrir la bouche des muets ». « … D’autres <strong>pour</strong><br />

l'opprobre » (Daniel 12:2), il s'agit de la dimension de : « La honte a brisé mon cœur » (Ps.<br />

69:21), correspondant à l’oubli, au cœur brisé, lié aux Tables brisées, comme il est écrit :<br />

« La table de ton cœur », car ce qui provoque l'oubli est la brisure des Tables, comme<br />

l’enseignent nos Sages, de mémoire bénie : « Si les premières Tables n’avaient pas été<br />

brisées, il n’y aurait plus eu d’oubli ». En d’autres termes, ceux qui ne sont pas dignes de<br />

recevoir et qui sont assimilables à la peau d’un animal impur, oublieront l'enseignement,<br />

comme nous l'avons dit.<br />

9- Tel est la dimension du Chofar qui correspond à l’éveil du sommeil, comme indiqué dans<br />

les livres (Chaar Hakavanot) qui fait allusion à : « Réveillez-vous, ceux qui dorment, de<br />

575


votre torpeur ». Ceci conduit à la dimension de "donner la parole aux muets" et d’ouvrir<br />

l’orifice des femmes stériles". Ceci correspond à : Téki'a, Chevarim, Téroua (les trois<br />

formes de sonnerie du Chofar). « TéKi'a » renvoie à l’absence de parole, de l'ordre de :<br />

« C’est en faisant un pacte/TaKa'ta avec un étranger en lui serrant la main, que tu engages<br />

ta parole » (Prov. 6:1-2). « TéROU'a » renvoie à la parole, comme dans le verset : « Les<br />

lèvres du Juste guideront/yiR'OU de nombreuses personnes » (idem, 10:21). «<br />

CHeVaRim » renvoie à la confiance, comme dans : « Sa confiance/SiVRo se porte sur<br />

l’Éternel son Dieu » (Ps. 146:5), correspondant aux organes de procréation dans le sens<br />

de : « J'amène le moment de l'enfantement/aCHBiR, et pas la délivrance ? » (Isaïe 66:9).<br />

En effet, grâce au Chofar, qui relève de la notion d’éveil du sommeil, on parvient à la<br />

dimension de "donner la parole aux muets" et "d’ouvrir l’orifice des femmes stériles",<br />

comme nous l'avons dit. En d’autres termes, il s'agit de la force de la parole qui sort avec<br />

puissance de ceux qui ont été réveillés de leur sommeil, puisqu'ils se trouvaient jusqu’à<br />

présent au stade d'absence de parole, tels des sourds-muets, comme nous l'avons dit plus<br />

haut. Mais une fois réveillés de leur sommeil <strong>pour</strong> se rapprocher du Saint béni soit-Il, ils<br />

peuvent entendre l’appel stimulant par le sage authentique, et ils ont la possibilité<br />

désormais de commencer à parler. Ainsi, cette parole parvient aux organes de la<br />

procréation qu’incarnent les « gens confiants (sages) » de la génération. C’est ce qui permet<br />

la fertilité des femmes stériles, qui est liée à Roch Hachana, car "c’est en ce jour que Sarah<br />

fut délivrée, etc." Tout ceci correspond aux sonneries que l'on émet à Roch Hachana :<br />

Chevarim, Tékia et Téroua.<br />

Aussi, grâce à la délivrance des femmes stériles se dévoile la crainte. Il s'agit du Chofar,<br />

ainsi qu’il est écrit : « Le Chofar sonnerait-t-il dans une ville sans inspirer au peuple la<br />

frayeur ? » (Amos 3:6), et telle est aussi sa caractéristique : étroit en haut et large d’en<br />

bas, qui correspond à : « Depuis l’étroitesse je T’ai appelé, Dieu, réponds moi dans la<br />

largesse, Dieu » (Ps. 118:5), comme rapporté ailleurs. Ainsi, le Chofar provoque le<br />

dévoilement de la crainte, et celle-ci permet de mériter la longévité qui consiste à élargir<br />

et à rallonger ses jours par un ajout progressif de sainteté à chaque instant. Il s'agit donc<br />

de la dimension de "étroit en haut et large en bas", de l’ordre de : « La crainte de l'Eternel<br />

est son silo » comme dans : « Il forma la femme comme un silo, etc. », comme nous l'avons<br />

dit plus haut.<br />

576


De plus, il s'agit de la notion des rectifications d’Atik, équivalente à la longévité comme<br />

nous l'avons dit, correspondant à la Barbe. En effet la barbe est elle aussi "étroite en haut<br />

et large d’en bas", comme le rapportent les Kavanot (du Ari Zal), indiquant que les<br />

rectifications de la Barbe correspondent à « Du fond de l’étroitesse, je T’ai appelé, Dieu,<br />

réponds moi dans la largesse ». Car la barbe est étroite à son commencement puis devient<br />

de plus en plus large. Ainsi, la barbe correspond à la longévité, c'est-à-dire à<br />

l'élargissement et à la prolongation constante par l'ajout de sainteté, et cela s’obtient<br />

grâce à la crainte de Dieu. Ainsi, tout ceci se rapporte à la dimension du Chofar. En<br />

résumé, le Chofar, correspondant à la notion d’éveil du sommeil, permettant la fécondité<br />

des femmes stériles. Et ceci entraîne le dévoilement de la crainte.<br />

En outre, la crainte soumet cette « vanité/HéVeL » propre à la beauté des femmes, comme<br />

nous l'avons dit plus haut. Ceci correspond aux « souffles/HaVaLim » du Chofar, qui sont<br />

liés à la vanité de la beauté, car le terme de CHoFaR a une connotation de "beauté",<br />

comme dans : « Embellissez/CHaPéRou votre comportement » (Vayikra Raba, 19:6).<br />

Autrement dit, grâce aux souffles du Chofar, on triomphe de la vanité de la beauté des<br />

femmes, car le Chofar représente le dévoilement de la crainte, comme déjà évoqué.<br />

Et voici l'explication de : « Rabbi Yo’hanane dit : Tous les jours de ce Juste etc. Il dit : " Est-il<br />

possible que quelqu’un dorme soixante-dix ans ? ". Un jour, alors qu’il allait en chemin, il<br />

aperçut un homme en train de planter un caroubier. Il lui demanda : " On sait que le<br />

caroubier ne donne ses fruits qu’au terme de soixante-dix ans. Es-tu donc certain de<br />

vivre encore soixante-dix années <strong>pour</strong> pouvoir en manger ? ". L’homme lui répondit :<br />

« J’ai moi-même trouvé un monde avec des caroubiers. Tout comme mes pères ont<br />

planté <strong>pour</strong> moi, je plante à mon tour <strong>pour</strong> mes descendants ". Il s'assit, prit son repas,<br />

fut saisi par le sommeil et s’endormit. Une grotte se forma autour de lui et le dissimula<br />

des regards. Il dormit pendant soixante-dix ans. Lorsqu’il se réveilla, il vit un homme en<br />

train de manger des fruits de ce caroubier. Il lui demanda : "Connais-tu celui qui a planté<br />

ce caroubier ? " Il lui répondit : "Mon grand-père." Il se dit : "J’ai certainement dormi<br />

soixante-dix ans". Il s’aperçut alors que son ânesse avait donné naissance à plusieurs<br />

générations » (Taanit 23a).<br />

Commentaire de Rachi :<br />

Ce Juste. ‘Honi Haméaguel, etc. Est-il possible. Exprime la surprise. Dorme soixante-dix<br />

ans. Qu’un homme dorme soixante-dix ans sans interruption. Ne donne ses fruits. Sa<br />

577


première récolte. Il s'assit. ‘Honi Haméaguel, etc. Une grotte se forma autour de lui.<br />

Une protubérance rocheuse s'éleva tout autour de lui. Le dissimula des regards - des<br />

gens, et le cacha. Plusieurs générations - Les portées issues des ânons qu'elle accoucha.<br />

Elle était enceinte d’un mâle et en procréant avec lui, elle accoucha encore.<br />

Comme le rapporte ce passage du Talmud, ‘Honi Haméaguel était très éminent : « Lorsqu’il<br />

entrait dans la maison d’étude, il résolvait toutes les questions qu'on lui posait, car<br />

aucune facette de la Torah ne lui était cachée. C’est <strong>pour</strong>quoi il se demandait : « Est-il<br />

possible que quelqu’un dorme soixante-dix ans? » Autrement dit, comment peut-on<br />

tomber par rapport aux soixante-dix facettes de la Torah ? Certes, il peut arriver de<br />

tomber par rapport à une ou plusieurs des facettes, comment peut-on tomber de<br />

toutes les facettes ?<br />

« Il aperçut un homme en train de planter un caroubier Es-tu donc certain de vivre<br />

encore soixante-dix années <strong>pour</strong> pouvoir en manger ?». Le caroubier représente<br />

l’Ancien, la dimension d’Atik. En effet, le caroubier est du genre des cyprès, qui<br />

correspondent à Mordékhaï, comme l’enseignent nos maîtres, de mémoire bénie : « Sous<br />

les broussailles s’élèvera le cyprès » (Isaïe 55:13), il s’agit de Mordékhaï » (Méguila, 10b).<br />

De plus, Mordékhaï représente l’aspect de « Grande Bonté », car ils ont la même valeur<br />

numérique, car il relève d'Atik. En d’autres termes, il vit un homme se consacrant aux<br />

contes des temps antiques, de l’ordre d’Atik, comme nous l'avons vu plus haut. Il lui<br />

demanda : « Es-tu donc certain de vivre encore soixante-dix années <strong>pour</strong> pouvoir<br />

en manger ? » "Vivre" correspond à l’éveil du sommeil, lié à la parole, comme nous<br />

l'avons exposé plus haut. Autrement dit, « ne distingues-tu pas qu'il soit préférable de<br />

procéder à l'éveil par les contes de temps plus récent » ? « Pour en manger »<br />

correspond à « ce qui est permis à ta bouche », c’est-à-dire <strong>pour</strong> que tes paroles soient<br />

entendues et que les élèves soient honnêtes.<br />

[Ceci signifie qu’il lui demanda : "comment fais-tu <strong>pour</strong> raconter de telles histoires, si<br />

sublimes, des temps antiques, sans que des élèves peu méritants, qui ne relèvent pas de<br />

la catégorie de « ce qui est permis à ta bouche » les entendent ? As-tu donc essayé au<br />

préalable d’éveiller par des contes de temps plus récents faisant partie des soixante-dix<br />

années et liées aux soixante-dix facettes de la Torah ? As-tu réussi à les éveiller de leur<br />

sommeil, de sorte que tes paroles auraient atteint des élèves méritants, correspondant à<br />

la notion de « ce qui est permis à ta bouche », de l’ordre de « <strong>pour</strong> en manger ? », <strong>pour</strong><br />

578


que tu t'apprêtes encore à te consacrer aux contes encore plus élevés, que sont les récits<br />

des temps antiques. Et comment ne crains-tu pas de raconter des contes aussi élevés<br />

alors que des élèves peu recommandables <strong>pour</strong>raient les écouter ?"]<br />

« Il lui répondit : J’ai moi-même trouvé un monde avec des caroubiers ». C’est-à-dire,<br />

même si je raconte des contes des temps antiques, associés aux caroubes, comme nous<br />

l'avons expliqué, je peux amener la dimension d’oubli telle, que les élèves peu méritants<br />

les oublieront, comme nous l'avons vu plus haut. [Autrement dit, comme il est expliqué<br />

plus haut, le Juste qui se charge d’éveiller le monde du sommeil par l’intermédiaire de<br />

contes, jouit de la protection divine, afin que ses paroles soient oubliées du cœur des<br />

élèves non méritants].<br />

« Tout comme mes pères ont planté <strong>pour</strong> moi, je plante à mon tour <strong>pour</strong> mes<br />

descendants ». C'est-à-dire "de même que l’on m’a fait naître grâce à ces histoires, de<br />

l'ordre de « ouvrir la bouche des muets et ouvrir la bouche des femmes stériles », dès<br />

lors, « à mon tour, je plante <strong>pour</strong> mes descendants ». Autrement dit, par ces contes<br />

naissent également nos enfants" [Ceci signifie qu’il lui dit être contraint de raconter de<br />

tels contes <strong>pour</strong> la délivrance des femmes stériles, car mes pères se sont consacrés aux<br />

histoires, attirant par là même l’engendrement, lié à la délivrance des femmes stériles.<br />

C’est ainsi que l’on m’a engendré et c’est ainsi que je dois moi-même engendrer puisque<br />

l’essentiel de l’engendrement réside dans les contes. C’est <strong>pour</strong>quoi : « Tout comme<br />

mes pères ont planté <strong>pour</strong> moi, je plante à mon tour <strong>pour</strong> mes descendants »]<br />

« Il s'assit, prit son repas, fut saisi par le sommeil et s’endormit ». Il prit son repas, et<br />

après avoir mangé, il fut envahi d’une torpeur telle qu’il s’endormit. Autrement dit, par<br />

sa nourriture, il tomba dans une dimension de « sommeil » proportionnelle à son niveau.<br />

Nous avons dit plus haut que l’on peut parfois tomber à un stade de sommeil à cause de<br />

la nourriture. « Une grotte se forma alors », allusion aux divagations et autres<br />

fantasmes qui rôdent autour de l’homme durant son sommeil. « Le dissimula des<br />

regards », car le monde ne remarque pas celui qui se trouve en situation de sommeil. On<br />

s'imagine qu’il se consacre à la Torah et au service divin, alors qu’en réalité, il est dans<br />

un état de torpeur. « Lorsqu’il se réveilla », il s’agit de la notion de réveil d’en bas. « Il<br />

vit un homme manger de ce caroubier », c’est-à-dire qu’il le vit se consacrer aux<br />

contes dont nous avons parlé. « Manger » signifie "ce qui est permis à ta bouche". « Il lui<br />

demanda : "Connais-tu celui qui a planté ce caroubier ? "», c'est-à-dire "de quelle<br />

époque date ce conte ?" En effet, il se peut qu’une personne raconte une histoire qui s’est<br />

579


en réalité déroulée il y a de cela quatre ans. « Il lui répondit : Mon grand-père »,<br />

référence à l'Ancien, à Atik. Il lui répondit que les contes auxquels il se consacre sont des<br />

contes des temps antiques que l’on désigne par l’Ancien, l’Atik. « J’ai certainement<br />

dormi soixante-dix ans » signifie " Je suis certainement tombé dans le sommeil par<br />

rapport aux soixante-dix facettes qui correspondent aux soixante-dix années, comme<br />

nous l'avons vu. « Il s’aperçut alors que son ânesse avait donné naissance à<br />

plusieurs générations ». Il s'agit de la dimension de la richesse, de l'ordre de « Issakhar<br />

est un âne osseux ». En effet, le récit des contes attire une grande richesse. En effet, les<br />

contes ont <strong>pour</strong> effet de nous réveiller du sommeil, de rendre la parole aux muets et<br />

rendre les femmes fécondes". Ce qui entraînera le dévoilement de la crainte qui<br />

permettra d'attirer la longévité, apparenté à la notion d d’Ancien, synonyme des<br />

rectifications de l’Atik. Ceci a <strong>pour</strong> effet d'attirer la richesse, au sein de la longévité,<br />

comme nous l'avons vu.<br />

Tel est le sens de : Rabbi Chimon a ouvert la discussion en disant : " Le temps est venu<br />

d’agir <strong>pour</strong> Dieu" (Pourquoi le temps est-il venu d’agir ? Parce qu’ils ont enfreint Ta<br />

Loi. Que faut-il dire par enfreindre Ta Loi ? ) Il s'agit de la Torah d'En haut, que l’on<br />

enfreint si l’on ne l'accomplit pas selon sa rectification. Ceci s'adresse à l'Ancien des<br />

Jours/Atik Yomin. En d'autres termes, il s’agit de la Torah Supérieure, qui équivaut à la<br />

notion de "Compréhension" dont nous avons parlé plus haut, qui s'annule et ne peut<br />

subsister si elle n'est pas accomplie au moyen des rectifications déjà évoquées, qui sont les<br />

rectifications d'Atik, de l'ordre de la longévité.<br />

Il est écrit "Heureux sois-tu Israël, qui est comme toi" (Dévarim 33:29), et il est aussi<br />

écrit : " Qui est comme Toi, parmi les dieux, Éternel ?" (Chemot 15:11). Il s’agit de la<br />

notion d’éveil d’en bas, qui est l’éloge d’Israël quand il se réveille de lui-même, à savoir<br />

« Heureux es-tu Israël, qui est comme toi ? ». C'est ensuite que vient l'éveil d'En haut :<br />

«Qui est comme Toi, parmi les dieux, Éternel ?»<br />

Il appela son fils Rabbi Elazar et le fit asseoir d’un côté, et fit asseoir Rabbi Aba, de<br />

l’autre côté. Il dit alors : « Nous englobons toutes les choses ». Il s'agit de la<br />

perfection de la crainte, atteinte en conformité avec les composantes mentionnées plus<br />

haut : la dimension de "crainte du Ciel", de "crainte du maître" et de la "crainte des<br />

parents". Aussi, par l’intermédiaire de Rabbi Chimon, de son fils, Rabbi Elazar et de son<br />

580


disciple Rabbi Aba, la crainte atteint sa perfection. En découle la longévité, liée aux<br />

rectifications de l’Atik.<br />

Ils restèrent silencieux puis entendirent un bruit. Il s'agit de ceux qui se situaient au<br />

stade de silence, de « muets », ne pouvant pas parler car ils étaient encore endormis.<br />

Ceux-là « entendirent un bruit ». Il s'agit du réveil du sommeil, comme dans : « Heureux<br />

celui qui parle à des oreilles qui entendent ».<br />

Leurs genoux s’entrechoquèrent. Il s'agit ici de la procréation, l’union corporelle. En<br />

effet, l’éveil du sommeil "donne la parole aux muets" et "ouvre l’orifice des femmes<br />

stériles". Comme nous avons en effet mentionné plus haut, il s'agit de l'union par les<br />

baisers, qui précède l’union corporelle.<br />

Quel était ce bruit ? Celui des cohortes/diKhNouFia célestes venues se<br />

rassembler/demitKaNFé. Il s'agit des contes, dans lesquelles on habille les facettes de<br />

la Torah. En effet, le revêtement relève de la notion « d’aile/KaNaF », comme dans :<br />

« Ton maître ne se dissimulera/yiKaNeF plus à ton regard » (Isaïe 30:20). Ainsi, grâce à<br />

cet habillage, on réveille les gens du sommeil, et ils commencent à parler : « Et les<br />

créatures ailées/KeNaFayim diront la parole » (Kohélet 10:20). Comme cela a déjà été<br />

expliqué.<br />

TORAH 61<br />

Roch Hachana 5565<br />

Rabbi Chimon s’est réjoui et a dit : « Éternel, j’ai entendu Ta Voix et j’ai pris peur »<br />

(‘Habakouk 3:2), ajoutant « En une telle situation, il y avait lieu d’avoir peur »<br />

(Zohar III, 128a).<br />

1- Avec la confiance dans les Sages, on peut faire proclamer notre droit, car la justice<br />

est le "Pilier intermédiaire" (Tikounim intro. 17a). Ce qui correspond à la voie royale qui<br />

ne dévie ni à droite ni à gauche. Cela se mérite par la confiance dans les sages, de même<br />

que : « Tu ne t’écarteras, ni à droite ni à gauche, de la parole qu’ils te diront » (Dévarim<br />

17:11). Grâce à cela, le droit émerge clairement, comme nous l'avons dit, comme les<br />

« jugements de vérité » (Ps. 19:10). En d’autres termes, l’homme doit recevoir et extraire<br />

la dimension "jugement de vérité" de tous les enseignements qu’il étudie, et faire en sorte<br />

581


qu’il ne s’agisse pas de jugement déformé. Autrement dit, il devra recevoir et apprendre<br />

de toutes ses études des règles de conduite, de façon à savoir comment se comporter,<br />

tant lui-même que ceux qui se comportent selon son opinion, chacun en particulier,<br />

selon son niveau, en fonction du pouvoir et de l’autorité qu’il possède, tant <strong>pour</strong> le grand<br />

nombre que <strong>pour</strong> la minorité. On mérite tout cela grâce à la confiance dans les sages, de<br />

l'ordre de « Tu ne t’écarteras pas etc. ». C'est alors que l'on <strong>pour</strong>ra extraire des règles de<br />

comportement droit, de l’ordre des « jugements de vérité », sans dévier ni à droite ni à<br />

gauche, comme nous l'avons dit.<br />

Lorsqu’en revanche, on porte atteinte à la confiance dans les sages, on se voit alors<br />

condamné à "la fatigue de la chair", c’est-à-dire, au superflu, comme nos sages de<br />

mémoire bénie l’enseignent : « Celui qui se moque des paroles des sages est sanctionné<br />

par un bouillonnement d’excréments, comme il est écrit : « Beaucoup narguer, c'est se<br />

fatiguer le corps »(Kohélet 12:12) » (Erouvin, 21b). Il est question d'une sanction qui<br />

correspond exactement au délit. En effet, en ne croyant pas en leurs paroles, en les<br />

narguant, un tel homme les considère comme superflues. C'est <strong>pour</strong>quoi il est condamné<br />

au superflu.<br />

En outre, tous les jugements émanent du cerveau, de même (qu’à propos du roi Chlomo)<br />

: « Ils furent saisis de la crainte du roi car ils virent qu'une sagesse divine l'inspirait dans<br />

l'exercice de la justice » (Rois I, 3:28). De plus, le cerveau dépend lui-même de la<br />

nourriture. Dès lors que le corps est sain, le cerveau est clair, et peut faire surgir des<br />

jugements de vérité et des comportements empreints de droiture. Lorsque toutefois on<br />

est condamné aux déchets <strong>pour</strong> avoir porté atteinte à la confiance dans les sages.<br />

Comme nous l'avons dit, s’élèvent alors des vapeurs putrides vers le cerveau, qui<br />

brouillent et troublent l'esprit. On ne peut alors faire surgir des jugements de vérité,<br />

mais plutôt un jugement déformé, de l'ordre de : « Car le méchant encercle le juste, aussi<br />

ne rend-on que des sentences perverses » (‘Hab. 1:4). Autrement dit, du fait des vapeurs<br />

viciées qui encerclent, entourent et troublent le cerveau, émerge un jugement déformé,<br />

de l'ordre de : « Ses lois leur demeurent inconnues/BaL Yédaoum » (Ps. 147:20), allusion à<br />

la « confusion/BiLbouL » de l’esprit.<br />

Doëg, quant à lui, de par son étude, relevait de cette catégorie de « superflu », comme le<br />

précise le commentaire à son sujet : « L’un des serviteurs de Chaoul fut retenu/né'éTSaR<br />

là-bas devant Dieu, son nom était Doëg » (Sam. I, 21:8), que Rachi explique : « Il se<br />

582


etenait d’étudier la Torah », car son étude relevait de la dimension de<br />

« 'aTSiRout/constipation », comme les déchets superflus. De ce fait, il n’extrayait pas de<br />

son étude des jugements de vérité mais uniquement des jugements déformés. C’est la<br />

raison <strong>pour</strong> laquelle il jugeait que David était inapte à entrer dans l’assemblée d’Israël<br />

(Yébamot 76b). Telle était la conséquence de son étude provenant du superflu, comme<br />

nous l'avons dit.<br />

2- De même, il existe des dirigeants désignés (comme) "Rabbi", dont l’enseignement<br />

relève de ces "déchets". Ils sont, non seulement incapables de se diriger eux-mêmes,<br />

comme nous l'avons décrit, mais à plus forte raison, incapables de diriger les autres. Ces<br />

dirigeants s’arrogent le pouvoir de diriger le monde. Il faut faire en sorte de ne leur<br />

accorder ni habilitation, ni puissance, ni autorité, afin qu’ils ne soient pas appelés<br />

"Rabbi". Ils ne sont pas si condamnables en eux-mêmes, car ils possèdent un mauvais<br />

penchant très fort qui les pousse à vouloir diriger le monde. Il faut particulièrement<br />

veiller à ne pas leur conférer de pouvoir et d’autorité, car ceux qui leur attribuent<br />

autorité et puissance, et leur confèrent une crédibilité telle qu’ils sont appelés « Rabbi »,<br />

devront rendre des comptes.<br />

Aussi, le fait d’introniser un « « Rabbi » indigne de l’être a <strong>pour</strong> effet d’affaiblir nos écrits,<br />

de leur faire perdre toute force, et de renforcer ceux qu'ils (les non-juifs) écrivent. C’est<br />

de ce fait qu’ils invalident nos écrits au profit des leurs, seuls, de sorte qu’Israël est<br />

contraint d’étudier leurs écrits. Et de ce fait, ils décrètent également l’expulsion d'Israël<br />

de son lieu de résidence, des endroits où ils sont déjà installés, <strong>pour</strong> des régions où<br />

Israël n'a jamais résidé.<br />

En effet, l'intronisation du « Rabbi » et l’écriture relèvent de la même dimension, car la<br />

« SMiKHa/intronisation », s’effectue avec les mains, comme il est écrit : « Yéhochoua, fils<br />

de Noun, était plein de l'esprit de sagesse, parce que Moché avait imposé/SaMaKH ses<br />

mains sur lui » (Dévarim 34:9). Ce qui correspond à l'écriture, (c’est) la main qui écrit.<br />

L’écriture est également de l'ordre de la sagesse, tous les mondes furent créés par les<br />

lettres écrites, comme il est dit : « Par la parole de l’Eternel les cieux se sont formés,<br />

etc. » (Ps. 33:6) et : « Tu les as tous créés par la sagesse » (idem, 104:24). En effet, chaque<br />

lettre renferme de la sagesse, car la sagesse du Saint béni soit-Il décréta que telle lettre<br />

583


possèderait sa forme propre, <strong>pour</strong> que chaque monde soit créé en fonction de telle<br />

forme et fonctionne selon les règles qui lui sont propres. Il en va de même <strong>pour</strong> les<br />

autres mondes, ils fonctionnent selon d’autres formes de lettres et selon d’autres<br />

comportements, car c’est ainsi que le décréta la sagesse divine.<br />

Ainsi, lorsque le sage digne d’être confirmé est intronisé au rang de Rabbi, que sa<br />

direction relève des jugements de vérité dont nous avons parlé, cette intronisation qui<br />

lui procure une sagesse qui relève de la "Main de Dieu", de même que : « Yéhochoua, fils<br />

de Noun, était plein de l'esprit de sagesse, etc. », confère un éclat et une force à ce que<br />

nous (les Juifs) écrivons, car il s'agit également de la dimension de sagesse dont nous<br />

avons parlé, de l'ordre de : « Tout cela est consigné par écrit, de la Main de l'Eternel tel<br />

qu’Il me l’a fait comprendre » (Chr. I, 28:19). Ainsi, grâce à l’intelligence qu’il reçoit de la<br />

Main de l'Eternel, qui correspond à la Smikha, il projette un éclat et une force sur l’écrit,<br />

comme nous l’avons vu. Cela correspond à : « L'esprit se posa également sur eux, car ils<br />

étaient sur la liste écrite » (Bamidbar 11:2), car du fait qu’ils étaient alors intronisés, ils<br />

reçurent le souffle de sagesse, ils apportèrent un éclat aux écrits, c’est-à-dire à ce que<br />

nous écrivons, comme nous l'avons évoqué. De là, non seulement nos écrits ne sont pas<br />

assujettis à leurs jugements (des nations), mais bien plus encore, toutes leurs règles de<br />

conduite dépendent de ce que nous écrivons, de l'ordre de : « Pour exécuter contre eux le<br />

jugement consigné par écrit » (149:9).<br />

En revanche, lorsque l’on intronise un Rabbi indigne de ce nom, nos écrits s’affaiblissent<br />

et l’on renforce le pouvoir de leurs écrits, de sorte que tous les jugements doivent être<br />

en conformité avec leurs écrits précisément, relevant des « Jugements qu’ils ne<br />

connaissent pas », de l'ordre des jugements corrompus. C’est ainsi qu’ils décrètent alors<br />

le renvoi des Juifs des lieux où ils sont déjà installés. En effet, les endroits où Israël s'est<br />

installé depuis longtemps, même en dehors du Pays d’Israël, possèdent une dimension<br />

de sainteté (similaire à celle) de la terre d’Israël, de l'ordre de : « Un petit<br />

sanctuaire » (Ezéchiel 11:16). En effet, le fait qu'Israël y soit installé a <strong>pour</strong> effet de<br />

sanctifier l’air, qui obtient une dimension de l'air du Pays d'Israël. Et effectivement, c'est<br />

ce que nous écrivons qui sanctifie l'air et lui donne la dimension de : « l’air de la terre<br />

d’Israël rend sage » (Baba Batra 158b). C’est que l’écriture correspond à la dimension<br />

« lettres qui rendent sage ». Et le mouvement de la plume dans l’air au moment de<br />

l’écriture concrétise cette dimension « lettres qui rendent sage » dans l’air, et permettent<br />

à l'air de se sanctifier, de l'ordre de "l’air de la terre d’Israël qui rend sage".<br />

584


En revanche, lorsqu'on souille ce que nous écrivons, en intronisant un Rabbi qui ne le<br />

mérite pas, comme nous l'avons dit, on chasse Israël de son lieu de résidence, de<br />

l’endroit où il est déjà installé, qui correspond à la dimension « air de la terre d’Israël »,<br />

comme nous l’avons vu. On les expulse ainsi de là-bas vers un endroit désertique et<br />

abandonné, dénué de toute sainteté puisque jamais habité par Israël, comme nous<br />

l'avons dit.<br />

3- De ce fait, la science du mouvement des sphères célestes (l’astrologie), consistant à<br />

connaître tous les changements et tous les événements à venir à partir des sphères<br />

célestes, nous est retirée <strong>pour</strong> leur être transmise. En effet, à l’origine, cette sagesse nous<br />

avait été confiée exclusivement, comme il est dit : « Car elle est votre sagesse et votre<br />

intelligence aux yeux des peuples » (Dévarim 4:6), que nos sages, de mémoire bénie,<br />

expliquent : (Chabat 75a) : « Quelle intelligence et sagesse sont-elles "aux yeux des<br />

peuples" ? Il s’agit du calcul des périodes et des constellations ». Ces sciences renferment<br />

en effet une intelligence dont le secret reste en notre possession, quand bien même les<br />

aurait-on formés à cette sagesse. Car il faut certainement leur transmettre cette sagesse<br />

afin qu’ils sachent, à partir de cette science, que nous connaissons (maîtrisons) cette<br />

sagesse, ainsi qu’il est écrit : « Car elle est votre sagesse etc. ». S’il en est ainsi, à partir du<br />

moment où nous les en informons, de quel secret s’agit-il, puisqu’ils la connaissent<br />

également ? Il y a là (en effet) une intelligence que dont on peut transmettre la sagesse,<br />

mais dont le secret reste <strong>pour</strong>tant chez nous. Telle est la dimension : « Car elle est votre<br />

sagesse et votre intelligence aux yeux des nations », "aux yeux des nations" précisément,<br />

du fait qu’elle reste uniquement « aux yeux des nations » au moment où nous les en<br />

informons. Mais immédiatement après ils n’en savent (plus) rien. Ils savent uniquement<br />

que son secret reste en notre possession. En effet, nous ne leur révélons pas cette<br />

sagesse dans son essence, qui est le secret de l’année embolismique (qui permet de faire<br />

coïncider les années lunaires et solaires). Nous ne leur faisons savoir que l’existence<br />

d'une certaine science dont nous leur faisons une démonstration, que leurs yeux<br />

peuvent ainsi percevoir, (juste assez) <strong>pour</strong> qu’ils sachent que cette sagesse se trouve<br />

chez nous. Mais le secret fondamental de cette sagesse reste en notre possession. Telle<br />

est la notion de secret de l’année embolismique, qui n’est transmis qu’aux grands de la<br />

génération, possédant de grandes âmes. Les mouvements des sphères dépendent en<br />

effet de ces intelligences que sont les anges. Chaque sphère possède une intelligence<br />

585


spécifique, autrement dit un ange, qui lui dicte (dirige) son comportement. C'est ce qui<br />

produit les variations dans le mouvement des sphères. Ainsi tel astre effectue son<br />

mouvement durant tel mois et dans tel ordre alors que tel autre astre effectue son<br />

mouvement en une année ou plus. Certaines autres sphères exigent une période encore<br />

plus longue, pouvant aller jusqu’à plusieurs milliers d’années <strong>pour</strong> effectuer un cycle<br />

complet. Tout dépend de la variété des intelligences, de leur éloignement de la cause<br />

première, (de tout ce) qui conditionne le comportement des sphères. Et toutes ces<br />

intelligences reçoivent leur force du dirigeant total ou intelligence globale, qui est l’âme,<br />

origine du comportement de tous, de l'ordre de : « L’âme divine les rend<br />

intelligents » (Job, 32:8). Ce qui signifie que l’âme influe sur l’intellect. C’est <strong>pour</strong>quoi<br />

l’âme est appelée "ciel". Celui-ci représente l’ensemble des sphères, comme il est écrit :<br />

« Il adresse son appel aux cieux d’en haut » (Ps. 50:4). Ce qui fait référence à l’âme (Sanh.<br />

91b), puisque l’âme est le dirigeant global de toutes les sphères, comme nous l'avons dit.<br />

De fait, l’âme est appelée GALGALta, par connotation avec les sphères/GALGALé<br />

célestes, qui se comportent en fonction d’elle. Pour cela, ces grandes âmes sont expertes<br />

dans le secret de l’année embolismique. En effet, qui connaît leur comportement mieux<br />

que le dirigeant ?<br />

Ces grandes âmes ont besoin de posséder un corps, de même que : « Le fruit de la terre »<br />

(Isaïe 4:2), ce qui correspond à l’air de la terre d’Israël. En effet, lorsque l’air est sanctifié<br />

jusqu’à la dimension « air de la terre d’Israël », alors, tous les fruits et les moissons qui y<br />

poussent, ceux dont l’homme se nourrit et qui est à l’origine de « la goutte de semence »,<br />

tout relève de la dimension « terre d’Israël ». C'est à partir de là que le corps se forme, de<br />

même que : « Je fus formé dans les profondeurs de la terre » (Ps. 139:15), fait allusion à la<br />

terre d’Israël. Le corps relève alors de l’aspect « fruit de la terre ». Il est alors apte à<br />

recevoir une grande âme de même que : « Il adresse son appel aux cieux d’en haut, etc. »,<br />

il s'agit de l’âme, "…Et à la terre " (suite), il s'agit du corps » (Sanh. idem). En effet, l’âme<br />

dépend du corps : lorsque le corps est pur et sain, il est en mesure de recevoir une<br />

grande âme, et de même à l’inverse. Il existe des pays dont l’intelligence est grossière et<br />

vulgaire, là où d’autres possèdent une intelligence pure et claire. Tout dépend du pays,<br />

en fonction de la nourriture qui y est produite. C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle, étant<br />

chassés de cette dimension « air de la terre d’Israël » <strong>pour</strong> les raisons évoquées plus<br />

haut, il est impossible que des corps purs soient formés, et qu'ils reçoivent une grande<br />

âme. Il en découle que le secret de l’année embolismique nous est dérobé.<br />

586


C’est de cela que nos sages, de mémoire bénie témoignent : « Et ma main pèsera sur les<br />

prophètes qui annoncent des visions fausses, etc. Ils ne seront pas dans le secret de Mon<br />

peuple, etc. » (Ezéchiel 13:9), il s’agit du secret de l'année embolismique, "… Ils ne seront<br />

pas inscrits dans les écrits de la maison d'Israël, etc. " il s’agit de la Smikha, "… Et sur la<br />

terre d’Israël ils ne viendront pas", au sens littéral » (Kétoubot 112a). C'est comme nous<br />

l'avons dit plus haut : « Ils ne seront pas inscrits dans les écrits de la maison d'Israël ", il<br />

s’agit de la Smikha ». Autrement dit, lorsque l’on confère le titre de Rabbi à des<br />

personnes qui ne le méritent pas, nous affaiblissons ainsi l’écrit d’Israël, comme nous<br />

l'avons dit. C’est <strong>pour</strong>quoi : « Et sur la terre d’Israël ils ne viendront pas », autrement dit,<br />

on les chasse de la dimension de « air de la terre d’Israël », comme nous l'avons dit. De<br />

plus, « Ils ne seront pas dans le secret de Mon peuple », il s’agit du secret de l’année<br />

embolismique, ce qui signifie qu'à cause de cela, le secret de l'année embolismique nous<br />

est dérobé, comme nous l'avons dit. Tout ceci découle des "déchets" évoqués plus haut.<br />

4- Par conséquent, il (le pseudo rabbi) n'a jamais de conseil parfait, il ne peut jamais<br />

parvenir à une bonne décision <strong>pour</strong> lui-même et reste constamment dans le doute. En<br />

effet, tous ses conseils relèvent des conseils stupides (Isaïe 19:11), jugement de femmes,<br />

car la putridité des déchets s’élève jusqu’au cœur, comme dans : « Ils ont élevé leurs<br />

abominations jusqu’à leurs cœurs » (Ezéchiel 14:3), de telle sorte que son cœur devient<br />

aussi sale que les toilettes, qui sont l’endroit où les femmes se conseillent l’une l’autre.<br />

Ainsi que l’affirme Rav Illach (Guittin 45a) : « Les femmes arrangent toutes leurs affaires<br />

dans les toilettes », car c’est là qu’elles y tiennent conseil.<br />

5- Cependant, il existe, <strong>pour</strong> celui qui est déjà embourbé dans ces immondices, des<br />

eaux qui purifient d’une telle souillure, comme il est écrit : « Je verserai sur vous des eaux<br />

pures et vous vous purifierez, de toutes vos souillures et de toutes vos abominations, Je vous<br />

purifierai » (Ezéchiel 36:25). On peut alors atteindre le conseil parfait, comme : « Ils ne<br />

seront plus jamais scindés en deux royaumes. Ils ne se souilleront plus par leurs<br />

abominations » (Idem, 37:22-23), ce qui signifie qu'en se purifiant de leurs abominations<br />

et de leur excréments, ils ne seront plus divisés en deux « royaumes/maMLaKhot »,<br />

allusion aux conseils, ainsi qu’il est dit : « Que mon conseil/MaLKi puisse t’être agréable »<br />

(Daniel, 4:24), autrement dit, on obtient un conseil parfait. En effet, grâce aux eaux dont<br />

587


nous avons parlé, ses conseils deviennent parfaits, comme : « Le conseil dans le cœur de<br />

l’homme est semblable aux eaux profondes » (Prov. 20:5).<br />

Ces eaux relèvent également de la controverse, de l'ordre de : « Les eaux de la<br />

discorde » (Bamidbar 20:13). C'est <strong>pour</strong>quoi la controverse est appelée par ailleurs<br />

"PLouGta", de l'ordre de : « Le fleuve/PéLeG de Dieu déborde d’eau » (Ps. 65:10). En effet,<br />

chaque controverse est à l’origine d’un livre qui relève de « questions/CHeELot » et<br />

« réponses/TeCHouVot » (c’est-à-dire, responsa ou réponses rabbiniques à des<br />

questions de loi juive). La controverse consiste en une question et une interrogation que<br />

l'on soulève et que l'on pose à quelqu'un. Ce dernier « se repent/TeCHouVa », et grâce à<br />

cela il « répond/TaCHouV », apporte une solution à la question, et permet ainsi<br />

l'élaboration d'un livre de questions et réponses ("Téchouva" signifie à la fois "réponse"<br />

et "repentir"). En effet, le repentir permet de créer chez lui de nombreux nouveaux<br />

livres. Il y a à présent plusieurs livres, de même qu’il y en aura d’autres à venir, et le<br />

monde a besoin de tous. Mais au départ, lorsqu’il ne possédait pas la confiance dans les<br />

sages, tous ses livres étaient comme inexistants à ses yeux car il s’en moquait, comme il<br />

est écrit : « Faire des livres en quantité, sans fin, et beaucoup de moquerie etc. » (Kohélet<br />

12:12). Cela signifie qu’il tourne en dérision la profusion de livres au point où tous les<br />

livres (des sages) sont <strong>pour</strong> lui sans valeur. Mais lorsque l’homme se repent de cela, il<br />

découvre à chaque fois un nouveau livre, car tous les livres auparavant insignifiants à<br />

ses yeux prennent à présent une importance nouvelle. Tout ceci est lié à la controverse.<br />

En effet, l’homme observe et réfléchit à cette controverse : <strong>pour</strong> quelle raison<br />

s’opposent-ils ainsi, en quels termes et pas autrement ? De ce fait, il médite à la manière<br />

de se repentir et réparer sa confiance dans les sages. C'est effectivement de ce manque<br />

qu'émane la controverse, à savoir, de l'atteinte à la foi dans les sages. En outre, le retour<br />

à la foi dans les sages est proportionnel à la réponse et à la controverse. Il découvre ainsi<br />

un nouveau livre, car ce qui était jusque-là inexistant à ses yeux revient prendre de la<br />

considération. Il en va de même à chaque fois, le degré de controverse déterminant le<br />

degré de repentir, celui grâce auquel il revient à la foi dans les sages et redécouvre ainsi<br />

un autre livre, car un livre dont il s’était moqué et qui lui semblait insignifiant, prend à<br />

présent une nouvelle valeur à ses yeux, comme nous l'avons dit. Ainsi la controverse est<br />

à l’origine d’un livre. Tel est le sens de : « Mon adversaire écrivit un livre » (Job, 31:35),<br />

autrement dit, un livre est créé grâce à l'adversité et à la controverse.<br />

588


Il arrive <strong>pour</strong>tant que les justes de la génération, dont la foi est très certainement<br />

parfaite, soient l’objet de controverses. Il s’agit là d’un aspect de : « Il a porté la faute d’un<br />

grand nombre » (Isaïe 53:12) et de « Il supportera leurs fautes » (Isaïe 53:11), c’est en ce<br />

sens qu’il doit faire l’objet d’une controverse, <strong>pour</strong> le monde. Ainsi, par le biais de la<br />

controverse portée contre lui, il rectifie la foi dans les sages auprès du plus grand<br />

nombre.<br />

Il existe par ailleurs certains autres maîtres victimes d’une opposition parce qu’ils n’ont<br />

pas foi en eux-mêmes. Ils ne croient pas dans les nouvelles interprétations de la Torah<br />

qu’ils découvrent et n’imaginent même pas que le Saint béni soit-Il conçoive (de leurs<br />

découvertes) un grand plaisir. Ainsi, du fait de leur manque de foi en leurs propres<br />

explications de la Torah, ils font preuve de négligence à leur propre égard. Et voilà<br />

<strong>pour</strong>quoi la controverse s’abat sur eux. Mais grâce à elle ils se repentent et en viennent à<br />

apprécier la valeur de leurs interprétations qu’ils renouvellent (développent) à<br />

plusieurs reprises, ce qui donne naissance à un livre.<br />

Il arrive parfois que cela aboutisse à la création d’un livre en haut. Du fait qu’untel<br />

interroge et pose une question et qu’untel se repente, réponde et argumente, tout cela<br />

participe à la conception d’un livre en haut, de même que : « Ceux qui craignent l'Eternel<br />

s'exhortèrent l’un l’autre, l'Eternel écouta et entendit, et un livre de souvenir fut écrit »<br />

(Malachie 3:16).<br />

6- Grâce à cela, toutes les contractions, qui correspondent aux jugements, se voient<br />

adoucies. Ainsi, partout où se trouve un jugement ou une contraction quelconque, celuici<br />

est adouci grâce à cela : grâce à la rectification de la foi dans les sages. Grâce à cela, les<br />

livres de la sainte Torah se multiplient. En effet, tous les adoucissements de toutes les<br />

contractions et de tous les jugements s’effectuent par l’intellect, car « tout se clarifie<br />

dans la Pensée » (Zohar II, 254b). L’intellect, en tant que source des jugements, est le lieu<br />

de leurs adoucissements, car aucun jugement ne peut s’adoucir ailleurs que dans sa<br />

source. Ainsi, chaque jugement et chaque contraction doivent être adoucis dans<br />

l’intellect qui leur correspond, dans le lieu de leur source, et chacune des contractions<br />

possède son intellect grâce auquel elle s'adoucit. Il existe toutefois la Sagesse Supérieure,<br />

qui englobe toutes les sagesses et en laquelle elles puisent toutes. C’est donc en elle que<br />

589


tous les jugements sont adoucis. En effet, au niveau des intellects particuliers, aucun<br />

adoucissement n'est possible autrement que par l'intermédiaire de l’intellect relatif à<br />

cette contraction, qui constitue sa source. Mais par l’intermédiaire de la dimension de la<br />

Sagesse supérieure, qui englobe tout, toutes les contractions et tous les jugements y sont<br />

adoucis.<br />

De plus, la Torah, qui émane de la Sagesse supérieure, comme il est dit : « La Torah a<br />

émergé de la Sagesse Supérieure » (Zohar II, 62a), ne peut recevoir sa vitalité de la<br />

Sagesse Supérieure que lorsqu’elle se trouve à son état de perfection. Cette perfection de<br />

la Torah est donnée par la Torah orale. En effet, la Torah écrite ne possède de perfection<br />

que grâce à la Torah orale. C’est <strong>pour</strong>quoi, par le biais des livres dont nous avons parlé,<br />

qui se renouvellent grâce à la controverse, de l'ordre de : « Mon adversaire écrivit un<br />

livre » et de « Faire des livres en quantité, sans fin », la Torah trouve sa perfection. La<br />

Torah relève alors de la dimension : « Tables de pierre » (Chemot 24:12), car elle reçoit<br />

un éclat à partir de la Pierre de Fondation (au sommet du Mont du Temple) $( Zohar<br />

231a). En effet, chaque chose en ce monde possède une contraction propre, en quantité<br />

et en qualité, et toutes les contractions du monde sont inscrites dans la Pierre de<br />

Fondation, à partir de laquelle le monde fut fondé, et tous en tirent leur vitalité. C'est<br />

donc le lieu de l'adoucissement de tout jugement, car elle relève de la Sagesse<br />

supérieure, de la dimension du Saint des Saints. En effet, l'intellect s'appelle "Saint", mais<br />

tous (les intellects) reçoivent et sont inclus dans cette dimension de Saint des Saints<br />

correspondant à la Sagesse Supérieure qui englobe tout. C'est donc de là que<br />

s'adoucissent tous les jugements, en particulier et dans leur ensemble. En effet, même<br />

lorsque l’on adoucit le jugement en particulier, par un intellect quelconque de quelque<br />

contraction que ce soit, il faut également attirer une force de l’intellect supérieur que<br />

nous avons évoqué, afin que cet intellect particulier acquière la force d’adoucir le<br />

jugement. Il en va de même sur le plan global, <strong>pour</strong> adoucir tous les jugements de<br />

quelque contraction que ce soit : il est impossible d'adoucir sans le recours à la<br />

dimension de l’intellect supérieur, de l’ordre du Saint des Saints, lié à la Pierre de<br />

Fondation, comme nous l'avons vu. Ainsi, lorsque la Torah atteint sa perfection, par le<br />

biais des livres, comme nous l'avons dit, elle reçoit alors de la Sagesse Supérieure, de<br />

l'ordre des Tables de Pierre, de la Pierre de Fondation, et influe alors sur toutes les<br />

sagesses. Tous les jugements sont alors adoucis, de même que : « Il t’enverra Son secours<br />

du Sanctuaire » (Ps. 20:3), car l’essence du secours et de la délivrance, liée à la notion de<br />

590


l'adoucissement des jugements, résulte du "Saint", c'est-à-dire, grâce à l’intellect appelé<br />

"Saint", comme nous le savons.<br />

Tel est le sens des lettres CHeTiYaH (fondation) qui forment l’acronyme de : « Hène Tavi<br />

Chaddaï Yaanéni » [selon les termes du verset : « Voici ma signature : le Tout-Puissant me<br />

répondra, (Mon adversaire écrivit un livre) » (Job, 31:15)]. « Voici ma signature, le Tout-<br />

Puissant », exprime donc la notion selon laquelle les traces inscrites de toutes les<br />

contractions sont adoucies du fait de leur venue dans la Chetiyah, liée à la Pierre de<br />

Fondation évoquée plus haut. Tel est le sens de "me répondra", allusion à<br />

l’adoucissement, de l'ordre de « Il t’enverra Son secours du Sanctuaire », comme nous<br />

l'avons dit. Voici donc la signification de « Voici ma signature : le Tout-Puissant me<br />

répondra, Mon adversaire écrivit un livre » : Grâce à "Mon adversaire écrivit", tel que nous<br />

l'avons expliqué plus haut, c'est à dire grâce à l’abondance de livres réalisés du fait de la<br />

controverse, qui donne à la Torah sa perfection et lui permet de recevoir de l’intellect<br />

global, de la Sagesse Supérieure, qui correspond à la Pierre de Fondation, alors : «Voici<br />

ma signature : le Tout-Puissant me répondra », de l'ordre de l'adoucissement réalisé par<br />

la dimension des Tables de Pierre qui reçoivent de la Pierre de Fondation, comme nous<br />

l'avons dit.<br />

7- Tout cela relève du voyage chez les justes que l'on entreprend à Roch Hachana. En<br />

effet, Roch Hachana est le Jour du Jugement de toute l’année, et chacun se rend avec sa<br />

sainteté et ses contractions chez le Juste de la génération qui relève du Saint des Saints,<br />

de la Pierre de Fondation, de l'ordre de : « Car les colonnes de la terre appartiennent à<br />

l'Eternel, Il a fondé le monde sur elles » (Sam. I, 2:8), par allusion aux Justes, sur lesquels<br />

le monde fut fondé. Grâce à cela, tous les jugements sont adoucis, grâce à la Pierre de<br />

Fondation, comme nous l'avons dit. Telle est la dimension « pierres de Yaakov », elles<br />

s’inclurent toutes à l‘intérieur de la Pierre de Fondation (Zohar I, 231a). En effet, les<br />

âmes correspondent aux pierres, ainsi qu’il est dit : « Les pierres sacrées se trouvent<br />

éparpillées » (Lam. 4:1). Toutes viennent ainsi s’inclure au sein du Juste de la génération,<br />

qui relève de la Pierre de Fondation, ainsi toutes les contractions se voient adoucies.<br />

8- Grâce à la fusion des âmes qui s'incluent ensemble, comme nous l'avons vu plus<br />

haut, une joie se forme, de même que : « La lumière des justes se réjouira » (Prov. 13:9).<br />

En effet, l’âme ressemble à une lampe, comme : « La lampe de Dieu est l’âme de<br />

591


l’homme » (idem, 20:27). Ainsi, lorsque ces âmes sont inclues ensemble, une lumière<br />

émane d’elles et entraîne une joie, de l’ordre de « La lumière des justes se réjouira ».<br />

Tel est le sens de « Rabbi Chimon s’est réjoui et a dit : « Éternel, j’ai entendu Ta Voix<br />

et j’ai pris peur » (‘Habakouk 3:2), ajoutant « En telle situation, il y avait lieu<br />

d’avoir peur ».<br />

En effet, ‘Habakouk prononça cette prophétie à propos de Rabbi Akiva et de ses<br />

compagnons qui moururent parce que l’amour n’existait pas entre eux, comme<br />

l’enseignent nos maîtres, de mémoire bénie $(Yébamot 62b). En effet, ils relevaient des<br />

rigueurs et des contractions et n’étaient pas réunis ensemble et ne s’étaient donc pas<br />

adoucis. Par contre, Rabbi Chimon et ses camarades (dernier groupe d’élèves de Rabbi<br />

Akiva) qui furent la réparation (du groupe précédant), déclara : « Nous dépendons de<br />

l’amour », autrement dit, de la dimension d’amour et de fusion par laquelle tous<br />

s'unifient ensemble. C'est grâce à cela que l'adoucissement et la réparation<br />

interviennent. En découla alors la dimension de « Rabbi Chimon s’est réjoui » c'est-àdire<br />

la dimension de la joie, réalisée grâce à la fusion et à l’amour, qui relève de « La<br />

lumière des justes se réjouira ».<br />

« Il a ouvert et a dit : "Celui qui colporte des commérages dévoile le secret" (Prov.<br />

11:13), "Celui qui colporte des commérages etc.", c'est celui dont l'esprit n'est pas<br />

un esprit d'existence », c’est-à-dire un esprit de sagesse.<br />

« Et qui n’est pas digne de confiance », il s'agit de la confiance dans les sages comme<br />

nous l'avons évoqué plus haut, selon quoi le manque de foi dans les sages le prive du<br />

même coup de l’esprit de sagesse et le condamne aux déchets putrides, comme nous<br />

l'avons expliqué.<br />

« Dévoile le secret », correspond à la notion d’annulation de nos écrits, qui ne reçoivent<br />

pas la lumière de l’intelligence des mains de la Smikha, comme nous l'avons dit plus<br />

haut, de l'ordre de : « Il recouvre la lumière de Ses paumes » (Job, 36:32). En effet, les<br />

lettres doivent recevoir la lumière de l’intelligence des mains de la Smikha, comme<br />

rappelé. Ainsi l'atteinte à la confiance dans les sages, liée à "celui qui colporte des<br />

commérages", entraîne " Dévoile le secret ", <strong>pour</strong> exprimer l'exil et la disparition de la<br />

lumière de l’intelligence, comme nous l'avons dit. Ceci entraîne « Ils n’entreront pas dans<br />

le secret de Mon peuple », comme nous l'avons dit plus haut.<br />

592


« Mais un esprit loyal cache la chose", car il possède un esprit d'existence ». Grâce à<br />

la dimension de foi dans les sages, on "cache la chose", de l'ordre de: « Il recouvre la<br />

lumière de Ses paumes », comme cité plus haut.<br />

TORAH 62<br />

Chabat Chira 5565 Medvedevka<br />

Selon le manuscrit de Rabénou<br />

« Dieu fit dévier le peuple etc. » (Chémot 13:18)<br />

1- Sache que par la nourriture, Israël entraîne une unification du Saint béni soit-Il avec la<br />

Présence divine, face à face, de l'ordre de : « A l'heure du repas, Boaz dit à Ruth : viens<br />

ici » (Ruth 2:14). "A l'heure du repas" précisément, c’est-à-dire que le moment de la<br />

nourriture entraîna «Viens ici ». Il s’agit de l’unification entre le Saint béni soit-Il et la<br />

Présence divine » comme dans : « Yéhouda s’approcha de lui » (Béréchit 44:18), où les<br />

deux rois se rencontrèrent » (Zohar I, 206a). La nourriture doit seulement être d'un<br />

aliment déjà raffiné de tout mélange (nocif), car un tel aliment peut entraîner l’homme à<br />

fauter.<br />

2- Aussi, le raffinement des aliments s’opère grâce à la foi. En effet, Dieu béni soit-Il a défini<br />

des limites que l’intellect humain ne peut pas dépasser. Il est un commandement majeur<br />

d’aiguiser son esprit afin qu’il puisse comprendre finement une chose. Il est écrit à ce<br />

propos : « Sache quoi répondre à l’hérétique » (Avot 2:14). Il faut cependant bien faire la<br />

distinction entre les questions : certaines questions ont des réponses que l’homme est<br />

en mesure de comprendre, c’est sur celles-ci qu’il est dit : « Sache quoi répondre etc. ». Il<br />

existe par contre, d’autres questions telles que l’esprit humain n’est pas capable de<br />

trouver des solutions, et c’est seulement aux temps futurs que seront dévoilées les<br />

réponses. Aussi, entre-temps, il est interdit à un homme de s’y attarder, et <strong>pour</strong> toute<br />

personne qui compterait sur son esprit et s’y plongerait, le verset affirme : « Aucun de<br />

ceux qui vont chez elle ne revient » (Prov. 2:19), car face à de telles questions, il est<br />

interdit de se fier à son intellect, mais il faut s’en remettre uniquement à la foi. Mais<br />

même en ce qui concerne les questions <strong>pour</strong> lesquelles il existe une réponse, il arrive<br />

parfois que les voies de l’esprit s’obstruent, et que l'on soit dans l’incapacité de<br />

593


épondre. Des idées hérétiques peuvent alors jaillir en nous, sans que l’on sache quoi y<br />

répondre. De telle hérésie se trouve en chacun de nous, et chacun selon son niveau et<br />

son aptitude, il parviendra à comprendre (et à y faire face) un peu ou beaucoup.<br />

Il faut en effet servir l'Eternel avec ses deux penchants, et soumettre le mauvais<br />

penchant au bon penchant, selon l’enseignement de nos Sages de mémoire bénie : «Tu<br />

aimeras l'Éternel, ton Dieu, de tout ton cœur » (Dévarim 6:5), « avec tes deux penchants<br />

»(Berakhot 54a). Autrement dit, le cœur de l’homme doit être intègre vis-à-vis de<br />

l'Eternel son Dieu afin qu’il n’y ait pas de conflit entre les deux penchants et que son<br />

cœur ne soit pas divisé comme dans : « Leur cœur s'est partagé » (Osée, 10:2). Mais en<br />

réalité, si l’homme prenait connaissance d’un cœur entier que « Toute la terre est pleine<br />

de Sa Gloire » (Isaïe 6:3), que le Saint béni soit-Il se tient au moment de la prière et<br />

écoute sa prière, il est certain qu’il prierait avec une grande exaltation et veillerait<br />

scrupuleusement à penser aux paroles qu’il prononce. Mais tant que l’homme ne<br />

possède pas cette connaissance d’un cœur entier, il ne fait pas preuve d’un très grand<br />

enthousiasme, et ne se montre pas tellement minutieux. L'enthousiasme et la minutie de<br />

chacun sont proportionnels aux limites de son esprit et de sa connaissance. En outre, la<br />

connaissance provient du bon penchant situé dans le cœur, alors que c’est par le<br />

voilement de la connaissance que le mauvais penchant du cœur émerge. Cette<br />

dissimulation de la connaissance se traduit par de l’hérésie et des interrogations, de<br />

sorte que le mauvais penchant « endurcit le cœur d’un homme <strong>pour</strong> le faire tomber dans<br />

le mal » (Prov. 28:14).<br />

Néanmoins, la rectification de ce conflit situé dans le cœur consiste à le réparer à sa<br />

racine. C'est-à-dire que l'existence du conflit du penchant au mal trouve son origine<br />

essentielle dans la controverse située dans la sainteté. En descendant niveau après<br />

niveau, jusqu’à parvenir en bas, cette controverse se transforme en conflit du mauvais<br />

penchant, de l'ordre de « Leur cœur s’est partagé ». Celui-ci instille en lui l’hérésie et lui<br />

cache les voies de l’intellect de sorte qu'il ne sait plus quoi répondre. Quant à la<br />

controverse située dans la sainteté, elle est la controverse qui opposa les Tanaïm et<br />

Amoraïm et qui est rapportée dans le Talmud, où l’un interdit et l’autre autorise. Et c'est<br />

en descendant jusqu'en bas qu'elle se transforme en conflit propre au mauvais penchant.<br />

Ainsi, en rectifiant la controverse située dans la sainteté, disparaît du même coup la<br />

controverse du mauvais penchant, car la seconde puise toute son existence de la<br />

première. La réparation de la controverse située dans la sainteté réside dans le principe<br />

594


des Lois tranchées. En effet, une Loi tranchée (par les Décisionnaires) représente la paix<br />

et met fin aux divergences entre les Tanaïm et les Amoraïm. C’est donc par l’étude des<br />

textes des Décisionnaires que l’on se rattache à la paix inhérente de la sainteté et que<br />

l'on remédie à la controverse de la sainteté. Le conflit propre au mauvais penchant du<br />

cœur est alors annulé et l’on peut ainsi servir Dieu de tout son cœur, et avec nos deux<br />

inclinaisons. Ainsi, les portes de l’intellect s’ouvrent de sorte que l'on peut répondre à<br />

l’hérétique. Tout ceci est réalisé par les décisions tranchées (Halakhot) et qui rétablit la<br />

paix entre elles, comme nous l’avons vu plus haut.<br />

Telles sont les lettres du mot « CHaLOM » qui forment l’acronyme de « Véda Ma<br />

Chétachiv Laapikoross/Et sache quoi répondre à l’hérétique ». En effet, grâce à la paix,<br />

on sait comment répondre à l’hérésie qui se trouve en son cœur. Ceci est évoqué dans :<br />

« Je te rendrai grâce en toute droiture de cœur, en m’instruisant des règles de Ta justice »<br />

(Ps. 119:7). Le "Cœur" précisément (avec les deux Beth), allusion aux deux penchants. Et<br />

quand cette chose arrive ? Lorsque j’étudie « les règles de Ta justice », c’est-à-dire, par<br />

l’étude des textes des Décisionnaires.<br />

Cependant, en ce qui concerne les questions sans solutions, il est interdit à l’homme de<br />

s’y intéresser. Il doit simplement se renforcer dans sa foi. Ainsi, en faisant preuve de foi<br />

intègre, sa nourriture <strong>pour</strong>ra générer une unification du Saint béni soit-Il avec la<br />

Présence divine, comme nous l'avons dit, de l'ordre de : « Nourris-toi de foi » (Ps. 37:3),<br />

allusion à la nourriture obtenue par l’intermédiaire de la foi.<br />

3- De plus, l’essentiel de la perfection et de l’embellissement de la foi consiste à rapprocher,<br />

précisément, ceux qui sont éloignés comme il est écrit : « Pour que tous invoquent le Nom<br />

de l'Éternel » (Cephania 3:9). Y compris les non-juifs qui se rapprocheront de la foi<br />

d’Israël et Le serviront à l’unisson.<br />

4- Pour apporter la perfection à la foi, autrement dit, <strong>pour</strong> rapprocher ceux qui sont<br />

éloignés, il faut au préalable élever les étincelles des lettres de la parole. Une fois les<br />

lettres de la parole affinées, la parole se transforme et rassemble les étincelles de<br />

sainteté d’entre les écorces (l’impureté) de telle sorte que ces dernières se retrouvent<br />

privées de vitalité. Dès lors, les non-juifs, qui puisaient leur vitalité des écorces<br />

d’impureté, constatent qu’ils n’ont plus de vitalité, et abandonnent leur croyance comme<br />

dans : « En ce jour, l’homme jettera ses idoles d'argent et ses idoles d'or » (Isaïe 2:20). Ils<br />

s’attachent alors à la foi d’Israël. Ceci correspond à : « Je le transformerai en langage clair<br />

<strong>pour</strong> les nations » (Cephania, idem). Un « langage clair », autrement dit, une parole<br />

595


épurée du dedans des peuples qui retournera vers eux, afin de récolter le reste des<br />

étincelles de sainteté. C'est alors que s’accomplira : « Pour que tous invoquent le nom de<br />

l'Éternel », à savoir, que tous adhéreront à la foi d’Israël.<br />

5- Pour élever les étincelles de la parole, il faut recourir au jeûne. Ceci relève de : « Depuis<br />

leurs voies mauvaises et leurs transgressions, ils jeûneront » (Ps. 107:17) et alors : « Il<br />

enverra Sa Parole » (idem, 20). En effet, l’essentiel de la réintégration de la parole passe<br />

par le jeûne. En effet, les écorces se nourrissent principalement du côté arrière de la<br />

sainteté, puisqu’il leur est impossible de puiser leur vitalité du devant de la sainteté, en<br />

raison de l’intensité de la lumière. Mais parfois, il leur est accordé intentionnellement<br />

d’En-haut, la force de puiser du devant de la sainteté, mais tout ceci n’est qu’à leur<br />

détriment comme il est dit : « Un temps où l’homme domine l’homme <strong>pour</strong> son<br />

malheur » (Kohélet 8:9).<br />

Nous savons que les tentations prennent leur source dans les écorces, car les tentations<br />

proviennent des superflus, dans la mesure où le corps peut tout à fait subsister sans eux.<br />

Il en ressort donc que ces désirs sont superflus <strong>pour</strong> le maintien du corps, tout comme<br />

les écorces sont superflues, puisque l’essentiel n’est autre que le fruit, alors que les<br />

écorces sont en trop. Ainsi, lorsque les tentations prennent le dessus sur l’homme, il<br />

s'agit d'une victoire des écorces d’impureté sur la sainteté.<br />

En outre, les tentations primordiales sont représentées par les trois ministres de<br />

Pharaon : le maître-échanson, le maître-panetier et le maître-boucher, représentant la<br />

trachée artère, l’œsophage et les veines qui symbolisent les désirs de nourriture et de<br />

boisson. Il s’agit là des désirs primaires desquels découlent toutes les autres tentations<br />

et qui tirent leur force de PHaRaon, dont les lettres forment le mot « OReF/nuque »,<br />

autrement dit la partie arrière de la tête. De plus, l'essentiel de leur vitalité provient des<br />

paroles, plus exactement de « derrière les paroles/A’HaR Hadévarim », car ils (tentations<br />

primordiales) sont proches d’elles (des paroles). En effet, la trachée, l’œsophage et les<br />

veines se trouvent à proximité des cinq articulations de la parole, et c’est <strong>pour</strong>quoi elles<br />

(tentations primordiales) puisent principalement leur vitalité des paroles qui n’ont pas<br />

encore été épurées.<br />

Ainsi, lorsque les tentations primordiales/les écorces, se renforcent, il faut alors fixer et<br />

masquer la partie arrière de la sainteté, afin de les empêcher de s’en nourrir. Cette<br />

fixation de la dimension arrière de la sainteté s’opère grâce au jeûne. Tout comme on<br />

écrit le Tétragramme selon la méthode "en arrière", en écrivant d’abord le Youd, puis<br />

596


lorsque l’on souhaite écrire le Hé, on revient en arrière et l’on écrit alors Youd Hé, et<br />

ainsi de suite, il en est de même du jeûne. Ce dernier, en tant que moyen essentiel <strong>pour</strong><br />

soumettre les trois ministres-officiers du Pharaon, consiste à « fixer » le côté arrière de<br />

la sainteté. En effet, le mérite de jeûner n’intervient principalement qu’à partir du<br />

moment où l’on prend en compte les heures à partir desquelles on a commencé à jeûner.<br />

Ainsi par exemple, lorsqu’un homme jeûne deux jours, le second jour sera considéré<br />

comme le plus important, non pas <strong>pour</strong> le jour lui-même, mais parce que l’on prend en<br />

considération toute la durée depuis le premier jour. C’est lui qui conditionne<br />

l'importance du mérite du second jour. Une autre explication de ce principe est que<br />

l’essentiel de toute chose réside dans son commencement, et « tous les commencements<br />

sont difficiles » (Mékhilta Yitro), puisque l’on passe d'une extrême à l'autre. Mais après<br />

le commencement, on entre peu à peu dans une habitude, de telle sorte que la chose<br />

devient moins difficile. Il en va ainsi, <strong>pour</strong> chaque jour consécutif qui s'éloigne du<br />

commencement, car les choses deviennent plus faciles, et l’on entre dans une certaine<br />

routine. Nous devons donc retourner en arrière, au premier jour, lorsque l’on a<br />

commencé à comprendre et à jeûner. C’est lui qui représentait (l’élan) et le<br />

commencement du repentir, lorsque le début était difficile à passer, d’un extrême à<br />

l’autre. Ainsi <strong>pour</strong> chaque jour, on doit savoir revenir en arrière afin de recevoir cette<br />

force générée au commencement.<br />

De plus, comme les officiers (les trois ministres) ont une grande proximité avec les<br />

organes de parole, cela a <strong>pour</strong> effet que lorsqu'ils prennent le dessus, ils entraînent la<br />

parole dans l'exil « d’Egypte/MiTSRaïm », de l'ordre de « MeTSaR/l’étroitesse » de la<br />

gorge comme dans : « Ma gorge s’est desséchée » (Ps. 69:4). Ceci nous rend incapable de<br />

prononcer la moindre parole devant Dieu, béni soit-Il. Mais grâce au jeûne avec lequel on<br />

s’affame soi-même, on attire les eaux de Bonté qui viennent humecter notre gorge. On<br />

parvient ainsi à parler.<br />

Cette notion est évoquée dans le verset : « Il y eut une famine dans le pays. » (Bér.<br />

12:9). "Une famine" fait allusion au jeûne, car on s’affame soi-même et l'on fixe le côté<br />

arrière de la sainteté. En effet les Noms divins Havaya Elokim, retranscrit selon la<br />

« méthode en arrière » ont <strong>pour</strong> valeur numérique 272, comme le mot Ra'av/famine<br />

[puisque le Nom Havaya selon la « méthode en arrière », autrement dit : Youd, Youd Hé,<br />

Youd Hé Vav, Youd Hé Vav Hé, équivaut à 72, et le Nom Elokim sous sa forme arrière :<br />

597


Alef, Alef Lamed, Alef Lamed Hé, Alef Lamed Hé Youd, Alef Lamed Hé Youd Mem, équivaut à<br />

200. Ensemble, ils arrivent à 272].<br />

« Avram descendit en Egypte », il s'agit de faire descendre des eaux des Bontés afin<br />

d’humecter l’étroitesse de la gorge, et faire sortir la gorge de la dimension de « Ma gorge<br />

s’est desséchée », et qui correspond à « Partir en direction du midi/haNeGBa » (Béréchit<br />

12:9), afin de mouiller l’aridité/NeGuiVa, <strong>pour</strong> que se réalise « Crie à pleine gorge, ne te<br />

ménage pas » (Isaïe 58:1). Dès lors que l’on a fixé l’arrière de la sainteté, afin d'empêcher<br />

les écorces de s’y introduire <strong>pour</strong> s’en nourrir, la face de la sainteté se dévoile. C'est alors<br />

que « Les serviteurs de Pharaon la virent » (Béréchit 12:15). En d’autres termes, les<br />

ministres dont nous avons parlé plus haut, virent la beauté et la splendeur de la parole<br />

(symbolisée par Sarah) et « firent sa louange à Pharaon ». Tout ceci est guidé<br />

intentionnellement par le Saint béni soit-Il afin d’extraire de leur bouche ce qu’ils<br />

avaient avalé comme dans : « Un temps où l’homme domine l’homme <strong>pour</strong> son malheur »<br />

(Kohélet 8, 9). C'est ce dont il s'agit dans : « L'Eternel affligea Pharaon ». Comme il<br />

écrit : « Une femme qui craint Dieu est digne de louanges » (Prov. 31:30), de l'ordre de<br />

« Ils firent sa louange à Pharaon », car ceci n'a d'autre finalité que « Donnez-lui du fruit de<br />

ses mains » (idem, 31:31), autrement dit, <strong>pour</strong> extraire les étincelles de sainteté qui<br />

étaient chez eux.<br />

De plus, lorsqu’elle enlève aux forces impures toute leur vitalité, à ce moment-là toutes<br />

les nations abandonnent leurs idoles et se tournent toutes vers la foi d’Israël, afin<br />

"d’invoquer ensemble le Nom de l'Eternel". Il s'agit ici de l'essentiel de l’embellissement<br />

de la foi, lorsque d'autres se rapprochent de sa foi.<br />

Ceci correspond à : « Une belle jeune fille qui n’a pas d’yeux » (Zohar II, 95a). "Une<br />

belle jeune fille" correspond à la foi comme dans : «Tu es belle, ma<br />

fiancée/Ra'yati » (Cantique 6:4), au sens de « Et nourris-toi (ouR'é) de foi ». « Qui n’a pas<br />

d’yeux/'AYNin », il s'agit de ces questions évoquées plus haut, que l’on ne doit pas<br />

approfondir/lé'AYèN, mais demande que l’on se renforce dans sa foi. « Son corps est<br />

dissimulé et dévoilé » - certes, la foi est en effet cachée, car si tu interroges le croyant<br />

sur les raisons de sa foi, il est certain qu’il ne sera pas capable de te répondre, puisque la<br />

foi ne concerne que les choses dont on ne connaît pas la raison. Mais, en dépit de cela<br />

elle est aussi dévoilée, car chez l’homme croyant, la chose est révélée, comme s’il voyait<br />

de ses yeux cette chose en laquelle il croit, car la grandeur de sa foi est entière. « Elle<br />

598


sort le matin et se cache durant la journée » - La foi est renouvelée chez l’homme<br />

chaque matin, comme dans : « Elle se renouvelle chaque matin etc. » (Lam. 3:23), « Et se<br />

cache durant la journée », car par les préoccupations des affaires de ce monde, la foi<br />

reste cachée. « Elle se pare de bijoux qui n'existaient pas », autrement dit, l’essentiel<br />

de l'embellissement de la foi s’effectue lorsque l’on rapproche d’elle les personnes qui ne<br />

lui étaient pas proches.<br />

6- Lorsque la foi est à ce point parfaite, le repas acquiert alors une valeur considérable. En<br />

effet, il permet l’union du Saint béni soit-Il avec Sa Présence divine, de l'ordre de : « Boaz dit<br />

à Ruth etc. ». La foi intercède alors auprès de Dieu béni soit-Il en faveur de ceux qui sont<br />

éloignés, afin qu’Il les rapproche à l’ombre de Ses ailes. Et son argumentation est la<br />

suivante :<br />

L'essentiel de l'erreur de ceux qui se trouvent éloignés de la foi en Dieu est que l'essentiel de<br />

leur connaissance du divin provient exclusivement de notre constatation de l’inconnu et du<br />

connu. Ainsi, dans la mesure où l'on pense que la conduite du monde s’opère par le système<br />

astrologique, on tombe dans les erreurs. Et chacun se méprend différemment. Certains<br />

pensent que tout dépend de la nature, le monde se comportant selon ses règles. D’autres<br />

considèrent qu’il faut rendre un culte à une force intermédiaire, à l’instar de la faute du veau<br />

d’or qu'ils voulurent comme intermédiaire entre eux et Dieu béni soit-Il, en disant : « Qui<br />

marchera devant nous » (Chémot 32:1). Nombreux sont ceux qui font preuve d’un tel<br />

égarement en faisant des causes immédiates un intermédiaire entre eux et le Créateur. En<br />

d’autres termes, ils croient, certes, en Dieu béni soit-Il, mais affirme que les causes sont une<br />

nécessité. Ainsi par exemple, on peut croire dans le facteur de la subsistance, c’est-à-dire le<br />

commerce, et affirmer que le principal moyen de gagner son pain c’est de faire du<br />

commerce. C’est comme si, à Dieu ne plaise, que sans la cause de gagner de l’argent, Dieu<br />

béni soit-Il ne serait pas capable de prodiguer la subsistance à quelqu’un. De même, en ce<br />

qui concerne la cause de la guérison, c’est-à-dire les médicaments que certains considèrent<br />

essentiel. C’est comme si, à Dieu ne plaise que sans ces médicaments, Dieu béni soit-Il ne<br />

serait pas en mesure de guérir. Mais il ne saurait en être ainsi puisque le Saint béni soit-Il<br />

est la Cause de toutes les causes, la Raison de toutes les raisons et qu’Il n’a besoin d’aucun<br />

intermédiaire. Même lorsque nous faisons appel à ces agents, nous devons croire<br />

exclusivement en Dieu béni soit-Il, et ne pas faire de la cause, l’essentiel.<br />

599


Ainsi, lorsque le Juste annule par sa prière un quelconque événement dicté par le système<br />

astrologique (qui paraissait immuable), dès lors se révèle au grand jour ce qui était caché.<br />

Cela entraîne la reconnaissance de l'existence d'un Dieu qui a écouté la prière du Juste, en<br />

bouleversant les systèmes et modifié la nature. Tout ceci aura véritablement lieu dans<br />

l'avenir, comme l’enseignent nos sages, de mémoire bénie $(Pessa’him 68a) : « Dans le<br />

futur, les Justes ressusciteront les morts », et autres prodiges.<br />

Tel est le sens de « "Yéhouda s’approcha" (Béréchit 44:18), il s’agit de la rencontre de<br />

deux rois. »<br />

« Et lui dit : De grâce, seigneur », car la Présence divine implore la miséricorde de Dieu<br />

béni soit-Il en faveur de ceux qui sont éloignés.<br />

« Ton serviteur dira une chose aux oreilles de mon seigneur », et l'on ne conversera<br />

plus au travers des intermédiaires.<br />

« Et que ta colère n'éclate pas contre ton serviteur », concernant le passé.<br />

« Car tu es l'égal de Pharaon », "Pharaon", au sens de "dévoilement", car Tu n’es connu<br />

des hommes qu’à partir de ce qui est visible, et c’est parce que Tu n’es connu qu’à partir<br />

du révélé que chacun a pu se méprendre, chacun selon son erreur. Lorsqu’en revanche<br />

Tu annules Ta Volonté au profit de celle du Juste, comme l’affirment nos maîtres, de<br />

mémoire bénie : « Le Saint béni soit-Il décrète et le Juste annule » (Moed Katan 16b), ils<br />

<strong>pour</strong>ront connaître ce qui est caché à partir de ce qui est dévoilé. Ainsi, lorsqu’ils voient<br />

que le système astrologique dicte un décret mais que le Juste parvient à l'abroger, tous<br />

sauront alors qu’il existe un Dieu qui accomplit la volonté du Juste. C’est en quoi : « Tout<br />

comme Pharaon décrète mais n’accomplit pas », Pharaon symbolise le système<br />

astrologique, dont les décrets sont visibles aux yeux de tous. « … Toi aussi, tu décrètes<br />

mais n’accomplis pas », car le Juste le révoque.<br />

C'est ce dont il s'agit dans : « Dieu fit dévier etc. », que le Midrach interprète : « Il fit<br />

dévier/VayaSeV », au sens de repas, c’est-à-dire de s’attabler en se couchant/HaSiBa.<br />

" Armés/va’HaMouCHim " de l’ordre d’un cinquième/‘HaMiCHa (Rachi), car il s'agit des<br />

cinq articulations de la parole, par lesquelles toutes les nations rejoignent la foi d’Israël<br />

<strong>pour</strong> Le servir à l'unisson, comme il est écrit : « Je transformerai alors en une langue<br />

claire <strong>pour</strong> toutes les nations, etc. »<br />

« Les enfants d’Israël montèrent du pays d’Egypte », de l’étroitesse de la gorge. Ceci<br />

est une allusion à l’élévation des enfants d’Israël sur (la bassesse de leurs) désirs<br />

600


primaires (que sont la nourriture et la boisson) depuis l’étroitesse de la gorge dont nous<br />

avons parlé. Grâce à la parole, on ramène les nations à la foi d’Israël. Il s'agit de<br />

l'essentiel de l’embellissement de la foi comme dans : « Elle se pare de bijoux qui n'ont<br />

pas existé ». Grâce à une foi parfaite, la nourriture est autorisée, de l'ordre de : « Vayasev<br />

».<br />

[Les paroles de Rabénou s’arrêtent ici].<br />

Concernant le paragraphe 2:<br />

Le mot « ChaLoM » a <strong>pour</strong> initiales les mots : « Véda Ma Chétachiv Laapikoross/Et<br />

sache quoi répondre à l’hérétique ». Par la paix, on arrive à répondre à l’hérésie du cœur,<br />

comme nous l’avons vu.<br />

En outre, la paix qui règne au sein du peuple d'Israël comme entre un homme et son<br />

prochain, permet également de neutraliser cette hérésie, comme expliqué ailleurs $[voir<br />

LMI-27]. Telles sont les paroles de nos sages de mémoire bénie : « Ephraïm est collé aux<br />

idoles, qu'on le laisse » (Osée, 4:17). Car lorsque la paix règne au sein d'Israël, même s'ils<br />

servent les idoles, ils sont pardonnés » (Béréchit Raba 38:6). En revanche, si « Leur cœur<br />

s'est partagé, ils seront alors coupables » (idem, 10:2). En effet, la discorde entraîne<br />

l’hérésie, comme rapporté plus haut. Ainsi, chacun reste ancré sur son opinion puisqu’il<br />

ne se concerte pas avec son prochain <strong>pour</strong> tenter de le convaincre. Et quand bien même<br />

se rencontreraient-ils <strong>pour</strong> parler, nul ne changerait d’opinion, à cause de l'esprit de<br />

compétition qui règne dans cette controverse. Cependant, quand réside la paix, on<br />

pardonne même à ceux qui pratiquent l’idolâtrie. Et grâce à la paix, il ne fait aucun doute<br />

que l’idolâtrie et l'hérésie qui résident en chacun d'eux s'annuleront sous l'effet des<br />

conversations réciproques. Ils se corrigeront l’un de l’autre de leurs croyances erronées<br />

et de leur hérésie. Ils parviendront certainement à une foi parfaite et droite, grâce à la<br />

paix, comme expliqué par ailleurs.<br />

Autre commentaire, relatif au paragraphe 2:<br />

C'est de la controverse que se forment les Lois juives, comme expliqué dans<br />

l’Enseignement "Téhila Lé David" (s’y référer attentivement). Il est rapporté à cet<br />

endroit que les Lois/Halakhot constituent la rectification de la controverse, car la<br />

combinaison des lettres de la « controverse/ma'HLoKeT » se transforme en une autre<br />

combinaison : « Lois juives/HaLaKHoT », comme mentionné. Consulte bien ce qui y est<br />

601


expliqué, car le Juste étudie les combinaisons de lettres de la controverse, et les<br />

transforme en lettres de la Loi. Tel est le sens de ce qui est rappelé ici, à savoir que l’on<br />

doit étudier les Lois juives, c’est-à-dire les Décisionnaires, afin de rectifier la discorde.<br />

Médite bien cela.<br />

A propos du paragraphe 5:<br />

" Une autre explication de ce principe est que l’essentiel de toute chose réside dans son<br />

commencement, car « tous les commencements sont difficiles », puisque l’on passe d'une<br />

extrême à l'autre. Etc.<br />

C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle, à chaque fois que l’on se rend chez le Juste, on doit<br />

considérer de s'y rendre comme si c'était nouveau (la première fois). Non pas comme<br />

celui qui est déjà venu chez ce Juste et qui y retourne une deuxième fois. Mais s’imaginer<br />

au contraire ne jamais avoir rendu visite au Juste, et d’agir comme <strong>pour</strong> la première fois<br />

(c'est-à-dire avec le même enthousiasme). En effet, l’essentiel est dans le<br />

commencement, vu que tous les commencements sont difficiles, comme déjà évoqué.<br />

Il en ressort donc que l’essentiel de la force du service divin de chaque jour réside dans<br />

le début de la chose. Ainsi, c'est selon la force et l’enthousiasme du commencement que<br />

l'on progresse et que l'on se comporte dans son service divin, car l’essentiel est le<br />

commencement. C’est <strong>pour</strong>quoi, il faut à chaque fois, recommencer à nouveau, car il se<br />

<strong>pour</strong>rait que le commencement ait manqué de perfection et dans ce cas, ton service<br />

n’atteint pas la perfection attendue, puisque tout se déroule en fonction du<br />

commencement. C’est <strong>pour</strong>quoi il faut, à chaque fois, recommencer de nouveau, et se<br />

rendre chez le Juste comme si c’était la première fois, animé par une grande force<br />

d’enthousiasme et une nouvelle vigueur <strong>pour</strong> le service de Dieu béni soit-Il, afin que ce<br />

service soit approprié à la mesure de notre élan de départ. Il faut ainsi, à chaque fois,<br />

éprouver cette appréhension de ne pas avoir réellement commencé comme il se doit, et<br />

de devoir recommencer, en se rendant chez le Tsadik, à chaque fois et toujours avec cet<br />

esprit de nouveauté.<br />

TORAH 63<br />

Adar 5565 – Avant la brit mila de son fils.<br />

Le secret des intentions mystiques (kavanot) de la circoncision<br />

602


La verge/Brit est appelée en araméen Ama/coudée, comme mentionné dans le Talmud<br />

(Chabat 108b), et renvoie à la coudée qui mesure six palmes/Tefa’him (Erouvin 50b),<br />

dont la Brit est composée. Ceci correspond à : « Des séraphins se tenaient debout près de<br />

lui, chacun ayant six ailes » (Isaïe 6:2). "Six ailes" correspondent aux six TeFa’Him<br />

évoqués plus haut. Ces six sont divisés en trois, de l'ordre de : « Deux cachant son visage,<br />

deux couvrant ses pieds et deux <strong>pour</strong> voler » (idem.). En effet, le "visage" correspond à<br />

« Il l’a frappé/TaFa’H au visage » (Baba <strong>Kama</strong> 32b). « Deux cachant son visage » fait<br />

référence aux deux Tefa’him, comme dans le principe de : « dévoile un Téfa’h et cache un<br />

Téfa’h », concernant la Brit, comme l’enseignent nos sages, de mémoire bénie $(Nédarim<br />

20b).<br />

« Deux couvrant ses pieds » correspond à « Le frappera/Tafa’h avec sa sandale » (Baba<br />

<strong>Kama</strong> idem) et renvoie également aux deux Tefa’him de « dévoile un Téfa’h et cache un<br />

Téfa’h ».<br />

« Et deux <strong>pour</strong> voler » correspond aux oiseaux, créés à partir de la boue (‘Houlin 27b),<br />

selon le principe « Quelque chose d’humide/ToFéa’H pouvant mouiller/léhaTPia’H autre<br />

chose » (Yoma, 78a, Guittin 16, Avoda Zara, 60). Ainsi, ces six Tefa’him sont tous englobés<br />

et placés dans la Brit, car ces six Tefa’him correspondent aux six jours durant lesquels<br />

l'Eternel forma le ciel et la terre, de l'ordre de : « Voici, Tu as strictement limité/TeFa’Hot<br />

mes jours » (Ps. 39:6), comme il est écrit : « Six jours durant, l'Eternel forma etc., et au<br />

septième jour, Il se reposa/vayaNa’H » (Chemot 20:11). En d’autres termes, tous ces six<br />

jours correspondant aux six Tefa’him, Dieu les plaça/hiNia’H dans le septième jour, qui<br />

est Chabat et qui renvoie à la Brit, comme dans le verset : « Une Alliance/Brit éternelle,<br />

entre Moi et les enfants d’Israël » (idem, 31:16-17).<br />

Il s'agit de la dimension de « BéRéCHiT/au commencement », « BaRa–CHiT »/«Il créa<br />

six » (Tikouné 26b), de l'ordre des six jours et des six Tefa’him, tous placés et inclus dans<br />

la Brit. Ceci relève de « BéRECHiT/BRiT–ECH/une alliance de feu » (Tikouné 18b),<br />

autrement dit, une alliance composée des six jours, des six Tefa’him, et six ailes. Il s'agit<br />

donc d'une alliance de feu, correspondant aux anges Séraphins (anges qui consument),<br />

dotés de six ailes, équivalents à la dimension des six Tefa’him, comme nous l’avons vu. En<br />

effet, le feu possède selon la science lui aussi six propriétés : celle de ramollir et de<br />

durcir, de cuire et de brûler, et de noircir et de blanchir. De même, l’oiseau possède six<br />

facultés, car l'envol lui permet de disparaître et d’apparaître, d'approcher et de<br />

s’éloigner, etc.<br />

603


Quant au Juste, qui relève de l’Alliance, de l'ordre de : « Le Juste est le fondement du<br />

monde » (Prov. 10:25), englobe les dimensions des six Tefa’him dont nous avons parlé,<br />

répartis en trois paires. Autrement dit, chacune de ces trois paires possède une fonction<br />

correspondante à « dévoile un Téfa’h et cache un Téfa’h ». En effet (première fonction) il<br />

relève de « dévoile un Téfa’h et cache un Téfa’h » par rapport à lui-même, ce qui<br />

correspond à : « Deux <strong>pour</strong> cacher son visage ».<br />

De même (deuxième fonction), il relève de « Dévoile un Téfa’h et cache un Téfa’h » dans<br />

sa relation au monde, qui renvoie à « Deux <strong>pour</strong> couvrir ses pieds ».<br />

Enfin (troisième fonction), il relève de « Dévoile un Téfa’h et cache un Téfa’h » dans sa<br />

relation avec Dieu béni soit-Il. Il s'agit alors de : « Et deux <strong>pour</strong> voler ».<br />

En effet, parfois le Juste est la dimension de "se dévoiler" par rapport au monde, dans le<br />

sens qu’il se révèle et se rapproche des hommes (Il découvre un Téfa’h). Mais parfois, il<br />

rentre dans la dimension de "se cacher", car il se dissimule et disparaît, en s’éloignant<br />

considérablement des gens. Ainsi, non seulement il s’éloigne et s’élève bien au-dessus<br />

des gens, sans leur laisser la possibilité de l'approcher, mais encore, apparaissent des<br />

objections et des remises en cause, au point de fausser et de troubler considérablement<br />

l'esprit des gens. Ceci est l'effet de son grand éloignement ainsi que les objections et les<br />

incompréhensions dont il fait l'objet. Telle est la notion de « cache un Téfa’h ». Il s'agit<br />

bien de la dimension de « Deux <strong>pour</strong> couvrir ses pieds », car les "pieds" évoque le mot<br />

"attirer vers", comme dans : « Tout le peuple qui est à tes pieds » (Chémot 11:8), c'est-àdire<br />

qui s’en remet à ton conseil (comme le rapporte Rachi). En l'occurrence, il s'agit de<br />

l'influence que le Juste a sur le monde, en l'attirant vers lui et qui correspond à : "dévoile<br />

un Téfa’h et cache etc." Car dans la mesure où il est impossible de recevoir directement<br />

de l’esprit du Juste tel qu'il est, il doit donc se cacher et se dissimuler dans de petites<br />

choses, afin de pouvoir se dévoiler et permettre au monde de profiter de lui. C’est bien là<br />

la dimension de « dévoile un Téfa’h et cache un Téfa’h ». Car en ce qui le concerne, se<br />

dissimuler et se cacher lui permet de se dévoiler puisque c'est grâce à cela qu'il se<br />

dévoile aux gens, car sinon il serait impossible qu'il se montre aux gens. Mais parfois, le<br />

Juste entre dans la dimension de "se cacher" réellement, à savoir qu’il se dérobe et se<br />

dissimule de leur regard, et en s’éloignant d'eux, il suscite leur étonnement.<br />

604


De la même façon, la relation avec Dieu béni soit-Il doit-elle relever du principe de<br />

« Dévoile un Téfa’h et cache etc. ». Il faut en effet, s’attacher et se rapprocher de Dieu béni<br />

soit-Il, comme s’Il se déVoilàit et s'approchait (de nous), si l’on peut s’exprimer ainsi.<br />

Cependant, plus on se rapproche de Dieu béni soit-Il, plus on doit s’en éloigner. C'est-àdire<br />

que plus on se rapproche de Dieu béni soit-Il et plus il faut être conscient que nous<br />

sommes loin. En effet, si l’on venait à penser et à imaginer s'être rapproché de Dieu béni<br />

soit-Il, et le connaître, ce serait précisément le signe de notre ignorance absolue. En effet,<br />

si l’on connaissait un tant soit peu Dieu béni soit-Il, on aurait conscience de notre<br />

incommensurable éloignement par rapport à Lui. Aussi, plus on se rapproche de Dieu<br />

béni soit-Il et plus on sait de choses, plus on reconnaît notre extrême éloignement et<br />

notre totale ignorance. Une telle notion reste impossible à exprimer par la bouche ni à<br />

expliquer, vu l'infinité de la grandeur du Créateur. C’est ce qu’illustre le verset : « Paix à<br />

celui qui est loin et à celui qui est proche » (Isaïe 57:19), ce qui correspond à : « Dévoile un<br />

Téfa’h et cache etc. », dans le sens où plus on rapproche, plus on s’éloigne, comme nous<br />

l'avons expliqué. C’est ce dont il s'agit dans « Deux <strong>pour</strong> voler », que le Targoum traduit<br />

dans le sens de "service", autrement dit il s'agit « Dévoile un Téfa’h et cache etc. » relatif<br />

au service divin que l'on rend à Dieu béni soit-Il, comme nous l’avons vu.<br />

« Et deux <strong>pour</strong> cacher son visage » correspond à « Dévoile un Téfa’h et cache un Téfa’h »,<br />

par rapport au Juste lui-même. En effet, le "visage" peut se comprendre au sens de<br />

"colère", comme dans le verset : « Ma Face vous guidera » (Chémot 33:14), mais<br />

également au sens d’agrément et de providence de Dieu béni soit-Il, comme il est écrit :<br />

« Que l'Éternel fasse rayonner Sa Face sur toi » (Nombres 6:25). Ainsi, le Juste décide<br />

parfois de prendre sur lui des souffrances, <strong>pour</strong> le bien du monde. Il s'agit d'une sorte<br />

d’échange, dans le sens où il échange avec Dieu béni soit-Il la bénédiction et la<br />

providence. Refusant de les recevoir <strong>pour</strong> lui-même, il décide de cacher la face de cette<br />

Providence et prend sur lui les souffrances, et optant <strong>pour</strong> une bénédiction et une<br />

providence d’ordre spirituel. Ainsi, cette même abondance (matérielle) qui lui échappe<br />

est alors répartie parmi le monde. Il s'agit bien de la dimension de « Dévoile un Téfa’h et<br />

cache etc. », puisque parfois il dévoile un visage bienveillant et providentiel et masque la<br />

face coléreuse, et parfois, il cache un visage bienveillant et providentiel.<br />

Par ailleurs, les pains de proposition/Lé’hem Hapanim s’applique à l’Alliance, comme il<br />

est écrit : « Au jour du Chabat, il les disposera devant l’Éternel, etc. Alliance perpétuelle »<br />

605


(Lévitique 24:8). De plus, il est écrit à leur sujet : « Tu lui feras une bordure large d’un<br />

Téfa’h » (Chémot 25:25).<br />

En outre, c’est la raison <strong>pour</strong> laquelle la dimension qui reçoit les six TéFa’Him s'appelle<br />

« miTPa’Hat/foulard », comme il est écrit : « Prête le foulard » (Ruth 3:15). En effet, c'est<br />

ce qu'elle (Ruth) avait demandé (à Boaz), comme il est écrit : « Etends le pan de ton<br />

manteau/Kénafékha (littéralement "tes ailes") sur ta servante » (idem, 9), ce qui signifie<br />

qu'elle réclama les "ailes" dont nous avons parlé plus haut, qui correspondent aux six<br />

Tefa’him. Aussi, il lui répondit : « Apporte moi le foulard, et il mesura <strong>pour</strong> elle six mesures<br />

d’orge » qui équivalent aux six Tefa’him et aux six ailes dont nous avons parlé.<br />

Il existe un serpent dont une fourmi est logée dans sa bouche. Cette fourmi n’est<br />

certainement pas à l’aise, puisqu'elle se trouve dans la bouche du serpent. Parfois, ce<br />

serpent rampe, parfois il vole. La différence qu’il y a entre le vol et le rampement est<br />

qu'en volant, il peut en un instant s'élancer et planer sur une longue distance, alors qu’en<br />

rampant, il se déplace peu à peu, comme le font celui qui se meut d’un mouvement lent.<br />

Pour toutes les mauvaises paroles que l'on prononce, en particulier lorsqu’elles visent les<br />

vrais Justes, on forme des ailes à ce serpent qui peut alors s’envoler. C’est à l’opposé des<br />

paroles de sainteté, qui créent des ailes de sainteté, de l’ordre de « Et celui qui possède des<br />

ailes dira la parole » (Kohélet 10:20). A l'inverse, par les médisances, on forme des ailes à<br />

ce serpent, qui sont à l’opposé des six ailes de sainteté.<br />

En effet, la parole émane des lobes (litt. des ailes) des poumons, c'est <strong>pour</strong>quoi elle se<br />

transforme en ailes <strong>pour</strong> le serpent, et de la parole émerge les six anneaux de la trachée,<br />

en correspondance avec les six ailes de sainteté.<br />

En fait, ce serpent représente les « savants du mal ». Ils étudient la philosophie et<br />

l’hérésie, comme il est écrit : « Ils sont savants <strong>pour</strong> faire le mal, mais ignorants <strong>pour</strong> faire<br />

le bien » (Jérémie 4:22). Dans le sens où ils ne sont savants que <strong>pour</strong> le mal, et quand bien<br />

même ils voudraient faire usage de leur intelligence <strong>pour</strong> faire le bien, ils en seraient<br />

incapables.<br />

Ils correspondent au serpent comme dans : « Et le serpent était le plus rusé de tous les<br />

animaux du champ » (Bér. 3:1). C'est au moyen des médisances que l'on forme des ailes à<br />

ces sages qui comme le serpent, <strong>pour</strong>ront s’envoler et planer. Il s'agit en d'autres termes,<br />

de la diffusion et de la propagation de leur sagesse et de leur hérésie dans le monde, en y<br />

causant des dommages considérables. De plus, quand ils s’adonnent à leur spéculation,<br />

ils s’envolent (intellectuellement), à l’image de celui dont l’esprit est volatile. Autrement<br />

606


dit, leur intellect se meut très rapidement, et leur sagesse se développe<br />

considérablement. Cependant, si ce serpent est dé<strong>pour</strong>vu d’ailes, ce qui suppose<br />

l'absence de paroles négatives comme nous l'avons expliqué, alors le serpent se retrouve<br />

simplement dans sa dimension de ramper. A la même image de ces nuisibles savants qui<br />

continueront leurs investigations qu’en groupe restreint, sans propager (leurs inepties)<br />

dans le monde. C'est-à-dire que leur sagesse ne se répandra pas et ne diffusera pas dans<br />

le monde. Ainsi, la casse sera limitée, et elle ne cantonnera qu’à leurs proches, élèves et<br />

amis. Ils ne peuvent aucunement nuire à celui qui leur est éloigné, à l’instar de celui qui<br />

rampe, qui se déplace lentement et ne peut pas atteindre des lieux éloignés à la<br />

différence de celui qui vole. De plus, même en petit cercle fermé, leur esprit ne prendra<br />

pas d’essor. Autrement dit, leur sagesse ne se développera pas comme ceux qui ne<br />

s'envolent pas, et manqueront de vivacité dans leur études. Ils <strong>pour</strong>suivront leurs<br />

recherches petit à petit, de la même manière que l’on rampe. En outre, les dommages<br />

qu’ils causent aux autres par leur philosophie ne sera que du niveau de « ramper », dans<br />

le sens où elle ne s’envole pas (elle a peu d’influence) et ne pénètre pas profondément les<br />

esprits et les cœurs. Certes, elle peut parfois effleurer l’esprit mais sans pénétrer<br />

intimement à l’intérieur du cœur et du cerveau. En revanche, lorsqu’à Dieu ne plaise, s’ils<br />

possèdent des ailes issues de ces paroles mauvaises, comme nous l'avons vu, leur esprit<br />

s’envolera et causera également des dommages à distance, à l’image de celui qui vole et<br />

parcourt en un instant une longue distance. Leur sagesse perverse pénétra également<br />

<strong>pour</strong> s’introduire et s’attacher très profondément dans le cerveau et le cœur des gens.<br />

Quant à la fourmi posée dans la bouche du serpent, elle symbolise le sage de la<br />

génération. Celui qui est un sage droit et juste, doté de bonnes vertus. Et seul le grand<br />

Sage de sainteté, se doit d’étudier leurs sagesses. Mais face à ces savants qui développent<br />

leurs doctrines et leurs études propres à leur domaine, le Juste ressent une très grande<br />

souffrance et se livre à une guerre intense contre eux, c’est-à-dire contre le serpent dont<br />

nous avons parlé. En effet, le Juste est particulièrement assailli par des troubles et des<br />

croyances illusoires. Il se trouve alors en situation de « confiance dans un traître » (Prov.<br />

25:19), dans le sens où il est assailli par "une confiance de traître", qui n'est pas une<br />

confiance entière et authentique comme elle le devrait. Il s'agit de croyances illusoires,<br />

de l'ordre de : « Une dent branlante, un pied chancelant, voilà ce que vaut la confiance<br />

qu'on a dans un traître » (idem). Autrement dit, cette confiance en un traître est, <strong>pour</strong> un<br />

sage, comparable à une dent sur le point de tomber, et qui équivaut à la fourmi dans la<br />

607


ouche du serpent, comme décrite plus haut. En effet, puisqu'il s’agit d’un sage qui est<br />

engagé dans le service de l'Eternel, ces troubles et autres croyances trompeuses viennent<br />

l’assaillir au plus haut point, de telle sorte qu’il doit, sans cesse, se livrer à un combat<br />

titanesque contre elles. Ainsi, que le serpent rampe ou vole, la souffrance et la lutte<br />

restent très intenses. Toutefois, lors du vol du serpent, le tourment du sage est<br />

évidemment encore plus fort.<br />

Mais que le serpent rampe ou qu’il vole, le sage ne connaît aucun repos. Il existe<br />

cependant un état intermédiaire, entre le rampement et le vol, lorsqu’il cesse de battre<br />

des ailes <strong>pour</strong> descendre du haut vers le bas, à l’image de celui qui est en train de voler et<br />

au moment où il souhaite atterrir et toucher le sol. La fourmi connaît alors le repos car le<br />

serpent n’est, ni en train de ramper ni en train de voler. Ceci signifie qu’à certains<br />

moments, ces savants se reposent et n’étudient pas, comme par exemple dès l’instant où<br />

ils dorment ou lorsqu’ils mangent : ces périodes constituent un repos <strong>pour</strong> le sage (Juste)<br />

symbolisé par la fourmi logée dans la bouche du serpent. En effet, le sage est représenté<br />

par la fourmi, comme il est écrit : « Va trouver la fourmi, paresseux, observe ses façons<br />

d'agir et deviens sage » (Prov. 6:6), car c’est ce sage enseigne la connaissance et les voies<br />

de l'Eternel au peuple.<br />

Tel est le secret des paroles du Saba $(Zohar II, 95a) : « Qui est le serpent qui vole dans<br />

les airs et marche par séparation ? Entre-temps, la fourmi qui se trouve entre ses dents<br />

connaît le repos ». Tout ceci fait référence au serpent évoqué plus haut.<br />

« Vole dans les airs » signifie que son envol s’effectue au moyen des "airs", autrement<br />

dit, au moyen des paroles mauvaises, d’où ses ailes se forment.<br />

« Et marche par séparation » signifie sont état de déplacement. Lorsque les ailes de<br />

sainteté sont restaurées, et que le serpent n’a pas bénéficié d’ailes issues de paroles<br />

mauvaises, ce serpent ne peut alors que se mouvoir sur terre. C’est ce qui justifie<br />

l'expression : « marche par séparation », de l'ordre de : « Leurs ailes étaient séparées en<br />

haut » (Ezéchiel 1:11). Il s'agit donc des ailes de la sainteté. Aussi, il « marche » puisqu’il<br />

ne possède plus que cette dimension de marche, il reste toujours avec cette capacité de<br />

se déplacer. En effet, les savants bénéficient du libre-arbitre de se livrer à tout moment à<br />

des spéculations, mais restent limités car s’ils n'ont pas reçu d'ailes provenant des<br />

mauvaises paroles. Il ne leur reste que la dimension de la marche, comme nous l'avons<br />

dit.<br />

608


« Entre-temps », fait référence au stade intermédiaire, situé entre la marche et le vol, tel<br />

que nous l'avons expliqué plus haut. Ceci est appelé "entre-temps", <strong>pour</strong> signifier qu'il<br />

s'agit du temps entre la marche et le vol. C'est à ce moment que " la fourmi qui se<br />

trouve entre ses dents connaît le repos".<br />

« Ils commencent par l'union mais débouchent à la séparation ». Il s’agit de ces<br />

chercheurs, qui sont des savants <strong>pour</strong> le mal, liés au serpent, dont la science et la<br />

recherche « commencent par l'union ». Dans le sens où ils entreprennent leurs<br />

recherches d'une volonté d'union, c’est-à-dire, <strong>pour</strong> unir la matière et la forme.<br />

« Mais débouchent à la séparation » car leur sagesse aboutit à des intelligences<br />

séparées. En effet, ce qui caractérise toutes leurs recherches est de commencer par<br />

l’étude de l'union de la matière avec la forme, puis de s’élever de niveau en niveau.<br />

D’abord par la relation entre la matière et la forme de choses matérielles, puis ensuite<br />

par la relation entre la matière et la forme de choses plus fines. Ils investiguent alors<br />

dans le domaine, des causes et des effets, jusqu’à aboutir aux intelligences séparées. Ils<br />

souhaitent parvenir, par leurs recherches intellectuelles humaines - confuses et erronées<br />

- comme ils l’admettent eux-mêmes, à atteindre en partant des choses reliant la forme à<br />

la matière, la compréhension des intelligences séparées. Tel est le sens de « Ils<br />

commencent par l'union mais débouchent à la séparation ».<br />

TORAH 64<br />

L'Éternel dit à Moché : "Rends-toi chez Pharaon car J'ai appesanti son cœur et celui de<br />

ses serviteurs, afin d'opérer tous ces signes en son sein et <strong>pour</strong> que tu racontes à ton<br />

fils et à ton petit-fils ce que J'ai fait en Egypte et les signes que J'y ai apposé, et vous<br />

reconnaîtrez ainsi que Je suis l'Éternel … Voici, Je susciterai demain des sauterelles<br />

dans ton territoire » (Chémot, 10:1-2-4).<br />

1- Le Saint béni soit-Il créa le monde en raison de Sa miséricorde, car Il souhaita<br />

dévoiler Sa Miséricorde. Et si la création du monde n’avait eu lieu, à qui aurait-Il montré<br />

Sa Miséricorde ? Il créa donc toute la création, depuis le commencement du monde de<br />

l’Emanation (Atsilout), jusqu’à l’extrémité du point central du monde matériel, afin de<br />

montrer Sa Miséricorde.<br />

609


Et lorsque Dieu s’apprêta à créer le monde, il n’y avait d’endroit où le créer, tout étant<br />

(encore) Infinité. Il contracta donc la Lumière (infinie de Sa Présence) sur les côtés, et<br />

cette contraction donna lieu à un Espace vacant (de Sa Présence). Et à l’intérieur de cet<br />

Espace vacant, furent créés les jours et les mesures (dont le temps et l’espace), ce qui<br />

constituent la création du monde (comme indiqué au début du Ets ‘Haïm). L’Espace vacant<br />

était (en fait) nécessaire à la création du monde, car il n’y aurait sans lui d’espace<br />

permettant de créer le monde.<br />

Et cette contraction de l’Espace vacant ne <strong>pour</strong>ra être comprise et saisie que dans les<br />

temps futurs, car elle implique deux notions opposées : l’Existence et le néant. En effet,<br />

l’Espace vacant résulte de la Contraction, car si l’on peut s’exprimer ainsi, le Saint béni<br />

soit-Il, y contracta Sa Divinité : le Divin n’est donc en ce lieu, car le cas contraire, cet<br />

Espace ne serait pas vacant et tout serait infinité, ne laissant aucune place à la création du<br />

monde. Mais en réalité, quoi qu’il en soit, le Divin s’y trouve bien évidement, également,<br />

car bien entendu, il n’est rien qui soit autonome de Sa Vitalité. Et en raison de cette<br />

contradiction, il ne sera possible de comprendre le concept d’Espace vacant qu’aux temps<br />

futurs.<br />

2- Sache par ailleurs qu’il existe deux formes d’hérésie. L’une, dérivant des sagesses<br />

extérieures, et au sujet de laquelle il a été dit : « Sache quoi répondre à l’hérétique » (Avot<br />

2:14). En effet, il existe une réponse à cette forme d’hérésie, parce qu’issue des sagesses<br />

extérieures provenant des résidus, en d’autres termes, de la brisure des réceptacles. Car<br />

du fait de la surabondance de lumière, les réceptacles se brisèrent, engendrant ainsi les<br />

Ecrans (Klipot), comme expliqué dans les livres de Cabale. Et les sagesses extérieures y<br />

sont issues, de la brisure des Réceptacles, déchets ou résidus de la Sainteté. Et tout<br />

comme il existe chez l’homme différentes sortes de déchets ou résidus, tels que les ongles,<br />

les cheveux, la transpiration ou autres, ainsi chaque sagesse extérieure est issue d’un<br />

déchet ou résidu spécifique issu de la sainteté. Ainsi (à titre d’exemple), la sorcellerie<br />

provient d’un déchet et d’un résidu spécifique.<br />

610


Ce qui explique <strong>pour</strong>quoi celui qui s’égare dans une telle hérésie, bien qu’il doive bien<br />

entendu la fuir et y échapper, quoi qu’il en soit, il est possible <strong>pour</strong> celui qui s’y est<br />

égaré, de trouver le salut et ainsi, s’en échapper, parce qu’il <strong>pour</strong>ra y trouver le Saint<br />

béni soit-Il, s’il L’invoque et fait appel à Lui, de cet endroit même. En effet, ces hérésies<br />

étant issues de la brisure des réceptacles, renferment des étincelles de sainteté, des<br />

lettres qui se sont brisées et se sont retrouvées déchues en cet endroit. On <strong>pour</strong>ra donc<br />

y trouver le Divin, un intellect lui permettant de répondre aux questions générées par<br />

cette forme d’hérésie issue des sagesses extérieures, lesquelles sont issues des résidus<br />

des débris de la brisure des réceptacles. Car en effet, on y trouve bel et bien une vitalité<br />

divine, c’est-à-dire, un intellect, lettres brisées, qui se sont échouées là-bas. Il existe<br />

donc une réponse à cette forme d’hérésie, dont il est dit : « Sache quoi répondre à<br />

l’hérétique ».<br />

Mais il existe une autre forme d’hérésie, se caractérisant par des sagesses qui n’en sont<br />

pas, mais qui dans la mesure où elles sont profondes et que l’on ne peut les comprendre,<br />

ressemblent à des sagesses. Comme lorsqu’une personne expose une explication erronée<br />

sur un passage du Talmud et qu’il ne se trouve d’érudit apte à répondre à la question<br />

soulevée par son explication, et qu’il semble alors que cet homme ait fait preuve d’une<br />

grande perspicacité, bien qu’en réalité, son explication n’en soit pas une. Ainsi, nous<br />

trouvons plusieurs énigmes et questions que posent les philosophes, et qui ne relèvent<br />

nullement d’une quelconque sagesse puisque les questions qu’ils soulèvent sont en fait<br />

infondées. Et cependant, l’entendement humain ne pouvant donner la réplique, cela<br />

donne à ces énigmes un semblant de sagesse, par les questions qu’elles soulèvent.<br />

Et il est en réalité impossible de répondre à de telles questions, car les questions<br />

soulevées par cette forme d’hérésie proviennent de l’Espace Vacant, dans lequel le Divin<br />

n’est pas, si l’on peut dire ainsi. De ce fait, les questions issues de cet endroit, de cette<br />

dimension d’Espace Vacant, ne peuvent de quelque manière que ce soit êtres élucidées,<br />

c’est-à-dire y trouver le Saint béni soit-Il, car si l’homme y trouvait le Saint béni soit-Il, cet<br />

endroit ne serait pas vacant et tout serait infini, comme nous l’avons expliqué. C’est<br />

611


<strong>pour</strong>quoi, le verset témoigne au sujet de cette forme d’hérésie : « Tous ceux qui y entrent,<br />

n’en reviennent plus » (Prov. 2:19), car il n’existe aucune réponse à cette forme d’hérésie,<br />

puisqu’elle dérive de l’Espace Vacant d’où le Saint béni soit-Il contracta Sa Divinité, si l’on<br />

peut s’exprimer ainsi.<br />

À la différence, qu’Israël, grâce à la foi, fait fît de toutes ces « sagesses », y compris de<br />

cette forme d’hérésie issue de l’Espace Vacant, car il croit en Dieu, sans recourir à quelque<br />

prospection ou investigation, mais d’une foi pleine et entière.<br />

En effet (nos Maîtres ont enseignés que) : « le Saint béni soit-Il emplit tous les mondes<br />

et entoure tous les mondes » (Zohar III, 225a), duquel nous apprenons que Dieu se trouve,<br />

si l’on peut dire, aussi bien à l’intérieur des mondes, qu’autour des mondes. Mais il faut<br />

donc (<strong>pour</strong> ce faire) qu’il est une distinction entre l’Immanence et la Transcendance, sans<br />

quoi, tout ne serait qu’une seule et même chose. Cependant, par la dimension d’Espace<br />

vacant d’où Il contracta Sa Divinité et à l’intérieur duquel Il conçut toute la création ;<br />

l’Espace Vacant entoure donc le monde entier, et le Saint béni soit-Il qui entoure tous les<br />

mondes, entoure également l’Espace Vacant ; on peut donc dire que Dieu emplit tous les<br />

mondes, soit l’ensemble de la création qui fut engendrée à l’intérieur de l’Espace Vacant,<br />

et qu’Il entoure tous les mondes, et donc entoure également l’Espace Vacant. Et voilà<br />

qu’au milieu (de ces deux notions) s’interpose l’Espace Vacant, d’où Il contracta Sa<br />

Divinité.<br />

Aussi, grâce à la foi, celle que le Saint béni soit-Il emplit tous les mondes et entoure<br />

tous les mondes, et puisqu’Il entoure tous les mondes, l’Espace Vacant lui-même émane<br />

également de la Sagesse divine et le Divin s’y trouve donc de toute évidence, quoique<br />

toutefois il soit impossible de saisir cette idée, c'est-à-dire trouver Dieu en cet endroit.<br />

Aussi, le Juif ne tient pas compte des spéculations, questions et hérésies issues de l’Espace<br />

Vacant, car il comprend que l’on ne peut en aucun cas, y trouver une réponse, car trouver<br />

une réponse reviendrait à dire que l’on y trouverait Dieu, et si tel était le cas, l’Espace en<br />

612


question n’est donc pas Vacant et il aurait été impossible d’y faire naître la création. Mais,<br />

sans l’ombre du doute, il existe toutefois des réponses à ces questions, et le Saint béni<br />

soit-Il s’y trouve bel et bien. Seulement, l’usage de spéculations philosophiques, y<br />

embourbe l’homme (qui s’y adonne), puisqu’il est impossible d’y trouver le Saint béni<br />

soit-Il, car Espace y étant vacant (de Sa Présence). Et il faut simplement croire que le Saint<br />

béni soit-Il l‘entoure également, et que donc, évidemment, Dieu s’y trouve également.<br />

Et c’est la raison <strong>pour</strong> laquelle les Juifs sont appelés « Hébreux/IVRIM », en ce sens<br />

qu’ils « traversent/OVRIM », grâce à leur foi, toutes les sagesses, y compris celles qui n’en<br />

sont pas véritablement, soit cette seconde forme d’hérésie issue de l’Espace Vacant,<br />

comme fait état. Et c’est <strong>pour</strong>quoi, Dieu est appelé « le Dieu des Hébreux/haIVRim »<br />

(Chémot, 3:18), comme dans : « De l’autre rive/méEVeR du fleuve » (Jos, 24:3), au sens de<br />

"côté". En d’autres termes, Sa Divinité entoure également l’Espace Vacant, issu de la<br />

Contraction par laquelle Il contracta la Lumière sur les "côtés". Et c’est <strong>pour</strong>quoi Israël est<br />

appelé "Ivrim", car par leur foi, ils croient que le Saint béni soit-Il est le Dieu des « côtés »,<br />

et font ainsi fît, de toutes les sagesses et de toutes celles qui n’en sont pas, c’est-à-dire la<br />

seconde forme d’hérésie, comme évoqué.<br />

De ce fait, il faut bien évidemment se méfier au plus haut point de cette seconde forme<br />

d’hérésie, la fuir et s’en échapper, ne pas consulter ou s’intéresser à ce qu’ils peuvent dire,<br />

car à Dieu ne plaise, on s’y perdrait forcément, et comme en at<strong>test</strong>e le verset : « Tous ceux<br />

qui y entrent, n’en reviennent plus ».<br />

3- Sache cependant, que s’il existe un grand Tsadik qui correspond à la dimension<br />

de Moché, ce Juste doit justement étudier ces paroles d’hérésie. Et même s’il est<br />

impossible de les expliquer, il n’en reste pas moins que par cette étude, il parvient à élever<br />

de là-bas certaines âmes qui sont tombées et se sont enfoncées au cœur de cette hérésie.<br />

En effet, les énigmes et questions relatives à cette forme d’hérésie issue de l’Espace<br />

Vacant, relèvent de la dimension de "silence", puisque nulles intelligence ou lettres ne<br />

peuvent les résoudre. Car la création fut engendrée par la parole, comme il est écrit : « Par<br />

613


la parole de l’Eternel les cieux se sont formés, par le souffle de Sa bouche, toutes leurs<br />

légions » (Ps. 33:6), et la parole renferme une sagesse. Le principe de la parole se limite<br />

(également) aux cinq articulations de la parole, par lesquelles toute chose créée put voir<br />

le jour, et ainsi qu’il écrit : « Tu les as tous créés par la sagesse » (Ps. 104:24). Et la parole<br />

constitue la limite de toute chose, car Dieu a circonscrit Sa Sagesse dans les lettres, de<br />

manière à ce que telles lettres délimitent telle chose, et telles autres lettres délimitent<br />

telle autre chose. Dans l’Espace Vacant, par contre, à la périphérie des mondes et étant<br />

totalement vide, il n’y a de parole, pas même une intelligence, sans lettres (ou<br />

informulées). Et c’est <strong>pour</strong>quoi les énigmes qui en émanent relèvent du silence, comme<br />

l’enseigne l’épisode de Moché s’interrogeant sur la mort (dramatique) de Rabbi Akiva :<br />

« Est-ce donc le salaire réservé à un si haut niveau de Torah ? », et auquel il fut répondu :<br />

« Tais-toi, car c’est ainsi que la Pensée s’est élevée » (Ména’hot, 29b). En d’autres termes,<br />

tu dois te taire, t’abstenir de chercher une quelconque réponse tendant à résoudre<br />

l’énigme, car elle appartient à la Pensée, celle qui dépasse la parole. Et tu dois donc te<br />

taire devant une telle question, car elle correspond à ce qui « s’éleva dans la Pensée », ce<br />

qu’aucune parole ne peut expliquer. Ainsi, les questions et énigmes issues de l’Espace<br />

Vacant, desquelles sont absentes la parole ou quelque intelligence (perceptible), relèvent<br />

donc de la dimension du silence. Il convient donc de croire, seulement, et en cet endroit,<br />

se taire. Et il est donc interdit d’entrer ou porter un regard dans ce que peuvent dire ces<br />

hérésies et égarements, à l’exception du Juste relevant de la dimension de Moché. Car<br />

Moché représente la notion de silence, d’où l’idée de : « bouche pesante » (qui le<br />

caractérisa, au début de sa mission), et qui renvoie à l’idée du silence surpassant la parole.<br />

Ainsi, le Juste qui correspond à Moché, soit au silence, peut porter son regard dans les<br />

spéculations et énigmes de l’ordre du silence. Et il doit justement s’y intéresser, afin<br />

d’élever les âmes qui ont pu s’y perdre, comme évoqué.<br />

4- Et sache que la discorde est un aspect de la création du monde. En effet, l’origine<br />

de la création du monde tient de l’Espace Vacant, puisque sans lui, tout aurait été infini et<br />

qu’il n’y aurait eu de lieu permettant de créer le monde. Dieu contracta donc Sa Lumière<br />

614


vers les côtés, faisant ainsi apparaître un Espace Vacant dans lequel Il réalisa toute la<br />

Création, soit les jours et les mesures, par Son verbe, ce qu’indique : « Par la parole de<br />

l’Eternel les cieux se sont formés… ». C’est ce qui se passe lors d’une discorde, car si tous<br />

les érudits en Torah ne faisaient qu’un, il n’y aurait de place <strong>pour</strong> la création du monde.<br />

C’est uniquement par la discorde qui règne entre eux, et que s’opposant l’un à l’autre,<br />

chacun prend une direction différente, qu’est ainsi reproduit, entre eux, une forme de<br />

l’Espace Vacant, correspondant à la contraction de Lumière sur les côtés, origine de la<br />

création du monde par la parole. Car toutes les paroles que chacun d’eux émet, n’ont<br />

d’autre but que celui de la Création du monde qui se crée par leur intermédiaire, à<br />

l’intérieur de l’Espace vacant existant entre eux. Car les érudits de la Torah créent tout par<br />

leurs paroles, comme l’indique le verset : « Dire à Tsion : tu es Mon peuple » (Isaïe, 51:16)<br />

– ne lis pas Ami (mon peuple) mais Imi (avec Moi), tout comme Je crée le ciel et la terre<br />

par Ma Parole, il en est de même <strong>pour</strong> vous (Zohar I, 5a).<br />

Mais il faut toutefois veiller à ne pas trop parler, uniquement ce qui est nécessaire à la<br />

création du monde, sans plus. Car par la surabondance de lumière, les réceptacles ne<br />

purent supporter cette abondance et se brisèrent, et cette brisure engendra les Klipot. De<br />

même, si quelqu’un parle trop, ce surplus de paroles crée des Écrans (Klipot), car sa<br />

parole est alors comme cette surabondance de lumière à l’origine de la brisure des<br />

réceptacles dont sont issues les Klipot.<br />

Telle est l’explication de cette Michna : « Tout au long de mes jours, j’ai grandi<br />

parmi les Sages et je n‘ai rien trouvé de meilleur <strong>pour</strong> le corps que le silence. Le<br />

principal n’est pas l’étude mais l’action et toute personne qui parle trop entraîne la<br />

faute » (Avot 1:17)<br />

« Tout au long de mes jours, j’ai grandi parmi les Sages » - "entre les Sages", fait<br />

référence à l’Espace Vacant, engendré et conçu entres les Sages, soit, la division et le<br />

désaccord qui existent entre eux, et d’où l’expression "entre les Sages", littéralement, car<br />

s’ils étaient tous unis, on ne <strong>pour</strong>rait dire « entre les Sages ». Ainsi, la discorde génère la<br />

615


dimension d’Espace vacant, à l’intérieur duquel a été réalisée la création, soit les jours et<br />

les mesures. C’est <strong>pour</strong>quoi : «Tout au long de mes jours, j’ai grandi », c’est-à-dire,<br />

j’augmentais mes jours et mes mesures, liées à la dimension de création du<br />

monde. « Entre les Sages », entre les Sages, véritablement, à l’intérieur de l’espace<br />

Vacant, d’où est née toute la création. Ainsi donc « J’ai grandi » - j’ai fait grandir mes jours<br />

et mes mesures de la petitesse à la grandeur. Et c’est <strong>pour</strong>quoi il les désigna : « mes<br />

jours », car il s’agit bien de "ses" jours, puisque créant le monde, comme nous l’avons vu.<br />

Ainsi : « Je n‘ai rien trouvé de meilleur <strong>pour</strong> le corps que le silence », car là-bas, dans<br />

l’Espace Vacant, il n’y a rien de mieux que le silence, comme il fut expliqué, car il est<br />

interdit d’y entrer, hormis celui qui relève de la dimension du silence, ou dimension de<br />

Moché. De fait, « Tout au long de mes jours, j’ai grandi parmi les Sages et je n'ai rien<br />

trouvé », car étant parvenu à ce niveau, le niveau du silence, ce que témoignent les mots<br />

(par lesquels il fait part de son expérience) qu’il n’a rien trouvé de mieux que le silence, il<br />

faisait ainsi grandir ses jours et ses mesures dans l’Espace Vacant. Car il est interdit d’y<br />

entrer, hormis celui qui est au niveau de cette forme de silence ». C’est <strong>pour</strong>quoi « Le<br />

principal n’est pas l’étude mais l’action et toute personne qui parle trop, entraîne la<br />

faute » - car dans toutes les études et paroles que ces Sages expriment, l’essentiel n’est<br />

pas l’étude à proprement parler, mais l’action car, par leurs paroles, ils feront et créeront<br />

le monde, comme dans l’enseignement précité, de nos Sages : « Ne lis pas, Ami, Mon<br />

peuple, mais Imi, avec Moi ». Cependant, toute personne qui parle trop entraîne la faute,<br />

car la surabondance de lumière engendra les écorces (Klipot).<br />

5- Sache également que par la mélodie du Juste du niveau de Moché, celui-ci élève<br />

les âmes tombées dans l’hérésie relative à l’Espace Vacant.<br />

En effet, sache que chaque sagesse au monde, possède son chant et sa mélodie<br />

spécifique : telle mélodie correspond spécifiquement à telle sagesse, car de cette mélodie<br />

émane cette sagesse, et comme l’évoque le verset : « Chantez, l’intelligence » (Ps. 47:8),<br />

indiquant que chaque réflexion, chaque sagesse possède son chant et sa mélodie. Y<br />

compris une sagesse hérétique, qui possède elle aussi, une mélodie, spécifique à la<br />

616


sagesse hérétique. C’est ainsi que nos Sages, de mémoire bénie, affirment (‘Haguiga, 15b) :<br />

« Qu’est-ce qui habitait A’her (<strong>pour</strong> s’être ainsi dévoyé) ? (Et de répondre) : « il ne cessait<br />

de fredonner une mélodie grecque, et lorsqu’il quittait la maison d’étude, plusieurs livres<br />

hérétiques s’échappaient de lui ». Car l’un dépend de l’autre : justement parce qu’il<br />

chantait constamment cette mélodie, que les livres hérétiques s’échappaient de lui, car<br />

cette mélodie était spécifiquement liée à son hérésie.<br />

Ainsi, toute sagesse, selon sa nature et son niveau, possède son chant et sa mélodie<br />

spécifique. Et cela est vrai de niveau en niveau, car la sagesse appartenant à un niveau<br />

plus élevé, possède une mélodie plus élevée, selon la nature de cette sagesse. Il en est de<br />

même tout en haut, jusqu’au point initial de la Création, qui est le commencement du<br />

Monde de l’Emanation, qui est le monde le plus élevé qui soit, et dont la sagesse qui s’y<br />

trouve n’est entourée que de la Lumière de l’Infini entourant l’Espace Vacant, dans lequel<br />

se trouvent toutes les créatures et toutes les sagesses. Bien sûr, la notion de sagesse est<br />

présente en ce lieu, mais il est cependant impossible de percevoir et saisir la sagesse qui<br />

se trouve dans la Lumière de l’Infini : car l’Infini, c’est le Saint béni soit-Il lui-même, et Sa<br />

Sagesse ne saurait en aucun cas être (humainement) saisie. Mais seule la dimension de foi<br />

s’y trouve, foi par laquelle nous croyons en Lui, que Sa Lumière infinie entoure tous les<br />

mondes et encercle tout. Or la foi possède également une mélodie spécifique associée à la<br />

foi. Ce qui est d’ailleurs constatable auprès des croyances idolâtres et de leurs<br />

conceptions erronées : chaque croyance, parmi ces peuples, possède une mélodie<br />

liturgique spécifique qu’ils chantent dans leurs maisons de prière. Cela est aussi vrai, à<br />

l’inverse (cependant), dans le domaine de la sainteté, chaque croyance possède une<br />

mélodie spécifique. De fait, la mélodie spécifique à la foi dont nous avons fait état (dans<br />

cette leçon), foi plus élevée que toutes les sagesses et croyances au monde, la foi dans la<br />

Lumière de l’Infini Lui-même entourant tous les mondes, cette mélodie est, elle aussi, plus<br />

élevée que toutes les mélodies au monde, spécifiques à toutes les sagesses et croyances.<br />

Et toutes les mélodies de toutes les sagesses émanent de cette mélodie suprême à toutes<br />

617


les mélodies ayant trait aux sagesses, car cette mélodie est spécifique à la foi dans la<br />

Lumière de l’Infini Lui-même, Suprême et Au-delà de tout.<br />

Et aux temps futurs, lorsque Dieu changera le langage des nations « en une langue<br />

claire, afin d’invoquer ensemble le Nom de Dieu » (Sophonie, 3:9), et que tous croiront en<br />

Lui, que Son Nom soit béni, s’accomplira alors le verset : « Viens et observe du sommet<br />

d'Amana » (Cantique, 4:8) – « du sommet d’AMaNA », justement, allusion à cette foi :<br />

EMouNA, suprême, sommet de toutes croyances. C’est <strong>pour</strong>quoi les termes<br />

« observes : TaCHouRi » indique le chant : CHiR, référence à la mélodie spécifique à cette<br />

foi suprême.<br />

Mais à cette mélodie de la Foi suprême, nul hormis le Juste de la génération de la<br />

dimension de Moché, ne peut prétendre accéder, parce qu’étant au niveau de cette foi qui<br />

est de l’ordre du silence, ce que l’on retrouve (dans la recommandation de Dieu à Moché) :<br />

« Tais-toi, car c’est ainsi que s’est élevée dans la Pensée », car ce silence précède encore la<br />

parole et que Moché est du niveau du silence.<br />

Ainsi : « Alors, Moché chanta » (Chemot, 15:1) que nos Sages, de mémoire bénie,<br />

commentent : « Il n’est pas écrit, Char, il a chanté, mais Yachir, il chantera » (Sanh. 91),<br />

duquel nous apprenons que (le thème de) la résurrection des morts est évoquée dans la<br />

Torah, car Moché chantera dans le futur, également. En effet, toutes les mélodies, de la<br />

période actuelle, comme du futur, ne sont que chez Moché, qui correspond au silence et<br />

qui a le mérite d’accéder à la mélodie de la Foi Suprême à toute autre, englobant toutes les<br />

mélodies, puisqu’elles en découlent toutes. Et c’est là ce que Rachi explique : « Yachir – il<br />

chantera, le Youd (indiquant le futur) fait référence à la pensée », référence à « ainsi s’est<br />

élevée dans la Pensée », ce qui est de l’ordre de Moché, et du silence.<br />

De ce fait, grâce à la mélodie du Juste qui correspond à Moché, toutes les âmes qui sont<br />

tombées dans l’hérésie de l’Espace vacant, s’en libèrent, car sa mélodie relève du<br />

« sommet de la foi », c’est-à-dire, la foi supérieure à tout. En effet, par cette mélodie et<br />

618


cette foi, toutes les hérésies s’effondrent, et toutes les mélodies s’incluent et sont<br />

sublimées à l’intérieur même de cette mélodie suprême dont émanent toutes les<br />

mélodies, comme nous l’avons exposé.<br />

6- Tel est le sens des mots : « Dieu dit à Moché : va vers Pharaon car J'ai<br />

appesanti son cœur… »<br />

"Pharaon" représente l’Espace Vacant. Son nom « PaRO/Pharaon », renvoie en effet à<br />

l’idée d’annulation, ce qu’indique : « Ne soustrayez/taPhRiOu pas le peuple (de leurs<br />

corvées) » (Chémot, 5:4), ainsi qu’à l’idée de dévoilement. Ce qui nous renvoie donc au<br />

concept d’Espace Vacant, qui chôme et vide de tout, mais à l’intérieur duquel se dévoile<br />

cependant toute la Création. Là-bas, dans l’Espace Vacant, il y a une lourdeur de cœur, car<br />

il est impossible de saisir la notion d’Espace Vacant. Et toutes les sagesses qui en sont<br />

issues, véhiculent (également) une lourdeur de cœur, car elles restent en situation de<br />

remise en question du Saint béni soit-Il, sans pouvoir y trouver le Saint béni soit-Il, du fait<br />

qu’Il y retira totalement sa Présence afin de permettre à la Création d’être créée.<br />

