Essentiel Prepas 26 avril 2019
Essentiel Prépas, édité par HEADway Advisory. Premier magazine entièrement dédié aux classes préparatoires EC. Sous la direction d'Olivier Rollot headway-advisory.com
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<strong>avril</strong> <strong>2019</strong> | N° <strong>26</strong><br />
Prépas économiques et commerciales<br />
paroles de profs<br />
Pour mieux connaître<br />
les classes préparatoires à l’ENS<br />
Paris-Saclay et à l’ENS Rennes<br />
entretiens<br />
Jean Bastianelli (APLCPGE)<br />
Mickaël Prost (UPS)<br />
Marc Mézard (ENS)<br />
Débat<br />
Comment est enseignée<br />
la transition énergétique dans<br />
le supérieur ?<br />
Pourquoi s’inscrit-on<br />
en classe préparatoire ?<br />
Photographie : © ESC La Rochelle / Excelia Group
l’essentiel du sup prépas<br />
édito + sommaire<br />
<strong>avril</strong> <strong>2019</strong> N° <strong>26</strong><br />
Les prépas ce n’est pas<br />
ce qu’on croit…<br />
Cela infirme totalement la réflexion qui sous-entendait la<br />
volonté d’anonymiser le nom des lycées dans Parcoursup :<br />
à niveau scolaire identique, un élève scolarisé dans un<br />
lycée à « niveau faible » aura plus de chances d’être admis<br />
en CPGE que celui inscrits dans un « bon » lycée. C’est l’un<br />
des enseignements d’une toute récente note de la DEPP<br />
sur Les déterminants de la poursuite d’études en classe<br />
préparatoire aux grandes écoles : les enseignements de la<br />
procédure APB 2016.<br />
Comme quoi l’anonymisation du nom des lycées des candidats, dont rêvaient beaucoup,<br />
aurait pu provoquer des effets strictement inverses à ceux qu’ils escomptaient.<br />
Heureusement professeurs et proviseurs de classes préparatoires ont su se faire<br />
entendre. Mais que de méconnaissance de leur travail.<br />
Une méconnaissance qu’on relève aussi quand sont stipendiés ces grands lycées,<br />
souvent parisiens, qui monopoliseraient l’entrée dans les Grandes écoles. Oui mais<br />
personne ne pense à rappeler qu’ils recrutent nationalement et que leurs élèves<br />
sont donc originaires de toute la France. Loin du fantasme bien pratique à vendre<br />
de Grandes écoles ultra-élitistes réservées à quelques Parisiens bien nés. Quant au<br />
travail de toutes les classes préparatoires de proximité, qui permettent souvent à<br />
des élèves d’entrer dans des Grandes écoles dont ils n’auraient même pas imaginé<br />
un jour de fouler les couloirs, qui en parle ?<br />
Ce mois-ci nous donnons une large part à l’ensemble des classes préparatoires.<br />
Professeure de chaire supérieure en classe préparatoire à l’ENS Paris-Saclay et<br />
à l’École Nationale de Commerce-Bessières (Paris) Nathalie Lucchini nous parle<br />
ainsi des classes préparatoires à l’ENS Paris-Saclay et à l’ENS Rennes. Président<br />
de l’Union des classes préparatoires scientifiques, Mickaël Prost nous trace les<br />
contours de l’évolution des prépas scientifiques à l’heure de la réforme du bac. Un<br />
sujet que traite également le proviseur de Louis-Le-Grand et président de l’APLCPGE<br />
(Association des proviseurs de lycées à classes préparatoires aux Grandes écoles)<br />
Jean-Bastianelli. Enfin le directeur de l’ENS de paris, Marc Mézard, décrit les voies<br />
d’entrée dans sa prestigieuse institution.<br />
Dans leur ensemble les classes préparatoires réfléchissent sur leur évolution. Un sujet<br />
primordial que nous allons suivre de très près dans les mois et les années à venir.<br />
Sommaire<br />
les essentiels du mois<br />
4 • 100 % de double-diplômes dans le PGE<br />
de Neoma<br />
• Un nouveau PGE axé sur le digital<br />
et les nouvelles technologies pour l’ISG<br />
5 • La Rochelle BS réaffirme son projet<br />
basé sur les humanités<br />
6 • Egalite des chances : HEC n’est pas en reste<br />
• Deux nouveaux partenariats<br />
pour Audencia en Afrique<br />
• Cap sur la Chine pour<br />
20 élèves de prépas avec Neoma<br />
8 • Quand l’Inseec se réinvente en School<br />
of Business and Economics<br />
9 • Grenoble EM école de la géopolitique<br />
Dossier<br />
10 • Pourquoi s’inscrit-on<br />
en classe préparatoire ?<br />
entretiens<br />
15 • Joean Bastianelli, Proviseur du lycée<br />
Louis-le-Grand et président de l’APLCPGE<br />
18 • Mickaël Prost, Président de l’Union<br />
des classes préparatoires scientifiques<br />
29 • Marc Mézard, Directeur de l’ENS<br />
Paroles de profs<br />
21 • Pour mieux connaître les classes<br />
préparatoires à l’ENS Paris-Saclay<br />
et à l’ENS Rennes<br />
débat<br />
32 • Comment est enseignée la transition<br />
énergétique dans le supérieur ?<br />
Olivier Rollot, rédacteur en chef<br />
ORollot<br />
« L’<strong>Essentiel</strong> du sup » est une publication du groupe HEADway<br />
Advisory, SAS au capital de 30 000 €, RCS 53298990200046 Paris,<br />
CPPAP 0920W93756, 33, rue d’Amsterdam, 75008 Paris.<br />
Directeur de la publication : Sébastien Vivier-Lirimont.<br />
Rédacteur en chef : Olivier Rollot (o.rollot@headway-advisory.com).<br />
Responsable commerciale : Fanny Bole du Chomont<br />
(f.boleduchomont@headway-advisory.com).<br />
Création graphique et mise en pages : élise Godmuse / olo. éditions<br />
Photo de couverture : ESC La Rochelle / Excelia Group<br />
2
l’essentiel du sup prépas l’essentiel du mois<br />
<strong>avril</strong> <strong>2019</strong> N° <strong>26</strong><br />
100 % de double-diplômes<br />
dans le PGE de Neoma<br />
Le programme Grande école de NEOMA Business School<br />
poursuit son évolution et rejoint le club des écoles doubles diplômantes.<br />
Jusqu’à présent le programme Grande Ecole<br />
de Neoma offrait à ses étudiants un panel<br />
de plus de 10 spécialisations. Dès la rentrée<br />
2020, le cursus opèrera une conversion de ces<br />
spécialisations en MSc. « Cette transformation, qui<br />
n’entrainera aucun frais de scolarité supplémentaire,<br />
nous permet d’offrir à l’intégralité de nos étudiants<br />
au sein du Programme Grande Ecole l’accès à un<br />
double-diplôme », insiste la directrice du PGE, Sylvie<br />
Jean. Par ailleurs le cursus s’enrichit d’un nouveau<br />
parcours d’excellence « Risk & Financial technologies<br />
» en partenariat avec GARP (Global Association<br />
of Risk Professionnals). Celui-ci permet de préparer<br />
la certification professionnelle Financial Risk Manager®<br />
(FRM - Gestionnaire de risques financiers) que<br />
plus de 90 % des plus grandes institutions bancaires<br />
mondiales privilégient dans leurs démarches de<br />
recrutement. « Alors que plus de 60 % des emplois<br />
proposés dans le secteur de la finance sont liés à<br />
Audencia emmène<br />
des étudiants de<br />
prépas en Chine<br />
Du 16 au 23 mars, des<br />
étudiants de première année<br />
de classes préparatoires<br />
économiques et commerciales<br />
ont découvert la Chine et<br />
Hong Kong avec Audencia.<br />
Au programme la découverte<br />
de la culture et le monde<br />
des affaires chinois, la visite<br />
d‘entreprises comme Tencent<br />
ou Peugeot Hong-Kong puis<br />
du campus de Shenzhen<br />
Audencia Business School<br />
(SABS). Le déplacement<br />
coïncide avec le voyage<br />
d’étude des participants<br />
de l’Executive MBA,<br />
sur le thème « Business<br />
en Chine et richesse de<br />
la culture chinoise ».<br />
Ces rencontres s’inscrivent<br />
dans la lignée de l’événement<br />
Inside Audencia, au cours<br />
duquel l’école accueillera<br />
en France, à Atlantic<br />
Campus, 70 étudiants pour<br />
une immersion nantaise<br />
de 2 à 3 jours fin <strong>avril</strong>.<br />
La Toulouse School<br />
of Economics va-t-elle<br />
adhérer à la BCE ?<br />
L’Ecole d’économie<br />
de Toulouse, adossée à<br />
la Toulouse School of<br />
Economics, aurait demandé<br />
à entrer dans le concours<br />
de la BCE au même titre<br />
que des écoles associées<br />
comme l’Ensae ParisTech ou<br />
l’ENS Paris-Saclay. L’Ecole<br />
d’économie de Toulouse<br />
souhaiterait ainsi ouvrir vingt<br />
places aux élèves de classes<br />
préparatoires pour son cycle<br />
diplômant (L3, M1 et M2).<br />
Depuis septembre 2011,<br />
les formations en économie<br />
du L1 au Doctorat de<br />
l’université Toulouse 1<br />
Capitole sont regroupées au<br />
sein de l’École d’économie<br />
de Toulouse -TSE, qui s’est<br />
substituée à la Faculté de<br />
Sciences économiques.<br />
la gestion des risques, nous avons voulu y préparer<br />
nos étudiants de manière précise et pointue avec ce<br />
nouveau programme d’excellence », détaille Sylvie<br />
Jean. Dès le second semestre du M1 du PGE, les étudiants<br />
suivront des cours spécifiques pour rejoindre<br />
en M2 le MSc Risk in Finance and Technologies de<br />
NEOMA en double diplôme.<br />
Un nouveau PGE axé sur<br />
le digital et les nouvelles<br />
technologies pour l’ISG<br />
Le nouveau Programme Grande École<br />
(PGE) de l’ISG entend en priorité « ouvrir<br />
les enseignements de gestion à l’excellence<br />
des écoles d’intelligence informatique<br />
et numérique du Groupe IONIS ».<br />
En partenariat avec l’EPITA, les étudiants<br />
auront ainsi la possibilité de se préparer<br />
à des fonctions de manager-ingénieur. La<br />
dimension internationale – historique –<br />
est renforcée avec la création de « Learning<br />
Expeditions » qu’il s’agisse de partir<br />
à Londres étudier les marchés de devises,<br />
à Genève pour s’initier au luxe ou à Tel-<br />
Aviv pour comprendre les enjeux du digital.<br />
« L’ISG, c’est bien plus qu’une école<br />
de commerce parmi d’autres. Nous avons<br />
de grandes ambitions et nous sommes,<br />
avec ce nouveau programme, en train<br />
à lire<br />
« Les 100 mots<br />
de l’entreprise »<br />
De « Indéfinissable<br />
entreprise » à « Travail »,<br />
David Simonnet, trace dans<br />
son « Que sais-je » « Les<br />
100 mots de l’entreprise »<br />
le portrait d’entreprises qui<br />
cherchent encore souvent<br />
leur place en France. Luimême<br />
chef d’entreprise - il<br />
préside le groupe chimique<br />
de 350 personnes et 70 M€<br />
de chiffre d’affaires<br />
Axyntis - David Simonnet<br />
est bien placé pour mesurer<br />
la défiance qui entoure<br />
toujours l’entreprise et son<br />
patron : « En 2013 je suis<br />
accueilli par des chansons<br />
anti-patrons alors que<br />
je viens reprendre une<br />
entreprise et sauver 80 des<br />
200 emplois mis en péril par<br />
la gestion des propriétaires<br />
précédents. Il existe<br />
vraiment en France une<br />
représentation manichéenne<br />
des chefs d’entreprise,<br />
« tous salops » ».<br />
« Les 100 mots de<br />
l’entreprise », « Que<br />
sais-je » (PUF), 9 €<br />
de construire aujourd’hui l’école de business<br />
telle qu’elle sera demain », précise<br />
Thierry Sebagh, directeur général<br />
de l’ISG depuis juin 2018.<br />
4
l’essentiel du sup prépas l’essentiel du mois <strong>avril</strong> <strong>2019</strong> N° <strong>26</strong><br />
La Rochelle BS réaffirme son<br />
projet basé sur les humanités<br />
À la rentrée <strong>2019</strong>, les programmes master Grande école (MGE), BBA et MSc de La Rochelle<br />
BS inaugureront de nouvelles maquettes pédagogiques pour préparer ses étudiants à vivre<br />
dans un futur qui se prononce « VICA » (Volatile Incertain Complexe Ambigu).<br />
La Rochelle business school se développe au<br />
sein de l’éco-système des cinq écoles d’Excelia<br />
Group tout en cultivant son particularisme.<br />
Pionnière elle crée dès 1999 le premier master<br />
consacré au développement durable. Généreuse elle<br />
plante 8 000 arbres en Afrique, Amérique latine et<br />
Inde pour y créer des forêts avec des ONG locales.<br />
Chercheuse elle possède une équipe de recherche<br />
en responsabilité sociale et environnementale des<br />
entreprises. « Nous avons un responsable du développement<br />
durable et beaucoup d’associations d’étudiants<br />
y travaillent », se félicite Sébastien Chantelot qui<br />
met en avant un « projet pédagogique fondé sur les<br />
humanités » qui se consacre notamment aujourd’hui<br />
à « positionner l’humain dans la transformation<br />
digitale : s’adapter et à se réinventer continuellement,<br />
tels sont les objectifs de nos évolutions de<br />
programme ». Depuis 2005 le programme Humacité<br />
est emblématique de cette volonté d’ouverture. Quel<br />
que soit le programme tous les étudiants d’Excelia<br />
Group partent en mission en France ou à l’étranger<br />
dans le cadre d’un projet personnel à caractère social.<br />
« Ils en reviennent transformés et acquièrent des<br />
capacités d’adaptabilité qui sont très importantes<br />
pour les entreprises », insiste Sébastien Chantelot.<br />
À côté de ces évolutions La Rochelle BS entend faire<br />
revivre un programme Grande école (PGE) à Tours.<br />
En compagnie de GES, La Rochelle SB – Excelia<br />
Group avait repris une partie des actifs de l’Escem à<br />
Tours en 2016. Le 28 février dernier, la Commission<br />
d’évaluation des formations et diplômes de gestion<br />
(CEFDG) lui a accordé une extension du visa et du<br />
grade master de son programme Grande école<br />
à Tours. À la rentrée <strong>2019</strong>, La Rochelle Business<br />
School (LRBS) accueillera ses premiers étudiants<br />
de master 1. La 3 e année du master ouvrira quant à<br />
elle, à la rentrée 2020. L’objectif de recrutement est<br />
fixé entre 30 et 60 étudiants pour cette première<br />
année. « L’ouverture du Master Grande École de<br />
La Rochelle BS à Tours marque le retour, dans cette<br />
ville, d’une formation en management, qui répond aux<br />
standards académiques et d’internationalisation les<br />
plus exigeants (visa, accréditations AACSB et EPAS) »,<br />
explique le directeur général du groupe, Bruno Neil.<br />
BSB toujours<br />
plus lyonnaise<br />
Elle y est installée depuis<br />
2013. À la rentrée prochaine,<br />
Burgundy School of<br />
Business (BSB) proposera<br />
sur son campus de Lyon de<br />
l’alternance sur l’année 1 de<br />
son master Grande école. Le<br />
M2 en alternance sera ouvert<br />
en septembre 2020. « La<br />
puissance économique du<br />
bassin lyonnais nous semble<br />
particulièrement opportune<br />
pour qu’ils trouvent des<br />
entreprises attractives<br />
qui leur conviennent »,<br />
établit Stéphan Bourcieu, le<br />
directeur général de BSB.
