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www.maintenanceandco.com<br />
10 ans déjà...<br />
Bon Anniversaire <strong>Production</strong> <strong>Maintenance</strong> !<br />
<strong>Maintenance</strong> à distance :<br />
comment s’y prendre ? > page 27<br />
N° 40 janvier - fevrier - mars 2013 TRIMESTRIEL 20 €
Éditorial<br />
Qu'avons-nous retenu<br />
en dix ans ?<br />
Une décennie, c'est long et rapide à la fois. Tout dépend de quel point de vue on se place. Il est vrai qu'en<br />
dix ans, de l'eau a coulé sous les ponts... Des grandes évolutions technologiques à la multiplication des plans<br />
sociaux et des fermetures d'usines, en passant par l'affirmation d'une nouvelle répartition de l'économie<br />
mondiale, le paysage industriel français, sinon occidental ou mondial, s'est, bon gré, mal gré, métamorphosé.<br />
La Chine, suivie des autres pays émergents, poursuit son ascension vers un mode de vie naguère réservé à<br />
une « élite » occidentale.<br />
Tant de choses ont changé, y compris dans le domaine de la maintenance. En France par exemple, la<br />
concentration du marché autour d'entreprises de moins en moins nombreuses, ou encore la montée en<br />
puissance des départements de SAV des fabricants ont redistribué les cartes. Les métiers de la maintenance,<br />
bien que souffrant d'un réel désaveu de la part des jeunes, se sont perfectionnés ; aujourd'hui, les<br />
responsables de maintenance gèrent les stocks et les achats, appliquent des méthodes de management<br />
humain et s'équipent des dernières technologies de détection de défauts ou de GMAO, et interprètent des<br />
indicateurs de plus en plus complexes.<br />
Il y a pourtant un aspect qui ne semble pas avoir tellement évolué. N'en déplaise aux organismes de toutes<br />
sortes – lesquels exercent par ailleur un travail remarquable – et aux préventeurs dont le métier s'est lui<br />
aussi imposé pour faire désormais partie du paysage des grandes entreprises, la prise de conscience du<br />
risque pour les personnes n'est toujours pas la priorité ; et les dangers sont trop souvent sous-estimés.<br />
Malgré les directives de plus en plus sévères et les réglementations diverses, les accidents ont toujours lieu.<br />
Selon les chiffres, depuis les années 2000, la trentaine d'accidents industriels mortels ont causé le décès de<br />
près de 800 personnes (outre la catastrophe de Fukushima) ! Récemment encore, deux ouvriers ont trouvé<br />
la mort dans l’accident de nacelle intervenu dans la centrale de Cattenom, en Moselle.<br />
L'implantation d'usines sur des sites échappant à toutes normes internationales de sécurité a augmenté, de<br />
même que les activités d'extraction de matières premières, de gisements ou autres, ont explosé, notamment<br />
dans les pays émergents... et le nombre d'accidents mortels avec. Et les erreurs humaines, y compris dans<br />
la catastrophe de mars 2011, n'y sont pas étrangères, depuis la non prise en compte – au moment de la<br />
conception – des interventions de maintenance futures, au « simple » oubli de consigner un équipement.<br />
Preuve qu'il nous reste à fournir des efforts importants pour enfin mettre l'humain au cœur des<br />
préoccupations premières, avant d'entrer de plain-pied dans la course à la rentabilité.<br />
Olivier Guillon<br />
PRODUCTION MAINTENANCE ➤ JANVIER, FÉVRIER, MARS 2013 ➤ PAGE 1
SOMMAIRE<br />
10 ANS PM<br />
Événement : Joyeux anniversaire<br />
<strong>Production</strong> <strong>Maintenance</strong> !..............................4<br />
Entretien : Une revue à contenu<br />
technologique et à l'écoute des techniciens....6<br />
Entretien : Une revue centrée<br />
sur les « pourquoi » et les « comment »<br />
de la maintenance...........................................7<br />
ACTUALITÉS<br />
Entreprises & marché<br />
Nomination : Une directrice pour l’entretien<br />
d’avions d’Air France Industries....................8<br />
Turbines : Deux nouveaux contrats<br />
de maintenance pour Alstom..........................8<br />
Événement : Industrie Lyon 2013,<br />
une édition à contre-courant ........................10<br />
Produits & technologies<br />
Solution : Faciliter l'inventaire des outils<br />
dans l'aéronautique.......................................12<br />
MAINTENANCE EN PRODUCTION<br />
Spécial Levage : Un point sur la sécurité dans la maintenance<br />
des appareils de levage ➤ 36<br />
Retour d’expérience : Une démarche en faveur de la sécurité<br />
des hommes et du matériel en exploitation minière ➤ 38<br />
MAINTENANCE MÉCANIQUE<br />
Artema poursuit sa politique de promotion des métiers ➤ 42<br />
Entretien... avec Laurence Chérillat,<br />
« Nous ne sommes pas pessimistes pour 2013 » ➤ 43<br />
En pratique :<br />
La lubrification, une question trop souvent mise de côté ➤ 44<br />
Retour d'expérience :<br />
Bien connaître sa machine pour mieux l'entretenir ➤ 45<br />
Bilan : Mobilisation exceptionnelle<br />
des industriels Sepem Douai........................12<br />
Télésurveillance : De nouvelles fonctions<br />
pour les constructeurs de machines .............14<br />
Publication : Tout ce qu'il faut savoir<br />
sur la maintenance mécanique” ...................14<br />
Contrat : DimoMaint équipe Bariatrix<br />
Nutrition de sa solution de GMAO..............15<br />
PRÉVENTION DES RISQUES<br />
AU TRAVAIL<br />
Interview : Quelques règles simples<br />
pour se protéger du froid..............................52<br />
Solutions : Quelles solutions pour lutter<br />
contre le froid ?............................................54<br />
HYGIÈNE - SANTÉ -<br />
SÉCURITÉ<br />
Bonnes pratiques :<br />
Un exemple de collaboration<br />
pour accroître la sécurité en hauteur ............56<br />
Communiqué :<br />
Réduire les risques avec un crochet .............57<br />
TRIBUNE LIBRE<br />
Retour d'expérience :<br />
L'attitude à adopter face à une avarie...........58<br />
DOSSIER MANAGEMENT<br />
Dossier : Gérer et optimiser la<br />
maintenance à distance, les<br />
clés d'une réussite ➤ 27<br />
Méthodes : Manager à<br />
distance via une mutualisation<br />
de la maintenance ➤ 30<br />
Retour d’expérience<br />
Organisation de la<br />
maintenance à distance – le<br />
cas d'un industriel ➤ 32<br />
Formation ................................................62<br />
Agenda ......................................................63<br />
Répertoire des annonceurs............. 64<br />
<strong>Production</strong> <strong>Maintenance</strong> est le partenaire<br />
presse de l’Afim et membre du Réseau<br />
maintenance.<br />
DOSSIER CND<br />
Le contrôle non destructif pour la maintenance – Quels outils ?<br />
Quelles pratiques ? ➤ 16<br />
Méthode : Le « scan haute fréquence » comme technique de<br />
détection sur des roulements basses vitesses ➤ 18<br />
En pratique - Recourir à la thermographie IR – Quelques conseils<br />
d'utilisation ➤ 24<br />
PAR TENAIRES<br />
PRODUCTION MAINTENANCE ➤ JANVIER, FÉVRIER, MARS 2013 ➤ PAGE 3
10 ANS PM<br />
« La plus explicite »<br />
« La plus vendeuse » « La plus provoc »<br />
« La Première »<br />
« La plus ironique » « La plus conceptuelle »<br />
« La plus fun »<br />
PRODUCTION MAINTENANCE ➤ JANVIER, FÉVRIER, MARS 2013 ➤ PAGE 4
10 ANS PM<br />
Événement<br />
Joyeux<br />
anniversaire<br />
<strong>Production</strong><br />
<strong>Maintenance</strong> !<br />
Dix années se sont écoulées entre le tout premier exemplaire<br />
de <strong>Production</strong> <strong>Maintenance</strong> et ce numéro « anniversaire ».<br />
Il s’agit en même temps du « <strong>n°40</strong> » puisque la périodicité<br />
trimestrielle est restée inchangée. Pourquoi diffuser un magazine<br />
tous les trimestres ? Tout simplement parce que la rédaction<br />
de cette publication s’attache depuis une décennie à produire<br />
une information essentiellement de fond. Outre les pages d’actualités,<br />
essentielles pour se doter d’informations de veille –<br />
le relais du portail www.maintenanceandco.com joue d’ailleurs<br />
ce rôle en venant en complément de la revue – <strong>Production</strong><br />
<strong>Maintenance</strong> s’efforce d’aborder le plus scrupuleusement possible<br />
la mission de fournir une information à la fois pratique et<br />
amont destinée aux responsables, techniciens et ingénieurs de<br />
maintenance.<br />
L’enquête lecteur récemment envoyée à plusieurs milliers<br />
d’entre vous par voie électronique a permis de faire émerger<br />
plusieurs thèmes à traiter de façon plus approfondie et récurrente,<br />
à commencer par l’innovation et celui de faire de la<br />
maintenance une source de profits et de la considérer comme<br />
telle. Il faut dire que la crise a fortement aidé les services de<br />
maintenance à se réorganiser. De plus, la multiplication d’outils<br />
de conception dès la maintenance, de solutions de mesure<br />
et de détection ou encore l’affirmation depuis plus de dix ans<br />
du marché de la GMAO ont permis de repenser la maintenance<br />
dans la variable de coûts de l’entreprise. Enfin, la réorganisation<br />
du marché et son opacité croissante ont vu se<br />
professionnaliser plus franchement des métiers qui ne laissent<br />
pas de place à l’amateurisme.<br />
Pour éclairer davantage nos fidèles lecteurs, ce dossier<br />
« Spécial 10 ans » a fait intervenir deux grandes personnalités<br />
du monde de la maintenance et sans qui le magazine n’aurait<br />
jamais vu le jour. Il s’agit tout d’abord de Claude Pichot,<br />
président de l’Afim, et de Martin De Halleux, ancien rédacteur<br />
en chef qui, avec le directeur de la société éditrice Maurice<br />
Roboh, ont co-fondé le magazine <strong>Production</strong> <strong>Maintenance</strong>.<br />
Ces deux personnes reviennent sur la genèse de la revue et<br />
le contexte de la maintenance dans laquelle elle est née ■<br />
Olivier Guillon<br />
PRODUCTION MAINTENANCE ➤ JANVIER, FÉVRIER, MARS 2013 ➤ PAGE 5
10 ANS PM<br />
Entretien<br />
Une revue à contenu technologique<br />
et à l'écoute des techniciens<br />
Parmi les fondateurs et concepteurs incontournables du<br />
magazine <strong>Production</strong> <strong>Maintenance</strong> et de sa ligne éditorial<br />
figurent naturellement les membres actifs de la seule<br />
organisation représentant la maintenance en France.<br />
Entretien avec Claude Pichot, président de l’Association<br />
française des ingénieurs de maintenance (Afim) qui nous<br />
détaille sa vision de la maintenance depuis une décennie et le contexte<br />
de création du magazine.<br />
DR<br />
➤ <strong>Production</strong> <strong>Maintenance</strong><br />
À l’occasion des 10 ans de la création<br />
de <strong>Production</strong> <strong>Maintenance</strong>, quel regard<br />
portez-vous sur l’évolution du marché<br />
de la maintenance depuis 2002 ?<br />
Claude Pichot : L’une des caractéristiques<br />
fortes de l’évolution des métiers<br />
de la maintenance est la concentration de<br />
l’offre qui a réduit le nombre d’entreprises<br />
et renforcé par là même des<br />
groupes d’ampleur nationale. Autre<br />
niveau de concentration : il existe quelques<br />
acteurs nationaux et de grands prestataires,<br />
lesquels, pour bon nombre<br />
d’entre eux, ont récupéré des grandes<br />
marques disparues comme Vinci Énergie,<br />
Opteor, Cegelec, Cofeli Endel etc. et ont<br />
intégré de plus petites entreprises et des<br />
structures régionales. Ce phénomène s’est<br />
accompagné de l’affirmation de la soustraitance<br />
avec des entreprises qui se sont<br />
spécialisées dans la maintenance des<br />
installations industrielles (même si cette<br />
spécialisation a été plus rapide dans le<br />
secteur tertiaire). Ce phénomène n‘est pas<br />
sans poser des problèmes de planifica-<br />
« La revue <strong>Production</strong><br />
<strong>Maintenance</strong> possède avant tout<br />
un contenu technologique et doit<br />
être à l'écoute des techniciens.<br />
Le but est, en même temps, de<br />
ne pas caresser tout le monde<br />
dans le sens du poil »<br />
tion et d’organisation de la maintenance,<br />
les donneurs d’ordres se déchargeant de<br />
ces problèmes qu’ils préfèrent laisser à<br />
leurs prestataires qui eux-mêmes le<br />
donnent à leurs sous-traitants. Et c’est<br />
comme ça que l’on assiste aujourd’hui à<br />
une cascade de sous-traitance.<br />
« On assiste aujourd'hui à une<br />
cascade de sous-traitance »<br />
➤ Et concernant le métier en luimême<br />
?<br />
Il existe une articulation particulière du<br />
métier. N’importe qui ne peut faire n’importe<br />
quoi. Ces métiers comportent une<br />
multitude de spécialités : mécanique,<br />
micro-mécanique, hydro-électricité, électromécanique<br />
etc. Le métier de la maintenance<br />
s’est considérablement spécialisé.<br />
Par exemple, dans une turbine, ce n’est<br />
pas parce que l’on sait régler une vanne<br />
vapeur que l’on sait régler l’alternateur.<br />
Le problème est que parallèlement à<br />
cette complexité du métier, on a du mal<br />
à défendre la technologie dans<br />
une filière professionnelle qui<br />
n’a de cesse que de régresser. Au<br />
nom d’une rentabilité à court<br />
terme, on n’apprend plus à faire<br />
le geste, ni à travailler sur la technologie.<br />
Pourtant, les casses<br />
d’usines et les catastrophes<br />
industrielles telles qu’AZF puis<br />
Fukushima auraient pu nous<br />
alerter sur la sécurité et la sûreté<br />
industrielles.<br />
PRODUCTION MAINTENANCE ➤ JANVIER, FÉVRIER, MARS 2013 ➤ PAGE 6<br />
➤ Quelle est la place d’une telle revue<br />
pour les métiers de la maintenance ?<br />
L’idée était de créer avec Maurice Roboh,<br />
pour qui j’ai beaucoup d’estime, un<br />
magazine sur la production et la maintenance<br />
industrielle en partant des métiers.<br />
Cette revue possède avant tout un<br />
contenu technologique et doit être à<br />
l’écoute des techniciens.<br />
Le but est, en même temps, de ne pas<br />
caresser tout le monde dans le sens du<br />
poil aux dépens d’un axe éphémère et des<br />
effets d’annonce. Car la maintenance est<br />
en opposition totale avec l’éphémère de<br />
la production et du marketing. N’oublions<br />
pas que la pire des choses est de<br />
porter uniquement le regard sur le cours<br />
de l’action ; c’est comme ça que l’on<br />
casse des usines. L’essentiel réside<br />
dans une information technologique<br />
et de fond.<br />
➤ Avez-vous des recommandations<br />
particulières ou doléances à formuler<br />
en tant que président de l’Afim ?<br />
Dans le débat sur la compétitivité on<br />
oublie bien souvent que la part de la soustraitance<br />
représente 25 milliards d’euros.<br />
Or, ces métiers sont des piliers de la<br />
production. Même si on ne fabrique plus<br />
les équipements que l’on consomme on<br />
doit continuer de les maintenir.<br />
Le ministère de l’Industrie pourrait nous<br />
faire l’honneur de considérer la place de<br />
la maintenance dans le dispositif. On<br />
pourrait ainsi reparler des technologies,<br />
mais aussi traiter l’industrie comme un<br />
patrimoine qu’il faut absolument maintenir.<br />
Il y a un manque de soutien de la<br />
part des pouvoirs publics.<br />
Pourtant, avec près de 40 milliards<br />
d’euros dépensés chaque année dans la<br />
maintenance, les centaines de milliers de<br />
personnes que le secteur représente ont<br />
leur place autour de la table ■<br />
Propos recueillis par Olivier Guillon
10 ANS PM<br />
Entretien<br />
Une revue centrée sur<br />
les « pourquoi » et les « comment »<br />
de la maintenance<br />
DR<br />
Ancien co-fondateur et premier rédacteur en chef du<br />
magazine <strong>Production</strong> <strong>Maintenance</strong> pendant plusieurs<br />
années, Martin De Halleux nous évoque le contexte dans<br />
lequel s’est créée la revue. Un marché « encombré » mais<br />
qui a su accueillir le magazine comme un outil de la<br />
maintenance à part entière.<br />
➤ <strong>Production</strong> <strong>Maintenance</strong> :<br />
Dans quel contexte s’inscrivait la création<br />
du magazine <strong>Production</strong> <strong>Maintenance</strong><br />
?<br />
Martin de Halleux : <strong>Production</strong> <strong>Maintenance</strong><br />
est une revue qui est arrivée dans<br />
un marché qui était relativement encombré<br />
! Mais nous avions le souhait de faire<br />
quelque chose de différent de ce qui existant<br />
déjà, c’est à dire de centrer notre<br />
propos sur la réflexion et la production<br />
d’idées nouvelles sur les métiers de la<br />
maintenance. Nous avons ainsi noué un<br />
partenariat de choix avec un des acteurs<br />
majeur du secteur, l’Afim, qui partageait<br />
notre souhait de voir émerger cette<br />
nouvelle revue centrée sur les « pourquoi<br />
» et les « comment » de la maintenance<br />
et pas uniquement sur les<br />
nouveaux produits, services et outils<br />
proposés par les acteurs du marché.<br />
Quelles difficultés particulières avezvous<br />
pu rencontrer ?<br />
La principale difficulté du « marché de la<br />
maintenance » est justement de bien<br />
définir ce marché et d’en connaître les<br />
acteurs et les clients qui sont nos lecteurs.<br />
Contrairement à des marchés bien définis,<br />
il nous a été difficile de rassembler des<br />
bases de données de lecteurs potentiels.<br />
Nous avons donc dû fournir un travail de<br />
constitution de base de données bien plus<br />
important que ce que nous avions imaginé.<br />
Les coûts de recrutement d’un abonné ont<br />
donc littéralement explosés, mais les résultats<br />
positifs de nos campagnes de marketing<br />
ont récompensés nos efforts. Puis,<br />
avec la venue de la revue <strong>Maintenance</strong> &<br />
Entreprise au sein de notre groupe de<br />
presse, cet investissement s’est avéré<br />
vertueux…<br />
« Nous avons donc dû fournir un<br />
travail de constitution de base de<br />
données bien plus important que<br />
ce que nous avions imaginé. » -<br />
Martin De Halleux, ancien rédacteur<br />
en chef de <strong>Production</strong> <strong>Maintenance</strong>.<br />
Vous êtes aujourd’hui à la tête de<br />
Lexitis, société d’édition que vous avez<br />
créée et fondée sur un concept original<br />
de « print on demand ». Quelle<br />
place pensez-vous que le support<br />
papier puisse conserver à l’avenir<br />
comme vecteur de l’information et de<br />
la connaissance ?<br />
Le Business Model de la quasi totalité<br />
des maisons d’édition est aujourd’hui<br />
obsolète. L’arrivée du livre numérique et<br />
la vente en ligne mettent à mal le système<br />
de distribution et de diffusion du livre en<br />
France. Les libraires et les éditeurs<br />
doivent donc absolument se remettre en<br />
cause et faire des choix audacieux s’ils<br />
veulent encore être des acteurs viables<br />
dans les prochaines années. Avec Lexitis<br />
éditions, nous avons voulu repenser notre<br />
métier d’éditeur en travaillant sur nos<br />
points faibles et nos points forts. Par<br />
exemple, face au livre numérique, le livre<br />
papier a une qualité de confort de lecture,<br />
mais un défaut d’actualisation des<br />
données. Nous avons donc mis en place<br />
l’impression à la demande pour l’ensemble<br />
de notre catalogue.<br />
Quels sont les avantages d’un tel<br />
concept d’édition ?<br />
Pour chaque commande passée en librairie<br />
physique, sur Internet ou directement<br />
chez nous, chaque livre commandé<br />
est imprimé à l’unité.<br />
Nous n’avons absolument plus de<br />
stock, plus de rebus, plus de<br />
pilon. Si l’auteur souhaite changer<br />
son texte, et ceci est fréquent<br />
pour les livres professionnels que<br />
nous publions, nous modifions<br />
notre base de données et l’ouvrage<br />
est instantanément mis à<br />
jour. Nos lecteurs peuvent ainsi<br />
choisir entre nos éditions papiers et<br />
électroniques toutes deux toujours continuellement<br />
mises à jour.<br />
Ce système nous permet en outre d’ouvrir<br />
notre catalogue à des ouvrages<br />
« difficiles », souvent de grande qualité,<br />
mais refusés pour des raisons économiques<br />
par nos confrères éditeurs « classiques<br />
». Nous pouvons ainsi travailler<br />
avec des institutions comme des universités,<br />
des sociétés savantes ou des associations<br />
professionnelles avec lesquelles<br />
nous mettons en place des partenariats<br />
de co-édition ■<br />
Propos recueillis<br />
par Olivier Guillon<br />
PRODUCTION MAINTENANCE ➤ JANVIER, FÉVRIER, MARS 2013 ➤ PAGE 7
ACTUALITÉS<br />
entreprises & marché<br />
SOPEMEA ÉTEND SES PRESTATIONS<br />
DE MAINTENANCE<br />
Sopemea et ses deux filiales Sopaval et Sopavib,<br />
laboratoires spécialisés dans les essais en environnement,<br />
viennent d’étendre leur offre portant sur la<br />
maintenance de moyens d’essais. Pour ce faire, un<br />
partenariat avec Acutronic a permis d’assurer des<br />
prestations de mise à niveau et de maintenance des<br />
simulateurs de mouvement conçus et fabriqués par<br />
son partenaire. Sopemea renforce ainsi son offre pour<br />
la maintenance des enceintes climatiques (chaud,<br />
froid, humidité, VRT, chocs thermiques) pour les<br />
acteurs industriels et pharmaceutiques, qu’elles soient<br />
couplées ou non à des moyens de vibration. Son<br />
équipe se compose d’une vingtaine de techniciens.<br />
SIVECO GROUP RACHÈTE LA TOTALITÉ<br />
DE SA FILIALE BELGE<br />
La création de Siveco Benelux en Belgique, en février<br />
2011, a permis à Siveco Group de renforcer sa<br />
présence sur le Benelux. Siveco Group avait alors<br />
créé cette filiale en collaboration avec son partenaire<br />
NSI (Groupe Cegeka), qui était actionnaire à hauteur<br />
de 49%. Pour garantir une continuité, plusieurs collaborateurs<br />
de NSI, attachés à l’activité GMAO, avaient<br />
alors été transférés au sein de la nouvelle société.<br />
Les clients Coswin avaient ainsi pu conserver leurs<br />
interlocuteurs habituels, l’objectif premier étant de<br />
servir encore mieux les intérêts des clients de la zone<br />
Benelux. « Après le rachat de la totalité des parts<br />
de Siveco Brasil en octobre, ce nouvel investissement<br />
s’inscrit dans la suite logique de notre volonté de<br />
développement continu à l’international, commente<br />
Carlo Fichera, P-dg de Siveco Group. Le potentiel<br />
de croissance pour Siveco Group sur le marché du<br />
Benelux dans les prochaines années est incontestable.<br />
Tout ceci s’est fait dans les meilleures conditions<br />
et en totale collaboration avec NSI, qui est et<br />
restera un partenaire de choix pour Siveco Group. »<br />
EDF ENERGIES NOUVELLES MET EN<br />
SERVICE UN PARC ÉOLIEN DE 38 MW<br />
EN ITALIE<br />
Poursuivant son développement éolien en Europe,<br />
EDF Energies Nouvelles annonce la mise en service<br />
du parc éolien de Rignano Garganico en Italie, d’une<br />
puissance installée de 38 MW. Le parc éolien a été<br />
mis en service en décembre 2012. Situé dans la<br />
région des Pouilles, dans la province de Foggia, le<br />
parc éolien de Rignano Garganico comprend dixneuf<br />
turbines, fournies par le fabricant Vestas, d’une<br />
puissance unitaire de 2 MW. Ce projet a été développé,<br />
construit et est détenu par EDF EN Italia, la<br />
filiale italienne d’EDF Energies Nouvelles, un acteur<br />
majeur de l’éolien en Italie. Présent depuis 2001 en<br />
Italie, cette nouvelle réalisation constitue le<br />
neuvième parc éolien d’EDF Energies Nouvelles et<br />
porte ses capacités éoliennes installées dans le pays<br />
à 525 MW bruts.<br />
Nomination<br />
Une directrice pour<br />
l’entretien d’avions<br />
d’Air France Industries<br />
A<br />
nne Brachet, jusqu’alors à la tête de la division<br />
Moteurs d’Air France Industries, a été<br />
nommée directrice Entretien Avions et succède à<br />
Philippe Wallet. Titulaire d’un diplôme d’ingénieur,<br />
d’un DESS de gestion des entreprises et d’un<br />
diplôme de troisième cycle en gestion, Anne<br />
Brachet a débuté sa carrière professionnelle chez<br />
Delpeyrat en tant que responsable qualité. Elle<br />
rejoint Servair, filiale du groupe Air France spécialisée<br />
dans le catering et les services aéroportuaires,<br />
où elle occupe successivement les fonctions de<br />
responsable exploitation et de responsable du<br />
service commercial compagnies étrangères entre<br />
1994 et 1998. Anne Brachet est ensuite employée<br />
par Orgaconseil comme manager senior sur le<br />
secteur Industrie et Services, puis retrouve le groupe<br />
Air France KLM en 2000.<br />
Responsable supply chain Avion jusqu’en mai 2004,<br />