C’est <strong>pour</strong>quoi : « Dieu dit à Moché » - c’est précisément Moché qui doit se rendre chez<br />

Pharaon, symbole de l’Espace Vacant, car nul n’a le droit d’y pénétrer, hormis Moché, car<br />

il est en effet impossible d’y trouver le Saint béni soit-Il.<br />

Ainsi : « … car J’ai appesanti son Pharaon et celui de ses serviteurs » - les<br />

"serviteurs" en référence aux préliminaires à chaque sagesse, chaque sagesse possédant<br />

en effet des introductions, appelées "serviteurs", chargés de servir la sagesse. En d’autres<br />

termes, toutes les sagesses et les introductions qui viennent de là-bas, de l’Espace Vacant,<br />

ont en elles une lourdeur de cœur, et restent dans le questionnement.<br />

« Afin d'opérer tous ces signes en son sein » - autrement dit, c’est <strong>pour</strong> cela que J’ai<br />

appesanti son cœur et qu’il est impossible d’y trouver le Saint béni soit-Il, « afin d'opérer<br />

tous ces signes (littéralement : lettres) », c'est-à-dire, afin de placer en son sein les lettres<br />

de la Création, <strong>pour</strong> que la Création puisse être engendrée à l’intérieur de l’Espace vacant,<br />

d’où Il contracta et retira Sa Divinité. Car s’Il n’avait contracté Sa Divinité, il n’y aurait eu<br />

de place <strong>pour</strong> la Création.<br />

619


Tel est le sens de : « Afin que tu racontes … », car là-bas, dans la Création formée au<br />

sein de l’Espace Vacant, tu <strong>pour</strong>ras raconter et parler, car il y a des lettres et des paroles<br />

par lesquelles la Création vit le jour, comme rappelé.<br />

« Aux oreilles de tes enfants et petits-enfants. » Car la création avait <strong>pour</strong> origine<br />

fondamentale, Sa Miséricorde. Par ailleurs, la création fut générée par la parole. Il en<br />

ressort donc, qu’en toute chose créée à l’intérieur de l’Espace vacant, existe une<br />

contraction de Sa Miséricorde : le Saint béni soit-Il contracta Sa Miséricorde et créa telle<br />

chose, selon une forme et une structure spécifiques, conformément au plan de Sa<br />

Miséricorde, selon ce que la mesure de Sa Miséricorde décréta que cette chose soit. En<br />

effet, la Miséricorde est la source de toute la Création, car tout fut créé dans le but de<br />

révéler Sa Miséricorde. Et tel est donc le sens des termes : « afin que tu racontes aux<br />

oreilles de tes enfants et petits-enfants » - « voici la mesure à laquelle s’étant la<br />

miséricorde d’un père <strong>pour</strong> son fils » (jusqu’à la troisième génération) (Rachi sur<br />

Bérechit, 21:23), car seul ce qui est après la Création, <strong>pour</strong>ra être raconté et parlé, afin de<br />

saisir la contraction de Sa Miséricorde présente en toute chose. « Voici la mesure à<br />

laquelle s’étant la miséricorde d’un père <strong>pour</strong> son fils », autrement dit, il y a dans telle<br />

chose, tant et tant de miséricorde, et dans telle autre chose, tant et tant de miséricorde.<br />

« … que J’ai opérés en Egypte … », référence aux Klipot issues de la surabondance de<br />

lumière, de la brisure des réceptacles. « … que J’ai opérés en Egypte » que Rachi interprète<br />

au sens de : « J’ai joué », car J’ai créé dans ce monde un rire, un jeu, et que sont les forces<br />

négatives qui s’immiscent à la sainteté, à l’image de quelqu’un qui dans sa mimique, joue<br />

et prend le rôle d’un autre personnage, car elles sont semblables à un singe qui joue et<br />

imite l’homme.<br />

« Les signes/OToTaï, que J’ai opérés en son sein », car il y a là-bas des « lettres/OToT »,<br />

ces Klipot provenant en effet du trop-plein de lumière, de la brisure des réceptacles. Aussi<br />

« vous saurez que Je suis l’Éternel » - car vous <strong>pour</strong>rez y reconnaître Dieu, car il y a des<br />

étincelles de sainteté et des lettres, comme évoqué précédemment. Autrement dit, même<br />

au sein de ce « jeu » auquel est comparé le mal ayant trait au premier type d’hérésie, issue<br />

d’une surabondance de lumière, tu <strong>pour</strong>ras reconnaître Dieu. Car il est dit à son sujet :<br />

620


« Sache quoi répondre à l’hérétique », car il est possible d’y trouver des lettres et des<br />

étincelles afin de répondre (à ces questions), car elles proviennent de la brisure des<br />

réceptacles, comme nous l’avons vu.<br />

« Moché se rendit chez Pharaon … J’amènerai demain les sauterelles dans ton<br />

territoire » - "demain" correspond à la notion des temps futurs, comme indiqué dans le<br />

Talmud : « Demain, <strong>pour</strong> recevoir une récompense » (Erouvin 22a), ce qu’évoque<br />

également le verset : « mon droit at<strong>test</strong>era <strong>pour</strong> moi, demain » (Bér. 30:33), référence au<br />

salaire des temps futurs. Car ils comprendront alors le concept d’Espace vacant, issue de<br />

la Contraction, comment se peut-il que le Divin y soit présent, alors qu’il s’agit d’un Espace<br />

vacant. Et telle est précisément la rétribution du salaire, en effet la récompense attribuée<br />

dans les temps futurs consistera à percevoir et comprendre ce qui ne pouvait être<br />

compris en ce monde. Nous saurons alors que l’Espace Vacant relève de la dimension des<br />

sauterelles, « dont l’habit provient d’elles-mêmes » (Bérechit Raba, 21:5, et comme le<br />

rapportent les textes de Cabale qui révèlent qu’il s’agit là du secret de l’Espace Vacant). Le<br />

"vêtement" symbolise la Contraction de l’Espace Vacant, à l’origine de la notion "d’habits".<br />

Nous comprendrons alors que cet espace provient de Dieu, et que Dieu s’y trouve donc bel<br />

et bien, quand bien même il est de l’ordre du vêtement, de la contraction, de laquelle<br />

apparut l’Espace vacant.<br />

Ainsi : « Mon droit at<strong>test</strong>era <strong>pour</strong> moi, demain » - "mon droit" renvoie à la notion<br />

"d’habits", comme l’indique le verset : « Je me suis revêtu de justice » (Job, 29:14). Car au<br />

jour de "demain", auquel est réservé le salaire, se dévoilera le secret de la dimension des<br />

vêtements, provenant de la Contraction de l’Espace vacant, car alors se révèlera le<br />

sommet d’Amana : la foi, comme rappelé dans le verset « Viens et regarde, du haut<br />

d’Amana », allusion à la Mélodie Supérieure du sommet de la foi, grâce à laquelle toutes<br />

les énigmes de l’Espace Vacant disparaîtront.<br />

Ainsi : « Voici, Je susciterai demain des sauterelles/ARBéH», dont les initiales forment<br />

les mots du verset (Job, 32:8) : « Akhène Roua’h Hi Béénoch - mais, (la sagesse) n’est autre<br />

621


qu’un souffle dans l’homme », allusion à la mélodie, dont le souffle est le fondement $(Cf.<br />

LMI-54). Car alors se dévoileront la mélodie du sommet de la foi, grâce auquel toutes les<br />

hérésies s’annuleront, y compris l’hérésie issue de l’Espace Vacant, comme nous l’avons<br />

exposé.<br />

TORAH 65<br />

Sivan 5566, après le décès de son fils.<br />

« Boaz dit à Ruth : "Entends-tu, ma fille, ne va pas glaner dans un autre champ, et ne<br />

t'éloigne pas d'ici etc. Que tes yeux restent sur le champ qu'elles (mes servantes)<br />

moissonneront et marche à leur suite. J'ai ordonné aux jeunes gens de ne pas te<br />

molester. Si tu as soif, va où sont les ustensiles et bois de ce que les jeunes gens auront<br />

puisé ». (Ruth 2:8-9).<br />

1- Sache qu’il existe un Champ dans lequel poussent des arbres et plantes, extrêmement<br />

beaux et agréables. Il est impossible d’exprimer la grandeur et la valeur de la beauté de<br />

ce Champ et de tout ce qui y pousse. Heureux l’œil qui a pu voir cela ! Ainsi, ces arbres et<br />

plantes représentent les âmes saintes qui poussent dans ce Champ. Mais il existe de<br />

nombreuses âmes nues se déplaçant et errant en dehors du Champ, et qui attendent et<br />

espèrent une rectification, afin de pouvoir revenir et réintégrer leur place. Même une<br />

grande âme dont dépendent plusieurs âmes, peut parfois, lorsqu’elle sort en dehors,<br />

éprouver des difficultés à y revenir. Et tous demandent et attendent du Maître du Champ<br />

qu’il puisse se consacrer aux besoins de leur rectification. Ainsi, la rectification de telle<br />

âme s'effectue par sa mort, ou bien par l’accomplissement d’un commandement ou<br />

d’une autre dévotion par une tierce personne.<br />

Quant à celui qui souhaite ceindre sa ceinture et s'engager à être lui-même le Maître du<br />

Champ, doit être un homme résolu, ferme, vaillant et sage. Il doit être un très grand<br />

Juste, un grand homme et doté d'une très haute stature spirituelle. Certains Justes ne<br />

réussiront à achever cette tâche que par leur mort, mais même <strong>pour</strong> cela, il faudra être<br />

très grand. Il existe en effet de nombreux grands Justes dont même la mort n'aide pas (à<br />

622


terminer leur entreprise spirituelle). C’est seulement un homme particulièrement grand<br />

et élevé, d’une très haute élévation qui sera capable d’achever ce qui doit l’être de son<br />

vivant. En effet, il traversera de nombreuses souffrances et expériences difficiles, mais<br />

par la valeur de son niveau, il les surmontera toutes, et accomplira les tâches nécessaires<br />

au Champ.<br />

Et lorsque ce Juste parvient à rectifier les âmes et à les réintégrer (dans le Champ), il est<br />

alors bon et agréable de prier, car la prière atteint sa perfection.<br />

Aussi, le Maître du Champ surveille et s’efforce constamment d’arroser les arbres, les<br />

faire grandir, de <strong>pour</strong>voir aux besoins du Champ, et de maintenir une distance<br />

appropriée entre chaque arbre, <strong>pour</strong> qu'ils n'empiètent pas l’un sur l’autre. En effet, il<br />

est parfois nécessaire de témoigner beaucoup de distance envers celui qui est <strong>pour</strong>tant<br />

très proche, ce afin qu'il n'éclipse pas son confrère.<br />

Et lorsque ce Juste parvient à rectifier les âmes et à les réintégrer (dans le Champ),<br />

comme il est alors bon et agréable de prier, car la prière atteint sa perfection.<br />

Aussi, le Maître du Champ surveille et s’efforce constamment d’arroser les arbres, de les<br />

faire grandir, de <strong>pour</strong>voir aux besoins du Champ.<br />

2- Sache également que lorsque les âmes donnent des fruits, c'est-à-dire qu’elles<br />

accomplissent la volonté de Dieu, alors les yeux du Maître du Champ s'illuminent, et<br />

peuvent scruter et voir là où il faut. Il s'agit alors de la notion de « champ des<br />

observateurs » (Bamidbar 23:14). En revanche, lorsqu’elles ne font pas Sa volonté, à Dieu<br />

ne plaise, ses yeux s’obscurcissent, à Dieu ne plaise. Il s'agit alors du « champ de ceux qui<br />

pleurent » (Ohalot 18 ; Moed Katan, 5b). En effet, les pleurs endommagent la vue, comme<br />

il est écrit : « Les nuages reviennent après la pluie » (Kohélet 12:2) que nos maîtres de<br />

mémoire bénie, ont expliqué : « ceci fait référence à la vue qui s'affaiblit après les<br />

pleurs » (Chabat 151b). Par contre, lorsque ses yeux brillent et voient au loin comme<br />

dans le « champ des observateurs », le Juste peut alors observer chaque personne en<br />

particulier, et la conduire à sa finalité. Plus précisément, il est capable de scruter la<br />

parole de chacun et voir si cette parole n’atteint pas la perfection, car la personne se<br />

trouve encore éloignée de la finalité. Il l’amènera au but final, et ainsi sa parole sera<br />

conforme et parfaite.<br />

623


En effet, chacune des paroles contient tout un monde. Ainsi, lorsque l’homme se tient<br />

<strong>pour</strong> prier et qu’il prononce des paroles de la prière, il cueille des bourgeons, des fleurs<br />

et des roses, tous magnifiques. Il ressemble à un homme qui se rend dans un champ, il<br />

cueille des roses et des jolies fleurs, une à une, jusqu’à en faire un bouquet. Puis il en<br />

cueille à nouveau, une par une, et réalise un autre bouquet qu'il joint au premier. Il<br />

continue ainsi en cueillant et en rassemblant plusieurs bouquets, tous et beaux et<br />

plaisants.<br />

De la même façon, l’homme procède dans la prière. Il va de lettre en lettre, jusqu’à ce que<br />

se relient plusieurs lettres, à partir desquelles se forme une parole. Il fait la même chose<br />

avec des mots entiers et, par la suite, les deux mots se lient. Il continue dans sa<br />

progression et en récolte encore, jusqu’à ce qu'il achève toute la bénédiction. Ensuite, il<br />

continue sa cueillette et passe de la bénédiction des Patriarches (Avot) à celle des<br />

Guevourot (les grandes actions du Créateur) <strong>pour</strong> atteindre les Kedouchot. Et ainsi de<br />

suite, on procède tout au long de la prière. Qui peut décrire la grandeur de la splendeur<br />

et la composition de ces bouquets que l’homme réalise à partir des paroles de la prière !<br />

Et lorsque la parole sort, cette parole émerge de l’âme, comme l’indique le verset<br />

« L’homme devint une âme vivante » (Bér. 2:7), que le Targoum traduit par « Un esprit<br />

parlant ». Cette parole est entendue par le biais des oreilles, comme l’ont affirmé nos<br />

sages, de mémoire bénie : « Fais entendre à tes oreilles ce que tu fais sortir de ta<br />

bouche » (Brakhot 15a). C’est alors que la parole demande à l'âme et la supplie de ne pas<br />

se séparer d’elle. Ainsi, aussitôt que la première lettre sort, comme par exemple la lettre<br />

« Bet » du mot « Baroukh », celle-ci implore et supplie l’âme de ne pas l’abandonner, en<br />

lui disant : « Comment <strong>pour</strong>rais-tu te séparer de moi, vu la grandeur de l’attachement et<br />

de l’amour qu'il y a entre nous. Considère bien la grande valeur de ma beauté, de mon<br />

éclat, de ma splendeur et de mon apparat. Comment <strong>pour</strong>rais-tu te détacher et te<br />

séparer de moi ? Certes, il est vrai que tu dois continuer à avancer, <strong>pour</strong> cueillir d’autres<br />

précieux trésors et d'autres grands joyaux, mais comment <strong>pour</strong>rais-tu me quitter et<br />

m’oublier ? Quoi qu’il en soit, partout où tu iras, veille à ne pas m’oublier et à ne pas te<br />

séparer de moi ». Et à plus forte raison lorsqu’on termine un mot, le mot tout entier fait<br />

la même demande évoquée plus haut. Il étreint et enlace (l’âme), l’empêchant de le<br />

quitter comme nous l'avons dit plus haut.<br />

624


Mais en vérité, l’homme est obligé et contraint de dire encore d’autres paroles, des<br />

bénédictions et d’autres passages, et ce jusqu’à la fin de la prière. C'est <strong>pour</strong>quoi la<br />

règle exige qu’on fasse de toute la prière, une même entité. Ainsi, chaque parole qu’il<br />

prononcera conservera en elle toutes les paroles (précédentes), de sorte que depuis le<br />

début de la prière jusqu’à la fin, ce sera un tout. Ainsi, lorsqu’il s’apprêtera à prononcer<br />

la dernière parole de la prière, il sera encore dans le premier mot de la prière. C’est de<br />

cette manière, qu’il récitera toute la prière, sans se séparer de la première lettre de la<br />

prière.<br />

3- Sache que cette dimension d’unité (dans la prière), n’est autre que la dimension du but<br />

final comme il est écrit : « En ce jour, l’Éternel sera Un et Son Nom sera un » (Zékharia,<br />

14:9). « En ce jour », équivaut à la finalité, c'est-à-dire à la notion de « bien absolu », car<br />

l’Unité est un bien absolu, comme l’ont affirmé nos sages, de mémoire bénie, sur ce<br />

même verset : « En ce jour, l’Éternel sera Un etc. ». Mais n’est-Il donc pas déjà Un,<br />

maintenant ? La différence est qu’aujourd’hui la bénédiction que nous récitons à<br />

l'annonce d'un événement tragique est : « (Béni sois-Tu etc.) Juge de vérité », alors que<br />

celle que nous disons <strong>pour</strong> un événement heureux est : « (Béni sois-Tu etc.) qui est bon et<br />

qui fait le bien ». Mais dans les Temps à venir, nous réciterons <strong>pour</strong> tout : « Qui est bon et<br />

fait le bien » (Pessa’him 50a). Il en ressort que c’est cette dimension de l’Unité qui<br />

représente le but final de l’existence. De plus, il s'agit du bien absolu, puisque la toute<br />

finalité de l’existence est entièrement placée sous l’égide du bien.<br />

En effet, même à travers les détresses, les souffrances et les malheurs que l'homme traverse,<br />

à Dieu ne plaise - s’il observe la finalité -, il aura la certitude (rétrospectivement) qu'ils<br />

n’étaient en rien mauvais, mais (qu’au contraire) c’étaient de grands bienfaits. Il est certain<br />

que de toute évidence, ces souffrances sont envoyées intentionnellement par Dieu béni soit-<br />

Il, <strong>pour</strong> son bien, <strong>pour</strong> lui rappeler de se repentir ou <strong>pour</strong> le purifier de ses fautes. Par<br />

conséquent, ces souffrances sont de grands bienfaits puisque l’intention divine n’est<br />

orientée uniquement que <strong>pour</strong> notre bien.<br />

Il en ressort de là, que dans tous les malheurs et dans toutes les souffrances occasionnées à<br />

l’homme, à Dieu ne plaise, si l’homme se concentre sur la finalité, autrement dit, sur<br />

l’intention de Dieu béni soit-Il (qui n’est de faire que le bien), il ne subira aucune souffrance.<br />

Bien au contraire, il s’emplira de joie devant la grandeur du bienfait s’il vient à saisir le sens<br />

625


et la finalité de ses souffrances. En effet la finalité est absolument bonne, d'une unité totale,<br />

comme nous l’avons vu, et en réalité, il n’existe aucun mal dans le monde, mais uniquement<br />

du bien. Cependant, l'essentiel de la douleur que l'homme éprouve à travers les vicissitudes<br />

de la vie, à Dieu ne plaise, est en partie due à son incapacité de comprendre (de réfléchir et<br />

d’analyser), au point qu’il n’est pas en mesure d'entrevoir la finalité de l’existence qui est un<br />

bien absolu. C’est en cela qu’il ressent la peine et la douleur des souffrances. En effet,<br />

lorsqu'il comprend et qu'il scrute la finalité (le but ultime) de l’existence, il ne ressentira<br />

aucune peine dans ses tourments.<br />

A ce propos, tu comprendras une chose secrète et cachée, ancrée dans le psychisme<br />

humain : lorsque l’homme est confronté à de grandes souffrances, comme par exemple<br />

lorsque l’on l’ampute d’un membre du corps, Dieu ne plaise, l’homme cache et ferme<br />

alors ses yeux intensément. En voici la raison : Nous pouvons constater que lorsque l’on<br />

souhaite regarder une chose éloignée, on cligne alors les yeux, afin d’ajuster et<br />

concentrer le regard sur la chose éloignée que l’on désire voir. Ceci s’explique que la vue<br />

est subordonnée au cerveau. Elle lui sert d'émissaire chargé d'amener l’objet observé au<br />

cerveau. En effet, l'essentiel de la vue n'est autre que la prise de la connaissance,<br />

autrement dit, saisir la nature de l’objet observé. Comme le discernement (d’un objet)<br />

n’est que du ressort du cerveau, ainsi lorsque le cerveau désire prendre connaissance<br />

d’un objet qui se tient devant lui, il dépêche alors la vision. Celle-ci part en mission, voit<br />

la chose en question puis la transmet sous forme d’image à l’intérieur du cerveau. Ce<br />

n'est qu'alors qu'il prend conscience de ce qu'il a vu. C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle lorsque<br />

l’on fait passer à toute vitesse un objet devant une personne, il ne reconnaît pas la<br />

nature de cet objet, bien qu’en réalité, il ait concrètement vu la chose de ses yeux.<br />

Pourtant, par la rapidité, il manque le temps nécessaire de transmettre la chose au<br />

cerveau. C'est la même raison en ce qui concerne un objet éloigné de lui : la vue n’a pas la<br />

force d’aller jusqu’à l’objet et de ramener l’image au cerveau. Les raisons sont que d’une<br />

part, toutes les choses qui se trouvent sur les côtés, la perturbent, et d’autre part, elle se<br />

disperse en raison de la distance qui l’affaiblit. Elle n'a donc pas la force de ramener<br />

l’image de l’objet jusqu’au cerveau.<br />

Ceci explique <strong>pour</strong>quoi il devient nécessaire de fermer ses yeux, de réduire la vision et<br />

de la concentrer vers la chose désirée. Ceci afin que d'autres choses ne perturbent pas<br />

mais aussi <strong>pour</strong> renforcer la capacité visuelle, de sorte qu'elle ne soit pas affaiblie. On<br />

<strong>pour</strong>ra alors même voir une chose au loin.<br />

626


C’est le même principe, lorsque l’on veut saisir le but final, qui est entièrement bon, et<br />

forme un tout. Nous devons ainsi fermer les yeux et concentrer sa vue vers la finalité. En<br />

effet, la lumière de cette finalité est si éloignée de l’homme qu’il est impossible de la voir<br />

si ce n’est en fermant les yeux. Aussi, nous devons complètement fermer les yeux, les<br />

fermer très intensément, voir même appuyer dessus avec le doigt afin de les garder<br />

totalement clos. C'est alors que l'on <strong>pour</strong>ra se concentrer sur la finalité.<br />

En d’autres termes, on doit fermer ses yeux à la vue du spectacle de ce monde. On doit<br />

les tenir fermer très fort, afin de ne pas avoir un seul regard <strong>pour</strong> les plaisirs de ce<br />

monde et ses futilités. On sera alors en mesure de voir et de saisir la lumière de la<br />

finalité qui est le bien absolu, et disparaîtront alors les souffrances. L'essentiel de nos<br />

souffrances provient de l'éloignement de la finalité, comme nous l'avons dit. C’est<br />

<strong>pour</strong>quoi est ancré dans l'âme humaine l’instinct inné de fermer les yeux au moment de<br />

la douleur. Nous devons nous efforcer de fuir et d'annuler ces souffrances en<br />

contemplant le but ultime, source du bien absolu. Cette contemplation est impossible<br />

que par l'obstruction des yeux, comme nous l'avons dit. Certes, l'homme n'a aucune<br />

conscience de son comportement, mais malgré tout, l’âme le sait. C’est <strong>pour</strong>quoi c’est de<br />

manière instinctive qu’une personne ferme les yeux au moment de la douleur.<br />

4- En outre, s'il est vrai qu'au moment où l’on s’annule dans la finalité, qui est le Bien<br />

absolu, l’Unité totale, disparaissent vraiment toutes les souffrances, malgré tout il est<br />

toutefois impossible de se rester en permanence dans cet état d’annulation. Car sinon<br />

dans ce cas, on sortirait du cadre de l’être l'humain. C’est <strong>pour</strong>quoi il est indispensable<br />

que cette annulation soit de l'ordre du va-et-vient (Ratso va Chov, d’après Ezéchiel 1:14),<br />

c’est-à-dire, d’un mouvement alternant l’ascension et la descente. C’est <strong>pour</strong>quoi,<br />

lorsque l’intellect revient de son état d’annulation vers le cerveau, siège de l’esprit, il est<br />

alors impossible aux réceptacles du cerveau de recevoir cet intellect qui vient de subir<br />

l'annulation à l'Infini, au but final, où tout est unité et Bien absolu. C’est la raison <strong>pour</strong><br />

laquelle le cerveau ressent la douleur des souffrances. En effet, l'essentiel de la sensation<br />

de toutes les souffrances et de toutes les douleurs, à Dieu ne plaise, se situe dans le<br />

cerveau. En effet, du cerveau sortent des nerfs qui se ramifient vers tous les parties du<br />

corps sans exception. C’est donc à partir du cerveau que l’on ressent la douleur dans tel<br />

ou tel membre.<br />

627


De plus, sache que par la suite, lorsqu’on revient de cette abandon de soi vers nos<br />

réceptacles cérébraux, les souffrances s’intensifient, davantage encore à ce qu’elles<br />

étaient auparavant. Ceci ressemble à deux lutteurs qui s’affrontent et se combattent l'un<br />

contre l'autre. Lorsque l’un des deux voit que l’autre prend l’ascendant sur lui, il<br />

redouble d’effort et reprend un avantage conséquent. De la même manière, lorsque nos<br />

« adversaires » constatent que l’on souhaite surmonter les souffrances et les éliminer au<br />

moyen de cette faculté à s’annuler en ne voyant que le but final, ils se renforcent et<br />

s’intensifient considérablement. C'est <strong>pour</strong>quoi, par la suite, lorsque la personne revient<br />

de l’annulation, les souffrances sont plus fortes qu’avant, car voyant que la personne<br />

veut leur échapper, ils intensifient leurs attaques contre elle.<br />

Mais par la suite les souffrances s’atténuent, et l'on se console par les nouvelles<br />

compréhensions de la Torah, que l’on a méritées grâce aux souffrances. En effet, c'est<br />

suite aux souffrances que l'on en est parvenu au niveau de l'annulation, comme nous<br />

l'avons dit. Ensuite, revenu de cette annulation, et par l'impression (la trace) laissée par<br />

l'annulation, se forme de nouvelles appréhensions de la Torah. En effet, grâce à<br />

l’annulation de soi, on aura adhéré au but ultime de l’existence qui consiste à saisir que<br />

toutes les souffrances constituent de très grands bienfaits. Et alors on se remplit de joie.<br />

Cette joie sera le réceptacle des nouvelles interprétations de la Torah, comme nos sages,<br />

de mémoire bénie, affirment : « Au moment où Israël a déclaré : "Nous ferons et nous<br />

comprendrons", six-cent-mille anges sont descendus et ont posé deux couronnes sur la<br />

tête de chacun d’eux, et lorsqu’ils fautèrent ces couronnes leur furent retirées. Mais le<br />

Saint béni soit-Il les restituera dans l'avenir, comme il est écrit : « Et une joie éternelle<br />

sur leurs têtes » (Chabat 88b). Il en ressort que la joie relève de « nous ferons et nous<br />

comprendrons" correspond à la réception de la Torah.<br />

Ainsi, c'est au moyen du renouvellement de la Torah rendu possible grâce à la trace<br />

ramenée de l’annulation de soi que l'on <strong>pour</strong>ra ultérieurement attiédir les souffrances. Il<br />

s'agit en effet d'étancher la soif de l’âme. En effet, la sensation des souffrances<br />

correspond à cette notion de soif de l’âme, car la soif est due à la salinité (aliments salés).<br />

La salinité correspond aux souffrances, comme l’ont dit nos maîtres de mémoire bénie :<br />

« Il est dit "alliance" à propos du sel tout comme il est dit "alliance" à propos des<br />

souffrances » (Brakhot 5a). En effet, l’âme est la fille de l’intellect et l'essentiel de<br />

l'élévation de l’âme s'effectue grâce à l’intellect qu’il la fait grandir et la rectifie comme<br />

c’est indiqué dans : « Il n’est pas bon <strong>pour</strong> l’âme d’être dé<strong>pour</strong>vue de sagesse » (Prov.<br />

628


19:2). Ainsi, lorsque l’intellect est parfait, il produit alors des fruits, par contre lorsque<br />

l’intellect est déficient il devient comme : « Une terre fertile devenue une plage de<br />

sel » (Ps. 107:34). Ainsi, la salinité évoque les souffrances que l’on ressent lorsque<br />

l’intellect est déficient et cela engendre la soif de l’âme.<br />

Ainsi, c’est au moyen des nouvelles interprétations de la Torah dont nous avons parlé<br />

plus haut que les souffrances se refroidissent (s’atténuent) et que l'on étanche la soif<br />

comme dans : « Oye ! Tous ceux qui ont soif, venez vers l’eau » (Isaïe 55:1).<br />

C'est la notion évoquée dans : « Heureux l’homme que tu éprouves, Eternel, et à qui Tu<br />

enseignes Ta Torah » (Ps. 94:12) car par l’intermédiaire des souffrances, on obtient de<br />

nouvelles perceptions de la Torah. De plus, lorsqu’on a mérité après coup de renouveler<br />

nos explications de la Torah, c’est le signe que l'on avait agi en présence des souffrances<br />

et qu'on les avait acceptées volontairement. En effet, c'est le signe que face aux<br />

souffrances, nous avons dirigé tout notre être vers le but ultime, et par la trace que l’on a<br />

ramenée du niveau d’annulation de soi, nous avons obtenu le mérite de découvrir de<br />

nouvelles interprétations de la Torah<br />

Quant au Maître du Champ dont nous avons parlé auparavant, lorsque ses yeux brillent<br />

du niveau du « Champ des observateurs », il est alors en mesure de scruter chacun en<br />

particulier, s’il est proche de la finalité de l’existence. Ainsi, lorsqu’il voit qu’un homme<br />

est éloigné du but ultime, le Juste en déduit que sa prière n’a pas encore atteint la<br />

perfection souhaitée et qu’il n’arrive pas à prier en faisant de sa prière une seule entité.<br />

Ainsi, lorsque ce dernier arrive à la fin d’un mot, il oublie déjà le début de ce mot, et donc<br />

il ne peut pas procéder à composer sa prière comme une seule unité (les mots ne sont<br />

pas unis entre eux mais restent des éléments séparés). Aussi, le Maître du Champ le<br />

regarde, et l’amène au but ultime, qui ne forme qu’un tout, comme nous l'avons dit. C'est<br />

alors qu'il peut faire de sa prière une seule entité, et même lorsqu’il arrive à la fin de sa<br />

prière, il a toujours en tête le début du premier mot de la prière.<br />

Nous trouvons ce même principe dans les lettres : « MaNeTSéFaKh, » que « les<br />

observateurs les ont institués » (Chabat 104a). Ce passage conclut que ce que ces<br />

« observateurs » qui ont désigné la forme que prennent ces cinq lettres en début et en fin<br />

du mot.<br />

629


"Les observateurs" fait référence au Maître du Champ, lorsque ses yeux sont du niveau<br />

du « champ des observateurs ». Il peut alors rectifier et regarder ceux qui sont près du<br />

but final qui, lorsqu’ils se trouvent à la fin de la prière, sont encore au début du premier<br />

mot. Quant à ceux qui sont éloignés de la finalité, ils sont dans la dimension de « fin du<br />

mot », car lorsqu’ils parviennent à la fin du mot, ils sont véritablement à la fin du mot (ils<br />

ne font pas l’union entre la fin et le début du mot). Les « observateurs » les rectifient et<br />

les conduisent à la finalité vers le but final. Tel est le sens de : « On les (ces cinq lettres)<br />

avait oubliées puis ils les ont réinstaurées » (Chabat idem.), autrement dit, par leur<br />

éloignement du but final, les personnes ont oublié le début du mot, car elles n’ont pas<br />

fait une unique entité de leur prière. Mais ils (les Justes) les ont réinstaurées et rectifiées<br />

de sorte d’en faire un tout.<br />

C’est ainsi que s’explique « Boaz dit à Ruth » : où BOaZ représente l’intellect, comme il<br />

est écrit : « La sagesse renforce/taOZ le sage » (Kohélet 7:19). Ruth correspond à l’âme,<br />

dont émanent les paroles de prières, les chants et les louanges, comme l’enseignent nos<br />

sages de mémoire bénie : « Pourquoi porte-t-elle le nom de Ruth ? Parce que de RUth<br />

sortit David qui « combla/RiVa », le Saint béni soit-Il de chants et de louanges » (Brakhot<br />

7b).<br />

« Entends-tu, ma fille », car l’âme est la fille de l’intellect, comme nous l’avons déjà vu.<br />

« Entends-tu » équivaut à « fais entendre à tes oreilles ce que tu fais sortir de ta<br />

bouche », c’est-à-dire, tends l’oreille et entends les requêtes et les supplications, qui<br />

demande et implore de ne pas les quitter. « Ne va pas glaner dans un autre Champ »,<br />

toutes les lettres et paroles représentent de précieuses récoltes, que l’on glane dans les<br />

Champs d'En haut. Ainsi, la parole demande à l’âme de ne pas la quitter <strong>pour</strong> aller glaner<br />

d’autres récoltes.<br />

Mais ceci est impossible, car il faut en récolter davantage. Mais au moins, « ne t'éloigne<br />

pas d'ici ». C'est-à-dire, même quand tu passes à un autre mot, n’abandonne pas le<br />

premier mot. En ayant toujours en tête le but final. C'est dont il s'agit dans « Que tes<br />

yeux restent sur le Champ qu'elles moissonneront », il s'agit de fixer le but final, et la<br />

moisson constitue le travail final du labourage et des semailles.<br />

« J'ai ordonné aux jeunes gens de ne pas te molester ». Il s'agit de l’action de condamner<br />

les yeux, qui consiste à les fermer afin de concentrer sa vue <strong>pour</strong> la diriger vers le but<br />

final. En effet, sans cela, il est impossible d’arriver à cet objectif. Comme il est écrit dans :<br />

630


« J'ai ordonné/TSiViTi aux jeunes gens », au sens de TSaVTa/d’attachement et de<br />

jonction, c'est-à-dire qu’il faut unir et relier la vue (vers le but final). D’autre part, les<br />

yeux sont appelés "jeunes gens", au service de l’intellect, car la vue est le délégué et le<br />

serviteur de l’intellect. « De ne pas te molester/NoG'Ekh » renvoie à la notion de<br />

NiG'E/plaies de l’âme. En effet, lorsque la vue se disperse, et que l'on voit tout ce qui se<br />

trouve devant soi, c’est-à-dire, qu’on ne ferme pas ses yeux à la vue du spectacle de ce<br />

monde, il s'agit alors de la notion de plaies de l’âme. Il faut donc attacher et relier les<br />

jeunes gens autrement dit la vue, afin de ne pas regarder sur des côtés, à savoir les<br />

vanités de ce monde, et ne pas blesser l’âme. C'est alors que l'on <strong>pour</strong>ra entrevoir le but<br />

final.<br />

C’est par cette contemplation sur le but final, que toutes les souffrances disparaîtront.<br />

Toutefois, après s’être annulé, et être revenu à la conscience, les souffrances<br />

s’intensifient. Il s'agit alors de la notion de soif de l’âme comme dans : « Si tu as soif, va<br />

où sont les ustensiles et bois de ce que les jeunes gens auront puisé ». En effet, <strong>pour</strong><br />

étancher la soif, le seul moyen est de renouveler nos enseignements de la Torah. Notre<br />

esprit qui est le réceptacle de l'intellect, garde la trace laissée par l’annulation de soi<br />

(devant le but final). C’est à partir de là que l’âme s’abreuve <strong>pour</strong> étancher sa soif. Aussi,<br />

« Bois de ce que les jeunes gens auront puisé ». En effet, les jeunes gens, qui sont les yeux<br />

de l’intellect, puisent dans le renouvellement de la Torah à partir de la trace laissée par<br />

la contemplation du but final. C'est de cette manière que les souffrances s’annulent et<br />

que l'on apaise la soif de l’âme.<br />

Telle est la dimension du Jardin d’Eden, correspondant à Moché et Aaron. Le Jardin<br />

renvoie à l’âme, comme dans : « Leur âme sera semblable à un jardin bien<br />

arrosé » (Jérémie 31:11), « Eden » renvoie au monde futur, car « nul œil ne l’a vu »<br />

[comme l'ont affirmé nos sages de mémoire bénie dans Brakhot 34b] et qui évoque<br />

l’annulation de soi tel que nous l'avons expliqué.<br />

De plus, il s'agit de la dimension de : « Dans les temps à venir, le Saint béni soit-Il<br />

organisera une danse <strong>pour</strong> les Justes et chacun montrera du doigt, etc. » (Taanit 31a). La<br />

danse représente la joie, qui est le réceptacle apte à recevoir Torah. Tout ceci est<br />

effectué par l’annulation de soi, car dès que l’on revient, la trace lumineuse permet à la<br />

Torah d’émerger, à travers les réceptacles. C'est la notion évoquée par « Montrera du<br />

doigt ». « Montrera » évoque "l'apparence" et évoque la lueur de la trace d’où provient<br />

631


Torah. De plus, c'est ce dont il s'agit dans "montrera du doigt", en référence à la Torah<br />

qui est désignée par le « doigt de Dieu » (Chémot 31:18).<br />

TORAH 66<br />

Après Hanouca 5567<br />

« Puis je avoir une double part de ton souffle sur moi. Il dit etc. Si tu vois qu’on m’enlève<br />

à toi, il en sera ainsi <strong>pour</strong> toi » (Rois II, 2:9-10)<br />

La "double part" se réalisa effectivement chez Elicha. Nous trouvâmes qu’Elicha priait<br />

avec une ferveur plus intense que celle d’Eliyahou, son maître. En effet, tous les miracles<br />

et grandes choses qu’accomplit Elicha furent tous le résultat de sa prière, comme l’ont<br />

affirmé nos sages de mémoire bénie à propos du verset : « Fais-moi donc le récit des<br />

grandes choses qu'accomplit Elicha » (Rois II, 8:4) : « Ce que réalisa Elicha, il le fit grâce à<br />

la prière » (Méguila 27a).<br />

1- Sache qu’il est possible que l’élève soit supérieur au maître, c’est-à-dire, qu'il reçoive une<br />

double part de celle de son maître. Malgré tout, tout ceci résulte de la force spirituelle de<br />

son maître. Cette idée est évoquée dans « Puis je avoir une double part de ton souffle sur<br />

moi », « de ton souffle », précisément, <strong>pour</strong> indiquer que c’est justement grâce à au<br />

souffle de son maître Eliyahou, qu’Elicha reçut une double part.<br />

Le Juste possède comme deux souffles : un souffle en Haut et un souffle en bas, comme il<br />

est écrit : « Telles sont les générations de Noa’h, Noa’h » (Béréchit 6:9), « Noa’h en Haut,<br />

Noa’h en bas [Comme mentionné précisément dans le Zohar $(Noa’h, 59b), sur ce<br />

verset.] Vois sur place dans la Tossefta, en ces termes : « Pourquoi Noa’h est-il<br />

mentionné deux fois ? Parce que chaque Juste possède deux souffles : un souffle dans ce<br />

monde et un souffle dans le monde à venir. Tu trouveras ce principe <strong>pour</strong> tous les Justes,<br />

etc. Regarde cette source. En d’autres termes, le Juste possède une vitalité en Haut et une<br />

vitalité en bas. Et le souffle et la vitalité d'En Haut est très grand. En outre, les disciples<br />

partagent avec le Juste une seule et même racine, ils dépendent de lui comme les<br />

branches de l’arbre. Comme l’arbre qui puise directement sa vitalité de sa racine, alors<br />

632


que les branches puisent leurs vitalités à travers l’arbre. Et Il existe sur ce point<br />

plusieurs catégories distinctes.<br />

En effet, il existe des disciples de la catégorie des branches, d’autres de celle des feuilles,<br />

et ainsi de suite. De plus, au moment de la disparition du Juste, il (le disciple) perçoit<br />

alors bien davantage que ce qu’il percevait du vivant (du Juste), et chacun selon son<br />

niveau. Nous avons vu des cas similaires avec Rabbi Chimon Ben Yo’haï dans la Idra<br />

(grotte), avec Rabénou Hakadoch (Rabbi Yéoudah Anassi) et chez d’autres Justes<br />

encore.<br />

Sache aussi que c’est au moment de la mort du Juste, que le souffle de vitalité d'en Haut<br />

descend <strong>pour</strong> arriver en bas. C’est alors que s'étreignent et s'unissent les deux souffles :<br />

celui d'en bas avec celui d'en Haut. En vérité, tous deux ne font qu’un et dès qu’ils se<br />

dévoilent l’un à l’autre, ils s’unissent intensément dans une grande union. En outre, le<br />

souffle d'en Haut ne peut pas demeurer dans ce monde puisque sa nature est-elle qui ne<br />

peut supporter ce monde, aussi, il doit (rapidement) retourner en Haut, entraînant ainsi<br />

le décès du Juste. En effet, lorsque ce souffle s’élève vers le Haut, monte avec lui le souffle<br />

d’en bas, puisqu’ils se sont intensément liés d’une union très forte.<br />

C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle, il est très important d’être présent au moment de la<br />

disparition du Juste, même <strong>pour</strong> celui qui n’est pas son élève. En effet, comme c’est<br />

l’instant où le souffle d'en Haut descend et se révèle ici-bas, se manifeste alors une<br />

lumière particulièrement éclatante. Il s’agit donc d’un très grand bienfait <strong>pour</strong> tous ceux<br />

qui se trouvent présents à ce moment-là. De plus, il s'agit d'un gage de longévité <strong>pour</strong><br />

eux, comme nos sages de mémoire bénie ont enseigné (‘Haguiga, 5b), à propos du verset<br />

: « Qu’il vive encore éternellement etc. Il verra que les sages meurent » (Ps. 49:10-11). Les<br />

disciples, quant à eux, reçoivent alors un rayonnement bien plus éclatant encore. En<br />

effet, puisqu’ils sont dépendants du Juste et qu'ils puisent de sa racine, cette vitalité d'en<br />

Haut est littéralement leur vitalité. Ils s'unissent et s'étreignent avec ce souffle, dans une<br />

grande union, car cela constitue véritablement leur propre souffle et leur vitalité.<br />

Ainsi (à ce moment-là), celui qui le mérite peut recevoir une double part. En effet, le<br />

Juste dont l’heure est venue de quitter ce monde, disparaît et va s’unir avec le souffle<br />

d'en Haut. Mais <strong>pour</strong> les disciples, <strong>pour</strong> lesquels l’heure de quitter ce monde n’a pas<br />

encore sonné, l’inverse se produit. Et c'est alors que le souffle d'en Haut va demeurer<br />

auprès d’eux. En effet, par l’intensité de l’union qui lie le souffle d'en Haut au souffle d’en<br />

633


as, car il est impossible de se séparer l’un de l’autre, cela entraîne la disparition du<br />

Juste, à savoir que le souffle d'en Haut attire avec lui le souffle d'en bas. Mais les disciples<br />

quant à eux reçoivent une double part, car le souffle d'en Haut est resté chez eux,<br />

puisqu'il s'est intensément uni au souffle d'en bas, comme nous l'avons dit.<br />

Cependant, il y a différents types de disciples. Il y a celui qui est très lié au Juste, comme<br />

le sont les branches avec l’arbre, autrement dit, il s'agit de celui qui ressent<br />

intérieurement toutes les élévations et toutes les descentes que le Juste éprouve, même<br />

s’il ne se trouve pas aux côtés du Juste. Car il convient au disciple de ressentir<br />

intérieurement toutes les élévations et descentes du Juste, et (c’est la preuve) qu’il est<br />

véritablement attaché à lui, comme le sont les branches à un arbre. En effet, les branches<br />

ressentent toutes les évolutions et les reculs de l’arbre, et c’est <strong>pour</strong>quoi, en été, elles<br />

poussent car elles renferment de la vitalité. L’arbre puise sa vitalité à partir de ses<br />

racines. C’est à partir des ramifications qu'il possède qu’il puise sa vitalité depuis sa<br />

racine. C’est-à-dire qu'il a comme des vaisseaux et par l'intermédiaire il puise sa vitalité.<br />

Aussi, durant la saison d’hiver, lorsque la sève est asséchée et que les vaisseaux se<br />

rétrécissent, toutes les branchent se raidissent également. C’est la raison de la chute des<br />

feuilles. Durant la saison d’été, c’est le phénomène inverse qui se produit. Ainsi en est-il<br />

de celui qui est attaché au Juste : il ressentira toutes les élévations et toutes les<br />

descentes du Juste.<br />

Il existe en effet de nombreux types d’élévations et de descentes, comme il existe de<br />

nombreuses sortes de départs. Il y a le départ de l’âme, il y a aussi la disparition de la<br />

renommée, qui représente également une forme de mort car le nom équivaut à l’âme,<br />

comme il est expliqué ailleurs, et c’est comme un véritable sacrifice de soi $(voir LMI,<br />

260). Il y a aussi l'élévation spirituelle qui va de degré en degré, également liée à cette<br />

dimension de départ, au moment où l’élève qui est lié à son maître, ressent<br />

intérieurement toutes ses élévations et descentes. Il peut alors bénéficier d’une double<br />

part, comme nous l'avons expliqué plus haut.<br />

Tel est le sens de « Si tu me vois qu’on m’enlève » - c’est-à-dire, que tu me verras<br />

disparaître. « De toi » - « de toi » précisément, autrement dit, de toi-même et en toimême,<br />

tu ressentiras la disparition (de mon âme). Et tu mériteras alors une double part,<br />

au moment de la disparition. En effet, toute forme de disparition, quelle que soit sa<br />

634


dimension, représente une forme de descente et de dévoilement du souffle d'en Haut. La<br />

différence est que le degré de dévoilement est proportionnel aux différents types de<br />

disparition. Ainsi c’est au moment du départ de l’âme, que ce souffle descend et se<br />

dévoile entièrement.<br />

Telle est la notion de « se trouver en présence de son maître », c'est-à-dire qu'il faut<br />

s’efforcer constamment de rendre visite à son maître, car qui sait, peut-être est-ce<br />

maintenant le moment de sa disparition. Et s’il en a le mérite, peut-être (que le disciple)<br />

recevra-t-il alors un grand rayonnement, de l’ordre de la double part évoquée plus haut.<br />

En outre, lorsqu’on reçoit une double part, il est alors possible de prier avec ferveur et<br />

d’accomplir des actions et des bienfaits, même davantage que son maître. Tout ceci est<br />

réalisé grâce au souffle de son maître comme dans : « Puis je avoir une double part de<br />

ton souffle sur moi » - « de ton souffle », précisément, comme nous l'avons expliqué.<br />

[Et celui qui ne sait pas cela, ne sait pas ce qu’est un gaucher - car le fait d’être gaucher<br />

est inhabituel. Il ne sait pas non plus rendre effectif ce qui est en potentiel.]<br />

2- En effet, avant de rendre effectif ce qui est en potentiel, le potentiel et l'effectif sont liés<br />

ensemble, sans qu'il n’existe aucune différence entre eux. En effet, l’acte final se trouve<br />

dans la pensée initiale. En d’autres termes, lorsqu’un homme souhaite faire quelque<br />

chose, comme par exemple construire une maison, il lui faut d’abord réfléchir en pensée<br />

à quoi ressemblera l'architecture de sa maison. Par la suite, lorsqu'il aura achevé en<br />

pensée le plan de sa maison, il commencera alors à la bâtir. Il en ressort que l’action<br />

finale est déjà présente dans la pensée initiale, et qu'avant d'être passé de l'effectif au<br />

potentiel (de l’idée du projet à sa réalisation), l’apparence finale de son projet reste<br />

toujours liée à la pensée initiale, sans qu'il n'y ait ni de distinction et de différence entre<br />

elles.<br />

Il faut donc s’efforcer de rendre effectif ce qui est en potentiel, afin que le potentiel et<br />

l'effectif se différencie et se particularise. Il va alors apparaître des écarts et des<br />

différences entre le début de la pensée (le projet tel qu’il apparaissait au départ) qui<br />

relève du potentiel, et l’action, qui correspond à l'effectif (sa réalisation dans la<br />

pratique).<br />

Tel est l’aspect de la lettre Alef, ‏,א qui est formée de deux youd, ‏,י et d’un vav, ו au milieu,<br />

correspondant à la voyelle pata’h (_). De plus, ces deux youd représentent le youd du<br />

début et le youd de la fin, correspondant au potentiel et à l'effectif. En d’autres termes, il<br />

635


s'agit du Youd du Nom substantiel, béni soit-Il, qui est le Tétragramme ‏,(יהוה)‏ soit le Youd<br />

du début, lié à la notion de pensée initiale et au potentiel. Quant au second Youd, il<br />

‏,(אדוני)‏ représente le Nom divin substantiel, que l’on prononce, à savoir Adonaï<br />

correspondant au Youd final, de l'ordre de la réalisation finale, c'est-à-dire l'effectif.<br />

Ainsi, au départ, ces deux Youd sont liés ensemble sans qu’il n’y ait de différence entre<br />

eux, mais par la suite, lorsque l’on rend effectif ce qui était en potentiel, ils s’écartent et<br />

se dissocient. Telle est la dimension du Vav au milieu du Alef, correspondant au pata’h,<br />

c’est-à-dire qu'il s'agit de l’ouverture (Péta’h) et de la dissociation de ces deux Youd,<br />

correspondant au potentiel et à l’effectif. D’autre part, ce Vav (ayant la valeur numérique<br />

6) au milieu du Alef, correspond aux six lettres qui séparent les deux Youd des deux<br />

Noms divins évoqués plus haut, lorsque ceux-ci sont écrits ainsi, (imbriqués l’un dans<br />

l’autre) : "Youd – Alef – Hé – Dalet – Vav – Noun – Hé – Youd - יאהדונהי ". Il y a en effet<br />

trois lettres qui suivent le Youd du Nom substantiel, lié au début de la pensée, et trois<br />

lettres précédant le Youd du Nom substantif, lié à réalisation et l’action. En effet, chaque<br />

chose dans ce monde possède trois dimensions : espace, forme et temps, correspondant<br />

aux trois lettres précitées. Ainsi par exemple, lorsqu’un homme projette de construire<br />

une maison, il devra décider en pensée à l’endroit où la bâtir, quand la bâtir et quelle<br />

forme aura cette maison. Ceci est valable <strong>pour</strong> toute chose dans le monde. Egalement par<br />

la suite, à la fin de l’action, c’est-à-dire, lorsque la réalisation de telle chose est terminée,<br />

on retrouve ces trois dimensions que sont l’espace, la forme et le temps. Il s’agit là de la<br />

dimension des trois lettres accolées au Youd initial, équivalent au début de la pensée. De<br />

même les trois lettres associées au Youd final, symbolisent l’achèvement du projet. On<br />

obtient le nombre de six qui correspond au Vav situé entre les deux Youd.<br />

Nous retrouvons cette notion des deux souffles, soit le souffle d'en Haut et le souffle d'en<br />

bas et qui correspondent au potentiel et à l'effectif. Eux aussi sont, au départ, liés<br />

ensemble et ensuite ils se dissocient et se séparent l’un de l’autre.<br />

En effet, la mise en valeur de ces deux souffles se réalise grâce à l'apaisement de la<br />

colère, car il existe une notion de colère même chez le Saint béni soit-Il, si l’on peut<br />

s’exprimer ainsi, comme elle existe chez les hommes. Ainsi, cette colère est symbolisée<br />

par la fumée qui sort des narines, comme il est écrit : « Une fumée s’élève de son nez » (Ps.<br />

18:9). Une telle fumée cause des dommages à la subsistance [Car cette dernière permet<br />

de passer de l’effectif au potentiel. En effet, celui qui a des moyens de subsistance et ne<br />

dépend pas des autres, cela lui donne accès à la vérité, de l'ordre du "monde futur" à<br />

636


l’instar de : « Heureux celui qui a <strong>pour</strong> assistance le Dieu de Yaacov, et met son espoir en<br />

l’Eternel son Dieu » (Ps. 146:5). Car c'est ainsi que l'on rend concret ce qui était à l’état<br />

potentiel, comme expliqué plus loin]. En effet, la fumée endommage les yeux comme<br />

dans : « Comme la fumée <strong>pour</strong> les yeux » (Prov. 10:26), car les yeux correspondent à la<br />

subsistance comme dans : « Les yeux de tous se tournent vers Toi, etc.» (Ps. 145:15). Ainsi,<br />

la colère nuit à la subsistance et elle cause la perte de la richesse $[LMI, 59]. Il faut donc<br />

briser et apaiser la colère, autrement dit, adoucir la fumée et la purifier jusqu’à la<br />

transformer en un souffle aéré, c’est-à-dire un souffle d'air qui devient une fumée<br />

épurée. Ce souffle qui adoucit la fumée de la colère est lié au Messie comme dans : « Le<br />

souffle de notre nez, l’oint de l’Eternel » (Lam. 4:20).<br />

En outre, aussi longtemps que la dimension de ce souffle n’est pas parvenue à la<br />

dimension des "mains", il reste encore à l’état de pré-existant (avant sa création). En<br />

effet, l’essentiel de la réalisation passe par les mains car elles constituent les instruments<br />

de l’action. C’est là que se trouve l’essentiel du dévoilement du souffle comme : « Dans<br />

Tes mains, je place mon souffle » (Ps. 31:6), ainsi que dans : « Il tient en Sa main l'âme de<br />

tout vivant et le souffle de tout corps humain » (Job, 12:10).<br />

Même par la suite, bien que le souffle se soit dévoilé dans la dimension des "mains", les<br />

deux souffles - le potentiel et l'effectif - et qui représentent les deux mains, la droite et la<br />

gauche, restent encore liées ensemble. C’est-à-dire que les mains où se révèlent les deux<br />

souffles n’ont toujours pas été séparées l’une de l’autre. En effet, le potentiel et l'effectif y<br />

sont encore liés ensemble sans qu’il n’y ait la moindre différence entre eux, et l'on ne<br />

remarque encore aucune distinction entre la droite et la gauche. Il s'agit de l’étape<br />

précédant la création, c’est-à-dire qu’avant que le potentiel n’ai été réalisé, les mains<br />

sont encore jointes l’une avec l’autre.<br />

Par la suite, lorsque l’on passe du potentiel à l’effectif, il s’agit alors de l’achèvement de la<br />

création. C'est alors que les mains s’ouvrent et que l'on peut faire la distinction entre la<br />

droite et la gauche comme dans : « Même Ma main/Af Yadi a fondé la terre, Ma droite a<br />

étendu les cieux » (Isaïe 48:13). La distinction se fait entre le potentiel et l'effectif,<br />

correspondant aux deux mains, et aux deux souffles. Ainsi, tout ceci est effectué grâce à<br />

l'apaisement de la colère, et c'est ce dont il s'agit dans : « Même Ma main/Af Yadi »,<br />

précisément comme nous l'avons dit plus haut.<br />

Nous retrouvons la même idée dans : « Tu ouvres Ta main » (Ps. 145:16), c'est-à-dire<br />

l'idée d’ouvrir et de séparer la droite de la gauche. C’est la signification de « Ta main »,<br />

637


qui relève des deux Youd évoqués plus haut [comme il apparaît dans l'introduction du<br />

Tikouné Zohar $(7b,) cité dans Pri Ets ‘Haïm, Chaar Ha Zmirot, chap 5]. "Ne lis pas « Ta<br />

main/Yadékha », mais « Youdékha/tes Youd », car les mains correspondent aux deux<br />

Youd, incarnant le potentiel et l’effectif, qui se rapporte à la main droite et gauche. C’est<br />

<strong>pour</strong>quoi les lettres finales de « Tu ouvres Ta main »/Potéa’h Ete YadéKha » forment le<br />

mot : « ‘HaTaKh/découpage », qui est une allusion aux mains qui s’ouvrent et s’écartent<br />

afin de pouvoir distinguer entre la droite et la gauche comme dans : « Même Ma main a<br />

fondé la terre etc. C'est ce dont il s'agit dans le mot « ‘HaTaKH » qui a <strong>pour</strong> valeur<br />

numérique deux fois le mot souffle/Roua’h " (428 = 214x2) [comme rapporté dans Pri<br />

Ets ‘Haïm, id.]. Autrement lorsque les deux souffles correspondent aux deux Youd, aux<br />

deux mains, lorsqu’elles s’ouvrent et se découpent, l’on rend effectif ce qui était en<br />

potentiel. Tel est le sens de « Tu ouvres etc. », lié à l’aspect du pata’h (la voyelle) dont<br />

nous avons parlé plus haut.<br />

En outre, tout ceci est réalisé grâce à l'apaisement de la colère comme dans : « Le souffle<br />

de notre nez-colère, l’oint de l’Éternel ». Ainsi, c'est ce qu’agit dans « Potéa’h Ete<br />

Yadékha » qui a <strong>pour</strong> initiales « APY /ma colère », évoquant le « souffle de notre nezcolère,<br />

etc. » car c'est grâce à la modalité de « souffle de notre nez-colère, etc. » que<br />

s’ouvrent et se découpent les mains, qui correspondent aux deux souffles.<br />

De plus, tous les commandements et transgressions dépendent également de cette<br />

dimension d’ouverture des mains de l'ordre du potentiel et de l'effectif. En effet, il y a en<br />

eux les trois dimensions citées plus haut que sont l’espace, la forme et le temps. C'est ce<br />

dont il s'agit dans : « Considère trois choses et tu ne tomberas pas dans les mains de la<br />

faute » (Avot 3:1), « les mains de la faute » précisément. En effet, le principal de la faute,<br />

à Dieu ne plaise, s'accomplit avec les mains. Au départ, la faute n’est qu’en potentiel dans<br />

l’esprit (on pense à la faire), à Dieu ne plaise. Par la suite on la fait passer du potentiel à<br />

l’effectif, en la réalisant, à Dieu ne plaise. Dès lors, on obtient le statut de méchant<br />

accompli, et l'on est considéré comme mort, car "les méchants sont appelés morts, même<br />

de leur vivant" (Brakhot 18b). Ceci correspond à : « Comme des cadavres gisant dans la<br />

tombe etc. » (Ps. 88:6), c'est-à-dire les méchants qui, même de leur vivant, sont appelés<br />

morts. C’est <strong>pour</strong>quoi : « … sont retranchés de Ta main » (idem). "Retranchés", au sens de<br />

"découpés", comme l’explique Rachi. Autrement dit, la faute est commise suite à la<br />

coupure des mains comme dans : « Tu ouvres Ta main/Potéa’h Ete YadéKha » dont les<br />

dernières lettres forment « ‘HaTaKh/découpage ». C’est bien à partir du découpage et de<br />

638


l'ouverture de ces mains de la sainteté, que la faute est accomplie, de l'ordre de « Qui<br />

sont retranchés de Ta main », qui renvoie au terme « découpés », comme nous l'avons<br />

dit.<br />

C'est la raison <strong>pour</strong> laquelle le repentir est efficace <strong>pour</strong> la transgression. En effet,<br />

l’essentiel du repentir est le regret, lorsqu’une personne regrette la faute, or le début du<br />

processus du regret est dans « l’ouverture du regret/PéTa’H ‘harata » (Nédarim 22b),<br />

qui correspond au PaTa'H (voyelle) dont nous avons parlé plus haut, correspondant à<br />

« Tu ouvres Ta main/PoTéa’H ete yadékha », comme nous l'avons vu.<br />

3- De plus, le passage du potentiel à l'effectif s'opère par le parachèvement de la parole. Il<br />

faut donc que les lettres de la parole soient complètes. Ceci est réalisé grâce à la<br />

dimension du monde futur, celui qui permet la perfection des lettres de la parole. En<br />

effet, dans les temps futurs la parole connaîtra sa plénitude, puisque même les non-juifs<br />

invoqueront Dieu béni soit-Il par la parole, comme il est écrit : « Je transformerai alors<br />

<strong>pour</strong> tous les peuples une langue claire <strong>pour</strong> que tous invoquent le nom de l'Eternel etc.<br />

» (Cephania, 3:9). Il apparaît donc que la parole aura atteint son parachèvement. En<br />

effet, <strong>pour</strong> l’heure, la parole est défaillante et imparfaite puisque le monde tout entier<br />

n’invoque pas Dieu béni soit-Il, par la parole. Mais à l’avenir, tous invoqueront Dieu béni<br />

soit-Il par la parole, y compris les non-juifs. C’est <strong>pour</strong>quoi la parole atteindra alors sa<br />

perfection, elle sera un « langage clair », et comme tous invoqueront Dieu béni soit-Il par<br />

la parole, alors la parole aura atteint la perfection.<br />

Tout ceci se passera dans l'avenir, car le principal de notre grandeur et de notre<br />

splendeur se révèlera dans les temps futurs, lorsque tous connaîtront et verront notre<br />

grandeur. En effet, tous verront alors la grandeur et la splendeur des Justes et des<br />

hommes vertueux. « Heureux soient-ils, et heureux est leur sort ! » « Comme est grande Ta<br />

bonté, que Tu leur tiens en réserve ! »<br />

Et à l'inverse, on assistera à la chute des méchants, comme il est écrit : « Et vous foulerez<br />

les méchants » (Malachie 3:21). Arrivera alors le Jour du Grand Jugement, au cours<br />

duquel l’homme sera jugé <strong>pour</strong> chacune de ses actions, en détails (actions, pensées et<br />

paroles), sans qu’on lui concède la moindre petite faute, car l’oubli n’existe pas <strong>pour</strong> le<br />

Saint béni soit-Il, et tout sera alors rappelé. Ainsi, c'est précisément lorsqu'adviendra la<br />

chute des méchants, et que les hommes reviendront, qu’ils verront la différence entre le<br />

Juste et le méchant [comme il est écrit là-bas dans Malachie $(3:18) : « Vous reviendrez et<br />

639


verrez la différence entre le Juste et le méchant, entre le serviteur de Dieu et celui qui ne l'a<br />

pas servi »] - car c’est précisément au jour du Jugement, lorsqu’ils constateront la<br />

différence entre le Juste et le méchant - que tous se retourneront vers Dieu béni soit-Il,<br />

et invoqueront tous ensemble le Nom de l’Éternel à l’instar du verset : « Je transformerai<br />

alors <strong>pour</strong> tous les peuples etc. », comme cité plus haut. C'est à ce moment précis que la<br />

parole obtiendra son parachèvement, autrement dit elle deviendra un « langage clair »<br />

Aussi, c'est par la chute des méchants qui aura lieu dans les temps futurs, que la parole<br />

atteindra son état de plénitude.<br />

Cependant, on doit essayer d’attirer la dimension du monde futur également dans ce<br />

monde, autrement dit, provoquer la chute des méchants même dans ce monde. Une telle<br />

chose ne peut se réaliser que par la vérité.<br />

En outre, l’essentiel de la vérité consiste à ce que l'homme soit indépendant vis-à-vis des<br />

autres. En effet, « dès qu’une personne a besoin des créatures, son visage change, à<br />

l’image du Keroum/multicolores » (Brakhot 6b). En effet, celui qui est tributaire des<br />

autres éprouve beaucoup de difficultés à prier en public, et il serait même préférable<br />

<strong>pour</strong> lui de prier seul. Ceci s’explique qu’en public, des intérêts personnels entre en jeu.<br />

Il devra mentir, faire des mouvements et se livre à des faux-semblants durant sa prière,<br />

<strong>pour</strong> impressionner les autres, parce qu’il est dépendant d’eux. Mais même celui qui n’a<br />

pas besoin des autres <strong>pour</strong> sa subsistance – il gagne sa vie correctement - peut <strong>pour</strong>tant<br />

entrer dans la catégorie de ceux qui dépendent des créatures : dans le but d'obtenir de<br />

l’honneur ou <strong>pour</strong> d’autres intérêts. Autrement dit, il cherchera à solliciter un désir<br />

intense de respect, de considération ou autres. Ainsi lui aussi reste dépendant des<br />

créatures puisqu'il a besoin de leurs marques d’honneur ou de leur considération. Nous<br />

comprenons ainsi, que lorsqu’il dépend des créatures, quelle que soit la raison, l’homme<br />

risque de se mentir à lui-même durant la prière, c’est-à-dire, de se livrer à des gestes<br />

exagérés à l’intention de ceux qu’il désire impressionner.<br />

Il existe aussi celui qui est plus honnête, et doté d’un peu de crainte de Dieu. Il aura<br />

honte de lui-même, et n’osera pas se livrer à une telle conduite mensongère et<br />

déplorable durant sa prière afin d’épater les autres. Une telle personne veut s’efforcer de<br />

prier avec sincérité. Mais (on <strong>pour</strong>rait penser) que la vérité a plusieurs facettes, mais<br />

cette conception est fausse, car il n'y a pas une multitude de vérités. La vérité est unique,<br />

comme indiqué à un autre Enseignement $[LMI, 51 "Rabbi Akiva a dit"]. En d’autres<br />

termes, puisqu’il a honte à ses propres yeux, de prier dans la fourberie, il désire donc<br />

640


dissimuler le mensonge et habiller ce mensonge avec un semblant de vérité. Par<br />

exemple, il peut désirer faire un mouvement quelconque ou taper des mains <strong>pour</strong><br />

impressionner les autres, mais il aura tout de même honte d’accomplir <strong>pour</strong> les gens, un<br />

tel mensonge au moment de sa prière. C'est <strong>pour</strong>quoi, il va accomplir un certain geste de<br />

tromperie envers lui-même, et le mauvais penchant va lui trouver de bonnes raisons<br />

d’agir ainsi, jusqu’à être convaincu qu’il doit véritablement faire ce mouvement durant<br />

sa prière comme par exemple taper des mains. Autrement dit, il s'invente une sorte de<br />

vérité en vertu de laquelle il doit faire ce mouvement, et ce au nom même de la vérité.<br />

Ainsi, il recouvre le mensonge d’une couche de pseudo vérité. Il se retrouve donc avec<br />

plusieurs vérités (mais pas avec l’unique vérité).<br />

En effet, la vérité essentielle est unique. C'est-à-dire prier avec sincérité, uniquement<br />

<strong>pour</strong> Dieu béni soit-Il. Par contre les vérités mensongères ne manquent pas, car elles<br />

contiennent plusieurs nuances. Il se cherche lui-même plusieurs sortes de vérités afin de<br />

recouvrir le mensonge.<br />

C'est donc ce dont il s'agit « dès qu’une personne a besoin des créatures », puisqu'alors<br />

selon ses motivations personnelles, il se forge des mensonges comme dans : « … son<br />

visage change de coloris ». « Son visage » correspond à la vérité qui s’apparente au mot<br />

« Face » comme dans « Ceux qui recherchent Ta Face, Yaakov, à tout jamais. » (Ps. 24:6) et<br />

« Tu donneras la vérité à Yaakov » (Prov. 7:20). Autrement dit, sa vérité, qui correspond<br />

au visage, change en différentes teintes. Ce qui signifie que l’homme possède plusieurs<br />

sortes de vérité dans lesquelles s’habille le mensonge. C'est-à-dire qu’il s'invente une<br />

vérité afin d’agir de telle manière. Il en ressort que le visage qui évoque la vérité, change<br />

et prend différentes couleurs, alors que par essence, la vérité n'est qu’une, comme nous<br />

l’avons dit.<br />

Ainsi, telle est l’explication du verset : « J’exalterai Dieu par ma vie » (Ps. 146:2), c'est-àdire<br />

je ne suis pas dépendant des créatures. « Par ma vie » - « ma vie » précisément c'està-dire<br />

lorsque je vis (pleinement) ma vie et que ma vitalité (ma subsistance) ne dépend<br />

d'aucun autre homme. En effet, « la vie de celui qui dépend des créatures, n'est pas une<br />

vie » (Betsa, 32b). C’est-à-dire que sa vie ne lui appartient pas, puisqu'il dépend des<br />

autres. En revanche, lorsque je n’ai pas besoin des créatures, et que ma vie m’appartient<br />

vraiment, alors je peux Le louer et prier face à Lui avec vérité. Ainsi : « J’exalterai Dieu<br />

641


par ma vie. C’est ce dont il s'agit dans : « Dès qu’une personne est dépendante des autres,<br />

le monde s’obscurcit <strong>pour</strong> lui » [Voir plus bas].<br />

Ainsi, lorsque la vérité apparaît, la chute des méchants est très proche. En effet,<br />

l’essentiel de la chute des méchants dans le monde à venir s'effectuera grâce à la vérité<br />

qui se dévoilera alors, comme il est écrit dans : « Une langue de vérité sera fondée <strong>pour</strong><br />

toujours » (Prov. 12:19). Il n'est pas écrit « Tu as fondé <strong>pour</strong> toujours », mais « sera<br />

fondée ». En effet, c'est dans l'avenir que la vérité se révèlera, comme l’ont affirmé nos<br />

maîtres de mémoire bénie $(Zohar II, 188b). Ainsi, c’est par la vérité qui se dévoilera<br />

dans les temps futurs que la chute des méchants adviendra comme dans : « Et Il punit ses<br />

ennemis devant sa Face, en les faisant périr (Dévarim 7:10). « Sa Face » représente la<br />

dimension de la vérité, et grâce à elle « Il punit ses ennemis » en les anéantissant du<br />

monde, comme le rapporte le saint Zohar $(I, 197a). De même, nos sages enseignent<br />

dans le Talmud : « Les méchants sont, si l’on peut s’exprimer ainsi, comme un fardeau<br />

<strong>pour</strong> sa Face » (Erouvin 22a), car la Face qui représente la Vérité de Dieu béni soit-Il, ne<br />

peut supporter les méchants. Ainsi, lorsque la dimension de la Face va se dévoiler, c’està-dire,<br />

la Vérité, ce sera alors la chute des méchants, et aussi leur chute dans l'avenir,<br />

puisque la vérité éclatera au grand jour.<br />

C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle, lorsque l’on a le mérite d’accéder à la vérité dans ce monde,<br />

on permet le dévoilement de la « Face ». C'est alors que l’on attire la dimension du<br />

monde futur dans ce monde ci. Ainsi grâce à la vérité, la chute (des méchants) se réalise<br />

dans ce monde comme ce sera le cas dans le monde à venir.<br />

En outre, cela permet d'amener dans ce monde, la plénitude des lettres de la parole qui<br />

apparaîtra dans le futur comme le « langage clair ». En effet, la dimension du « langage<br />

clair » se réalisera par la chute des méchants et ainsi tous se retourneront vers Dieu béni<br />

soit-Il.<br />

Ceci évoque l’expression : « Prononcer des paroles » (Isaïe 58:13) à propos du Chabat.<br />

C'est-à-dire que l'on doit attirer la « parole du Chabat », le monde futur, au sein de la<br />

parole de ce monde ci, afin de parfaire la parole dans notre monde. En effet, l’essence de<br />

la perfection de la parole émane de la dimension de Chabat, comme l’ont affirmé nos<br />

642


sages de mémoire bénie $(Chabat 113b) : « Que ta parole de Chabat ne soit pas<br />

semblable à celle de la semaine ». En effet, durant Chabat, la parole se trouve dans un<br />

état de perfection puisque le Chabat correspond au monde futur. Il s’agit donc d’attirer<br />

la parole de Chabat dans la parole de tous les jours.<br />

C’est ce dont il s'agit dans : « El Avaya הויה)‏ ‏,(אל dans la monde de la Formation » (Pri Ets<br />

‘Haïm, Chaar Hazmirot, 5).<br />

Cette dimension du Nom divin « El‏/אל », correspond à la Vérité comme dans « Dieu/El<br />

n'est pas un mortel <strong>pour</strong> mentir » (Bamidbar 23:19). C’est la dimension de Yaacov,<br />

comme l’enseignent nos maîtres, de mémoire bénie $(Méguila 18a): « D’où voyons-nous<br />

que le Saint béni soit-Il a appelé Yaacov : El ? Comme il est écrit : « Il l’appela<br />

El etc. » (Béréchit 33:20), car Yaacov représente la vérité, comme nous l'avons dit plus<br />

haut. Et cette vérité, relevant du monde futur, dépend de la subsistance. En effet, lorsque<br />

l’homme a de quoi vivre, il ne dépend pas des créatures. C'est donc cette dimension de<br />

« El » qui lui permet de prier avec vérité.<br />

C’est ce dont il s'agit dans : « Heureux qui a <strong>pour</strong> secours le Dieu/El de Yaacov, et met son<br />

espoir en l’Eternel son Dieu » (Ps. 146:5). En effet, lorsque l’on place notre espoir en<br />

l’Éternel, et que l'on n’a pas besoin des créatures, alors « le Dieu/El de Yaacov est à son<br />

secours », puisque le Dieu/El de Yaacov évoque la Vérité. De plus, lorsque l’on mérite<br />

d'attirer dans ce monde ci la dimension du monde Futur, synonyme de Vérité et de Face,<br />

ceci entraîne la chute des méchants.<br />

Ceci correspond au Tétragramme écrit selon l’expansion des lettres Hé. En effet, Hé<br />

symbolise la rétribution du salaire, comme l’ont enseigné nos sages, de mémoire bénie<br />

dans le verset « Des plaintes et gémissements/vaHi » (Ezékiel 2:10) : « VaHi, est le<br />

paiement en retour qui sera infligé aux méchants dans le monde futur » (Erouvin 2).<br />

Telle est donc la dimension des deux Noms Divins « El Avaya הויה)‏ ‏(אל ». Autrement dit,<br />

El correspond à la vérité et la notion du « paiement en retour qui sera infligé aux<br />

méchants » représentée par le Tétragramme écrit en expansion avec le Hé, et qui doit<br />

être attiré dans ce monde. Afin de « Prononcer des paroles », c'est-à-dire attirer la parole<br />

du Chabat à l’intérieur des jours de la semaine. Ces jours sont inclus dans monde de la<br />

Formation comme dans : « Des jours furent formés, et pas un parmi eux » (Ps. 139:16).<br />

Autrement dit, les jours de la semaine font partie du monde de la Formation, alors que<br />

l’un d’entre eux, le Chabat, n’en fait pas partie. Il faut donc introduire la dimension d’El<br />

643


Avaya, correspondant au monde futur et au Chabat, dans le monde de la Formation, à<br />

savoir les jours de semaine. Nous pouvons y associer « la Royauté est la bouche »<br />

(Tikounim 17a), puisque par elle, les lettres de la parole obtiennent leur plénitude.<br />

4- Aussi, lorsque les lettres de la parole parviennent à leur plénitude, il faut veiller à les<br />

exprimer parfaitement. En effet, les lettres de la parole peuvent parfois se bloquer dans<br />

l’étroitesse de la gorge, et il est impossible d'exprimer une parole de manière parfaite.<br />

C’est ce que l’on appelle en Yiddish : "Heizerik" (être enroué). Nous devons donc nous<br />

efforcer d’extraire la parole de l’étroitesse de la gorge afin de pouvoir parler avec<br />

pleinement, c’est-à-dire, apposer les points voyelles aux consonnes. En effet, il est<br />

impossible de prononcer la moindre lettre sans prononcer les voyelles, comme on peut<br />

le constater. C'est lorsque l’on appose les voyelles sur les consommes et que la parole<br />

s’exprime parfaitement, alors il devient possible de passer du potentiel à l’effectif.<br />

En effet, toutes les pensées qu'un homme peut avoir se logent à l’intérieur de la parole,<br />

comme l’explique le Zohar $(III, 294a) : « Ses lèvres murmurent des pensées ». Et même si<br />

l’homme ne le perçoit pas, la chose se produit <strong>pour</strong>tant, de manière très subtile. En effet,<br />

toute pensée qui vient à l’esprit de l’homme arrive nécessairement dans sa parole, et ce à<br />

l'instant même où elle est pensée, mais de manière extrêmement subtile.<br />

Par conséquent, toute action que l’homme accomplit doit d’abord venir au sein de la parole,<br />

car toute chose doit passer par les (trois) stades : pensée, parole et action. Aussi, c'est par la<br />

parole que l’action est achevée, et passe du potentiel à sa réalisation. En effet, avant que<br />

l’action passe du potentiel à l'effectif, elle doit passer par le stade de la parole. Par<br />

conséquent, <strong>pour</strong> passer du potentiel à l’effectif, on doit parachever les lettres de la parole,<br />

et exprimer parfaitement la parole depuis l’étroitesse de la gorge. Autrement dit, apposer<br />

les voyelles sur les consonnes. C'est alors que, lorsque la parole est émise parfaitement, et<br />

que l’on passe du potentiel à au réel.<br />

Pour apposer les voyelles sur les consonnes, il faut l'envie et l'aspiration, qui consiste à<br />

désirer accomplir un commandement ou toute autre chose relative à la sainteté, tel<br />

qu’un Juif désire accomplir comme dans : « Des points d'argent/Nékoudot<br />

haKeSSeF » (Cantique 1:11), qui signifie que c'est grâce aux aspirations/KiSSouFin que<br />

se forment les voyelles/Nékoudot. Il est en effet impossible de réaliser quoi que ce soit<br />

sans une volonté première. Ainsi par exemple, lorsque l’on prononce une parole<br />

644


quelconque, on doit éprouver au préalable une envie de parler. De même <strong>pour</strong><br />

l’accomplissement d’une quelconque action, si l’on n’en avait pas eu l’envie préalable de<br />

la faire, il est certain qu’on ne l’aurait pas faite. Par conséquent, toute chose relative à la<br />

sainteté que l’homme doit accomplir, comme par exemple se rendre chez le Juste, ou<br />

<strong>pour</strong> tout autre acte de dévotion que l’on doit faire, il est nécessaire de susciter le désir<br />

de la chose afin de l'accomplir.<br />

Et <strong>pour</strong> l’essentiel, la principale cause de ce désir s'obtiendra grâce aux empêchements<br />

occasionnés. En effet, lorsqu’un homme d'Israël doit accomplir une chose nécessaire à sa<br />

qualité de Juif, et en particulier s'il doit accomplir une chose importante <strong>pour</strong> son<br />

judaïsme, et dont dépend tout son judaïsme, comme par exemple se rendre chez le Juste<br />

authentique, on lui occasionnera alors des empêchements. Ces empêchements n'ont<br />

d'autre finalité que le désir, c'est-à-dire accroître son désir afin de réaliser cette chose.<br />

En effet, les obstacles qui lui barrent la route afin de l’empêcher d’accomplir telle chose,<br />

ont <strong>pour</strong> effet d'augmenter considérablement son désir. Ainsi par exemple, lorsque l’on<br />

montre à un enfant un objet choyé par lui, puis qu'on lui retire immédiatement et qu'on<br />

le cache de sa vue, il se met alors à courir rapidement après l’homme (qui le lui a<br />

montré). Il demande qu’on lui restitue l’objet qu’il désire tant. Il en ressort que<br />

l’essentiel du désir se manifeste parce qu’on lui a dérobé la chose <strong>pour</strong> la cacher. De la<br />

même façon, on empêche l'homme, d’accéder à une chose afin d’intensifier son désir<br />

comme dans : « Le pain caché est appétissant » (Prov. 9:17). Cela signifie que plus une<br />

chose est refusée et dissimulée à l’homme, et plus il la désire et l'aime.<br />

C’est de ce principe que proviennent les tentations et notre désir intense <strong>pour</strong> les<br />

péchés, que Dieu nous en préserve. En effet, la faute est catégoriquement interdite à<br />

l’homme, car nous avons reçu le commandement et avons été mis en garde de ne pas<br />

transgresser (ses commandements). Mais comme elle nous est totalement défendue,<br />

c'est justement la raison <strong>pour</strong> laquelle notre désir se décuple <strong>pour</strong> elle comme dans : «<br />

Le pain caché est appétissant ». C’est la même chose <strong>pour</strong> la sainteté, lorsque l’homme est<br />

confronté à des obstacles, le désir s’intensifie fortement. Plus la chose désirée est<br />

importante, plus l’obstacle sera important. Il existe en effet (trois notions) : le désir, celui<br />

qui désire, et la chose désirée. C'est-à-dire l'homme qui désire, l'objet du désir et le désir<br />

éprouvé <strong>pour</strong> l'objet du désir. Ainsi, l’intensité du désir doit être proportionnelle à la<br />

valeur de l'objet désiré. C’est <strong>pour</strong>quoi, lorsque l’objet désiré est très grand, l’homme<br />

645


doit donc éprouver un très grand désir. C'est <strong>pour</strong>quoi il y aura un empêchement<br />

proportionnel au désir de la chose convoitée. En effet, plus l’empêchement est<br />

important, plus le désir s’intensifiera. Aussi, l’homme doit savoir que lorsque de grands<br />

obstacles se dressent entre lui et une chose sainte, il doit en déduire que la chose qu’il<br />

veut faire est particulièrement désirable et a une grande valeur, provoquant ces grands<br />

obstacles. Ceci est vrai notamment lorsque l'on souhaite voyager chez le Juste véritable.<br />

Il existe en effet de nombreux Justes, et chacun d’eux possède un point de vérité. Mais<br />

lorsque l’on veut se rapprocher de lui (du grand Juste), car tout dépend de cela (tout<br />

notre lien avec la Torah), l’homme est alors confronté à de grands et nombreux<br />

obstacles. C’est à partir de cela que l’homme comprendra la grandeur de la valeur de ce<br />

qu’il désire. Voici donc la règle : tous les empêchements n’ont de finalité que <strong>pour</strong><br />

susciter le désir, afin de provoquer un plus grand désir. Ainsi animé d’un grand désir, il<br />

est certain que l'homme <strong>pour</strong>ra accomplir la chose et passer du potentiel à l'effectif. En<br />

effet, le désir brise l’obstacle, puisque la finalité essentielle de l’obstacle n’est autre que<br />

<strong>pour</strong> susciter le désir. C’est <strong>pour</strong>quoi, lorsque l’homme désire ardemment quelque chose<br />

en fonction de l’obstacle rencontré, ce dernier finira par s’éliminer de lui-même.<br />

Telle est la notion de « neuf points voyelles et les neuf firmaments ». En effet, les voyelles<br />

sont des dimensions de firmament qui évoquent les obstacles. L’empêchement<br />

correspond au firmament, puisqu'il s'agit d'un écran, qui sépare et s’interpose devant<br />

l’homme de l’objet qu’on lui refuse comme il est écrit : « Que soit le firmament etc., qu’il<br />

soit une séparation » (Béréchit 1:6) Car le firmament est de l'ordre de l’obstacle, qui<br />

sépare et dissocie l’homme animé d’un désir et de la chose convoitée. C’est <strong>pour</strong>quoi la<br />

terre est appelée firmament/RaKiA', comme dans : « Celui qui étendit/léRoKA' la terre<br />

sur les eaux » (Ps. 136:6), comme quoi la terre, elle aussi, est une surface qui sépare et<br />

distingue.<br />

Aussi, les neuf points voyelles correspondent aux neuf firmaments, car les voyelles sont<br />

engendrées par le désir et le moteur du désir dépend de l’obstacle, synonyme de<br />

firmament (d’écran).<br />

Il existe donc neuf voyelles comme neuf firmaments. En effet, il y a plusieurs niveaux de<br />

désirs. En fait, une chose désirée peut se trouver au-dessus d'une autre chose désirée.<br />

L'intensité du désir est proportionnelle à l’importance de la chose désirée. Aussi, par<br />

conséquent l’obstacle sera d’autant plus grand et génèrera les points voyelles. Telle est<br />

646


la notion de "neuf voyelles et neuf firmaments", depuis le <strong>Kama</strong>ts (son ‘a’) jusqu’au<br />

Chourouk (son ‘ou’), superposées l'une au-dessus de l'autre, comme un firmament l’un<br />

au-dessus d’un autre. Autrement dit, une chose désirée sera au-dessus d’une autre selon<br />

l'intensité du désir, de l'ordre de la voyelle/firmament, car plus l’objet est désiré et plus<br />

il est élevé. En effet la voyelle se crée grâce au firmament qui symbolise l’obstacle.<br />

L'objet du désir le plus élevé relève du KaMaTS, (dénommé ainsi du fait de son aspect)<br />

« KeMiTS/contracté et dissimulé ». La voyelle <strong>Kama</strong>ts étant la plus élevée de toutes<br />

voyelles, car l'objet du désir (le plus élevé) reste extrêmement contracté et caché.<br />

Toutes ces concepts se résument selon le principe suivant : L'homme <strong>pour</strong>ra sans aucun<br />

doute, accomplir et faire passer du potentiel à l'effectif tout ce qu'il désire véritablement,<br />

et nul obstacle ni contrainte ne <strong>pour</strong>ra réellement l’en empêcher. Il faut seulement que<br />

le désir soit très fort, en fonction de l’importance de la chose désirée. On <strong>pour</strong>rait<br />

l’apprendre de l’obstacle lui-même, lorsque l’on constate que l'empêchement s’intensifie,<br />

nous bloque et se resserre devant nous fortement. Nous en déduirons que la chose<br />

désirée est particulièrement importante. C'est <strong>pour</strong>quoi il faut se renforcer afin<br />

d’éprouver un très fort désir, proportionnel à l’importance de l'objet du désir et de<br />

l’ampleur de l’obstacle. On <strong>pour</strong>ra alors, très certainement mener à bien notre projet.<br />

En effet, l’homme ne saurait se rendre quitte en se trouvant des prétextes dus aux<br />

obstacles, et prétendre qu’il désirerait faire telle chose mais que cela lui est impossible, à<br />

cause des empêchements et des contraintes. Par conséquent –on <strong>pour</strong>rait penser (à tort)<br />

que c’est comme si nous l’avions faite, comme l’enseignent nos sages de mémoire bénie<br />

$(Kidouchin 40a) : « Celui qui avait l’intention de faire un commandement, mais en a été<br />

empêché <strong>pour</strong> un cas de force majeure, est considéré comme s’il l’avait fait ». Certes, en<br />

réalité et bien évidemment, lorsqu’on est victime d’un empêchement, on est considéré<br />

« comme si on l'avait fait », selon la formulation de nos maîtres. Mais ceci concerne<br />

seulement celui qui souhaite, par ce motif, en « être quitte ». Il est en effet quitte, puisque<br />

victime d'un empêchement de force majeure, que pouvait-il donc faire ? En revanche,<br />

celui qui ne souhaite pas être exempté, mais qui désire le commandement en tant que<br />

tel, ou <strong>pour</strong> toute chose relative à la sainteté et qu'il veut réellement accomplir, sa seule<br />

aspiration sera de réaliser la chose par lui-même. S’il en est ainsi, qu’importe le fait<br />

qu’on l’acquitte de la chose en le considérant comme s'il l'avait faite ? Ceci ne le satisfait<br />

pas. En effet, il désire, convoite, et languit à l'extrême d'accomplir ce commandement, et<br />

647


de ne pas s'en rendre quitte par un « comme si », ou qu'il soit considéré « comme s’il<br />

l’avait fait ». En effet, en réalité, il sied au fils d'Israël de réaliser concrètement son désir<br />

et sa volonté <strong>pour</strong> toute chose relative à la sainteté, et de la faire passer du potentiel à<br />

l'effectif.<br />

Par conséquent, lorsqu’un homme désire vraiment et fortement, et qu'il ne se contente<br />

pas du « comme s'il l'avait fait », il est certain qu’il achèvera la chose en la passant du<br />

potentiel à l'effectif, en brisant et en annulant tous les obstacles et contraintes. En effet,<br />

ceux-ci ne sont apparus que <strong>pour</strong> lui susciter un désir. Ainsi, lorsqu’il éprouvera le désir<br />

qui correspond à cet obstacle, en fonction de la grandeur de la valeur de l'objet du désir,<br />

dès lors la contrainte et l’obstacle disparaîtront, de manière automatique.<br />

Ceci est évoqué dans : « Il descendit en Egypte » (Dévarim 26:5), contraint par la Parole<br />

» (Hagada de Pessa'h). Car lorsque la parole se trouve coincée dans l’étroitesse de la<br />

gorge, ce qui correspond à l’exil d’Egypte, on est alors « contraint par la parole ».<br />

Autrement dit, on subit des contraintes et des empêchements parce que les lettres sont<br />

privées de voyelles et qu’on ne parvient plus à les faire sortir de l’étroitesse de la gorge.<br />

C'est là l’origine de tous les empêchements et contraintes, comme nous l’avons vu. Tel<br />

est le sens de l’expression « contraint par la parole » car comme la parole n’est pas dans<br />

sa plénitude, la personne se retrouve contrainte.<br />

C’est <strong>pour</strong>quoi, nous voyons que : « Dès qu’une personne est dépendante des autres, le<br />

monde s’obscurcit <strong>pour</strong> lui » (Betsa, 23b). S'obscurcit/‘HaCHaKH, au sens<br />

d'empêchement, comme il est écrit : « Il ne m’a pas refusé/‘HaSSaKH » (Béréchit 39:9) et<br />

aussi dans « Et tu n'as pas refusé/'HaSSaKHta ton enfant, etc. » (idem, 22:16). Autrement<br />

dit, lorsqu’une personne a besoin des créatures, il se heurte alors à des obstacles, d’où<br />

l’expression "le monde s’obscurcit <strong>pour</strong> lui", c'est-à-dire lorsqu’il a besoin du monde, il<br />

rencontre des entraves et il lui est difficile de prier sincèrement. En effet, lorsqu’il est<br />

dépendant des créatures, il serait <strong>pour</strong> lui plus agréable et meilleur de prier seul.<br />

En revanche, celui qui ne dépend pas des créatures, et n’a en rien besoin d'elles, <strong>pour</strong>ra<br />

se tenir parmi des milliers de personnes et prier uniquement Dieu béni soit-Il avec<br />

sincérité. En effet, il n’a besoin d’aucune créature, ni <strong>pour</strong> sa subsistance, ni <strong>pour</strong> son<br />

prestige ni <strong>pour</strong> rien d’autre. Seul lui importe de « placer son espoir en l’Eternel son<br />

Dieu ».<br />

648


Telle est l’explication ésotérique du fait rapporté dans (Brakhot 18b) : « Voici une<br />

anecdote concernant un homme vertueux qui après avoir été victime d'une dispute avec<br />

sa femme, est parti passer la nuit dans un cimetière, etc. Il entendit des esprits qui<br />

dialoguaient ensemble. Leur conversation portait sur la subsistance, comme c’est<br />

rapporté dans le Talmud.<br />

« Une dispute » correspond à la colère. « Deux esprits » - il s’agit des deux esprits<br />

évoqués plus haut, engendrés par l'adoucissement de la colère, c'est-à-dire lorsque l’on<br />

rend effectif ce qui est en potentiel. Ceci dépend des conditions <strong>pour</strong> permettre de<br />

passer du potentiel à la réalisation.<br />

[Rabénou ne déVoilà pas davantage, à savoir comment tout cet Enseignement est en<br />

allusion dans ce passage du Talmud.]<br />

TORAH 67<br />

Chavouot 5567 à Zaslov après le décès de sa femme.<br />

« L’Éternel-Dieu construisit la côte qu’Il avait prélevée etc. Il l’apporta à l’homme »<br />

(Béréchit 2:22).<br />

Selon un avis : Dieu accorda une part supplémentaire de compréhension à la femme,<br />

selon un autre avis : Il tressa les cheveux de la femme, puis la présenta à l’homme.<br />

(Nida 45b)<br />

1- L’âme est extrêmement précieuse. Il faut donc veiller sur elle et<br />

considérablement la préserver. Pour cette raison, il faut être extrêmement<br />

attentif lorsqu’un homme est l’objet d’un nouvel honneur. En effet, la Gloire est<br />

« mère de tous les vivants » (Bér. 3:20, référence à ‘Hava, la première femme) et il<br />

(cet honneur) équivaut à la source de toutes les âmes. Ainsi, lorsque l’âme<br />

disparaît, elle s’élève vers la Gloire, qui est sa source, comme dans : « La Gloire de<br />

l’Éternel te récoltera » (Isaïe 58:8), qui indique que les âmes s'élèvent et se<br />

rassemblent à l'intérieur de la Gloire, lieu de leur source. C’est <strong>pour</strong>quoi,<br />

lorsqu’une nouvelle distinction est accordée à l’homme, on doit faire attention et<br />

649


se protéger, car peut-être, cet honneur, à Dieu ne plaise, survient dans le but de le<br />

faire disparition, afin que l’âme réintègre la Gloire, qui est sa source, comme nous<br />

l’avons dit. Néanmoins, l’attribut de bonté est prédominant, Voilà <strong>pour</strong>quoi, en<br />

général, l’honneur apparaît <strong>pour</strong> le bien.<br />

Autrement dit, lorsqu’une âme nouvelle vient à l’homme, elle se présente à lui<br />

revêtue de la Gloire qui est la mère de tous les vivants. Lorsqu’un homme est crédité<br />

d’un nouvel honneur, c’est généralement à son avantage, et une nouvelle âme lui<br />

advient au moyen de cet honneur. Le principe essentiel est que l’honneur est la<br />

source des âmes. En corollaire, il arrive parfois qu’un nouvel honneur advienne à<br />

l’homme <strong>pour</strong> la disparition de son âme, à Dieu ne plaise, et afin que cette âme<br />

rejoigne la Gloire, comme nous l’avons évoqué. Mais dans la majorité des cas,<br />

l’honneur survient <strong>pour</strong> de bonnes raisons. Par le mérite de cette gloire, source de<br />

toutes les âmes, on reçoit une nouvelle âme. Pour cela, il convient d’être très vigilant<br />

et afin de recevoir cet honneur avec une grande sainteté, <strong>pour</strong> le seul Nom de Dieu<br />

béni soit-Il, car la Gloire est la source de toutes les âmes, comme nous l'avons dit.<br />

2- Il faut faire en sorte que cette Gloire ait un visage. En effet, la gourmandise (par<br />

exemple) endommage la Gloire, et lui fait perdre la « face ». La table d’un homme<br />

correspond à la "Couronne de Royauté" (Yoma 72b, voir Rachi), reliée à la Gloire, de<br />

l'ordre de : « Roi de Gloire » (Ps. 24:10), car la Gloire correspond à la dimension<br />

« Royauté ». Ainsi, lorsque l’homme corrompt sa nourriture, la Gloire est alors altérée et<br />

n’a pas de visage, de même que : « Je leur déroberai Ma Face et il sera pâture » (Dévarim<br />

31:17), ce qui signifie que la gloutonnerie cause, à Dieu ne plaise, le « voile de la Face ».<br />

En revanche, la modération dans la nourriture, qui consiste à briser la gourmandise,<br />

entraîne l’élévation de la Face. Nos sages de mémoire bénie l’ont exprimé ainsi : « Que<br />

l'Éternel élève Sa Face vers toi (Bamidbar 6:26), etc. Comment <strong>pour</strong>rais-Je ne pas élever<br />

Ma Face vers Israël, Moi qui ai dit : « Tu mangeras, tu seras rassasié et tu béniras » alors<br />

qu’ils veillent scrupuleusement à (prononcer les actions de grâces même lorsqu’ils ne<br />

consomment que) la mesure d’une olive et d'un œuf ? » (Brakhot 20b). Il en ressort que<br />

briser la gourmandise, en se montrant pointilleux sur la mesure d’une olive et d’un œuf,<br />

entraîne « l’élévation de la face ». Cela correspond à : « Il me dit : voici la table qui est face<br />

650


à l’Éternel » (Yé’hézkel 41:22), "face", précisément, qui fait référence à l’éclat du Visage<br />

(obtenu) grâce à la table, autrement dit, grâce au repas consommé dans la sainteté.<br />

3- Ainsi, lorsque le désir de nourriture est exagéré, la Gloire se dégrade et elle perd le<br />

visage et les personnes effrontées se trouvent renforcées. En d’autres termes, la Gloire -<br />

correspondant à la Royauté -, tombe, et les personnes effrontées de la génération<br />

accaparent la Gloire. En effet, « L’effronterie est une royauté sans couronne » (Sanh.<br />

105a). Autrement dit, lorsque la dimension de Royauté, qui correspond à la table de<br />

sainteté n’est pas parfaite, alors se renforce l’effronterie appelée « Royauté sans<br />

couronne », c'est-à-dire dé<strong>pour</strong>vue de couronne de royauté.<br />

Ceci est l’aspect de : « Les chiens sont effrontés et ne connaissent pas la satiété » (Isaïe<br />

56:11). En d’autres termes, la gourmandise évoque « Le ventre des méchants n’en a<br />

jamais assez » (Prov. 13:25), qui « Ne connaissent pas la satiété » et qui représente<br />

l’inverse du « juste mange <strong>pour</strong> rassasier son âme » (idem). Cet aspect a <strong>pour</strong> effet de<br />

renforcer les personnes effrontées, qui relèvent de « les chiens sont effrontés », de l'ordre<br />

de : « Le visage de la génération sera semblable à celui du chien » (Sota 49b). C’est en<br />

quoi (le verset d'Isaïe conclut) : « Ils sont des bergers qui ne savent comprendre », <strong>pour</strong><br />

signifier qu'ils s'érigent en bergers et en dirigeants de la génération, car la Gloire a chuté<br />

chez eux et ils sont dépositaires de tout l’honneur. Par contre, lorsque l’on brise son<br />

appétit, de même que : « Le juste mange <strong>pour</strong> rassasier son âme », on provoque<br />

l’élévation de la Face. Alors, aucune puissance ni suprématie ne reste <strong>pour</strong> ces<br />

personnes effrontées. En effet, leur vitalité ne puise que dans la dissimulation de la Face,<br />

au moyen de la gourmandise comme nous l'avons vu.<br />

C'est de cela qu’il s'agit dans « Il se couchera repu et nul mal ne le visitera » (Prov. 19:23).<br />

« Il se couchera repu » correspond au juste qui mange <strong>pour</strong> rassasier son âme. En vertu<br />

de quoi : « nul mal ne le visitera », autrement dit, aucune autorité ni domination ne<br />

tournera vers le mal, c’est-à-dire vers les personnes effrontées.<br />

4- Mais lorsque la Royauté et la Gloire chutent et se retrouvent chez les effrontés, nous<br />

sommes en présence de Justice/Tsédek. En effet, la lettre Tsadik, ‏,צ est (formée des<br />

lettres) Youd et Noun, ‏,ינ où la face du Youd se détourne du Noun, ce dernier<br />

correspondant à la Royauté, de l'ordre de : « Face au soleil, que règne son Nom » (Ps.<br />

72:17). Il s'agit donc bien du « voile de la Face », lorsque la Gloire n’a pas de visage,<br />

651


comme nous l'avons vu. Il est question de la lettre DaLet (contenue dans le mot TséDek),<br />

qui fait allusion à la Gloire et la Royauté diminuées et amoindries/niDaLDéLa, et<br />

tombées dans l'Autre côté incarné par les personnes effrontées. De plus le sens de la<br />

lettre KOUF (à la fin du mot TsédeK nous montre que) lorsque la Royauté et la Gloire<br />

sont diminuées et amoindries, elles sont comparables à un « singe/KOF » par rapport à<br />

un homme. La jambe de la lettre Hé, ‏,ה s’est allongée <strong>pour</strong> former un Kouf, ‏,(ק)‏ la jambe<br />

est tirée vers le bas, de même que « Ses pieds descendent vers la mort » (Prov. 5:5), et les<br />

effrontés puisent d’elle. En effet, la Gloire et la Royauté sont tombées parmi eux, comme<br />

nous l'avons dit, et elles s'apparentent alors à : « Ses pieds descendent vers la mort ». On<br />

se trouve alors réduit à recevoir d'eux la royauté de la sainteté. C'est <strong>pour</strong>quoi, lorsque<br />

qu'Israël doit procéder fermement à une intervention <strong>pour</strong> la sauvegarde de la sainte<br />

religion, il doit recevoir la force et l’autorité à partir du pouvoir des non-juifs.<br />

5- Il faut donc élever (retirer) d'eux la Gloire et la Royauté, ce qui se fait par la charité,<br />

car : « La charité sauve de la mort » (Prov. 10:2). Autrement dit, par l’intermédiaire de la<br />

charité, on élève et l'on libère la Royauté de la dimension : « Ses pieds descendent vers la<br />

mort ». Et on transforme ainsi « TSéDeK/justice » en TSéDaKa/charité. La charité<br />

correspond aux cinq Bontés, car la charité relève de la Bonté, comme l’ont affirmé nos<br />

sages, de mémoire bénie : « Le profit issu de la charité ne dépend que de la bonté qui<br />

l’accompagne, comme il est dit (Souka 49b): « Semez <strong>pour</strong> vous <strong>pour</strong> la charité et<br />

moissonnez selon la bonté » (Osée, 10:12) ». Ainsi, grâce à la dimension des cinq Bontés,<br />

on ajoute la lettre Hé (de valeur 5) ‏,ה et le mot Tsédek- צדק se transforme en Tsédaka-<br />

C'est <strong>pour</strong> cela que le terme « charité » est mentionné à cinq reprises dans la ‏.צדקה<br />

Torah, en référence aux cinq Bontés, à la charité, comme nous l’avons évoqué.<br />

Tel est le sens de « Qui a éveillé de l'Orient, la justice l'appellera à ses pieds » (Isaïe 41:2).<br />

« Qui a éveillé de l'Orient », fait référence à la charité de même que : « De l’Orient, Je<br />

ramènerai ta semence » (Isaïe 43:5). Ce verset correspond lui-même à : « Semez <strong>pour</strong><br />

vous, <strong>pour</strong> la charité … ». Grâce à cela : « la justice l'appellera à ses pieds ». En d'autres<br />

termes, grâce à la charité, la justice appelle « les pieds » et les relève de la dimension de<br />

« Ses pieds descendent etc. ».<br />

652


Tout ceci correspond à : « Ta justice marchera face à toi » (Isaïe 58:8). La justice est en<br />

effet en mesure de « marcher », allusion à la notion d’élévation des « pieds », qui sont les<br />

instruments de la marche. Pour cela : « Ta justice marchera face à toi » - "face à toi"<br />

précisément, puisqu'ils élèvent la Gloire et la Royauté vers la lumière du Visage, comme<br />

cela a été développé plus haut.<br />

6- Ainsi, lorsque l’on élève la Gloire et la Royauté, la Gloire sort de « l’Autre côté», sort<br />

des personnes effrontées évoquées plus haut, et rejoint ceux qui sont « doués<br />

d’intelligence » (Daniel, 1:4). Il s’agit là de l’inverse de la chute de la Gloire au sein des<br />

personnes effrontées, appelées « bergers qui ne savent comprendre », car elle retourne à<br />

présent vers ceux qui sont « doués d’intelligence ».<br />

Dès lors que la Gloire retourne à ceux qui sont « doués d’intelligence », elle se heurte à<br />

une opposition. Les ennemis puisent en effet l'essentiel de leur vitalité de ceux qui sont<br />

"doués d’intelligence", c’est-à-dire, du cerveau, de l'ordre de : « De la tête des capitaines<br />

ennemis » (Dévarim 32:42). En d’autres termes, c’est à partir du cerveau, « de la tête »<br />

que se manifestent tous les adversaires et ennemis, car le cerveau contient des éléments<br />

superflus d’où sortent les cheveux, desquels ils puisent leur vitalité. Ils s’en nourrissent<br />

jusqu’à l’épuisement de tous les éléments superflus du cerveau. Ils n’ont ensuite plus de<br />

vitalité, et chutent. Ce qui correspond à la perte des cheveux chez les personnes âgés, car<br />

en effet, « Les personnes âgées ont un cerveau calme et serein » (Zohar III, 128b). Ainsi<br />

l’esprit des personnes âgées est clair et limpide, sans aucun élément superflu subsistant<br />

dans leur cerveau. Voilà <strong>pour</strong>quoi les cheveux tombent, puisqu’ils n’ont plus de source<br />

de vitalité.<br />

Aussi, les dissensions qui règnent parmi les ennemis leur permettent d’accroître la<br />

durée de leur existence, et ils puisent en effet leur subsistance jusqu’à épuisement de<br />

tous les éléments superflus du cerveau. Lorsqu’ils ont épuisé ces substances superflues,<br />

l’esprit est alors clair et limpide, et ils tombent car ils se retrouvent privés de<br />

subsistance. Ainsi, par les discordes qui règnent entre eux, ils n’ont pas la force de<br />

« puiser » excessivement et ils « puisent » peu à peu. Telle est la cause de leur longévité,<br />

(qui les maintient) jusqu’à ce qu’ils finissent de puiser tous les éléments superflus. En<br />

revanche, lorsque les ennemis s’unissent, ils parviennent à épuiser très rapidement<br />

toutes les matières résiduelles. Ils tombent ensuite, comme nous l’avons vu.<br />

653


Il existe un rapport avec les « cheveux tressés », désignés "koltinis", que l’on trouve chez<br />

certaines personnes, que les gens craignent de couper et qu’ils laissent tomber d’euxmêmes.<br />

Autrement dit, lorsqu’il y a une abondance de substances superflues dans le<br />

cerveau, la nature humaine fait en sorte que pousse une touffe de cheveux tressés afin<br />

que, de par leur emmêlement et leur masse, ils se nourrissent autant que possible,<br />

reçoivent et puisent toutes les abondantes substances superflues du cerveau. C’est <strong>pour</strong><br />

cette raison que l’on ne les coupe pas prématurément, car il <strong>pour</strong>rait être nuisible <strong>pour</strong><br />

le cerveau que ces substances restent, si les cheveux tressés n’étaient pas là <strong>pour</strong> les<br />

absorber.<br />

Telle est l’idée contenue dans : « Ceci nous enseigne que Dieu lui accorda une part<br />

supplémentaire de compréhension » - « une part supplémentaire de compréhension »<br />

fait allusion aux substances superflues du cerveau, avec lesquelles se nourrissent les<br />

cheveux et d’où « puisent » les ennemis. Cela fait également référence à : « Selon un<br />

autre avis : Il tressa les cheveux de ‘Hava etc. Les deux opinions n’en sont qu’une et ne<br />

sont pas en controverse ». En effet, c’est à cause des substances superflues du cerveau,<br />

correspondant à la part supplémentaire de Compréhension, que proviennent les<br />

cheveux tressés, de même que : « Il tressa les cheveux de ‘Hava » [car la Gloire<br />

correspond à ‘Hava, qui a été façonnée à partir de la côte d’Adam et désignée comme «<br />

La Mère de tous les vivants »].<br />

Tout cela renvoie au verset : « Et l’âme de tes ennemis, Il la lancera/yiKLa'ena avec la<br />

fronde/KéLa' » (Samuel I, 25:29), référence aux cheveux tressés/KeLou'in », c’est-à-dire<br />

à la notion d’union des ennemis qui permet leur chute, comme nous l’avons expliqué.<br />

7- Lorsque survient un nouvel honneur chez un homme qui renferme une âme sainte, il<br />

faut veiller à faire naître cette âme facilement, sans les difficultés de l’accouchement. Car<br />

la Gloire est la « mère de tous les vivants », comme nous l’avons évoqué, et l’âme<br />

dissimulée à l’intérieure de la Gloire, est semblable à un embryon dans le ventre de sa<br />

mère. Mais parfois, à Dieu ne plaise, lorsque l'accouchement se présente mal, les deux<br />

peuvent disparaître : la mère et l’embryon, autrement dit, la Gloire et l’âme, à Dieu ne<br />

plaise. Parfois, l’une des deux disparaît, à Dieu ne plaise, en fonction de la nature des<br />

complications de l’accouchement. Il faut donc faire en sorte que l’accouchement soit<br />

facile et sans complications.<br />

654


Ensuite, une fois l’âme mise au monde, il faut (savoir) élever cette âme. Ces deux<br />

dimensions, soit la naissance et l’éducation (élévation), s’effectuent par la crainte et<br />

l’amour, comparés aux deux mains : la "Grande Main" et la "Main Forte". En effet,<br />

l'accouchement est réalisé avec la crainte, de même que : « Un frisson s’empara d’eux, une<br />

angoisse comme d’une femme qui accouche » (Ps. 48:7). Après la naissance, on la fait<br />

grandir, avec de l’amour, de même que : « Telles sont les origines du ciel et de la terre,<br />

lorsqu'ils furent créés » (Beréchit 2:4). « Lorsqu'ils furent créés » fait référence à l’aprèscréation<br />

et l’après-naissance. On la fait grandir (l’âme) au moyen de la dimension<br />

« Avraham » qui représente l’amour et la main droite. C’est de cela dont il est question<br />

dans : « Lorsqu'ils furent créés/béHiBaRAM » qui est à rapprocher de « par<br />

Avraham/béAVRaHAM » (Béréchit Raba 12:9).<br />

« Et Tu es le souverain maître sur tout etc. » (Chr. 1, 29:12) fait référence à l'autorité et à<br />

la royauté, de l'ordre du « Roi de Gloire » dont l’âme se revêt. « … En Ta main force et<br />

puissance. Par Ta main, faire tout grandir et tout affermir » (Chr. 1, 29:12). Il y est<br />

question de la notion des deux mains : « En Ta main force et puissance » correspond à<br />

la « Main Forte » et « Par Ta main, faire tout grandir et tout affermir » correspond à la<br />

« Grande Main ». C'est donc au moyen de la dimension des deux mains, que l'on accouche<br />

de l’âme habillée dans la Gloire, et qu'on l'élève.<br />

Et telle est la signification de la « charité/Tsédaka « que l’on donne au moment (de la<br />

prière du matin), lorsque l’on prononce les mots : « Et Tu es le souverain maître, sur tout<br />

» [voir Kavanot]. Il s'agit de la charité qui permet de faire sortir et d'élever la Gloire et<br />

l'autorité, comme nous l’avons vu.<br />

Tout cela se rapporte à : « Ma nouvelle gloire est avec moi, et mon arc se transforme dans<br />

ma main » (Job, 29:20). En d’autres termes, lorsqu'un nouvel honneur échoit à un<br />

homme, il doit transformer et écarter les complications de la naissance (de cette âme),<br />

au moyen de la dimension des mains, comme expliqué plus haut. Voilà <strong>pour</strong>quoi : « Et<br />

mon arc/KaCHti, se transforme dans ma main », car par l’intermédiaire des mains, les<br />

complications/KiCHouï de l'accouchement se transforment et se dissipent, comme nous<br />

l'avons dit. Il est fait ici allusion à la transformation qui fait permuter le Nom<br />

« אהיה/‏Ehyé », avec celui de « ‏«בוכו/‏Bokhou (en changeant chaque lettre par la lettre<br />

suivante de l'alphabet), qui est l’équivalent numérique du mot "Yadekha/Ta Main", qui<br />

655


est à l’origine de la naissance (consulter les Kavanot sur « Et Tu es le souverain maître,<br />

sur tout »).<br />

8- Parfois l’âme ressent une fatigue du fait qu’elle s’est éloignée de la Mère, c’est-à-dire,<br />

de la Gloire. Il faut alors la revivifier et la soigner avec de l’eau fraîche, car : « De l’eau<br />

fraîche sur une âme fatiguée » (Prov. 25:25). En d’autres termes, lorsque l’on prie sans (y<br />

mettre son) cœur, cela a <strong>pour</strong> conséquence d’éloigner l’âme de la Gloire comme dans : «<br />

Ils M’honorent de leurs lèvres mais leur cœur est loin etc. » (Isaïe 29:13). En effet,<br />

l’intention du cœur correspond à l’âme, comme il est écrit « Vers toi, Eternel, j’élèverai<br />

mon âme » (Ps. 25:1), que Rachi explique : « Je concentrerai mon cœur ». Mais lorsque le<br />

cœur est éloigné des paroles de la prière, on entre alors dans une dimension<br />

d’éloignement de l’âme, c'est-à-dire du cœur et de la Gloire, comme : « Ils M’honorent de<br />

leurs lèvres mais leur cœur est loin ». Dès lors, l’âme ressent une telle fatigue qu’il faut la<br />

soigner avec l’eau fraîche, comme nous l’avons évoqué.<br />

L'eau fraîche s'obtient par la dimension « tonnerre ». Le tonnerre est provoqué par<br />

l’honneur rendu à un vieil homme qui aurait oublié son étude, comme l’enseignent nos<br />

sages de mémoire bénie : « Veillez au vieil érudit qui a oublié son étude » (Brakhot 8),<br />

afin de nous avertir de continuer à le respecter. C’est ce qui suscite le tonnerre, luimême<br />

à l’origine de l’eau fraîche, apte à revivifier l’âme.<br />

Les coups de tonnerre sont provoqués par l'élévation des effluves avec les vapeurs d'eau<br />

accumulées dans le nuage et s’y galvanisent. Le nuage se déchire et ainsi l'on entend le<br />

son du tonnerre. Le tonnerre a <strong>pour</strong> conséquence de faire tomber la pluie selon l’endroit<br />

et les besoins, de façon mesurée et pesée comme l’indique le verset : « Au bruit de Ton<br />

tonnerre, elles s’élanceront. Elles monteront les montagnes et descendront les vallées, vers<br />

l'endroit que Tu leur avais assigné » (Ps. 104:7-8).<br />

Il en va de même lorsque l’on témoigne au vieillard érudit qui a oublié son étude, le<br />

respect qui lui est dû. L’oubli correspond aux nuages qui voilent les yeux. Le respect<br />

correspond au feu, comme dans : « Et la Gloire de l’Éternel, tel un feu dévorant » (Chémot<br />

24:17). On doit lui témoigner du respect afin que (ce feu) pénètre à l’intérieur du nuage<br />

comme dans : « La Gloire de l'Eternel apparut dans la nuée » (Chémot 16:10). C'est-à-dire<br />

qu’elle pénétra à l’intérieur du nuage qui voilent les yeux, et alors le nuage se déchira. Et<br />

c'est de là que provient le tonnerre, au sens de : « Le Dieu de gloire tonne, l’Eternel, sur les<br />

656


eaux abondantes » (Ps. 29:3), <strong>pour</strong> signifier que grâce à l’honneur, le tonnerre est généré.<br />

Apparaissent alors les eaux abondantes, la connaissance du vieillard se dévoile par le<br />

déchirement du nuage qui voile les yeux. Ainsi : « la terre se remplira de connaissance etc.<br />

comme l’eau recouvre la mer » (Isaïe 11:9) qui correspond aux « les eaux abondantes »<br />

qui sont elles-mêmes l'eau fraîche permettant de revivifier et de soigner l’âme.<br />

Ainsi, au moyen de ces coups de tonnerre, les eaux de la connaissance se répartissent<br />

chez chacun selon ce qui lui revient, et en fonction de ce qu’il doit recevoir comme eau<br />

fraîche <strong>pour</strong> revivifier son âme.<br />

Il est question ici de la différence entre celui qui étudie à partir d’un livre et celui qui<br />

entend de la bouche des Justes authentiques. Lorsque l’on étudie à partir d’un livre, on<br />

ne connaît pas la mesure de ce que l’on doit apprendre <strong>pour</strong> vivifier son âme, alors que<br />

lorsque l’on entend la Torah enseignée par un Juste dans le contexte du tonnerre, ce<br />

dernier diffuse la dose d’eaux fraîches propre à chacun et en fonction de son niveau.<br />

Ces eaux fraîches revivifient et réparent l’âme qui était fatiguée après s’être éloignée de<br />

la Gloire, <strong>pour</strong> avoir prié sans intention du cœur (concentration). Et la disparition de la<br />

connaissance des vieillards, de l’ordre du vieil érudit ayant oublié son étude vient de<br />

l’acte de prier sans (y mettre son) cœur, comme il est écrit : « Ils M’honorent de leurs<br />

lèvres mais leur cœur est loin ». De ce fait, « … Je vais continuer à faire avec ce peuple des<br />

choses surprenantes, inouïes, la sagesse de ses sages disparaîtra et l'intelligence de ses gens<br />

d'esprit se voilera » (Isaïe 29:14). Pour cela, accorder du respect au vieil érudit ayant<br />

oublié son étude entraîne le retour et le dévoilement de sa sagesse au moyen du<br />

« tonnerre ». Par conséquent, cela permet de rectifier le dommage causé par la prière<br />

dite sans l’intention du cœur, causant ainsi la disparition de la sagesse des vieillards. Car<br />

à présent, par l’honneur qu’on leur témoigne, leur sagesse revient et se dévoile. Et cela<br />

entraîne l’arrivée d’eaux fraîches qui vivifient son âme fatiguée par le dommage<br />

provoqué par la prière (sans concentration).<br />

Car, « Dieu fait retentir la voix de Son tonnerre, merveilleusement » (Job, 37:5). Le son du<br />

tonnerre rectifie en effet la dimension « merveilles » qui correspond à la disparition de<br />

la sagesse des vieux érudits, comme il est écrit : « Je vais continuer à faire avec ce peuple<br />

des choses surprenantes, inouïes, où la sagesse de ses sages disparaîtra etc. ». Ainsi, grâce<br />

au tonnerre, on en obtient la réparation et leur sagesse se dévoile à nouveau.<br />

657


Dès lors que l’âme est revivifiée par l’eau fraîche, on revigore également les os. Car le<br />

dommage causé à l’âme équivaut à celui causé aux os, comme il est écrit : « Car mes os<br />

sont en désarroi. Et mon âme est désemparée » (Ps. 6:3-4). En effet, prier sans l’intention<br />

du cœur entraîne la fatigue de l’âme et cause du même coup un dommage aux os. Il est<br />

nécessaire de prier de manière à ressentir les paroles de la prière jusque dans chacun de<br />

ses os, comme il est écrit : « Tous mes os proclameront etc. » (Ps. 35:10. Et l'eau fraîche<br />

qui vivifie l’âme, a <strong>pour</strong> effet de vivifier les os comme dans : « Et que la moelle de ses os<br />

soit arrosée » (Job, 21:24). Il est question « De l'eau fraîche sur une âme fatiguée, telle une<br />

bonne nouvelle venue d'un pays lointain » (Prov. 25:25). « Une bonne nouvelle »<br />

correspond au bruit du tonnerre qui se fait entendre de loin, puisqu’il remédie à<br />

l’éloignement de l’âme de la Gloire divine. Il s'agit véritablement de : « Une bonne<br />

nouvelle venue d'un pays lointain » car elle correspond à « l’eau fraîche sur l’âme<br />

fatiguée » qui provient des coups de tonnerre, qui eux-mêmes correspondent à la bonne<br />

nouvelle. Il est donc bien question de : « Une bonne nouvelle bonifie les os » (Ps. 15:30).<br />

La bonne nouvelle correspond aux coups de tonnerre, d’où provient l'eau fraîche qui<br />

revivifie et guérit l’âme, comme nous l'avons dit. Grâce à elle, les os sont réparés et<br />

consolidés de l'ordre de : « Et que la moelle de ses os soit arrosée », comme cité plus haut.<br />

Elle « bonifie les os » car la rectification de l’âme équivaut à celle des os.<br />

[A partir des mots : « De plus, dès lors que l’on revivifie l’âme » jusqu’ici, tout n’a pas été<br />

écrit comme il fallait].<br />

Tout cela correspond à : « Au jour des prémices/haBiKouRim » (Bamidbar 28:26), de<br />

l'ordre de la naissance de l’âme sans difficultés d'accouchement comme dans : « Souffre<br />

comme une femme qui accouche <strong>pour</strong> la première fois » (Jérémie 4:31) qui correspond<br />

aux complications de l’accouchement. Il s'agit également de l'élévation de l’âme selon le<br />

verset : « Comme on pleure un premier-né/BéKHoR » (Zékharia 12:10), qui évoque la<br />

peine éprouvée à élever (un enfant, une âme).<br />

« Convocation sainte » (suite du verset des Nombres) : il s'agit de la Gloire, qui relève de<br />

la sainteté ainsi qu’il est écrit : « Je serai sanctifié <strong>pour</strong> Ma Gloire » (Chémot 29:43), qui<br />

appelle les pieds, de l'ordre de : « Il appelle la justice à ses pieds », cité plus haut.<br />

[La suite, Rabénou ne l’a pas expliquée.]<br />

TORAH 68<br />

658


Toutes les âmes aspirent à l’argent et le convoitent. Mais ce n'est pas seulement l'argent<br />

qu'elles désirent et aiment. Car même l’homme qui possède de l’argent, et justement du<br />

fait qu'il possède de l'argent, sera en général un objet d'attirance et d'amour de la part<br />

des gens, comme nous pouvons le constater concrètement, et comme il est écrit : «<br />

Nombreux sont les amis du riche » (Prov. 14:20).<br />

Ce phénomène s'explique du fait que l’âme provient d’un lieu élevé, d’où l’argent<br />

provient aussi, avant de descendre peu à peu et se matérialiser.<br />

En effet, il est certain que l’endroit originel d’où descend l’argent relève de la sainteté et<br />

du flux d’abondance sainte. Ce n'est que par la suite qu'il se matérialise en bas, selon le<br />

principe de l’enchaînement, <strong>pour</strong> devenir de l’argent. C'est <strong>pour</strong>quoi l’âme aspire à<br />

l’argent, dans la mesure où l’âme provient d’un endroit dont l’argent est issu.<br />

Il faut néanmoins se garder de convoiter l’argent, comme on a déjà expliqué à maintes<br />

reprises l'ampleur du défaut de l’appétit d’argent. Il faut exclusivement aspirer au lieu<br />

d’où provient l’argent, c'est-à-dire d’où il est descendu.<br />

C’est de ce point de vue que « Rabbi honorait les riches », comme l’ont dit nos sages de<br />

mémoire bénie $(Erouvin 86a) - parce qu’ils possèdent de l’argent, et l’argent provient<br />

d’un endroit très élevé.<br />

De plus, sache qu'il sied à tous les membres d'Israël de posséder de l’argent. Mais il<br />

existe un trait de caractère qui leur fait perdre cet argent et qui constitue un défaut<br />

méprisable, et dont il est très difficile de se préserver. Et même si un individu voulait<br />

s'en préserver, et en particulier si son intention (en voulant s’en préserver) était<br />

l’appétit de l’argent afin de ne pas perdre cet argent, malgré tout, ce défaut déjà très fort<br />

dans son enfance et sa jouvence, lui fait perdre ainsi l’argent devant lui revenir. Ce<br />

défaut, c’est la colère. C'est elle qui fait perdre et qui annule l’argent qui lui est<br />

normalement dû.<br />

En effet, le point de départ de la descente progressive, lieu d’où descend l'argent peu à<br />

peu, relève exactement de la même dimension que celle de la colère. C’est <strong>pour</strong>quoi,<br />

lorsque le Tentateur remarque la descente d'un flux d’abondance vers un homme afin<br />

qu’il reçoive de l’argent, il (le Tentateur) descend lui aussi et lui occasionne de se mettre<br />

659


en colère. Ainsi, il refaçonne en colère le flux d'abondance, lors de sa descente<br />

progressive, qui aurait dû procurer de l'argent à cet homme.<br />

En effet, la colère et l’argent relèvent exactement d’une seule et même dimension au<br />

niveau de l'origine de l’enchaînement. Il n’existe entre eux aucune différence, puisque les<br />

deux descendent des Rigueurs et émanent absolument d’un même endroit, de l'ordre<br />

de : « L’or provient du Nord » (Job, 37:22). Et : « C'est du Nord que le malheur éclate »<br />

(Jérémie 1:14), où il s'agit de la colère, comme indiqué dans le verset « Chasse la colère<br />

de ton cœur et éloigne le malheur de ta chair » (Kohélet 11:10).<br />

En effet, l’argent et la richesse relèvent de la muraille, comme il est écrit : « La fortune est<br />

une place forte <strong>pour</strong> le riche, une muraille élevée, etc. » (Prov. 18:11).<br />

Aussi, la colère représente une dégradation de la muraille, comme l’indique le verset : «<br />

Une ville démantelée, sans remparts, tel est l'homme dont le tempérament ne connaît pas<br />

de frein » (idem, 25:28).<br />

Ainsi, lorsque le Tentateur aperçoit la descente progressive d'un flux d'abondance<br />

d’argent vers un homme, correspondant à la muraille comme nous l'avons dit, il lui<br />

refaçonne en colère à partir de ce même flux en lui occasionnant une circonstance de se<br />

mettre en colère, de sorte que cette colère ébrèche la muraille. En effet, la colère et<br />

l’argent relèvent d’une même dimension à la source de l’enchaînement, comme nous<br />

l’avons dit. C’est <strong>pour</strong>quoi, il lui est facile d'inverser la concrétisation progressive du flux<br />

d’abondance d’argent, de l'ordre de la muraille, en colère, exacte opposée de la muraille.<br />

Il refaçonne alors « ‘HoMa/Muraille », en « ‘HéMa/Courroux », transformant l’argent en<br />

colère.<br />

En effet, la source originelle d’où descend l'argent peu à peu est le même endroit d’où<br />

provient l'âme, de l'ordre de : « Son âme aspire à lui » (Dévarim 24:15), qui est dit au<br />

sujet du salaire d’un employé journalier (car il aspire à son salaire). Et ainsi qu’il est écrit<br />

ailleurs : « Nous apporterons notre pain avec nos âmes (à leur risque) » (Lam. 5:9). C'est<br />

<strong>pour</strong>quoi l’âme le désire et le convoite, mais par la colère, l’homme perd son âme comme<br />

dans : « Il déchire son âme dans sa colère » (Job, 18:4), comme rapporte le Zohar $(II,<br />

182a).<br />

660


En outre, sache que même si le flux d'abondance a atteint l’homme, qu'il s’est déjà<br />

matérialisé en argent, et que l'homme possède à présent l'argent, correspondant à la<br />

muraille comme nous l'avons dit, en dépit de tout cela, le Tentateur l'incite parfois à une<br />

colère si forte qu’elle en vient à lui faire perdre jusqu’à l’argent qu’il a déjà acquis.<br />

Certes, il aurait été plus normal qu'il lui soit dorénavant impossible de lui faire perdre<br />

cet argent au moyen de la colère, puisque le flux d’abondance est déjà descendu en se<br />

matérialisant en argent. Ce flux n'aurait alors plus de possibilité de se transformer en<br />

colère, et au contraire, il aurait été normal que cet argent déjà en sa possession, de<br />

l'ordre de la muraille, puisse le protéger de sorte qu'il ne lui soit plus perdu par une<br />

quelconque colère à l’inverse à celle de la muraille.<br />

En dépit de tout cela, le Tentateur possède le pouvoir de prendre le dessus sur l’homme<br />

au moyen d'une colère si forte, qu’il en perdra même l’argent qu’il a déjà acquis.<br />

En effet, lorsque l’argent descend vers l’homme, il relève de la catégorie de : « Il (Dieu)<br />

<strong>pour</strong>voit à la Nourriture/TéReF de ceux qui Le craignent » (Ps. 111:5), mais celui-ci (le<br />

Tentateur) le transforme en colère, le refaçonnant en : « Il (l’homme) Déchire/ToReF son<br />

âme dans sa colère », comme cité plus haut.<br />

Que l'Eternel nous protège et nous délivre de cet ignoble défaut. Amen, que Sa Volonté<br />

en soit ainsi.<br />

TORAH 69<br />

Roch Hachana<br />

Sache que celui qui vole de l’argent à son prochain lui vole du même coup ses enfants,<br />

c’est-à-dire que le voleur dérobe aussi les enfants de la personne volée.<br />

En effet, l’argent d’un homme lui parvient essentiellement par l’intermédiaire de sa<br />

conjointe $(Zohar III, 52a). Car c’est de la lumière de l'âme de cette dernière que<br />

provient l’argent, plus précisément, grâce au scintillement et à la propagation des<br />

lumières de son âme. Or, ces lumières sont de l'ordre de l’argent.<br />

En effet, l’argent émane de la partie de l’âme appelé Néfech, comme rappelé par ailleurs<br />

$(LMI 59 ; LMI 68 ; LMII 46). En outre, le Néfech est l’aspect féminin, comme nous le<br />

661


savons par les écrits du Ari Zal, car elle constitue le niveau inférieur de l’âme qui est<br />

composée du Néfech, Roua’h et Néchama. Aussi, l’ensemble des niveaux Néfech, Roua’h<br />

et Néchama de la femme correspond au niveau du Néfech (de l’homme), car de manière<br />

générale, le niveau inférieur est le Néfech/féminin, par rapport au niveau supérieur.<br />

C’est donc grâce à la dimension féminine de sa conjointe, qui correspond à son niveau de<br />

Néfech, que l’argent lui parvient.<br />

En effet, celui-ci dépend essentiellement d’elle, car elle représente la dimension des<br />

« pieds », comme indiqué dans le Zohar $(112b) : « Il protège les pieds de Ses fidèles<br />

(Samuel I, 2 :9) - il s’agit de leurs femmes ». Il est écrit par ailleurs (Pessa’him 119a) :<br />

« Et toute la terre sous leurs pieds (Dévarim 11 :6), car il s’agit de l’argent de l’homme,<br />

qui le fait « tenir sur ses pieds ».<br />

L’essentiel de l’argent provient de la dimension du Néfech, la dimension féminine qui est<br />

symbolisée par les pieds. C’est en cela que nos maîtres de mémoire bénie ont<br />

affirmé $(Yébamot 62b) : « Un homme sans femme est comme un homme sans<br />

muraille », autrement dit, sans argent. En effet, la muraille évoque l’argent, comme<br />

l’indique le verset $(Prov. 18 :11) : « La fortune est une place forte <strong>pour</strong> le riche, une<br />

muraille élevée etc. ». C’est <strong>pour</strong>quoi, nos maîtres de mémoire bénie nous enjoignent :<br />

« Honorez vos femmes afin de devenir riches » (Baba Metsia 59a).<br />

Chaque homme, lorsqu’il vient au monde, arrive avec une conjointe qui lui est<br />

spécialement destinée, ainsi qu'une somme d’argent qui lui est réservé d'acquérir dans<br />

ce monde, et un certain nombre de « fruits », c’est-à-dire des enfants qu'il engendra de<br />

son vivant. Cela représente ensemble un arbre avec ses branches et ses fruits.<br />

Autrement dit, la lumière du Néfech de la femme correspond essentiellement à l’arbre, à<br />

partir duquel sortent et se déploient des branches - c’est-à-dire le scintillement et la<br />

propagation de sa lumière, donc l’argent, qui correspond aux branches de l’arbre. C'est<br />

sur ces branches que poussent des fruits, soit les enfants.<br />

Il en ressort que lorsqu’un homme vole de l’argent à son prochain, il lui dérobe et lui<br />

prend les branches de son arbre, c’est-à-dire, le scintillement de la lumière de son âme<br />