l’essentiel du sup prépas l’essentiel du mois<br />
<strong>avril</strong> <strong>2019</strong> N° <strong>26</strong><br />
Deux nouveaux partenariats<br />
pour Audencia en Afrique<br />
Audencia poursuit en Afrique le développement<br />
de son Collaborative Institute<br />
for Global Agribusiness lancé en novembre<br />
2018 avec trois autres membres<br />
fondateurs d’Amérique du Sud. Dans ce<br />
cadre elle vient de signer deux accords<br />
avec l’Université du Ghana et United<br />
States International University Africa<br />
(USIU) au Kenya. Ensemble, Audencia<br />
et ses partenaires développeront dans le<br />
cadre de cet institut des programmes de<br />
formation initiale et continue, tels que le<br />
Master of Science® in Food and Agribusiness<br />
Management en double diplôme<br />
avec FECAP Business School au Brésil.<br />
Ils organiseront également une conférence<br />
scientifique internationale annuelle autour<br />
des problématiques du secteur. Enfin, des<br />
voyages d’études seront proposés aux étudiants<br />
sur les différents campus des partenaires,<br />
permettant d’expérimenter la nature<br />
globale des enjeux de l’agribusiness.<br />
Cap sur la Chine pour<br />
20 élèves de prépas<br />
avec Neoma<br />
Neoma BS et l’APHEC créent Leaders @<br />
the Next Generation : un programme qui<br />
permettra à 20 étudiants de classes préparatoires<br />
de partir en immersion en Chine,<br />
pour deux semaines, en juillet <strong>2019</strong>. Composé<br />
de cours à distance, de conférences et<br />
visites en Chine, d’une formation en management<br />
interculturel et d’un projet de leadership<br />
pour ouvrir à la culture chinoise, le<br />
programme permettra même aux étudiants<br />
d’obtenir le niveau 2 du test de chinois officiel<br />
HSK grâce à des cours intensifs.<br />
5,7 millions<br />
Selon une note de la DEPP<br />
(Direction de l’évaluation,<br />
de la prospective et de la<br />
performance) du ministère de<br />
l’Education, les effectifs de<br />
l’ensemble du second degré<br />
vont augmenter à chaque<br />
rentrée scolaire entre <strong>2019</strong><br />
et 2023 pour atteindre<br />
alors plus de 5,7 millions<br />
d’élèves. En <strong>2019</strong>, 34 400<br />
élèves supplémentaires sont<br />
attendus. L’augmentation<br />
des effectifs devrait se<br />
poursuivre à un rythme<br />
similaire en 2020 et 2021<br />
avec environ 30 000 élèves<br />
supplémentaires attendus<br />
chaque rentrée. La hausse<br />
des effectifs serait deux fois<br />
moins forte en 2022 et 2023.<br />
Les effectifs des lycées<br />
professionnels, tout comme<br />
les lycées d’enseignements<br />
généraux et technologiques,<br />
devraient être relativement<br />
stables les deux prochaines<br />
rentrées (<strong>2019</strong> et 2020).<br />
TBS meilleur PGE<br />
à l’international<br />
Le Moniteur du Commerce<br />
International livre dans<br />
son nouveau Guide <strong>2019</strong><br />
des formations initiales et<br />
continues au commerce<br />
international, son palmarès<br />
des diplômes de bac +2<br />
à bac +6 en commerce<br />
international. Toulouse<br />
BS l’emporte dans<br />
trois catégories dont le<br />
programme Grande école.<br />
Egalite des chances :<br />
HEC n’est pas en reste<br />
Parce que « égalité des chances à HEC » n’est pas un oxymore, depuis de 10 ans,<br />
la mission Egalite des Chances d’HEC Paris agit pour favoriser l’accès de tous<br />
les élèves à l’enseignement supérieur et notamment aux Grandes écoles.<br />
Le premier public visé est celui des lycéens pour<br />
lesquels HEC a mis en place plusieurs programmes<br />
permettant de lutter contre l’autocensure des<br />
jeunes. « Il ne s’agit pas forcément qu’ils intègrent<br />
HEC, ou même une Grande école, mais qu’ils aient des<br />
ambitions et une réussite plus forte que celle à laquelle<br />
ils auraient aspiré sans notre action », détaille Eloïc<br />
Peyrache, directeur général adjoint d’HEC Paris. PACE<br />
HEC permet par exemple aux lycéens de venir sur le<br />
campus d’HEC tous les 15 jours pour des séances de<br />
tutorat et des diners avec les étudiants. « Surtout ils<br />
prennent conscience que ce monde est accessible, et<br />
qu’ils peuvent prétendre à le rejoindre un jour », explique<br />
Hélène Bermond, la déléguée à l’égalité des chances<br />
d’HEC. Ensuite Eloquentia@HEC est un concours national<br />
de prise de parole dédié aux lycéens, qui a lieu<br />
tous les ans en juillet sur le campus d’HEC.<br />
En amont et durant les classes préparatoires, l’accompagnement<br />
proposé par HEC Paris est d’ordre<br />
financier, à travers les « Bourses prépa HEC pour tous »,<br />
mais aussi d’ordre académique, avec le programme<br />
PREP’HEC visant à accompagner les élèves de classes<br />
préparatoires tant sur des disciplines (mathématiques,<br />
langues, culture générale, etc.) que sur des compétences<br />
comportementales. Enfin, un dispositif de bourses<br />
sociales existe également pour les élèves boursiers du<br />
CROUS qui ont réussi le concours d’entrée d’HEC Paris<br />
(qu’ils peuvent passer gratuitement), 15 % d’entre eux<br />
en bénéficient au sein de l’école et voient leurs frais de<br />
scolarité totalement ou partiellement pris en charge.<br />
HEC s’est fixée pour objectifs d’avoir 1 200 élèves<br />
accompagnés chaque année et 100 % de réussite dans<br />
leur projet d’études, 400 bourses en prépa et 25 % de<br />
boursiers dans les effectifs de l’école.<br />
6
l’essentiel du sup prépas mars <strong>2019</strong> N° 25
l’essentiel du sup prépas l’essentiel du mois <strong>avril</strong> <strong>2019</strong> N° <strong>26</strong><br />
EN BREF<br />
Inseec U. valorisée<br />
800 M€<br />
Le groupe Inseec U., dont<br />
le fer de lance est l’Inseec<br />
School of Business and<br />
Economics, passe sous<br />
pavillon britannique. Piloté<br />
par Rothschild & Cie, le<br />
processus de cession du plus<br />
important groupe français<br />
d’enseignement supérieur<br />
privé s’est achevé avec<br />
l’entrée en négociations<br />
exclusives du fond d’origine<br />
britannique Cinven pour<br />
près de 800 M€. Après cinq<br />
ans aux commandes, Apax<br />
Partners passe donc la main<br />
à un fonds d’investissement<br />
international qui investit<br />
dans 6 secteurs-clés<br />
(Services aux entreprises,<br />
Biens de consommation,<br />
Services financiers, Santé,<br />
Technologies, Media &<br />
Télécommunications). Selon<br />
le communiqué du groupe<br />
« les prochaines années<br />
verront la nouvelle stratégie<br />
du groupe réaffirmée<br />
et accélérée. Dans un<br />
contexte où l’enseignement<br />
supérieur se structure<br />
aux plans français et<br />
international, INSEEC U.<br />
continuera à croître à la<br />
fois par le développement<br />
et le déploiement de ses<br />
programmes actuels,<br />
par une forte poussée de<br />
son activité digitale et<br />
e-learning et par le biais<br />
de nouvelles acquisitions<br />
en France et à l’étranger ».<br />
Présidente d’INSEEC U.,<br />
Catherine Lespine insiste :<br />
« Ces cinq années qui<br />
viennent de s’écouler ont été<br />
particulièrement stratégiques<br />
et je suis très reconnaissante<br />
aux équipes d’Apax Partners<br />
d’avoir soutenu nos choix et<br />
notre ambition. Les bases<br />
sont solides et novatrices.<br />
Je suis convaincue que<br />
le nouveau chapitre qui<br />
s’ouvre avec Cinven Partners<br />
va nous permettre de<br />
développer une puissante<br />
dynamique européenne et<br />
internationale et qu’il sera<br />
formidable pour toute la<br />
communauté INSEEC U. ! »<br />
BPI France, qui soutient<br />
INSEEC U. depuis 2016,<br />
« restera engagé à ses côtés,<br />
et continuera à investir<br />
dans le développement de<br />
l’enseignement supérieur<br />
privé et notamment<br />
celui d’INSEEC U. ».<br />
Quand l’Inseec se réinvente<br />
en School of Business<br />
and Economics<br />
Rebaptisée Inseec School of Business & Economics, l’Inseec est en pleine refondation<br />
sous l’impulsion de sa nouvelle directrice, Isabelle Barth.<br />
La partie « Humanité et société » est le premier<br />
pilier d’une pédagogie dans la logique du « continuum<br />
» classe préparatoire / Grande école. Un<br />
apport de culture générale qui doit aussi être<br />
bénéfique pour les étudiants issus de DUT, licence<br />
professionnelle, prépas ECT, prépas ATS… qui en ont<br />
moins bénéficié pendant leur cursus. « Notre projet<br />
répond aux attentes des entreprises qui sont de plus<br />
en plus demandeuses de compétences transverses et<br />
relationnelles. Il faut savoir conduire le changement,<br />
mobiliser les équipes. À nous de transmettre à nos étudiants<br />
les compétences qui leur permettront de rester<br />
employables. Commencer un cours de comptabilité par<br />
l’histoire des nombres, parler de la Chine actuelle en<br />
racontant son histoire c’est permettre d’acquérir une<br />
pensée autonome », commente la directrice.<br />
Isabelle Barth va notamment être secondée dans sa<br />
tâche par Thomas Allanic. Actuel directeur du programme<br />
Grande École de ESCP Europe, celui-ci vient<br />
d’être nommé directeur du campus de Paris de l’INSEEC<br />
School of Business & Economics et de la coordination<br />
pédagogique du projet « Deep Education » de l’école.<br />
Il prendra ses fonctions en juin <strong>2019</strong> et succédera<br />
alors à Olivier Guyottot, qui occupe cette fonction de<br />
façon transitoire depuis janvier <strong>2019</strong> : « Au sein d’un<br />
groupe puissant, Inseec U., l’Inseec SBE présente un<br />
modèle pionnier dans lequel nous allons nous appliquer<br />
à faire le lien entre le concret et la recherche. Prenez<br />
l’exemple d’une feuille de paie : chaque ligne est un<br />
concept que nous pouvons rendre concret sans aller<br />
vers l’abstraction ».<br />
Isabelle Barth entend professionnaliser ses étudiants<br />
petit à petit sans « trop les spécialiser sinon il y a un<br />
risque d’obsolescence » : « Ils doivent être capables<br />
d’apprendre et de réapprendre toute leur vie. On subit<br />
le changement quand on est incapable d’évoluer ! » Le<br />
deuxième pilier de la nouvelle pédagogie est d’ailleurs<br />
« altérité et connaissance de soi ». Le tout en évitant<br />
de se répéter d’année en année. « Il faut savoir gérer<br />
l’hétérogénéité des profils pour ne pas proposer des<br />
programmes de gestion qu’ils ont déjà suivi à des<br />
titulaires d’un DUT », insiste Olivier Guyottot. Pour<br />
s’ouvrir les étudiants auront justement la possibilité<br />
obtenir des certificats des autres écoles d’Inseec U. :<br />
en codage à Crea, en photos d’art à Sup de Pub ou<br />
encore en blockchain à l’ECE.<br />
Autre ouverture : les étudiants passeront deux mois sur<br />
le campus de Londres de l’école dès leur première année.<br />
L’école recrée également les « missions ethnologiques<br />
en entreprises et va proposer des séminaires sont les<br />
étudiants seront les architectes pédagogiques. Il y aura<br />
aussi des semaines bloquées avec l’analyse multidisciplinaire<br />
d’un grand évènement de l’humanité comme la<br />
Révolution française. La fin du cursus sera marquée par<br />
un nouveau grand oral avec la présentation d’un projet.<br />
8
l’essentiel du sup prépas l’essentiel du mois <strong>avril</strong> <strong>2019</strong> N° <strong>26</strong><br />
Grenoble EM école<br />
de la géopolitique<br />
«<br />
Alors que la spécialité « Histoire-géographie, géopolitique et sciences politiques »<br />
va être inaugurée l’an prochain par les élèves de première,<br />
le choix de réorienter peu à peu Grenoble EM d’une école du management<br />
des technologies – son modèle initial - vers une école de la « culture générale<br />
du monde moderne » s’avère de plus en plus être un pari gagnant.<br />
Installer la géopolitique dans une Business School<br />
était un pari audacieux il y a 11 ans. Nous – et avec<br />
l’aide des entreprises – avions identifié la nécessité<br />
de donner une dimension géopolitique à nos élèves,<br />
voire même d’en faire une compétence indispensable de<br />
tout futur manager et dirigeant d’entreprise. » Directeur<br />
général adjoint de Grenoble EM, Jean-François Fiorina<br />
inaugurait ainsi le 13 mars dernier la onzième édition<br />
de son Festival de Géopolitique.<br />
À quoi sert la géopolitique ? Si dans les entreprises<br />
on tarde encore à associer les compétences acquises<br />
en géopolitique avec des métiers précis sa dimension<br />
devient de plus en plus importante à mesure que le<br />
monde semble devenir plus instable. « Avec l’affaire<br />
Carlos Ghosn, avec les tensions que l’on voit apparaître<br />
dans la fusion franco-italienne Essilor-Luxottica<br />
on mesure combien les problèmes multiculturels et<br />
politiques peuvent intervenir dans des dossiers qui<br />
semblent sur le papier être des études de cas idéal »,<br />
analyse Jean-François Fiorina qui a introduit a géopolitique<br />
dans le programme Grande école avec des<br />
cours obligatoires de tronc commun en 1 re et 3 e année<br />
et des cours facultatifs en 2 e et 3 e année.<br />
Mais combien d’étudiants, pourtant formés au fait des<br />
contraintes de l’expatriation, se révèlent dépassés<br />
quand il faut vivre dans un pays étranger… « Il faut<br />
acquérir de la maturité pour maîtriser ces contraintes.<br />
Nous pouvons toujours parler, de propriété intellectuelle<br />
mais ce n’est qu’en stage, chez Airbus, BNP<br />
Paribas, etc. qu’ils le comprennent. » Une maturité<br />
qu’on acquiert dans l’entreprise et à l’international.<br />
En septembre 2017 Emmanuel Macron soutenait ainsi<br />
qu’en « 2024 la moitié d’une classe d’âge devait avoir<br />
passé avant ses 25 ans au moins six mois dans un<br />
autre pays européen ». « Avoir un choc culturel dans<br />
le cadre de ses études est primordial. On peut s’y<br />
préparer dès l’école à condition que la salle de classe<br />
soit internationale et que beaucoup de professeurs<br />
soient étrangers », confirme Jean-François Fiorina.<br />
Partager la passion. Avec ses 15 000 visiteurs chaque<br />
année, le Festival de géopolitique de Grenoble permet<br />
de partager cette passion. Non seulement avec les<br />
visiteurs de tous âges présents qu’avec de nombreux<br />
professeurs, des élèves de classes préparatoires,<br />