elle est ensuite nommée directrice du centre industriel<br />
du Bourget, où elle se consacre principalement<br />
Turbines<br />
Deux nouveaux contrats de<br />
maintenance pour Alstom<br />
En remportant deux nouveaux contrats de<br />
service à long terme portant sur des turbines<br />
à gaz GT13E2, l’un en Côte d’Ivoire, l’autre en<br />
Jordanie, Alstom s’assure dix à quinze années<br />
supplémentaires d’activité dans ces deux pays. Le<br />
contrat de quinze ans, relatif à la centrale électrique<br />
d’Azito en Côte d’Ivoire, inclut la fourniture des<br />
pièces détachées, la remise en état, la supervision<br />
et l’inspection des turbines à gaz et alternateurs.<br />
En Jordanie, le contrat portant sur la centrale électrique<br />
Samra III s’étend sur une période de dix ans<br />
et inclut la fourniture de pièces neuves et remises<br />
en état ainsi que la mise à disposition des équipes<br />
chargées des travaux d’inspection sur l’ensemble<br />
des trois GT13E2 installées dans la centrale.<br />
« Ces nouveaux contrats de services confirment la<br />
position de leader d’Alstom dans le domaine du<br />
service et de la maintenance des turbines à gaz et<br />
AFI KLM E&M – Patrick Delapierre<br />
Olivier Guillon<br />
à la gestion du maintien en conditions opérationnelles<br />
des Awacs, des flottes spéciales et à la maintenance<br />
aérostructures. Depuis juin 2005, Anne<br />
Brachet était directrice Moteurs d’Air France<br />
Industries, et a participé au pilotage de projets de<br />
développement industriel majeurs, comme l’intégration<br />
de produits nouvelle génération (GE90 et<br />
GP7200) ou la construction de nouvelles implantations<br />
industrielles comme l’atelier Constellation<br />
à Orly et le banc d’essai réacteurs Zéphyr à Roissy-<br />
CDG ■<br />
alternateurs, a déclaré Hans-Peter Meer, directeur<br />
d’Alstom Thermal Services. Les centrales électriques<br />
d’Azito et de Samra sont situées dans des<br />
zones climatiques extrêmes où la fiabilité de la<br />
production d’énergie est essentielle. Alstom, grâce<br />
à sa technologie, ses solutions et ses services,<br />
accompagne les besoins des clients dans ces<br />
régions et s’engage à nouer des relations solides<br />
avec les producteurs locaux d’électricité. » ■<br />
PRODUCTION MAINTENANCE ➤ JANVIER, FÉVRIER, MARS 2013 ➤ PAGE 8
Actualités<br />
Événement<br />
Industrie Lyon 2013,<br />
une édition à contre-courant<br />
DR<br />
Malgré un contexte pour le moins difficile tant pour les donneurs<br />
d’ordres que pour les sous-traitants de l’industrie, la nouvelle édition<br />
lyonnaise du Salon de l’Industrie s’inscrit sur la voie du succès. Une<br />
aubaine en ces temps incertains ? Ce qui est sûr, c‘est que la formule<br />
du salon plaît toujours à des visiteurs qui ont pourtant tendance à<br />
réduire depuis plusieurs années leur temps de passage.<br />
Première région industrielle, mécanicienne<br />
(et sixième mondiale) et<br />
sous-traitante française, le Rhône-Alpes<br />
regroupe 20% des entreprises industrielles<br />
du pays et 16% des effectifs nationaux.<br />
Rien que ça ! Et la nouvelle édition<br />
du salon de l’Industrie qui se déroulera<br />
du mardi 16 au vendredi 19 avril 2013<br />
prochain à Eurexpo Lyon ne contredira<br />
pas cette position de leader français de<br />
l’industrie. Près de 20 000 visiteurs<br />
auront l’opportunité de rencontrer les<br />
850 exposants répartis en une dizaine de<br />
secteurs représentés.<br />
Véritable « usine en fonctionnement »,<br />
comme la surnomment les organisateurs,<br />
cette nouvelle édition lyonnaise devrait<br />
DR<br />
une nouvelle fois connaître un succès,<br />
certes un peu à contre-courant de la<br />
conjoncture économique et industrielle<br />
actuelle. Les raisons de ce succès<br />
programmé sont en grande partie liées<br />
à une capacité de répondre aux besoins<br />
des visiteurs, notamment en mettant à<br />
disposition des navettes de bus et une<br />
Industrie Lyon,<br />
en quelques chiffres<br />
Année de création : 2005<br />
Dates de l'événement : Du mardi 16 avril<br />
au vendredi 19 avril 2013<br />
Lieu : Parc des expositions Eurexpo Lyon<br />
Surface : 40 000 m2<br />
Exposants : 850<br />
Visiteurs : Plus de 20 000<br />
10 secteurs transversaux : Assemblage –<br />
Montage ; Formage – Machines à<br />
découper – Travail du fil et du tube ; Informatique<br />
Industrielle ; Machine-outil ;<br />
Mesure – Contrôle ; Outillage ; Robotique ;<br />
Soudage ; Sous-traitance ; Traitements<br />
des matériaux<br />
voiture de TGV au départ de la Gare de<br />
Lyon à Paris entièrement gratuites !<br />
Par ailleurs, afin d’être encore plus<br />
proche des préoccupations du visiteur,<br />
Industrie Lyon mettra en place trois<br />
animations phares : l’Espace Formation,<br />
l’Espace Financement sans oublier les<br />
Trophées de l’Innovation. L’Espace<br />
Formation offrira une vision réelle des<br />
métiers industriels et présentera des filières<br />
de formation initiale, des qualifications<br />
en continue, de l’apprentissage et<br />
de la formation en alternance jusqu’à<br />
l’emploi. L’Espace Financement apportera<br />
aux chefs d’entreprises les clés pour<br />
leurs investissements à venir et réussir<br />
leur développement. Quant à l’Espace<br />
Industrie 2020 présentera des technologies<br />
de production qui révolutionneront<br />
l’industrie de demain. Enfin, les Trophées<br />
de L’Innovation 2013 seront remis lors<br />
de la soirée du mardi 16 avril dans les<br />
halls d’Eurexpo Lyon ■<br />
PRODUCTION MAINTENANCE ➤ JANVIER, FÉVRIER, MARS 2013 ➤ PAGE 10
Actualités<br />
Interview de Sébastien Gillet,<br />
directeur du salon Industrie Lyon 2013<br />
(GL Events)<br />
➤ <strong>Production</strong> <strong>Maintenance</strong> :<br />
Comment se présente cette nouvelle édition ?<br />
Sébastien Gillet : Malgré un contexte très difficile<br />
marqué par une nécessité de changer de<br />
mentalité, l'édition 2013 d'Industrie Lyon se<br />
révèle comme un vrai succès commercial.<br />
Le nombre d'exposants est en hausse de 15%<br />
par rapport à la précédente édition lyonnaise,<br />
soit 850 exposants cette année contre 750 en<br />
2011. La surface d'exposition a également été<br />
agrandie et atteint près de 40 000 mètres<br />
carrés. Il en est de même pour le secteur de la<br />
sous-traitance.<br />
➤ Ce volet de la sous-traitance semble faire<br />
l'objet de plus d'attention...<br />
Oui. Tout d'abord, la surface d'exposition dédiée<br />
aux acteurs de la sous-traitance a elle aussi augmentée pour atteindre<br />
1 600 mètres carrés contre 1 100 il y a deux ans.<br />
Il faut dire que la sous-traitance est particulièrement présente,<br />
importante et active dans cette région de la France. En tant que<br />
première région mécanicienne, le Rhône-Alpes, en abritant en avril<br />
prochain cette édition lyonnaise d'Industrie, devrait voir le secteur<br />
bien mieux représenté.<br />
L'idée a donc été d’en accroître la visibilité en offrant aux différents<br />
industriels de ces métiers un emplacement de choix et un vrai plan<br />
de communication sans oublier le soutien inconditionnel des institutionnels<br />
tels que la CCI Lyon qui sera physiquement présente sur le<br />
salon. Autre action significative, nous avons mis au point une plateforme<br />
virtuelle qui permettra à chaque exposant d'avoir une réelle visibilité<br />
du salon et de ses visiteurs.Ainsi, ces mêmes exposants pourront<br />
directement contacter les personnes intéressantes et procéder à des<br />
demandes de devis auprès des sous-traitants.<br />
➤ Et concernant l'offre de maintenance ?<br />
La maintenance est une nouvelle fois bien représentée sur le salon.<br />
Surtout, nous avons exprimé l'envie et le besoin d'aller plus loin et<br />
de ne plus seulement nous adresser aux bureaux d'études et<br />
aux acheteurs.<br />
La production et la maintenance seront bel et bien présentes. Nous<br />
avons d'ailleurs élargi la base de lecteurs de notre journal (Le<br />
Journal du Salon – NDLR) à 230 000 contacts en nous rapprochant<br />
le plus possible des fonctions et des métiers à forte connotation<br />
industrielle.<br />
DR<br />
➤ Quelles actions avez-vous déployées pour<br />
ce salon ?<br />
Avant tout, nous avons souhaité à travers cette<br />
édition de réaffirmer notre culture de proximité<br />
entre les exposants et les visiteurs en mettant<br />
à leur disposition une large palette d'outils de<br />
communication. Car il ne faut pas oublier qu'aujourd'hui,<br />
le visiteur a complètement modifié sa<br />
façon de se rendre et de visiter un salon. Il va<br />
désormais directement à l'essentiel, contrairement<br />
à ce que l'on pouvait constater il y a encore<br />
une dizaine d'années. Il ne prend plus le temps<br />
de flâner. C'est pourquoi nous avons mis en place<br />
un outil de diffusion électronique de notre Journal<br />
du Salon. Nous avons également développé une<br />
application i-Phone, Androïd et Black-Berry et<br />
pas moins de dix bornes interactives de façon<br />
– une nouvelle fois – à aller directement à l'essentiel.<br />
Par ailleurs, des personnes munies d'un i-Pad pourront renseigner<br />
le visiteur à tout moment. Enfin, afin de pallier les problèmes de<br />
coûts, trois navettes gratuites parcourront toute la région Rhône-Alpes<br />
et une voiture TGV acheminera gratuitement une cinquantaine de visiteurs<br />
au départ de Paris avec des aller-retours dans la journée.<br />
➤ Quels seront les temps forts du salon Industrie Lyon 2013 ?<br />
Outre les nombreuses conférences qui se dérouleront à Eurexpo, deux<br />
grands temps forts ponctueront l'événement.Tout d'abord, les Trophées<br />
de l'Innovation, véritable ADN du salon, montrent que pas moins de 10%<br />
des exposants innovent.C'est une bonne nouvelle car l'innovation demeure<br />
un facteur clé de réussite et de compétitivité. Les Trophées de l'Innovation<br />
seront remis mardi 16 avril au soir lors de la grande soirée organisée<br />
sur les lieux du salon.Autre grand volet d'Industrie Lyon :la formation.<br />
Avec l'innovation, elle représente l'avenir de l'industrie. Mais elle représente<br />
également une réelle problématique à la fois pour les visiteurs et<br />
les exposants, lesquels perdent parfois des contrats faute de ressources<br />
humaines compétentes et disponibles en interne.<br />
Pour résoudre ce problème, il faut rééduquer à la fois les jeunes et les<br />
parents. Nous allons donc organiser durant quatre jours différents parcours<br />
suivant les allées du salon dans le but de suivre à travers différents stands<br />
le processus de fabrication d'un produit. Par ailleurs, nous avons l'honneur<br />
de recevoir Eurocopter sur notre pôle RH et qui viendra pour l'occasio<br />
annoncer le recrutement de pas moins de 500 personnes. Enfin,<br />
notons la présence des Compagnons du Devoir, toujours très actifs et<br />
essentiels dans l'animation de ce volet dédié à la formation<br />
Propos recueillis par Olivier Guillon<br />
PRODUCTION MAINTENANCE ➤ JANVIER, FÉVRIER, MARS 2013 ➤ PAGE 11
ACTUALITÉS<br />
produits & technologies<br />
EPI : 3 NOUVEAUX ADHÉRENTS<br />
DU SYNAMAP<br />
En février 2013, le Synamap, syndicat professionnel<br />
représentant les fabricants d’équipements<br />
de protection et les acteurs du<br />
marché de la prévention des risques professionnels<br />
et de la protection de l’homme au<br />
travail, a accueilli trois adhérents supplémentaires.<br />
Les trois nouveaux venus sont le<br />
groupe Cepovett (fabricant de vêtements de<br />
protection et professionnels), le groupe JLF<br />
(fabricant d’accessoires pour les chaussures<br />
– leader français sur le marché de l’hygiène<br />
et du confort du pied) et Intersafe Abrium<br />
(distributeur d’EPI). Depuis 2007, le Synamap<br />
ne cesse de monter en puissance, avec une<br />
augmentation ininterrompue du nombre de<br />
ses adhérents.<br />
UN GUIDE SUR LE MARQUAGE<br />
ET LA GESTION DES EPI<br />
Lancé par l’éditeur de logiciels OpenSafe Pro,<br />
le guide « Comment marquer vos EPI ? » a<br />
été conçu en tenant compte d’une vingtaine<br />
de méthodes de marquage et d’une dizaine<br />
de types d’EPI. Chaque méthode présentée a<br />
été analysée pour en tirer des avantages, et<br />
surtout des conseils optimisant la performance<br />
et la longévité du marquage. L’étude<br />
se base sur quatre critères importants<br />
permettant au lecteur de faire son choix en<br />
fonction de ses besoins : méthode de gestion,<br />
simplicité, coût, traçabilité informatique. Cet<br />
outil a pour ambition d’aider les entreprises<br />
dans la gestion de leurs équipements de<br />
protection individuelle (EPI) et des obligations<br />
qui s’en suivent, notamment dans le<br />
marquage des équipements.<br />
UNE PLATEFORME D’ÉVALUATION<br />
DES RISQUES<br />
Le Centre national de prévention et de protection<br />
(CNPP) a développé une nouvelle plateforme<br />
sous la forme d’un logiciel baptisé<br />
Didero. Dédié à l’évaluation des risques<br />
professionnels, cet outil s’appuie sur la norme<br />
ISO 31000 relative au management du risque<br />
(principes et lignes directrices) et entend<br />
répondre aux exigences du décret d’application<br />
du 5 novembre 2001, lequel concerne<br />
le document unique. Cette solution logicielle<br />
permet de définir une arborescence multiniveau<br />
de l’organisation soumise à une<br />
évaluation mais aussi d’analyser, d’évaluer<br />
et de traiter les risques identifiés. Il permet<br />
également d’en élaborer une cartographie<br />
globale et d’éditer des rapports, des statistiques<br />
et des diagrammes.<br />
Solution<br />
Faciliter l'inventaire des<br />
outils dans l'aéronautique<br />
Afin d’éviter les dommages causés par les objets oubliés à la suite d’une intervention<br />
sur un aéronef ou un sous-ensemble, ou encore après une opération<br />
de maintenance ou de montage, le fabricant allemand d’outillages spécifiques<br />
Stahlwille a mis au point le système TCS. L’intérêt de cette solution est de faciliter<br />
par un contrôle visuel rapide la réintégration de tous les outils.<br />
Le fabricant d’outillage à main Premium<br />
Stahlwille a mis au point le TCS ‘Tool<br />
Control System’ - un système de contrôle des<br />
outils - afin de répondre aux exigences de sécurité,<br />
en premier lieu dans le secteur<br />
aéronautique. TCS répond aux exigences<br />
de la norme aéronautique<br />
FOD (Foreign Object Damage).<br />
Le système est résistant au<br />
Skydrol, fluide<br />
h y d r a u -<br />
DR<br />
À<br />
l’heure où l’opinion publique croit que<br />
l’industrie française est moribonde, statique<br />
et sans aucun avenir, les régions nord de<br />
l’hexagone ont connu une activité frénétique lors<br />
de la dernière édition du Sepem Industries Nord,<br />
qui a fermé ses portes fin janvier à Douai. Avec<br />
20% de visiteurs supplémentaires (pour un total<br />
de 5 491 décideurs, prescripteurs et techniciens<br />
venus rencontrer les 454 exposants du salon,<br />
cette édition est celle de tous les records pour le<br />
Sepem. De nombreux défis à relever dans les<br />
domaines financiers, techniques et commerciaux,<br />
semblent avoir été le trait d’union entre exposants<br />
et visiteurs. 94,9% des visiteurs se sont déclarés<br />
satisfaits ou très satisfaits des exposants, tandis<br />
que plus de 96% de ces derniers plébiscitent la<br />
qualité et le nombre des industriels rencontrés<br />
dans les allées. Les navettes mises à disposition<br />
gratuitement par les organisateurs ont également<br />
lique qui résiste au feu, très corrosif et couramment<br />
utilisé dans l’aéronautique. Par ailleurs,<br />
tous les outils Stahlwille sont exempts de cadnium<br />
et conviennent donc aux travaux sur les<br />
pièces en alliage de titane ainsi que sur les éléments<br />
de raccord en titane.<br />
Avec le système TCS, les outils sont rangés<br />
dans des plateaux de sécurité, résistant aux produits<br />
chimiques, qui présentent des découpes tridimensionnelles<br />
de grande précision. Un regard<br />
suffit pour vérifier que tous les outils sont là :<br />
un emplacement jaune signifie qu’il manque<br />
un outil. TCS permet un rangement structuré et<br />
présente une certaine rentabilité par rapport à la<br />
perte d’outils et au temps passé à les retrouver ■<br />
Bilan<br />
Mobilisation exceptionnelle<br />
des industriels Sepem Douai<br />
joué leur rôle en permettant aux responsables de<br />
sites de la zone, de laisser venir à moindre frais<br />
leurs équipes techniques… « Ce résultat est plus<br />
que motivant pour cette quatrième édition du salon<br />
dans la région, démontrant une fois de plus la<br />
pugnacité des industriels, et leur mobilisation générale<br />
pour faire bouger la France et leur région<br />
! », s’est enthousiasmé Philippe Dutheil, directeur<br />
du salon ■<br />
Les prochains rendez-vous du Sepem<br />
Industries :<br />
- Angers 2013 / 3 e édition, du 8 au 10 octobre /<br />
380 exposants<br />
- Avignon 2014 / 3 e édition, du 28 au 30 janvier /<br />
380 exposants<br />
- Colmar 2014 / 5 e édition, du 20 au 22 mai / 450 exposants<br />
- Toulouse 2014 / 2 e édition, du 23 au 25 septembre /<br />
400 exposants<br />
- Douai 2015 / 5 e édition, du 27 au 29 janvier / 500 exposants<br />
PRODUCTION MAINTENANCE ➤ OCTOBRE, NOVEMBRE, DÉCEMBRE 2012 ➤ PAGE 12
ACTUALITÉS<br />
produits & technologies<br />
PARTENARIAT KSB/AGROTEC POUR LA<br />
MAINTENANCE DES SYSTÈMES DE POMPAGE<br />
DR<br />
Le fournisseur de pompes, de robinetterie et des<br />
services associés dans le domaine de l’eau, a<br />
conclu une convention de partenariat pluriannuelle<br />
avec le Lycée Agrotec de Vienne Seyssuel (Isère)<br />
pour le soutenir dans ses missions pédagogiques<br />
et, notamment, dans son projet de licence professionnelle<br />
« Ingénierie et maintenance des systèmes<br />
de pompage » pour la rentrée 2013. Outre<br />
une aide financière à travers la taxe d’apprentissage<br />
et le don de matériels (documentations,<br />
pompes, robinets, station de relevage...), la collaboration<br />
de KSB prend la forme d’un soutien<br />
pédagogique. Des formateurs en techniques<br />
hydrauliques du Training Center KSB sont d’ores<br />
et déjà chargés de cours auprès des étudiants de<br />
la Licence Professionnelle Travaux Publics « Droits<br />
et techniques des réseaux hydrauliques ». Ils pourront<br />
aussi intervenir auprès des étudiants du BTSA<br />
Gemeau. Des formateurs en maintenance participeront<br />
quant à eux à l’ingénierie pédagogique<br />
de la future licence « Ingénierie et maintenance<br />
des systèmes de pompage » et enseigneront dans<br />
le cadre de ce cursus. En outre, des rencontres<br />
sont prévues avec l’Atelier KSB Service de Genas<br />
(Rhône), proche du lycée, pour permettre aux<br />
élèves de mieux appréhender les réalités de leur<br />
futur métier et les attentes d’une entreprise de<br />
leur domaine professionnel.<br />
UN NOUVEL ESPACE DE FORMATION<br />
DÉDIÉ À LA MAINTENANCE NUCLÉAIRE<br />
Isabelle Fortin, directrice régionale de l’Afpa en<br />
Basse-Normandie (Association nationale pour la<br />
formation professionnelle des adultes) et Alain<br />
Morvan, directeur d’EDF Flamanville ont inauguré<br />
un espace de formation « Chantier Maquettes »<br />
dédié aux salariés d’EDF et implanté dans les<br />
locaux de l’Afpa. Cet espace de formation « Chantier<br />
Maquettes » s’étend sur 400 m 2 et présente une<br />
vingtaine de maquettes de vannes, motopompes,<br />
tuyauteries, robinets, garnitures mécaniques et cinq<br />
maquettes virtuelles, spécifiques à l’industrie<br />
nucléaire. Il a pour objectif de permettre aux salariés<br />
d’EDF Flamanville et des entreprises partenaires<br />
(Endel, Nordon, STII, TCC, Fives-Ponticelli...)<br />
d’y suivre des formations pour mieux maîtriser les<br />
activités de maintenance essentielles à la sûreté<br />
de l’exploitation d’une centrale nucléaire.<br />
Télésurveillance<br />
De nouvelles fonctions pour<br />
les constructeurs de machines<br />
L’Américain Rockwell Automation vient de lancer le Virtual Support<br />
Engineer. Ce nouveau service a pour but d’aider les constructeurs à se<br />
connecter en toute sécurité aux machines afin d’aider leurs clients à<br />
augmenter la durée de fonctionnement, améliorer la maintenance et<br />
optimiser les performances de ces machines.<br />
Dans le souci d’ offrir à leurs clients les<br />
avantages d’une surveillance et d’une<br />
maintenance à distance sécurisée sans pour<br />
autant avoir à investir dans une infrastructure<br />
coûteuse, les constructeurs ont la possibilité<br />
de recourir à un nouveau service.<br />
Le service Virtual Support Engineer permet aux<br />
constructeurs de machines d’accéder à leurs<br />
actifs dans un environnement sécurisé et à des<br />
fonctionnalités d’alarme en temps réel. Cellesci<br />
peuvent d’ailleurs être notifiées, par SMS<br />
ou e-mail, à eux-mêmes, à leur client ou à un<br />
spécialiste support de Rockwell Automation,<br />
fournisseur de ce service.<br />
Dans un cas d’urgence ou lorsque l’équipement<br />
cesse de fonctionner, le service Virtual Support<br />
Engineer envoie une notification pro-active aux<br />
constructeurs de machines. Un signal avertit<br />
en permanence le centre de service Rockwell<br />
Automation afin de l’informer du statut d’une<br />
Publication<br />
Tout ce qu'il faut savoir sur<br />
la maintenance mécanique”<br />
DR<br />
DR<br />
machine. En cas de perte de cette connexion,<br />
Rockwell Automation prévient immédiatement<br />
la personne compétente, qui peut alors<br />
résoudre le problème à partir de n’importe où.<br />
La maintenance à distance et les réglages en<br />
ligne réalisés via le système permettent<br />
souvent de résoudre les problèmes, ce qui<br />
réduit les délais et les coûts de déplacement<br />
pour les constructeurs de machines et minimise<br />
les temps d’arrêt pour leurs clients ■<br />
La société nantaise In Situ,<br />
spécialisée dans l’hydraulique,<br />
vient de lancer un nouvel<br />
outil utile à tout responsable,<br />
agent de maîtrise ou technicien<br />
de maintenance. Il s’agit d’un<br />
ouvrage intitulé Le Mémento<br />
technique de maintenance –<br />
partie mécanique. Réalisé et<br />
écrit par Robert Legendre, ingénieur<br />
conseil en maintenance pendant plus de<br />
25 ans, Le Mémento technique de maintenance<br />
se base sur ses propres connaissances,<br />
son expérience, mais<br />
également sur des documentations<br />
techniques anglo-saxonnes.<br />
L’objectif de cet ouvrage<br />
de plus de 700 pages, est de<br />
répondre à l’essentiel des<br />
préoccupations techniques en<br />
maintenance, tout ceci de<br />
manière pratique et concrète,<br />
avec dessins et schémas. Le Mémento<br />
technique de maintenance – Partie<br />
Mécanique est en vente dans la Boutique<br />
du génie ■<br />
PRODUCTION MAINTENANCE ➤ OCTOBRE, NOVEMBRE, DÉCEMBRE 2012 ➤ PAGE 14
ACTUALITÉS<br />
produits & technologies<br />
Contrat<br />
DimoMaint équipe Bariatrix<br />
Nutrition de sa solution de GMAO<br />
Bariatrix Nutrition, Canada, a opté pour la solution de gestion de la maintenance MiniMaint<br />
intégrée à l’ERP Sage ERP X3 pour améliorer l’ensemble de ses processus, allant de la<br />
production et la maintenance à la vente en passant par les achats et la logistique.<br />
Spécialisé depuis 1978 dans le domaine des<br />
aliments riches en protéines et des suppléments<br />
pour les régimes amaigrissants sous suivi<br />
médical, Bariatrix Nutrition est confronté à des<br />
contraintes sanitaires élevées. L’entreprise dispose<br />
d’un site de production principal implanté à<br />
Montréal au Québec (Canada) et d’un site logistique<br />
dans le Vermont (États-Unis). L’entreprise<br />
a procédé à la rénovation de son usine de Montréal<br />
puis à l’ouverture d’un nouvel entrepôt début<br />
2012. Cette modernisation a nécessité des investissements<br />
importants dans de nouvelles lignes de<br />
fabrication. « Afin de pérenniser ces nouvelles<br />
installations et garantir le maintien en condition<br />
opérationnelle des équipements (fiabilité, disponibilité,<br />
sécurité), nous avons décidé conjointe-<br />
ment avec le responsable maintenance, d’investir<br />
dans la solution de GMAO proposée par<br />
Logiciels Tangerine, notre intégrateur ERP », a<br />
déclaré le responsable de production Amrendra<br />
Kumar Prosad. Plus globalement, la société a dû<br />