(sa femme), d’où provient l’argent. C’est <strong>pour</strong>quoi, il lui vole et lui prend aussi l’âme de<br />

ses fils et de ses filles qui sont rattachés à cette branche, qui y poussent et y puisent la<br />

662


lumière, car ce sont eux qui constituent les fruits qui poussent sur ces branches.<br />

Lorsqu’il s’empare de la branche, il s’empare du même coup de ses fruits.<br />

C’est en cela qu’il est écrit : « Haman leur exposa la splendeur de sa fortune et la multitude<br />

de ses enfants » (Esther 5 :11), car les deux sont interdépendants, ainsi qu’il est dit : «<br />

Progressant et croissant en puissance. Leur postérité est établie devant eux, avec eux et<br />

leurs descendants sous leurs yeux » (Job, 21 :7-8). « Progressant et croissant en<br />

puissance », il s’agit de la richesse, grâce à laquelle « Leur postérité est établie devant<br />

eux etc. ». De plus, c'est ce qu'ont dit Ra’hel et Léa : « Car toute la fortune que Dieu a<br />

retirée à notre père, elle est à nous et à nos enfants » (Bér. 31 :16). Les mots « à nous et à<br />

nos enfants » précisément, car la richesse dépend essentiellement de la femme, et d’elle<br />

dépendent les enfants, puisque la femme est l’essentiel de l’arbre. La richesse équivaut<br />

aux branches de l’arbre, et les enfants sont les fruits qui poussent sur ces branches. Il<br />

s'agit ainsi du sens secret des paroles de nos sages de mémoire bénie : « Celui qui vole<br />

son prochain, c’est comme s’il dérobait l’âme de ses fils et de ses filles » (Baba <strong>Kama</strong><br />

119a).<br />

Sache en outre que si la victime du vol n’avait pas encore d’enfants, on peut quand même<br />

la voler de sorte qu'elle n’en ait jamais, puisqu'on lui a volé et dérobé la branche.<br />

Et même si la victime du vol avait déjà des enfants, on <strong>pour</strong>ra la nuire de telle sorte que<br />

ses enfants meurent, à Dieu ne plaise. En effet, si les enfants ont encore besoin de leur<br />

mère, c'est-à-dire de ses branches, à l'image des fruits qui n’ont pas complètement mûri<br />

et qui ont encore besoin de puiser dans la branche, aussi lorsque le voleur dérobe la<br />

branche, il nuit du même coup aux fruits, c'est-à-dire aux enfants qui ont besoin de<br />

puiser et de recevoir encore de la branche, le scintillement de la lumière de leur mère.<br />

En fait, tout dépend de ce qui a été volé, et de la nature de l’arbre, des branches et des<br />

fruits.<br />

Il existe en effet de nombreuses variables parmi les arbres, selon la nature et la qualité<br />

des branches ainsi que leur nombre. De même <strong>pour</strong> les fruits, il existe ainsi de<br />

nombreuses variables entre toutes les composantes.<br />

On trouve par exemple un arbre avec beaucoup de branches mais peu de fruits, de même<br />

à l’inverse, peu de branches mais beaucoup de fruits. Il en va de même en ce qui<br />

663


concerne la qualité des branches : certains arbres possèdent une seule branche mais<br />

celle-ci est de très grande valeur, d’autres possèdent dix branches qui, toutes ensemble,<br />

valent à peine dix pièces d’argent. En outre, on trouve de nombreux pauvres qui ont<br />

beaucoup d’enfants, mais qui gagnent à grand-peine un sou. Dans ce cas, ses branches<br />

sont de piètre qualité et atteignent difficilement la valeur d’une pièce d’argent. Ou bien,<br />

il a peu de branches et de faible qualité. De même, à l’opposé, celui qui est très riche, du<br />

fait que sa branche est de très grande valeur, ou parce qu'il possède de nombreuses<br />

branches de grande valeur, peut parfois malgré tout n’avoir que très peu d’enfants.<br />

Poursuivons cette parabole avec un arbre, qui aurait trois branches, et dont la<br />

caractéristique de chacune d’elle serait de ne donner que deux fruits. Il en ressort que<br />

cette personne devrait avoir six enfants. Supposons aussi que chaque branche, de par sa<br />

dimension et sa valeur, soit équivalent à la somme de cent pièces. Cet homme devrait<br />

alors posséder trois cents pièces avec ces trois branches. Par conséquent, si on lui vole<br />

cent pièces, on lui dérobe et on lui prend une branche. Ceci implique qu'on lui enlève<br />

deux enfants. Mais sache que sur ce point il faut distinguer différents cas : si les fruits<br />

sont supposés sortir des branches l’un après l’autre, alors quand bien même lui vole-t-on<br />

une branche et lui prend-t-on deux enfants, il n’en reste pas moins que le reste des<br />

enfants est en mesure de survivre sur les branches restantes. En effet, on n'a pas porté<br />

atteinte à elles puisqu'on ne leur a rien pris. Par contre, si les fruits étaient supposés<br />

sortir d’un seul coup (c'est-à-dire sur une seule branche) , de l'ordre de « six embryons<br />

dans une matrice » (Chémot Raba 1 :8), dès lors, même si ce voleur ne lui a dérobé que<br />

cent pièces représentant la valeur d’une branche donnant deux fruits, malgré tout, il a<br />

porté atteinte à la lumière de tous. En effet, ils auraient dû sortir tous ensemble, et ce<br />

voleur a pris et a amoindri leur lumière. Ainsi ils ont donc perdu leur plénitude. Le<br />

voleur <strong>pour</strong>ra nuire au moyen des seules cent pièces qu’il lui a dérobées, au point de lui<br />

prendre tous ses enfants.<br />

Nous voyons qu’il y a beaucoup de variables, comme la valeur du vol, la nature de<br />

l'arbre, des branches et des fruits, et en fonction de leur qualité et de leur quantité.<br />

Il y a un principe qui veut que la femme nécessite constamment de parfaire sa lumière<br />

et, aussi longtemps qu’elle n'atteint pas la perfection, il lui est impossible d'enfanter. Or,<br />

l’essentiel de sa perfection est lié à l’argent, car il représente le scintillement de sa<br />

lumière.<br />

664


C'est ce dont il s'agit dans : « Apprenez à faire le bien, recherchez la justice ; renforcez<br />

l'opprimé » (Isaïe 1 :17). Ce verset nous enjoint à appliquer la justice et de protéger la<br />

victime du vol, de délivrer l’opprimé de la main de son oppresseur, afin de sauver l’âme<br />

de ses fils et de ses filles. C’est <strong>pour</strong>quoi « Apprenez à faire le bien etc. », car lorsque vous<br />

appliquez la justice et défendez la victime du vol de son voleur, vous faites ainsi du bien<br />

aux enfants, qui représentent les « disciples de l’Éternel », comme il est écrit : « Tous tes<br />

enfants sont les disciples de l'Éternel » (idem, 54 :13).<br />

Aussi, « Apprenez/LiMDou à faire le bien », afin que ce bien soit au profit des enfants,<br />

correspondant aux « disciples/LiMouDé de l’Éternel ».<br />

Telle est la signification profonde des paroles du Talmud (Baba <strong>Kama</strong> 103a) : « Celui qui<br />

dérobe à son prochain la valeur d’une Prouta (quantité insignifiante) doit le lui restituer,<br />

serait-ce (qu’il faudrait le rechercher) jusqu’à Mèdes ». Cette affirmation de nos sages a<br />

de quoi laisser perplexe : <strong>pour</strong>quoi ont-ils choisi précisément Mèdes ? Mais sache que le<br />

Talmud a un sens caché particulièrement élevé. Voici ce qu'ils voulaient dire en vérité :<br />

« celui qui dérobe etc., doit le lui restituer, serait-ce jusqu’à Mèdes/LéMaDaï », c'est-àdire<br />

aux « disciples/LiMouDé de l’Éternel », qui sont équivalents aux enfants. Autrement<br />

dit, il doit aussi restituer les enfants qu’il lui a dérobés en lui volant son argent. C’est<br />

<strong>pour</strong>quoi « LéMadaï/à Mèdes » renvoie à « Limoudé/disciples » de l’Eternel.<br />

Parfois néanmoins, sache que bien qu'on lui ait volé de l’argent, il se peut que l’on n'ait<br />

pas porté atteinte à ses enfants, ni amoindri la lumière de leur mère. En effet, sur le plan<br />

spirituel, l’âme ressent une souffrance et une grande affliction au moment où ce voleur,<br />

semblable à un véritable meurtrier, vient amoindrir sa lumière et lui dérober l’âme de<br />

ses enfants. C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle elle contracte sa lumière, se rétracte, se replie et<br />

rassemble toutes les parcelles de son âme, afin que ce voleur soit dans l’incapacité de<br />

puiser en elle et d'amoindrir sa lumière, à tel point que parfois, le voleur ne parvient pas<br />

à prendre le dessus sur elle et à recevoir de sa lumière. Certes, on a volé à l'homme de<br />

l'argent, mais malgré tout, l’âme s'est préalablement renforcée. Elle s’est contractée,<br />

s'est repliée et a rassemblé sa lumière, sans laisser (le voleur) puiser de sa lumière.<br />

Quant à cet argent pris par le voleur, ce n’est pas de l’argent, mais uniquement de la<br />

poussière, puisqu’il ne contient strictement aucune lumière. Un tel argent est « poussière<br />

d’or » (Job, 28 :8), équivalent à « L’argent n’a pas de valeur » (Chr. II, 9 :20), dans la<br />

665


mesure où il n’y a dans cet argent et dans cet or, aucune lumière, puisque l’âme s’est<br />

renforcée et n’a pas permis à ce que l’on s’empare de sa lumière. On peut d’ailleurs<br />

trouver un tel phénomène dans le monde qui concerne le domaine botanique : il existe<br />

des arbres en Hongrie qui, lorsque l’on s’approche d’eux <strong>pour</strong> les prendre, se rétractent,<br />

se rapetissent et ne laissent personne s'en approprier.<br />

Voici maintenant la notion de cérémonie du mariage, les Kidouchin.<br />

Lorsqu’une chose ne connaît pas la plénitude, l'Autre Côté et les Ecorces y exercent une<br />

emprise. En outre, l’âme/Néfech, féminin, est prisonnière des écorces, puisqu'elle est<br />

dispersée et exilée chez elles, comme il est dit : « Ses pieds descendent vers la mort »<br />

(Prov. 5 :5). Par conséquent, lorsqu’elle voit cet argent ou son équivalent (la bague au<br />

moment du mariage) - concept de plénitude de sa lumière - dans la main de cet homme<br />

qui est sur le point de l'épouser et de la compléter, alors elle se trouve animée<br />

d’aspiration <strong>pour</strong> lui, espérant qu’il complètera sa lumière et recueillera ses parcelles<br />

exilées parmi les écorces, extrayant ainsi ses pieds de la mort.<br />

Tel est le concept du « mariage/KiDouCHin » au moyen de l’argent. Comme sa lumière se<br />

parfait au moyen de l'argent, et qu’elle n’a plus de manque (spirituel), ainsi elle est<br />

« sanctifiée/mitKaDéCHète » de son impureté et elle s’extrait des écorces. C’est en quoi<br />

elle obtient le statut de « mariée/méKouDéCHète, » et qu'elle lui devient acquise (au<br />

marié) par l’intermédiaire de cet argent qui représente <strong>pour</strong> elle la plénitude de sa<br />

lumière. C’est ce que signifie le terme « KiDouCHin/sanctification » (par le mariage),<br />

dans le sens où elle se sanctifie en se consacrant à sortir de l'impureté et à recevoir la<br />

sainteté par son intermédiaire (son mari).<br />

En outre, dans toutes les affaires d’argent qu’il (le marié) réalisera et dont il tirera un<br />

profit, il complètera sa lumière (à elle) et recueillera ses exilés. En effet, il doit compléter<br />

sans cesse sa lumière, car le mari correspond à celui qui nourrit l’arbre, les branches et<br />

les fruits. En les nourrissant et en les complétant, l’arbre fait pousser les branches, c’està-dire,<br />

que sa lumière (à elle) brille et les branches donnent des fruits. C’est ce dont il<br />

s'agit lorsqu'il lui remet la Kétouba (le contrat de mariage) immédiatement après les<br />

Kidouchin, car il s'engage par écrit dans cette Kétouba (avec ces termes): « Je travaillerai,<br />

t’honorerai, te nourrirai, et donnerai ta subsistance ». Il lui promet de toujours<br />

compléter sa lumière, au moyen du concept de l’argent.<br />

666


Et voici la notion de l'héritage qui revient aux enfants. Les fruits qui sortent, ont parfois<br />

encore besoin des branches <strong>pour</strong> y puiser leur subsistance. C’est <strong>pour</strong>quoi, lorsque<br />

(l’arbre) meurt et qu’ils ne peuvent plus se nourrir, car l’arbre ne peut plus assurer leur<br />

subsistance, les enfants reçoivent et héritent de l’argent qui leur revient, afin de parfaire<br />

leur lumière. La veuve, de son côté, reçoit le reste de ce qui lui est nécessaire à sa propre<br />

lumière par (l’argent) de la Kétouba qu’elle reçoit.<br />

Parfois, les enfants n’ont plus besoin de recevoir de lumière des branches, mais ils<br />

obtiennent néanmoins un héritage <strong>pour</strong> une autre raison. En effet, lorsque les enfants<br />

naissent, leurs conjointes viennent aussi avec eux, ainsi que l’argent, leurs futurs enfants,<br />

autrement dit, l’arbre, les branches et les fruits. Et c’est le père qui collecte la lumière<br />

(du tout). Aussi, il se peut que le père ait également de l’argent grâce (au futur besoins)<br />

de ses enfants, car c’est lui qui réunit leurs parcelles de lumière. C’est <strong>pour</strong>quoi il arrive<br />

qu’ils obtiennent un héritage, bien qu’ils n’aient plus besoin de leur mère <strong>pour</strong> recevoir<br />

la lumière de ses branches : ils reçoivent leur argent que leur père avait acquis grâce à<br />

eux, à partir de leurs parcelles de lumière.<br />

En réalité, l’héritage n’aurait normalement pas dû être réparti en parts égales puisqu’il<br />

est certain que les parcelles de leur lumière ne sont pas égales. Mais comme il est<br />

impossible de porter un tel jugement devant un tribunal terrestre, car nul ne connaît<br />

tous les paramètres, à l’exception de Celui qui connaît les choses cachées. En vérité, c'est<br />

Lui qui réorganise les choses qui se réaliseront par la suite, en prenant à celui-ci et en<br />

donnant à celui-là.<br />

Sache en outre qu’en volant son prochain, on en vient à des pensées adultères. En effet,<br />

de manière inévitable, le voleur s’attache et aspire à la femme de celui qu’il a volé, à<br />

cause de l’argent qu’il lui a pris (à son conjoint) et qui représente la lumière de son âme<br />

(à elle).<br />

Il en va de même du côté de la femme, qui fantasme <strong>pour</strong> lui, puisque le voleur l’a<br />

entraînée vers lui, en attirant vers lui la lumière de son âme. C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle,<br />

nos sages de mémoire bénie, ont affirmé (Sanh. 81a) : « Celui qui spolie l’affaire de son<br />

prochain est considéré comme s’il avait commis un adultère, comme l’indique le verset :<br />

« Qui n’a pas souillé la femme de son ami, etc. » (Ezéchiel 18 :6) ». Ce voleur vient en<br />

vérité, par ce vol, souiller la femme de son prochain.<br />

667


De plus, il arrive parfois que le voleur perde sa propre femme, à cause de son larcin. En<br />

effet, puisqu'il a convoité l’argent de son prochain, c’est-à-dire, la lumière de sa femme,<br />

cela signifie qu'il éprouve du dégoût <strong>pour</strong> sa propre femme, se détourne de son parti, et<br />

ne veut plus ni de la part, ni de l’argent, ni de la lumière de son épouse. Ainsi, sa femme<br />

elle aussi, se détourne de lui et s’en éloigne, tout comme il s’est éloigné et détourné<br />

d’elle. Comme l’ont illustré nos maîtres, de mémoire bénie $(Yérouch. Brakhot 9 :5) : « À<br />

l’image d’une femme qui attend un homme, tant que cet homme avait l’intention de<br />

l’épouser : cette femme était assise et l’attendait. Mais dès que cet homme a changé<br />

d’avis à son égard, elle aussi s’en est allée et elle est partie épouser un autre homme ».<br />

Ainsi, si le voleur n’a pas (encore) pris épouse, il risque de perdre sa promise.<br />

En outre, le voleur peut parfois dérober jusqu'à l'épouse de sa victime : tout dépend<br />

alors de l’intensité et de l'audace du désir par lequel il dépossède (finalement) son<br />

prochain de son argent, par la pensée ou par l'action. Si bien qu'il peut jusqu'à<br />

déposséder de son épouse la victime de son vol. En effet, en ayant par son vol pris<br />

possession de l’argent de son prochain, argent qui n'est autre que la lumière se<br />

dégageant de l’âme de son épouse, il arrive parfois que celle-ci se sente à son tour attirée<br />

vers l’argent dont le voleur a dépouillé son mari. En raison de quoi, il arrive parfois que<br />

le voleur vole également l'épouse de sa victime, par le biais de l’argent volé, par acte ou<br />

par convoitise.<br />

En effet, sache que même par la convoitise, la tentation et le désir qu’il puisse éprouver<br />

envers l’argent de son prochain, même de cette manière, il peut en arriver à lui voler. En<br />

effet, la pensée a un pouvoir très fort, comme il est expliqué par ailleurs $(LMI-193).<br />

Il se <strong>pour</strong>ra donc qu’un homme possède de l’argent volé sans n'avoir jamais rien dérobé<br />

de ses mains. C'est cet interdit particulièrement grave qui figure dans les Dix<br />

Commandements : « Tu ne convoiteras pas », car la convoitise à elle seule est une<br />

interdiction extrêmement grave, à Dieu ne plaise. En effet, la convoitise a le pouvoir de<br />

voler l’argent ainsi que l’âme des fils et des filles d’autrui.<br />

C’est <strong>pour</strong>quoi, il est interdit, y compris par la pensée, de s’approprier un objet confié en<br />

caution, comme nous le voyons dans le Talmud : « Celui qui pense à s’approprier un<br />

668


objet consigné » (Baba Metsia 43b). En effet, la controverse (rapportée là-bas) ne<br />

concerne que la question de déterminer la responsabilité effective, comme c’est le cas<br />

<strong>pour</strong> celui qui se l’est approprié concrètement. Mais tous s’accordent cependant <strong>pour</strong><br />

considérer cette seule pensée comme une faute.<br />

Ainsi donc, il arrive parfois que le voleur relève de la catégorie de ceux qui délaissent la<br />

femme de leur jeunesse <strong>pour</strong> convoiter celle de leur prochain. Mais parfois, il désire les<br />

deux, à savoir, son propre argent et celui de son prochain. Il s’agit en l'occurrence de<br />

« faire entrer la rivale dans sa maison », qui est le sujet de la mise en garde du prophète :<br />

« Qu’il ne trahisse pas la femme de sa jeunesse. Car Je hais la<br />

répudiation/CHaLa'H » (Malachie 2 :15-16).<br />

L’intention (du mot CHaLa'H) va dans ce sens : si tu n’es pas satisfait de ton lot, et que tu<br />

as ton argent en horreur car il ne te suffit pas, alors « Renvois-le/CHaLa'H ». Autrement<br />

dit, apportes-y une réparation en distribuant la charité, qui correspond au principe de<br />

« CHaLa'H », comme l’indique le verset : « Envoie/CHaLa'H ton pain sur la surface des<br />

eaux » (Kohélet 11 :1), et comme l’enseignent nos sages de mémoire bénie : « Si une<br />

personne constate que sa subsistance tend à se réduire, qu’elle distribue alors la<br />

charité » (Guittin 7a).<br />

En effet, si sa subsistance diminue c’est dû au renforcement des écorces (les forces<br />

négatives) sur son âme/Néfech, la partie féminine car « Ses pieds descendent vers la<br />

mort ».<br />

Ainsi, en exerçant une emprise sur l’âme, que les écorces puisent en elle et<br />

amoindrissent sa lumière et, ainsi l’homme perd son l’argent. Mais grâce à la charité, il<br />

l’extrait des écorces, puisque « La charité sauve de la mort » (Prov. 10 :2), autrement dit,<br />

(il l’extrait) de son état antérieur de « Ses pieds descendent vers la mort ». Par<br />

conséquent, au moyen de la charité, on est en mesure de réparer (retrouver) son argent,<br />

correspondant à « la femme de sa jeunesse », et de ne pas en arriver à la répudiation. Ce<br />

dont il s'agit dans : « Car Je hais la répudiation/CHaLa'H ».<br />

Sache que par la charité, l’homme peut aussi réparer l’argent volé qu’il possède. Il s'agit<br />

ici de l'argent dérobé par la convoitise. En effet, en ce qui concerne le vol réel, il n’existe<br />

669


pas d’autre réparation que celle de restituer l’objet du vol. De même, s’il a volé de<br />

l'argent public, il doit utiliser cet argent volé en faisant bénéficier la collectivité.<br />

Si toutefois, il possède de l’argent dérobé par la simple convoitise, il peut corriger cette<br />

faute par la charité, de sorte qu'en distribuant la charité, l'argent reste toujours en sa<br />

possession, bien qu'il s’agisse d’argent acquis par le biais de la convoitise. Telle est<br />

l’affirmation de nos sages, de mémoire bénie $(Kidouchin 71a), à partir du verset «<br />

L’argenteur s’installera, polira (associera) et épurera l'argent. Il purifiera les fils de Lévi et<br />

les raffinera comme l'or et l'argent, et ils seront au service de l'Eternel, présentant des<br />

offrandes avec charité » (Malachie 3 :3). Le Saint béni soit-Il a fait preuve de charité à<br />

l’égard d’une famille spoliée, et c’est ainsi qu’elle demeure.<br />

Autrement dit, la charité a <strong>pour</strong> effet de réparer la faute du vol, correspondant à la<br />

notion de « famille spoliée », puisque le vol de l'agent de son prochain s'apparente au vol<br />

de l’âme des fils et des filles ainsi que du détournement de la femme. C'est <strong>pour</strong>quoi l’on<br />

parle d’une famille mélangée. Mais grâce à la charité, la réparation de cette faute est<br />

possible comme c’est écrit : « Une famille spoliée, qu’elle reste ainsi ». C’est le sens de « il<br />

s’installera, polira (associera) et épurera l'argent et les raffinera comme l'or et l'argent » :<br />

il raffinera et épurera l’argent et l’or qui ont été dérobés et qui évoquent la famille<br />

spoliée.<br />

En outre, voici l'explication des paroles de nos maîtres : « Celui qui épouse une femme<br />

<strong>pour</strong> son argent aura des enfants peu recommandables » (Kidouchin 70a). En fait, en<br />

l’épousant par intérêt financier, il se focalise sur l’argent. Il démontre qu'il est stupide et<br />

fou, puisque « Le cœur du sage est à sa droite et celui du sot est à gauche » (Kohélet<br />

10 :2).<br />

En d’autres termes, lorsque le sage épouse une femme, il se dirige vers sa droite, c’est-àdire,<br />

vers la Torah, qui correspond à la droite, comme l’indique le verset : « À Sa droite,<br />

une loi de feu » (Dévarim 33 :2). Ceci signifie qu’il épouse une femme <strong>pour</strong> la Torah, afin<br />

d’étudier la Torah dans la pureté, comme l’ont affirmé nos maîtres, de mémoire bénie<br />

$(Mena’hot 110a) : « Celui qui étudie la Torah avec pureté, épouse une femme etc. »<br />

En revanche, « le cœur du sot est à gauche » car il épouse une femme <strong>pour</strong> son argent,<br />

correspondant au concept de gauche, comme mentionne le verset : « À Sa gauche,<br />

richesse et honneur » (Prov. 3 :16). Il en découle que lorsque l’homme épouse une femme<br />

670


par intérêt financier, il est sot : il porte atteinte à sa sagesse et la perd. C’est la raison<br />

<strong>pour</strong> laquelle il aura « des enfants peu recommandables », puisqu’il a porté atteinte à la<br />

sagesse d’où proviennent les enfants.<br />

Sache également, qu’en se focalisant sur l’argent, l’homme se crée des ennemis. En effet,<br />

la haine se renforce principalement à partir du désordre et du trouble de l’esprit. A<br />

l’inverse de l’amour qui dépend de la connaissance et de l’intellect, comme il est écrit : «<br />

Elle est dure <strong>pour</strong> ses petits comme s'ils n'étaient pas les siens etc. C'est que Dieu lui a<br />

refusé la sagesse » (Job, 39 :16-17). Autrement dit, l'absence d'amour <strong>pour</strong> ses enfants<br />

provient de son manque de sagesse.<br />

C’est <strong>pour</strong>quoi, lorsque la souffrance est causée par la perturbation de l’esprit, ceci<br />

permet aux haineux de se nourrir et de se renforcer. Et la puissance de la haine de nos<br />

ennemis sera à la mesure du désordre et du trouble de l’esprit causé par la cupidité. Ceci<br />

conduit même parfois à l’apparition d’ennemis gratuits. En effet le degré de cupidité et<br />

de focalisation sur l'argent détermine celui de la stupidité, occasionnant un trouble de<br />

l’esprit chez la personne, et à la haine de nos ennemis. Ainsi, aussi longtemps que ce<br />

trouble reste dans l’esprit de la personne, les ennemis y puisent leur puissance. Par ce<br />

trouble, ils haïssent avec une certaine connaissance et une logique, c'est-à-dire qu'ils<br />

trouvent une raison à leur haine. Certes, cette évidence (de la raison de leur haine)<br />

relève du trouble de l’esprit de la personne, puisque l'essentiel de la haine ne provient<br />

que de l’esprit troublé (de la personne cupide). En dépit de tout cela, ils (nos ennemis)<br />

trouvent néanmoins une explication rationnelle à leur haine, dans la mesure où le<br />

trouble est toujours présent dans l’esprit de la personne.<br />

Mais sache qu’un homme peut parfois convoiter tant et si bien la richesse, devenant ainsi<br />

si stupide, que son cerveau ne pouvant dès lors plus contenir les troubles issus de cette<br />

stupidité, les libère dans les « cheveux/Se'aRot » - lesquels sont le produit des excédents<br />

du cerveau. Dès lors, les ennemis issus de ce trouble, c'est à dire des excédents du<br />

cerveau produisant les cheveux, sont animés d’une haine gratuite : leur haine ne connaît<br />

aucune justification car elle ne provient même pas d'un trouble intérieur au cerveau,<br />

mais de ses excédents, desquels poussent les cheveux.<br />

Ainsi, ils n’ont pas la moindre explication ni justification à leur haine, dont la cause<br />

<strong>pour</strong>rait être un quelconque trouble dans leur esprit, et ils se retrouvent animés d'une<br />

haine exclusivement gratuite. Tel est le sens du verset : « Plus nombreux que les cheveux<br />

671


de ma tête sont ceux qui me haïssent <strong>pour</strong> rien » (Ps. 69 :5). Car ceux qui haïssent<br />

gratuitement proviennent du concept des cheveux, l’excédent de l’esprit.<br />

Le sage, quant à lui, a aussi ses surplus de l’esprit, symbolisé par les cheveux. Mais sache<br />

qu’en ce qui concerne le sage, ils sont du concept de la « Porte/CHa'aR », avec un point à<br />

droite de la lettre Chine (contrairement au mot Se'aR/Cheveu, dans lequel la lettre Chine<br />

a son point à gauche). Chez lui, le surplus de l’esprit évoque les « Chéarim/Porte »s, car<br />

par leur intermédiaire, il ouvre, les portes de la sagesse et de la connaissance, <strong>pour</strong><br />

servir Dieu béni soit-Il.<br />

En effet, puisqu’il est impossible <strong>pour</strong> le monde de supporter et recevoir la lumière de<br />

l’esprit du Sage, celui-ci doit par conséquent s’habiller, se dissimuler et se rabaisser à<br />

travers de petites choses, <strong>pour</strong> permettre au monde de recevoir de lui, afin qu’il leur<br />

ouvre les portes de la sagesse et de la connaissance, et qu’il les rapproche de Dieu béni<br />

soit-Il. Ceci est évoqué dans : « Les méchants s’inclinent devant les bons et les impies se<br />

tiennent à la porte du juste » (Prov. 14 :19). Ce verset nous explique que <strong>pour</strong> que les<br />

méchants s’inclinent et se soumettent aux bons, il faut amener les méchants aux portes<br />

du Juste. Ceci est <strong>pour</strong> le Juste le concept de surplus de l’esprit, symbolisé par les<br />

cheveux.<br />

Il en ressort donc que les « cheveux/SéARot » du sage correspondent à « Porte/ChaAR »,<br />

situés à droite (lettre Chine). Mais chez l’homme méchant et stupide, ce sont de<br />

véritables » cheveux/SéARot » situés à gauche (lettre Sine). Tel est le sens de « Le cœur<br />

du sage est à sa droite et le cœur du sot à sa gauche ».<br />

C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle, nos sages, de mémoire bénie, ont enseigné (Kidouchin<br />

70a) : « Celui qui épouse une femme peu recommandable, le Prophète Eliyahou l’y<br />

attache etc. »<br />

En effet, en épousant une femme qui ne lui convient pas, il est certain qu’il ne sera pas<br />

satisfait ni de son lot, ni de son argent, et ni de la femme de sa jeunesse. Il a choisi ce qui<br />

ne lui appartient pas, ce qui ne lui convient pas. Ceci est le surplus de l’esprit - les<br />

cheveux. C’est <strong>pour</strong>quoi Eliyahou est désigné <strong>pour</strong> le punir, car il est décrit lui-même<br />

672


comme « une personne chevelue/Baal Séar » (Rois II, 1 :8), préposé à cela, aux<br />

« cheveux », afin d’accomplir par leur intermédiaire, la justice.<br />

C'est <strong>pour</strong>quoi nos maîtres affirment : « Eliyahou l’y attache et le Saint béni soit-Il le<br />

flagelle », ce qui correspond à la notion de l’esprit et de ses surplus.<br />

« L’y attache » correspond à l’esprit, concept des Téfilin, dont il est dit (Cantique 7) : « Le<br />

roi est enfermé dans les arcanes », les arcanes de l’esprit, qui sont les Téfilin, comme il est<br />

rapporté (dans Tikounim 6). « Le flagelle/RoTS'o » correspond aux excédents de l’esprit,<br />

concept des Lanières/RéTSou'ot (des Téfilin).<br />

[Cette Torah, qui traite de la gravité de l’interdit du larcin, ainsi que l’Enseignement 68<br />

qui précède, qui traite des dommages de la colère qui cause de la perte de la richesse,<br />

sont les deux liées et interconnectées, comme le comprend celui qui est perspicace. Ils<br />

sont rattachés ensemble dans l’Enseignement 59, « le Sanctuaire sacré », car à cet<br />

endroit sont rapportés ces deux sujets de manière brèves, à l’intérieur même du texte.<br />

Consulte bien cela]<br />

TORAH 70<br />

« Au huitième jour, Moché appela Aaron, ses fils et les Anciens d’Israël » (Vayikra 9 :1)<br />

Toutes les choses reposent sur la terre. Nous pouvons le constater concrètement : tout pousse<br />

à partir de la terre, tous les objets et toutes les créatures se meuvent et se trouvent sur la terre.<br />

Il leur est donc impossible de se détacher ou de s’éloigner de la terre, autrement que par une<br />

force contraire : par l'action de quelqu'un qui imposerait une force contraire sur l'objet, le<br />

déplacerait de son endroit sur terre <strong>pour</strong> l’en éloigner. De plus, c'est en proportion de cette<br />

force contraire que l'objet est plus ou moins éloigné de la terre. Et lorsque s’interrompt cette<br />

force contraire, la chose revient sur terre. Par exemple, si un homme lance un objet vers le<br />

haut, l’énergie qu’il a investie force l’objet à se détacher de la terre, et en fonction de sa force,<br />

la chose sera repoussée et lancée plus haut. Par la suite, lorsque cette énergie, qui est la force<br />

contraire, s’épuise, l’objet retombe alors à terre.<br />

En effet, la terre possède une force d’attraction, et attire toutes les choses à elle (la force de la<br />

gravité). S’il n’en était pas ainsi, les choses ne <strong>pour</strong>raient subsister sur terre et elles<br />

673


tomberaient car la terre est ronde. Tous les êtres humains se tiennent sur elle tout autour grâce<br />

à la force d’attraction qu'elle possède. C'est <strong>pour</strong>quoi, lorsque la force de répulsion<br />

s’interrompt et que l'objet retombe vers le bas, plus il se rapproche vers la terre et plus il<br />

retombe verticalement avec une accélération accrue. Ceci est la conséquence du<br />

rapprochement de l'objet et de la force de gravité de la terre. C’est <strong>pour</strong>quoi l’objet retombe<br />

avec une plus grande vitesse vers le sol.<br />

Le Juste, <strong>pour</strong> sa part, correspond à la poussière de la terre. Car le Juste est le fondement du<br />

monde, comme il est écrit : « Le Juste est le fondement du monde » (Prov. 10 :25). Et comme<br />

toutes les choses reposent sur lui, il possède ainsi la force d’attraction à même d’attirer toutes<br />

choses vers lui.<br />

Un tel Juste est unique dans le monde, car il est le fondement du monde, et toutes les choses<br />

proviennent de lui. En outre, tous les autres Justes ne sont que les branches qui émanent de<br />

lui, chacun selon son niveau. L’un <strong>pour</strong>ra relever d'une branche qui émane directement de lui,<br />

un autre <strong>pour</strong>ra correspondre à une branche issue d’une autre branche.<br />

En effet, un tel Juste, unique au monde, est si humble et bas, qu’il se considère comme de la<br />

poussière, (selon le verset dans Béréchit 18 :27) : « Moi qui ne suis que poussière et cendre ».<br />

C’est en quoi il est le fondement du monde, telle la poussière sur laquelle reposent toutes les<br />

choses.<br />

C’est dans ce sens que nous demandons (à la fin de la prière de la Amida) : « Que mon âme<br />

soit <strong>pour</strong> tous comme de la poussière » - qu’elle puisse posséder une force d’attraction apte à<br />

tout attirer vers elle, à l’image de la poussière.<br />

Ce Juste attire tout ce qui abonde vers le monde, selon (le verset) : « Poussière d’or » (Job,<br />

28 :6), <strong>pour</strong> signifier que tout ce qui abonde est attiré vers lui grâce à la dimension de<br />

poussière, et ceci par (la force) du Juste.<br />

C’est <strong>pour</strong>quoi, si l'on donne la charité à ce Juste, on est béni immédiatement. En effet, on<br />

relève ainsi de la dimension des semailles dans la poussière, faisant pousser quatre fois plus,<br />

(Osée, 10 :12) : « Semez <strong>pour</strong> vous, <strong>pour</strong> la charité, et moissonnez selon la bonté ».<br />

674


Si par contre, on donne de la charité à celui qui n’est pas de ce niveau de poussière, on n'en<br />

tire aucun bénéfice. Ce en quoi Jérémie a maudit les habitants d’Anatot (Baba <strong>Kama</strong> 16b) : «<br />

Sévis contre eux à l'heure de Ta colère (Jérémie 18 :23) – C’est à dire induis-les en erreur par<br />

des pauvres peu méritants qui ne sont pas de la dimension de la poussière. La charité qu’on<br />

leur donne ne relevant pas du tout des semailles.<br />

Il aurait donc été normal que tous les êtres humains soient attirés vers ce Juste, concept de<br />

poussière, car doté de cette force d’attraction. Cependant, par cette force contraire (force de<br />

répulsion), ils se détachent et s’éloignent de lui. En d’autres termes, il existe des personnes<br />

qui, par leurs paroles et leurs actes, poussent les hommes à se détacher et à s’éloigner de ce<br />

Juste. Et plus la force contraire est importante, plus elle éloigne du Juste. Mais par la suite,<br />

lorsque la force de répulsion s’interrompt, on est à nouveau attiré et on se rapproche du Juste,<br />

concept de poussière : lorsque s’achève la force contraire, on retourne vers la poussière, vers<br />

ce Juste, qui possède la force d’attraction.<br />

Par conséquent, il existe des personnes qui sont particulièrement éloignées du Juste, parce<br />

qu’elles se trouvent encore soumises à la force de répulsion qui les éloigne. Mais par la suite,<br />

lorsque cessera la force contraire, ces personnes reviendront et se rapprocheront.<br />

C’est ce que nous pouvons constater : lors du voyage <strong>pour</strong> se rendre chez le Juste, plus<br />

l'homme se rapproche de l’endroit où se trouve le Juste, plus il éprouve un désir grandissant :<br />

il se rapproche davantage de la force d’attraction.<br />

Telle est la dimension du Sanctuaire, le Michkane, qui possédait en effet cette force<br />

d’attraction, celle d’attirer le Divin à l’endroit où il se situait, (Cantique 1 :4) : « Attire-moi à<br />

ta suite, courons » - « à ta suite, courons », précisément, car plus on se rapproche de lui, plus<br />

on court par l’effet de cette force d’attraction, comme rapporté dans le Midrach (Chémot Raba<br />

31 :10).<br />

Ainsi, le terme MiCHKaNe/Sanctuaire se comprend au sens de MaCHKoNe/Garantie, car il<br />

est une garantie <strong>pour</strong> Israël que résidera la Présence Divine parmi eux, même s’ils fautent, à<br />

Dieu ne plaise, comme l’indique le verset : « J’établirai Mon Sanctuaire parmi vous et Mon<br />

âme ne vous repoussera pas » (Vayikra 26 :11).<br />

Il en découle que grâce au Sanctuaire, la Présence Divine réside en Israël, puisque<br />

MiCHKaNe/Sanctuaire à la connotation de : « Attire-moi/MoCHeKHéNi », dans le sens où il<br />

675


possède la dimension de la force d'attraction, apte à attirer le Divin à l’endroit où il est<br />

installé.<br />

C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle il est impossible à tout homme d’ériger le Sanctuaire, hormis le<br />

Juste de la dimension de poussière, du niveau de Moché, le plus humble de tous les hommes,<br />

et comme il est écrit : « Moché dressa le Sanctuaire » (Chémot 40 :18). Personne d’autre ne<br />

put l’ériger, car c’est précisément ce Juste, dimension de la poussière, de la force d’attraction,<br />

qui est en mesure de dresser le Sanctuaire, dont la force d’attraction consiste à attirer le Divin.<br />

C’est <strong>pour</strong>quoi il est écrit : « Ce n’est pas <strong>pour</strong> votre nombre que l'Eternel vous a désirés, car<br />

vous êtes les moins nombreux de tous » (Dévarim 7 :7) que nos maîtres ont expliqué : « c’est<br />

parce que vous vous amoindrissez, que l'Eternel vous a désirés » (‘Houlin 89a, rapporté par<br />

Rachi). En effet, c'est parce que vous vous rabaissez et vous rapetissez, comme la vertu de la<br />

poussière qui possède la force d’attraction qui évoque le Sanctuaire qui attire le Divin, que<br />

l'Eternel vous a désirés. Tel est le sens du verset : « Je résiderai avec l’humble » (Isaïe<br />

57 :15). En effet, grâce à l’humilité, qui consiste à se considérer comme de la poussière, on<br />

acquiert la force d’attraction apte à attirer Dieu béni soit-Il vers soi, qui est la raison même du<br />

Sanctuaire.<br />

Telle est la notion de la Gloire évoquée à propos du Sanctuaire, comme l’indique le verset :<br />

« Je serai sanctifié par Ma Gloire » (Chémot 29 :43) ainsi que : « La Gloire de l’Éternel<br />

emplissait le Sanctuaire » (idem, 40 :34). En effet, toute la gloire que tout homme possède<br />

dans ce monde, du plus petit au plus grand, tous la reçoivent uniquement de ce Juste qui<br />

correspond à la poussière, au Sanctuaire, dont tout émane. En effet, toute la gloire et la<br />

grandeur ne se trouvent que chez ce Juste, et tous reçoivent de lui, comme il est écrit :<br />

« Partout où tu trouves Sa Grandeur, tu trouves également Son humilité » (Méguila 31a). Par<br />

conséquent, dans l’endroit de l’humilité et de la petitesse réside la gloire et la grandeur,<br />

comme il est écrit : « Je résiderai avec l’humble ».<br />

Aussi, tous les chefs du monde reçoivent leur gloire de ce Juste qui a atteint ce niveau de<br />

poussière. C’est ce qui concerne le renouveau de la gloire. En effet, à chaque fois la gloire se<br />

renouvelle, à l’image d’un homme de fonction qui recevrait une autre promotion. Tout<br />

renouveau d'autorité et d'honneur est l'effet de ce Juste. En effet, à chaque fois qu'il érige le<br />

Sanctuaire, d’où provient la Gloire, de l'ordre de « Et la Gloire de l’Éternel emplissait le<br />

Sanctuaire », alors se renouvellent tout l’honneur et toute l’autorité.<br />

676


C’est ce dont il s'agit dans : « Au huitième jour, Moché appela Aaron, ses fils et les Anciens<br />

d’Israël ». Lorsque le Juste a besoin d’appeler les dirigeants du peuple, il les appelle en<br />

érigeant le Sanctuaire, siège de la Gloire. C’est par cet intermédiaire qu’il les appelle, car tous<br />

viennent vers lui afin de recevoir de lui la Gloire. C'est donc « Au huitième jour », c’est-àdire<br />

lorsque Moché érigeât le Sanctuaire, par ce biais, que « Moché appela Aaron, ses fils et<br />

les Anciens d’Israël », les dirigeants du peuple, du petit jusqu'au grand. En effet, en érigeant<br />

le Sanctuaire, il appela ainsi tous les dirigeants du peuple, correspondant à la dimension<br />

d’Aaron et ses fils, etc.<br />

C’est ce dont il s'agit lorsque nos maîtres de mémoire bénie ont affirmé que Nissan est le<br />

nouvel-an des rois, car c’est alors que fut érigé le Sanctuaire, d’où émane la Gloire des rois, et<br />

la nomination de tous les hauts-fonctionnaires et de tous les chefs.<br />

C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle le Sanctuaire fut érigé précisément au premier jour du mois de<br />

Nissan, car il s'agit de la dimension de la « Néoménie/RoCH-'HoDèCH », qui permet le<br />

renouvellement de toutes les autorités. Tel est la notion de : « la néoménie de Nissan est le<br />

nouvel an des rois » (Roch Hachana 2a).<br />

TORAH 71<br />

Sache qu’il est très difficile d’être un (dirigeant spirituel) célèbre. En effet, la célébrité est très<br />

néfaste, car il arrive parfois qu’une personne célèbre doive endurer des souffrances <strong>pour</strong> la<br />

collectivité, ainsi qu’il est écrit : « Et c'est sa blessure qui nous a valu la guérison » (Isaïe<br />

53 :5).<br />

Car, dès lors qu’il est célèbre, le verset dit de lui : « C'est <strong>pour</strong>quoi je lui donnerai son lot<br />

parmi le public » (idem : 12). C’est <strong>pour</strong>quoi il devra endurer des souffrances <strong>pour</strong> la<br />

collectivité puisqu’il est dit à son propos : « Et c'est sa blessure qui nous a valu la guérison ».<br />

Néanmoins, certaines personnes doivent nécessairement être célèbres, et les circonstances<br />

font en sorte qu’elles le deviennent (malgré eux).<br />

Mais il existe cependant des Justes qui reçoivent d’eux-mêmes les souffrances, <strong>pour</strong> le bien<br />

d'Israël, et qui, grâce à cela, transforment le flux de bénédiction, comme il est rappelé dans<br />

l’Enseignement 63, chapitre 3, à propos : « Il couvre sa face de ses deux ailes ». Voir là-bas.<br />

677


Torah 72<br />

Adar 5565<br />

Il arrive parfois qu’un élan de repentir parvient à un homme. À cet instant précis, il<br />

devient un homme intègre et veut accomplir un acte (saint) grâce à ce repentir qui a<br />

éveillé son cœur. C’est ainsi qu’il désire se rendre chez le Juste.<br />

Mais lorsqu’il voyage, son mauvais penchant se renforce et l’aspiration qui était la sienne<br />

au départ chute. Lorsqu’il arrive ensuite chez le Juste, son mauvais penchant s’accroît<br />

encore davantage, à tel point qu’il perd totalement tout son désir.<br />

Que ce phénomène ne te soit pas sujet à question, et que tes réflexions à ce sujet ne<br />

t'effraient pas ! En effet, sache que la raison est qu'au début de cet élan de repentir, le<br />

bien s’est éveillé en lui, et par son action à cet instant même, il a tué son mauvais<br />

penchant qui était en lui et l'a annihilé. Il l'a tué par la pensée de repentir accompagnée<br />

de l’action accomplie à ce moment.<br />

Mais par la suite, lorsqu’il souhaita effectuer ce voyage, un autre mauvais penchant se<br />

renforça en lui, puisque « Tout homme plus grand que son prochain possède un mauvais<br />

penchant plus grand que lui » (Souka 52a). Il a maintenant un mauvais penchant plus<br />

grand que celui qu’il avait au départ. Aussi, s’il ne lui résiste pas, ce nouveau mauvais<br />

penchant s’intensifie alors et le fait chuter de son aspiration initiale. Par conséquent, cet<br />

homme doit se renforcer encore plus <strong>pour</strong> contrer ce nouveau mauvais penchant qui lui<br />

parvient.<br />

Il existe en effet plusieurs degrés de mauvais penchant. Ainsi, certaines personnes<br />

basses et grossières possèdent un mauvais penchant tout aussi bas et grossier. Chez la<br />

plupart des gens, le mauvais penchant n’est autre que le sang lui-même qui se situe dans<br />

la cavité gauche du cœur, et là-bas il est puissant. Ainsi, leurs confusions proviennent<br />

essentiellement du trouble et du désordre sanguin. En réalité, celui qui possède un tant<br />

soit peu de connaissance claire considère cette forme de mauvais penchant comme une<br />

grande sottise et une folie qui ne requiert aucun effort <strong>pour</strong> le vaincre.<br />

Même ce qui est considéré chez la majorité des gens comme une grande épreuve, comme<br />

celle de la débauche par exemple, apparaît chez lui comme une folie, et pas le moins du<br />

monde comme une épreuve. Nous parlons ici de celui qui possède un tant soit peu de<br />

678


connaissance et en sait un peu sur la grandeur de Dieu, le Créateur béni soit-Il, comme il<br />

est écrit (Ps. 135 :5) : « Car je sais que grand est l’Eternel, grand est notre Seigneur, plus<br />

que toutes les divinités. »<br />

En outre, il est impossible d’expliquer cela, ni par écrit, ni par oral, car la grandeur de<br />

Dieu béni soit-Il concerne l'intimité personnelle de chacun, selon ce qu'il évalue dans son<br />

cœur, comme indiqué dans le saint Zohar $(I, 103b) : « Son époux est connu dans les<br />

Portes/CHé'aRim (Prov. 31 :23), chacun selon ce qu’il « évalue/méCHa'èRe » en son<br />

cœur ».<br />

Ainsi, <strong>pour</strong> celui qui mérite de se représenter en son cœur la grandeur de Dieu béni soit-<br />

Il, aucune chose ne peut être considérée <strong>pour</strong> lui comme une épreuve et nul effort ne lui<br />

est nécessaire face à cela.<br />

Il existe cependant une dimension de mauvais penchant qui est du niveau de l’ange<br />

saint. Il n’en reste pas moins un mauvais penchant, qu'il convient de surmonter et dont il<br />

faut impérativement s’échapper. Il s’agit des rigueurs et des jugements. Ainsi, une<br />

personne dotée de connaissance qui a ce mauvais penchant en question, c'est-à-dire les<br />

rigueurs et les jugements, doit le surmonter en atténuant les jugements, afin qu’il<br />

devienne totalement bon.<br />

En effet, il faut s’annuler où il faut s’annuler, c’est-à-dire, dans l’Infini, où tout n’est que<br />

bien et où le jugement n’existe pas, à Dieu ne plaise. Pour cela, on doit être entièrement<br />

bon en atténuant toutes les rigueurs et tous les jugements, qui sont le mauvais penchant<br />

d'En haut.<br />

C’est au sujet de Batchéva, que David détériora (ce qui détériora). Car il est absolument<br />

impensable de dire, à Dieu ne plaise, que David fauta sur le plan physique dû à la<br />

tentation. En effet, David avait déjà déclaré sur son propre compte : « Mon cœur est<br />

vacant en moi » (Ps. 109 :22), <strong>pour</strong> avoir détruit le mauvais penchant physique et <strong>pour</strong><br />

avoir totalement soumis le sang situé dans la cavité gauche (du cœur). C’est <strong>pour</strong> cela<br />

que nos maîtres de mémoire bénie ont enseigné (Chabat 56a) : « Toute personne qui<br />

affirme que David a fauté s’est fourvoyé ». Malgré cela, même cette petite détérioration<br />

ou cette faute légère commise, telle qu'elle est rapportée, n’a certainement pas été<br />

accomplie par désir physique, à cause d’un trouble du sang, à Dieu ne plaise, d’où émane<br />

la tentation de débauche.<br />

679


Son dommage se situait en réalité seulement en Haut, au niveau des Rigueurs, en ce sens<br />

qu’il n'a pas atténué le mauvais penchant d’En haut, autrement dit, les rigueurs et les<br />

jugements. Ce qui se produisit de manière particulièrement subtile, car (de toute façon)<br />

« Batchéva était destinée à David » (Sanh. 107). C’est <strong>pour</strong>quoi, ce qui est écrit au sujet<br />

de David : « Tu ne bâtiras pas une maison en Mon honneur, car tu as fait couler beaucoup<br />

de sang » (Chr. I, 22 :8), signifie qu’il n’a pas atténué les Rigueurs, ce <strong>pour</strong>quoi il ne<br />

mérita pas d’édifier le Temple.<br />

Bien que David mena les guerres au Nom de l'Eternel, malgré tout, tout en Haut, au plus<br />

haut point, à l’endroit où on doit se fondre dans l’Infini, là où se trouve le bien absolu, il<br />

convient d’être totalement bon, sans absolument le moindre jugement.<br />

C'est ce dont il s'agit dans $(Tikounim 70 ; 123b) : « Même la Couronne Suprême est<br />

noire, comparée à la Cause des causes ! » Ce qui correspond à : « Ils ne savent et ne<br />

comprennent pas, ils marchent dans les ténèbres ! » (Ps. 82 :5), qui fait référence à la<br />

sainteté d’En-haut*, qui est le mauvais penchant des saints Justes.<br />

* [Même en Haut, (si l’on peut s’exprimer ainsi), chez Lui béni soit-Il, nous<br />

trouvons une dimension de ce mauvais penchant, comme l’ont commenté nos<br />

maîtres de mémoire bénie $(Bér. Raba 12, rapporté par Rachi) : « Au<br />

commencement, monta dans Sa Pensée de créer le monde par l’Attribut de Justice<br />

(la Rigueur) », qui correspond à la dimension du mauvais penchant. Puis, si l’on<br />

peut s’exprimer ainsi, Il brisa le mauvais penchant « en y associant l’Attribut de<br />

Miséricorde etc. ». C'est ainsi à partir de cette force (En-haut) que provint et<br />

émana la force en bas (<strong>pour</strong> l’Homme) de briser le mauvais penchant, car sans<br />

cela, il n’aurait pas été possible de briser le mauvais penchant. Il est explicité<br />

aussi dans ces termes dans le Talmud (Yoma 69b) : « Il s’agit de la grandeur de Sa<br />

puissance, par laquelle il domine Son penchant, en ce qu'Il gratifie les<br />

méchants d'un sursis par miséricorde ». Cette notion que nous traitons y apparaît<br />

donc clairement, c’est-à-dire que Dieu béni soit-Il surmonte l’Attribut de Justice<br />

(la Rigueur) en retenant Sa colère. C’est ce qui représente chez Lui le Saint béni<br />

soit-Il, la dimension de briser son mauvais penchant. Consulter le Zohar, à<br />

plusieurs endroits, où il est très clair que l’Attribut de Rigueur est la Racine du<br />

mauvais penchant.]<br />

680


Il en va de même <strong>pour</strong> le roi Salomon, que la paix soit sur lui, qui épousa la fille de<br />

Pharaon ainsi que de nombreuses femmes étrangères. Il ne doit certainement pas venir<br />

à l’esprit que ceci émanait du mauvais penchant physique, puisqu'il était un sage de<br />

vérité, comme l’indique le verset : « Il était le plus sage des hommes » (Rois, 1, 5 :11). Et il<br />

est déjà une règle établie <strong>pour</strong> nous, selon laquelle, chez celui qui est un peu sage de<br />

vérité, cette tentation ne représente en rien une épreuve. Quand bien même une très<br />

belle femme le tenterait, dans un endroit caché, où il <strong>pour</strong>rait aisément satisfaire son<br />

désir, il ne s’agirait <strong>pour</strong> lui que d’une sottise et d'une folie mais nullement d'une<br />

épreuve.<br />

De même, l’éloge que la Torah fait de Yossef le Juste, comment il surmonta l’épreuve,<br />

comprend en elle un secret. Alors que l’essentiel de l’épreuve relevait de la dimension<br />

évoquée précédemment, c'est-à-dire l'atténuation des Rigueurs, <strong>pour</strong> vaincre le mauvais<br />

penchant d’En haut. Il ne s'agit pas de la victoire sur le mauvais penchant physique, car<br />

ceci ne représente nullement une épreuve. De même la « faute » de Salomon ne relevait<br />

que de cette même dimension.<br />

C’est <strong>pour</strong>quoi, celui qui est la cible de jugements, à Dieu ne plaise, et subit une détresse<br />

quelconque, que Dieu en préserve, doit, en dans un tel moment, veiller scrupuleusement<br />

à se préserver du mauvais penchant.<br />

En effet, le mauvais penchant émane essentiellement des jugements. Même le mauvais<br />

penchant grossier et physique, issu du sang trouble, possède évidement une racine qui<br />

lui est supérieure, et ce mauvais penchant supérieur possède également une autre<br />

racine, car il existe plusieurs niveaux de mauvais penchant*.<br />

*[Même concernant le rapprochement vers Dieu béni soit-Il, il existe un mauvais<br />

penchant très fort. Autrement dit, un surplus d’enthousiasme, démesuré, résulte<br />

parfois du mauvais penchant. Ceci correspond à la notion de : « De peur qu’ils ne<br />

se précipitent » (Chémot 19 :21). Et comme expliqué aussi ailleurs $(LMII-5:7 et<br />

LMII-9), où il existe un mauvais penchant majeur lié à celui qui commence à se<br />

rapprocher de Dieu béni soit-Il. C’est <strong>pour</strong>quoi, au moment du don de la Torah,<br />

Dieu béni soit-Il mit en garde Moché : « Descends avertir le peuple de peur qu'ils ne<br />

se précipitent vers l'Eternel <strong>pour</strong> contempler ». En effet, Israël se trouvant alors à<br />

681


un haut niveau, cela nécessitait une mise en garde contre leur mauvais penchant<br />

au moment du rapprochement avec Dieu béni soit-Il.]<br />

Il existe d’ailleurs un mauvais penchant qui n’est pas tellement grossier, qui ne résulte<br />

pas de la dégradation du sang mais relève plutôt d’une fine écorce.<br />

Mais même ce mauvais penchant n’est pas encore le mauvais penchant des saints, dotés<br />

de sagesse et de connaissance. Chez ces derniers, il ne s’agit que du mauvais penchant<br />

suprême, qui n'est autre qu'un ange saint, relevant des rigueurs et des jugements. Celuici<br />

est le summum de la racine suprême de tous les mauvais penchants, depuis le mauvais<br />

penchant suprême, jusqu’au mauvais penchant le plus bas, physique et impur, stupide,<br />

insignifiant et sot qui provient d’un sang trouble.<br />

Aussi, lorsque des jugements planent sur un homme et que ces jugements et ces rigueurs<br />

exercent leur emprise sur lui, puisqu'il s'agit de la source de tout mauvais penchant, dès<br />

lors, son propre mauvais penchant se renforce considérablement. Il faut donc exercer un<br />

gros effort <strong>pour</strong> se renforcer contre lui.<br />

Sache que le mauvais penchant de la majorité des gens, qui provient du sang trouble,<br />

constitue une folie, une stupidité et une sottise considérable, comme nos sages<br />

affirment : « Un homme ne vient à fauter que si un souffle de folie s’empare de lui » (Sota<br />

3a).<br />

Car en vérité, il existe un souffle de folie rattaché à la transgression qui provient du<br />

grand sage du monde, mais il n’en reste pas moins qu’un souffle de folie. Cet esprit de<br />

folie concernant la majorité des hommes est une véritable sottise, car il est insensé,<br />

absurde et stupide.<br />

Et tu <strong>pour</strong>ras constater ainsi qu’il existe de nombreuses personnes qui ont des pensées<br />

idolâtres. Celui qui, au moment où il se tient en prière, voit apparaître devant lui une<br />

représentation d’idolâtrie. Il sait pertinemment qu’il n'y a rien de vrai, malgré tout, cette<br />

image se renforce particulièrement, se dessine et se tient devant lui. Il lui est alors très<br />

difficile de l’écarter de son imagination et de sa pensée. Et <strong>pour</strong>tant regarde : existe-t-il<br />

folie plus grande que celle-ci ? Et malgré tout, chez celui qui est victime de telles visions,<br />

il est certainement très difficile de s’en délivrer et de les chasser de sa pensée. Ainsi, plus<br />

682


il résiste, secoue et remue sa tête dans tous les sens, mais plus s’intensifient ces visions,<br />

et elles se décuplent.<br />

En effet, il s’agit de la particularité caractéristique de ces mauvais penchants impurs :<br />

plus on souhaite surmonter ces pensées, plus elles s’intensifient.<br />

Ceci s’apparente à un homme qui fuit un danger, mais regarde par-dessus son épaule la<br />

chose qu’il fuit : ce danger se renforce davantage, puisque l'homme n’a toujours pas<br />

écarté sa pensée de cette chose. Bien plus, au contraire, il regarde encore et encore pardessus<br />

son épaule en direction de cette pensée. Comprends cela. Comme le sait<br />

parfaitement celui qui est tombé dans ce piège, est qui est en proie à de telles pensées,<br />

que Dieu préserve.<br />

En fait, tout homme est en mesure de comprendre qu’il s’agit là d’une folie et d’une<br />

grande stupidité qui découle uniquement du sang trouble, et de la perturbation et du<br />

désordre de l’esprit.<br />

En effet, tout le monde sait que l’idolâtrie n’a aucun pouvoir. Il n’en demeure pas moins<br />

qu’il est très difficile d’écarter sa pensée de telles images puisque son cerveau a déjà été<br />

passablement abîmé et troublé.<br />

Il en va de même en ce qui concerne les pensées de débauche qui s’emparent de la<br />

plupart des gens, en particulier lorsque l'on voit avec ses yeux une femme qui passe<br />

devant nous.<br />

Ainsi, lorsqu'on souhaite rester un homme intègre et que l'on refuse de telles pensées,<br />

on remue alors la tête dans l'espoir d'écarter ces pensées de son esprit. Mais elles se<br />

renforcent de plus en plus, comme nous l'avons décrit.<br />

Par contre, en vérité, celui qui possède la sagesse, considère ceci comme une grande<br />

folie. Le fait de ne pas être assailli par une pensée de ce type n’est même pas considéré<br />

par lui comme une quelconque vertu. Il n’a donc aucun besoin de remuer ni d'agiter la<br />

tête. Et ainsi que <strong>pour</strong> la plupart des gens, ces pensées d’idolâtrie représentent une folie<br />

et une déraison, il en va de même <strong>pour</strong> lui en ce qui concerne les pensées de débauche.<br />

C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle, le Zohar rapporte que lorsque Rabbi Chimon Bar Yo’haï<br />

voyait de belles femmes, il disait « Ne vous tournez pas vers les idoles » (III,84a). Car il<br />

s'agit de choses qui s'apparentent aux idoles, et tout comme les pensées d’idolâtrie<br />

683


constituent une folie évidente <strong>pour</strong> tout le monde, ces pensées de débauche relèvent de<br />

la folie et de la déraison.<br />

Par conséquent, la principale réparation <strong>pour</strong> celui qui est déjà tombé dans ce piège et<br />

est en proie à de telles pensées, qu’il s’agisse de pensée de débauche ou qu’il s’agisse de<br />

pensée d’idolâtrie, à Dieu ne plaise, n'est autre que de sanctifier et de purifier son corps<br />

afin de raffiner et purifier son sang.<br />

Il devra se rendre chez un sage authentique <strong>pour</strong> qu’il lui enseigne les voies du repentir,<br />

les voies de la sagesse et des conseils avisés <strong>pour</strong> chaque chose. C’est ainsi qu’il<br />

assujettira son cœur incirconcis, qu'il fera un retour vers Dieu et guérira.<br />

Mais, aussi longtemps qu’il n’a pas sanctifié et purifié son corps, nulle réparation ne peut<br />

couronner ses efforts et ses guerres, et il continuera à souffrir beaucoup à vouloir<br />

chasser les pensées, car celles-ci s’intensifieront toujours davantage.<br />

La tristesse, elle aussi, est particulièrement néfaste et donne la force à ce mauvais<br />

penchant physique. Par conséquent, au contraire, s’il désire être un homme qui craint<br />

Dieu, qui souhaite prier, doit refuser ces mauvaises pensées, et ne doit pas du tout y faire<br />

attention. Que leur présence devant lui ne l’importe en rien. Il devra uniquement faire ce<br />

qu’il a à faire, ce à quoi il est occupé, que ce soit dans la Torah, dans la prière ou dans ses<br />

affaires commerciales. Qu’il ne leur prête guère attention.<br />

Ainsi, on m'a raconté que quelqu'un, au moment où il se tenait en prière, s'imaginait<br />

voire un idolâtre incirconcis, et en éprouvait de grandes souffrances. Plus il voulait faire<br />

des efforts <strong>pour</strong> écarter cette pensée, plus celle-ci se renforçait. Un sage lui conseilla de<br />

ne pas en tenir compte, que cet idolâtre se tienne là, peu importe, <strong>pour</strong>vu que lui-même<br />

fasse ce qu’il avait à faire et prie. En agissant ainsi, cette image disparaîtra. Néanmoins, il<br />

s’agit là d’un conseil provisoire, tant que l’homme n’a pas sanctifié son corps. En effet,<br />

l’essentiel reste de se sanctifier et de se purifier, et de se rendre chez le sage qui lui<br />

fournira un conseil avisé <strong>pour</strong> chaque point.<br />

TORAH 73<br />

Chabat été 5560.<br />

(D’après un manuscrit de ses disciples)<br />

684


« Quand tu passeras dans les eaux, Je/ANY serai avec toi ! » (Isaïe 43 :2)<br />

La Torah est à la fois cachée et révélée, et le Saint béni soit-Il est Lui-même caché et<br />

révélé. C'est-à-dire, ce qui nous est révélé constitue le vêtement et l’aspect extérieur,<br />

alors que ce qui nous est caché constitue l’aspect intérieur. Or, tout homme doit<br />

s’empresser de saisir la dimension intérieure, c'est-à-dire ce qui lui est dissimulé.<br />

Toutefois, comment parvenir à ce qui nous est dissimulé ? Par une prière désintéressée :<br />

en rattachant la pensée aux paroles de la prière, avec un lien fort et solide !<br />

En effet, « Le Saint béni soit-Il désire la prière des Justes » (‘Houlin 60b). Pour quelle<br />

raison ? Parce le Saint béni soit-Il « désire la Bonté » (Michée 7), et souhaite<br />

constamment déverser des flux et des bénédictions. Mais le flux ne peut descendre qu'au<br />

moyen d’un réceptacle appelé « Any », comme il est écrit : « Et Je/ANY les bénirai »<br />

(Bamidbar 6 :27). Un tel réceptacle est réalisé par chacun des membres d'Israël, lorsqu’il<br />

prie de telle manière qu’il relie la pensée à la parole.<br />

En effet, chacun des membres d'Israël est appelé « Juste », comme l’indique le verset :<br />

« Ton peuple, tous sont des Justes » (Isaïe 60 :21). Et le Juste est appelé Alef (la première<br />

lettre du mot ANY), au sens de : « Nos princes/ALouFénou sont en charge » (Ps. 104 :14).<br />

La lettre Noun (la seconde du mot ANY), est appelée Parole, car la parole représente la<br />

Royauté, au sens de « La Royauté est la bouche » (Tikounim 17a, Pata’h Elyahou). Or, la<br />

Royauté s'appelle aussi NouN, comme il est écrit « yiNONe est son nom » (Ps. 72 :17),<br />

mais tel que Rachi l'explique, dans le sens de Royauté.<br />

La lettre Youd (la troisième du mot ANY) est obtenue par la pensée que l'on associe à la<br />

parole. En effet, la pensée est appelée Youd, comme l’indique le verset : « Alors, Moché<br />

chantera/Yachir » (Chémot 15 :1), sur lequel Rachi explique: « Le Youd (du mot<br />

Yachir/chantera) fait référence à la pensée ». Dès lors, le réceptacle appelé ANY est<br />

achevé, le flux descend et le désir de Dieu béni soit-Il est comblé, car « Il désire la Bonté »,<br />

et c’est <strong>pour</strong>quoi Dieu béni soit-Il désire leur prière (d'Israël).<br />

De plus, comme on le sait, celui qui reçoit un plaisir d’autrui est appelé « féminin », c'està-dire<br />

relativement à celui (qui donne). Par conséquent, lorsque Dieu béni soit-Il reçoit<br />

685


un plaisir d’Israël de par leurs prières, Il devient, si l’on peut dire, féminin relativement à<br />

Israël.<br />

Tel est le sens de : « La Combustion/ICHé est une odeur agréable à l'Éternel » (Bamidbar<br />

28 :8). En effet, au moyen de l'odeur agréable que Dieu béni soit-Il reçoit des prières<br />

d'Israël, Il se transpose dans la notion secrète (Cabalistique) de femme/ICHa. Or « La<br />

femme entoure l’homme » (Jérémie 31 :21). Ce qui signifie que l’intériorité se transforme<br />

en extériorité $[voir plus haut LMI-15:5 où ce concept y est aussi explicité.]<br />

Telle est l’explication du verset : « Quand tu passeras dans les eaux ».<br />

« Tu passeras » au sens de dévoilement, comme il est écrit : « l'Eternel passera <strong>pour</strong><br />

frapper l'Égypte » (Chémot 12 :23), traduit par Onkelos : « Dieu se dévoila etc. ».<br />

En outre, « Il n’y a d’eau si ce n’est la Torah » (Baba <strong>Kama</strong> 17a). La signification est :<br />

lorsque tu voudras que se dévoile à toi ce qui est caché de la Torah, alors « Je/ANY serai<br />

avec toi ». C’est-à-dire, veille à former le réceptacle appelé ANY.<br />

TORAH 74<br />

« Ta grandeur s’élève au-dessus des cieux, Eternel, Ta Gloire brille sur toute la terre » (Ps.<br />

57:6).<br />

Tout homme doit guérir son âme, c’est-à-dire, l’élever jusqu’à sa source. De quelle<br />

façon ? Il existe deux formes de jugements. Le premier est un « jugement impur »,<br />

correspondant au « serpent qui inocula une impureté chez ‘Hava » (Chabat 46a). Le<br />

second est appelé « jugement saint », comme il est écrit : « Car celui qu'Il aime, l'Eternel<br />

le réprimande » (Prov. 3:12). Aussi, le rapprochement commence par l’éloignement,<br />

comme l’enseignent nos sages, de mémoire bénie : « Toute personne qui s’efforce de<br />

devenir vertueuse en bas se voit jugée très scrupuleusement d’en Haut » (Taanit 8a), ce qui<br />

correspond aux cerveaux étroits (perceptions spirituelles étroites) de l'ordre de : «<br />

Avraham engendra Yits’hak » (Bér. 25:19). En effet, Avraham représente la Bonté et<br />

Yits’hak la Rigueur, « La crainte d’Yits’hak » (idem 31:42). De plus, cette Bonté s’habille<br />

dans la Rigueur, comme il est indiqué : « Sa droite voit son salut dans les rigueurs » (Ps.<br />

20:7) et comme il est écrit par ailleurs : « Car Sa bonté se renforça en notre faveur » (idem<br />

117:2). Ainsi, YiTS’HaK correspond au Nom divin Elokim, comme il est dit : « Elokim m’a<br />

fait une plaisanterie/TSe’HoK » (Bér. 21:6), et il provient de la dimension de Sarah, la<br />

686


vertu de Royauté, comme l’explique Rachi (idem 17:15, qu'il cite du Talmud Brakhot<br />

13a) : « Elle gouvernait/Sarah sur le monde entier ». En outre, « Le jugement de la royauté<br />

fait loi » (Guittin 10b) et la Royauté est appelée « justice"/Tsédek », comme indiqué dans<br />

le Zohar $(Tikouné 17b) « Tsédek est la Royauté Sainte » ainsi que « Malki Tsédek, roi de<br />

Chalem » (Bér. 14:18). Il s'agit de la dimension de petitesse, de l'ordre de : « La vision de<br />

ses yeux s’obscurcit » (Bér. 27:1), correspondant à l’obscurité comme dans « Il appela<br />

l’obscurité nuit » (idem 1:5). Il s'agit en outre de la dimension de l’âme comme indiqué<br />

dans le verset : « Mon âme aspire à Toi dans la nuit » (Isaïe 26:9).<br />

Ainsi, chaque homme doit progresser depuis la petitesse jusqu’à la grandeur, et dès qu’il<br />

aborde la grandeur, il entre dans la catégorie de : « Les yeux des deux s’ouvrirent » (Bér.<br />

3:7), que Rachi commente : « cette expression est dite au sens de la sagesse ». C’est ce que<br />

dit le verset : « Dieu vit que la lumière était bonne » (idem 1:4), et « La lumière se réfère<br />

toujours à la Torah » (Brakhot 5a).<br />

De fait, ces deux notions correspondent à Hochaana Raba et à Sim’hat Torah, c’est-à-dire,<br />

aux dimensions d'Yits’hak et de Yaakov. En effet, Hochaana Raba représente la parole<br />

sans connaissance, liée au saule, car « la feuille de saule ressemble à des lèvres » (Midrach<br />

Tena’houma Emor), et comme le rapporte le saint Zohar $(3, 85b) : « Lorsqu’un homme<br />

étudie la Torah en bredouillant parce qu’il ne comprend pas, chacun des mots qu’il<br />

prononce s’élève en Haut. Le Saint béni soit-Il se réjouit de chacun de ces mots, les reçoit<br />

et les plante autour de cette rivière. De ces mots poussent de grands arbres, appelés<br />

'saules des rivières' ». D’autre part, Sim’hat Torah correspond à la parole avec<br />

connaissance, constituant la vitalité de l’âme, comme il est écrit dans le Zohar $(idem) :<br />

« Heureux ceux qui connaissent les voies de la Torah et qui s’y consacrent avec droiture, car<br />

ils plantent en haut un Arbre de Vie qui guérit tout, etc. ». Ceci évoque le verset : « Soleil<br />

d’équité dont les rayons guérissent » (Malachie 3:20), car le soleil correspond à Yaakov<br />

qui est l’aspect de parole avec connaissance, et c'est lui qui symbolise l’Arbre de<br />

guérison. C'est aussi la signification du verset : « Car l'Eternel-Elokim est le soleil et la<br />

protection » (Ps. 84:12). En effet, les dimensions de Yits’hak et de Yaakov équivalent aux<br />

dimensions de Jugement et Miséricorde. Tel est donc le sens de : « La lumière de la lune<br />

sera alors semblable à celle du soleil » (Isaïe 30:26), car la lune représente la dimension<br />

d’Yits’hak et le soleil, celle de Yaakov.<br />

687


De plus, le signe qui indiquera à l'homme s’il se trouve soit dans la catégorie de<br />

« jugement impur » ou soit dans celle de « jugement saint » est la prière. Lorsqu’il n'a pas<br />

d’entrave à la prière, nos sages de mémoire bénie ont affirmé : « Que considère-t-on<br />

comme des épreuves d’amour ? Tout ce qui ne vient pas entraver la prière » (Brakhot<br />

5a), comme il est écrit : « Loué soit l'Eternel qui n’a pas repoussé ma prière, et ne m’a pas<br />

retiré Sa Bonté » (Ps. 66:20). En outre, la prière représente la Face, comme il est écrit : «<br />

‘Hizkia tourna la face et pria » (Isaïe 38:2). Par contre, il est écrit : « Tu as caché Ta face,<br />

j’ai été terrifié » (Ps. 30:8).<br />

En outre, tel est le sens des paroles de Rachi : « Parce que les moqueurs de la génération<br />

prétendaient que Sarah était enceinte d’Avimélekh, et ce dernier symbolisait l’Autre côté<br />

(les forces obscures). C’est <strong>pour</strong>quoi le Saint béni soit-Il dessina à Yits’hak un visage lui<br />

ressemblant (à celui de son père Avraham) de telle sorte que tous reconnurent<br />

qu’Avraham avait bien engendré Yits’hak ». La signification est que c’est par le<br />

« jugement saint », le côté d’Avraham, Yits’hak fut engendré.<br />

De plus, cette dimension de jugement, qui est l’âme, comprend deux catégories : Yaakov,<br />

qui représente la parole, et Essav qui représente les scories, correspondant à « Une âme<br />

qui fautera » (Vayikra 5:17). C’est <strong>pour</strong>quoi sur le verset « Tels sont les engendrements<br />

d’Yits’hak, fils d’Avraham », Rachi commente : « Il s'agit de Yaakov et d'Essav » (Bér.<br />

25:19). La dimension de YA'AKoV est la sagesse, comme il est dit : « Il m’a<br />

supplanté/vaYAAKVéni à deux reprises » (idem 27:36), qu'Onkelos traduit: « Il m'a rusé ».<br />

Ainsi, lorsqu'on atteint la dimension de Yaakov, la dimension de l’âme connaît la<br />

guérison, comme il est écrit : « Un soleil d’équité dont les rayons guérissent » (Malachie<br />

3:20). C’est aussi ce qui est écrit : « La Torah de l'Eternel est intègre, elle apaise<br />

l’âme » (Ps. 19:8). Ainsi, la parole privée de connaissance est appelée « justice/TSéDeK »,<br />

comme l’indique le verset : « Parlez de justice » (idem 58:2). Mais lorsque l’on atteint la<br />

dimension de Yaakov, qui représente la sagesse, la parole est appelée<br />

« charité/TSéDaKa ». C'est donc la signification du verset : « C'est Moi qui parle avec<br />

charité, Grand <strong>pour</strong> sauver » (Isaïe 63:1), autrement dit, l’âme, qui était auparavant<br />

dé<strong>pour</strong>vue de connaissance, est délivrée grâce à la charité, qui correspond à la parole<br />

avec connaissance. Tel est le sens du verset : « Ce sera une guérison <strong>pour</strong> ton<br />

nombril » (Prov. 3:8), référence à l’attribut de Royauté.<br />

688


Lorsque l’on atteint la dimension de la sagesse, l’âme est alors réparée et on l'élève vers<br />

sa source. En effet, la goutte de matière séminale provient du cerveau, et « le cerveau<br />

représente la sagesse » (Tikouné 123a). En outre, tous les services par lesquels l’homme<br />

sert le Créateur ont <strong>pour</strong> seule finalité le dévoilement de Sa Gloire. En ce sens, la sagesse<br />

est appelée « Gloire », comme dans : « Et si je suis un père, où est mon<br />

honneur » (Malachie 1:6), et le « père/AV » est appelé « sagesse », comme l’indique : «<br />

AVrekh » (Bér. 41:43), que Rachi explique en ces termes : « Père en sagesse ». En outre,<br />

c'est par le biais de la sagesse que les mondes existèrent, car « le Saint béni soit-Il créa le<br />

monde par la sagesse » (Bér. Raba 1:5). De plus, la Torah est appelée « sagesse », et Israël<br />

s’éleva dans la Pensée originelle. Ainsi, lorsque l’âme parvient à la sagesse, le monde se<br />

renouvelle alors. En outre, Yaakov relève du ciel.<br />

Voici donc le sens du verset : « Ta grandeur s’élève au-dessus des cieux, Elokim »: lorsque<br />

l’on élève l'âme, correspondant au Nom divin Elokim, au jugement saint, vers la<br />

dimension de Yaakov, correspondant aux cieux, de l'ordre de la sagesse, s’élève, dès lors,<br />

« Ta Gloire brille sur toute la terre », Sa Gloire se manifeste.<br />

[Cette Torah présentée plus haut, je ne l’ai pas entendue directement de sa bouche<br />

sainte, mais elle a été rapportée par les disciples. Celui qui se penche dessus verra de ses<br />

yeux que le langage est très confus. Il y a beaucoup de manques et ce qui est écrit n’est<br />

pas en ordre. C’est <strong>pour</strong>quoi, j’ai décidé (Rabbi Nathan) d'expliciter quelque peu, selon<br />

ce que j’en ai compris des paroles écrites Voici :]<br />

Tout homme doit guérir son âme, c’est-à-dire, l’élever jusqu’à sa source. Ceci s'accomplit<br />

lorsque l’on peine dans l’étude de la Torah au point de mériter de la connaître et de la<br />

comprendre.<br />

Il existe deux formes de jugements. Le premier est un « jugement impur », correspondant<br />

au « serpent qui inocula une impureté chez ‘Hava » (Chabat 46a). Le second est un<br />

« jugement saint », comme il est écrit : « Car celui qu'Il aime, l'Eternel le réprimande »<br />

(Prov. 3:12). Telle est la notion de l’éloignement, qui est le début du rapprochement,<br />

comme l’enseignent nos sages, de mémoire bénie : « Toute personne qui s’efforce de<br />

689


devenir juste en bas, on applique alors sur lui le jugement d’en Haut » (Taanit 8a). En<br />

d’autres termes, lorsqu’un homme souhaite devenir juste et se rapprocher de Dieu béni<br />

soit-Il, on applique alors sur lui le jugement, c’est-à-dire, qu’on attire sur lui des<br />

jugements et des souffrances. De tels jugements et souffrances sont alors perçus comme<br />

un éloignement, comme si on voulait l’éloigner de son service, à Dieu ne plaise. Mais en<br />

réalité, cet éloignement constitue l’essentiel du rapprochement, car cet éloignement et<br />

ces jugements sont <strong>pour</strong> son bien, comme il est écrit : « Car celui qu'Il aime, l'Eternel le<br />

réprimande », afin qu'il passe cette épreuve et la surmonte, et qu'il fournisse des efforts<br />

<strong>pour</strong> se rapprocher davantage [Il est expliqué dans LMI-66 #6, que le but des adversités<br />

est d’augmenter l’envie. Il en est question aussi dans d'autres endroits].<br />

Ce jugement relève de la dimension du Jugement saint, mais aussi toutefois de<br />

l’étroitesse d’esprit, source principale de l’emprise du jugement, comme on le sait.<br />

Ce concept correspond à : « Avraham engendra Yits’hak » (Bér. 25:19), puisque Avraham<br />

représente la Bonté, et Yits’hak la Rigueur, « La peur de Yits’hak » (idem 31:42). C’est-àdire,<br />

ce Jugement saint, correspondant à Yits’hak, naît et émane d’Avraham, la Bonté. En<br />

effet, en réalité, ce jugement est en fait une très grande Bonté, puisqu’il est <strong>pour</strong> son<br />

bien, « Car celui qu'Il aime, l'Eternel le réprimande ». C’est ce dont il s'agit dans : « Sa<br />

droite voit son salut dans les rigueurs » (Ps. 20:7), car au sein des rigueurs et des<br />

jugements se revêt le salut de Sa Droite, la Bonté. En effet, ce jugement émane de la<br />

Bonté, comme « Avraham engendra Yits’hak ». Ce qui correspond aussi à : « Car Sa bonté<br />

se renforça/GaVaR en notre faveur » (idem 117:2), qui signifie que les<br />

Rigueurs/GuéVouRot sont en réalité des Bontés, puisqu'elles permettent à l’homme de se<br />

rapprocher davantage de Dieu béni soit-Il.<br />

Chacun doit cependant veiller à adoucir le jugement, car les jugements relèvent de<br />

l’étroitesse d’esprit. Chaque homme doit ainsi progresser de l’étroitesse à la grandeur.<br />

C’est ainsi qu’il adoucit le jugement correspondant à Yits’hak.<br />

En effet, Yits’hak correspond au jugement, correspondant au Nom divin Elokim, comme<br />

il est écrit : « Elokim m’a fait une plaisanterie » (Bér. 21:6), car Yits’hak est né de Sarah,<br />

qui représente la Royauté, comme l’explique Rachi (idem 17:15, qu'il cite du Talmud<br />

690


Brakhot 13a) : « Car elle gouvernait/chéSaRah sur le monde entier ». Ainsi, la Royauté<br />

est liée au jugement, selon : « Le jugement de la royauté fait loi » (Guittin 10b).<br />

Or, le jugement apparaît principalement lorsque l'on se trouve en état d’étroitesse<br />

d’esprit, la Royauté étant alors appelée Justice/Tsédek, comme on le sait car «<br />

Tsédek/Justice est la Royauté Sainte » (Tikouné 17b), correspondant à « Malki Tsédek, roi<br />

de Chalem » (Bér. 14:18). Alors, tant que la royauté reste de l'ordre de Tsédek, on reste<br />

en état d’étroitesse d’esprit, de jugements.<br />

C'est de là qu'émane le jugement correspondant à Yits’hak, l’obscurité, selon : « La vision<br />

de ses yeux s’obscurcit » (Bér. 27:1), comme dans « Il appela l’obscurité nuit » (idem 1:5),<br />

qui s’applique à l’âme/Néfech, comme indiqué dans le verset : « Mon âme/Nafchi aspire à<br />

Toi dans la nuit » (Isaïe 26:9).<br />

Ainsi, chaque homme doit progresser de l’étroitesse à la grandeur, et adoucir le<br />

jugement qui provient de l’étroitesse d’esprit. Or lorsqu’il atteint le niveau de la<br />

grandeur d’esprit, il s'agit de la dimension de : « Les yeux des deux s’ouvrirent » (Bér. 3:7),<br />

que Rachi commente : « cette expression est dite au sujet de la sagesse ».<br />

En effet, l’adoucissement s'effectue essentiellement grâce à la sagesse, qui correspond à<br />

la grandeur d’esprit, c’est-à-dire, par la connaissance de la Torah.<br />

En effet, la Torah est appelée lumière [« La Torah est lumière » (Prov. 6:23)], comme il<br />

est écrit : « Dieu vit que la lumière était bonne » (Bér. 1:4) ainsi que : « Il n’y a de bon que<br />

la Torah » (Brakhot 5a). En d’autres termes, la Torah correspond à la dimension de<br />

lumière à l’opposé de l’obscurité, qui correspond aux jugements. Ainsi, le jugement<br />

s'adoucit grâce à la connaissance de la Torah.<br />

De plus, le signe qui indiquera à l'homme s’il se trouve dans la catégorie de "jugement<br />

impur" ou dans celle de "jugement saint" est la prière. Lorsqu’il n'a pas d’entrave à la<br />

prière, nos sages de mémoire bénie ont affirmé : « Que considère-t-on comme des<br />

épreuves d’amour ? Tout ce qui ne vient pas entraver la prière ! » (Brakhot 5a), comme il<br />

est écrit : « Loué soit Dieu qui n’a pas repoussé ma prière, et ne m’a pas retiré Sa Bonté »<br />

(Ps. 66:20).<br />

Par contre, puisque la Face renvoie à la prière, comme indiqué dans le verset : « ‘Hizkia<br />

tourna la face et pria » (Isaïe 38:2), alors, ce qui est écrit : « Tu as caché Ta Face, j’ai été<br />

691


terrifié » (Ps. 30:8) correspond à la dissimulation de la Face, à Dieu ne plaise. Il s'agit<br />

donc d'une entrave à la prière, qui dénote un jugement sévère, que Dieu en préserve,<br />

comme l’indique : « Tu as caché Ta face, j’ai été terrifié ».<br />

Il en ressort que Yits’hak correspond au Jugement saint émanant du côté de la Bonté<br />

comme dans : « Avraham engendra Yits’hak ». Tel est le sens du commentaire de<br />

Rachi sur ce même verset: « Parce que les moqueurs de la génération prétendaient que<br />

Sarah était enceinte d’Avimélekh » qui symbolisait l’Autre côté, c’est <strong>pour</strong>quoi le Saint<br />

béni soit-Il attribua à Yits’hak un visage lui ressemblant (à celui de son père Avraham)<br />

de telle sorte que tous reconnurent qu’Avraham avait bien engendré Yits’hak ».<br />

La signification est que le jugement saint, le côté d’Avraham, est celui qui engendra<br />

Yits’hak. Par ailleurs, l’adoucissement du jugement de Yits’hak opéré grâce à la sagesse,<br />

qui est la connaissance de la Torah, correspond à Yaakov qui naquit de Yits’hak.<br />

En effet, à partir de cette dimension de jugement liée à Yits’hak, apparentée à<br />

« l’âme/néfech », naissent deux catégories : Yaakov et Essav. Yaakov correspond à la<br />

sagesse, la parole avec connaissance, qui relève de l'adoucissement du jugement de<br />

Yits’hak. Quant à Essav, il correspond aux scories et aux déchets absolus qui découlent et<br />

descendent du jugement. Il représente donc : « Une âme/néfech qui fautera » (Vayikra<br />

5:17). C’est en quoi, sur le verset « Tels sont les engendrements de Yits’hak fils d’Avraham<br />

» (Bér. 25:19), Rachi commente : « Il s'agit de Yaakov et Essav ».<br />

En effet, l’atténuation du jugement de Yits’hak s’effectue par la dimension de Yaakov<br />

correspondant à la parole avec connaissance, car YAAKoV représente la sagesse, comme<br />

il est écrit : « Il m’a supplanté/vaYAAKVéni » (idem 27:36) qu'Onkelos traduit : « Il m'a<br />

rusé ».<br />

Il existe ainsi une parole sans connaissance et une parole avec connaissance, et ces deux<br />

catégories renvoient aux dimensions de Hochaana Raba et de Sim’hat Torah,<br />

correspondant respectivement à Yits’hak et à Yaakov.<br />

En effet, Hochaana Raba représente la parole sans connaissance, liée au saule, car « la<br />

feuille de saule ressemble à des lèvres » (Midrach Tana’houma, Emor), et par ailleurs,<br />

692


comme le rapporte le saint Zohar $(III, 85b) : « Lorsqu’un homme étudie la Torah en<br />

bredouillant parce qu’il ne comprend pas, chacun des mots qu’il prononce s’élève en<br />

Haut. Le Saint béni soit-Il se réjouit de chacun de ces mots, les reçoit et les plante autour<br />

de cette rivière. De ces mots poussent de grands arbres, appelés "saules des rivières" ».<br />

Il en ressort que les saules des rivières correspondent à la parole sans connaissance. Tel<br />

est l’aspect de Hochaana Raba qui correspond au jugement, à la crainte de Yits’hak,<br />

émanant de l’étroitesse d’esprit, et c’est <strong>pour</strong>quoi la parole est encore sans<br />

connaissance.<br />

En revanche, Sim’hat Torah correspond à la parole avec connaissance, constituant la<br />

vitalité de l’âme, comme il est écrit dans le Zohar $(idem) : « Heureux ceux qui<br />

connaissent les voies de la Torah et qui s’y consacrent avec droiture, car ils plantent en<br />

haut un arbre de Vie qui guérit tout, etc. ».<br />

Telle est la dimension de Yaakov, équivalent à celle de la sagesse, de la grandeur d’esprit,<br />

à la guérison de l’âme, selon : « Soleil d’équité dont les rayons guérissent » (Malachie<br />

3:20), car le soleil correspond à Yaakov [comme il est écrit : « Le soleil se leva <strong>pour</strong> lui »<br />

(Bér. 32:31)], et représente la sagesse.<br />

En effet, c'est lui qui correspond à la parole avec connaissance, la Torah de Sim’hat<br />

Torah, l’Arbre de guérison.<br />

C'est aussi la signification du verset : « Car l'Eternel-Elokim est soleil et protection » (Ps.<br />

84:12). (Les deux Noms de) L'Eternel-Elokim correspondent aux notions de miséricorde<br />

et de jugement, soit Yaakov et Yits’hak, le soleil et la protection.<br />

C’est le sens de : « La lumière de la lune sera alors semblable à celle du soleil » (Isaïe<br />

30:26), car la lune représente la dimension de Yits’hak, et le soleil, celle de Yaakov. Il faut<br />

donc adoucir le jugement de Yits’hak, qui correspond à la lune, au moyen de la<br />

dimension du soleil, celle de Yaakov, jusqu’à ce que la lumière de la lune soit comparable<br />

à celle du soleil. C'est alors que l'on transforme « Tsédek/Justice » en<br />

« Tsédaka/Charité », selon : « Soleil d’équité/Tsédaka dont les rayons guérissent ».<br />

En effet, lorsque la Royauté est de l'ordre du jugement, elle est appelée Tsédek/Justice, et<br />

lorsqu’on l’atténue au moyen de la dimension de Yaakov, elle devient alors<br />

693


Tsédaka/Charité, « soleil de charité », correspondant à la parole avec connaissance,<br />

selon : « C'est Moi l'Eternel qui parle avec Charité, qui suis Grand <strong>pour</strong> sauver » (Isaïe<br />

63:1).<br />

En effet, l’âme était auparavant de l'ordre du jugement, du Tsédek, de l’étroitesse<br />

d’esprit, de la parole sans connaissance. Mais lorsqu'elle s’élève du stade de Tsédek à<br />

celui de Tsédaka, il s’agit <strong>pour</strong> elle d’un adoucissement et d'un salut, selon : « Qui parle<br />

avec charité, qui suis grand <strong>pour</strong> sauver ».<br />

Ceci relève de : « La Torah de l'Eternel est entière, elle apaise l’âme » (Ps. 19:8).<br />

« La Torah de l'Eternel est entière », il s'agit de la sagesse de la Torah, de la parole avec<br />

connaissance. Ce qui signifie que l'essentiel de l’adoucissement correspond à la guérison<br />

de l’âme, car « elle apaise l’âme ».<br />

Tel est aussi le sens du verset : « Ce sera une guérison <strong>pour</strong> ton nombril » (Prov. 3:8),<br />

énoncé comme éloge de la Torah. « Pour ton Nombril/léCHoRékha » fait référence à la<br />

Royauté, correspondant à « Car elle gouvernait/chéSaRa sur le monde entier, » d’où<br />

émane le jugement correspondant à Yits’hak.<br />

Ainsi, la Torah constitue la guérison et l’adoucissement de ce jugement. Et lorsque l’on<br />

touche la sagesse de la Torah, l’âme est alors réparée et on l'élève vers sa source.<br />

En effet, la goutte de semence qui engendre l’âme provient de l’esprit, et « l’esprit<br />

représente la sagesse » (Tikouné 123a). En effet, « Israël sont les prémices de la Pensée<br />

Divine qui s’éleva (à l’origine <strong>pour</strong> la Création) » (Bér. Raba 1:5), et la pensée représente<br />

la sagesse.<br />

Il s'agit donc ici de la source des âmes d'Israël et de la source de tous les mondes. Leur<br />

source à tous est la sagesse de la Torah, car « le Saint béni soit-Il créa les mondes par la<br />

Torah » (Idem). Or, la Torah est appelée Sagesse, comme il est écrit : « Je suis sagesse<br />

etc. » (Prov. 8:12).<br />

Ainsi, lorsque l’âme parvient à la sagesse de la Torah, le monde se renouvelle. En effet, le<br />

renouvellement de tous les mondes eut lieu grâce à la Sagesse qu’est la Torah. Alors,<br />

lorsqu’on parvient à la sagesse, la Gloire divine se dévoile.<br />

694


Il s'agit en fait de la finalité essentielle de tous les efforts de l’homme. En effet, tous les<br />

accomplissements par lesquels l’homme sert le Créateur ont <strong>pour</strong> seule finalité le<br />

dévoilement de Sa Gloire [comme il est écrit $(Isaïe 43:7) : « Pour Ma Gloire, Je l’ai créé,<br />

etc.»].<br />

Car la Gloire se manifeste grâce à la Sagesse, comme l’indique le verset : « Et si je suis<br />

père, où est ma Gloire ? » (Malachie 1:6). « Père » correspondant à la dimension de<br />

sagesse, comme l’indique (le mot) : « AVrekh » (Bér. 41:43), que Rachi explique en ces<br />

termes : « Père en sagesse ».<br />

Telle est la signification du verset : « Ta grandeur s’élève au-dessus des cieux, Elokim »<br />

(Ps. 57:6). « Les cieux » correspondent à la dimension de Yaakov [comme rapporté ailleurs<br />

$(LMI-6 (#7)].<br />

Ainsi, lorsqu’on élève l’âme/néfech, correspondant au Nom divin Elokim, le Jugement saint,<br />

vers la dimension de Yaakov, correspondant aux cieux, la sagesse, alors, « Ta Gloire brille<br />

sur toute la terre » (Idem), Sa Gloire se manifeste !<br />

TORAH 75<br />

« Que Dieu nous bénisse, et que Le craignent toutes les extrémités de la terre » (Ps.<br />

67:8)<br />

[Comme le dit Rabbi Nathan plus loin, la première version de cet Enseignement que voici<br />

n’étant pas écrit en ordre… il en a réécrit une seconde version juste à la suite de celle-ci<br />

que nous invitons à lire directement.]<br />

Voici qu'il existe une aptitude au « conflit/NiTSa'Hon », à la controverse et à la guerre.<br />

D’où provient cette aptitude ? Du sang qui n’a pas encore été utilisé <strong>pour</strong> servir Dieu<br />

béni soit-Il, comme il est écrit : « Leur jus/NiTS'Ham a jailli » (Isaïe 63:3), que Rachi<br />

explique : "le sang". En outre, « le Saint béni soit-Il n’a pas trouvé <strong>pour</strong> Israël d’autre<br />

réceptacle à la bénédiction que la paix, etc. » (Ouktsine 3:12).<br />

De plus, la controverse elle-même contient le concept de "faire la paix". Il s'agit du<br />

principe d’élévation des « eaux féminines ». Par exemple, si un homme sombre dans une<br />

695


quelconque question, il s'agit d'une controverse ; la solution (à cette question) relève de<br />

la dimension de « Celui qui fait la paix », ou d’élévation des « eaux féminines ». Parfois, la<br />

paix instaure la paix dans un autre endroit. Il s'agit alors de l’élévation des « eaux<br />

féminines» à un autre lieu. La Torah et la prière correspondent également à la dimension<br />

d’élévation des eaux féminines, apparentée à la paix, comme il est écrit : « Celui qui crée<br />

l'expression des lèvres : Paix » (Isaïe 57:19), ainsi que : « Il fait la paix et crée tout »<br />

(extrait des prières du matin). En effet, au cours de la Création, les mondes chutèrent. De<br />

plus, les mondes sont des lettres qui se fractionnèrent en de nombreuses étincelles.<br />

Ainsi, au moyen de l’élévation des eaux féminines de la Torah et de la prière se produit<br />

une combinaison des étincelles, et un monde se crée. C'est ce dont il s'agit dans : « Et Je<br />

donnerai la paix sur la terre » (Vayikra 26:6). En effet, c’est de la nature terrestre que<br />

s’élèvent les étincelles <strong>pour</strong> devenir paix. C’est en quoi : « "Pour dire à Tsion, tu es Mon<br />

peuple" (Isaïe 51:16), ne lis pas « AMI/mon peuple », mais « IMI/avec Moi », en<br />

association avec Moi, etc. », car l’homme est lui aussi comparable au Créateur, créant<br />

cieux et terre par sa parole, comme nous l’avons vu.<br />

Un tel processus se déroule chaque jour, jusqu’à la venue du Messie, jusqu’à « En ce jour,<br />

ses pieds se tiendront sur le Mont des oliviers » (Zékharia 14:4), ce qui correspond à la<br />

dimension des "pieds". La Torah et la prière relèvent également de cette notion de<br />

posture debout. La Torah, comme il est indiqué : « Et toi, tiens-toi avec Moi » (Dévarim<br />

5:27) et « Ils se tinrent au pied de la montagne » (Chémot 19:17). La prière, comme dans :<br />

« Pin’has se leva et pria » (Ps. 106:30), relève de la dimension des "pieds". Ainsi, c'est au<br />

moyen de la dimension des pieds de la Torah et de la prière, qu'ils se rapprochèrent (de<br />

Dieu), de l'ordre de « ses pieds se tiendront sur le Mont des oliviers », comme il est écrit<br />

par ailleurs : « La justice marchera devant Lui » (idem 85:14). La « justice » fait référence<br />

à la Torah et à la prière, comme dans : « Parlez de justice » (idem 58:2). Tel est le sens de<br />

cet enseignement : « Le bavardage d’un enfant au marché/béCHOuKa provient de son<br />

père et de sa mère » (Souka 56b), <strong>pour</strong> insinuer que les paroles de la Torah et de la<br />

prière génèrent les dimensions de « cuisse/CHOK » et de « pieds ».<br />

« Par la parole de l’Eternel les cieux se sont formés » (Ps. 33:6). De ce fait, il existe des<br />

étincelles qui sont tombées dans chaque chose : dans les aliments, dans les boissons et<br />

dans les vêtements. Ainsi, les étincelles renferment le plaisir que l’on trouve dans les<br />

aliments et les boissons. Elles sont donc des lettres. Avant de les exprimer par la parole,<br />

696


ces lettres sont de l'ordre du sang, et ce dernier est de l'ordre de l’âme, comme il est<br />

écrit : « Car l'âme de toute chair, c'est son sang qui est dans son âme » (Vayikra 17:14).<br />

Puis, lorsqu’elle s’exprime par la parole, il s'agit alors de « Mon âme est sortie à Sa<br />

parole » (Cantique 5:6). De plus, auparavant elle relevait de : « Il boitait/TSoLéA' de la<br />

cuisse » (Bér. 32:32), puis, en s'exprimant dans la parole, il s'agit de : « Il forma la<br />

côte/TSéLA' » (idem 2:22). Ces étincelles, avant la parole, n’ont pas de combinaison, et se<br />

comparent donc à des débris et à des controverses, car chaque étincelle tente de prendre<br />

le dessus sur l’autre. Mais lorsque chacune d’elles se matérialise par la parole, elle est<br />

combinée (avec d'autres); il s'agit ainsi de la paix.<br />

Il en ressort que ces étincelles doivent être utilisées <strong>pour</strong> prononcer des paroles de<br />

Torah et de prière, et non <strong>pour</strong> d’autres domaines. Telle est l’explication du Talmud :<br />

« Lévi émit des reproches envers Dieu et devint boiteux » (Taanit 25a), qui correspond à<br />

« boitait de la cuisse ». En effet, <strong>pour</strong> avoir fait sortir les étincelles <strong>pour</strong> d’autres motifs, il<br />

resta de l'ordre de « boitait de la cuisse ».<br />

En outre, Il faut parler de Torah ou de prière jusqu’à ce que le corps s’annule et soit<br />

inexistant. Tel est le sens du verset : « Ils seront une seule chair » (Bér. 2:24), autrement<br />

dit, que le corps ne fasse qu’un avec la parole, jusqu'à devenir insignifiant (s’annuler).<br />

Comment parvenir à cet état ? Par la crainte. Comme nos sages, de mémoire bénie, l’ont<br />

affirmé : « Le corps est fort, mais la peur le brise » (Baba Batra 10a). La peur correspond à<br />

« la peur d’Yits’hak » et qui est la crainte.<br />

Tel est donc le sens du verset : « Que Dieu nous bénisse, et que Le craignent etc. »,<br />

autrement dit, la bénédiction se réalise lorsque l'on possède la crainte comme « Toutes<br />

les extrémités/AFSSé de la terre ». En d’autres termes, toute la nature terrestre devient<br />

néant/EFeSS, comme il est écrit : « Ils seront une seule chair ».<br />

En outre, dans la Torah et la prière, il y a deux aspects : la pensée et le cri, correspondant<br />

à Moché et à David. En effet, le cri renvoie à « La sagesse crie au dehors » (Prov. 1:20) et<br />

la pensée à « Les contours de tes hanches » (Cantique 7:2). Concernant Moché, il est écrit :<br />

« Moché cria » (Chémot 8:8) et « Moché s’en alla parler etc. » (Dévarim 31:1), autrement<br />

dit, il rassemblait des foules en public, ce qui correspond à « La sagesse crie au dehors ».<br />

D’autre part, il est écrit au sujet de David : « Dans les réunions publiques, bénissez Dieu »<br />

(Ps. 68:27). Il s'agit là aussi de : « La sagesse crie au dehors ».<br />

697


[Cette Torah n’étant pas aussi formulée et ordonnée dans l’ordre, et il en manque une<br />

grande partie, je n’ai donc pas eu d’autre choix que de réécrire une seconde version de<br />

ce que j’ai pu en comprendre, avec l’aide de Dieu. Voici donc :]<br />

« Que Dieu nous bénisse, et que Le craignent toutes les extrémités de la terre. » (Ps.<br />

67:8)<br />

Il existe (chez certains) une certaine disposition au conflit, à la controverse et à la<br />

guerre. Cette disposition provient du sang qui n’a pas encore été utilisé <strong>pour</strong> servir Dieu<br />

béni soit-Il. En effet, l'aptitude au « Conflit/NiTSa'Hon » provient essentiellement du<br />

sang, comme il est écrit : « Leur Jus/NiTS'Ham a jailli » (Isaïe 63:3), que Rachi explique :<br />

"le sang".<br />

Ainsi, chacun doit annuler sa disposition au conflit et à la controverse et <strong>pour</strong>suivre la<br />

paix. En effet, « le Saint béni soit-Il n’a pas trouvé <strong>pour</strong> Israël d’autre réceptacle à la<br />

bénédiction que la paix » (Ouktsine 3:12). Or ceci, on peut l’obtenir par la profusion de<br />

paroles de Torah et de prière. C’est grâce à cela que l’on obtiendra la paix.<br />

En effet, lorsqu'il y a controverse, il faut faire la paix. Or, celui qui instaure cette paix<br />

relève de l’élévation des « eaux féminines ».<br />

En effet, si un homme sombre dans une interrogation quelconque, il s'agit d'une<br />

controverse, car son cœur est partagé et il ne comprend pas le sujet. Les choses lui<br />

semblent se contredire et s’opposer les unes aux autres. La solution relève de « Celui qui<br />

fait la paix ». En effet, grâce à la solution, il instaure la paix entre les choses qui<br />

paraissaient contradictoires et opposées les unes aux autres. Telle est la notion<br />

d’élévation des eaux féminines.<br />

[En effet, le principe de « l’élévation des eaux féminines » correspond à l’aspiration et<br />

l’amour, que l’on éveille <strong>pour</strong> l’autre. Par exemple, lorsque l’on éprouve un désir ardent<br />

<strong>pour</strong> Dieu béni soit-Il, ou lorsque l'on désire se rendre chez un Juste authentique, il s’agit<br />

là de l’élévation des eaux féminines, qui permet de se lier et de s’attacher à Dieu béni<br />

698


soit-Il et à Ses Justes. Il en ressort que celui qui fait la paix, qui introduit de l’amour dans<br />

le cœur de chacun envers son prochain, les rapproche l’un de l’autre, et instaure la paix<br />

entre eux, celui-ci procède ainsi à l’élévation des eaux féminines].<br />

Parfois aussi, la paix instaure la paix dans un autre endroit. Il s'agit alors de l’élévation<br />

des eaux féminines à un autre lieu.<br />

Toutes les paroles que l’on prononce dans la Torah et dans la prière relèvent de<br />

l’élévation des eaux féminines, comme on le sait, et elles correspondent à la paix, comme<br />

il est écrit : « Celui qui crée l'expression des lèvres : Paix ! » (Isaïe 57:19). Il s’agit de<br />

l’essentiel de la réparation de la Création, comme indiqué dans : « Il fait la paix et crée<br />

tout ».<br />

En effet, au cours de la Création, les mondes chutèrent et tombèrent en bas [du fait de la<br />

brisure des réceptacles, comme on le sait]. Or, les mondes sont des lettres, qui se<br />

fractionnèrent en de nombreuses étincelles. Ainsi, au moyen de l’élévation des eaux<br />

féminines par la Torah et la prière se produit une combinaison des étincelles, et un<br />

monde se crée : il s'agit du concept de paix.<br />

En effet, avant qu'elles ne soient intégrées dans des paroles de Torah et de prière, ces<br />

étincelles et ces lettres n'avaient ni combinaison ni lien, et relevaient donc des débris<br />

(des réceptacles), donc de la controverse, car chaque étincelle tentait de prendre le<br />

dessus sur l’autre. Mais lorsqu’on les intègre à la parole de sainteté, on les combine et on<br />

les relie entre elles, ce qui correspond à la dimension de paix.<br />

En effet, grâce à la parole de sainteté de la Torah et de la prière, se produit l’élévation<br />

des eaux féminines, qui a <strong>pour</strong> effet d'instaurer la paix. C’est en cela que tous les mondes<br />

déchus sont rectifiés et renouvelés, et qu'on est considéré comme si on les avait créés à<br />

nouveau. Ce en quoi nos maîtres de mémoire bénie ont affirmé (Zohar I 5a) : « Et <strong>pour</strong><br />

dire à Tsion, tu es Mon peuple »(Isaïe 51:16) – ne lis pas « AMI/Mon Peuple », mais<br />

« IMI/Avec Moi », en association avec Moi, tout comme Je crée le ciel et la terre par Ma<br />

parole, alors toi aussi ! »<br />

699


En effet, il est certain que l’on crée ciel et terre en paroles de Torah et de prières,<br />

puisqu'on crée à nouveau, qu'on renouvelle et que l'on rectifie les mondes qui sont<br />

tombés. C'est ce dont il s'agit dans : « Et Je donnerai la paix sur la terre » (Vayikra 26:6).<br />

En effet, c’est de notre matérialité terrestre que s’élèvent les étincelles <strong>pour</strong> devenir<br />

paix, et il s'agit là de l'essentiel de la rectification de la Création.<br />

C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle on ne doit prononcer que des paroles saintes, et non<br />

d’autres paroles, afin d’élever les étincelles en question, et de rectifier tous les mondes.<br />

En effet, l’essentiel de la Création le fut par la parole, comme l’indique le verset : « Par la<br />

parole de l’Eternel les cieux se sont formés » (Ps. 33:6). Mais par la brisure, des étincelles<br />

sont tombées dans les choses : les aliments, les boissons, les vêtements, et dans toutes<br />

les délectations du monde. En effet, la délectation qu’il y a dans ce que l’on mange, boit<br />

ou autre, provient des étincelles qui y sont tombées ! Ces étincelles étant des lettres.<br />

Or, avant de les exprimer par la parole, ces lettres sont d’abord de l'ordre du sang, luimême<br />

de l'ordre de « l’âme/Néfech », comme il est écrit : « Car l'âme de toute chair, c'est<br />

son sang qui est dans son âme » (Vayikra 17:14).<br />

Puis, lorsqu’on les exprime par la parole, c’est alors qu’il est dit : « Mon âme est sortie en<br />

sa parole » (Cantique 5:6). Car on élève alors les étincelles, les assemble et instaure la<br />

paix entre elles.<br />

C'est justement ce que nous avons affirmé plus haut : c'est à cause du sang qui n’a pas<br />

été utilisé <strong>pour</strong> servir Dieu béni soit-Il que proviennent la disposition au conflit et la<br />

propension à la controverse. En effet, l’essentiel du conflit et de la controverse relève<br />

des étincelles déchues qui n'ont pas encore été associées et rectifiées, qui relèvent alors<br />

de la controverse, de l'ordre du sang.<br />

C'est <strong>pour</strong>quoi, on doit servir Dieu béni soit-Il avec chaque goutte de sang qui est en soi,<br />

c’est-à-dire, parler beaucoup de Torah et réciter des prières jusqu’à ce que tout le sang<br />

se transforme en paroles de Torah et en prières – la parole provenant de l’âme qui<br />

correspond au sang. C’est de la sorte qu’on abolit toute velléité conflictuelle et toute<br />

controverse, issues des étincelles déchues, autrement dit, du sang qui n’a pas encore été<br />

consacré au service de Dieu béni soit-Il.<br />

700


Cette dimension d’épuration des étincelles a lieu chaque jour, jusqu’à la venue du<br />

Messie, lorsque s’accomplira : « En ce jour, ses pieds se tiendront sur le Mont des Oliviers »<br />

(Zékharia 14:4), [comme rapporté dans les écrits du Ari zal], car l'essentiel de la<br />

rectification des étincelles est de l'ordre des « Pieds » [comme rapporté ailleurs].<br />

En effet, la Torah et la prière correspondent au concept du « debout », la dimension des<br />

pieds. Pour la Torah, comme il est indiqué : « Et toi, ici, tiens-toi (debout) avec<br />

Moi » (Dévarim 5:27), ainsi que : « Ils se tinrent au pied de la montagne » (Chémot 19:17).<br />

Pour la prière, comme dans : « Pin’has se tint (debout) et pria » (Ps. 106:30).<br />

Ceci vient tenant du concept de : « La justice ira devant Lui » (idem 85:14). La justice<br />

correspondant à la parole de Torah et de prière, comme il est écrit : « Parlez de justice »<br />

(idem 58:2). Grâce à cela on rectifie les « Pieds », correspondant à « La justice ira devant<br />

Lui », ce qui permet de mériter la dimension de : « En ce jour, ses pieds se tiendront sur<br />

etc. ».<br />

[C'est ce dont il s'agit dans « Le bavardage d’un enfant au marché etc. » (Soucca 56b),<br />

consulte plus haut, mais je ne comprends pas].<br />

En effet, avant la rectification, autrement dit, avant d'avoir exprimé les étincelles en<br />

parole de sainteté, celles-ci relevaient de « Il boitait/TSoLéA' de la cuisse » (Bér. 32:32),<br />

concept des pieds endommagés.<br />

Mais ensuite, lorsqu’on les exprime en parole et qu'on les utilise <strong>pour</strong> former une parole<br />

de sainteté, il s’agit alors de « Il forma la côte/TSéLA' » (idem 2:22), rectification de « Il<br />

boitait/TSoLéA' de la cuisse ».<br />

C'est le sens dont il s'agit dans cette affirmation de nos maîtres : « Lévi émit des<br />

reproches envers Dieu et devint boiteux » (Meguila 22b ; Taanit 25a), correspondant à<br />

« Il boitait de la cuisse ». En effet, <strong>pour</strong> avoir endommagé la parole, il devient boiteux –<br />

« boitait de la cuisse » – correspondant au dommage causé à la parole.<br />

En outre, Il faut parler de Torah et de prière jusqu’à ce que le corps s’annihile et soit<br />

rien. Tel est le sens du verset : « Ils seront une seule chair » (Bér. 2:24).<br />

701


Autrement dit, que le corps ne fasse qu’un avec la parole [cette dernière représente<br />

‘HAVa comme il est écrit : « La nuit raconte/yé’HAVé à la nuit » (Ps. 19:3), comme il est<br />

expliqué ailleurs (plus haut, Torah 19:3), car ‘HAVa correspond à la côte dont il est<br />

question, au sujet de « Il forma la côte », et c'est à son sujet qu'il est dit : « Ils deviendront<br />

une seule chair »].<br />

En d’autres termes, il faut que le corps s’annule totalement, au point de devenir comme<br />

néant et rien, par les paroles de Torah et de prière.<br />

Or, on parvient à cet état d’annihilation complet du corps par la crainte, comme nos<br />

sages, de mémoire bénie, l’ont affirmé : « Le corps est fort, mais la peur le brise » (Baba<br />

Batra 10a), la peur correspondant à « la peur d’Yits’hak », autrement dit, la crainte.<br />

Tel est donc le sens du verset : « Que Dieu nous bénisse » – il s’agit de la notion de paix<br />

car « « le Saint béni soit-Il n’a pas trouvé <strong>pour</strong> Israël d’autre réceptacle à la bénédiction<br />

que la paix ».<br />

En effet, « et que Le craignent » – il s'agit de la crainte, qui permet d’annihiler<br />

complètement le corps, au moyen des paroles de Torah et de prière ; alors, « tous les<br />

riens/AFSé de la terre » – signifie que toute notre matérialité terrestre devient<br />

rien/EFeSS, car elle a été complètement annihilée.<br />

On mérite alors la bénédiction, correspondant à la paix, qui est : « Que Dieu nous<br />

bénisse ».<br />

[« En outre, concernant la Torah et la prière, il y a deux aspects : la pensée et le cri, etc. »<br />

– cela aussi, je ne l’ai pas compris du tout.]<br />

TORAH 76<br />

« Ce fut après ces paroles que Elokim éprouva Avraham » (Bér. 22:1)<br />

702


Il est dit dans les Tikouné Zohar $(129a) : « Du côté droit, il y a un esprit blanc comme<br />

l’argent ; comme il est écrit : « La semence d’Avraham Mon bien aimé » (Isaïe 41:8) ».<br />

Nous constatons qu'il existe dans le regard, une lumière directe et une lumière réfléchie.<br />

L’expansion de la vision est la lumière directe. Ensuite, lorsque l’on parvient à voir l’objet<br />

que l’on désire, il s’agit de la lumière réfléchie.<br />

[Voici l’essentiel de la faculté visuelle : la vue a <strong>pour</strong> faculté d'aller en se propageant et de<br />

percuter l’objet vu, puis de revenir aux yeux, par la force de cette percussion. L’objet se<br />

dessine alors dans les yeux, et c'est alors qu'ils voient la chose vue. Ceci est rapporté ailleurs<br />

dans le détail $(LMI-13:4). Il en ressort que la faculté visuelle comprend la dimension de<br />

lumière directe et de lumière réfléchie. En effet, la force d’expansion de la vue depuis les<br />

yeux vers l'objet vu correspond à la lumière directe. Et la percussion de la vue sur l’objet<br />

regardé, qui a <strong>pour</strong> effet de renvoyer l’objet aux yeux et qu'il s'y dessine, ceci étant l’essentiel<br />

de la vue, correspond à la lumière réfléchie, puisque la vision retourne aux yeux.]<br />

À présent, Dieu béni soit-Il, qu’Il soit Béni, ne peut être perçu en aucune mesure. Néanmoins,<br />

afin d’éveiller l’oreille (l’esprit humain), il est quand même dit à Son sujet : « Car l’Eternel<br />

réside dans les hauteurs, mais Il voit celui qui est humble, comme Il connaît de loin celui qui<br />

est élevé » (Ps. 138:6).<br />

« Il voit », correspond à la lumière directe ; et « Il connaît de loin », correspond à la lumière<br />

réfléchie.<br />

[En effet, la Connaissance, qui consiste essentiellement à savoir ce que l'on voit, provient de<br />

la lumière réfractée, qui est ce que la force de vision fait revenir aux yeux. C’est <strong>pour</strong>quoi, il<br />

arrive parfois qu’un homme regarde quelque chose, physiquement, de ses yeux, sans <strong>pour</strong><br />

autant reconnaître ce qu’il voit, par exemple, lorsque l’on fait passer très rapidement un objet<br />

quelconque devant ses yeux. Ceci s’explique par ce que la vue n’a pas eu assez de temps <strong>pour</strong><br />

faire revenir l'objet jusqu’aux yeux et de le dessiner dans son savoir jusqu'à ce qu'il soit su,<br />

comme rapporté dans l’Enseignement 63(#3), à consulter. En résumé le savoir – ce qu’il sait<br />

de ce qu’il voit – est la lumière réfléchie.]<br />

Et sache que le regard produit un réceptacle, autrement dit, une limite et un temps. En effet,<br />

avant de voir la chose, elle est dé<strong>pour</strong>vue de limite. Mais c'est en voyant la chose, qu'une<br />

limite est créée.<br />

703


C'est de dont il s'agit dans l'enseignement de nos sages de mémoire bénie $(Yoma 74b) : « « Il<br />

t'a fait souffrir, Il t’a affamé et Il t'a fait consommer la manne » (Dévarim 8:3), car on ne peut<br />

comparer celui qui voit ce qu’il mange (à celui qui ne voit pas). On peut déduire de là qu’un<br />

aveugle n’est jamais rassasié ». En effet, celui qui ne voit pas ne produit pas de limite. Le<br />

Talmud de conclure avec ce verset : « Mieux vaut la vision des yeux que la propagation de<br />

l’âme/Néfech » (Kohélet 6:9). Car c’est la faculté visuelle qui produit une trajectoire à son<br />

âme, ceci constituant la limite.<br />

Ceci est la valeur de la confiance. En effet, la confiance relève du regard, dans le fait de<br />

regarder et que nos yeux n'attendent rien d'autre que Dieu béni soit-Il. D’avoir confiance en<br />

Lui, selon : « Les yeux de tous attendent vers Toi » (Ps. 145:15). Ainsi le regard avec<br />

confiance, permet lui aussi la formation d'un réceptacle, c’est-à-dire, une limite et un temps.<br />

En effet, le flux de bénédiction descend continuellement d’en Haut, mais il est dé<strong>pour</strong>vu de<br />

temps. Ainsi parfois, une chose dont on a besoin maintenant arrivera dans deux ou trois ans.<br />

Cependant, par le regard en confiance, on forme une limite et un temps à ce flux, afin que la<br />

bénédiction arrive au moment où on en a besoin.<br />

C'est ce dont il s'agit dans le verset : « Les yeux de tous attendent vers Toi », grâce à quoi<br />

(suite du verset) : « Tu leur prodigues leur subsistance en son temps ».<br />

Explication : le regard des yeux vers Dieu béni soit-Il, c’est-à-dire, la confiance, selon « Les<br />

yeux de tous attendent vers Toi », entraîne « Tu leur prodigues leur subsistance en son<br />

temps ». « En son temps », précisément : au moment et à l’heure où on en a besoin, puisque la<br />

confiance, qui correspond à la dimension du regard, forme un réceptacle, une limite et un<br />

temps.<br />

C’est ici la valeur du rapprochement aux Justes. En effet, il existe la notion de « Mon âme a<br />

soif » (idem 42:3), autrement dit, à l’image de quelqu’un d’extrêmement assoiffé, prêt à boire<br />

même des eaux polluées. Il en va de même en ce qui concerne le service de Dieu béni soit-Il :<br />

certaines personnes sont constamment assoiffées, qui sans cesse étudient et se consacrent à<br />

Son service. Elles sont toujours en état de soif.<br />

Certes, l'âme désire constamment servir Dieu. Cependant, la délimitation du temps et<br />

l’intelligence font défaut. En effet, parfois : « La cessation de la Torah constitue précisément<br />

sa perpétuation » (Ména’hot 99b), comme l’indique le verset : « Il est temps d’agir <strong>pour</strong><br />

l’Éternel : on a outragé Ta Torah » (Ps. 119:126).<br />

704


Il s'agit ici de la valeur du rapprochement aux Justes, car c’est ces derniers qui réalisent (<strong>pour</strong><br />

nous) une limite et un temps, de sorte qu'on ne reste pas dans la dimension de soif.<br />

Voici donc l'explication du verset : « Mon âme a soif de l’Éternel, Dieu vivant » (idem 42:3),<br />

il s’agit de la notion de soif.<br />

(Suite) : « Quand viendrai-je », quand ne serai-je plus assoiffé.<br />

(Suite) : « Et verrai-je la Face de Dieu ? » – « Verrai-je », précisément, c’est-à-dire<br />

parviendrai-je à ce mérite tel que le service (Divin) soit de l'ordre de la vue. C'est-à-dire<br />

lorsque l'on se procure la dimension de limite et de temps, comme il se doit. Alors seulement,<br />

on cesse d'être du niveau de « la soif ».<br />

Par conséquent, un renouvellement quotidien de l’esprit est nécessaire, comme il est écrit : «<br />

Renouvelés chaque matin » (Lam. 3:23) ainsi que : « Qui renouvelle dans Sa Bonté » (prière<br />

du matin).<br />

[En effet, le renouvellement de l’esprit, c'est-à-dire un nouvel intellect qui grandit encore à<br />

chaque fois, relève de la vue. En effet, le savoir de l’intellect relève de la vue, puisqu'il<br />

connaît et comprend la chose clairement, comme s’il la voyait de ses yeux d'une vision claire,<br />

comme il est écrit : « Leurs yeux se décillèrent » (Bér. 3:7), que Rachi commente : « Ceci fait<br />

référence à la sagesse », et comme rapporté dans les paroles de Rabénou, à plusieurs reprises.]<br />

En outre, cette faculté visuelle a deux aspects. En effet, celui qui possède une bonne vue peut<br />

voir de loin sans avoir besoin de se rapprocher de la chose qu’il doit voir. En revanche, celui<br />

qui n'est pas doué d'une forte acuité visuelle doit se rapprocher de la chose qu’il souhaite voir,<br />

et la regarder avec attention.<br />

Il en est ainsi du service de Dieu béni soit-Il. Certains possèdent un esprit clair, et sont<br />

capables de prier et d’étudier sans s’appesantir. D’autres doivent soupeser en pensée avant de<br />

parler, et s’ils en venaient à parler avant d’avoir soupesé leurs paroles en pensée, cette parole<br />

serai dénuée de pensée. Ceux-ci correspondent à la notion de « après ces paroles » (début du<br />

verset d’introduction). Il s’agit là de la dimension d’étroitesse d’esprit, liés aux jugements.<br />

Quant à celui qui possède un esprit clair, il se trouve en état de grandeur d’esprit, et relève de<br />

la Bonté et la Miséricorde, comme l’affirment nos sages de mémoire bénie $(Brakhot 33a) :<br />

705


« Grande est la Connaissance, placée entre deux Noms divins, comme il est dit : "Car Dieu<br />

des Connaissances est l’Éternel" (Samuel I 2:3) ».<br />

Le Nom Dieu/El ‏(אל)‏ renvoie à la Bonté, comme il est écrit : « La Bonté de Dieu/El dure<br />

toute la journée » (Ps. 52:3). Et le Nom l'Eternel/Avaya ‏(יהוה)‏ est celui de la Miséricorde,<br />

comme : « Grande est ta miséricorde, Éternel » (idem 119:156).<br />

Il est toutefois impossible de prier d'un intellect clair avant de s’être totalement repenti de ses<br />

fautes, comme il est dit : « L’Éternel circoncira ton cœur » (Dévarim 30:6), que le Targoum<br />

traduit par : « Dieu retranchera la folie de ton cœur ».<br />

De quel repentir est-il question ? Du repentir réalisé par amour, qui ne laisse pas la moindre<br />

trace, comme l’enseignent nos sages de mémoire bénie $(Yoma 86a) à propos du verset : «<br />

Revenez, enfants turbulents ; Je vous guérirai de vos errements » (Jérémie 3:22).<br />

Ce verset contient un paradoxe : « turbulents » suppose qu’il ne subsiste plus la moindre trace<br />

de faute, alors que « Je vous guérirai » suppose par contre qu’il en reste une trace. Ils y<br />

répondent : « Ici, il s'agit (du repentir) par amour, et là, il s'agit (du repentir) par crainte ».<br />

Puisque que par amour, il n'en reste pas de trace, on possède donc un intellect clair, on peut<br />

ainsi prier sans s’appesantir, et l'on peut donc renouveler son esprit quotidiennement.<br />

Il s'agit ainsi de l’explication du verset : « Ce fut après ces paroles ». Il s'agit d'un homme<br />

stagnant, qui n’arrive pas à renouveler son esprit, qui se trouve en situation d’étroitesse<br />

d’esprit, de l'ordre de Elokim, les jugements. C'est la dimension de « après ces paroles »,<br />

comme expliqué plus haut.<br />

« Que Elokim éprouva », c’est-à-dire, afin d'éprouver <strong>pour</strong> élever la dimension d’étroitesse<br />

d’esprit, de l'ordre de Elokim, ce dont on obtient le mérite grâce à la dimension de Avraham,<br />

qui correspond à l’amour. Et grâce au repentir par amour, on obtient la grandeur d’esprit,<br />

correspondant aux Bontés et Miséricordes.<br />

C'est bien ce dont il s'agit dans « Elokim éprouva Avraham », car grâce à la dimension de<br />

Avraham, on remonte et on rehausse l’étroitesse d’esprit, qui correspondent à Elokim, et l’on<br />

atteint la grandeur d’esprit.<br />

Tel est le sens du Saint Zohar : « Du Côté droit il y a un esprit blanc », autrement dit, du<br />

fait de la vertu de l’amour, le cerveau devient clair « comme l’argent ; comme il est écrit :<br />

« La semence d’Avraham Mon bien aimé ».<br />

706


En effet, l’esprit est appelé « semence d’Avraham Mon bien aimé », la dimension de l’amour,<br />

dont par elle on accède à l’intellect clair.<br />

TORAH 77<br />

« Et l'Eternel sera Roi sur toute la terre » (Zékharia 14:9)<br />

Voici la règle : tout ce que nous accomplissons, qu’il s’agisse de prière ou d’étude, a <strong>pour</strong> but<br />

le dévoilement de Sa Royauté, qu’Il soit béni.<br />

En effet, le souffle de la bouche correspond à la lettre ‏,ה/‏Hé et la voix qui s’ensuit correspond<br />

à la lettre Vav ‏.ו/‏ Et lorsqu'on étudie ou prie avec crainte et amour, se révèle alors la<br />

dimension de י"ה/‏Youd-Hé $(Tikouné 25b).<br />

En outre, lorsque l'on étudie une Loi de cette manière, on crée un monde. Mais lorsque l'on<br />

étudie tout un traité (du Talmud), en est fait Matronita, et les Lois constituent Ses mondes<br />

(idem 14b), car « il ne saurait y avoir de roi sans peuple » (Pirké dé Rabbi Eliezer 3).<br />

C’est <strong>pour</strong>quoi « L'Eternel sera Roi sur toute la terre », puisque Sa Royauté se dévoile.<br />

[Il apparaît clairement au lecteur attentif qu'il manque ici la plus grande partie, car<br />

l’essentiel de son sens n’est pas exposé, et je n’ai pas eu le mérite de comprendre ces<br />

paroles.]<br />

TORAH 78<br />

Roch Hachana 5565 Zlatipolia.<br />

« Il donnera la puissance à son roi, et hissera la fondation de son Messie » (Samuel I, 2:10)<br />

Ceci renferme les notions du Messie, de l’esprit prophétique, de l’union du Saint béni soit-Il<br />

avec Sa Présence, et de la résurrection.<br />

L’origine de la Création avait <strong>pour</strong> finalité le dévoilement de l’attribut de Sa Royauté, mais du<br />

fait de l’intensité de Son éclat, il n’était pas possible de le recevoir. Aussi, Il fut donc<br />

contraint de se contracter à l’intérieur des mondes.<br />

707


C'est ce dont il s'agit dans : « Ta Royauté est la Royauté de tous les mondes » (Ps. 145:13),<br />

autrement dit, l’attribut de Royauté s’habilla au sein des mondes <strong>pour</strong> que l’on puisse le<br />

recevoir.<br />

Mais comme il n’y avait personne <strong>pour</strong> accepter le joug de Sa Royauté, les âmes d'Israël<br />

émanèrent, <strong>pour</strong> recevoir le joug de Sa Royauté, car il ne saurait y avoir de roi sans peuple.<br />

Or, d’où émanent les âmes d'Israël ? Du monde de la parole. C'est ce dont il s'agit dans :<br />

« Mon âme sortit à Sa Parole » (Cantique 5:6), <strong>pour</strong> signifier que les âmes d'Israël émanent<br />

du monde de la Parole. En outre, la parole relève de la Royauté, comme l’a affirmé Eliyahou<br />

(Zohar ; Pata'h Eliyahou) : « La Royauté – c’est la bouche ».<br />

Elle relève également de la Présence Divine/ChéKHiNa, en ce sens qu’elle<br />

réside/CHoKHéNet constamment avec eux (le peuple d’Israël), sans la moindre interruption,<br />

comme il est écrit : « Qui réside avec eux, au milieu de leur impureté » (Vayikra 16:16). En<br />

effet, il s'agit de la dimension de « La mère des enfants » (Ps. 113:9) : tout comme une mère<br />

est toujours avec ses enfants et ne les oublie pas, de même la parole, la Présence divine, va<br />

avec l’homme toujours.<br />

C'est ce dont il s'agit dans : « Plus j'en parle, plus je me souviens de lui » (Jérémie 31:19) qui<br />

signifie, comme nous l’avons dit, que la parole se souvient toujours de lui et le suit même<br />

dans des endroits insalubres.<br />

Il s’agit là de la notion d’Exil de la « Chékhina/la Présence Divine », qui suppose que la<br />

parole, donc la Présence divine, se trouve en exil et devient muette, comme dans (les versets) :<br />

« Je suis restée muette, silencieuse » (Ps. 39:3) ; ainsi que : « Etes-vous muets ? Prononcez la<br />

justice » (idem 58:2).<br />

En d’autres termes, la justice représentant la Royauté sainte $(Zohar ; Pata'h Eliyahou) et qui<br />

équivaut à la parole, reste muette lorsqu'elle est en exil.<br />

Il s'en suit, selon le principe de similitude de la réparation du dommage, que l'on doive se<br />

confesser verbalement, comme l’indique le verset : « Prenez avec vous des paroles » (Osée<br />

14:3). Cela consiste à avouer en permanence et de tout son cœur, « en présence de la Face du<br />

Seigneur » (Lam. 2:19). Alors, « … et revenez vers l'Eternel » (suite de Osée 14:3), autrement<br />

dit, toutes les paroles endommagées retournent à leur source.<br />

708


C'est ce dont il s'agit dans l’union du Saint béni soit-Il avec Sa Présence. En effet, on unit la<br />

parole, qui correspond à la Présence divine, comme nous l'avons dit, avec l'Eternel.<br />

C’est également ce que dit ce verset : « La Gloire de l'Eternel se révèlera, et toute chair verra<br />

que c'est la bouche de l'Eternel qui a parlé » (Isaïe 40:5).<br />

Autrement dit, lorsqu'on unit la parole avec l'Eternel, ce qui équivaut à l'union du Saint béni<br />

soit-Il avec Sa Présence, alors « La Gloire de l'Eternel se révèlera ». Et la Gloire équivaut à la<br />