appelés à participer à des joutes géopolitiques, et<br />
avec des lycéens de première et terminale du lycée<br />
Cité scolaire internationale tout proche. « Nous donnons<br />
uniquement à des élèves le nom et le thème de<br />
la conférence à charge pour eux de créer une carte<br />
pour chacun, explique Claude Héraudet, professeur<br />
d’histoire-géographie en section italienne et en charge<br />
du projet. Ils sont fiers de voir que des personnalités<br />
comme Michel Barnier leur répondent et les soutiennent<br />
comme les personnalités sont fières de voir leur action<br />
résumée sur une carte. »<br />
Les cartes, une passion que partage Jean-François<br />
Fiorina : « Avant les cartes étaient stables, on pouvait<br />
les apprendre par cœur. Aujourd’hui elles évoluent<br />
constamment et doivent être adaptées à chaque situation,<br />
à chaque entreprise ». Et parce qu’une bonne<br />
carte vaut mieux qu’un long discours le plupart des<br />
intervenants – professeurs, experts comme Pascal<br />
Boniface, le directeur de l’IRIS - y font largement appel<br />
dans leurs démonstrations.<br />
EN BREF<br />
La nouvelle épreuve<br />
de géopolitique pour<br />
le concours <strong>2019</strong><br />
À destination des élèves des<br />
classes prépas économiques<br />
et commerciales option S<br />
(ECS) Grenoble EM a créé<br />
cette année une nouvelle<br />
épreuve de géopolitique<br />
(« Histoire, géographie et<br />
géopolitique du monde<br />
contemporain ») de la BCE<br />
(Banque centrale d’épreuves)<br />
pour son concours <strong>2019</strong>. Jean-<br />
François Fiorina en résume<br />
ainsi les objectifs : « Ce que<br />
nous attendons de la part<br />
des candidats c’est une mise<br />
en perspective de ce qu’ils<br />
ont appris, une mobilisation<br />
de leurs connaissances qui<br />
produise des avis étayés<br />
quant aux conséquences<br />
des événements pour les<br />
entreprises. La capacité à<br />
analyser est primordiale et<br />
s’appuie sur des cartes et<br />
des données qui permettent<br />
de réaliser quels sont<br />
les grands enjeux / défis.<br />
Renault et Peugeot sont<br />
deux grands constructeurs<br />
automobiles pour lesquels<br />
les réponses à un même<br />
défi sont différentes. »<br />
© Grenoble EM<br />
9
L’ESSENtiEL DU SUP PréPaS DoSSiEr<br />
AVRiL <strong>2019</strong> N° <strong>26</strong><br />
Pourquoi s’inscrit-on<br />
en classe préparatoire ?<br />
© ESCP Europe<br />
Cela infirme totalement la réflexion qui sousentendait<br />
la volonté d’anonymiser le nom des lycées<br />
dans Parcoursup : à niveau scolaire identique, un<br />
élève scolarisé dans un lycée à « niveau faible »<br />
aura plus de chances d’être admis en CPGE que<br />
celui inscrits dans un « bon » lycée. C’est l’un des<br />
enseignements d’une toute récente note de la DEPP.<br />
10
l’essentiel du sup prépas dossier <strong>avril</strong> <strong>2019</strong> N° <strong>26</strong><br />
Dans sa note sur Les déterminants<br />
de la poursuite d’études en classe<br />
préparatoire aux grandes écoles :<br />
les enseignements de la procédure APB<br />
2016 la DEPP (Direction de l’évaluation,<br />
de la prospective et de la performance)<br />
détermine également qu’à « niveau scolaire<br />
égal, l’académie d’origine, la présence<br />
d’une CPGE dans le lycée mais aussi le<br />
sexe et l’origine sociale influencent sensiblement<br />
la décision des élèves de choisir<br />
une CPGE en premier vœu sur APB ».<br />
Le premier choix des bons élèves<br />
Si près de 18 % des élèves de terminale<br />
S demandent une CPGE en premier vœu,<br />
seuls 8 % des élèves de terminales ES<br />
et L classent la CPGE en premier. Toute<br />
série confondue, 10 % des élèves dont<br />
la moyenne au bac se situe entre 10 et 12<br />
avaient placé une CPGE en premier vœu<br />
sur APB. Cette proportion est quatre fois<br />
plus élevée pour les élèves ayant obtenu<br />
une moyenne comprise entre 14 et 16<br />
(mention bien) au baccalauréat. Parmi les<br />
lycéens titulaires d’une mention bien au<br />
baccalauréat, 27 % des élèves de série S<br />
ont demandé une CPGE en premier vœu<br />
contre respectivement 16 % et 17 % pour<br />
les élèves de série ES et L.<br />
La CPGE devient même la formation la<br />
plus demandée en premier vœu chez les<br />
élèves dont la moyenne au baccalauréat<br />
est supérieure à 18. Parmi eux, ce sont<br />
ceux de série L qui ont le plus souvent<br />
placé une CPGE en premier vœu (60 %),<br />
contre respectivement 57 % et 52 % pour<br />
les élèves des séries S et ES.<br />
Des choix géographiques<br />
À caractéristiques sociales (catégorie<br />
socio-professionnelle des parents) et<br />
scolaires égales (série et résultats au bac),<br />
un lycéen inscrit dans l’académie d’une<br />
grande ville a davantage de chances de<br />
placer une CPGE. Un élève de terminale<br />
S de l’académie de Clermont-Ferrand ou<br />
de Rouen a par exemple une probabilité<br />
de demander une CPGE en premier vœu<br />
qui est inférieure de 7 points en moyenne<br />
à celle d’un élève de la même série dans<br />
l’académie de Paris.<br />
11
l’essentiel du sup prépas dossier<br />
<strong>avril</strong> <strong>2019</strong> N° <strong>26</strong><br />
13 %<br />
Lors de la session 2016<br />
d’APB 13 % des élèves<br />
avaient classé une classe<br />
préparatoire aux grandes<br />
écoles (CPGE) en premier<br />
vœu pour un effectif total<br />
accueilli de 43 520 élèves à la<br />
rentrée suivante. à proportion<br />
d’admis en premier vœu<br />
est plus importante pour<br />
les bacheliers L (54 %)<br />
que pour les bacheliers<br />
ES (35 %) ou S (32 %).<br />
Ces différences peuvent notamment<br />
s’expliquer par l’offre de CPGE disponible<br />
dans l’académie d’origine des élèves. En<br />
effet, si les CPGE recrutent des candidats<br />
en provenance d’autres académies,<br />
deux-tiers des élèves ayant placé une<br />
CPGE en premier vœu ont postulé pour<br />
un établissement de l’académie de leur<br />
lycée d’origine.<br />
L’offre n’est pas identique sur tout<br />
le territoire<br />
Dans l’académie de Poitiers, on compte<br />
ainsi environ 17 élèves de terminale générale<br />
pour une place en CPGE. C’est deux<br />
fois moins dans l’académie de Toulouse<br />
(8 élèves pour 1 place), et plus de huit<br />
fois moins dans l’académie de Paris (2<br />
élèves pour une place). À Paris, 23 %<br />
des terminales font leur premier vœu<br />
en CPGE. Ils sont 17 % à Versailles et<br />
16 % à Nice. A l’opposé, seuls 10 % des<br />
élèves scolarisés à Poitiers, à Rouen ou<br />
à Amiens font ce choix.<br />
La présence d’une CPGE dans l’établissement<br />
du candidat incite fortement les<br />
élèves à poursuivre en classe préparatoire.<br />
Les élèves étudiant dans les lycées<br />
qui proposent des classes préparatoires<br />
ont une probabilité plus grande de 4,5<br />
points de demander une CPGE en premier<br />
vœu pour les lycéens en terminale<br />
scientifique. L’écart est de 3 points en<br />
terminales ES et de 2,2 points en série L.<br />
Garçons et CSP+<br />
Les garçons ont plus de chances de<br />
demander une CPGE en premier vœu :<br />
en terminale S, un garçon a 7 points de<br />
probabilité de plus qu’une fille – plus attirée<br />
par la PACES - de demander une CPGE en<br />
premier vœu. On retrouve le même effet<br />
pour les garçons en terminale L et ES.<br />
Ils ont une probabilité de demander une<br />
CPGE en premier vœu qui est supérieure<br />
de 1,5 et 2,4 points par rapport aux filles<br />
de la même série.<br />
Quelle que soit la série du bac, les élèves<br />
d’origine sociale favorisée ont une probabilité<br />
supérieure de 2 points de demander<br />
une CPGE en premier vœu que ceux issues<br />
d’une famille d’origine sociale modeste<br />
© Groupe ESC Clermont<br />
Source et champ de l’étude<br />
Cette étude exploite la base<br />
de données APB’Stat 2016<br />
qui recense l’intégralité des<br />
vœux des candidats inscrits<br />
sur le portail APB durant<br />
l’année 2015-2016 pour une<br />
rentrée dans le supérieur<br />
en 2016. Ont été retenus<br />
les élèves de terminale<br />
générale scolarisés dans<br />
un lycée localisé en France<br />
métropolitaine, en procédure<br />
normale et actifs sur APB<br />
(c’est-à-dire ayant validé au<br />
moins un vœu sur le portail).<br />
12
l’essentiel du sup prépas dossier <strong>avril</strong> <strong>2019</strong> N° <strong>26</strong><br />
Selon le lycée…<br />
Les chances d’admission en CPGE dès le<br />
premier vœu sont beaucoup plus fortes<br />
pour les élèves inscrits en terminale<br />
dans le lycée accueillant la CPGE. Ainsi à<br />
niveau scolaire égal, un élève de terminale<br />
S fréquentant un lycée accueillant une<br />
CPGE a une probabilité d’admission dans<br />
cette CPGE supérieure de 7,8 points d’être<br />
admis dans cette CPGE. Les lycéens issus<br />
d’un lycée privé ont moins de chances<br />
ont également moins de chance de voir<br />
leur candidature en CPGE retenue.<br />
Surtout à niveau scolaire identique, un<br />
élève scolarisé dans un lycée à « niveau<br />
faible » aura plus de chances d’être admis<br />
en CPGE que celui inscrits dans un<br />
« bon » lycée. Les élèves de terminale S<br />
inscrits dans un lycée dont la moyenne<br />
au baccalauréat est inférieure à 12 ont<br />
une probabilité supérieure de 4,5 points<br />
d’être admis à leur premier vœu en CPGE<br />
que les élèves évoluant dans un lycée<br />
dont la moyenne au bac se situe entre<br />
12 et 13. Selon la DEPP « ce résultat, à<br />
première vue étonnant, s’explique sans<br />
doute par le fait que si les notes sont<br />
importantes dans le choix des jurys, les<br />
appréciations portées sur les bulletins<br />
le sont également ». Ainsi un élève avec<br />
une moyenne de 12 peut avoir un dossier<br />
élogieux dans un lycée de niveau faible<br />
alors que ce même élève peut être mal<br />
classé et avec des avis moins favorables<br />
dans un lycée de bon niveau.<br />
Sébastien Gémon<br />
La baisse des inscriptions<br />
en 2018<br />
On le pressentait. Les hésitations des<br />
bacheliers face au financement erratique<br />
de Parcoursup ont bien conduit à une<br />
baisse du nombre d’élèves en classes<br />
préparatoires : -1,6 % par rapport à 2017<br />
selon la note de la DEPP soit en tout<br />
85100 étudiants. En première année, on<br />
compte en tout 760 inscriptions de moins.<br />
<strong>Essentiel</strong>lement dans la filière EC.<br />
Femmes et hommes inégalement<br />
touchés. Une baisse qui touche<br />
essentiellement les femmes : leur nombre<br />
diminue de 3,5 % pour atteindre environ<br />
18 700 inscrites, représentant ainsi 88 %<br />
des baisses d’effectifs en première année.<br />
Un repli des inscriptions est également<br />
observé en deuxième année (-590) et<br />
touche essentiellement les hommes, avec<br />
une diminution de 480 élèves. Ce recul<br />
est entièrement attribuable au nombre<br />
nettement inférieur de redoublants par<br />
rapport à l’année précédente (-8,8 %<br />
soit 660 étudiants de moins).<br />
La filière économique est la plus<br />
concernée. Avec près de 1000 étudiants<br />
en moins en 2018-<strong>2019</strong> (-5,4 %), la<br />
baisse des effectifs est particulièrement<br />
marquée dans les classes préparatoires<br />
économiques et commerciales. Elle<br />
représente même 80 % de la baisse.<br />
Les effectifs des nouveaux entrants en<br />
CPGE baissent de 1,3 %; ils sont environ<br />
42 100 inscrits à la rentrée 2018. Seule la<br />
filière scientifique est épargnée (+0,2 %).<br />
Les filières économiques et littéraires<br />
voient leur nombre de nouveaux inscrits<br />
diminuer respectivement de 3,8 % et 3,4 %.<br />
C’est à Paris et en Ile-de-France que<br />
la diminution des effectifs en CPGE est<br />
la plus marquée, avec 1250 étudiants<br />
en moins cette année. Cette baisse se<br />
concentre à 70 % sur Paris qui perd<br />
870 étudiants. L’ensemble des autres<br />
capitales régionales métropolitaines<br />
gagne à l’inverse près de 300 étudiants.<br />
13
l’essentiel du sup prépas dossier <strong>avril</strong> <strong>2019</strong> N° <strong>26</strong><br />
14
l’essentiel du sup prépas<br />
entretien<br />
<strong>avril</strong> <strong>2019</strong> N° <strong>26</strong><br />
Jean Bastianelli<br />
Proviseur du lycée Louis-le-Grand et président l’APLCPGE<br />
« Nos élèves viennent<br />
de toute la France ! »<br />
Après Parcoursup c’est aujourd’hui<br />
la réforme du lycée et l’émergence<br />
des spécialités qui occupe les esprits<br />
dans les classes préparatoires. Le<br />
regard de Jean Bastianelli, proviseur<br />
du lycée Louis-le-Grand et président de<br />
l’Association des proviseurs de lycées<br />
ayant des classes préparatoires aux<br />
grandes écoles (APLCPGE).<br />
Olivier Rollot : L’anonymisation des profils<br />
des candidats sur Parcoursup a été<br />
partiellement adoptée. Les nom, prénom,<br />
âge et adresse sont masqués alors que le<br />
lycée d’origine reste visible. Avec l’APLCPGE,<br />
vous vous étiez prononcé contre cette<br />
mesure. Que va-t-elle signifier pour les<br />
lycées en définitive ?<br />
Jean Bastianelli : Le sujet était de répondre à une<br />
attente des familles tout en laissant aux lycées la<br />
possibilité de piloter le recrutement des lycées et notamment<br />
leur ouverture sociale. Or dans la demande<br />
telle qu’exprimée, il y a un paradoxe : tout devrait être<br />
anonyme - alors qu’on se méfie des algorithmes. Mais<br />
anonymiser c’est justement aller vers le tout automatique<br />
! C’est peut-être le moment ou jamais pour nous<br />
de faire comprendre que nos commissions de sélection<br />
ne fonctionnent pas avec des algorithmes au sens<br />
où l’entendent les familles. Que rien n’est mécanique<br />
dans notre processus. Que notre étude de dossier<br />
est très concrète avec l’examen de tous les éléments<br />
y compris ceux qui ne sont pas « barémisables » : la<br />
motivation, l’orientation, le parcours, la volonté, tout<br />
le vocabulaire des appréciations des professeurs et<br />
proviseurs, ou encore avoir participé à des ateliers<br />
spécifiques, à des concours…<br />
C’est ainsi que, dans le cas de Louis-Le-Grand et des<br />
lycées au recrutement national, nous pouvons accueillir<br />