repensé tout son système informatique et s’est<br />
orientée vers la solution de SAGE ERP X3 intégrée<br />
par la société canadienne Logiciels Tangerine<br />
qui a été choisie en avril 2012 pour une mise en<br />
production en janvier 2013.<br />
Un déploiement en trois phases<br />
La solution choisie a également été enrichie d’une<br />
fonctionnalité GMAO en octobre 2012.<br />
« L’intégration native de la GMAO MiniMaint à<br />
Sage ERP X3 évitera aux équipes des ressaisies<br />
DR<br />
et des risques d’erreur entre la gestion commerciale<br />
et la GMAO, explique Benoît Desrochers,<br />
directeur informatique de la société. Les règles de<br />
la gestion commerciale seront appliquées à la<br />
GMAO à chaque étape du processus de gestion<br />
des stocks et des achats. Enfin, les référentiels<br />
articles, stocks et fournisseurs seront synchronisés<br />
de Sage ERP X3 vers la GMAO ».<br />
Le projet sera lancé début janvier 2013 et débutera<br />
par le paramétrage de l’arborescence des équipements<br />
et la gestion des contrats fournisseurs.<br />
La deuxième phase consistera à paramétrer les<br />
flux de la maintenance corrective, la planification<br />
de la maintenance préventive et réglementaire,<br />
avant de passer à la définition des fournisseurs<br />
et du catalogue des pièces dans Sage ERP X3 pour<br />
la mise en service du connecteur dans un troisième<br />
temps. La mise en production et le démarrage<br />
de l’exploitation sont prévues pour le deuxième<br />
trimestre 2013 ■<br />
PRODUCTION MAINTENANCE ➤ JANVIER, FÉVRIER, MARS 2013 ➤ PAGE 15
<strong>Maintenance</strong> préventive<br />
Dossier CND<br />
Le contrôle non destructif pour<br />
la maintenance – Quels outils ?<br />
Quelles pratiques ?<br />
Les technologies propres aux CND prennent de plus en plus d’importance dans les politiques menées en<br />
maintenance. Mais au-delà du matériel, les pratiques d’utilisation peuvent se révéler plus subtiles qu’on<br />
ne le pense. Dans ce dossier, Roger Serra, directeur de l’école d’ingénieurs ENI-Val de Loire revient sur<br />
les fondamentaux de l’analyse vibratoire présentés lors du colloque organisé en décembre dernier à<br />
Blois par le Cimi sur la performance industrielle. Puis le directeur de la société de maintenance I-Care nous<br />
présentera une méthode d’analyse ultrasons extrêmement précise. Enfin, ce dossier s’achèvera par les bonnes<br />
pratiques d’utilisation d’une caméra thermique infrarouge.<br />
DR<br />
L<br />
’apport de l’analyse vibratoire dans<br />
la maintenance est indéniable. Outil<br />
de surveillance et de diagnostic à part<br />
entière, la mesure des vibrations sur les<br />
machines est croissante depuis plusieurs<br />
années. Elle n’est évidemment pas<br />
nouvelle. Depuis 1939 déjà, une charte<br />
de sévérité intitulée Rathborne Chart<br />
était publiée. Celle-ci faisait état des<br />
niveaux maximum des vitesses vibratoires<br />
pouvant être tolérés sur un type de<br />
matériel donné. Depuis, la mesure des<br />
vibrations est un sujet d’intérêt croissant.<br />
Actuellement, plusieurs méthodes sont<br />
utilisées et jouent un rôle croissant dans<br />
les programmes de maintenance afin<br />
d’augmenter la fiabilité des machines<br />
et la compétitivité de l’entreprise.<br />
Les machines tournantes sont présentes<br />
dans tous les types d’industrie. Celles-ci<br />
connaissent parfois des vibrations dites<br />
anormales qui conduisent à un sentiment<br />
d’inquiétude, une indisponibilité des<br />
machines d’où une perte de production,<br />
des coûts de maintenance prohibitifs et<br />
une nuisance de bruit et de vibration, selon<br />
les critères de la norme EN 14253:2003<br />
sur la mesure et le calcul de l’effet sur la<br />
santé de l’exposition professionnelle aux<br />
vibrations transmises à l’ensemble du<br />
corps. D’où la nécessité de la surveillance<br />
vibratoire et du diagnostic.<br />
Pourquoi les machines vibrent ?<br />
En préambule de ce dossier, la question<br />
mérite d’être posée. Tout d’abord, une<br />
vibration présente une oscillation et se<br />
traduit par un mouvement harmonique.<br />
Il existe différents types de vibrations :<br />
elles peuvent être libres, forcées ou autoforcées<br />
; il peut également s’agir de résonances.<br />
Dans tous les cas, ces vibrations<br />
sont bien souvent la source de nombreux<br />
problèmes. Les détecter permet d’augmenter<br />
la disponibilité des équipements<br />
tout en réduisant – à terme – les coûts de<br />
maintenance, de fiabiliser l’outil de<br />
production, de planifier les interventions<br />
et d’organiser les stocks.<br />
Les anomalies peuvent provenir d’un<br />
déséquilibre et un délignage, des paliers<br />
lisses ou des roulements, mais aussi<br />
d’un état défaillant des ailettes, les aubes<br />
et des rotors. Pour les détecter, il est<br />
important de connaître la criticité des<br />
éléments via l’expérience et les données<br />
statistiques, les analyse de sûreté de<br />
fonctionnement (Amdec), et à travers<br />
les symptômes ainsi que les contraintes<br />
spécifiques de la machine.<br />
PRODUCTION MAINTENANCE ➤ JANVIER, FÉVRIER, MARS 2013 ➤ PAGE 16
<strong>Maintenance</strong> préventive<br />
DR<br />
La surveillance en continue garantit la maîtrise totale des roulements.<br />
L’analyse vibratoire s’opère à deux niveaux.<br />
Le premier concerne la localisation<br />
et la caractérisation du défaut. Vient<br />
ensuite la préconisation des actions de<br />
maintenance ou des investigations complémentaires.<br />
Le second niveau intervient<br />
lors de la recherche de la cause du défaut<br />
et le choix des remèdes à entreprendre.<br />
Pour le premier niveau, il convient de<br />
procéder à une analyse spectrale aux<br />
points en alarme avant d’entamer une<br />
comparaison à la cinématique permettant<br />
d’identifier les sources de vibrations.<br />
Au second niveau, il convient de prendre<br />
en compte l’environnement passif (transfert<br />
de la structure, raideur dynamique<br />
des paliers, montage châssis…) et l’environnement<br />
actif de la machine comme<br />
son alimentation en énergie, l’interaction<br />
avec le process et toutes sources extérieures.<br />
Au niveau de l’environnement<br />
passif, l’idée est de faire la part entre<br />
les forces et la réponse de la structure<br />
dans le but de détecter un problème de<br />
structure : la résonance. La méthodologie<br />
à adopter va des mesures des FRF à<br />
l’analyse modale en passant par les déformées<br />
et l’analyse des transitoires.<br />
Au stade de l’environnement actif,<br />
l’objectif est de détecter un problème<br />
extérieur en prenant en considération l’influence<br />
des conditions opératoires. Les<br />
méthodes employées vont des variations<br />
de charge à l’analyse paramétrique et<br />
de l’alimentation électrique en passant<br />
par l’utilisation de techniques complémentaires.<br />
Parmi les technologies<br />
PRODUCTION MAINTENANCE ➤ JANVIER, FÉVRIER, MARS 2013 ➤ PAGE 17
<strong>Maintenance</strong> préventive<br />
complémentaires à employer, les recommandations<br />
vont dans le sens d’un « suivi<br />
multi-technique » et d’un recours à la sonométrie,<br />
aux ultrasons, le rotatiomètre<br />
laser et les tachymètres pour la mesure<br />
de la vitesse instantanée, les outils de<br />
mesure d’analyses électriques, d’huiles,<br />
de couple et d’extensométrie…<br />
L’analyse vibratoire permet une surveillance<br />
à la fois fiable et fine d’un parc<br />
d’installations à cinématique complexe. La<br />
plupart des mesures de base s’effectuent<br />
sans intervention sur le process. Enfin, les<br />
bilans successifs permettent d’observer la<br />
réelle évolution de l’état vibratoire des<br />
installations. Mais attention, sorte d’outil<br />
d’investigation performant pour la maintenance,<br />
l’analyse n’en est pas une boule de<br />
cristal pour autant, rappelle Roger Serra ■<br />
Olivier Guillon<br />
3 e Congrès international<br />
sur l’ingénierie des risques industriels<br />
Organisé les 3, 4 et 5 juillet prochains à l’université de Reims Champagne-Ardenne, sur le campus<br />
de la faculté des Sciences de Reims, ce congrès sur l’ingénierie des risques industriels s’articulera<br />
autour de trois sessions qui auront pour thèmes les contrôles non destructifs (CND), la<br />
surveillance vibratoire et acoustique et, enfin, la biomécanique appliquée aux risques physiques.<br />
Cet événement réunira les chercheurs et les praticiens dans ces trois grands domaines. Il est le<br />
troisième d’une série de congrès pluriannuels bilingues (anglais/français) qui se tiennent habituellement<br />
dans divers pays et qui visent à favoriser le développement d’une communauté<br />
internationale de pratique pour combattre les risques industriels. Les meilleurs articles seront<br />
sélectionnés par un comité international afin d’être publiés. Les compagnies sont également invitées<br />
à venir exposer leurs produits, matériels et services. Les conférenciers sont issus de différents<br />
pays : de France (Laboratoire de mécanique appliquée numérique – université de Reims –<br />
, le Laspi – St-Éienne – et les laboratoires LVA et de Mécanique des contacts et des structures<br />
de l’Insa de Lyon) mais également de Belgique à travers l’Institut des sciences et du management<br />
des risques (ISMR), du Canada avec la présence du Laboratoire en dynamique des machines<br />
structures et procédés (Dynamo – École de technologie supérieure de Montréal) et d’Algérie<br />
avec la présence du laboratoire Matériaux, procédés et environnement (MPE) de l’université<br />
de Boumerdes.<br />
➤ Plus d’informations : www.ciri2013.fr<br />
Méthode<br />
Le « scan haute fréquence »<br />
comme technique de détection<br />
sur des roulements basses vitesses<br />
Les vibrations, y compris les micro-vibrations, se présentent comme des<br />
indicateurs particulièrement fiables pour détecter les défauts sur les<br />
machines industrielles. Encore faut-il pouvoir les interpréter et, au<br />
préalable, les intercepter. Or si les méthodes classiques s'appuyant sur le<br />
théorème de Shannon se montrent efficaces sur des machines tournant à<br />
fortes vitesses, elles le sont nettement moins pour des roulements à basses<br />
ou très basses fréquences. La société I-Care a préféré opter pour une<br />
toute autre technique qui consiste à scanner des signaux sous la forme<br />
d'un nombre très important d'échantillons, plus de 100 000 par seconde !<br />
Échantillonner signifie prendre à<br />
intervalle régulier une série de mesures<br />
du signal analogique. En d’autres<br />
termes, lorsque l’on obtient un signal<br />
analogique , l’échantillonnage va permettre<br />
de définir numériquement le signal.<br />
Cela permet de reproduire une copie plus<br />
ou moins fidèle du signal analogique<br />
original ; « plus le nombre de mesures<br />
est élevé, plus le signal numérique sera<br />
fidèle au signal analogique, précise<br />
Pascal Locoge, directeur d’I-Care. C’està-dire<br />
que plus la durée entre deux<br />
mesures est faible, plus le signal aura une<br />
grande résolution ». Il est également<br />
important de connaître une base de l’analyse<br />
vibratoire illustrée par le théorème<br />
de Shannon à savoir que la fréquence<br />
d’échantillonnage doit être au moins<br />
égale à deux fois la fréquence supérieure<br />
que l’on veut mesurer. Si l’on s’attend<br />
à une fréquence comprise entre 1 et<br />
1 000 hertz, la fréquence d’échantillonnage<br />
doit quant à elle se situer au moins<br />
à 2 000 hertz. Toutefois, il existe une<br />
valeur optimale – déterminée à 2,56 –<br />
qui permet de respecter ce théorème à la<br />
lettre. La valeur 2,56 vient des échantillonneurs<br />
analogiques, or, le plus proche<br />
de 2 en base 2 est 2,56 (2, 4, 8, 16, 32,<br />
64, 128, 256). C’est pour cette raison que<br />
la plupart des analyseurs portables utilisent<br />
2,56. Dans le cadre d’un roulement<br />
à 1500 RPM par exemple, très souvent<br />
la bague interne implique la fréquence<br />
d’apparition de défaut la plus élevée, si<br />
l’on veut voir les harmoniques éventuelles<br />
de cette fréquence, le spectre doit<br />
atteindre 1 000 hertz, la fréquence<br />
d’échantillonnage sera automatiquement<br />
de 2 560 hertz.<br />
PRODUCTION MAINTENANCE ➤ JANVIER, FÉVRIER, MARS 2013 ➤ PAGE 18
<strong>Maintenance</strong> préventive<br />
Autre rappel concernant les macro et les<br />
micro-vibrations : on trouve deux types<br />
de vibrations sur les machines : globalement,<br />
les macro-vibrations sont ce que<br />
l’on ressent directement avec la main ;<br />
elles concernent les défauts d’alignement,<br />
les défauts de balourd, une courroie<br />
mal tendue, des résonances de<br />
châssis, des fixations cassées etc. Il est<br />
donc primordial de bien distinguer les<br />
macro et les micro-vibrations puisque ce<br />
sont ces dernières qui vont apparaître lors<br />
d’un défaut sur un roulement et auxquelles<br />
il faut s’intéresser. Celles-ci se<br />
situent à des fréquences beaucoup plus<br />
élevées où l’on trouve des glissements,<br />
des fréquences d’engrènement, des roulements,<br />
des chocs, des frictions... « Pour<br />
détecter les défauts sur les roulements,<br />
nous utilisons des filtres passe-haut<br />
allant de 500 hertz – pour des cas particuliers<br />
– à 40 kilohertz passe-haut, en<br />
fonction des applications. Pour détecter<br />
ces défauts de roulements, les filtres que<br />
l’on trouve généralement sur le marché<br />
sont supérieurs à 1 000 hertz. L’utilisation<br />
de filtres de 20kHz à 40 kHz permettra<br />
DR<br />
Détecter les défauts réduit les risques d'immobilisation des installations<br />
une détection précoce du défaut de roulement<br />
à condition que l’on sache capter<br />
(numériser) correctement ces fréquences<br />
», préconise Pascal Locoge.<br />
Chaque type de défaut de roulement a une<br />
image spectrale particulière, comme c’est<br />
le cas par exemple des bagues internes ou<br />
bagues externes. Pascal Locoge rappelle<br />
PRODUCTION MAINTENANCE ➤ JANVIER, FÉVRIER, MARS 2013 ➤ PAGE 19
<strong>Maintenance</strong> préventive<br />
DR<br />
qu’une fréquence de défaut de cage par<br />
exemple, laquelle se situe entre 0,35 et<br />
0,5 fois la vitesse de rotation. Si l’on<br />
mesure une machine qui tourne à<br />
10 hertz, on doit chercher une fréquence<br />
de cage aux alentours de 4 hertz ; si elle<br />
tourne à 2 hertz, la fréquence sera inférieure<br />
à 1 hertz, etc.<br />
Rappel des techniques<br />
« classiques » de détection<br />
de roulements<br />
Ces techniques s’appuient sur un même<br />
principe : une forme d’ondes contient les<br />
macro et les micro-vibrations donnent un<br />
signal. La démarche consiste ainsi à<br />
retirer toutes les macro-vibrations qui ne<br />
nous intéressent pas grâce à un filtre<br />
passe-haut. On redresse ensuite le signal<br />
pour le densifier puis on utilise une technique<br />
d’enveloppe avant d’effectuer le<br />
spectre sur cette enveloppe. « Cette technique<br />
fonctionne bien pour détecter un<br />
défaut, et tant que l’on se trouve au-delà<br />
de 120 tours, il n’y a normalement aucun<br />
risque. Toutefois, les limites apparaissent<br />
lorsque l’on utilise un échantillonnage<br />
classique sur un spectre basses vitesses.<br />
La difficulté va consister à traquer tous<br />
ces instants très brefs avec cet échantillonnage.<br />
Malgré l’enveloppe, on va<br />
passer à côté d’un grand nombre de<br />
crêtes. C’est-à-dire que le signal, s’il<br />
remarque plusieurs périodicités, perdra<br />
énormément en amplitude. On retient<br />
néanmoins une information : le caractère<br />
répétitif du défaut ». Cette méthode<br />
présente aussi, avec ce type d’échantillonnage<br />
classique, des limites lorsqu’apparaît<br />
un important bruit de fond<br />
dans la machine.<br />
Avec ce type d’échantillonnage, il y a de<br />
fortes chances pour que le bruit de fond<br />
se mêle au signal. Par ailleurs, pour intervenir<br />
de manière plus précoce et mesurer<br />
de très basses vitesses, l’appareil de<br />
mesure doit émettre un bruit de fond des<br />
composants électroniques inférieur à<br />
10-5 G ; à 10-3 G, on n’a pas cette précision.<br />
I-Care utilise des appareils qui<br />
permettent d’atteindre ce « fameux »<br />
10-5G. Cette méthode, si certains l’appellent<br />
« échantillonnage », Pascal<br />
Locoge préfère parler de « scan » puisque<br />
celle-ci consiste à scanner à très haute<br />
fréquence et à ne retenir que les amplitudes<br />
maximum.<br />
Un échantillon<br />
toutes les 4 millisecondes !<br />
Une fois le défaut détecté, il est possible d'analyser la dégradation du roulement.<br />
Au départ, le principe d’utilisation ressemble<br />
aux méthodes classiques avec le<br />
même algorithme utilisé tout comme le<br />
filtre passe-haut pour les vibrations. On<br />
redresse le signal de la même manière<br />
pour gagner en énergie avant de recourir<br />
à la technique de l’enveloppe. Mais à<br />
cette étape, au lieu de simplement échantillonner<br />
à 2,56 fois la fréquence maxi<br />
(borne supérieure du spectre), on vient<br />
scanner le signal à 102 400 hertz ; « c’està-dire<br />
qu’en une seconde, on va prendre<br />
102 400 échantillons que l’on va ensuite<br />
répartir en fonction de l’échantillonnage<br />
utilisé pour la transformée de Fourier.<br />
Seule la valeur la plus haute de chaque<br />
paquet sera retenue. Ainsi, pour un<br />
spectre de 0 Hz à 1000 Hz, l’échantillonnage<br />
se fera à 2560 Hz et chaque<br />
échantillon sera la valeur la plus élevée<br />
parmi un paquet de 40 scan, pour un<br />
spectre de 0 Hz à 400 Hz, ce sera la<br />
valeur max parmi un paquet de 100 scan,<br />
pour un spectre de 0 Hz à 100 Hz (très<br />
basses vitesses), ce sera la valeur max<br />
parmi un paquet de 400. Ce principe<br />
permet de « voir » l’amplitude réelle des<br />
impacts roulement même à très haute<br />
fréquences alors que le spectre lui sera<br />
défini sur une très basse fréquence ».<br />
Pourquoi ce chiffre ? Tout simplement<br />
parce que certains filtres mesurent<br />
jusqu’à 40 000 hertz ; or, le théorème<br />
de Shannon indique que pour mesurer de<br />
telles fréquences, on doit avoir 2,56 fois<br />
40 kHz, d’où cette fréquence d’échantillonnage<br />
importante. Concrètement,<br />
avec le scan, on obtient un « super »<br />
échantillon dont la valeur est toujours<br />
la valeur maxi des impacts.<br />
Pour le cas d’un choc ou d’un impact,<br />
la méthode classique ne trouverait qu’un<br />
point alors que la méthode du scan permet<br />
de photographier très précisément<br />
l’ensemble de ce paquet de quarante<br />
mesures (100 ou 400 selon les bornes du<br />
spectre) et de retrouver ainsi la valeur la<br />
plus importante. « Avec cette méthode,<br />
je suis certain d’obtenir à chaque fois<br />
l’amplitude la plus importante – le point<br />
“haut’’. C’est essentiel car si l’on veut<br />
intervenir de la manière la plus précoce,<br />
il faut repérer toutes les amplitudes maximales<br />
liées aux impacts sinon, il n’est<br />
pas possible de voir le défaut. Ainsi pour<br />
une machine qui tourne à plus de<br />
120 tours / minute, la méthode classique<br />
fonctionne bien mais dès que l’on<br />
descend en vitesse ou dès que l’on<br />
souhaite voir un défaut de manière<br />
précoce, la méthode du scan devient<br />
nécessaire ». Concernant le temps d’acquisition,<br />
la fréquence de cage est égale<br />
– environ – à 0,4 fois la vitesse de rotation.<br />
Par exemple, si une machine tourne<br />
à 120 tours (2 hertz), la fréquence de cage<br />
PRODUCTION MAINTENANCE ➤ JANVIER, FÉVRIER, MARS 2013 ➤ PAGE 20
<strong>Maintenance</strong> préventive<br />
sera de 0,8 hertz. Et si l’on désire<br />
constater dix fois l’événement, il faut une<br />
acquisition sur plusieurs secondes, ce qui<br />
nécessite de posséder un appareil capable<br />
de procéder à de telles acquisitions. Le<br />
matériel doit donc pouvoir mesurer<br />
durant de longues périodes et être capable<br />
d’enregistrer les formes d’ondes pour<br />
éviter toute incertitude.<br />
Une méthode qui s’inscrit dans<br />
une démarche de maintenance<br />
conditionnelle<br />
Quelques mots sur la société I-Care<br />
Prestataire de services, la société I-Care intervient pour des travaux sur site (principalement)<br />
et ce dans différents pays d’Europe (Belgique, Allemagne, France, Italie, Suisse et Pologne),<br />
ainsi qu’en Afrique du nord. Le suivi vibratoire fait partie de cette activité (celle-ci est<br />
même la plus importante), à côté d’autres métiers comme l’expertise sur des machines<br />
suivie d’un diagnostic, l’alignement laser, l’équilibrage sur site et avec l’environnement<br />
complet de la machine, la formation sans oublier les mesures de déplacement des machines<br />
en fonctionnement ; « nous sommes en effet capables de tracer tous les mouvements des<br />
machines en fonctionnement dus aux dilatations thermiques et de prendre les mesures qui<br />
s’imposent pour les compenser », indique Pascal Locoge, directeur d’I-Care SAS en France.<br />
Une autre branche concerne quant à elle les services de mesure et d’analyse à distance en<br />
fonction des demandes des clients. « Nous possédons également un laboratoire d’analyse<br />
d’huile en interne, dont les résultats et les rapports sont accessibles et compréhensibles par<br />
le personnel de maintenance. C’est-à-dire que ces rapports ne sont pas orientés<br />
“chimistes’’ mais bien mécanique et maintenance mécanique ». Enfin, la société exerce une<br />
branche « consulting » dans laquelle elle propose des services complets d’audit allant des<br />
conseils en termes de lubrification à des plans de maintenance plus vastes en passant par<br />
l’intégration du prévisionnel ; « on conseille alors nos clients dans le choix de machines, de<br />
périodicité de la maintenance et parfois dans le choix de matériel ».<br />
Parmi les avantages de cette méthode,<br />
outre l’utilisation de capteurs classiques,<br />
on compte la capture de l’amplitude<br />
réelle de choc au niveau du roulement de<br />
manière à obtenir un suivi de tendance<br />
des fréquences. Une fois un défaut<br />
détecté, il est ainsi possible de voir l’évolution<br />
de la dégradation du roulement<br />
même à 10-5 G. Par ailleurs, on ne<br />
dépend pas de la vitesse de rotation de la<br />
machine ; celle-ci s’applique à basses<br />
vitesses (
<strong>Maintenance</strong> préventive<br />
minute. Il s’agissait plus précisément<br />
d’un réducteur chez un fabricant de<br />
pneus. Contre toute attente, les défauts<br />
ont été détectés sur la bague externe –<br />
et non interne comme la forme du spectre<br />
pouvait le laisser présager – se trouvant<br />
sur un palier sur lequel est également<br />
détecté un défaut d’arbre bombé qui<br />
faisait varier la charge en fonction de la<br />
rotation. Un deuxième cas concernait la<br />
mesure d’un roulement tournant à<br />
40 tours par heure. Il s’agissait d’un<br />
mélangeur vertical de quatre mètres de<br />
diamètres et de trois mètres de haut chez<br />
un client dans l’agroalimentaire. Le<br />
mélangeur ne présentait aucun signe de<br />
défaut particulier. Une révision d’une<br />
semaine avait d’ailleurs été effectuée<br />
quelque temps auparavant. Malgré cette<br />
précaution, le client s’est posé la question<br />
de savoir s’il n’était pas inutile<br />
d’effectuer une opération de nature préventive<br />
sur cette machine. Ce mélangeur<br />
est actionné par six moto-réducteurs liés<br />
par des pignons chaînes. Le client désirait<br />
trouver une solution alternative au<br />
remplacement systématique du roulement<br />
supérieur de son mélangeur vertical.<br />
Ce qui se comprend dans la mesure<br />
où il s’agit d’un roulement très spécial<br />
et dont le délais de fabrication est de<br />
plusieurs mois.<br />
L’objectif de la mesure était de vérifier<br />
qu’à cette vitesse de rotation, il est<br />
possible de déceler les signaux cohérents<br />
d’une amplitude suffisante pour permettre<br />
la mise en place d’un plan de maintenance<br />
conditionnelle et de suivi. La<br />
mesure a duré près de huit minutes, ce<br />
qui correspondait à 5,3 tours. Durant ce<br />
temps, l’équipe d’I-Care a mesuré<br />
122 880 échantillons. « Dès le début de<br />
la mesure, nous avons constaté des fréquences<br />
particulières liées non pas au<br />