Présence Divine, comme on le sait. Autrement dit, le rayonnement de la Présence Divine,<br />

c’est-à-dire de la Royauté, se dévoilera et grandira.<br />

En effet, <strong>pour</strong> l’instant, Sa lumière est amoindrie et Sa force est affaiblie, comme il est écrit<br />

dans le Saint Zohar $(Tikounim 6) : « La Présence Divine hurle : « Réconfortez-moi par des<br />

gâteaux de raisin… car je suis malade d’amour » (Cantique 2:5). Il s'agit de l’amour <strong>pour</strong><br />

Israël, car Elle réside parmi eux, y compris au milieu de leur impureté. Il s'agit donc de l’exil<br />

de la Présence Divine.<br />

Mais, comme nous l’avons dit, lorsqu’il rectifiera la « Figure » de la Royauté par l’union de<br />

sa parole (à lui) qui correspond à la Royauté/Présence Divine, avec l'Eternel, alors la Lumière<br />

de la « Figure » de la Royauté se dévoilera et grandira.<br />

C’est ce dont il s'agit ici : « Dans la lumière de la Face du Roi se trouve la vie » (Prov.<br />

16:15). Autrement dit, c'est en donnant un rayonnement à la figure de la Royauté que l'on peut<br />

vivre, car on puise la vie de l’attribut de Royauté, qui est la source.<br />

Il s’agit également du Souffle sacré. En effet, si l’homme est « vivant/'HaY », ce n’est que<br />

parce qu’il respire. Mais qu’est-ce que la respiration ? Le fait d’expirer et d’inspirer le souffle.<br />

Correspondant à : « Des créatures/'HaYot courraient puis cessaient » (Ezéchiel 1:14).<br />

Aussi, lorsque l’homme est attaché à la Royauté sainte, en parlant de Torah ou disant des<br />

prières, il expire et inspire un souffle de sainteté. C’est ce dont il s'agit dans : « Je mettrai un<br />

nouveau souffle en vous » (idem 36:26) – « en vos entrailles ». Par le fait de respirer de la<br />

sainteté, alors : « Je mettrai un nouveau souffle en vous », c’est-à-dire un souffle sacré.<br />

C’est le concept de : « Le souffle de Dieu planait à la surface de l'eau » (Bér. 1:2). Autrement<br />

dit, lorsque l'homme étudie la Torah, puisque l’eau c’est la Torah, comme on sait, alors « Le<br />

709


souffle de Dieu », qui est le souffle sacré, "plane" sur lui et le recouvre, et il puise un souffle<br />

de vie.<br />

En effet, il est impossible de vivre sans Torah, comme il est écrit : « Si les rameaux des<br />

poumons ne soufflaient pas sur le cœur, le cœur consumerait le corps tout entier » (Tikouné<br />

27b). Or « Les poumons c’est l’eau ; et l'eau c’est la Torah » (Tikouné III 218b).<br />

En effet, lorsque l’homme Juif brûle en son cœur <strong>pour</strong> Dieu béni soit-Il, son corps tout entier<br />

est susceptible de se consumer. En revanche, lorsqu’il se revêt des lettres de la Torah ou de la<br />

prière, celles-ci le protègent et le préservent. De même, à Dieu ne plaise, à l’inverse : lorsqu’il<br />

brûle (en son cœur) <strong>pour</strong> une tentation de ce monde, là encore, son corps risque de se<br />

consumer. Cependant, quand par la suite, il étudie la Torah ou accomplit un commandement,<br />

ceci le protège et le préserve et il peut (continuer à) vivre. Car il puise un souffle de vie, qui<br />

est un souffle sacré, de l’attribut de Royauté, qui est sa source.<br />

De ce fait, « Les méchants, même de leur vivant, sont appelés morts » (Brakhot 18b). En<br />

effet, en se détachant du cordeau de sainteté, d’où <strong>pour</strong>rait-il trouver sa vitalité ? Il puise sa<br />

vitalité du souffle de folie, car il se rattache au « roi, vieux et stupide » (Kohélet 4:13), et c'est<br />

ce que nos maîtres de mémoire bénie ont affirmé : « Un homme ne peut commettre une faute<br />

que si un esprit de folie s’est introduit en lui » (Sota 3a).<br />

Mais à l’inverse (lorsqu’il puise un souffle de vie), un souffle sacré s'introduit en lui. Ce<br />

souffle sacré relevant de la Royauté, comme l’indique le verset : « Esther se revêtit de<br />

royauté » (Esther 5:1), que nos sages, de mémoire bénie, interprètent : « Un souffle sacré la<br />

revêtit » (Meguila 14b).<br />

Il s'agit également de la notion de résurrection, comme l’explique Rachi sur le verset :<br />

« L’esprit de Yaacov revint à la vie » (Bér. 45:27) : « le souffle sacré reposa sur lui ».<br />

Il s'agit aussi de la dimension du Messie, car il est écrit à son sujet : « Il ne jugera pas selon<br />

ce que ses yeux voient » (Isaïe 11:3), mais uniquement par le souffle sacré.<br />

Ainsi, la Figure de la Royauté sera rectifiée entièrement, et tous les aspects de la Royauté<br />

réintègreront leur source : « Et le Royaume appartiendra à l'Éternel » (Ovadia 1:21) car «<br />

L'Eternel sera roi sur toute la terre » (Zakaria 14:9).<br />

710


Nous <strong>pour</strong>rons ainsi connaître (percevoir) notre Créateur, au-delà de tous les mondes sans<br />

aucun revêtement, forme, ou image. C'est ce dont il s'agit dans : « Car l’Éternel… sera Roi<br />

grand sur toute la terre » (Ps. 47:3).<br />

Autrement dit, lorsque l’Attribut de Royauté sera "grand" et sa que lumière s’élèvera grâce à<br />

la réparation de nos actes, alors nous <strong>pour</strong>rons connaître notre Créateur "sur tout(e)", c’est-àdire,<br />

au-delà de tous les mondes, contrairement à maintenant, car <strong>pour</strong> l’instant, Il est revêtu<br />

des mondes.<br />

C’est (le verset de départ) : « Il donnera la puissance à son roi », autrement dit, lorsqu’on<br />

donnera une puissance et un rayonnement à l’attribut de Royauté, alors : « Il hissera la<br />

fondation de son Messie ». Chacun rectifiera ses dimensions messianiques personnelles,<br />

progressant de niveau en niveau, petit à petit, jusqu’à ce qu’il répare totalement le<br />

rayonnement de la « Figure » de la Royauté. Ceux-ci sont les aspects du Messie.<br />

[Ces paroles aussi n’ont pas été mises en ordre comme il faut, et il y a aussi des omissions. Il<br />

semble que l’intention véritable de ces paroles est de traiter de l’importance de la parole de<br />

sainteté. La parole de sainteté relève de la Présence Divine, qui est le souffle du Messie, le<br />

souffle sacré, le concept de la résurrection, de l'union du Saint béni soit-Il avec Sa Présence<br />

Divine. Tout ceci est explicité dans cette Torah, bien que les idées ne soient pas ordonnées<br />

comme il faut et que la formulation ne soit pas suffisamment soignée. Quoi qu’il en soit, tout<br />

est clair <strong>pour</strong> celui qui possède l’intelligence, et droit <strong>pour</strong> ceux qui trouvent la connaissance.<br />

Cette Torah explique également que la parole accompagne l’homme, y compris dans des<br />

endroits immondes, à l’image d’une mère qui accompagne son bébé partout où il va, ce qui<br />

explique <strong>pour</strong>quoi la parole est appelée « la mère des enfants ». Ainsi, « Plus j'en parle, plus<br />

je me souviens de lui » (Jérémie 31:19), autrement dit, même si un homme se trouve, à Dieu<br />

ne plaise, là où il est, même au plus bas niveau, dans des lieux les plus dégoûtants qui soient,<br />

il peut malgré tout, grâce à la parole, rester en contact avec Dieu béni soit-Il. C’est-à-dire,<br />

quand bien même on se trouve là où on se trouve, si on se renforce même en cet endroit à<br />

prononcer des paroles saintes, de Torah, de prières et de Hitbodedout, on peut rester lié à Dieu<br />

béni soit-Il. Et aussi dans ces bas-fonds, ces endroits immondes, même si l’on est tombé là où<br />

on est tombé, la parole ne le laisse pas oublier Dieu béni soit-Il, comme l’indique le verset :<br />

« Plus j'en parle, plus je me souviens de lui ». Cela signifie qu'aussi longtemps qu’il a en lui<br />

la parole de Dieu béni soit-Il, qui est la parole de sainteté, une telle parole ne le laisse pas être<br />

711


oublié de Dieu béni soit-Il. Car, la parole se souvient et lui mentionne de se renforcer en Dieu<br />

béni soit-Il, à l’endroit même où il se trouve. Comprends bien cette idée : il s'agit de la<br />

grandeur du pouvoir de la parole. Par conséquent, il s’agit d’un conseil extraordinaire et<br />

merveilleux <strong>pour</strong> celui qui désire réellement ne pas perdre, irrémédiablement, son monde<br />

futur, à Dieu ne plaise.<br />

Il est également expliqué l’importance du niveau de se consacrer à la sainte Torah, l’essentiel<br />

même de la vie de l’homme. En effet, « Si les rameaux des poumons ne soufflaient pas sur le<br />

cœur, le cœur consumerait le corps tout entier » (Tikouné 27b), or les branches des poumons<br />

correspondent à la Torah, comme exposé plus haut.<br />

Cela signifie qu’un homme contient deux types de brasiers de feu ardents, <strong>pour</strong> le bien et <strong>pour</strong><br />

l’inverse. Cependant, aucun des deux n’est bon. Certes, parfois, le cœur d'un homme Juif<br />

brûle beaucoup <strong>pour</strong> Dieu béni soit-Il, comme une fournaise ardente. Mais c'est excessif, à tel<br />

point que son corps tout entier <strong>pour</strong>rait se consumer. Quand bien même brûle-il <strong>pour</strong> Dieu<br />

béni soit-Il, malgré tout si c’est dans une mesure excessive, alors ce n’est pas bon. Et il n’est<br />

possible de refroidir et concentrer cette exaltation, afin qu’elle soit mesurée, que par la Torah.<br />

En effet, lorsqu’il se consacrera à la Torah, celle-ci le protègera et le sauvera, <strong>pour</strong> qu’il<br />

parvienne à concentrer cette exaltation à un état convenable (viable).<br />

D’autre part, il existe l’inverse, à Dieu ne plaise. Parfois, l’homme brûle tellement des<br />

passions de ce monde, que son corps est susceptible de se consumer, que Dieu préserve.<br />

Cependant, lorsqu’il étudie la Torah, celle-ci le protège et le sauve également de l’exaltation<br />

du feu mauvais des tentations qui voulait le consumer totalement, à Dieu ne plaise.<br />

Il en découle que sans la Torah, à Dieu ne plaise, l’homme ne <strong>pour</strong>rait pas du tout subsister,<br />

puisqu'il serait consumé et anéanti dû aux nombreux brasiers qu’il a en lui : trop à droite, ou à<br />

gauche, à Dieu ne plaise. C'est ce dont il s'agit dans « Si ce n’était les rameaux des poumons<br />

», qui est la Torah, « ne soufflaient pas sur le cœur, le cœur consumerait le corps tout entier »,<br />

du fait des deux types de brasiers. Seule la Torah préserve de cela. Comprends toutes ces<br />

choses et mets-les en pratique. ]<br />

TORAH 79<br />

« Aie confiance en l'Eternel, fais le bien, réside la Terre, et repais-toi de foi » (Ps. 37:3)<br />

Voici la règle : Tout homme doit veiller que de son côté, il n’occasionne pas un empêchement<br />

(à la venue) du Messie. Autrement dit, il devra accomplir un repentir complet et réparer ses<br />

actes.<br />

712


Chacun des Justes, si c’est un Juste de vérité, a en lui un dévoilement du Messie. Et même s'il<br />

n'a pas en lui de dévoilement du Messie, il se trouve en lui une dimension du Messie, qui est<br />

Moché, comme il est écrit dans le saint Zohar $(1 25b) : « Le Messie, c’est Moché », comme<br />

je l’expliquerai.<br />

En effet, Moché donna sa vie à Israël car il était conscient de son insignifiance et connaissait<br />

l’importance et la grandeur d’Israël, comme il est écrit : « L’homme Moché était le plus<br />

humble de tous les hommes » (Bamidbar 12:3). C’est <strong>pour</strong>quoi il donna sa vie et son sang<br />

<strong>pour</strong> eux. Ainsi, celui qui est un Juste authentique, conscient de son insignifiance et<br />

connaissant l’importance d’Israël, est capable de donner sa vie <strong>pour</strong> eux.<br />

Or, à quel moment peut-il voir son insignifiance ? Le Chabat. En effet, il est dit à propos du<br />

Chabat : « Voyez que l’Éternel vous a donné le Chabat » (Chémot 16:29).<br />

En effet, ChaBaT s'écrit « (lettre) CHine – BaT. La lettre CHine, c'est les trois tons de l’œil –<br />

et BaT, c'est « Bat Aïn/la pupille de l'œil » (Tikounim 70).<br />

C'est <strong>pour</strong>quoi durant le Chabat, on peut voir son insignifiance. C'est ce dont il s'agit dans «<br />

Que chacun demeure sous son endroit » (Chémot 16:29 suite), à propos du Chabat.<br />

Autrement dit, (se voir) en dessous de son rang, plus bas que ce qu’il n'est. Tout du moins :<br />

« que nul ne quitte sa place » (Idem), c’est-à-dire, au-dessus de son niveau, comme celui qui<br />

« agit comme Zimri et réclame une récompense comme Pin’has » (Sota 22b).<br />

Quand peut-on voir son insignifiance pendant Chabat ? Lorsqu’on effectue un repentir total<br />

qui évoque le Chabat. Comme il est écrit (Dévarim 30:2) : « Tu Retourneras/Véchavta jusqu’à<br />

l’Éternel ton Dieu », où les lettres de l’un (CHaBaT) sont les lettres de l’autre<br />

(TéCHouVa/repentir).<br />

Nous distinguons deux formes de repentir. La première se caractérise ainsi : certains se livrent<br />

aux affaires et participent aux vanités de ce monde, et au beau milieu, une pensée de repentir<br />

leur vient à l’esprit, mais ils retournent ensuite à leur sujet premier. Ceci s’apparente à « Les<br />

créatures courraient et revenaient » (Ezéchiel 1:14). Il n’a pas d’apaisement. En effet, tantôt<br />

il est impur, tantôt il est pur ; cachère, puis non cachère ; permis, puis interdit. Il s'agit donc de<br />

la dimension des six jours de la semaine.<br />

713


Quant au repentir complet, il correspond au Chabat, qui porte en lui l’apaisement. En effet,<br />

« Lorsque Chabat vient, l’apaisement vient » (Rachi sur Béréchit 2:2) : il a un apaisement en<br />

tout, et le mal est totalement repoussé.<br />

Et sache-le assurément que le repentir complet relève du Chabat, car il est rapporté dans le<br />

Midrach Raba $(Bér. 22:13) : « Adam rencontra Caïn, et lui demanda : "Quelle a été la<br />

sentence à ton sujet ?" Il lui répondit qu’il s’était repenti. Adam dit alors : « S’il en est ainsi,<br />

le pouvoir du repentir est très puissant ». Il entonna alors : « Hymne en l'honneur du jour du<br />

Chabat » (Ps. 72) ».<br />

À priori, y aurait-il un rapport entre le repentir et le Chabat ? Mais selon ce que nous<br />

affirmons, le sens est parfaitement clair. En effet, lorsque l’on effectue un repentir complet, le<br />

mal disparaît totalement, de telle sorte qu’on trouve l’apaisement. Ceci correspond à la<br />

dimension du Chabat.<br />

Il s'agit aussi des dimensions de "ChaDaY" et de "MaTaT". Que représente "ChaDaY" ?<br />

Car Il a dit « DaY (assez) à son monde » (‘Haguiga 12a).<br />

Il en va de même <strong>pour</strong> la dimension du Chabat, comme l’indique le verset : « L’Éternel cessa<br />

(se reposa) au septième jour de toute Son œuvre » (Bér. 2:2), et c'est alors qu'il a dit : "Suffit".<br />

Quant à la dimension de "MaTaT", elle correspond également à celle de "ChaDaY", comme<br />

on sait, tel que le rapporte le saint Zohar $(I, 27a), à propos du verset : « L’Éternel-Dieu prit<br />

l’homme et l’établit dans le jardin d’Eden <strong>pour</strong> le servir et le garder ! » (Bér. 2:15), que<br />

voici : « Il prit », d’où le prit-Il ? Il le prit de ses quatre éléments. Lorsqu’il se repentit et se<br />

consacra à la Torah, le Saint Béni soit-Il le sortit de là. À son sujet il est dit "De là il se<br />

séparait" – Il sépara son âme (son Néfech, la partie basse et matérielle l’âme ) de ses<br />

tentations « <strong>pour</strong> le servir », qui fait référence aux commandements positifs, « et le garder »,<br />

qui fait référence aux commandements négatifs. S’il enfreint la Torah, il boira des eaux<br />

amères de l’Arbre du mal, qui est le mauvais penchant. Mais s’il se repent, à son sujet il est<br />

dit : « Dieu lui montra un arbre » (Chémot 15:25), il s’agit de l’Arbre de Vie, <strong>pour</strong> lequel<br />

« les eaux s’adoucirent » (idem). Cela évoque Moché-Messie, <strong>pour</strong> lequel il est dit : "Et le<br />

Bâton/Maté de Dieu (Elokim) dans ma main" (idem 17:9). Le "Bâton/Maté" représente<br />

MaTaT – d'un côté la vie, d'un côté la mort ». Fin de citation.<br />

Ceci correspond à ce que nous avons expliqué : lorsque l’on effectue un repentir complet,<br />

qu’on repousse totalement le mal, jusqu’à être transformé totalement en bien, ceci correspond<br />

à Moché-Messie, au sujet duquel il est dit : « Le bâton de Dieu dans ma main », c'est-à-dire<br />

qu'il avait le pouvoir d’inverser [le mal en bien].<br />

714


(Revenons à) « Le « Bâton/Maté » représente MaTaT – d'un côté la vie, d'un côté la mort ».<br />

MaTaT correspond à la Michna, les six jours de la semaine, correspondant aux six ordres de<br />

la Michna, englobant les six aspects : cachère et non cachère, impur et pur, permis et interdit.<br />

C'est donc ce qui caractérise le repentir de celui qui n'est pas encore investi au service du<br />

Créateur, béni soit-Il. Son repentir n’est pas encore entier. Parfois il lui surgit une pensée de<br />

repentir et il s’investit un peu dans le service de Dieu, mais il retombe et revient à sa place<br />

d’origine. Puis, il s’éveille à nouveau, puis retombe. C’est ainsi qu’à chaque fois, il change de<br />

bien en mal, et de mal en bien. Un tel repentir relève de la dimension des six jours de la<br />

semaine, de l'ordre de cachère et non cachère etc. En effet, cet homme est lui aussi parfois<br />

cachère et parfois non cachère, parfois impur parfois pur, etc. Il ne connaît pas l’apaisement.<br />

Par contre, l'accomplissement d'un repentir complet correspond au Chabat, comme nous<br />

l’avons expliqué. Ce qui relève de Moché-Messie, dont l’aptitude était d’inverser le mal en<br />

bien et repousser définitivement le mal. C’est la dimension de ChaDaY, qui permet un<br />

apaisement total.<br />

En outre, la dimension de MaTaT équivaut également à celle de ChaDaï. Car, bien que nous<br />

ayons affirmé que la dimension de MaTaT correspond à la Michna, ceci est vrai lors des jours<br />

de semaine, mais « lorsque vient le Chabat, vient l’apaisement », et « Il cessa (se reposa) de<br />

toute Son œuvre », ceci correspond à ChaDaY, [car MaTaT est alors inclus dans ChaDaY].<br />

Ce que nous déduisons de cela, c’est que lorsqu’on effectue un repentir complet, de l’ordre du<br />

Chabat comme nous l’avons dit, on peut alors voir son état d’insignifiance.<br />

C’est ce dont il s'agit dans (le verset du début) : « Aie confiance/BéTa’H en l'Eternel », au<br />

sens de « calme et sécurité/BéTa’H » (Isaïe 32:17), lorsque l’on connaît un apaisement en<br />

tout.<br />

« Fais le bien » signifie que le mal est inversé en bien absolu.<br />

« Réside la terre », il s'agit de l’âme, comme il est écrit : « Mon âme comme la terre » (Ps.<br />

143:6), c’est-à-dire que l’âme connaît l’apaisement, puisqu’on aura effectué un repentir<br />

complet.<br />

Ainsi, lorsque l’on effectue un repentir parfait, il s’agit là de la dimension du Chabat, qui lui<br />

permet de distinguer sa propre insignifiance ainsi que l’importance et la grandeur d’Israël. Ce<br />

715


dont il s'agit dans « Et repais-toi de foi/OuR'é ÉMouNA » : on <strong>pour</strong>ra ainsi être comme le<br />

Berger fidèle/Ra'ya méEMNA, capable de donner sa vie <strong>pour</strong> Israël.<br />

En rapport avec ce qui précède, concernant la dimension d’insignifiance, correspondant à<br />

« Que chacun demeure à son endroit » (Chémot 16:29), qui consiste à se considérer vraiment<br />

inférieur, plus bas que son endroit et son rang…<br />

J’ai, par la suite, entendu en son nom, que son souvenir soit bénédiction, sur ce sujet. Par le<br />

fait de mériter de voir son insignifiance véritablement, plus personne ne <strong>pour</strong>ra le faire sortir<br />

ni le repousser de sa place, c’est-à-dire, le déposséder de sa subsistance, à Dieu ne plaise.<br />

En effet, puisqu’il est humble et insignifiant véritablement, il est alors néant, et donc ne<br />

dépendant absolument plus d’une place quelconque. Il est donc certain que nul n’est en<br />

mesure de le déloger de sa place. C'est ce dont il s'agit dans « Que chacun demeure à son<br />

endroit, que nul ne quitte sa place ».<br />

Autrement dit par le fait d’arriver à l’effacement comme dans « Que chacun demeure à son<br />

endroit », et en se considérant toujours inférieur, plus bas que son endroit et que son rang et<br />

ainsi « Que nul ne quitte sa place » : aucun homme ne <strong>pour</strong>ra le déloger de sa place,<br />

autrement dit, le repousser de sa subsistance, à Dieu ne plaise.<br />

Ceci concorde avec l’affirmation de nos maîtres, de mémoire bénie : « Toute personne qui<br />

empiète l’affaire de son prochain, c’est comme s’il avait souillé une femme mariée ! » (Sanh.<br />

81a).<br />

En effet, puisqu'il empiète l’affaire de son prochain, et souhaite ainsi le déloger de sa place et<br />

de sa subsistance, il en découle qu’il désire porter atteinte à la dimension d'effacement<br />

correspondant à « Que chacun demeure à son endroit ». C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle il est<br />

considéré comme s'il avait souillé une femme mariée, car le terme « Femme/ECHeT » est<br />

formé des initiales de : « Que chacun demeure à son endroit/CHevou Ich Ta’htav ».<br />

Autrement dit, il porte atteinte à la dimension d’humilité et d'effacement, de l'ordre de « Que<br />

chacun demeure à son endroit » grâce à laquelle « Nul ne quitte sa place ».<br />

TORAH 80<br />

« Que l’Eternel donne la force à Son peuple, que l’Eternel bénisse Son peuple par la<br />

paix » (Ps. 29:11).<br />

716


On sait combien grande est la paix, comme l’ont enseigné nos maîtres de mémoire<br />

bénie : « Dieu ne trouva pas de réceptacle capable de contenir la bénédiction, hormis la<br />

paix » (Ouktsin 3:12).<br />

En quoi consiste la paix ? – En la réunion de deux opposés. Telle est l'explication de nos<br />

maîtres de mémoire bénie, sur le verset : « Il établit la paix dans Ses Hauteurs » (Job<br />

25:2), car bien que tel ange soit de feu et tel autre d'eau, incarnant ainsi deux opposés<br />

puisque l’eau éteint le feu, le Saint béni soit-Il instaure entre eux la paix et les<br />

relie ensemble (Zohar III 12b).<br />

Cela coïncide avec Yossef qui incarne les deux opposés « Bontés » et « Rigueurs ». Ainsi,<br />

il est écrit au sujet de Yossef : « Yossef rapporta leur médisance » (Bér. 37:2) ; il est<br />

question ici des Rigueurs, car "la Gauche repousse" (Sota 47a). Par contre, « Je recherche<br />

mes frères » (Beréchit 37: 16) relève des Bontés, car « la Droite rapproche » (Sota 47a). Il<br />

est écrit : « Yossef est le gouverneur » (Beréchit 42:6), ce qui correspond aux Rigueurs et<br />

« … celui qui nourrit tout le peuple » (Beréchit 42:6), qui correspond aux Bontés. Il est<br />

rajouté à son propos : « On l’appela Avrekh » (Beréchit 41:43) que Rachi explique ainsi :<br />

« Av/père en sagesse, et Rakh/tendre en années ». Il y est question ici des « cerveaux »<br />

larges et (des cerveaux) étroits [qui relèvent respectivement des Rigueurs et des Bontés,<br />

comme on le sait].<br />

Cela coïncide également à la dimension « sanctification du Nom divin ». La dimension<br />

« sanctification du Nom divin » relève, elle aussi, des Bontés et des Rigueurs. On est<br />

d'abord embrasé par des flammes (élans) d’amour – ce qui correspond aux Bontés. On<br />

prend par la suite le dessus sur ses (mauvaises) tendances et l'on fait don de sa vie afin<br />

de sanctifier le Nom divin – ce qui correspond aux Rigueurs. Telles sont les dimensions<br />

« paix » et « Yossef », définies plus haut.<br />

Voilà <strong>pour</strong>quoi, même les pécheurs d'Israël ont éveillé leurs âmes <strong>pour</strong> mourir en<br />

sanctifiant le Nom de Dieu : « Israël s’éleva dans la Pensée etc. » (Beréchit Raba 1:5).<br />

Nous voyons que même un pécheur d'Israël, tant qu'il se reconnaît comme Israël,<br />

entraîne un grand plaisir chez Dieu, béni soit-Il, ainsi que l’indique le verset : « Israël,<br />

c'est par toi que Je me couvre de gloire » (Isaïe 49:3). Lorsque certains veulent séparer (le<br />

juif) de cette dimension nommée Israël – correspondant à la lettre VaV, comme on le<br />

sait, puisqu’il est impossible de prononcer cette lettre sans le second vav (VaV s’écrit vav<br />

et vav), (le second vav) correspondant à Yossef – éveille immédiatement en lui (en ce<br />

juif) l’aspiration de faire don de sa vie.<br />

717


[Explication. Chacun des ressortissants d'Israël, y compris les pécheurs d'Israël, <strong>pour</strong><br />

autant qu'ils s'identifient à Israël, puisqu’il est appelé "pécheur d'Israël", « même s’il a<br />

fauté, il reste Israël » (Sanh. 44a). Tant qu’il est appelé "Israël", correspond à la lettre<br />

Vav, comme nous l’avons vu, et contient par conséquent la dimension "Yossef".<br />

Il est en effet impossible de lire VaV sans un second vav. Autrement dit, à Israël, qui<br />

correspond au Vav, est rattaché un second Vav, correspondant à Yossef (car Israël et<br />

Yossef vont ensemble, comme on le sait). Il en ressort donc que la dimension "Yossef",<br />

équivalente à celle de "paix" et à celle de "sanctification du Nom divin", comme il est<br />

expliqué plus haut, est rattachée à chacun des ressortissants d'Israël.<br />

Voilà <strong>pour</strong>quoi, dès que l’on tente de le faire apostasier, à Dieu ne plaise, ou de le séparer<br />

de sa dimension "Israël", s’éveille aussitôt en lui la dimension "Yossef" attachée à celle<br />

d’Israël, qui correspond à celle de l’abnégation (du don de soi) <strong>pour</strong> la sanctification du<br />

Nom divin. Ainsi, les flammes (élans) d’amour accompagnées de la victoire contre son<br />

(mauvais) penchant, interagissent afin de disposer (un Juif) à mourir <strong>pour</strong> la<br />

sanctification du Nom divin, ce qui équivaut à la dimension "paix", celle de "Yossef",<br />

comme rappelé].<br />

Par conséquent, le principe selon lequel Yossef représente la dimension "paix", et la paix<br />

elle-même représente l'ustensile grâce auquel tous les flux d’abondance et de<br />

bénédictions combleront Israël.<br />

L’intention divine contenue en cela est que chaque individu d'Israël puisse prononcer<br />

des paroles saintes devant Dieu béni soit-Il.<br />

Et qu’est-ce que la sainteté ? La sagesse ! Car la sagesse est appelée sainteté, comme on<br />

le sait. Mais ceci n’est vrai que lorsque l’homme parle de Torah ou de prière avec sagesse<br />

et intelligence. Lorsqu’il comprend et qu'il entend ce qu’il dit, cela s’appelle sainteté et<br />

Dieu béni soit-Il en tire un grand plaisir, car les cerveaux, équivalents à la Sagesse, sont<br />

bâtis à partir de cela. (Cette sagesse) sera associée à la parole, qui elle-même relève de<br />

"Jérusalem". Tout ceci relevant de : « L’Eternel bâtit Jérusalem » (Ps. 147:2). En effet,<br />

Jérusalem correspond à la parole, comme l’indique le verset : « Malkitsédek, roi de<br />

Chalem » (Beréchit 14:18), qu’Onkelos traduit par : « Roi de Jérusalem ». Et<br />

« Tsédek/justice » correspond à la parole, comme il est écrit : « Parlez de<br />

718


Tsédek/justice » (Ps. 58:2). Quant à "Éternel", il correspond à la notion de "cerveaux",<br />

comme nous l’avons appris. Quand donc Jérusalem est-elle bâtie ? Lorsque " … les exilés<br />

d’Israël ", ceux que l'on aura tenté de repousser hors de la dimension Israël, y seront<br />

réintégrés.<br />

Revenons à notre sujet : grâce à la paix, on peut prononcer des paroles saintes et pures,<br />

comme nous l’avons vu. En outre, la paix réunit les deux opposés, comme nous l’avons<br />

vu, soit Bontés et Rigueurs. Les diverses permutations du Tétragramme correspondent<br />

aux Bontés, comme dans : « Le jour, l’Éternel décrète Sa Bonté » (Ps. 42:9), alors que<br />

Elokim équivaut aux Rigueurs. Elokim représente en effet la Royauté, comme l’indique le<br />

verset : « Elokim est mon Roi depuis les temps anciens » (Ps. 74:12) et « La loi de la<br />

Royauté fait loi » (Guittin 10b). Voilà <strong>pour</strong>quoi, il est dit également de Yossef : « Mais<br />

sans toi, nul ne remuera sa main ni son pied » (Beréchit 41:44). « Sa main » correspond<br />

aux cerveaux, comme il est écrit : « Elevez vos mains vers le consacré » (Ps. 134:2).<br />

« Consacré » équivaut aux prémices, et les prémices sont la sagesse du cerveau. « Ni son<br />

pied » correspond aux Rigueurs, comme il est écrit : « Ils appelleront la justice à ses<br />

pieds » (Isaïe 41:2). Or la justice est parole, et la parole renvoie aux Rigueurs, comme<br />

dans : « Ils parleront de Sa Rigueur » (Ps. 145:11). Il en découle que sont évoquées, à<br />

propos de Yossef, à la fois les Bontés et les Rigueurs, et que Yossef représente la paix qui<br />

relie les deux opposés <strong>pour</strong> ne faire qu’un, afin que surviennent ensuite délivrances et<br />

bénédictions sur le plan matériel comme sur le plan spirituel. C’est <strong>pour</strong> cela qu’il est<br />

écrit : « Et vous puiserez de l’eau dans l’allégresse, à partir des sources de la délivrance »<br />

(Isaïe 12:3), que le Targoum d’Onkelos (version araméenne du Pentateuque) traduit<br />

par : « Vous recevrez un nouvel enseignement ». En d’autres termes, par le biais de la<br />

délivrance, viendront une Torah et un nouvel enseignement du Créateur béni soit-Il,<br />

(reçu par) chacun selon son niveau.<br />

Ainsi l'explication du verset « Que l’Eternel donne la force à Son peuple, que l’Eternel<br />

bénisse Son peuple par la paix » correspond au commentaire de Rachi : « Lorsque<br />

l'Eternel prodiguera des bénédictions au moyen de l'ustensile de la paix, dès lors, "la<br />

force", qu’est la Torah, Il la donnera également à Son peuple ». Autrement dit, « Vous<br />

recevrez un nouvel enseignement ».<br />

719


[Il semble que l’explication de ce sujet soit la suivante : Au moyen de la paix, on peut<br />

prononcer des paroles saintes, car la paix relie les deux opposés Bontés et Rigueurs,<br />

correspondant à Yossef et à l’abnégation (don de sa propre vie) <strong>pour</strong> la sanctification du<br />

Nom divin, comme nous l’avons vu plus haut. Or, l’essentiel de la sainteté est la Sagesse<br />

et le cerveau de sainteté, car la sagesse est appelée "consacré", comme on le sait. En effet,<br />

le consacré relève des prémices, comme il est écrit : « Israël est consacré <strong>pour</strong> l'Eternel,<br />

prémices de Sa récolte » (Jérémie 2:3), car toutes les prémices sont saintes, en tout lieu.<br />

Et les prémices relèvent de la Sagesse, comme il est écrit : « Le commencement<br />

(prémices) de la sagesse… » (Ps. 111:10). Ainsi lorsque l’homme parvient à mériter de<br />

dire des paroles saintes de Torah et des prières, laissant pénétrer la totalité de son<br />

cerveau, sa sagesse et sa connaissance à l’intérieur de ces paroles, c’est-à-dire lorsqu’il<br />

rattache bien sa pensée et ses paroles, qu'il comprend et entend ce qu’il dit, il est alors<br />

dans la dimension du consacré, duquel Dieu béni soit-Il tire un grand plaisir. Telle est la<br />

dimension « paix », qui correspond à l’association des Bontés et des Rigueurs, puisqu'on<br />

réunit et relie la sagesse et les cerveaux correspondant aux Bontés, à la parole, qui<br />

correspond aux Rigueurs. Telle est la dimension "Yossef". Voilà <strong>pour</strong>quoi il est écrit à<br />

propos de Yossef : « Sans toi, nul ne remuera sa main ni son pied », car Yossef englobe les<br />

dimensions "mains" et "pieds", associées à celles de sagesse et de parole. En effet, les<br />

mains correspondent à la sagesse, de l'ordre du consacré, comme l’indique le verset :<br />

« Elevez vos mains vers le sacré », et les pieds correspondent à la parole etc., comme il<br />

apparaît plus haut. Pour cela, il faut se consacrer à la Torah et au service divin avec<br />

dévouement, en particulier au moment de la prière, puisque l’essence de la perfection de<br />

la prière consiste à prier avec dévouement en ayant l’intention de faire preuve<br />

d’abnégation (don de son âme) <strong>pour</strong> la sanctification du Nom divin.<br />

En effet, chaque ressortissant d'Israël, même le plus frivole, (est prêt à) accepter<br />

résolument de mourir <strong>pour</strong> la sanctification du Nom divin. Ainsi, dès que l'on est prêt à<br />

faire don de sa vie <strong>pour</strong> sanctifier le Nom divin, s’éveille la dimension « paix », de Yossef,<br />

comme rappelé. C’est grâce à cela que l'on peut parler, c’est-à-dire relier la pensée à la<br />

parole, ce qui représente l’essentiel de la sainteté. On obtient ce mérite grâce à la paix,<br />

comme nous l'avons vu.<br />

C’est de cela qu’il est question dans : « L’Eternel bâtit Jérusalem ». Jérusalem relève de<br />

la parole, etc. L’Éternel renvoie aux cerveaux, comme expliqué plus haut. Il s'agit donc<br />

de parvenir au mérite de rattacher la pensée à la parole, ce qui correspond à « L’Eternel<br />

720


âtit Jérusalem » (de même que) les cerveaux bâtissent la parole sainte. On parvient à<br />

cela grâce à « … Il rassemble les exilés d’Israël ». Il s'agit ici du don de soi <strong>pour</strong> la<br />

sanctification du Nom divin, car tous ceux que l'on aurait voulu repousser de la sainteté<br />

d’Israël, lorsque l’on entend leur faire renier leur religion, à Dieu ne plaise, s’éveillent<br />

aussitôt, et sacrifient leur vie <strong>pour</strong> sanctifier le Nom de Dieu. Il en ressort que leur<br />

sanctification du Nom de Dieu a <strong>pour</strong> effet de les rassembler à l'intérieur de la sainteté.<br />

Tel est le sens de « Il rassemble les exilés d’Israël ». C'est donc le moyen nécessaire à<br />

« L’Eternel bâtit Jérusalem ». En effet, la sanctification du Nom de Dieu relève de la paix,<br />

grâce à laquelle on peut relier pensée et parole, c’est ce dont il s'agit dans « L’Eternel<br />

bâtit Jérusalem », comme nous l'avons dit.<br />

De cela, il ressort que nous nous retrouvons munis d'un merveilleux conseil <strong>pour</strong> le<br />

service de l'Eternel, en particulier au moment de la prière, lorsque l’homme s’aperçoit<br />

qu’il n’arrive pas du tout à prier, à rattacher pensée et parole, il se rappellera alors qu’il<br />

est certainement désireux de mourir <strong>pour</strong> la sanctification du Nom de Dieu, et que,<br />

même s’il est comme il est, même s’il se trouve à un niveau très bas, il n’en reste pas<br />

moins que si l’on tentait de lui faire renier totalement sa foi, à Dieu ne plaise, il ferait<br />

certainement don de sa vie <strong>pour</strong> la sanctification du Nom divin. En effet, sur ce point,<br />

même les pécheurs d'Israël préfèrent mourir <strong>pour</strong> sanctifier le Nom de Dieu et ne pas<br />

renier leur religion, à Dieu ne plaise, comme nous avons pu le constater concrètement, à<br />

de très nombreuses reprises, comme nous l’avons vu ci-dessus. Ainsi, dès qu’il se<br />

rappelle à lui-même qu’il (est capable de) favoriser le sacrifice de sa vie <strong>pour</strong> sanctifier<br />

le Nom divin, s’éveille alors en lui la dimension paix, la dimension Yossef, qui correspond<br />

à la connexion du cerveau avec la parole, comme nous l’avons vu. Grâce à cela il <strong>pour</strong>ra<br />

prier et rattacher la pensée à la parole. J’ai de plus entendu de sa sainte bouche, au<br />

travers de ses saintes conversations, comme une évidence, que l'on doit prier avec<br />

abnégation.]<br />

TORAH 81<br />

« Montez ceci au Néguev, et gravissez la montagne » (Bamidbar 13:17).<br />

Rachi explique (« Neguev ») comme : "Rebut de la Terre d'Israël".<br />

721


Tel est la règle : les paroles du Juste, qui parle de Torah et de prière, sont appelées « Terre<br />

d’Israël », car la terre correspond à l’âme, comme il est écrit : « Mon âme comme une terre<br />

etc. » (Ps. 143:6), et l’âme renvoie à la parole, comme il est écrit : « Mon âme est sortie à Sa<br />

Parole » (Cantique 5:6). Ainsi, les paroles de Torah ou de prière du Juste s'appellent « Terre<br />

d’Israël ». Et les paroles qu’il prononce avec les gens du peuple dans ses conversations<br />

profanes sont appelées « rebut de la Terre d’Israël ». Et <strong>pour</strong>quoi tient-il des propos<br />

profanes ? – Afin de rapprocher les gens du peuple de la Connaissance. La Connaissance<br />

correspond à la dimension "montagne", comme il apparaît dans le Talmud : « Le terme<br />

"montagne" [le texte parle de « Liban » (cf Guitine 56b)] ne signifie rien d'autre que le<br />

Temple, comme il est dit : "Cette belle montagne et le Liban" (Dévarim 3:25) ». Et le Temple<br />

correspond à la Connaissance, comme il apparaît dans le Talmud : « Toute personne qui<br />

possède la connaissance est considéré comme si le Temple avait été bâti de son vivant »<br />

(Brakhot 33a), car le Temple a été placé entre deux Noms divins et la Connaissance a (aussi)<br />

été placée entre deux Noms divins. En effet, il est impossible de rattacher (les gens du peuple)<br />

à leur source par l’intermédiaire de la Torah et de la prière, car ils se trouvent éloignés de la<br />

vérité, ainsi qu’il est relaté à propos du roi (d’Egypte) Ptolémée (Méguila. 9) : « Lorsqu’il fit<br />

asseoir soixante-douze sages, chargés de traduire la Torah, tous écrivirent : Dieu créa au<br />

commencement, etc.» (Bér. 1:1). En effet, ce roi étant éloigné de la vérité, ils durent<br />

réorganiser cette phrase. Il en va de même <strong>pour</strong> le Juste qui souhaite rattacher les masses du<br />

peuple, éloignées de la Torah véritable, il doit parler avec eux de sujets profanes et en revêtir<br />

la Torah, tout en procédant à des réorganisations. Ainsi, ceci (Néguev/gens du peuple) se<br />

nomme "Rebut de la Terre d’Israël", car bien qu’il s’agisse du rebut de la terre, il contient de<br />

la Torah qui représente la dimension d’Israël.<br />

Telle est l’explication du verset : "Montez", c’est-à-dire, que vous, gens du peuple, vous<br />

montez.<br />

« Ceci au Néguev ». « Ceci/Zé » correspond au juste, comme il est écrit : « Car c’est/Zé tout<br />

l’homme » (Kohélet 12:13), que nos maîtres de mémoire bénie interprètent ainsi : « Le monde<br />

entier n’a été créé que <strong>pour</strong> servir de compagnie à celui-ci/Zé » (Brakhot 6b). Car le Juste se<br />

trouve dans le Néguev, c’est-à-dire dans les déchets de la Terre d’Israël, ou bien en<br />

conversation profane. Il peut grâce à cela vous rattacher (à votre source), de sorte que vous :<br />

« gravissez la montagne », autrement dit, la Connaissance, comme nous l’avons vu.<br />

722


Le Juste chute parfois de son niveau. Mais lorsqu’une personne du peuple vient parler avec lui<br />

des futilités de ce monde, et que le Juste en éprouve du plaisir, cette personne fait revivre le<br />

Juste, et ce dernier réintègre alors son niveau. Le Juste <strong>pour</strong>ra ensuite les élever à la<br />

dimension de la Connaissance.<br />

Tel est le sens de « Montez ceci/Zé » : lorsque c'est le Juste qui doit s’élever à son niveau, tu<br />

dois toi-même te rendre dans le Néguev, c’est-à-dire, avoir avec lui des conversations<br />

profanes, afin de le faire revivre. Grâce à cela, « Gravissez la montagne », le Juste <strong>pour</strong>ra<br />

vous rattacher à la dimension Connaissance, appelée "Montagne", comme nous l’avons vu<br />

plus haut.<br />

TORAH 82<br />

Il est rapporté dans le Talmud : « Ceux qui se font insulter mais qui n’insultent pas<br />

en retour, ceux qui écoutent l’offense sans répondre, (celui qui agit par amour et<br />

est joyeux même s’il souffre), le verset affirme à leur égard : "Ceux qui L’aiment<br />

ressemblent au soleil qui se lève dans sa puissance" (Juges 5:31) » (Guitine 36b).<br />

Il est connu (selon la Cabale) qu’il existe trois « écorces » : "vent de tempête, grand nuage<br />

et feu embrasé" [mentionnées dans Ezéchiel 1]. (Une quatrième sorte,) l'écorce de Noga,<br />

elle, se trouve entre ces trois écorces et la sainteté ; elle est parfois inclue dans la<br />

sainteté, parfois dans l'écorce, et elle relève des âmes opprimées. Cela suffira <strong>pour</strong> celui<br />

qui comprend. On en trouve l’équivalent dans l’ordre de la création : les trois années de<br />

la ‘Orla $(voir Vayikra 19:23-25) correspondent aux trois écorces mentionnées plus<br />

haut, et la quatrième année correspond à Noga. Il s'agit de la dimension ‘HachMal, car<br />

elle est parfois englobée dans « MaL Lumières » (de valeur numérique 70). Telle est<br />

également la signification ésotérique de la « MiLa/circoncision ». Il existe trois peaux<br />

(sur la verge) qui constituent trois écorces, ainsi qu’une quatrième peau fine, de l’ordre<br />

de Noga.<br />

Toutes les offenses subies par un homme proviennent de ces trois écorces. C’est la<br />

raison <strong>pour</strong> laquelle les frères de Dina dirent aux habitants de Chekhem : « Nous ne<br />

<strong>pour</strong>rons donner notre sœur à un homme incirconcis, car c’est une offense <strong>pour</strong><br />

nous » (Beréchit 34:14). De même Yéhochoua, après avoir circoncis le peuple une<br />

seconde fois, déclara : « A présent, j'ai écarté l’offense d’Israël » (Josué 5:9). En effet, la<br />

723


source principale des offenses provient de la dimension prépuce/’Orla, qui relève des<br />

trois écorces en question. De ce fait, lorsque Yossef est né, sa mère déclara : « L’Éternel a<br />

relégué mon offense » (Beréchit 30:23), car par le dévoilement de la dimension Yossef,<br />

correspondant à la sainteté de l’Alliance, de l'ordre de la Mila comme on le sait, les<br />

offenses, c’est-à-dire, les trois écorces, sont reléguées.<br />

C'est l'intention qu'il convient d'avoir lors du lavage (hebdomadaire) à l’eau chaude,<br />

avant l’entrée du saint Chabbat. En effet, à ce moment (avant l’entrée de Chabat),<br />

l'écorce de Noga s'inclue dans la sainteté et les trois autres écorces désirent elles aussi<br />

s’élever et s’accrocher à la sainteté. C’est alors que la « flamme de Dieu » (Cantique 8:6)<br />

descend <strong>pour</strong> provoquer des brûlures afin qu'elles ne s'agrippent pas à la sainteté. Il<br />

s’agit là de la notion « eau chaude ». C’est également le sens caché de la coupe des ongles<br />

la veille du saint Chabat, comme on le sait.<br />

Telle est l’explication du Talmud :<br />

« Ceux qui se font insulter mais n’insultent pas en retour », il s'agit alors de la<br />

dimension de « ’Hach », qui équivaut au mutisme.<br />

« Écoutent leur offense sans répondre », comme rappelé. Il est question ici, de ceux<br />

qui agissent par amour (du prochain), car parfois, l'homme garde le silence dans le but<br />

de causer de la souffrance de son adversaire et dans ce cas, il relève de la dimension<br />

incluse dans l'écorce. En revanche, lorsqu’il est mû par l’amour, il relève de la dimension<br />

« ’Hach », incluse dans la sainteté.<br />

« Le verset affirme à leur égard : "Ceux qui L’aiment ressemblent au soleil qui se lève<br />

dans sa puissance" ». Il s’agit de la dimension « flamme de Dieu », comme nous l’avons<br />

vu plus haut.<br />

[Explication. Le fait d'entendre les offenses sans y répondre a <strong>pour</strong> effet de repousser la<br />

dimension des trois écorces correspondant au prépuce/Orla ou à l'offense. Ils intègrent<br />

ainsi la dimension ‘Hachmal, grâce au mutisme, qui relève de ‘Hach. En effet, on repousse<br />

l’offense en refusant de se disputer ou d’offenser son prochain. Cela correspond à<br />

« MaL », de l'ordre de la « MiLa/circoncision », qui consiste à supprimer le prépuce, qui<br />

lui relève de l'offense, soit de l'ordre des trois écorces impures. Il s'agit donc de « ‘Hach–<br />

724


Mal », autrement dit, du mutisme, qui correspond à la Mila, à l’annulation de l'offense qui<br />

(elle) relève du prépuce, comme nous l’avons vu.<br />

Voici l'explication de « Il s'agit bien de ceux qui agissent ainsi par amour » : Ce mutisme,<br />

correspondant au ‘Hachmal, équivalent à la dimension Noga. Cette dernière comporte<br />

deux aspects. Parfois elle est inclue dans la sainteté, parfois elle est inclue dans l’écorce,<br />

dans les trois écorces, qui correspondent à l’offense. Autrement dit, lorsque l’on garde le<br />

silence vis-à-vis de son prochain afin de le faire encore plus souffrir. Il en ressort que par<br />

ce mutisme, on offense d’avantage son prochain. Dans ce cas, ce mutisme, de l'ordre de<br />

Noga, est inclus dans l'écorce qui équivaut à l'offense, comme nous l'avons dit. Par<br />

contre, lorsqu’on agit par amour, que l'on garde le silence par amour, parce qu’on ne<br />

veut pas faire honte ou humilier son prochain, alors, la dimension de Noga s’inclue dans<br />

la sainteté. C'est donc à l'égard de ces personnes que le verset déclare : « Ceux qui<br />

L’aiment ressemblent au soleil qui se lève dans sa puissance ». C'est cela qui relève de<br />

« la flamme de Dieu » dont il est question plus haut, puisqu’elle qui permet à Noga de<br />

s'inclure dans la sainteté, de l'ordre de ‘Hachmal, comme indiqué plus haut.]<br />

TORAH 83<br />

« Un présent discret apaise la colère » (Prov. 21:14)<br />

Sache que l'on compte six occurrences de la lettre Pé dans l’alphabet.<br />

Il est impossible de prononcer la lettre Aleph sans prononcer la lettre Pé ; il en va de<br />

même <strong>pour</strong> les lettres Kaph, Kaph final, Pé, Pé final et Kouph, qu’il est impossible de lire<br />

sans (la lettre) Pé. On trouve donc six Pé dans l’alphabet.<br />

Or, six fois la lettre Pé a <strong>pour</strong> valeur numérique 480 (6x80), la même valeur numérique<br />

que Lilith (démon/écorce). Ainsi, lorsqu’à Dieu ne plaise, l’homme connaît une émission<br />

séminale, elle provient de cette écorce, comme on le sait. Et cette écorce puise sa vitalité<br />

de l'alphabet considéré en fonction de la valeur de ses noms, c’est-à-dire des Pé<br />

mentionnés plus haut. Le Pé se transforme alors en Aph (colère, lu à l’envers). C’est la<br />

raison <strong>pour</strong> laquelle nos sages de mémoire bénie ont affirmé : « Si un homme et une<br />

femme en ont le mérite, la Présence divine réside parmi eux. S’ils ne le méritent pas… »,<br />

725


autrement dit, si l’homme n’est pas pur, « … un feu les dévore » (Sota 17a). En effet,<br />

sache et constate que les lettres précises associées au Pé, [soit Aleph, Kaph, Kaph final,<br />

Pé, Pé final et Kouph dénombrées plus haut], équivalent à la valeur numérique du mot<br />

« Ech/feu », qui (correspond à son exacte) punition. Mais lorsqu'il donne la charité en<br />

secret, il libère les étincelles de sainteté de l'écorce, et « Aph/la colère » devient « Pé/la<br />

bouche ». Tel est donc le sens de « Un présent discret apaise/yiKhPé la colère/APh ».<br />

« Apaise/yiKhPé », sera entendu ici dans le sens de « retourne"/KoPhé un récipient ».<br />

C’est ce dont il s'agit dans : « Apaise la colère/APh », autrement dit, il retourne et inverse<br />

la colère/"Aph" en "Pé" [ce qui est merveilleux].<br />

TORAH 84<br />

Ce dialogue apparaît dans la Guémara : « Comment as-tu fait <strong>pour</strong> mériter de longs jours ?<br />

– J’ai toujours été prêt à renoncer à l’argent que je possédais. » (Méguila 28a).<br />

Avant d'expliquer ce passage, il faut d’abord considérer ce qui figure dans le saint Zohar, en<br />

ces termes : « Viens et vois que chacun des six jours de la Création possède la figure<br />

caractéristique du niveau qui le régit. De plus, tu ne trouveras pas un jour qui ne contienne du<br />

bien, etc. Et chaque jour est protégé par une barrière extérieure <strong>pour</strong> empêcher tout un chacun<br />

d'avoir accès à ce bien, comme par exemple l’obscurité qui recouvre la lumière, etc. Pour<br />

cette raison, si une personne indigne s'approche <strong>pour</strong> connaître les secrets de la Torah,<br />

plusieurs serpents et scorpions troubleront son esprit, <strong>pour</strong> l’empêcher d’accéder à un lieu qui<br />

ne lui appartient pas. En revanche, si un homme est bon, tous obéissent à sa parole,<br />

l’accusateur devient défenseur, et ils le mèneront vers le bien caché. Ils déclareront alors :<br />

« Maître ! Cette personne bonne, juste et qui craint le Ciel désire se présenter devant Vous,<br />

etc. Ce Bien caché leur répondra : « Faites-le entrer par le portail appelé Amour » ou « par le<br />

portail du Repentir ». Chaque Juste y accèdera selon son niveau » (III, 123a).<br />

Et « Il n’est d’autre bien que la Torah » (Avoda Zara 19). Ainsi, lorsqu'un homme souhaite<br />

méditer et réfléchir à la Torah, plus précisément aux secrets de la Torah, ces gardes, serpents<br />

et scorpions, lui brouillent l’esprit ; ce sont les pensées qui distraient cet homme. Mais lorsque<br />

l’homme le veut, et qu'il est animé d’un désir très intense, on lui ouvre alors (les portes),<br />

comme le mentionne le Zohar (cité plus haut). Alors, chaque jour devient ô combien grand,<br />

car il voit et saisit le bien caché, c’est-à-dire, les secrets de la Torah correspondant à ce jour<br />

spécifique.<br />

726


Tel est le sens de la question posée au sage : « Comment as-tu fait <strong>pour</strong> mériter de longs<br />

jours ? », autrement dit, par quelle vertu as-tu accédé au bien caché <strong>pour</strong> prolonger tes jours<br />

et les rendre "grands", comme nous l’avons vu.<br />

Il lui répondit : « J’ai toujours été prêt à renoncer à l’argent que je possédais ». Il s'agit de<br />

la vertu d’Avraham notre père, c'est elle le portail appelé Amour, situé du Côté droit. Il est dit<br />

par ailleurs dans les Tikouné Zohar $(70, 118a) : « Du Côté droit il y a un cerveau, aussi<br />

blanc que l’argent ». Ce qui signifie que tous les accusateurs, serpents et scorpions, c’est-àdire,<br />

les pensées étrangères venant perturber son esprit, deviennent blanches comme l’argent.<br />

C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle il est écrit, à propos d’Avraham : « Avraham était vieux, avancé<br />

dans les jours » (Bér. 24:1), ce qui signifie que tous ses jours furent entiers et grands, puisque<br />

« Du Côté droit, il y a un cerveau, aussi blanc que l’argent » et que l’accusateur s'est<br />

transformé en défenseur. Par conséquent, il pouvait accéder chaque jour au Bien caché qui lui<br />

correspond.<br />

TORAH 85<br />

Selon le manuscrit de Rabénou<br />

« En lui, on marche un petit pas » $(Chant de Chabat, Kol Mekadeche Chevii).<br />

En effet, au début, la Royauté se trouve avec Zeïr Anpine dans la position indiquée dans le<br />

Zohar $(III, 203b) : « Il avance un pas vers l'extérieur ».<br />

« On se restaure/So'ADim durant ce jour ». Ceci signifie que notre intention est de la<br />

rectifier et de la grandir, au sens de « Sa'AD/support » et d’ « aide <strong>pour</strong> lui » (Bér. 2:18), afin<br />

qu’ils soient face-à-face.<br />

« Et bénir à trois reprises ». Autrement dit, il faut <strong>pour</strong> cela, éclairer le Netsa’h-Hod-Yessod<br />

de Zeïr Anpine, car c’est de cet endroit que s'effectue l'essentiel de sa construction (celle de la<br />

Royauté).<br />

« Leur vertu rayonnera ». Explication : De quelle manière Netsa’h, Hod et Yessod de Zeïr<br />

Anpine seront-ils bénis ? – Grâce aux cerveaux qu’il reçoit, comme il est rapporté. Ces<br />

cerveaux sont au nombre de quatre : « Sagesse/‘Hokhma », « Compréhension/Bina »,<br />

Bonté/’Hessed « et « Rigueur/Gvoura », et ils s’habillent dans Netsa’h, Hod et Yessod de<br />

727


Bina. Il s'agit donc de la dimension : « Comme la lumière des sept jours » qui représentent le<br />

secret du Chine à trois têtes et du Chine à quatre têtes (sur les Tefilin de la tête, un chine à<br />

trois branches et à un à quatre branches sont représentés sur les boîtes). [Ici s’arrêtent ses<br />

paroles].<br />

TORAH 86<br />

« En lui, on marche un petit pas, On se restaure/So'ADim durant ce jour. Et de bénir à<br />

trois reprises, etc. » (Chant de Chabat, Kol Mekadech Chevi’i).<br />

Nous savons que les jours de semaine sont marqués par la prédominance des forces de<br />

l'extérieur, qui n’ont plus, la veille du saint Chabat, dès la tombée de la nuit, aucun pouvoir,<br />

comme le rapporte le saint Zohar : « Lorsque le jour (du Chabat) est sanctifié, dès lors « Tous<br />

ceux qui font le mal seront démantelés »(Ps. 92:10). Et leur puissance, durant les jours de<br />

semaine, s'exerce principalement sur la dimension "pieds", car elles empêchent ainsi l’homme<br />

de marcher dans les voies de Dieu béni soit-Il. Il est dit par ailleurs dans le Talmud : « Les<br />

genoux des rabbins sont faibles à cause d'elles » (Brakhot 6a). Mais durant le saint Chabat, ils<br />

retrouvent leur capacité de marche, comme il est écrit : « Si tu retrouves tes jambes, depuis le<br />

Chabat » (Isaïe 58:13), qui signifie ce que nous avons dit, que durant le saint Chabat, on peut<br />

marcher sur les voies de Dieu, béni soit-Il.<br />

Prenons l’image d’un enfant qui commence à marcher mais qui a encore besoin d’aide, d’être<br />

tenu. Il lui est impossible de marcher vite, sinon à petits pas et en étant soutenu. Il en va de<br />

même avec l’homme qui commence à marcher sur les voies de Dieu, béni soit-Il, durant le<br />

Chabat, il a encore besoin d’aide <strong>pour</strong> le soutenir. Cette aide relève de la vérité. Cette<br />

dimension de vérité correspond à une "troisième jambe", comme l’affirme le Talmud : « La<br />

vérité tient debout » (Chabat 104a). En outre, le Chabat lui-même relève de la vérité, de même<br />

que : « Même l’ignorant craint de mentir durant le Chabat » (Demaï 4:3). Ainsi, lorsqu’on<br />

s’attache à cette vertu, celle-ci devient une aide qui soutient, une dimension "troisième<br />

jambe".<br />

Cependant, les trois jambes en question doivent encore être bénies, il faut leur fournir de la<br />

force, afin de leur permettre de marcher correctement. Cela s'accomplit grâce à la charité<br />

728


donnée <strong>pour</strong> le Chabat. (Par exemple) en donnant préalablement à un homme <strong>pour</strong> (ses<br />

dépenses de) Chabat, ou bien en installant un pauvre à sa table. Il existe en effet deux formes<br />

de charité : celle que l’on fait durant la semaine et celle que l’on fait <strong>pour</strong> le saint Chabat. Or,<br />

la charité relève de la dimension « soleil », comme il est écrit : « Un soleil de charité, etc.<br />

» (Malachie 3:20). Ainsi, la charité que l’on effectue durant la semaine correspond au soleil<br />

que l’on connaît actuellement. Par contre, la charité effectuée <strong>pour</strong> le Chabat, qui ressemble<br />

au monde à venir, comme le soleil qui est amené à se renouveler dans les temps futurs,<br />

semblable à la lumière des sept jours. Ainsi, le soleil qui relève de la dimension « charité » est<br />

celui qui prodigue de la force aux "pieds", comme il est dit : « La justice/TSeDeK marche audevant<br />

de Lui » (Ps. 85:14). Autrement dit, c’est la charité/TSeDaKa lui assure sa marche. Il<br />

est dit aussi (après le combat de Yaakov avec l’ange) : « Le soleil se leva <strong>pour</strong> lui » (Beréchit<br />

32:31), que Rachi explique ainsi : "Pour lui" – <strong>pour</strong> ses besoins, <strong>pour</strong> le guérir de sa<br />

claudication ». En résumé, l'acte de charité <strong>pour</strong> le Chabat, qui correspond à la lumière du<br />

soleil qui sera semblable à la lumière des sept jours, est ce qui procure la force à la dimension<br />

des trois jambes dont nous avons parlé.<br />

Telle est donc l'explication de « En lui, on marche un petit pas », autrement dit, durant<br />

Chabat, on fait encore des petits pas, comme nous l’avons dit.<br />

« On se restaure/So'ADim durant ce jour » : en vertu de la dimension « Chabat », apparentée<br />

à celle de « vérité », comme rapporté plus haut, on se crée <strong>pour</strong> soi un « support/Sa'AD « et<br />

une troisième jambe.<br />

« Et de bénir à trois reprises ». Il s'agit des trois jambes en question.<br />

En outre, le moyen qui permet de leur procurer la force <strong>pour</strong> marcher au mieux est : « Leur<br />

vertu/TSiDKatam rayonnera comme la lumière des sept jours ». Autrement dit, en donnant<br />

la « charité/TSeDaKa » <strong>pour</strong> le Chabat, comme nous avons expliqué, qui relève de la<br />

dimension « soleil » et est appelé à se renouveler <strong>pour</strong> être semblable à la lumière des sept<br />

jours.<br />

TORAH 87<br />

« Donne la Vérité à Yaakov, la Bonté à Avraham » (Mic 7:20)<br />

729


La question est que nous constatons concrètement que dès que l’homme souhaite suivre une<br />

voie droite, des jugements (accusations) s'éveillent contre lui, alors que le contraire aurait été<br />

plus cohérent.<br />

La raison en est qu'il existe deux sortes de crainte : la crainte de la sanction et la crainte de la<br />

grandeur. La crainte de la sanction est appelée « justice/Tsédek », et la crainte de la grandeur<br />

est appelée « foi/Emouna ». En effet, lorsque l’on croit d’une foi entière que Dieu béni soit-Il<br />

est grand, qu'Il gouverne, qu'Il est source et racine de tous les mondes, on éprouve de ce fait<br />

une crainte devant Lui. Or, nous savons par ailleurs qu’il est impossible d’atteindre cette foi<br />

autrement que par la crainte de la sanction. En effet, puisque l'on craint le châtiment, on croit<br />

que Dieu béni soit-Il est puissant, qu'Il est omnipotent et Maître de toutes les forces de la<br />

nature. Ce n'est qu'à partir de là que l'on accède à une foi plus grande. Il en ressort<br />

qu'immédiatement après avoir éprouvé le désir de suivre la voie de la rectitude, on doit faire<br />

preuve de la crainte appelée "justice". Or, à propos de la justice il est écrit : « Il juge le monde<br />

avec justice » (Ps. 9:9). Voilà <strong>pour</strong>quoi s’éveillent les jugements. Mais lorsqu’on atteint la<br />

vérité, c’est-à-dire la crainte, appelée "foi", tous les jugements sont alors adoucis en leur<br />

source.<br />

C’est ce dont il est question dans : « Donne la Vérité à Yaakov », autrement dit, « à la<br />

crainte ». En effet, Ya'AKoV équivaut à la crainte, au sens de : « Suite/'EKeV à l’humilité<br />

apparaît la crainte de l'Eternel » (Prov. 22:4). Et dès lors, très certainement, « … La Bonté à<br />

Avraham ». En effet, AVRahAM est le déterminant de celui qui vient s’attacher à Dieu béni<br />

soit-Il, au sens de « Je rejoindrai le Très Haut/AVo-RAM. »<br />

C’est de plus le sens du verset : « La justice sera alors la ceinture de ses reins et la foi<br />

l'écharpe de ses flancs » (Isaïe 11:5). A priori, il n'y a aucune différence entre la justice et la<br />

foi. Mais en réalité, « Tant que la vérité ne l'a pas rejointe, elle s’appelle justice, et dès que la<br />

vérité l'a rejointe, elle s’appelle foi. C'est dès lors que tout le bien et toute la lumière reposent<br />

sur elle » (Zohar III 198b).<br />

TORAH 88<br />

« Il couvre le ciel de nuages, il assure la pluie <strong>pour</strong> la terre » (Ps. 147:8).<br />

On sait que les flux d’abondance et de bénédictions ne peuvent venir en ce monde que par<br />

l’intermédiaire du Juste. En effet, le Juste possède les mains habilitées à les recevoir,<br />

autrement dit, l’amour et la crainte. Ces deux vertus sont les mains capables de recevoir toutes<br />

730


les influences et toutes les bénédictions. Un tel Juste doit aussi occulter l’amour de la crainte,<br />

afin d’empêcher les accusateurs de l’accuser et de lui voler ces bénédictions. C'est ce dont il<br />

s'agit dans : « Il couvre le ciel/CHaMAÏM de nuages ». C’est-à-dire, feu/ECH et eau/MAÏM.<br />

En d’autres termes, lorsque le Juste est capable de recouvrir les cieux, soit le feu et l’eau, soit<br />

son amour et sa crainte, dès lors, il « … assure la pluie <strong>pour</strong> la terre », ainsi, il est en mesure<br />

d'attirer toutes les bénédictions, car ces dernières correspondent à "la pluie".<br />

Or, lorsque le Juste est très célèbre, les accusateurs en ont bien conscience, ils le surveillent<br />

avec attention et l’empêchent de faire descendre l’influx. Mais le Saint béni soit-Il inspire<br />

dans le cœur d’un autre Juste de maintenir une controverse contre lui, afin de le cacher, et de<br />

lui permettre ainsi de faire descendre l’influx.<br />

Telle est la notion de "controverse au nom du Ciel". Autrement dit, la finalité (de cette<br />

controverse) concerne le Juste. Ce dernier est désigné par le terme "ciel", puisqu’il possède<br />

amour et crainte, et il s'agit donc du dessein en vue du ciel, amour et crainte, dans le but<br />

d'assurer la pluie, qui relève des flux d’abondance et de bénédictions.<br />

TORAH 89<br />

« Tu l’as créé avec un manque, un peu d’Elokim, de Gloire et de splendeur Tu le<br />

couronnes » (Ps. 8:6)<br />

Comme on le sait, tout ce dont une personne manque, tant sur le plan spirituel que matériel,<br />

correspond à un manque chez la Présence divine, de l'ordre de Elokim. Tel est le sens de :<br />

« Tu l’as créé avec un manque », certainement « … un peu d’Elokim », autrement dit, ce<br />

manque est inévitablement un manque de Elokim, dans la Présence divine. Or, lorsque l’on<br />

est conscient de cela, et que ce manque se ressent en haut comme en bas, on en viendra<br />

nécessairement à éprouver une grande peine et une tristesse qui empêcheront de servir Dieu<br />

béni soit-Il dans la joie. Pour y remédier, on devra se rétorquer à soi-même : "Que suis-je<br />

donc et que vaut mon existence <strong>pour</strong> que le Roi en personne me fasse part de ce qui Lui<br />

manque ? Existe-t-il plus grand honneur que celui-ci ? ». A partir de là, on en viendra à<br />

éprouver une grande joie, et notre esprit se trouvera renouvelé. C'est ce dont il s'agit dans « de<br />

Gloire et de splendeur Tu le couronnes », autrement dit, grâce à l’honneur et à la gloire que<br />

l’on reçoit lorsque le Roi nous fait part de Son manque, « Tu le couronnes » d’un nouvel<br />

esprit.<br />

TORAH 90<br />

« Moi, je me réjouis en l’Éternel, les pécheurs disparaîtront de la terre » (Ps. 104:34-35)<br />

731


Comme on le sait, tous les manques qui surviennent à l’homme résultent de la brisure (des<br />

Vases), lorsque les étincelles chutèrent, venant faire défaut à la Présence divine. La réparation<br />

consiste à se réjouir en son Dieu. Dès lors, tous les manques issus de la brisure sont comblés,<br />

et toutes les étincelles s’élèvent.<br />

C'est ce de cela qu’il s'agit dans « Moi, je me réjouis en l’Éternel ». Ainsi, les pécheurs<br />

disparaîtront et seront achevés tous les manquements, comme il est écrit : « Nous serions,<br />

moi et mon fils Chlomo, redevables » (Rois I, 1:21). « … De la terre », c’est-à-dire, de la<br />

Terre supérieure, référence à la Présence divine.<br />

TORAH 91<br />

« Ses mains furent foi jusqu’à ce que s'aille le soleil » (Chémot 17:12)<br />

Il existe plusieurs formes de foi. L’une ne se situe que dans le cœur. Et l’essentiel est que<br />

l’homme possède une foi si intense qu’elle se propage vers tous les membres. Il est indiqué<br />

dans les écrits du Ari zal, que les mains doivent être élevées face à la tête lors des ablutions,<br />

afin de recevoir la sainteté. Il en ressort qu’il faut avoir foi dans les mains, croire que par<br />

l'élévation des mains face à la tête, on reçoit la sainteté. En effet, sans foi, aucun (acte<br />

religieux) n'a de valeur, ainsi qu’il est dit : « Tous tes commandements sont foi » (Ps. 119:86).<br />

Lorsqu’on est animé d’une telle foi, (l’objet de notre foi) passe de la foi vers l’intellect. En se<br />

maintenant dans la foi, (cet objet de la foi) accède à l'intellect. En effet, dès que nous<br />

parvenons à une foi plus grande, la chose qui n’était par nécessité, auparavant, que l'objet de<br />

la foi, devient alors accessible à l'intellect.<br />

C’est de cela dont il est question dans ce qui est écrit à propos de Moché : « Ses mains étaient<br />

foi ». Sa foi était si grande qu’elle se répandait dans tous ses membres. Au point que cette foi,<br />

si grande, qui résidait dans ses mains était étendue : « jusqu’à ce que s'en aille le soleil »,<br />

c’est-à-dire jusqu'à parvenir à l’intelligence de cette chose. Le soleil correspond à la Sagesse,<br />

comme rapporté chez nous (Torah 1).<br />

TORAH 92<br />

En allant et venant à l’intérieur de sa maison, un homme est en mesure de ressusciter les<br />

morts, comme on le voit à propos d’Elicha lorsqu’il ressuscita le fils de la Chounamit : « Il fit<br />

un pas par ici et un par là » (Rois II, 4:35).<br />

732


Les Tikounim (27b) rapportent : « Sans les lobes des poumons qui ventilent le cœur, celui-ci<br />

consumerait tout le corps ». Les poumons et le cœur correspondent à Yaakov et Yossef.<br />

Yaakov représente la vérité, comme dans : « Tu donnes la vérité à Yaakov » (Mic 7:20). Et la<br />

vérité correspond à la Torah, comme il est indiqué : « Torah de vérité » (Malachie 2:6). Ainsi<br />

les cinq livres de la Torah correspondent aux cinq lobes des poumons $(Tikounim 25).<br />

Yossef, lui, correspond au cœur car il est appelé « TSAFNAT Panéa’h », ce qui renvoie au<br />

verset « Dans mon cœur TSAFANTi/j’ai caché, etc. » (Ps. 119:11). Ainsi, lorsque le feu du<br />

cœur s'embrase, il <strong>pour</strong>rait consumer le corps tout entier. Mais le mouvement de va-et-vient<br />

des cinq lobes des poumons ventilent le cœur et rafraîchissent la chaleur du cœur. En cela il<br />

est dit de Yaakov : « Yaakov … (autrement dit les poumons) … demanda à vivre dans la<br />

tranquillité. Le traumatisme de (la vente de) Yossef s’abattit sur lui » (Beréchit Raba 84:3) –<br />

c’est-à-dire, la chaleur du cœur.<br />

En résumé, si un homme – la Torah enseigne : « Telle est la Torah : un homme » (Bamidbar<br />

19:14) – va et vient, même dans sa maison, il peut refroidir le feu lié aux jugements et<br />

ressusciter les morts au point qu’ils retrouvent la vie.<br />

TORAH 93<br />

Tout homme qui fait des affaires avec honnêteté, accomplit le commandement positif de « Tu<br />

aimeras (l’Eternel ton Dieu, etc.) » (Dévarim 6:5), qui est la source de tous les<br />

commandements positifs. Il est écrit dans les Tikounim $(55a) à propos du verset « Fais-moi<br />

un ragoût comme je l'aime » (Béréchit 27:4) : « Ceci fait partie des commandements positifs<br />

». Et comment accomplit-on le commandement de « Tu aimeras » ? – il est expliqué dans le<br />

Talmud (Yoma 86a), sur le verset « Tu aimeras : veille à ce que le Nom du Ciel soit aimé<br />

grâce à toi. De quelle manière ? Lorsqu’un homme a étudié la Bible et la Michna et qu'il a<br />

servi les sages, qu’il gère ses relations avec les créatures de manière agréable, qu’il dirige ses<br />

affaires commerciales honnêtement, que diront de lui les créatures ? Heureux celui qui lui a<br />

enseigné la Torah, etc. De ce fait, le Nom du Ciel est aimé grâce à lui ». On accomplit de la<br />

sorte le commandement « Tu aimeras », qui est la racine de tous les commandements.<br />

En menant des affaires commerciales avec honnêteté, l’homme accède à un niveau qui<br />

dépasse le temps. C'est ce qui ressort du Talmud (idem) qui conclut : « Le verset dit, à son<br />

sujet : « Israël, toi par qui Je suis glorifié ». Or, Israël se situe dans la pensée, comme<br />

733


l’affirment nos maîtres de mémoire bénie : « Israël s’est élevé dans la Pensée originelle »<br />

(Béréchit Raba 1:5), or, la pensée se situe au-dessus du temps.<br />

De même, grâce aux affaires commerciales accomplies avec probité, on peut prier avec un<br />

esprit clair. Car la prière se situe elle aussi au-delà du temps, « elle est une chose qui se tient<br />

au sommet du monde » (Brakhot 6b). Aussi, puisqu'on parvient à l’amour, on accède à la<br />

grandeur de l’intellect, ce qui permet de prier avec un esprit limpide.<br />

TORAH 94<br />

« Il s’est souvenu de Sa bonté et de Sa fidélité <strong>pour</strong> la maison d’Israël. Toutes les<br />

extrémités de la terre ont vu la délivrance de notre Dieu » (Ps. 98:3)<br />

Tous les mondes n’ont été créés qu’en faveur d’Israël, comme il est écrit : « Pour Ma Gloire,<br />

Je l'ai créé, formé et même fait » (Isaïe 43:7). Autrement dit, les mondes de la Création, de la<br />

Formation et de l’Action ont été créés uniquement "<strong>pour</strong> Ma Gloire". Et "Ma Gloire"<br />

équivaut à Israël, comme il est écrit : "Je résiderai en eux" (Chémot 25:8), que nos sages<br />

$(Chné Lou’hot Habrit, Taanit 60), de mémoire bénie, interprètent ainsi : « Il n’est pas écrit<br />

"En lui" (dans le Sanctuaire), mais "en eux", <strong>pour</strong> nous enseigner que le Saint béni soit-Il fait<br />

résider Sa Présence à l’intérieur de chacun des ressortissants d'Israël ».<br />

Il en découle que chaque Juif est appelé "vêtement". Et "vêtement" est appelé "gloire" puisque<br />

Rabbi Yo’hanane avait <strong>pour</strong> habitude d’appeler ses habits « ceux qui m'honorent » (Chabat<br />

113a). En résumé, tous les mondes n’ont été créés qu’en faveur d'Israël, afin de lui prodiguer<br />

une abondance de bien.<br />

Mais lorsqu’ils ne peuvent pas la recevoir du fait de leurs fautes, Il en éprouve de la peine,<br />

comme le montre le verset : « Dans toutes leurs souffrances, Il souffre » (Isaïe 63:9).<br />

Cependant, du fait de l’éclat de la lumière de la Bonté, il est impossible de recevoir ce bien tel<br />

qu’il est, c'est <strong>pour</strong>quoi la sainte Contraction est nécessaire. Ceci signifie que lorsqu’Il désire<br />

prodiguer une abondance de bien, Il doit parler : « Que cela soit ainsi », comme il est écrit :<br />

« Par la parole de l’Eternel les cieux se sont formés » (Ps. 33:6). Et les lettres constituent des<br />

contractions : jusqu’ici la lettre Alef, jusqu’ici la lettre Tav. Mais du fait de nos nombreuses<br />

fautes, la parole est elle aussi en exil, comme l’indique le verset : « Racontez parmi les<br />

peuples Sa gloire » (Chr.I 16:24). Autrement dit, la parole se trouve en exil avec Israël. C’est<br />

en cela qu'il est écrit : « La gloire du Seigneur se révélera, et toutes les chairs ensemble<br />

734


verront que la bouche de l'Éternel a parlé » (Isaïe 40:5), autrement dit, lorsqu'Israël sera<br />

délivré, la parole elle aussi, si l’on peut dire, reviendra chez Dieu béni soit-Il.<br />

Nos maîtres de mémoire bénie ont dit : « Tout homme est tenu de dire : le monde a été créé<br />

<strong>pour</strong> moi » (Sanh. 37a). Il est donc tenu de le rectifier. Et en quoi consiste donc cette<br />

rectification ? – Voici de quoi il est question : on devra veiller à élever les étincelles présentes<br />

en toute chose. Les étincelles étant des lettres, il faut donc élever les lettres. Et les lettres (une<br />

fois élevées) deviennent des paroles, et c'est grâce à la parole que l'abondance de bien est<br />

déversée sur Israël.<br />

Comment peut-on élever les étincelles vers Dieu béni soit-Il ? – En suivant ce conseil :<br />

lorsque l’on regarde quelque chose, on doit aussitôt croire d’une foi entière que cette chose<br />

renferme des lettres et des étincelles. A partir de cette foi se forme la lettre Zaïn (de valeur<br />

sept), comme il est dit : « Et toute Son action avec foi » (Ps. 33:4). Aussi, l’action équivaut<br />

aux six jours de la semaine, alors que la foi est le septième (degré/jour). Par la suite, on<br />

associera la foi à la Sagesse, comme il est écrit : « Connais le Dieu de ton père ».<br />

« Le Dieu de ton père » correspond à la foi, comme dans « L’action de leurs pères est dans<br />

leurs mains » (‘Hou. 13b), en ce sens que nous croyons en Lui en tant que Dieu de nos pères,<br />

et c’est là l’essentiel.<br />

« Connais » correspond à la Sagesse et à l’intellect. La Sagesse est représentée par la lettre<br />

Youd, comme l’explique Rachi : « Alors Moché chantera/Yachir » (Chémot 15:1) – il n’est<br />

pas écrit "Char"/chanta, mais "Yachir"/chantera, ce Youd est surajouté <strong>pour</strong> la pensée ».<br />

Ainsi, à partir du Youd et du Zaïn évoqués plus haut, se forme la lettre Aïn, car sept fois la<br />

lettre Youd (10) a <strong>pour</strong> valeur numérique Aïn (70). En outre, Aïn (œil) équivaut à la Sagesse,<br />

car les sages de la communauté sont appelés « les yeux de la communauté » (Bamidbar<br />

15:24).<br />

Muni d'un tel œil, lorsque l’on regarde une chose du monde, il est certain que ses étincelles<br />

s’élèvent, comme il est écrit : « Tu feras une plaque/Tsits en or pur » (Chémot 28:36). "Tsits",<br />

au sens de regard, lorsqu’il est "pur", comme nous l'avons dit dans la foi et dans la sagesse,<br />

dès lors, « … Tu y graveras/ouFiTa’Hta un sceau : "Consacré à l’Éternel" » (idem).<br />

Autrement dit, « tu ouvriras/tiFTa’H », grâce à un tel œil, les étincelles gravées en toutes<br />

choses, <strong>pour</strong> les élever jusqu’à : « consacré à l’Éternel ». Les étincelles sont des lettres à<br />

partir desquelles se forment des paroles par lesquelles une abondance de bien est déversée sur<br />

Israël.<br />

735


De plus, lorsqu’on élève les étincelles de cette chose, cette chose s’annule totalement dans la<br />

mesure où ces étincelles constituent la vitalité de cette chose.<br />

Telle est donc l’explication du verset :<br />

« Il s’est souvenu de Sa Bonté ». "Souvenu", au sens d’influence. Car lorsqu’Il souhaite<br />

prodiguer Sa Bonté sur Israël, il associe alors « Et de Sa fidélité <strong>pour</strong> la maison d’Israël »,<br />

qui est la Sagesse, comme il est dit : « Par la sagesse, une maison sera bâtie » (Prov. 24:3).<br />

Dès lors, inévitablement, « Toutes les extrémités/AFSSé de la terre ont vu », autrement dit, le<br />

caractère terrestre de la chose devient « insignifiant/EFeSS ».<br />

En outre, « את/‏Eth », c’est-à-dire (toutes) les lettres, depuis Aleph jusqu'à Tav, soit les<br />

étincelles, deviennent « délivrances de notre Dieu ». En effet, les lettres sont devenues des<br />

paroles en vertu desquelles Dieu béni soit-Il déverse un flux d’abondance sur Israël. C'est ce<br />

dont il s'agit dans « délivrances de notre Dieu », car c’est là Son plaisir.<br />

TORAH 95<br />

Selon le manuscrit de Rabenou<br />

Lorsque les chefs et les dirigeants de la génération deviennent orgueilleux, alors le Saint béni<br />

soit-Il élève des personnes <strong>pour</strong> s’opposer à eux et les critiquer, de façon à les empêcher de<br />

dédaigner le public. Nos sages de mémoire bénie ont affirmé à ce sujet : « On ne nomme un<br />

chef au-dessus du public que si un pot empli d’un reptile est suspendu derrière lui » (Yoma<br />

22b).<br />

C’est l'explication du secret rapporté dans le Ets ‘Haïm, Chaar Arikh Anpine, au chapitre 12:<br />

« De l’arrière du Nom divin « Ma’ » (valeur 130), soustrait « Ma » (valeur 45), il reste<br />

« Pé » (85) ». Ce qui signifie que grâce au pot empli de vermine suspendu derrière lui, (ce<br />

dirigeant) continue à ne se considérer que de l'ordre de « Ma’/quoi », (c'est-à-dire) nul et vide.<br />

Par contre, lorsqu’il soustrait de lui cette dimension de « Ma’ », qu’il ne se considère plus<br />

simplement comme « Ma’ », s’il s’enorgueillit, il reste alors « Pé « (qui signifie "bouche").<br />

Autrement dit, les gens ouvrent leur bouche et (lui) disent : « Retourne en arrière », ils le<br />

raillent. [Ses paroles s’arrêtent ici.]<br />

TORAH 96<br />

Juste avant son voyage en Israël<br />

736


« Le méchant fait des projets contre le Juste, et grince des dents contre lui. L'Eternel rit de<br />

lui car Il a vu que son jour viendra » (Ps. 37:12-13).<br />

Voici ce dont il s'agit. Une question se pose : d’où peut provenir une pensée étrangère chez le<br />

Juste qui aspire à prier avec une profonde ferveur ? Nos sages, de mémoire bénie, n'ont-ils pas<br />

affirmé : « Celui qui vient se purifier, on lui vient en aide » (Yoma 38b). Mais voici ce dont il<br />

est question : depuis la Brisure, les étincelles sont tombées dans tous les mondes, mais grâce<br />

aux prières des Justes, elles remontent peu à peu, de degré en degré. Ainsi, lorsqu’un Juste<br />

s’apprête à prier et se rattache à une vertu (ou trait de caractère) à un moment précis, il est<br />

atteint par une pensée étrangère relative à cette même vertu. Ensuite, lorsqu’il parvient à un<br />

niveau supérieur, c'est une pensée étrangère relative à la vertu où il se trouve à présent, qui<br />

l'atteint.<br />

Le Juste doit savoir de quelle vertu et de quel monde provient cette pensée étrangère. Il doit<br />

savoir également comment l’élever vers le monde et vers la vertu dans lesquels il se trouve à<br />

cet instant.<br />

Il arrive parfois que le Juste veuille l’élever, mais qu’il n'y parvienne pas <strong>pour</strong> la raison<br />

suivante : la pensée étrangère qui l'a atteint provient d’un degré élevé auquel il n'a pas encore<br />

accédé. Il lui est donc impossible de l’élever, puisqu'il se situe encore à un niveau<br />

relativement inférieur, autrement dit, au niveau dans lequel il se trouve <strong>pour</strong> l’instant.<br />

Mais alors, la question se pose à savoir <strong>pour</strong>quoi une pensée étrangère le surprend-elle<br />

prématurément ? Sache cependant, que je possède un enseignement que j'ai reçu, selon lequel,<br />

lorsqu’advient une controverse quelconque sur un Juste, une pensée étrangère relative à cette<br />

même controverse atteint alors un autre Juste. Ainsi, sa volonté de l’élever, bien qu'il n’y<br />

parvienne pas, a <strong>pour</strong> conséquence de briser tous les acteurs de cette controverse, par le seul<br />

pouvoir de la volonté.<br />

Tel est le sens du verset : « Le méchant projette », il s’agit de la pensée étrangère. « … contre<br />

le Juste et grince des dents contre lui », c’est-à-dire qu’il (le Juste) souhaite l’élever.<br />

« L'Eternel rit de lui car Il a vu que son jour viendra ». Autrement dit, (Il a vu) qu’il n’est<br />

pas encore parvenu au niveau de cette pensée étrangère.<br />

Mais d’où a pu lui venir cette pensée étrangère ? C'est ce que le verset explique : « Les<br />

méchants ont tiré l’épée » (Ps. 37:14) que Rachi explique ainsi : « épée au sens de guerre »,<br />

autrement dit, une controverse s'est éveillée contre un certain Juste. « Leur épée » (idem 15),<br />

c'est à dire la pensée étrangère relative à cette controverse. « … Entrera dans leurs cœurs »,<br />

c’est-à-dire, dans le cœur de ce Juste. Ce dernier désire par conséquent l'élever.<br />

737


La force de cette volonté permet de faire en sorte que « Leurs arcs se briseront », c’est-à-dire,<br />

la controverse.<br />

TORAH 97<br />

« Elokim, ne garde pas le silence, ne reste pas muet et ne te tais pas, ô Dieu/El » (Ps. 83:2).<br />

Voici ce dont il s'agit : nous savons qu’il existe un endroit en Haut, appelé « Eldad et<br />

Médad », à partir duquel la bénédiction se déverse sur le monde. En effet, les deux lettres<br />

« EL » (Alef et Lamed) sont « DaD » (sein), et les deux lettres « MY » (Mem et Youd) sont<br />

également « DaD » $( Béha'alotékha Likouté Torah du Ari Zal,). En outre, ce flux<br />

d’abondance porte le nom de Hé, comme dans le verset : « Voici/Hé du grain <strong>pour</strong><br />

vous » (Béréchit 47:3). Le Nom divin Elokim se trouve alors complété.<br />

Cependant, par nos nombreuses fautes, survient la disparition de l'abondance, et le Hé se<br />

transforme en DaLeT, au sens de « Elle ne possède rien/DéLeT d’elle-même » (Zohar I<br />

132b). Ainsi, chaque Israélite doit s’empresser de retransformer le « Dalet » en « Hé ».<br />

Mais comment fait-t-on donc un Hé a partir d'un Dalet ? – Voici ce dont il s'agit : Il est écrit :<br />

« A moi Guilad, à moi Ménaché. Efraïm est la puissance de ma tête, Yéhouda mon<br />

sceptre » (Ps. 60:9). La signification est la suivante : avant la création du monde, Dieu béni<br />

soit-Il s’est paré et s'est orné des prières et des bonnes actions des Justes, car Il vit qu’il y<br />

aurait des Justes qui, grâce à leurs bonnes actions, gouverneraient par leur prière, et<br />

réaliseraient tout ce qu’ils souhaiteraient, à la manière de : « Le Juste gouverne dans la<br />

crainte de Dieu » (Samuel II, 23:3). Ainsi, tout Israélite peut accéder à ce niveau, et<br />

gouverner par sa prière. Il existe cependant deux obstacles : le premier est avant la prière,<br />

lorsque l’homme s’apprête à prier avec un sentiment de grandeur, considérant qu’il est issu<br />

d’une illustre lignée, ou bien parce qu’il s’investit, qu'il peine dans le service du Créateur.<br />

Ceci annule l’efficacité de sa prière. Il doit seulement oublier tout cela, se considérer comme<br />

s'il venait d'être créé aujourd’hui et qu’il est seul au monde. Il s'agit ici de la dimension de<br />

« méNaCHé », au sens « d’amnésie/NiCHione » et d’oubli. C'est ce dont il est question dans :<br />

« Car Dieu m'a fait oublier/NaCHani toute la maison de mon père » (Bér. 41:51), référence à<br />

la lignée familiale, « … et toute ma peine » : il peine <strong>pour</strong> le service du Créateur. Quant au<br />

second obstacle, il concerne le déroulement de la prière. En effet, à cause des fautes initiales<br />

intentionnelles, ou des mauvais desseins qu'il aurait pu avoir, des pensées étrangères<br />

s’immiscent dans sa prière. Ces pensées étrangères entraînent elles aussi l'impossibilité de<br />

738


gouverner par sa prière. C’est <strong>pour</strong>quoi, il doit briser les pensées étrangères au moyen de<br />

pensées saintes dans la prière. De cette manière, les fautes intentionnelles, autrement dit, les<br />

pensées étrangères, lui seront considérées comme des mérites. Il s'agit de la dimension<br />

d'EFRaïm, ainsi qu’il est écrit : « Car Dieu m'a fait fructifier/hiFRani dans le pays de ma<br />

misère » (Béréchit, suite), ce qui signifie que les choses qui n'étaient auparavant que pauvreté,<br />

c'est-à-dire désolation et aridité, lui seront, grâce aux pensées saintes, considérées comme des<br />

mérites.<br />

Lorsque l’on prie avec les deux dimensions Ménaché et Efraïm, on parvient très certainement<br />

à l’humilité et à la modestie. Puis, de l’humilité découle la crainte, comme il est écrit : « Au<br />

talon de l’humilité est la crainte de l'Eternel » (Prov. 22:4). Il en résulte que l’on prie alors<br />

avec crainte. Et la crainte est appelée royauté, comme l’ont certifié nos sages de mémoire<br />

bénie : « S’il n’y avait la crainte de la royauté etc. » (Avot 3:2). Par conséquent, une telle<br />

prière contient une notion de royauté, et ainsi, une telle prière renferme une dimension<br />

d'autorité.<br />

Il s'agit donc du plaisir de Dieu béni soit-Il, et la Volonté du Créateur se trouve comblée. En<br />

effet, déjà au commencement, lorsque le plaisir en question (n'était qu'anticipé), lorsque Dieu<br />

béni soit-Il ne voyait que de loin qu’il y aurait des Justes qui prieraient de cette manière, ce<br />

plaisir (encore virtuel) fut à l'origine de la création du monde en Dix paroles. A plus forte<br />

raison, à présent, alors que ce plaisir se manifeste, le Saint béni soit-Il renouvelle Son monde<br />

par Dix paroles, comme il est écrit : « Et dans Sa Bonté, Il renouvelle chaque jour l’œuvre de<br />

la Création » (prière du matin).<br />

Telle est la signification du verset : « A moi Guilad », au sens de "GaL ED". En effet, le<br />

plaisir que Dieu béni soit-Il éprouvait avant la création du monde s’est « révélé/nitGaLa ». Il<br />

se « réjouissait/'IDen » déjà et s’ornait des prières des Justes qui possèderaient ces<br />

dimensions Ménaché et Efraïm.<br />

« Puissance de ma tête », il s'agit de la nécessité de faire prévaloir les pensées saintes.<br />

« Yehouda », il s'agit de la prière, comme il est écrit (à propos de la naissance de Yehouda) :<br />

« Cette fois, je rends grâce » (Béréchit 29:35).<br />

« Mon sceptre ». Rachi explique : « au sens d’autorité et de royauté », autrement dit, la prière<br />

exerce son autorité, se dévoile le plaisir dont nous avons parlé et Il renouvelle Son monde par<br />

dix paroles, comme rappelé plus haut.<br />

De fait, ces dix paroles équivalent au Youd, ‏,י (de valeur numérique 10), et le Youd, une fois<br />

‏.ה Hé, devient un ‏,ד Dalet, joint au<br />

739


Ces dix paroles émanent également de la Bonté, comme dans : « Car J’ai dit … », référence<br />

aux dix paroles, « … Le monde sera construit sur la Bonté » (Ps. 89:3). De plus « La Bonté »<br />

est appelée « El », comme il est écrit : « La Bonté d’El, toute la journée » (Ps. 52:3).<br />

Telle est l’explication du verset : « Elokim, ne garde pas le silence », c’est-à-dire, lorsque tu<br />

constates que le Nom Elokim est devenu « Al Domi'/ne garde pas le silence », autrement dit,<br />

que la lettre Hé est devenue Dalet, dès lors, je te dirai : « Ne reste pas muet et ne te tais pas, ô<br />

Dieu/El ». Tu devras faire en sorte de réveiller la dimension « El », au moyen de la prière<br />

effectuée avec les deux dimensions mentionnées plus haut. C’est de la sorte que tu feras du<br />

Dalet un Hé, comme nous l'avons dit. Ainsi « El » obtiendra la dimension de « DaD », et<br />

"MY" obtiendra également la dimension de « DaD ». La lettre Hé représente le flux<br />

d’abondance. En effet, le Hé, dans la valeur numérique de ses trois représentations, équivaut à<br />

celle du mot « ‘Halav/lait », en ajoutant les deux valeurs pleines, comme c’est connu <strong>pour</strong><br />

ceux qui connaissent la grâce $(Voir Ets ‘Haïm Chaar Haklalim 3).<br />

TORAH 98<br />

De quoi est-il question lorsqu’il est dit à plusieurs reprises dans la Guémara : « Il mit ses yeux<br />

sur lui et il devint un tas d’os » (Brakhot 58a, Chabat 34a, Baba Batra 45a, Sanh. 100a) ?<br />

Comment comprendre cette expression : « Il mit ses yeux sur lui » et que signifie « il devint<br />

un tas d’os ».<br />

Voici : un homme ne voit pas jusqu’où parvient le dommage qu'il cause par sa faute. Par<br />

contre, le Juste le voit, car il possède les yeux de l'Eternel, ainsi qu’il est écrit : « Les yeux de<br />

l’Éternel sont tournés vers les Justes » (Ps. 34:16), <strong>pour</strong> signifier que le Juste a les yeux de<br />

l’Éternel. De plus, les « yeux de l’Éternel parcourent toute la terre » (Zékharia 4:10). Ainsi, le<br />

Juste voit jusqu’où le dommage parvient.<br />

Telle est l’explication de la Guémara : « Il mit ses yeux sur lui », autrement dit, (il lui donna<br />

ses yeux afin) qu’il voit par les yeux des Justes.<br />

« Et il devint un tas/Gal d’os/'Atsamot ». GaL, au sens de « dévoilement/hitGaLout », et<br />

'ATSaMot, au sens de « Il ferme/'OTSeM les yeux afin de ne pas voir le mal » (Isaïe 33:15).<br />

Cela signifie qu’il voit ce qu’il a endommagé, chose qui lui était jusqu’à présent caché. Il ne<br />

saurait y avoir plus grande punition que celle-ci : lorsqu'un homme voit ce qu’il a<br />

endommagé.<br />

TORAH 99<br />

740


« J'implorai l'Éternel en ce moment en disant » (Dévarim 3:23).<br />

L’homme doit prier vers Dieu béni soit-Il avec un grand attachement. Néanmoins, s’il arrive<br />

un moment dans lequel il ne parvient pas à prier avec attachement, il ne devra pas <strong>pour</strong> autant<br />

dire « Je ne prierai pas du tout », sous prétexte qu’il n’arrive pas à se concentrer<br />

convenablement <strong>pour</strong> prier avec attachement, et que sa prière n’est pas acceptée. C’est ainsi<br />

que nos maîtres de mémoire bénie ont affirmé à propos de Rabbi ‘Hanina ben Dossa : «Il<br />

priait etc. Ils lui dirent etc. Il leur répondit : « Si les mots de ma prière sortent aisément, je<br />

sais alors qu’elle est agréée. Si ce n’est pas le cas, je sais alors etc. » (Brakhot 34). Ceci<br />

rejoint ce que nous avons dit : Si c’est avec attachement, et que la prière s’écoule alors<br />

facilement, celle-ci est acceptée; si ce n’est pas le cas, à Dieu ne plaise, c'est le contraire. Quoi<br />

qu’il en soit, l’homme ne doit pas s’exprimer ainsi mais il doit toujours prier. S’il n’est pas en<br />

mesure de prier avec l’attachement requis, qu’il prie néanmoins de toutes ses forces. En effet,<br />

au moment où il priera avec l'attachement requis, il élèvera alors toutes les prières,<br />

conjointement avec cette prière récitée avec l'attachement qui convient. C'est ce dont il s'agit<br />

dans « J'implorai l'Éternel », toujours, avec ou sans attachement.<br />

« En ce moment en disant », autrement dit, au moment où je mériterai de prier avec<br />

attachement, de l'ordre de « Qui s’écoule facilement de ma bouche », c'est-à-dire « En ce<br />

moment – en disant ». Au moment où les paroles sont exprimées et s’écoulent de sa bouche<br />

aisément, parce qu’il prie avec attachement, alors, il élèvera toutes les prières qu’il aura<br />

prononcées jusqu’à présent.<br />

TORAH 100<br />

Certes, les Justes présents dans chaque génération sont saints et l'Eternel réside en eux. Mais<br />

<strong>pour</strong> quelle raison voit-on de nos yeux qu’il y a parmi eux des Justes dont le caractère et la<br />

nature sont très bons, et qui sont bons <strong>pour</strong> tous. Alors qu’il y a aussi le Juste authentique,<br />

dont la nature et le caractère n’est pas agréable au public, et chez qui il nous apparaît chez lui<br />

parfois de la colère et de l’irritation.<br />

Voici, nous savons que les Justes puisent toute leur droiture de la lumière de la Torah car<br />

celle-ci est un guide, et c'est d'elle que leur sainteté est tirée.<br />

Aussi, le Juste qui perçoit un grand luminaire de la lumière de la Torah, et dont les actes sont<br />

également au niveau de sa perception dans la Torah, dès lors, sa droiture et sa Torah<br />

coexistent tranquillement et sereinement. C’est <strong>pour</strong>quoi son rapport aux gens est agréable.<br />

741


Par contre, le Juste <strong>pour</strong> lequel la lumière de la sagesse de la Torah qu'il a perçue dépasse<br />

largement ses actes, dès lors, la Torah bouillonne en lui d’un feu saint, de sorte qu’il est<br />

impossible que son rapport aux gens soit agréable, ni de se mélanger au public, contrairement<br />

au Juste évoqué plus haut.<br />

Telle est l’affirmation de nos sages, de mémoire bénie $( Taanit 4) : « Lorsqu’un disciple des<br />

sages bouillonne, c’est la Torah qui est en lui qui bouillonne », car sa Torah s’est<br />

extrêmement développée.<br />

TORAH 101<br />

« Quand des maraudeurs m’approchent <strong>pour</strong> dévorer ma chair, adversaires et ennemis qui<br />

me guettent, ce sont eux qui trébuchent et tombent » (Ps. 27:2).<br />

Voici ce dont il s'agit : « Car par YaH (Youd-Hé), l’Éternel fut Formateur des mondes »<br />

(Isaïe 26:4). Ceci fait référence à « Au commencement, Il créa » (Béréchit 1:1), car « par la<br />

Torah, appelée "Commencement", Il créa les mondes » (Béréchit Raba 1:1).<br />

En effet, le Youd représente l’intelligence de la Torah ; et le Hé (de valeur 5), les lettres de la<br />

Torah, constituées des cinq livres de la Torah, correspondant aux cinq articulations de la<br />

bouche. Autrement dit, « par YaH (Youd-Hé), l’Éternel fut Formateur des mondes » signifie :<br />

par la Torah, de dimension Youd-Hé, Il créa tous les mondes.<br />

De plus, il est écrit : « Vous êtes Adam/homme » (Ezéchiel 34:31) que nos maîtres de mémoire<br />

bénie, commentent : « Vous êtes appelés « Adam/homme », mais les nations du monde ne sont<br />

pas appelées « Adam » (Yébamot 61a).<br />

En effet, il existe soixante-dix Faces lumineuses et soixante-dix faces sombres. Il existe ainsi<br />

deux forces, comme l’ont enseigné nos sages, de mémoire bénie $(Yoma 72b), au sujet du<br />

verset : «Voici la Torah que Moché a placé/SaM » (Dévarim 4:44), si l'on est méritant, elle<br />

devient <strong>pour</strong> lui un élixir/SaM de vie, et si l’on n’est pas méritant, elle devient un<br />

poison/SaM, mortel ».<br />

742


L’élixir de vie équivaut aux Faces lumineuses. Le poison mortel équivaut aux faces sombres,<br />

comme l’indique le verset : « Il m'a relégué dans des régions ténébreuses comme les morts »<br />

(Lam. 3:6).<br />

Or, c’est à partir des faces sombres que les nations du monde puisent leur vitalité. En effet,<br />

l’ensemble des nations du monde possèdent l’ensemble des mauvais traits de caractère, si ce<br />

n’est que chacune des nations est attachée à un trait de caractère en particulier, plus qu’à<br />

toutes les autres. C'est le sens de (Dévarim 33:2) : « Il apparut du Mont Parane etc. », qui<br />

signifie que le Saint béni soit-Il souhaita donner la Torah à toutes les créatures, mais aucune<br />

d’entre elles ne voulut l’accepter, car chacune d'entre elles entendit que le trait de caractère<br />

auquel elle était attachée était interdite par la Torah (Sifré, Zot Haberakha 2).<br />

Aussi, chaque individu ayant en lui des mauvais traits de caractère, est soumis aux nations qui<br />

sont attachées et liées à ces mêmes mauvais traits de caractère. C’est le sens de : « Celui qui<br />

rejette le joug de la Torah, on lui impose le joug de la nation et le joug des coutumes du<br />

monde » (Avot 3:5). Il sera ainsi (soumis) à la servitude de la matérialité, correspondant au<br />

« joug de la nation », et au « joug de la terre » qui correspond aux mauvais traits de caractère<br />

des nations à travers le « joug des coutumes du monde ».<br />

En effet, en rejetant le joug de la Torah, correspondant aux soixante-dix Faces lumineuses, la<br />

dimension des soixante-dix visages sombres prend alors l’ascendant sur lui. Il s’agit là de la<br />

servitude et des mauvaises vertus des nations du monde, qui correspondent au joug de la<br />

nation et au joug des coutumes du monde.<br />

En revanche, tout homme qui prend sur lui le joug de la Torah se voit déchargé du joug de la<br />

nation et du joug des coutumes du monde. Il s'agit de celui qui étudie avec intensité, qui<br />

approfondit et comprend la sagesse de la Torah, correspondant aux Faces lumineuses, selon :<br />

« La sagesse d’un homme éclaire son visage » (Kohélet 8:1). Grâce à quoi il se voit affranchi<br />

du joug de la nation et du joug des coutumes du monde. En effet, la servitude, les tentations,<br />

les mauvaises vertus qui sont les faces sombres s’annulent de lui et ce grâce à son acceptation<br />

du joug de la Torah correspondant aux Faces lumineuses.<br />

En fait, tout ce qu’un homme saisit par son intellect relève des Faces lumineuses, et tout ce<br />

qu’il ne saisit pas relève des faces sombres. Par conséquent, lorsqu'il parvient à approfondir<br />

dans la Torah, jusqu’à saisir les sagesses de la Torah, ce qui le fait appartenir aux Faces<br />

743


lumineuses, alors, les vertus et les tentations des nations, appartenant aux faces sombres, sont<br />

alors soumises.<br />

C'est le sens de : « Il fixa les limites des peuples d'après le nombre/lémispar des enfants<br />

d'Israël » (Dévarim 32:8). « LémiSPaR », du sens de « SaPiR/éclat et brillance », de l'ordre<br />

de : « Semblable au brillant du saphir » (Chémot 24:10). En d’autres termes en fonction des<br />

Faces lumineuses du "nombre des enfants d’Israël", "Il fixa les limites des peuples", qui sont<br />

les faces sombres.<br />

La dimension des Faces lumineuses existe en chaque homme, puisque chacun relève de la<br />

sainteté d’Israël, du Peuple Saint qui à sa source est éloigné de toutes les (mauvaises) vertus et<br />

tentations.<br />

Mais chacun subit une emprise des soixante-dix nations, correspondant aux faces sombres,<br />

aux mauvaises vertus et tentations, toutes liées aux soixante-dix nations du monde comme il<br />

est écrit : « Ils se mêlèrent aux peuples et s’inspirèrent de leurs actes » (Ps. 106:35). Cela<br />

signifie que chacun est mêlé aux mauvaises vertus qui sont en lui, et qui émanent des nations<br />

du monde.<br />

De plus, lorsqu’un homme commet une faute, à Dieu ne plaise, cette faute et ce péché se<br />

gravent sur ses os, comme il est écrit : « Leurs fautes restèrent sur leurs<br />

os/'ATSMotav » (Ezéchiel 32:27). Il lui est alors impossible de s'en sortir autrement que par la<br />

Torah, les Faces lumineuses, à l’opposé des toutes les mauvaises vertus et tentations,<br />

correspondant aux faces sombres, à l’origine de toutes les fautes, à Dieu ne plaise.<br />

L’homme doit donc s’épuiser dans la Torah et se sacrifier lui-même/'ATSMo <strong>pour</strong> elle,<br />

comme l’ont affirmé nos maîtres de mémoire bénie $(Brakhot 63b), sur le verset : « Voici la<br />

Torah : un homme, lorsqu’il mourra dans la tente » (Bamidbar 19:14) – « La Torah ne se<br />

maintient que chez celui qui se sacrifie lui-même/'ATSMo <strong>pour</strong> elle ». Autrement dit (il doit<br />

sacrifier) son «intériorité/ATSMiouto », les mauvaises vertus et les mauvaises tentations, d’où<br />

proviennent toutes les souillures gravées sur ses os.<br />

On doit en effet s’épuiser dans la Torah jusqu’à mériter de la comprendre, c’est-à-dire, de<br />

s'extraire des faces sombres, les ténèbres et le voilement du savoir <strong>pour</strong> atteindre les Faces<br />

lumineuses, qui sont le savoir et la perception de la Torah.<br />

On est alors appelé « Adam/homme », comme dans : « Voici la Torah : un homme, etc. »,<br />

autrement dit, c’est grâce à la Torah que l’on s'appelle « Adam/homme », de l'ordre de :<br />

744


« Vous êtes appelés "Adam", mais les nations du monde ne sont pas appelées "Adam" »<br />

(Yébamot 61a).<br />

Car l’appellation d’Adam, on ne le mérite que par la Torah, qui correspond aux Faces<br />

lumineuses, l’inverse de toutes les mauvaises vertus et tentations. C’est au nom de cela que<br />

l'on est qualifié "Adam", au sens de « Voici la Torah : un homme ».<br />

Les nations du monde, en revanche, qui se trouvent éloignés des sagesses de la Torah – les<br />

Faces lumineuses -, puisqu’elles correspondent aux faces sombres, embourbées dans toutes<br />

les mauvaises vertus et les mauvaises tentations, ne sont par conséquent nullement appelées<br />

"Adam".<br />

En effet, la dimension essentielle de l'homme est l’intelligence authentique que l’on arrive à<br />

percevoir : les sagesses de la sainte Torah. Il existe en effet trois types d’intellections :<br />

l’intellection élémentaire, qui correspond à la sagesse, selon : « Tu les as tous créés par la<br />

sagesse » (Ps. 104:24). Puis, lorsque l’homme étudie et comprend, il s’agit de la<br />

compréhension. Enfin, une fois qu’il connaît la Torah, il s’agit de la connaissance, comme<br />

nous le savons.<br />

Ainsi, ces trois intellections représentent les "mains" de la Torah : "la Grande Main", "la Main<br />

Forte", et "la Main levée", par lesquelles est reçue la Torah.<br />

De plus, ces trois intellections correspondent à trois fois "Youd-Hé".<br />

En effet, "Youd-Hé" représentent la sagesse et la compréhension, « les deux proches qui ne se<br />

séparent jamais » (Zohar III 4a), et qui sont inclus en chacun des trois intellections<br />

précédentes, or trois fois "Youd-Hé" ont <strong>pour</strong> valeur numérique Homme/Adam.<br />

Il en ressort que l’essentiel du qualificatif « Adam »repose sur l’intelligence véritable, c’est-àdire,<br />

les sagesses de la Torah, les Faces lumineuses, ce qui relève de l’éloignement et de la<br />

brisure de toutes les mauvaises tentations et vertus.<br />

« Quand des malfaiteurs m’approchent <strong>pour</strong> dévorer ma chair, adversaires et ennemis qui<br />

me guettent, ce sont eux qui trébuchent et tombent » (Ps. 27:2).<br />

C'est ce dont il s'agit dans : « Quand des Maraudeurs/Méré'ïm m’approchent », référence<br />

aux « deux Proches/Ré'ïm qui ne se séparent jamais », correspondant à "Youd-Hé",<br />

équivalent à la sagesse de la Torah, la dimension de Adam.<br />

Il est nécessaire de « dévorer ma chair », autrement dit, de consommer et de sacrifier ma<br />

personne, car « La Torah ne se maintient que chez celui qui se sacrifie lui-même <strong>pour</strong> elle ».<br />

745


Dès lors, de manière concomitante : « adversaires et ennemis qui me guettent, ce sont eux<br />

qui trébuchent et tombent », car tous les adversaires et ennemis, qui sont tenus aux faces<br />

sombres, défaillent et tombent. Les faces sombres sont annihilées et l'on mérite de recevoir les<br />

Faces lumineuses, les sagesses de la Torah, de l'ordre de Youd-Hé, les « deux proches qui ne<br />

se séparent jamais », au nom de quoi spécifiquement Israël est appelé Adam. C'est alors que<br />

tous les adversaires et ennemis, qui sont tenus aux faces sombres, tentations et mauvaises<br />

vertus, défaillent et tombent, car on a mérité les Faces lumineuses.<br />

TORAH 102<br />

« Tu seras chef de ma maison et de ta bouche tout mon peuple sera abreuvé » (Béréchit<br />

41:40).<br />

Il s'agit de : « Tout ce que le Saint béni soit-Il a créé, Il ne l’a créé que <strong>pour</strong> Sa Gloire » (Avot<br />

6:1) – afin de dévoiler Sa Royauté. Grâce à quoi les écorces (les forces du mal) se plient sous<br />

la Présence Divine.<br />

En quoi consiste le dévoilement de Sa Royauté ? – Lorsqu’Il fait abonder un bien immense à<br />

Israël, alors chacun en particulier reconnaît que « Sa Royauté domine sur toute chose » (Ps.<br />

103:19).<br />

Mais comment donc peut-on faire descendre l’abondance ? – Grace aux prières.<br />

En effet, les mots sont les ustensiles permettant de recevoir l’abondance. Par conséquent,<br />

chacun fera attention, durant sa prière, à prier de telle sorte qu’il puisse éveiller l'abondance<br />

dans le monde, au sens de l’affirmation de nos maîtres de mémoire bénie : « Tout homme est<br />

obligé de dire : "Pour moi a été créé le monde" » (Sanh. 37a).<br />

Et comment donc peut-on éveiller l'abondance dans le monde ? – Grâce à la crainte, comme<br />

l’enseignent nos maîtres, de mémoire bénie $(Brakhot 6b) : « Qui a en lui la crainte du Ciel,<br />

ses paroles sont entendues ».<br />

Or, il existe deux sortes de crainte : la Crainte supérieure qui survient parfois chez l’homme<br />

lorsque Dieu le veut. Pour cette crainte, il n’y a aucune récompense. Par contre, il existe une<br />

746


crainte qui survient à l’homme du fait de sa propre force. Cette crainte est appelée « Le juste<br />

gouverne la crainte de Dieu » (Samuel II 23:3). Et c'est avec une telle crainte que la prière est<br />

agréée, que le flux d’abondance descend sur le monde et que Sa Royauté se dévoile.<br />

C'est ce dont il s'agit dans : « Tu seras chef de ma maison ». « Ma maison » équivaut à la<br />

crainte, comme l’ont affirmé nos sages de mémoire bénie : « Pitié <strong>pour</strong> celui qui est dé<strong>pour</strong>vu<br />

de maison » (Chabat 31b). Il s'agit donc du juste qui gouverne la crainte de Dieu. Grâce à cela<br />

: « de ta bouche tout mon peuple sera abreuvé », qu'Onkelos traduit : « par la parole de ta<br />

bouche », c’est-à-dire par la prière, « tout mon peuple sera nourri », c'est-à-dire que le flux<br />

d'abondance s'éveillera dans le monde.<br />

Voici, en outre, ce dont il s'agit dans (la suite du verset) : « seulement le trône » (id.),<br />

autrement dit l'amoindrissement de la Royauté – car « seulement » évoque la restriction, et<br />

« trône » évoque la Royauté – « Je le grandirais de toi », autrement dit, l'amoindrissement de<br />

la Royauté, puisqu'elle se trouve actuellement amoindrie, sera agrandi par toi.<br />

En effet, par le pouvoir de la prière effectuée dans la crainte, on fait descendre l'abondance<br />

dans le monde, et Sa Royauté se voit grandie.<br />

TORAH 103<br />

Le Talmud rapporte (Sanh. 91b) : « Tout celui qui prive son disciple d’une Loi (de lui en<br />

enseigner), est considéré comme s’il lui dérobait l’héritage de ses pères, comme il est dit<br />

(Dévarim 33:4) : « La Torah que Moché nous a ordonné est un héritage etc… »<br />

Ainsi, lorsque Moché vit que les Tribus de Réouven et de Gad détournaient les enfants<br />

d’Israël de l’héritage de leurs ancêtres, il les qualifia de : « Engeance de<br />

pécheurs » (Bamidbar 32:14), qu'Onkelos traduit : « Disciples de personnes fautives ». En<br />

d’autres termes, c’est de vos maîtres que vous avez tenu ceci, car vos maîtres vous ont dérobé<br />

des Lois, et les Lois constituent l’héritage des pères. À présent, vous aussi, vous suivez la voie<br />

de vos pères, et votre volonté est de voler l’héritage des ancêtres du peuple juif.<br />

En outre, dans le premier chapitre de Baba Batra (8b), il est dit : « Ceux qui rendent le plus<br />

grand nombre vertueux, sont comme des étoiles » (Daniel 12:3) – il s'agit de ceux qui<br />

enseignent aux jeunes enfants ! »<br />

747


À présent que Moché a vu qu’elles (ces deux tribus) entraînaient un grand nombre de<br />

personnes à la faute, détournant le cœur des enfants d’Israël, alors inévitablement, même leurs<br />

maîtres ne « rendent pas le plus grand nombre vertueux », mais au contraire, ils « rendent le<br />

plus grand nombre » coupables. C’est en quoi Moché les appela « Engeance de pécheurs »,<br />

traduit par Onkelos : « Disciples de personnes fautives ».<br />

TORAH 104<br />

Il est dit dans le Midrach $(ramené aussi dans le Séfer ‘Hassidim 137 et le Rechit ‘Hokhma,<br />

Anava #8) : « Pour avoir traité la Tribu de Gad de : « Engeance de pécheurs » (Bamidbar<br />

32:14), Moché a été puni et son petit-fils a servi l’idole de Mikha.<br />

Ce point suscite un questionnement : en quoi cette appellation de « Engeance de pécheurs » a-<br />

t-elle à voir avec la sanction en résultant, que son petit-fils se livre à l’idolâtrie ? La réponse<br />

réside dans les affirmations de nos sages de mémoire bénie $(Kétoubot 110b) : « Tout celui<br />

qui réside en dehors du Pays d’Israël est considéré comme s’il n’avait pas de Dieu », (d’une<br />

part) et (par ailleurs) : « Celui qui suspecte des personnes innocentes est frappé dans sa chair »<br />

(Chabat 97b). En l’occurrence, Moché suspecta les enfants de Réouven et de Gad de ne<br />

vouloir aucune part dans la terre d’Israël, signifiant qu’ils n’avaient pas de Dieu.<br />

C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle il fut puni par le fait que son petit-fils n’ait pas de Dieu, car ils<br />

étaient innocents sur ce point et souhaitaient eux-aussi obtenir une part en terre d’Israël,<br />

comme rapporté.<br />

TORAH 105<br />

« Ma force et le chant de Dieu sera <strong>pour</strong> moi un salut » (Chémot 15:2)<br />

[Comme le dit Rabbi Nathan plus loin, la version de cette Torah que voici n’étant pas écrite en ordre car<br />

reçue des ‘Havérim… il en a réécrit une version juste à la suite de celle-ci qu’il a entendu directement de la<br />

bouche de Rabbénou et que nous invitons à lire directement.]<br />

748


Notoirement, le monde a besoin de grande Miséricorde, tant sur le plan spirituel que<br />

matériel. Chacun demande la Miséricorde sans savoir où la trouver. Or, la Miséricorde se<br />

trouve à la portée de tous, comme il est écrit : « Elle n’est pas loin et ne se trouve pas dans<br />

les cieux » (Dévarim 30:11-12).<br />

Voici, il est écrit dans le Zohar $(III, 137b) : « Il y a Miséricorde et Miséricorde. Il existe<br />

une Miséricorde simple de Zéïr Anpine et une grande Miséricorde de l’Ancien Caché », celle<br />

mentionnée dans le verset : « Je te rassemblerai avec grande Miséricorde » (Isaïe 54:7) ».<br />

Nous avons besoin de Miséricorde, mais du fait de nos nombreuses fautes en cette<br />

génération, il n’y a personne qui puisse prier de sorte d'attirer la Miséricorde. Ceci<br />

résulte de l'absence de quiconque qui reconnaisse une telle grandeur du Créateur, à<br />

cause de l’intensité de l’exil et de ses contraintes. Le Saint béni soit-Il Lui-même doit<br />

donc prier <strong>pour</strong> cela, comme le rapporte le Talmud : « D’où savons-nous que le Saint béni<br />

soit-Il prie ? Du verset : « Je les réjouirai dans la Maison de Ma prière » (Isaïe 56:7). Il n’est<br />

pas écrit « leurs prières » mais « Ma prière ». C'est de là que (nous apprenons que) le Saint<br />

béni soit-Il prie. Que dit-Il ? Il dit « Que telle soit Ma Volonté, etc. ». (Berakhot 7a).<br />

Or, comment peut-on faire en sorte que Dieu béni soit-Il prie ? – Grâce à la Torah. En<br />

effet, chaque homme contient une partie de l’ensemble de tous les mondes et ses<br />

combinaisons de lettres. De plus, quel que soit ce à quoi il s’attache, il y attache sa propre<br />

part. Ainsi, lorsqu’il <strong>pour</strong>suit les vanités de son cœur et de ses désirs, il attache sa part,<br />

ses lettres et les combinaisons à l'Autre Côté (les forces négatives), à Dieu ne plaise. Ces<br />

lettres et ces combinaisons s'en retrouvent bouleversées, et la connaissance aussi se<br />

trouble. Il s’agit là de l’exil de la Présence divine. Ainsi, sans connaissance, chacun reste<br />

dé<strong>pour</strong>vu de la vertu de Miséricorde, comme il est écrit : « La colère repose dans le sein<br />

des sots » (Kohélet 7:9). C’est <strong>pour</strong>quoi, « il est interdit de montrer de la compassion <strong>pour</strong><br />

toute personne dé<strong>pour</strong>vue de connaissance », comme l’ont enseigné nos sages de<br />

mémoire bénie $(Brakhot 33a), parce que cette personne en question est dé<strong>pour</strong>vue de<br />

Miséricorde. Cependant, une fois réhabilitée par un repentir entier, les parcelles de<br />

l’ensemble des mondes de cette personne, ainsi que ses lettres et combinaisons,<br />

réintègrent aussi leur place. La connaissance est alors complète, et la Miséricorde se<br />

réveille, comme il est écrit : « Et l’Éternel ton Dieu fera revenir ta captivité » (Dévarim<br />

30:3), référence à la part de l’ensemble des mondes qui s’y trouve captive. Et alors : « …<br />

Il te prendra en pitié » (id.), puisque la connaissance est redevenue parfaite, comme l’ont<br />

affirmé nos sages de mémoire bénie, à propos du verset : «Il n’est pas parti en<br />

749


exil » (Jérémie 48:11), lorsqu’une chose est à sa place, sa connaissance reste parfaite »<br />

(Meguila 12b). Et en effet, le repentir dépend essentiellement de la Torah.<br />

De plus, chaque chose en rapport avec la sainteté renferme trois étapes : gestation,<br />

allaitement et cerveaux. En effet, tant qu’une chose se trouve à l’état potentiel, on parle<br />

de gestation, [car elle reste cachée. Ensuite, lorsqu’elle passe du potentiel à l’effectif, il<br />

s'agit] de naissance et d'allaitement. Ensuite, lorsque la chose se développe<br />

suffisamment <strong>pour</strong> réaliser l’action requise, il est enfin question de « cerveaux ». Ainsi,<br />

lorsque l'on étudie la Torah, ces trois stades sont également requis. En effet, lorsqu’on<br />

est assis <strong>pour</strong> étudier, que l'on investit sa pensée et son cœur dans la Torah et que l'on<br />

s’efface en elle, il s'agit bien de gestation, puisqu'on s'efface en elle, à l’image d’un fœtus<br />

dans le ventre de sa mère. Puis, lorsque l’on étudie la Torah et qu'on la comprend, il<br />

s'agit de naissance et d’allaitement, comme il est écrit : « Ses mamelles te rassasieront à<br />

chaque instant » (Prov. 5:19). Quand, par la suite, on comprend les choses par déduction<br />

et que l'on est en mesure d'y ajouter une nouvelle interprétation, il s'agit alors de<br />

cerveaux. Le Talmud enseigne, à propos du verset « De très loin, elle apporte son<br />

pain » (idem 31:14) que la Torah est qualifiée de "pauvre" à certains endroits, et "riche"<br />

à d’autres endroits, et que parfois, il faut par conséquent apporter une preuve d’un autre<br />

endroit » (Yerouch. Roch Hachana 3:5). C’est en cela qu'elle s'appelle sagesse, au sens<br />

de : « J’ai dit : je deviendrai sage mais elle est loin de moi » (Kohélet 7:22). Il en résulte<br />

que lorsque l’on comprend un point à partir d’un autre point, il s'agit de cerveaux, c’està-dire<br />

de sagesse. Ainsi, lorsque l’on étudie de la sorte, il s'agit du repentir complet. On<br />

rattache alors les lettres et les combinaisons, qui relèvent de sa part dans la globalité des<br />

mondes, à leur source et à leur place. De plus, on devient une nouvelle créature, la<br />

connaissance est alors complète et la Miséricorde se réveille.<br />

Utilisons cette parabole dans le cas de deux personnes charitables. La première ne peut<br />

aider qu'un peu. Par contre, la seconde, lorsqu’elle ressent de la compassion, peut<br />

exercer en vertu de sa propre compassion, une vraie délivrance. De ce fait, <strong>pour</strong> quelle<br />

raison celui qui a besoin de miséricorde devrait-il utiliser les bons sentiments du<br />

premier, et obtenir ainsi une délivrance limitée ? Mieux vaut que la première personne<br />

charitable prie envers la seconde personne charitable, et qu'ainsi la première exerce, par<br />

sa propre compassion, une entière délivrance. Il en est ainsi du Saint béni soit-Il, par Sa<br />

Miséricorde simple, Il prie, et prend Israël en pitié, d'une grande Miséricorde. Ainsi,<br />

750


lorsque l’on étudie la Torah comme rappelé auparavant, s’éveille la Miséricorde, qui<br />

équivaut à la connaissance et la prière.<br />

C'est ce dont il s'agit dans : « Ma force ». « Il n’est d’autre force que la Torah ».<br />

Ainsi, grâce à la Torah que l’on étudiera comme nous l'avons dit, se forme « le chant de<br />

Dieu », autrement dit, la prière et la Miséricorde du Saint béni soit-Il. Dès lors, « Il est<br />

mon salut ».<br />

[Cette Torah aussi résulte de la retranscription des ‘Havérim, et n’a pas été rédigée de<br />

façon suffisamment claire. Mais par la suite, j’ai entendu de sa propre bouche sainte<br />

cette notion de prière de Dieu, dont il est question ici, en ces termes :]<br />

Il existe chez le Saint béni soit-Il une Miséricorde simple et une grande Miséricorde<br />

(comme il est écrit dans le Zohar cité plus haut).<br />

Utilisons cette parabole où dans une ville il y aurait deux riches. L’un possède une<br />

richesse simple. Le second, par contre, est extrêmement riche, doté d’une richesse<br />

colossale. Sa fortune est impossible à évaluer.<br />

Or, l'un des concitoyens a besoin d’un grand secours, coûtant une somme importante. De<br />

plus, <strong>pour</strong> demander l'aide dont il a besoin, cet homme ne peut s'approcher que du<br />

relativement petit riche, car il lui est impossible d'aborder le grand riche. Mais bien que<br />

ce petit riche souhaite lui venir en aide au maximum de ses possibilités, il ne peut malgré<br />

tout accéder à sa requête dans la mesure où il n’a pas les moyens de combler les désirs<br />

de cet homme, qui dépassent ses possibilités.<br />

Par conséquent, le conseil à donner à cet homme en attente de délivrance est le suivant :<br />

qu’il se rende chez le petit riche, car il peut s’en approcher facilement et éveiller sa<br />

compassion. Qu'il vienne chez lui et qu'il lui dise : « Voici, j’ai besoin d’un grand secours.<br />

Je sais que tu me prendrais volontiers en pitié, mais que tu n’es pas en mesure de<br />

répondre à mes attentes. C’est <strong>pour</strong>quoi je te demande – si tu éprouves vraiment de la<br />

compassion <strong>pour</strong> moi – de te rendre chez le très grand riche afin d’en appeler à sa<br />

compassion <strong>pour</strong> qu’il comble mon désir. Ainsi fort de son immense richesse, il <strong>pour</strong>ra<br />

aisément combler mon désir, dans une mesure infiniment plus grande. Par contre, Je ne<br />

peux pas moi-même me rendre chez un homme aussi grand, alors que toi, tu peux allez<br />

751


le voir. Prends-moi en pitié en cela, en intercédant chez lui en ma faveur, lui demandant<br />

qu’il accède à ma requête. De la sorte, tu me secourras très certainement et m’offriras<br />

une pleine délivrance ».<br />

Il en va exactement de même <strong>pour</strong> nous, si l’on peut s'exprimer ainsi. Nous invoquons la<br />

simple Miséricorde afin qu’elle éveille la compassion chez la grande Miséricorde, et c'est<br />

de cette dernière qu'elle recevra une Miséricorde apte à nous délivrer à la mesure de<br />

tous nos besoins, et complètement.<br />

Telle est la notion de prière du Saint béni soit-Il, évoquée par nos sages de mémoire<br />

bénie : « D’où savons-nous que le Saint béni soit-Il prie ? »<br />

Autrement dit, la simple Miséricorde demande, prie, et éveille la grande Miséricorde. Car<br />

<strong>pour</strong> notre part, nous sommes seulement capables d’éveiller la simple Miséricorde,<br />

correspondant à la Miséricorde ordinaire de Zéir Anpine, une Miséricorde qui reste<br />

toutefois limitée. Or selon la mesure de cette simple Miséricorde, il reste encore<br />

impossible de nous délivrer, à Dieu ne plaise. C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle nous devons<br />

demander que cette simple Miséricorde, que l’on éveille par notre prière auprès de Dieu<br />

béni soit-Il, aille elle-même prier et éveiller la grande Miséricorde, <strong>pour</strong> que de cet<br />

endroit soit attirée sur nous une grande compassion, grâce à laquelle une délivrance<br />

nous sera indubitablement accordée. Telle est la notion de prière du Saint béni soit-Il.<br />

Comprends bien cela car il s’agit de sujets merveilleux et particulièrement prodigieux.<br />

J’ai également entendu qu’il s’agit là de l'explication du verset : « Seigneur, de grâce,<br />

guéris-la, de grâce » (Bamidbar 12:13).<br />

De prime abord, la répétition de l’expression "de grâce" était très surprenante. Mais<br />

maintenant, ceci devient très clair : Moché notre maître, que la paix soit sur lui, demanda<br />

auprès de Dieu béni soit-Il que Lui-même, si l’on peut s’exprimer ainsi, prie et demande<br />

à Lui-même de la guérir.<br />

Et maintenant, les mots de ce verset deviennent plus doux que le miel : « Seigneur, de<br />

grâce » signifie que Moché notre maître, que la paix soit sur lui, pria devant Lui, béni<br />

soit-Il, et Lui demanda : « Seigneur, de grâce » – demande et prie Toi-même à Toi-même ;<br />

"guéris-la, de grâce" – comme nous l’avons déjà vu, Moché pria Dieu béni soit-Il et Lui<br />

752


demanda de prier et de demander Lui-même : « Guéris-la de grâce ». À présent, la<br />

répétition du terme « de grâce » est bien nécessaire et bien explicite.<br />

Le principe général est que grâce à la Torah, on parvient au repentir, c’est-à-dire que l'on<br />

mérite de faire revenir toutes les choses, toutes les combinaisons et toutes les lettres qui<br />

par les fautes, ont été repoussées et chassées de leur place, vers l'endroit où elles se<br />

trouvent actuellement. En effet, à cause de cela, la connaissance (sagesse) n’était pas<br />

stabilisée, car tant que ces dernières ne sont pas à leur place, la connaissance ne peut<br />

être stable. En effet, les fautes ont <strong>pour</strong> conséquence de chasser de leur place les<br />

parcelles de lettres et de combinaisons se trouvant dans tous les mondes, selon la racine<br />

de son âme. Il s'agit ici de la notion d'exil de la Présence divine. C'est la raison de<br />

l'instabilité de la connaissance. C’est <strong>pour</strong>quoi l’on n'arrive pas à éveiller la Miséricorde<br />

et que l’on doit alors effectuer un repentir. De plus, l’essentiel du repentir s'opère grâce<br />