des candidats originaires de la France entière. Nous<br />
faisons confiance aux équipes pédagogiques de tous les<br />
lycées dans leur capacité à évaluer les compétences et<br />
les vœux d’un élève. Si elles nous indiquent que l’élève a<br />
le niveau, nous leur faisons confiance. L’anonymisation<br />
nous paraît une mesure inutile et paradoxale, mais nous<br />
pourrons évidemment fonctionner sans connaître le<br />
nom, le prénom et l’adresse des candidats.<br />
O. R : Le dispositif « meilleurs bacheliers »,<br />
qui permet à des élèves ayant eu de<br />
très bons résultats au bac d’intégrer<br />
les meilleures filières, vous permet-il de<br />
recruter des élèves que vous n’auriez pas<br />
pris sinon ?<br />
J. B : Nous en prenons un ou deux par classe que nous<br />
avions de toute façon classés comme étant potentiellement<br />
susceptibles de rejoindre nos formations.<br />
O. R : On s’indigne régulièrement de voir<br />
un petit nombre de lycées, dont le vôtre,<br />
représenter la majorité des admissions<br />
dans les très Grandes écoles. Dont l’École<br />
polytechnique. Que répondez-vous ?<br />
J. B : Mais que nos élèves viennent de toute la France !<br />
APB puis Parcoursup ont induit cette fusée à deux<br />
étages. Auparavant le choix de lycées était moins large,<br />
on ne disposait que de trois vœux qui étaient étudiés<br />
dans des commissions l’un après l’autre. Aujourd’hui<br />
un candidat peut exprimer dix sous-vœux (donc dix<br />
Quelles spécialités du<br />
bac à Louis-Le-Grand ?<br />
Louis-Le-Grand est resté<br />
fidèle à son identité en<br />
ouvrant des spécialités dans<br />
ses deux pôles, littéraire et<br />
scientifique. « À partir du la<br />
fin du deuxième trimestre,<br />
nous allons regarder les<br />
combinaisons de spécialités<br />
que vont choisir nos élèves.<br />
Il pourrait y avoir des<br />
difficultés pour proposer<br />
certaines spécialités dans<br />
lesquelles il y aurait très<br />
peu de candidatures et qui<br />
reviendraient donc très cher<br />
à mettre en œuvre : nous<br />
allons suivre cela de près ! »,<br />
confie Jean Bastianelli.<br />
15
l’essentiel du sup prépas entretien <strong>avril</strong> <strong>2019</strong> N° <strong>26</strong><br />
établissements différents) pour une filière de CPGE, il<br />
peut donc se porter candidats sur des établissements<br />
dans toute la France sans réfléchir à des stratégies<br />
locales ou régionales, et tenter d’accéder à des lycées<br />
très sélectifs dans tout le pays. Ainsi, il préfère souvent<br />
choisir la mobilité géographique pour candidater à l’X<br />
dans les meilleures conditions. Aujourd’hui, la moitié<br />
des élèves de prépas de Louis-le-Grand viennent de<br />
province et 10 % de l’étranger – essentiellement des<br />
lycées français de l’étranger – pour 40 % d’Ile-de-France.<br />
O. R : La concurrence pour attirer les<br />
meilleurs élèves est de plus en plus rude<br />
avec les meilleures universités européennes<br />
ou même américaines. Nos meilleurs<br />
établissements parviennent-ils à y résister ?<br />
J. B : Je connais cette question, qui laisse entendre qu’il<br />
y aurait une « fuite » de candidats vers l’étranger. Mais<br />
une université comme l’EPFL de Lausanne n’est pas<br />
vraiment différente d’une de nos écoles d’ingénieurs,<br />
qui sont tout aussi ouvertes à l’international et offrent<br />
elles aussi une excellente employabilité. Dans le cas de<br />
l’EPFL, avec de surcroît une sélectivité très forte entre<br />
la première et la deuxième année. On ne comprend pas<br />
ce qu’apporte cette précision ici. J’entends parler de<br />
concurrence mais, ce que je constate, c’est plutôt une<br />
certaine frilosité des étudiants français à partir étudier<br />
à l’étranger. Nous ne sommes pas du tout dans une<br />
phase d’hémorragie de nos talents et je n’ai pas d’état<br />
d’âme à voir des étudiants rejoindre les universités<br />
étrangères. À mon sens, cela ne remet absolument<br />
pas en cause l’attractivité des classes préparatoires,<br />
au contraire. Les élèves sont tous différents et il est<br />
bon qu’ils puissent choisir leur parcours dans le cadre<br />
d’un enseignement supérieur diversifié, en France ou<br />
à l’international !<br />
O. R : Les élèves de seconde vont bientôt<br />
choisir leurs spécialités de première dans<br />
le cadre du nouveau bac qui sera proposé<br />
en 2021. Avez-vous déjà une idée des<br />
spécialités qui mèneront au mieux aux<br />
classes préparatoires ?<br />
J. B : Avec d’autres conférences de l’enseignement<br />
supérieur (Conférence des présidents d’université,<br />
Conférence des grandes écoles, Conférence des<br />
directeurs des écoles françaises d’ingénieur), nous<br />
sommes signataires d’une charte qui entend précisément<br />
laisser un large choix de spécialités. Mon conseil aux<br />
lycéens est de réfléchir à ce qu’ils aiment vraiment faire<br />
et de ne pas entrer dans une mécanique où telle filière<br />
serait la seule à permettre d’intégrer telle formation.<br />
Ils peuvent réfléchir de façon très ouverte.<br />
Pour intégrer une classe préparatoire scientifique il<br />
faut étudier les sciences mais au sens large avec aussi<br />
bien la spécialité mathématiques que physique-chimie,<br />
SVT, sciences de l’ingénieur ou encore numérique et<br />
sciences informatiques. Évidemment, si on postule à<br />
une classe préparatoire MP-SI très sélective il ne faut<br />
pas oublier les mathématiques et la physique… Pour<br />
le reste, c’est très ouvert !<br />
O. R : La question est particulièrement<br />
délicate pour les prépas EC qui étaient<br />
jusqu’ici liées au bac du candidat. Quelle<br />
spécialité choisir pour les intégrer<br />
maintenant ?<br />
J. B : Jusqu’à présent il fallait passer par un bac S pour<br />
entrer en ECS. Ce qui signifiait suivre beaucoup de<br />
cours de physique et de SVT pour des élèves dont ce<br />
n’était pas la passion. Demain le panel de spécialités<br />
sera beaucoup plus ouvert, avec le choix de spécialités<br />
comme « Histoire-géographie, géopolitique et sciences<br />
politiques », « Langues, littératures et cultures étrangères<br />
», « Humanités, littérature et philosophie » ou<br />
encore « Sciences économiques et sociales ».<br />
© O. R<br />
Un portail que rêvent<br />
de franchir un jour les<br />
meilleurs élèves français<br />
Un lycée ouvert<br />
En seconde, Louis-le-Grand<br />
recrute ses 270 élèves dans<br />
200 collèges différents de<br />
Paris et d’Ile-de-France plus<br />
quelques-uns en région. En<br />
classe préparatoire, le lycée<br />
recrute sur tout le territoire<br />
et à l’international. L’objectif<br />
des 30% de boursiers reçus<br />
dans l’ensemble des prépas<br />
est aujourd’hui atteint.<br />
16
l’essentiel du sup prépas entretien <strong>avril</strong> <strong>2019</strong> N° <strong>26</strong><br />
Des étudiants de prépas<br />
venus parler continuum<br />
à ESCP Europe.<br />
© ESCP Europe<br />
O. R : Qu’en disent les écoles de<br />
management ?<br />
J. B : Nous travaillons avec elles pour prendre acte qu’il<br />
n’y a plus de filières et donc une plus grande diversité<br />
de profils. Reste à trouver une formule d’enseignement<br />
adéquate pendant les prépas avec des épreuves<br />
finales possédant des coefficients différents – voire<br />
des quotas réservés – pour préserver cette diversité<br />
de profils. La réflexion et les concertations sont en<br />
cours, le Ministère de l’enseignement supérieur s’est<br />
emparé de la question : nous y travaillons !<br />
O. R : En terminale avez-vous une idée des<br />
futurs choix d’option ?<br />
J. B : Il y a aussi des options en première comme latin<br />
et grec qui seront sûrement très suivies chez nous.<br />
En terminale on peut imaginer que l’option « maths<br />
expertes » sera très demandée, notamment pour des<br />
lycéens qui veulent intégrer une très bonne prépa MP-SI<br />
ou PC-SI. Si on veut suivre quatorze heures de maths<br />
par semaine, mieux vaut y être préparé mais attention :<br />
ce ne sera pas un passage obligé.<br />
O. R : Au total quels enseignements vous<br />
semblent devoir être favorisés par la<br />
nouvelle mouture des spécialités du lycée et<br />
du bac ?<br />
J. B : Favorisés ? Je ne sais pas. Comme je vous l’ai<br />
indiqué, les choses sont très ouvertes. Il y a le tronc<br />
commun, qui représente 16 heures d’enseignement,<br />
pour douze heures de spécialités. On parle beaucoup<br />
du renforcement des mathématiques mais elles ne sont<br />
pas dans le tronc commun. Or beaucoup de parcours<br />
ont recours aux mathématiques, que ce soit pour faire<br />
des études d’ingénieur, de médecine, de la recherche<br />
scientifique, mais aussi de l’économie, de la finance, des<br />
statistiques, etc. Les élèves de seconde qui s’orientent<br />
vers ces secteurs auront donc tout intérêt à opter<br />
pour la spécialité mathématiques en première. Mais<br />
en terminale, les possibilités de combinaisons entre<br />
les spécialités et les options permettent de construire<br />
les choses de façon fine et appropriée : c’est notre<br />
responsabilité de les accompagner au mieux !<br />
Respecter l’esprit de<br />
la réforme du lycée<br />
et du bac général<br />
Les organisations<br />
représentatives de<br />
l’enseignement supérieur se<br />
sont engagés collectivement<br />
à prendre en compte l’esprit<br />
de la réforme du lycée<br />
et du bac général dans<br />
leurs futurs recrutements<br />
postbac en école ou en<br />
classes préparatoires avec<br />
l’APLCPGE (Association<br />
des proviseurs de lycées à<br />
classes préparatoires aux<br />
Grandes écoles). « Nous ne<br />
nous focaliserons pas sur<br />
la seule combinaison de<br />
spécialités mathématiques et<br />
physique-chimie. Les écoles<br />
ont d’ailleurs déjà bien élargi<br />
leur base de recrutement<br />
en recrutant des profils<br />
différents. Alors que nous<br />
pratiquons de plus en plus<br />
l’enseignement par projets,<br />
recruter des profils différents<br />
est un effet gagnant pour tout<br />
le monde », explique Laurent<br />
Champaney, directeur<br />
général des Arts et Métiers et<br />
président de la commission<br />
« Amont » de la Conférence<br />
des grandes écoles (CGE),<br />
à ce titre en charge des<br />
questions de recrutement<br />
dans les Grandes écoles.<br />
O. R : Il sera possible de changer de<br />
spécialité entre la première et la terminale ?<br />
J. B : Oui sur le principe, après avis du conseil de classe<br />
et en présentant un projet en ce sens.<br />
17
l’essentiel du sup prépas entretien<br />
<strong>avril</strong> <strong>2019</strong> N° <strong>26</strong><br />
Mickaël Prost<br />
Président de l’Union des classes préparatoires scientifiques<br />
« Il faut proposer en prépa un parcours<br />
hautement coloré en informatique »<br />
Même si c’est moins le cas que leurs<br />
consœurs et leurs confrères d’EC les<br />
professeurs de classes préparatoires<br />
scientifiques n’en réfléchissent pas<br />
moins à leur évolution suite à la réforme<br />
du bac et des spécialités de lycées.<br />
Illustration avec le président de l’Union<br />
des classes préparatoires scientifiques<br />
(UPS), Mickaël Prost.<br />
Olivier Rollot : La réforme du bac et du<br />
lycée voulue par Jean-Michel Blanquer est<br />
maintenant sur les rails. Quel regard jetezvous<br />
sur elle ?<br />
Mickaël Prost : Le cri d’alarme poussé par l’UPS<br />
sur la dégradation de la formation scientifique au<br />
lycée aux côtés d’autres associations scientifiques<br />
et de l’Académie des Sciences a induit une prise de<br />
conscience du ministère de l’Education nationale. Nous<br />
nous réjouissons de la mise en place des nouveaux<br />
programmes de seconde et première plus exigeants,<br />
plus cohérents et plus à même de préparer une entrée<br />
dans l’enseignement supérieur. Cet aspect positif<br />
est néanmoins contrebalancé par l’architecture des<br />
spécialités en terminale conduisant à la disparition<br />
pure et simple d’une troisième discipline scientifique.<br />
L’introduction plus large de l’informatique en tant que<br />
discipline autonome (spécialité « numérique et sciences<br />
informatiques ») est en revanche une grande avancée<br />
qui bénéficie d’un réel engouement de la part des lycéens<br />
et de leurs familles. Plus de la moitié des lycées<br />
pourraient l’ouvrir en première. Reste à savoir si le<br />
vivier d’enseignants pourra suivre malgré la création<br />
de diplômes d’université dans l’ensemble des académies<br />
pour conduire des formations accélérées en fin<br />
d’année scolaire.<br />
O. R : Vous dites que la réforme prépare<br />
mieux aux sciences mais le paradoxe est<br />
que l’enseignement des mathématiques n’est<br />
plus du tout obligatoire au lycée.<br />
M. P : Le nouveau lycée formera mieux aux mathématiques<br />
les seuls élèves qui auront choisi de faire des<br />
mathématiques. C’est la principale crainte de tous ceux<br />
qui auraient souhaité la présence des mathématiques<br />
dans le tronc commun. Il y a des besoins indéniables,<br />
je pense en particulier à la formation des futurs professeurs<br />
des écoles, des journalistes… Cela rend le<br />
choix de la spécialité mathématiques – voire l’option de<br />
terminale « mathématiques expertes » – ou a minima de<br />
l’option « mathématiques complémentaires » essentiel.<br />
Comment s’adapter<br />
à cette nouvelle<br />
architecture du lycée ?<br />
Les deux ministères de<br />
tutelle des CPGE sont en<br />
passe d’engager un travail<br />
de concertation entre les<br />
différentes parties prenantes<br />
pour adapter les classes à<br />
ce qui est la plus grande<br />
réforme du lycée depuis<br />
cinquante ans. L’inspection<br />
générale pilotera un groupe<br />
de travail visant à mettre<br />
en œuvre les ajustements<br />
nécessaires pour favoriser la<br />
réussite des futurs. Le cadre<br />
est déjà précisé : que le jeu<br />
des spécialités reste ouvert<br />
pour accéder à l’éventail<br />
des formations au sein des<br />
CPGE. Avec, en fonction<br />
des parcours au lycée, des<br />
orientations naturelles<br />
vers une prépa littéraire,<br />
économique et commerciale<br />
ou bien scientifique.<br />
© UPS<br />
18
l’essentiel du sup prépas entretien <strong>avril</strong> <strong>2019</strong> N° <strong>26</strong><br />