roulement mais à l’engrènement pignonchaîne.<br />
Sur cette machine, il n’y avait<br />
aucun problème de roulement. Mais cette<br />
méthode nous a permis de voir des phénomènes<br />
apparaître ». Ainsi, les opérateurs<br />
sont en mesure de voir des signaux précis<br />
de leur machine. Les avantages pour le<br />
client ont été avant tout de pouvoir mettre<br />
en place un plan de maintenance conditionnelle<br />
de ses machines par mesure de<br />
vibration avec la possibilité de planifier<br />
des arrêts pour réparer ou remplacer les<br />
roulements endommagés, d’éviter les<br />
arrêts systématiques et annuels de production<br />
durant sept jours, mais aussi d’éliminer<br />
les risques et les contraintes liées<br />
aux manipulations d’équipements lourds<br />
comme le mélangeur ■<br />
Olivier Guillon<br />
➤ <strong>Production</strong> <strong>Maintenance</strong> : En maintenance,<br />
qu’appelle-t-on une détection précoce ?<br />
Pascal Locoge : En maintenance conditionnelle,<br />
si l’on dit à un client que l’on suit ses<br />
machines depuis un an et que demain il doit<br />
changer ses roulements, on n’est pas du tout<br />
dans le domaine de la maintenance prévisionnelle<br />
mais plutôt dans le curatif. En détection<br />
précoce, l’idée est de détecter des défauts qui<br />
vont pouvoir être réparés lors d’arrêts programmés,<br />
c’est-à-dire sans devoir contraindre<br />
la production à de nouveaux arrêts. On constate néanmoins que<br />
cette notion de précocité varie d’une entreprise à l’autre : on peut<br />
être suffisamment précoce avec une entreprise où l’on détectera<br />
des défauts deux mois à l’avance s’il existe des arrêts programmés<br />
tous les deux mois contre six mois lorsque seulement deux arrêts<br />
sont programmés dans l’année.<br />
➤ Vous évoquez plusieurs méthodes, notamment celle utilisée<br />
par I-Care. Qu’apporte-elle par rapport aux méthodes classiques<br />
?<br />
Cette méthode à laquelle nous avons recours n’est pas vraiment<br />
nouvelle. Le « PeakView » existe depuis plus de vingt ans. Il s’agit<br />
d’une méthode qui applique également par défaut et de manière<br />
figée (102,4 kHz) le théorème de Shannon aux filtres hauts fréquences<br />
Olivier Guillon<br />
Pascal Locoge, directeur d’I-Care. SAS en France, et<br />
Nicolas Bleret, manager produits et services.<br />
➤ Y a-t-il une limite à cette méthode ?<br />
utilisés pour la détection d’impacts sous la<br />
forme d’un scan puisque seules les amplitudes<br />
maxi sont sauvegardées. L’objectif est<br />
de créer des «super-échantillons » dans la<br />
mesure où ce sont les valeurs maximales des<br />
impacts. Cette méthode est applicable aux<br />
roulements comme aux réducteurs. Elle est<br />
applicable avec presque tous types d’accéléromètres,<br />
ainsi un défaut de roulement à 6<br />
RPM soit 0,10 Hz pourra être détecté avec<br />
un accéléromètre dont la plage de fréquence<br />
utilisable commence à 2 Hz.<br />
Oui, il y en a une en ce qui concerne les appareils portables et leur<br />
capacité à enregistrer, à travailler en mesure continue et à générer<br />
plus ou moins de bruit de fond. En revanche, cette méthode étant<br />
appliquée à une valise « on-line », on peut imaginer le traitement<br />
du signal pendant une demi-heure ou une heure, sans problème. Il<br />
existe donc une limite avec des appareils trop justes, mais pas lorsque<br />
l’on travaille avec du matériel un peu plus lourd. Cela vaut le coup<br />
surtout quand il s’agit de machines très onéreuses. Concernant les<br />
limites en termes de mesures elles-mêmes, elles sont sans cesse<br />
repoussées ; nous pensions les avoir atteintes sur une machine à<br />
quarante tours par heure, on a récemment réussi à appliquer la<br />
méthode sur un roulement qui effectue vingt tours par heure.<br />
PRODUCTION MAINTENANCE ➤ JANVIER, FÉVRIER, MARS 2013 ➤ PAGE 22
PRODUCTION MAINTENANCE ➤ JANVIER, FÉVRIER, MARS 2013 ➤ PAGE 23
<strong>Maintenance</strong> préventive<br />
En pratique<br />
Recourir à la thermographie IR –<br />
Quelques conseils d'utilisation<br />
La thermographie infrarouge s’impose peu à peu dans l’industrie. De<br />
façon significative, l’usage des outils – à commencer par les caméras<br />
infrarouges – évolue et séduit de plus en plus d’industriels. La raison ?<br />
La nécessité de mener des opérations de maintenance préventive pour<br />
détecter les défauts le plus en amont possible. Cette prise de conscience<br />
s’accompagne d’un besoin croissant en formation car l’utilisation<br />
des appareils de thermographie n’est pas si évidente qu’on<br />
pourrait le croire.<br />
S<br />
’adapter à la crise économique et à<br />
sa spirale de réduction de coûts, ce<br />
précepte, les industriels l’ont bien assimilé.<br />
Plus facile à dire qu’à faire bien<br />
sûr, mais dans un contexte défavorable,<br />
où parfois la survie de l’entreprise, ses<br />
activités et sa raison d’être priment, la<br />
nécessité de s’aligner sur des exigences<br />
de plus en plus fortes de coûts et de délais<br />
impliquent de s’équiper dans du matériel<br />
bien spécifique. Parallèlement à ce<br />
nouveau paradigme, les directions d’entreprises<br />
prennent progressivement conscience<br />
que les services de maintenance<br />
ne doivent plus seulement représenter<br />
une variable de coût mais un facteur de<br />
gain à part entière. Certes, on n’est loin<br />
d’une prise en compte systématique mais<br />
la crise a souvent ce curieux effet de<br />
rendre rentable ce qui était considéré à<br />
l’époque comme un gouffre financier.<br />
Ainsi, dans les domaines de la maintenance<br />
des installations électriques par<br />
exemple ou dans des réseaux d’air<br />
comprimé où les pertes d’énergie et les<br />
risques de condensation sont souvent liés<br />
à des opérations de maintenance négligées,<br />
des systèmes sont apparus sur le<br />
marché afin de répondre à des questions<br />
de maintenance préventive.<br />
Dans ce dossier de <strong>Production</strong> <strong>Maintenance</strong><br />
consacré au contrôle non destructif<br />
(CND), dont les objectifs principaux sont<br />
de détecter au plus près et le plus en<br />
amont possible la moindre défaillance,<br />
une place est naturellement accordée à<br />
la thermographie infrarouge (IR), dont<br />
les bienfaits et l’utilité ne sont plus à<br />
DR<br />
démontrer mais dont les pratiques d’utilisation<br />
peu ou mal respectées peuvent<br />
réduire son efficacité.<br />
À trop vouloir détecter des défaillances<br />
potentielles, on en vient à trouver<br />
des défauts sur des installations<br />
pourtant en parfait état de marche.<br />
Gare à la mauvaise utilisation<br />
des appareils de détection<br />
Les conséquences d’une mauvaise utilisation<br />
d’une caméra IR sur des pièces en<br />
mouvement telles qu’un arbre peut<br />
s’avérer dommageable. « C’était le cas<br />
d’un fabricant de véhicules dont les<br />
roulements étaient subitement montés en<br />
PRODUCTION MAINTENANCE ➤ JANVIER, FÉVRIER, MARS 2013 ➤ PAGE 24<br />
température ce qui a eu pour effet de<br />
casser l’arbre et de provoquer un arrêt<br />
de production de plus d’une semaine »,<br />
concède Philippe Guérin, responsable<br />
thermographie chez Testo France. Dans<br />
ce cas précis, s’équiper de caméras infrarouges<br />
afin de vérifier l’évolution en<br />
temps réel de la température de chaque<br />
roulement (pas plus de 500°C. d’après<br />
une étude réalisée sur cette ligne de<br />
production) se révèle indispensable.<br />
Il en est de même pour l’industrie céramique<br />
afin de surveiller l’absence de<br />
fuite de chaleur au niveau des fours, et<br />
ainsi éviter les pertes énergétiques et l’envolée<br />
des factures. Idem pour ce soustraitant<br />
de l’industrie automobile dont la<br />
principale activité réside dans le revêtement<br />
de sièges de voiture grâce à des<br />
machines à tisser ; « trois matières différentes<br />
arrivaient au même endroit pour<br />
être assemblées via une rampe à gaz dont<br />
la température précise n’acceptait pas<br />
d’écart au-delà de 0,5° ». Enfin, un constructeur<br />
de freins pour avions et de trains<br />
d’atterrissage abrite sur site de production<br />
des cuves de près de quinze mètres<br />
de haut dans lesquels ils mettent le disque<br />
de frein pour l’enduire d’un traitement<br />
chimique et le maintenir à forte température.<br />
Or une fuite est apparue sur l’une<br />
des cuves en raison d’un<br />
joint défectueux. Cette<br />
situation aurait pu être<br />
fortement préjudiciable<br />
pour l’entreprise si elle<br />
n’avait pas été munie de<br />
système de détection à la<br />
hauteur. Mesurer et surveiller<br />
tous les points d’échauffement<br />
s’impose dans de nombreux cas comme<br />
une condition sine qua non pour le bon<br />
fonctionnement de certaines installations.<br />
Principe de fonctionnement<br />
d’une caméra infrarouge<br />
Le mode de fonctionnement d’une caméra<br />
IR s’appuie sur un calcul fonctionnant par<br />
➤
<strong>Maintenance</strong> préventive<br />
➤<br />
captation du rayonnement électromagnétique.<br />
Ce principe passif consiste à<br />
recevoir les informations émises par ce<br />
rayonnement. « On dirige donc la caméra<br />
sur la zone qui nous intéresse. Une fois<br />
capté, le rayonnement est traduit sous la<br />
forme d’une image associée à une température<br />
donnée que l’on obtient suivant<br />
deux modes de calcul : le calcul d’émissivité<br />
et la température de rayonnement<br />
radiatif. On analyse ensuite les zones<br />
luminance ». Et Philippe Guérin de poursuivre<br />
: « on considère des<br />
points suspects, ce qui<br />
suppose au préalable une<br />
excellente connaissance de<br />
son installation. Mais une<br />
bonne analyse de l’image<br />
nécessite également une<br />
formation des opérateurs. »<br />
Car sans formation du<br />
personnel de maintenance,<br />
aussi compétent qu’il soit,<br />
les pièges peuvent s’avérer<br />
fréquents et lourds de conséquences<br />
sur l’état de l’installation<br />
défectueuse.<br />
Ces pièges dont fait allusion<br />
Philippe Guérin, proviennent<br />
avant tout d’un problème<br />
de réflexion que l’on<br />
rencontre fréquemment lors<br />
des opérations d’analyse par<br />
caméra IR. Concrètement, de nombreux<br />
matériaux réfléchissent très fortement et<br />
faussent l’image obtenue par thermographie<br />
infrarouge. « Il s’agit d’un cas<br />
classique de mauvaise utilisation : on<br />
prend une image dont le rendu n’est pas<br />
forcément exact à cause de ces problèmes<br />
de réflexion. Si bien que l’opérateur, lorsqu’il<br />
analyse l’image, pense avoir découvert<br />
un défaut sur la pièce. Or ce n’est<br />
pas le cas ». À trop vouloir détecter des<br />
défaillances potentielles, on en vient à<br />
trouver des défauts sur des installations<br />
pourtant en parfait état de marche. Cette<br />
mauvaise interprétation fait perdre un<br />
temps précieux aux opérateurs de maintenance.<br />
Ces problèmes d’utilisation<br />
interviennent également sur certains<br />
matériaux comme le zinc et une partie<br />
de l’aluminium qui émet une diffusion<br />
isotrope et provoque un effet de miroir<br />
inexploitable pour une détection et une<br />
analyse exacte d’une source de chaleur<br />
ou d’un défaut quelconque.<br />
Testo 320<br />
Insister sur le bon choix<br />
d’une caméra infrarouge<br />
Le premier conseil du spécialiste est<br />
avant tout de faire le bon choix. Un<br />
conseil un peu facile en apparence mais<br />
qui se révèle moins évident à en<br />
constater l’utilisation réelle de certains<br />
équipements souvent trop précis pour le<br />
besoin qu’on en a et trop compliqués<br />
pour un usage quotidien. « Il existe de<br />
nombreux produits sur le marché, que ce<br />
soit chez Testo ou d’autres<br />
fabricants. Et tous ne sont<br />
pas adaptés à telle ou telle<br />
installation ; certaines sont<br />
justes, d’autres trop puissantes.<br />
Il convient donc de<br />
bien déterminer ses besoins<br />
en thermographie au sein<br />
même de l’entreprise avant<br />
d’entreprendre un quelconque<br />
achat », précise Philippe<br />
Guérin. Par ailleurs, il<br />
est utile d’ajouter à la caméra<br />
des éléments complémentaires<br />
pour l’analyse des<br />
données.<br />
Par exemple, il existe des<br />
systèmes de reconnaissance<br />
d’un QR Code – à l’image<br />
d’une solution développée<br />
chez Testo – généré par un<br />
logiciel. « On procède à une<br />
identification par QR Code sur toutes<br />
les installations à surveiller à l’exemple<br />
des armoires électriques. On y colle dessus<br />
un QR Code de sorte qu’à chaque<br />
intervention de maintenance préventive,<br />
le code s’affiche et on sait immédiatement<br />
à quelle armoire il appartient. Les<br />
informations sur l’installation apparaissent<br />
sous la forme d’une fiche descriptive<br />
accompagnée d’une photo. Enfin, tout<br />
est automatiquement classé dans des<br />
dossiers numériques ». Grâce à ce type<br />
de système, il est alors possible en outre<br />
d’établir des comparatifs entre les différentes<br />
armoires et leurs évolutions de<br />
température. Une meilleure connaissance<br />
des machines et des installations grâce à<br />
laquelle il est possible d’anticiper les<br />
interventions futures.<br />
Une autre problématique est à prendre en<br />
considération. En effet, chaque constructeur<br />
et fabricant de caméra détermine<br />
sa propre tolérance en fonction d’une<br />
température donnée. Parfois, la tolérance<br />
des températures critiques peut varier du<br />
simple au double ! Ainsi, en passant telle<br />
ou telle caméra, on remarque qu’un<br />
élément suspect chauffe davantage ; le<br />
seuil d’alerte s’est donc déclenché plus<br />
rapidement avec une caméra plutôt<br />
qu’une autre. « Il est important de réaliser<br />
une base de données répertoriant le<br />
listing de chaque constructeur et des<br />
températures limites de tolérance de<br />
chacun de leurs appareils afin d’établir<br />
des comparatifs. Ce travail est certes<br />
long et fastidieux, mais une fois qu‘il est<br />
accompli, on est tranquille pour un bon<br />
moment ».<br />
Prendre le parti<br />
de la formation<br />
Face à ces différents risques liés au mauvais<br />
usage des systèmes de détection infrarouge,<br />
il est conseillé de recourir à la<br />
formation du personnel à l’utilisation de<br />
l’appareil et du logiciel qui l’accompagne.<br />
De plus en plus de fabricants mais<br />
aussi de distributeurs de solutions proposent<br />
ce type de prestations qui, audelà<br />
de l’aspect commercial de la chose,<br />
vient appuyer l’intérêt d’une caméra IR<br />
pour la maintenance préventive des installations<br />
et l’analyse des défauts.<br />
Chez Testo, la formation sur des solutions<br />
dédiées aux installations électriques<br />
dure une journée. Encore trop peu sollicitées<br />
dans les entreprises industrielles,<br />
les sessions de formations sont toutefois<br />
de plus en plus fréquentes, avant tout<br />
pour la partie électrique. Dans une moindre<br />
mesure vient le process pour le suivi<br />
de la production avant tout. « On sent<br />
qu’il y a une prise de conscience liée<br />
notamment à une réalité économique car<br />
la moindre casse peut coûter très cher.<br />
Plus surprenant, un nombre non négligeable<br />
d’industriels étaient déjà équipés<br />
de caméras IR mais ne s’en étaient<br />
jamais servi. C’est plus tard qu’ils se<br />
sont aperçus qu’outre l’électricité, on<br />
pouvait les utiliser pour autre chose, à<br />
commencer par résoudre des questions<br />
de consommation d’énergie et de rentabilité<br />
de l’outil de production » ■<br />
Olivier Guillon<br />
PRODUCTION MAINTENANCE ➤ JANVIER, FÉVRIER, MARS 2013 ➤ PAGE 26
Dossier management<br />
Dossier<br />
Gérer et optimiser la maintenance<br />
à distance, les clés d'une réussite<br />
L'organisation de la maintenance à distance se conçoit de deux façons. La première peut se comprendre<br />
de la manière suivante : la façon dont un directeur de la maintenance – au sens global du terme – va<br />
définir le périmètre des services de maintenance au sein de chaque site de production de l'entreprise, surtout<br />
lorsque ses usines sont réparties au quatre coins du monde ; et comment optimiser leur fonctionnement en<br />
les faisant adhérer à un modèle commun d'organisation. C'est ce qu'un industriel (pour la partie pratique)<br />
et un professeur spécialisé en organisation de la maintenance (pour la méthode) vont tenter d'expliquer à<br />
travers ce dossier. Mais la maintenance à distance peut s'entendre d'une manière différente, c'est-à-dire la<br />
façon de manager une équipe détachée et intervenant directement sur le site d'un client. Rabah Achemaoui,<br />
responsable maintenance d'Endel, décrit dans le premier article de ce dossier comment au sein d'un grand<br />
prestataire de maintenance il s'y prend pour bien se faire comprendre de ses équipes.<br />
➤ <strong>Production</strong> <strong>Maintenance</strong> :<br />
Au sein de Cofely Endel, où interviennent<br />
vos équipes de maintenance ?<br />
RabahAchemaoui : Cofely Endel intervient<br />
sur tout le territoire National grâce<br />
à ses 140 implantations de proximité.<br />
Cofely Endel appartient à la branche<br />
Energy Services du groupe GDF-Suez.<br />
Nous intervenons tout au long du cycle<br />
de vie des installations de nos clients<br />
(Installation, rénovation d’équipements<br />
en passant par la maintenance, le transfert<br />
jusqu’au démantèlement des équipements).<br />
Nous apportons des solutions<br />
globales visant à améliorer la performance<br />
industrielle de nos clients.<br />
Cofely Endel est un spécialiste de la<br />
maintenance industrielle et son spectre<br />
de compétence est très large. Ses métiers<br />
historiques sont la mécanique, la robinetterie,<br />
la tuyauterie et le soudage. Ses<br />
compétences ont été enrichies au fur et<br />
à mesure de son développement technique<br />
et commercial par les métiers<br />
suivants : automatisme, électricité,<br />
électromécanique, etc. La société dispose<br />
d’une grande expérience des contrats de<br />
maintenance pluri-annuels, et des grands<br />
arrêts techniques qui sollicitent d’importants<br />
moyens humains et matériels.<br />
Son effectif est de 5 500 personnes pour<br />
un chiffre d’affaires de 670 M€.<br />
DR<br />
➤ Pour quels types de clients ? Quelles<br />
sont leurs problématiques et pourquoi<br />
font-ils appel à votre expertise ?<br />
Cofely Endel dispose de plus de<br />
2 500 clients situés dans tous les secteurs<br />
d’activités comme l’énergie (EDF, Areva,<br />
CEA, Andra…), la métallurgie et la sidérurgie<br />
(ArcelorMittal,Vallourec…), le raffinage,<br />
la pétrochimie et la chimie (Total,<br />
BASF…), l’aéronautique et le spatial (Cnes,<br />
Arianespace…), l’automobile (Renault…),<br />
la papeterie (Smurfit Kappa, …) etc.<br />
Nous travaillons aussi bien avec de grands<br />
groupes que des PMI. Nos clients font<br />
appel à notre expertise soit pour des<br />
contrats de maintenance pluriannuels,<br />
pour des interventions ponctuelles ou dans<br />
le cadre des grands arrêts de maintenance.<br />
Ils nous sollicitent aussi pour des opérations<br />
de travaux neufs, de transfert<br />
industriel ou de rénovation. Dans ces différents<br />
types de prestation, nous déployons<br />
différentes expertises dans les métiers<br />
suivants : mécanique notamment sur les<br />
machines tournantes, sur la robinetterie,<br />
PRODUCTION MAINTENANCE ➤ JANVIER, FÉVRIER, MARS 2013 ➤ PAGE 27
Dossier management<br />
l’électromécanique, la chaudronnerie, la<br />
tuyauterie, le soudage, la manutention et<br />
le levage. Nos clients apprécient tout<br />
particulièrement notre culture de la sécurité,<br />
notre réseau unique d’implantations,<br />
la disponibilité et la réactivité de nos<br />
équipes, le maillage des compétences et<br />
des expertises et notre connaissance de<br />
tous les secteurs de l’industrie.<br />
➤ Concrètement, comment se présente<br />
une intervention sur site ? Quels<br />
moyens humains et techniques mettezvous<br />
en œuvre ?<br />
Les moyens humains et matériels déployés<br />
sur une intervention dépendent du<br />
type d’intervention. L’amplitude des<br />
moyens à mobiliser en fonction du travail<br />
à réaliser peut aller d’une équipe de deux<br />
personnes sur une durée très courte de<br />
l’ordre de la demi-heure avec un véhicule<br />
d’intervention équipé, jusqu’à<br />
plusieurs équipes sur plusieurs jours voir<br />
plusieurs semaines (de dix à cinquante<br />
techniciens).<br />
Dans tous les cas, quelque soit le type<br />
et le volume de l’intervention, il faut<br />
éviter l’improvisation et la préparation<br />
des travaux est primordiale afin de<br />
disposer d’une efficacité opérationnelle<br />
la plus optimale. Cette préparation doit<br />
intégrer les analyses de risques, les<br />
analyses techniques, les gammes et<br />
procédures qui précisent les données<br />
techniques à contrôler et/ou à respecter :<br />
jeux, couple de serrage, réglages, etc.<br />
Elle doit également intégrer la définition<br />
des différents corps de métier nécessaires<br />
à la réalisation des interventions, l’évaluation<br />
des temps de réalisation de l’ensemble<br />
de l’intervention (délai pour<br />
chaque intervenant et durée de chaque<br />
phase), l’établissement de la liste de l’ensemble<br />
des fournitures et pièces de<br />
rechange requises et leurs approvisionnements<br />
ainsi que l’identification des<br />
besoins en matériels et outillages.<br />
Comment sont organisées les équipes<br />
sur place et quels contacts entretiennent-elles<br />
avec le service «sédentaire» ?<br />
Nous avons différentes organisations<br />
possibles en fonction du type de prestation<br />
et des attentes de nos clients. Néanmoins,<br />
elles se présentent avec des<br />
effectifs en « front office » et d’autres<br />
DR<br />
DR<br />
DR<br />
DR<br />
personnels en « back office ». Les premiers<br />
sont composés de responsables<br />
contrats ou de projets, de responsables<br />
de la qualité et de la prévention, d’agents<br />
de maîtrise, de préparateurs, d’ingénieurs<br />
méthodes. Les seconds sont représentés<br />
par des chargés d’affaires, des acheteurs<br />
et approvisionneurs, des fonctions supports<br />
diverses (Ingénieurs soudeurs,<br />
experts en prévention, en analyse vibratoire,<br />
en veille réglementaire, etc.).<br />
Concernant les interfaces entre les<br />
équipes « sédentaires » et nos équipes<br />
sur le terrain, elles s’articulent essentiellement<br />
autour d’échange périodique<br />
et à travers un point téléphonique, une<br />
causerie sécurité, des réunions d’avancement<br />
des travaux, des réunions de<br />
planification, etc.<br />
➤ Quelles sont les difficultés que vous<br />
rencontrez (ou avez rencontrées par le<br />
passé) et comment y répondez-vous ?<br />
La première difficulté est de disposer<br />
d’un standard au niveau de l’organisation<br />
des interventions de maintenance.<br />
Quelque soit le lieu ou le client, nos intervenants<br />
appliquent les mêmes processus<br />
de maintenance. En effet, il est important<br />
d’avoir des processus identiques<br />
applicables par toutes nos agences pour<br />
éviter toutes erreurs ou non qualité maintenance.<br />
En particulier, nous avons déployé au<br />
delà du plan qualité spécifique nécessaire<br />
à tout contrat de maintenance, un dossier<br />
d’intervention type qui spécifie tous les<br />
éléments qu’il faut, avant de lancer une<br />
intervention et le plan de suivi d’intervention<br />
qui permet de découper le travail<br />
en tâches élémentaires et de valider au<br />
fur et à mesure l’avancement. Ce plan de<br />
suivi d’intervention permet aussi de fixer<br />
des points d’arrêts internes ou externes<br />
(clients, organismes notifiés, etc.).<br />
➤ Comment parvenez-vous à «manager»<br />
les équipes sur site ?Avez-vous mis<br />
en place ou développé des méthodes de<br />
management particulières ?<br />
Le management des « équipes sur site »<br />
est réalisé par une structure de pilotage<br />
que nous mettons en place quelque soit<br />
le type d’intervention. Cette structure de<br />
pilotage est essentielle pour la maîtrise<br />
technique des opérations de maintenance.<br />
PRODUCTION MAINTENANCE ➤ JANVIER, FÉVRIER, MARS 2013 ➤ PAGE 28
