14.06.2019 Views

CONNECT Juin 2019

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

06.<strong>2019</strong> BUSINESS MEDIA<br />

Entrevue Services<br />

« NOTRE MISSION EST DE FACILITER<br />

L’ACCÈS AU FINANCEMENT AUX PORTEURS DE PROJETS,<br />

EN NOUS PORTANT GARANTS AUPRÈS DE LEUR BANQUE »<br />

sera remis au Ministre de l’Education dans<br />

les prochaines semaines.<br />

LE POIDS DES CONTRAINTES<br />

Le Gouvernement a élevé les exigences en<br />

matière de sécurité. Le secteur privé a pleinement<br />

soutenu cette réforme et réalisé les<br />

investissements requis. La réforme « agrément<br />

» qui a suivi a, pour sa part, introduit un<br />

durcissement des conditions exigées pour<br />

pouvoir accueillir des enfants. Le nombre<br />

minimal de mètres carrés requis par enfant<br />

a été relevé. Ainsi, les crèches voient leur capacité<br />

d’accueil diminuer. Le ratio d’encadrement<br />

et de qualification au sein des équipes<br />

a été revu. Alors que le ratio de personnel<br />

qualifié au regard du droit du travail s’élevait<br />

à 50 % avant la réforme, il est désormais de<br />

90 %. Les charges, notamment salariales, ont<br />

ainsi augmenté d’environ 20 %.<br />

Ces exigences, auxquelles s’ajoute une obligation<br />

de proposer une équipe plurilingue,<br />

s’imposent dans un contexte de pénurie de<br />

main-d’œuvre.<br />

La situation devient difficilement soutenable<br />

alors que contrairement aux structures<br />

conventionnées, les opérateurs<br />

privés ne disposent pas d’autres sources<br />

de financement public (infrastructures<br />

et prise en charges des déficits) et que le<br />

montant du chèque service est resté inchangé<br />

depuis 2012 (6 euros par heure).<br />

ECONOMIES D’ÉCHELLE<br />

Du point de vue de la FELSEA, certaines<br />

structures n’auront pas d’autre choix que<br />

de cesser leur activité. Le pluralisme qui<br />

existe encore aujourd’hui au Luxembourg,<br />

risque d’être mis à mal.<br />

« Les structures non-conventionnées qui,<br />

demain, à côté de l’offre publique, parviendront<br />

à trouver une place sur le marché,<br />

sont celles qui pourront réaliser des<br />

économies d’échelle, autrement dit des<br />

structures d’une taille importante, souvent<br />

soutenues par d’importants groupes<br />

financiers », explique la FELSEA.<br />

QUEL AVENIR POUR LES ACTEURS<br />

NON-CONVENTIONNÉS ?<br />

Les opérateurs dans le domaine de l’accueil<br />

de la petite enfance voient progressivement<br />

leur liberté d’action de plus en<br />

plus restreinte. En 2016, le gouvernement<br />

a introduit une réforme avec pour objectif<br />

de garantir la qualité de l’accueil. Les<br />

structures sont désormais placées sous<br />

le contrôle pédagogique du Ministère de<br />

l’Education. Dès lors, la liberté pédagogique<br />

et la diversité de l’offre pourraient<br />

rapidement disparaitre face à des directives<br />

gouvernementales de plus en plus<br />

prescriptives et détaillées.<br />

Cette évolution s’est, par ailleurs, accompagnée<br />

d’un changement dans le mode<br />

de financement. « Par le passé, ce sont les<br />

parents qui bénéficiaient des chèques services,<br />

au titre de prestations sociales, précise<br />

la FELSEA. Désormais, le gouvernement<br />

a préféré la formule d’aide d’Etat aux<br />

structures d’accueil, conditionnant l’octroi<br />

de tels financements à l’accomplissement<br />

d’une mission de service public. » Les acteurs<br />

privés doivent donc désormais dans<br />

le cadre de leur mission de service public<br />

répondre à la vision gouvernementale de<br />

l’accueil de la petite enfance.<br />

Enfin, la dernière réforme des 20 h gratuites<br />

s’est heurtée à des réticences des<br />

structures, le dispositif aboutissant à un<br />

plafonnement de leurs tarifs. Les 20 heures<br />

gratuites hebdomadaires dont bénéficient<br />

tous les enfants de 1 à 4 ans, sont payées<br />

par l’Etat au prix de 6 euros de l’heure.<br />

S’y ajoutent 0,71 euro pour compenser,<br />

notamment, la hausse de 10 % de l’encadrement<br />

permettant de garantir une offre<br />

plurilingue. L’impossibilité de facturer aux<br />

parents un supplément sur ces 20h menace<br />

la survie de nombreuses petites structures.<br />

La FELSEA s’interroge sur la volonté du<br />

Gouvernement de plafonner à terme les<br />

prix du secteur non-conventionné.<br />

La FELSEA s’interroge également sur la légitimité<br />

d’un système de financement distinct<br />

(conventionnés/non-conventionnés)<br />

alors que l’ensemble des acteurs ont la<br />

même mission de service public.<br />

Alors que l’idée de gratuité totale fait son<br />

chemin, la FELSEA se demande quelle sera<br />

à l’avenir la place des acteurs non-conventionnés<br />

dans le domaine de l’accueil de la<br />

petite enfance au Luxembourg.<br />

Le magazine de la Confédération luxembourgeoise du commerce <strong>CONNECT</strong> - 27

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!