à la Torah.<br />

Cette dernière étant, « pauvre en certains endroits et riche en d’autres endroits », on<br />

rapproche et relie ainsi toutes les lettres et toutes les combinaisons qui ont été éloignées<br />

de leur endroit, et on les ramène toutes à leur place. La connaissance retrouve alors une<br />

stabilité, et l'on parvient à éveiller la Miséricorde.<br />

En effet, l’essentiel de la Miséricorde dépend de la connaissance, car : « Il est interdit de<br />

montrer de la compassion <strong>pour</strong> toute personne dé<strong>pour</strong>vue de connaissance » (Brakhot<br />

33a) [comme cela figure à de nombreuses reprises dans l’enseignement de Rabénou].<br />

En résumé, grâce à la Torah, on parvient au repentir, la connaissance se trouve<br />

parachevée et l'on parvient alors à éveiller la Miséricorde chez Lui, le Saint béni soit-Il.<br />

Car l’essentiel de la Miséricorde consiste à éveiller la Miséricorde chez Lui, béni soit-Il,<br />

<strong>pour</strong> que, par cette Miséricorde, Il éveille en Lui-même cette grande Miséricorde que<br />

nous ne pouvons nous-mêmes atteindre. Lui Seul, béni soit-Il, doit donc prier <strong>pour</strong> cela.<br />

Autrement dit, par Sa Miséricorde simple que l’on éveille, Il nous prend Lui-même en<br />

compassion et éveille, grâce à elle, Sa grande Miséricorde, qui correspond à la Grande<br />

Miséricorde de l'Ancien Caché, et c'est très certainement de là que nous bénéficierons de<br />

la grande délivrance.<br />

753


C'est ce dont il s'agit dans : « Ma force ». Il n’est d’autre force que la Torah. Grâce à cela,<br />

on mérite d’accéder au repentir et à la connaissance. De la sorte, on éveille chez Lui, béni<br />

soit-Il, la Miséricorde, jusqu’à ce que Lui-même, si l’on peut dire, prie <strong>pour</strong> nous. C’est le<br />

sens de : « Le chant de Dieu/Y-aH » – le chant de Youd-Hé, précisément, c’est-à-dire, la<br />

prière de Dieu. C’est alors que ce « sera <strong>pour</strong> moi un salut », avec certitude.<br />

En effet, grâce au « chant de Dieu », qui signifie la prière de Dieu qui prie avec Sa<br />

Miséricorde simple afin d’éveiller Sa Grande Miséricorde, on recevra alors avec certitude<br />

une pleine délivrance.<br />

En effet, Sa Grande Miséricorde ne cesse jamais, et lorsque Dieu béni soit-Il nous<br />

prendra en Pitié par cette Miséricorde, il est certain que nulle faute ni aucun<br />

endommagement ne s’interposera devant cette grande Miséricorde, et sans nul doute,<br />

nous connaîtrons une grande et parfaite délivrance, amen et amen.<br />

TORAH 106<br />

« Heureux celui qui inculque le pauvre. Au jour de la détresse, l’Eternel le sauvera »<br />

(Ps. 41:2)<br />

Il est écrit « Il n’est d’autre pauvreté que celle d’un manque de connaissance » (Nédarim<br />

41a). Cela nécessite une grande miséricorde, or il n’existe pas de plus grande<br />

miséricorde que celle-ci.<br />

Cette pauvreté se décline dans un cadre général et dans un cadre en particulier. En<br />

général – un homme dé<strong>pour</strong>vu d’intellect au service de Dieu a nécessairement besoin<br />

d’une personne possédant l’intellect <strong>pour</strong> le lui inculquer.<br />

En particulier – chez homme lui-même, il existe parfois un état durant lequel il est<br />

dé<strong>pour</strong>vu d’intellect, et cet état se nomme « étroitesse d’esprit ». Il doit donc se<br />

renforcer afin de parvenir à la « grandeur d’esprit ». Une fois qu'il aura atteint la<br />

grandeur d’esprit, tous les jugements s'en trouveront adoucis, et il attirera sur lui les<br />

Bontés et la Miséricorde.<br />

C'est ce dont il s'agit dans les paroles de nos sages de mémoire bénie $(Brakhot 33a) :<br />

« Grande est la connaissance qui est placée entre deux Noms divins, comme il est écrit :<br />

« Car le Dieu/El des connaissances (est) l'Eternel/Avaya » (Samuel I, 2:3) ».<br />

754


Ceci signifie que lorsqu’on parvient à la grandeur d’esprit, la Miséricorde et les Bontés<br />

issues des deux Noms s’éveillent en sa faveur. Le Nom divin « El » équivalant à la Bonté,<br />

selon le verset : « La Bonté de Dieu/El toute la journée » (Ps. 52:3). Et (le Nom divin)<br />

l'Eternel/Avaya équivalant à la Miséricorde, selon le verset : « Grande est Ta<br />

miséricorde, l'Eternel » (idem 119:156).<br />

Il s'agit ainsi de l'explication du verset : « Heureux celui qui inculque le pauvre » – c’est<br />

lorsqu’il se trouve en « petitesse d’esprit » et qu'il s'inculque l'intellect qui le mène ainsi à<br />

la « grandeur d’esprit ». Dès lors, « au jour de la détresse, l’Eternel le sauvera » – tous<br />

les jugements s’adoucissent.<br />

Mais s’il ne peut, en lui-même, parvenir à la grandeur d’esprit, le conseil à suivre <strong>pour</strong><br />

cela est qu’il inculque l'intellect à d'autres. Grace à quoi ceci s'éveillera également en lui.<br />

TORAH 107<br />

« Lorsque tu sortiras en guerre contre tes ennemis etc., alors tu captureras des<br />

prisonniers » (Dévarim 21:10).<br />

Telle est l’explication : « Lorsque tu sortiras en guerre contre tes ennemis » –<br />

(l’ennemi) il s’agit du mauvais penchant.<br />

« Et que l'Éternel ton Dieu les livrera en ton pouvoir », autrement dit, Il te donnera le<br />

mauvais penchant, au sens de : Il te livrera.<br />

« L'Éternel ton Dieu, en ton pouvoir », selon le sens : « Le Juste gouverne par la crainte<br />

de Dieu » (Samuel II, 23:3).<br />

La Torah nous donne un conseil en cela : « Alors, tu captureras ses prisonniers » – en<br />

d’autres termes, tu le vaincras avec les mêmes armes qu'il utilise en vue de te vaincre,<br />

c'est-à-dire par l’arrogance. C'est en cela que tu le vaincras. En lui disant : « Comment<br />

<strong>pour</strong>rais-je dominer si je possède de l’orgueil, alors que le Saint béni soit-Il ne réside pas<br />

avec moi ». Et ceci est suffisant <strong>pour</strong> celui qui comprend.<br />

TORAH 108<br />

755


« Les sacrifices agréables à Dieu, c’est un souffle (d’esprit) brisé » (Ps. 51:19).<br />

Nous savons que (Vayikra Raba 7) : l'Holocauste/'Ola est sacrifiée <strong>pour</strong> expier des<br />

mauvaises pensées du cœur, comme l’évoque le verset : « Qui monte/’Olé en votre esprit »<br />

(Ezéchiel 30:32). Autrement dit, « l'Holocauste/'Ola » est apporté <strong>pour</strong> racheter les<br />

pensées impropres du cœur où réside le souffle (d’esprit).<br />

Or, « Dieu béni soit-Il ne considère pas la pensée comme une action, à l’exception des<br />

pensées idolâtres » (Kidouchin 40a). Or voici que la pensée idolâtre concerne tout<br />

homme.<br />

C'est-à-dire, après avoir commencé à prier avec ferveur, ou après avoir commencé à<br />

faire Hitbodedouth (dialogue avec Dieu), et qu’au milieu de la prière ou de<br />

l’Hitbodedouth, on chute de niveau, c’est de l’ordre des « pensées idolâtres ».<br />

En effet, toutes les chutes proviennent d’une altération de la foi. Et lorsque la foi est<br />

altérée, on détourne son visage de Dieu béni soit-Il, comme il est écrit : « Ils se sont<br />

détournés en arrière » (Isaïe 1:4). Dieu béni soit-Il dissimule alors, à Son tour, Sa Face de<br />

lui, et il en résulte donc une situation de « dos à dos ». Il faut donc apporter un<br />

« Holocauste/'Ola » <strong>pour</strong> y remédier.<br />

Ainsi, ce dont relève « l'Holocauste/'Ola » consiste à briser son souffle (d’esprit) au fond<br />

de soi, d'éprouver de la honte et de penser intérieurement : « Comment ai-je pu chuter et<br />

être relégué des cieux à la terre, moi qui étais à un endroit si élevé. Je suis à présent<br />

tombé et j’ai détourné mon visage de Dieu béni soit-Il, étant désormais dos à dos ». On se<br />

prend en pitié, car il n’existe pas de pitié plus grande que celle-ci.<br />

Dans ce cas, une scission est nécessaire, comme ce fut le cas avec Adam le premier<br />

homme, qui fut créé en « double-face », « dos à dos » (Brakhot 61a), et fut incisé avant de<br />

devenir « face-à-face ».<br />

Cette scission relève du Nom divin « ‘HaTaKH /Découpe », comme l’indiquent les<br />

Kavanot : « Les lettres finales de « Potéa’H èT YadéKHa/Ouvre Ta Main » (Ps. 145:16)<br />

forment le mot ‘HaTaKH ».<br />

756


Autrement dit il s'agit d'un découpage et d'une scission que l'on effectue en soi-même :<br />

ce nom ‘Hatakh est formé grâce à la brisure effectuée lorsque l'on brise son cœur. En<br />

effet, lorsque l'on brise son cœur, on soupire inévitablement. On expire donc un souffle<br />

et l'on inspire un souffle, il s’agit donc de deux souffles, et la valeur numérique de deux<br />

fois « Souffle (d’esprit)/Roua’h » équivaut à celle de ‘Hatakh.<br />

Il s'agit donc de la notion de scission grâce auquel on parvient à la dimension de "face-àface".<br />

C’est ce qui correspond à « l’Holocauste/'Ola ». Et c’est ce dont il s'agit dans : « Les<br />

sacrifices agréables à Dieu », c’est-à-dire, l'Holocauste/'Ola, « c’est un souffle<br />

(d’esprit) brisé ».<br />

[Depuis la Torah 73 « Quand tu passeras », jusqu’ici, il s’agit des manuscrits des<br />

‘Havérim. Il y a également des petites parties qui furent dites avant (le voyage de<br />

Rabénou en) terre d’Israël. De manière générale, le langage n’est pas du tout clair à tel<br />

point qu’à certains endroits, il est difficile de comprendre de quoi il s'agit. Mais partout<br />

où j’ai pu corriger, je l’ai fait un peu. J'ai cependant laissé le reste tel quel. Car ces paroles<br />

dégagent, d’une manière ou d’une autre, beaucoup de paroles de morale, des<br />

développements (introductifs) extraordinaires et des conseils redoutables, afin de se<br />

rapprocher de Lui, béni soit-Il.]<br />

TORAH 109<br />

« Il existe un soupir effectué sur la terre et qui amène des Justes à agir comme des<br />

mécréants… » (Kohélet 8:14).<br />

Explication : le soupir est le souffle de la bouche qui sort de la gorge, à partir des soupirs que<br />

l'on effectue, chacun selon son niveau : « les Justes en avanceront et les méchants en<br />

chuteront » (Osée 14:10).<br />

Il peut y avoir un mécréant qui tout au long de sa vie, soupire et gémit sur le passé. Il y a<br />

aussi, à Dieu ne plaise, un Juste depuis le début, mais qui regrette ses actes premiers, et qui<br />

gémit et soupire aussi.<br />

757


On trouve ainsi deux cordes : une corde de sainteté et, à son opposé, d’impureté. Le librearbitre<br />

est entre nos mains : celui qui se sanctifie s’attache à la corde de sainteté, et au<br />

contraire, à Dieu ne plaise, celui que se rend impur se lie à la corde d’impureté.<br />

Ainsi, le soupir et le gémissement correspondent à la mort du corps et de l’âme. Du corps,<br />

comme l’enseignent nos maîtres, de mémoire bénie : « Un soupir brise le corps de<br />

l’homme » (Brakhot 58b). De l’âme également, car nous savons qu’il est écrit : « Tu<br />

augmentes leur souffle et ils expirent » (Ps. 104:29), <strong>pour</strong> dire qu'avant la mort, leur souffle<br />

s’accroît, et c'est alors qu'ils expirent.<br />

Il en va de même du soupir et du gémissement : si tu fais bien attention à la façon dont il est<br />

amené vers la gorge, il s'agit bien de « Tu augmentes leur souffle », car le temps d’un court<br />

instant, son souffle s’accroît, et il <strong>pour</strong>rait en un court instant presque mourir et expirer.<br />

Ainsi, celui qui soupire et gémit <strong>pour</strong> ses fautes et souhaite se repentir, dans ce soupir, il<br />

meurt et se retire du mal qui se trouvait en sa possession, de l'ordre de « Tu augmentes leur<br />

souffle et ils expirent ». Il s’attache ainsi à la sainteté. De même à l’inverse, à Dieu ne plaise,<br />

celui qui soupire et gémit sur le bien qui est en sa possession, et qui souhaite s’attacher à<br />

l’impureté, son souffle de sainteté meurt et se retire.<br />

C'est ce dont il s'agit dans « Il existe un soupir », autrement dit, un souffle de la bouche<br />

relative au soupir et au gémissement que l'on exprime.<br />

« Dont des Justes », qui regrettent leurs actions passées (dans le bien), et un souffle sort de<br />

leur bouche, du fait du soupir, « qu’ils agissent comme les mécréants », puisqu'ils sont<br />

attachés à l'Autre côté et à l’impureté.<br />

« Et il y a des mécréants », qui soupirent et gémissent (sur leurs fautes), et grâce au souffle<br />

qui sort de leur bouche, « ils leur arrivent qu’ils agissent comme les Justes », car ils se<br />

dissocient de l’impureté et se lient à la sainteté.<br />

Voici le Principe : « l’un est en contraste de l’autre » (Kohelet 7:14). L'on doit tirer sa vitalité<br />

de l’une des deux cordes car dès qu’on se dissocie de l'une de ces cordes, on se relie à l’autre<br />

corde. C’est <strong>pour</strong>quoi, il est bon de s’habituer à soupirer <strong>pour</strong> ses actions peu<br />

recommandables, ainsi que de désirer et d'aspirer par la force de ce soupir à revenir vers Dieu<br />

béni soit-Il. En effet, grâce à ce soupir, on se coupe de la corde d’impureté et l'on se relie à la<br />

corde de sainteté.<br />

758


[J’ai trouvé également un manuscrit des ‘Havérim traitant de ce sujet. Il y est expliqué plus<br />

clairement la grande importance du soupir de sainteté. Il y est expliqué que le soupir que<br />

pousse un homme <strong>pour</strong> ses fautes, ou <strong>pour</strong> le faible niveau de sa compréhension, est beaucoup<br />

plus efficace que bien des mortifications et autres jeûnes. En effet, en jeûnant, on ne brise que<br />

le corps. Le soupir, par contre, brise tout le corps, et de plus, fait permuter l’âme et l’énergie<br />

de vie, du mal vers le bien. En effet le souffle de l’homme représente la corde reliant l’âme à<br />

sa source, <strong>pour</strong> le bien ou <strong>pour</strong> le contraire, à Dieu ne plaise. Ainsi, lorsqu’il soupire, il entre<br />

dans la catégorie de « Tu augmentes leur souffle et ils expirent ». Dès lors, il se dissocie de la<br />

corde à laquelle il était jusqu’à présent attaché, <strong>pour</strong> se relier à l'autre corde, selon le soupir,<br />

etc., comme cité plus haut.]<br />

TORAH 110<br />

« Ce livre de la Torah ne quittera pas ta bouche » (Josué 1:8).<br />

La Torah est spiritualité. Ainsi, lorsqu’un homme est pur et agit avec droiture, que son esprit<br />

est spirituel, il est alors apte à saisir l’ensemble de la Torah sans rien en oublier. En effet, une<br />

chose spirituelle n’occupe pas de place, et la Torah peut donc se répandre et résider dans son<br />

esprit.<br />

En revanche, si l'on matérialise les paroles de la Torah et que l'on fait d’elle une chose<br />

concrète, celle-ci acquiert alors une mesure et une limite jusqu'à laquelle l'esprit <strong>pour</strong>ra saisir,<br />

mais pas plus. Et si l'on souhaite en saisir davantage, ce qui est déjà entré dans l'esprit en sera<br />

repoussé. Il en va ainsi de toute chose matérielle. Lorsque c'est déjà plein, et que l’on souhaite<br />

le remplir davantage, le contenu premier sera éjecté. C'est de là que vient l’oubli.<br />

C’est ce dont il s'agit dans :<br />

- « Ce livre de la Torah ne quittera/ yaMouCH pas », au sens de<br />

MaMaCHout/matérialisation, comme l’indique le verset : « Et l’obscurité sera<br />

concrète/VéyaMeCH » (Chémot 10:21). Autrement dit, prends garde à ce qu’il n’y ait ni<br />

concrétisation ni matérialisation des paroles de Torah. – « De ta bouche », c’est-à-dire, à<br />

cause de ta bouche, de ce qui en sort, et qui risque d’exprimer concrétisation et<br />

matérialisation. Garde-toi de cela.<br />

759


De plus, c'est ce dont il s'agit dans l’enseignement de nos sages de mémoire bénie $(Baba<br />

Metsia 85a) : « Rav Yossef jeûna quarante jours afin de garder en mémoire son étude. On lui<br />

montra le verset : « Ils ne quitteront/yaMouCHou pas ta bouche » (Isaïe 59,21) et il jeûna à<br />

nouveau durant quarante jours, etc. On lui montra le verset : « Ni de la bouche de ta<br />

descendance… » (idem). En d’autres termes, <strong>pour</strong> que ces paroles ne deviennent pas<br />

matérielles et concrètes à cause de ta bouche, alors son étude se maintiendra. En effet, il n’y<br />

aura pas d’oubli, puisqu’une chose spirituelle n’occupe pas de place.<br />

TORAH 111<br />

Les initiales du verset : « Roch Bné Israël/la tête des Enfants d’Israël » (Chémot 30:12)<br />

forment (le mot) « RaBI/Maître ». De même, à l’inverse : « Réchaïm Ba’hochekh<br />

Yidamou/les méchants périront dans l’obscurité » (Samuel I 2:9) a également <strong>pour</strong> initiales le<br />

mot « RaBI ».<br />

TORAH 112<br />

Hiver 5563<br />

« Tu feras un éclairage/Tsoar <strong>pour</strong> l'arche. Tu la termineras (l’arche) en haut à la largeur<br />

d'une coudée. Tu placeras l'ouverture de l'arche sur son côté. Tu la composeras d'un pont<br />

inférieur, d'un second et d'un troisième » (Bér. 6:16)<br />

Rachi explique "éclairage/Tsoar" ainsi : « certains disent qu’il s’agit d’une pierre précieuse,<br />

et certains disent qu’il s’agit d’une fenêtre ». Nous savons que « Les malveillants rôdent aux<br />

alentours » (Ps. 12:9), car l’Autre côté entoure la sainteté. En effet, « l’un en face de l’autre<br />

fit Dieu » (Kohélet 7:14).<br />

En particulier en ce qui concerne celui qui est déjà attiré vers les transgressions, à Dieu ne<br />

plaise, et qui est attiré par l’Autre côté, qui est devenu son endroit, à Dieu ne plaise. Elles (les<br />

forces du mal) l’entourent de toutes parts, et lorsqu’il éveille son esprit <strong>pour</strong> revenir à Dieu, il<br />

760


lui est très difficile de prier et de prononcer des paroles devant l’Éternel, puisqu'elles<br />

l’entourent de tous côtés, chacun selon sa part.<br />

Ainsi, en conséquence de son impossibilité à exprimer une parole devant Dieu avec la crainte,<br />

l’amour et la vitalité nécessaires, il en découle que toutes les paroles et toutes les prières qu’il<br />

prononce ne peuvent transpercer les séparations et les écrans qui s’interposent, empêchant<br />

(ses paroles) de s’élever vers le haut, restant donc en bas, sous les écrans.<br />

Jusqu’au moment où il mérite de revenir (vers Dieu) véritablement. Il prononce alors des<br />

paroles adéquates, à même d’être agréées, avec crainte et amour, du plus profond du cœur et<br />

d’une forte exaltation. Dès lors, cette parole lumineuse transperce toutes les séparations et<br />

écrans qui s’interposent, et toutes les paroles qui étaient jusqu’à présent bloquées en bas<br />

s’élèvent avec elle.<br />

Or, comment <strong>pour</strong>ra-t-on mériter cela ? – Le principe dont tout dépend n'est autre que la<br />

vérité, à savoir, suivre la voie de la vérité, selon son niveau.<br />

En effet, « le sceau du Saint béni soit-Il est la vérité » (Chabat 55a). Il s'agit donc du<br />

fondement de tout, car la vérité constitue le début, le milieu et la fin.<br />

Dès que l’on se trouve au niveau de la vérité, la lumière de Dieu béni soit-Il elle-même<br />

s’habille en nous-même, si l’on peut s’exprimer ainsi. Car Son sceau est la vérité, et il est<br />

alors dit : « L’Éternel est ma lumière et mon secours » (Ps. 27:1).<br />

Ainsi, puisque l'Eternel est sa lumière, on <strong>pour</strong>ra trouver de nombreuses ouvertures afin de<br />

sortir de l’obscurité et de l’exil dans lesquels on est enfermé.<br />

Et en vérité, il existe là-bas (dans l’obscurité et l’exil) de nombreuses ouvertures, comme l’ont<br />

enseigné nos maîtres, de mémoire bénie : « Celui qui veut se rendre impur, on lui ouvre (les<br />

portes) » (Mena’hot 29b). Il existe ainsi de nombreuses ouvertures, et c’est à travers de ces<br />

nombreuses ouvertures, qu’il y a la possibilité d’en sortir.<br />

Seulement « le sot marche dans l’obscurité » (Kohélet 2:14), et ne distingue pas les<br />

ouvertures <strong>pour</strong> en sortir. Il y est donc enfermé et enchaîné là-bas, sans qu’on lui permette<br />

d’en sortir, jusqu’à ce qu’il ait le mérite de prononcer des paroles de vérité devant l'Eternel. À<br />

partir de ce moment, les paroles éclairent et l’Éternel devient une lumière <strong>pour</strong> lui. Dès lors, «<br />

L’ouverture de Tes paroles éclaire et donne de l’intelligence aux simplets » (Ps. 119:130), ce<br />

qui signifie que les paroles lumineuses, autrement dit les paroles de vérité, lui éclairent<br />

761


l’ouverture (<strong>pour</strong> sortir). C’est le sens de la fin du verset : « donne de l’intelligence aux<br />

simplets », les simplets sont ceux confinés dans l’obscurité sans voir comment en sortir, alors<br />

eux, comprendront et distingueront l’ouverture qui leur permettra de sortir de l'obscurité, ainsi<br />

qu’il est écrit : « En disant aux captifs : sortez ! À ceux qui sont dans l’obscurité : partez !<br />

» (Isaïe 49:9).<br />

Cependant, cette vérité doit être une vérité absolue, claire, limpide et irréprochable. D'ailleurs,<br />

une personne avisée et intelligente devrait prier toute sa vie <strong>pour</strong> mériter, (ne serait-ce qu’)<br />

une fois dans sa vie, d'exprimer une parole de vérité devant Dieu, comme il se doit !<br />

Certes, il existe en ce domaine, différents niveaux : celui qui parvient à ce degré de vérité<br />

authentique, lui-même devient lumineux, car la lumière divine s’est habillée en lui. En<br />

revanche, en ce qui concerne celui qui n’est pas encore parvenu à ce stade suprême de vérité,<br />

mais se trouve néanmoins à un certain niveau de vérité, quand bien même ne brille-il pas par<br />

lui-même, car il n’a pas atteint la vérité authentique, cette vérité lui sert car un autre<br />

(possédant une vérité plus grande) l'éclairera. Il y a ici différents niveaux qu’une personne<br />

sagace <strong>pour</strong>ra comprendre d’elle-même.<br />

De plus, nous savons qu’il existe trois mondes : le monde des anges, le monde des astres, et le<br />

monde matériel. Le Saint béni soit-Il les fait tous vivre et subsister par Sa volonté. C’est ainsi<br />

que celui qui mérite la vérité au point que l'Eternel brille en lui, si l’on peut dire, celui-ci<br />

maintient le monde et prodigue le flux d’abondance aux trois mondes.<br />

C’est ce qui est écrit : « Tu feras un éclairage <strong>pour</strong> l’arche », autrement dit, tu parleras des<br />

paroles de vérité qui éclairent, et sur ce point, Rachi commente – « certains disent qu’il s’agit<br />

d’une pierre précieuse, et certains disent qu’il s’agit d’une fenêtre » – ce sont les deux<br />

niveaux dont nous avons parlé.<br />

Celui qui est au niveau de la vérité absolue, brille de lui-même. C'est ce dont il s'agit dans<br />

« certains disent » des paroles de vérité car ils sont équivalent à des « pierres précieuses » –<br />

il brille de lui-même.<br />

En outre, « certains disent » des paroles de vérité, mais ils ne sont toutefois pas du niveau<br />

précédent, car ceux-ci sont équivalents à une « fenêtre » – (seul) un autre <strong>pour</strong>ra l'éclairer, à<br />

l'instar d'une fenêtre.<br />

762


Il s’agit bien de la différence entre une pierre précieuse et une fenêtre. En effet, la pierre<br />

précieuse brille d’elle-même, contrairement à la fenêtre qui ne peut recevoir sa brillance que<br />

par l’intermédiaire d’un autre élément, comme le soleil notamment, qui l'éclaire.<br />

Au sujet de « à la largeur d'une coudée/AMa » – la parole est appelée "AMa". En effet,<br />

"AMa" est formé, d’une part, des initiales de Ech/feu et Maïm/eau, car la parole est constituée<br />

des deux. Et d’autre part du Hé, qui équivaut aux cinq articulations de la bouche.<br />

« À la largeur d’une coudée » signifie que tu prononces des paroles et que « tu<br />

termineras/téKhaLéna en haut », au sens de « Mon âme aspire/KaLeta » (Ps. 84:3)<br />

tellement, qu’elles soient désirées en haut, (c'est-à-dire) qu’elles soient des paroles de vérité<br />

qui brillent.<br />

Dès lors, « tu placeras l'ouverture de l'arche sur son côté/béTSiDah ». TSiDah au sens de :<br />

« du gibier/TSaïD dans sa bouche » (Béréchit 25:28). Il s'agit donc du mauvais penchant et<br />

de l'Autre côté. Ce qui signifie que tu parviendras à créer une ouverture dans l'Autre Côté et<br />

dans l’obscurité qui entourent de tous côtés. En d’autres termes, tu devras veiller à créer une<br />

ouverture dirigée précisément « sur le côté », c’est-à-dire contre l'Autre côté, qui est appelé<br />

"Capture/Tsida". En effet, c'est d'après l’intensité de la capture et de l'Autre côté, exactement<br />

en fonction de cela, que tu devras effectuer une « ouverture <strong>pour</strong> l’arche » : ce sont des<br />

paroles de vérité. Comprends bien cela.<br />

L’essentiel de ce que nous voulons dire est ceci : Lorsque l'on est enfoncé dans la plus<br />

profonde noirceur de l’obscurité et de l'écorce, et que l’on est enfermé et captif au sein des<br />

ténèbres profondes, qui entourent et encerclent de tous côtés et de toutes parts, dans de<br />

nombreux encerclements, à Dieu ne plaise, et que l'on reste démuni de toute ouverture, de<br />

toute solution, de toute échappatoire <strong>pour</strong> sortir de cette obscurité, dès lors, le conseil majeur<br />

à suivre est de se diriger vers la vérité, de réfléchir à la vérité absolue et de ne demander (rien<br />

d'autre) que la vérité authentique.<br />

Il n’existe contre cela nulle obscurité ni encerclement qui puisse l’assombrir, car la vérité<br />

n’est autre que Dieu béni soit-Il Lui-même. Selon le sens de : « Dieu est ma lumière ». Et<br />

puisque Dieu est une lumière <strong>pour</strong> lui, il n’y a pas la moindre obscurité qui puisse l’obscurcir.<br />

On réussira très certainement à voir les ouvertures afin de sortir de l'obscurité, selon : «<br />

L’ouverture de Tes paroles éclaire et donne de l’intelligence aux simplets ». Comprends bien<br />

ceci.<br />

763


L’essentiel de tout ceci se fera à travers la prière, la supplication et la requête. Et si malgré la<br />

profondeur de l’obscurité et du trouble qui cerne tant et tant de toutes parts, il soit impossible<br />

de prononcer la moindre parole de prière et de supplication, malgré tout, quoi qu’il en soit, on<br />

devra s’évertuer à exprimer une parole avec sincérité, quelle que soit la bassesse du degré<br />

dans lequel on se trouve.<br />

Par exemple, lorsque l'on déclare « Dieu, délivre-moi » avec sincérité, même si l’on n’est pas<br />

en mesure de parler avec l'exaltation et l'éveil requis, en dépit de cela, on devra dire des<br />

paroles véridiques, selon l'état actuel. Et grâce à cette parole de vérité, on aura le mérite de<br />

distinguer les ouvertures à l’intérieur de l’obscurité, et de la sorte, on parviendra à sortir de<br />

l’obscurité vers la lumière, afin de prier convenablement. [Consulte tout ceci déjà LMI-9].<br />

De plus, en arrivant à percer une ouverture afin de sortir, on en fera également profiter<br />

d’autres : on éveillera au repentir d’autres impies en les faisant sortir de l’obscurité et de l’exil<br />

dans lesquels ils sont emprisonnés. C’est aussi le sens de : « Tu placeras l'ouverture de<br />

l'arche sur son côté », à savoir, que tu feras une ouverture en faveur de ceux qui se trouvent<br />

"sur le côté", c’est-à-dire, "de l’autre côté" – non pas du côté de la sainteté, mais de l'Autre<br />

côté. On effectuera donc une ouverture, afin d’éveiller leurs cœurs et les ramener et les faire<br />

sortir de l’obscurité. C’est alors que : « d'un pont inférieur, d'un second et d'un troisième »<br />

– allusion aux trois mondes, « Tu la composeras » – en effet, c'est toi qui les fais subsister<br />

véritablement.<br />

En outre, ces paroles englobent d’autres sujets magnifiques concernant la prière, chacun selon<br />

son niveau. Ainsi, sur ce point, le thème des étoiles et des constellations, de quelle manière<br />

elles sont formées selon l’influence de la prière, lorsque l’on prodigue le flux d’abondance à<br />

toute chose. La notion abordée par nos sages de mémoire bénie $(Béréchit Raba 10:6) : « Il<br />

n’y a pas une seule plante qui n’ait son étoile », s'y trouve aussi incluse, car on déverse la<br />

bénédiction sur tout, grâce aux paroles de vérité.<br />

De même, (y est inclus) le sujet des différents rites du rituel de prière, car il existe douze<br />

portails, comme on le sait, et il faut donc élever sa prière jusqu’au portail correspondant à sa<br />

Tribu. En effet, si elle (la prière) arrive au portail d’une autre Tribu, elle ne <strong>pour</strong>ra pas<br />

s’élever. C’est ce dont il s'agit dans : « Une étoile chemine de Yaacov et ainsi une Tribu se<br />

lève de Israël » (Bamidbar 24:17).<br />

764


"Se lève" – « Il n'y a aucun "lever" qui ne soit pas prière » (Brakhot 6b), d’une part ; et<br />

d’autre part, « une Tribu de Israël » : cela signifie donc qu'il faille élever sa prière vers la<br />

Porte de sa Tribu (en particulier parmi toute l’Assemblée d’Israël).<br />

Voici donc ce dont il s'agit dans « Une étoile chemine de Yaacov » : ceci est la réalisation<br />

d’une union en-Haut. En effet, « chemine/DaRaKh » renvoie à la notion d’union (intime),<br />

selon le verset de : « Car toute chair a corrompu son chemin/DaRKo » (Béréchit 6:12).<br />

C’est en cela qu’Aba Binyamin n’eut de cesse, sa vie durant, de peiner <strong>pour</strong> que « sa prière<br />

soit proche de son lit » (Brakhot 5b), car : « Vous enverrez chaque homme selon la<br />

Tribu/Maté de ses pères » (Bamidbar 13:2). Cela signifie qu'il faut envoyer la prière vers la<br />

Tribu de ses ascendants, celle qui correspond à sa Tribu. Autrement dit, qu’elle « soit proche<br />

de mon lit/MiTati », est à rapprocher de sa Tribu/MaTé.<br />

D’autre part, (suite de Brakhot 5b) : « … et que mon lit se situe entre le nord et le sud ». Car<br />

nos maîtres de mémoire bénie ont enseigné : « Celui qui désire la sagesse se dirigera vers le<br />

sud, et celui qui désire s'enrichir se dirigera vers le nord » (Baba Batra 25b). Or en toutes<br />

choses, la voie du milieu est la meilleure, comme nous le savons, ainsi (qu’il est dit dans Avot<br />

2:2) : « C’est du bien lorsque la Torah (est associée) à la voie d’usage » [c’est-à-dire la<br />

sagesse et la richesse]. Autrement dit, entre nord et sud : que la prière, concept de "son lit",<br />

soit au milieu entre les deux [c’est-à-dire, entre la sagesse et la richesse, correspondant au<br />

nord et au sud : « Celui qui désire la sagesse se dirigera vers le sud, et celui qui désire<br />

s'enrichir se dirigera vers le nord »].<br />

C'est ce dont il s'agit dans : « Tu placeras l'ouverture de l'arche sur son côté », autrement<br />

dit, tu prieras des paroles de vérité, de sorte qu'elles s’élèvent vers leur endroit jusqu’au<br />

portail de sa Tribu. C'est-à-dire « Tu placeras sur son côté », que tu places l’ouverture de<br />

l’arche – soit les paroles de vérité de la prière – sur son côté, au portail de sa Tribu qui lui<br />

revient. Ce sujet est profond [consulter tout ceci dans LMI-9].<br />

En rapport avec ce qui est écrit plus haut :<br />

En effet, en vérité, il existe là-bas (dans l’obscurité et l’exil) de nombreuses ouvertures,<br />

comme l’ont enseigné nos maîtres, de mémoire bénie : « Celui qui veut se rendre impur, on<br />

lui ouvre » (Mena’hot 29b). Il y a donc de nombreuses ouvertures, mais puisqu’il y a de<br />

nombreuses ouvertures [par lesquelles il est tombé], demeure aussi la possibilité d’en sortir.<br />

Seulement « le sot marche dans l’obscurité » (Kohélet 2:14), etc.<br />

765


Alors que j’entendis tout ce développement, directement de sa sainte bouche, je me suis<br />

adressé à lui, que son souvenir soit une bénédiction, comme quoi, apparemment, ceci suscite<br />

une difficulté, puisque nos Sages ont affirmé au même endroit (Mena’hot 29b) : « Pour quelle<br />

raison ce monde fut-il créé par la lettre Hé ‏(ה)‏ ? (et de répondre) Parce qu’il ressemble à un<br />

corridor [que Rachi commente : parce que ouvert en dessous],<strong>pour</strong> que tout celui qui souhaite<br />

sortir, sorte » [que Rachi commente : tout celui qui souhaite sortir <strong>pour</strong> l'immoralité, qu’il<br />

sorte]. Et <strong>pour</strong>quoi la jambe du Hé est-elle suspendue (c'est-à-dire, ne rejoint pas le<br />

toit) ? Parce que s’il se repent, on lui fait regagner (ce monde) par cette ouverture en<br />

question [que Rachi commente : On le fera entrer par cette ouverture supérieure, située entre<br />

la jambe et son toit]. Mais qu’il entre par la porte par laquelle il est sorti ? (et de<br />

répondre) Cela serait bien trop difficile [que Rachi commente : Pourquoi ne peut-il entrer par<br />

l’ouverture inférieure d’où il était sorti ? Cela serait bien trop difficile, car celui qui désire se<br />

purifier a besoin d’aide, en raison du mauvais penchant (qui s’est attaché à lui). Et c’est la<br />

raison <strong>pour</strong> laquelle on lui aménage une aide sous forme d'une ouverture supplémentaire].<br />

Il apparaît donc, au vu de ce qui vient d’être expliqué, qu’il est impossible de s’extraire de<br />

l’impureté et de se repentir par l’ouverture par laquelle il était tombé, comme l’expliquent<br />

clairement le Talmud et Rachi. Donc, à priori, ceci contredit ce qui est écrit plus haut, à savoir<br />

qu’il est possible de sortir de l’impureté grâce aux ouvertures présentes dans l’impureté ellemême.<br />

Il me répondit succinctement : « Ta question est bonne, ce sujet renferme une signification<br />

plus profonde : si l'on parvient au mérite de voir les issues qui se trouvent là-bas, on <strong>pour</strong>ra<br />

sortir par les ouvertures de la chute d’un autre. En effet, la descente et la chute d'untel<br />

correspondent à l’ascension de tel autre. Comprends cela. En d’autres termes, il arrive que ce<br />

qui est considéré comme une chute et une descente chez l’un, qui se situe à un niveau plus<br />

élevé, est considéré chez l'autre comme une ascension, au regard de son bas niveau. Par<br />

conséquent, bien qu'il soit impossible de remonter par les ouvertures par lesquelles on avait<br />

soi-même chuté, mais seulement par une ouverture plus élevée comme expliqué dans le<br />

Talmud, malgré tout, si l'on pouvait seulement voir les issues qu'il y a dans l’impureté, on<br />

<strong>pour</strong>rait en ressortir en grimpant par les ouvertures d'une autre personne plus élevée, au<br />

travers desquelles il aurait chuté. En effet, la descente et la chute de son prochain sont<br />

766


considérées <strong>pour</strong> lui comme une élévation. Cependant, il est impossible de réussir à voir les<br />

ouvertures qui s'y trouvent ni de remonter à travers elles, autrement qu'au moyen de la vérité,<br />

en s'habituant à exprimer dans sa prière une parole de vérité, selon son niveau. Ainsi, en dépit<br />

de l’obscurité, des obstacles et des désordres qui le troublent, qui l’assaillent et qui<br />

l'encerclent de toutes parts et de tous les côtés, qui le perturbent au plus haut point, à tel point<br />

qu’il ne parvient plus du tout à prier, malgré tout, on devra veiller à dire une parole avec<br />

vérité, quel que soit le niveau auquel il se trouve. On s’emploiera donc sans cesse à se<br />

focaliser sur la vérité absolue. De la sorte, on obtiendra le mérite d’être éclairé par Dieu béni<br />

soit-Il Lui-même et l'on <strong>pour</strong>ra alors apercevoir les ouvertures qui se trouvent là-bas. On<br />

parviendra ainsi à sortir de l’obscurité vers la grande lumière. Vois en détail là-bas.<br />

Il me dit alors, que grâce à ce conseil, on peut devenir un être Cachère véritablement tout le<br />

reste de sa vie. En effet, d’une manière ou d’une autre, on peut retrouver vie et se renforcer<br />

grâce à cela, grâce à la vérité, qui constitue la lumière de Dieu béni soit-Il Lui-même, au sujet<br />

duquel « Les ténèbres mêmes ne sont pas obscures <strong>pour</strong> Lui » (Ps. 139:12).<br />

En effet, il n’existe aucune impureté au monde qui ne contienne des ouvertures permettant<br />

d’en sortir. Seulement, on ne les distingue pas, du fait de l’importance de l’obscurité qui s’y<br />

trouve. Cependant, grâce à la vérité, Dieu béni soit-Il Lui-même l’éclaire, et l'on parviendra à<br />

voir et à trouver une ouverture et un espoir, y compris au plus profond de sa chute, afin de<br />

sortir de l’obscurité vers la lumière et se rapprocher de Lui, béni soit-Il, véritablement et<br />

constamment. Amen et amen.<br />

TORAH 113<br />

« On s'acquitte de l’homme, qu’il en ait conscience et qu’il n’en ait pas conscience »<br />

(Pirké Avot 3:16).<br />

J’ai entendu ceci, au nom du Baal Chem Tov : avant chaque sentence décrétée en ce<br />

monde, à Dieu ne plaise, on rassemble toute la création à qui l’on demande si elle<br />

approuve cette sentence.<br />

Or, même <strong>pour</strong> l’individu personnellement sur qui une sentence est décrétée, à Dieu ne<br />

plaise, on lui demande s’il approuve cette sentence, et c’est alors qu’est entérinée la<br />

sentence, à Dieu ne plaise.<br />

767


Voici ce dont il s'agit : évidemment, si on le questionnait lui-même explicitement,<br />

sûrement que celui-ci objecterait en arguant que le jugement n’est pas conforme. Par<br />

contre, si on le trompe en l’interrogeant sur un cas semblable, lorsqu’il tranchera le<br />

jugement (sur l’autre), c'est alors que la sentence (sur lui-même) sera entérinée.<br />

Nous en trouvons un exemple avec le roi David, que son souvenir soit une bénédiction,<br />

lorsque le prophète Nathan vint le trouver, lui racontant l’épisode de l’invité. Il s’exclama<br />

et répondit : « Par le Dieu vivant etc. et la brebis etc. » (Samuel II, 12:5-6). C’est ainsi que<br />

la sentence fut décrétée sur David, selon ce qui sortit de sa propre bouche.<br />

C'est ce dont il s'agit ici : « On s'acquitte de l’homme, qu’il en ait conscience »,<br />

autrement dit, on lui demande son opinion ; mais malgré tout, « et qu’il n'en ait pas<br />

conscience », puisqu’il ne sait pas que le décret le concerne lui.<br />

Ce sujet est très profond, à savoir de quelle façon interroge-t-on tout homme. En effet, en<br />

toutes les paroles et histoires qu’un homme entend, il y décèlera des choses très hautes<br />

et très élevées. On devra donc y faire très attention, afin de ne pas décréter de jugement<br />

avant d’avoir soupesé à plusieurs reprises, car il y a un danger <strong>pour</strong> sa vie.<br />

Ces choses sont très anciennes. En effet, il y a en cela, concernant les histoires racontées,<br />

des implications très élevées.<br />

C'est ce dont il s'agit dans (Brakhot 5b) : « Ces souffrances te sont-elles agréables ? » Il<br />

répondit : « Ni elles etc. » (Il lui dit :) « Donne-moi ta main ». Il lui donna sa main et le<br />

releva ».<br />

En d’autres termes, si toi tu ne les désires pas, donne-moi ta main afin de confirmer que<br />

tu ne les désires pas véritablement. C'est <strong>pour</strong>quoi, dès qu’il lui donna la main, il le<br />

releva.<br />

TORAH 114<br />

768


« Il couvre le ciel de nuages et prépare la pluie <strong>pour</strong> la terre » (Ps. 147:8).<br />

La valeur des Justes cachés est vraiment le Bien, car ils sont en mesure de recevoir une<br />

abondance et une profusion de bien afin de les amener au monde. Et personne ne leur<br />

demande rien, personne ne les accuse de rien, puisqu’ils sont cachés et ne sont pas<br />

connus.<br />

Or, même <strong>pour</strong> celui (le Juste) qui est reconnu, lorsqu’une controverse le touche, ceci est<br />

bénéfique, car cette controverse le couvre, et lui permet ainsi d'amener l’abondance au<br />

monde, sans que l’on vienne pro<strong>test</strong>er ou l’accuser.<br />

C’est ce dont il s'agit dans : « Il couvre le ciel de nuages ». Le « Ciel/ChaMaïM »<br />

représente le Juste, du nom de "eCH/Feu" et "MaïM/Eau", c’est-à-dire, l’amour et la<br />

crainte. C’est en cela que le Juste est appelé "Ciel". Quant à « Il couvre le ciel de<br />

Nuages/'AVim », ils connotent avec « épaisseur/'AViou »t et matérialité, <strong>pour</strong> signifier<br />

que l’on recouvre le Juste avec une épaisseur et une dureté (envers lui), en s’opposant à<br />

lui et en le con<strong>test</strong>ant.<br />

Or, grâce à la couverture de cette controverse et de cette dureté (envers lui) : « et<br />

prépare la pluie <strong>pour</strong> la terre » – ainsi il <strong>pour</strong>ra amener l'abondance sans accusation.<br />

C’est ce dont il s'agit dans (Ps. 37:32) « Le méchant guette le Juste… » : le méchant qui<br />

s’oppose au Juste ici a seulement le rôle de « guetteur/TSoFé », au sens de<br />

« TSiPouï/couverture », c'est-à-dire dissimuler le Juste, afin qu’il puisse amener<br />

l’abondance.<br />

Par contre, « …et cherche à le tuer » (suite du verset) : si le méchant cherche à<br />

éradiquer et à tuer le Juste, à Dieu ne plaise, « l’Eternel ne l’abandonnera pas entre ses<br />

mains » (idem, 37:33).<br />

[Ce sujet est expliqué plus haut dans l’Enseignement 88, avec une formulation<br />

légèrement différente. Se référer également à l’Enseignement 208, sur le même sujet]<br />

TORAH 115<br />

769


« Le peuple se tint de loin, et Moché s'approcha du brouillard, car c'est là que se<br />

trouvait Dieu » (Chémot 20:18)<br />

En effet, celui qui toute sa vie marche dans la matérialité, et ensuite s’enflamme et désire<br />

s’engager sur les voies de Dieu béni soit-Il, l’attribut de rigueur vient alors l’accuser. Il ne<br />

le laisse pas suivre la voie de Dieu béni soit-Il et lui occasionne un obstacle. Mais Dieu<br />

béni soit-Il « désire la Bonté » (Michée 7:18), alors Il se dissimule, si l’on peut dire ainsi,<br />

dans cet obstacle [voir plus bas].<br />

Celui qui est un homme avisé, peut en observant cet obstacle, y trouver le Créateur béni<br />

soit-Il, comme le rapporte le Talmud de Jérusalem (Taanit 1:1) : « Si un homme te<br />

demande où se trouve ton Dieu, réponds-lui : « Dans la grande ville d’Aram », comme il<br />

est écrit : « Il m’appelle de Séïr » (Isaïe 21:11) ». Mais celui qui n’est pas un homme avisé,<br />

fait aussitôt marche arrière à la vue de l’obstacle.<br />

Ainsi, l'obstacle correspond à la nuée et au brouillard. En effet, la nuée et le brouillard<br />

équivalent à l’obscurité, or « obscurité/‘HoSHeKH » connote avec l'obstacle comme il est<br />

écrit : « Tu ne m'as pas refusé/Lo ‘HaSSaKHta » (Béréchit 22:16).<br />

C'est ce que signifie le verset : « Le peuple se tint de loin ». En effet, lorsqu'ils perçoivent<br />

le brouillard, autrement dit l’obstacle, ils se tiennent éloignés.<br />

Mais « Moché… » qui représente la Connaissance (Conscience) de tout Israël,<br />

« … s'approcha du brouillard, car c'est là que se trouvait Dieu », c’est-à-dire vers<br />

l’obstacle, dans lequel précisément, Dieu béni soit-Il se dissimulait.<br />

Nous avons également entendu de sa sainte bouche, un développement sur ce sujet, à<br />

savoir sur la dissimilation de Dieu béni soit-Il à l’intérieur de l’obstacle. Il a ainsi dit : « Le<br />

Saint béni soit-Il aime la justice » (Psaume 37:28). Mais aussi, Il aime Israël. Or l’amour<br />

qu’Il éprouve à l’égard d'Israël est plus grand que son amour de la justice $(Zohar 99b).<br />

Ainsi, lorsque l’attribut de justice vient accuser celui qui n’est pas digne de se<br />

rapprocher de Dieu béni soit-Il, ne le laissant pas s'engager sur la voie de la Vie, qui<br />

consiste à se rapprocher du Juste de Vérité et du chemin de Vérité, alors, puisque Dieu<br />

béni soit-Il aime la justice, Il se voit contraint, si l’on peut dire, d’accepter qu’on lui<br />

770


occasionne des obstacles <strong>pour</strong> lui interdire la voie de la vie, en fonction de ce qui lui<br />

revient, selon ses mauvaises actions, d’après la justice et l'équité.<br />

En effet, Dieu béni soit-Il ne peut pas repousser le jugement, puisqu’Il aime la justice.<br />

Néanmoins, puisqu'Il aime vraiment Israël, et que ce même amour <strong>pour</strong> Israël est plus<br />

grand que Son amour <strong>pour</strong> la justice, que fait donc Dieu béni soit-Il ? Il est, si l’on peut<br />

s’exprimer ainsi, tenu d’approuver les obstacles visant un homme à l’empêcher de<br />

s’approcher de la Vérité, du fait de la justice et du jugement qui planent contre lui, car<br />

Dieu aime la justice. Malgré tout, la vérité profonde reste que la volonté et le désir de<br />

Dieu béni soit-Il, c’est que l’homme se rapproche quand même de Lui, car Il aime Israël<br />

davantage que la justice.<br />

Par conséquent, Dieu béni soit-Il donne l’autorisation de lui occasionner des obstacles,<br />

mais Lui-même, béni soit-Il, se dissimule, si l’on peut dire, à l’intérieur de ces obstacles.<br />

Ainsi, celui qui est un homme avisé peut trouver Dieu béni soit-Il, au sein même des<br />

obstacles.<br />

Mais en réalité, il n'existe strictement aucun obstacle au monde, puisqu’au cœur même<br />

des obstacles se cache Dieu béni soit-Il. C'est donc par l’intermédiaire de ces obstacles,<br />

précisément, que l’on peut justement se rapprocher de Dieu béni soit-Il, car c’est là où Il<br />

se dissimule.<br />

C'est en cela que les mots « Moché s'approcha du brouillard », sont apparentés à<br />

l’obstacle, « car c'est là que se trouvait Dieu ».<br />

TORAH 116<br />

Celui qui donne la charité est préservé des transgressions.<br />

En effet, « tout homme qui éprouve de la compassion <strong>pour</strong> les créatures sera lui-même<br />

pris en pitié par le Ciel » (Chabat 151b). Mais, « Il est interdit d’avoir de la compassion à<br />

l’égard de tout homme dé<strong>pour</strong>vu de connaissance » (Brakhot 33a).<br />

Ainsi, dès qu’on le prend en pitié, on lui accorde inévitablement de la connaissance. Il se<br />

retrouve alors préservé d’en arriver à fauter, car « un homme ne commet de<br />

transgression qu’à partir du moment où un vent de folie entre en lui » (Sota 3a).<br />

771


En revanche, lorsqu’il est doté de connaissance, il est déjà préservé des transgressions,<br />

amen, qu’il en soit ainsi.<br />

TORAH 117<br />

Pourquoi il est difficile de trouver le sommeil à la sortie du Chabat.<br />

À l’issue du Chabat débute le dévoilement du prophète Eliyahou, comme l’ont enseigné<br />

nos sages, de mémoire bénie : « Eliyahou ne viendra ni Chabat, ni la veille de Chabat,<br />

mais il <strong>pour</strong>ra venir à la sortie de Chabat » (Erouvin 43b). C’est <strong>pour</strong>quoi, débute alors la<br />

révélation d’Eliyahou.<br />

De plus, nos maîtres ont affirmé : « Eliyahou ne viendra que <strong>pour</strong> éloigner ceux qui ont<br />

rapproché par la force et <strong>pour</strong> rapprocher ceux qui ont été éloignés par la force »<br />

(Edouyot 8:7), autrement dit, <strong>pour</strong> éloigner le mensonge et rapprocher la vérité.<br />

C’est ce dont il s'agit dans ce que nos sages de mémoire bénie ont dit dans le Zohar $(II<br />

188a) : « Un hérétique questionna : Il est écrit « Un langage de vérité sera établi » (Prov.<br />

12:19). Rabbi Elazar répliqua : Le verset ne dit pas "Tu as établi", mais "sera établi" », car<br />

la vérité est destinée à être établie dans le futur, autrement dit, lorsque Eliyahou et le<br />

Messie viendront.<br />

Ainsi, lorsque viendra Eliyahou, que « Yéhouda et Israël seront délivrés » (Jérémie 23),<br />

c'est alors que s’accompliront les termes du verset : « Un langage de vérité sera établi ». Il<br />

éloignera alors ceux qui ont été rapprochés, jusqu’à présent par la force, autrement dit,<br />

par le mensonge. D’autre part, il rapprochera ceux qui sont éloignés par la force, ce qui<br />

relève de la vérité.<br />

Le sens de « éloigner ceux qui sont proches et rapprocher ceux qui sont éloignés », est<br />

bien repousser le mensonge et rapprocher la vérité, puisque nos sages de mémoire<br />

bénie ont affirmé (Chabat 104a) : « Les lettres du mot « Chéker/mensonge » sont<br />

proches l’une de l’autre alors que celles du mot « Emet/vérité », sont éloignées l’une de<br />

l’autre ». Comprends bien cela.<br />

772


Ainsi, Eliyahou viendra éloigner le mensonge qui est apparenté au serpent, appelé<br />

« maudit » (Béréchit 3:14), car le serpent apporta la mort dans le monde. En outre, « le<br />

sommeil représente un soixantième de la mort » (Brakhot 57b).<br />

Ainsi, puisqu’à la sortie du Chabat commence la révélation d’Eliyahou, le mensonge, qui<br />

symbolise le serpent, est banni, et c’est la raison <strong>pour</strong> laquelle il est difficile de trouver le<br />

sommeil.<br />

En effet, nos maîtres ont enseigné : « Dix mesures de sommeil sont descendues en ce<br />

monde, neuf d’entre elles ont été prises par les esclaves » (Kidouchin 49b). Or, l’esclave<br />

correspond à « Canaan, esclave des esclaves » (Béréchit 9:25) et au statut de « maudit »,<br />

lié au serpent. Ainsi, puisque la sortie du Chabat correspond à la révélation d’Eliyahou,<br />

et que la dimension du serpent se voit bannie, liée à « Canaan, esclave des esclaves », la<br />

dimension du sommeil, qui descendit sur les esclaves, se voit du même coup repoussée.<br />

C’est <strong>pour</strong>quoi Eliyahou a <strong>pour</strong> valeur numérique « Ben/fils », à l’opposé de la notion<br />

d’esclave.<br />

De plus, « Sans connaissance, peut-il y avoir la différenciation/Havdala ? » (Talmud<br />

Yerouch. Brakhot 5:2). Il en découle qu’à la sortie de Chabat, lorsqu’il y a la Havdala, il y<br />

a du même coup la connaissance, car "sans connaissance etc." C’est <strong>pour</strong>quoi il est<br />

difficile de s’endormir, puisque le sommeil représente la disparition de la connaissance.<br />

TORAH 118<br />

Lorsque l’homme apprend une chose quelconque, il est bon d'exprimer cette chose dans<br />

sa langue maternelle, celle qu’il comprend [de plus, c'est un bienfait <strong>pour</strong> le monde].<br />

L'intérêt en est que chaque Juste de la génération relève de la dimension de Moché, qui<br />

représente la dimension du Messie, comme il est écrit : « Jusqu’à ce que vienne<br />

Chilo » (Béréchit 49:10), c’est-à-dire le Messie, « Chilo » ayant <strong>pour</strong> valeur numérique<br />

« Moché » (Zohar 25b). C’est <strong>pour</strong>quoi les sages de la Michna se qualifiaient l’un l’autre<br />

de « Moché » ainsi : « Bien parlé, Moché ! » (Chabat 101b).<br />

Ainsi, lorsqu’on découvre une nouvelle explication de la Torah, ces nouveautés relèvent<br />

de Moché-Messie, comme l’indique le Zohar $(I 192b) : « Et le souffle de Dieu » (Béréchit<br />

1:2), il s’agit de l'esprit messianique, « planait au-dessus des eaux » (idem), c’est-à-dire,<br />

de la Torah. Il s'agit de ce que nous avons dit, à savoir que les nouveautés des paroles de<br />

773


Torah correspondent elles-mêmes à la dimension du Messie, car son souffle y plane. Il<br />

s’agit du "souffle de sa bouche" (Psaumes 33:6), ou « esprit parlant » (selon le Targoum<br />

qui traduit ainsi "âme vivante" au verset de Béréchit 2:7).<br />

En outre, nos sages de mémoire bénie ont enseigné (Sanh. 98b) que Le Messie endure<br />

des souffrances <strong>pour</strong> tout Israël, comme il est écrit : « Il est accablé à cause de nos<br />

fautes » (Isaïe 53:5). De même, chaque Juste de la génération endure, lui aussi, des<br />

souffrances en faveur de l’Assemblée d'Israël, afin d’alléger leur fardeau, car il est<br />

l’aspect du Messie. Ainsi, il est écrit dans le Zohar : « Il est accablé/mé’HoLaL à cause de<br />

nos fautes » (Isaïe 33:5) – il est devenu profane/‘HoL à cause d'eux » (III, 280a). Ceci<br />

constitue ses souffrances.<br />

Tel est le sens de nos paroles initiales, à savoir qu'il est bon d’exprimer les choses dans<br />

la langue que l’on comprend, car grâce à cela elles acquièrent une dimension profane. En<br />

effet, lorsqu’on les exprime dans notre langue, il s’agit là d’une voie profane au regard de<br />

la source de la grande sainteté de ces paroles, telles qu'elles sont sorties de la bouche du<br />

Juste en amont, des sommets les plus hauts. C’est en cela qu’il est "accablé" – rendu<br />

profane. C'est en ce sens qu’il endure des souffrances <strong>pour</strong> expier Israël.<br />

Cependant, tout ceci résulte précisément "de nos fautes", car nos fautes ont <strong>pour</strong> effet de<br />

nous rendre incapables de saisir les choses, si ce n’est de manière profane. Pour cela, le<br />

Juste endure des souffrances.<br />

Mais concernant les personnes d’un niveau élevé, elles n’ont pas besoin de cela, car elles<br />

saisissent les paroles du Juste telles qu’elles sont, telles qu'elles sont sorties de sa<br />

bouche.<br />

TORAH 119<br />

« Celui qui rend visite à un malade durant Chabat doit dire : « Elle peut faire en<br />

sorte que tu ais de la compassion » (Chabat 12a).<br />

Lorsque l’homme a besoin de Miséricorde, Dieu béni soit-Il fait en sorte de lui envoyer<br />

de la compassion, c’est-à-dire, qu’il fasse lui-même preuve de compassion à l’égard de<br />

quelqu'un d'autre. C’est ainsi qu’on fera preuve de miséricorde à son égard, comme<br />

l’enseignent nos maîtres de mémoire bénie : « Toute personne qui fait preuve de<br />

774


compassion à l’égard des créatures, bénéficiera elle-même de la miséricorde » (Chabat<br />

151b), et comme il est écrit : « Il te donnera la compassion et tu te prendras de<br />

compassion » (Dévarim 13:18).<br />

En outre, la miséricorde est fonction de la connaissance : celui qui a de la connaissance a<br />

de la compassion.<br />

En effet, la colère, qui est l’opposée de la compassion, résulte de la sottise, comme il est<br />

écrit : « La colère repose dans le sein des sots » (Kohélet 7:9).<br />

C’est en ce point que nos sages de mémoire bénie ont enseigné : « Il est interdit de faire<br />

preuve de compassion à l’égard de celui qui est dé<strong>pour</strong>vu de connaissance » (Brakhot<br />

33a). En effet, dé<strong>pour</strong>vu de connaissance, il manque également de compassion, puisque<br />

« La colère repose dans le sein des sots », c’est <strong>pour</strong>quoi il est défendu de le prendre en<br />

pitié. Mais d’autre part, « toute personne qui fait preuve de compassion bénéficiera ellemême<br />

de miséricorde ». Seulement s’il manque de compassion, il est interdit d’en faire<br />

preuve à son égard.<br />

Il en ressort que ce malade, qui a besoin de miséricorde, doit lui-même en avoir en<br />

faveur des autres, et que ceci dépend de la connaissance.<br />

Or le Chabat est de l'ordre de la connaissance. En effet, il est dit des jours de semaine : «<br />

Les peuples se dispersèrent/CHaTou, et en recueillirent (de la manne) » (Bamidbar 11:8) –<br />

« avec folie/CHTouta » explique le Zohar $(II, 63a). Durant le Chabat en revanche, la<br />

connaissance est attirée sur chacun.<br />

Ainsi, la formule indiquée <strong>pour</strong> ceux qui rendent visite à un malade : « Elle peut faire en<br />

sorte que tu ais de la compassion/chétéra’hem » s'entend que le Chabat, qui<br />

correspond à la notion de connaissance, peut faire en sorte que tu fasses preuve de<br />

compassion, à la deuxième personne du singulier, autrement dit, que toi-même tu<br />

éprouves de la compassion envers autrui, grâce à la connaissance due à la dimension du<br />

Chabat.<br />

775


Et puisque tu te montreras toi-même miséricordieux, assurément on sera<br />

miséricordieux sur toi du Ciel, car « Toute personne qui fait preuve de compassion à<br />

l’égard des créatures etc. ».<br />

TORAH 120<br />

L'intérêt de la nécessité de voyager chez le Juste et de ne pas se contenter de ses livres<br />

de morale.<br />

La Torah indique explicitement : « L'Eternel dit à Moché : « Ecris ceci en souvenir dans le<br />

Livre et place-le aux oreilles de Josué » (Chémot 17:14), comme quoi, même s’Il lui a<br />

demandé de l’écrire dans le Livre, il n’en reste pas moins qu’Il ne s’est pas contenté de<br />

cela, Il l’a enjoint : « Et place-le aux oreilles de Josué » – qu’il lui parle face-à-face.<br />

En effet, l’essentiel est ce que l’on entend de la bouche du Juste, ainsi qu’il est rapporté<br />

dans le Midrach, à propos du verset « Ecoute Israël, tu traverses aujourd’hui le Jourdain<br />

etc. » (Dévarim 9:1), en ces termes : « Pourquoi Moché leur déclara-t-il ici : "Ecoute<br />

Israël" ? Les maîtres répondent : « À quoi peut-on comparer cela ? À un roi qui épousa<br />

une princesse avec deux joyaux. Elle perdit l’un des deux. Le roi lui dit : "Tu en as perdu<br />

un, garde le second". C’est ainsi que le Saint béni soit-Il qui avait consacré le peuple juif<br />

lorsqu’ils avaient dit "Nous ferons et nous entendrons" (Chémot 24:7), ayant perdu leur<br />

"Nous ferons" en fabriquant le veau d’or, Moché leur dit : "Vous avez perdu "Nous ferons",<br />

gardez "Nous entendrons". C’est <strong>pour</strong>quoi il est dit ici "Ecoute Israël" ». Fin de citation du<br />

Midrach $(Dévarim Raba 3:10).<br />

C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle, lorsqu’on étudie dans un livre, ce qui correspond à "Nous<br />

ferons", cette action n'a pas tellement la faculté d’éveiller, car Israël a perdu le "Nous<br />

ferons". En revanche, lorsqu’on entend de la bouche du Juste, ceci relève de "Nous<br />

entendrons", et cette couronne est toujours restée chez Israël.<br />

TORAH 121<br />

776


« J’ai dit alors : me voici, je suis venu dans le rouleau du Livre où il est écrit à mon<br />

sujet : accomplir Ta volonté etc. » (Ps. 40:8-9).<br />

Lorsqu’un homme consulte et étudie un livre, qu’à chaque endroit où il regarde et<br />

étudie, il doit se trouver lui-même. C’est-à-dire qu’il doit tirer <strong>pour</strong> lui-même une leçon<br />

et constater sa bassesse et son insignifiance. Ceci où que ce soit et quel que soit le livre<br />

qu’il lit et étudie, ce sera le signe qu’il désire accomplir Sa volonté béni soit-Il.<br />

C'est ce dont il s'agit dans : « J’ai dit alors : me voici, je suis venu dans le rouleau du<br />

Livre où il est écrit à mon sujet » – ceci est le signe que « accomplir Ta volonté, tel est<br />

mon désir ».<br />

TORAH 122<br />

Après Pessa’h 5563<br />

« La victoire d’Israël, elle aussi, ne mentira point » (Samuel I 15:29).<br />

La chose est connue : l’attribut de « vaincre » ne peut supporter la vérité. En effet, même<br />

si l’on voit de ses yeux la vérité, on la repoussera face à la volonté de vouloir vaincre<br />

(l’autre). Ceci est une chose connue.<br />

Cependant, le comportement du Saint béni soit-Il ne saurait ressembler à celui d’un être<br />

de chair et de sang. En effet, même dans l’aspect de « vaincre », le Saint béni soit-Il reste<br />

véridique et ne ment pas, à Dieu ne plaise. C’est en cela que « La victoire d’Israël, elle<br />

aussi, ne mentira point ».<br />

TORAH 123<br />

Après Pessa’h 5563<br />

L’essentiel et le fondement, sur lequel tout repose, est de s’attacher au Juste de la<br />

génération, d’accepter toutes les paroles qu’il dira, petites ou grandes, sans s’en écarter,<br />

à Dieu ne plaise, ni à gauche ni à droite, comme l’ont dit nos maîtres de mémoire bénie<br />

777


$(Sifri Dévarim 17:11) : « même s’il te dit que la droite est la gauche etc. ». On doit<br />

rejeter de soi tous nos savoirs et expulser notre connaissance comme si l’on ne possédait<br />

<strong>pour</strong> intelligence nulle autre que celle reçue de la part du Juste et du Maître de la<br />

génération. Et tant que subsiste en soi la moindre intelligence personnelle, on ne peut<br />

connaître la perfection et l’on ne saurait être lié au Juste.<br />

Ainsi, au moment de recevoir la Torah, Israël possédait des grandes sagesses, car<br />

existaient aussi à cette époque des idolâtres chez qui leurs erreurs étaient fondées sur<br />

des grandes sagesses et sur des grandes philosophies, comme on le sait. De fait, si Israël<br />

n’avait pas rejeté de lui-même ces sagesses, il n’aurait pas reçu la Torah. En effet, ils<br />

auraient pu alors tout réfuter, à Dieu ne plaise. En outre, tout ce que Moché notre maître<br />

eût accompli <strong>pour</strong> eux leur aurait été inutile, y compris tous les prodiges et tous les<br />

miracles extraordinaires qu’il réalisa sous leurs yeux. Jusqu’à présent, il existe des<br />

hérétiques qui les renient, au moyen de la stupidité et des erreurs de leur science. Mais<br />

Israël, le peuple saint, perçut la vérité et abandonna ces sciences <strong>pour</strong> croire en l'Eternel<br />

et en Moché son serviteur. C’est grâce à cela qu’ils reçurent la Torah.<br />

Ceci est en concordance avec ce qu'Onkelos traduisit « Peuple insensé et dé<strong>pour</strong>vu de<br />

sagesse » (Dévarim 32:6) par : « Un peuple qui a accepté la Torah dé<strong>pour</strong>vu de sagesse ».<br />

En effet, la Torah put être reçue principalement grâce à "dé<strong>pour</strong>vu de sagesse",<br />

autrement dit, grâce à leur rejet de toutes les sagesses.<br />

C'est ce dont il s'agit dans « insensé/NaVaL », dont les initiales forment « LaV Nétivot »<br />

(les 32 sentiers de la Sagesse), équivalant à la globalité de la Torah. Elle est la sagesse<br />

véritable, devant laquelle toutes les autres sagesses s'annulent. De plus, Naval équivaut à<br />

la dimension de la Torah, appelée « l’aspect/NoVLot de la sagesse supérieure » (Béréchit<br />

Raba 17:5).<br />

[Tu peux constater à présent comment ce Targoum (traduction de Onkelos) est<br />

clairement résolu, alors qu’il s'agit une grande énigme, sur laquelle le monde entier<br />

s'étonne : comment ce terme « d’insensé » a-t-il pu être traduit en référence à la<br />

réception de la Torah ? Mais maintenant, oh combien ces paroles du Targoum sont<br />

douces au palais ! ]<br />

778


Ainsi, l’essentiel du service divin consiste à se montrer intègre et droit, craignant Dieu et<br />

se détournant du mal, sans la moindre sagesse.<br />

C’est <strong>pour</strong>quoi, le roi Salomon, que la paix soit sur lui, suite à ce qui est écrit à son sujet :<br />

« Il devint le plus sage des hommes » (Roi 1 5:11), déclara : « Car je suis le plus ignorant<br />

des hommes, l'intelligence humaine me fait défaut » (Prov. 30:2). De même, Assaf dit : « Je<br />

suis un ignorant qui ne sait rien, j’étais comme un animal devant Toi » (Ps. 73:22).<br />

Il est écrit également (Prov. 21:30) : « Pas de sagesse, ni discernement, ni conseil, devant<br />

l'Éternel ! »<br />

TORAH 124<br />

« Chant. Psaume <strong>pour</strong> la victoire – Psalmodiez Celui que l’on vainc et qui s’en réjouit<br />

» (Pessa’him 119a).<br />

Lorsque l’on parle face au Saint béni soit-Il, que l’on développe son discours par des<br />

arguments et des requêtes, on cherche de cette manière à vaincre le Saint béni soit-Il, si<br />

l’on peut s’exprimer ainsi. Et le Saint béni soit-Il en éprouve un plaisir.<br />

C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle Il lui envoie des paroles aptes à l’emporter sur Lui, si l’on<br />

peut dire, dans le but d’en concevoir un plaisir. Car sans cela, il aurait été certainement<br />

impossible à un être de chair et de sang de vaincre le Saint béni soit-Il. C’est Dieu béni<br />

soit-Il Lui-même qui lui envoie et lui occasionne des paroles et des arguments, afin de le<br />

vaincre.<br />

TORAH 125<br />

« Moché dit : mangez-en aujourd'hui, car c'est Chabat aujourd'hui <strong>pour</strong> l'Éternel<br />

etc. » (Chémot 16:25)<br />

779


Nos sages nous apprennent : « Il ressort de ces versets l'obligation de consommer trois<br />

repas durant le Chabat, car le terme "aujourd’hui" y est mentionné à trois reprises »<br />

(Chabat 117b). Il en découle que <strong>pour</strong> chacun des trois repas est mentionné<br />

"aujourd’hui", <strong>pour</strong> faire allusion à l’importance de ne consommer ces repas de Chabat<br />

qu’en l’honneur de "aujourd’hui". En effet, il arrive parfois que l’on mange parce que l’on<br />

a faim depuis la veille, ou parfois <strong>pour</strong> ne pas avoir faim le lendemain. C’est <strong>pour</strong>quoi, à<br />

chacun des trois repas de Chabat, on mangera exclusivement en l’honneur de ce jour,<br />

c’est-à-dire, dans l'intention que ce repas ne soit ni <strong>pour</strong> « avant » ni <strong>pour</strong> « après ».<br />

[Je n’ai pas entendu ce sujet de sa sainte bouche même, mais de quelqu’un d’autre, en<br />

son nom, et je l’ai écrit tel que je l’ai entendu. J’ai été amené, par la suite, à parler avec lui<br />

de ce sujet, mais il a répondu lui-même sur ce point et a déclaré : « Voyons, le manger de<br />

Chabat est extrêmement précieux, et comme d’ailleurs rapporté dans toutes les paroles<br />

de nos sages de mémoire bénie, que Chabat, on doit spécifiquement manger, boire, et<br />

abonder en mets délicieux ! » Je compris alors que dans cette Torah, son intention n’était<br />

pas de réduire la consommation durant le Chabat, à Dieu ne plaise. Quant au contenu de<br />

son intention dans cette Torah, il ne me l’a pas du tout explicité, car je n’ai pas eu le<br />

mérite de parler davantage de ce sujet avec lui. Ce n’est que plus tard que j’ai pu<br />

entendre de sa sainte bouche de nombreux enseignements sur le sujet de la grandeur de<br />

la sainteté du manger de Chabat, qui est très précieux. Il m’a dit clairement qu’il faut<br />

abonder pendant Chabat en nourriture et en boisson, tout simplement, car le fait de<br />

manger Chabat est totalement divin, totalement saint etc.<br />

Regarde l’Enseignement 57: « On demanda à Rabbi Yossé ben Kisma » ; et plus loin<br />

l’Enseignement 277, ce qui y est écrit, à savoir que l’essentiel de l’honneur du Chabat<br />

réside dans le manger, voir sur place ainsi qu’en de nombreux autres endroits].<br />

TORAH 126<br />

À diverses reprises dans le Zohar, lorsque ses disciples font l’éloge de Rabbi Chimon bar<br />

Yo’haï, ils disent : « Malheur à la génération dans laquelle tu disparaîtras de ce monde ! » Va<br />

étudier et tu trouveras $(Zohar I :83 ; 92 - II :23 ; 68 ; 86 ; 87 ; 89).<br />

780


Ceci relève de $(Betsa 16a) : « Il cessa/CHaVaT et souffla/VayiNaFaCH » (Chémot 31:17) –<br />

Lorsque CHaBaT (mêmes lettres en hébreu que Chavat) s’achève, malheur/Vayï à<br />

l’âme/NéFeCH perdue ». C’est-à-dire suite à l’immense plaisir de l’âme supplémentaire qui<br />

vient le Chabat, on commence aussitôt à la languir et à souffrir de sa perte dès la sortie de<br />

Chabat.<br />

Et ainsi <strong>pour</strong> les disciples : par l’intensité des plaisirs et des délices qu'ils reçurent de leur<br />

maître, Rabbi Chimon bar Yo’haï, ils commencèrent immédiatement à se languir de lui, et la<br />

douleur de la disparition qu'ils connaîtront (plus tard) montait (déjà) en leur cœur.<br />

Or, à chaque fois que ses disciples firent l’éloge de Rabbi Chimon bar Yo’haï <strong>pour</strong> leur avoir<br />

révélé un merveilleux secret de Torah, tu constateras qu’il leur dévoila ensuite d'autres<br />

nouveautés extraordinaires de Torah.<br />

TORAH 127<br />

Les vêtements correspondent au secret du ‘Hachmal, qui est une protection. C’est <strong>pour</strong>quoi<br />

les vêtements devront toujours être entiers et non déchirés, car il s’agit là d’une dégradation<br />

de la protection. Les vêtements eux-mêmes accusent l’homme s’il ne veille pas à leur soin,<br />

s’il ne leur accorde pas un respect convenable et un maintien de leur propreté.<br />

[Sur l’importance de cette mise en garde, de préserver les vêtements des taches, voir plus haut<br />

l’Enseignement 29].<br />

TORAH 128<br />

Le Talmud rapporte à propos du mauvais penchant de la faute, celle de la tentation<br />

charnelle : « Ils lui ont aveuglé les yeux, mais lui ont permis de subsister » (Yoma 69b).<br />

C’est-à-dire que, bien qu’ils aient aveuglé les yeux du mauvais penchant de l’immoralité des<br />

mœurs, celui-ci subsiste.<br />

Ceci correspond à ce que l’on trouve parfois chez des personnes plutôt vertueuses qui, parce<br />

que la crainte de Dieu emplit leur cœur, baissent les yeux et ne regardent pas les femmes,<br />

mais malgré tout volent un regard « par-dessus l’épaule », et portent un regard en biais. Un tel<br />

comportement relève de : « Ils ont aveuglé les yeux du mauvais penchant », car il s'agit de<br />

781


l'aveuglement du mauvais penchant – il voudrait regarder, mais il rend ses yeux aveugles en<br />

s'empêchant de regarder. Mais malgré cela, le mauvais penchant subsiste, puisqu’il regarde du<br />

coin de l’œil, « par-dessus l’épaule ».<br />

TORAH 129<br />

« Une terre qui mange ses habitants » (Bamidbar 13:32).<br />

Lorsqu’on se rapproche du Juste, même si l’on ne reçoit absolument rien de lui, cela reste très<br />

bénéfique, et la simple foi que l’on met dans le Juste sert au service de Dieu, béni soit-Il.<br />

En effet, le processus naturel de l’alimentation est de transformer la nourriture consommée en<br />

celui qui l’a consommée. Ainsi par exemple, lorsqu’un animal mange un végétal tel que des<br />

herbes, les herbes se transforment en animal lorsqu’elles pénètrent dans ses entrailles. Il en va<br />

de même de l’animal <strong>pour</strong> l’homme : lorsque l’homme mange un animal, l’animal se<br />

transforme en homme. Ainsi, en tout endroit où pénètre la nourriture et se répartit dans les<br />

organes, celle-ci se transforme en la réelle nature du membre dans lequel elle a pénétré. Ainsi<br />

par exemple, la partie de la nourriture qui entre dans le cerveau se transforme en cerveau,<br />

celle qui entre dans le cœur se transforme en cœur et ainsi de suite <strong>pour</strong> tous les autres<br />

membres.<br />

C'est ce dont il s'agit dans « Une terre qui mange ses habitants ». En effet, la terre correspond<br />

à la foi, comme il est écrit : « Réside sur la terre et repais-toi de foi » (Ps. 37:3). Alors, elle<br />

« mange ses habitants », car lorsque l'on entre en Terre (d’Israël), qui correspond à la foi, on<br />

est mangé en elle, c'est-à-dire qu’on se transforme en la nature de cette terre.<br />

Autrement dit, lorsque l’on est attaché au Juste et que l'on a la foi en lui – ce qui correspond à<br />

la Terre (d’Israël) – on est alors consommé par le Juste, et donc transformé en la nature du<br />

Juste véritablement.<br />

De même, la Terre d’Israël possède elle aussi cette force. C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle nos<br />

maîtres, de mémoire bénie, ont affirmé $(Ketoubot 111a) : « Toute personne qui demeure en<br />

Terre d’Israël est sans péché, comme il est dit : « Le peuple qui y demeure est absout de tout<br />

782


péché » (Isaïe 33:24). En effet, il s’agit d’une terre qui mange ses habitants. Aussi, celui qui y<br />

demeure est donc mangé par elle et se transforme en sa nature sainte. C’est <strong>pour</strong>quoi, même<br />

« celui qui marche sur la Terre d’Israël une distance de quatre coudées est assuré d’obtenir le<br />

monde futur », comme l'ont affirmé nos maîtres, de mémoire bénie là-bas $(Ketoubot idem).<br />

Il s'agit aussi du sujet déjà développé ailleurs $(LMI-101), à propos du verset : « Quand des<br />

maraudeurs/méRé'ïM, m’approchent <strong>pour</strong> dévorer ma chair » (Ps. 27:2). L’essentiel de ce<br />

qui est dit là-bas est que lorsque je souhaite le rapprochement des deux « amis/Ré'ïM » qui ne<br />

se séparent jamais, je dois « dévorer ma chair », c’est-à-dire, soumettre la matière. C’est donc<br />

bien de cela qu'il s'agit, « dévorer ma chair » – « dévorer » précisément – car il faut que l’âme<br />

mange le corps, afin que se transforme ma nature. C'est ce dont il s'agit dans « Mangez,<br />

amis/Ré'ïm » (Cantique 5:1), allusion aux deux amis qui ne se séparent jamais, aux (deux<br />

parties de l’) esprit saints, <strong>pour</strong> exprimer que l’esprit et la connaissance doivent manger le<br />

corps, c'est-à-dire, il faut que le corps se transforme en la même nature que l’âme sainte, qui<br />

est l’esprit et la conscience [comme expliqué ailleurs].<br />

C’est le principe même de l'alimentation que de transformer l'aliment en la nature du<br />

mangeur, comme défini plus haut.<br />

Tel est le sens de « Réside sur la terre et repais-toi de foi », qu'il faut comprendre au sens de :<br />

que tu sois celui qui fait paître et nourrit la foi, c’est-à-dire que tu sois mangé par la foi,<br />

concept de la nourriture transformée en celui qui la mange.<br />

Cependant, l’essentiel dépend de la volonté. Si l'on éprouve une très forte volonté de se<br />

rapprocher de Dieu béni soit-Il et de Le servir, mais que l'on éprouve seulement des difficultés<br />

à briser les désirs de son corps, alors le rapprochement et la foi dans les Justes deviendra le<br />

processus de la nourriture par lequel il sera consommé en le Juste, autrement dit, transformé<br />

en sa nature.<br />

Par contre, si l'on n'éprouve aucune volonté à servir Dieu, se rapprocher des Justes ne sera<br />

d’aucune utilité. On correspondra à de la nourriture qui ne se transforme pas en celui qui<br />

mange. Ainsi par exemple, si l’on consomme de la nourriture que la nature ne supporte pas,<br />

elle ne saura être digérée, et ne se transformera pas en celui qui la mange. Le corps la vomira<br />

tout simplement. En l'occurrence, il s'agit véritablement de cette notion, car on ne sera pas du<br />

tout consommé par le Juste, quand bien même est-on proche de lui, car le Juste ne <strong>pour</strong>ra le<br />

supporter et le vomira.<br />

783


On correspondra donc à ce qui est rapporté à propos de la Terre d'Israël : « Comme elle a<br />

vomi le peuple » (Vayikra 18:28). Autrement dit, on sera dégoûté par elle, elle n'acceptera pas<br />

que l'on soit mangé en elle et que l’on se transforme en sa nature. On sera simplement vomi<br />

par elle, que Dieu nous préserve.<br />

TORAH 130<br />

« Tout homme plus grand que son prochain possède un (mauvais) penchant plus grand que<br />

lui » (Souka 52a).<br />

Grâce à l’humilité, on est préservé de l’immoralité des mœurs et l'on parvient à préserver<br />

l’Alliance (pureté), comme l’affirment nos sages de mémoire bénie (Sota 4b) : « Tout celui<br />

qui s’enorgueillit finira par fauter avec une femme mariée, comme il est écrit : « Une femme<br />

mariée capturera une âme précieuse » (Prov. 6:26).<br />

Tel est le sens de la juxtaposition du verset : « Et l’homme Moché était le plus humble de tous<br />

les hommes » à ce verset : « Aaron et Myriam parlèrent de Moché » (Bamidbar 12:1-3). En<br />

effet, ils parlèrent « au sujet de la femme Kouchite qu’il (Moché) avait épousée ». Le terme de<br />

« Kouchite » faisant référence à sa beauté, et ils arguaient qu’il l’avait épousée <strong>pour</strong> sa beauté.<br />

C’est <strong>pour</strong>quoi ils abordèrent le sujet de la séparation, ne voulant pas croire qu’il soit possible<br />

de vivre séparée d’une femme. Ce à quoi la Torah répond en faisant suivre aussitôt : « Et<br />

l’homme Moché était le plus humble de tous les hommes ». En effet, en étant « le plus humble<br />

des hommes », il lui était possible de vivre totalement séparé conjugalement sans accomplir<br />

l’union inférieure.<br />

C’est en cela que nos maîtres ont affirmé : « La force de Yossef fut l’humilité de Boaz. La<br />

force de Boaz fut l’humilité de Palti ben Laïch » (Sanh. 19b), car ceci dépend de l’humilité.<br />

En effet, la vertu d’humilité permet de se préserver de la souillure de l’Alliance.<br />

C'est ce dont il s'agit dans « Tout homme plus grand que son prochain » – qui éprouve un<br />

sentiment de grandeur – « possède un (mauvais) penchant plus fort que lui » – Ainsi son<br />

penchant se renforce en lui, sous forme de tentation <strong>pour</strong> l’immoralité des mœurs. Car il s'agit<br />

784


en effet de l'essentiel du mauvais penchant, comme mentionné dans le Zohar $(III 15b) :<br />

« L'essentiel du mauvais penchant consiste dans les tentations charnelles ».<br />

TORAH 131<br />

Il faut craindre et avoir peur des honneurs, car l'honneur représente un grand danger, un<br />

danger mortel.<br />

En effet, Il est juge de tous les jugements, ainsi qu’il est dit : « Roi de gloire » (Ps. 24:7). Car<br />

l'honneur relève de la Royauté, qui juge tout.<br />

Dès lors, tous inspectent et interrogent : « Qui est ce roi de gloire ? » (idem), afin de vérifier<br />

s’il en est digne. Ainsi, c'est ce dont il s'agit dans $(Zeva’him 115b) : « Il sera sanctifié <strong>pour</strong><br />

Mon Honneur/Bikhvodi » (Chémot 29:43), ne lis pas "BiKHVoDi/<strong>pour</strong> Mon Honneur ", mais<br />

"BimKHouBaDaï/par Mes honorés" ». Et l'honneur peut entraîner la mort, à Dieu ne plaise,<br />

car alors on est pesé sur la balance si, à Dieu ne plaise, on aurait endommagé un tant soit peu<br />

l'honneur, en ne le recevant pas comme il se doit, alors, à Dieu ne plaise, la balance pencherait<br />

du côté de la culpabilité.<br />

C’est ce que l’on appelle : « la Balance de justice » (Vayikra 19:36), car « la justice est la<br />

Royauté Sainte » (Zohar : Pata’h Elyahou), qui correspond à l’honneur, le « Roi de Gloire »<br />

comme évoqué plus haut. Il s'agit donc d'une « balance de justice », car on est alors pesé sur<br />

la balance.<br />

TORAH 132<br />

Il arrive qu’un Juste soit très connu dans un certain pays, alors qu’il n’est pas du tout<br />

considéré comme tel dans un pays voisin, et que de nouveau, il soit connu dans un autre pays.<br />

Il s'agit de la notion évoquée par le Zohar $(III, 280a) : « Une source jaillit d’un endroit, puis<br />

s’écoule sous terre, jusqu’à ce qu'elle rejaillisse plus loin ailleurs. Pourtant, même où elle<br />

s’écoule sous terre, elle abreuve les racines des arbres ».<br />

785


TORAH 133<br />

« La voie des Justes est comme la lumière Noga, dont la lumière va croissant jusqu'au jour<br />

plein » (Prov. 4:18)<br />

Le soleil lui-même éclaire uniformément là où il est, que ce soit au début du jour comme en<br />

son milieu, mais l'empêchement provient de la terre, qui s’interpose entre l’homme et le<br />

soleil. C'est <strong>pour</strong>quoi la lumière ne se diffuse pas tellement au début du jour, si ce n’est peu à<br />

peu, <strong>pour</strong> se répandre ensuite sur la terre.<br />

Il en est ainsi du Juste, qui éclaire lui-même constamment. L'empêchement vient uniquement<br />

de ceux qui reçoivent. Cet empêchement provient de la terre qui s’interpose, c’est-à-dire ce<br />

monde-ci. En effet, les hommes sont embourbés dans ce monde-ci, c'est ce qui les rend<br />

incapables de recevoir la lumière du Juste.<br />

Il s’agit là de qui est évoqué dans le Talmud $(Erouvin 21a), à propos du verset : « Un<br />

rouleau qui vole, etc., quand il est plié, etc., quand il est ouvert etc. » (Zékharia 5:2) – il en<br />

ressort que le monde tout entier n'est qu'une demi-palme parmi les trois-mille deux-cent, que<br />

compte la Torah ». Il apparaît ainsi que la Torah est très grande et très vaste. C'est seulement<br />

la petite demi-palme, qu'est le monde, qui se tient devant les yeux et empêche de voir la<br />

grande lumière de la Torah, quand bien même ce monde-ci ne mesure qu'une demi-palme<br />

comparé à la Torah, qui est très grande et « plus vaste que l’océan » (Job 11:9).<br />

Il s'agit d'une chose difficile à comprendre de prime abord : comment se peut-il qu’une chose<br />

aussi petite puisse masquer et faire écran devant une chose aussi grande, plusieurs milliers de<br />

fois plus grande qu’elle ? En effet, ce monde-ci tout entier est extrêmement petit comparé à la<br />

Torah, dont la taille est plusieurs milliers de fois supérieure. Cependant, ceci s'explique<br />

comme dans cette métaphore évoquée : comme si tu prenais une petite pièce de monnaie et<br />

que tu la placerais devant ton œil, elle t’empêchera de voir une grande montagne, bien que<br />

cette grande montagne est d’une taille plusieurs milliers de fois plus grande que cette petite<br />

pièce. Mais puisque la pièce se trouve devant les yeux, elle fait ainsi écran à la vision des<br />

yeux, de sorte qu'elle empêche de voir l'objet d'une taille de plusieurs milliers de fois plus<br />

786


grande qu'elle. Il en va de même lorsque l’homme parvient en ce monde-ci : il reste embourbé<br />

dans les vanités de ce monde, s’imaginant qu’il n’y a rien de meilleur que cela. Ainsi, ce petit<br />

monde insignifiant l’empêche de voir la grande et extraordinaire lumière de la Torah, des<br />

milliers de fois plus grande que lui. Il s'agit exactement de l’allégorie du soleil, où la terre<br />

empêche de voir la grande lumière du soleil, bien que le soleil soit de plusieurs fois plus grand<br />

qu’elle. C'est donc semblable à la métaphore citée plus haut.<br />

C'est ce dont il s'agit dans « La voie des Justes est comme la lumière Noga » – comme la<br />

lumière Noga, précisément. À l’instar du soleil qui éclaire constamment, alors que c'est la<br />

terre qui fait obstacle. Et même si la terre est plus petite que le soleil, comme le souligne la<br />

métaphore, ainsi en est-il des Justes qui éclairent sans cesse, alors que la terre, c’est-à-dire ce<br />

monde-ci, s'interpose à la vision de leur grande lumière. Bien que leur lumière soit très forte<br />

et que le monde tout entier soit très petit et très limité en comparaison de leur grande lumière,<br />

malgré tout, (ce monde-ci) s'interpose et empêche de voir leur lumière, comme le souligne la<br />

métaphore de la pièce. Tout ceci car le monde se tient devant les yeux et s’interpose, au point<br />

de rendre invisible la lumière de la Torah et des Justes, des milliers de fois plus grande que<br />

lui.<br />

Si toutefois, on écartait ce petit obstacle de devant les yeux, autrement dit, si l'on détournait<br />

les yeux de ce monde. Et si l'on ne le regardait pas, si seulement on relevait la tête, qu’on<br />

levait les yeux au-dessus du monde qui fait écran et qui s’interpose, on parviendra alors à voir<br />

la grande et sublime lumière de la Torah et des Justes. Car en réalité, leur lumière est des<br />

milliers et des myriades de fois plus grande que ce monde-ci tout entier et que toutes ses<br />

vanités. Seulement, ce monde-ci se dresse devant les yeux et ne laisse pas du tout détourner<br />

les yeux et regarder en haut, vers la lumière de la Torah et des Justes, exactement comme dans<br />

la métaphore de la petite pièce qui se trouve devant les yeux et empêche de voir la grande<br />

montagne.<br />

Certes, on <strong>pour</strong>rait <strong>pour</strong>tant aisément écarter cette pièce de devant les yeux, et l'on verrait<br />

aussitôt la montagne plus grande qu'elle. Il en va vraiment de même, <strong>pour</strong> le monde et la<br />

Torah, il ne suffit que d'un simple déplacement <strong>pour</strong> permettre d'écarter le monde de devant<br />

les yeux. On obtiendra aussitôt le mérite de voir la grande lumière de la Torah et des Justes<br />

qui éclairent tous les mondes d'une lumière extrêmement forte. Comprend bien ceci<br />

profondément.<br />

787


En outre, j’ai entendu, au nom du Baal Chem Tov, ces paroles : « Malheur, hélas ! Le monde<br />

est rempli de lumières et de secrets sublimes et merveilleux, mais la petite main est placée<br />

devant les yeux, et elle empêche de voir les grandes lumières.<br />

TORAH 134<br />

Parler des paroles de Torah est une dévotion importante, y compris à un particulier, à<br />

plus forte raison, au public. En effet, il faut faire très attention à ne rien dire<br />

d'inapproprié à l’intellect de celui qui le reçoit, car ceci relève de la débauche, puisque<br />

l’on jette des gouttes d'intellect dans un endroit inapproprié, ce qui s’appelle « en vain »,<br />

puisqu’il n’engendre rien chez lui.<br />

Mais parfois, ceci s'appelle vraiment " débauche ", lorsque l’on engendre et fait naître un<br />

(être, une chose) illicite et délabré : celui qui reçoit (la parole) accomplit une chose qui<br />

ne lui est pas nécessaire selon son niveau. C’est <strong>pour</strong>quoi, prononcer des paroles de<br />

Torah <strong>pour</strong>rait lui provoquer, à Dieu ne plaise, le renforcement du penchant <strong>pour</strong> la<br />

tentation charnelle. De ce fait, il faut faire très attention, lorsqu’on prononce des paroles<br />

de Torah en public, que ces paroles se répartissent, de sorte que chacun des auditeurs<br />

n’entende que ce dont il a besoin, et pas davantage. Ainsi, bien que le discours soit<br />

prononcé en public uniformément à tous, malgré tout, (il faut faire en sorte) que ne<br />

pénètre dans le cœur de chacun uniquement ce qui le concerne et seulement ce dont<br />

chacun a besoin en particulier.<br />

Ceci concorde avec ce qui est écrit dans le Zohar $(II, 68a) : « "Yitro entendit" (Chémot<br />

18:1). Tout le monde n’avait-il pas entendu ? Mais Yitro entendit etc. ». C’est ce dont il<br />

s'agit dans) : « Heureux celui qui parle à une oreille qui entend ». (Zohar, II 186b).<br />

Tel est le sens des paroles de nos sages $(Soucca 52) : « Tout homme plus grand que son<br />

prochain… », c’est-à-dire que puisqu’il est grand, et que par conséquent il prononce des<br />

paroles de Torah, dès lors : « …son mauvais penchant est plus fort que lui » – le mauvais<br />

penchant <strong>pour</strong>ra se renforcer sur lui dans la tentation charnelle. Par conséquent, on doit<br />

rester sur ses gardes et doser ses propos.<br />

788


TORAH 135<br />

« Quand je tiendrais convocation, je jugerai avec équité » (Ps. 75:3)<br />

Le conseil <strong>pour</strong> se préserver du sentiment de grandeur est d'honorer les jours de fête et<br />

de les accueillir avec joie et largesse, chacun selon ses possibilités.<br />

En effet, Moché notre maître, que la paix soit sur lui, mérita d'être « le plus humble de<br />

tous les hommes » (Bamidbar 12:3) grâce au mérite des quarante-neuf portes de<br />

l’Entendement (Bina). En outre, le jour de fête correspond au concept de la « Mère », qui<br />

est l’Entendement (Bina). Par conséquent, lorsque l’on accueille un jour de fête, qui est<br />

l’Entendement, on atteint l’humilité.<br />

En effet, "Yom Tov/jour de fête" a <strong>pour</strong> valeur numérique SAG (63) additionné à ses dix<br />

lettres (soit 73), comme le mentionnent les Intentions (mystiques du Arizal ; Drouch ben<br />

Yom-Tov léChabbat), qui équivaut à l’opposé de « GAS Roua’h/un esprit hautain »<br />

(Tikounim). En effet, le jour de fête annule le sentiment d’orgueil, puisque par nature, la<br />

petitesse s’annule devant la grandeur.<br />

C’est <strong>pour</strong>quoi cette grandeur s’annule lorsque l’on se rapproche du Juste. En effet, par la<br />

grande lumière du Juste, on s'annule totalement. Ceci correspond à : « Les jeunes gens, en<br />

me voyant, se cachaient » (Job 29:8), autrement dit, en voyant le visage du Juste, les petits<br />

se cachent, puisque la petitesse s’annule devant la grandeur.<br />

En outre, l’essentiel de la puissance de la sainteté des jours de fête dépend des Justes,<br />

comme il est écrit : « Voici les convocations de l'Éternel, auxquelles ceux-ci/otam » vous<br />

répondrez en leur convocations » (Vayikra 23:4), que nos sages de mémoire bénie<br />

interprètent : « Ne lis pas « Otam/ceux-ci » (les Justes), mais « Atem/vous-mêmes »<br />

(Roch Hachana 24a). Il en ressort que les jours de fête dépendent des Justes et, lorsque<br />

l’on accueille et honore les jours de fête, et que l'on reçoit la grande lumière du jour de<br />

fête, qui relève du Juste, comme nous l'avons évoqué, le sentiment de grandeur s’efface,<br />

car la petitesse disparaît devant la grandeur.<br />

C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle « Un homme est tenu de recevoir le visage de son maître<br />

durant la fête » (Souka 27b). En effet, l’essentiel de la force du jour de fête dépend des<br />

789


Justes. Et ceci vient parfaitement répondre à la question posée dans le Talmud sur les<br />

paroles de Rabbi Eliezer : « Je loue les paresseux durant la fête, comme il est écrit : "Tu te<br />

réjouiras durant ta fête" (Dévarim 16:14) ». Ce à quoi le Talmud oppose les paroles de<br />

Rabbi Its'hak : « Un homme est tenu de rendre visite à son maître durant la fête, comme<br />

il est dit "Pourquoi vas-tu ?" (Rois II, 4;23) etc. » (Souka 27b), voir là-bas en détail. En<br />

effet, même si l'on se trouve, durant la fête, à une distance de cent Parsa de son maître,<br />

et donc dans l’incapacité de s’y rendre et de revenir chez soi dans la même journée, on<br />

reste néanmoins tenu de rendre visite à son maître durant la fête, autrement dit, de<br />

recevoir la face de son maître pendant la fête, c’est-à-dire, d'honorer le jour de fête et de<br />

recevoir la grande lumière du jour de fête, ce qui relève de cette dimension de « Face de<br />

son maître ». En effet, l’essentiel de la sainteté du jour de fête dépend des Justes. Ainsi,<br />

lorsque l’on accueille le jour de fête, on accueille véritablement le visage de son maître<br />

et, de cette manière, le sentiment de grandeur s’efface, car la nature de la petitesse est de<br />

s’annuler devant la grandeur.<br />

C'est ce dont il s'agit dans : « Quand je tiendrais convocation… » – lorsque j'accueille<br />

les jours de fête ; « …je jugerai avec équité » – c’est-à-dire, j’atteindrai l’humilité, qui est<br />

bien la dimension de « je jugerai avec équité », comme disent nos sages $(‘Houlin 89a) :<br />

« Que signifie : "Etes-vous cependant muets… ?" (Ps. 58:2) – que doit-on faire ? En est-il<br />

de même <strong>pour</strong> l’étude de la Torah ? En voici la réponse : « …Parlez avec justice… » (idem).<br />

Et en est-il de même si l’on en s'enorgueillit ? En voici la réponse : « …Jugez avec équité<br />

les fils de l’homme » (id.)<br />

C’est donc bien ce dont il s'agit dans : « Quand je tiendrais convocation, je jugerai avec<br />

équité » – lorsque j'accueille les jours de fête, grâce à cela, je parviens à l’humilité, qui<br />

correspond à « je jugerai avec équité ».<br />

En outre, il s'agit aussi d’une notion expliquée ailleurs, sur le verset : « Une terre qui<br />

consomme ses habitants » (LMI-129) – la petitesse qui s’annule devant la grandeur est<br />

ainsi consommée, c’est-à-dire, se transforme en la nature du Juste.<br />

Sur ce sujet, nous avons également entendu : Si l’on est attaché au Juste, on <strong>pour</strong>ra<br />

ressentir la sainteté du jour de fête, car le Juste relève lui-même de la dimension des<br />

jours de fête. En outre, le signe révélateur qui permet de savoir si l'on est attaché au<br />

Juste est l’humilité. En effet, la nature de la petitesse est de s’annuler devant la grandeur.<br />

790


En outre, l'essentiel de l’attachement est l’amour, qui consiste en l'occurrence à aimer le<br />

Juste d’un amour entier, comme il est écrit : « Son âme est attachée à son âme » (Béréchit<br />

44:30), que le Targoum traduit : « Aussi précieuse <strong>pour</strong> lui que sa propre âme ». Il en est<br />

de même dans le verset : « L’âme de Yonathan était liée à l’âme de David » (Samuel I,<br />

18:1). De plus, l'amour éprouvé envers le Juste devra surpasser l'amour <strong>pour</strong> les<br />

femmes, comme le souligne le verset : « Ton amour m’est plus précieux que l’amour des<br />

femmes » (Samuel II, 1:26). Ainsi, grâce à l’attachement au Juste, on peut recevoir la<br />

sainteté du jour de fête, car l’essentiel du jour de fête dépend des Justes.<br />

En effet, l’essentiel de la dimension du jour de fête consiste à élever la Royauté de<br />

sainteté d’entre les écorces (du mal), et à annuler ainsi la royauté des quatre royaumes<br />

de l'Autre Côté (le Mal).<br />

La Royauté est appelée « DaLeT » (la quatrième lettre), car « elle ne possède rien/DéLeT<br />

d’elle-même » (Zohar I 279b), puisque « il n’existe pas de roi sans peuple » (Rabénou<br />

Bé’hayé sur Béréchit 38;30). Il en ressort qu’elle ne possède rien d’elle-même.<br />

Ainsi, la Royauté de sainteté, qui correspond au Dalet (de valeur 4), est tombée, et s'est<br />

transformée en quatre royaumes de l'écorce du mal (les quatre exils). Ainsi, durant le<br />

jour de fête, on doit élever la Royauté de sainteté des quatre royaumes de l'Autre côté.<br />

C’est ce dont il s'agit dans le verset « Ce fut au temps du retour de l'année, à l’époque où<br />

sortent les rois » (Samuel II 11:1), dont voici l'explication : le jour de fête est appelé<br />

« retour de l’année », en effet, tous les jours de fête constituent des jours de jugement,<br />

comme il est dit (Roch Hachana 16a): « Le monde est jugé à quatre reprises – à Pessa’h<br />

etc. », et l'on doit donc se repentir (le retour vers Dieu). Grâce à cela, la Royauté sort de<br />

parmi les écorces, et leur suprématie est abrogée, comme l’affirment nos sages, de<br />

mémoire bénie : « Grand est le repentir qui hâte la délivrance » (Yoma 86b), <strong>pour</strong><br />

exprimer que grâce au repentir, on s'affranchit de l'assujettissement du royaume des<br />

écorces. Tel est donc le sens de: « au temps du retour de l'année, à l’époque où sortent les<br />

rois », car c’est alors que la Royauté de sainteté, dimension du Dalet, sort de parmi les<br />

écorces, et la force des quatre royaumes de l'Autre côté s'annule.<br />

En outre, l’essentiel consiste à annuler le pouvoir du royaume d’Amalek, car il englobe<br />

les quatre royaumes, comme il est écrit : « Les prémices des nations, c’est Amalek »<br />

791


(Bamidbar 24:20). C’est <strong>pour</strong>quoi, lorsque Chmouel tua Agag, roi d’Amalek, il est dit :<br />

« Chmouel tailla en pièces Agag » (Samuel I 15:33), que Rachi commente : « Il le coupa en<br />

quatre », <strong>pour</strong> exprimer qu'il coupa les quatre royaumes de l'Autre côté, afin de les<br />

priver de la force et de l’autorité (qu'ils tirent) de la Royauté de la sainteté,<br />

correspondant au Dalet (de valeur numérique 4). Il a donc élevé la Royauté de sainteté<br />

de parmi eux.<br />

De plus, ceci se fut produit durant les jours de fête ; et c’est (le sens de l'expression) « Il<br />

tailla en pièces/VaYCHaSsePh ». Les lettres Vav et Youd (VaY) indiquent l’action, et la<br />

racine du verbe « CHaSsePh » est composée des initiales : « CHavouot-Soukot-Pessa’h »,<br />

qui sont les jours de fête. C'est alors que la Royauté de sainteté s’extrait (des écorces).<br />

En effet, les jours de fête sont des jours de jugement, en rapport avec la notion de<br />

crainte, ainsi qu'avec la notion de royauté, comme il est écrit : « N’était-ce la crainte de la<br />

royauté » (Avot 3:2). C’est <strong>pour</strong>quoi il est dit à propos d’Amalek : « Il a démembré de toi<br />

tous les faibles, etc., et il ne craignait pas Dieu » (Dévarim 25:18). En effet, l'essentiel de sa<br />

force provenait du fait qu’ils n’avaient pas élevé la Royauté de sainteté en conséquence<br />

de leur manque de crainte de Dieu, correspondant à la Royauté.<br />

En outre, c'est <strong>pour</strong>quoi chaque jour de fête compte quatre commandements. À Pessa’h,<br />

les quatre coupes ; à Soukot, les quatre espèces ; et à Chavouot, l’étude de la Torah qui<br />

revêt quatre aspects évoqués dans le verset : « Il l’a alors vue, l'a racontée, l’a préparée, et<br />

l’a même explorée » (Job 28:27) $(Voir Ber. Raba 24:1). Ils sont tous relatifs à la Royauté,<br />

de l'ordre du Dalet (de valeur 4), qui s’extrait des écorces durant le jour de fête.<br />

Quant aux érudits de la Torah, ils relèvent de la Royauté, comme l’affirment nos sages de<br />

mémoire bénie : « Qui sont les rois ? Les maîtres (de la Torah) ! » (Guittin 62a) – parce<br />

qu'ils élèvent la Royauté. C’est <strong>pour</strong>quoi l’essentiel de la sainteté du jour de fête est<br />

effectué grâce à eux.<br />

De plus, lorsqu’on reçoit la sainteté du jour de fête, on obtient l’humilité et la modestie.<br />

Tel est le sens du verset « Le talon de l’humilité est la crainte de l'Eternel » (Prov. 22:4),<br />

car la crainte relève de la Royauté.<br />

792


En outre, notre père Avraham œuvra lui aussi à cela, et <strong>pour</strong>suivit les quatre rois afin<br />

d’élever la Royauté de parmi eux. De lui sortit Its'hak et Yichmaël, Yaacov et Essav,<br />

correspondant aux quatre fils : le sage, etc. $(Voir Hagada de Pessa’h).<br />

[Depuis le passage « Sur ce sujet, nous avons également entendu » et jusqu’ici, tout ceci est<br />

expliqué en profondeur ailleurs, dans l’Enseignement 30, voir là-bas.]<br />

Et grâce à cela, s’ouvre la matrice d’une femme qui peine à accoucher, comme le<br />

rapporte le Ets-‘Haïm (Chaar 35, chap.3) : « Tout comme il existe des gonds et des portes<br />

(Dalet en hébreu) <strong>pour</strong> une maison, de même existe-t-il des gonds et des portes chez une<br />

femme » (Békhorot 45a). Or à partir des deux Dalet se forme la lettre Mem fermée<br />

(finale ‏,(ם là où se forme le fœtus, etc. », voir là-bas.<br />

Il faut donc couper le Mem en deux Dalet, afin de permettre au fœtus de sortir. C'est ce<br />

dont il s'agit dans : « Il tailla en pièces », « il le découpa en quatre », <strong>pour</strong> exprimer qu'il<br />

découpa le Mem en deux Dalet. Comprends bien cela.<br />

[Ce sujet de la femme qui peine à accoucher sera explicité ailleurs.]<br />

TORAH 136<br />

« Ne juge pas ton prochain avant de parvenir à sa place » (Avot 2:4)<br />

Ceci équivaut aux paroles de nos sages : « Juge chaque personne selon son mérite »<br />

(idem 1:6).<br />

En effet, lorsqu’un homme fait l'objet d'une controverse, on doit rechercher à trouver un<br />

mérite chez son prochain, là où on s’oppose à lui, afin de le juger selon son mérite.<br />

En effet, la controverse est inévitable <strong>pour</strong> l’une de deux raisons. Soit son prochain est<br />

d’un niveau supérieur à lui, et, <strong>pour</strong> cette raison, il s’oppose à lui en ce qu'il n’a pas<br />

atteint son niveau. Et en l'occurrence, on devra s’efforcer de parvenir au niveau de son<br />

prochain, de sorte que tous deux se retrouvent égaux, alors, il n'y aura plus de<br />

controverse. Soit, parfois, à l’inverse, on est soi-même supérieur à son prochain, et la<br />

controverse résulte de la jalousie que son prochain éprouve, de ne pas être parvenu à<br />

793


notre niveau. Dans ce cas, on devra le juger selon son mérite. Ainsi, on relèvera le mérite<br />

de son prochain, de sorte qu'ils se retrouvent tous deux au même niveau, et par<br />

conséquent il n'y aura certainement plus de controverse. En effet, la controverse ne<br />

résulte que de la différence entre les deux. Soit son prochain est supérieur à lui, soit luimême<br />

est supérieur à son prochain. En revanche, si tous deux se trouvent à la même<br />

place, au même niveau, il n'y aura certainement aucune controverse, puisqu’il n’y a pas<br />

lieu à la controverse dans une même chose.<br />

C’est ce dont il s'agit dans : « Ne juge pas ton prochain avant de parvenir à sa place ».<br />

Autrement dit, efforce-toi de te trouver avec lui, à la même place, au même niveau, dans<br />

l’un des deux cas de figure, comme nous l’avons dit. Alors, évidemment, il n’y aura pas de<br />

controverse, car il n’y a pas lieu à la controverse dans la même chose. Et en élevant le<br />

mérite de son prochain, ce dernier <strong>pour</strong>ra éventuellement se rétracter (du conflit), et, il<br />

n'y aura donc plus de controverse.<br />

Ou bien, il peut arriver aussi que cela entraîne sa chute. En effet, il se peut que « tu<br />

attises des charbons sur sa tête » (Prov. 25:22), justement en arguant son mérite. C’est en<br />

quoi « Juge chaque personne selon son mérite », « juge » précisément, car il s’agit<br />

véritablement de la dimension de sentence et de jugement. En effet, on sait bien qu’avant<br />

chaque élévation à un quelconque niveau, l'homme est jugé. Par conséquent, justement<br />

en le jugeant selon son mérite, et que tu l’élèves à un niveau plus élevé, alors on le juge,<br />

et selon le jugement rendu, ainsi il en adviendra.<br />

TORAH 137<br />

« Ma part, l’Éternel, me dit d’observer Tes Paroles » (Ps. 119:57)<br />

En d’autres termes, la part divine d’En-haut que je possède, me dit et m’apprend,<br />

d’observer Tes Paroles.<br />

TORAH 138<br />

794


« Pour Toi, mon cœur a dit : Recherchez Ma Face » (Ps. 27:8).<br />

Rachi commente (« Pour toi ») : Envoyé par Toi.<br />

L’essentiel de la divinité se situe dans le cœur, ainsi qu’il est écrit : « Le rocher de mon<br />

cœur » (idem 73:26), comme expliqué chez nous ailleurs $(LMI-49).<br />

Ainsi, celui qui est d’un « cœur pur » (idem 24:4) selon le concept de : « Mon cœur est vide<br />

en moi » (idem 109:22), <strong>pour</strong>ra connaître l’avenir grâce à ce que son cœur lui dira, ce qui<br />

est la parole de Dieu vraiment.<br />

C’est ce dont il s'agit ici : « Pour Toi, mon cœur a dit : Recherchez Ma Face » – « Pour<br />

Toi », « Envoyé par Toi », car, ce que le cœur affirme est véritablement la parole de Dieu.<br />

Comprends bien cela.<br />

TORAH 139<br />

« La justice va au-devant de Lui, et Il trace une route de ses pas » (Ps. 85:14).<br />

Il s'agit de la valeur du Chabat. En effet, les (six) jours profanes (de la semaine) étant<br />

sous la domination des forces extérieures, l'écorce puise (sa vitalité) des jambes du<br />

commandement que l’homme y accomplit. En effet, chaque commandement est un<br />

édifice entier. Et ce commandement n’a pas de jambes qui lui auraient permis de s'élever<br />

et d’aller au-devant du Saint béni soit-Il, car l'écorce s'est emparée de ses jambes, [de<br />

l'ordre de « Ses pieds descendent vers la mort » (Prov. 5:5)]. Par contre, lorsque vient le<br />

Chabat, et que cesse l’emprise des forces extérieures, les jambes de ce commandement<br />

qui se trouvaient au sein des forces extérieures durant la semaine dont elles se<br />

795


nourrissaient, remontent alors. C'est alors que le commandement s’élève et va devant le<br />

Saint béni soit-Il.<br />

C'est ce dont il s'agit dans : « Si tu ramènes tes pas du Chabat » (Isaïe 58:13), <strong>pour</strong><br />

exprimer que le Chabat te permet de ramener et de faire revenir les jambes en les<br />

extrayant des forces extérieures. C'est alors que le commandement s’élève et va devant<br />

le Saint béni soit-Il, et le Saint béni soit-Il s’en délecte. Et même si ce commandement a<br />

été réalisé par le plus insignifiant des hommes, sans l’intention ni la perfection qui<br />

conviendrait à ce commandement, malgré tout, le Saint béni soit-Il éprouve un grand<br />

plaisir de la réalisation de ce commandement.<br />

Il en est de même d’un père qui ressent un grand plaisir lorsque son fils commence à<br />

faire ses premiers pas, même s’il ne marche pas encore normalement, le père n’en<br />

éprouve pas moins un très grand plaisir. De la même façon, le Saint béni soit-Il se délecte<br />

grandement de chacun des membres d'Israël qui accomplit un commandement.<br />

En outre, celui qui va dans le désert, là où il n’y a pas de chemin, ne <strong>pour</strong>ra pas tracer un<br />

chemin avec ses pas, sauf s'il empreinte ce chemin de très nombreuses fois.<br />

Ainsi, les commandements sont appelés « justice » comme il est écrit : « Tous Tes<br />

commandements sont justice » (Ps. 119:172). Et c’est ce dont il s'agit dans : « La justice<br />

va au-devant de Lui… » – lorsque le commandement « va » au-devant du Saint béni soit-<br />

Il, dès lors « …Il trace une route de ses pas » – le Saint béni soit-Il fait de ses pas une<br />

route, qui est le terme utilisé <strong>pour</strong> un chemin tracé par le plus grand nombre. En effet,<br />

du fait de l’intensité du plaisir et de la délectation du Saint béni soit-Il à la réalisation<br />

d’un commandement, Il fait de ses pas une route tracée. Tel est le sens de « Il trace une<br />

route de ses pas ».<br />

[Voir ce sujet développé plus loin, LMI- 277]<br />

TORAH 140<br />

« Il scelle dans la main de tout homme, <strong>pour</strong> connaître tous ses hommes<br />

d’accomplissement » (Job 37:7)<br />

796


Il est impossible de saisir le Juste lui-même, étant totalement imperceptible du fait qu'il<br />

se trouve au-dessus de l'intellect humain.<br />

C’est seulement au moyen de ses hommes, ceux qui lui sont proches, que l’on <strong>pour</strong>ra<br />

comprendre la grandeur du Juste. En effet, ses hommes, qui sont des hommes<br />

d’accomplissement (du bien), craignant Dieu et intègres, eux, peuvent être perçus et<br />

saisis, puisque le monde n’est pas encore autant éloigné d’eux comme il l’est du Juste luimême.<br />

Aussi, en observant ses hommes, celui qui cherche la vérité <strong>pour</strong>ra connaître la<br />

grandeur du Juste, à travers ses hommes.<br />

Ceci s’apparente à l’allégorie du sceau. L’inscription gravée sur lui ne peut être lue, dans<br />

la mesure où les lettres sont à l’envers. C’est uniquement lorsque l’on estampille et que<br />

l’on forme ainsi les lettres sur de la cire que l’on parvient alors à distinguer les lettres et<br />

les dessins gravés et que l’on comprend l'inscription du sceau.<br />

Tel est ce dont il s'agit dans : « Il scelle dans la main de tout homme ». Le Juste est<br />

appelé « tout homme », comme l’indique le verset : « C’est là tout l'homme » (Kohélet<br />

12:13). Ainsi, « …<strong>pour</strong> connaître tous ses hommes d’accomplissement » signifie qu'au<br />

travers des hommes d’accomplissement (du bien) du Juste, tu <strong>pour</strong>ras le connaître,<br />

selon l'allégorie du sceau.<br />

En outre, le Juste aussi relève de la dimension du « sceau », comme il est dit : « Il scella<br />

ses descendants par le signe de l’Alliance sainte » (Chabat 137b) ; et : « le Juste est celui<br />

qui garde l’Alliance » (Zohar I 59b).<br />

TORAH 141<br />

Roch ‘Hodech Eloul<br />

Si l’on parvient au mérite de ressentir véritablement la douleur de ses fautes, il s'agit là<br />

de la circoncision du prépuce du cœur.<br />

En effet, tant que le cœur reste incirconcis et bouché, il lui est impossible de le ressentir<br />

vraiment. C’est seulement lorsque l'on parvient à circoncire le prépuce du cœur, créant<br />

797


ainsi un espace vide dans le cœur, que le cœur ressentira réellement l’intensité de sa<br />

douleur. C’est alors que l’on en sera peiné et l'on regrettera sincèrement (les péchés).<br />

Dès lors, l’intensité de ses propres regrets entraînera ce sentiment aussi chez tous les<br />

cœurs de toutes les gouttes (de semence) émises par lui, en tout endroit où elles auront<br />

abouti, et à l’endroit où ils (les cœurs) se trouvent, ils ressentiront (la douleur). Il <strong>pour</strong>ra<br />

s’agir autant de ces gouttes qui ont été émises par lui et qui sont devenues ses enfants du<br />

genre humain, que de celles qui auront été émises par lui mais qui auront abouti dans un<br />

autre endroit, à Dieu ne plaise. Car même là-bas, elles possèdent aussi un cœur et des<br />

organes.<br />

Par conséquent, lorsqu’il circoncira son cœur, que son cœur ressentira l’intensité de sa<br />

douleur, et qu’il commencera à ressentir la peine et à regretter sincèrement, tous les<br />

cœurs de ses gouttes, où qu’ils se trouvent, ressentiront et prendront conscience de la<br />

vérité, combien sont-ils relégués en un endroit répugnant, dans un abîme profond.<br />

En effet, auparavant, il leur semblait que tout allait bien <strong>pour</strong> eux, en tant que forces<br />

nuisibles au monde. Ce n’est que par la suite, une fois leurs cœurs circoncis, grâce à la<br />

circoncision du cœur de leur père, qu’ils ressentent où ils se trouvent. Ils commencent<br />

alors à se lamenter et à souffrir. Il se produit alors un grand tumulte parmi eux.<br />

C'est ce dont il s'agit dans : « Et l'Éternel circoncira ton cœur et celui de ta descendance »<br />

(Dévarim 30:6). En d’autres termes, lorsque le Saint béni soit-Il circoncira son cœur, il<br />

circoncira du même coup le cœur de sa descendance. Peu importe l’endroit où a échouée<br />

la semence. S’il s’agit du genre humain, ses enfants seront inévitablement amenés à<br />

ressentir, eux aussi, des pensées de repentir, suite à la circoncision du cœur de leur père.<br />

Et il en va de même si elle a abouti ailleurs, à Dieu ne plaise, les cœurs y seront<br />

également circoncis, et ils ressentiront (des pensées de repentir).<br />

La période propice à cela est le mois de Eloul, car Eloul est formé des initiales : « Ète<br />

Lévavékha Véète Lévav / Ton Cœur Et le Cœur (de ta descendance) » (idem.). Autrement<br />

dit, l'Eternel circoncira son cœur à lui, ainsi que le cœur en général, c’est-à-dire de ceux<br />

qui dépendent de lui, là ils auront abouti. Autrement dit, le cœur des gouttes, quel que<br />

soit l’endroit où elles auront abouti, qu’elles aient émané <strong>pour</strong> se transformer en enfants<br />

798


du genre humain, ou qu’elles aient abouti, à Dieu ne plaise, dans un autre endroit, elles<br />

sont également ses enfants, et dépendent de lui.<br />

C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle, lorsqu’un homme meurt, elles (ces enfants ou entités)<br />

suivent son cercueil et le pleurent, tout comme ses enfants du genre humain. La<br />

différence est qu'en pareil cas, le fait qu’ils suivent et pleurent le disparu est <strong>pour</strong> lui une<br />

grande disgrâce et une honte profonde, que Dieu préserve. Que Dieu nous préserve de<br />

ces châtiments, comme nous le savons.<br />

TORAH 142<br />

Celui qui est dans l’incapacité totale d’étudier la Torah, qu’il soit ignorant, ou bien qu’il<br />

ne possède aucun livre, ou encore qu’il se trouve dans le désert par exemple, malgré<br />

tout, si son cœur brûle en lui et qu'il désire ardemment étudier et servir Dieu, dans un<br />

tel cas, le désir de son cœur <strong>pour</strong> étudier constitue en soi une étude dans le livre.<br />

En effet, il se trouve parfois que deux Justes dans le monde se parlent l’un à l’autre, bien<br />

qu'ils soient situés l’un de l’autre loin de plusieurs centaines de Parsaot. Et plus<br />

précisément, quand l’un de ces Justes pose une question de Torah, et que le second Juste,<br />

depuis l’endroit où il se trouve, prononce une parole qui constitue la réponse à la<br />

question du premier juste. Il arrive aussi parfois que l’un et l'autre posent chacun sa<br />

question, et que la question de l’un constitue la réponse à la question de son ami.<br />

Ainsi, ils se parlent l’un à l’autre. Mais aucun homme n’entend cela, à l’exception du Saint<br />

béni soit-Il Lui-même. C'est ce dont il s'agit dans : « Alors, ceux qui craignent Dieu se<br />

trouvent en conversation, l’un avec l’autre » (Malachie 3:16). Autrement dit, ils ne<br />

conversent pas l’un avec l’autre mais ils « se trouvent en conversation »,<br />

involontairement, du fait que l’un questionne et que l’autre répond. Et nulle créature<br />

n’entend cela, si ce n'est Dieu béni soit-Il. C’est en quoi : « … et l'Eternel écouta et<br />

entendit… » (idem.), car Lui seul entend et fait le lien entre les paroles de l’un et celles<br />

799


de l’autre et les retranscrit dans un Livre <strong>pour</strong> mémoire, et ainsi : « …et Il écrivit dans<br />

un Livre <strong>pour</strong> mémoire » (id.).<br />

Ainsi, ce livre dans lequel sont écrites leurs paroles, correspond au Cœur qui se trouve<br />

en Haut, là où sont retranscrites leurs paroles, de l'ordre de : « Ecris-les sur les tables de<br />

ton cœur » (Prov. 3:3). Aussi, celui dont le cœur brûle, qui désire étudier, mais qui se<br />

trouve dans l'impossibilité, reçoit alors un cœur, à partir du Cœur d'en Haut, qui<br />

correspond au Livre <strong>pour</strong> mémoire évoqué plus haut. C'est de là que son cœur reçoit ce<br />

qu'il désire, et ceci relève véritablement de la dimension d'une étude dans un livre.<br />

Il s'agit aussi du verset « Il écrivit dans un Livre <strong>pour</strong> mémoire, devant Lui, en faveur<br />

de ceux qui craignent l'Eternel et qui méditent Son nom » tel que nos maîtres de<br />

mémoire bénie le commentent : « Même s'il pense accomplir un commandement, mais<br />

s’en trouvant empêché et ne l’a pas accompli, le verset (cité précédemment) le considère<br />

néanmoins comme s’il l’avait effectivement accompli » (Brakhot 6a).<br />

En effet, le fait que son cœur désire et pense à accomplir, mais que la chose soit<br />

simplement impossible, est considéré comme une action, car il reçoit son désir du Cœur<br />

d’en Haut, qui relève du Livre de mémoire.<br />

C’est ce dont il s'agit dans : « Il écrivit dans un Livre <strong>pour</strong> mémoire, devant Lui, en<br />

faveur de ceux qui craignent l'Eternel et qui méditent Son nom », autrement dit, ce<br />

livre <strong>pour</strong> mémoire, réalisé grâce aux deux Justes comme expliqué plus haut, est destiné<br />

à « ceux qui craignent l'Eternel et qui méditent Son nom » : ceux qui désirent et aspirent à<br />

accomplir les commandements et étudier la Torah, mais qui, victimes d'empêchements<br />

et de contraintes, ne peuvent pas étudier. Ceux-ci en sont gratifiés, grâce au désir intense<br />

de leur cœur, depuis ce Livre qui correspond au Cœur.<br />

C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle Avraham, qui fut le premier des convertis, et qui n’avait<br />

donc aucun maître avec lequel il pouvait apprendre, mais qui ne possédait que le cœur,<br />

épris du désir profond de servir le Créateur, fut gratifié également depuis le Cœur d’en<br />

Haut appelé « Livre <strong>pour</strong> mémoire ». Il n’y avait alors aucun Juste dans le monde,<br />

<strong>pour</strong>tant, il était écrit sur ce Cœur ce que les âmes avaient étudié avant la Création. Ceci<br />

800


explique <strong>pour</strong>quoi Avraham notre père est appelé « Rocher », comme il est écrit : «<br />

Observez le rocher d'où vous fûtes taillés » (Isaïe 51:1). Il s'agit d'Avraham, comme<br />

l’explique Rachi à cet endroit. En effet, il relève de la dimension de : « Le rocher de mon<br />

cœur » (Ps. 73:26), car il ne possédait rien d'autre qu’un cœur épris du désir <strong>pour</strong> Dieu<br />

béni soit-Il. Par conséquent, tous les convertis sont nommés d’après son nom, et sont<br />

appelés : « Les plus généreux d’entre les nations, le peuple du Dieu d’Avraham » (idem<br />

47:10), au sens de « cœur généreux » (Chémot 35:22), car ils n’ont rien d'autre que le<br />

désir de leur cœur <strong>pour</strong> le Saint béni soit-Il, à l’image d’Avraham.<br />

TORAH 143<br />

C’est quelque chose d’élevé que de prendre un conseil auprès des sages de la<br />

génération car cela entraîne un adoucissement des jugements.<br />

En effet, lorsque l’on a besoin d’un conseil, et que l'on ne sait pas comment agir, cela<br />

tient du concept de Tsimtoum (rétraction de la lumière). Car, la rétraction de l'esprit<br />

engendre l'ignorance sur comment agir, et ceci correspond aux Jugements, comme on le<br />

sait. Par contre, en donnant un conseil, le sage lui agrandit (son esprit) et éclaire la<br />

sagesse en lui, ce qui relève des Bontés, car la Bonté est la lumière de la Sagesse, comme<br />

le mentionne le saint Zohar : « (Le Nom divin) « El » équivaut à la lumière la Sagesse » (1<br />

94a). Il est écrit aussi : « La Bonté de Dieu/El, tout le jour » (Ps. 52:3).<br />

De plus, il est écrit : « Le salut réside dans un grand nombre/RoV de conseillers » (Prov.<br />

11:14), et le Juste est appelé « RaV/nombreux », comme l’enseignent nos maîtres, de<br />

mémoire bénie : « Moché avait tellement de mérites qu’il était considéré comme le<br />

nombre » (Taanit 9a).<br />

Par ailleurs, si l'on accepte le conseil du Juste, quand bien même ce conseil n’a pas eu les<br />

effets espérés, on saura alors que ceci provient uniquement de Dieu béni soit-Il. Par<br />

contre, si l’on n’a pas accepté le conseil du Juste, il est possible qu’un malheur le frappe<br />

sans décret d’En-haut, car on l'aurait soi-même attiré sur soi, comme l’indique le verset :<br />

« La folie de l'homme lui fait faire fausse route, et c'est contre le Seigneur qu'il s'emporte »<br />

801


(Prov. 19:3). Si, par contre, on avait accepté le conseil du Juste, on aurait su que tout ce<br />

qui était advenu était conforme au jugement d'En-haut.<br />

TORAH 144<br />

Selon un manuscrit de Rabénou<br />

« Aucun homme n’est mort avec la moitié de ses désirs (réalisée) en sa main »<br />

(Kohélet Raba 1:34).<br />

Chez le Juste, rien ne diffère entre la vie terrestre et après la mort, car même après la<br />

mort il sert Dieu béni soit-Il. Une telle différence n’existe seulement que chez l’homme<br />

qui est attiré, sa vie durant, par les plaisirs de la nourriture et de la boisson. Après la<br />

mort, il ne mange ni ne boit, et c'est en quoi il est appelé mort, et en quoi la mort est<br />

significative chez lui.<br />

Il y a <strong>pour</strong>tant des jours <strong>pour</strong> lesquels la nourriture et la boisson sont permis, comme<br />

l’affirment nos sages de mémoire bénie : « Une moitié <strong>pour</strong> Dieu et une moitié <strong>pour</strong><br />

vous » (Pessa’him 68b). Or le Juste, même en ce qui concerne cette moitié, maîtrise son<br />

penchant, et retient son désir en sa main. Tel est le sens de : « avec la moitié de ses<br />

désirs (réalisée) en sa main » – même cette moitié qui lui est permise, il la retient en<br />

son pouvoir. Il est donc certain qu’il n’est pas mort, mais constamment vivant, même<br />

après la mort. Il n’y a chez lui aucune distinction entre mort et vie, car il sert Dieu sans<br />

cesse.<br />

TORAH 145<br />

Selon un manuscrit de Rabénou<br />

« Aucun homme n’est mort avec la moitié etc. » (Kohélet Raba 1:34).<br />

802


Ceci est du concept de la controverse, selon le Targoum (sur le verset) : « Les<br />

propriétaires de flèches ont tiré » (Bér. 49:23) – ce sont « les faiseurs de discordes ».<br />

Celui qui retient son désir de controverse est, de façon certaine, considéré comme s'il<br />

n’était pas mort.<br />

C’est ainsi que David en fit une requête $(Talmud Yérouchalmi Chékalim2 ; Bavli<br />

Yebamot 96a) : « Séjournerai-je dans Ta tente à jamais » (Ps. 61:5) – Serait-il possible de<br />

résider dans deux mondes ? » En réalité, il demanda que l'on rapporte des paroles de<br />

Lois en son nom, ce qui serait considéré comme s’il n’était pas mort.<br />

En revanche, à cause de la controverse, nous trouvons que les lois pratiques de la Torah<br />

n’ont pas été citées en leurs noms mais comme « D’autres disent » ou « Certains disent ».<br />

[Comme l’enseignent nos sages de mémoire bénie dans le traité Horayot 13, voir à cette<br />

référence].<br />

TORAH 146<br />

Selon un manuscrit de Rabénou<br />

« Le témoignage de l’Eternel est certifié » (Ps. 19:8).<br />

La chose recèle une difficulté : comment la Torah, appelée « femme », peut-elle<br />

témoigner, alors qu’une femme n’est pas habilitée à témoigner ? Voici la réponse à cette<br />

interrogation : « …Elle rend sage le fou » (idem.).<br />

C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle, elle (la femme) peut témoigner, comme rapporté dans le<br />

‘Hochène Michpat, Lois sur le témoignage, 35, alinéa 14 (Choulkhan Aroukh) : « Il est un<br />

décret des anciens selon lequel, dans un endroit où les hommes habituellement ne se<br />

trouvent pas, les femmes y sont certifiées (<strong>pour</strong> témoigner) ».<br />