Dossier management<br />
Elle est sur le terrain et focalise sa présence sur les points clés<br />
des travaux. Enfin, elle participe aux réflexions techniques de<br />
recherche d’amélioration. Elle active la dynamique de progrès<br />
et reste à l’écoute des intervenants.<br />
Nous avons aussi déployé plusieurs événements concernant<br />
la prévention des accidents. Par exemple, la journée sécurité<br />
organisée de façon annuelle permet une communication à l’ensemble<br />
de notre personnel sur un thème donné. Lors de cet<br />
événement, nous invitons aussi nos clients et autres organismes<br />
tiers à y participer. Par ailleurs, la minute sécurité est un<br />
moment systématique d’échange, de compréhension et de<br />
questionnement qui rappelle les consignes de sécurité et d’intervention,<br />
en particulier sur les modes opératoires, le phasage<br />
de l’intervention, les moyens et les techniques de mise en<br />
œuvre, les risques et les précautions à prendre. Ce moment<br />
est initié et préparé par le responsable d’encadrement, lors de<br />
la prise de poste, sur le terrain, avec tous les intervenants.<br />
Enfin, pour bien manager nos équipes, nous portons un effort<br />
important sur la formation et notamment depuis plusieurs<br />
années sur notre management intermédiaire.<br />
➤ Quels retours/résultats avez-vous obtenu de ces démarches ?<br />
En premier lieu, les résultats de ces mesures sont une diminution<br />
constante de nos accidents. Le taux de fréquence a<br />
été divisé par deux en six ans. Nous enregistrons également<br />
une hausse de la satisfaction de nos clients, nos organisations<br />
répondant très bien à leurs politiques de qualité du suivi de<br />
la sous-traitance.<br />
➤ Quels conseils et bonnes pratiques pouvez-vous nous<br />
livrer dans ce domaine de la maintenance à distance ?<br />
D’abord, il faut mettre en œuvre systématiquement l’organisation<br />
décrite précédemment, et cela quelque soit le contexte,<br />
c’est un prérequis incontournable. Ensuite, mon conseil est<br />
de s’orienter au maximum sur les NTIC (nouvelles technologies<br />
de l’information et de la communication) pour atteindre<br />
au maximum le « zéro papier » et simplifier les interfaces.<br />
L’organisation que nous mettons en place est génératrice de<br />
nombreux documents, indispensables aux intervenants, mais<br />
quelque peu « encombrants » sur le terrain. C’est pourquoi,<br />
nous avons déployé une solution mobile avec notre GMAO<br />
Senergy qui permet à nos techniciens de recevoir via un Smartphone,<br />
les demandes d’intervention et de saisir les comptes<br />
rendus d’intervention. Dans un avenir proche, ils auront également<br />
accès à d’autres informations, notamment techniques<br />
qui permettront de gagner en temps, et en sécurité. Nous proposons<br />
aussi à nos clients, via un portail web de pouvoir consulter<br />
les informations relatives à nos interventions.<br />
L’autre conseil que j’aurais à donner est de vérifier périodiquement<br />
l’efficacité des organisations et des processus pour<br />
éviter de construire des millefeuilles qui augmentent les<br />
contraintes administratives, freinent au final le service attendu<br />
par le client, voire nuisent à la compréhension des bonnes<br />
pratiques identifiées ■<br />
Propos recueillis par Olivier Guillon<br />
PRODUCTION MAINTENANCE ➤ JANVIER, FÉVRIER, MARS 2013 ➤ PAGE 29
Dossier management<br />
Méthodes<br />
Manager à distance<br />
via une mutualisation<br />
de la maintenance<br />
Institut de Soudure<br />
La maintenance à distance peut-elle se résoudre à travers une démarche<br />
d’amélioration globale et une mutualisation des politiques de maintenance<br />
des différents sites ? C’est la question posée à Khaled Benfriha,<br />
maître de conférences et responsable pédagogique de deux mastères<br />
spécialisés (« Management de la maintenance » et « Management des<br />
contrats globaux ») à l’École nationale supérieure d’Arts et Métiers.<br />
B<br />
ien souvent, les coûts réels de maintenance<br />
apparaissent bien après<br />
l’acquisition d’un matériel. Et plus l’équipement<br />
est bon marché, plus ses coûts d’exploitation<br />
risquent d’être prohibitifs. La<br />
raison ? Une maintenance totalement laissée<br />
pour compte lors de la conception du<br />
produit, cette démarche vise à compresser<br />
les coûts de conception pour obtenir des<br />
coûts de vente réduits. Des grands noms<br />
de prestataires de maintenance s’en frottent<br />
les mains pendant que les exploitants regrettent<br />
cette « non prise en compte » de l’ingénierie<br />
de maintenance, en phase de<br />
conceptionA l’exemple parfois d’une simple<br />
omission d’un système d’accès, telle qu’une<br />
trappe, peut avoir des conséquences directes<br />
sur la durée de recherche des pannes ou<br />
sur le déroulement des opérations de maintenance<br />
basiques ; ce cas a précisément été<br />
rencontré dans le domaine du ferroviaire.<br />
À cela, s’ajoute une perte de temps qui s’est<br />
vivement ressentie sur le montant final de<br />
la facture. Le concept du Life Cycle to<br />
Costing (LCC) est basé essentiellement sur<br />
une évaluation du coût global de cycle de<br />
vie ramené à une fonction de service mesurable<br />
d’un produit industriel, il s’appuie sur<br />
un découpage des coûts en distinguant les<br />
différentes étapes de vie du produit, de sa<br />
conception, souvent prévue pour une durée<br />
limitée (celle allant de sa commercialisation<br />
auprès du client à la durée de sa garantie),<br />
à sa fin de vie en passant par la phase d’exploitation<br />
laquelle sera soumise à un<br />
moment ou un autre à de premiers signes de<br />
défaillances puis à des pannes successives.<br />
« Le produit est souvent conçu<br />
pour une durée limitée : celle allant<br />
de sa commercialisation auprès du<br />
client... à la durée de sa garantie ».<br />
C’est pour cette phase d’exploitation qu’il<br />
convient d’intervenir et de concevoir des<br />
produits et des équipements plus fiables<br />
afin de réduire ses coûts d’exploitation,<br />
dont la maintenance, car une maintenance<br />
non maîtrisée provoque des pannes<br />
donnant lieu bien trop souvent à des arrêts<br />
intempestifs de production. « Bien entendu,<br />
cette question intéresse davantage les<br />
industriels qui exploitent leurs équipements<br />
dans la durée et qui assurent leurs opérations<br />
de maintenance en interne, moins<br />
ceux qui ont opté pour une externalisation<br />
de la maintenance ainsi que le suivi de<br />
leurs installations par le fabricant lui-même<br />
ou un prestataire », souligne Khaled<br />
Benfriha. Mais les modèles LCC issus<br />
d’une approche théorique sont souvent<br />
perturbés par un contexte économique de<br />
crise, l’exemple d’un grand site sidérurgique<br />
est significatif. « Quand la crise a<br />
frappé l’industrie, le spécialiste de l’acier<br />
a dû revoir son modèle de fonctionnement<br />
dans la mesure où la part des coûts liés à<br />
la maintenance, ramenée à la tonne produite,<br />
avaient progressé. En effet, les<br />
contrats forfaitaires, dont les prix n’avaient<br />
pas diminué, ne correspondaient plus aux<br />
besoins. Le rythme de la production ayant<br />
marqué un important coup d’arrêt, les<br />
opérations de maintenance préventive<br />
notamment, étaient restées fixes ». D’où<br />
l’idée d’une flexibilisation des coûts de<br />
maintenance en les indexant, par exemple,<br />
au rythme de la production, ce qui a poussé<br />
les décideurs à ne plus externaliser la fonction<br />
maintenance mais se limiter à une<br />
externalisation ciblée d’un<br />
certain nombre de tâches de<br />
maintenance, réduisant ainsi le<br />
rôle des sous-traitants à de<br />
simples exécutants d’opération<br />
de maintenance. Ce changement<br />
de politique a permis à<br />
l’entreprise en question de se<br />
réapproprier le plan de maintenance,<br />
d’adopter une gestion multi-sites des pièces<br />
de rechange, de réduire le nombre de soustraitants<br />
et au final une meilleure maîtrise<br />
de la maintenance.<br />
Capitaliser les pratiques<br />
exercées dans le site<br />
le plus performant<br />
Le point de départ d’une telle démarche<br />
trouve souvent son origine dans l’état de<br />
sa situation économique. « D’une manière<br />
générale, et ce contre beaucoup d’idées<br />
reçues, on remarque que la maintenance et<br />
son organisation s’améliorent en temps de<br />
crise, affirme Khaled Benfriha. Les entreprises<br />
redoublent d’efforts pour fiabiliser,<br />
travailler sur les données et les historiques<br />
d’intervention de façon à réduire au<br />
maximum les coûts de maintenance. En<br />
temps de croissance au contraire, toute<br />
l’énergie des industriels est orientée vers<br />
la production au détriment de ce que peut<br />
coûter la maintenance ». La première des<br />
actions entreprises concerne l’audit, en<br />
particulier dans les groupes industriels<br />
disposant de plusieurs sites de production.<br />
L’intérêt de l’audit est de préparer les<br />
actions d’amélioration qui peuvent porter<br />
PRODUCTION MAINTENANCE ➤ JANVIER, FÉVRIER, MARS 2013 ➤ PAGE 30
Dossier management<br />
sur l’optimisation des coûts de production, de maintenance, d’approvisionnement,<br />
de stockage, ou de la répartition des effectifs,<br />
etc. Une fois l’objectif et le périmètre définis, l’audit s’appuie<br />
essentiellement sur un recueil ciblé d’information ainsi que des<br />
tableaux de comparaison harmonieux basée sur des « cost-driver »<br />
ou inducteurs de coûts.<br />
Cette phase de comparaison est destinée à renseigner les « costdrivers<br />
» prédéfinis. En d’autres termes, pour reprendre l’exemple<br />
d’un site sidérurgique, il s’agit d’établir notamment le coût de<br />
la production d’une tonne d’acier d’un site à l’autre ou quelle<br />
est la part en euros des activités de maintenance ramené à une<br />
tonne d’acier.<br />
Certains sites, plus efficaces, vont faire apparaître un taux de<br />
10% d’opérations de maintenance pour une tonne produite, d’autres,<br />
moins fiables, vont nécessiter 15% de maintenance. « L’audit<br />
met en lumière la fragilité de certaines fonctions de l’entreprise.<br />
Ainsi, le site le moins performant peut disparaître ; les autres doivent<br />
retourner un plan d’action – à la demande du siège – afin de réduire<br />
la part de la maintenance. »<br />
La démarche d’amélioration consiste ensuite à s’adresser aux sites<br />
les plus performants de manière à capitaliser au maximum leurs<br />
savoir-faire, leurs modes d’organisation, leurs politiques de formation<br />
et leurs outils de management afin de les considérer dans un<br />
plan global de performance de l’entreprise qui en général s’étale<br />
sur plusieurs années. En ce qui concerne le management de la<br />
maintenance l’action d’amélioration peut être menée en agissant<br />
sur les axes suivants ; « optimiser le plan de maintenance, fiabiliser<br />
les équipements critiques et/ou opter pour l’externalisation.<br />
L’objectif étant de trouver, en fonction de la disponibilité visée et<br />
le budget prévu, la bonne répartition de l’énergie consacrée à<br />
l’amélioration de la maintenance entre les trois axes cités précédemment.<br />
Mais il ne s’agit pas ici d’énoncer une formule mathématique<br />
qui, de toute évidence, n’existe pas. L’expérience s’impose<br />
toujours. Toutefois, il existe en maintenance, en particulier sur<br />
les lieux à risques comme les sites classés Seveso 2, des opérations<br />
de maintenance dites incompressibles et qui nécessitent l’intervention<br />
de personnels extérieurs et spécifiquement qualifiés pour<br />
les visites périodiques imposées par la réglementation. C’était le<br />
cas notamment pour des équipements sous pressions présents sur<br />
le site pétrochimique ».<br />
Mais cette politique de mutualisation des opérations de maintenance<br />
n’est pas sans risque, en particulier lorsque, bien en amont,<br />
le contexte particulier de chaque site n’est pas considéré. Il est<br />
primordial, au moment de l’audit comparatif, de prendre soin<br />
de comparer ce qui est comparable. À ce niveau, il convient de<br />
prendre en compte les contraintes locales et sociales de chaque<br />
site. Il est bien évident qu’un site français ne peut pas être mis<br />
en comparaison avec un site chinois par exemple ; les diversités<br />
sont trop importantes en raison notamment de la qualification<br />
des opérateurs, de la qualité des équipements à maintenir, des<br />
contraintes de sécurité et de droit du travail etc. Et si tel est le<br />
cas, il faut parvenir à affirmer que lorsqu’un taux de défaillance<br />
de 6% en France équivaut par exemple à un taux s’élevant à 12%<br />
en Chine... « Il s’agit d’une évaluation complexe dans laquelle<br />
à aucun moment les mathématiques ne peuvent intervenir ». Par<br />
ailleurs, les données locales interviennent au niveau des salariés<br />
eux-mêmes ; en Italie, les industriels d’un secteur travaillent beaucoup<br />
sous la forme de coopératives. « C’est pour cette raison<br />
qu’un manager doit avant tout établir une grille d’évaluation<br />
cohérente et harmonieuse pour être en mesure d’effectuer des<br />
comparatifs qui mèneront à un plan de maintenance adéquat avec<br />
la possibilité d’utiliser les mêmes outils, utilisant les mêmes indicateurs,<br />
d’un site à l’autre. Mais cette grille peut être très<br />
complexe dans sa mise forme... » ■<br />
Olivier Guillon<br />
La nécessité de piloter le processus d’amélioration<br />
En s’appuyant toujours sur le même exemple, le spécialiste de<br />
la sidérurgie a réservé une part importante au pilotage des actions<br />
amélioratives. En effet, une fois le plan d’action lancé et la part<br />
– amplement réduite – de la maintenance externalisée (tout en<br />
gardant un contrôle total sur les opérations et les coûts grâce à<br />
des contrats prévoyant le recours à la sous-traitance limitée), a<br />
créé un comité de pilotage composé des responsables maintenance<br />
des différents site du groupe. Au sein de ce comité sont<br />
échangées bon nombre d’informations et sont partagés des<br />
retours d’expérience ainsi que des bonnes pratiques de gestion<br />
et d’organisation de la maintenance. De plus, il a été mis en place<br />
une réelle mutualisation des ressources à travers un contrat passé<br />
avec un seul et unique prestataire au niveau national. Il en est<br />
de même pour la gestion des stocks ; celle-ci a été mutualisée<br />
au sein d’un nombre très restreint de sites afin de réduire le<br />
volume de stocks dormants.<br />
PRODUCTION MAINTENANCE ➤ JANVIER, FÉVRIER, MARS 2013 ➤ PAGE 31
Dossier management<br />
Retour d’expérience<br />
Organisation de la maintenance<br />
à distance – le cas d'un industriel<br />
Disposant de plusieurs unités de production à travers le monde, la<br />
société Kerneos (groupe Materis) a dû revoir l’organisation de ses<br />
services de maintenance. Une impressionnante démarche de mutualisation<br />
des données a donc été menée sur le terrain et a donné naissance<br />
à des outils innovants destinés à optimiser et pérenniser la gestion<br />
multi-site de la maintenance.<br />
Être une multinationale ne présente<br />
pas que des avantages. L’implantation<br />
d’une entreprise dans un maximum<br />
de marchés dans le monde et la dispersion<br />
des sites de production aux quatre<br />
coins de la planète exige une organisation<br />
de la maintenance forte, précise et<br />
scrupuleusement appliquée à la lettre.<br />
Aucun groupe international n’échappe à<br />
la règle, à plus forte raison si les usines,<br />
à l’image de Kerneos, produisent à la fois<br />
en Europe, en Amérique du nord et du<br />
sud, en Afrique du Sud ainsi qu’en Chine.<br />
Pourtant, une démarche d’harmonisation<br />
de la maintenance a permis de réunir et<br />
de faire communiquer tous les sites – ou<br />
presque puisque la démarche est toujours<br />
en cours de réalisation. Mais les bases<br />
sont posées et les outils mis en place ont<br />
permis d’obtenir des résultats impressionnants.<br />
Plus impressionnant encore :<br />
les responsables de maintenance mais<br />
également les techniciens sont pleinement<br />
impliqués dans la démarche entreprise<br />
depuis 2006 par Philippe Pluvinage ;<br />
en réalité, le nouveau directeur technique<br />
fraîchement arrivé en 2005 après<br />
avoir fait ses premières armes dans la<br />
recherche fondamentale* a passé un an<br />
à observer.<br />
Observer quoi ? L’organisation de la<br />
maintenance à travers les différents sites<br />
de production du groupe. Naviguer de<br />
sites en sites, recueillir un maximum<br />
d’informations, en tirer le meilleur et<br />
noter les bonnes pratiques employées<br />
dans certaines unités... en un mot :<br />
comprendre. Comprendre comment fonctionne<br />
chacune de ces usines, pourquoi,<br />
alors qu’elles appartiennent à une même<br />
DR<br />
DR<br />
entité et fabriquent la même chose (pour<br />
bon nombre d’entre elles), l’organisation<br />
des équipes de la maintenance, l’exploitation<br />
de la GMAO, la gestion de l’outillage<br />
et des pièces détachées, l’historique<br />
des interventions mais aussi les<br />
coûts d’intervention et les investissements<br />
alloués à la maintenance diffèrent<br />
tellement. « À la suite de ce travail d’observation<br />
et de la réalisation d’un audit,<br />
j’ai proposé un plan en 2006 composé<br />
de quatre axes de développement, détaille<br />
Philippe Pluvinage. Ces axes concernent<br />
la sécurité – la maintenance étant l’activité<br />
soumise au plus fort taux de risques<br />
– les équipements avec l’harmonisation<br />
au sein de tous les sites du groupe d’un<br />
seul et même outil de GMAO, les coûts,<br />
lesquels ont nécessité un partage des<br />
données avec les services financiers et,<br />
enfin, l’organisation des équipes, du<br />
travail et des tâches à accomplir ».<br />
Instaurer un langage commun,<br />
avec une même langue<br />
et des références uniques<br />
Arrivé en 2005 au sein de Kerneos, le<br />
directeur technique avait pour mission,<br />
entre autres, de gérer l’ensemble des<br />
investissements au niveau mondial et la<br />
maintenance de manière séparée. Une<br />
partie des investissements est consacrée<br />
au maintien des équipements. Parmi ses<br />
interlocuteurs directs figuraient tout naturellement<br />
des responsables de maintenance<br />
ainsi que des responsables projets<br />
ou travaux neufs en exercice dans les<br />
usines de l’entreprise. L’objectif était<br />
clair : amener la maintenance à bon<br />
niveau et maîtriser les différents financements<br />
entrepris. La mission n’en<br />
demeurait pas moins compliquée mais le<br />
directeur technique est parvenu pendant<br />
cinq ans à mener à bien ces opérations ;<br />
« néanmoins, nous avons pensé qu’il était<br />
* Ingénieur et docteur en mécanique et génie des<br />
matériaux – il intervient à ce titre toujours à<br />
l’Ensam, Philippe Pluvinage s’est ensuite forgé<br />
une expérience industrielle de taille dans<br />
des secteurs aussi divers que les composites,<br />
la sidérurgie, la papeterie et le verre.<br />
PRODUCTION MAINTENANCE ➤ JANVIER, FÉVRIER, MARS 2013 ➤ PAGE 32
Dossier management<br />
DR<br />
DR<br />
nécessaire d’étoffer cette partie, d’aller<br />
plus loin, en raison notamment du fait<br />
que les investissements dédiés à la maintenance<br />
avaient subi une importante<br />
augmentation en cinq ans », concède<br />
Philippe Pluvinage. C’est alors que s’est<br />
créé un centre technique – le Kerneos<br />
Technical Center – sorte de « bras armé »<br />
de la direction technique.<br />
Composé d’une vingtaine de personnes<br />
et dirigé par Philippe Pluvinage, ce centre<br />
se situe à Lyon dans les mêmes locaux<br />
que le centre de recherche et développement<br />
; et ce n’est pas un hasard. Le<br />
Kerneos Technical Center se répartit en<br />
trois pôles de compétences. Le premier<br />
concerne le développement des procédés<br />
(avec des activités de modélisation, la<br />
mise au point de tests...), dont l’objectif<br />
est d’apporter un soutien à la R&D dans<br />
la création de produits à l’intérieur des<br />
usines et d’en réduire les coûts associés<br />
à ses développements. Deuxième pôle :<br />
le dimensionnement de procédés ; cette<br />
branche d’activité a notamment beaucoup<br />
recours à la simulation. Enfin, le<br />
troisième axe de travail est consacré à<br />
l’ingénierie et la maintenance. Il intervient<br />
essentiellement dans les gros<br />
projets d’investissements. En dirigeant<br />
ce centre, Philippe Pluvinage entretien<br />
également un lien fonctionnel avec les<br />
responsables maintenance de Kerneos,<br />
les responsables projets et les responsables<br />
procédés, sorte de courroies de transmission<br />
afin d’appliquer en usine les<br />
décisions prises au sein du centre technique.<br />
Surtout, pour articuler ce rouage<br />
de décisions, la direction a mis au point<br />
une « bible », sorte de manuel technique<br />
et pratique intégrant toutes les tâches et<br />
les missions de maintenance selon chaque<br />
fonction exercée dans les usines. Il<br />
s’agit plus précisément d’un document<br />
de référence de la communauté maintenance<br />
qui a aussi pour fonction d’être<br />
une base de formation pour les nouveaux<br />
arrivants. Il reprend également tous les<br />
éléments et les règles du langage commun<br />
de maintenance.<br />
Car le langage a été l’une des clés de<br />
réussite dans la mise en place de cet outil<br />
mais aussi, plus globalement, un clé de<br />
réussite du déploiement de la mutualisation<br />
des pratiques. La difficulté, on l’a<br />
compris dès que l’on parle de multinationale,<br />
réside essentiellement dans<br />
l’extrême diversité des sites. C’est la problématique<br />
première de la gestion multisite.<br />
La diversité des usines de production<br />
s’exprime par leur taille et leur âge<br />
différents, des équipements dans des états<br />
très variables, des process parfois diamétralement<br />
opposés, des matériels installés<br />
dont les fabricants et les fournisseurs<br />
varient en fonction des pays et des habitudes<br />
du chef de site, des standards et une<br />
culture locale radicalement différents<br />
selon que l’on se trouve en Europe, en<br />
Amérique ou en Asie. Il est de même<br />
pour la réglementation mais aussi et<br />
surtout la barrière culturelle. Bien loin<br />
des clichés que l’on peut tenir sur tel ou<br />
tel pays, « on note toutefois que lorsque<br />
l’on dit à un ouvrier chinois de faire<br />
quelque chose, il faut le convaincre<br />
avant ; une fois converti à cette idée de<br />
procéder d’une nouvelle façon, il fera ce<br />
qu’on lui demande. Ce n’est pas forcément<br />
le cas d’un Français ou d’un<br />
Anglais pour qui il faudra répéter<br />
plusieurs fois les choses pour qu’ils les<br />
appliquent enfin. Dans tous les cas, il<br />
faut savoir décoder les pratiques culturelles<br />
». Autre point de divergence : la<br />
langue ; « la langue a été sujette à un<br />
vif débat. Ce que je souhaitais avant tout,<br />
c’était mettre en place une codification<br />
numérique commune car celle-ci varie<br />
du tout au tout d’un pays à l’autre avec<br />
des acronymes et des vocabulaires différents.<br />
C’était devenu ingérable. Une fois<br />
cette codification des équipements<br />
établie, on a même conçu des tapis de<br />
souris sur lesquels étaient inscrits la<br />
correspondance entre la codification et<br />
le libellé dans la langue locale choisie<br />
(anglais, chinois…) ».<br />
L’organisation de la maintenance,<br />
pilier de la démarche<br />
de mutualisation<br />
Les différences se font également sentir<br />
à travers la sous-traitance disponible, le<br />
niveau d’expérience des équipes en place<br />
et la GMAO ; la GMAO étant un élément<br />
clé de l’instauration d’un langage commun.<br />
Évoluant sur un système Coswin<br />
(Siveco), les logiciels, s’ils sont issus du<br />
même éditeur (Siveco) et disposent d’une<br />
interface et d’une architecture similaires,<br />
étaient tous développés localement. Si<br />
bien que l’usage de cet outil GMAO<br />
n’était en rien uniforme d’un site à<br />
l’autre ; « les développements variaient<br />
considérablement : certains, très pragmatiques,<br />
n’avaient développé que trois<br />