Du côté des profils les plus scientifiques, si vous<br />
additionnez le tronc commun et, par exemple, deux<br />
spécialités scientifiques en première il n’y a en définitive<br />
que 35 % des heures d’enseignement dispensées<br />
consacrées aux sciences. Pour poursuivre un cursus<br />
en sciences dans l’enseignement supérieur, en particulier<br />
en CPGE, nous recommandons d’en prendre trois,<br />
dont les mathématiques et la physique-chimie qui sont<br />
incontournables. Force est de constater que nous ne<br />
sommes pas encore parvenus à un volume horaire de<br />
sciences conforme à nos attentes. D’autant que nous<br />
ne savons pas encore si l’option « mathématiques<br />
expertes » de terminale sera présente partout.<br />
O. R : A quoi sert le module « enseignement<br />
scientifique » du tronc commun ?<br />
M. P : Il s’adresse à un public très large avec des objectifs<br />
très divers : entre pratique scientifique, découverte des<br />
enjeux scientifiques du monde contemporain et mise<br />
en lumière de l’apport de la démarche scientifique dans<br />
la construction d’un jugement critique, le programme<br />
centré sur les sciences expérimentales est certes<br />
séduisant mais vaste. Ces contenus seront-ils adaptés<br />
à des publics qui n’ont pas tous la même appétence<br />
pour les sciences ?<br />
O. R : Le choix des spécialités doit rester<br />
ouvert mais il y a néanmoins certaines<br />
spécialités qui s’imposent d’elles-mêmes si<br />
on désire accéder à certains cursus…<br />
M. P : Au milieu des parcours multiples, il y a effectivement<br />
des voies plus naturelles. Il ne faudrait<br />
pas imaginer un grand bouleversement en 2021 de<br />
la formation dispensée en classe prépa scientifique.<br />
Celle-ci s’appuie sur les besoins des écoles d’ingénieurs<br />
qui émanent eux-mêmes des exigences du monde<br />
de l’industrie et de la recherche, la réforme du lycée<br />
n’a pas vocation et ne prétend pas d’ailleurs modifier<br />
ces équilibres. Il serait en particulier peu pertinent de<br />
remettre en question le modèle des ingénieurs à la<br />
française, plébiscité en France comme à l’étranger.<br />
Ce modèle s’appuie sur une formation très solide en<br />
mathématiques et en physique-chimie pour former<br />
des étudiants qui sont à la fois des bons techniciens<br />
des sciences mais aussi des étudiants qui ont acquis<br />
une hauteur conceptuelle utile tout au long de leur vie<br />
professionnelle. Ce qui amènera jusqu’à nos classes un<br />
flux très majoritaire d’élèves ayant choisi les spécialités<br />
mathématiques et physique-chimie. Mais également,<br />
en proportion plus modeste, des élèves qui auront<br />
choisi mathématiques et sciences de l’ingénieur et qui<br />
ont toute leur place en CPGE.<br />
Mais il y a un véritable travail à mener pour nous ouvrir<br />
à d’autres profils et accueillir, par exemple, des élèves<br />
férus d’informatique et qui, après 6 heures d’enseignement<br />
hebdomadaire d’informatique en terminale,<br />
ne trouveraient pas de quoi satisfaire leurs appétences<br />
en CPGE, au-delà des seules mathématiques<br />
et physique. Un des grands enjeux du chantier à venir<br />
est de proposer en prépa un parcours hautement<br />
coloré en informatique. Les profils qui auront choisi la<br />
spécialité « numérique et sciences informatiques » en<br />
première-terminale ont besoin de débouchés adaptés<br />
en mathématiques-informatique. La très attractive<br />
option informatique en MP-SI n’y suffira pas.<br />
O. R : Tous les profils scientifiques auront<br />
leur place en CPGE ?<br />
M. P : Nous accueillons aujourd’hui des étudiants dans<br />
sept filières différentes en première année, dont trois<br />
technologiques, sans parler de la filière ATS accessible<br />
aux étudiants issus de BTS ou d’IUT. Nous avons une<br />
vraie culture de la diversité et les moyens d’accueillir<br />
un large spectre de profils scientifiques. Il reste cependant<br />
à organiser nos filières pour accueillir des profils<br />
qui seront plus hétérogènes demain, en fonction des<br />
couplages choisis par les lycéens. Il faudra veiller à<br />
éviter les aspects tubulaires en ouvrant peut-être de<br />
façon plus large l’accès aux filières de deuxième année.<br />
© UPS<br />
19
l’essentiel du sup prépas entretien<br />
<strong>avril</strong> <strong>2019</strong> N° <strong>26</strong><br />
Ce travail doit être engagé rapidement pour que nous<br />
puissions communiquer auprès des jeunes afin de les<br />
accompagner dans la construction de parcours en<br />
cohérence avec leurs poursuites d’études. Il nous faut<br />
aussi leur expliquer que 85 % des élèves qui entrent<br />
en première année accèdent à une école en deux ou<br />
trois ans. Qu’il y a presque autant de places dans les<br />
écoles d’ingénieurs que d’étudiants en 2 e année. Qu’avec<br />
50 000 étudiants dans nos classes chaque année, les<br />
prépas sont devenues un enseignement de masse,<br />
tout en assurant un accompagnement et un suivi<br />
personnalisé des étudiants, gage de leur motivation<br />
et de leur réussite personnelle et collective.<br />
O. R : Parcoursup est entré dans sa deuxième<br />
année. Quel bilan tirez-vous de la première<br />
et qu’en attendez-vous cette année ?<br />
M. P : Nous avons constaté un véritable afflux de<br />
dossiers, 100 % de plus parfois, signe de l’attractivité<br />
des CPGE, mais cette dynamique a été entravée par les<br />
engorgements estivaux sur la plateforme. Au total, les<br />
effectifs dans les classes préparatoires scientifiques<br />
restent en hausse mais cette augmentation n’est pas<br />
à la hauteur des années précédentes et du pic démographique<br />
que nous connaissons.<br />
À défaut du retour à une hiérarchisation des vœux<br />
que nous aurions souhaité, nous accueillons très<br />
positivement le raccourcissement par le ministère de<br />
l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation<br />
du calendrier des affectations. Le dispositif du<br />
« répondeur automatique » permettra de donner une<br />
réponse automatique pour chaque candidat dès les<br />
résultats du bac et accélérera sans doute la procédure.<br />
Mais pourquoi ne pas le mettre en œuvre dès le début<br />
du processus ?<br />
O. R : Et l’anonymisation des candidats –<br />
nom, prénom, âge, adresse mais pas lycée<br />
d’origine – dans Parcoursup cette année,<br />
qu’en pensez-vous ?<br />
M. P : Nous en prenons acte même s’il est presque<br />
insultant de penser que nous aurions pu faire de ces<br />
éléments des critères discriminants. Alors que les citoyens<br />
sont méfiants quant à l’utilisation d’algorithmes,<br />
il serait paradoxal d’enlever davantage d’éléments<br />
personnalisant les dossiers de candidatures. D’autant<br />
que certains établissements, notamment ceux<br />
qui recrutent sur concours, auront forcément accès<br />
à toutes les données et d’autres non. C’est un vrai<br />
problème d’équité.<br />
Monter le niveau<br />
en maths<br />
Le constat était fait depuis<br />
longtemps par les professeurs<br />
de prépas : sortis de leur<br />
terminale les élèves ne sont<br />
plus correctement préparés à<br />
suivre des études scientifiques<br />
dans l’enseignement supérieur<br />
sans faire face à de sérieuses<br />
difficultés : problèmes<br />
d’autonomie en calcul, des<br />
connaissances plus volatiles<br />
et une vision géométrique<br />
relativement défaillante. Les<br />
horaires d’enseignements<br />
scientifiques ont en effet<br />
diminué ces dernières années<br />
et que par ailleurs alors que<br />
la distanciation croissante<br />
entre les mathématiques<br />
et la physique est source<br />
de bien des lacunes.<br />
© Arts et Métiers Stefan Meyer<br />
20
L’ESSENtiEL DU SUP PréPaS<br />
ParolES DE ProfS<br />
AVRiL <strong>2019</strong> N° <strong>26</strong><br />
nathaLie<br />
Lucchini<br />
Professeure de<br />
chaire supérieure<br />
en classe<br />
préparatoire à<br />
l’ENS Paris-Saclay<br />
à l’École Nationale<br />
de Commerce-<br />
Bessières (Paris)<br />
Pour mieux connaître les classes<br />
préparatoires à l’ens Paris-saclay<br />
et à l’ens rennes<br />
Si les classes<br />
préparatoires à<br />
l’ENS Paris-Saclay<br />
et à l’ENS rennes<br />
font partie du<br />
paysage des CPGE<br />
économiques et<br />
commerciales,<br />
elles présentent<br />
des spécificités<br />
qui les distinguent<br />
des autres classes,<br />
mais offrent aussi<br />
des parcours<br />
d’excellence riches<br />
et variés aux élèves<br />
qui les intègrent.<br />
quelles sont donc les<br />
caractéristiques de<br />
ces classes ? quel<br />
regard les anciens<br />
élèves portent-ils<br />
sur ces classes<br />
et que sont-ils<br />
devenus ?<br />
des cLasses<br />
PréParatoires<br />
ProPosant un doubLe<br />
cursus cPge-université<br />
Définies par un arrêté ministériel de<br />
mars 1995, ces classes préparatoires<br />
ont alors vocation à préparer les<br />
élèves à l’une des deux voies d’accès<br />
par concours au département<br />
économie-gestion de l’ENS Cachan :<br />
« économie, méthodes quantitatives et<br />
gestion » (parcours dit « D2 » situé sur<br />
le campus de Cachan) et « économie,<br />
droit et gestion » (parcours dit « D1 »<br />
situé sur le campus de Ker Lann, à<br />
proximité de Rennes).<br />
Depuis un décret d’octobre 2013<br />
qui a créé une ENS autonome à<br />
Rennes, les classes préparatoires<br />
à la voie D1 préparent les élèves au<br />
concours d’entrée au département<br />
« Droit, économie, management » de<br />
l’ENS Rennes tandis que les classes<br />
préparatoires à la voie D2 permettent<br />
d’accéder au département « Économie<br />
et Gestion » de l’ENS Cachan —<br />
devenue officiellement depuis peu<br />
l’ENS Paris-Saclay 1 .<br />
1. Les quatre Écoles Normales Supérieures<br />
(ENS) - Paris (Ulm), Lyon, Paris-Saclay et<br />
Rennes - sont membres de la Conférence<br />
des Grandes Écoles. Une ENS « prépare,<br />
Un peu moins connues des bacheliers<br />
que les autres CPGE économiques et<br />
commerciales, car malheureusement<br />
moins nombreuses 2 , ces deux types<br />
de classes préparatoires présentent<br />
pourtant une originalité qui constitue<br />
un atout pour leurs élèves. Ces CPGE<br />
— dont le modèle était totalement<br />
novateur au moment de leur création<br />
— offrent en effet aux élèves un double<br />
par une formation scientifique et culturelle<br />
de haut niveau, des élèves se destinant à<br />
la recherche scientifique fondamentale ou<br />
appliquée, à l’enseignement universitaire et<br />
dans les classes préparatoires aux grandes<br />
écoles ainsi qu’à l’enseignement secondaire<br />
et, plus généralement, au service des<br />
administrations de l’État et des collectivités<br />
territoriales, de leurs établissements publics<br />
ou des entreprises » (décret du 5 janvier<br />
2011 relatif à l’École normale supérieure<br />
Cachan modifié par celui du 5 février <strong>2019</strong>).<br />
2. Il existe aujourd’hui 16 classes<br />
préparatoires à l’ENS Paris-Saclay et<br />
autant de classes préparatoires à l’ENS<br />
Rennes dans l’enseignement public (Source :<br />
Bulletin officiel n° 9 du 28 février <strong>2019</strong>).<br />
21<br />
Nathalie Lucchini
l’essentiel du sup prépas paroles de profs <strong>avril</strong> <strong>2019</strong> N° <strong>26</strong><br />
cursus puisqu’ils suivent pendant deux<br />
ans des cours en classe préparatoire<br />
et d’autres à l’université pour lesquels<br />
ils passent les examens universitaires<br />
chaque semestre, comme n’importe<br />
quel étudiant inscrit en licence.<br />
L’emploi du temps hebdomadaire<br />
est adapté, défini en concertation<br />
avec l’université partenaire où les<br />
enseignements sont généralement<br />
regroupés par demi-journée pour<br />
limiter les déplacements. Les élèves<br />
peuvent ainsi sereinement préparer<br />
de façon simultanée le concours<br />
d’entrée à l’ENS Paris-Saclay ou l’ENS<br />
Rennes et les deux premières années<br />
d’une licence d’économie-gestion ou<br />
MIASHS (pour les CPGE ENS D2) ou<br />
d’une licence de Droit ou AES (pour<br />
les CPGE ENS D1). Leur parcours est<br />
donc sécurisé par la validation d’une<br />
formation universitaire de niveau<br />
L2. Le taux de réussite des élèves à<br />
l’université est d’ailleurs très élevé et<br />
nombreux sont ceux qui obtiennent<br />
une mention à l’issue des deux années<br />
de licence.<br />
Les classes préparatoires à l’ENS<br />
conjuguent les avantages de<br />
l’université et ceux de la classe<br />
préparatoire. À l’université, les élèves<br />
apprennent l’autonomie nécessaire<br />
pour suivre efficacement les cours<br />
dispensés en amphithéâtre et les<br />
travaux dirigés qui leur apportent<br />
les connaissances fondamentales.<br />
Ils découvrent aussi le monde<br />
universitaire et celui de la recherche.<br />
En classe préparatoire, et comme<br />
dans toutes les CPGE, ils bénéficient<br />
d’un encadrement avec un suivi<br />
personnalisé et acquièrent des<br />
connaissances économiques ou<br />
juridiques plus approfondies, ainsi que<br />
le rythme de travail et les méthodes<br />
nécessaires à la préparation d’un<br />
concours. Cette complémentarité<br />
entre la classe préparatoire et<br />
l’université séduit souvent les<br />
candidats sur Parcoursup et elle est<br />
très régulièrement soulignée par les<br />
anciens élèves, comme le montrent les<br />
témoignages recueillis.<br />
L’organisation<br />
des enseignements<br />
Tableau 1 : Les enseignements dispensés<br />
en classe préparatoire à l’ENS Paris-Saclay<br />
Les enseignements sont déterminés<br />
par les programmes des épreuves<br />
des concours d’entrée à chaque ENS<br />
et confèrent sa spécificité à chaque<br />
classe : dominante « économie et<br />
mathématiques » pour les CPGE<br />
ENS D2 avec une approche en partie<br />
formalisée de l’économie qui distingue<br />
ces classes des CPGE ECE ; dominante<br />
« droit et économie » pour les CPGE<br />
ENS D1 qui sont les seules classes<br />
matières 1 re année 2 nde année<br />
économie 2 heures 2 heures<br />
Mathématiques et statistiques 2 heures 3 heures<br />
Approfondissement méthodologique<br />
2 heures 2 heures<br />
(et préparation à l’entretien)<br />
Analyse monétaire<br />
et/ou politique économique<br />