Or, on sait bien que l'essentiel des désirs s’opère en cachette, selon : « L’eau volée a un<br />

goût suave » (Prov. 9:17), là où les gens ne sont pas habitués à s'y trouver. Par contre, la<br />

Torah, elle, y est présente, et l'appelle : « Quiconque à l'esprit faible, qu’il s’en détourne<br />

etc. » (idem 16 et Zohar 3 58a). Mais à cause de l’intensité de sa passion, l’homme<br />

n’entend pas son appel. Ensuite, après avoir assouvi son désir, il ressent aussitôt son<br />

appel et regrette immédiatement sa faute. Et ce regret en soi relève de « Elle rend sage<br />

803


le fou ». En effet, au moment de la faute, c'était un esprit de folie qui s’était infiltré en lui<br />

(Sota 3a), et donc, après avoir achevé sa faute (assouvi sa passion) et prêté l’oreille aux<br />

paroles de la Torah, il devient sage et regrette.<br />

Pour cette raison, la Torah, quand bien même serait-elle une femme (du genre féminin),<br />

est en mesure de témoigner, car elle demeure malgré tout dans un endroit où les<br />

hommes n’ont pas l’habitude de se trouver.<br />

[Depuis la Torah 144 jusqu'ici, il s’agit des paroles de Rabénou, que son souvenir soit<br />

une bénédiction.]<br />

TORAH 147<br />

Tout comme l'effronté n’a pas de part dans la Torah, comme l'ont dit nos maîtres de<br />

mémoire bénie $(‘Haguiga 14a) : « Il a ordonné une parole <strong>pour</strong> mille générations » (Ps.<br />

105:8) – le Saint béni soit-Il souhaita donner la Torah après mille générations mais,<br />

voyant que le monde ne <strong>pour</strong>rait subsister, Il décida de la donner après vingt-six<br />

générations, etc. Alors il se leva et les dispersa (à travers les générations) etc. : il s’agit<br />

des effrontés de chaque génération ». Ainsi il en ressort que les effrontés ne font pas<br />

partie du don de la Torah, mais proviennent des neuf-cent-soixante-quatorze<br />

générations impropres à recevoir la Torah.<br />

De plus, nos maîtres de mémoire bénie ont affirmé : « Celui qui fait preuve d'effronterie,<br />

sache que les pieds de ses ancêtres ne se tenaient pas sur le mont Sinaï » (Nedarim 20a).<br />

Il en découle donc que celui qui est effronté n’a pas de part dans la Torah.<br />

Tout comme ce dernier, un homme effacé et insignifiant (à lui-même), qui ne possède<br />

aucune audace de sainteté, n’a pas plus de part dans la Torah, comme l’enseignent nos<br />

maîtres de mémoire bénie : « Pour quelle raison la Torah fut donnée à Israël ? Parce<br />

qu’ils sont audacieux » (Bétsa 25b). On doit en effet avoir une audace de sainteté, comme<br />

nos maîtres ont ordonné : « Sois audacieux comme le tigre » (Avot 5:20).<br />

804


De plus, grâce à l’audace de sainteté qui est en soi, on se voit gratifié de l'audace sainte<br />

de Dieu béni soit-Il. On se relie ainsi à : « Donnez la puissance à Dieu, et Le Dieu d’Israël<br />

octroiera force et vigueur au peuple » (Ps. 68:35-36).<br />

« Donnez la puissance à Dieu » – c’est l'éveil d’en Bas. Si nous faisons preuve d'audace de<br />

sainteté afin d’affronter tous ceux qui se lèvent contre nous <strong>pour</strong> entraver notre service<br />

(de Dieu), à Dieu ne plaise, en les combattant avec une grande bravoure – ce qui est<br />

l'audace de sainteté -, nous donnons alors la puissance et la force en Haut, de l'ordre de :<br />

« Donnez la puissance à Dieu… ». Grâce à cela, s’éveille en Haut l’audace de sainteté qui se<br />

déverse sur nous, de l'ordre de : « …et Le Dieu d’Israël octroiera force et vigueur au<br />

peuple », <strong>pour</strong> signifier que Dieu béni soit-Il nous prodigue l’audace de sainteté, en nous<br />

offrant la force et la vigueur nécessaires <strong>pour</strong> affronter l’effronterie de l'Autre côté,<br />

relative à tous les effrontés de la génération.<br />

En effet, il est impossible de les vaincre si ce n’est au moyen de l’audace de sainteté. Car<br />

celui qui est dé<strong>pour</strong>vu d’audace de sainteté, sera dominé et sa Torah et son service divin<br />

seront entravés. Et comme nous l'avons dit, on ne peut espérer une part dans la Torah<br />

sans audace de sainteté.<br />

Certes, on doit équilibrer ses vertus, et ajuster la façon de se comporter avec audace,<br />

sans devenir, à Dieu ne plaise, effronté. Il s’agit là en effet d’un défaut particulièrement<br />

grave. Mais malgré tout, on doit faire preuve d’audace de sainteté.<br />

Quant à la vertu d’humilité, il s'agit d'un tout autre sujet. En effet, l'essentiel de la vertu<br />

d’humilité consiste à pouvoir écrire à son propre sujet comme Moché notre maître, que<br />

la paix soit sur lui : « Et l’homme Moché était très humble » (Bamidbar 12:3). Il s’agit ici<br />

de la qualité de l’humilité à l'extrême. De même avons-nous vu, chez les sages du<br />

Talmud, Rav Yossef déclarer : « Ne dis pas que l’humilité a disparu, car il y a moi » (Sota<br />

49b).<br />

TORAH 148<br />

La vertu de crainte en elle-même est une crainte de Dieu béni soit-Il. S’il en est ainsi,<br />

celle-ci possède également une crainte. De plus, cette crainte est elle aussi une crainte de<br />

805


Dieu béni soit-Il ; elle possède donc elle aussi une crainte. Ainsi, chaque crainte est<br />

englobée dans une autre crainte, de plus en plus haut, jusqu’à l’Infini.<br />

C'est ce dont il s'agit dans les paroles de nos sages de mémoire bénie $(Talmud Yerouch.<br />

Chabat 1:3) : « Ce que l'humilité en fait le talon de sa chaussure, la sagesse en fait la<br />

couronne sur sa tête, comme il est écrit : « Le talon de l’humilité est la crainte de<br />

l'Eternel »(Prov. 22:4) et « Les prémices de la sagesse est la crainte de l'Eternel » (Ps.<br />

111:10) ». Il en ressort que le talon de l’humilité est la crainte, et que les prémices de la<br />

sagesse est également la crainte.<br />

Par conséquent, il y a une crainte supérieure à la crainte, puisque la crainte elle-même<br />

possède une crainte. Il en va de même de plus en plus haut, jusqu’à l’Infini.<br />

TORAH 149<br />

« À la mi-nuit, je me lève <strong>pour</strong> Te rendre grâce, <strong>pour</strong> les jugements de Ta justice »<br />

(Ps. 119:62)<br />

La mi-nuit (prière du Tikoun ‘Hatsot) est un remède tel le rachat de l’âme (Pidione), car il<br />

consiste en l'adoucissement des jugements.<br />

En effet, la Justice (Tsédèk) équivaut à la Rigueur alors que le Jugement (Michpath)<br />

équivaut à la Miséricorde (Zohar, Pata’h Elyahou). Tel est donc le sens de : « <strong>pour</strong> les<br />

jugements de Ta justice », car la justice (rigueur) prédomine généralement sur le<br />

jugement (miséricorde), et la réparation (Tikoun) sera alors : « À la mi-nuit, je me<br />

lève ».<br />

En outre, l'essentiel de la mi-nuit est toujours six heures révolues après le début de la<br />

nuit, été comme hiver : c’est alors que commence le temps de la mi-nuit. Et il se prolonge<br />

ensuite jusqu’au terme de la seconde Garde, soit pendant deux heures.<br />

En outre, au matin, il est bon de regarder le ciel, <strong>pour</strong> attirer sur soi la Connaissance<br />

(Divine), voir le Zohar $(II 57a).<br />

806


TORAH 150<br />

« Yossef vit le visage de son père » (Sota 36b).<br />

Ce sujet constitue un grand mystère. Comment l'image (de Yaakov) put être vue sans que<br />

(Yaakov) lui-même ne le sache ? Il est en effet certain que Yaakov n’en était pas<br />

conscient. En outre, la grandeur de cette épreuve, quand bien même vit-il l’image de son<br />

père, constitue un mystère caché aux yeux des hommes.<br />

TORAH 151<br />

Voici un conseil pratique afin d’avoir des enfants : les deux conjoints doivent réciter avant l’acte<br />

conjugal la Parachat : « Lors de vos néoménies/Ouvraché ‘Hodchekhem… » (Bamidbar<br />

28:11-15). De même lorsque le bébé est malade, à Dieu ne plaise, l’homme et la femme<br />

réciteront ce passage « Lors de vos néoménies… ».<br />

En effet, le mot « Méorot/luminaires », (Bér. 1:24) est écrit sans la lettre Vav, qui représente la<br />

vitalité de toute chose. De même que dans le mot « Kalot/termina » (Moché termina…<br />

d’édifier le Tabernacle) » (Bamidbar 7:1) il manque également le Vav (Zohar I 236b).<br />

Tout ceci constitue le mystère du déclin de la lune à l’origine de cette dimension de<br />

« Méorot » sans Vav, correspondant à la diphtérie infantile, que Dieu nous en préserve.<br />

En effet, le Vav est la vitalité de toute chose. C’est <strong>pour</strong>quoi l’absence du Vav fait<br />

référence au manque de vitalité, à l’origine de la mort des nourrissons, que Dieu nous en<br />

préserve.<br />

Ainsi, comme on le sait, lors de la néoménie, la lune commence à croître et à se remplir, car elle<br />

était parvenue à cet instant précis au paroxysme du manque et du déclin (le premier<br />

jour d’un mois juif est toujours caractérisé par une apparente absence de lune, et ensuite<br />

elle commence à croître). Débute alors aussitôt son processus de croissance et de<br />

rectification. Tel est le sens de : « KaLoT/termina (son cycle lunaire) », dont les initiales<br />

forment les mots : « Kapara Lékhol Toldotam/rachat <strong>pour</strong> toute leur descendance», car<br />

807


c’est au cours du nouveau mois qu’est rectifiée et améliorée la dimension de « Kalot<br />

Moché (assimilable à la terminaison du cycle lunaire) » liée à la lune ; elle commence alors<br />

à croître (après son déclin quasi-total). Découle alors, à partir de « Kalot Moché » la<br />

dimension de « Kapara Lékhol Toldotam (un rachat, une expiation, <strong>pour</strong> toutes vos<br />

générations) ». En d’autres termes, le rachat, le pardon et l’adoucissement se déversent<br />

sur toute la descendance d’Israël <strong>pour</strong> qu’une bonne et longue vie leur soit accordée.<br />

C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle la lecture de la Parachat « Lors de vos néoménies … » est un<br />

conseil pratique <strong>pour</strong> avoir des enfants.<br />

TORAH 152<br />

Lorsqu’une âme sainte descend dans ce monde avec les ramifications qui lui correspondent, la<br />

Klipa (la carapace spirituelle) se met alors à l’entourer. Ne reste alors qu’une ouverture<br />

vers la foi, qui reste entrouverte, mais à cause de leurs fautes, à Dieu ne plaise, les<br />

ramifications sont écartées de là-bas, c’est-à-dire chassées du seuil de la foi. En<br />

conséquent, celles-ci se trouvent alors dans l’incapacité d’y entrer, c’est-à-dire, de se<br />

rapprocher de leur source qui est cette âme. En effet, il arrive qu’un homme soit éloigné<br />

et affaibli dans sa foi, comme le disent nos sages, au sujet de la terre d’Israël où des<br />

défunts ne méritent pas d’y être enterrés (Zohar III 72b) : « Vous êtes venus et avez<br />

souillé Ma terre » (Jérémie 2:7).<br />

Mais malgré les fautes engendrées par les ramifications, l’obstruction de cette entrée qui mène<br />

à la foi n’est que temporaire et cette porte s’ouvre à nouveau par la suite, comme par le<br />

passé. Autrement dit, au moment où celui qui n’est pas digne de se rapprocher (de cette<br />

âme) doit être rejeté à l’extérieur, les forces du mal se mettent alors à l’encercler, à se<br />

renforcer et à bloquer cette porte qui mène à la foi, l’empêchant ainsi d’y pénétrer<br />

(durant un laps de temps précis). Immédiatement après, la porte s’ouvre comme<br />

auparavant.<br />

Cependant, lorsque les fautes deviennent trop nombreuses et que les forces du mal se<br />

renforcent <strong>pour</strong> bloquer la porte afin de l’empêcher d’y pénétrer (la personne indigne),<br />

on craint alors et on soupçonne que la porte ne se ferme totalement, à Dieu ne plaise, à<br />

cause des multiples écorces qui se sont renforcés tout autour. C‘est <strong>pour</strong>quoi on poste à<br />

l’emplacement de cette entrée un homme craignant Dieu, spécialement désigné et<br />

808


chargé de veiller à empêcher quiconque d’y entrer. Quoi qu’il en soit, ceci sera bénéfique<br />

contre la carapace du mal qui encercle, car elle lui sera impossible de se rapprocher et<br />

de se répandre jusqu’à la porte, à cause de la présence de cet homme craignant Dieu et<br />

qui se tient là-bas.<br />

Mais en faisant preuve d’un dévouement total (à cette cause), à savoir, que si l’on se dévoue<br />

corps et âme afin d’entreprendre un voyage (en ce sens) et se rapprocher du Juste, il<br />

devient (alors) possible (malgré tout) de s’attacher à lui. Et cependant, la sagesse du<br />

Juste, soit, sa pensée véritable, ne <strong>pour</strong>ra (<strong>pour</strong> autant) éclairer (encore) cet homme.<br />

Que le Saint béni soit-Il hâte la délivrance, collective et générale.<br />

Consulte le Zohar, Parachat Térouma (II 140b), rapporté (par ailleurs) par le Pardess, au<br />

Portique des Témouroth, chap. 2: « En Terre sainte, tout est rectifié ». Regarde<br />

attentivement ce qui y est écrit au sujet d’un voile fin déployé à l’entrée, ce qui à la<br />

lumière du secret qui vient d’être exposé, fait référence à cet homme craignant Dieu, qui<br />

comme un voile fin, empêche, selon les termes du Zohar, de franchir le seuil (qui mène à<br />

la foi). Et cependant, l’impureté, également, ne peut s’y étendre, en raison de ce (même)<br />

voile fin. Cette idée correspond précisément à ce qui vient d’être exposé, au sujet de cet<br />

homme craignant Dieu. Réfléchis bien à ceci et tu comprendras des merveilles. Regarde<br />

également ce qui figure dans l’ouvrage « Touv Haarets », dans lequel il parle également<br />

du sujet de la terre d’Israël. Comprends bien ceci afin d’établir des comparaisons, car<br />

tout ceci n’est qu’un seul et même concept.<br />

TORAH 153<br />

Le fait de « recevoir le visage » d’un érudit en Torah est en rapport avec la lune, qui<br />

ne possède pas de lumière propre, mais la reçoit uniquement du soleil. Autrement<br />

dit, la lune, qui est (comparable à) un miroir réfléchissant (bien poli), reçoit la<br />

lumière du soleil, qu’elle fait ensuite rayonner sur la terre. Par contre si sa matière<br />

est épaisse, sombre et n’est pas polie (réfléchissante), elle ne <strong>pour</strong>ra pas recevoir la<br />

lumière. Il en va de même de l’élève et du maître qui symbolisent la lune et le soleil,<br />

comme il est rapporté par ailleurs $(LMI-6, #5). Ainsi, si cet élève possède un<br />

« visage », c’est-à-dire, un visage rayonnant, comme un miroir réfléchissant, il est<br />

809


alors en mesure de « recevoir un visage », c’est-à-dire de recevoir la lumière du<br />

visage de son maître. En pareil cas, l’élève mérite que le visage de son maître se<br />

reflète dans son propre visage, et c’est en ce sens qu’il « reçoit son visage », à l’image<br />

de n’importe quel miroir réfléchissant, devant lequel une personne voit son propre<br />

reflet. Ainsi, de manière inévitable, l’élève recevra en lui le visage de son maître, afin<br />

que le visage de son maître se reflète en lui. Tel est le sens de l’expression :<br />

« Réception du visage », au sens littéral et ceci se produit précisément si l’élève<br />

possède (déjà) un visage, c’est-à-dire un visage rayonnant, lié à la dimension de<br />

miroir poli. En revanche, s’il ne possède pas de visage, c’est-à-dire, s’il relève de la<br />

catégorie du « visage sombre », il ne peut alors pas recevoir le visage, comme nous<br />

l’avons rappelé au sujet de la lune et du soleil. En ce cas, il est certain que le visage du<br />

maître ne se reflètera pas en lui, comme lorsque l’on fait face à quelque chose d’épais<br />

et de sombre.<br />

De la sorte, il sera possible de savoir si l’élève en question est absorbé par l’appât du gain, car si<br />

(le Maître) ne se reconnaît pas en lui, il en déduira que (l’élève) entre dans la catégorie<br />

des « visages sombres », propres à ceux qui sont absorbés par l’appât du gain, comme<br />

expliqué par ailleurs $(LMI-23).<br />

Il en va également de tout homme vis-à-vis de son prochain, qui <strong>pour</strong>ra ainsi jauger de son état.<br />

En effet, quiconque parvient à s’affranchir de l’appât du gain davantage que son<br />

prochain, est qualifié de Juste par rapport à lui, comme expliqué par ailleurs $(LMI-23:2-<br />

3).<br />

C’est <strong>pour</strong>quoi il est écrit : « Face à face » (Dévarim 5:4). Lors du don de la Torah, les enfants<br />

d’Israël relevaient de la catégorie du « visage lumineux » et étaient en mesure de<br />

recevoir un visage de sainteté. Autrement dit, se reflétait en eux le visage de sainteté.<br />

« Face à face » signifiant que le visage de sainteté se trouvait à l’intérieur de leurs<br />

visages, correspondant à la « réception du visage ». Tel est le sens de « Dieu parla avec<br />

vous », car la parole s’adressait à chacun en particulier et sortait de chacun des membres<br />

du peuple, à partir du moment où se reflétait en eux le visage de sainteté.<br />

Par contre, celui qui est effronté ne possède pas de visage de sainteté et ne peut pas recevoir un<br />

visage. C’est <strong>pour</strong>quoi nos sages, de mémoire bénie, ont enseigné : « Celui qui est effronté<br />

est une preuve certaine que les pieds de ses ancêtres ne se tenaient pas sur le mont Sinaï »<br />

(Nedarim 20a).<br />

810


TORAH 154<br />

Il existe des « craintes frelatées ». Aussi, toutes les épreuves et jugements auxquels un homme<br />

est confronté proviennent de ces craintes frelatées, qui sont tombées dans une chose qui<br />

l’effraie et le fait souffrir. Ceci correspond à la dimension des « cinq craintes : celle que le<br />

faible suscite chez le fort, etc… » (Chabat 77b), car le fait que le fort craigne le faible<br />

s’oppose certes à la logique, mais résulte de la crainte supérieure, tombée et revêtue<br />

dans ces choses. C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle elles sont au nombre de cinq,<br />

correspondant aux cinq Rigueurs que sont les cinq lettres « doubles » (ou finales) : Mem,<br />

Noun, Tsadik, Pé et Khaf.<br />

Ainsi, il convient d’élever vers leur source et à leur place, ces craintes frelatées. Et le lieu de<br />

cette crainte se situe dans le cœur, comme l’explique Rachi : « D’une chose qui dépend du<br />

cœur de l’homme, il est dit « Tu craindras » (Vayikra 19:14). Cette crainte doit notamment<br />

s’accompagner de connaissance, car en l’absence de connaissance, il est écrit : « Ta<br />

crainte est ta sottise » (Job 4:6) et la crainte doit être dans le cœur. En effet, même les<br />

non-juifs possèdent de la connaissance, mais sans cœur. Cependant, l’essence de la<br />

connaissance se manifeste lorsqu’elle se situe dans le cœur, comme l’indique le verset : «<br />

Tu sauras aujourd’hui et le ramèneras jusqu’à ton cœur » (Dévarim 4:39) et comme il est<br />

écrit par ailleurs (idem 29:3) : « Il ne vous a pas donné un cœur <strong>pour</strong> comprendre »<br />

(« <strong>pour</strong> comprendre » précisément »). Et lorsque l’homme relie la connaissance du cœur<br />

avec la crainte, dont la source et l’emplacement se situent dans le cœur, il est alors<br />

indiqué : « Tu comprendras alors la crainte de l’Éternel et tu trouveras la connaissance de<br />

Dieu » (Prov. 2:5).<br />

En outre, il est écrit : « Un roi établit son pays par la justice » (idem 29:4), autrement dit, c’est<br />

par la justice qu’il établit et élève la crainte, qui est un aspect de la « terre », comme<br />

dans : « La terre s’en effraya » (Ps. 76:3). Quant à la justice, elle intervient lorsque<br />

l’homme statue et se juge lui-même sur chaque chose qu’il fait, avant même qu’il ne soit<br />

jugé d’en Haut. C’est ainsi que par cet auto-jugement, il se voit épargné d’un jugement<br />

céleste, car « lorsqu’il y a jugement en bas, il n’y a pas de jugement en Haut » (Dévarim<br />

Raba 5:4). En conséquence, puisqu’il n’y a pas de jugement sur lui, la crainte n’a pas<br />

811


esoin de chuter et de s’habiller en bas (en quelque chose d’extérieur), et il n’y a donc<br />

pas lieu de craindre quoique ce soit. Il ne possède alors que la crainte supérieure, la<br />

crainte suprême.<br />

(Consulter tout ceci dans l’Enseignement 15 où ce sujet est expliqué en détails).<br />

TORAH 155<br />

La tristesse est un très mauvais trait de caractère. Ainsi, le fait que l’homme ne se rende pas<br />

chez le Juste résulte de la tristesse et de l’apathie. De même, s’il ne prie pas comme il<br />

convient, ceci provient de la tristesse et de la paresse, autrement dit, d’un manque de foi.<br />

En effet, s’il possédait une foi pleine et entière, s’il croyait véritablement que le Saint<br />

béni soit-Il se tient au-dessus de lui et entend chacune des paroles qui sortent de sa<br />

bouche, qu’Il écoute le son de sa prière, nul doute qu’il prierait comme il se doit.<br />

Cependant, la cause principale des perturbations de la prière est due à une défaillance<br />

en matière de foi. Par conséquent, la tristesse et la paresse s’abattent sur lui et troublent<br />

sa prière, car l’essence de la tristesse et de la paresse émane du manque de foi. Ainsi par<br />

exemple, lorsque l’on plante du blé sur une bonne terre, celui-ci grandit et pousse<br />

convenablement et nul vent, éclair ou tonnerre ne peut l’endommager. Rien ne peut<br />

venir la dégrader par la force de croissance et de développement qui est en elle. En<br />

revanche, lorsque l’on place ce blé dans une terre impropre à la plantation, celui-ci se<br />

met alors à <strong>pour</strong>rir à l’intérieur de la terre, car elle est dé<strong>pour</strong>vue de la force de<br />

croissance et de développement. En ce sens, la foi représente cette notion de force de<br />

croissance et développement comme il est écrit : « Mordékhaï était le tuteur/ Omène de<br />

Hadassa » (Esther 2:7) – « Omène » au sens de d’élever et grandir, et comme l’affirment<br />

nos sages, de mémoire bénie : « La foi/ Émouna correspond au traité de la Michna Zéraïm<br />

(les grains) » (Chabat 31a). Par conséquent, lorsque l’homme possède la foi,<br />

correspondant à la force de pousser et de croître, rien ne peut venir le nuire. Dès lors, il<br />

ne craint rien ni personne, prie avec ferveur comme il convient. Il se rend chez le Juste,<br />

car il n’éprouve aucune crainte et aucune peur de ce monde. Mais lorsqu’il existe un<br />

manque de foi, il n’a alors pas la force de grandir ni la force de croître, et il <strong>pour</strong>rit de<br />

manière inévitable, à l’image du blé. C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle il fait preuve de<br />

tristesse, de paresse et de lourdeur, puis se dégrade (<strong>pour</strong>rit) véritablement.<br />

812


Telle est la notion de patience, lorsque l’homme ne craint rien et ne prête pas la moindre<br />

attention à ce qui <strong>pour</strong>rait venir le troubler ou le gêner dans son service divin. Il se<br />

contente (uniquement) d’agir. En effet, la patience consiste à ce que nulle chose ne<br />

vienne le perturber, car rien ne lui importe, si ce n'est que servir le Saint béni soit-Il.<br />

Ainsi, la « patience » dépend de la foi, car « tant qu’il y a de l’idolâtrie dans le monde, il y<br />

a de la colère dans le monde » (Sifri, Dévarim 13:18). Mais grâce à la foi, qui est<br />

l’opposée de l’idolâtrie, la colère est effacée et l’on parvient à la patience, l’opposée de la<br />

colère. En d’autres termes, l’homme accèdera à la patience par la vertu de la foi. Il<br />

retiendra sa colère devant toute chose qui viendrait le troubler et devant tout obstacle<br />

qui survient durant sa prière et son service divin. Il supportera tout sans <strong>pour</strong> autant<br />

devenir triste ou paresseux. Il devra, au contraire, retenir son souffle (de colère) sans se<br />

soucier et faire ce qui lui incombe de faire dans son service divin. Il surmontera tout,<br />

sans tenir compte de toutes perturbations et obstacles. Tout ceci relève de la dimension<br />

de patience, acquise grâce à la foi, liée à la force de croissance et à la force de<br />

développement, car, par cette vertu, il grandira, se développera et connaîtra la réussite<br />

dans son service divin. En effet, nul obstacle ne doit venir le déranger, le faire tomber<br />

dans la tristesse ou l’oisiveté, et le gêner, à Dieu ne plaise. Il fera simplement son devoir<br />

avec empressement et avec joie, sans s’attarder aucunement sur toutes ces<br />

perturbations, car tout est lié à la dimension de patience, à la foi et à la force de croître et<br />

de grandir.<br />

Sache que la patience est dépendante de la terre d’Israël, et c’est là-bas que l'on mérite<br />

d’acquérir cette patience. En effet, la terre d’Israël représente la dimension de foi,<br />

comme il est écrit : « Réside sur la terre et repais-toi de foi » (Ps. 37:3). Et selon les<br />

paroles de nos sages : « Toute personne qui réside sur la terre d’Israël est considérée<br />

comme ayant un Dieu » (Ketouvot 110b). Il en ressort que la terre d’Israël correspond à<br />

la dimension de foi, et grâce à la foi, on parvient à la patience. Autrement dit, aucun<br />

trouble, aucun obstacle ne vient perturber son service, comme nous l’avons déjà vu. Il en<br />

découle que le travail spirituel d’un homme juif s’acquiert principalement à travers la<br />

terre d’Israël, liée aux dimensions de foi, de patience, de grandir et de se développer,<br />

grâce auxquels on parvient à se renforcer dans son service, sans s’attarder sur le<br />

813


moindre obstacle, empêchement ou dérangement, car sinon il est impossible de parvenir<br />

véritablement à un (véritable) service divin.<br />

En outre, l’aspect essentiel du désir et de l’exaltation de Moché notre maître, que la paix soit sur<br />

lui, qui s’enflamma tant <strong>pour</strong> la terre d’Israël, émanait principalement de cette qualité de<br />

patience, car il vit que c’est là-bas que l’on pouvait parvenir à la patience. C’est <strong>pour</strong>quoi<br />

nos sages enseignent, à partir du verset : « Moché se hâta, il s'inclina à terre et se<br />

prosterna » (Chémot 34:8) – « Que vit-il ? Moché vit l’attribut de patience » (Sanh. 111a).<br />

C’est en effet parce qu’il vit que l’attribut de patience, dépendait de la terre d’Israël, qu’il<br />

s’inclina à terre. En effet, son cœur brûlait de désir <strong>pour</strong> la terre d’Israël afin de parvenir<br />

à l’attribut de patience. Tel est le sens des paroles de nos maîtres : « Un autre<br />

affirme qu’il vit la vérité. L’un dit ceci, l’autre dit cela sans s’opposer <strong>pour</strong> autant ». En<br />

effet, la terre d’Israël correspond également à l’attribut de vérité, comme indiqué par<br />

ailleurs (Enseignement 47), mais le Talmud de conclure qu’il vit l’attribut de patience,<br />

car le plus important reste la patience.<br />

En conséquence, chaque homme doit implorer le Saint béni soit-Il d’éprouver un désir ardent et<br />

de la nostalgie <strong>pour</strong> la terre d’Israël, de même que de la nostalgie <strong>pour</strong> tous les justes de<br />

la terre d’Israël. Ceci représente un remède efficace contre la colère et la tristesse, car<br />

« tout homme qui s’emporte, c’est comme s’il servait un culte idolâtre » (Chabat 105b).<br />

Cependant, la terre d’Israël entraîne la foi, menant à la patience, le contraire de la colère.<br />

C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle, avant la lecture du « Chéma Israël », correspondant à la foi dans<br />

l’Unité divine, nous demandons : « Il nous conduira directement vers notre terre … »,<br />

autrement dit, nous demandons et nous nous languissons de la terre d’Israël. C’est ainsi<br />

que nous parvenons à la foi, c’est-à-dire par la lecture du Chéma, liée à la foi.<br />

TORAH 156<br />

« Dieu, Crée-moi un cœur pur » (Ps. 51:12)<br />

Le fait de parler intimement à son Créateur représente un aspect de l’Esprit saint. C’est avec cet<br />

Esprit, que le roi David, qui était d’un très haut niveau, composa tout le livre des<br />

Psaumes. De même, chacun en particulier, selon son niveau, possède un degré d’Esprit<br />

814


saint, comme dans le verset : « Mon cœur T’a dit » (Ps. 27:8), tel que l’explique Rachi :<br />

« Pour Toi, envoyé par Toi (Dieu) – mon cœur m’a dit ». En effet, toutes les paroles que le<br />

cœur exprime constituent, véritablement, les paroles du Saint béni soit-Il et ceci<br />

correspond à l’Esprit saint.<br />

Il faut constamment se renouveler : demander chaque fois (à Dieu), à travers des supplications<br />

et des paroles nouvelles et agréables. Et <strong>pour</strong> mériter d'atteindre ce stade, il faut une<br />

certaine pureté du cœur. Et une telle pureté du cœur s’acquiert lorsque le cœur de<br />

l’homme est animé d’une exaltation et d’un embrasement <strong>pour</strong> le Saint béni soit-Il. C'est<br />

de cette manière que le cœur se purifie. Ainsi, lorsque le cœur s’enthousiasme et<br />

s’embrase <strong>pour</strong> le Saint béni soit-Il, on évite ainsi de s’enthousiasmer et de s’embraser<br />

<strong>pour</strong> une faute ou <strong>pour</strong> un mauvais désir*<br />

[*Par le réchauffement du cœur, on chasse l’esprit d’impureté. En effet, la propriété naturelle du<br />

feu est de renvoyer l’air, comme l’expliquent les physiciens. C’est <strong>pour</strong>quoi l’on peut<br />

tirer avec un pistolet lorsque la poudre qu’il contient est allumée. Ainsi, grâce à la force<br />

du feu, l’air est chassé et éjecte du même coup le contenu du pistolet. Plusieurs autres<br />

exemples concrets témoignent de ce phénomène. La règle est la suivante : le feu<br />

repousse l’air et c’est <strong>pour</strong>quoi le réchauffement du cœur, qui s’embrase <strong>pour</strong> le Saint<br />

béni soit-Il, chasse les esprits, qui sont de l’air. C’est-à-dire qu'il chasse l’esprit<br />

d’impureté. C’est de cette manière que le cœur se purifie].<br />

Ainsi, le cœur se purifie, comme l’évoque le verset : « Tout ce qui supporte le feu, vous le passerez<br />

par le feu » (Bamidbar 31:23). Aussi, lorsqu’un homme possède la pureté du cœur, il<br />

parvient alors à exprimer à chaque fois des paroles nouvelles, ce qui relève de l’Esprit<br />

saint. Tel est le sens de « Dieu, Crée-moi un cœur pur » suivi de « et renouvelle en moi<br />

un esprit approprié », afin de prononcer, à chaque fois, des paroles nouvelles,<br />

correspondant à l’Esprit saint, comme rappelé.<br />

Par conséquent, on parvient à cette exaltation et à cet embrasement <strong>pour</strong> le Saint béni soit-Il,<br />

grâce au mouvement, car le mouvement suscite le réchauffement, comme nous pouvons<br />

le constater concrètement. En effet, si l’on décoche une flèche recouverte de cire, cette<br />

cire se mettra à fondre, par le réchauffement occasionné par le mouvement. De même,<br />

815


par exemple, lorsque l’homme va et vient, il se met à transpirer par les mouvements (de<br />

ses membres).<br />

[L’essence du mouvement découle de la pensée, car au départ, la pensée est calme et au repos<br />

puis se met peu à peu à s’agiter en passant d’une idée à l’autre. En d’autres termes,<br />

lorsque l’homme est assis à sa place, sa pensée est au repos, puis, lorsqu’il veut se lever,<br />

sa pensée commence à s’agiter et il abandonne l’idée initiale (d’être assis) <strong>pour</strong> penser à<br />

partir, ce qui génère de la chaleur. C’est <strong>pour</strong>quoi un homme doit couvrir son corps<br />

lorsqu’il dort, car la pensée est alors calme et au repos et ne produit aucune chaleur].<br />

Ce principe s’applique aussi sur le plan spirituel lorsque la pensée réfléchit à la grandeur du<br />

Créateur, béni soit-Il et à Sa sainte Torah : elle s’agite (en passant) d’une pensée à l’autre.<br />

Ce mouvement provoque de la chaleur et son cœur s’embrase <strong>pour</strong> le Saint béni soit-Il.<br />

De même, la chaleur de l’élément feu provient essentiellement de ce qu’il reçoit du mouvement<br />

des étoiles, car l’élément feu est plus élevé que l’élément air et plus proche des planètes.<br />

Ainsi, chaque planète reçoit de la planète au-dessus d’elle. De ce fait, en conférant du<br />

mérite à de nombreuses personnes, c’est-à-dire, en rapprochant les gens vers le service<br />

du Saint béni soit-Il ou en jugeant chaque personne avec indulgence, ce qui s’appelle<br />

aussi « conférer du mérite aux autres », l’homme suscite également de la chaleur et de<br />

l’enthousiasme <strong>pour</strong> le Saint béni soit-Il, comme l’indique le verset : « Et dirigent la<br />

multitude vers le droit chemin, comme les étoiles » (Daniel 12:3). Il reçoit la chaleur de ce<br />

qui se situe au-dessus de lui et peut ensuite également la communiquer à quelqu’un<br />

d’autre, à l’instar des étoiles, qui reçoivent d’en Haut et le font descendre en bas.<br />

Cependant, celui qui ne reçoit pas la chaleur de celui qui est en haut, mais transmet<br />

quand même sa chaleur à un autre, ne le fait que de manière momentanée tout en se<br />

refroidissant lui-même. Ceci est comparable à du fer blanchi que l’on trempe dans l’eau<br />

<strong>pour</strong> qu’il se refroidisse ; cette eau se réchauffera elle aussi mais de manière provisoire.<br />

[Du début de « Par conséquent, on parvient … » jusqu’ici, n’a pas été écrit convenablement dans<br />

l’ordre, car je n’ai pas entendu ce sujet directement de sa propre bouche sainte<br />

(Rabénou), mais en son nom de la bouche d’un autre. Le point principal est à consulter<br />

par ailleurs, dans l’Enseignement 21 où sont expliqués ces concepts en détail. En<br />

résumé, les mouvements de l’intellect créent de la chaleur dans le cœur. Autrement dit,<br />

en parvenant à comprendre la Connaissance sainte, par la sainteté des sept lampes, de<br />

cette manière, l’homme atteint l’exaltation du cœur <strong>pour</strong> le Saint béni soit-Il. Ainsi, grâce<br />

816


à l’enthousiasme du cœur, il parvient à chasser l’esprit d’impureté, le vent de folie,<br />

comme rappelé par ailleurs. De cette manière, il purifie son cœur et mérite alors de<br />

prononcer des paroles nouvelles, à chaque fois qu’il s’isole, ce qui relève de l’Esprit saint<br />

comme on l’a vu plus haut].<br />

TORAH 157<br />

Si l’homme s’attache (réellement) aux paroles de Torah qui sortent de la bouche du Juste, je<br />

peux m’étonner alors : comment est-il ensuite possible de supporter et de désirer la vie<br />

de ce monde ? C’est ainsi qu’il est écrit : « Toute personne qui tire un profit des paroles de<br />

la Torah, retire sa vie de ce monde » (Avot 4:5). Comprends bien cela.<br />

TORAH 158<br />

Certaines personnes ont raconté qu’une fois, elles ont vu un feu brûler au loin, mais que<br />

lorsqu’elles se sont rapprochées de l’endroit, il n’y avait rien du tout. Il arrive également<br />

que ce même phénomène se produise également sur la route ou encore sur la mer.<br />

Effectivement, on sait que cela résulte des vapeurs qui s’élèvent de la terre. Ainsi, il<br />

existe des vapeurs dont la force est celle du souffre, mais lorsque certaines de ces<br />

vapeurs s’élèvent et se regroupent entre elles, et qu’un vent froid d’en haut vient les<br />

heurter, celles-ci tombent en bas et commencent à se consumer momentanément (ce qui<br />

donne l'impression d'un feu sporadique). De la même façon, certaines personnes sont<br />

parfois animées d’un embrasement du cœur <strong>pour</strong> le Saint béni soit-Il et commencent à<br />

Le servir, mais l’instant d’après, elles retournent à ce qu’elles étaient. Ainsi, cet<br />

engouement dure parfois une demi-journée ou quelques jours et quelques semaines,<br />

mais jamais définitivement, et encore moins sur une longue période. En effet, (ce<br />

phénomène) est causé par les impies, c’est-à-dire par le fait que « les impies sont pleins<br />

de regrets ». Ces regrets se rassemblent et touchent une personne en particulier et, en<br />

fonction du nombre de regrets qui l’atteignent, ainsi sera la durée de l’embrasement de<br />

son cœur <strong>pour</strong> le Saint béni soit-Il. Et c’est à cause de ces regrets que son cœur<br />

s’enflamme soudain. Cependant, tous les hommes ne sont pas identiques en ce qui<br />

817


concerne ce sujet (et ne réagissent pas de la même manière) : certaines personnes ne<br />

ressentent pas d’exaltation à partir de ces regrets, mais à partir d’une autre chose.<br />

TORAH 159<br />

Sache qu’il existe un intermédiaire : la Présence divine est l’intermédiaire entre les êtres<br />

humains et le Saint béni soit-Il, si l’on peut s’exprimer ainsi. On sait aussi qu’il existe<br />

différentes formes d’étude de la Torah, car tous les hommes n’étudient pas au même<br />

niveau. Mais lorsqu’un homme parvient à étudier <strong>pour</strong> la Présence divine, et que cette<br />

étude s’élève jusqu’à la Présence divine, celle-ci accepte cette étude et l’élève jusqu’au<br />

Saint béni soit-Il. Se déverse alors la bénédiction, c’est-à-dire l’abondance spirituelle et<br />

matérielle. En effet, la Torah contient à la fois le feu et l’eau, et lorsque la Présence<br />

divine, qui constitue un intermédiaire, reçoit la Torah, la force du feu s’élève alors vers le<br />

haut, déversant la bénédiction sur tous les mondes, les anges et Séraphins, etc… Il s’agit<br />

là de l’abondance spirituelle. D’autre part, de la force de l’eau émane l’abondance<br />

matérielle qui se déverse ensuite sur ce monde. Telle est la dimension de droite et de<br />

gauche que l’on retrouve dans la Torah, au sens de « Longévité des jours à sa droite, à sa<br />

gauche richesse et honneur » (Prov. 3:16). « Longévité des jours » fait référence au jour<br />

éternel, comme l’ont affirmé nos sages, de mémoire bénie $(Kidouchin 39b) et qui<br />

correspond à la bénédiction spirituelle, à la dimension de la droite. Ce flux de<br />

bénédiction est destiné au monde éternel que sont les mondes spirituels. En outre, la<br />

richesse et l’honneur, qui correspondent à la bénédiction matérielle, relèvent de la<br />

dimension de gauche.<br />

Néanmoins, tout homme ne réussit pas nécessairement à faire en sorte que son étude s’élève<br />

jusqu’à la Présence Divine. Pour cela, il faut être un homme de valeur dont l’étude est<br />

exclusivement destinée à la Présence Divine, c’est-à-dire qu’elle ne vise qu’à relever la<br />

Présence divine de la poussière. Une telle étude n’est pas méritée par tous les hommes.<br />

Et même si l’homme étudie avec la crainte du Ciel, et qu’il affirme que son étude vise à<br />

relever la Présence Divine de la poussière, qui peut malgré tout savoir si cette personne<br />

est digne de voir son étude destinée à la Présence divine.<br />

818


Et lorsque cette étude ne s’élève pas jusqu’à la Présence divine, la Torah sort sans pouvoir<br />

s’élever vers le lieu de sa résidence, alors que sa nature la pousse (toujours) à s’élever et<br />

à monter. Ceci conduit alors à la nuit, lorsque sortent « tous ceux qui exécutent les<br />

sentences », tels qu’ils sont évoqués dans le saint Zohar $(I, 203b) et qui viennent<br />

frapper sur elle (la Torah), qui tombe à terre et se disperse alors en bas, dans le monde<br />

entier. Tous les hommes respirent ainsi de cet air et tous puisent de cette Torah<br />

disséminée dans l’air en bas, qu’ils soient éveillés ou endormis. Ainsi, la nature de<br />

l’homme qui reçoit cette Torah viendra déterminer ce qu’il adviendra de cette dernière.<br />

Ainsi, lorsque c’est un homme vertueux qui possède la crainte de Dieu, y compris à un<br />

faible niveau, ou bien si c’est un grand homme et un Juste, qui reçoit ces (parcelles) de<br />

Torah disséminées, celles-ci se transformeront <strong>pour</strong> lui en « TaL/rosée » de Torah<br />

(Ketouvot 111b). Il lui parviendra un éveil nouveau et un désir <strong>pour</strong> la Torah. Tout sera<br />

en fonction du niveau de celui qui les reçoit. En effet, <strong>pour</strong> certains, ces parcelles de<br />

Torah deviendront de nouvelles interprétations, car lorsque l’homme reçoit plusieurs<br />

enseignements de plusieurs personnes, celles-ci engendrent de nouvelles permutations<br />

et (elles se combinent) de telle sorte que l’on est en mesure d’avoir accès à des<br />

perceptions et explications nouvelles de la Torah. Quant aux personnes de niveau<br />

inférieur, inaptes à percevoir et à innover, elles recevront de ces parcelles un éveil<br />

nouveau et un désir intense <strong>pour</strong> la Torah, ce qui entre également dans la catégorie des<br />

nouvelles explications de Torah, puisque se renouvellent par elles un éveil et un désir<br />

(spirituel de servir Dieu). Tout ceci se produit quand elles (parcelles) atteignent des<br />

hommes vertueux et respectables.<br />

En revanche, lorsqu’elles parviennent à des hommes non vertueux, se produit alors l’inverse et<br />

de ces enseignements de Torah et sont engendrés LaT (39) travaux. A l’inverse elles se<br />

manifestent sous la forme de désirs intenses et d’éveils nouveaux <strong>pour</strong> le labeur, les<br />

efforts et les travaux de ce monde, qui constituent l’exact opposé du « TaL/la rosée » de<br />

la Torah, c’est-à-dire les LaT (39) travaux (interdits durant le Chabat), correspondant<br />

« À la sueur de ton front, tu mangeras ton pain » (Bér. 3:19).<br />

Il s’agit là de la dimension de droite et de gauche que l’on trouve dans la Torah. En d’autres<br />

termes, lorsque ceci parvient à une personne vertueuse, ceci devient Tal Torah, c’est-àdire<br />

la droite, et à l’inverse, ceci se transforme en Lat (39) travaux, liés à la gauche. Et<br />

lorsque l’étude de la Torah s’élève vers la Présence divine, droite et gauche, feu et eau,<br />

819


cela se transforme en abondance spirituelle et matérielle (respectivement). Par contre, à<br />

partir de l’étude qui ne parvient pas à s’élever jusqu’à la Présence divine et se disperse<br />

dans l’air, droite et gauche, feu et eau deviennent TaL, ou LaT (39) travaux, en fonction<br />

de la nature de ceux qui reçoivent.<br />

Une telle chose s’explique clairement sur le plan matériel. En effet, lorsqu’un homme étudie, des<br />

souffles et des vapeurs sortent de sa bouche. Et même si parfois, il ne prononce pas de<br />

parole, au moment où il est assis et se penche sur un livre, du souffle et des vapeurs<br />

sortent de lui, contenant de la chaleur et de l’humidité, comme on peut le constater<br />

concrètement. Ainsi, ces souffles et ces vapeurs qui sortent correspondent au feu et à<br />

l’eau, et lorsqu’elles ne peuvent pas s’élever vers l’endroit où elles devraient être, dès<br />

lors, durant la nuit, ceux qui ‘exécutent les sentences’ viennent les frapper. Celles-ci se<br />

dispersent alors dans l’air et les hommes respirent cet air. C’est alors que chacun en<br />

particulier respire ces forces de la Torah répandues dans l’air.<br />

Ainsi, véritablement, la rosée (Tal) matérielle comprend deux forces : le bien et le mal, pouvant<br />

tuer ou faire vivre. Ces vapeurs s’élèvent depuis la terre, et lorsque la nuit il fait froid et<br />

que ce froid venu d’en haut vient les frapper, elles tombent à terre et de la rosée est<br />

produite à partir d’elles. Il s’agit là de la vitalité des plantes et des animaux qui en<br />

mangent, et qui grossissent. D’autre part, il existe des espèces (d’animaux) <strong>pour</strong> qui la<br />

rosée endommage particulièrement, de même <strong>pour</strong> les êtres humains qui mangeraient<br />

de la rosée. Il peut en découler toutes sortes de maladies, à Dieu ne plaise. La rosée<br />

possède ainsi ces deux forces : celle de tuer et celle de faire vivre. Ainsi sont ces<br />

(parcelles) de Torah (disséminées dans l’air) à travers les dimensions évoquées plus<br />

haut, et qui correspond à la rosée naturelle qui se transforment en « Tal/rosée » et « Les<br />

Justes emprunteront ses voies » (Osée 14:10).<br />

(Après avoir prononcé cette Torah, il (Rabenou) a répondu et a dit : « Mais je n’ai trouvé aucun<br />

manuscrit ou source rabbinique sur cela. Peut-être que quelqu’un sera capable de<br />

trouver quelques sources dans quelques versets ou enseignements des sages ». Il<br />

mentionna ensuite ce que Rabbi Yéhochoua a dit : « Qui ôtera la poussière de tes yeux,<br />

Rabbi Yo’hanan ben Zakaï, toi qui disais : « Une génération viendra bientôt… (et sur ses<br />

dires) il n’y avait pas de source d'un verset dans la Torah (venant confirmer ses paroles).<br />

Mais voici, n'est-ce pas que Rabbi Akiva, ton disciple, a effectivement trouvé une source<br />

à cela dans un verset de la Torah » (Sota 27b).<br />

820


TORAH 160<br />

Le pouls émet des pulsations et bat à l’intérieur de l’homme. Il résonne parfois en l’homme afin<br />

de lui rappeler le service du Saint béni soit-Il, comme dans : « La voix de mon bien-aimé<br />

vient frapper » (Cantique 5:2). Et parfois, (il frappe) <strong>pour</strong> l’entraîner à la faute, à Dieu ne<br />

plaise. En effet, la pulsation provient de la respiration, et la respiration émane de l’air,<br />

par l’intermédiaire de la parole. Ainsi, le pouls dépend de la parole, <strong>pour</strong> le bien ou <strong>pour</strong><br />

le mal.<br />

TORAH 161<br />

La discorde élève et hisse l’homme, car « l’homme est un arbre des champs » (Dévarim 20:19).<br />

Au sens où, lorsqu’un arbre est enraciné dans le sol, il lui est impossible de s’élever luimême,<br />

sauf lorsque des eaux torrentielles se déversent sur lui. En pareil cas, ces eaux<br />

hissent l’arbre et l’emportent. Ainsi, la discorde est appelée « eau », comme il est écrit : «<br />

Elles m’enveloppent sans relâche comme les flots, ensemble, elles me cernent de toutes<br />

parts » (Ps. 88:18).<br />

TORAH 162<br />

À l’époque du Maguid – que son souvenir soit une bénédiction – vivait un homme riche et<br />

d’illustre lignée, qui s’opposait aux disciples du Maguid. Ceux-ci vinrent parler de cet<br />

homme à leur maître, qui leur demanda de faire en sorte de le rapprocher lui et de prier<br />

le Saint béni soit-Il de leur venir en aide. C’est ainsi qu’ils agirent, reçurent l’aide divine<br />

et parvinrent à rapprocher cet homme du Maguid, de mémoire bénie. Cet homme devint<br />

un Juif vertueux, animé de la crainte de Dieu, mais commença à perdre tous ses biens. Le<br />

Maguid déclara : « Il est impossible que ces deux-là se retrouvent au même endroit,<br />

autrement dit, la grandeur et la Torah, car celui qui désire acquérir la sagesse devra se<br />

diriger vers le sud et celui qui aspire à devenir riche devra se diriger vers le nord » (Baba<br />

Batra 25b). Il en découle donc que lorsque l’homme aspire à la sagesse, il se trouve au<br />

sud et c’est la raison <strong>pour</strong> laquelle il ne peut pas s’enrichir ; car, s’il se trouve au sud, il<br />

821


n’est donc pas au nord, alors que la richesse s’y trouve, et ainsi l’inverse. Mais si un<br />

homme est complètement humble, au stade du néant (du total non-égo), il ne se trouve<br />

alors ni d’un côté ni de l’autre, car il est impossible de dire à son propos qu’il se situe au<br />

nord ou au sud, puisqu’il est véritablement au stade du néant et de l’annulation totale.<br />

C’est alors seulement que la Torah et la grandeur <strong>pour</strong>ront se trouver en un même<br />

endroit, à l’image de Moché notre maître, que la paix soit sur lui, ainsi que Rabénou<br />

Hakadoch (Rabbi Yéhouda Hanassi, qui a compilé la Michna).<br />

TORAH 163<br />

Il arrive parfois que la parole soit en place et prête à sortir, mais qu’elle ne s’exprime pas par la<br />

voie de la bouche, mais plutôt par la voie de la nuque, [il est d’ailleurs parfois<br />

véritablement possible d’entendre la parole sortir non par la bouche mais par la nuque].<br />

Il existe trois Klipot (forces du mal) qui désirent constamment s’approprier la parole, en<br />

particulier la parole sainte d’un grand homme. En effet, chez de telles personnes, toutes<br />

les paroles sont belles, plaisantes et importantes et ces forces du mal souhaitent se les<br />

approprier, à plus forte raison quand la parole est véritablement agréable.<br />

Parallèlement, (il faut savoir que) les Égyptiens étaient tous noirs. Et même si Sarah n’avait pas<br />

été aussi belle, elle serait restée tout aussi importante à leurs yeux. En ce sens, la parole<br />

correspond à Sarah et chacun selon son niveau. Certains sont liés à la dimension de<br />

« dirigeant national » (Brakhot 13a), correspondant à celui qui exerce un pouvoir par sa<br />

parole sur une ville ou un pays. D’autres sont liés à la dimension de « dirigeant le monde<br />

tout entier » et d’autres encore sur leur foyer, mais ceux qui appartiennent à la catégorie<br />

des « Égyptiens » – tous noirs et de bas niveau – toutes les paroles ont de la valeur et ils<br />

aspirent à s’en emparer. En effet, ces trois forces du mal correspondent aux trois<br />

ministres de Pharaon : le chef panetier (boulanger), le maître échanson (chargé de la<br />

boisson du roi) et le chef des cuisines (des viandes), représentent la tentation de manger<br />

et de boire. Quant à « PaRO/Pharaon », il possède les lettres de « haORePh/la nuque »,<br />

qui se tiennent derrière la sainteté. Ainsi, dès que ces trois ministres de Pharaon voient<br />

Sarah, qui représente la parole, celle-ci apparaît alors belle et plaisante à leurs yeux et ils<br />

la capturent <strong>pour</strong> la conduire à Pharaon, comme il est écrit : « Les officiers de Pharaon la<br />

822


virent et la vantèrent à Pharaon » (Bér. 12:15). Ainsi, ces trois ministres correspondent à<br />

la trachée-artère, à l’œsophage et aux veines qui relèguent la parole vers la nuque.<br />

Et lorsque la parole est sainte, elle correspond à Sarah, qui était accompagnée de la Présence<br />

divine. Même si Avraham fut extrêmement affligé quand elle fut capturée, il savait<br />

malgré tout, fort de sa confiance en Dieu, que le fait d’avoir été conduite en cet endroit,<br />

constituait en réalité un grand bienfait, qui provoquerait chez le Saint béni soit-Il un<br />

grand plaisir, comme l’indique le verset : « En un temps où l'homme (dans ce cas<br />

Pharaon) domine sur l'homme (ici Sarah) <strong>pour</strong> son (propre) malheur » (Kohélet 8:9), car<br />

elle (Sarah) y recueillit les étincelles saintes (dissimulées parmi l’impureté). Mais s’il<br />

s’agit d’une simple parole (une parole ordinaire), à Dieu ne plaise, il se peut qu’elle y soit<br />

captive au point d’y rester bloquée, à moins qu’un Juste authentique, doté du pouvoir de<br />

la libérer, n’intervienne.<br />

Il peut exister par ailleurs un homme devenu lui-même totalement une parole, devenu l’objet<br />

de conversation dans la bouche des créatures, celui dont tout le monde parle. Celui-ci<br />

erre alors de part en part, balloté dans la bouche de tous, et chez chaque personne dans<br />

laquelle il se retrouve, il doit subir des souffrances et des douleurs horribles, car chaque<br />

individu possède sa propre dimension de « Pharaon ». Ainsi, quand elle atteint la bouche<br />

d’un homme éminent comme le Pharaon et roi du pays d’Egypte, celui-ci éprouve certes<br />

une grande affliction de voir les trois ministres s’emparer de la parole et la capturer,<br />

mais en conçoit néanmoins un plaisir, car il lui est possible d’y extraire finalement des<br />

étincelles de sainteté, dont découlera un grand bienfait (à l’instar de Sarah qui fut prise<br />

par Pharaon). En revanche, lorsqu’elle (la parole) parvient dans la bouche de basses<br />

personnes, et lorsque celles-ci saisissent la parole (<strong>pour</strong> la mener) vers la nuque et la<br />

faire tomber là-bas (l’emprisonner), ceci s’apparente alors à un désert aride et sec, que<br />

nul homme n’a foulé, elle n’y rencontrera personne (aucune étincelle de sainteté à<br />

déceler et à élever) et en concevra une grande amertume.<br />

Ainsi l’âme erre de part en part et se divise en parcelles <strong>pour</strong> atteindre la bouche de<br />

nombreuses personnes. Elle se fatigue, a faim et a soif dans un désert sans nourriture,<br />

<strong>pour</strong> apaiser son âme affamée et assoiffée, jusqu’au point de se dévorer elle-même,<br />

comme dans le verset : « Chaque homme va jusqu'à manger la chair de son propre<br />

bras » (Isaïe 9:19). Ceci peut être comparé à un homme en proie à un froid glacial, mais<br />

qui, faute de couverture <strong>pour</strong> se réchauffer et s’envelopper, se recroqueville, se serre et<br />

823


se contracte lui-même. Il en est de même de l’âme, qui ne possède pas la moindre<br />

couverture dans laquelle se couvrir et s’envelopper, comme dans : « Leur âme<br />

s’enveloppe en eux » (Ps. 107:5) – autrement dit, enveloppées (recroquevillées) en ellesmêmes.<br />

Ainsi, l’âme est à ce point défaillante que même si on lui donnait quelque chose à<br />

manger, elle serait incapable de l’engloutir. Ceci est comparable à un homme malade<br />

depuis longtemps, si affaibli qu’il ne peut consommer le moindre aliment et que même si<br />

on lui présente un mets quelconque, il le repousse, incapable de l’accepter.<br />

Mais que pouvons-nous faire ? Nous qui, par nos fautes, avons fait en sorte de ne pas écouter les<br />

bons conseils que le Saint béni soit-Il nous a donnés [« Ils M'ont présenté la nuque et non<br />

la face » (Jérémie 2:27)].<br />

Dès lors, l’homme en prison, captif car il a été attrapé et enfermé. Et parfois, son âme est élevée<br />

vers le haut, jusqu’au ciel, <strong>pour</strong> être ensuite renvoyée en bas, car l’ascension initiale<br />

n’était pas graduelle, et c’est comme si on l’avait jeté (vers le haut) du revers de la main.<br />

C’est <strong>pour</strong>quoi on le renvoie (par la suite) en bas, comme il est écrit : « Ils monteront<br />

jusqu’au ciel, et descendront dans les abîmes » (Ps. 107:26).<br />

Que le Saint béni soit-Il envoie la guérison de l’âme, car nous croyons que tout sera juste et que<br />

notre sort se déroulera au mieux, amen.<br />

[J’ai entendu tout ceci de sa sainte bouche (Rabénou), mais lorsqu’il a vu par la suite chez moi<br />

ces choses par écrit, il a dit que je ne les avais pas bien retranscrites. Il a affirmé que<br />

toutes ces notions sont liées à cet enseignement de nos sages, de mémoire bénie :<br />

« Quatre doivent exprimer leur reconnaissance… » (Brakhot 54b), mentionnés dans le<br />

psaume 107. Il semble, d’après ses paroles, que ces quatre évoqués plus haut sont ceux<br />

qui traversent les déserts (et chemins dangereux), les captifs en prison, les malades et<br />

ceux qui traversent la mer : tout ceci fait allusion aux tourments de l’âme (et de l’esprit),<br />

comme rappelé par ailleurs à propos des souffrances de l’âme, qui va et vient, se<br />

disperse et se retrouve éparpillée dans la bouche de plusieurs personnes. Elle est<br />

affamée et assoiffée dans le désert, ce qui correspond au verset : « Ils ont erré dans le<br />

désert … ». De même il parle de cette âme si malade, tellement affaiblie que même si on<br />

lui donne quelque chose à manger… Tel est le sens de : « Leur âme a faim de tout<br />

aliment » qui fait référence à un malade. De même parle-t-il du captif en prison, puis<br />

aussi du sujet : « Ils monteront jusqu’au ciel, descendront dans les abîmes », en référence à<br />

ceux qui traversent la mer. Son intention sainte est clairement exprimée : faire allusion<br />

824


aux quatre personnes qui doivent exprimer leur reconnaissance, à propos des tourments<br />

de l’âme dans son service de Dieu, sur laquelle pèse une large opposition et nombreux<br />

sont ceux qui se lèvent contre elle. Elle endure ainsi des souffrances, des épreuves et de<br />

grands bouleversements (l’exil de l’âme), ainsi que de grandes douleurs… Et le Saint<br />

béni soit-Il la délivre à chaque fois de toutes ces souffrances, et c’est <strong>pour</strong> cette raison<br />

que nous sommes dans l’obligation de remercier constamment (Dieu, <strong>pour</strong> toutes ces<br />

délivrances et bienfaits). Que le Saint béni soit-Il nous donne le mérite de comprendre<br />

Son intention sainte $(consulte ce point LMI-62).]<br />

TORAH 164<br />

A propos des paroles profanes du Juste authentique.<br />

Prenons l’exemple d’un médecin tombé malade et contraint de s’en remettre lui-même à un<br />

docteur plus éminent, mais qui souhaiterait recevoir de lui un traitement en fonction de<br />

ce qu’il connaît : arracher une dent ou le raser, alors que ce docteur (éminent) sait<br />

(exactement) quels sont les remèdes précieux et efficaces qu’il doit lui prescrire. De la<br />

même façon il peut arriver qu’un homme se rende chez un érudit de la Torah ou un Juste<br />

de la génération, qui soigne les maladies de l’âme. Il souhaite que ce Juste lui fournisse<br />

des remèdes, c’est-à-dire, les règles et la posologie en fonction de ce qui lui-même<br />

connaît. Mais en réalité, le Juste possède des méthodes et des voies efficaces qu’il doit<br />

lui-même prescrire <strong>pour</strong> la guérison.<br />

Ainsi donc, il est parfois nécessaire de prescrire au malade un certain médicament qui, donné<br />

tel quel, <strong>pour</strong>rait très certainement tuer ce malade. Il est alors indispensable de<br />

mélanger ce médicament à d’autres composants. En effet, il existe des personnes à qui il<br />

est impossible de dévoiler la dimension profonde de la Torah nécessaire à leur guérison,<br />

car si la Torah constitue la guérison, comme l’indique le verset : « Elle sera guérison <strong>pour</strong><br />

ton nombril » (Prov. 3:8), elle possède aussi ces deux aptitudes : remède de vie et poison<br />

mortel, comme l’enseignent nos sages, de mémoire bénie : « S’il est méritant, elle devient<br />

un remède de vie <strong>pour</strong> lui, s’il n’est pas méritant, elle se transforme en poison<br />

mortel » (Yoma 72b). C’est <strong>pour</strong>quoi, si on lui transmettait la Torah telle qu’elle est, il en<br />

mourrait très certainement car chez lui, le fait qu’il ne soit pas méritant fait d’elle un<br />

825


poison mortel. Il est par conséquent nécessaire d’habiller <strong>pour</strong> lui la dimension profonde<br />

de la Torah dans d’autres paroles de Torah. Mais parfois, l’homme n’est même pas<br />

capable de la recevoir même en les habillant dans d’autres paroles de Torah. C’est la<br />

raison <strong>pour</strong> laquelle on habille alors la Torah dans des histoires relatant d’autres sujets<br />

profanes <strong>pour</strong> qu’il puisse recevoir la guérison qui y est cachée. En effet, la Torah ellemême<br />

s’habille dans des histoires car il est impossible de la transmettre telle qu’elle est.<br />

TORAH 165<br />

« Tu aimeras ton prochain comme toi-même, Je suis l’Eternel » (Vayikra 19:18)<br />

Ceci signifie que tu dois accepter avec amour tous les malheurs et toutes les épreuves que tu<br />

rencontres. Tu dois savoir en effet qu’au regard de tes actes, même après toutes les<br />

souffrances et les douleurs que tu subis, Dieu continue de te traiter avec miséricorde, car<br />

tu aurais mérité bien pire, à Dieu ne plaise, si tu étais jugé d’après tes actes. Tel est le<br />

sens de « Tu aimeras ton prochain/RéAkha, comme toi-même » – tu dois aimer le<br />

« mal/RA », qui te touche, autrement dit, les malheurs et les épreuves qui s’abattent sur<br />

toi, à Dieu ne plaise. Accepte-les avec amour. Ainsi « Comme toi-même », car « comme tu<br />

es », signifie « selon tes actes », « Je suis l’Éternel », plein de Miséricorde, car Je me<br />

comporte malgré tout avec compassion à ton égard.<br />

TORAH 166<br />

Eté 5563<br />

Lorsque des gens se rendent chez le Juste, ceci lui confère une autorité. En effet, Elicha est<br />

parfois appelé « Homme de Dieu » (Rois II, 5:8) et parfois, simplement « Elicha ». Nos<br />

sages, de mémoire bénie, ont expliqué : « Lorsque les disciples se rendaient chez lui, il<br />

était appelé 'homme de Dieu' et lorsqu’il était seul, il était simplement appelé<br />

'Elicha' » (Zohar II 44b).<br />

826


TORAH 167<br />

Sache et crois que les Chabatot que l’on passe auprès du véritable Sage sont considérés comme<br />

des jeûnes.<br />

TORAH 168<br />

Lorsqu’un homme éprouve un sentiment de grandeur (d’orgueil), c’est le signe qu'un malheur<br />

lui arrivera, à Dieu ne plaise, comme il est écrit : « L’orgueil précède la ruine » (Prov.<br />

16:18). De la même façon, lorsqu’il est humble, c’est le signe que lui viendra de grands<br />

honneurs, comme dans : « Avant la gloire, l’humilité » (idem 15:33).<br />

TORAH 169<br />

« Et si vous écoutez ces lois, les gardez et les accomplissez » (Dévarim 7:12)<br />

Lorsque des malheurs surviennent, à Dieu ne plaise, sur le plan collectif ou sur le plan<br />

individuel, il est alors impossible de danser. En effet, lorsque pèsent des rigueurs, ceuxci<br />

sont confiés aux « exécuteurs de sentences » que l’on appelle « coursiers » (Zohar I<br />

43a), correspondant la dimension des « pieds ». Ainsi, les pieds deviennent lourds, par<br />

les sangs qui se sont répandus, allusion aux rigueurs, car les rigueurs sont associées au<br />

sang. Ainsi, lorsque la rigueur « naît », les sangs sortent des pieds, car au moment de<br />

l’accouchement, les sangs sortent des pieds de la femme et c’est la raison <strong>pour</strong> laquelle<br />

ses pieds deviennent froids, comme l’enseignent nos sages $(Sota 11b). Ainsi, le principe<br />

de la naissance se caractérise par les sangs qui sortent des pieds, c’est-à-dire, les sangs<br />

qui quittent les rigueurs. En effet, la grossesse constitue une période de jugement<br />

(rigueur), comme l’expliquent nos maîtres, de mémoire bénie : « Lorsque tu te remplis de<br />

colère contre eux, à l’image d’une femme enceinte » (Brakhot 29b). Il en ressort donc que<br />

la grossesse est une période de jugement et la naissance est une période d’apaisement<br />

du jugement, car c’est au moment de l’accouchement que les sangs sortent des pieds, ce<br />

qui représente l’aspect principal de l’accouchement $(Voir LMII-2,#3). Par conséquent, à<br />

827


l’heure du jugement et de la détresse, à Dieu ne plaise, il est impossible de danser, car on<br />

ne peut pas lever les pieds qui sont devenus trop lourds par le renforcement de ces<br />

rigueurs – les sangs/rigueurs étant descendus dans les pieds. En revanche, lorsque les<br />

sangs/rigueurs sortent des pieds, c’est-à-dire, lorsque les rigueurs sont adoucies, les<br />

pieds deviennent légers. La joie peut alors se répandre à cet endroit, au point de danser<br />

grâce à cette joie.<br />

En outre, c’est en se jugeant soi-même que l’homme peut adoucir les rigueurs. En d’autres<br />

termes, <strong>pour</strong> tout ce qu’il fait, qu’il se juge et s’évalue lui-même : telle chose vaut elle la<br />

peine ou non d’être accomplie ? Qu’il inspecte ses actions et les corrige comme il se doit,<br />

d’après la justice et la loi de la Torah. Ainsi, en se jugeant soi-même, l’homme atténue de<br />

cette manière et annule le jugement d’en Haut. En effet, lorsqu’il y a jugement en bas, il<br />

n’y a pas de jugement en Haut $(Voir LMI-15). Dès lors que le jugement est adouci, le<br />

sang sort des pieds, la joie peut enfin se diffuser dans les pieds et l’homme parvient à<br />

danser.<br />

Tel est le sens de : « Et si/Véhaya Ekev/vous écoutez ces lois » – « Véhaya », au sens de<br />

« joie », « Ekev/le talon », fait allusion aux pieds, c’est-à-dire, de mériter de parvenir à la<br />

joie, à tel point que les talons, liés aux pieds, entendront la joie. Ceci est obtenu grâce à «<br />

ces lois, (si vous) les gardez et les accomplissez » – si vous veillez à accomplir par<br />

vous-mêmes ces lois et ces jugements, grâce auxquelles est annulé le jugement céleste.<br />

Dès lors : « Et si vous écoutez », vous entendrez la joie dans les pieds (après que le<br />

jugement ait été annulé), car les rigueurs sortent de cet endroit.<br />

J’ai également trouvé qu’il s’agit de la dimension de « Dieu gardera l’Alliance <strong>pour</strong> toi », car<br />

lorsque tu parviendras à la joie, dès lors, le Saint béni soit-Il Lui-même gardera <strong>pour</strong> toi<br />

l’Alliance de pureté, autrement dit, Il te viendra en aide, afin de respecter l’alliance de<br />

sainteté, car l’aspect principal de la dégradation de l’Alliance réside dans la tristesse,<br />

comme on le sait. En effet, le dommage causé à l’Alliance résulte de la Klipa/carapace<br />

maléfique connue, appelée LiLiTh, au sens où elle se « lamente/miaLéLeT »<br />

constamment, ce qui entraîne la tristesse. Ainsi, le principe de la protection de l’Alliance<br />

est obtenue grâce à la joie, car par la joie, l’homme mérite que le Saint béni soit-Il Luimême<br />

l’aide à préserver l’Alliance sainte.<br />

828


TORAH 170<br />

« Éternel, comme sont nombreux mes oppresseurs » (Ps. 3:2).<br />

Toute personne, selon son âme et selon son engagement (spirituel), rencontre des souffrances.<br />

Chez l’un, ces souffrances proviendront de ses enfants, de son père ou d’un voisin. Chez<br />

un autre, qui se trouve à un niveau supérieur au premier, ses souffrances découleront de<br />

voisins plus éloignés et chez un autre encore plus grand, ses souffrances proviendront<br />

de la ville tout entière. Un autre enfin, extrêmement grand, rencontrera des souffrances<br />

de la part du monde entier. Ainsi, chacun par ses souffrances porte avec lui les<br />

personnes à l’origine de ses souffrances. En effet, en subissant de leur part des<br />

souffrances, il les porte en même temps sur lui. Mais comment la matière d’un corps<br />

physique peut-elle porter sur elle autant de personnes ?<br />

En réalité, les épreuves brisent le corps, car toutes les souffrances sont appelées « TSaRot », au<br />

sens où elles « pressent/méTSaRim » et étouffent le corps. Ainsi, lorsque le corps est<br />

écrasé par les souffrances, l’âme s’éclaire et se grandit, car par la soumission de la<br />

matière, la forme (l’image) grandit, comme l’indique le Zohar : « Un fagot de bois qui ne<br />

peut être allumé doit être cassé. De même, un corps qui n’est pas éclairé par la lumière de<br />

l’âme doit être brisé » (III 168a). C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle on l’appelle<br />

« souffrance/TSaRa », au sens de « forme/TSouRa », car par ce « malheur/Tsara », la<br />

forme peut briller. Il en découle donc que lorsque l’homme subit des épreuves et des<br />

souffrances, la forme éclaire, autrement dit l’âme, et il est alors possible à cette âme de<br />

porter sur elle de nombreuses personnes. Tel est le sens de « Éternel, comme sont<br />

nombreux mes oppresseurs ». En effet, dans la mesure où mes malheurs augmentent, car<br />

« nombreux sont ceux à se dresser contre moi », je peux conséquemment porter, élever et<br />

hisser de nombreuses personnes vers leur source (chose impossible auparavant, avant<br />

ces souffrances).<br />

TORAH 171<br />

829


« Beaucoup de ceux qui dorment dans la poussière du sol se réveilleront, les<br />

uns <strong>pour</strong> une vie éternelle, les autres <strong>pour</strong> la disgrâce et la honte éternelle »<br />

(Daniel 12:2)<br />

Lorsque s’éveille en l’homme une nouvelle compréhension dans son service<br />

divin, qu’il ne connaissait pas jusqu’à présent, alors « Beaucoup de ceux qui<br />

dorment dans la poussière du sol se réveilleront » et « les autres <strong>pour</strong> la disgrâce et<br />

la honte éternelle ». En effet, les Justes « y marcheront (dans les voies de la Torah)<br />

» (Osée 14:10), car ils serviront le Saint béni soit-Il avec cette compréhension,<br />

tandis que les impies, qui ne l’utilisent pas <strong>pour</strong> le service divin « y<br />

trébucheront ». En effet ils en font usage au contraire <strong>pour</strong> humilier et offenser le<br />

monde, sous prétexte qu’ils possèdent cette nouvelle compréhension, alors que<br />

le reste du monde n'en a pas conscience.<br />

C’est ainsi que j’ai entendu la signification des mots « <strong>pour</strong> la disgrâce et la honte<br />

éternelle », qui fait référence à ceux qui offensent et humilient, car ils n’utilisent<br />

cette nouvelle compréhension que <strong>pour</strong> offenser et abaisser les gens, parce que<br />

eux la possèdent alors que les autres en sont dé<strong>pour</strong>vus et sont vides.<br />

TORAH 172<br />

Tous les manques d’une personne que ce soient les enfants, la subsistance<br />

matérielle ou la santé, proviennent tous de l’homme lui-même. En effet, la<br />

Lumière du Saint béni soit-Il se déverse constamment sur lui, mais à cause de ses<br />

mauvaises actions, l’homme crée son propre écran, empêchant la lumière du<br />

Saint béni soit-Il de lui parvenir. Ainsi, cet écran qui voile la Lumière du Saint<br />

béni soit-Il, dépend de ses actes. Et le manque lui parvient selon l’acte spécifique<br />

à l’origine de cette ombre. L’écran est alors produit par un élément matériel qui<br />

vient s’interposer devant un élément spirituel [c’est-à-dire, plus raffiné que lui],<br />

tel que la pluie, le bois, ou encore la pierre, qui face à la lumière de la lune et du<br />

soleil, créent un écran (une ombre). En ce sens, une éclipse lunaire ou solaire est<br />

830


causée par l’ombre de la terre. De la même façon, face à ce qui est plus élevé que<br />

lui, le soleil devient lui-même une matière produisant un écran.<br />

Aussi, en fonction de sa nature matérielle et de ses actes, l’homme devient un<br />

écran qui cache la lumière et la bénédiction du Saint béni soit-Il. Mais si une<br />

personne s’annule elle-même, qu’elle se considère comme n’étant plus de ce<br />

monde, elle ne produit alors aucun écran et reçoit (pleinement) la lumière du<br />

Saint béni soit-Il. La lumière du Saint béni soit-Il se caractérise principalement<br />

par la gloire, car tout ce que le Saint béni soit-Il créa n’a été créé que <strong>pour</strong> Sa<br />

Gloire, comme il est écrit : « Pour Ma Gloire, Je l’ai créé… » (Isaïe 43:7). Tel est le<br />

sens de « Il emplit/MeLO, la terre de Sa Gloire » (idem 6:3). Si une personne<br />

« n’est pas/Mi-LO » dans ce monde, c'est-à-dire qu’elle n’occupe pas un espace<br />

dans le monde, alors elle reçoit la Lumière du Saint béni soit-Il, qui est la gloire.<br />

Tel est le sens du verset : « Les sages hériteront de l’honneur » (Prov. 3:35), et « Tu<br />

trouveras la sagesse à partir du néant/Mé-Aïn » (Job 28:12). Ainsi, les sages, qui<br />

se sont effacés au niveau du « néant » méritent de recevoir la gloire, car ils ne<br />

créent pas d’ombre venant faire obstruction, puisqu’ils n’ont aucune matérialité.<br />

Et lorsque le Saint béni soit-Il montre un visage souriant, Il offre la vie et le bien<br />

au monde, mais à Dieu ne plaise, l’inverse est aussi vrai. Il en est de même avec le<br />

Juste : lorsqu’il montre un visage souriant, il prodigue du bien, et inversement.<br />

Tel est le sens de « Vois, J’ai placé devant vous aujourd’hui la vie et le bien, la<br />

mort… », autrement dit, selon vos visages.<br />

TORAH 173<br />

À partir d’une écriture manuscrite, le Juste authentique peut identifier l’âme et la<br />

personnalité profonde de celui qui écrit, de même que la foi et l’origine de sa foi.<br />

Il y a en effet cette notion « d’origine de la foi », car la foi proprement dite<br />

possède une vitalité et une origine. En effet, il existe le « monde de la foi » d’où<br />

proviennent toutes les fois, et le « monde de la foi » possède lui-même la foi dans<br />

le Saint béni soit-Il. C’est cela la notion de l’origine de la foi qui correspond à la<br />

831


dimension profonde de la foi ainsi qu’à l’intériorité de l’âme, car l’âme et la foi<br />

relèvent d’une même dimension.<br />

En effet, il est écrit : « Mon âme t’implore la nuit » (Isaïe 26:9) et « Et ta foi durant<br />

les nuits » (Ps. 92:3). Ainsi, par l’écriture, il est possible de connaître l’âme et sa<br />

profonde intériorité, correspondant à la dimension profonde de la foi, ce qui<br />

renvoie à « ANoKhI /Je suis », terme que nos sages interprètent et décomposent<br />

ses initiales ainsi : « Ana Nafchi Ktavit Iéhavit/J’ai mis mon âme dans cet écrit »<br />

(Chabat 105a). En d’autres termes, dans ce qu’il écrit, l’auteur appose son âme<br />

ainsi que l’intériorité de son âme, car comme il est ramené dans le Zohar $(II<br />

91a) : « ANI/Je » est l’acrostiche de : « Ana Nafchi Iéhavit/J’ai mis mon âme » – il<br />

s’agit de la dimension extérieure de la Présence divine. Par contre « AnoKhi »<br />

correspond à la dimension profonde de la Présence divine ». Il en ressort que la<br />

lettre Kaf (d’AnoKhi) fait allusion à ce niveau profond de la Présence divine. En<br />

outre, il est mentionné dans le Ets ‘Haïm, au sujet de la structure des mondes :<br />

« Kéter/la Couronne » correspond au niveau profond de l’âme, et la lettre Kaf fait<br />

référence à Kéter, comme rappelé par ailleurs $(LMI-6, #2). En effet, la Présence<br />

divine correspond à l’âme, comme on le sait. Il en découle ainsi qu’à travers<br />

l’écriture, correspondant à la lettre Kaf, se révèlent et apparaissent la profonde<br />

intériorité de l’âme et celle de la foi.<br />

D’autre part, la parole que l’on échange avec le Juste authentique se place à un<br />

niveau plus élevé que l’écriture, car l’écriture constitue une action de l’âme, à<br />

travers laquelle le Juste est capable de comprendre la nature de cette âme. La<br />

parole, quant à elle, constitue l’âme elle-même, comme l’indique le verset : « Mon<br />

âme est sortie par Sa Parole » (Cantique 5:6). Et malgré que la parole ne soit une<br />

chose matérielle, mais comme il s’agit du Juste authentique et que la parole<br />

relève de l’essence même de l’âme, il (ce Juste) est en mesure de distinguer la<br />

nature même de cette âme.<br />

TORAH 174<br />

832


Lorsque les rigueurs (jugements) exercent leur emprise sur un homme, celui qui<br />

prie en sa faveur ne doit pas mentionner son nom, afin de ne pas accroître<br />

davantage encore ces jugements rigoureux, à Dieu ne plaise. Nous voyons ainsi<br />

que le père de Noa’h n’a pas donné de nom à son fils au moment de sa naissance,<br />

parce que le monde était alors soumis aux rigueurs. C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle<br />

son père ne souhaitait pas lui donner de nom, car avec un nom, il aurait été<br />

pointé et serait la cible des forces accusatrices qui pouvaient se renforcer contre<br />

lui. Ceci explique <strong>pour</strong>quoi, lorsque Moché notre maître, pria en faveur de (sa<br />

sœur) Myriam, il ne mentionna pas son nom mais se contenta de dire<br />

simplement : « Seigneur, de grâce/Na’, guéris-la/Réfa, de grâce ! » (Bamidbar<br />

12:13). En effet, comme les jugements pesaient sur elle, il ne souhaita pas<br />

rappeler son nom de manière explicite. Aussi, Moché cacha son nom, à travers<br />

une allusion merveilleuse, dans sa prière, car « Na’ Réfa » a <strong>pour</strong> valeur<br />

numérique « Myriam Yokhéved », référence véritable au nom du malade<br />

(Myriam) et à celui de sa mère (Yokhéved), qui doivent être mentionnés lorsque<br />

l’on prie <strong>pour</strong> lui. Cependant, il préféra ne pas le mentionner explicitement (<strong>pour</strong><br />

la raison évoquée plus haut).<br />

TORAH 175<br />

5565 Breslev<br />

La valeur suprême des pleurs se manifeste quand ils résultent de la joie et de<br />

l’allégresse. Même les regrets sont bien plus appréciables lorsqu’ils émanent de<br />

la joie, car c’est au comble de l’allégresse dans le Saint béni soit-Il que l’homme<br />

regrette et éprouve de profonds remords de s’être rebellé contre Lui aux<br />

premiers jours : c’est dans un tel moment que s’éveillent en lui des pleurs du fait<br />

de l’intensité de sa joie. Tel est l’aspect essentiel de la joie. Tel est le sens du mot<br />

« BéKhYiaH/pleur », dont les initiales forment : « Béchimkha Yéguiloun Kol<br />

833


Hayom/En Ton Nom, ils se réjouiront toute la journée » (Ps. 89:17). Les pleurs<br />

doivent essentiellement résulter de la joie, émanant du Nom de Dieu. En effet, les<br />

pleurs sont suscités par le Nom divin « Sag », situé dans (le monde de) Bina, c’est<br />

<strong>pour</strong>quoi la valeur numérique de ce mot (pleur/bekhyia) correspond à la valeur<br />

pleine du Nom Sag, comme le rapportent les écrits du Ari Zal. En d’autres termes,<br />

par l’éveil des pleurs émanera la joie, car la « compréhension/Bina » représente<br />

le cœur, comme il est écrit : « Le cœur comprend » (Zohar II 116b, Tikounim 17a).<br />

Ainsi, la joie se situe principalement dans le cœur, comme l’indique le verset :<br />

« Tu as placé la joie dans mon cœur » (Ps. 4:8) et c’est à partir de là (de la joie qui<br />

est dans le cœur) que les pleurs doivent être éveillés et, de cette manière, les<br />

pleurs (provenant des malheurs) seront adoucis (atténués). Comprends bien<br />

ceci.<br />

TORAH 176<br />

Roch ‘hodech ‘Hechvan 5565<br />

L’homme doit particulièrement s’empresser de chasser l’esprit de folie qui est en<br />

lui, ce souffle de stupidité qui remplit son cœur et qui lui est attaché. Ceci est<br />

possible lorsqu’il est lié au Juste authentique. Cet attachement se manifeste<br />

lorsque l’homme aime profondément le Juste, et alors le cœur de cet homme<br />

s’inclut dans le cœur du Juste. Son cœur est empli d’un souffle de folie, et ce<br />

souffle n’est que de l’air dont la nature est de chercher un espace vacant afin de<br />

sortir, comme l’expliquent les scientifiques. Ainsi, lorsque l’air trouve un endroit<br />

libre par lequel il peut sortir, il transperce et brise (les parois du cœur) avec<br />

précipitation et empressement.<br />

Lorsque le cœur de l’homme est inclus dans le cœur du Juste, et comme le cœur<br />

du Juste est vide : « Et mon cœur est vide en moi » (Ps. 109:22), alors l’air de ce<br />

vent de folie ancré et remplissant d’air le cœur (de l’homme), transperce et brise<br />

son cœur avec précipitation <strong>pour</strong> s’échapper à l’extérieur, parce qu’il a trouvé un<br />

espace vacant dans le cœur du Juste. Ainsi, en chassant rapidement ce vent de<br />

folie de son cœur, l’homme acquiert un cœur brisé.<br />

834


En effet, c’est par la rapidité et la précipitation avec lesquelles le souffle de folie<br />

s’est échappé – car, jusqu’à présent, il ne trouvait pas d’endroit <strong>pour</strong> sortir – que<br />

son cœur se brise.<br />

TORAH 177<br />

« (O)vayomer (I)Hachem : Sala’hti Kidvarékha/L'Éternel répondit : J’ai pardonné<br />

selon ta parole » (Bamidbar 14:20) a <strong>pour</strong> initiales : « KOSsI/mon verre ».<br />

« Kidvarékha/comme ta parole » – « DaVaR/parole » a <strong>pour</strong> initiales : « Dichanta<br />

Vachémène Rochi/Tu as oint ma tête d’huile » (Ps. 23:5).<br />

Il existe certains Justes authentiques qui possèdent le pouvoir d'expier les fautes<br />

lorsque parfois ils boivent du vin. En effet nos sages enseignent : « Le vin revêt<br />

deux propriétés : lorsque l’homme est méritant, il devient une « tête » et lorsqu’il<br />

devient une tête, qu’il entre dans la catégorie de l’intellect, il peut alors expier les<br />

fautes (du peuple Juif), comme il est écrit $(Prov. 16:14) : « Un homme sage leur<br />

pardonnera » (Yoma 16b). Tel est le sens de « L'Éternel répondit : « J’ai pardonné<br />

selon ta parole » car « DaVaR/parole » est l’acrostiche de « Dichanta Vachémène<br />

Rochi/Tu as oint ma tête d’huile », ce qui correspond à la notion de perfection de<br />

l’esprit [qui représentent « L’huile d’onction sainte » (Chémot 30:25), comme<br />

dans : « Comme la bonne huile sur la tête » (Ps. 133:2)].<br />

C’est <strong>pour</strong>quoi « (O)vayomer (I)Hachem : Sala’hti Kidvarékha/L'Éternel répondit :<br />

J’ai pardonné selon ta parole » a <strong>pour</strong> initiales « KoSsI/mon verre ». Tel est le sens<br />

de « J’ai pardonné selon ta parole », car le pardon intervient « selon ta parole »,<br />

littéralement, selon la dimension de « Tu as oint ma tête d’huile » à laquelle tu<br />

parviens, autrement dit, en fonction de la force de l’esprit que le Juste<br />

authentique obtient en buvant du vin. Ainsi il parvient à pardonner les fautes. En<br />

effet, l’origine du pardon réside dans la sagesse et les saintes forces de l’esprit<br />

qu’il reçoit, comme dans : « « Un homme sage leur pardonnera ».<br />

835


Par conséquent, « Tu as oint ma tête d’huile, ma coupe est pleine d’abondance »<br />

(Ps. 23:5), correspond à : « Nous sommes passés par le feu et par l’eau, mais Tu<br />

nous as fait sortir dans l’abondance » (idem 66:12). Il en fut ainsi <strong>pour</strong> le veau<br />

d’or : « Il le calcina par le feu, le réduisit en menue poussière qu'il répandit sur la<br />

surface de l'eau » (Chémot 32:20).<br />

« Est-il croyable, ce mutisme/ELeM (dans lequel vous vous enfermez) ? » (Ps. 58:<br />

2), (au-delà du sens premier, les termes indiquent que) la croyance est devenue<br />

muette, parce que dé<strong>pour</strong>vu de parole lui permettant de s’embellir. Il faut en<br />

effet conférer à la foi, un langage lui permettant de s’embellir en haut, <strong>pour</strong><br />

qu’apparaisse (ainsi) ELoHYiM. Car les lettres Youd et Hé (qui s’ajoutant<br />

à ELeM forment le Nom Divin ELoHYiM) représentent en effet les forces<br />

cognitives de l’esprit, dépendantes du respect de l’Alliance de pureté, (comme<br />

l’indique le verset) « Les Tribus de Dieu/YaH, sont un témoignage <strong>pour</strong> Israël »<br />

(idem 122:4), (témoignage de s’être préservés) de la dégradation de l’Alliance de<br />

pureté (Rachi sur Bamidbar 26:5).<br />

La lettre Youd et la lettre Hé représentent les forces de l’esprit (cerveaux) qui<br />

dépend du respect de l’Alliance de pureté, puisque « Les Tribus de Dieu/ Y-aH,<br />

sont un témoignage <strong>pour</strong> Israël » (idem 122:4), (contre) la « dégradation de<br />

l’Alliance/pgam habrit » (Rachi sur Bamidbar 26:5).<br />

« Puisse Son grand Nom être exalté et sanctifié dans le monde qu’Il a créé selon Sa<br />

Volonté et que Sa Royauté soit établie » (extrait du Kadich) – la « Royauté » est un<br />

aspect de l’honneur, comme il est écrit : « Ils célèbreront l’honneur de Ta<br />

Royauté » (Ps. 145:11), ce qui correspond à la volonté car « la volonté d’un<br />

homme constitue son honneur » (Talmud Yerouch. Péa 1:1). Ainsi, lorsque<br />

l’homme se satisfait et se soumet à la volonté du Saint béni soit-Il, telle que Lui le<br />

souhaite, il établit alors la royauté, car l’essence de la royauté résulte de la<br />

volonté. Tel est le sens de « Dans le monde qu’Il a créé selon sa Volonté et que sa<br />

Royauté soit établie », car l’aspect essentiel de la royauté provient de la volonté.<br />

836


Cependant, lorsque l’homme est mû par une autre volonté, autre que la Volonté<br />

du Saint béni soit-Il, ceci entraîne la consolidation de la royauté des autres<br />

peuples (étrangers), et selon cette volonté « étrangère », telle royauté de telle<br />

nation est établie.<br />

L'homme doit totalement annihiler sa volonté devant la volonté de Dieu, jusqu’à<br />

ne plus avoir de désir personnel, hormis celui de l'Eternel. Qu'il possède de<br />

l'argent ou des enfants, ou qu'il n'en n'ait pas, que Dieu nous en préserve, ou<br />

<strong>pour</strong> toutes les autres volontés, il doit se contenter et souhaiter uniquement que<br />

la volonté de Dieu s'accomplisse.<br />

« Que grandisse et soit exalté son Grand Nom » – « qu’il grandisse/ ITGaDaL »,<br />

correspond à « TaGuI DaL », qui signifie : « TaGué/couronne » et « DaL » en<br />

référence à Yaacov, qui représente le « talon/Ekev », qui est « pauvre/Dal ».<br />

Quant à Israël, il correspond à la couronne, car « tu as combattu/Sarita, devant<br />

Dieu » (Bér. 32:29). « Qu’il soit sanctifié/iTKadeCh », correspond à « Tav Kouf<br />

Chadaï ». « Grand/RaBa », renvoie au « puits/BéeR ». « Et rassasie toute être<br />

vivant de Volonté ».<br />

[N’ont été transcrites de toutes ces paroles que des débuts de chapitres, car au<br />

moment où ces paroles extraordinaires ont été dites, nous n’avons pas eu le<br />

mérite qu’il nous les explique clairement, comme il le fait toujours. Il les a<br />

simplement prononcées rapidement, de manière allusive, et nous a donné en<br />

allusion toutes les intentions secrètes du Kadich telles qu’elles sont rapportées<br />

dans les intentions mystiques (Kavanot) du Ari Zal. Mais nous ne savons pas<br />

quelle est l’explication profonde de ces paroles…].<br />

TORAH 178<br />

Il est nécessaire de détailler nos fautes devant Dieu, béni soit-Il. En effet, on doit<br />

se confesser devant Lui à chaque fois jusque dans les moindres détails. Il existe<br />

de nombreux obstacles qui nous empêchent d'accomplir cela. Il se peut parfois<br />

que l’on oublie un péché, et même si on s'en souvient, il est difficile de l'exprimer<br />

devant Dieu.<br />

837


Pour y parvenir, il faut se réjouir au moment d’accomplir un commandement,<br />

comme par exemple durant la joie d’un mariage ou <strong>pour</strong> tous les autres<br />

commandements que l’on doit accomplir dans l’allégresse. En effet, la joie<br />

constitue une structure complète, composée des deux cent quarante-huit os et<br />

des trois cent soixante-cinq nerfs. C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle lorsque l’homme<br />

est joyeux ou qu’il danse, il doit s’efforcer d’être pleinement joyeux, de la tête<br />

jusqu’au talon, car il arrive que la joie reste limitée aux pieds, ou parfois au<br />

niveau du cœur ou du cerveau, comme dans : « Une joie éternelle sur leurs<br />

têtes » (Isaïe 35:10). Par contre le comble de la joie se manifeste lorsque l’homme<br />

s’immerge totalement dans la joie, c’est-à-dire, dans tout l’édifice de la joie. Pour<br />

cela, de nombreux commandements sont requis, car la source et le point central<br />

de tous les commandements est la joie, comme l’indique le verset : « Les<br />

préceptes de l’Éternel sont droits, ils réjouissent le cœur » (Ps. 19:9).<br />

Ainsi, chacun des six cent treize commandements possède une articulation dans<br />

(la stature de) la joie, chaque commandement spécifiquement. Aussi, dès lors<br />

qu’un homme enfreint un commandement, qu’il s’agisse d’un commandement<br />

actif ou restrictif, lorsque (par la suite) il se réjouit et s’ouvre aux différents<br />

aspects que comporte la joie, voilà que parvenant (aux portes) de cette<br />

articulation, spécifique au commandement qu’il a enfreint, il ne parvient pas à<br />

s’ouvrir à la joie qui y est rattachée, <strong>pour</strong> l’avoir endommagé (préalablement),<br />

(c’est à dire) <strong>pour</strong> avoir enfreint le commandement en question, dont le point<br />

vital est (justement) la joie.<br />

Et au contraire ainsi, l’homme devient préoccupé, ce qui représente le contraire<br />

de la joie, comme dans : « Je me soucierai à cause de ma faute » (idem 38:19).<br />

C’est de cette manière que l’homme ressent et se souvient de la faute qu’il a<br />

commise dans le passé.<br />

Mais comme il y a un grand nombre de commandements, puisque « même les<br />

fauteurs du peuple sont pleins de bonnes actions comme la grenade (qui est<br />

pleine de grains) » (‘Haguiga 27a), la préoccupation engendrée par la faute qui<br />

empêche la joie, disparaît par l’abondance de lumière de la joie provenant de la<br />

multitude des commandements (accomplis) qui s’éveille et annihile les obstacles<br />

838


causés par la faute. L’homme peut alors avouer ses fautes et grâce à cette<br />

confession des fautes, le monde de la parole est réparé, comme il est rappelé par<br />

ailleurs $(LMI-78). Car le dommage issu de la faute se situe dans l’âme, et l’âme<br />

représente la parole, comme dans « Mon âme est sortie à sa parole » (Cantique<br />

5:6).<br />

En conséquence, l’homme doit précisément avouer verbalement ses fautes, afin<br />

de corriger et de (re)construire l’endommagement de la parole, comme il est<br />

écrit : « Prenez avec vous des paroles et revenez vers l’Éternel » (Osée 14:3). Voir<br />

par ailleurs $(LMI-78) <strong>pour</strong> plus d'explications.<br />

Ainsi, lorsque la parole est rectifiée et construite par l’intermédiaire de l’aveu<br />

verbal (confession), se produit l’union du Saint béni soit-Il avec la Présence<br />

Divine. La voix d'En haut s’unit alors à la parole. Il faut en effet un éveil d’en bas<br />

afin de construire la parole et, ainsi la voix s’éveille et désire s’unir à la parole.<br />

Tel est le sens de « Qui font Sa Parole <strong>pour</strong> écouter la voix de Sa Parole » (Ps.<br />

103:20) et comme l’explique le Zohar : « Ils méritent d’entendre des voix d’en<br />

Haut » (I, 90a). Ainsi, quand « ils font Sa Parole », (c’est-à-dire) qu’ils rectifient la<br />

parole, on parvient alors à « écouter la voix de Sa Parole », et la voix s’éveille <strong>pour</strong><br />

s’unir à la parole et « Ils méritent d’entendre des voix d’en Haut » [il y a ici d’autres<br />

notions merveilleuses concernant le fait d’entendre le son d’une mélodie et des<br />

instruments de musique].<br />

Tel est le sens du verset : « On y trouvera joie et allégresse, des<br />

remerciements/Toda et la voix des cantiques » (Isaïe 51:3), autrement dit, la<br />

« reconnaissance/Toda » c’est-à-dire l’aveu verbal des fautes ainsi que la voix du<br />

chant, se trouve à l’intérieur de la joie et de l’allégresse.<br />

TORAH 179<br />

Sache que face à toute forme d’opposition d’ordre matériel ou spirituel se<br />

dressant devant un homme, l’empêchant de prier ou d’accomplir son service<br />

divin – tous ces obstacles entrent dans la catégorie de controverse. Car ils<br />

surgissent, s’opposent à lui et ont <strong>pour</strong> finalité de détruire son esprit, sa volonté<br />

et tout ce qu’il désire accomplir.<br />

839


Aussi <strong>pour</strong> annuler n’importe quelle controverse et faire la paix, il faut avoir<br />

recours au jeûne. Tel est le sens des paroles de nos sages, de mémoire bénie : «<br />

Celui qui multiplie la charité augmente la paix » (Avot 2:7) – la charité correspond<br />

au jeûne, car l’aspect essentiel du jeûne est la charité, comme l’enseignent nos<br />

maîtres, de mémoire bénie : « Le principe du jeûne est (passe par) la<br />

charité » (Brakhot 6b). En effet, la notion de controverse se caractérise par une<br />

volonté extérieure se dressant <strong>pour</strong> annuler sa volonté. Face à cette opposition,<br />

le pouvoir du jeûne est mentionné dans le Zohar, à propos du verset : « En ce jour<br />

précis, vous mortifierez vos âmes (en jeûnant) » (Vayikra 16:29) – un jeûne a le<br />

pouvoir de soumettre le cœur, d’attacher l’élan du cœur au Saint béni soit-Il » (III,<br />

68b). Ainsi, le cœur est assujetti et affaibli par l’effet du jeûne, de telle sorte que<br />

toutes nos volontés se voient annulées au profit de la seule volonté du Saint béni<br />

soit-Il, qui consiste à attacher le désir du cœur vers Dieu. C’est de cette manière<br />

que la controverse, correspondant aux volontés autres que la Sienne (celle de<br />

Dieu), est annulée, comme l’ont affirmé nos sages, de mémoire bénie : « Annule ta<br />

volonté devant la Sienne, afin qu’Il annule la volonté des autres devant la<br />

tienne » (Avot 2:4 ). Ainsi, par le jeûne, sa volonté s’annule devant celle du Saint<br />

béni soit-Il. C’est <strong>pour</strong>quoi la volonté des autres s’annule devant la sienne, tout<br />

comme s’annule la controverse et la paix s’instaure car : « qui augmente la charité<br />

augmente la paix ». Tel est le sens de cet enseignement de nos maîtres : « Le<br />

quatrième et le cinquième jeûne (respectivement le 17 Tamouz et 9 Av) … se<br />

transformeront en joie et en allégresse » – comment peut-on parler de jeûne et<br />

de joie en même temps ? Aussi, lorsqu’il n’y a pas de paix, il faut jeûner » (Roch<br />

Hachana 18b). En d’autres termes, lorsque la paix fait défaut et qu’il y a une<br />

opposition, il faut faire un jeûne, car l’homme doit jeûner et ainsi il obtient la<br />

paix.<br />

Et lorsqu’il y a la paix, il y a du même coup la joie et l’allégresse, car à travers le<br />

jeûne, la structure complète et la vitalité de la joie sont édifiées. En effet, le<br />

pouvoir du jeûne est d’éveiller et de ressusciter les morts, c’est-à-dire les jours<br />

passés dans l’obscurité et dénués de toute vitalité.<br />

840


En effet, sur chaque jour se déverse une bénédiction d’En haut et, lorsque un<br />

homme accomplit durant ce jour des commandements et des bonnes actions, il<br />

vivifie ce jour en attirant sur lui la vitalité et une abondance de bénédictions d’En<br />

haut. En revanche, s’il n’accomplit pas de commandements durant ce jour, à Dieu<br />

ne plaise, l’abondance de bénédictions ne se déverse pas sur lui, si ce n’est de<br />

manière très limitée, et réduite à sa stricte subsistance. Mais lorsqu’il utilise ce<br />

jour <strong>pour</strong> faire du mal, que Dieu préserve, il amoindrit, se nourrit et puise alors<br />

dans le peu d’abondance contenu dans ce jour jusqu’à absorber également<br />

l’essence même de la vitalité de ce jour, outre la bénédiction qui vient d’En haut<br />

chaque jour. En effet, chaque jour constitue une création possédant une vitalité<br />

propre, en dehors du flux d’abondance. Ainsi, l’homme (ayant fauté) aspire dans<br />

la vitalité profonde du jour, à tel point que ces jours deviennent des cadavres<br />

sans vie, à l’image d’un bébé qui tète du sein de sa mère : aussi longtemps qu’elle<br />

possède du lait, celui-ci se nourrit du lait, mais lorsque le lait vient à manquer, le<br />

bébé suce véritablement son sang et sa vitalité.<br />

Cependant, grâce au jeûne, l’homme réveille et redonne vie à ces jours. Tout<br />

dépend du jeûne. Il faut comprendre ce point sur le plan physique, car lorsque<br />

l’homme jeûne, il en résulte <strong>pour</strong> lui un manque de vitalité et de force, car durant<br />

la journée, il ne mange pas et ne boit pas mais sert néanmoins le Saint béni soit-<br />

Il. Il en ressort qu’il sert Dieu grâce à la force qu’il possédait la veille, car si ce<br />

n’était pas le cas, d’où tirerait-il sa force ? Ainsi aujourd’hui, il sert Dieu avec la<br />

force d’hier. C’est en cela qu’il apporte de la vitalité de la veille à ce jour précis.<br />

Par la suite, lorsqu’il continue de jeûner, mais qu’il ne lui reste plus assez de force<br />

de la veille parce que son corps s’est affaibli et qu’il doit à présent utiliser la force<br />

des jours précédents et revenir plus en arrière dans le temps, il se trouve qu’il<br />

apporte, à chaque fois, toujours plus de vitalité et d’éclat aux premiers jours qui<br />

étaient tombés et qui étaient morts. Il est possible alors de jeûner jusqu’au point<br />

qu’il soit nécessaire d’utiliser la force des jours où il tétait le sein de sa mère. Il<br />

ressuscite et éclaire alors tous les jours (passés).<br />

[Ainsi, grâce au jeûne, la structure complète de la joie est édifiée, et elle<br />

correspond à la vitalité et au point central de tous les commandements, comme<br />

rapporté par ailleurs dans l'Enseignement 178].<br />

841


[Cette notion n’a pas été clairement explicitée. Le point central est qu’avec le<br />

jeûne et en extrayant la force de chacun des jours passés, <strong>pour</strong> les intégrer<br />

ensuite dans le service divin, cela fait revivre tous ces jours morts qui avaient été<br />

endommagés, et de cette manière, la joie est construite].<br />

Tel est le sens du verset : « Réjouis-nous comme aux jours où Tu nous as<br />

affligés/IniTaNou » (Ps. 90:15) – au sens de « TaaNIt/le jeûne ». Autrement dit,<br />

que cette joie soit comparable aux jours de jeûne car comme aux jours de jeûne,<br />

l’homme ressuscite les premiers jours à travers ses commandements et ses<br />

bonnes actions, et c’est ainsi que la joie se construit.<br />

C’est <strong>pour</strong>quoi nos sages, de mémoire bénie, enseignent : « Lorsqu’il y a la paix, il<br />

y a la joie et l’allégresse », car lorsque la paix est instaurée, grâce au jeûne, la joie<br />

et l’allégresse en découlent, comme dans « Réjouis-nous, comme aux jours où Tu<br />

nous as affligés », car la joie sera proportionnelle aux jours d’affliction.<br />

« Tes yeux ont vu ma masse informe/inerte… les jours furent formés » (Ps.<br />

139:16). Chaque jour constitue une création en tant que telle. « Et l’un d’entre<br />

eux » – il s’agit du jour de Kip<strong>pour</strong> comme l’explique Rachi car il constitue un<br />

jeûne qui donne vie à tous les jours. En effet, le jour de Kip<strong>pour</strong> représente la<br />

globalité de tous les jours et il est dit à son sujet : « En ce jour précis, vous<br />

mortifierez vos âmes », autrement dit « vos volontés », comme l’écrit le Zohar :<br />

« Afin d’inclure toute âme et soumettre durant ce jour tous nos désirs au Saint<br />

béni soit-Il ». L’âme correspond au désir et l’essentiel est de soumettre notre<br />

volonté. Tel est le sens de « En ce jour précis/Bé ETSeM », qui fait référence à la<br />

dimension profonde de « la quintessence/aTSMiout » de ce jour qui englobe<br />

l’ensemble des jours (de l’année), car ce (jour-là) « vous jeûnerez et mortifierez »<br />

(vos âmes).<br />

TORAH 180<br />

Le principe du « rachat spirituel » (Pidyone) passe par de l’argent, car l’argent<br />

représente l’aspect des rigueurs, comme il est écrit : « Toute la terre sous leurs<br />

pieds » (Dévarim 11:6), et fait allusion à « l’argent d’une personne, qui lui permet<br />

de tenir sur ses pieds » (Pessa’him 119a). Ainsi donc, l’argent correspond aux<br />

842


« pieds », comme indiqué dans : « Qui appelle la justice à ses pieds » (Isaïe 41:2).<br />

La justice est la royauté sainte (Tikouné 17b) et la royauté relève des « pieds »,<br />

car « le jugement de la royauté est le jugement » (Guitin 10b). Ainsi, l’argent<br />

correspond aux rigueurs.<br />

Il faut donc atténuer les rigueurs en leur source car la source des rigueurs se<br />

trouve dans la « Bina/Compréhension », comme il est écrit : « Je suis la<br />

compréhension (Bina), à moi la rigueur (Guévoura) » (Prov. 8:14). C’est <strong>pour</strong>quoi,<br />

en plaçant les mains sur l’argent, les rigueurs s’en trouvent atténuées. En effet, il<br />

existe en Bina trois mains : deux mains, que sont la Grande Main et la Main Forte<br />

ainsi que la dimension globale des mains : la Main Élevée. Par conséquent,<br />

comme l’argent correspondant aux rigueurs, passe par les mains, c’est-à-dire les<br />

Trois Mains situées en Bina, les rigueurs sont atténués en leur source, car leur<br />

source est Bina, où se trouvent les Trois Mains évoquées plus haut.<br />

Il convient donc d’atténuer les rigueurs dans le monde de l’Action par<br />

l’intermédiaire des Trois Mains qui se trouvent dans chacun des trois Mondes<br />

situés au-dessus de notre monde physique : il s’agit du monde de l’Emanation<br />

(’Atsilout), de la Création (Bériah) et de la Formation (Yétsira).<br />

Et lorsque l’homme adoucit la rigueur du monde de l’Action par les trois Mains<br />

situées dans le monde de la Formation, il est atténué grâce au Nom de quarantedeux,<br />

« Ana Bé Koa’h… » car « Mem Bet » (le Nom de Dieu inclut dans la louange<br />

Ana Be Koa'h) a la valeur numérique 42, et a aussi <strong>pour</strong> valeur numérique trois<br />

fois « Yad/main » (ayant chacune une valeur de 14).<br />

D’autre part, dans le monde de la Création, l’atténuation de la rigueur est opérée<br />

grâce aux Noms divins « Ehyé » (21) et « Youd Ké Vav » (21), qui ont tous deux<br />

également <strong>pour</strong> valeur numérique 42 (soit 21+21), soit trois fois Yad (3x14).<br />

Et plus haut encore, dans le monde de l’Emanation, l’atténuation est réalisée<br />

grâce aux quarante-deux lettres du Nom Divin « MaH », autrement dit, le Nom<br />

simple ainsi que le Nom en valeur pleine et l’expansion de l’expansion, qui<br />

forment ensemble quarante-deux lettres, soit trois fois Yad (3x14).<br />

En outre, l’homme devra s’efforcer de ne pas être avare (en donnant<br />

suffisamment d’argent à la charité <strong>pour</strong> adoucir le jugement) afin d’éviter que les<br />

843


igueurs ne restent pas attachées à lui. Et ceci demande une grande sagesse <strong>pour</strong><br />

savoir combien il doit donner afin que les rigueurs ne restent pas auprès de lui.<br />

TORAH 181<br />

Lorsque plusieurs personnes se lient ensemble contre un seul homme, fût-il plus grand<br />

qu’eux, ceux-ci sont en mesure de le faire tomber. Car toutes les parcelles d’honneur que<br />

chacun d’eux possède s’assemblent et c’est ainsi que la parcelle d’honneur de cet homme<br />

seul s’effondre à cause d’eux, comme dans : « Les jeunes m’ont vu et se sont cachés » (Job<br />

29:8), car le petit s’annule devant le grand. En effet, leurs parcelles d’honneur, en se<br />

rassemblant et en se liant, deviennent plus grandes que sa parcelle d’honneur à lui seul.<br />

En revanche, si cet homme est bien plus élevé que ses opposants, à tel point que sa<br />

parcelle d’honneur est bien plus importante que toutes leurs parcelles d’honneur<br />

réunies, dès lors, à l’inverse, ceux-ci s’annulent alors devant lui, au sens de « Les jeunes<br />

m’ont vu et se sont cachés ». Par contre, s’il n’est pas d’un tellement grand niveau, grâce à<br />

leur lien ceux-ci sont en mesure de causer sa chute, même si chacun d’eux est<br />

individuellement inférieur à lui, à partir du moment où ils ne sont pas des impies. En<br />

effet, le « lien unissant des impies n’est pas pris en compte », selon l’enseignement de nos<br />

sages, de mémoire bénie $(Sanh. 26a), car les impies n’ont pas de part dans l’Honneur de<br />

Dieu. Cependant, s’il n’est pas impie et qu’il y a de la vitalité dans son âme, il possède<br />

alors une part dans l’Honneur, et à l’aide de son lien (avec les autres), ils <strong>pour</strong>ront le<br />

faire tomber.<br />

C’est sur ce point que Yaacov pria, afin que l’opposition de Kora’h ne porte pas atteinte à<br />

Moché notre maître. Il déclara : « Que mon honneur ne soit pas complice de leur<br />

alliance » (Bér. 49:6), autrement dit, que ne s’unissent pas et ne se lient pas les parcelles<br />

d’honneur que chacun d’entre eux possédait, car ils représentaient les « membres des<br />

réunions, personnages notables » (Bamidbar 16:2). Et tant que leurs parcelles d’honneur<br />

ne se liaient pas et ne s’unissaient pas, Moché pouvait très certainement leur tenir tête et<br />

les défaire. Tel est le sens de « Mon honneur », car Yaacov correspond à la notion<br />

844


d’Honneur (de Dieu) et il représente la notion d’âme (de tout le peuple Juif), comme il<br />

est indiqué dans : « Toutes les âmes de la maison de Yaacov » (idem 46:27).<br />

Ainsi, lorsque l’on fait tomber un homme quelconque, l’aspect essentiel est de chuter<br />

dans la tentation de la débauche sexuelle, que Dieu nous en préserve.<br />

Toutes les paroles qui puissent être dites à l'encontre du Juste authentique et de ses<br />

disciples constituent de grands bienfaits (<strong>pour</strong> ces derniers), tant sur le plan matériel<br />

que spirituel. Ainsi est-il rapporté dans le Midrach, sur le verset : « Vous vous tenez<br />

debout aujourd’hui » (Dévarim 29:9), qui suit la section des malédictions (Ki Tavo), afin<br />

de nous enseigner que les malédictions sont précisément ce qui nous permet de nous<br />

tenir sur nos pieds (tant au niveau spirituel que matériel).<br />

TORAH 182<br />

Sache : tout ce que les gens disent durant la période du Omer, tout au long des jours du<br />

Compte, ne concerne que l’Attribut (la Séphira) spécifique de chaque jour (en question).<br />

Ainsi, celui qui comprend, <strong>pour</strong>ra entendre et connaître ceci : s’il prête une oreille<br />

attentive à leurs conversations, il entendra qu’ils ne parlent en fait que de la Séphira<br />

propre à ce même jour.<br />

TORAH 183<br />

Sache que les Justes de la génération siègent en cercle. Autrement dit, l’ordre dans lequel<br />

ils sont assis et la place respective de chacun en ce monde ont la forme d’un cercle. Et<br />

bien que d’autres personnes se trouvent parmi eux, qui s’interposent et troublent l’ordre<br />

de ce cercle, sache toutefois que ces personnes entrent dans la catégorie de ceux qui ne<br />

font pas partie de la « communauté » et ils ne sont pas du tout pris en compte. Dès lors,<br />

les Justes restent assis en cercle, et le Saint béni soit-Il (siège) au-dessus de tous, tel le<br />

Chef du tribunal.<br />

En effet, ces Justes siègent en cercle et sont assimilés à un tribunal, à partir d’où est issue<br />

la justice <strong>pour</strong> chacun et en particulier, qu’il s’agisse de culpabilité ou d’innocence. Il en<br />

845


est de même de la subsistance matérielle qui provient d’eux et qu’ils distribuent à<br />

chacun selon ce qui lui revient.<br />

L’essentiel est qu’il y ait de l’amour entre eux : un amour si fort qu’ils se voient<br />

constamment. Ainsi, cet amour doit être si intense qu’ils ne peuvent pas supporter de ne<br />

pas se voir tout le temps. Il existe d’autre part un amour en vertu duquel ils peuvent<br />

supporter de ne pas se voir, mais ceci reste un amour par lequel ils s’aiment de loin,<br />

même si cet amour reste dans la catégorie de « ils se voient l’un l’autre ». Comme les<br />

gens ont l’habitude de dire de quelque chose qu’ils dé<strong>test</strong>ent en disant : « Je ne peux pas<br />

le voir », mais lorsqu’ils s’aiment mutuellement, ceci entre dans la catégorie de « ils se<br />

voient l’un l’autre », ce qui correspond à la notion d’amour.<br />

Tel est le sens de « Le Sanhédrin siégeait telle une grange circulaire » (Sanh. 30b). Le<br />

Sanhédrin représente la dimension des Justes d’où sortent tous les jugements et toute la<br />

subsistance. Tel est également le sens de « comme une grange », qui constitue la source<br />

de la nourriture et de la subsistance, dans laquelle ils siégeaient en cercle. Tout ceci <strong>pour</strong><br />

qu’ils puissent se voir mutuellement, comme il est rapporté dans le Talmud. En d’autres<br />

termes, il s’agit d’une allusion à l’amour et à la vision.<br />

TORAH 184<br />

Lorsqu’un homme parle de la crainte de Dieu avec son ami, ceci génère une lumière<br />

directe et une lumière réfléchie. Parfois, la lumière réfléchie précède la lumière directe,<br />

lorsque celui qui écoute, possède un intellect limité et n’est ainsi pas capable de recevoir<br />

(de comprendre) les paroles de son ami. En effet, à cet instant, avant qu’il ne puisse<br />

recevoir de lui, ce qui correspond à la notion de lumière directe, il (l’émetteur des<br />

paroles) reçoit lui-même de son ami. En effet, la lumière réfléchie a précédé la lumière<br />

directe, car lorsque l’on parle de crainte de Dieu avec un ami, même si ce dernier ne<br />

reçoit pas, celui (qui a émis les paroles) reçoit malgré tout un éveil de la part de son ami<br />

(qui n’est pas parvenu à recevoir). En effet, par la percussion des paroles sorties de sa<br />

bouche en direction de son ami, la lumière retourne vers lui [Telle est la définition<br />

exacte du concept de « lumière réfléchie » comme le rapportent les écrits de la Cabale].<br />

846


Par exemple, lorsqu’une personne jette un objet contre un mur et que cet objet lui<br />

revient, il en est ainsi de celui qui parle à son ami, même si son ami ne reçoit pas ses<br />

paroles. Quoi qu’il en soit, celui qui dit ces paroles peut lui-même s’éveiller avec ses<br />

propres paroles : du fait de leur percussion, les paroles exprimées à son ami l’ont<br />

percuté <strong>pour</strong> revenir vers lui (l’effet boomerang). C’est <strong>pour</strong>quoi, s’il avait prononcé ces<br />

paroles à lui-même, il n’aurait probablement pas été réveillé par elles.<br />

Par ailleurs, le fait de les avoir exprimées à son ami a provoqué en lui-même un éveil, et<br />

ce, même si son ami n’a pas été sensibilisé car les paroles sont revenues (vers lui) par le<br />

biais de cette percussion. [Il s’agit de la notion de « lumière réfléchie », découlant d’un<br />

rebond, comme indiqué dans les ouvrages de la Cabale. Comprends bien ceci].<br />

TORAH 185<br />

Il est dit dans le Zohar $(Vayikra 4b) : « Lorsque le peuple juif parfait sa conduite, le<br />

Saint Nom (du Saint, Béni soit-Il) est lui aussi parfait (complet), si l’on peut<br />

s’exprimer ainsi ».<br />

L’aspect essentiel de la perfection est la crainte, comme il est écrit : « À présent Israël, ce<br />

que te demande l'Éternel, ton Dieu, c'est uniquement de Le craindre » (Dévarim 10:12).<br />

C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle la crainte est appelée « finalité de toute chose », comme dans<br />

le verset : « La finalité de toute chose, tout bien considéré, est de craindre Dieu » (Kohélet<br />

12:13), car elle constitue la perfection de toute chose.<br />

Ainsi, il existe deux formes de crainte : certains craignent Dieu du fait de sa grandeur et<br />

de son élévation, parce qu’Il est grand et puissant. Il existe une autre crainte, inférieure à<br />

la première, lorsque l’homme parvient à la crainte à travers des craintes plus basses,<br />

telles que la peur d’un animal, d’un ministre ou d’autres formes de peur. De cette<br />

manière, l’homme se rappelle (de qui il doit vraiment craindre) et parvient à la crainte<br />

de Dieu.<br />

La première crainte, qui résulte d’une réflexion intellectuelle portée sur sa grandeur et<br />

son élévation, est représentée par la lettre אAlef -. En effet, la crainte correspond à la<br />

dimension de Royauté, comme dans : « Si ce n’était <strong>pour</strong> la crainte de la royauté » (Avot<br />

847


3:2), qui correspond elle-même à la lettre « DaLeT », car « elle ne possède rien d’ellemême/DéLeT<br />

la » (Zohar I 238a). Car il est impossible de parvenir à la crainte, si ce n’est<br />

par une réflexion intellectuelle centrée sur sa grandeur (en prenant conscience de<br />

‏,י » Youd l’immensité du pouvoir et des actes de Dieu). En outre, l’intellect est appelé «<br />

comme l’écrit Rachi sur (le verset :) « C’est alors que Moché chantera/YaChiR » (Chémot<br />

15:1) – « il aurait dû être écrit « ChaR », au passé (plutôt que Yachir avec un Youd, qui<br />

signifie le temps futur,) mais le Youd fait référence à la pensée (symbolisée par cette<br />

lettre) ». Dès lors, le fait d’attirer l’intellect jusqu’à la crainte est illustré par la lettre Vav<br />

Alef. C’est ainsi que nous formons la lettre ‏.ו<br />

Quant à la seconde crainte, qui résulte de causes moins élevées, elle correspond à la<br />

dimension de Alef-Dalet ‏,אד car elle relève de la catégorie de « double » Dalet, qui<br />

n’émane pas de l’intellect, mais de facteurs inférieurs. Ainsi, une telle crainte ne peut<br />

attirer que les influx (bénédictions d’abondance) dans ce monde, car elle relève de la<br />

catégorie de l’élévation des 'eaux féminines' ».<br />

Ceci peut être comparé à celui qui a besoin des services de son ami et fait appel à lui.<br />

Grâce à sa requête, il obtient ce qu’il souhaite, parce que la parole et la demande par<br />

lesquelles il s’est soumis devant son ami <strong>pour</strong> présenter sa demande, relèvent (du<br />

concept) de l’élévation des « eaux féminines ». Celles-ci atteignent leur finalité, qui est<br />

d’influer sur son ami afin d’obtenir ce dont il a besoin. En ce sens, en faisant émerger la<br />

crainte à partir de causes inférieures, ceci engendre l’élévation des « eaux féminines »,<br />

attirant des influences (abondances) dans ce monde. Tel est le sens de : « Une<br />

אד/‏vapeur/ED », s’élevait de la terre » (Béréchit 2:6), par le biais de cette crainte<br />

inférieure, correspondant à « Alef Dalet/ED » Dès lors (la vapeur) « arrosait toute la<br />

surface de la terre », car c’est par son intermédiaire que les flux (d’abondance) sont<br />

attirés.<br />

Puis, lorsque l’abondance est attirée, il faut alors créer le récipient permettant de la<br />

recevoir, afin d’empêcher les forces du mal d’en puiser. Ainsi, ce réceptacle correspond à<br />

la dimension du « ם/‏Mem » fermé, ce qui forme le mot « אדם/‏ADaM » (Alef – Dalet –<br />

Mem).<br />

Ainsi, en vertu du désir de se rendre chez le Juste, une empreinte et un moule du<br />

réceptacle est produit. Ceci peut être comparé à un artisan qui souhaite fabriquer un<br />

objet : il doit <strong>pour</strong> ce faire, au préalable, dessiner et tracer l’empreinte et la forme de<br />

848


l’objet <strong>pour</strong> le fabriquer ensuite. De la même façon, cette volonté de se rendre chez le<br />

Juste a <strong>pour</strong> effet de dessiner et tracer les contours du réceptacle, et lorsqu’il se rend<br />

ensuite chez le Juste, le réceptacle est ainsi créé.<br />

Tel est le sens de « L’homme verra/IRé avec les yeux » (Samuel I 16:7) – par la<br />

« crainte/Ira », au niveau des yeux, c’est-à-dire la crainte inférieure qu’il reçoit par<br />

l’intermédiaire de ce qu’il voit de ses yeux, la dimension liée à « אדם/‏ADaM » est atteinte.<br />

ם/‏Mem », liée à cette crainte, et le « אד/‏ED Autrement dit, les influx sont attirés grâce à «<br />

» constitue le réceptacle destiné à recevoir l’abondance. Par la crainte supérieure<br />

évoquée plus haut, née de la réflexion du cœur sur la grandeur divine, le Saint Nom du<br />

Saint béni soit-Il atteint la plénitude.<br />

Telle est la conclusion du verset : « Et Dieu verra le cœur » (idem). Par l’intermédiaire de<br />

la crainte du cœur, correspondant à la dimension de crainte supérieure, née de la<br />

réflexion du cœur sur l’élévation de Dieu béni soit-Il, le Nom divin se voit ainsi complété,<br />

comme il est écrit dans le Zohar : « Lorsque le peuple juif parfait sa conduite, la Nom Divin<br />

devient parfait », et l’essence de la perfection réside dans la crainte. C’est <strong>pour</strong>quoi « Et<br />

Dieu verra le cœur », car grâce à la crainte supérieure liée à la crainte du cœur, le Nom<br />

Divin devient parfait (complet).<br />

[J’ai entendu cet Enseignement de la bouche de Rabénou. Il est lié au verset des<br />

Psaumes : « Ils iront de force en force <strong>pour</strong> paraître devant Dieu à Tsion » (84:8), mais je<br />

n’en connais pas l’explication, même s’il semble qu’il y ait une corrélation entre la fin du<br />

verset et le sujet de cette Torah, où il est rapporté à la fin que le désir de se rendre chez<br />

le Juste confère au réceptacle une empreinte et une image. Ceci correspond à « <strong>pour</strong><br />

paraître devant Dieu à Tsion » – « Tsion » correspond à « Tsioun », soit la marque et la<br />

trace du réceptacle créées par le désir et grâce auxquelles on parvient à se rapprocher<br />

du Saint béni soit-Il, comme dans « <strong>pour</strong> paraître devant Dieu à Tsion ». C’est-à-dire, par<br />

la marque et la trace du réceptacle résultant du désir intense créé au début (envers le<br />

Juste). Rabénou a ajouté que l’homme rencontre davantage de difficultés et d’entraves<br />

au début de son rapprochement vers le Saint béni soit-Il, comme de nombreux et grands<br />

obstacles qui peuvent provenir par exemple de son père, de sa femme, de son beau-père<br />

ou de toute autre personne qui le dérange et le trouble énormément, ou encore des<br />

obstacles comme des ennuis financiers ou d’autres formes de problèmes, d’infortunes de<br />

perturbations qui se dressent devant lui et le dérangent particulièrement. Il doit faire<br />

849


des efforts et se surmener beaucoup afin de briser toutes ces difficultés et ces entraves<br />

qui surviennent au début de son rapprochement. Elles constituent toutes un grand<br />

bienfait <strong>pour</strong> l’homme, car de cette manière, il parvient ensuite à recevoir beaucoup de<br />

sainteté et de pureté. Par ces obstacles de départ, un réceptacle est formé, et plus il<br />

rencontre d’obstacles et de difficultés, plus son réceptacle devient suffisamment grand<br />

<strong>pour</strong> recevoir par la suite une abondance de sainteté et de pureté afin de se rapprocher<br />

du Saint béni soit-Il. Telle est la dimension évoquée dans « <strong>pour</strong> paraître devant Dieu, à<br />

Tsion ».<br />

TORAH 186<br />

Les prodiges que l’on raconte à propos des Justes résidant dans les contrées de Kirah<br />

sont dus à leurs habitants, qui sont des personnes vertueuses ayant foi dans les Justes.<br />

En effet, grâce à leur foi, par laquelle ils croient dans les paroles du Juste, les miracles se<br />

dévoilent, car le Juste est très certainement rempli de prodiges. Ainsi, lorsque l’homme a<br />

foi dans le Juste, ses yeux et son cœur sont rivés vers le Juste, sur chacune de ses paroles,<br />

puisqu’il croit que toutes ses paroles sont vraies et exactes, et qu’elles obéissent à une<br />

intention précise. Dès lors, lorsqu’il (un homme) retourne chez lui (après son voyage<br />

chez le Juste), il réfléchira par la suite à tout ce qui lui arrivera et comprendra avec le<br />

recul les paroles du Juste. Il comprendra que les paroles qu’il avait entendues lorsqu’il<br />

était chez lui étaient dites dans une intention précise et qu’elles contenaient de<br />

nombreuses allusions. Ainsi avec le recul, il trouvera dans les paroles du Juste, chaque<br />

événement qui se réaliseront par la suite, et que le Juste avait évoqué en allusion. Il en<br />

découle donc que des miracles seront accomplis et révélés de cette manière.<br />

Nous avons vu cela avec les prophètes : au moment où le prophète annonçait sa<br />

prophétie, celle-ci était dite de manière allusive, de telle sorte que le peuple ne<br />

comprenait pas clairement sa prophétie et à quoi faisaient référence ces allusions. Par la<br />

suite, lorsque s’accomplissaient les paroles du prophète, ils comprenaient à posteriori<br />

que les paroles qu’il avait prophétisées auparavant s’étaient concrétisées. Ils<br />

comprenaient donc les paroles du prophète après coup. C’est ainsi que nous le voyons<br />

avec Daniel, qui fait allusion à la Délivrance messianique même si, <strong>pour</strong> l’instant, ces<br />

paroles sont cachées comme il est écrit à cet endroit : « Quant à toi, Daniel, tiens cachées<br />

850


ces révélations et scelle-les (jusqu'au temps final) » (Daniel 12:4), car nul homme ne sait<br />

<strong>pour</strong> l’instant comment le temps de la rédemption y est évoqué. Mais dans les temps<br />

futurs, si Dieu le veut, lorsque ces paroles s’accompliront, qu’arrivera enfin le véritable<br />

terme et que notre Messie viendra, ils sauront alors, avec le recul, comment le terme de<br />

l’exil avait été évoqué dans ces paroles. C’est ainsi qu'il en est chez plusieurs prophètes.<br />

TORAH 187<br />

« À Toi la bonté, car tu rétribues l’homme selon ses actes » (Ps. 62:13).<br />

Ceci signifie qu’il s’agit d’une grande bonté de la part du Saint béni soit-Il, en vertu de<br />

laquelle Il rétribue l’homme mesure <strong>pour</strong> mesure. De la sorte, l’homme comprendra qu’il<br />

doit réfléchir à ses actes (faire une introspection) et reconnaître ses transgressions afin<br />

de se repentir. Sache cependant que l’aspect essentiel de la rétribution (récompense ou<br />

punition) du Saint béni soit-Il, offerte mesure <strong>pour</strong> mesure, se trouve (prend effet) sur la<br />

terre d’Israël, comme il est écrit : « Les cieux dénoncent son crime et la terre se soulève<br />

contre lui » (Job 20:27).<br />

La « terre » dont il est question fait référence à la terre d’Israël, qui se lève contre<br />

l’homme et sur laquelle se dévoile la faute, car en ce lieu, on se montre (du Ciel)<br />

particulièrement pointilleux et on rétribue l’homme selon ses actes, mesure <strong>pour</strong><br />

mesure. Tel est le sens de ce qui est écrit au sujet de la terre d’Israël : « Une terre qui<br />

dévore/ Okhélet ses habitants » (Bamidbar 13:32) – « o(A)KheLeT » a <strong>pour</strong> initiales :<br />

« Ata Téchalem Léich Kémaasséhou/À Toi la bonté, car Tu rétribues l’homme selon ses<br />

actes ». C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle ceux qui habitent en terre d’Israël ont, <strong>pour</strong> la<br />

plupart, des épreuves (et des souffrances), car on s’empresse en cet endroit de rétribuer<br />

chacun selon ses actes.<br />

TORAH 188<br />

851


Sache qu’il faut se rendre chez le Juste <strong>pour</strong> retrouver ce que l’on a perdu, car avant que<br />

l’homme ne sorte (du ventre de sa mère) <strong>pour</strong> rejoindre l’air de ce monde, on montre à<br />

l’homme tout ce qu’il devra accomplir, traverser et atteindre dans ce monde.<br />

Mais dès qu’il est sorti, tout ceci est immédiatement oublié, comme l’enseignent nos<br />

sages, de mémoire (Nida 30b). Ainsi, l’oubli est une forme de perte, et c’est en cela que<br />

nos maîtres comparent celui qui oublie à celui qui perd, comme dans : « Prompt à<br />

entendre et prompt à perdre » (Avot 5:12).<br />

Il convient alors de chercher et de demander à retrouver sa perte. Et ce qu’il a perdu se<br />

trouve chez le Juste qui recherche lui-même ce qu’il a perdu jusqu’à le retrouver. Puis,<br />

après l’avoir trouvé, il repart en quête d’autres pertes, jusqu’à qu’il trouve même les<br />

pertes (des autres), jusqu’à ce qu’il retrouve ainsi toutes les pertes du monde entier.<br />

C’est <strong>pour</strong>quoi l’homme doit se rendre chez le Sage <strong>pour</strong> lui demander et de connaître ce<br />

qu’il a perdu, puis il doit revenir afin de la recevoir de lui (retrouver sa perte).<br />

Cependant, le Juste ne lui rend pas ce qu’il a perdu avant de s’assurer qu’il n’est ni<br />

tricheur ni menteur, comme il est écrit : « Jusqu'à ce que ton frère le réclame ; alors tu le<br />

lui rendras » (Dévarim 22:2) – « jusqu’à t’assurer que ton frère ne soit pas un imposteur »<br />