niveaux, rendant l’usage du système<br />
parfois un peu juste. D’autres avaient<br />
mis sur le projet un ‘’spécialiste’’ qui<br />
préférait détailler souvent de façon trop<br />
précise – avec parfois huit ou neuf<br />
niveaux – si bien que l’outil GMAO<br />
n’était finalement utilisé qu’aux premiers<br />
niveaux de base. Pouvait-on aller<br />
jusqu’au huitième niveau ? Oui, me<br />
répondait-on. Mais l’audit montrait clairement<br />
que les ouvriers ne dépassaient<br />
jamais le quatrième. Il a donc fallu<br />
PRODUCTION MAINTENANCE ➤ JANVIER, FÉVRIER, MARS 2013 ➤ PAGE 33
Dossier management<br />
revenir à quelque chose de plus gérable<br />
et acceptable ».<br />
C’est du moins ce qu’a constaté Philippe<br />
Pluvinage lors de ses multiples visites à<br />
travers le monde. Or il est apparu que<br />
cette utilisation de la GMAO variait tellement<br />
que des sites pourtant comparables<br />
(même pays, même culture, même réglementation,<br />
même procédé de fabrication,<br />
nombre similaire d’employés etc.) ne<br />
sortait pas du tout les mêmes indicateurs<br />
tels que des choses pourtant évidentes<br />
comme les ordres de travail correctif par<br />
exemple. Il était impossible d’exercer du<br />
benchmark et de livrer des indicateurs<br />
communs.<br />
Une « bible »<br />
pour la maintenance<br />
Il a donc fallu trouver un compromis, et<br />
non procéder à une table rase qui, de<br />
toute évidence, aurait pris beaucoup plus<br />
de temps et aurait été très mal vécue. Il<br />
a donc été nécessaire de prendre le temps<br />
d’observer et d’écouter chacun. Le directeur<br />
technique a ensuite travaillé sur les<br />
niveaux d’équipements au sein de chaque<br />
site, découlant ensuite sur un niveau de<br />
hiérarchisation des ordres de travail,<br />
allant du préventif au curatif en passant<br />
par la casse et la fiabilité. « Nous nous<br />
sommes tous mis d’accord pour créer un<br />
système commun de tiroirs dans lesquels<br />
on met toutes les informations sur les<br />
ordres de travail. Cette étape était aussi<br />
cruciale que difficile à franchir car les<br />
opérateurs étaient déjà habitués à<br />
travailler différemment. Cela a été dur<br />
mais les responsables de maintenance<br />
chargés de mettre en place ce système<br />
ont su affirmer leur autorité en faisant<br />
admettre à chacun qu’il présentait de<br />
sérieux avantages ». Tous les jours, la<br />
direction technique recevait des alertes<br />
lorsqu’un ordre de travail avait mal été<br />
rentré ou intégré au mauvais endroit. Puis<br />
progressivement les remises à l’ordre<br />
auprès des responsables de maintenance<br />
se sont espacées, allant d’une semaine à<br />
un mois, pour se raréfier aujourd’hui. Le<br />
déploiement s’est d’abord effectué en<br />
Europe puis dans le reste du monde.<br />
Reste aujourd’hui à la direction technique<br />
de s’attaquer à la Chine où la démarche<br />
de mutualisation a déjà été entamée.<br />
Parallèlement au déploiement géographique,<br />
la démarche est aujourd’hui<br />
DR<br />
déclinée auprès des techniciens et ne<br />
s’adresse plus seulement aux responsables<br />
maintenance. Car Philippe Pluvinage<br />
a une obsession : celle du transfert<br />
de compétences et des savoirs. Or si un<br />
responsable de maintenance occupe son<br />
poste durant environ cinq ans (la<br />
démarche a été entamée il y a près de<br />
trois ans), les techniciens, eux, exerceront<br />
leur métier pendant plus de vingt<br />
ans, parfois durant toute une vie au sein<br />
de l’entreprise. Ce sont eux qui portent<br />
et colportent la mémoire de l’entreprise<br />
et de ces pratiques de maintenance nées<br />
de la nouvelle organisation, laquelle a<br />
pour but de s’inscrire dans la durée et<br />
devenir pérenne. « Ainsi, nous avons<br />
décidé d’impliquer les techniciens en les<br />
intégrant dans un réseau destiné au<br />
départ aux “maintenance managers’’.<br />
L’objectif étant de pérenniser l’outil en<br />
les formant. Et nous avons franchi un pas<br />
énorme lorsque, de leur propre chef, ils<br />
ont commencé à partager leurs retours<br />
d’expérience et proposé des pistes d’amélioration.<br />
Outre le langage commun et la<br />
bible, l’appropriation du système et de<br />
ses outils ont permis la réalisation de<br />
ce vaste et complexe travail d’organisation<br />
multi-site de la maintenance ».<br />
Intervenir sur les coûts<br />
et la partie financière<br />
Un des axes clés réside dans la réduction<br />
des coûts, et en tant que gestionnaire des<br />
coûts fixes et variables de maintenance,<br />
Philippe Pluvinage n’a pas tardé à<br />
s’adresser à la direction des finances de<br />
Kerneos pour travailler avec elle. Celleci<br />
gère en effet tous les achats et les<br />
investissements effectués dans l’entreprise<br />
au niveau mondial mais elle n’en<br />
était pas pour autant liée à la GMAO.<br />
Comprendre les besoins de la finance,<br />
c’est admettre l’idée de consolidation.<br />
Le lien entre la finance et le métier<br />
manquait ; c’est pourquoi la direction<br />
technique a imposé l’idée qu’un investissement<br />
en maintenance ne peut plus<br />
être dissocié d’un ordre de travail. « C’est<br />
à partir de là que nous avons pu obtenir<br />
de précieux indicateurs et établir des<br />
comparatifs entre les coûts liés au préventif<br />
entrepris sur deux broyeurs, l’un<br />
en France, l’autre aux États-Unis par<br />
exemple. On construit désormais nos<br />
budgets à partir de ces données ».<br />
Menée entre 2006 et 2009, la démarche<br />
– toujours en cours de déploiement – a<br />
permis de ressortir des résultats plus que<br />
satisfaisants. À travers les score-card<br />
notamment (devenus des outils de management<br />
à part entière), la direction technique<br />
a pu observer qu’en mars 2008,<br />
la moyenne de certains indicateurs – tels<br />
que l’utilisation d’un langage commun<br />
des ordres de travail, la part des heures<br />
d’intervention de maintenance planifiées<br />
et des heures passées sur les machines –<br />
était plutôt faible, de l’ordre de 40% pour<br />
les sites les moins bons. En 2012, les taux<br />
d’optimisation atteignaient 90 à 95%<br />
pour toutes les unités. Le taux de fiabilité<br />
est quant à lui passé de 80% à 95<br />
voire 98%, et le taux de réalisation des<br />
interventions planifiées et préventives<br />
sont aujourd’hui supérieurs à 90%. Quant<br />
aux coûts, le budget est respecté chaque<br />
année avec, il faut le rappeler, la possibilité<br />
dans une entreprise multinationale,<br />
de pouvoir rattraper les quelques excès<br />
d’un site en lorgnant sur l’autre.<br />
La prochaine mission est chinoise et<br />
concerne les nouveaux développements<br />
de déploiement de la démarche et d’organisation<br />
de la maintenance multi-sites.<br />
Un défi qui s’accompagnera de nouvelles<br />
actions de façon à réduire les coûts liés<br />
aux grands arrêts de maintenance. Enfin,<br />
autre cheval de bataille déjà entamé mais<br />
qu’il reste à mener, celui de la pérennité<br />
de l’outil et des pratiques d’utilisation<br />
auprès des jeunes et des techniciens. Car<br />
une bonne organisation n’a de sens que<br />
si elle est partagée par tous et traverse<br />
le temps autant que les frontières et les<br />
barrières culturelles ■<br />
Olivier Guillon<br />
PRODUCTION MAINTENANCE ➤ JANVIER, FÉVRIER, MARS 2013 ➤ PAGE 34
<strong>Maintenance</strong> en production<br />
Spécial Levage<br />
Un point sur la sécurité<br />
dans la maintenance<br />
des appareils de levage<br />
Le Forum Metso qui s’est tenu à Roissy en novembre dernier et portant<br />
sur la sécurité lors des opérations de maintenance des installations et<br />
du matériel de manutention a attiré pas moins de 250 personnes. Une<br />
bonne édition sachant qu’en 2012, l’entreprise de technologies et de<br />
services n’en était pas à son premier coup d’essai et, depuis, un nouveau<br />
forum a également eu lieu en Belgique. Ce succès tient en partie à la<br />
prise en compte de la question de sécurité dans les métiers de la maintenance,<br />
en particulier dans le domaine du levage. L’occasion de faire<br />
un point sur les règlementations en vigueur.<br />
Selon l’arrêté du 2 mars 2004 (article<br />
2), le chef d’établissement doit<br />
établir et tenir à jour un carnet de maintenance<br />
pour chacun des appareils définis<br />
au paragraphe a) de l’article 2 de l’arrêté<br />
du 1 er mars 2004 relatif aux vérifications<br />
des appareils et accessoires de levage,<br />
afin de consigner toutes les opérations<br />
concourant à la maintenance indispensable<br />
à la bonne gestion des appareils de<br />
levage jusqu’à leur mise au rebut. L’arrêté<br />
du 1 er mars 2004, article 2a concerne<br />
les appareils de levage et les machines,<br />
y compris celles mues par la force<br />
humaine employée directement, et leurs<br />
équipements, conduits par un ou des<br />
opérateurs qui agissent sur les mouvements<br />
au moyen d’organes de service<br />
dont ils conservent le contrôle. Au moins<br />
l’une des fonctions est de déplacer une<br />
charge constituée par des marchandises<br />
ou matériels et, le cas échéant, par une<br />
ou des personnes, avec changement de<br />
niveau significatif de cette charge pendant<br />
le déplacement ; la charge n’étant<br />
pas liée de façon permanente à<br />
l’appareil. N’est pas considéré comme<br />
significatif un changement de niveau<br />
correspondant à ce qui est juste nécessaire<br />
pour déplacer la charge en la décollant<br />
du sol et n’est pas susceptible<br />
d’engendrer de risques en cas de défaillance<br />
du support de charge.<br />
Les appareils de levage en question sont<br />
les suivants : treuils, palans, vérins et<br />
leurs supports, ireforts de levage, pull<br />
lifts, crics de levage, dispositifs de contrôle<br />
et d’interférence, tables élévatrices,<br />
hayons élévateurs, monte-matériaux,<br />
monte-meubles, skips, appareils assurant<br />
le transport en élévation des personnes<br />
tels qu’ascenseurs de chantier, plans<br />
inclinés accessibles aux personnes, manipulateurs<br />
mus mécaniquement, équipements<br />
interchangeables installés sur les<br />
tabliers de chariots élévateurs à flèche<br />
télescopique ou non. La réglementation<br />
concerne autant les fabricants et les distributeurs<br />
de machines que les utilisateurs.<br />
En cas d’accident, les responsabilités<br />
peuvent être recherchées tant du côté du<br />
fabricant et du distributeur que du côté<br />
de l’utilisateur des machines, la sécurité<br />
du personnel et sa formation.<br />
DR<br />
Le Forum Metso s'est tenu fin novembre 2012<br />
dans les locaux de l'Hôtel Mercure de Roissy-en-France<br />
Quelles périodicités<br />
pour la vérification des appareils<br />
et accessoires ?<br />
La liste des équipements soumis à vérifications<br />
périodiques (dont le but est de<br />
déceler toute défectuosité susceptible<br />
d’être à l’origine d’une situation dangereuse,<br />
mais non de vérifier la conformité<br />
des équipements) comprend les appareils<br />
de levage, les engins de chantiers et<br />
certaines machines à risques spécifiques<br />
(presses, compacteurs à déchets, massicots…).<br />
Pour les autres machines, c’est<br />
PRODUCTION MAINTENANCE ➤ JANVIER, FÉVRIER, MARS 2013 ➤ PAGE 36
<strong>Maintenance</strong> en production<br />
DR<br />
DR<br />
au chef d’établissement de définir une<br />
organisation permettant de répondre au<br />
même objectif. Le résultat de ces vérifications<br />
est consigné dans un registre de<br />
sécurité (où sont également mentionnés<br />
tous les incidents, anomalies, remplacements<br />
de pièces…). Ce registre est tenu<br />
à disposition de l’inspecteur du travail et<br />
de toutes les personnes ou organismes<br />
concernés par la prévention des risques<br />
professionnels. Les vérifications périodiques<br />
ne se substituent pas à l’obligation<br />
d’effectuer les opérations de maintenance<br />
définies par le fabricant de la<br />
machine. Il est d’ailleurs recommandé<br />
d’enregistrer les opérations de maintenance<br />
des machines dans un carnet de<br />
maintenance.<br />
Pour les appareils de levage, la vérification<br />
périodique est complétée par une<br />
vérification de mise ou remise en service.<br />
Cette vérification permet de s’assurer<br />
que les appareils sont installés conformément<br />
aux spécifications prévues par<br />
la notice d’instructions du fabricant et<br />
qu’ils peuvent être utilisés en sécurité.<br />
Le carnet de maintenance est obligatoire<br />
pour ce type d’appareils (arrêté du 2 mars<br />
2004).<br />
Les appareils de levage, mus par la force<br />
humaine employée directement, utilisés<br />
pour déplacer en élévation un poste de<br />
travail, sont tenus à une vérification tous<br />
les trois mois. Les grues, les appareils de<br />
levage (mus par une énergie autre que<br />
la force humaine) utilisés pour le<br />
transport des personnes ou pour déplacer<br />
en élévation un poste de travail et appareils<br />
de levage, non conçus spécialement<br />
pour lever des personnes, mus par la<br />
force humaine employée directement et<br />
non installés à demeure, sont soumis à<br />
vérification tous les six mois. Enfin, une<br />
vérification annuelle s’impose aux appareils<br />
de levage, non conçus spécialement<br />
pour lever des personnes et autres appareils<br />
et accessoires de levage ■<br />
PRODUCTION MAINTENANCE ➤ JANVIER, FÉVRIER, MARS 2013 ➤ PAGE 37
<strong>Maintenance</strong> en production<br />
Retour d’expérience<br />
Une démarche en faveur<br />
de la sécurité des hommes et<br />
du matériel en exploitation minière<br />
DR<br />
18% des accidents survenus dans les carrières sont liés au matériel<br />
roulant. Ces opérations de maintenance étant particulièrement risquées,<br />
elles représentent un coût à la fois humain et financier préjudiciable<br />
à l’entreprise. C’est pourquoi Lafarge Granulats Sud, division dédiée<br />
à l’exploitation de gravières et sablières, d’extraction d’argiles et de<br />
kaolin, a mené, avec l’aide de la société Metso, son fournisseur de technologie<br />
et de services, une démarche complète pour réduire le nombre<br />
d’accidents lors des opérations de maintenance.<br />
S<br />
’inscrivant dans le modèle opérationnel<br />
de la société, Lafarge<br />
Granulats Sud a mis au point une solution<br />
applicable de manière simple et sur<br />
n’importe quel site, même si au départ,<br />
l’équipe de maintenance a rencontré des<br />
difficultés d’ordre interne. « Celles-ci<br />
ont été résolues grâce à une démarche<br />
menée avec Metso », rapporte Olivier<br />
Javelle, responsable du pôle industriel au<br />
sein de Lafarge Granulats Sud. L’entreprise<br />
possède un parc de près de cent<br />
quatre-vingt-dix appareils parmi lesquels<br />
des problèmes un peu surprenants com-<br />
me des coussinets de séries, des soufflets<br />
de vérins, des couples coniques, des<br />
pièces d’usure, des bagues, des problèmes<br />
d’alimentation, de nettoyage ou de<br />
transmission etc. « Aucun des trois sites<br />
n’est spécifiquement plus touché qu’un<br />
autre. Nous rencontrons tout autant de<br />
problèmes sur le site éruptif, calcaire<br />
et alluvionnaire, selon la taille ou selon<br />
l’organisation de la maintenance ».<br />
50% des accidents sont liés à la maintenance,<br />
c’est pourquoi l’organisation de<br />
celle-ci est primordiale. Avant tout, il<br />
s’agit de ne pas sauter les étapes de détection,<br />
de préparation, de programmation,<br />
avant de réviser, suivre puis améliorer. Il<br />
est évident que pour réduire le taux déplorable,<br />
on peut travailler sur le matériel<br />
mais également sur la fréquence des<br />
opérations comme le remplacement de<br />
pièces d’usure toutes les deux-cents<br />
heures par exemple ou encore les opérations<br />
de vidange. Il est donc essentiel<br />
de travailler à la fois sur l’outillage et sur<br />
l’organisation de la maintenance. « Mais<br />
il est aussi évident que la qualité des<br />
résultats est liée à l’implication de la<br />
hiérarchie de proximité ; si le directeur<br />
d’exploitation n’y croit pas, ça n’avance<br />
pas. »<br />
Mise en place de nombreux<br />
standards de sécurité<br />
L’entretien représente une part importante<br />
des investissements – près de 20%.<br />
La crise ayant elle aussi provoqué des<br />
bouleversements dans les volumes de<br />
production relativement importants, il a<br />
fallu créer certains leviers parmi lesquels<br />
celui de l’entretien pour réduire les coûts<br />
de maintenance. « L’idée n’a pas été de<br />
faire moins mais de faire mieux en<br />
coûtant moins cher en organisant et en<br />
anticipant ». Lagarge Granulats Sud et<br />
Metso ont entamé leur travail dans le<br />
cadre d’un contrat portant sur près de<br />
quatre-vingt-dix-huit appareils, soit près<br />
de la moitié du panel de l’entreprise.<br />
Outre son volume important, la particularité<br />
de ce parc est d’être à la fois<br />
vieillissant avec une moyenne d’âge de<br />
vingt-trois ans, et hétérogène du fait de<br />
la diversité de véhicules, de marques et<br />
de constructeurs de concasseurs et de<br />
broyeurs très différents. Avec la crise<br />
économique et industrielle, les investissements<br />
habituellement entrepris au sein<br />
PRODUCTION MAINTENANCE ➤ JANVIER, FÉVRIER, MARS 2013 ➤ PAGE 38
<strong>Maintenance</strong> en production<br />
DR<br />
de la société ont été revus à la baisse<br />
depuis 2008.<br />
Par ailleurs, chez Lafarge ont été mis en<br />
place de nombreux standards de sécurité,<br />
en particulier sur le travail en hauteur, la<br />
séparation des énergies, les convoyeurs,<br />
les opérations de sous-traitance etc. De<br />
nombreux documents d’experts existaient<br />
déjà au sein de l’entité, allant souvent très<br />
loin dans les détails technologiques des<br />
installations ; « or nous avons constaté<br />
que cela ne fonctionnait pas autant qu’on<br />
le souhaitait. Le nombre de casses était<br />
particulièrement élevé, celles-ci arrivant<br />
– bien sûr ! – la veille d’un 15 août ou<br />
lorsqu’il pleut... Par ailleurs, les coûts<br />
de réparation demeuraient très importants,<br />
5 000 à 40 000 euros en coûts<br />
directs de réparation, mais surtout les<br />
coûts indirects que l’on ne prend jamais<br />
le temps de mesurer en raison de l’urgence<br />
et de la priorité qui est celle de<br />
dépanner le client, à commencer par le<br />
transport, l’arrêt des installations et de<br />
production qui s’en suit et qui n’était pas<br />
programmé. » Par ailleurs, certaines<br />
compétences de personnel ont progressivement<br />
faibli : « notre personnel n’est<br />
pas incompétent mais le nombre de<br />
personnes compétentes a, en revanche,<br />
fortement régressé. Les jeunes ne sont<br />
plus formés en matériels agricoles et ont<br />
perdu des compétences techniques. Ils<br />
sont en effet plus à l’aise derrière un<br />
pupitre de commande de supervision<br />
avec un écran et une souris. C’est, pour<br />
eux, beaucoup plus ludique. En revanche,<br />
sur le terrain, avec les mesures de sécurité,<br />
tout est capoté, “carterisé’’, on ne<br />
voit plus, on n’entend plus, on ne sent<br />
ni ne ressent plus. Il est donc nettement<br />
plus compliqué à ce titre de suivre le<br />
matériel ». Quant à l’outillage, les<br />
équipes de Lafarge Granulats Sud<br />
n’étaient pas bien équipées, du moins<br />
elles ne l’étaient pas partout. De même,<br />
pour le taux d’indisponibilité des<br />
machines, l’organisation était également<br />
à revoir ; « il faut dire qu’avant la crise<br />
nous connaissions une période d’euphorie<br />
durant laquelle les machines tournaient<br />
à plein régime et en permanence.<br />
C’était seulement en cas de casse ou de<br />
panne que nous prenions le temps d’ouvrir<br />
la machine pour la réparer ».<br />
Enfin, Olivier Javelle avoue avoir<br />
rencontré des soucis en matière de<br />
connaissance du parc et de ses performances<br />
; l’idée a donc émergé de mettre<br />
en place une base de données et de classifier<br />
l’entité du parc dans un seul et<br />
même système. La difficulté résidait<br />
également dans le remplacement de<br />
certains appareils ; « le matériel mobile<br />
ou les chargeuses ne nous posent pas de<br />
problèmes particuliers – on choisit l’appareil<br />
sur catalogue, on le commande et,<br />
une fois livré, on l’installe et on procède<br />
à des démonstrations pendant un ou deux<br />
jours auprès de nos équipes avant d’entrer<br />
rapidement en production. Mais<br />
remplacer un broyeur dans un process,<br />
on se heurte très vite au problème de la<br />
ligne de production ; on est alors obligé<br />
de remplacer le tapis d’alimentation et<br />
le tapis d’évacuation... On doit donc<br />
prévoir bien à l’avance ce type d’opérations<br />
avant que le broyeur ne casse ».<br />
Utiliser les bons modes<br />
opératoires<br />
L’objectif premier de l’expertise a été pour<br />
Lafarge de pérenniser les outils de production,<br />
optimiser le fonctionnement des<br />
appareils en utilisant le savoir-faire des<br />
fabricants, maîtriser les coûts et les planifier,<br />
gérer l’approvisionnement des pièces<br />
détachées, préparer les interventions de<br />
sécurité (permis de travail, les procédures<br />
adéquates, les outillages spécifiques, les<br />
moyens de levage...). Cela permet également<br />
de remettre en état les appareils, optimiser<br />
la gestion du parc, le tout sans<br />
intervenir dans la précipitation. Enfin, par<br />
ce partenariat d’échanges entre les différents<br />
opérateurs et techniciens de Lafarge<br />
Granulats Sud et Metso, cela a rendu<br />
possible le développement de compétences<br />
en interne. À travers cette collaboration,<br />
des « kits Lafarge » ont été mis<br />
en place. Ceux-ci comprennent une checklist<br />
des visites en charge avec ses<br />
cinquante points de contrôle, la check-list<br />
des visites mécaniques avec quatre-vingtdix<br />
points de contrôle, le bilan réalisé par<br />
un expert au sein de la société Metso ainsi<br />
qu’un rapport-photo qui permet, notamment<br />
pour les personnes absentes lors de<br />
l’expertise, d’identifier immédiatement<br />
telle ou telle problématique sur un appareil,<br />
et, enfin, un devis de pièce et de<br />
remise en état. « Ainsi, pour une intervention<br />
de réparation, on sait ce qu’il y<br />
a à faire, les coûts que cette intervention<br />
engendre, la durée etc. L’intérêt est d’être<br />
en mesure de prendre une décision rapide<br />
avec son supérieur hiérarchique et d’entamer<br />
la procédure ».<br />
Autre apport de cet accompagnement de<br />
Metso : l’importance de toujours utiliser<br />
les bons modes opératoires. En d’autres<br />
PRODUCTION MAINTENANCE ➤ JANVIER, FÉVRIER, MARS 2013 ➤ PAGE 39
<strong>Maintenance</strong> en production<br />
DR DR<br />
termes, il s’agit de toujours s’appuyer sur<br />
les documents des constructeurs, utiliser<br />
les bonnes procédures avec l’outillage<br />
adapté ; « c’est le cas bien sûr dans un<br />
monde parfait. Dans la réalité, on fonce<br />
tête baissée en oubliant des choses<br />
importantes ». Ceci permet également de<br />
mesurer les niveaux de maintenance issus<br />
de la centralisation de toutes les expertises,<br />
en fonction de chaque site ; « par<br />
exemple, en matière d’éruptive de calcaire<br />
ou d’alluvionnaire, les appareils<br />
ne connaissent pas du tout le même type<br />
de fonctionnement : dans l’éruptif, les<br />
appareils sont ouverts toutes les 150 ou<br />
200 heures. En calcaire, leur fréquence<br />
d’ouverture se fait à l’année, et lorsqu’ils<br />
sont ouverts, on ignore les outillages<br />
adéquats. Il est donc important de graver<br />
dans le marbre ces informations, en<br />
particulier à travers des photos et des<br />
procédures ».<br />
Une gestion de parc complexe<br />
L’objet de ce partenariat a été d’améliorer<br />
et faire évoluer le contrat d’inspection via<br />
un échange avec des bilans et un plan<br />
DR<br />
d’actions annuel. Mis en place en 2007,<br />
le premier contrat n’était qu’embryonnaire,<br />
le vrai démarrage ayant eu lieu en<br />
2009. Entre 2009 et 2011, sur cette division<br />
de Lafarge, le nombre de casses<br />
importantes a été divisé par deux. En<br />
termes de planification, la sécurité –<br />
grande priorité de l’entreprise* – a été la<br />