2 heures 2 heures<br />
Option (selon les CPGE)<br />
• à dominante gestion<br />
• à dominante économique<br />
Langue vivante étrangère<br />
2 heures<br />
2 heures<br />
2 heures (1 heure de<br />
cours + 1 heure de TD)<br />
Tableau 2 : Les enseignements dispensés<br />
en classe préparatoire à l’ENS Rennes<br />
3 heures<br />
3 heures<br />
2 heures (1 heure de<br />
cours + 1 heure de TD)<br />
matières 1 re année 2 nde année<br />
économie 2 heures 2 heures<br />
Droit Civil 2 heures 3 heures<br />
Approfondissement méthodologique<br />
(et préparation à l’entretien)<br />
2 heures 2 heures<br />
Option (selon les CPGE)<br />
• Droit commercial et droit des sociétés<br />
• Droit public<br />
• Mathématiques appliquées,<br />
statistiques et probabilités<br />
Anglais (a)<br />
Langue vivante étrangère 2 (b)<br />
(selon les CPGE)<br />
2 heures<br />
2 heures<br />
2 heures<br />
2 heures (1 heure de<br />
cours + 1 heure de TD)<br />
2 heures (1 heure de<br />
cours + 1 heure de TD)<br />
3 heures<br />
3 heures<br />
3 heures<br />
2 heures (1 heure de<br />
cours + 1 heure de TD)<br />
2 heures (1 heure de<br />
cours + 1 heure de TD)<br />
(a) peut être choisi à l’écrit ou à l’oral.<br />
(b) peut être choisie à l’écrit ou à l’oral parmi les langues suivantes : allemand, chinois (mandarin),<br />
espagnol, italien, portugais, russe.<br />
22
l’essentiel du sup prépas<br />
paroles de profs<br />
<strong>avril</strong> <strong>2019</strong> N° <strong>26</strong><br />
© RPBW, rendering by IDA+<br />
L’ENS Paris-Saclay<br />
emménagera prochainement<br />
dans un tout nouveau<br />
bâtiment conçu par<br />
Renzo Piano.<br />
préparatoires à proposer une telle<br />
bi-disciplinarité.<br />
Les horaires hebdomadaires en CPGE<br />
sont définis par des arrêtés ministériels<br />
et sont compris entre 12 heures (1 re<br />
année) et 14 heures (2 e année) pour<br />
les deux classes. Nous les avons<br />
présentés dans les tableaux 1 et 2.<br />
À ces enseignements de classe<br />
préparatoire s’ajoutent les cours<br />
et les travaux dirigés suivis par les<br />
élèves à l’université, conformément<br />
à la convention passée entre chaque<br />
CPGE et l’université. Au total, le volume<br />
horaire de formation correspond à<br />
peu près à celui des autres classes<br />
économiques et commerciales. Des<br />
« colles » — ou interrogations orales<br />
— dans chaque matière sont aussi<br />
inscrites à l’emploi du temps des<br />
élèves pour une préparation efficace<br />
aux épreuves écrites et orales des<br />
concours. 3<br />
3. Les « colles » constituent une spécificité des<br />
classes préparatoires dont l’intérêt est reconnu<br />
de tous, professeurs et élèves : elles permettent<br />
surtout un suivi régulier de la progression des<br />
élèves qui apprennent ainsi à travailler vite et<br />
efficacement et à améliorer leur expression<br />
orale (cf. l’article écrit par Antoine de La Taille<br />
dans L’<strong>Essentiel</strong> du Sup en décembre 2017).<br />
Des débouchés variés<br />
Si l’ENS Paris-Saclay est le débouché<br />
naturel des classes préparatoires<br />
D2 et l’ENS Rennes celui des classes<br />
préparatoires D1, les poursuites<br />
d’études des élèves de ces CPGE sont<br />
en fait riches et variées.<br />
Les admis au concours de l’ENS<br />
Paris-Saclay ou de l’ENS Rennes<br />
Les élèves admis au concours de l’ENS<br />
Paris-Saclay ou de l’ENS Rennes sont<br />
normaliens et acquièrent le statut de<br />
fonctionnaire stagiaire. Ils bénéficient<br />
pendant quatre ans d’une formation<br />
rémunérée de haut niveau qui leur<br />
permet d’envisager des carrières<br />
dans l’enseignement supérieur et la<br />
recherche, l’enseignement secondaire,<br />
dans la haute fonction publique, les<br />
institutions internationales ou les<br />
entreprises.<br />
Il est à noter que l’ENSAI (École<br />
Nationale de la Statistique et de<br />
l’Analyse de l’Information) offre<br />
quatorze places aux élèves issus<br />
des CPGE ENS D2 dans le cadre<br />
d’épreuves communes à celles du<br />
concours d’entrée au département<br />
Économie et Gestion de l’ENS<br />
Paris-Saclay. Cette école fait partie<br />
23
L’ESSENtiEL DU SUP PréPaS ParolES DE ProfS AVRiL <strong>2019</strong> N° <strong>26</strong><br />
Le grand amphithéâtre du nouveau bâtiment de l’ENS Paris-Saclay peut recevoir 500 personnes<br />
avec l’ENSAE (École Nationale de<br />
la Statistique et de l’Administration<br />
Économique) du groupe des<br />
écoles nationales d’économie et de<br />
statistique qui rassemble les activités<br />
d’enseignement et de recherche<br />
de l’iNSEE. Les élèves qui intègrent<br />
l’ENSAi suivent une formation soit<br />
dans le cycle ingénieur (pour obtenir<br />
en trois ans un Master d’ingénieur<br />
statisticien), soit dans le cycle<br />
fonctionnaire (ils sont rémunérés<br />
pendant deux ans et deviennent<br />
attachés statisticiens de l’iNSEE).<br />
Les écoles autres que les ENS<br />
Les élèves des deux types de<br />
classes préparatoires peuvent aussi<br />
accéder aux écoles de management<br />
par la voie de l’admissibilité à l’ENS.<br />
Certaines écoles (EMLyon Business<br />
School, Audencia Nantes, Grenoble<br />
École de Management) offrent en<br />
effet quelques places (cinq à dix) aux<br />
admissibles à l’ENS Paris-Saclay ou<br />
l’ENS Rennes. Dispensés d’épreuves<br />
écrites, ils passent alors des épreuves<br />
orales d’entretien et de langues. il en<br />
est de même pour le CELSA, l’École<br />
des hautes études en sciences de<br />
l’information et de la communication<br />
(membre de Sorbonne Université)<br />
que les élèves peuvent intégrer pour<br />
y suivre une troisième année de<br />
licence sélective en information et<br />
communication.<br />
Alors que le département Économie<br />
et Gestion de l’ENS Paris-Saclay<br />
reconnaît encore l’admissibilité aux<br />
écoles de management parisiennes<br />
(HEC, ESSEC, ESCP) des élèves<br />
des autres classes économiques<br />
et commerciales en leur réservant<br />
quelques places, la réciprocité n’est,<br />
hélas, plus vraie depuis des années.<br />
D’autres écoles de management<br />
proposent des concours d’entrée par<br />
la voie de l’admission sur titres (ASt)<br />
aux étudiants titulaires d’une L2 dans<br />
le cadre d’une banque d’épreuves<br />
(tremplin 1, Passerelle 1) ou de façon<br />
indépendante (ex. : EDHEC, SKEMA<br />
Business School, toulouse Business<br />
© RPBW<br />
School). Les élèves des CPGE ENS D1<br />
et D2 y sont par conséquent éligibles.<br />
Ceux qui ont suivi une formation<br />
juridique en classe préparatoire ont<br />
également la possibilité d’accéder sur<br />
concours à des iEP (instituts d’Études<br />
Politiques) au niveau L2.<br />
Les filières universitaires<br />
sélectives<br />
À l’issue de leurs deux années<br />
en CPGE, les élèves des classes<br />
préparatoires à l’ENS peuvent non<br />
seulement poursuivre leurs études<br />
en licence, mais aussi intégrer des<br />
filières sélectives à l’université. il<br />
s’agit de magistères — formations<br />
sélectives en trois ans après une<br />
L2 — et de licences sélectives dans<br />
lesquels le recrutement se fait donc<br />
après une sélection sur dossier ou<br />
concours et parfois aussi un entretien.<br />
À titre d’exemples, les élèves issus<br />
d’une CPGE ENS D2 ont accès à des<br />
magistères d’économie, de finance, de<br />
gestion à Paris (ex. : Paris 1 Panthéon<br />
Sorbonne, Paris 2 Panthéon Assas,<br />
Dauphine) ou en province (ex. : Aix-<br />
Marseille Université, toulouse School<br />
of Economics, Université Clermont<br />
Auvergne, Université de Bordeaux).<br />
ils peuvent aussi entrer dans un des<br />
trente-trois instituts d’administration<br />
des entreprises (iAE) de France ; ces<br />
écoles universitaires de management<br />
recrutent en effet sur concours<br />
(Score iAE/Message) au niveau L2.<br />
Les élèves issus d’une CPGE ENS D1<br />
accèdent, eux, à des magistères de<br />
droit (ex. : juriste d’affaires, droit des<br />
affaires économiques, droit des tiC,<br />
droit public appliqué) et à des licences<br />
ou double licences sélectives (ex. :<br />
licence Droit-Management, Droit-<br />
Économie).<br />
24
l’essentiel du sup prépas<br />
paroles de profs<br />
<strong>avril</strong> <strong>2019</strong> N° <strong>26</strong><br />
Témoignages d’anciens<br />
élèves<br />
Une prépa ce sont toujours ses<br />
anciens élèves qui en parlent le mieux.<br />
Pierre, William, Lise, Margaux… se<br />
souviennent d’années passionnantes<br />
qui leur ont permis d’intégrer une ENS,<br />
une école de management ou une<br />
filière universitaire sélective.<br />
Pierre Trupin<br />
Intéressé par l’économie, j’ai intégré<br />
une classe préparatoire D2 après mon<br />
baccalauréat scientifique. Outre les<br />
disciplines enseignées, j’ai été séduit<br />
par le parcours prépa-université. Près<br />
de dix ans après, je me rends compte<br />
de l’importance qu’ont eu ces années<br />
sur mon avenir : au-delà du bagage<br />
de connaissances diversifiées que j’ai<br />
pu acquérir, c’est surtout une réelle<br />
capacité de travail et une véritable<br />
autonomie que j’ai acquises. Cette<br />
période est pour moi synonyme de<br />
développement personnel, d’entraide<br />
en prépa, d’exigence et de stimulation<br />
intellectuelle.<br />
Après la CPGE, j’ai intégré l’ENS<br />
Paris-Saclay avant de poursuivre mes<br />
études en finance à Dauphine. Étant<br />
attiré par le monde de la recherche,<br />
mais aussi celui de l’entreprise, je me<br />
suis orienté vers une thèse CIFRE<br />
que j’effectue aujourd’hui au sein de<br />
Dauphine et du cabinet de conseil<br />
Accuracy. J’étudie les relations<br />
entre l’actionnariat et les politiques<br />
d’innovation des entreprises, tout<br />
en étant consultant dans le domaine<br />
financier. Cela me permet d’être<br />
confronté à des problématiques<br />
académiques, mais aussi très<br />
pratiques.<br />
©RPBW, rendering by IDA+<br />
L’ENS Rennes a été créée en 2013<br />
William Honvo<br />
J’ai débuté la classe préparatoire ENS<br />
D2 après un bac ES. Deux raisons<br />
avaient alors motivé mon choix pour<br />
cette prépa : la possibilité de faire de<br />
l’économie de façon approfondie dès<br />
le début du supérieur et un équilibre<br />
entre prépa et université. Aujourd’hui,<br />
je mesure mieux à quel point cette<br />
formation constitue une excellente<br />
manière de rentrer dans le monde des<br />
études.<br />
À l’issue de la prépa, j’ai intégré<br />
l’ENS Paris-Saclay pour suivre<br />
une formation directement dans la<br />
continuité des cours de la CPGE.<br />
J’ai aussi pu avoir des expériences<br />
très variées allant de stages à la<br />
Cour des comptes, en laboratoire<br />
de recherche, en cabinet de conseil<br />
ou à l’Ambassade de France en<br />
Italie, à une mission au cabinet du<br />
Secrétaire d’État aux sports sur<br />
les questions d’économie du sport.<br />
J’ai fini mes études en préparant le<br />
concours de la Banque de France où<br />
je travaille désormais à la direction<br />
générale des études et des relations<br />
internationales. Je suis la conjoncture<br />
française pour fournir notamment<br />
des prévisions économiques sur<br />
les grands agrégats de comptabilité<br />
nationale. Tout ceci a été possible en<br />
partie grâce à la capacité d’adaptation<br />
que la prépa D2 m’a permis de<br />
développer.<br />
Lise Rouanet<br />
J’ai choisi de faire une CPGE D1, car<br />
la formation présentait l’avantage<br />
d’être pluridisciplinaire (économie et<br />
droit) et d’offrir un cadre privilégié<br />
pour assimiler des méthodes de<br />
travail rigoureuses. Après les deux<br />
années de classe préparatoire, j’ai<br />
réussi le concours d’entrée à l’ENS de<br />
Rennes. Les deux premières années<br />
se sont déroulées en partenariat avec<br />
l’Université de Rennes 1 où j’ai obtenu<br />
une licence en droit puis un Master 1,<br />
mention droit européen. La troisième<br />
année du cursus a été consacrée<br />
à la préparation du concours de<br />
l’agrégation d’économie-gestion.<br />
25
l’essentiel du sup prépas paroles de profs <strong>avril</strong> <strong>2019</strong> N° <strong>26</strong><br />
Après avoir obtenu ce concours, j’ai<br />
demandé une mise en disponibilité au<br />
Ministère de l’Éducation Nationale. J’ai<br />
ainsi pu faire ma dernière année d’ENS<br />
à l’Université Panthéon-Assas dans<br />
le cadre d’un Master 2 recherche en<br />
droit social. Cette année a conforté<br />
plusieurs projets : d’une part, celui<br />
de poursuivre une carrière dans<br />
l’enseignement et, d’autre part, celui<br />
d’approfondir le droit du travail en<br />
doctorat. J’ai actuellement un contrat<br />
doctoral spécifique normalien. La<br />
voie du doctorat est privilégiée pour<br />
embrasser, à terme, une carrière<br />
d’enseignant-chercheur.<br />
Romain Novello<br />
La CPGE D2 m’a beaucoup apporté<br />
en matière de savoir et savoir-être.<br />
Il s’agit d’une formation exigeante qui<br />
permet de développer sa capacité<br />
de travail, ainsi qu’un grand sens de<br />
rigueur intellectuelle et une approche<br />
méthodique. Toutes ces valeurs<br />
procurent de solides bases sur<br />
lesquelles s’appuyer pour affronter<br />
Vue de nuit du théâtre « Scène de la recherche » de l’ENS Paris-Saclay<br />
la suite de ses études, mais aussi<br />
pour préparer au mieux son insertion<br />
professionnelle à venir.<br />
Après cette CPGE, j’ai intégré la<br />
Toulouse School of Economics pour y<br />
réaliser mon master, puis l’Université<br />
Toulouse 1 Capitole afin d’y obtenir<br />
un second master, complémentaire<br />
au premier. Aujourd’hui, après<br />
une première expérience dans le<br />
monde du conseil en développement<br />
économique territorial, j’occupe<br />
la fonction de chargé d’études<br />
économiques au sein de la CCI de<br />
l’Essonne. Mes missions concernent<br />
l’appui aux territoires dans leur mise<br />
en place de politiques publiques<br />
de développement économique et<br />
la diffusion générale d’information<br />
économique, à destination de tous les<br />
acteurs économiques.<br />
Margaux Hébrard<br />
Après le baccalauréat, je n’avais pas<br />
une idée précise de ce que je voulais<br />
faire, mais je savais que je voulais<br />
