Essentiel Prepas 26 avril 2019
Essentiel Prépas, édité par HEADway Advisory. Premier magazine entièrement dédié aux classes préparatoires EC. Sous la direction d'Olivier Rollot headway-advisory.com
Essentiel Prépas, édité par HEADway Advisory. Premier magazine entièrement dédié aux classes préparatoires EC. Sous la direction d'Olivier Rollot
headway-advisory.com
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
l’essentiel du sup prépas<br />
débat<br />
<strong>avril</strong> <strong>2019</strong> N° <strong>26</strong><br />
La prise de conscience<br />
des étudiants<br />
« En quelques promotions la sensibilité<br />
aux questions de climat et d’énergie<br />
est devenue très importante auprès<br />
des étudiants. Cela nous enjoint à aller<br />
plus loin dans l’offre de cours », remarque<br />
le directeur général de l’ENS Paris,<br />
Marc Mézard, venu ouvrir ce lundi le<br />
colloque où étaient présentés les résultats<br />
de l’étude du Shift Project. « Avec<br />
notre Manifeste étudiant pour un réveil<br />
écologique nous avons d’abord voulu<br />
nous adresser aux entreprises. Aujourd’hui<br />
c’est également aux universités<br />
et Grandes écoles que nous demandons<br />
de l’enseigner », réagit Lalie Ory, l’une<br />
des auteurs du manifeste et étudiante à<br />
l’ENSTA ParisTech.<br />
Les étudiants sont passionnés, veulent<br />
en savoir plus mais le souci est que, sans<br />
un enseignement sérieux du sujet, ce<br />
sont trop souvent les lobbys qui s’en emparent.<br />
« Aujourd’hui près de 80 % des<br />
Français sont plus ou moins convaincus<br />
que l’énergie atomique contribue au<br />
réchauffement de l’atmosphère. C’est<br />
un échec collectif de notre capacité à<br />
bien en expliquer les enjeux », constate<br />
Marc Mézard. « Le monde tel que nous<br />
le connaissons dépend de la stabilité climatique<br />
depuis 10 000 ans et la fin des<br />
glaciations. Nous sommes les doubles<br />
héritiers de cette stabilité et de l’abondance<br />
énergétique. Et toutes les deux<br />
sont menacées mais on ne l’enseigne<br />
pas », résume Jean-Marc Jancovici qui<br />
insiste : « Le seul moyen d’être certains<br />
que la personne qui vous parle de climat<br />
est qualifiée pour le faire est qu’elle ait<br />
été publiée dans des revues de recherche<br />
à comité de lecture ».<br />
Comment faire évoluer<br />
les établissements ?<br />
Les freins au développement des formations<br />
à la transition énergétique et au climat<br />
sont multiples. Et d’abord un enseignement<br />
trop disciplinaire qui freine le<br />
développement de sujets qui mêlent les<br />
disciplines. De même les classements et<br />
accréditations ne donnent pas encore assez<br />
de place au sujet. Mais rien ne peut<br />
surtout se faire sans enseignants. « Le<br />
problème est d’abord de constituer des<br />
équipes dans tous les types de formation.<br />
En informatique comme en droit<br />
et pas seulement dans les sciences », remarque<br />
l’instigateur du rapport, Jacques<br />
Treiner, professeur émérite à Sorbonne<br />
Université et conseiller scientifique du<br />
Shift Project.<br />
La question de la vulgarisation se pose<br />
particulièrement dans les écoles de management<br />
et les formations en sciences<br />
humaines en général. « Plus on maîtrise<br />
des éléments scientifiques comme<br />
le rayonnement infrarouge, l’équilibre<br />
énergétique ou la mécanique des fluides<br />
plus c’est simple de comprendre les enjeux<br />
», relève Jean-Marc Jancovici, luimême<br />
professeur aux Mines ParisTech.<br />
D’où l’idée du Shift Project de privilégier<br />
plutôt à l’enseignement supérieur<br />
et à des étudiants, plus à même de comprendre<br />
la complexité du sujet, qu’à des<br />
collégiens ou lycéens. Ce que conteste<br />
par exemple la paléoclimatologue Valérie<br />
Masson-Delmotte, directrice de recherches<br />
au CEA et présidente du groupe<br />
de travail n° 1 du GIEC (Groupe d’experts<br />
intergouvernemental sur l’évolution<br />
du climat) : « Il faut enseigner les<br />
enjeux du climat aux plus jeunes si on<br />
veut une vraie prise de conscience ».<br />
Ce que ne conteste pas Jean-Marc Jancovici<br />
qui conclut : « Ce que nous voulions<br />
d’abord c’est évaluer le travail de<br />
34 établissements d’enseignement supérieur<br />
qui ont un rôle structurant dans<br />
la formation des décideurs. Le bilan est<br />
maigre. Pas suffisant pour « Make Planet<br />
Great Again » ! »<br />
34 établissements<br />
auscultés<br />
Pour cette étude l’ensemble<br />
des formations de 34<br />
établissements « formant<br />
de futurs décideurs » ont<br />
été recensées : 12 écoles<br />
d’ingénieurs (ENTPE,<br />
MINES ParisTech, ENPC,<br />
École Polytechnique,<br />
Télécom ParisTech,<br />
AgroParisTech, ISAE-<br />
SUPAERO, Mines Nancy,<br />
UTC, Centrale Nantes,<br />
ESPCI, Centrale Lyon), 6<br />
écoles de commerce (HEC,<br />
ESCP Europe BS, ESSEC<br />
BS, EM Lyon BS, Grenoble<br />
EM, EDHEC BS) et 4<br />
universités (Paris Sorbonne<br />
Université, Grenoble-Alpes,<br />
Aix-Marseille, Strasbourg) ;<br />
6 écoles formant des hauts<br />
fonctionnaires (ENA, INET,<br />
ENS Ulm, IRA de Bastia,<br />
IRA de Metz, ENSAE) ;<br />
6 autres établissements<br />
« emblématiques » (Sciences<br />
Po Paris, Sciences Po<br />
Strasbourg, CELSA, ESJ<br />
Lille, Université Paris-<br />
Dauphine, ENSAPB).<br />
Sont considérées comme<br />
« abordant » les enjeux<br />
climat-énergie toutes les<br />
formations (L1-L2-L3,<br />
M1-M2, Master spécialisé,<br />
diplôme d’école, etc.), pour<br />
lesquelles nous avons pu<br />
constater qu’un cours au<br />
moins évoquait, à un moment<br />
ou à un autre, ces enjeux,<br />
que ce soit durant 2 des<br />
60 heures du cours magistral<br />
obligatoire en L3 ou durant<br />
18 des 20 heures d’un cours<br />
de TD optionnel en M2.<br />
33