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The Red Bulletin Janvier 2020 (FR)

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Qu’appelle-t-on « microplastique » ?<br />

Ce sont des particules de plastique qui<br />

ne font pas plus de cinq millimètres.<br />

Quand on ramasse un gros morceau de<br />

plastique, celui-ci se casse et devient du<br />

microplastique. L’autre grand danger,<br />

car on ne peut pas les voir à l’œil nu, ce<br />

sont les microfibres synthétiques. Elles<br />

proviennent des vêtements en polyester<br />

ou en fibres synthétiques, qui, lorsqu’on<br />

les nettoie à la machine, perdent des<br />

microfibres, lesquelles restent dans l’eau.<br />

Pour vous donner une idée : on a filtré de<br />

l’eau du Japon jusqu’à San Francisco. Les<br />

échantillons sont en cours d’analyse dans<br />

des laboratoires. Les premiers résultats<br />

d’échantillons envoyés l’année dernière<br />

montrent la présence de microfibres dans<br />

tous les relevés effectués. Et à chaque fois<br />

qu’on attrapait un poisson, on découpait<br />

sa chair pour voir si elle renfermait des<br />

microfibres. Là aussi, les analyses sont<br />

en cours. Donc pour résumer, il y a deux<br />

problèmes majeurs avec le plastique : l’un,<br />

c’est le microplastique, et l’autre, ce sont<br />

les fibres synthétiques. On ignore encore<br />

tout de l’impact qu’ils ont sur la vie marine<br />

et sur nous en tant qu’humains.<br />

Le problème ne se résoudra alors pas<br />

seulement en ramassant les débris et en<br />

s’en débarrassant, car ce serait détruire<br />

un écosystème déjà très fragilisé…<br />

Ben Lecomte, 51 ans, ne compte pas s’arrêter<br />

de nager ni de s’activer de si tôt.<br />

Exact. Il n’existe pas encore de filtre<br />

approprié, ni aucun moyen de stopper<br />

la pollution des microfibres et des<br />

microplastiques. Nous avons essayé,<br />

mais même en utilisant un filet très fin,<br />

on ramassait trop de planctons et de<br />

micro-organismes. On en est arrivés à la<br />

conclusion que si on crée un système pour<br />

collecter les microplastiques, on risque<br />

de collecter aussi les micro-organismes<br />

et de les soustraire à l’océan… Ce qui est<br />

impensable. Aussi, il faut savoir qu’on ne<br />

connaît que 1 % de la masse de plastique<br />

en mer. On ne sait pas si les autres 99 %<br />

flottent dans la colonne d’eau, stagnent<br />

« Nous sommes la première expédition<br />

à réunir des échantillons sur toute la<br />

longueur du Pacifique. »<br />

Jusqu’ici, il n’est possible de localiser que 1 % du plastique dans les océans. On ignore où<br />

se trouvent les 99 % restants : au fond de l’eau, ingurgités par la faune marine…<br />

au fond des mers, ou ont été ingérés par<br />

la faune marine. En revanche, ce que<br />

l’on sait, c’est que 300 millions de tonnes<br />

de plastique à usage unique sont produites<br />

chaque année, et que huit millions<br />

finissent dans les océans.<br />

Quelle vision d’avenir souhaitez-vous<br />

transmettre aux générations futures ?<br />

La nage, c’est un moyen de communication<br />

pour moi, un moyen d’expression.<br />

En faisant prendre conscience aux gens<br />

que les mers et les océans constituent plus<br />

de 70 % de la planète, et en leur faisant<br />

comprendre à quel point les océans sont<br />

pollués, ils pourront réfléchir à leurs<br />

habitudes de consommation, et opter pour<br />

des alternatives durables et des matériaux<br />

en fibres naturelles. J’ai voulu créer une<br />

plateforme avec cet événement, <strong>The</strong> Vortex<br />

Swim, et son interface en ligne, afin de<br />

réunir des données pour la science, mais<br />

surtout pour agir comme un électrochoc et<br />

interagir avec une audience. En montrant<br />

exactement ce qu’est le vortex de plastique,<br />

en éduquant les gens sur les effets<br />

néfastes du plastique, des microfibres, de<br />

la difficulté de « nettoyer » les océans sans<br />

abîmer l’écosystème, on leur fait prendre<br />

la mesure de la réalité. Dans l’échange,<br />

sur Internet ou lors des conférences, on<br />

commence par engager une conversation<br />

– c’est un premier pas ! – en vue d’initier<br />

des changements. Notre but, c’est d’aider<br />

les gens à construire leur pensée, avec une<br />

motivation et une responsabilité.<br />

Comme si on leur proposait de changer<br />

de carte pour changer de point de vue ?<br />

En plaçant les océans au centre et en<br />

les faisant apparaître comme une seule<br />

unité (voir page 48) ? C’est une vision<br />

rare qui permet de changer de paradigme,<br />

qui force à voir les choses autrement.<br />

Un peu comme vos photos…<br />

Voilà pourquoi j’insiste sur la partie sensibilisation,<br />

éducation, et responsabilisation.<br />

C’est en éduquant les générations futures,<br />

en allant dans les écoles, en faisant des<br />

conférences, en montrant des images<br />

frappantes que nous sensibiliserons sur le<br />

développement durable et sur le problème<br />

du plastique en milieu marin. Nous avons<br />

amassé beaucoup de contenus vidéo pour<br />

réaliser des documentaires et des clips<br />

éducatifs, qui ne seront pas que centrés<br />

sur l’expédition. En adoptant une vue plus<br />

générale de la problématique du plastique<br />

dans l’océan, nous pourrons toucher et<br />

impliquer les lobbys, les gens de l’industrie<br />

chimique, de l’ONU, etc., et trouver<br />

des solutions avec eux. Et du côté civique,<br />

il faut soutenir toutes les initiatives…<br />

thelongestswim.com<br />

THE RED BULLETIN 55

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