continuer à faire des mathématiques<br />
© ENS Paris-Saclay<br />
et de l’économie. Le système prépauniversité<br />
de la CPGE D2 m’intéressait<br />
et je n’ai pas été déçue. Le fait de<br />
devoir gérer la prépa et l’université<br />
m’a beaucoup apporté en termes<br />
de méthodologie, d’organisation, de<br />
rigueur et d’efficacité.<br />
Après la prépa, j’ai intégré Dauphine<br />
où j’ai étudié l’économie appliquée<br />
en licence avant de me spécialiser<br />
en Finance d’Entreprise en Master.<br />
Après deux années de conseil en<br />
management de projets, je suis<br />
actuellement en charge de coordonner<br />
les projets et de garantir le contrôle<br />
interne des services financiers du<br />
siège de Pernod-Ricard. Avec le<br />
recul, je m’aperçois que tout ce qu’on<br />
apprend en prépa nous sert dans<br />
n’importe quel parcours d’études<br />
et encore ensuite dans le monde<br />
professionnel.<br />
Kellian Blanchet<br />
Qu’il est difficile de décrire en quelques<br />
lignes ce que la prépa D1 apporte ! Le<br />
plus simple serait de commencer par<br />
là où je suis aujourd’hui. Je prépare<br />
actuellement le concours de la<br />
magistrature et travaille en parallèle<br />
au tribunal de grande instance pour<br />
assister les magistrats dans la gestion<br />
des dossiers de droit économique et<br />
financier.<br />
Que ce soit au sein des entreprises<br />
ou dans la répression des infractions<br />
économiques et financières, la<br />
personne qui décide de se former en<br />
droit et économie s’ouvre un champ<br />
de possibilités très vaste. J’ai eu la<br />
chance de pouvoir me former à l’ENS<br />
Rennes après une prépa D1. Pour<br />
<strong>26</strong>
L’ESSENtiEL DU SUP PréPaS<br />
ParolES DE ProfS<br />
AVRiL <strong>2019</strong> N° <strong>26</strong><br />
autant, je suis intimement convaincu<br />
que c’est grâce à la prépa que j’ai<br />
pu réaliser mon propre potentiel.<br />
Rigueur, méthode, capacité de travail,<br />
ouverture d’esprit, confiance en soi<br />
(même si ce n’est qu’après la prépa<br />
qu’on le réalise !), la prépa vous forme<br />
à l’excellence. Apprendre à s’exprimer<br />
avec aisance et précision à l’écrit et<br />
surtout à l’oral est une opportunité<br />
incroyable dans un monde où<br />
convaincre est essentiel. Dès lors, si<br />
la possibilité d’une prépa D1 s’offre à<br />
vous, saisissez cette chance !<br />
Léo Quennesson<br />
Après mon baccalauréat ES, j’ai<br />
suivi une classe préparatoire D2.<br />
Avec le recul, cette formation m’a<br />
permis d’acquérir en deux ans des<br />
bases solides en économie, en<br />
histoire et en mathématiques et en<br />
préparant le concours d’entrée à<br />
l’École normale supérieure, j’ai aussi<br />
pu acquérir des méthodes de travail,<br />
une réflexion et une maturité qui sont<br />
aujourd’hui nécessaires pour ma vie<br />
professionnelle.<br />
J’ai ensuite intégré le Magistère<br />
d’économie de l’Université Paris 1<br />
et obtenu le Master d’Analyse et<br />
Politique Économiques de la Paris<br />
School of Economics. Afin de mieux<br />
comprendre le comportement des<br />
agents économiques, j’ai choisi de me<br />
spécialiser en micro-économie et j’ai<br />
rédigé un mémoire sur les problèmes<br />
de coopération internationale entre<br />
États en matière fiscale.<br />
Au cours de mes études en prépa et<br />
à l’université, j’ai progressivement<br />
acquis le goût pour la chose publique ;<br />
celui-ci m’a porté vers Bercy, à la<br />
© ©RPBW, rendering by IDA+<br />
La « coursive » intérieure de l’ENS Paris-Saclay<br />
Direction générale du trésor, après un<br />
passage au ministère de la Santé et à<br />
la direction de la législation fiscale. La<br />
direction générale du trésor évalue et<br />
conçoit les politiques économiques de<br />
demain et dans ce cadre, je m’occupe<br />
plus particulièrement de l’évaluation<br />
des dépenses publiques locales.<br />
Antoine Barbier<br />
La prépa D1 est une formation unique<br />
en son genre. J’ai été séduit par son<br />
fonctionnement, son contenu et son<br />
exigence qui permet d’envisager<br />
diverses carrières. J’ai intégré, à la<br />
suite de la prépa et d’une troisième<br />
année de droit, l’école de management<br />
Audencia, à Nantes. J’ai pu y<br />
compléter mes acquis avec des cours<br />
de marketing, finance et gestion de<br />
projet. Au fil des stages, j’ai d’abord<br />
décidé de m’orienter vers la finance<br />
d’entreprise. Passionné de musique<br />
et musicien, j’ai ensuite réorienté ma<br />
carrière professionnelle et je travaille à<br />
présent en tant que Music Supervisor<br />
dans une agence de publicité. Je suis<br />
chargé de rechercher les musiques<br />
pour les films publicitaires, puis de<br />
négocier et contractualiser l’utilisation<br />
de celles-ci. C’est un métier qui allie<br />
expertise, musique, rigueur juridique<br />
et force de négociation. J’ai également<br />
la chance de pouvoir allier carrière<br />
professionnelle et carrière artistique<br />
en continuant à faire de la musique,<br />
avec un album et une tournée<br />
française en cours. Je suis convaincu<br />
que ma formation en classe prépa D1<br />
a été un vrai plus pour acquérir une<br />
expertise économique et juridique,<br />
une capacité de travail et une grande<br />
adaptabilité.<br />
Adeline Baroudi<br />
issue d’un baccalauréat ES, je ne<br />
savais pas vers quel métier m’orienter.<br />
La prépa D1 m’a apporté de la rigueur,<br />
de la discipline, de l’écoute, et des<br />
bases solides. Elle m’a ouvert les<br />
portes de l’EM Lyon. J’y ai réalisé<br />
mon bachelor puis le master en<br />
27
l’essentiel du sup prépas paroles de profs <strong>avril</strong> <strong>2019</strong> N° <strong>26</strong><br />
© ENS Rennes<br />
management. J’y ai suivi des cours<br />
de dynamique d’entreprise, de<br />
techniques de négociation, d’aide à la<br />
prise de décision et j’ai pu réaliser une<br />
immersion à l’étranger en Inde.<br />
Après plusieurs stages dans un<br />
service achat, au sein d’un cabinet<br />
de conseil, au sein d’une équipe<br />
commerciale pour Danone, j’ai<br />
finalement rejoint ma mère lors de<br />
la création de sa société en 2011<br />
pour assurer le développement<br />
commercial de cette TPE. Aujourd’hui<br />
cette entreprise est une PME. J’ai pu<br />
mettre à profit les enseignements<br />
dont j’avais bénéficié d’un point de vue<br />
commercial et éprouvé la pratique<br />
du management. Mon métier englobe<br />
une palette large de compétences :<br />
participer à la croissance, au<br />
recrutement, au développement,<br />
aux choix stratégiques au sein<br />
d’une structure à taille humaine.<br />
Pleinement épanouie, j’ai désormais<br />
pris la direction générale. Ce cursus<br />
m’a rendue plus courageuse et plus<br />
audacieuse.<br />
Sylvaine Lempereur<br />
La classe préparatoire D2, audelà<br />
d’une simple formation<br />
d’enseignement supérieur, a été pour<br />
moi une expérience enrichissante qui a<br />
véritablement façonné mon parcours<br />
de vie. Grâce à mes deux années<br />
de CPGE, je me suis construit un<br />
bagage technique et méthodologique<br />
pour poursuivre mes études, puis<br />
ma carrière professionnelle avec<br />
de solides atouts. J’y ai apprécié<br />
le mélange de matières à la fois<br />
formalisées et non formalisées. Cela<br />
m’a permis de renforcer ma culture<br />
générale et économique.<br />
À l’issue de la prépa, j’ai intégré<br />
le magistère du CERDI pour<br />
me spécialiser en économie du<br />
développement. De par l’encadrement<br />
reçu et le niveau d’exigence requis<br />
en CPGE, j’ai acquis une rigueur, un<br />
esprit critique, mais également une<br />
capacité d’organisation et de travail<br />
qui sont des qualités essentielles dans<br />
le secteur où je travaille actuellement.<br />
À la suite de mon master, j’ai démarré<br />
une carrière dans la gestion de<br />
projets humanitaire dans les ONG<br />
internationales en Afrique de l’Ouest.<br />
J’occupe actuellement un poste de<br />
coordinatrice des contrats pour<br />
International Rescue Committee au<br />
Mali et suis engagée dans l’assistance<br />
aux personnes affectées par les<br />
conflits et les crises humanitaires.<br />
28
l’essentiel du sup prépas entretien<br />
<strong>avril</strong> <strong>2019</strong> N° <strong>26</strong><br />
Marc Mézard<br />
Directeur de l’ENS<br />
« L’enseignement supérieur français<br />
est entré dans une phase de concurrence accrue. »<br />
C’est l’une des plus prestigieuses<br />
Grandes écoles françaises : l’École<br />
normale supérieure de Paris n’en entend<br />
pas moins communiquer auprès du<br />
grand public pour faire comprendre son<br />
modèle. Rencontre avec son directeur,<br />
Marc Mézard.<br />
Olivier Rollot : En compagnie des quatre<br />
écoles d’ingénieurs de la Montagne Sainte<br />
Geneviève à Paris (ENS-ESPCI-Mines<br />
ParisTech-Chimie ParisTech toutes membres<br />
de Paris Sciences et Lettres) l’École normale<br />
supérieure (ENS) Paris vient d’organiser une<br />
journée porte ouvertes. On imagine mal que<br />
vous ayez du mal à recruter les meilleurs<br />
étudiants. Alors pourquoi organiser une<br />
JPO ?<br />
Marc Mézard : Ce n’est pas la première fois que nous<br />
le faisons à l’ENS même si c’est une première avec<br />
ces trois autres écoles d’ingénieurs. Nous n’avons<br />
aucun mal à recruter d’excellents étudiants, mais nous<br />
voulons démontrer ainsi qu’une école parfois perçue<br />
comme inaccessible est fondamentalement ouverte.<br />
Nous organisons également des « Nuits », sortes de<br />
grandes conférences ouvertes à tous ; la prochaine,<br />
en juin <strong>2019</strong>, sera consacrée aux « Origines ».<br />
O. R : La concurrence internationale des<br />
meilleures universités joue-t-elle un rôle<br />
dans cette volonté d’ouverture ?<br />
M. M. : L’enseignement supérieur français est entré dans<br />
une phase de concurrence accrue pour recruter les<br />
meilleurs étudiants au niveau mondial. C’est aussi cela<br />
qui nous a poussés à entrer dans PSL (Paris Sciences<br />
et Lettres). Ainsi, au sein de PSL, nous avons pu ouvrir<br />
un premier cycle d’un type nouveau, le CPES.<br />
O. R : Le cycle pluridisciplinaire d’études<br />
supérieures (CPES) c’est la classe<br />
préparatoire de l’avenir ?<br />
M. M. : C’est une grande innovation que nous avons<br />
portée et développée avec les établissements de PSL.<br />
Aujourd’hui nous recevons chaque année 150 étudiants<br />
dans un premier cycle qui est plus proche de la recherche<br />
que ne le sont les classes préparatoires. Le tout avec<br />
une grande densité d’apprentissage pendant trois ans<br />
mais aussi des modules d’ouverture et, au final, une<br />
spécialisation disciplinaire qui s’affine peu à peu.<br />
Prenons un exemple : pour les étudiants passionnés<br />
de sciences expérimentales, l’ENS peut montrer aux<br />
étudiants l’un des plus beaux laboratoires de RMN<br />
(résonance magnétique nucléaire) au monde. Ce que ne<br />
peuvent évidemment pas proposer des lycées et des<br />
classes préparatoires. Ce dilemme entre des classes<br />
préparatoires peu orientées vers la recherche et des<br />
premiers cycles universitaires avec leurs lourdes<br />
contraintes est l’une des raisons qui peut pousser<br />
certains étudiants à partir à l’étranger. Le CPES est<br />
une des réponses possibles, son succès le démontre.<br />
© ENS<br />
Comment entre-ton<br />
à l’ENS Paris ?<br />
Sept concours sont ouverts<br />
aux élèves de classes<br />
préparatoires. Chaque<br />
année 200 candidats<br />
sont reçus, deviennent<br />
« normaliens élèves » et<br />
sont rémunérés. 130 autres<br />
candidats sont recrutés par<br />
un autre concours organisé<br />
au niveau de chacun des<br />
quinze départements de<br />
l’école au terme d’épreuves<br />
très différentes de celles<br />
des élèves de prépas. Ils<br />
doivent présenter un dossier<br />
puis passer un entretien qui<br />
permet à l’ENS de déceler<br />
leurs projets ou leurs sujets de<br />
recherche. Ceux-ci deviennent<br />
« normaliens étudiants ».<br />
29
l’essentiel du sup prépas entretien<br />
<strong>avril</strong> <strong>2019</strong> N° <strong>26</strong><br />
O. R : On doit forcément passer par un petit<br />
nombre de lycées, essentiellement parisiens,<br />
pour intégrer l’ENS après une classe<br />
préparatoire ?<br />
M. M. : Quelques lycées trustent beaucoup de places<br />
mais eux-mêmes recrutent dans toute la France.<br />
Une phase de concentration s’établit dans un certain<br />
nombre de classes préparatoires mais il y a beaucoup<br />
plus que dix lycées dont sont issus nos élèves. Avec<br />
parfois des surprises.<br />
O. R : Longtemps on n’a pas obtenu de<br />
diplôme particulier autre qu’universitaire en<br />
sortant de l’ENS. Ce n’est plus le cas ?<br />
M. M. : Depuis trois ans on sort de l’ENS avec un diplôme<br />
spécifique basé sur un master recherche qu’on<br />
peut aussi bien obtenir dans une université que dans<br />
l’école ou dans une structure accréditée. Notre diplôme<br />
s’appuie sur des crédits complémentaires qui correspondent<br />
aussi bien à une mineure de formation dans<br />
une autre discipline qu’à un séjour à l’international ou à<br />
des modules d’ouverture hors les murs (stage, cours de<br />
tutorat donnés dans quinze lycées partenaires, etc.).<br />
Cette formation polymorphe est devenue obligatoire<br />
pour tous les normaliens, étudiants et élèves.<br />
O. R : Mais que deviennent vos diplômés ?<br />
Tous professeurs d’université ?<br />
M. M. : 70 % de nos diplômés deviennent effectivement<br />
professeurs d’université ou chercheurs. Quelques-uns<br />
vont dans la haute administration ou en lycées. Les<br />
« normaliens élèves », qui ont touché un salaire, ont une<br />
obligation décennale (dont les quatre années passées<br />
à l’école) de travailler dans la fonction publique. Sinon<br />
ils doivent rembourser les sommes perçues. 10 ans<br />
après leur sortie de l’ENS de 10 à 20 % de nos diplômés<br />
travaillent dans le privé.<br />
O. R : Quand on est un très bon élève<br />
comment choisit-on plutôt l’ENS que l’École<br />
polytechnique ?<br />
M. M. : Nous recevons autant de scientifiques que de<br />
littéraires. Entrer à l’ENS c’est être chercheur dans l’âme.<br />