principale bénéficiaire de ce partenariat<br />
entre les deux sociétés. Concernant le taux<br />
de fiabilité, la démarche s’est appliquée<br />
sur des installations entières, pas seulement<br />
sur des appareils en tant que tels.<br />
Les échanges ont été la clé de ce partenariat.<br />
Du côté de Metso, cette expérience<br />
a été enrichie d’une part grâce à<br />
la grande diversité de sites de production<br />
que possède le groupe français, mais<br />
également grâce au sérieux et au professionnalisme<br />
dont ont fait preuve les<br />
opérateurs de Lafarge avec les intervenants<br />
de Metso. En effet, le risque dans<br />
ce genre d’opérations est que sur le<br />
terrain, les techniciens se désintéressent<br />
de la démarche et que chacun s’occupe<br />
de ses propres machines. Or la transmission<br />
d’information sur chacune des<br />
installations, les indicateurs d’usure de<br />
pièce notamment. « Si l’opérateur<br />
démonte tout seul sa pièce, il n’apprendra<br />
rien et on aura perdu la moitié<br />
de son efficacité ». Lafarge a joué le jeu<br />
en étant strict et exigeant, en incitant<br />
chaque technicien à former les nouveaux,<br />
au point de faire signer à chacun un document<br />
attestant la présence et le bon suivi<br />
* Au niveau de la sécurité, prise en sa globalité à<br />
l’échelle du groupe, Lafarge prévoit chaque<br />
semaine un quart d’heure de sécurité transmis<br />
aux sein des différents sites de sorte que les<br />
opérateurs parlent au sujet d’un thème<br />
particulier alimenté soit en fonction de la météo,<br />
soit en fonction d’un accident qui s’est<br />
récemment produit. De plus, chaque année, au<br />
mois de juin, sont abordées des thématiques<br />
spécifiques adaptées notamment en fonction de<br />
la Drire. Un concours rend cet événement annuel<br />
plus ludique. Enfin, chaque année, le groupe<br />
travaille sur un standard en particulier, à<br />
l’exemple du standard sur le convoyeur à bande,<br />
les énergies résiduelles ou encore le travail en<br />
hauteur.<br />
PRODUCTION MAINTENANCE ➤ JANVIER, FÉVRIER, MARS 2013 ➤ PAGE 40
<strong>Maintenance</strong> en production<br />
Une inspection approfondie des broyeurs<br />
Lafarge Granulats Sud et Metso France ont conclu le premier contrat<br />
d’inspections en 2007. En plus des machines de la gamme actuelle<br />
Metso, le contrat couvre également toutes les machines des marques<br />
anciennes servies par Metso. Il prévoit une inspection approfondie<br />
de chaque broyeur, effectuée une fois par an par un technicien de<br />
Metso, inspection réalisée en deux fois : une première visite en charge<br />
et une seconde lors d’un remplacement de pièces d’usures.<br />
« L’inspection est très complète, effectuée à partir d’une liste de contrôles<br />
détaillés qui nécessite le démontage de l’appareil et des essais à<br />
vide et en charge. Par exemple, dans le cas d’un broyeur à cône, nous<br />
contrôlons plus de 90 points. L’inspection complète prend environ une<br />
journée et demie de travail, indique Philippe Pajot, responsable des<br />
contrats de service chez Metso France. Notre inspection peut vraiment<br />
être qualifiée d’examen médical d’un broyeur et nous sommes en<br />
mesure de fournir au client un historique des interventions sur la<br />
machine. Sur la base de ce document, nous proposons à Lafarge<br />
des mesures de maintenance préventive pour assurer un fonctionnement<br />
irréprochable des équipements ».<br />
Après la visite, un bilan technique est adressé au client qui lui permet<br />
de visualiser rapidement les points sur lesquels il lui est conseillé d’intervenir.<br />
De plus, le client apprécie le fait que ces inspections offrent<br />
la possibilité d’une remise à niveau des opérateurs sur les bonnes<br />
pratiques de maintenance. L’objectif est fixé à une durée de service<br />
supérieure à vingt-cinq ans pour les concasseurs. Lafarge Granulats<br />
Sud s’applique à réunir toutes les informations concernant ses équipements<br />
de broyage. La liste des performances dressée pour chaque<br />
broyeur comporte des paramètres comme la productivité, la disponibilité<br />
ou les opportunités de remontage (complet ou pièces) et d’entretien.<br />
Selon Olivier Javelle, il n’est pas sage d’insister sur un seul<br />
paramètre, comme la disponibilité ou la capacité : « certains nouveaux<br />
broyeurs, plus productifs, peuvent s’avérer plus sensibles, certains<br />
concasseurs sont difficilement remplaçables, certains modèles sont<br />
uniques dans le parc. De ce fait, il est très important d’assurer un suivi<br />
périodique pointu, et d’avoir une vision long terme ». Lafarge vise à<br />
augmenter la durée de vie moyenne de ses concasseurs pour dépasser<br />
vingt-cinq ans d’âge moyen. La carrière de Rivolet où un broyeur<br />
BCS 4’1/4 de Metso, âgé de plus de trente ans, continue à fonctionner<br />
est un bon exemple de l’approche à long terme de la société.<br />
d’une formation. Olivier Javelle rappelle<br />
que ce n’est pas à l’expert de Metso de<br />
changer, seul, une pièce d’usure dans<br />
l’appareil. « L’idée est avant tout de<br />
partager l’expertise et l’expérience de<br />
chacun à l’occasion de ces changements<br />
de pièces et lorsqu’on ouvre la machine.<br />
Il ne s’agissait pas de transférer la<br />
charge de travail à une autre personne<br />
et d’en profiter pour faire autre chose » ■<br />
Olivier Guillon<br />
PRODUCTION MAINTENANCE ➤ JANVIER, FÉVRIER, MARS 2013 ➤ PAGE 41
<strong>Maintenance</strong> mécanique<br />
Rubrique réalisée en partenariat avec le<br />
syndicat Artema<br />
TROIS NOUVEAUX ADHÉRENTS<br />
AU SEIN D’ARTEMA<br />
Elbi<br />
La société Elbi située en Seine-et-Marne,<br />
compte quinze personnes. Elle est spécialisée<br />
dans la fabrication de vis à billes rectifiées<br />
et de vis à rouleaux satellites. Elle<br />
travaille sur des pièces unitaires ou en petites<br />
séries pour les marchés de la maintenance,<br />
du retrofit ou de la pièce détachée. Depuis<br />
plus de vingt ans, la société Elbi fabrique des<br />
vis à billes de précision, rectifiées du diamètre<br />
12 mm au diamètre 140 mm et pour des<br />
longueurs allant jusqu’à 8 000 mm.<br />
Motovario<br />
Le groupe Motovario appartient à un fonds<br />
privé italien. Il compte 600 salariés pour<br />
110 millions d’euros en 2011. En France, la<br />
filiale est située dans la région lyonnaise. Sur<br />
3 000 m 2 d’ateliers, elle regroupe 21 personnes<br />
pour un chiffre d’affaires d’environ<br />
10 millions d’euros. Sarah Vaquant, arrivée<br />
en novembre 2011, en est le directeur général<br />
délégué.<br />
Nord Réducteurs<br />
Avec un chiffre d’affaires 2011 de 27 M€,<br />
deux sites de production à Villepinte et Thann<br />
où est implantée une usine de montage, Nord<br />
fait partie des leaders mondiaux des fabricants<br />
d’entraînements et propose des solutions<br />
mécaniques et électroniques. La gamme<br />
de produits Nord comprend réducteurs industriels,<br />
motoréducteurs, variateurs de vitesse,<br />
systèmes d’entraînement.<br />
POCLAIN HYDRAULICS,<br />
PROPRIÉTAIRE À 100%<br />
DE L’USINE DE GAGGIO<br />
L’entreprise est devenue pleinement propriétaire<br />
de l’usine de Gaggio, laquelle appartenait<br />
précédement à Comer Industrie. Cette<br />
acquisition a permis au groupe Poclain<br />
Hydraulics d’élargir sa gamme et proposer<br />
ainsi à ses clients des produits et système<br />
dédiés à la transmission hydrostatique de<br />
puissance mais aussi des pompes et moteurs<br />
à pistons axiaux de petite cylindrée. Plus de<br />
quinze emplois ont été créés depuis sa création.<br />
Elle permet à Poclain Hydraulics de<br />
mieux couvrir les besoins des marchés des<br />
travaux publics, des machines agricoles, des<br />
engins de manutention et des véhicules<br />
urbains.<br />
DR<br />
Artema poursuit<br />
sa politique de<br />
promotion des métiers<br />
Après avoir participé en novembre dernier au salon « l’aventure des<br />
métiers » pour faire découvrir les métiers de la mécatronique sur le<br />
stand des industries mécaniques, Artema prépare activement la semaine<br />
de l’Industrie qui se déroulera du 18 au 25 mars 2013.<br />
Lors de la semaine de l’Industrie, le<br />
syndicat interviendra auprès de trois<br />
classes de collèges des Hauts-de-Seine.<br />
Les entreprises adhérentes s’impliquent<br />
elles aussi activement, à l’image de<br />
Siam Ringspann qui participera à l’opération<br />
FIM-Cetim. Celle-ci consiste pour<br />
un industriel à se rendre dans les collèges<br />
pour présenter son entreprise accompagné<br />
d’un représentant local du Cetim.<br />
Artema développe depuis plusieurs années<br />
des outils de communication destinés au<br />
monde éducatif.<br />
Ces outils sont à disposition sur l’espace<br />
étudiant du site Internet :<br />
www.artemafrance.org<br />
La Performance énergétique<br />
des produits des professions :<br />
le grand dossier d’Artema<br />
Les industriels adhérents d’Artema se sont<br />
réunis au sein de leur groupe professionnel<br />
afin d’acter les axes de travail sur le sujet.<br />
Performance énergétique, recyclabilité et<br />
emprunte carbone, voici les thèmes qui<br />
sont ressortis et qui occuperont une attention<br />
toute particulière. Les projets d’études<br />
lancés sont jugés prioritaires et essentiels<br />
par le conseil d’administration d’Artema.<br />
Ces études permettront à terme d’obtenir<br />
les arguments nécessaires à la valorisation<br />
des technologies.<br />
Une charte pour les acteurs<br />
de l’étanchéité<br />
Les acteurs du groupe Étanchéité d’Artema<br />
ont tenu à bâtir une charte des<br />
acteurs de l’étanchéité afin de garantir<br />
une éthique professionnelle en réaffirmant<br />
les bonnes pratiques communes à<br />
la profession. Ce document est le fruit<br />
d’un travail participatif de tous les<br />
membres du groupe. Les entreprises<br />
adhérentes du groupe Étanchéité d’Artema<br />
se sont engagées à la respecter en<br />
la signant. Le document s’articule autour<br />
de cinq thèmes : L’éthique professionnelle,<br />
la qualité des produits et maîtrise<br />
des technologies, l’innovation, l’environnement<br />
et sécurité et l’amélioration<br />
continue.<br />
La charte est disponible sur le site<br />
Internet d’Artema :<br />
www.artema france.org<br />
PRODUCTION MAINTENANCE ➤ JANVIER, FÉVRIER, MARS 2013 ➤ PAGE 42
<strong>Maintenance</strong> mécanique<br />
Entretien<br />
...avec Laurence Chérillat, secrétaire générale d’Artema, syndicat de la mécatronique<br />
« Nous ne sommes pas pessimistes<br />
pour 2013 »<br />
DR<br />
Le secteur de la mécatronique connaît une période difficile<br />
mais résiste en affichant une croissance quasi-nulle<br />
en 2012. Les perspectives ne s’annoncent pas catastrophiques<br />
non plus pour cette nouvelle année mais le<br />
marché demeure très inégal. Le point avec Laurence<br />
Chérillat qui nous présente également les grandes orientations<br />
d’Artema pour 2013.<br />
➤ <strong>Production</strong> <strong>Maintenance</strong> :<br />
Comment s’est porté le secteur de la<br />
mécatronique en 2012 ?<br />
Laurence Chérillat : Si 2012 a vu une<br />
certaine stabilité avec une timide croissance<br />
comprise entre 0 et 2% (hors automobile),<br />
le marché en France et plus<br />
globalement en Europe va plutôt mal.<br />
Nous avons d’ailleurs connu un mois de<br />
septembre catastrophique. Pour autant,<br />
nous ne sommes pas pessimistes pour<br />
2013 mais on mise sur le même niveau<br />
de croissance. Il n’y a pas de raisons<br />
majeures pour que le marché s’effondre.<br />
Notons toutefois que la France, par<br />
rapport à certains pays européens, ne s’en<br />
sort pas si mal. Au nord de l’Europe, la<br />
croissance commence à bien freiner et<br />
l’Allemagne, cette année, s’est prise une<br />
grande « claque » et présente des résultats<br />
nettement moins convaincants que<br />
l’Hexagone.<br />
Il ne faut pas oublier cependant qu’Outre-<br />
Rhin, l’activité avait redémarré beaucoup<br />
plus fortement qu’ailleurs après le<br />
passage de la crise.<br />
➤ Et le marché international ?<br />
Nos entreprises membres du syndicat<br />
exportent en moyenne 50% de leur<br />
production et profitent d’une bonne tenue<br />
des marchés nord-américain et russe, tout<br />
comme dans les pays du Golfe. En<br />
revanche, le marché des pays émergents<br />
ne se porte pas bien. En Afrique du Sud,<br />
la conjoncture n’est pas bonne en ce<br />
moment, tout comme en Chine et en<br />
Inde, pays dont la croissance connaît des<br />
signes de baisse. Le Maghreb rencontre<br />
aussi une situation difficile même si la<br />
Tunisie, indépendamment des événements<br />
politiques que le pays traverse,<br />
reprend quelque peu des couleurs. Le<br />
Maroc est toujours dynamique mais la<br />
croissance algérienne reste paralysée.<br />
➤ Quels sont les marchés les plus<br />
dynamiques ?<br />
Le secteur de l’agroalimentaire se maintient<br />
à un rythme stable. Quant au marché<br />
de l’énergie, celui-ci demeure plutôt bon<br />
grâce notamment au nucléaire qui tire<br />
l’activité et les investissements vers le<br />
haut (ce qui n’est en revanche pas le cas<br />
de l’éolien – en position difficile – ni le<br />
photovoltaïque). Il en est de même pour<br />
l’Oil & Gas, l’aéronautique ainsi que le<br />
ferroviaire qui se maintiennent à un bon<br />
niveau. Enfin, les activités liées aux<br />
extractions dans les mines et les carrières<br />
se portent bien. Pour le reste, on en est<br />
au point mort et le marché demeure dans<br />
l’incertitude ; nous ne voyons rien venir.<br />
Les projets ne sont pas stoppés mais<br />
peuvent prendre davantage de retard.<br />
Aussi, les entreprises n’annulent pas leurs<br />
commandes mais se montrent beaucoup<br />
plus prudentes.<br />
➤ Le syndicat suit-il la tendance de ces<br />
marchés ?<br />
Non, dans la mesure où le syndicat a<br />
gagné en adhérents. Cinq ans après sa<br />
création, nous constatons avec satisfaction<br />
que le tournant de la mécatronique<br />
a été bien pris par tout le monde, ce qui<br />
fait d’Artema un syndicat reconnu<br />
comme tel. De nombreux travaux y ont<br />
été menés et le syndicat attire toujours<br />
plus d’industriels, si bien que nous avons<br />
accueillis de nouveaux adhérents l’an<br />
dernier et de nouveaux arrivants sont<br />
prévus pour 2013, en particulier dans le<br />
domaine des transmissions mécaniques<br />
(servomoteurs, motoréducteurs...).<br />
➤ Quelles sont les perspectives<br />
d’Artema pour 2013 ?<br />
L’année 2012 a été marquée par l’arrivée<br />
de Bruno Grandjean à la présidence et<br />
d’un nouveau conseil. Cette année, nous<br />
allons mener un grand projet sur la<br />
performance énergétique avec un axe<br />
supplémentaire sur la recyclabilité et<br />
l’empreinte carbone. Nous avons en effet<br />
constaté que rien ne semble exister en<br />
la matière au niveau mondial. Ainsi, nous<br />
souhaitons mettre à la disposition des<br />
entreprises un référentiel commun afin<br />
de pouvoir calculer par exemple la<br />
performance d’un réducteur ou d’une<br />
pompe hydraulique etc. Nous avons pour<br />
commencer sélectionné avec le Cetim les<br />
produits sur lesquels nous allons travailler.<br />
Enfin, autre sujet, nous souhaitons<br />
renforcer la partie « économie »<br />
d’Artema avec la création prochainement<br />
d’un indicateur global de conjoncture ■<br />
Propos recueillis<br />
par Olivier Guillon<br />
PRODUCTION MAINTENANCE ➤ JANVIER, FÉVRIER, MARS 2013 ➤ PAGE 43
<strong>Maintenance</strong> mécanique<br />
En pratique<br />
La lubrification, une question<br />
trop souvent mise de côté<br />
DR<br />
Les opérateurs, dans la – trop – grande majorité des cas, ignorent tout<br />
de l’état de l’huile de leur machine ou d’un compresseur. Or s’intéresser<br />
à la lubrification d’une machine revient précisément à s’attaquer<br />
au cœur de l’installation. Comme le rappelle Thierry Gauffreteau, chef<br />
de produit chez Fuchs Lubrifiant, « les techniciens de maintenance s’aperçoivent<br />
de l’ampleur des dégâts lorsqu’ils ouvrent le capot de la machine<br />
et constatent que de nombreuses saletés s’y sont incrustées ». Les problèmes<br />
de lubrification sont avant tout liés à une mauvaise filtration et à<br />
une méconnaissance de cette question encore trop négligée.<br />
Même si les produits mis sur le<br />
marché présentent une quasiabsence<br />
de particules, poussant à un<br />
degré extrême le niveau de filtration des<br />
huiles, lors de la phase de remplissage,<br />
des particules microscopiques peuvent<br />
toutefois s’infiltrer dans le produit ou<br />
dans la machine, polluant ainsi l’installation<br />
et présentant un risque pour le<br />
process. « Rien ne garantit malheureusement<br />
une huile parfaitement neutre et<br />
exempte de saletés lorsque celle-ci est<br />
transférée dans la machine au moment<br />
du remplissage, alerteThierry Gauffreteau.<br />
De plus, même si on est capable de livrer<br />
des produits directement filtrés chez<br />
nous, cette opération représente des<br />
coûts trop importants pour constituer une<br />
opération rentable de maintenance<br />
préventive. En revanche, nous disposons<br />
de laboratoires et de spécialistes dans le<br />
domaine de la filtration. Par ailleurs, nos<br />
services assurent en outre des prestations<br />
de suivi des huiles contenues dans<br />
les installations industrielles ». Un<br />
service qui peut se révéler financièrement<br />
intéressant dans la mesure où une<br />
mauvaise lubrification présente des<br />
risques de casses en cas d’échauffement<br />
trop importants et d’arrêts de production.<br />
Quelques conseils de spécialiste<br />
De nombreux industriels négligent<br />
encore le lubrifiant en tant que tel et, à<br />
l’instar de l’outillage par exemple qui<br />
semble connaître le même sort dans les<br />
ateliers, considèrent ces produits comme<br />
un simple consommable. C’est pourquoi<br />
le prix des produits pourtant bien spécifiques<br />
en fonction des applications qui<br />
lui sont adressées, demeure le seul et<br />
unique critère. « Pourtant,<br />
il existe de nombreuses<br />
solutions, les unes étant<br />
destinées à l’usinage dont<br />
le principal problème est la<br />
forte présence d’eau propice<br />
au développement<br />
bactérien, les autres aux<br />
compresseurs frigorifiques<br />
par exemple ; ces derniers<br />
sont conditionnés sous<br />
azote avec une capsule<br />
soudée pour éviter tout<br />
contact avec l’humidité.<br />
L’huile descend en effet<br />
DR<br />
très bas en température et l’humidité<br />
risque la formation de petits glaçons qui<br />
pourraient endommager ou casser le<br />
compresseur ». On est loin d’une simple<br />
huile de vidange... Plus qu’un coût, une<br />
huile peut aussi devenir rentable en<br />
augmentant la durée de vie des machines<br />
et en réduisant les opérations de maintenance<br />
dues à des pannes de plus en plus<br />
fréquentes.<br />
Il convient de bien choisir son lubrifiant<br />
et d’éviter le recours systématique au<br />
« bas prix ». Un choix qui devient stratégique<br />
et doit davantage s’orienter vers<br />
des huiles dotées d’une plus grande capacité<br />
à absorber la chaleur ; d’autant que<br />
Thierry Gauffreteau rappelle que les<br />
machines sont aujourd’hui de plus en<br />
plus complexes et beaucoup comportent<br />
des circuits hydrauliques avec des<br />
commandes très précises. « Pour des<br />
machines réglées au micron, c’est le<br />
lubrifiant qui fait avancer la machine.<br />
Sans compter que les broches tournent<br />
de plus en plus vite. Il ne faut pas oublier<br />
que s’il y a un manque de lubrification<br />
à haute température, c’est exponentiel.<br />
La durée de vie de l’huile se réduit en<br />
fonction de la montée en température sur<br />
un compresseur. N’oublions pas que les<br />
intervalles d’une lubrification atteignent<br />
4 000 heures pour des températures<br />
allant jusqu’à 10°, mais si lorsque cellesci<br />
atteignent 100°, la durée de vie de<br />
l’huile est divisée par deux. » ■<br />
Olivier Guillon<br />
PRODUCTION MAINTENANCE ➤ JANVIER, FÉVRIER, MARS 2013 ➤ PAGE 44
<strong>Maintenance</strong> mécanique<br />
Retour d'expérience<br />
Bien connaître sa machine<br />
pour mieux l'entretenir<br />
Les problèmes de lubrification peuvent être contrés en adoptant de bonnes pratiques d’utilisation de ces<br />
produits de lubrification. Mais le meilleur moyen de lutter contre ce « fléau » qui gangrène les machines<br />
est encore de revenir aux bases de la mécanique. Bien entretenir sa machine, y compris pour des opérations<br />
simples de maintenance préventives, c’est encore de bien la connaître.<br />
➤ <strong>Production</strong> <strong>Maintenance</strong> :<br />
Pouvez-vous vous présenter (poste et parcours) ainsi que<br />
les activités de CMD et ses domaines d’intervention ?<br />
Michel Pasquier : Depuis presque onze ans je suis responsable<br />
support technique chez CMD Engrenages et Réducteurs.<br />
Auparavant, pendant un peu plus de onze ans, ingénieur au<br />
service Transmissions mécaniques du Cetim à Senlis. CMD<br />
est un concepteur et fabricant de transmissions de puissance<br />
par engrenages pour les industries telles que la mine, la cimenterie,<br />
la sidérurgie, le sucre, etc. Le métier est celui des couples<br />
importants et les basses vitesses. Les appareils ainsi fabriqués<br />
peuvent avoir des masses importantes. CMD a aussi une activité<br />
de service pour l’installation, la mise en route, la maintenance<br />
et la réparation des transmissions de puissance par<br />
engrenages.<br />
sive, comme par exemple les ruptures d’arbre après propagation<br />
en fatigue d’une fissure, pour lesquelles on ne voit que<br />
le stade rupture finale brutale.<br />
➤ Quelles sont les causes de ces problèmes et, parmi elles,<br />
que représente la lubrification dans les pannes ou les<br />
dysfonctionnements ?<br />
Les causes des problèmes rencontrés vont de la conception<br />
(heureusement assez rare… mais ça existe) à l’utilisation en<br />
passant par les matériaux et traitements thermiques et la<br />
➤ Quelles sont les problématiques de vos clients industriels<br />
en matière de maintenance ? Avez-vous quelques<br />
exemples concrets (sans forcément citer le nom de vos<br />
clients) de problèmes intervenus sur certaines machines<br />
ou installations ?<br />
À intervenir sur des installations dans beaucoup d’industries<br />
lourdes et un peu partout dans le monde, on rencontre des<br />
problèmes de toutes sortes. Puisqu’on aborde la maintenance,<br />
ici il est nécessaire de préciser les différentes maintenances.<br />
La maintenance préventive, tout d’abord, est une intervention<br />
programmée au cours de laquelle on traite un problème qui<br />
avait été détecté auparavant. Au cours de ces opérations de<br />
maintenance préventive, il n’est pas interdit de découvrir et<br />
traiter d’autres problèmes qui sont visibles uniquement à cet<br />
instant. Ensuite vient la maintenance curative qui se définit<br />
comme une intervention suite à un incident en service qui a<br />
conduit à l’arrêt d’une installation. Ainsi, les « pathologies »<br />
qu’on traite lors des interventions de maintenance vont des<br />
usures aux ruptures – même si tout dépend de la classification<br />
qu’on prend. La maintenance préventive va traiter de<br />
pathologies « évolutives », mais dont on maîtrise dans une<br />
certaine mesure la progression (usures, fatigue à la pression<br />
de contact…). La maintenance curative va traiter de pathologies<br />
« brutales », même si certaines sont la conclusion d’un<br />
phénomène évolutif dont on n’a pas pu voir la phase progres-<br />
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<strong>Maintenance</strong> mécanique<br />
DR<br />
DR<br />
Exemple de centrales de lubrification particulièrement mal entretenues...<br />
lubrification. Avant d’aller plus loin dans<br />
la lubrification et ce qu’elle représente<br />
dans les problèmes en mécanique, arrêtons-nous<br />
quelques temps sur quelques<br />
notions de base de mécanique. La mécanique<br />
ce n’est ni plus ni moins que<br />
l’étude et la réalisation de liaisons.<br />
Depuis qu’il a commencé à développer<br />
des ensembles mécaniques (c’est-à-dire<br />
depuis l’antiquité) l’homme a été confronté<br />
à un phénomène : Le frottement.<br />