(Baba Met 27b).<br />

TORAH 189<br />

Il faut se montrer particulièrement vigilant face à la tristesse et à la paresse, car l’aspect<br />

essentiel de la morsure du serpent correspond à la tristesse et à la paresse, au sens du<br />

verset : « Le serpent se nourrit de poussière » (Isaïe 65:25). En effet, la poussière<br />

représente la dimension de tristesse et de paresse, car elles proviennent de cet élément<br />

fondamental (la poussière), comme le rapportent les livres.<br />

TORAH 190<br />

852


« Le peuple entier répondit d'une voix unanime : « Tout ce qu'a dit l'Éternel, nous le<br />

ferons ». Et Moché rapporta les paroles du peuple au Seigneur. L'Éternel dit à<br />

Moché : « Voici, Je viendrai vers toi au plus épais du nuage, afin que le peuple<br />

entende que c'est Moi qui te parle et qu'en toi aussi ils aient foi constamment. Alors<br />

Moché (re)dit à l'Éternel les paroles du peuple » (Chémot 19:8-9).<br />

La chose paraît très surprenante et étonnante. De quelles paroles du peuple est-il<br />

question une seconde fois, sur lesquelles il est écrit : « Moché (re)dit à l'Éternel les<br />

paroles du peuple ? Il n’est <strong>pour</strong>tant question dans le texte d’aucune parole ni réponse<br />

apportées par le peuple une nouvelle fois, après la première réponse. « Tout ce qu'a dit<br />

l'Éternel … » Alors <strong>pour</strong>quoi dire ensuite : « Moché (re)dit à l'Éternel les paroles du<br />

peuple » ?<br />

Sache que lorsque Moché leur demanda d’accepter la Torah, les enfants d’Israël<br />

argumentèrent et répondirent : « Tout ce que l’Éternel a dit… », autrement dit, « nous<br />

sommes dans l’obligation d’accomplir tout ce que l’Éternel dira » car, à partir du<br />

moment où la Parole est sortie de la bouche de Dieu <strong>pour</strong> nous enjoindre d’accomplir ce<br />

commandement, il n’existe alors plus le moindre choix et nous sommes alors contraints<br />

par nos actions. Tel est donc le sens de « Tout ce qu'a dit l'Éternel, nous le ferons » – très<br />

certainement, puisqu’il n’y a plus aucun libre-arbitre à ne pas accomplir (les paroles de<br />

Dieu) à partir du moment où ceci est sorti de la bouche de Dieu. Immédiatement après<br />

ceci, le verset affirme « Alors Moché (re)dit à l'Éternel les paroles du peuple », car Moché<br />

rapporta au Saint béni soit-Il l’argument du peuple. Le Saint béni soit-Il lui répondit<br />

aussitôt : « L'Éternel dit à Moché: « Voici, Je viendrai vers toi » – précisément, afin que le<br />

peuple entende que Je parle avec toi, précisément (et incon<strong>test</strong>ablement). Autrement dit,<br />

Je ne dirai ces commandements qu’à toi seul, comme il est écrit : « Je suis l’Éternel ton<br />

Dieu : tu n’auras pas d’autres dieux… » et ainsi <strong>pour</strong> tous les autres. Mais pas en présence<br />

d’Israël, même s’ils m’entendront te parler. De cette manière, ils auront le pouvoir du<br />

libre-arbitre afin d’agir comme bon leur semble. C’est à ce propos qu’il est écrit : « Moché<br />

(re)dit les paroles du peuple à l’Éternel », c’est-à-dire que Moché présenta à Dieu les<br />

paroles du peuple, utilisant leurs arguments initiaux <strong>pour</strong> cette fois les faire valoir à<br />

nouveau <strong>pour</strong> lui-même.<br />

En d’autres termes, Moché Lui fit savoir : « Tu as résolu le problème du peuple (c’est-àdire<br />

celui) de maintenir leur libre-arbitre en ne t’adressant qu’à moi. En revanche, Tu<br />

853


n’as pas résolu mon problème en ce qui me concerne, car je me retrouverai à partir de<br />

maintenant privé de libre-arbitre une fois que Tu m’auras parlé. C’est <strong>pour</strong>quoi : « Alors<br />

Moché (re)dit à l'Éternel les paroles du peuple », c’est-à-dire, ce que le peuple avait dit et<br />

avait argumenté au départ, Moché l’argumente <strong>pour</strong> lui à présent : « Qu’adviendra-t-il de<br />

moi si je suis privé de libre-arbitre ? ».<br />

Et l’Éternel lui répondit : « Dieu dit à Moché : 'Rends-toi près du peuple, et purifie-les<br />

aujourd'hui et demain' » (Chémot 19:10). Le Saint béni soit-Il lui donna cette injonction<br />

<strong>pour</strong> deux jours seulement, et Moché ajouta un jour de lui-même (Chabat 87a),<br />

rejoignant ainsi l’intention de Dieu. Telle était en effet l’intention divine initiale, puisque<br />

la Torah ne fut donnée qu’après trois jours. Ainsi, le libre-arbitre de Moché dépendait de<br />

cela, à savoir de recevoir ou ne pas recevoir la Torah, car il n’était réellement pas<br />

possible de recevoir la Torah avant l’écoulement de trois jours, comme ce fut le cas<br />

effectivement (et conformément à ce que Moché choisit d’ajouter, de lui-même, avec son<br />

libre arbitre). Ainsi, s’il n’avait pas ajouté un jour, il n’aurait pas reçu la Torah. Et<br />

(même) si le Saint béni soit-Il ne lui avait parlé que de deux jours, Moché comprit de luimême<br />

et décida de recevoir la Torah en ajoutant un jour, grâce auquel le don de la Torah<br />

a pu avoir lieu. De cela dépendait donc l’essence même du choix (du libre-arbitre) de<br />

Moché : en ajoutant un jour supplémentaire de son propre gré.<br />

TORAH 191<br />

Sache qu’il est possible qu’un homme soit assis Juste à côté de son ami au Gan Eden, qu’il<br />

jouisse de tous les plaisirs, des délices et des trois cent dix mondes, sans que son ami<br />

<strong>pour</strong> sa part ne ressente le moindre plaisir de cet ordre.<br />

En effet, « Tout comme les cieux en hauteur, la terre en profondeur, le cœur des rois est<br />

insondable » (Prov. 25:3) et comme nos sages, de mémoire bénie, ont enseigné : « Quand<br />

bien même tous les océans étaient de l’encre et tous les roseaux des plumes, il resterait<br />

impossible de mettre par écrit les pensées des gouvernants », comme il est indiqué<br />

dans : « Tout comme les cieux en hauteur… » (Chabat 11a). Il apparaît ainsi que le cœur<br />

des rois est bien plus large que les hauteurs des cieux et la profondeur de la terre qui<br />

854


occupent <strong>pour</strong>tant la place, de plusieurs milliers et milliers de Parsaot. Ainsi le cœur et le<br />

cerveau, <strong>pour</strong>tant si petits, contiennent tout, à tel point que le cœur est capable de se<br />

concentrer sur chaque pays, de capter et de se représenter chaque contrée, chaque<br />

propriété des cieux et encore avantage.<br />

En effet, le cœur des rois est sans limites. Regarde et comprends la sagesse et la<br />

grandeur du Créateur, où le minuscule peut contenir le gigantesque : comment la<br />

parcelle d’un cœur et d’un cerveau si petits peuvent inclure des choses aussi grandes !<br />

Ceci n’est possible que parce que le divin y réside, car l’essence de la divinité se situe<br />

dans le cœur, comme il est mentionné $(LMI-49). À présent, comprends et fait preuve de<br />

discernement : si le cœur, dans lequel se trouve simplement la dimension de divinité<br />

n’est qu’une seule parcelle d’un millième de millième de la Providence du Créateur béni<br />

soit-Il, comme est grande sa valeur, capable de contenir, en un si petit emplacement, des<br />

mondes infinis. Il est d’ailleurs dit, même à propos de non-juifs : « Le cœur des rois est<br />

insondable », <strong>pour</strong> sa capacité à se focaliser sur chaque pays en particulier, à saisir, à<br />

évaluer en son esprit tous les pays sous sa domination, ainsi que tous les hommes qui se<br />

trouvent sous son autorité. Dès lors par analogie, multiplie cela par milliers, afin de te<br />

faire une idée de la grandeur du Saint béni soit-Il. Il en découle que l’aspect essentiel de<br />

la grandeur du roi, de son plaisir et de sa suprématie ne se situe que dans le cœur, car il<br />

sait en son cœur qu’il est roi sur tous ces pays et règne sur tous selon la volonté de son<br />

cœur et de son désir.<br />

À présent, tu comprends par toi-même comment une seule personne peut contenir en<br />

son cœur les trois cent dix mondes, puisque le cœur peut englober l’illimité et<br />

l’insondable. Il jouira ainsi de tous les plaisirs et délices alors que son ami, quand bien<br />

même se tient-il à côté de lui, ne ressentira rien, car son cœur manque de tout cela,<br />

(c’est-à-dire) de tous les bienfaits et de tous les délices qui sont dans le cœur de son ami<br />

qui est un Juste. Heureux soit-il, car l’essence de la sensation de plaisir et de délice du<br />

monde futur et de tous les trois cent dix mondes, se situe dans le cœur.<br />

TORAH 192<br />

855


Sache que la parole de vérité qui sort de la bouche du Juste véritable, y compris à travers<br />

des paroles profanes, est plus précieuse que les paroles de Torah d’un autre Juste. On<br />

peut en effet trouver parfois dans les paroles de Torah d’un Juste des altérations, alors<br />

que la parole, qui sort de la bouche du Juste authentique, ne constitue rien d’autre que la<br />

vérité. Et puisqu’il ne s’agit que de vérité, sans la moindre altération, il n’y a rien de plus<br />

précieux que cela. Ainsi, celui qui entend la parole de la bouche du Juste authentique, qui<br />

est une parole de vérité, et en particulier lorsqu’il le voit à ce moment, comme dans :<br />

« Tes yeux verront ton maître » (Isaïe 30:20), il reçoit alors la dimension du « visage » du<br />

Juste, ainsi que les dimensions de son intellect et de son âme.<br />

En effet, ce Juste place son intellect à l’intérieur de sa parole qu’il renouvelle et que cet<br />

homme perçoit. Ainsi il reçoit l’intellect du Juste. Il en va de même de la dimension de<br />

l’âme, car l’âme correspond à l’intellect, comme il est écrit : « Et l’âme du Tout-Puissant<br />

les rends intelligents » (Job 32:8).<br />

Et ainsi il perçoit également le visage (du Juste), car la parole que celui-ci prononce est<br />

une parole de vérité et la vérité représente le visage de tous les visages de sainteté, au<br />

sens de : « Qui recherchent Ta Face, Yaacov Sélah » (Ps. 24:6), de l’ordre de : « Tu<br />

donneras la vérité à Yaacov » (Michée 7:20). Il en découle que celui qui reçoit la parole de<br />

la bouche du Juste perçoit aussi sa face, son intellect et son âme. Ainsi en son esprit, se<br />

grave et se dessine l’image du visage du Juste, qui représente sa face, son intellect et son<br />

âme.<br />

Cependant, il convient de se méfier de l’oubli qui peut amener à oublier tout ce qu’il s’est<br />

représenté en son esprit à partir de la parole. Car par l’oubli, tout peut s’oublier et<br />

disparaître. Ainsi, même s’il en venait à écrire ces paroles sur un livre <strong>pour</strong> s’en<br />

souvenir, lorsque cette dimension d’oubli se renforce, elle s’abat également sur le livre<br />

écrit. Autrement dit, lorsqu’à Dieu ne plaise, le sage qui a formulé ces paroles quitte ce<br />

monde, et que se renforce alors la dimension d’oubli, comme dans : « J’ai été oublié<br />

856


comme est oublié du cœur un mort » (Ps. 31:13), l’oubli a également un effet sur le livre<br />

écrit.<br />

Contre cela, il existe un conseil : se représenter (mentalement) le visage du sage, au<br />

moment où l’on étudie son enseignement. Le Talmud de Jérusalem (Chekalim 2:5)<br />

rapporte ainsi : au moment de l’étude, l’homme doit se représenter l’image du sage se<br />

tenant devant lui, car dans le livre de ce sage se trouve gravée et dessinée son image. En<br />

effet, ces paroles et ces lettres inscrites et retranscrites dans le livre constituent<br />

l’intellect, l’âme et le visage du sage. Il en ressort donc que son intellect, son âme et son<br />

visage, qui représentent véritablement son image, se trouvent dans ses lettres et ses<br />

mots. Ainsi, dans chaque livre se trouve l’image et la représentation du sage auteur des<br />

paroles, car en fonction de l’image, c’est-à-dire, son intellect, son âme et son visage, les<br />

lettres s’agencent dans le livre. Autrement dit, si le sage possédait une autre image, soit<br />

un autre intellect, un autre visage et une autre âme, se formerait et se dessinerait alors<br />

dans ce livre d’autres lettres, selon l’intellect qui est le sien et qui est son image. Par<br />

conséquent, on trouve dans chaque livre l’image du sage.<br />

Ainsi, lorsqu’on bénéficie de la mémoire et que l’on parvient à se souvenir des paroles du<br />

sage telles que celui-ci les a dites, ou en les révisant cent une fois, ainsi l’on s’en souvient.<br />

Dès lors, lorsqu’on rapporte cette parole au nom du sage, se dessine devant nous l’image<br />

du sage et c’est comme si ce sage les prononçait lui-même. Ce souvenir aura réellement<br />

une (faculté) de mémorisation, et ainsi se gravera véritablement dans notre esprit la<br />

représentation de son image (du Juste).<br />

Tel est le sens de cet enseignement : « Celui qui étudie la Torah enfant, à quoi ressemblet-il…<br />

? » (Avot 4:20). En effet celui qui enseigne à un élève, ressemble réellement à celui<br />

qui écrit sur du papier avec de l’encre et y dessine les lettres de son intellect. C’est en ce<br />

sens qu’il trace dans l’esprit de l’élève, son propre intellect et son image, à proprement<br />

parler.<br />

Il existe toutefois plusieurs formes d’étude, notamment la dimension de « celui qui<br />

étudie enfant », autrement dit, lorsque l’élève entend véritablement la parole de la<br />

bouche du maître, au moment où celui-ci la formule : il relève alors de la catégorie de<br />

« l’enfant ». En effet, les nouveaux enseignements (ceux du Juste) se forment grâce à sa<br />

857


faculté à élever les âmes au stade de la grossesse et ainsi de les renouveler, comme il a<br />

été expliqué par ailleurs dans l’Enseignement 13. Il (celui qui écoute) entre ainsi dans la<br />

catégorie de « l’enfant », comme s’il était né aujourd’hui, et ressemble alors à de l’encre<br />

écrite sur un papier neuf, sur lequel on peut écrire et dessiner sans aucune tache. En<br />

d’autres termes, il <strong>pour</strong>ra se représenter et bien l’inscrire en son esprit et sera en<br />

mesure de s’en souvenir.<br />

En revanche, celui qui étudie « lorsqu’il est vieux », fait allusion à celui qui n’entend pas<br />

de la bouche (directement) du sage, mais plus tard et non au moment où ces idées furent<br />

exposées <strong>pour</strong> la première fois. Dès lors, son âme n’est donc pas renouvelée, au stade de<br />

la grossesse, comme nous l’avons évoqué plus haut. Il relève alors de la dimension de<br />

« vieillard », comme il l’était auparavant, et ressemble à de l’encre écrite sur un papier<br />

effacé, sur le lequel l’écriture y est illisible. De même en ce qui concerne la nouvelle idée<br />

exposée par le sage, bien qu’écrite et gravée en son esprit, celle-ci n’y est malgré tout pas<br />

convenablement dessinée et il risque de l’oublier. C’est <strong>pour</strong>quoi : « Il suffit que le<br />

serviteur soit comme son maître » (Brakhot 58b) – « serviteur » littéralement. Le<br />

serviteur est celui qui se souvient de ce qu’il reçoit de son maître, <strong>pour</strong> avoir révisé cent<br />

et une fois, comme l’ont expliqué nos maîtres, de mémoire bénie : « Celui qui sert Dieu –<br />

il s’agit de celui qui révise son étude cent et une fois » (‘Haguiga 9b). Par la vertu de cette<br />

mémorisation, il mérite ainsi d’être comme son maître, car l’image de son maître lui<br />

apparaît et tout se passe comme si son maître lui-même s’exprimait (devant lui), car se<br />

grave et se dessine nettement en son esprit la face et l’image de son maître, à l’instar de<br />

l’encre écrite sur du papier. Tel est le sens de « Il suffit/ DaYO, au serviteur … », référence<br />

à l’ « encre/D’YO », sur le papier, comme nous l’avons déjà vu [de même est-ce rapporté<br />

dans le Zohar II 159a]. En effet, l’image de son maître, dessinée dans son esprit, est<br />

comparable à de l’ « encre/D’yo », et seule l’image de son maître reste imprimée chez<br />

l’élève.<br />

Il existe en effet une règle : à chaque fois qu’un niveau s’habille (se fond) dans un autre<br />

niveau, il s’habille toujours dans le degré le plus bas du niveau supérieur, autrement dit,<br />

dans la dimension des « pieds » du niveau supérieur, qui constitue le degré élevé du<br />

niveau inférieur. C’est en ce sens que nos sages affirment : « Là où la sagesse a créé<br />

(comme) une couronne sur sa tête, l’humilité a fait une sandale <strong>pour</strong> son talon » (Cantique<br />

Raba 1:9). Ainsi, seule l’image s’est dessinée et ressemble à l’encre, car même si une<br />

858


forme et une image sont vraiment dessinées, ceci ne reste malgré tout qu’une image et<br />

une représentation, sans être véritablement la chose elle-même. De même <strong>pour</strong> la<br />

parole : même si l’image s’y dessine, ceci n’en reste pas moins qu’un dessin et une image,<br />

c’est-à-dire, son niveau inférieur, autrement dit, la parole. Comprend bien cela.<br />

Tel est le sens des mots « Feu noir sur feu blanc » (Talmud Yerouch. Chekalim 6:1), qui<br />

fait référence à l’intellect, comme dans : « Et qui coulent du Liban/LéVaNone » (Cantique<br />

4:15), autrement dit « du blanc/LéVoNa de l’intellect » (Zohar III 235b). Ceci correspond<br />

à « Je suis noire mais belle » (Cantique 1:5), car <strong>pour</strong> le niveau supérieur ce qui est noir et<br />

bas – c'est-à-dire sa partie inférieure -, est (en comparaison) beau et élevé <strong>pour</strong> un<br />

niveau moins élevé.<br />

TORAH 193<br />

Sache que la pensée possède un grand pouvoir, et si l’homme renforce et focalise sa<br />

pensée sur un quelconque élément de ce monde, il <strong>pour</strong>ra faire en sorte qu’il en soit<br />

ainsi (qu’il se matérialise). Et même s’il renforce considérablement sa pensée dans<br />

l’intention d’avoir de l’argent, il est certain qu’il en recevra et ainsi <strong>pour</strong> tout domaine<br />

(car ce concept s’applique à toute chose). Il faudra seulement que la pensée soit<br />

dépouillée de toute sensation.<br />

La pensée est donc à ce point si puissante qu’il est véritablement possible d’offrir sa vie<br />

(de se sacrifier) en pensée, c’est-à-dire qu’un homme ressente réellement la souffrance<br />

de la mort en prenant sur lui, c'est-à-dire en esprit, l’idée qu’il est heureux de donner sa<br />

vie <strong>pour</strong> la sanctification du nom de Dieu, quel que soit le type de mort choisi. Il est ainsi<br />

possible de renforcer et focaliser la pensée à un tel point qu’au moment où il décide par<br />

la pensée qu’il est prêt à offrir sa vie et mourir <strong>pour</strong> sanctifier le Nom de Dieu, il<br />

ressentira alors concrètement la douleur de la mort. Telles sont les paroles de Rabbi<br />

859


Akiva : « Tout au long de ma vie, je souffrais du fait de ce verset – quand donc aurai-je<br />

l’opportunité de l’accomplir ? À présent que l’occasion m’est donnée, ne devrais-je pas la<br />

saisir ? » (Brakhot 61b). En d’autres termes, au moment de la lecture du Chéma Israël,<br />

quand Rabbi Akiva prenait sur lui les quatre types de mort instituée par le Bet Din, il<br />

faisait don de son âme par la pensée de manière si forte et si puissante qu’il en arrivait à<br />

souffrir et ressentir véritablement les douleurs de la mort, comme si on le lapidait et on<br />

le brûlait de manière réelle. C’est <strong>pour</strong>quoi : « Ma vie durant, je souffrais : quand donc<br />

viendra le jour… », autrement dit, en imaginant et en acceptant par ma pensée, je<br />

souffrais et me demandais : quand viendrait ce moment où je <strong>pour</strong>rais accomplir ceci :<br />

donner ma vie <strong>pour</strong> sanctifier le Nom de Dieu. De cela seulement, j’étais en peine et je<br />

ressentais et souffrais les douleurs de la mort, véritablement. À présent que cela se<br />

présente à moi concrètement, ne l’accomplirais-je donc pas ? Moi qui souffrais<br />

constamment et véritablement de cette douleur à cause de cette acceptation par la seule<br />

pensée.<br />

Ainsi, lorsqu’un homme renforce sa pensée <strong>pour</strong> se sacrifier, littéralement, il <strong>pour</strong>rait<br />

mourir véritablement par cette douleur, comme s’il mourrait concrètement, car il<br />

n’existe pas de différence entre la mort concrète et la douleur ressentie à la pensée de la<br />

mort. C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle il doit éviter et vite s’éloigner (de la douleur mentale<br />

de la mort) au moment où il ressent que son âme est sur le point de sortir, <strong>pour</strong> ne pas<br />

mourir avant son heure, à Dieu ne plaise.<br />

TORAH 194<br />

Celui qui souhaite recevoir des honneurs, est stupide. Prenons l’exemple d’un grand<br />

ministre qui déléguerait un employé dans une de ses villes, située dans une contrée<br />

lointaine. Cet employé a sur place acquis tous les honneurs, car les incirconcis (nonjuifs)<br />

n’avaient pas compris qu’il n’était que le simple serviteur du ministre, et ils<br />

supposaient qu’il était lui-même le ministre. Ainsi, lorsqu’ils avaient besoin de lui, ils<br />

tombaient à ses pieds et lui accordaient tous les honneurs, en le qualifiant de tous les<br />

860


titres honorifiques correspondant à un ministre. Mais un jour, le ministre lui-même se<br />

rendit dans cette contrée. Il vint trouver le délégué et lui demanda un compte-rendu des<br />

affaires du pays et <strong>pour</strong>quoi ces incirconcis ne faisaient pas leur travail. Il appela un<br />

policier et lui demanda ce qu'il en était des affaires de la ville. Le policier incirconcis ne<br />

savait pas qu’il s’agissait du vrai ministre, car il ne connaissait que le délégué. Il tomba<br />

aussitôt aux pieds du délégué, lui témoigna tous les honneurs revenant à un ministre et<br />

répondit à sa question. Le visage du délégué changea alors de couleur, semblable aux<br />

bords d’une marmite (rougie, par le feu de la brûlure de l’humiliation). Il fut pris d’une<br />

très grande honte, car il n’existe pas de plus grande humiliation que celle-ci : de recevoir<br />

un tel honneur devant le regard du ministre. En ce sens, l’essentiel de l’honneur ne<br />

provient que de la parole, car aucun autre membre de l’homme, comme (par exemple) la<br />

main, ne peut distribuer des honneurs, de même que l’on ne peut non pas connaître la<br />

structure d’un homme, à partir de sa main.<br />

De même, le visage de l’homme ne lui est pas forcément spécifique, car il existe même<br />

des animaux à visage humain, comme le singe par exemple. Il ne s’agit donc pas là de<br />

définition exclusive (de la condition) humaine.<br />

Ainsi on ne peut recevoir d’honneur que par la parole, car c’est en cela qu’on se distingue<br />

de l’animal. Ainsi, dans la mesure où l’aspect essentiel de l’honneur résulte de la parole,<br />

la parole représente donc le palais du Roi, car le « palais (Heikhal), a <strong>pour</strong> valeur<br />

numérique le Nom divin « Adonaï (65) », lié à la parole, comme il est écrit : « Mon<br />

Seigneur/Adonaï, ouvre mes lèvres » (Ps. 51:17 ; Tikouné 18).<br />

Ainsi, en voulant recevoir des honneurs au sein même du palais du Roi – il n’existe pas<br />

de plus grande humiliation. Et comme on peut le constater concrètement (d’après le<br />

récit précité), il est certain que le serviteur aura extrêmement honte des grands<br />

honneurs qui lui seront rendus devant le Roi.<br />

TORAH 195<br />

861


« Dans la détresse, Tu m’as donné la largesse » (Ps. 4:2). Ceci signifie qu’au sein même<br />

de la détresse, le Saint béni soit-Il nous accorde la largesse, car si l’homme prête<br />

attention aux bienfaits de Dieu, il constatera que même au moment où le Saint béni soit-<br />

Il l’oppresse, même dans cette détresse, le Saint béni soit-Il lui donne la largesse et<br />

accroît Sa bonté à son égard. Tel est le sens des mots : « Dans la détresse, Tu m’as donné<br />

la largesse », autrement dit, au sein même de l’étroitesse, Tu as placé de la largesse <strong>pour</strong><br />

moi. Par conséquent, nous espérons que le Saint béni soit-Il nous délivre prochainement<br />

de tous les malheurs et nous accorde tout le bien, car même au sein de la détresse, Il<br />

nous accorde la largesse.<br />

TORAH 196<br />

« Lorsque tu pries, ne fais pas de ta prière une routine, mais plutôt des implorations<br />

et supplications » (Avot 2:13).<br />

Il est en effet interdit à un homme de s’obstiner <strong>pour</strong> quoi que ce soit, c’est-à-dire<br />

d’insister dans sa prière <strong>pour</strong> que le Saint béni soit-Il accomplisse précisément sa<br />

requête. En effet, c’est comme si l’on prenait quelque chose de force, par le vol. Il suffit<br />

simplement de prier et de supplier le Saint béni soit-Il, en implorant et en suppliant. Et si<br />

Dieu donne, Il donne, sinon, non. Comme il est rappelé dans un autre Enseignement<br />

$(LMI-20:5). Tel est le sens des mots : « Lorsque tu pries, ne fais pas de ta prière une<br />

routine/Kéva » – « KéVA' » au sens de vol, comme l’indique le verset : « Il dérobe/KaVA'<br />

les âmes de ceux qui les ont volés » (Prov. 22:23). En d’autres termes, <strong>pour</strong> tout ce que<br />

862


l’on demande, qu’il s’agisse de subsistance matérielle, d’enfants ou <strong>pour</strong> d’autres<br />

besoins, il est interdit de s’obstiner et d’insister dans sa prière <strong>pour</strong> que le Saint béni<br />

soit-Il accède (obligatoirement) à notre requête, car il s’agit alors d’une prière fixe<br />

(KéVA'), par laquelle on veut prend la chose de force, par le vol (KéVA'). On devra, au<br />

contraire, simplement prier en implorant et en suppliant.<br />

TORAH 197<br />

Avant Chavouot 5565<br />

Sache que la médisance que les gens profèrent nuit et porte atteinte à l’humilité. À cause<br />

de la médisance que les gens profèrent, ce dommage causé empêche les Justes d’être<br />

humbles. En effet, la faute de médisance a <strong>pour</strong> conséquence de créer une séparation<br />

entre (le concept de) l’humilité et celui de la sagesse, endommageant par là même<br />

l’humilité. Il devient alors impossible d’être humble, et même si un homme parvenait à<br />

être humble, ce serait sans sagesse. On sait en effet que l’humilité sans sagesse est sans<br />

valeur, puisque la valeur de l’humilité ne consiste certainement pas à se montrer la tête<br />

baissée, de manière stupide, comme si l’on était humble. Il s’agit en pareil cas d’une<br />

fausse modestie. En revanche, l’essence de l’humilité s’accompagne de sagesse, mais à<br />

cause du mal causé par la médisance, une séparation entre l’humilité et la sagesse s’est<br />

opérée et c’est <strong>pour</strong> cette raison qu’il est reste très difficile d’être humble. Telle était la<br />

grandeur de Moché notre maître, que la paix soit sur lui, dont la Torah a fait l’éloge tant<br />

il se distinguait par son niveau d’humilité, à tel point que la médisance ne put entâcher<br />

sa modestie. Tel est le sens des mots « Elle (Myriam) parla de Moché… » (Bamidbar 12:1),<br />

car la médisance provoqua alors un dommage sur le monde mais malgré cela, « l’homme<br />

Moché était particulièrement humble » (Bamidbar 12,3), car il se situait à un niveau<br />

d’humilité tellement haut que même les dégâts de la médisance ne purent nuire à son<br />

humilité.<br />

TORAH 198<br />

863


Lorsqu’un homme crie vers le Saint béni soit-Il, on lui demande d’avancer, ainsi qu’il est<br />

dit : « Pourquoi cries-tu vers Moi ? Parle aux enfants d’Israël et qu’ils avancent » (Chémot<br />

14:15).<br />

TORAH 199<br />

Sache qu’il existe un moyen de se préserver de la punition du veuvage, afin que son<br />

épouse ne meure pas, à Dieu ne plaise : il consiste à ressentir le goût de la douceur de la<br />

Torah. De cette manière, on peut être prémuni de ce châtiment de devenir veuf, à Dieu<br />

ne plaise. Tel est le sens des lettres du mot « ALMaNe » (veuf), initiales du verset : « Ma<br />

Nimlétsou Lé’hiki i(A)mratékha/Comme sont douces à mon palais tes paroles » (Ps.<br />

119:103). Autrement dit, en ressentant la douceur de la Torah, on se voit préservé de<br />

cette punition. En outre, le verset conclut ainsi : « Que le miel à ma bouche », car par cette<br />

douceur que l’on ressent dans la Torah, on parvient à adoucir le jugement concernant la<br />

mort de sa femme, à Dieu ne plaise, car « Devach » (miel) a <strong>pour</strong> valeur numérique<br />

« Icha » (femme), comme le rapportent les écrits cabalistiques.<br />

TORAH 200<br />

La raison <strong>pour</strong> laquelle les Justes de notre génération sont riches, alors que dans le passé<br />

la plupart d’entre eux étaient pauvres et nécessiteux, est évoquée en allusion dans la<br />

Michna : « Tout homme qui accomplit la Torah dans la pauvreté finira par l’accomplir<br />

dans la richesse » (Avot 4:9). Ainsi, selon le secret des réincarnations, les Justes de<br />

l’époque actuelle sont (véritablement les âmes de) ces mêmes Justes qui par le passé,<br />

avaient accompli la Torah dans le dénuement et ils méritent à présent de l’accomplir<br />

dans la richesse.<br />

864


TORAH 201<br />

On trouve dans le Targoum cette allusion : à Pessa’h, on doit crier dans sa prière, comme<br />

rapporté à propos du verset : « Ils ont poussé des cris dans la maison de l'Éternel comme<br />

en un jour de fête » (Lam. 2:7) – « Comme le tumulte du peuple en prière lors de la fête de<br />

Pessa’h », consulter le Targoum à cet endroit. « TSédaka Tatsil Mimavet/la charité sauve<br />

de la mort » a <strong>pour</strong> initiales « MaTSoT » (Prov. 10:2).<br />

Voici un remède contre l’épilepsie, que Dieu en préserve : distribuer abondamment de la<br />

charité. « Pizar Natane Laévionim/prodigue à donner la charité aux indigents » (Ps.<br />

112:9), a <strong>pour</strong> initiales : « NéPheL/épilepsie ».<br />

TORAH 202<br />

À toute personne dont l’intellect est très limité, on doit témoigner un très grand<br />

honneur, car plus un intellect est réduit, plus il aspire aux honneurs. Comme nous<br />

pouvons le constater concrètement, les femmes se montrent extrêmement pointilleuses<br />

sur leur honneur et elles désirent tellement en recevoir - ceci parce que leur esprit est<br />

léger et étriqué (Chabat 33b).<br />

TORAH 203<br />

À partir des conversations des femmes, nous pouvons connaître la situation actuelle de<br />

la Présence Divine (Chekhina), où elle se trouve à ce même moment. Ainsi est-il écrit à<br />

propos de Mordékhaï : qui « arpentait les abords de la cour des femmes, <strong>pour</strong> s'informer<br />

du bien-être d'Esther » (Esther 2:11). Esther correspond à la Présence divine, et<br />

Mordékhaï percevait cela, c'est-à-dire la capacité de connaître la Présence divine en<br />

écoutant leurs conversations dans la cour des femmes.<br />

TORAH 204<br />

La valeur de la charité est bien connue, en particulier lorsqu’on la donne à un érudit de<br />

la Torah. Les pièces que l’on donne à un érudit en Torah relèvent de la dimension des<br />

865


« piliers de la Torah » (Zohar III 53b) et nulle faute ne saurait effacer ces pièces que l’on<br />

donne à l’érudit en Torah, car « aucune faute ne peut éteindre la Torah », comme<br />

l’enseignent nos sages, de mémoire bénie (Sota 21a). Ainsi, cet argent correspond<br />

véritablement à la Torah. Tel est le sens de « MAOT/argent », dont les initiales forment<br />

les mots « O(v)éeïn Avéra Mékhaba Torah/nulle faute ne peut éteindre la Torah ». Il<br />

existe beaucoup d’autres notions liées à ce concept, car au moment où il le dévoilait,<br />

Rabénou raconta une histoire en rapport avec ce sujet, mais nous avons eu le mérite<br />

d’écrire uniquement ces paroles.<br />

TORAH 205<br />

Comment réparer la faute de perte de semence nocturne, à Dieu ne plaise ? En lisant Dix<br />

psaumes (Tikoun Hakali) le jour même où cela s’est produit. En effet, la lecture des<br />

psaumes a le pouvoir d’extraire la goutte des forces du mal qui s’en sont emparée. En ce<br />

sens, « Téhilim » (les psaumes) possède la valeur numérique (485) du mot « Lilith »<br />

avec les cinq lettres de son nom, et elle est préposée à cela, comme on le sait.<br />

ll faut donc, au moment de la récitation des psaumes, avoir à l’esprit que « Téhilim » a<br />

<strong>pour</strong> valeur numérique quatre cent quatre-vingt-cinq ‏,(תפ"ה)‏ équivalant aux deux Noms<br />

divins : El - Élokim, en valeur pleine, c’est-à-dire (écrit) : Alef Lamed, Alef Lamed Hé Youd<br />

Mem. Ainsi, grâce à ces deux Noms, la goutte est extraite de l’écorce (force du mal), car la<br />

goutte correspond à la bonté (‘Hessed) et à la rigueur (Guévoura), comme nous le savons.<br />

En effet, la semence possède en elle à la fois la force du feu et de l’eau, la chaleur et<br />

l’humidité, correspondant aux dimensions de bonté et de rigueur. Ainsi, par<br />

l’intermédiaire de ces deux Noms « El Elokim », correspondant à la bonté et à la rigueur,<br />

ayant <strong>pour</strong> valeur numérique « Téhilim », on parvient à extraire la semence de cet<br />

endroit et c’est cette pensée que l’on doit garder à l’esprit au moment de la lecture des<br />

psaumes.<br />

C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle il faut lire Dix psaumes, car il existe Dix sortes de mélodies,<br />

correspondant aux dix expressions dans les psaumes, comme il est rapporté (Pessa’him<br />

117a) : « Achré », « Lamnatséa’h », « Maskil », « Halélouya », etc., voir le commentaire de<br />

Rachi. Chacune de ces dix expressions possède en elle la faculté d’annuler le pouvoir de<br />

l’écorce, car chacune de ces expressions constitue l’opposé des forces du mal. Ainsi<br />

866


« Achré » (Heureux), au sens de « vision » et « d’observation », le contraire des forces du<br />

mal, puisque l’essence même de son pouvoir réside dans son aptitude à endommager la<br />

vision, comme dans « Les yeux d’Its’hak s’affaiblirent de voir/MéReOT » (Béréchit 27:1),<br />

associé à « Que soient les luminaires/MéoRoT » (idem 1:14), où ce terme sans les voyelles<br />

(peut se lire) « MééRa » (soit « malédiction »). Nos sages, de mémoire bénie l’expliquent<br />

ainsi : « Il s’agit de Lilith » (Tikouné 44, 79b). Il en découle qu’elle tire principalement<br />

son pouvoir de l’altération de la vue, alors que « Achré », possède une connotation liée à<br />

la vision, ce qui est à l’opposé d’elle (Lilith). De même avec l’expression<br />

« MaSKiL/éclairer », car elle (Lilith) correspond à l’idée de « MéShaKeL », au sens de<br />

priver et déposséder, alors que « Maskil » représente l’inverse de cela (ce terme dénote<br />

une idée de réussite dans le sens où le succès constitue le fruit – l’enfant – de<br />

l’intelligence, sekhel). Cette notion est traitée ailleurs (cf LMI-19: 4-5), car sa force qui se<br />

borne principalement à faire fauter l’homme par la pollution nocturne, à Dieu ne plaise,<br />

provient de la langue du Targoum, qui constitue une dimension de Maskil (réfléchit)<br />

grâce au traducteur, langue dans laquelle sont mélangés bien et mal : tantôt Méchakel<br />

(dépossède), tantôt Maskil (réfléchit). De même avec « Halélouya », opposé de l’écorce<br />

dont le nom est Lilith, parce que constamment elle se « lamente/Méyalélet » la nuit. En<br />

revanche, « Hallel/la louange », est le contraire de « Yélalah/lamentation ». En effet, les<br />

lettres de « HaLéLY » lu à l’envers donnent « YéLaLaH ». Quant aux expressions<br />

restantes, il (Rabénou) ne les expliqua pas.<br />

D’autre part, la goutte de semence provient de la connaissance, liée à la bonté et à la<br />

rigueur, car la goutte présente également cet aspect de Bonté et de Rigueur comme on l’a<br />

signalé plus haut. Il est connu que la connaissance correspond aux cinq Bontés et aux<br />

cinq Rigueurs. C’est <strong>pour</strong>quoi il convient de réciter Dix psaumes. Tel est le sens du<br />

verset : « De David, Maskil, heureux/Achré celui dont les fautes sont pardonnées/Nessouï<br />

Péchaav » (Ps. 32:1), dont les initiales forment le mot « NAaPh/débauche sexuelle ».<br />

Cette tendance étant annihilée grâce à l’aspect de « Lé David Maskil », c’est-à-dire les<br />

psaumes.<br />

Rabénou, que son souvenir soit une bénédiction, nous a ensuite révélé en détail les Dix<br />

psaumes qu’il convient de lire le jour même où se produit, à Dieu ne plaise, une émission<br />

séminale. Les voici : « Mikhtam lé David » - 16, « Lé David maskil » - 32, « Achré maskil el<br />

dal » - 41, « Ké ayal taarog » - 42, « Lamnatséa’h al tach’het » - 59, « Lamnatséa’h al<br />

yédoutoun » - 77, « Téfila lé Moché » - 90, « Hodou léHachem kirou vichmo » - 105, « Al<br />

867


naharot Bavel » - 137, « Hallélouya hallélou El bekodcho » - 150. Il dit qu’il s’agit là des<br />

Dix psaumes, représentant une très grande réparation contre l’émission de semence<br />

nocturne, à Dieu ne plaise, et celui qui parvient à les réciter le jour même n’a plus à avoir<br />

peur de cette terrible faute d’émission de semence vaine, car il ne fait aucun doute qu’il a<br />

obtenu sa réparation grâce à cela (LMII-92).<br />

TORAH 206<br />

« J’errais comme une brebis égarée; mets-toi à la recherche de ton serviteur » (Ps.<br />

119:176)<br />

Il existe une grande différence en matière de transgression, à Dieu ne plaise, lorsque un<br />

homme se réveille et se repent immédiatement après (ou pas). En pareil cas, il <strong>pour</strong>ra<br />

aisément revenir à sa place, car il ne s’est pas encore beaucoup éloigné du bon chemin.<br />

En effet, lorsqu’il commet une faute, que Dieu en préserve, il part et se détourne alors de<br />

la voie droite vers une autre voie pervertie. Ainsi, de cette route débouchent de<br />

multiples sentiers et chemins perdus et particulièrement néfastes. Ainsi, lorsque l’on<br />

commence à emprunter ces mauvaises voies, l’on s’égare et l’on est pris de confusion sur<br />

ces chemins, à tel point qu’il devient difficile de revenir et d’en sortir. Mais l’habitude du<br />

Saint béni soit-Il est d’appeler l’homme dès qu’Il le voit se détourner de la voie de la<br />

sagesse et de l’appeler afin de le faire revenir en arrière. Ainsi, Dieu appelle chacun selon<br />

sa nature propre : Il en appellera certains par allusions, d’autres par un appel direct, et à<br />

d’autres enfin Il assènera des coups. Telle est Sa manière d’appeler, car la Torah nous<br />

prévient : « Jusqu'à quand, niais, aimerez-vous la sottise ? » (Prov. 1:22). La Torah<br />

représente le Saint béni soit-Il Lui-même, qui appelle les hommes et leur demande de<br />

revenir vers Lui. En conséquence, tant qu’un homme ne s’est pas encore totalement<br />

détourné de la voie droite, il lui est toujours possible de revenir facilement, dans la<br />

mesure où il connaît encore la voix à laquelle il est habitué, lui qui était, il y a peu encore,<br />

proche du Saint béni soit-Il, dont Il écoutait la Voix, qui est celle de la Torah. Il n’a pas<br />

868


encore oublié la Voix et ne s’est pas encore totalement écarté et engagé sur ces<br />

mauvaises voies de confusions. C’est <strong>pour</strong>quoi il lui est possible de revenir aisément.<br />

Ceci peut être comparé à un berger : lorsqu’une brebis se détourne du chemin, il<br />

l’appelle aussitôt, car aussi longtemps que cette brebis ne s’est pas trop éloignée de la<br />

route, elle reconnaît la voix et le rejoint immédiatement. En revanche, lorsqu’elle s’est<br />

déjà beaucoup écartée du chemin, elle a alors oublié la voix et ne la reconnaît plus. Le<br />

berger lui-même désespère de la chercher encore, puisqu’il y a longtemps qu’elle est<br />

partie et s’est écartée de lui. Également, lorsque beaucoup de temps s’est écoulé, à Dieu<br />

ne plaise, et que dans sa perversion, un homme est parti et qu’il s’est considérablement<br />

détourné de la voie droite <strong>pour</strong> suivre ces mauvais chemins sinueux et confus, il devient<br />

alors <strong>pour</strong> lui difficile de revenir.<br />

Sache que lorsqu’à Dieu ne plaise, l’homme erre considérablement sur des voies<br />

dé<strong>test</strong>ables, il arrive parfois qu’il se détourne et s’engage tellement sur des chemins<br />

tortueux qu’alors, précisément, la situation se transforme complètement : il peut alors<br />

revenir et se rapprocher de sa place initiale. La distance qui le sépare de sa place<br />

d’origine sera alors minime et avec une épreuve mineure, il <strong>pour</strong>ra facilement revenir<br />

enfin à sa place. Mais lorsque le Saint béni soit-Il l’appelle et lui envoie cette épreuve, s'il<br />

ne reconnaît pas la voix et ne se soucie pas de revenir à sa place, cela constitue alors la<br />

différence qu’il y a entre une jeune personne et une personne âgée. En effet, celui qui se<br />

trouve encore au stade de la jeunesse et qui n’a pas encore vieilli avec ses fautes, <strong>pour</strong>ra<br />

revenir plus facilement que le vieil homme, car il est encore près et n’a pas oublié la voix<br />

de l’appel.<br />

Tel est le sens du verset « J’errais comme une brebis égarée » - c’est-à-dire, je me suis<br />

écarté de la voie droite comme une brebis égarée qui s’est détournée du chemin, comme<br />

signalé plus haut. Aussi, « je Te demande : « Recherche ton serviteur car je n’ai pas<br />

oublié Tes commandements », autrement dit, recherche moi promptement, tant que je<br />

me souviens encore de la voix de l’appel de la Torah et des commandements. C’est<br />

<strong>pour</strong>quoi : « Recherche Ton serviteur, car je n’ai pas oublié Tes commandements » - hâte-<br />

Toi de vite me chercher, car je n’ai pas encore oublié Tes commandements et je me<br />

rappelle encore la voix de l’appel de la Torah et des commandements. Ainsi je Te<br />

demande de me prendre en pitié et de me rechercher immédiatement et au plus vite,<br />

869


aussi longtemps que je n’ai pas encore oublié Tes commandements, c’est-à-dire que je<br />

reconnais encore la voix de l’appel de la Torah et des commandements. En effet, lorsque<br />

l’homme vieillit par ses fautes, il est très difficile de lancer un appel, car il a déjà oublié la<br />

voix de la Torah et des commandements et ne reconnaît plus la voix de l’appel. C’est la<br />

raison <strong>pour</strong> laquelle l’homme doit demander au Saint béni soit-Il de s’empresser de le<br />

rechercher et le ramener vers Lui, tant qu’il n’a pas encore complètement oublié la voix<br />

de la Torah et des commandements. Telle fut la demande du roi David, que la paix soit<br />

sur lui : « Recherche ton serviteur, car je n’ai pas oublié Tes commandements ».<br />

TORAH 207<br />

Toutes les paroles relèvent de l’aspect des rigueurs, comme il est écrit : « Ils raconteront<br />

tes puissances » (Ps. 145:11) et comme l’indiquent les écrits cabalistiques, les cinq<br />

rigueurs situées dans la Connaissance transpercent et sortent par la bouche <strong>pour</strong> se<br />

transformer en cinq articulations de la bouche. Il en découle que toutes les paroles<br />

correspondent aux rigueurs qu’il faut atténuer. Cette atténuation s’opère grâce à l’étude<br />

de la Torah et en vertu des bonnes paroles que l’on prononce. On parvient de la sorte à<br />

adoucir les paroles qui représentent les rigueurs.<br />

Et sache que parfois, de fortes rigueurs émergent, à Dieu ne plaise, et descendent dans ce<br />

monde chez les grands de la génération, parce qu’ils possèdent une connaissance large.<br />

C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle, lorsque sortent des rigueurs sévères, à Dieu ne plaise, elles<br />

touchent la connaissance des grands maîtres, la traversent <strong>pour</strong> ressortir par la bouche,<br />

sous la forme de paroles. Ces paroles relèvent alors des rigueurs sévères qu’ils (les<br />

sages) doivent essayer d’atténuer. Mais parfois, à Dieu ne plaise, ils n’atténuent pas ces<br />

rigueurs sévères, parce qu’ils n’en ont pas la force ou parce qu’ils se trouvent à un faible<br />

niveau ne leur permettant pas de les atténuer, dû à un dommage ou une faute<br />

quelconque. En effet, même les grands Justes connaissent parfois une défaillance ou se<br />

trompent sur un point spécifique, car « II n'est pas de Juste sur terre qui fasse le bien sans<br />

jamais faillir » (Ecc. 7:20). Ainsi, comme à cet instant ils se trouvent à un niveau<br />

(inférieur), ils ne peuvent pas atténuer les rigueurs sévères que sont les paroles et dès<br />

lors qu’ils ne parviennent pas à atténuer les paroles que sont les rigueurs sévères, ils<br />

commencent alors à exprimer des paroles mauvaises, contre la collectivité ou contre un<br />

870


particulier ou même à l’encontre du Juste de la génération. Aussi, toutes leurs paroles,<br />

qui constituent des rigueurs sévères, viennent s’abattre sur le Juste de la génération, à<br />

Dieu ne plaise. Le Juste de la génération doit s’efforcer d’atténuer ces rigueurs sévères<br />

que sont leurs paroles. Ainsi, en jugeant avec indulgence le fait qu’ils parlent contre lui, il<br />

penche alors du côté du bien et les atténue ainsi. D’autre part, en acceptant l’épreuve de<br />

les voir parler contre lui, en les acceptants avec amour, il améliore en même temps leurs<br />

paroles que sont les rigueurs sévères. En revanche, si à Dieu ne plaise, le Juste ne<br />

possède pas la force de les adoucir, il risque alors de perdre et de tomber<br />

considérablement de son niveau, par ces rigueurs qui s’abattent sur lui. Il peut même<br />

quitter ce monde, à Dieu ne plaise, et c’est grâce à sa mort que son âme atténuera ces<br />

rigueurs sévères.<br />

C’est d’ailleurs ce qui entraîna la disparition du Baal Chem Tov, car il déclara qu’il<br />

quitterait ce monde à cause de l’épisode de Chabtaï Tsvi, que son nom soit effacé. En<br />

effet, Chabtaï Tsvi parvint à tromper plusieurs grands maîtres de la génération ainsi que<br />

d'éminents érudits, comme on le sait. Ceux-ci s’écartèrent de la communauté et dirent<br />

du mal de la Torah orale dans son intégralité, parce qu’ils ne parvinrent pas à atténuer<br />

les rigueurs sévères qui les touchèrent, puisqu’ils étaient dans la situation évoquée plus<br />

haut. C’est <strong>pour</strong>quoi ils prononcèrent des mauvaises paroles contre la communauté et<br />

ces paroles s’abattirent sur le Juste de la génération. En conséquence, le Baal Chem Tov,<br />

que son souvenir soit une bénédiction, qui était alors le Juste de cette génération,<br />

mourut à cause de cela.<br />

On rapporte d’ailleurs, au nom du Baal Chem Tov, qu’il déclara que deux trous furent<br />

creusés dans son cœur à cause de l’action de Chabtaï Tsvi, que son nom soit effacé,<br />

entraînant ainsi sa disparition. En effet, que l’on dise du mal de la Torah orale ou que<br />

l’on s’exprime contre le Juste de la génération revient au même, dans la mesure où la<br />

Torah orale dépend du Juste de la génération, comme l’indique le Zohar (I 153b) : « La<br />

Présence divine se tient assise entre deux Justes– ce qui correspond à la Torah Orale,<br />

comme rapporté ailleurs (LMI-12). De même que l’érudit en Torah est lui-même la<br />

Torah, comme l’affirment nos sages, de mémoire bénie : « Comme ils sont stupides … de se<br />

lever devant la Torah (mais pas devant un érudit en Torah) » (Makot 22b).<br />

Mais lorsque le Juste adoucit leurs paroles, il transforme alors ces paroles en Torah<br />

comme indiqué par ailleurs (LMI-12). Il crée alors une Torah de bonté afin d’enseigner<br />

aux autres, comme l’enseignent nos sages, de mémoire bénie, à partir du verset : « Une<br />

871


Torah de bonté sur sa langue » (Prov. 31:26) – il s’agit d’une allusion à celui qui apprend<br />

avec l’intention de transmettre » (Souka 49b), car il est certain que lorsqu’il fait de ces<br />

paroles une Torah, il lui est possible de l’enseigner aux autres. Il s’agit donc d’une Torah<br />

de vérité, par laquelle on peut les adoucir (ces rigueurs).<br />

TORAH 208<br />

(Selon un manuscrit de Rabénou)<br />

« Le méchant observe le Juste et cherche (à le tuer)… » (Ps. 37:32)<br />

L’explication est la suivante : si des impies font souffrir et harcèlent les Justes, il s’agit là<br />

d’un moyen trouvé par le Saint béni soit-Il afin que le Juste réfléchisse et examine ses<br />

actions. Il en découle donc que l’impie fait un peu figure d’observateur, à l’instar de la<br />

sentinelle qui surveille la ville et que l’on appelle « observateur ». Il apparaît ainsi que<br />

l’impie protège le Juste, afin de l’empêcher de tomber dans la matérialité.<br />

Voici une autre explication : le peu d’opposition qui touche les Justes constitue un<br />

bienfait <strong>pour</strong> eux, car la controverse est comme une couverture (voile) <strong>pour</strong> eux, afin<br />

d’éviter qu’ils ne se dévoilent et soient trop célèbres, plus qu’il n’en faut. Tel est le sens<br />

de : « Le méchant observe le juste » - « TSoPhé » (observe, guette) au sens de<br />

« Mikhsé/couverture » comme dans « Tu le recouvriras/TSiPita d’or » (Chémot 25:11).<br />

Cependant, ces méchants engendrent tellement de controverses et de voilements, que<br />

les Justes n’ont plus la force de supporter l’opposition et la haine des impies. C’est<br />

<strong>pour</strong>quoi le verset <strong>pour</strong>suit ainsi : « … Et cherche à le tuer » : tout comme on recouvre un<br />

homme, de la tête aux pieds, jusqu’à ce qu’il ne parvienne plus à respirer, de la même<br />

façon, ces impies recouvrent et accumulent les oppositions et cherchent à le tuer.<br />

Cependant : « L’Éternel ne l’abandonne pas entre ses mains » (idem : 33).<br />

872


TORAH 209<br />

(Selon un manuscrit de Rabénou)<br />

« Les prières ont été instituées <strong>pour</strong> remplacer les sacrifices quotidiens » (Brakhot<br />

26b)<br />

On sait que chaque personne a ses « mauvaises » prières, comme l’affirment nos maîtres,<br />

de mémoire bénie : « Le voleur appelle Dieu au moment de son délit » (Brakhot 63a ; Ein<br />

Yaacov). Il en résulte par la suite que lorsqu’il s’apprête à faire une prière normale et<br />

conforme, cette mauvaise prière vient alors le perturber. Ceci correspond au principe<br />

« Les prières <strong>pour</strong> s’opposer », dans le sens où elles sont contre lui. La solution est la<br />

suivante : inviter un érudit en Torah, car nos sages, de mémoire bénie, ont enseigné :<br />

« L’invité récite la bénédiction » (Brakhot 46a). En outre, « ORéA’H/l’invité », renvoie à :<br />

«ORA’H/La voie des Justes est comme la lumière du matin » (Prov. 4:18). Il est écrit par<br />

ailleurs : « Des bénédictions sur la tête du Juste » (idem 10:6), car le Juste correspond à la<br />

dimension des dix-huit bénédictions de la prière de la Amida (Zohar III 244b). La<br />

réparation de la prière se produit grâce à lui. Telle est l’explication de : « Les sacrifices<br />

quotidiens ont été institués » qui fait référence à inviter un érudit en Torah, comme<br />

l’enseignent nos sages, de mémoire bénie : « Celui qui accueille des érudits de la Torah<br />

dans sa maison, c’est comme s’il apportait des sacrifices quotidiens » (Brakhot 10b).<br />

TORAH 210<br />

(Selon un manuscrit de Rabénou)<br />

Par l’intermédiaire des transactions commerciales effectuées avec honnêteté, l’homme<br />

accomplit l’injonction « Tu aimeras l’Éternel ton Dieu » (Dévarim 6:5), comme<br />

l’enseignent nos sages, de mémoire bénie : « Tu aimeras » - que le Nom de Dieu soit aimé<br />

par ton intermédiaire » (Yoma 86a). Et lorsqu’il accomplit « Tu aimeras » de la sorte, il<br />

recevra une subsistance sans effort ni peine. En effet, nos maîtres affirment : « La<br />

subsistance d‘un homme est aussi difficile que l’ouverture de la mer des<br />

Joncs » (Pessa’him 118a). En ce sens, l’ouverture de la mer fut possible grâce au mérite<br />

873


d’Avraham, lié à l’aspect de « Tu aimeras », comme l’enseignent nos maîtres : « La mer<br />

revint au petit matin » (Chémot 14:27) – il s’agit du matin d’Avraham » (Zohar II 170b).<br />

Ainsi, lorsque le matin - qui correspond à Avraham - se leva, les choses se<br />

transformèrent de difficiles en faciles, car jusqu’à l’arrivée du matin, l’ouverture de la<br />

mer fut, si l’on peut s’exprimer ainsi, difficile <strong>pour</strong> Lui (Dieu). Par conséquent, en vertu<br />

des transactions commerciales effectuées avec probité, l’homme entre dans la catégorie<br />

de « Tu aimeras », correspondant à Avraham et la subsistance devient alors facile.<br />

TORAH 211<br />

(Selon un manuscrit de Rabénou)<br />

La raison <strong>pour</strong> laquelle les gens se rendent sur les tombes des Justes <strong>pour</strong> Roch Hachana<br />

est la suivante : l’atténuation des jugements réside essentiellement dans la sanctification<br />

et la purification des pensées, car là est leur source. C’est ainsi que le souligne le Zohar :<br />

« Tout est purifié par la pensée » (II 254b). Il est ainsi impossible de parvenir à un<br />

intellect raffiné sans s’attacher aux Justes, comme l’indique le verset : « Moché emporta<br />

les ossements de Yossef » (Chémot 13:19). Moché correspond à l’intellect et Yossef<br />

représente le Juste. Autrement dit, il ne peut y avoir de perfection de l’intellect sans<br />

l’attachement aux Justes. En ce sens, Roch Hachana constitue la source des jugements<br />

<strong>pour</strong> l’année tout entière. Il convient donc de purifier sa pensée afin d’atténuer ces<br />

jugements et c’est la raison <strong>pour</strong> laquelle on se rend chez les Justes, afin d’obtenir la<br />

purification de la pensée.<br />

TORAH 212<br />

(Selon un manuscrit de Rabénou)<br />

Le fait de taper des mains nous permet de contempler « l’image » de Dieu. « L’image » de<br />

Dieu, c’est-à-dire, les différents Attributs avec lesquels nous nous Le représentons :<br />

miséricordieux, compatissant ou autres qualificatifs et appellations que nous Lui<br />

attribuons. Tous ces Attributs furent révélés par les prophètes. Les<br />

874


« prophètes/NéViim », correspondent à la notion de parole de la prière, comme dans<br />

« La parole/NiV, des lèvres » (Isaïe 57:19). Ainsi, lorsque nous exprimons, par nos lèvres,<br />

ces attributs et ces qualificatifs, et que nous tapons des mains (simultanément),<br />

s’accomplit alors le verset : « J’apparaîtrai par les mains des prophètes » (Osée 12:11), car<br />

les prophètes correspondent à la parole et les paumes des mains correspondent aux<br />

mains des prophètes, révélant ainsi « l’image », comme dans « J’apparaîtrai par les mains<br />

des prophètes ». S’accomplissent alors les paroles du verset : « Il contemplera l’image de<br />

Dieu » (Bamidbar 12:8). Ainsi, le battement des mains renvoie à : « Des mains humaines<br />

sous leurs ailes » (Ezéchiel 10:8), car les ailes correspondent aux paroles, comme dans :<br />

« La créature ailée dira la parole » (Ecc. 10:20).<br />

En outre, la prière est également incluse dans la Torah Ecrite et la Torah Orale, qui<br />

représentent les deux mains : une main qui écrit et l’autre main qui signe : la force de la<br />

parole provient de l’attachement aux Justes, comme le rapporte le Zohar : « La bouche est<br />

connectée au Juste » (Tikouné 32b).<br />

TORAH 213<br />

Sache qu’il existe un Nom (de Dieu) dont la fonction est la suivante : lorsque le Saint béni<br />

soit-Il souhaite dissimuler et cacher un homme devant les forces du mal, afin de le<br />

préserver de la mort qui a été décrétée sur lui, Il cache et dissimule cet homme par<br />

l’intermédiaire de ce Nom. Les forces du mal tournoient alors, autour de cet homme,<br />

cherchant un endroit où pénétrer sous ce voile qui le dissimule, afin de lui nuire.<br />

Cependant, dès qu’elles l’aperçoivent (ce Nom), elles se retirent, et se retrouvent<br />

dé<strong>pour</strong>vues de force, à cause de ce Nom. Mais sache, à Dieu ne plaise, lorsqu’elles<br />

parviennent à trouver un endroit où s’infiltrer sous ce voile, dans le but d’exercer leur<br />

emprise sur cet homme, alors à l’inverse, les forces du mal reçoivent davantage de<br />

pouvoir encore, grâce à ce même Nom. Ceci correspond à l’idée évoquée dans le Saint<br />

Zohar : « Lorsque Pin’has vit la lettre « Mem » du mot « Mavet (mort) planer … » (III<br />

236b) – car la lettre Mem est liée au « Samekh-Mem/l’Ange de la mort » qui plane tout<br />

autour.<br />

875


Sache par ailleurs que ce Nom mentionné plus haut est le Nom « ‏-סאל-‏SAL », extrait du<br />

verset (Ps. 32:7):« Ata Séter Li/Tu es un abri <strong>pour</strong> moi », à partir de ses initiales. Le<br />

« Mem » du verset : « Mitsar titséréni/du malheur sauve-moi » renvoie au « Mem » du<br />

« « Samekh-Mem/l’Ange de la mort » qui plane autour du voile et du cache, afin d’exercer<br />

un contrôle sur cette personne. Mais si, à Dieu ne plaise, elles trouvent un endroit <strong>pour</strong><br />

exercer leur emprise, elles reçoivent alors davantage de force, à partir de ce même Nom,<br />

car le « Mem » s'associe au Nom « SAL » <strong>pour</strong> former le nom « SaMAeL ». C’est la raison<br />

<strong>pour</strong> laquelle il convient de marquer un arrêt entre les mots : « Ata Séter Li » et le mot<br />

suivant « Mitsar » afin de ne pas créer une association de son Nom, à Dieu ne plaise. Mais<br />

dès lors qu’elles exercent leur emprise sur l’homme, que Dieu en préserve, elles<br />

reçoivent encore plus de force de ce même Nom. Ceci entraîne alors une transformation<br />

de ce Nom en « Sof Adam Lamout/l’homme finit par mourir » (Brakhot 17a), dont les<br />

initiales forment également le Nom « SAL ». Cependant, lorsque l’homme se protège luimême<br />

par la force de ce Nom, ce même Nom devient alors un cache et un voile comme<br />

dans : « Tu es un abri <strong>pour</strong> moi » et « Tu me protèges contre l’adversité (tu me préserves du<br />

malheur) ».<br />

TORAH 214<br />

Dans les générations précédentes, lorsqu’ils connaissaient le jour de leur mort, les<br />

hommes se consacraient à la Torah tout au long de la journée, de telle sorte que les<br />

forces du mal n’avaient aucune emprise sur eux. Mais à présent, nous voyons que des<br />

personnes meurent au milieu de leur étude de Torah. Sache donc que si l’étude se<br />

déroule comme il se doit, il est certain que les forces du mal n’ont aucun pouvoir. Par<br />

contre, si l’étude n’est pas convenable, en particulier l’étude du Talmud, et qu’elle n’est<br />

pas accomplie comme il se doit, elles (les forces du mal) reçoivent davantage de force de<br />

cette étude. En effet, « Talmud » a la même valeur numérique que les lettres du nom<br />

« Lilith ». C’est <strong>pour</strong>quoi, l’étude du Talmud a, soit le pouvoir de soumettre cette force du<br />

mal, soit l’inverse, à Dieu ne plaise.<br />

TORAH 215<br />

876


Sache qu’il existe vingt-quatre formes de rachat de l’âme (Pidione nefech), car il existe<br />

vingt-quatre tribunaux (spirituels). Ainsi, à chacun des vingt-quatre tribunaux<br />

correspond une forme de rachat destinée à atténuer le jugement qui lui est spécifique.<br />

Parfois, il arrive que le rachat que l’on effectue ne soit pas efficace, car il n’est pas donné<br />

à tout le monde de connaître l’ensemble de ces vingt-quatre rachats. Quand bien même<br />

les connaîtrait-il, il ne les réalisera pas tous. C’est <strong>pour</strong>quoi, lorsqu’il n’effectue pas le<br />

rachat propre à ce même jugement, il ne peut se révéler efficace.<br />

Sache toutefois qu’il existe un rachat qui englobe les vingt-quatre tribunaux, capable<br />

d’atténuer les vingt-quatre tribunaux. Un tel rachat requiert un moment propice de<br />

faveur divine, de l’ordre du dévoilement du « Front de clémence », semblable au moment<br />

de Min’ha de Chabat, comme dans « Et moi, ma prière <strong>pour</strong> toi en un moment propice »<br />

(Ps. 69:14). Cependant, même parmi les Justes, tous ne connaissent pas ce rachat et l’on<br />

n’en trouve qu’un seul par génération qui connaît ce rachat. Et parfois, même lorsque ce<br />

Juste effectue ce rachat, il ne réussit pas <strong>pour</strong> autant. Ceci est dû au fait qu’en Haut, on<br />

désire fortement un tel rachat, car il n’est pas fréquent qu’un tel rachat venu d’en bas<br />

leur parvienne, et qui serait capable d’atténuer tous les vingt-quatre tribunaux à la fois.<br />

Par conséquent, lorsque leur parvient cet adoucissement (du jugement), ils (les forces<br />

spirituelles d’En haut) s’en servent <strong>pour</strong> un autre usage. C'est-à-dire que ce rachat et<br />

cette atténuation génèrent des convertis, car tant qu’il existe des idolâtres dans le<br />

monde, la colère divine réside dans le monde. C’est ainsi qu’en atténuant le jugement et<br />

la colère, les idolâtres sont amendés et cela engendre des convertis.<br />

Telle fut la tâche de Moché notre maître - que la paix soit sur lui – tout au long de sa vie<br />

de même qu’après sa mort. Il s’efforça en effet de rapprocher la tourbe nombreuse (Erev<br />

Rav) afin d’en faire des convertis. Également, après sa mort, il fut enterré devant le site<br />

idolâtre de Beit Péor, afin d’atténuer l’idolâtrie et de les convertir. Ceci explique<br />

<strong>pour</strong>quoi il mourut un Chabat, à l’heure de Min’ha, qui représente un moment propice,<br />

afin d’atténuer l’ensemble des vingt-quatre tribunaux cités plus haut et créer des<br />

convertis. Car toute la mission de Moché consista à apaiser la colère divine provoquée<br />

par l’idolâtrie, et la transformer en moment favorable. C’est <strong>pour</strong>quoi Moché se tient<br />

entre « Chmad » (la destruction – spirituelle) et « Ratsone » (la volonté spirituelle), car<br />

la valeur numérique du nom « Moché » (345) se situe entre celle de « Chmad » (344) et<br />

877


celle de « Ratsone » (346). En effet, Moché se tient constamment prêt à atténuer la<br />

destruction (Chmad) <strong>pour</strong> la transformer en volonté divine (Ratsone).<br />

C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle nous trouvons dans le Midrach (Béréchit Raba 70:5) que<br />

Rabbi Eliezer le Grand fit des convertis, parce qu’il était la réincarnation du fils de<br />

Moché, dont il est dit : « Le nom de l’un était Eliezer » (Chémot 18:4 ; Bamidbar Raba<br />

19:7). Par ce pouvoir, il put ainsi faire des convertis. De même avec Yitro, qui se<br />

convertit parce qu’il était le beau-père de Moché, comme l’indique le verset : « Yitro,<br />

beau-père de Moché, entendit » (Chémot 18:1) – c’est précisément parce qu’il était le<br />

beau-père de Moché, autrement dit, le fait d’être son beau-père eut <strong>pour</strong> conséquence de<br />

l’amener à « entendre » et à se convertir. En effet, toute la mission de Moché durant sa<br />

vie, et à présent après sa mort, ne fut que de faire des convertis.<br />

TORAH 216<br />

Les philosophes appellent la nature « la Mère de tous les vivants/Em Kol ‘Haï ». Par<br />

ailleurs, par nos prières, nous transcendons la nature qui dicte ses lois. En effet, par<br />

l’intermédiaire de la prière, nous modifions la nature. Telle est la dimension de « ‘Haï »<br />

(vivant), correspondant aux dix-huit (valeur numérique du mot ‘Haï) bénédictions de la<br />

prière de la Amida, sauf celle contre les hérétiques. Ainsi, grâce à ces dix-huit<br />

bénédictions nous dépassons la nature, mère de tous « vivants/‘Haï » et nous<br />

soumettons et éliminons les hérétiques.<br />

TORAH 217<br />

« Souvenez-vous de la Loi de Moché »/« Zikherou Torat Moché » (Malakhi 3:22) : ces<br />

initiales forment le mot « TaMouZ » (sans le Vav). En effet, durant le mois de Tamouz,<br />

nous devons faire descendre le souvenir, afin de rectifier l’oubli car c’est à ce moment<br />

qu’il se produit. En effet, lorsque les Tables de la Loi furent brisées en Tamouz, l’oubli vit<br />

878


le jour comme l’ont enseigné nos maîtres, de mémoire bénie : « Si les premières Tables<br />

n’avaient pas été brisées, la Torah n’aurait pas été oubliée par Israël (les gens n’auraient<br />

jamais pu oublier ce qu'ils ont étudié) » (Érouvin 54a). C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle la<br />

lettre Vav manque au mot Tamouz, car après la brisure des Tables de la Loi, le Vav<br />

disparut. En effet, les Tables correspondent au Vav (cette lettre ayant <strong>pour</strong> valeur<br />

numérique 6), comme l’affirment nos maîtres, de mémoire bénie : « Les Tables avaient<br />

une longueur de six coudées et une largeur de six amot » (Baba Bata 14a).<br />

En outre, les initiales de « Zmane Matane Toraténou/le temps du don de notre Torah »<br />

forment également « TaMouZ », car c’est en Tamouz que les Tables furent données,<br />

comme l’enseignent nos sages, de mémoire bénie (Yoma 4b). Ici encore manque le Vav,<br />

car les Tables, correspondant à cette même lettre, furent alors brisées.<br />

TORAH 218<br />

Sache qu’il arrive parfois - à Dieu ne plaise – qu’une sentence quelconque soit décrétée<br />

contre un homme, et bien que celui-ci n’en soit pas conscient, son Mazal (c’est-à-dire une<br />

partie de son âme) le perçoit néanmoins (Meguila 3b). Pour cette raison, cette personne<br />

souhaitera se cacher, et c’est ainsi que de manière subite, l’homme se rendra dans un<br />

endroit lointain, afin de se dissimuler. Et même s’il n’est pas conscient de cela, l’âme<br />

<strong>pour</strong> sa part en est consciente et c’est <strong>pour</strong>quoi il est animé de cette volonté de voyager<br />

en direction d’un endroit (précis). Parfois, lorsqu’il arrive à cet endroit, il y devient<br />

particulièrement célèbre, ce qui risque alors de lui porter un grave préjudice, à Dieu ne<br />

plaise. Ceci entraîna la mort d’un grand Juste qui souhaita subitement se rendre en terre<br />

d’Israël. Il était personnellement conscient de la nécessité de devoir se dissimuler et<br />

effectua le voyage à destination du pays, ce qui entraîna une grande publicité à son<br />

égard, à tel point qu’il mourut en chemin. Un même incident s’est produit à notre<br />

époque, que Dieu nous en préserve.<br />

TORAH 219<br />

« Il accomplit sa parole » (Lam. 2:17) – il déchira son vêtement (Lam. Raba 1:1).<br />

879


Le Temple ne peut certainement pas supporter la Gloire et l’Honneur du Saint béni soit-<br />

Il, comme il est dit : « Voici, le ciel et tous les cieux ne sauraient Te contenir, encore moins<br />

cette maison… » (Rois I, 8:27) ; mais par amour <strong>pour</strong> Israël, Il (Dieu) a contracté et<br />

habillé son Honneur, afin de faire résider sa Présence dans le Temple et de révéler sa<br />

Royauté. Tel est le sens du verset : « L’Éternel a régné, revêtu de majesté » (Ps. 93:1).<br />

Autrement dit, <strong>pour</strong> dévoiler sa Royauté, Dieu a – si l’on peut s’exprimer ainsi –<br />

contracté et habillé sa Gloire, afin que nous puissions être en mesure de supporter le<br />

joug de sa Royauté. Par contre lorsqu’Israël a fauté devant Lui, l’Éternel béni soit-Il a<br />

alors – si l’on peut s’exprimer ainsi - montré et révélé Sa Gloire et Sa Grandeur, sans<br />

vouloir la contracter et l’habiller, ce qui entraîna de facto la destruction du Temple,<br />

puisque ce (dernier) ne pouvait (conséquemment) plus le supporter (la Gloire de Dieu,<br />

sans contractions). Tel est le sens de : « Il accomplit Sa parole » qui signifie qu’Il déchira<br />

Son vêtement, autrement dit, Il déchira le vêtement et la contraction de l’aspect de «<br />

L’Éternel a régné, revêtu de majesté », entraînant la destruction du Temple. En effet, dès<br />

lors qu’Il déchira et annula la contraction et le vêtement, le Temple ne pouvait dès lors<br />

plus supporter sa Gloire et sa Grandeur puisque « le ciel et tous les cieux ne sauraient Te<br />

contenir ».<br />

J’ai également entendu de sa bouche (de Rabénou), sur le même sujet, que Dieu habilla<br />

et contracta son Honneur afin de dévoiler sa Royauté. Il mentionna alors ce qu’il avait<br />

déjà dit la veille à savoir que la crainte correspond à la Royauté, qui représente la<br />

soumission. C’est <strong>pour</strong>quoi il est écrit : « Qu’est-ce que l’Éternel ton Dieu te demande, si ce<br />

n’est de Le craindre » (Dévarim 10:12), autrement dit, le Saint béni soit-Il se fait petit – si<br />

l’on peut s’exprimer ainsi – et nous demande de Le craindre, puisque l’expression « te<br />

demande » est à comprendre au sens de « se soumettre et de s’abaisser », à l’instar de<br />

celui qui demanderait et solliciterait son ami. En effet, la crainte correspond à la royauté,<br />

comme l’indique le verset : « Si ce n’était <strong>pour</strong> la crainte de la royauté » (Avot 3:2).<br />

D’autre part, la royauté fait référence à la pauvreté et la soumission, car il n’existe pas de<br />

roi sans peuple, ce qui fait référence à la pauvreté, à « celui qui ne possède rien à lui »<br />

(Zohar I 238a). En ce sens que l’attribut de royauté ne possède pas d’existence<br />

indépendante propre si ce n’est grâce au monde, qui lui permet de révéler cet attribut de<br />

royauté, car il ne saurait y avoir de roi sans peuple. Il en ressort ainsi que l’attribut de<br />

880


oyauté correspondant à la crainte relève de la dimension de pauvreté et de soumission<br />

(la modestie et l’humilité).<br />

C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle, lors du don de la Torah, lorsqu’Il souhaita dévoiler sa<br />

Royauté et sa Crainte, le Saint béni soit-Il se soumit Lui-même à Israël – si l’on peut<br />

s’exprimer ainsi – et leur demanda d’accepter sa Royauté, leur assurant plusieurs<br />

promesses, comme il est écrit : « Et vous serez <strong>pour</strong> Moi une dynastie de prêtres… un<br />

peuple saint » (Chémot 19:6), car toutes ces promesses impliquent la soumission ayant<br />

comme finalité de manifester sa Royauté et sa Crainte, comme l’indique le verset : « Pour<br />

que la crainte de l’Eternel soit sur vos visages » (idem 20:17). En effet, tout ceci eut lieu<br />

<strong>pour</strong> la crainte, qui correspond à la Royauté, car Dieu se fait petit afin de pouvoir<br />

dévoiler sa Royauté. Tel est le sens de « L’Éternel a régné, revêtu de majesté », qui<br />

signifie : lorsque le Saint béni soit-Il désira révéler sa Royauté, « Il se revêtit de Gloire »,<br />

c’est-à-dire qu’Il habilla et contracta Son Honneur et se fit petit – si l’on peut s’exprimer<br />

ainsi.<br />

Je l’ai entendu (Rabénou) également prononcer des paroles limpides à un certain<br />

prêcheur qui était alors assis à sa table : « Il a accompli/BiTSa', sa parole » - il prononce<br />

des paroles de Torah par appât du « gain/BeTSa », et de l’argent. Sur le même sujet, je<br />

l’ai également entendu dire, à propos du verset : « Quelqu'un peut-il se cacher dans un<br />

lieu occulte, sans que Je ne le voie ? » (Jérémie 23:24). En effet lorsque l’homme se fait<br />

petit, le Saint béni soit-Il se fait Lui aussi petit, mais lorsque l’homme s’enorgueillit et se<br />

grandit, le Saint béni soit-Il dévoile également son Honneur et sa Grandeur. Tel est le<br />

sens de « Quelqu'un peut-il se cacher dans un lieu occulte », autrement dit, lorsque<br />

l’homme se fait petit et se dissimule dans des endroits cachés, c’est-à-dire qu’il se cache,<br />

se dissimule et se fait petit par humilité et soumission. Dès lors : « sans que Je ne (Lo)<br />

voie », signifie que Moi aussi Je me montre à l’homme comme cet aspect de « Lo », qui est<br />

la dimension du néant et du rien, liée à l’humilité et la soumission.<br />

TORAH 220<br />

Sache qu’il existe plusieurs choses précieuses dans le monde. Le sage est très<br />

précieux, de même celui qui est fort, riche ou qui gouverne, c’est-à-dire qu’il<br />

881


occupe une certaine position élevée. Sache d’autre part que chacun d’entre eux<br />

(les gens importants) est en mesure d’agir et faire en sorte de sauver un<br />

individu de sa détresse. Ainsi, si une personne est en proie à un malheur, à<br />

Dieu ne plaise, et se rend chez l’un des personnages (le sage, le fort ou le riche,<br />

etc…) <strong>pour</strong> lui raconter son problème, jusqu’à ce qu’il provoque la miséricorde<br />

(de la personne importante) à son égard, il <strong>pour</strong>ra de cette manière être<br />

sauvé.<br />

TORAH 221<br />

En donnant le dixième de ses gains (Maasser), l’homme se voit préservé de ses ennemis,<br />

car le Saint béni soit-Il le cache de Sa Main et le sauve. En effet, « L’Éternel recherche celui<br />

qui est <strong>pour</strong>suivi » (Ecc. 3:15) et ce « Même si c’est un Juste qui <strong>pour</strong>suit un méchant »<br />

(Vayikra Raba 27:5). Tel est le sens du verset : « Et Je t'ai abrité à l'ombre de Ma main »<br />

(Isaïe 51:16), car le Saint béni soit-Il le dissimule à l’ombre de Sa Main et le sauve. Et<br />

lorsque celui qui est <strong>pour</strong>suivi est un Juste, un proche de Dieu, dès lors, Il le sauve par Sa<br />

Main, car il est proche du Saint béni soit-Il. En revanche, lorsque c’est le méchant qui est<br />

<strong>pour</strong>suivi, même si il est loin de Dieu béni soit-Il, mais malgré tout, le Saint béni soit-Il<br />

lui vient en aide, car « L’Éternel recherche celui qui est <strong>pour</strong>suivi ». De ce fait, le Saint béni<br />

soit-Il agrandit Sa Main – si l’on peut s’exprimer ainsi – et la tend <strong>pour</strong> le couvrir, même<br />

s’il est loin de Lui. Et grâce au don du dixième de ses gains, la Grande Main est générée,<br />

car la Grande Main correspond au « fait de satisfaire », comme l’indique le verset : «<br />

Faudra-t-il leur tuer brebis et bœufs, <strong>pour</strong> qu'ils en aient assez ? Leur amasser tous les<br />

poissons de la mer, <strong>pour</strong> leur en trouver ? » (Bamidbar 11:22), que le Targoum Onkelos<br />

traduit par « Pour les satisfaire ». Dieu béni soit-Il leur répondit : « La Main de Dieu<br />

serait-elle trop courte ? ». Il apparaît ainsi que la Grande Main est celle qui est en mesure<br />

de leur apporter satisfaction. Ainsi, la notion de satisfaction renvoie à la Grande Main et<br />

par la vertu du dixième (des gains), l’homme entre dans cette dimension de satisfaction,<br />

car « aucun homme n’a assouvi la moitié de ses désirs avant de quitter ce monde. En<br />

effet, s’il possède cent, il aspirera à deux cents … » et tout ce qu’il possède ne lui suffit<br />

jamais. Par contre, il est dit au sujet de la dîme (Maasser) : « Apportez toutes les dîmes<br />

882


dans le lieu du dépôt, <strong>pour</strong> qu'il y ait des provisions dans ma maison, et attendez-moi à<br />

cette épreuve, dit l'Éternel… (Je vous Bénirai en conséquence) au-delà de toute<br />

mesure » (Malachie 3:10). Nos sages interprètent ainsi ce verset : « Jusqu’à ce que ce que<br />

vos lèvres se lassent de dire : assez ! » (Chabat 32b). Ainsi, grâce à la dîme naît la<br />

dimension de satisfaction, liée à celle de la Grande Main. De la sorte, le Saint béni soit-Il<br />

tend Sa Main, le recouvre et le sauve de ses ennemis.<br />

« Je place constamment l’Éternel devant moi/NeGDi » (Ps. 16:8) correspond à la notion<br />

d’ « opposant/mitNaGueD ».<br />

TORAH 222<br />

Il faut être constamment joyeux et servir Dieu dans la joie, et même si l’homme chute<br />

parfois et baisse de niveau, il doit se renforcer lui-même grâce aux jours précédents,<br />

lorsque brillait sur lui, ne serait-ce qu’un petit rayonnement. Nous pouvons le constater<br />

avec l’exemple de plusieurs aveugles pouvant s’appuyer tous sur un seul homme qui<br />

possède la vue, lui faisant confiance et le suivent. De même, l’aveugle fait confiance à sa<br />

canne et suit sa canne alors qu’il ne voit rien du tout. À plus forte raison, est-il judicieux<br />

de suivre sa propre personne, autrement dit, dans la mesure où, aux jours précédents,<br />

cet homme jouissait d’un certain rayonnement et se renforçait et éveillait son cœur vers<br />

le Saint béni soit-Il. Et même si à présent, il est tombé de ce stade, que ses yeux et son<br />

cœur se sont fermés, quoi qu’il en soit, il est bon qu’il s’en remette aux jours précédents<br />

et les suive. En d’autres termes, de la même manière qu’il éveillait alors son cœur afin de<br />

se renforcer dans son service divin, à présent il doit considérablement renforcer son<br />

cœur et suivre l’éveil et le rayonnement qui étaient alors les siens, même s’il est<br />

maintenant tombé. Ainsi, après quelques jours, Dieu lui viendra en aide, et la lumière<br />

divine lui reviendra et elle brillera en lui. Amen (voir LMI-282).<br />

TORAH 223<br />

883


Lorsqu’un Juste doit demander quelque chose au Saint béni soit-Il, il se peut que sa<br />

requête ne soit pas accordée, car « parfois Il entend, parfois non » (Zohar I 105b). Il existe<br />

cependant un Juste capable de décréter et dire « J’affirme qu’il en sera ainsi ». Tel est le<br />

sens de « Ainsi, vous bénirez… <strong>pour</strong> leur dire » (Bamidbar 6:23) – autrement dit, je dis<br />

qu’il en sera ainsi ; « Dieu te bénira et te protègera ». Amen.<br />

TORAH 224<br />

Même ceux qui sont loin du Juste reçoivent une vitalité et un rayonnement du Juste<br />

grâce au fait qu’il les couvre, à l’image d’un arbre possédant des branches, un tronc et<br />

des feuilles puisant leur vitalité de cet arbre. Ainsi, il existe des plantes éloignées de<br />

l’arbre, donnant l’impression qu’elles ne tirent pas leur vitalité de lui, alors qu’en réalité,<br />

elles aussi reçoivent de lui. En effet, l’arbre les protège et les épargne du soleil, car il<br />

existe chez le Juste cette même dimension de branches, de feuilles, etc., comme il est<br />

rapporté à un autre endroit (LMI-66:1). Ainsi, même ceux qui sont loin (y compris ses<br />

opposants, etc.) reçoivent leur vitalité de lui par le fait qu’il les recouvre, comme un<br />

arbre.<br />

TORAH 225<br />

Sache que lorsque le poumon est sain, la confiance (en Dieu) est alors parfaite. En effet,<br />

l’aspect essentiel de la perfection de la confiance dépend de l’intellect, comme il est<br />

écrit : « Tous les yeux se tournent avec espoir vers toi » (Ps. 145:15) – « les yeux »<br />

correspondent à l’intellect, comme dans : « Les yeux des deux s’ouvrirent » (Béréchit 3:7)<br />

que Rachi explique ainsi : « ceci se réfère à la sagesse ». Ainsi, la confiance dépend de<br />

l’intellect, car il existe une infinité de niveaux et degrés de confiance, au sens de « Mettez<br />

votre confiance en Dieu, toujours et <strong>pour</strong> l’éternité » (Isaïe 26:4) et tout est fonction de<br />

l’intellect. Parallèlement, l’essence de l’intellect passe par le poumon car l’essence de<br />

884


l’intellect dépend de l’humidité (des fluides et gras) qui montent vers le cerveau, comme<br />

de l’huile. Le cerveau représente la mèche, et l’âme située dans le cerveau représente la<br />

flamme. Il en ressort que l’aspect principal de l’existence de l’intellect dépend de<br />

l’humidité du corps et cette humidité passe par le poumon, comme rapporté dans : « S’il<br />

n’y avait pas les lobes des poumons <strong>pour</strong> souffler sur le cœur (le refroidir), le cœur<br />

consumerait le corps tout entier » (Tikouné 27b). Tel est le sens de : « Les Chérubins<br />

déployaient leurs ailes au-dessus de la Kaporet » - « la couverture du cœur » (Zohar III<br />

234a) (Chémot 25:20). Ainsi, grâce au poumon, l’humidité se maintient afin d’empêcher<br />

l’assèchement du cœur. De cette manière, l’intellect perdure, correspondant à la flamme<br />

qui brille, grâce à l’humidité. Ainsi, par l’intellect se forme la confiance. Il en ressort donc<br />

que la perfection de la confiance (en Dieu) va selon la perfection des poumons.<br />

(Une fois l’intellect développé et la confiance présente,) on peut alors faire en sorte qu’à<br />

partir d’un sifflement, c’est-à-dire d’un simple son qui sort de la trachée, sous forme de<br />

sifflement, une parole soit formée, grâce aux cinq articulations de la bouche, martelant la<br />

parole. En effet, la différence majeure qui existe entre les hommes et les animaux réside<br />

dans l’articulation de la parole, qui définit l’homme qui parle, comme dans « Qui a donné<br />

une bouche à l’homme ? » (Chémot 4:11). Ainsi, la différence essentielle se situe au<br />

niveau du martellement de la parole, lorsque l’homme crée à partir d’un sifflement et<br />

d’un son, un découpage en lettres et en paroles. En effet, même les animaux et les<br />

oiseaux possèdent un son et un sifflement, si ce n’est que le découpage en lettres de<br />

paroles leur fait défaut. Telle est la spécificité de l’homme : être capable d’articuler une<br />

parole.<br />

L’accès à cette spécificité propre à l’homme passe par la charité, comme dans : « Faisons<br />

l’homme… » (Béréchit 1:26) et « Le nom de l’homme avec qui j’ai fait aujourd’hui » (Ruth<br />

2:19) – « tout comme le dernier (verbe faire) fait référence à la charité, de même le<br />

premier » (Zohar I 13b, rapporté dans l’Enseignement 37). En d’autres termes, c’est par<br />

la charité qu’est « faite » la dimension de l’homme, liée à la notion de parole. Ceci est<br />

évoqué dans les mots : « Dans ta bouche » (Dévarim 23:24) – « allusion à la charité »<br />

(Roch Hachana 6a), car par la charité, la bouche, soit la parole, est formée, liée à la<br />

définition même de l’homme, comme l’indique : « Qui a donné une bouche à l’homme ».<br />

885


En outre, l’essence de la charité réside dans la confiance (en Dieu), au sens de : « Place ta<br />

confiance en Dieu et fais le bien » (Ps. 37:3) car si l’homme manque de confiance, il ne<br />

peut donner la charité comme il se doit, puisqu’il craint d’en arriver à manquer de<br />

l’argent qu’il aura distribué <strong>pour</strong> la charité. C’est <strong>pour</strong>quoi l’essence de la charité réside<br />

dans la confiance, lorsque l’homme a confiance en Dieu et ne craint pas du tout de<br />

perdre et de manquer d’argent à cause de la charité, le Saint béni soit-Il le bénira « <strong>pour</strong><br />

cette chose » (Dévarim 15:10). Il en ressort ainsi que grâce à la confiance, issue de<br />

l’intellect, on peut prodiguer la charité, créant par là-même la parole.<br />

Tel est le sens de « Ma gorge s’est asséchée, mes yeux affaiblis » (Ps. 69:4). Autrement dit,<br />

lorsque l’intellect n’est pas parfait, évoqué par l’expression « mes yeux sont affaiblis »,<br />

allusion à l’intellect, l’homme manque alors de confiance, c’est <strong>pour</strong>quoi « mes yeux sont<br />

affaiblis à force d’espérer en l’Éternel ». Dès lors, « Ma gorge s’est asséchée », c’est-à-dire,<br />

qu’il n’a pas de découpage de la parole. En revanche, lorsqu’il possède la confiance et<br />

pratique la charité, il est alors en mesure de produire des paroles à partir du son des<br />

sifflements.<br />

Telle est la signification du verset : « L’un s’élève au son de l’oiseau quand tous les sons des<br />

chants faiblissent/vé ISha’Hou » (Ecc. 12:4), que nos sages commentent ainsi : « Tous les<br />

chants lui semblent être une discussion/SI’Ha », ce qui signifie que les sifflements et les<br />

chants deviendront une conversation et une parole. C’est ce que l’on racontait à propos<br />

du Baal Chem Tov - que son souvenir soit une bénédiction – à savoir qu’il entendait des<br />

paroles sortir du son du violon car il était apte de produire des paroles à partir des<br />

sifflements.<br />

TORAH 226<br />

Si la plupart des mécréants chantent généralement des chants de lamentations et de<br />

tristesse, c’est parce qu’ils correspondent à l’âme du Erev Rav, dont la mère Lilith pleure<br />

constamment. C’est <strong>pour</strong>quoi ils composent des mélodies tristes.<br />

Dès lors, si des personnes sont attirées par ces mélodies, c’est parce que leur vitalité<br />

émane de la dimension : « Les yeux de Léa étaient faibles » (Béréchit 29:17), liée à la<br />

notion de dégradation de la vue, à celle de « Méorot sans Vav », ainsi qu’il est dit : « Qu’il y<br />

ait des luminaires/Méorot » (idem 1:14) - « Méorot » écrit sans la lettre Vav fait référence<br />

886


à Lilith » (Tikouné 79b). Ainsi, l’essence de la mélodie relève de la dimension de la Tribu<br />

de Lévi, qui servait (Dieu dans le Temple) par le chant. Ils étaient les fils de Léa et<br />

lorsque LéVI (le troisième fils de Léa) vint au monde, il est écrit : « Cette fois, mon mari<br />

m’accompagnera/ILaVé » (Bér. 29:34) car la naissance de Lévi – symbole du « côté du<br />

chant » (Zohar 19) entraîna la dimension d’attraction, par laquelle Yaacov fut attiré vers<br />

elle. Par conséquent, le chant, qui descend du haut jusqu’en bas, lié à « les yeux de Léa<br />

étaient faibles », a le pouvoir d’attirer, comme dans « Cette fois, mon mari<br />

m’accompagnera ». Ainsi, lorsque l’on chante ces mélodies (profanes, imbibées de<br />

tristesse) durant Chabat, on les élève ainsi, car durant Chabat la lumière connaît la<br />

perfection. C’est en ce sens que nos maîtres de mémoire bénie ont affirmé : « De larges<br />

pas affaiblissent la vue… qui retrouve son acuité grâce à la récitation du Kidouch de<br />

Chabat » (Brakhot 43b). Il en découle ainsi que pendant le Chabat, la lumière connaît la<br />

perfection, comme l’indique le chant de Chabat : « Ils font des petits pas durant le<br />

Chabat ». C’est ainsi que ces chants, dont la vitalité émane de la dégradation de la vue,<br />

sont élevés grâce au Chabat, qui a <strong>pour</strong> vertu de rectifier la vue, à un stade de perfection.<br />

TORAH 227<br />

J’ai entendu en son nom, qu’il rapporta le commentaire d’un Juste s’étant exprimé à la<br />

synagogue au sujet de l’habitude qu’ont les gens de dire, lorsqu'ils piétinent (de<br />

mauvaises) herbes : « Que Dieu aide ». En effet, il arrive que de mauvais gens soient<br />

réincarnés dans l’herbe poussant au-dessus des toits, et qui ne peuvent s’en libérer<br />

parce que n’étant pas arrachées, ce qu’évoque le verset : « Qu’ils soient comme l’herbe des<br />

toits… dont le moissonneur n’emplit sa main… et au sujet duquel les passants ne disent pas<br />

: que la bénédiction de Dieu soit sur vous » (Ps. 129:6-8). Ces herbes ne sont pas<br />

arrachées, et nul ne prononce à leurs sujets « la bénédiction de Dieu », de coutume<br />

lorsque l’on piétine de mauvaises herbes, en raison de quoi (les âmes qui en sont<br />

réincarnées), ne connaissent d’élévation. Par contre, (les âmes réincarnées dans) les<br />

herbes moissonnées, au cours duquel les gens expriment « la bénédiction de Dieu »,<br />

connaissent de ce fait une élévation.<br />

887


TORAH 228<br />

Lorsque le Saint béni soit-Il observe une âme qui sera capable d’amener les gens au<br />

repentir et former des convertis, Lui-même – si l’on peut dire – fait en sorte qu’il y ait<br />

contre elle une opposition, car « Comme à l’époque du roi Salomon, les convertis ne seront<br />

pas acceptés aux temps messianiques, parce que leur motivation serait alors liée à la<br />

volonté de faire partie de la Table royale » (Yébamot 24b, 76a). En effet, cela signifie<br />

qu’ils ne se convertissent pas par amour, mais uniquement parce qu’ils accèdent à la<br />

grandeur du peuple juif. En revanche, la véritable conversion peut être constatée<br />

lorsque l’on se convertit dans des périodes durant lesquelles Israël est accablé par la<br />

pauvreté et l’oppression, comme l’indique le verset (Isaïe 54:15) : « Qui réside avec<br />

vous ? » - « dans votre affliction », selon nos sages (Yébamot idem). Il est donc nécessaire<br />

qu’il y ait une opposition contre celui qui ramène les hommes vers le bien et qui fait des<br />

convertis, afin qu’il n’ait aucune tranquillité, car celui qui se rapproche alors de lui le fait<br />

sincèrement, de telle sorte que ce Juste peut faire de véritables convertis, nullement<br />

motivés par des considérations de paix ou de tranquillité. Tel est le sens du verset :<br />

« Yaacov s’installa dans le pays où résida son père » (Bér. 37:1), que le Midrach explique<br />

ainsi : « Où résida son père/MéGouRé Aviv » - il convertissait/MéGaïeR les hommes, à<br />

l’image de ses pères, qui peut également se lire « MiGuïoRé Aviv », des convertis de son<br />

père. C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle nos sages enseignent : « Yaacov s’installa » - « Yaacov<br />

souhaitait s’installer en paix. Aussitôt, l’épisode malheureux de Yossef s’abattit sur lui ». En<br />

d’autres termes, c’est précisément parce que Yaacov faisait des convertis, de l’ordre de<br />

« Mégouré Aviv », qu’il ne put s’installer tranquillement, ceci afin de former de véritables<br />

convertis. Car s’il avait connu la sérénité, il n’aurait pas pu former des convertis, car « on<br />

n’acceptera plus de convertis aux temps messianiques ».<br />

TORAH 229<br />

888


Sache qu’il existe des arbres qui, lorsqu’on en fait des lits, sont propices à la naissance et<br />

aident à élever des enfants. De même à l’inverse, certains ne sont pas propices à cela. On<br />

trouve une allusion à cette idée dans le verset : « Cet homme nous a questionnés sur nous<br />

et sur notre lieu de naissance » (Bér. 43:7) et le Midrach précise : « Il nous a même dévoilé<br />

la nature du bois de nos berceaux » (Béréchit Raba 91:10). En effet, la nature du bois d’un<br />

lit a une incidence sur la naissance des enfants.<br />

TORAH 230<br />

Sache que celui qui a des yeux <strong>pour</strong> (bien et réellement) voir est en mesure de regarder<br />

et de connaître, à partir des traits du visage d’un élève, qui est son maître. Il suffit <strong>pour</strong><br />

cela qu’il ait vu son maître au moins une fois. En effet, « La sagesse de l’homme éclaire son<br />

visage » (Ecc. 8:1). Il en résulte donc que lorsque l’élève reçoit la sagesse de son maître, il<br />

reçoit du même coup son visage. Il doit <strong>pour</strong> cela contempler le visage de son maître au<br />

moment où il reçoit sa sagesse, comme il est écrit : « Et tes yeux contempleront ton<br />

maître » (Isaïe 30:20), car la sagesse se trouve dans le visage. Ainsi, en regardant le<br />

visage de l’élève, on est capable de savoir qui est son maître.<br />

TORAH 231<br />

Au moment où l’on dit (dans la prière du matin) : « Et l'armée du ciel s'incline devant<br />

Toi » (Né’hemia 9:6), il est recommandé de prier <strong>pour</strong> n’importe quel besoin. En effet,<br />

toutes les guérisons passent par le pouvoir des astres, qui sont « l’armée du ciel ». Ainsi,<br />

chacun de ces astres accorde une force à une certaine plante ou herbe lui correspondant.<br />

C’est donc grâce aux astres que ces végétaux reçoivent ce pouvoir de guérir, et lorsque<br />

l’homme a besoin de guérison, les forces conjointes de plusieurs astres se rejoignent : tel<br />

astre accorde une force à tel végétal, tel autre astre à tel autre végétal, et ainsi de suite.<br />

Tous se lient et forment ainsi une composition propice à la guérison. C’est <strong>pour</strong>quoi, il<br />

est bon de faire une demande à Dieu béni soit-Il, au moment où l’on récite ces mots : « Et<br />

l'armée du ciel … », lorsque tous viennent se prosterner, entonner des louanges et<br />

témoigner de leur gratitude au Saint béni soit-Il. Il est alors bon de Lui demander de leur<br />

889


ordonner de faire descendre ces forces nécessaires à la guérison, à l’intérieur d’un bout<br />

de pain ou autre chose, afin de guérir immédiatement une personne. Amen. Que telle soit<br />

Sa Volonté. (Voir cette même notion dans LMII-1).<br />

TORAH 232<br />

Au moment où l’on dit (dans les psaumes de la prière du matin) : « Louez Dieu à partir<br />

des cieux… Louez-Le, tous Ses anges… Louez-Le, toutes Ses armées… » (Ps. 148), l’homme<br />

les appelle tous et leur ordonne à tous de louer le Saint béni soit-Il. Il est donc<br />

recommandé de s’éveiller par cette prière qui doit être récitée avec la ferveur du cœur<br />

dans la mesure où, par cette prière, l’homme appelle tous les mondes à louer et Le<br />

glorifier, le Saint béni soit-Il.<br />

TORAH 233<br />

Lorsque des pensées étrangères et autres fantasmes tentent d’exercer leur emprise sur<br />

l’homme, mais qu’il parvient à les surmonter et prendre le dessus sur elles, le Saint béni<br />

soit-Il en conçoit un grand plaisir. Ceci est très précieux <strong>pour</strong> Lui. On peut comparer ceci<br />

à des rois qui, <strong>pour</strong> se détendre, placent parfois des animaux sauvages <strong>pour</strong> se battre<br />

l’un contre l’autre et se tiennent debout <strong>pour</strong> assister à ce spectacle. Ces rois conçoivent<br />

ainsi un grand plaisir de cette victoire. De la même façon, les pensées proviennent de<br />

cette dimension « animale ». Les pensées saintes émanent de la dimension des<br />

« animaux purs » tandis que les mauvaises pensées relèvent des « animaux impurs ».<br />

Elles sont donc envoyées de manière intentionnelle d’En haut, <strong>pour</strong> les faire s’affronter,<br />

l’une contre l’autre, et le Saint béni soit-Il conçoit un grand plaisir lorsque l’homme<br />

prend le dessus sur les animaux impurs et parvient à les vaincre.<br />

Telle est la règle : il est tout à fait impossible que deux pensées soient présentes<br />

ensemble, en même temps. C’est <strong>pour</strong>quoi, on peut facilement chasser les pensées<br />

étrangères, simplement en se retenant, c’est-à-dire, en changeant la pensée (impure)<br />

avec une autre pensée. (Pour cette dernière) il peut s’agir d’une pensée de Torah ou de<br />

service divin, voire même de commerce, car il est impossible que deux pensées soient<br />

890


présentes simultanément. Il a déjà été expliqué par ailleurs (LMI-72) qu’il n’est pas<br />

nécessaire de faire la guerre ou d’agiter la tête dans tous les sens <strong>pour</strong> chasser les<br />

pensées étrangères, car cela n’est d’aucune utilité. Bien au contraire, de cette manière,<br />

elles se renforcent davantage. Il suffit de ne pas y prêter attention, de faire seulement ce<br />

que l’on doit faire, ce à quoi l’on est occupé, qu’il s’agisse de Torah, de prière ou de<br />

travail, sans même s’attarder et regarder en arrière et de cette manière, elles<br />

disparaîtront automatiquement.<br />

TORAH 234<br />

Sache que les histoires concernant les Justes, relatant ce qui leur est arrivé, représentent<br />

une chose très importante et purifient la pensée de l’homme. Cependant, ne peut<br />

raconter des histoires de Justes, que celui qui est en mesure de ressembler lui-même au<br />

Saint Béni soit-Il, c’est-à-dire, (qu’il soit capable de) faire la distinction entre la lumière<br />

et l’obscurité, tout comme le Saint béni soit-Il, si l’on peut s’exprimer ainsi. Il existe en<br />

effet, face à chaque action du Juste, son équivalent du côté du mal. Autrement dit, des<br />

actions des méchants, à qui il est également arrivé des choses identiques. Ainsi par<br />

exemple, nous avons vu que Pin’has a réalisé quelque chose de grand en s’élevant dans<br />

les airs et, face à cela, nous trouvons que Bil’am le mécréant en fit de même, et l’on<br />

retrouve beaucoup d’exemples de ce type, car le mal reste toujours parallèle au bien.<br />

Ainsi, la seule différence intervient avec celui qui est en mesure de distinguer la lumière<br />

de l’obscurité, car une telle personne connaît la grande différence et la grande<br />

distinction qui existent entre les histoires des Justes et celles des méchants. En effet, les<br />

actions du Juste proviennent du domaine de la sainteté, grâce à sa prière, comme il est<br />

écrit, à propos d’Elicha : « Raconte-moi, je te prie, les grandes choses accomplies par<br />

Elicha » (Rois II, 8:4) – « ce qui signifie qu’il accomplit ses miracles grâce à sa prière »<br />

(Meguila 27a). En revanche, les faits et gestes des méchants sont réalisés à l’aide de<br />

stratagèmes, de sorcellerie ou d’autres choses liées au domaine des forces du mal. Il en<br />

ressort donc que seul celui qui est apte à opérer la distinction entre la lumière et<br />

l’obscurité, c’est-à-dire, entre le bien et le mal, connaît la véritable différence.<br />

891


Par ailleurs, même celui qui ne possède pas cette connaissance permettant de faire la<br />

distinction, mais qui possède néanmoins une foi pleine et entière, par laquelle il croit<br />

qu’il existe une différence entre les deux domaines, celui-ci est également capable de<br />

raconter des histoires de Justes. Il faudra en pareil cas que sa foi soit parfaite et<br />

particulièrement claire, à un point tel que cette foi lui donne l’impression de voir<br />

véritablement de ses yeux la chose à laquelle il croit. Ceci correspond à la notion de «<br />

caché et dévoilé », comme il est rapporté par ailleurs (LMI-62:5).<br />

D’autre part, le Midrach précise, à propos du verset : « Il établit une distinction entre la<br />

lumière et les ténèbres » (Bér. 1:5) - « La lumière fait allusion aux actes des Justes, les<br />

ténèbres aux actes des méchants » (Béréchit Raba 3:8). En d’autres termes, les actes des<br />

Justes relèvent de la dimension de lumière et, à l’inverse, les actes des impies<br />

représentent l’obscurité.<br />

Ainsi, celui qui est apte à faire la distinction entre lumière et obscurité est en mesure de<br />

raconter des histoires de Justes. C’est de cette manière que sa pensée se purifie et qu’il<br />

est épargné de malheurs. En effet, le trouble de la connaissance correspond à l’esprit<br />

étroit, à l’origine des épreuves, car l’esprit étroit (Mo’hine DéKatnout) est lié à la notion<br />

de jugements, alors que les histoires de miracles de Justes correspondent à l’esprit large<br />

(Mo’hine DéGadlout), comme il est écrit : « Raconte-moi, je te prie, les grandes choses »,<br />

référence au « grand luminaire » (Bér. 1:16). L’homme peut ainsi purifier son esprit des<br />

pensées étrangères émanant de l’esprit étroit et atténuer de la sorte les épreuves et les<br />

jugements qui proviennent tous de la dimension de l’esprit étroit.<br />

En outre, il faut savoir comment raconter l’histoire, car chaque récit renferme une<br />

contraction. De même, lorsqu’il souhaite purifier sa pensée par le récit d’un prodige du<br />

Juste, cette action et ce récit, qui constituent une parole, deviennent alors sa pensée. Il<br />

est donc évident que le Juste dont on raconte l’histoire devra être plus élevé que celui<br />

qui la rapporte, <strong>pour</strong> que les actions de ce Juste se transforment en pensée chez lui. C’est<br />

<strong>pour</strong>quoi, il faut savoir de qui l’on parle et comment raconter le récit.<br />

Son esprit est alors purifié et il peut s’élever vers le monde de la pensée, que l’on appelle<br />

« élévation des mondes », car la pensée est particulièrement élevée et celui qui aspire à<br />

entrer dans le monde de la pensée doit garder le silence. Même s’il prononçait alors une<br />

parole convenable, (l’intensité de) la pensée serait perdue. En effet, la pensée est une<br />

chose extrêmement élevée, que même une parole convenable peut dénaturer. Tel est le<br />

892


sens de « Tais-toi ! C’est ce qui s’est élevé dans la Pensée divine » (Mena’hot 29b) – car il<br />

faut se taire <strong>pour</strong> s’élever jusqu’au monde de la Pensée, et même s’il garde le silence<br />

sans prononcer la moindre parole, des perturbations viendront malgré tout troubler et<br />

nuire à sa pensée. Contre cela, la pureté de la pensée est donc nécessaire et elle<br />

s’acquiert grâce aux histoires de Justes.<br />

Et <strong>pour</strong> mériter cela, (le niveau) où l’homme peut espérer ressembler au Saint béni soit-<br />

Il et établir la distinction entre lumière et obscurité, il doit entièrement avoir foi dans la<br />

Providence divine. En effet, l’homme doit sortir des limites de la nature, car cela<br />

représente la finalité de la sainteté. On y parvient grâce à la terre d’Israël. En effet, la<br />

terre d’Israël représente la quintessence de la sainteté, parmi toutes les formes de<br />

sainteté. On y trouve en effet les dix niveaux de sainteté et c’est la raison <strong>pour</strong> laquelle il<br />

est dit à son propos : « Les yeux de l’Éternel sont constamment tournés vers<br />

elle… » (Dévarim 11:12), car il ne s’y trouve que la Providence, comme l’indique le<br />

verset : « Contemple du haut des cieux, Ta sainte demeure » (idem 26:15).<br />

Tel est le sens de :«J’ai placé/CHiViti, constamment l’Éternel devant moi » (Ps. 16:8),<br />

autrement dit, lorsque je veux me comparer moi-même/léhaCHVot et ressembler au<br />

Saint béni soit-Il, dès lors « constamment devant moi », allusion à la terre d’Israël, comme<br />

le rappelle le Midrach : « Constamment » fait toujours référence à la terre d’Israël »,<br />

comme il est dit : « Les yeux de l’Éternel sont constamment tournés vers elle… ».<br />

Sache enfin qu’il existe un Nom, dont on se sert lorsque l’on veut nommer un roi. Ce Nom<br />

est <strong>Kama</strong> (Kouf Mem Hé) dont les initiales forment les mots : « Hachkifa Miméone<br />

Kodchekha/Contemple du haut de Ta demeure sainte », qui correspond à : « Qui renverse<br />

les rois et élève/méHaKeM les rois » (Daniel 2:21). C’est ce qui figure à propos de Yossef :<br />

« Et voici que ma gerbe se dressa/KaMaH » (Béréchit 37:7).<br />

TORAH 235<br />

893


Sache que si un homme marche, glisse, tombe et provoque ainsi les rires de ceux qui<br />

sont présents, et qu’il en éprouve de la honte, cet incident est dû au fait qu’il a porté<br />

atteinte à la joie des jours de fête. En effet, la fête est appelée « Réguel/pied ». Elle est<br />

également appelée « Moed » (Vayikra 23:2). Ainsi, cette négligence de joie durant le jour<br />

de fête, a <strong>pour</strong> conséquence que le « pied chancelle/Réguel Moed », et c’est la raison <strong>pour</strong><br />

laquelle son pied trébuche et qu’il tombe. En conséquence, ce rire des passants renvoie à<br />

la notion de joies frelatées, à cause du dommage causé (par le manque de joie) durant le<br />

jour de fête. Donc, cet homme éprouve de la honte, car l’idolâtrie est appelée<br />

« déshonneur » (Osée 9:10) et « celui qui méprise les fêtes ressemble à un idolâtre »<br />

(Pessa’him 118a). C’est <strong>pour</strong>quoi ce sentiment de honte s’empare de lui. Ceci constitue<br />

parfois <strong>pour</strong> lui une expiation mais parfois, cet homme n’est pas <strong>pour</strong> autant pardonné<br />

de cette manière mais ceci se produit uniquement <strong>pour</strong> lui rappeler de se repentir.<br />

TORAH 236<br />

Celui qui exerce un poste rabbinique de manière conforme et honnête parviendra à la fin<br />

de ses jours à s’élever à la grandeur. Ainsi, tout ce qui peut être considéré comme une<br />

forme de grandeur à l’époque où il vit, lui sera finalement accordé. Par exemple, dans<br />

cette génération, la grandeur et l’honneur se caractérisent essentiellement par le fait<br />

d’être considéré comme un Juste reconnu. Ainsi, il parviendra, à la fin de ses jours, à être<br />

accepté en tant que Juste célèbre même si en réalité, il n’en est pas ainsi. C’est<br />

uniquement parce qu’il est vertueux et simple, qu’on lui attribue son salaire avant qu’il<br />

ne quitte ce monde, même si par la suite etc…<br />

TORAH 237<br />

L’essence de la mélodie et des instruments de musique a été apportée dans le monde par<br />

Lévi, comme le rapporte le Zohar (II 19a), selon lequel « l’essence de la mélodie provient<br />

du domaine de Lévi ». Tel est le sens des paroles de Léa : « Cette fois, mon mari<br />

m’accompagnera » (Bér. 29:34), car à présent qu’est né Lévi, et que par son<br />

intermédiaire, la dimension de mélodie et d’instruments de musique est venue au<br />

monde, cette fois-ci, il est certain que mon mari m’accompagnera (voir LMI-226). En<br />

894


effet, la liaison de deux choses est réalisée grâce à la mélodie et aux instruments de<br />

musique. C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle on joue des instruments de musique lors d’un<br />

mariage : « Sarim Rédafouni ‘Hinam/Des grands me persécutent gratuitement » (Ps.<br />

119:161), dont les initiales forment le mot « Ra’HaSh »<br />

[Il est clair que ces paroles ont été dites sur son propre compte (Rabénou). Les gens<br />

avaient en effet l’habitude de lui donner le Ra’hash, généralement attribué à un Rabbi.<br />

Nous nous tenions un jour devant lui alors qu’il y avait un mariage en ville et c’est à cette<br />

occasion qu’il dit ces paroles, à propos des instruments de musique dont on joue <strong>pour</strong> un<br />

mariage [car telle était son habitude dans le domaine de la sainteté. La plupart du temps,<br />

il prononçait un enseignement à partir de ce qui s’était déroulé ou de ce qui avait été dit<br />

au même moment]. Les gens parlaient alors, devant lui, du sujet du « Ra'hash » qui lui<br />

revenait. Il répondit alors : « Certainement, je mérite le Ra'HaSh car « Sarim Rédafouni<br />

‘Hinam »].<br />

TORAH 238<br />

Lorsque deux personnes s’opposent sur quelque chose en particulier, si une tierce<br />

personne, même sans rien savoir de leur différend, intervient et approuve davantage<br />

l’un des deux, c’est parce qu’elle est, à la racine (de son âme), plus proche de l’une des<br />

deux personnes. En effet, il est certainement impossible que ces deux personnes soient<br />

égales à ses yeux, car deux personnes ne sont jamais semblables. S’il en est ainsi, il ne<br />

fait aucun doute que l’une des deux lui sera plus proche et c’est <strong>pour</strong> cela qu’elle<br />

penchera davantage <strong>pour</strong> l’une des deux.<br />

TORAH 239<br />

À cause de la discorde, il est impossible de parler, car l’essence de la parole relève de la<br />

paix, comme il est écrit : « Je parlerai de paix » (Ps. 122:8). C’est <strong>pour</strong>quoi chaque<br />

personne en particulier doit, avant de prier (le matin par exemple), prendre sur elle<br />

(d'accomplir) le commandement positif de « Tu aimeras ton prochain comme toi-même »<br />

(Vayikra 19:18) de telle sorte que grâce à l’amour et la paix, cette personne <strong>pour</strong>ra<br />

895


parler et exprimer sa prière. En revanche, lorsqu’il n’y a pas de paix mais qu’il y a une<br />

querelle, il est impossible de parler. Dès lors, même si une partie souhaite la paix, mais<br />

qu’elle est l’objet de l’opposition, la paix ne saurait être <strong>pour</strong> autant parfaite. Ainsi, il est<br />

(même dans ce cas) impossible de parler ou de prier, même s’il est un homme de paix,<br />

dans la mesure où l’on s’oppose à lui. Tel est le sens des paroles du roi David, que la paix<br />

soit sur lui : « Je suis paix » (Ps. 120:7), car je suis un homme de paix et, de mon côté, je<br />

veux être en paix avec tout le monde. Et <strong>pour</strong>tant, « Quand je la proclame, eux ne sont que<br />

<strong>pour</strong> la guerre » (idem). En d’autres termes, bien que je sois pacifique, il reste malgré<br />

tout impossible de parler, à cause de la discorde par laquelle ils s’opposent à moi.<br />

Et voici que toutes les paroles proviennent de la paix et, en conséquence, l'individu qui<br />

revêt la dimension de paix est capable d'avoir connaissance de toutes les paroles de tout<br />

le monde, à l’image du Saint béni soit-Il, également appelé « Paix », qui connaît toutes les<br />

paroles du monde entier, comme l’indique le verset : « Et révèle à l'homme sa propre<br />

parole » (Amos 4:13), car toute parole provient de la paix. Tel est l’acronyme du mot<br />

« ShaLOM » (paix), dont les initiales forment les mots : « Oumaguid La Adam Ma Si’ho/Et<br />

révèle à l'homme sa propre parole ».<br />

Aussi, toutes les paroles résultent d’un réchauffement et celui qui possède beaucoup de<br />

chaleur parle beaucoup. De même, celui qui se refroidit et manque de chaleur ne peut<br />

pas parler, puisque la parole émane de la chaleur, ainsi qu’il est écrit : « Mon cœur est<br />

brûlant en moi. En méditant, je sentais comme un feu ardent sur ma langue quand je parle<br />

avec ma bouche » (Ps. 39:4). Il s’agit de la flamme de feu (montrant ainsi que la parole,<br />

comparable à la flamme, provient de la chaleur, soit du feu).<br />

TORAH 240<br />

Toutes les bénédictions et toutes choses proviennent en finalité que du Juste<br />

authentique. Ainsi, celui qui est proche du Juste véritable <strong>pour</strong>ra recevoir aisément tout<br />

ce dont il a besoin : richesse ou enfants par exemple. Par contre, lorsque l’homme est<br />

loin du Juste, les choses lui parviennent très difficilement, car chacun reçoit la richesse<br />

ou des enfants en fonction de son Mazal qui reçoit (à son tour) son abondance du Juste, à<br />

896


l’origine de toutes les bénédictions. Ainsi, lorsque l’homme n’est pas proche du Juste, son<br />

Mazal doit alors déployer de grands efforts <strong>pour</strong> pouvoir recevoir l’influence<br />

(l'abondance) du Juste, puisqu’il est loin de lui. Par conséquent, il en découle de<br />

nombreuses différences (donnant naissance à de nombreux cas de figure). Ainsi (par<br />

exemple), l’homme reçoit parfois une richesse avec laquelle il mourra, et qui reviendra<br />

ensuite à ses héritiers. Parfois, il meurt en ayant reçu la richesse tout en la perdant. Il<br />

existe ainsi d’innombrables possibilités. Ainsi, lorsque quelqu’un souhaite porter une<br />

lourde charge, il doit mettre toute sa force <strong>pour</strong> porter cette charge tant elle est lourde.<br />

À d’autres occasions, il soulève la charge et par la force investie <strong>pour</strong> cela, il contractera<br />

une déchirure si importante qu’il en mourra tout en gardant <strong>pour</strong>tant cette charge en<br />

mains. Parfois également, à cause de cette déchirure, cette charge lui échappera des<br />

mains. Il en ressort donc que cet homme est mort <strong>pour</strong> avoir porté cette charge, mais<br />

cette charge n’est pas restée entre ses mains ni même dans celle de ses enfants. De la<br />

même façon, dans notre contexte, puisque le Mazal doit déployer de larges efforts <strong>pour</strong><br />

recevoir la bénédiction (l'abondance) du Juste, alors que cet homme est loin de lui, il<br />

peut en découler divers cas de figure. Quant à celui qui se rapproche du Juste, son Mazal<br />

n’a pas besoin de faire autant d’efforts, puisqu’il est proche de lui.<br />

Quoi qu’il en soit, il arrive parfois qu’un homme se rapproche du Juste authentique mais<br />

perde du même coup sa richesse. Sache donc : ceci se produit parfois parce que cet<br />

homme voit quelque chose de plus précieux et plus élevé, et « quand bien même ne le<br />

voit-il pas consciemment, son Mazal lui le voit » (Meguila 3b). Ainsi, parce que le Mazal<br />

voit quelque chose de particulièrement précieux et élevé, il (re)jette de lui-même cette<br />

richesse. Ceci peut être comparé à celui qui porterait une lourde charge de cuivre, mais<br />

en apercevant de l’or et des pierres précieuses, il se débarrasserait aussitôt de tout ce<br />

qu’il porte <strong>pour</strong> ramasser toutes ces pierres précieuses. Dans le même ordre d'idée, dans<br />

la mesure où il s’est rapproché et a vu des choses plus précieuses que l’or et les perles,<br />

dès lors, son Mazal renonce à la richesse. À plus forte raison lorsqu’il parvient à ressentir<br />

par lui-même que le rapprochement vers le Juste est bien plus précieux que toutes les<br />

richesses du monde. À partir de là, bien évidemment, il ne fait plus attention à l’argent et<br />

ne désire aucunement la richesse.<br />

897


TORAH 241<br />

Lorsque, à Dieu ne plaise, pèsent des jugements, ces forces cherchent à détruire<br />

l’homme, que Dieu nous en préserve. Cependant, l’attribut de jugement ne possède pas<br />

le pouvoir de le détruire totalement, comme l’enseignent nos maîtres, de mémoire bénie<br />

(Sota 9a) : « Mes flèches sont terminées et elles ne sont pas terminées ». En revanche,<br />

l’homme a le pouvoir de détruire complètement son prochain, à Dieu ne plaise. C’est<br />

<strong>pour</strong>quoi, lorsque pèsent des jugements sur une personne, à Dieu ne plaise, et que se<br />

lève un autre homme <strong>pour</strong> s’opposer à lui, l’attribut de jugement le quitte alors, car il<br />

préfère que ce soit un homme qui exerce sa vengeance parce que l’homme précisément<br />

possède cette faculté (de destruction complète).<br />

C’est <strong>pour</strong>quoi il arrive parfois qu’un grand Juste, investi dans la rectification du monde,<br />

décide de façon préméditée de s’opposer à un autre Juste, afin d’éloigner de lui l’attribut<br />

de jugement. Ces forces de jugements espèrent en effet voir ce Juste exercer sa<br />

vengeance plus violemment qu’elles ne le feraient elles-mêmes. Mais par la suite, il agit<br />

avec compassion et ne fait pas souffrir ce Juste (l'autre).<br />

Tel est le sens du verset : « Pin’has, fils d’Eléazar… a apaisé Ma colère… en exerçant Ma<br />

vengeance au milieu d'eux et Je n'ai pas anéanti… » (Bamidbar 25:11). Autrement dit,<br />

Pin’has apaisa la colère de Dieu et écarta d’Israël l’attribut de jugement en endossant et<br />

en exerçant la vengeance contre eux. C’est ainsi que les forces de jugement disparurent,<br />

car celles-ci ne sont pas capables de détruire (complètement). C’est <strong>pour</strong>quoi elles<br />

préfèrent davantage qu’un autre homme tente de se venger (car un homme a la force de<br />

détruire complètement). Ainsi, « Et Je n’ai pas anéanti les enfants d’Israël par Ma<br />

vengeance », car la Torah nous fait connaître de cette manière l’importance du bienfait<br />

accompli par Pin’has, en faveur du peuple, en exerçant lui-même la vengeance du Saint<br />

béni soit-Il, en se revêtant de « l’habit de vengeance » afin de les punir, accomplissant<br />

ainsi un grand acte de bonté. La raison est la suivante : « Et Je n’ai pas anéanti les enfants<br />

898


d’Israël par Ma vengeance », ce qui signifie que « Par Ma vengeance », c’est-à-dire, par<br />

Mon Attribut de vengeance, Je ne détruis pas les enfants d’Israël, car cette mesure de<br />

jugement ne possède pas la faculté de détruire totalement, à Dieu ne plaise. Pin’has<br />

réalisa donc <strong>pour</strong> le peuple un bienfait inestimable en endossant la robe de vengeance<br />

afin de se venger contre eux. C’est grâce à cela que les forces de jugement s’apaisèrent,<br />

pensant que Pin’has exercerait contre eux une vengeance (punition) encore plus<br />

impitoyable, car Pin’has est un être humain, et il possède ainsi un pouvoir de vengeance<br />

accru, de nature à détruire totalement, à Dieu ne plaise. C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle, de<br />

cette manière, Pin’has a apaisé Ma colère et parvint à renvoyer (et à dissiper) l’attribut<br />

de jugement. Mais en réalité, Pin’has était (de nature) véritablement compatissante, et il<br />

est certain qu’il les soulagea ensuite des rigueurs du jugement.<br />

TORAH 242<br />

Sache qu’il existe une dimension du « Long Visage/Arikh Anpine », dans le domaine du<br />

mal (Ets ‘Haïm, Klipot 48:3). Ainsi, celui qui entre en contact avec une femme faisant<br />

partie de cette catégorie éprouvera beaucoup de difficultés à échapper aux désirs<br />

concupiscents (à son égard). Même s’il ferme alors les yeux, de quel côté qu’il se tourne,<br />

elle lui apparaîtra, car elle correspond à la dimension de « Arikh Anpine » des forces du<br />

mal, ou du « Long Visage ». C’est <strong>pour</strong>quoi de chaque côté où il se tourne, elle lui<br />

apparaît.<br />

Sache également que la charité constitue un moyen particulièrement efficace <strong>pour</strong> se<br />

préserver des désirs concupiscents. Mais quoi qu’il en soit, il est interdit de s’en remettre<br />

à la charité, d’être mêlé à la compagnie des femmes et d’abonder en conversations avec<br />

elles, à Dieu ne plaise, et même si cela ne lui nuira pas tellement. Tel est le sens des<br />

paroles de nos sages : « Que les indigents fassent partie de ta maison et ne converse pas<br />

trop avec la femme » (Avot 1:5) qui nous enseignent : même si tu pratiques la charité et<br />

que les indigents font partie de ta maison, efforce-toi quand même de ne pas trop parler<br />

avec des femmes. Cet interdit s’applique néanmoins au fait de parler beaucoup. En<br />

revanche, ce qui lui est strictement nécessaire de dire ne risquera pas de lui causer des<br />

dommages. Ceci peut être accompli grâce au don de la charité, qui préserve des pensées<br />

et désirs concupiscents, qui sont assimilés à la notion de la « père des pères de<br />

899


l’impureté/Avi Avot Hatouma» et à la dimension de « mort ». Ainsi, la charité préserve de<br />

tout cela, comme l’indique le verset : « La charité sauve de la mort » (Prov. 10:2), que<br />

Dieu nous en préserve.<br />

TORAH 243<br />

Sache qu’il existe un très grand Juste dont le monde n’est pas capable de supporter la<br />

sainteté. C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle il se cache autant et l’on ne distingue chez lui<br />

aucune sainteté apparente ni de signe de pudicité (particulière), du fait même de sa<br />

grande sainteté. Ceci correspond à « Tous les chants sont saints, mais le Cantique des<br />

Cantiques constitue le Saint des saints » (Yadayim 3:5). Il en ressort que le Cantique des<br />

cantiques est particulièrement saint, bien plus que tous les autres livres. Et voici : nous<br />

avons vu que le roi Salomon - que la paix soit sur lui – rédigea trois ouvrages : Michlé<br />

(Les Proverbes), Kohélet (L’Ecclésiaste) et Chir Ha Chirim (Le Cantique des cantiques).<br />

En réalité, Michlé et Kohélet sont emplis de beaucoup d’enseignements de morale et de<br />

crainte de Dieu et nous y avons trouvé, à plusieurs reprises, des termes de sainteté et de<br />

pureté. En revanche, dans le Cantique des cantiques, on ne trouve nulle référence<br />

explicite à une quelconque sainteté ou pureté. Allez vérifier et vous constaterez que le<br />

Cantique des cantiques ne mentionne aucun terme de sainteté ou de pureté. En effet,<br />

c'est en raison de la sainteté de cet ouvrage, qui est si grande, que nous n’y décelons pas<br />

la moindre sainteté (apparente).<br />

TORAH 244<br />

Celui qui se trouve au milieu des non-juifs, c’est-à-dire qu’il fait du commerce et des<br />

transactions avec eux, doit particulièrement veiller à ce que cela ne l'affecte pas. En effet,<br />

il peut très facilement être pris à leur piège, à Dieu ne plaise, et de s’éloigner de son<br />

identité juive ; car il ne suffit pas à l’homme de se trouver dans ce bas monde, que les<br />

900


anges eux-mêmes n’ont pas la force d’affronter. En effet, des anges sont descendus dans<br />

ce monde et en ont été particulièrement atteints (ils ont commencé à fauter<br />

énormément, malgré leur promesse à Dieu, etc.) (Zohar I 58a). Ainsi, Israël possède<br />

réellement une force supérieure aux anges et peut alors se mesurer à ce monde et le<br />

surmonter <strong>pour</strong> s’attacher au Créateur, béni soit-Il. Cependant, il reste très difficile de se<br />

mélanger aux non-juifs et c’est <strong>pour</strong>quoi il convient de beaucoup se préserver soi-même<br />

et de rester fort comme un pieu, afin de ne pas choir de son niveau d’intégrité et de son<br />

judaïsme.<br />

TORAH 245<br />

Sache que la Torah contient des chambres, et celui qui a le mérite d’y accéder peut,<br />

quand il commence à trouver des nouvelles explications de la Torah, entrer dans ces<br />

chambres, de l’une à l’autre. En effet, chacune d’elles possède plusieurs portes par<br />

lesquelles on peut accéder à d’autres chambres et ainsi de suite, de chambre en<br />

chambre. Ainsi, il pénètre et se promène dans toutes ces chambres et y ramasse des<br />

trésors et de très précieux et inestimables remèdes. Heureux est son lot !<br />

Sache toutefois qu’il faut se montrer extrêmement prudent et veiller à ne pas se faire<br />

d’illusion, car on n’y parvient pas rapidement (à amasser des trésors spirituels). Il existe<br />

en effet de nombreuses idées nouvelles de Torah qui ne proviennent pas de cet endroit<br />

(de ces chambres et portes de sainteté) mais bien uniquement des Palais des échanges,<br />

car Dieu a créé chaque chose et son exact opposé (le bien et le mal sont toujours<br />

parallèles). Ainsi, même si l’homme a l’impression d’avoir acquis de grandes<br />

perceptions, il n’en reste pas moins que dans cet endroit (le Palais des échanges), on<br />

trouve également de nouvelles et belles idées de Torah qui ressemblent à de grandes<br />

perceptions.<br />

Par ailleurs, ce domaine recèle également divers aspects. Ainsi, lorsque l’on écrit le mot<br />

« homme », nous savons que cela fait référence à l’image de l’homme, mais qu’il n’est<br />

présent que par simple allusion, puisque ce mot n’a aucune forme humaine. Certains<br />

dessinent une forme humaine sur du papier et ainsi se manifeste un peu plus la<br />

représentation de l’homme. D’autres sculptent une forme humaine à partir d’un<br />

901


morceau de bois et apparaît de cette manière avec plus d’évidence encore la forme<br />

humaine. Mais malgré tout, il ne s’agit jamais d’un homme à proprement parler et seul<br />

l’homme lui-même est véritablement un homme. De la même façon, il existe diverses<br />

sortes de nouvelles explications de Torah, semblables à un carnet et au mot « homme »<br />

que l’on écrit sur du papier. La Torah est appelée « homme », comme il est écrit : « Ceci<br />

est la Torah : l’homme… » (Bamidbar 19:14). En outre, certains pénètrent plus en<br />

profondeur encore sans <strong>pour</strong> autant atteindre la dimension de « l’homme ». C’est<br />

seulement lorsque l’on parvient à la Torah proprement dite qu’il s’agit alors<br />

véritablement de l’homme. Tel est le sens de « Ceci est la Torah : l’homme… » - « Ceci est<br />

la Torah », littéralement, autrement dit, seule cette Torah véritable correspond à<br />

l’homme.<br />

Et sache que tout homme, avant même de parvenir à une perception véritable de la<br />

Torah, doit inévitablement traverser ces Palais des échanges. Mais une règle demeure : il<br />

lui est interdit de se méprendre et de croire être déjà parvenu à la perception parfaite.<br />