C’est vouloir suivre une formation par la recherche et<br />
pour une bonne fraction d’entre eux, poursuivre en<br />
recherche. Ici les études sont à la carte et chacun<br />
construit son propre parcours, ce qui est très formateur<br />
mais parfois déstabilisant à la sortie d’une classe<br />
préparatoire. On ne sait vraiment qu’on est fait pour<br />
être chercheur qu’en réalisant sa thèse. Il faut avoir<br />
compris la ténacité et la persévérance nécessaires<br />
pour réaliser un travail de thèse original. 80 % de nos<br />
diplômés font une thèse et je les y encourage tous.<br />
O. R : Que vous apporte votre présence au<br />
sein de PSL ?<br />
M. M. : C’est la directrice précédente de l’ENS, Monique<br />
Canto-Sperber, qui a eu l’idée de créer PSL et<br />
j’ai poussé dans cette même direction. Il me paraît<br />
capital pour nous de nous inscrire dans l’un des grands<br />
pôles universitaires français. PSL est une très belle<br />
université, d’une échelle relativement modeste par<br />
rapport à certains mastodontes universitaires, au<br />
sein de laquelle l’ENS peut tenir un rôle important ;<br />
cela nous permet par exemple d’être plus ambitieux à<br />
l’international. Une autre motivation pour nous était de<br />
contribuer à une meilleure diversification intellectuelle<br />
et sociale des étudiants. Les classes préparatoires<br />
sont un outil merveilleux et gratuit mais génèrent aussi<br />
beaucoup d’autocensure.<br />
Paris Sciences et Lettres<br />
En sus de l’ENS Paris les<br />
membres de la Comue Paris<br />
Sciences et Lettres sont<br />
Chimie ParisTech, l’Ecole<br />
nationale des Chartes,<br />
l’Ecole pratique des hautes<br />
études, l’ESPCI, l’Institut<br />
Curie, Mines ParisTech,<br />
l’Observatoire de Paris<br />
et l’université Dauphine.<br />
Sont également associés<br />
une dizaine d’écoles et<br />
d’instituts comme la Femis<br />
ou Les Arts décoratifs.<br />
© O. R<br />
30
l’essentiel du sup prépas entretien <strong>avril</strong> <strong>2019</strong> N° <strong>26</strong><br />
Les locaux de l’ENS<br />
Paris rue d’Ulm<br />
© O. R<br />
O. R : PSL va-t-il évoluer avec les<br />
nouvelles règles que vous autorise à créer<br />
l’ordonnance parue fin 2018 ?<br />
M. M. : Nous allons utiliser l’ordonnance pour changer<br />
de statut et créer un grand établissement expérimental<br />
qui comprendra neuf établissements-composantes,<br />
plus des associés. Tous les membres mettront leur<br />
stratégie en commun pour créer une université mondiale<br />
de 17 000 étudiants comparable à nos grands concurrents.<br />
En termes de fonctionnement nous serons un<br />
établissement public dont les membres conserveront la<br />
personnalité morale. Les grandes décisions de stratégie<br />
en recherche, formation et valorisation seront prises<br />
au niveau de PSL.<br />
PSL nous permet aussi de développer de grands<br />
projets comme par exemple l’institut de recherche sur<br />
l’intelligence artificielle (IA) Prairie que nous avons créé<br />
avec Inria et l’Université de Paris, qui sera je l’espère,<br />
sélectionné dans le concours d’IA du dernier Programme<br />
d’investissement d’avenir (PIA). Au sein de PSL nous y<br />
travaillons en collaboration étroite avec Paris-Dauphine.<br />
Nous avons également réorganisé les masters de PSL<br />
pour en diviser le nombre par deux.<br />
O. R : Vous allez être classés au sein de PSL<br />
dans tous les classements internationaux ?<br />
M. M. : Nous sommes classés en tant que PSL dans les<br />
classements de QS et du Times Higher Education mais<br />
pas encore par Shanghai (ARWU) qui a pour l’instant<br />
refusé de classer PSL, et où c’est l’ENS qui figure, avec<br />
une 64e place en 2018 qui est remarquable quand<br />
on pense que notre école est dix fois plus petite que<br />
pratiquement tous ses établissements concurrents<br />
du « top 100 ». Nous avons même été classés premier<br />
établissement au monde dans un classement qu’avait<br />
réalisé la revue Nature en divisant le nombre de Prix<br />
Nobel obtenus par le nombre d’étudiants formés dans<br />
chaque université. Rapporté au nombre d’étudiants,<br />
nous avons formé deux fois plus de Prix Nobel que<br />
Caltech et quatre fois plus que Harvard.<br />
O. R : Comment la recherche est-elle<br />
valorisée au sein de PSL ?<br />
M. M. : Aujourd’hui cinquante entreprises sont créées<br />
chaque année au sein de PSL. À mon arrivée à la direction<br />
de l’ENS, l’école créait une entreprise tous les deux<br />
ans, ce qui était trop peu pour créer une structure. La<br />
mutualisation au niveau de PSL nous a donné le bras<br />
de levier pour être beaucoup plus dynamiques sur<br />
cette question. Nous nous sommes aussi beaucoup<br />
appuyés sur l’expérience de l’Espci dans ce secteur.<br />
Aujourd’hui la barrière psychologique face à la création<br />
a beaucoup diminué, y compris à l’ENS.<br />
31
l’essentiel du sup prépas débat <strong>avril</strong> <strong>2019</strong> N° <strong>26</strong><br />
Comment est<br />
enseignée la transition<br />
énergétique dans<br />
le supérieur ?<br />
Pétitions, manifestations, les étudiants se mobilisent pour le climat<br />
mais l’enseignement supérieur paraît encore bien frileux quand il s’agit de parler<br />
de climat et de transition énergétique. Une étude fait le point.<br />
Selon l’étude Mobiliser l’enseignement<br />
supérieur pour le climat<br />
menée par les équipes du think<br />
tank spécialisé dans la transition<br />
énergétique, The Shift Project, seulement<br />
11 % des 34 établissements d’enseignement<br />
supérieur auscultés – choisis<br />
pour leur vocation de former de futurs<br />
décideurs - abordent ainsi les enjeux climat-énergie<br />
de manière obligatoire. « Le<br />
sujet n’est qu’effleuré alors que si on regarde<br />
les défis de l’avenir auxquels seront<br />
confrontés les étudiants il est absolument<br />
central », constate Jean-Marc Jancovici,<br />
président du Shift Project et membre du<br />
Haut conseil pour le climat créé en 2018<br />
par le gouvernement.<br />
76 % des formations ne proposent aucun<br />
cours abordant les enjeux climat-énergie<br />
à leurs étudiants. C’est davantage le cas<br />
en fin d’études : 66 % des formations les<br />
abordant sont de niveau master. Ce sont<br />
les écoles de commerce et d’ingénieur<br />
(respectivement 54 % et 48 %) qui proposent<br />
le plus de formations abordant les<br />
enjeux climat-énergie. Dans les universités,<br />
ce chiffre tombe à 8 %. Et qu’on en<br />
parle cours obligatoires tout est très différent.<br />
<strong>26</strong> % des formations d’ingénieurs<br />
proposent des cours obligatoires, contre<br />
seulement 6 % dans les écoles de commerce<br />
et 7 % les universités. Plus étonnant<br />
: près d’un tiers des formations qui<br />
abordent les questions environnementales<br />
au sens large font l’impasse sur les enjeux<br />
climat-énergie.<br />
Dans les 24 % de formations proposant<br />
des cours, moins de la de la moitié (11 %)<br />
ont au moins un cours obligatoire. C’est<br />
le cas aux Ponts ParisTech – école sous la<br />
tutelle du ministère de la Transition énergétique<br />
- dont tous les étudiants de première<br />
année suivent un module de sensibilisation<br />
« Ingénieur pour un monde<br />
incertain » de 15 heures suivi d’un projet<br />
suivi du passage du Sulitest. À l’ENS<br />
Paris, ouverte aussi bien aux scientifiques<br />
qu’aux littéraires, si des cours sont donnés<br />
sur le sujet pendant les trois années<br />
à tous les types d’étudiants réunis c’est<br />
en revanche en mineure. Dans beaucoup<br />
d’écoles de management c’est la RSE<br />
(responsabilité sociale des entreprises)<br />
au sens large qui est enseignée. Dans le<br />
cadre de la Semaine Etudiante du Développement<br />
Durable (SEDD), l’EM Normandie<br />
organise par exemple du 25 au<br />
31 mars <strong>2019</strong> sur ses trois campus nationaux<br />
(Caen, Le Havre et Paris) une sensibilisation<br />
de ses élèves à la pollution<br />
des océans, un concours d’art avec des<br />
déchets propres, une table-ronde sur les<br />
nouvelles tendances alimentaires, un défilé<br />
de mode éthique ou encore une conférence<br />
sur la gestion des déchets.<br />
Avec sa licence Impact positif PSL entend<br />
aller plus loin en créant une formation<br />
dédiée au climat et à la transition<br />
énergétique. « Nous voulons former des<br />
jeunes qui auront l’information au sens<br />
très large pour évoluer dans un domaine<br />
complexe en bénéficiant de l’expertise de<br />
tous nos champs du savoir », confie le<br />
président de PSL Alain Fuchs.<br />
Les étudiants de l’École polytechnique rassemblés le 14 mars afin de « rappeler l’urgence<br />
à agir afin de ne pas dépasser le seuil de +1,5° pour la sauvegarde de la planète ».<br />
© Ecole polytechnique<br />
32
l’essentiel du sup prépas<br />
débat<br />
<strong>avril</strong> <strong>2019</strong> N° <strong>26</strong><br />
La prise de conscience<br />
des étudiants<br />
« En quelques promotions la sensibilité<br />
aux questions de climat et d’énergie<br />
est devenue très importante auprès<br />
des étudiants. Cela nous enjoint à aller<br />
plus loin dans l’offre de cours », remarque<br />
le directeur général de l’ENS Paris,<br />
Marc Mézard, venu ouvrir ce lundi le<br />
colloque où étaient présentés les résultats<br />
de l’étude du Shift Project. « Avec<br />
notre Manifeste étudiant pour un réveil<br />
écologique nous avons d’abord voulu<br />
nous adresser aux entreprises. Aujourd’hui<br />
c’est également aux universités<br />
et Grandes écoles que nous demandons<br />
de l’enseigner », réagit Lalie Ory, l’une<br />
des auteurs du manifeste et étudiante à<br />
l’ENSTA ParisTech.<br />
Les étudiants sont passionnés, veulent<br />
en savoir plus mais le souci est que, sans<br />
un enseignement sérieux du sujet, ce<br />
sont trop souvent les lobbys qui s’en emparent.<br />
« Aujourd’hui près de 80 % des<br />
Français sont plus ou moins convaincus<br />
que l’énergie atomique contribue au<br />
réchauffement de l’atmosphère. C’est<br />
un échec collectif de notre capacité à<br />
bien en expliquer les enjeux », constate<br />
Marc Mézard. « Le monde tel que nous<br />
le connaissons dépend de la stabilité climatique<br />
depuis 10 000 ans et la fin des<br />
glaciations. Nous sommes les doubles<br />
héritiers de cette stabilité et de l’abondance<br />
énergétique. Et toutes les deux<br />
sont menacées mais on ne l’enseigne<br />
pas », résume Jean-Marc Jancovici qui<br />
insiste : « Le seul moyen d’être certains<br />
que la personne qui vous parle de climat<br />
est qualifiée pour le faire est qu’elle ait<br />
été publiée dans des revues de recherche<br />
à comité de lecture ».<br />
Comment faire évoluer<br />
les établissements ?<br />
Les freins au développement des formations<br />
à la transition énergétique et au climat<br />
sont multiples. Et d’abord un enseignement<br />
trop disciplinaire qui freine le<br />
développement de sujets qui mêlent les<br />
disciplines. De même les classements et<br />
accréditations ne donnent pas encore assez<br />
de place au sujet. Mais rien ne peut<br />
surtout se faire sans enseignants. « Le<br />
problème est d’abord de constituer des<br />
équipes dans tous les types de formation.<br />
En informatique comme en droit<br />
et pas seulement dans les sciences », remarque<br />
l’instigateur du rapport, Jacques<br />
Treiner, professeur émérite à Sorbonne<br />
Université et conseiller scientifique du<br />
Shift Project.<br />
La question de la vulgarisation se pose<br />
particulièrement dans les écoles de management<br />
et les formations en sciences<br />
humaines en général. « Plus on maîtrise<br />
des éléments scientifiques comme<br />
le rayonnement infrarouge, l’équilibre<br />
énergétique ou la mécanique des fluides<br />
plus c’est simple de comprendre les enjeux<br />
», relève Jean-Marc Jancovici, luimême<br />
professeur aux Mines ParisTech.<br />
D’où l’idée du Shift Project de privilégier<br />
plutôt à l’enseignement supérieur<br />
et à des étudiants, plus à même de comprendre<br />
la complexité du sujet, qu’à des<br />
collégiens ou lycéens. Ce que conteste<br />
par exemple la paléoclimatologue Valérie<br />
Masson-Delmotte, directrice de recherches<br />
au CEA et présidente du groupe<br />
de travail n° 1 du GIEC (Groupe d’experts<br />
intergouvernemental sur l’évolution<br />
du climat) : « Il faut enseigner les<br />
enjeux du climat aux plus jeunes si on<br />
veut une vraie prise de conscience ».<br />
Ce que ne conteste pas Jean-Marc Jancovici<br />
qui conclut : « Ce que nous voulions<br />
d’abord c’est évaluer le travail de<br />
34 établissements d’enseignement supérieur<br />
qui ont un rôle structurant dans<br />
la formation des décideurs. Le bilan est<br />
maigre. Pas suffisant pour « Make Planet<br />
Great Again » ! »<br />
34 établissements<br />
auscultés<br />
Pour cette étude l’ensemble<br />
des formations de 34<br />
établissements « formant<br />
de futurs décideurs » ont<br />
été recensées : 12 écoles<br />
d’ingénieurs (ENTPE,<br />
MINES ParisTech, ENPC,<br />
École Polytechnique,<br />
Télécom ParisTech,<br />
AgroParisTech, ISAE-<br />
SUPAERO, Mines Nancy,<br />
UTC, Centrale Nantes,<br />
ESPCI, Centrale Lyon), 6<br />
écoles de commerce (HEC,<br />
ESCP Europe BS, ESSEC<br />
BS, EM Lyon BS, Grenoble<br />
EM, EDHEC BS) et 4<br />
universités (Paris Sorbonne<br />
Université, Grenoble-Alpes,<br />
Aix-Marseille, Strasbourg) ;<br />
6 écoles formant des hauts<br />
fonctionnaires (ENA, INET,<br />
ENS Ulm, IRA de Bastia,<br />
IRA de Metz, ENSAE) ;<br />
6 autres établissements<br />
« emblématiques » (Sciences<br />
Po Paris, Sciences Po<br />
Strasbourg, CELSA, ESJ<br />
Lille, Université Paris-<br />
Dauphine, ENSAPB).<br />
Sont considérées comme<br />
« abordant » les enjeux<br />
climat-énergie toutes les<br />
formations (L1-L2-L3,<br />
M1-M2, Master spécialisé,<br />
diplôme d’école, etc.), pour<br />
lesquelles nous avons pu<br />
constater qu’un cours au<br />
moins évoquait, à un moment<br />
ou à un autre, ces enjeux,<br />
que ce soit durant 2 des<br />
60 heures du cours magistral<br />
obligatoire en L3 ou durant<br />
18 des 20 heures d’un cours<br />
de TD optionnel en M2.<br />
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