S’il en venait à penser ainsi, il resterait là-bas, à Dieu ne plaise. En revanche, lorsqu’il est<br />

conscient de n’être pas encore entré dans les chambres véritables de la Torah, il se<br />

renforcera alors dans son service de Dieu, abondera en prières et suppliera jusqu’à ce<br />

qu’on lui ouvre réellement les portes de la sainteté. Il constatera alors la différence.<br />

Même si l’homme a accompli diverses actions, jeûnes et autres mortifications <strong>pour</strong> le<br />

Saint béni soit-Il, puis a obtenu de nouvelles idées de Torah, il ne devra pas <strong>pour</strong> autant<br />

s’y appuyer <strong>pour</strong> en déduire qu’elles correspondent à des perceptions de la vérité. En<br />

effet, même les illusions des Palais des échanges requièrent mortifications et jeûnes.<br />

On trouve un équivalent dans les plaisirs de ce monde. Ainsi, lorsque l’on prépare un<br />

spectacle comique, une personne se charge de voyager <strong>pour</strong> en faire l’annonce et<br />

présente toutes les choses qui seront faites durant ce spectacle. Bien que l’écouter<br />

s’apparente à un plaisir, il ne s’agit <strong>pour</strong> autant du spectacle de comédie proprement dit.<br />

De même, lorsque l’on pénètre dans cette salle où se déroule le spectacle, on trouve<br />

dessinées sur un tableau toutes les choses qui seront présentées, mais ceci ne saurait<br />

être la chose en elle-même. Et lorsque l’on pénètre à l’intérieur, se trouve un clown qui<br />

se comporte comme un singe et qui imitera toutes les choses que fera le comique, mais<br />

ceci n’est pas non plus la chose elle-même, car l’essentiel est le spectacle comique qui y<br />

902


sera présenté. De la même façon, tu comprendras aisément cette parabole, car un<br />

homme peut s’imaginer être parvenu au plus profond (niveau) alors qu’il se trouve<br />

totalement à l’extérieur puisqu’il n’a pas encore commencé à saisir la véritable<br />

perception.<br />

Et quand un très grand Juste, <strong>pour</strong> sa part, atteint véritablement de très grandes<br />

perceptions de sainteté, celles-ci restent <strong>pour</strong>tant à ses yeux insignifiantes au regard de<br />

l’étendue de la connaissance du Créateur, béni soit-Il. En conséquence, il fait en sorte de<br />

se renforcer, à chaque fois, <strong>pour</strong> que le Saint béni soit-Il commence à lui montrer la<br />

lumière de la Torah, comme s’il n’avait pas commencé du tout à percevoir quoi que ce<br />

soit durant sa vie.<br />

TORAH 246<br />

Un homme doit parfois faire preuve de grandeur, comme il est écrit : « Son cœur grandit<br />

dans les voies du Seigneur » (Chr. II, 17:6), et ceci s’avère aussi bénéfique qu’un jeûne. En<br />

effet, lorsqu’il doit parvenir à une certaine perception et s’élever à un certain niveau, il<br />

doit alors oublier sa sagesse initiale, comme nous l’avons vu : « Rabbi Zéïra jeûna afin<br />

d’oublier le Talmud de Babylone » (Baba Metsia 85a), car il devait parvenir à une<br />

perception plus élevée, qui correspond à la Torah de la terre d’Israël. Ainsi, la grandeur<br />

est aussi efficace qu’un jeûne, car grâce à la grandeur, l’homme oublie également sa<br />

sagesse, comme l’enseignent nos sages, de mémoire bénie : « Tout homme qui fait preuve<br />

d’orgueil voit sa sagesse le quitter » (Pessa’him 66b). Cependant, il faut <strong>pour</strong> cela une<br />

sagesse supplémentaire, car il est certain que la grandeur est une interdiction très grave.<br />

Et s’il s’enorgueillit vraiment, sa sagesse l’abandonnera définitivement et il ne<br />

parviendra à aucune perception. Il deviendra ainsi véritablement stupide. C'est <strong>pour</strong>quoi<br />

un réel talent est requis afin de savoir se comporter à ce sujet, afin que cette grandeur ne<br />

lui serve qu’à oublier sa sagesse initiale, qu’il doit oublier. Il restera malgré tout,<br />

véritablement humble.<br />

TORAH 247<br />

903


Le Zohar HaKadoch explique que le terme « Teikou » employé dans le Talmud<br />

correspond à un problème non résolu. En d’autres termes, la lettre Noun du mot<br />

« TikouN » (réparation) est manquante, ce qui donne le mot « Teikou ». Sache que ce<br />

simple Noun final, lorsqu’il est absent du TikouN, devient Teikou, et est alors rabaissé et<br />

courbé <strong>pour</strong> devenir alors « KiNoT » (lamentation) qui possède les mêmes lettres que<br />

TiKouN, si ce n’est que le Noun est recourbé.<br />

Dieu nous délivrera et les KiNOT se transformeront en TiKOuN, de telle sorte que le<br />

Teikou sera rectifié.<br />

TORAH 248<br />

Sache que les histoires de Justes sont une très grande chose, car grâce aux récits des<br />

Justes, le cœur s’éveille et s’exalte, suscitant alors un grand éveil et un désir intense à<br />

l'égard du Saint béni soit-Il. En effet, l’impression laissée par le Juste dont on raconte<br />

l’histoire et la manière dont il a servi le Saint béni soit-Il, nous éveille au moment précis<br />

où l’on parle de lui, et suscite en nous un grand élan d’exaltation <strong>pour</strong> le Saint béni soit-<br />

Il.<br />

TORAH 249<br />

L’essence de la puissance se situe dans le cœur, car celui dont le cœur est fort, qui ne<br />

craint rien ni personne, est capable d’une grande puissance et de remporter tous les<br />

combats. Grâce à la puissance et la force de son cœur, il ne craint rien et court au cœur<br />

de la bataille. Telle est la dimension : « Qui est fort ? Celui qui maîtrise son penchant »<br />

(Avot 4:1), qui correspond à la puissance de Chimchon (Samson), dont il est dit : «<br />

L’esprit divin le saisit <strong>pour</strong> la première fois à Ma’hané-Dan, entre Tsorea et Echtaol »<br />

(Juges 13:25). En d’autres termes, dans ces lieux cités, l’esprit divin se posa sur lui et il se<br />

revêtit de puissance, c’est-à-dire, qu’il fut empreint dans son cœur de force et de<br />

puissance avec lesquelles il accomplit d’extraordinaires exploits.<br />

TORAH 250<br />

904


Sache que toutes les peines et les souffrances ne résultent que d’un manque de<br />

connaissance, car celui qui possède la connaissance et sait que tout émane de la<br />

Providence divine ne subit aucune souffrance et ne ressent nulle peine car « Dieu a<br />

donné et Dieu a repris » (Job 1:21). Il existe aussi des souffrances que l’on ressent<br />

inévitablement, comme celles qui résultent de la séparation que l’on éprouve lorsque<br />

l’âme sort du corps, correspondant aux souffrances du malade qui surviennent au<br />

moment où l’âme commence à se dépouiller du corps. Ainsi, dans la mesure où l’âme est<br />

liée au corps par un lien fort et puissant, l’homme ressent nécessairement cette<br />

souffrance au moment de cette séparation. Quoi qu’il en soit, ces souffrances sont très<br />

légères et peuvent être reçues aisément à partir du moment où l’homme sait, par une<br />

connaissance claire, que tout émane de la Providence divine, à plus forte raison <strong>pour</strong> ce<br />

qui concerne toutes les autres formes de souffrance et de douleur, que l’on ne ressent<br />

pas lorsque l’on possède la connaissance. Ainsi, la peine et la souffrance sont<br />

essentiellement dues au fait que l’homme se voit retirer sa connaissance afin qu’il<br />

ressente précisément les souffrances.<br />

Tel est l’aspect essentiel des souffrances endurées par le peuple juif en exil. Tout ceci<br />

résulte de leur chute et de leur abandon de la connaissance, <strong>pour</strong> s’en remettre<br />

totalement à la nature, aux circonstances (logiques) et aux astres. C’est à cause de cela<br />

qu’Israël est en proie à la souffrance et à la peine. Ceci leur arrive parce qu’ils vivent<br />

parmi les non-juifs dont ils s’inspirent et constatent que <strong>pour</strong> l’heure, que c’est eux qui<br />

connaissent une grande réussite alors qu’Israël est humilié et rabaissé. C’est <strong>pour</strong>quoi ils<br />

apprennent d’eux et font tout dépendre du hasard et de la nature. (Ces conceptions<br />

erronées) entraînent les peines, car s’ils possédaient la connaissance et savaient que<br />

tout émane de la Providence divine, ils n’auraient pas la moindre souffrance. Mais en<br />

réalité, Israël transcende la nature et c’est seulement quand ils fautent, à Dieu ne plaise,<br />

qu’ils tombent alors sous l’emprise de la nature, à l’image des non-juifs qui dépendent<br />

des astres et de la nature. En résultent donc <strong>pour</strong> eux exil et souffrances, à Dieu ne plaise<br />

et l’aspect essentiel de leur souffrance et de leur exil provient uniquement qu’ils<br />

manquent de connaissance et s’en remettent à la nature.<br />

905


Ainsi, lorsque le Saint béni soit-Il souhaite faire preuve de miséricorde à l’égard du<br />

peuple juif, les délivrer de leur exil et mettre un terme à leur oppression, Il déverse sur<br />

eux la Providence divine, soumet et annule alors la nature et l’astre qui imposaient à<br />

Israël d’être sous leur domination. Leurs oppresseurs sont ainsi annihilés et Israël<br />

s’élève au-dessus d’eux par cette Providence divine.<br />

Sache en outre que Dieu attire cette Providence divine qui est la finalité du monde, car<br />

dans le Futur, à la fin des temps, la nature sera totalement annulée et seule subsistera la<br />

Providence, comme il est écrit : « Car les cieux se dissipent comme la fumée, la terre s'en<br />

va comme un vêtement usé » (Isaïe 51:6). Autrement dit, la nature, qui obéit au système<br />

des étoiles et des astres, sera annulée. Tel est le sens du mot « Nimla’hou/se dissipent »<br />

(au sens de mélange), en ce sens que tous les astres seront dérangés et mélangés et qu’il<br />

n’en restera plus aucun. Seule la Providence subsistera et Israël connaîtra l’élévation.<br />

C’est <strong>pour</strong>quoi à l’heure actuelle, lorsque Dieu béni soit-Il souhaite mettre un terme final<br />

à (l’exil qui nous est imposé par) une nation quelconque, afin qu’Israël se relève, Il<br />

déverse alors sur eux Sa Providence, le but de la finalité du monde - lorsque ne régnera<br />

que la Providence. Ainsi le peuple juif s’élève, ce qui met un terme définitif à la nation<br />

qui l’oppressait. Ceci est évoqué dans le verset : « La fin est venue, elle est venue la<br />

fin » (Ezéchiel 7:6), ce qui signifie que le Saint béni soit-Il souhaite apporter un terme<br />

aux nations et qu’Il attire la Providence qui est la finalité du monde.<br />

Ainsi, la prière est un aspect de la Providence qui transcende la nature et constitue une<br />

dimension très importante, comme dans : « Car qui est le peuple assez grand <strong>pour</strong> avoir<br />

des divinités accessibles, comme l'Éternel, notre Dieu, l'est <strong>pour</strong> nous, à chaque fois que<br />

nous l'invoquons ? » (Dévarim 4:7). C’est là que réside notre grandeur : le fait que le<br />

Saint béni soit-Il écoute notre prière et modifie le cours de la nature par le biais de Sa<br />

Providence. Comme il est écrit : « Raconte-moi, je te prie, les grandes choses accomplies<br />

par Elicha » (Rois II, 8:4) et comme l’enseignent nos maîtres, de mémoire bénie : « Elicha<br />

accomplit cela grâce à la prière » (Meguila 27a). En effet, la prière relève des miracles et<br />

de la Providence, à l’opposé de la nature et il s’agit d’une dimension très importante.<br />

Tel est le sens de la réponse apportée par un nécromancien, à Rav Katina au sujet de<br />

l’origine d’un tremblement de terre : « Lorsque le Saint béni soit-Il se souvient que Ses<br />

enfants se trouvent plongés dans la détresse au milieu des nations, Il verse deux larmes<br />

dans l’océan et Sa voix se fait entendre de l’extrémité du monde à l’autre » (Brakhot 59a).<br />

906


En d’autres termes, lorsque le Saint béni soit-Il se rappelle qu’ils sont plongés dans la<br />

détresse, entre les nations – « entre les nations », précisément, ce qui représente l’aspect<br />

essentiel de leur souffrance. En effet, le fait de côtoyer les nations, d’apprendre d’eux,<br />

leur fait perdre cette conscience (de Dieu et de sa Providence) et ils pensent (par erreur)<br />

que leur sort dépend des astres et de la nature. Il s’agit là de l’essence même de leur<br />

souffrance. Dès lors, « Dieu verse deux larmes etc… », c’est-à-dire qu’il déverse Sa<br />

Providence sur eux, car les larmes symbolisent la Providence, comme l’affirment nos<br />

sages, de mémoire bénie, à partir du verset : « Les nuages reviennent après la pluie » (Ecc.<br />

12:2) – ceci fait référence à la vision, qui se retire après les pleurs (Chabat 151b). Il en<br />

découle que les larmes endommagent une partie de la vision qui est absorbée en elles.<br />

Par conséquent, les larmes représentent la Providence et la vision, car les larmes<br />

absorbent la vision. C’est <strong>pour</strong>quoi « Il verse deux larmes » - au sens où II déverse des<br />

parties de la Providence « sur la grande mer », allusion aux nations du monde qui<br />

exercent leur domination sur Israël, comme dans : « Mais les impies sont comme une mer<br />

houleuse » (Isaïe 57:20), réalisant ainsi la dimension de « grande », soit de la Providence<br />

ou encore de la prière, qui sont liées à celle de « grande ». Tel est le sens de « Et Sa voix<br />

se fait entendre de l’extrémité du monde à l’autre » : c’est-à-dire qu’Il déverse Sa<br />

Providence, d’un bout du monde à l’autre extrémité, jusqu’à sa fin, c’est-à-dire, mettre un<br />

terme définitif aux nations qui dominent Israël, comme dans : « La fin est venue, elle est<br />

venue la fin ».<br />

Ceci correspond aux larmes que l’homme verse en période de détresse car, dès lors qu’il<br />

subit des souffrances et de la peine, il a besoin de cette dimension de Providence afin de<br />

bénéficier d’une délivrance. C’est <strong>pour</strong>quoi l’on verse des larmes, afin d’attirer par leur<br />

intermédiaire, des parties de la Providence et de la vision. En effet, la Providence et la<br />

vision sont attirées par les larmes, comme l’indique : « Les nuages reviennent après la<br />

pluie » - autrement dit la vision qui revient après les larmes, c’est-à-dire, qu’elles<br />

amoindrissent la vision et enlèvent une partie de la vision. Il en ressort que la vision est<br />

prise dans les larmes.<br />

Tel est le sens de : « ‘Hizkiaou pleura abondamment » (Isaïe 38:3) – « pleura<br />

abondamment », littéralement, car il attira dans ces pleurs, la vision et la Providence,<br />

907


liées à la dimension de « grand », à la prière, etc. Ceci renvoie à ce qui est dit, lorsque<br />

David pleura à cause de sa détresse, « David versa d'abondantes larmes » (Samuel I<br />

20:41), car ses pleurs parvinrent au niveau de la Providence, à la notion de « grand », et<br />

par le biais de la Providence, nous sommes délivrés de toutes formes de peine et de<br />

souffrances.<br />

TORAH 251<br />

Sache qu’à cause des guerres c’est-à-dire les conflits, les pensées des impies, qui sont des<br />

pensées hérétiques, pénètrent l’esprit des personnes vertueuses. Le moyen de réparer,<br />

est de remettre cette guerre entre les mains de Dieu afin que Lui-même mène ce combat.<br />

De la sorte, l’homme peut annuler les pensées des impies. Mais sache que par le biais de<br />

leur charité, leurs pensées (des impies) reçoivent la force de se maintenir, quand bien<br />

même l’homme confierait la guerre à Dieu. Il existe en effet des actes de charité<br />

accomplis par des impies, car nous voyons que même les rois des autres nations font la<br />

charité et de bonnes actions, comme il est écrit : « Celui qui compatit <strong>pour</strong> l’indigent<br />

récoltera… » (Prov. 28:8).<br />

Sache également qu’un homme de vérité, accomplit les commandements avec perfection<br />

et dans les moindres détails entre lui et son Créateur, de la même manière qu’il se<br />

montre scrupuleux dans sa pratique d’un commandement devant les autres hommes.<br />

Ceci représente un aspect de la vérité puisque tout est « un » chez lui, qu’il accomplisse<br />

un commandement devant Dieu ou qu’il l’accomplisse devant d’autres personnes, une<br />

telle personne authentique reçoit ainsi la force d’attirer vers lui toutes les charités. En<br />

effet, ces charités que les impies pratiquent se tiennent loin d’eux et ne sont pas en leur<br />

possession, car la charité a <strong>pour</strong> aptitude de n’être attirée que vers la vérité. Et puisqu’ils<br />

(les impies) se trouvent loin de la vérité, la charité est également loin d’eux. Ainsi, cet<br />

homme de vérité attire vers lui toutes les charités, car la charité n’est attirée que par la<br />

vérité.<br />

Tel est le sens du verset : « La charité se tient à distance, car la vérité a trébuché dans la<br />

rue » (Isaïe 59:14), autrement dit, la charité se tient éloignée parce que la vérité a<br />

908


flanché dans la rue. En effet, puisqu’il n’y a pas de vérité chez les impies, la charité se<br />

tient à distance d’eux.<br />

C’est ainsi qu’il est écrit : « Et ce sera une charité, car nous veillerons à pratiquer toute<br />

cette loi devant l’Eternel notre Dieu, comme Il nous l'a ordonnée » (Dévarim 6:25). En<br />

d’autres termes, lorsque nous possèderont cette dimension de vérité consistant à garder<br />

et à accomplir tous les commandements, dans leurs moindres détails devant Dieu Seul,<br />

comme on le ferait devant les hommes. Tel est le sens de « Et ce sera une charité, car<br />

nous veillerons à pratiquer toute cette loi devant le Seigneur, notre Dieu, comme Il nous l'a<br />

ordonnée » - « devant le Seigneur, notre Dieu », véritablement, c’est-à-dire, que nous<br />

veillerons à accomplir tous les commandements devant Dieu, entre nous et notre<br />

Créateur, dans les moindres détails. Tel est le sens de « Comme Il nous l’a ordonné »,<br />

c’est-à-dire, dans les moindres détails, comme nous a enjoints le Saint béni soit-Il, ce qui<br />

correspond à la dimension de vérité. Ainsi, même lorsque seul, il accomplit un<br />

commandement devant le Saint béni soit-Il, il se montre scrupuleux, jusque dans les<br />

moindres détails. Dès lors « Ce sera une charité <strong>pour</strong> nous » - « <strong>pour</strong> nous »,<br />

véritablement. Autrement dit, que nous attirions vers nous toutes les charités, car la<br />

charité est naturellement attirée vers la vérité.<br />

Il en découle alors que lorsque cet homme de vérité attire vers lui les charités, ils (les<br />

impies) se voient privés du pouvoir de la charité et leurs pensées ne peuvent se<br />

maintenir.<br />

En outre, la charité est attirée vers la vérité, car la vérité est une, puisque « un » n’est<br />

qu’ « un » (et rien d’autre). En effet, avant le « un », que peux-tu compter ? (Séfer<br />

Yétsira), et s’il y a un second, etc., il n’est pas « un »… Ainsi, la vérité ne correspond qu’à<br />

« un », car lorsque l’on dit la vérité à propos de quelque chose, on ne peut dire qu’une<br />

seule chose, c’est-à-dire, la vérité telle qu’elle est. Par contre, il est possible de dire<br />

beaucoup de choses fausses sur quelque chose, comme rappelé par ailleurs [voir LMI-51,<br />

voir ce qui est expliqué à cet endroit : sur un ustensile en argent, on ne peut dire qu’une<br />

chose liée à la vérité, à savoir qu’il s’agit seulement d’un ustensile en argent. Mais si l’on<br />

voulait dire un mensonge, on <strong>pour</strong>rait dire beaucoup de choses : dire par exemple qu’il<br />

s’agit d’un ustensile en or, en cuivre ou autre chose. Il en est ainsi de toute chose dans ce<br />

monde : il est impossible de dire la vérité si ce n’est par une seule chose alors que le<br />

mensonge est multiple. Il en ressort que la vérité est « une ». Regarde dans cet<br />

909


Enseignement 51 d’autres idées merveilleuses au sujet de la vérité qui n’est qu’ « une »].<br />

Par conséquent, le Saint béni soit-Il, la Torah et Israël ne sont qu’un, car le Saint béni<br />

soit-Il est vérité, Sa Torah est vérité et le peuple juif est vérité. Dans la mesure où ils sont<br />

tous vérité, tout est « un », car il n’existe pas de changement dans la vérité, comme il est<br />

écrit : « Je suis l’Éternel, Je n’ai pas changé et vous, maison de Yaakov, vous n’avez pas été<br />

anéantis » (Malachie 3:6). Le Saint béni soit-Il est vérité et Il est un, sans changement, à<br />

Dieu ne plaise. Le changement n’existe que chez ceux qui reçoivent, car le changement<br />

ne se forme qu’en fonction du receveur. En revanche, il n’existe aucun changement en<br />

Dieu, béni soit-Il, à Dieu ne plaise.<br />

Ceci correspond à la dimension du soleil, car le soleil ne constitue qu’une seule force, et<br />

le changement n’existe que chez ceux qui le reçoivent. En effet, divers changements se<br />

forment par l’intermédiaire du soleil, comme le fait de ramollir ou de solidifier, refroidir<br />

ou réchauffer, ou d’autres propriétés. Mais tout ceci ne dépend que des réceptacles<br />

comme, par exemple, lorsque le soleil vient briller sur de la cire, il la ramollit. Puisque la<br />

cire n’est pas réellement dure, celle-ci a cette faculté de se ramollir, et il en va de même<br />

<strong>pour</strong> les autres propriétés. Le soleil quant à lui conserve cette force unique.<br />

Telle est la dimension de charité, correspondant au soleil, liée à la vérité, comme<br />

l’indique le verset : « Se lèvera <strong>pour</strong> vous, qui craignez Mon Nom, le soleil de charité », et<br />

comme l’enseignent nos maîtres, de mémoire bénie, à partir du verset : « Quand ce qui<br />

est élevé, devient insignifiant » (Ps. 12:9) – lorsque l’homme a besoin des autres, son visage<br />

prend diverses teintes » (Brakhot 6b). En effet, de nombreux changements résultent de la<br />

charité, et tout ne dépend que des réceptacles. Cependant, la charité, qui relève des<br />

dimensions de vérité et de soleil, représente une seule force et ne connaît pas le<br />

changement, car le changement n’existe que du côté des réceptacles, dont les visages<br />

changent de couleur. Chez certaines personnes, le visage change de teinte à cause d’un<br />

sentiment de supériorité qui est en elles, dans la mesure où il n’est pas convenable à<br />

leurs yeux d’avoir besoin des autres. Chez d’autres, à l’inverse, ce changement de teinte<br />

résultera d’un sentiment d’humilité, parce qu’ils ont besoin des autres (et qu'ils en ont<br />

honte, et sont gênés de déranger les autres <strong>pour</strong> leur cause). Chez d’autres encore, le<br />

changement de couleur du visage est provoqué par la joie de recevoir. Même dans ce<br />

domaine, il existe des variations car un autre ressentira un bonheur encore plus grand<br />

de recevoir. Il en ressort donc que les changements ne proviennent que de ceux qui<br />

reçoivent et chacun, selon sa nature, verra son visage changer. La charité, cependant,<br />

910


constitue une seule et unique force, car elle correspond à la vérité et au soleil, et c’est<br />

<strong>pour</strong>quoi elle se laisse attirer vers la vérité.<br />

Quant à Yaacov, qui correspond à la dimension de vérité, comme l’indique le verset : « Tu<br />

donnes la vérité à Yaacov » (Mikha 7:20), il est écrit à son propos : « Le soleil se leva sur<br />

lui » (Béréchit 32:31), de l’ordre de « Ce sera <strong>pour</strong> nous une charité », car le soleil<br />

correspond à la charité, comme dans « Se lèvera <strong>pour</strong> vous qui craignez Mon Nom, le soleil<br />

de charité ». En d’autres termes, grâce à la vérité, Yaacov avait la force d’attirer et de<br />

faire briller sur lui toutes les charités, correspondant au soleil. C’est <strong>pour</strong>quoi « « Le<br />

soleil se leva sur lui » - « <strong>pour</strong> lui », véritablement, de l’ordre de « Ce sera <strong>pour</strong> nous une<br />

charité ».<br />

En outre, le Talmud relate l’épisode suivant : « Il y eut un jour dans la maison<br />

d’étude une dispute si violente que l’un des rouleaux de la Torah en vint à se déchirer.<br />

Rabbi Yossi ben Kisma déclara : « Je serais surpris si cette maison ne devenait pas un jour<br />

une maison d’idolâtrie » (Yébamot 96b). Nous pouvons ainsi constater que les conflits<br />

entraînent l’idolâtrie et l’hérésie et tel est le sens du verset : « Qui ont conçu de mauvais<br />

desseins dans leur cœur, chaque jour fomentent des guerres » (Ps. 140:3). Autrement dit,<br />

les guerres, c’est-à-dire, les disputes, ont <strong>pour</strong> conséquence de susciter des mauvaises<br />

pensées dans le cœur, de l’ordre de l’hérésie.<br />

Pour remédier à cela, l’homme doit reléguer la guerre à Dieu, la Lui confier afin qu’Il<br />

mène Lui-même le combat. Telle est la notion de silence, au sens où il faut leur répondre<br />

par le silence et s’en remettre uniquement à Dieu, afin qu’Il combatte en notre faveur,<br />

comme le souligne le verset : « L'Éternel combattra <strong>pour</strong> vous et vous, vous garderez le<br />

silence » (Chémot 14:14).<br />

En effet, grâce à ce silence, la pensée est élevée et les mauvaises pensées d’hérésie<br />

disparaissent, comme dans : « Tais-toi : c’est ce qui s’éleva dans la Pensée (originelle, de<br />

Dieu). » (Mena’hot 29b,) car en vertu du silence, la pensée s’élève.<br />

Cependant, lorsqu’ils se taisent (les mécréants ayant pratiqué la charité) sont alors<br />

également en mesure, à Dieu ne plaise, de dégrader la réparation obtenue par le silence<br />

(de l’homme juif pratiquant la charité avec intégrité). Telle est l’allusion contenue dans<br />

le verset : « Des laboureurs/‘Horchim ont labouré mon dos… » (Ps. 129:3) –«‘HoRCHim »<br />

911


au sens de « silence », comme dans « Et vous, gardez le silence/ta’HaRiCHoun ».<br />

Autrement dit, leur silence « monte sur leur dos », c’est-à-dire, surpasse son propre<br />

silence. C’est <strong>pour</strong>quoi, le verset conclut ainsi : « … ont tracé de longs sillons », référence à<br />

leur charité, comme dans : « Ma charité témoignera <strong>pour</strong> moi » (Bér. 30:33), ce qui<br />

signifie que par leur charité, ils (les mécréants) sont en mesure de se renforcer, de telle<br />

sorte qu’à Dieu ne plaise, leur silence s’élève au-dessus de notre silence, comme dans «<br />

Des laboureurs ont labouré mon dos… ». En pareil cas, le conseil donné, consistant à<br />

confier la guerre à Dieu Lui-même comme dans « L'Éternel combattra <strong>pour</strong> vous et vous,<br />

gardez le silence », s’avère inefficace. Toutefois, l’homme de vérité attire vers lui toutes<br />

les charités et annule ainsi, la force de leur charité. Dès lors, de manière inévitable, leur<br />

mauvaise pensée s’annule de même que toutes les hérésies.<br />

TORAH 252<br />

Lorsque l’union règne entre les Justes, la charité ne cause aucun préjudice. En effet, de<br />

manière naturelle, lorsque l’on fait la charité, ce que l’on a donné vient à manquer. Mais<br />

grâce à l’union qui est instaurée entre les Justes, l’homme <strong>pour</strong>ra donner la charité sans<br />

que rien ne lui manque. De la sorte, l’homme peut faire preuve d’un don de soi véritable<br />

sans <strong>pour</strong> autant être endommagé et resté en vie.<br />

TORAH 253<br />

Sache que le fait de diminuer le sommeil peut réduire le désir sexuel. En effet, il existe en<br />

l’homme, depuis sa conception, un feu à partir duquel brûlent les flammes de toutes les<br />

tentations. D’autre part, ce même feu détruit et consume toute la nourriture et la boisson<br />

que le corps ingurgite. Mais par la réduction du temps de sommeil, ce feu faiblit et n’a<br />

plus la force de brûler convenablement. Mais le fait de dormir trop peu, nuit au cerveau.<br />

De la même façon, le fait de trop dormir - lorsque l’homme se force à dormir beaucoup<br />

trop -, affaiblit et réduit là encore ce feu mais abîme également le cerveau. Ce n’est que<br />

912


lorsque l’homme dort dans de justes proportions que la force du désir sexuel reste à son<br />

comble, car le feu n’est pas affaibli.<br />

[Nous avons entendu tout cela à partir des saintes conversations de Rabénou, mais il n’a<br />

pas expliqué clairement son intention profonde sur le sujet. Par ailleurs, d’après ce que<br />

j’ai pu comprendre de son exposé, l’intention est d’affirmer que nul conseil et stratagème<br />

ne saurait être efficace <strong>pour</strong> réduire le désir sexuel, car l’on endommage inévitablement<br />

le cerveau. Il aurait été possible d’affaiblir ce désir en réduisant le sommeil ou en<br />

l’augmentant, mais ces deux moyens nuisent au cerveau. C’est <strong>pour</strong>quoi, il n’existe pas<br />

de sagesse ou de conseil contre cela (ce désir). Il convient seulement de se renforcer et<br />

être fort <strong>pour</strong> maîtriser son penchant. Dieu l’aidera alors à chasser de lui cette<br />

tentation].<br />

TORAH 254<br />

Les yeux sont une chose particulièrement élevée et sublime qui voient constamment des<br />

grandes et incroyables choses. Si l’homme avait des yeux intègres, il comprendrait de<br />

grandes choses simplement à partir de ce que ses yeux voient, car il voit constamment si<br />

ce n’est qu’il ne sait pas ce qu’il voit. Ainsi par exemple, lorsque l’on fait passer devant<br />

les yeux d’une personne une chose de manière très rapide, l’homme ne sait pas ce qu’il a<br />

vu. Ainsi, même si au moment où l’on a fait passer la chose devant ses yeux, il l’a<br />

certainement vue, en une vision claire, il n’en reste pas moins qu’il ne sait pas ce qu’il a<br />

vu, car même si ses yeux ont vu la chose dans son intégralité, malgré tout, du fait de la<br />

vitesse, il n’a pas eu le temps de transmettre la vision à son esprit (la connaissance) afin<br />

de savoir ce qu’il a vu. En effet, le fait de savoir ce que l’on a vu dépend de la<br />

connaissance et ceci requiert un peu de temps, nécessaire à ce que la chose vue reste un<br />

peu devant ses yeux afin qu’il puisse transférer cet objet vu vers la connaissance. Ainsi il<br />

comprendra ce qu’il a vu. Mais à cause de la vitesse, il n’a vu cet objet que par le seul<br />

pouvoir de vision, mais il n’a pas eu le temps de faire arriver cette chose à sa<br />

connaissance. C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle il ne sait pas ce qu’il a vu. Dans le même sens,<br />

l’homme voit constamment avec ses yeux de grandes choses [c’est-à-dire des visions et<br />

913


des révélations], mais il est semblable à celui devant qui l’on fait passer des objets de<br />

manière très rapide à tel point qu’il ne sait pas ce qu’il a vu. Comprends bien cela.<br />

TORAH 255<br />

Lorsqu’un homme à foi dans le Juste sans même le concevoir ne fut-ce qu’un tant soit<br />

peu, il est alors susceptible de perdre cette foi, car la foi, à elle seule, peut être perdu. En<br />

revanche, s’il le conçoit également, c'est-à-dire qu’il le saisi (un tant soit peu) par son<br />

intellect, il n’est dès lors plus possible qu’il perde la foi.<br />

TORAH 256<br />

Le Nom « Ata » (toi) a la faculté d’apaiser les vagues de la mer en vertu de ce secret :<br />

« Quand ses vagues se soulèvent, Ata/Tu apaises leur fureur » (Ps. 89:10).<br />

TORAH 257<br />

« Quand tu entreras dans la vigne de ton prochain … » (Dévarim 23:25).<br />

Ceci fait référence à une anecdote précise. La mère (de Rabénou) donna cette<br />

instruction : Elle déclara à son entourage qu’une personne, même proche, que son fils ne<br />

pouvait supporter, ne devait pas rester en sa présence. Sinon, on devait faire appel à une<br />

aide extérieure (<strong>pour</strong> la faire sortir).<br />

En effet, lorsqu’un homme mange davantage que ses besoins, cette nourriture lui cause<br />

des dommages, car toute chose possède une source dont elle tire sa vitalité. Ainsi, les<br />

médicaments tirent leur vitalité par le fait que l’homme les prend <strong>pour</strong> se soigner. De<br />

même, les aliments tirent leur vitalité car on les mange et l’on reçoit notre vitalité grâce<br />

à eux - ainsi est (l’origine) de la vitalité des aliments. Mais lorsque l’homme mange trop,<br />

ce (surplus) d’aliment ne peut tirer aucune vitalité, puisque l’homme n’en a pas besoin.<br />

Tout se passe comme si l’homme avait placé cette nourriture dans un récipient, dont elle<br />

ne <strong>pour</strong>ra certainement pas tirer de vitalité. Ainsi, cet aliment cherche une (autre)<br />

vitalité dans laquelle il va puiser. Elle va ainsi extraire celle de l’homme et, par là même,<br />

lui porter atteinte. À cause de cela, le reste des aliments qu’il a mangés s’associe à celui-<br />

914


ci (cet aliment excédentaire) <strong>pour</strong> causer des dommages à l’homme. Tel est le sens du<br />

verset : « Tu mangeras afin de rassasier ton âme », et pas plus que cela, « mais tu n'en<br />

mettras pas dans ton panier », autrement dit, tu ne mangeras pas au-delà de tes besoins,<br />

car ceci ressemble au fait de placer (la nourriture excédentaire) dans un récipient, alors<br />

que tu n’en as pas besoin.<br />

TORAH 258<br />

Lorsqu’un homme est l’objet d’une opposition, on peut alors le détourner de la voie de<br />

Dieu et le faire choir de son niveau, à Dieu ne plaise. C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle le roi<br />

David, que la paix soit sur lui, se vanta lui-même : « Nombreux sont mes persécuteurs et<br />

mes ennemis, je n’ai pas dévié de Tes statut » (Ps. 119:157), car même si pesaient sur lui<br />

de nombreuses oppositions, il ne se détourna pas <strong>pour</strong> autant de la voie du Saint béni<br />

soit-Il.<br />

TORAH 259<br />

Lorsqu’un homme s’isole et exprime sa parole et sa peine devant Dieu, qu’il avoue et<br />

regrette la gravité des fautes qu’il a accomplies, la Présence divine elle aussi s’exprime<br />

devant lui sous forme de parole et de peine, et elle le console. En effet, chacun des<br />

dommages qu’il a causés à son âme est également causé à la Présence divine, si l’on peut<br />

dire. Tel est le sens de : « Tu as parlé à Dieu et Dieu t’a parlé » (Dévarim 26:17-18). Elle<br />

(Présence divine) le console et cherche des moyens de réparer tous les préjudices.<br />

TORAH 260<br />

915


Le nom correspond à l’âme, comme l’explique l’Enseignement 59, où il est écrit : « L’âme<br />

vivante est son nom » (Béréchit 2:19). Cette notion implique le sacrifice de soi, car il<br />

existe les dix martyrs qui firent don de leur vie <strong>pour</strong> l’unification du Saint béni soit-Il et<br />

Sa Présence divine. En effet, l’essence de l’Unification dépend du sacrifice de soi et à<br />

cette même époque, ces martyrs virent qu’il était impossible de réparer et de réaliser<br />

des unifications en haut, si ce n’est par leurs propres âmes. C’est <strong>pour</strong>quoi ils firent don<br />

de leurs vies <strong>pour</strong> la sanctification du Nom divin.<br />

Lorsque les âmes s’élèvent en Haut, par le sacrifice de soi, elles retournent alors vers la<br />

Présence divine, car c’est de là qu’elles sont sorties, puisque les Juifs constituent des<br />

véritables parcelles divines. Elles sont des parties de la Présence divine, à proprement<br />

parler, comme dans : « Portés depuis le ventre … » (Isaïe 46:3). Et lorsqu’elles retournent<br />

vers la Présence divine, celle-ci s’en glorifie : « Regarde avec quel enfant Je suis venue vers<br />

Toi » (Zohar III 13a). Un désir céleste est alors éveillé (quand les âmes juives remontent<br />

au Ciel), entraînant une unification, comme on le sait.<br />

Parfois, à d’autres occasions, ceci doit entrainer des meurtres, à Dieu ne plaise, lorsque<br />

sont tuées de nombreuses âmes juives, afin qu’une unification se produise par<br />

l’intermédiaire de leurs âmes qui s’élèvent vers le Haut. Parfois en effet, cette unification<br />

requiert de très nombreuses âmes, et telle la cause de ces meurtres, à Dieu ne plaise.<br />

Il en va de même de la perte du nom, en particulier <strong>pour</strong> quelqu’un de renommé. En<br />

effet, il arrive qu’un homme soit célèbre sans l’être réellement, au sens où il est certes<br />

connu et que tout le monde parle de lui, mais <strong>pour</strong> autant, il n’est pas renommé parce<br />

qu’il n’est pas du tout important. On <strong>pour</strong>ra trouver par ailleurs une personne qui ne<br />

serait pas contre la célébrité, mais qui a tout simplement perdu sa renommée, autrement<br />

dit, son nom qui correspond à l’âme. En pareil cas, même si sa volonté n’est pas d’être<br />

célèbre, il a malgré tout perdu sa renommée, comme un homme perdrait un objet de<br />

manière involontaire. En d’autres termes, il a perdu le nom qu’il possédait dans le<br />

monde et qui représentait la dimension de renommée qui se trouvait en lui.<br />

Il existe toutefois une personne (le Juste) qui agit volontairement et en toute<br />

connaissance de cause, et qui fait don de sa vie <strong>pour</strong> la sanctification du Nom divin, c’està-dire,<br />

l’aspect de renommée qui est en lui, correspondant à la dimension de son nom, lié<br />

à son âme.<br />

916


En conséquence, même s’il est célèbre (en Haut), il n’est en réalité pas du tout connu (en<br />

bas), et à l’inverse au contraire tous parlent de lui et lui prêtent quantité d’histoires<br />

imaginaires (et négatives) qu’il n’aurait jamais imaginées lui-même. Il vit ainsi cela<br />

comme un véritable meurtre mais agit ainsi de manière intentionnelle, car il relève<br />

véritablement de la catégorie du sacrifice de soi car le nom c’est l’âme, et c’est <strong>pour</strong> lui<br />

comme une véritable effusion de sang. De cette manière, il sauve (le peuple d') Israël de<br />

ce qui devait normalement s’abattre sur lui, à Dieu ne plaise, <strong>pour</strong> (la cause de)<br />

l’Unification. C’est en sacrifiant son nom, qui correspond à son âme, qu’il parvient donc à<br />

les sauver (le peuple juif).<br />

TORAH 261<br />

Lorsqu’un homme chute de son niveau spirituel, il doit savoir que sa chute provient du<br />

Ciel. En effet l’éloignement a <strong>pour</strong> but le début du rapprochement. Il est ainsi tombé<br />

<strong>pour</strong> s’éveiller davantage encore dans son rapprochement vers le Saint béni soit-Il. Le<br />

conseil adéquat <strong>pour</strong> cet homme : qu’il commence à nouveau à servir Dieu, comme s’il<br />

n’avait encore jamais commencé ! Il s’agit là d’un grand principe dans le service divin :<br />

recommencer chaque jour à nouveau.<br />

[Cette idée est abordée à de nombreuses reprises dans les ouvrages de Rabénou que son<br />

souvenir soit une bénédiction : un homme doit constamment se renforcer dans son<br />

service divin sans jamais se décourager en rien. Il doit simplement commencer à chaque<br />

fois à nouveau. Approfondis bien ce concept et tu en tireras un bénéfice éternel].<br />

TORAH 262<br />

Sache qu’à partir de nouvelles explications de Torah sont créés des fleuves. En effet,<br />

lorsque l’homme commence à innover (en trouvant de nouvelles explications ou<br />

interprétations) de la Torah, une source commence alors à couler, comme l’indique le<br />

917


verset : « Une source jaillira de la maison de l'Éternel » (Joël 4:18), ce qui fait allusion à<br />

l’intellect, comme il est écrit : « C'est par la sagesse que s'édifie la maison » (Prov. 24:3).<br />

Ainsi, cette source qui est au départ petite et étroite, s’élargit et se répand encore et<br />

encore <strong>pour</strong> se diviser en plusieurs fleuves auxquels tous viennent s’abreuver. Par<br />

conséquent, celui qui souhaite concrètement développer de nouvelles explications de<br />

Torah doit au préalable pleurer.<br />

En effet, lorsque sont créés ces fleuves auxquels tous viennent s’abreuver, les forces du<br />

mal et « l’Autre côté » viennent également puiser à Dieu ne plaise. C’est <strong>pour</strong>quoi,<br />

l’homme doit au départ pleurer, afin de générer par ces larmes des fleuves, comme<br />

dans : « Il a établi des fleuves à partir des pleurs » (Job 28:11). En en pleurant il rectifie<br />

ces fleuves où les forces du mal et « l’Autre côté » s’abreuvent jusqu’à l’étanchement de<br />

leur soif.<br />

Et ensuite, lorsqu’il crée (d’autres) fleuves, à partir de nouveaux développements sur ces<br />

explications nouvelles de la Torah, il peut alors les diriger (ces nouveaux fleuves)<br />

uniquement vers des endroits adaptés, afin d’éviter que des forces extérieures viennent<br />

s’y abreuver. C’est en ce sens que la rédaction des Lois et des nouvelles explications de<br />

Torah portent le nom de « MaSse’HeT » (Traité), comme dans : « À mon breuvage, j’ai<br />

mêlé/MaSsa’HTi, mes larmes » (Ps. 102:10). Il faut ainsi mélanger la boisson aux larmes,<br />

et <strong>pour</strong> cela il faut au préalable pleurer.<br />

Telle est l’allusion contenue dans le verset : « Sur les rives des fleuves de Babylone, là nous<br />

nous étions assis/YaCHaVnou, nous avons aussi pleuré » (Ps. 137:1), correspondant au<br />

Talmud de Babylone rédigé dans les YéCHiVot (Ecoles Talmudiques) à l’origine de la<br />

création de fleuves. Tel est le sens de « nous avons aussi pleuré », car il faut en premier<br />

lieu pleurer, comme dans : « À mon breuvage, j’ai mêlé mes larmes ».<br />

TORAH 263<br />

Sache que la maladie de la Kada’hat (sorte de fièvre) survient, à Dieu ne plaise, lorsque<br />

l’homme mange trop. En effet, lorsqu’il mange trop, il entre dans la catégorie de<br />

918


« nourriture d’un animal », car la caractéristique d’un homme est de manger selon ses<br />

besoins (et pas plus). Mais lorsqu’il mange davantage, cela s’apparente à un acte animal<br />

car ce dernier mange et mâche toute la journée. C’est <strong>pour</strong>quoi la fièvre surgit, que Dieu<br />

nous en préserve. De même, lorsque la nourriture de l’homme contient des étincelles de<br />

sainteté qui n’ont pas encore été raffinées <strong>pour</strong> passer du niveau de nourriture animale<br />

à celui de nourriture humaine, la maladie peut encore surgir [à moins qu’il s’agisse d’un<br />

homme de haute stature spirituelle, capable d’élever d’un seul coup la nourriture<br />

animale au rang de nourriture humaine].<br />

Lorsqu’un homme mange une nourriture animale, il sort ainsi de sa condition humaine<br />

<strong>pour</strong> entrer dans celle de l’animal. Tel est le sens de «Tu as placé l’homme au-dessus de<br />

nos têtes » (Ps. 66:12). Autrement dit, la condition humaine est au-dessus de lui car il se<br />

situe lui-même en dessous du statut d’homme, puisqu’il est descendu) celui d’un animal.<br />

Dès lors « Nous sommes passés par le feu et par l’eau », qui fait référence à l’idée de<br />

maladie de la fièvre, à Dieu ne plaise, mélange de feu et d’eau, chaleur et<br />

refroidissement, comme l’enseignent nos sages, de mémoire bénie, à propos du verset :<br />

« Au moment où le Saint béni soit-Il dit au premier homme : tu mangeras l’herbe du<br />

champ, ses membres se mirent à trembler et il dit : « Moi, comme l’âne, mangerions dans<br />

une même écuelle ? » (Bér. 3:18) » - « ses membres se mirent à trembler » (Avot de Rabbi<br />

Nathan 1:7), qui fait allusion à la maladie de la fièvre, issue de la consommation de<br />

l’herbe du champ, à l’image d’un animal. Pour cette raison « Lorsqu’il entendit : « À la<br />

sueur de ton front, tu mangeras ton pain », son esprit fut rassuré, car la maladie de la<br />

Kada'hat entraine une dégradation de la connaissance (Daat), puisque l’essence même<br />

de la connaissance dépend de la relation entre le feu et l’eau. Tel est le sens de :<br />

« Lorsqu’il entendit : « À la sueur de ton front … », car la guérison de cette maladie passe<br />

par la transpiration, grâce à laquelle « Son esprit fut rassuré », référence à la guérison de<br />

cette maladie, ce qui représente la perfection de la connaissance.<br />

TORAH 264<br />

La charité représente une réparation de l’Alliance de pureté. En effet, la dégradation de<br />

l’Alliance se produit lorsque l’homme, qui aurait dû exercer l’influence de la sainteté<br />

919


vers un endroit adapté, détourne cette influence <strong>pour</strong> la diriger ailleurs, à Dieu ne plaise.<br />

C’est <strong>pour</strong>quoi, la rectification passe par la charité, grâce à laquelle il peut revenir et agir<br />

à cet endroit, vers la sainteté, produisant ainsi une réparation. Telle est la signification<br />

de « Les hommes vinrent en même temps que les femmes » (Chémot 35:22), qui évoque la<br />

contribution au Sanctuaire, allusion à la notion d’union réalisée à partir de la charité liée<br />

à la participation au Sanctuaire. Mais lorsque l’homme donne la charité à un pauvre non<br />

méritant, l’inverse se produit et il est encore plus affecté (sa dégradation ne fait que<br />

s’empirer, au lieu de réparer), car il (aggrave le dommage) en agissant dans un endroit<br />

non approprié. Cette notion de réparation de l’Alliance opérée grâce à la charité est<br />

également mentionnée ailleurs (LMI-31 et LMII-54).<br />

TORAH 265<br />

La raison <strong>pour</strong> laquelle on brise un ustensile en terre lors de la cérémonie des fiançailles<br />

est la suivante : ces âmes appelées à former un couple ne forment qu’un en Haut.<br />

Cependant, en bas, leur lien et leur relation se situe à un stade caché, puisqu’ils ne savent<br />

encore rien de leur connexion et de leur union, jusqu’au moment de cet engagement. (Et<br />

c'est à ce moment que) se dévoile alors ce lien, qui était jusqu’à présent caché.<br />

Cependant, le dévoilement de ce lien, qui se révèle au moment de cet engagement, est un<br />

aspect du verset : « Les animaux/‘Hayot montaient et descendaient » (Ezéchiel 1:14), car<br />

leur association se dévoile au moment de l’engagement <strong>pour</strong> disparaître aussitôt. En<br />

effet, par la suite, les conjoints se séparent et s’éloignent, puisqu’elle lui est interdite<br />

jusqu’au mariage. Il en ressort ainsi qu’au moment de l’engagement, se révèle la lumière<br />

de leur union qui était jusqu’à présent dissimulée et qui disparaît juste après, au sens de<br />

« Les ‘Hayot montaient et descendaient ». C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle on brise un<br />

ustensile en terre au moment de ce contrat d’engagement. Il est écrit en effet : « Les<br />

‘Hayot montaient et descendaient comme un éclair de lumière », autrement dit, par la<br />

lumière qui sort des débris, c’est-à-dire l’étincelle qui sort au moment où l’on brise cet<br />

ustensile de terre mais qui n’est que temporaire. C’est <strong>pour</strong>quoi, au moment des<br />

fiançailles, lorsque la lumière de leur union se dévoile comme dans «montaient et<br />

descendaient », on brise un ustensile de terre. Ceci fait allusion au secret se trouvant<br />

920


dans le verset : « Les ‘Hayot montaient et descendaient comme un éclair de lumière »,<br />

[Pour une autre raison à cette coutume, voir LMI-60 et à la fin de LMII-90].<br />

TORAH 266<br />

Sache que la mort prématurée des animaux survient lorsque l’on ne se montre pas<br />

suffisamment scrupuleux par rapport au commandement de la Souka. La Souka<br />

correspond en effet à « La mère qui couve ses petits » (Tikouné III 255b) et à « Tu<br />

appelleras la mère Bina » (Prov. 2:3). Ceci renvoie à la distinction existant entre la<br />

condition de l’homme et celle de l’animal, comme l’enseignent nos sages, de mémoire<br />

bénie, à propos du verset : « Mon âme, bénis l’Éternel et n’oublie aucun de ses<br />

bienfaits » (Ps. 103:2) – « car Il a placé les seins (de la mère) à l’endroit de la Bina<br />

(Discernement) » (Brakhot 10a), alors que l’animal tête les mamelles de sa mère en bas.<br />

Telle est la différence entre le statut humain et celui de l’animal : l’homme tête à partir<br />

du sein humain, situé à l’endroit de la compréhension (Bina), au sens de « Tu appelleras<br />

la mère Bina », de l’ordre de la Souka. En revanche, l’animal tête à partir des mamelles<br />

animales placées en bas. Par conséquent, lorsqu’un homme porte atteinte au<br />

commandement de la Souka, il chute du niveau du sein humain situé à l’endroit de la<br />

Bina (Discernement), <strong>pour</strong> tomber dans celui des mamelles animales, dont il va alors<br />

puiser. Il en découle qu’il puise dans le flux (de subsistance) des animaux, et il se nourrit<br />

ainsi de leur vitalité, ce qui cause leur mort puisqu’il leur a enlevé leur énergie vitale.<br />

Ainsi, sa chute sera proportionnelle au dommage qu’il aura causé à la Souka. C’est ainsi<br />

qu’il prive les animaux de leur vitalité et provoque la mort de différents animaux. Tel est<br />

le sens de « Pour son bétail, il fit des Soukot (enclos) » (Béréchit 33:17) car la Souka était<br />

<strong>pour</strong> son bétail.<br />

D’autre part, le fait de travailler dans la construction (bâtiment) peut causer des<br />

préjudices, comme l’affirment nos maîtres, de mémoire bénie : « Tout homme qui<br />

travaille dans la construction s’appauvrit (et se met en danger)» (Sota 11a). En effet,<br />

construire une maison avec intelligence et sagesse est la condition nécessaire <strong>pour</strong><br />

éviter que cette construction porte atteinte à l’homme. Si c’est le cas, l’homme est alors<br />

habilité à construire une maison, comme l’indique le verset : « C'est par la sagesse que<br />

921


s'édifie une maison, par la raison qu'elle se consolide et par la connaissance que ses<br />

chambres se rempliront » (Prov. 24:3-4) [Car il y aura un espace <strong>pour</strong> faire entrer<br />

l’abondance]. Mais lorsqu’il construit sans réflexion, cette construction lui est nuisible et<br />

c’est <strong>pour</strong>quoi il s’appauvrit (ou se met en danger), car telle est sa sanction <strong>pour</strong> avoir<br />

causé des dégâts à son esprit, puisqu’il aurait dû construire sa maison avec sagesse. C’est<br />

<strong>pour</strong>quoi sa punition sera de s’appauvrir, ce qui correspond à la dégradation de la<br />

sagesse, comme dans « La sagesse du pauvre est dédaignée » (Ecc. 9:16). Ainsi, grâce à la<br />

Souka, qui correspond à l’intellect et à « Tu appelleras la mère Bina », il peut construire<br />

une maison, comme l’indique : « C'est par la sagesse que s'édifie une maison ». Tel est le<br />

sens du verset « Yaacov se rendit à Soukot et s’y construisit une maison » (Bér. 33:17).<br />

Ceci correspond à Chavouot, car Chavouot et Soukot sont un. En effet, la Torah sort de<br />

Bina, qui correspond à la dimension de Souka, comme il est écrit : « Ne délaisse pas la<br />

Torah de ta mère » (Prov. 1:8), correspondant à « Ta mère Bina » correspondant à la<br />

Souka. Ainsi, aussitôt après Soukot vient la fête de Sim’hat Torah, car de la dimension de<br />

Souka sort la Torah. Ainsi, en étant entrés dans la Souka, nous devenons nous-mêmes un<br />

aspect de la Torah, car c’est de là que sort la Torah. C’est alors (à la fin de Soukot/Sim'ha<br />

Torah) que débute la Torah, qui est commencement, liée à la « maison/BaïT », allusion<br />

au « BeiT » de BéréchiT, comme dans : «Yaacov se rendit à Soukot et s’y construisit une<br />

maison ».<br />

Telle est la dimension de « SiVAN », qui représente le temps du don de la Torah, dont les<br />

initiales forment le mot « VéYaacov Nassa Soukota Vaïvène Lo Baït/Yaacov se rendit à<br />

Soukot et s’y construisit une maison ».<br />

TORAH 267<br />

Chavouot est une guérison <strong>pour</strong> les poumons, car les cinq lobes des poumons<br />

correspondent aux cinq livres de la Torah (Tikouné 70a). Ainsi, lorsque nous recevons la<br />

Torah durant Chavouot, nous pouvons recevoir une nouvelle vitalité.<br />

922


TORAH 268<br />

Si un homme ne regarde pas le But ultime, alors à quoi lui sert la vie? En effet, l’âme<br />

désire constamment réaliser la volonté de son Créateur, et lorsqu’elle constate que<br />

l’homme n’accomplit pas la volonté du Saint béni soit-Il, à Dieu ne plaise, elle se languit<br />

alors (encore plus) vivement et aspire à retourner à sa source. Elle commence alors à se<br />

séparer et à quitter le corps de l’homme et c’est ce qui le rend malade, puisque la force<br />

de l’âme s’affaiblit. L’âme se retire de lui parce qu’il ne comble son désir, et son unique<br />

souhait est qu’il réalise la volonté du Saint béni soit-Il.<br />

Si l'homme peut parfois retrouver sa santé avec des médicaments, c'est que son âme<br />

remarque que cet homme est capable de s’imposer l’inverse de ses tentations et de ses<br />

habitudes, car même s’il était habitué au pain et à d’autres aliments, à présent il domine<br />

son penchant et accepte la guérison à travers des remèdes amers afin de recouvrer la<br />

santé. Ainsi, dans la mesure où l’âme voit qu’il est capable de maîtriser ses instincts <strong>pour</strong><br />

une quelconque finalité, elle revient en lui, car elle espère qu’il soumettra son désir <strong>pour</strong><br />

le but ultime : accomplir la volonté de son Créateur, béni soit-Il.<br />

TORAH 269<br />

Selon un manuscrit de Rabénou, de mémoire bénie<br />

Il est possible de connaitre la nature d’une génération à partir de la résidence<br />

(l’habitation) du Juste. On en trouve une allusion dans : « Elle siégeait sous le<br />

palmier » (Juges 4:5) que nos sages, de mémoire bénie, interprètent ainsi : « Tout comme<br />

le palmier ne possède qu’un seul cœur, ainsi est le peuple Israël » (Meguila 14a).<br />

TORAH 270<br />

Tout comme une personne en éveille une autre - lorsqu’un homme voit une personne<br />

réciter des prières ou des supplications avec ferveur et le cœur brisé, ceci suscite<br />

également en lui un éveil. Il s’éveille ainsi grâce à son ami et commence alors à regarder<br />

923


en lui-même, ce qui l’éveille lui aussi et le pousse à dire à son tour des prières avec un<br />

enthousiasme du cœur. De la même façon, il existe entre l’homme et lui-même, un éveil<br />

qui se manifeste à partir de ses propres paroles. Ainsi, par exemple, lorsqu’il récite des<br />

prières et des supplications avec ferveur et qu’il crie : « Hélas <strong>pour</strong> moi ! », à partir de<br />

ces mots, l’homme commence à regarder en lui-même : « Où suis-je… qui crie ainsi… ?<br />

Ces paroles «Hélas <strong>pour</strong> moi » ne se réfèrent-elles pas réellement à « moi » ? L’homme se<br />

remet alors, une seconde fois à crier : « Hélas <strong>pour</strong> moi », à « moi », précisément. Et<br />

même si la première fois, l’homme avait réellement l’impression d’avoir dit la chose<br />

sincèrement, il n’en reste pas moins qu’il réalise ensuite la différence entre (la sincérité)<br />

du début et celle de la fin.<br />

TORAH 271<br />

L’homme doit faire preuve d’une audace de sainteté, comme il est expliqué dans<br />

plusieurs endroits (LMI-22 et LMI-30), et comme il est dit : « Sois audacieux comme le<br />

léopard » (Avot 5:20). Il devra se montrer audacieux, y compris face à son propre Rav<br />

afin qu’il ose parler avec lui de tout ce qu’il souhaite, sans avoir honte. Si une personne<br />

est plus proche de son Rav, c’est qu’elle possède une plus grande audace et, <strong>pour</strong> cette<br />

raison, qu’elle parle davantage avec lui. Et ces choses sont interdépendantes. En d’autres<br />

termes, le fait même d’avoir l’audace de parler dépend du travail spirituel. Lorsqu’un<br />

homme agit et sert beaucoup Dieu, ceci lui donne l’audace de parler avec son Rav, et le<br />

fait de parler avec lui permet d’agir et de servir Dieu davantage. Ceci procure un éveil<br />

considérable en parlant beaucoup avec lui. Il en ressort ainsi que l’un dépend de l’autre.<br />

De la même façon, de nombreuses choses dans ce monde sont interdépendantes, sans<br />

que l’on sache où en est le point de départ, car chaque partie commence à partir de<br />

l’autre partie, et l’une est dépendante de l’autre.<br />

TORAH 272<br />

Voici la règle fondamentale dans le service Divin: considérer uniquement le jour même<br />

que l'on vit; que ce soit <strong>pour</strong> la subsistance ou <strong>pour</strong> d’autres nécessités, on ne doit pas<br />

penser au lendemain, comme le rapportent certains ouvrages. De même, dans le service<br />

924


divin, on se concentrera uniquement sur le jour et l'instant présents. Car dès qu'un<br />

homme désire s'engager dans le service divin, cette responsabilité lui parait trop lourde.<br />

Mais s'il prend seulement en considération le moment présent, le service de Dieu ne sera<br />

plus <strong>pour</strong> lui comme une charge excessive.<br />

Ainsi, l'homme ne devra pas reporter au lendemain ses obligations spirituelles qu'il doit<br />

accomplir le jour même, en se disant: « Demain je commencerai ! Demain je prierai<br />

comme il convient, avec concentration et force! » Car l'homme ne possède en ce monde<br />

que ce jour et cet instant présent, et le lendemain représente déjà un monde totalement<br />

différent.<br />

« Aujourd'hui si vous écoutez Sa voix » (Ps. 95, 7); « Aujourd'hui ! » précisément. .<br />

Comprends bien cela.<br />

TORAH 273<br />

Sache qu’il existe des enfants qui naissent dans le monde, mais il existe des hommes très<br />

élevés spirituellement, qui donnent naissance à des âmes, supérieures aux âmes<br />

s’habillant dans les enfants qui viennent habituellement au monde. En effet, toutes les<br />

âmes de ce monde sont au nombre de six-cent mille et bien qu’il y ait beaucoup plus<br />

d’êtres vivants, elles se répartissent simplement en étincelles (fractions d’âme), même si<br />

globalement elles ne sont que six cent mille (âmes uniques). Néanmoins, ces âmes<br />

évoquées plus haut sont au-delà des six cent mille âmes qui s’incarnent en ce monde, car<br />

elles ne peuvent s’habiller dans ce monde et même lorsqu’elles naissent dans ce monde,<br />

elles ne sont pas du tout considérées comme faisant partie de ce monde. Telle est la<br />

dimension des « enfants de Moché », dont il est dit : « Et les descendants de Ré’havia<br />

furent extrêmement nombreux, au-delà » (Chr. I, 23:17), que nos maîtres, de mémoire<br />

bénie, expliquent ainsi : « Au-delà » des six cent mille » (Brakhot 7a), autrement dit, ils<br />

ne furent pas du tout comptabilisés dans les six cent mille, car ils se situaient « au-delà<br />

d’eux ».<br />

Torah 274<br />

925


Sache qu’il existe des impies qui travaillent et se fatiguent tout au long de leur vie afin de<br />

se couper eux-mêmes totalement du Saint béni soit-Il et de Sa Torah. Et quand bien<br />

même sont-ils totalement mécréants, le point de sainteté d’Israël qui se situe encore en<br />

eux, les perturbe et leur envoie des pensées de repentir, de crainte et de la peur du<br />

grand jugement. Ainsi, ils ne tirent pas de plaisir de leurs fautes et de leurs tentations.<br />

C’est <strong>pour</strong>quoi, ils désirent et s’efforcent de parvenir à un état d’esprit de complète<br />

hérésie, à Dieu ne plaise, de telle sorte qu’il ne reste plus en eux la moindre trace de<br />

doutes (et de remords) susceptible de les faire pencher vers la vérité. Mais ceci requiert<br />

un très grand effort durant de nombreuses années, à Dieu ne plaise, car la judaïcité qui<br />

est en eux ne leur laisse pas de répit et les trouble constamment.<br />

Et sache que certains d’entre eux, une fois parvenus à l’objet de leurs désirs, à Dieu ne<br />

plaise, c’est-à-dire, à une hérésie totale sans le moindre doute quant à la vérité, ils<br />

meurent aussitôt, quittent ce monde et voient alors la vérité.<br />

TORAH 275<br />

Sache que chacun des commandements que l’on accomplit crée une bougie. Et lorsque<br />

l’homme quitte ce monde, s’il s’agit d’une âme élevée, très précieuse aux yeux de Dieu,<br />

on lui permet de fouiller (avec cette bougie) dans le Trésor du Roi, de chercher et de<br />

prendre ce qu’il désire dans le Trésor du Roi, béni soit-Il. Il s’agit là de la finalité ultime<br />

des délices du Monde à venir. Ainsi, cette recherche nécessite des lumières, comme<br />

l’affirment nos sages, de mémoire bénie : « On cherche avec des bougies » (Pessa’him<br />

10b), le déduisant du verset : « La bougie de Dieu est l'âme de l'homme, qui scrute toutes<br />

les chambres du ventre » (Prov. 20:27). Ainsi, ces lumières sont créés à partir des<br />

commandements, comme rappelé plus haut, comme dans « Le commandement est une<br />

bougie » (Idem 6:23) et c’est qu’après la mort, à la lueur de ces bougies que l’âme<br />

cherche dans les trésors du Roi.<br />

Tel est le sens du verset : « Libre parmi les morts » (Ps. 88:6), car lorsque l’homme quitte<br />

ce monde, il est « libéré/‘HoPhShi », de l’obligation des commandements. Le terme de «<br />

libre/‘HoPhShi », fait référence à la « recherche/‘HiPouSs » qui découle des<br />

926


commandements, car les commandements sont des bougies grâce auxquelles peut<br />

s’effectuer la recherche.<br />

Il existe toutefois un Juste qui se meurt durant sa vie, et ainsi de son vivant il cherche<br />

dans les Trésors du Roi.<br />

TORAH 276<br />

Sache que les repas de Chabat n’ont pas <strong>pour</strong> vocation de rassasier, mais ont <strong>pour</strong> seule<br />

finalité de bénir les six jours de la semaine, comme l’indique le Zohar $(II, 88a): « les six<br />

jours de la semaine sont nourris et bénis grâce aux repas de Chabat ». En effet, l’essence<br />

de la satiété se manifeste le Chabat, car l’aveugle ne peut être rassasié, comme nos<br />

maîtres le déduisent du verset : « Qui t'a nourri dans ce désert, de la manne, afin de<br />

t'affliger » (Dévarim 8:16) et « De larges pas affaiblissent la vue d’un homme, mais la<br />

récitation du Kidouch de Chabat la restaure » (Yoma 74b). Il en ressort que la vision<br />

connait son état de perfection durant le Chabat, ce qui engendre la satiété, puisque cette<br />

dernière se produit grâce à la vision des yeux.<br />

Tel est le sens de : « Ils font de petits pas en ce jour (du Chabat), attablés <strong>pour</strong> réciter la<br />

bénédiction à trois reprises » (chant du Chabat). En d’autres termes, les hommes<br />

marchent à petits pas durant le Chabat, ce qui entraine la perfection de la vision et créé<br />

la satiété. Ainsi, la raison <strong>pour</strong> laquelle nous nous attablons à trois reprises afin de bénir<br />

c’est-à-dire d’apporter la bénédiction aux six jours de la semaine. Mais <strong>pour</strong> le Chabat<br />

lui-même, il n’aurait pas été nécessaire de manger à trois reprises, car le Chabat rassasie<br />

de lui-même, et ne consiste qu’à bénir.<br />

TORAH 277<br />

Sache que lorsque des gens entrent en conflit avec un homme, celui-ci ne doit pas<br />

affronter ses adversaires, en se disant: « Je vais leur rendre la monnaie de leur pièce<br />

(leur faire subir en retour ce qu'ils m’ont fait) », car sa riposte entraînerait le mal que ses<br />

ennemis voulaient lui faire subir, à Dieu ne plaise. Bien au contraire, il devra les juger<br />

favorablement et leur offrir tous les bienfaits, et être de l’aspect de : « Que mon âme soit<br />

927


comme la poussière <strong>pour</strong> tous » (Brakhot 17a). C'est-à-dire d’être comme cette poussière<br />

que tout le monde foule alors qu’elle leur prodigue tout le bien : nourriture et boisson,<br />

or, argent et pierres précieuses, car tout provient de la terre. De la même façon, et même<br />

s’ils s’opposent à lui et lui veulent du mal, il leur prodiguera néanmoins tout le bien, à<br />

l’instar de la poussière.<br />

Ceci peut être illustré par la parabole d’un homme creusant sous la maison de son voisin.<br />

Si le propriétaire se tenait alors devant lui et se mettait également à creuser, ce voisin<br />

parviendrait sans nul doute à son objectif. En revanche, lorsque l’un creuse et que l’autre<br />

face à lui, verse de la terre et fait un tas devant lui, il provoquera certainement sa<br />

confusion, de telle sorte qu’il ne <strong>pour</strong>ra pas parvenir à ses fins. De la même manière, il ne<br />

faut pas faire front devant ses ennemis et agir comme eux, ce qui ressemblerait à creuser<br />

de la même manière que son ennemi, et lui permettrait d’atteindre aisément son but. En<br />

revanche, grâce à la dimension de poussière, comme dans « Que mon âme soit comme la<br />

poussière », l’homme peut confondre l’intention de son adversaire. Ce dernier se<br />

retrouve alors à creuser le puits dans lequel il tombera lui-même. Il chutera et restera<br />

dans le trou qu’il avait creusé au préalable <strong>pour</strong> l’autre, avec cette poussière renversée<br />

sur lui, car son voisin se tient devant lui et verse sur lui de la poussière comme dans<br />

« Que mon âme soit comme la poussière ».<br />

Tout ceci se produit lorsque ses opposants sont des impies. Par contre, lorsque des<br />

Justes s’opposent à lui, il est certain que leur intention ne peut être que <strong>pour</strong> le bien, et<br />

qu’ils l’élèvent et le hissent de cette manière en adoucissant (atténuant) les rigueurs<br />

pesant sur lui. Cet homme serait semblable à celui qui creuserait lui-même sous son<br />

voisin puis lui enverrait un beau cadeau. Nous retrouvons la même idée avec la charité :<br />

nous savons que plusieurs sages distribuaient de l’argent <strong>pour</strong> la charité de manière<br />

discrète sans que celui qui le recevait le sache (Kétouvot 67b). En ce sens, l’opposition<br />

des Justes ressemble à un cadeau donné en secret et discrètement.<br />

C’est ce que demanda David : « Quand mes ennemis se lèvent contre moi … » (Ps. 92:12-<br />

13). En effet, il existe un palmier dans le domaine de la sainteté, comme dans : « Le Juste<br />

fleurit comme le palmier » (Ps. 13) et, face à lui se trouve le palmier de l’Autre côté (des<br />

forces du mal), correspondant à la « levure de la taille d’une datte/Kotévet » - « Kotévet »<br />

signifiant une datte, c'est-à-dire le palmier des forces du mal. La levure représente<br />

l’ensemble des forces de rigueurs, correspondant à la valeur numérique du Nom divin<br />

Elokim, en valeur carrée (riboua') et en valeur pleine (milouye). C’est <strong>pour</strong>quoi, on<br />

928


l’appelle « TaMaR/datte », au sens de « TMouRa/échangé (opposé) ». Les forces du mal<br />

étant appelées « Tmoura ». En effet, l’opposé de la sagesse est la sottise, l’opposé de la<br />

vie (est la mort) …, comme rapporté (Séfer Yétsira 4:3). Ainsi, la source des rigueurs et<br />

des forces du mal se retrouvent dans la controverse de sainteté, car les forces du mal<br />

correspondent à la controverse, et son origine se situe dans la controverse de sainteté.<br />

Ainsi, la rigueur ne peut être atténuée qu’à sa source. C’est <strong>pour</strong>quoi, c’est par ces<br />

querelles entre les Justes qui constituent la controverse de sainteté, que les rigueurs<br />

peuvent être atténuées à leur source. De cette manière, le « Juste fleurit comme le<br />

palmier », car le palmier des forces du mal est ainsi adouci et annulé par la controverse<br />

qui atténue les rigueurs à leur origine. Il en découle que la controverse entre les Justes<br />

représente un grand bienfait. Et comme de là-bas, découlent les forces du mal et les<br />

rigueurs, et qu’elle constitue la controverse extrême, l’homme peut en arriver à croire<br />

qu’il s’agit réellement d’une totale controverse de haine (c’est-à-dire que l'homme peut<br />

croire à tort que la dispute entre les Justes constitue une vraie controverse), à Dieu ne<br />

plaise, car c’est de là-bas qu’elles émanent. Mais en réalité, elle n’est que <strong>pour</strong> le bien.<br />

Telle fut la requête de David : que s’abatte sur lui cette querelle de Justes et qu’il ne<br />

ressorte de cette controverse que du bien, car leur intention est certainement bonne.<br />

C’est <strong>pour</strong>quoi : « Quand mes ennemis/méREÏM se lèvent contre moi … », c’est-à-dire,<br />

l’opposition entre des Justes qui sont frères et « amis/REÏM », comme « deux amis/Réïm,<br />

qui ne se séparent pas » (Zohar III 4a), car ils sont très certainement emplis d’amour. Et<br />

lorsqu’ils se lèveront contre moi : « Mes oreilles entendront : le Juste fleurit comme le<br />

palmier » - que ressorte de cette opposition, que les bienfaits, de l’ordre du « Juste qui<br />

fleurit comme le palmier », lié à l’adoucissement des rigueurs. Que l’on ne s’égare pas, à<br />

Dieu ne plaise, et que l’on n’aille pas croire qu’il s’agisse d’une véritable opposition, afin<br />

de ne pas offrir une emprise à cette querelle, car toute cette controverse n’est que <strong>pour</strong><br />

le bien.<br />

Tous les remèdes médicinaux proviennent de la terre. Ainsi, lorsque la terre donne sa<br />

récolte, qu’elle injecte sa force à tous les arbres et à toutes les plantes, en particulier au<br />

temps de leur maturité durant le mois d’Iyar, les remèdes (basés sur les plantes)<br />

obtiennent alors plus de force, car la terre leur offre toute son énergie. En revanche, à<br />

une autre période, même si l’on prenait ces mêmes remèdes, ils ne possèderaient pas<br />

929


une telle faculté. C’est <strong>pour</strong>quoi on prend ces remèdes durant le mois d’Iyar, qui<br />

correspond au mois de Mai.<br />

L’essentiel est la terre d’Israël, car tous les pays reçoivent de sa substance. Ainsi, la terre<br />

d’Israël revêt deux aspects : elle est parfois appelée « terre de Canaan » et parfois<br />

simplement appelée « terre ». Autrement dit, lorsqu’il y a une opposition, elle est alors<br />

appelée « terre de Canaan », référence à la notion de « Can-Ani/pauvre ici», comme l’ont<br />

affirmé nos sages, de mémoire bénie, à propos du verset : « Il n’y aura pas de Canaani »<br />

(Zackaria 14:21) - « Eïn Can Ani/il n’y a pas de pauvre ici » (Pessa’him 50a). Il en ressort<br />

ainsi que Canaan renvoie à « Can Ani » et ceci est provoqué par la controverse, car une<br />

seule dispute repousse cent sources de revenus. Ceci est évoqué dans : « Il y eut une<br />

dispute entre les bergers des troupeaux d'Avram et les bergers des troupeaux de Lot. Le<br />

Cananéen occupait alors le pays » (Béréchit 11:7). Par la dispute et l’opposition, le<br />

« Cananéen occupait etc… » car elle porte alors le nom de « terre de Canaan ». Par contre,<br />

lorsque la paix règne, elle alors appelée simplement « terre », comme dans : « La terre a<br />

donné sa production » (Ps. 67:7). Elle donne ses forces à chaque produit de la terre, ce<br />

qui confère le pouvoir à tous les remèdes médicinaux. C’est <strong>pour</strong>quoi, les lettres du mot<br />

« Y(ï)YAR » ont <strong>pour</strong> initiales : « o(A)ïvaï Yachouvou Yévochou Raga/Que mes ennemis<br />

décampent, couverts soudain de honte » (Ps. 6:11), car c’est alors le temps de tous les<br />

remèdes, qui correspond à la paix, comme dans : « La terre a donné sa production », ce<br />

qui est l’opposé de la controverse, associée à la terre de Canaan.<br />

Et sache que l’honneur lié au Chabat se marque essentiellement par l’action de manger,<br />

comme il est écrit : « Vous en mangerez aujourd’hui » (Chémot 16:25). En effet, la<br />

consommation des repas de Chabat est particulièrement précieuse, totalement divine et<br />

sainte, comme expliqué par ailleurs (LMI-57). C’est <strong>pour</strong> cette raison, qu’il est très<br />

important d’abonder en repas le Chabat, qui constituent une réparation à la violation<br />

(des interdits) du Chabat, car il est quasiment impossible d’éviter complètement sa<br />

profanation. On peut donc facilement faillir et violer le Chabat, à Dieu ne plaise. La<br />

rectification de cette faute s’effectue ainsi en mangeant les repas de Chabat. En effet, la<br />

« profanation du Chabat/‘HiLouL Chabat » renvoie à la notion de « vide/‘HaLaL » et à la<br />

« disparition/Histalkout », comme dans « Si l’on trouve un cadavre/‘HaLaL dans la terre<br />

… » (Dévarim 21:1).<br />

930


En outre, nos sages enseignent que « lorsqu’un homme perd sa première femme, ses pas se<br />

font plus courts » (Sanh. 22a). Et la notion de « première femme » fait référence au<br />

Chabat, comme nos maîtres, de mémoire bénie, l’affirment : « Le Chabat dit au Saint béni<br />

soit-Il : « Tu as donné à chacun un conjoint mais pas à moi ». Le Saint béni soit-Il lui<br />

répondit : « L’Assemblée d’Israël, sera ta conjointe » (Béréchit Raba 11:8). Il en ressort<br />

que la violation du Chabat correspond à la notion de « petits pas », comme dans « Ses pas<br />

se font plus courts ». Mais il se trouve que nous voyons également l’inverse avec cette<br />

apparente contradiction. En effet, nos sages, de mémoire bénie, ont au contraire, interdit<br />

de faire de grands pas durant le Chabat (Chabat 113) et il faut donc précisément faire de<br />

petits pas en ce jour.<br />

Sache toutefois qu’en semaine, lorsque l’homme accomplit une<br />

« mitsva/commandement » – chaque commandement constituant une entité complète –<br />

les forces du mal puisent dans sa structure, et en particulier dans les « pieds » de ce<br />

commandement, d’où elles tirent leur vitalité, comme l’indique le verset : « Ses pieds<br />

descendent vers la mort » (Prov. 5:5). Mais durant Chabat, les pieds s’élèvent et quittent<br />

les forces du mal, comme dit le prophète : « Si tu reviens sur tes pas le Chabat » (Isaïe<br />

58:13).<br />

En effet, le Chabat, nous permettons aux « pieds » d’un commandement d’aller dans le<br />

domaine de la sainteté, <strong>pour</strong> se diriger ensuite vers le Saint béni soit-Il. Il est certain<br />

qu’au début de son parcours, ce commandement ne peut pas suivre une voie bien tracée,<br />

car il s’agit encore d’une route très fine que l’on emprunte pas à pas. Ceci est comparable<br />

à un petit enfant qui, lorsqu’il commence à faire ses premiers pas, ne marche pas très<br />

bien, mais dont le père, fort de son amour et du plaisir d’être avec lui, lui fait faire<br />

quelques petits pas sur le sol. Et comme nous pouvons le constater, lorsque l’enfant<br />

accomplit une petite chose ou prononce une parole quelconque, quand bien même ne<br />

s’agit-il pas d’un acte particulièrement adroit, du fait du grand amour du père et du<br />

plaisir qu'il en découle, celui-ci appréciera particulièrement ce geste et aura tendance à<br />

exagérer son importance <strong>pour</strong> faire de cette petite chose quelque chose de grand et<br />

d’important. Il en va de même avec le Saint béni soit-Il : lorsque le « commandement »<br />

commence son parcours ou que l’homme réalise une nouvelle initiative <strong>pour</strong> Lui, béni<br />

soit-Il, même s’il s’agit au départ d’un sillage très fin, malgré tout et grâce au plaisir<br />

931


profond qu’Il en tire, Il trace la route devant ses pas. Tel est le sens du verset : « La<br />

justice marchera au-devant de lui » (Ps. 85:14) - la « justice » fait référence aux<br />

commandements, comme il est écrit : « Tous Tes commandements sont justes ». Lorsque<br />

le « commandement » commence à marcher vers Dieu, béni soit-Il, dès lors « Il trace la<br />

route devant ses pas », autrement dit, le Saint béni soit-Il fait de ses pas, qui ne sont qu’un<br />

sentier, une route bien tracée. Ainsi, tout ceci est réalisé grâce aux repas de Chabat, dont<br />

les pieds reçoivent la force, comme il est dit : « Mâche bien et le résultat sera dans les<br />

pieds ». Ainsi par la nourriture de Chabat, les pieds reçoivent de la force, et les traces des<br />

pas qui ne sont (au départ) qu’un sentier étroit avec des petits pas, deviennent une voie<br />

bien tracée.<br />

Tel est le sens de « Ils font de petits pas en ce jour, attablés <strong>pour</strong> réciter la bénédiction à<br />

trois reprises », c’est-à-dire qu’ils font des petits pas durant le Chabat. Ceci est toutefois<br />

surprenant car, à priori, il s’agit d’une apparente contradiction. En effet, lorsqu’un<br />

homme a perdu sa première femme, il est dit que ses pas se font plus courts et le Chabat<br />

correspond à cette notion de « première femme ». Il aurait donc été plus normal que ses<br />

pas se fassent plus grands et plus larges. Cependant, « on s’attable <strong>pour</strong> réciter la<br />

bénédiction … », autrement dit, on mange le repas de Chabat et, en vertu de cela, les<br />

petits pas sont réparés puis élargis <strong>pour</strong> se transformer ensuite en route bien tracée,<br />

comme dans « Il trace la route devant ses pas». C’est <strong>pour</strong>quoi, grâce aux repas de<br />

Chabat, la violation (des interdits) du Chabat qui correspond aux petits pas, est réparée.<br />

En effet, le fait de manger durant le Chabat a la faculté de transformer les petits pas en<br />

grands pas, afin d’en faire une route bien tracée. Le pied peut guérir les poumons<br />

comme le savent les médecins.<br />

« Malheur à moi d’avoir séjourné à MéCheKh » (Ps. 120:5) : le roi David avait l’habitude<br />

de se concentrer durant sa prière et de décrire son désarroi d’avoir eu peur de « craintes<br />

frelatées », issues de « Mi-ChaKH/trois cents vingt » jugements. C’est <strong>pour</strong>quoi « j’ai<br />

séjourné à MéCheKh. En outre, « Tamar (640) » correspond à deux fois la valeur de<br />

ChaKh (2 fois 320).<br />

TORAH 278<br />

932


Sache que sur un bon couteau d’abattage rituel, il possible d’imaginer tous les<br />

« ustensiles/kelim » du Temple ainsi que leurs apparences. Nous voyons en effet que<br />

lorsque Yitshak demanda à Essav de bien vérifier le couteau et d’égorger<br />

convenablement (un agneau <strong>pour</strong> lui apporter à manger), il est écrit : « Prends, je te prie,<br />

tes instruments/kelim » (Bér. 27:3), ce qui fait allusion aux ustensiles du Temple qui<br />

peuvent être distingués sur un bon couteau. De même, le Midrach $(Béréchit Raba<br />

65:13) rapporte : « Tes instruments » fait référence aux ustensiles du Temple, comme ils<br />

l’enseignent à cet endroit : « tes instruments » - il s’agit de Babylone, comme il est écrit:<br />

« Il apporta les instruments dans la maison des trésors de son Dieu » (Daniel 1:2). Il en<br />

ressort que « tes instruments » fait allusion aux ustensiles du Temple.<br />

« En prenant sur lui Ma jalousie » (Bamidbar 25:11). Ceci se réfère au niveau du Juste qui<br />

ne jalouse aucun autre Juste, ni en ce monde, ni dans le monde à venir, mais uniquement<br />

le Saint béni soit-Il.<br />

TORAH 279<br />

Sache que certains disent des paroles de Torah du bas vers le haut. La parole est large<br />

d’en bas (mais étroite en haut), car elle se développe en bas et s’agrandit<br />

considérablement, alors qu’en haut, elle est étroite et le devient de plus en plus à mesure<br />

qu’elle s’élève jusqu’au plus haut sommet, où elle est extrêmement exiguë. Ceci<br />

s’explique par le fait qu’il ne reste rien d’elle en haut, si ce n’est une infime trace, une<br />

toute petite étincelle de sainteté. Il existe aussi l’inverse, lorsque l’on parle de la Torah<br />

du haut vers le bas. En haut, elle est très large et, à mesure qu’elle descend en bas, elle se<br />

réduit. Et en <strong>pour</strong>suivant sa descente en bas, elle devient particulièrement étroite et<br />

insignifiante, alors qu’elle est très large d’en haut.<br />

Il en est de même de l’éveil d’en bas, qui doit être étroit en bas, comme dans : « Dans ma<br />

détresse (litt. étroitesse), ma bouche a parlé » (Ps. 66:14), en référence au Chofar, dont la<br />

partie large se trouve en haut et la partie étroite en bas au niveau de la bouche. C’est<br />

<strong>pour</strong>quoi « Dans ma détresse (étroitesse) ma bouche a parlé », c’est-à-dire, que le côté<br />

étroit et serré est vers moi dans ma bouche, comme dans un Chofar. C’était ainsi avec<br />

David où toutes ses prières au commencement se faisaient dans la détresse et<br />

l’oppression comme lorsqu’il fut plongé dans une profonde détresse lors de ses épreuves<br />

933


avec Avchalom et Naval. Mais par la suite, cette même prière le conduisit à l’esprit<br />

prophétique.<br />

TORAH 280<br />

Sache que lorsque quelqu’un doit passer en jugement d’après les Lois de la Torah, il<br />

s’agit là d’une punition ou d’une vengeance exercée par la Torah (elle-même) à son<br />

encontre.<br />

En effet, toutes les négociations commerciales relèvent en réalité de la Torah. Ainsi par<br />

exemple, la Loi de « celui qui remplace une vache par un âne » s’inspire de la Torah, à<br />

plus forte raison lorsque l’on accomplit soi-même la chose il s’agit aussi de Torah<br />

[comme on raconte tout cela au nom du Baal Chem Tov, que son souvenir soit une<br />

bénédiction]. Par conséquent, lorsque l’homme fait du commerce, il doit uniquement<br />

rattacher sa pensée à la Torah et aux Lois qui s’y habillent. Quant à celui qui dissocie les<br />

affaires commerciales de la Torah et tombe dans le commerce proprement dit, sans<br />

relier son esprit à la Torah qui s’y habille, sa sanction consistera à se présenter devant<br />

un « jugement de Torah/Din Torah ». Il devra alors restituer toutes les paroles, les<br />

pensées et les affaires qu’il avait au moment de ses transactions commerciales, du début<br />

à la fin. Il s’agira de tout rapporter vers la Torah, autrement dit, il faudra à nouveau<br />

revenir et tout raconter aux juges afin qu’ils tranchent selon le jugement de la Torah. Il<br />

en découle que l’homme est revenu (dans son passé) et toutes ses paroles liées aux<br />

affaires commerciales sont devenues de la Torah. Il s’agit d’une vengeance exercée par la<br />

Torah contre lui, <strong>pour</strong> avoir dissocié les Lois de la Torah habillées dans ses transactions<br />

commerciales et être tombé dans le pur commerce comme s’il n’y avait pas du tout de<br />

Torah en elles. Telle est sa punition : il doit comparaître devant un jugement de Torah et<br />

présenter toutes les paroles liées aux transactions commerciales et en faire de la Torah.<br />

On lui montre alors que toutes ces affaires commerciales ne sont que de la Torah, car à<br />

présent tout ceci est devenu un jugement de Torah. Il est certain qu’il doit présenter<br />

devant les juges, toutes les paroles, y compris ses intentions, car s’il venait à manquer<br />

une quelconque parole ou pensée, le jugement en serait affecté. Il faut précisément tout<br />

raconter devant les juges, concernant ces transactions commerciales, <strong>pour</strong> aboutir à un<br />

934


jugement de Torah. Il apparaît ainsi que ces affaires commerciales sont devenues de la<br />

Torah.<br />

On lui montre que la chose n’était pas telle qu’il avait crue au départ en pensant que ces<br />

affaires commerciales étaient dénuées de Torah. En final il constatera de ses yeux que<br />

toutes les paroles liées aux affaires commerciales étaient de la Torah. Tout s’est<br />

transformé à présent en jugement de Torah.<br />

Tout va dépendre des dommages (occasionnés). En effet <strong>pour</strong> l’un, la sanction était<br />

seulement de passer en jugement mais d’en sortir acquitté. Il s’agissait simplement de<br />

lui montrer qu’il avait failli. En revanche chez un autre qui a dissocié davantage les<br />

affaires commerciales de la Torah, sa punition sera plus lourde et il ne sortira pas<br />

acquitté du jugement. En effet, lorsque l’on fait du commerce, seule la dimension<br />

superficielle de la pensée doit être investie dans nos affaires commerciales et<br />

l’intériorité de la pensée rattachée à la Torah.<br />

D’autre part le commerce requiert la foi, autrement dit, que l’homme traite ses affaires<br />

commerciales avec honnêteté et que sa parole soit une parole de vérité, comme<br />

l’enseignent nos sages, de mémoire bénie : « As-tu exercé tes affaires commerciales avec<br />

probité/foi ? » (Chabat 31a). Ainsi, les « affaires commerciales/MaSSa ouMaTaNe »,<br />

correspondent à l’action de hisser et « d’élever/MénaSSine » une chose avant de la<br />

« placer/MaTaNe » et la retourner à un autre endroit. Il existe en effet une dimension de<br />

sainteté chutée à travers ces étincelles tombées que l’on relève et hisse grâce aux<br />

affaires commerciales <strong>pour</strong> les réintégrer à leur place. Telle est la notion de Massa ou<br />

Matane. Le raffinement de ces étincelles et leur extraction des forces du mal s’exercent<br />

essentiellement par la foi car il est certain que la foi réside parmi ces étincelles de<br />

sainteté qui sont tombées, comme l’indique le verset : « Ceci est Jérusalem, Je l'ai placée<br />

au milieu des nations et autour d'elle étaient des pays » (Ezékiel 5:5). Jérusalem est une<br />

« ville fidèle/nÉéMaNa », au sens de « ÉMouNa/foi ». Elle réside au milieu des nations,<br />

autour d’elle …, car elle (Jérusalem) est toujours entre elles (les nations). C’est <strong>pour</strong>quoi,<br />

ces étincelles qui sont tombées sont attachées et accrochées à la foi qui les élève de cet<br />

endroit. Il faut ainsi pratiquer les affaires commerciales avec honnêteté car grâce à la foi,<br />

on élève ces étincelles. Ceci constitue l’aspect essentiel des affaires commerciales :<br />

élever les étincelles (tombées).<br />

935


Ceci correspond à la dimension profonde de « ‘HaBaD » qui est l’acrostiche de<br />

« ‘Hokhma-Bina-Daat », du monde de l’ « Action/Assia », qui s’élève jusqu’en « Yétsira/le<br />

Monde de la Formation », et Malkhout de Assia s’élève d’entre les Klipot (les forces du<br />

mal). Yetsira correspond au Vav, correspondant à la Torah (comme rapporté dans Zohar<br />

III 122b). Ainsi, en reliant l’intériorité de sa pensée à la Torah au moment où il fait des<br />

affaires, un homme parvient à la dimension profonde des forces intellectuelles du<br />

Monde de l’Action, liée aux affaires commerciales, correspondant à l’action, et qui s’élève<br />

vers la Formation (Yetsira), c’est-à-dire la Torah. Malkhout de Assia, c’est-à-dire, la<br />

notion d’honnêteté dans le commerce, s’élève (ensuite) au-dessus des forces du mal<br />

(Klipot), car elle extrait et raffine les étincelles et s’en sépare. Puis, lorsque les forces<br />

intellectuelles de « ‘HBD » de Assia s’élèvent vers Yetsira, il y a alors une place <strong>pour</strong><br />

permettre à Malkhout de s’élever vers Assia, de même lorsque « ‘HBD » s’élève en Yetsira,<br />

au moment où l’homme connecte sa pensée à la Torah. De la sorte, la foi reçoit la force<br />

de raffiner et d’extraire les étincelles d’entre les forces du mal et de les élever. En effet,<br />

sans cela, cette force (négative) aurait pu s’attacher également à la foi, à Dieu ne plaise.<br />

Toutefois, en rattachant la dimension profonde de la pensée à la Torah, elle reçoit la<br />

force de s’élever. Dès lors, une guerre est déclenchée, car il convient de se battre contre<br />

elles (les forces du mal) <strong>pour</strong> en extraire les étincelles.<br />

Telle est l’explication du verset : « Lorsque tu sortiras en guerre » (Dévarim 21:10) – « tu<br />

sortiras », il s’agit de la notion de transactions commerciales, comme dans : « Réjouis-toi<br />

Zvouloun, à ta sortie … » (idem 33:18), car le commerce est appelé « ta sortie/tsete'ha»<br />

car, même si Zvouloun et Issakhar sont égaux, puisque Zvouloun <strong>pour</strong>voit aux besoins<br />

d’Issakhar, il est écrit ici « Réjouis-toi Zvouloun », et sur tout cela il est dit « ta sortie ».<br />

Quant à Issakhar, il est écrit « Dans tes tentes », car le service de la Torah est plus<br />

profond et supérieur au travail commercial, quand bien même les affaires commerciales<br />

représentent également un grand service, car il <strong>pour</strong>voit aux besoins de l’érudit en<br />

Torah. Il est écrit à son sujet « Réjouis-toi Zvouloun ». Sur tout ceci, il est écrit : « ta<br />

sortie », contrairement au service de la Torah qui correspond à la dimension « d’Issakhar<br />

dans tes tentes ». En effet le service de la Torah reste toujours plus élevé. Il en est de<br />

même <strong>pour</strong> chaque niveau, par rapport au niveau qui lui est supérieur, le niveau<br />

inférieur est toujours appelé « ta sortie » par rapport au niveau au-dessus de lui, appelé<br />

« ta tente ». Ainsi, même <strong>pour</strong> celui qui sert le Saint béni-Il avec ferveur, cette dimension<br />

936


de ferveur est néanmoins appelée « dimension de ta sortie » par rapport au niveau<br />

supérieur. C’est <strong>pour</strong>quoi : « Lorsque tu sortiras » correspond à la notion de commerce.<br />

Ainsi, « <strong>pour</strong> la guerre, sur ton ennemi » signifie qu’il s’agit d’une situation de guerre<br />

contre les ennemis, car il faut élever et extraire les étincelles d’entre les forces du mal.<br />

Tel est le sens de « L’Éternel le placeras dans tes mains » - il s’agit de la foi, comme il est<br />

écrit : « Ses mains étaient foi » (Chémot 17:12) car les étincelles sont élevées grâce à la<br />

foi. C’est <strong>pour</strong>quoi : « Vous ferez des captifs », fait référence à la Torah, comme dans le<br />

verset : « Tu es monté au ciel, tu as fait un captif » (Ps. 68:19).<br />

TORAH 281<br />

Même un homme simple, s’il s’assoit et se concentre sur un livre en scrutant<br />

attentivement les lettres de la Torah (inscrites), sera en mesure de percevoir des<br />

nouveautés et des merveilles. En d’autres termes, en observant très attentivement les<br />

lettres de la Torah, ces lettres commenceront à éclairer et à se combiner, d’après ce que<br />

nos sages enseignent : « Les lettres (du pectoral) devinrent apparentes et se<br />

combinèrent (en mots) » (Yoma 73b). L’homme peut alors voir de merveilleuses<br />

nouvelles combinaisons et découvrir dans le livre ce que son auteur n’avait pas du tout<br />

en intention (de transmettre, au moment où il écrivait ces mots).<br />

Même un homme simple est capable d’y parvenir (à la différence d’un) grand homme qui<br />

lui peut y arriver sans effort. Aussi, s’il s’assoit et observe les lettres de la Torah, un<br />

simple homme percevra des nouveautés. Cependant, l’homme ne devra pas mettre cette<br />

chose à l’épreuve, car il se peut que précisément, il ne distingue rien du tout. Ainsi même<br />

un simple homme est en mesure de percevoir cela.<br />

TORAH 282<br />

937


Sache qu’il convient de juger toute personne favorablement. Même chez un fauteur<br />

invétéré, il faut chercher et trouver un tant soit peu de bien, une petite part de bien<br />

spécifique sur laquelle il ne peut être considéré comme mécréant. Ainsi, le fait même de<br />

trouver en lui un peu de bien et de le juger avec indulgence permettra véritablement de<br />

l’élever à une dimension favorable et de le conduire au repentir. Telle est l’allusion<br />

présente ici : « Encore un peu et il n’y a plus de méchant. Tu observeras sa place et il n’y est<br />

plus » (Ps. 37:10). Autrement dit, ce verset nous recommande de juger chacun<br />

favorablement, et même si tu constates qu’il s’agit d’un impie notoire, tu dois malgré<br />

tout chercher et trouver en lui un peu de bien au regard duquel il n’est pas méchant. Tel<br />

est le sens de « Encore un peu et il n’y a plus de méchant », car tu dois chercher en lui<br />

un « encore un peu » de bien, qui lui reste « encore », et dans lequel il n’est pas fauteur.<br />

Car même s’il est fauteur, comment se <strong>pour</strong>rait-il qu’il ne conserve pas encore un peu de<br />

bien ? Serait-ce possible qu’il n’ait pas accompli un commandement quelconque ou une<br />

bonne action de toute sa vie ? Ainsi donc, du fait même que tu trouves en lui encore un<br />

peu de bien, là où il ne saurait être méchant, et que tu le juges avec indulgence, tu arrives<br />

à l’élever véritablement du niveau de culpabilité à celui à celui de mérite, jusqu’à ce qu’il<br />

se repente grâce cela. C’est <strong>pour</strong>quoi « Encore un peu et il n’y a plus de méchant » - en<br />

trouvant chez le fauteur encore un peu de bien au regard duquel il n’est pas mauvais, dès<br />

lors : « Tu observeras sa place et il n’y est plus ». Autrement dit, lorsque tu réfléchiras<br />

et que tu regarderas sa place et son niveau et qu’il ne se trouve plus à sa place initiale,<br />

par le fait que l’on trouve en lui encore un peu de bien, un quelconque point positif et<br />

qu’on le juge favorablement, on l’extrait ainsi réellement du statut de coupable vers celui<br />

de méritant. Tel est le sens de « Tu observeras sa place et il n’y est plus ». Comprends bien<br />

cette chose .<br />

Dans le même sens, l’homme doit chercher également en lui-même (des points positifs),<br />

car la chose est connue : l’homme doit veiller scrupuleusement à être constamment<br />

joyeux et s’éloigner le plus possible de la tristesse [comme rapporté à plusieurs reprises<br />

(notamment LMII-24)]. Ainsi, même s’il commence une introspection <strong>pour</strong> constater<br />

qu’il n’y a pas la moindre trace de bien, qu’il est rempli de fautes et que les forces du mal<br />

désirent, à cause de cela, le faire tomber dans la tristesse et la mélancolie, à Dieu ne<br />

plaise, il lui est malgré tout interdit de chuter à cause de cela. Il devra donc simplement<br />

chercher et trouver en lui un « peu de bien » car, comment est-ce possible qu’il n’ait<br />

jamais accompli un commandement ou une bonne action durant toute sa vie ? Dès lors,<br />

938


même s’il commence à se concentrer sur cette petite chose positive, mais constate<br />

qu’elle est également bourrée de défauts sans nul endroit intact, c’est-à-dire qu’il<br />

constate que même le commandement et l’action sainte qu’il a réussis à faire, sont eux<br />

aussi remplis d’intérêts (égoïstes), de pensées étrangères et d’innombrables dommages,<br />

malgré tout cela, il est impossible qu’il n’y ait pas dans ce commandement ou cet acte<br />

saint, une quelconque part de bien ! En effet, d’une manière ou d’une autre, il existait<br />

quand même un certain point positif présent dans ce commandement ou cette bonne<br />

action accomplie.<br />

Ainsi l’homme doit chercher et trouver en lui-même un peu de bien afin de se revivifier<br />

et parvenir à la joie. En cherchant et en découvrant encore en lui un peu de bien, il sort<br />

réellement du stade de culpabilité à celui du mérite et il <strong>pour</strong>ra se repentir, comme dans<br />

« Encore un peu et il n’y a plus de méchant. Tu observeras sa place et il n’y est plus ». En<br />

d’autres termes, de la même façon qu’il convient de juger les autres favorablement,<br />

même les impies et trouver en eux des points positifs avec lesquels on les extrait d’un<br />

état de culpabilité à un état de mérite, au sens de « Encore un peu et il n'y a plus de<br />

méchant. Tu observeras sa place et il n'y est plus », ceci est également valable <strong>pour</strong><br />

l’homme qui doit personnellement se juger favorablement et se trouver un point positif<br />

afin de se maintenir, se renforcer et d’éviter de chuter complètement, à Dieu ne plaise.<br />

Au contraire même, il se redonnera vie et réjouira son âme du peu de bien qu’il trouve<br />

en lui, <strong>pour</strong> être parvenu à accomplir un simple commandement ou une bonne action<br />

durant sa vie. Ainsi, l’homme doit constamment chercher et trouver en lui y un point<br />

positif même si se mêlent également à cette bonne action de nombreux déchets. Il en<br />

extraira malgré tout un point positif, jusqu’à cherchera et accumuler d’autres points<br />

positifs<br />

C’est ainsi que des mélodies sont créées, comme expliqué par ailleurs (dans la LMI-54).<br />

Ceci s’apparente au musicien qui joue de son instrument et « filtre » le bon esprit (air) de<br />

l’esprit (l’air) brisé et triste.<br />

[La mélodie de sainteté est extrêmement élevée et elle est réalisée essentiellement par<br />

l’extraction du bien à partir du mal, en affinant et en récoltant les points positifs parmi<br />

les points négatifs. Des mélodies et des chants sont ainsi réalisés. Regarder là-bas<br />

attentivement]. Ainsi, en ne s’autorisant pas à tomber, mais (au contraire) en<br />

s’encourageant soi-même en cherchant, en explorant et en trouvant des points positifs,<br />

939


puis en récoltant et en extrayant ces points positifs du mal et des déchets qui s’y<br />

trouvent, des mélodies sont ainsi réalisées.<br />

Alors, l’homme est en mesure de prier, de chanter et de remercier Dieu. Nous savons en<br />

effet qu’une personne vient à perdre espoir à cause de son caractère grossier et de ses<br />

mauvaises actions, et lorsqu’elle constate qu’elle est particulièrement loin de la sainteté.<br />

Elle est en général, incapable de prier, totalement inapte à ouvrir la bouche tant est<br />

profonde sa tristesse et sa mélancolie dues à cette pesanteur qui s’abat sur elle en<br />

voyant à quel point elle est éloignée du Saint béni soit-Il. En revanche, lorsqu’elle se<br />

revivifie d’après les conseils donnés plus haut, c’est-à-dire même si elle sait<br />

personnellement qu’elle est responsable de mauvaises actions et de très nombreuses<br />

fautes et qu’elle est particulièrement loin du Saint béni soit-Il, il n’en demeure pas moins<br />

qu’elle doit chercher, sonder et trouver en elle-même ce qui lui reste de points positifs.<br />

Elle se redonne alors vie et joie grâce à cela.<br />

Aussi, il convient à l’homme d’accroître considérablement sa joie <strong>pour</strong> chacun des<br />

points positifs saints qu’il peut encore découvrir en lui-même. Dès lors s’il se vivifie et se<br />

réjouit grâce à cela, il sera en mesure de de prier, de chanter et de remercier Dieu. Tel<br />

est donc le sens du verset : « Je chanterai mon Dieu tant que j’existerai/Bé’ODi » (Ps.<br />

146:2), à proprement parler, c’est-à-dire, grâce à ma dimension de « OD/encore », car je<br />

trouve en moi-même cette dimension de « Od Méat/encore un peu et il n’y a plus de<br />

méchant ». Grâce à ce point, je <strong>pour</strong>rai chanter et remercier Dieu. C’est <strong>pour</strong>quoi « Je<br />

chanterai », je chanterai, véritablement, en référence aux chants et aux mélodies<br />

réalisés en récoltant les points positifs.<br />

[Rabénou, que son souvenir soit une bénédiction, nous a grandement encouragés à<br />

suivre cet Enseignement car il constitue un fondement essentiel <strong>pour</strong> toute personne qui<br />

aspire à se rapprocher du Saint béni soit-Il et ne pas perdre complètement sa part de<br />

monde futur, à Dieu ne plaise. En effet, la plupart des hommes qui sont loin de Dieu le<br />

sont à cause de la mélancolie et de la tristesse, parce qu’ils perdent espoir en constatant<br />

la gravité de la dégradation causée par leurs actes, chacun en fonction de ce qu’il ressent<br />

à travers les plaies de son cœur et ses douleurs. C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle ils se<br />

découragent et <strong>pour</strong> beaucoup d’entre eux, se retrouvent totalement désespérés, prient<br />

sans la moindre ferveur et ne font même plus ce qu’ils auraient été en mesure de faire.<br />

Par conséquent, l’homme doit beaucoup réfléchir à ce sujet, car les chutes viennent<br />

940


(principalement) de son esprit, et même si elles résultent de mauvaises actions<br />

accomplies, cette chute (mentale) suivie de la tristesse et de la mélancolie qui s’abattent<br />

sur lui, n’est qu’un stratagème du mauvais penchant destiné à affaiblir son esprit et de le<br />

faire chuter totalement, à Dieu ne plaise. C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle nous devons<br />

considérablement nous renforcer et nous armer par cet Enseignement afin de chercher,<br />

creuser et trouver en nous, à chaque fois, un peu de bien ainsi que des points positifs. De<br />

cette manière l'homme se vivifie, se réjouit et aspire à la délivrance. Il <strong>pour</strong>ra ainsi prier,<br />

chanter et remercier Dieu, comme dans : « Je chanterai <strong>pour</strong> mon Dieu tant que j’existerai<br />

(tant que je trouverai un point positif en moi, ne serait-ce le fait d'être juif) », en vertu de<br />

quoi il parviendra à revenir véritablement vers Dieu].<br />

Sache en outre que celui capable de composer ces mélodies, c’est-à-dire de récolter les<br />

points positifs situés en chaque Juif, y compris chez les fauteurs du peuple, <strong>pour</strong>ra<br />

officier devant le pupitre (l'endroit de prière réservé au ministre-officiant). Car celui qui<br />

prie devant le pupitre est appelé le « représentant de la communauté (Chalia’h Tsibour)<br />

et doit être délégué par l’ensemble de la communauté, afin de récolter chaque point<br />

positif situé en chacun des fidèles. Ensuite tous ces points positifs seront inclus en lui.<br />

Lui se tiendra debout et priera avec tout ce bien car telle est la définition du<br />

représentant de la communauté. Ainsi, ce délégué de la communauté (l’officiant) doit<br />

posséder un très haut niveau <strong>pour</strong> que tous les points positifs désirent s’englober en lui.<br />

Celui qui est en mesure de composer des mélodies est celui apte à juger chaque homme<br />

avec indulgence, même les plus insignifiants et les impies en s’efforçant de chercher,<br />

sonder et de découvrir chez chacun d’eux des points positifs. Il permet ainsi à des<br />

mélodies d’être créées. Ce Juste, qui se situe à ce niveau, peut-être délégué de la<br />

communauté, c’est-à-dire, prier devant le pupitre, car il possède cette dimension requise<br />

<strong>pour</strong> être un officiant véritablement digne de ce nom, où tous les points positifs désirent<br />

s’inclure en lui. Ainsi, il est capable d’engranger tous les points positifs présents chez<br />

chaque Juif, y compris chez les fauteurs de notre peuple.<br />

Sache d’autre part que dans chaque génération, il existe un Berger (un guide), entrant<br />

dans la catégorie de Moché, « le berger fidèle » qui édifie le Sanctuaire (Michkane).<br />

Sache que les petits enfants reçoivent le souffle de leur bouche, exempt de toute faute, à<br />

partir de ce Sanctuaire. C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle, lorsque l’enfant commence à lire et<br />

à entrer dans la Torah, il débute par « Vayikra El Moché/Dieu appela Moché » (Vayikra<br />

1:1 ; Vayikra Raba 7:3) – le mot « Vayikra » est écrit avec un petit Alef , car « Vayikra »<br />

941


évoque la fin de l’édification du Michkane, lorsque Dieu appela Moché et qu’il commença<br />

à parler avec lui à partir de ce Sanctuaire. Ainsi, les jeunes enfants commencent à partir<br />

de là, car c’est de cet endroit qu’ils reçoivent le souffle de leur bouche et de là-bas qu’ils<br />

commencent à lire et à entrer dans l’étude de la Torah.<br />

Sache également que tous les Justes de la génération correspondent à cette dimension<br />

de berger, car chez chacun d’eux se trouve un aspect de Moché et chacun selon son<br />

niveau réalise un aspect du Sanctuaire à partir duquel les enfants reçoivent le souffle de<br />

leur bouche. Et chacun selon son niveau et l’aspect du Sanctuaire qu’il réalise, possède<br />

des jeunes enfants qui reçoivent de lui. Ainsi, chaque Juste de la génération possède un<br />

quota de jeunes enfants qui reçoivent le souffle de leur bouche grâce à lui, chacun selon<br />

son niveau. Ceci correspond à cette affirmation de nos sages, de mémoire bénie : « Les<br />

jeunes enfants sont punis <strong>pour</strong> les fautes de la génération, comme l’indique le verset : « Et<br />

fais paître tes chevreaux près des tentes/MiCHKéNot des bergers » (Cantique 1:8) – car ils<br />

sont pris/mitMaCHKiNe à la place des bergers » (Chabat 33b). Tel est le sens de « Près des<br />

tentes des bergers » - ils reçoivent le souffle de leur bouche de la dimension des<br />

« tentes/MiCHKéNot » des bergers, autrement dit, des Justes de la génération car chacun<br />

d’eux construit un « Sanctuaire/MiCHKaNe ».<br />

Cependant <strong>pour</strong> avoir cette compréhension, c’est-à-dire connaître quels sont les enfants<br />

liés à tel Juste, combien ils reçoivent de lui, saisir tous les niveaux induits, ainsi que la<br />

génération qui émergera d’eux jusqu’à la fin des temps, sache que seul celui qui saura<br />

composer des mélodies comprendra cela. Et tel est le secret des paroles de nos maîtres<br />

de la Michna, de mémoire bénie qui ont affirmé : réellement « l’officiant/‘Hazane» voit<br />

où les enfants lisent » (Chabat 11a). Le ‘Hazane c’est-à-dire, celui qui est apte à composer<br />

des mélodies, qui est l’officiant et le « délégué de la communauté » priant devant le<br />

pupitre, est celui qui voit et sait « où les enfants lisent », autrement dit, chez quel Juste ils<br />

reçoivent le souffle de leur bouche par lequel ils lisent et entrent dans la Torah.<br />

Fini et complété, premier livre. Louange à Dieu.<br />

Voici différents ajouts à la première partie. J’ai rassemblé ici quelques nouveaux<br />

Enseignements (de Rabénou) à travers les paroles ou les écrits de nos amis. Ces<br />

Enseignements ne figuraient pas dans la première partie.<br />

942


TORAH 283<br />

[J’ai entendu en son nom (Rabénou) quelques paroles précieuses appartenant à un<br />

magnifique Enseignement mais il semble qu'il y manque du contenu, néanmoins je vais<br />

retranscrire ce que j'ai entendu].<br />

Sache qu’il existe deux Justes possédant une source commune mais qui sont néanmoins<br />

opposés. Ceci provient que l’un diffère totalement (de l’autre) dans la nature de la racine<br />

(d’âme). Ceci explique l’origine du conflit qui opposa Chaoul à David. Il est en effet écrit :<br />

« Que seul le bien et la bonté me <strong>pour</strong>suivent » (Ps. 23:6), que le Zohar explique ainsi :<br />

« Quelle différence entre bien et bonté ? Le bien contient en lui-même le bien alors que la<br />

bonté se répand à l’extérieur » (Zohar Térouma 168b). Telle est la dimension des deux<br />

Justes provenant de la même source, si ce n’est que l’un correspond à la dimension de<br />

bien, inclut en lui-même, c’est-à-dire, qui ne dévoile pas sa Torah aux autres, alors que le<br />

second correspond à la bonté, qui se répand, c’est-à-dire, qui dévoile sa Torah, ce qui<br />

caractérise la bonté comme dans : « La Torah de bonté est dans sa bouche » (Prov. 31:26 ;<br />

Souca 49b). C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle un antagonisme les oppose. C’est cette<br />

opposition qui existait entre Chaoul et David, car tous deux étaient de grands Justes et<br />

<strong>pour</strong>tant, un conflit les opposait car l’un correspondait au bien et l’autre à la bonté. Nos<br />

sages, de mémoire bénie $(Érouvin 53a) enseignent à ce sujet : « À propos de David, qui<br />

révéla ses enseignements de Torah, il est écrit : « Ceux qui Te craignent me verront et se<br />

réjouiront » (Ps. 119:74) alors que <strong>pour</strong> Chaoul, qui ne révéla pas ses enseignements, il<br />

est dit: « Et où qu’il se tourne, il fera le mal » (Samuel I 14:47). Comme nous l’avons vu,<br />

Chaoul, qui ne dévoila pas sa Torah, entrait dans la catégorie du bien, le bien « contenu<br />

en lui-même ». Quant à David, qui dévoila sa Torah, c’est-à-dire qui enseignait sa Torah<br />

au plus grand nombre, correspond à la bonté, qui se « répand à l’extérieur », comme<br />

dans « La Torah de bonté est dans sa bouche ».<br />

C’est <strong>pour</strong>quoi un conflit les opposa, car l’opposition correspond aux grondements du<br />

tonnerre, comme rapporté à un autre endroit (LMI-56). Il est ainsi expliqué que le<br />

tonnerre est généré par des vapeurs brûlantes absorbées par les nuages. Lorsque ces<br />

vapeurs s’épaississent de trop, les nuages ne peuvent plus les contenir, et cela a <strong>pour</strong><br />

conséquence de percer les nuages et de produire le tonnerre. Ceci correspond à la<br />

943


dispute. En effet, dans la mesure où la Torah est comparée au feu, comme dans : « Est-ce<br />

que Ma parole ne ressemble pas au feu … » (Jérémie 23:29) elle (la Torah) est retenue en<br />

son cœur comme un feu brûlant, parce qu’il ne la dévoile pas. Puis elle transperce et<br />

jaillit à l’extérieur, à l’image du tonnerre, qui correspond à la dispute. Tel est le sens de<br />

cet enseignement : « Les conversations des érudits en Torah requièrent une étude »<br />

(Avoda Zara 19b). La cause qu’ils débattent en s’opposant l’un à l’autre dans leur étude<br />

provient d’un manque d’enseignement c'est-à-dire que l’un n’apprend pas aux autres la<br />

Torah et garde le bien qu’il possède <strong>pour</strong> lui-même. Ainsi les controverses des Justes<br />

émanent de la Torah.<br />

En revanche, les conflits entre les impies ne proviennent pas du tout de la Torah, et c’est<br />

<strong>pour</strong>quoi David se plaignait au Saint béni soit-Il : « Des pervers m’ont creusé des<br />

fosses/ShI’Hot au mépris de Ta Loi » (Ps. 119:85) – car ils « parlent/meSI’Hine », et<br />

s’opposent à moi, sans aucun lien avec la Torah. C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle David<br />

demanda : « Que seul le bien et la bonté me <strong>pour</strong>suivent ». C’est-à-dire, tant que je suis en<br />

proie à la <strong>pour</strong>suite et à l’adversité, que cette opposition ne provienne que de la<br />

dimension du bien et de la bonté.<br />

TORAH 284<br />

Il m’est arrivé d’entendre (Rabenou) sermonner un homme qui lui avait dit qu’à cause<br />

de ses affaires commerciales il n’avait pas assez de temps libre <strong>pour</strong> l’étude de la Torah.<br />

Il (Rabénou) lui dit que quoi qu’il en soit, il était de son devoir de réserver (voler) un peu<br />

de temps <strong>pour</strong> se consacrer à la Torah chaque jour et ajouta que cela rejoignait les<br />

paroles de nos sages, de mémoire bénie : « On demande à l’homme (après la mort) : as-tu<br />

fixé/KaVa’ta des moments d’étude de la Torah ? » (Chabat 31a). Ainsi, le terme<br />

« fixer/KaVA' » est à rapprocher du terme « KéVA' », au sens de « voler », comme dans :<br />

« Il dérobera/KaVa' ceux qui leur dérobent/KoVé’em, la vie » (Prov. 22:23). En d’autres<br />

termes, on demande à l’homme s’il est parvenu à voler une partie du temps consacré à<br />

ses affaires. As-tu dérobé de ce temps <strong>pour</strong> l’étude de la Torah, car il incombe à l’homme<br />

de réserver et voler des moments <strong>pour</strong> la Torah malgré ses occupations<br />

professionnelles.<br />

944


TORAH 285<br />

« Elle a gouté, car sa marchandise est bonne » (Prov. 31:18). Autrement dit, aussitôt après<br />

avoir gouté à la saveur de la Torah du Juste Véritable, plus jamais (la lumière de cette<br />

Torah ne s’éteindra en lui, car :) « Sa lumière ne s’éteindra pas la nuit ». En d’autres<br />

termes, même si par la suite, l’homme est empêché de s’approcher de lui (du Juste) et<br />

qu’il s’en retrouve éloigné, ce qui correspond à la notion de « nuit » et « d’obscurité »,<br />

quoi qu’il en soit, la lumière de la Torah (qu’il étudia chez le Juste) l’éclairera <strong>pour</strong><br />

toujours. Car il a gouté un peu d’elle (de la Torah du Juste) quand il était proche de lui.<br />

Tel est le sens de « Elle a gouté, car sa marchandise est bonne » - dès que l’on a ressenti le<br />

bon goût de sa marchandise, c’est-à-dire la Torah du Juste, qui constitue sa<br />

« marchandise », autrement dit, sa Torah, dont le goût est (si) bon que dès lors sa<br />

lumière ne s’éteindra jamais durant la nuit. En effet, la lumière de la Torah qu’il a goûtée<br />

chez lui, l’éclairera <strong>pour</strong> toujours, y compris la nuit, c’est à dire au moment de<br />

l’éloignement qui correspond à la notion de « nuit », car <strong>pour</strong> l'éternité, sa lumière ne<br />

s’éteindra jamais.<br />

TORAH 286<br />

[Il y a longtemps, j‘ai entendu de lui (Rabénou) ce qu’il a dit à propos de la section «<br />

Choftim véChotrim », mais j’en ai oublié la plus grande partie. Voici ce qu’il en reste et ce<br />

dont je me souviens]<br />

Le Jardin d’Eden se définit selon deux aspects : la sagesse Supérieure et la sagesse<br />

Inférieure. En effet, l’essence du plaisir lié au Jardin d’Eden se caractérise par la<br />

perception de la sagesse divine ou sagesse Supérieure, et par la sagesse Inférieure<br />

correspondant au jardin d’Eden. Mais il est impossible d’y parvenir sans l’accès aux<br />

« entrées ». En effet, il existe des Portes, liées à la notion de « Portes du Jardin d’Eden »<br />

par lesquelles on mérite de pénétrer dans le Jardin d’Eden, c’est-à-dire (avoir accès à) la<br />

compréhension de la sagesse Supérieure et à la sagesse Inférieure. Cependant, ces<br />

Portes sont enfouies et cachées dans la terre, comme l’indique : « Les portes de Tsion se<br />

945


sont enfoncées dans le sol » (Lam 2:9). Il faut un maître (propriétaire) de la terre,<br />

gouvernant sur la terre, qui puisse extraire, ériger et édifier ces Portes enfoncées dans la<br />

terre. Et sache, que grâce à l’étude des (commentaires des) Décisionnaires de la Loi, on<br />

parvient à être roi et gouverneur sur la terre. On peut alors ériger et édifier les Portes<br />

qui sont enfoncées dans la terre. Tel est le sens du verset : « Un roi fait tenir son pays par<br />

la justice » (Prov. 29:4), « par la justice » précisément, c’est-à-dire, grâce à la justice,<br />

correspondant aux Lois et règles de la Torah, d’après l’étude des Décisionnaires, qui<br />

éclaircissent les Lois et les règles de la Torah. En vertu de cela, l’homme devient roi et<br />

gouverneur et <strong>pour</strong>ra faire tenir la terre, puis ériger, édifier et dévoiler les Portes qui<br />

sont enfoncées dans la terre. De cette manière, on peut accéder au Jardin d’Eden. Tel est<br />

le sens de « Tu placeras des juges et des policiers dans toutes les villes que l'Éternel ton<br />

Dieu, te donnera, à tes tribus/liCHVaTekha » (Dévarim 16:18) – « CHéVeT », a <strong>pour</strong><br />

acronyme : « Tav’ou V(b)aarets CHéarékha », « Ses portes se sont enfoncées dans la<br />

terre ». C’est <strong>pour</strong>quoi : « Tu te donneras des juges et des policiers », car les juges et les<br />

policiers correspondent aux dirigeants et aux gouverneurs sur la terre. Ainsi : « juges », à<br />

proprement parler, car l’essentiel passe par les jugements de la Torah, liés aux<br />

Décisionnaires, comme dans « Un roi fait tenir son pays par la justice ».<br />

De la sorte, les Portes qui étaient enfoncées dans la terre apparaissent, c’est <strong>pour</strong>quoi : «<br />

...tu te donneras dans toutes les villes … à tes tribus », car les juges et les policiers élèvent<br />

les Portes qui sont enfoncées dans la terre. D’où : « Dans toutes les villes … à tes tribus »,<br />

car ils édifient et dévoilent les Portes qui ont disparu, comme dans « Ses portes se sont<br />

enfoncées dans la terre ». Ils les élèvent grâce à leurs jugements, c’est-à-dire, l’étude des<br />

Décisionnaires, au sens de « Un roi fait tenir le pays … ».<br />

******<br />

946


Béni soit Celui qui prodigue la force à celui qui est fatigué et démuni, qui dans son<br />

incommensurable Miséricorde, nous a aidés à commencer et à achever ses premières<br />

paroles, rapportées dans ce merveilleux volume, le livre Likouté Moharane. Afarsémone<br />

pure de treize fleuves, Tsafnat Panéah d’où tous les secrets sont dévoilés et expliqués<br />

dans les chemins de Néardéa. Ainsi, toutes les voies de la sagesse véritable, de la crainte<br />

de Dieu et les conseils de sainteté y sont dévoilés. Existe-t-il un tel homme animé de<br />

l’esprit divin, auquel sont dévoilés tous les mystères cachés et dont toutes les paroles<br />

sont semblables à des braises ardentes et des feux d’artifices incandescents ? Levez-vous<br />

et bénissez l’Éternel votre Dieu, du commencement et à jamais, de nous avoir dévoilé Ses<br />

Lumières. Il est le secours de nos Pères, depuis toujours, Il les protège et les secoure, eux<br />

et leurs descendants <strong>pour</strong> toutes les générations. Prosternons-nous et prions le<br />

Miséricordieux de nous venir en aide, afin de commencer et terminer la seconde partie<br />

Tinyana, du livre Likouté Moharane. Éternel, délivre-nous ! Tout comme nous avons joui<br />

du mérite de mettre en ordre ses premières paroles, puissions-nous avoir le mérite d’en<br />

faire de même et de revenir à Tsion, au plus tôt et de nos jours. Que puisse s’accomplir le<br />

verset : « Viens donc et regarde du haut de l’Amana » (Cantique des cantiques 4:8).<br />

Amen, que telle soit Ta Volonté.<br />

******<br />

INTRODUCTION SECONDE PARTIE<br />

Ceci est le livre des origines de l’homme, paroles pures, que nous avons entendues de la<br />

bouche de notre saint Rabbi, lumière cachée, dissimulée et enfouie, notre Maître Rabbi<br />

Na’hman, que le souvenir du Juste soit une bénédiction, dont les enseignements<br />

extraordinaires ont vu le jour, dans le Likouté Moharan, déjà imprimé. Voici, à présent,<br />

les dernières paroles qu’il a ajoutées et révélées une fois l’ouvrage achevé. Ce que nos<br />

oreilles ont entendues de sa sainte bouche, depuis ce jour jusqu’à sa disparition, est<br />

retranscrit ici. Il faut savoir que toutes les paroles de ce livre et celles du premier livre<br />

déjà imprimé, contiennent des notions extrêmement élevées, profondes et aussi vastes<br />

que l’océan. Il est très difficile d’en percer la signification profonde même dans leur sens<br />

947


simple, car il s’agit de concepts très élevés. En expliquer totalement leur signification par<br />

écrit relève donc de l’impossible, même en se limitant au sens le plus superficiel. En<br />

effet, chaque nouvel Enseignement et sujet abordés par notre Maitre contient une<br />

multitude de secrets, émanant tous d’une source extrêmement élevée et sublime. Il s’agit<br />

d’enseignements très généraux, chacun d’entre eux regorgeant de sujets merveilleux et<br />

magnifiques. Chaque Enseignement comporte divers aspects et sujets. Quoi qu’il en soit<br />

et au prix d’un effort certain, celui qui s’y plonge sera en mesure de comprendre un peu<br />

du sens simple et <strong>pour</strong>ra saisir également une chose à partir d’une autre. En revanche,<br />

l’essence et la source de ces enseignements dépasseront toujours notre perception. Il<br />

nous sera toujours impossible de détailler et de raconter la grandeur de notre Maitre,<br />

que le souvenir du juste soit une bénédiction, tant l’opposition à son égard fut extrême<br />

durant sa vie. Mais celui qui réfléchit sur le sujet le comprendra un tout petit peu<br />

lorsqu’il portera à ses yeux et à son cœur, les paroles de notre Maitre de mémoire bénie.<br />

Il méditera et comprendra tant soit peu la puissance, la force, l’élévation, toute la valeur<br />

et la magnificence de sa grandeur. Et au-delà, peut-être méritera-t-il de comprendre<br />

davantage encore par la suite. Ces concepts sont <strong>pour</strong> l’instant cachés jusqu’au jour où<br />

un esprit venu d’en Haut viendra les révéler.<br />

Cependant, il convient sur ce point d’enseigner à tous ceux qui nous sont proches, et<br />

profondément attachés aux paroles de notre Maitre - que le souvenir du Juste soit une<br />

bénédiction - qui espèrent et désirent ardemment entendre ses paroles, dont les yeux<br />

aspirent à voir ses écrits, que toutes les paroles de notre Maitre, Lumière cachée, paroles<br />

nées dans la sainteté et la pureté de sa sainte bouche, ont <strong>pour</strong> intention essentielle de<br />

signifier que ce n’est pas l’étude mais l’action qui prévaut dans cet ouvrage. En effet,<br />

toutes ses paroles saintes constituent des comportements merveilleux et des conseils<br />

superbes d’éveil puissant au service du Saint béni soit-Il. Toutes ses paroles sont<br />

semblables à des braises ardentes qui brûlent comme des flambeaux, exaltent le cœur<br />

d’un enthousiasme profond et d’un désir ardent le Saint béni soit-Il. Nul besoin<br />

d’expliquer ceci au lecteur intelligent qui recherche sincèrement la pure vérité car il<br />

comprendra avec son propre esprit. Ses yeux verront et son cœur se réjouira. Pour cette<br />

raison, je m’abstiendrai d’en dire davantage et conclurai simplement ainsi : « Assez ».<br />

Que celui qui est doué d’intelligence garde le silence jusqu’au jour où nous aurons le<br />

mérite de monter à Tsion avec allégresse, très bientôt et de nos jours, amen.<br />

948


INTRODUCTION A LA SECONDE EDITION<br />

Voici les paroles du scribe et éditeur, <strong>pour</strong> l’honneur de la Torah :<br />

Nathan, fils de mon père et maitre, Rabbi Naftali Hertz de Nemrov, et gendre du fameux et saint Rabbi David<br />

Tsvi, ancien grand rabbin de Sharigrad, Kremnitz et Moholov.<br />

Ce livre saint a déjà été imprimé à Moholov juste après le départ de Rabénou mais du fait<br />

de sa popularité, rapidement épuisé. Il est à présent édité une seconde fois agrémenté de<br />

plusieurs ajouts importants comme <strong>pour</strong>ra le constater le lecteur par lui-même. Nous<br />

avons également ajouté, à la fin de l’ouvrage, des points merveilleux que j’ai récoltés à<br />

partir de ses saints enseignements que j’ai entendus <strong>pour</strong> la plus grande part de sa<br />

bouche même, mais aussi rapportés par d’autres, à partir de ce qu’ils ont eux-mêmes<br />

entendus de la sainte bouche de Rabénou. Je suis particulièrement conscient de la<br />

grande profondeur de ses saintes discussions et des enseignements importants que l’on<br />

peut en apprendre, des nombreux et précieux conseils que l’on peut en tirer <strong>pour</strong> le<br />

service de Dieu et des règles de bonne conduite que l’on peut apprendre de ses paroles<br />

<strong>pour</strong> tous ceux qui possèdent un cerveau et observent la vérité. C’est <strong>pour</strong>quoi je me suis<br />

dit que je ne me priverai pas d’imprimer une partie de ces saintes conversations même<br />

si certaines d’entre elles ont été imprimées dans des ouvrages déjà parus. Pour l’heure,<br />

j’ai ajouté beaucoup d’autres enseignements. En raison des frais d’impression et d’un<br />

manque de temps car les Jours redoutables approchent <strong>pour</strong> le bien, il devenait<br />

impossible d’imprimer la totalité des saintes conversations que je possède en manuscrit.<br />

Mais avec l’aide de Dieu, j’imprimerai l’ensemble en temps voulu car je saisis<br />

parfaitement la portée de chacun des mots prononcés par sa sainte bouche, avec sainteté<br />

et pureté. J’ai vu, Dieu en soit loué, que les conversation déjà publiées ont rencontré le<br />

succès et ont porté leurs fruits. Tous ceux qui les ont lues en ont fait l’éloge et tous ceux<br />

qui recherchent la vérité les ont particulièrement appréciées. Le Saint béni soit-Il nous<br />

accordera le mérite de suivre la voie de la vérité afin d’accomplir toutes ses paroles qu’il<br />

(Rabénou) n’a cessé de prononcer devant nous, de différentes manières, sous la forme<br />

d’exposés publics ou de discussions impromptues avec des groupes de personnes ou<br />

avec chacun en particulier. Il nous a parlés de diverses manières, mais à chaque fois,<br />

dans le but de diriger nos cœurs vers le Saint béni soit-Il, afin de Le servir avec sincérité<br />

et innocence. Puissions-nous mériter de réaliser véritablement Sa volonté. Amen, qu’il<br />

en soit ainsi.<br />

949


******<br />

« Un était Avraham » (Ezékiel 33:24).<br />

Avraham servait Dieu uniquement du fait qu’il était comme « un ». En d’autres termes, il se<br />

considérait seul au monde sans tenir compte des autres qui s’étaient éloignés de Dieu<br />

et qui tentaient de l’empêcher de suivre sa voie spirituelle, fut-ce son père ou tout<br />

autre importun. Il agissait simplement comme s’il était seul au monde. Tel est le sens<br />

de « Un était Avraham ».<br />

De même, toute personne qui aspire à entrer dans le service de Dieu ne le peut qu’en se<br />

considérant seule au monde et en ignorant tout celui susceptible de l’en empêcher,<br />

fussent son père, sa mère, son beau-père, sa femme ou ses enfants… ou les obstacles<br />

provenant des autres gens qui le raillent, et l’incitent à se détourner de son service<br />

divin. Il devra totalement les ignorer et être au niveau de « Un était Avraham » - comme<br />

étant unique au monde.<br />

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