Dans certains cas (liaisons complètes)<br />
il a cherché à utiliser au mieux cette<br />
propriété, alors que dans les liaisons<br />
incomplètes – celles qui transforment un<br />
mouvement – il a cherché à en réduire<br />
son effet. Il a (inconsciemment) copié ce<br />
qui se passe au niveau des articulations<br />
du règne animal où elles sont recouvertes<br />
d’une substance qui facilite le glissement<br />
et évite de transformer toute l’énergie<br />
destinée à réaliser un mouvement en<br />
chaleur.<br />
Bien avant que l’impact environnemental<br />
des produits et autre empreinte carbone<br />
soient devenus à la mode, l’économie<br />
d’énergie (c’est-à-dire la limitation de la<br />
transformation de l’énergie en chaleur)<br />
a toujours été au cœur des préoccupations<br />
des constructeurs d’éléments mécaniques.<br />
Ainsi, dès l’antiquité, l’homme<br />
a introduit un troisième corps entre les<br />
surfaces en contact – de manière rustique<br />
– et la lubrification est née. Au cours du<br />
temps, les produits se sont améliorés<br />
(utilisations de produits minéraux au lieu<br />
de produits végétaux ou animaux) et la<br />
mise en œuvre aussi. Même si dans<br />
l’étude théorique des liaisons mécaniques,<br />
la notion de jeu n’apparaît généralement<br />
pas, elle est fondamentale pour<br />
le bon fonctionnement et la réalisation<br />
d’une lubrification au niveau des liaisons.<br />
En fait c’est rarement le lubrifiant<br />
mais quasiment toujours les conditions<br />
de lubrification qui sont soit à l’origine<br />
soit un facteur aggravant dans les<br />
problèmes qu’on rencontre. Je n’ai pas<br />
de chiffre précis récent, mais sur ce<br />
constat, la possibilité pour la lubrification<br />
d’y être pour quelque chose dans un<br />
incident, cela commence à être « représentatif<br />
».<br />
➤ Au-delà de la simple lubrification,<br />
vous évoquiez les problèmes de jeu.<br />
Pouvez-vous développer cet aspect ?<br />
Simplement pour des questions de<br />
montage, il est nécessaire d’avoir un<br />
espace entre les surfaces à assembler.<br />
Ceci est aussi vrai lors du montage des<br />
liaisons mécaniques complètes comme<br />
les liaisons frettées pour lesquelles on<br />
chauffe ou refroidi l’une des pièces pour<br />
pouvoir les assembler même si au final<br />
lorsque la liaison est réalisée, il n’y a plus<br />
de jeu (serrage). Quel que soit le régime<br />
de lubrification (modèle qui permet de<br />
définir le mécanisme d’établissement<br />
d’un film lubrifiant qui sépare les<br />
surfaces en contact), le lubrifiant doit<br />
pouvoir être amené au voisinage de l’entrée<br />
du film lubrifiant à former. Pour cela,<br />
il est nécessaire qu’en dehors des<br />
surfaces qui doivent être en contact dans<br />
la liaison, il existe un espace qui doit<br />
pouvoir contenir ce lubrifiant. De plus,<br />
même si on cherche, via le film lubrifiant<br />
à diminuer les frottements donc la<br />
production de chaleur, il en est quand<br />
même produit (le rendement n’est pas<br />
égal à un), ce qui conduit à une dilatation<br />
des pièces qui forment la liaison<br />
mécanique. Cette dilatation n’est pas<br />
forcément la même pour chacune de ces<br />
pièces et il peut y avoir une diminution<br />
du jeu en régime de fonctionnement<br />
transitoire et/ou établi. Le lubrifiant sert<br />
aussi à évacuer la chaleur produite dans<br />
la liaison.<br />
➤ Quels lubrifiants choisir ? Comment<br />
ne pas se tromper ?<br />
En préambule, la lubrification des organes<br />
mécaniques se fait essentiellement soit<br />
avec de l’huile, soit avec de la graisse<br />
(mécanique industrielle). Je passe sur tout<br />
ce qui est lubrifiants solides, revêtements,<br />
etc. Ensuite la séparation des surfaces se<br />
fait à l’aide d’un film lubrifiant qui est<br />
soit d’origine hydrodynamique soit d’origine<br />
élastohydrodynamique.<br />
Plus rarement, on est dans un régime de<br />
lubrification dit « mixte » quand les<br />
vitesses de glissement entre les surfaces<br />
sont très faibles (C’est notamment le cas<br />
des engrenages nus d’entraînement de<br />
tubes tournants).<br />
La seule grandeur physique qui est<br />
normalisée et qui intervient – directement<br />
ou indirectement – dans les<br />
modèles de calcul des deux méthodes de<br />
lubrification citées ci-avant est la viscosité<br />
cinématique. Il faut choisir un<br />
PRODUCTION MAINTENANCE ➤ JANVIER, FÉVRIER, MARS 2013 ➤ PAGE 46
<strong>Maintenance</strong> mécanique<br />
lubrifiant dont la viscosité cinématique – à la température<br />
estimée de fonctionnement de la liaison – assurera une séparation<br />
des surfaces en contact. Les lubrifiants utilisés dans les<br />
transmissions de puissance mécanique sont – à quelques exceptions<br />
près – additivés, notamment par l’extrême pression qui<br />
augmente le pouvoir séparateur des surfaces. Enfin, les lubrifiants<br />
peuvent être à base complètement minérale, des produits<br />
de synthèse à base minérale (Polyalphaoléfine) ou complètement<br />
synthétique (Polyglycole). En dehors de la viscosité<br />
cinématique, les performances lubrifiantes sont croissantes<br />
dans cet ordre (le prix aussi !). Pour ce qui est de la viscosité<br />
cinématique, sa variation avec la température décroit dans<br />
l’ordre des produits indiqués ci-avant.<br />
D’une manière générale, ce sont les bases minérales qui sont<br />
employées. Si les conditions environnementales sont particulières,<br />
on utilisera des huiles type polyalphaoléfine pour<br />
limiter les variations de la viscosité cinématique. Il n’y a que<br />
pour les engrenages roue et vis tangents du fait du glissement<br />
important entre les surfaces qu’on utilisera quasi-systématiquement<br />
un lubrifiant type polyglycole. Depuis quelques<br />
temps, la notion d’impact environnemental apparaît et pour<br />
certaines applications, on demande des lubrifiants « biodégradables<br />
». Par rapport à cette notion, les lubrifiants de type<br />
polyglycole ont de très bonnes propriétés de biodégradabilité,<br />
mais ils ne sont pas reconnus comme tels sur le papier…<br />
➤ Dans quelles solutions technologiques est-il judicieux<br />
d’investir (capteurs...) ? Ces produits sont-ils devenus<br />
nécessaires ou restent-ils de simples outils complémentaires<br />
?<br />
Pour assurer une lubrification correcte il faut s’assurer d’une<br />
part, que le lubrifiant est apte à sa fonction et, d’autre part,<br />
pour ce qui concerne essentiellement la lubrification à l’huile,<br />
que le système de lubrification fonctionne correctement. Votre<br />
médecin ne vous prescrit pas systématiquement des examens<br />
cliniques de haute technologie (et particulièrement coûteux !).<br />
La bonne vielle prise de sang donne toujours autant de renseignements.<br />
C’est la même chose avec les lubrifiants : un prélèvement et<br />
une analyse régulière permettent très facilement de suivre<br />
l’évolution des caractéristiques lubrifiantes mais aussi de<br />
détecter si une dégradation est en cours par la mesure des taux<br />
de ce qui est appelé « les métaux d’usure ».<br />
Il n’en reste pas moins que depuis des années, des systèmes<br />
d’analyse in situ pour des équipements mobiles sont en développement.<br />
Pour les équipements fixes, depuis longtemps, les<br />
systèmes de lubrification sont équipés de capteurs qui<br />
surveillent et autorisent et/ou stoppent leur fonctionnement.<br />
Aujourd’hui, les développements technologiques ne sont pas<br />
prioritairement orientés vers la surveillance des lubrifiants<br />
eux-mêmes ■<br />
Propos recueillis<br />
par Olivier Guillon<br />
PRODUCTION MAINTENANCE ➤ JANVIER, FÉVRIER, MARS 2013 ➤ PAGE 47
<strong>Maintenance</strong> mécanique<br />
Communiqué<br />
Partenaire de la maintenance<br />
intelligente<br />
Depuis 30 ans, Lubcon conçoit, produit et commercialise<br />
des graisses et des huiles pour l’industrie. Une expérience<br />
qui peut souvent faire la différence. Le savoir-faire<br />
de Lubcon associe tout à la fois travail de laboratoire, réponse<br />
à des cahiers des charges industriels et des retours d’expérience.<br />
Parmi une offre très diversifiée de produits de maintenance,<br />
Lubcon propose une large gamme de sprays et de graisses<br />
pour les applications standards, mais également des huiles et<br />
des graisses pour les pompes à vide (du vide moyen au vide<br />
poussé) permettant une sécurité de maintenance et des intervalles<br />
de vidange ou de maintenance allongées, en présence<br />
d’air ou d’oxygène et gaz corrosifs.<br />
Une offre diversifiée pour la maintenance<br />
Lubcon produit une gamme de lubrifiants alimentaires (certifications<br />
NSF H 1 et Ins), des huiles et des graisses hautes<br />
températures pour tout type de fours industriels, des graisses<br />
hautes vitesses pour roulements de machine outils, des lubrifiants<br />
biodégradables pour le secteur du transport (notamment<br />
les tramways et les métros), de même que pour les équipements<br />
extérieurs. Toute une gamme spécifique est dédiée à l’industrie<br />
des machines-outils. Graissage de roulements en basses<br />
ou hautes températures, facteurs de vitesse faibles à élevés<br />
(2.2 Mio n.dm), fortes charges, humidité : Lubcon traite toutes<br />
les problématiques de maintenance. De même que la maintenance<br />
de ventilateurs, glissières, convoyeurs et bandes<br />
transporteuses, ou encore les chaînes, à vitesses lentes à<br />
élevées, de charges élevées, voire en présence de poussière…<br />
Un service complémentaire, les applicateurs<br />
Parce qu’un bon lubrifiant doit aussi être bien appliqué, au<br />
juste nécessaire et au bon moment, Lubcon a mis au point une<br />
gamme d’applicateurs sous sa marque et développé des partenariats<br />
pour la fourniture des centrales de lubrification. La<br />
société offre ainsi des graisseurs électromécaniques de 1 à<br />
6 points, des centrales de type TLB pour la lubrification de<br />
chaînes hautes vitesses (fabrication de boîtes boissons, chaînes<br />
de fours dans l’industrie de l’isolation et des cimenteries…),<br />
une centrale « Easymatic » qui permet d’alimenter jusqu’à<br />
20 points dans un rayon de 5 mètres, notamment pour des<br />
applications en cartonneries, papeteries, plasturgie… ■<br />
En pratique<br />
Tout ce qu’il faut savoir<br />
sur les guidages linéaires<br />
L’utilisation des guidages linéaires est devenue monnaie courante dans<br />
l’industrie. À vrai dire, et à en croire deux spécialistes du domaine au<br />
sein de SKF, ils sont partout... et fonctionnent le plus souvent sans entretien.<br />
À un point tel que leur présence va jusqu’à se faire oublier. Mais<br />
il y a des choses à savoir. SKF apporte des précisions. Grégor Caillon,<br />
ingénieur d’application chez SKF France à Montigny-le-Bretonneux,<br />
et Frédéric Bondono, responsable de vente mécatronique chez<br />
SKF France, nous font part de leurs avis.<br />
➤ <strong>Production</strong> <strong>Maintenance</strong> :<br />
Qu’entend-on par guidage linéaire ?<br />
Frédéric Bondono et Grégor Caillon :<br />
Un guidage linéaire est formé par un<br />
ensemble de composants (de fabrication<br />
précise), permettant de créer une translation<br />
sur un axe donné. Cette configuration<br />
est particulièrement utilisée en<br />
machine-outil (nous évoquerons un peu<br />
plus tard d’autres exemples d’applications).<br />
Le dispositif (rail, chariot) est<br />
DR<br />
Photo 1<br />
conçu pour maintenir une pièce dans une<br />
position donnée, dans un axe donné<br />
(noté x sur la photo 1), de manière<br />
précise, en évitant toute déviation dans<br />
les trois dimensions spatiales : lacet (z),<br />
roulis (x), tangage (y).<br />
PRODUCTION MAINTENANCE ➤ JANVIER, FÉVRIER, MARS 2013 ➤ PAGE 48
<strong>Maintenance</strong> mécanique<br />
DR<br />
Photo 2<br />
DR<br />
Photo 3<br />
Outre le maintien du positionnement<br />
géométrique, le dispositif reprend l’essentiel<br />
des forces appliquées à la pièce.<br />
La photo n°3 présente un aperçu de la<br />
gamme de guidage linéaire SKF.<br />
De gauche à droite, nous pouvons apercevoir<br />
les douilles à billes dont les atouts<br />
résident dans le fait qu’ils sont à la fois<br />
simples et économiques. Ils présentent<br />
aussi une course illimitée, un auto-alignement,<br />
une pré-charge ajustable ainsi<br />
qu’une excellente étanchéité. Ils existent<br />
également en version résistante à la<br />
corrosion. Ensuite, au milieu, se trouvent<br />
les guidages à billes sur rail LLT. D’une<br />
course illimitée, ces équipements présentent<br />
une bonne rigidité capable de résister<br />
à des couples dans toutes les directions.<br />
Ils sont directement prêts à monter et<br />
permettent des opérations de maintenance<br />
plus simples et une plus grande<br />
fiabilité. Enfin, à droite, se trouvent les<br />
rails de guidage linéaire de précision.<br />
Cette gamme modulaire aux différentes<br />
cages d’éléments roulants est un équipements<br />
de haute précision, d’une grande<br />
capacité de charge et d’une rigidité<br />
élevée. Dans la suite de cet entretien, il<br />
sera uniquement question de la gamme<br />
standard LLT.<br />
➤ Quelle place occupent-ils aujourd’hui<br />
dans l’industrie ?<br />
Introduits sur le marché il y a une trentaine<br />
d’années, les guidages linéaires se<br />
sont aujourd’hui fortement démocratisés<br />
grâce à leurs prix nettement plus compétitifs<br />
qu’autrefois, et banalisés du fait<br />
d’une technologie désormais standardisée.<br />
Ce qui explique leur présence dans<br />
toutes les industries. On les trouve<br />
notamment dans l’automatisation industrielle<br />
(manutention, robotique...), les<br />
presses d’injection de matière plastique<br />
(ouverture/fermeture des moules), la<br />
machine-outil (machines transfert à<br />
déplacements rapides, machines à bois,<br />
taillage de verres de lunette par meulage<br />
avec grande répétabilité...), dans le<br />
secteur du médical (table médicale,<br />
analyses biologiques...), l’imprimerie et<br />
l’emballage, sans oublier les machines<br />
de contrôle (pièces en mouvement défilant<br />
devant une caméra...).<br />
➤ À quelles problématiques répondent-ils<br />
(sécurité, productivité...) ?<br />
Sachant que la capacité de charge n’est<br />
– généralement – pas un problème (les<br />
produits catalogue supportent largement<br />
les charges demandées), la principale<br />
préoccupation est celle de la durée de vie.<br />
PRODUCTION MAINTENANCE ➤ JANVIER, FÉVRIER, MARS 2013 ➤ PAGE 49
<strong>Maintenance</strong> mécanique<br />
DR<br />
DR<br />
Photo 4<br />
Cette problématique peut aussi s’exprimer<br />
en termes de fiabilité. La durée<br />
de vie est directement influencée par le<br />
maintien d’une bonne lubrification et<br />
d’une bonne étanchéité (voir plus loin).<br />
La question de la capacité de charge<br />
concerne le constructeur de la machine<br />
qui fait le choix de nos produits, tandis<br />
que la question de la durée de vie<br />
concerne évidemment l’utilisateur (qui<br />
peut être amené à remplacer le produit<br />
SKF). La durée de vie d’un guidage<br />
linéaire se chiffre généralement en<br />
millions de kilomètres parcourus par le<br />
chariot. Autre problématique : le rendement.<br />
Le gain d’énergie est à prendre en<br />
considération selon le type de guidage.<br />
Par exemple, SKF offre des produits au<br />
rendement bien supérieur au guidage à<br />
friction. L’interchangeabilité est également<br />
un élément prédominant. Pour l’utilisateur<br />
; il est en effet important de<br />
disposer de composants conformes<br />
(dimensionnellement) aux normes ISO<br />
pour une bonne interchangeabilité. Enfin,<br />
l’une des principales préoccupations des<br />
industriels relève du fonctionnement en<br />
Photo 6<br />
DR<br />
Photo 5<br />
environnement hostile et dans les environnements<br />
pollués (gaz, poussières...),<br />
ce qui impose des solutions techniques<br />
dédiées à ces environnements (avec<br />
notamment une bonne étanchéité).<br />
➤ Et notamment en matière de maintenance<br />
? En quoi réduisent-ils les<br />
opérations de maintenance ?<br />
Sur le guidage à billes sur rails le plus<br />
courant (la gamme SKF LLT), par conception<br />
même, les produits présentent des<br />
caractéristiques intéressantes pour la maintenance.<br />
Alors que sur une machine, le<br />
guidage était considéré comme « le parent<br />
pauvre de la maintenance », alors que les<br />
roulements ont toujours été rendus plus<br />
accessibles par le constructeur. Par<br />
« nature », les guidages se situent très<br />
souvent sous la machine et sont difficilement<br />
accessibles.Très peu de constructeurs<br />
ont intégré la spécificité de cette maintenance<br />
des guidages. Mais fort heureusement,<br />
ils sont de plus en plus nombreux à<br />
intégrer des centrales de lubrification sur<br />
leurs équipements. D’ailleurs, SKF Lubrication<br />
Systems en fournit.<br />
SKF a ainsi prévu dès la conception<br />
deux boitiers (réservoirs) de<br />
lubrification intégrés dans le<br />
chariot standard. Ceci permet<br />
d’espacer le temps de service et<br />
d’augmentation l’autonomie, ce<br />
qui donne davantage de souplesse<br />
à l’équipe de maintenance en<br />
espaçant l’intervalle de lubrification.<br />
Disponible en option,<br />
on a également la possibilité<br />
d’accroître la performance de<br />
l’étanchéité avec des racleurs<br />
supplémentaires (le cas échéant,<br />
des racleurs métalliques). Pour<br />
maintenir une bonne lubrification,<br />
il est essentiel de maintenir une<br />
bonne étanchéité. Dans la conception<br />
du LLT, ont été intégrés des<br />
DR<br />
Photo 7<br />
joints supplémentaires en standard, ainsi<br />
qu’une double lèvre à droite et à gauche,<br />
en haut et en bas.<br />
➤ Concernant l’entretien de ces systèmes,<br />
comment faut-il s’y prendre ?<br />
Quelles sont les bonnes pratiques à<br />
adopter et les erreurs à éviter ?<br />
Naturellement, tout dépend de l’application.<br />
Vitesse ou charge, la problématique<br />
est différente. Idéalement, il est<br />
important de ne pas laisser un guidage à<br />
billes sur rail sans lubrification. Lorsque<br />
la bille roule directement sur le métal, le<br />
dispositif s’abime. Il est aussi primordial<br />
de bien connaître son application : estelle<br />
critique ou non ? Lorsque l’application<br />
est simple, on peut s’affranchir<br />
d’une maintenance régulière, notamment<br />
grâce aux réservoirs.<br />
Ainsi, bien renseigner l’application dans<br />
son plan de maintenance préventive est<br />
une des clés de réussite. Au sein de SKF,<br />
nous sommes en mesure de conseiller,<br />
au cas par cas, l’utilisateur afin qu’il<br />
programme son intervalle de lubrification.<br />
Sur certaines applications, on pourra<br />
se limiter à un regraissage tous les trois<br />
ans. Dans l’application critique, c’est<br />
l’étanchéité qui fera la différence. Avec<br />
une bonne étanchéité, l’utilisateur fera<br />
dans le même temps une économie de<br />
lubrifiant.<br />
Le service maintenance pourra, au cas<br />
par cas, choisir de mettre en stock un ou<br />
deux chariots « sur étagère » ■<br />
PRODUCTION MAINTENANCE ➤ JANVIER, FÉVRIER, MARS 2013 ➤ PAGE 50
<strong>Maintenance</strong> mécanique<br />
Communiqué<br />
Hepcomotion : un temps d’avance<br />
dans l’agro-alimentaire<br />
Des millions de guidages Hepco, standard ou sur-mesure, sont utilisés dans le monde entier pour des<br />
applications requérant une production automatisée et des cadences élevées : automobile pour les<br />
manipulations lourdes (transfert de pièces de carrosserie), plasturgie (systèmes de déchargement<br />
de presse d’injection), emballage, médical…, mais aussi agro-alimentaire. Un dernier secteur sur<br />
lequel Hepco est particulièrement bien positionné, avec des gammes inox répondant aux standards<br />
exigés et des solutions parfaitement adaptées à ce type de milieux. Coup d’œil sur un « cas client »,<br />
démontrant tout le savoir-faire du groupe, référence dans le guidage à galets depuis 1969.<br />
C<br />
’est à un client constructeur de machines<br />
spéciales, la société IDEC basée à<br />
Genissieux (26), qu’Hepco a récemment fourni<br />
des rails linéaires 100% inox de la gamme SL2.<br />
A la demande d’un fromager industriel, l’entreprise<br />
drômoise a conçu un retourneur de claies<br />
de fromages, grilles sur lesquelles sont déposés<br />
les fromages pendant la période d’égouttage et<br />
d’affinage. Mobile et compacte, cette machine,<br />
qui intègre les solutions techniques d’Hepco,<br />
a permis d’automatiser un processus jusque là<br />
réalisé manuellement et impliquant de nombreuses<br />
manipulations humaines.<br />
Avec une cadence soutenue (pouvant aller<br />
jusqu’à 400 claies par heure), le gain de temps<br />
est significatif : l’opérateur y dépose les claies,<br />
qui sont ensuite chargées par la machine, dépilées,<br />
retournées et reposées à la sortie, niveau<br />
par niveau. « En plus de leur fiabilité, de leur<br />
rigidité et de leur précision, les guidages Hepco<br />
ont l’avantage de pouvoir être entièrement<br />
nettoyés et décontaminés, car ils ne présentent<br />
DR<br />
aucune cavité ou zone de rétention, précise Cyril<br />
Clément, directeur commercial d’Hepco France.<br />
Nous sommes actuellement les seuls sur le<br />
marché à proposer une gamme inox aussi<br />
étendue (guidages linéaires comme circulaires).<br />
Un atout qui nous démarque et nous amène<br />
aujourd’hui à réaliser un chiffre d’affaires croissant<br />
dans l’agro-alimentaire. D’autres secteurs<br />
comme l’industrie pharmaceutique, la production<br />
médicale ou le nucléaire, rencontrant les<br />
mêmes contraintes techniques, s’intéressent<br />
également à ces applications. » ■<br />
PRODUCTION MAINTENANCE ➤ JANVIER, FÉVRIER, MARS 2013 ➤ PAGE 51
Prévention des risques au travail<br />
Interview<br />
Quelques règles simples<br />
pour se protéger du froid<br />
Face au froid, se couvrir n’est pas aussi simple que cela en a l’air. Et<br />
les risques ne se limitent pas à un simple rhume. Comme l’explique<br />
Marjolaine Lin, responsable technique au sein du Syndicat national du<br />
marché de la prévention et de la protection (Synamap), spécialisée dans<br />
les questions de normalisation et la veille stratégique, respecter la législation<br />
en vigueur et agir avec du bon sens permettent de réduire les<br />
risques de façon significative.<br />
➤ <strong>Production</strong> <strong>Maintenance</strong> :<br />
Dans l’industrie, à quels enjeux et<br />
risques sont confrontés les opérateurs<br />
qui travaillent à l’extérieur (l’hiver) et<br />
dans des bâtiments où les températures<br />
sont faibles ?<br />
Marjolaine Lin : Les situations d’exposition<br />
au froid le plus souvent rencontrées<br />
concernent le travail dans un local<br />
ouvert ou non (entrepôts, entrepôts frigorifiques,<br />
abattoirs, conditionnement de<br />
produits frais ou surgelés, entretien ou<br />
réparation de chambre froide) et le travail<br />
à l’extérieur (BTP, industrie des transports…).<br />
En milieu professionnel, de<br />
nombreuses situations d’exposition au<br />
froid peuvent donc être rencontrées et<br />
engendrer des risques plus ou moins<br />
graves. Cependant, il n’existe pas de seuil<br />
de température défini à partir duquel un<br />
risque existe. Chacun ressent le froid<br />
selon des critères physiques, climatiques<br />
ou encore individuels.<br />
Les risques qui peuvent être rencontrés<br />
concernent notamment la perturbation de<br />
l’activité manuelle et une imprécision des<br />
gestes. Une exposition directe au froid<br />
cause principalement des gelures plus ou<br />
moins importantes selon la sensibilité de<br />
la personne atteinte et son niveau d’exposition<br />
au froid. Elle provoque également<br />
des assoupissements, des crampes<br />
et de l’hypothermie (baisse de la température<br />
corporelle à moins de 35°C),<br />
caractérisée par l’apparition de frissons,<br />
fatigue, confusion, une perte de connaissance.<br />
Dans des situations extrêmes, l’hypothermie<br />
peut entraîner un coma et<br />
même provoquer la mort.<br />
➤ Quels sont les risques pour l’entreprise<br />
et à quelles réglementations/ obligations<br />
est-elle soumise ?<br />
Non seulement travailler dans un environnement<br />
froid peut être dangereux<br />
directement pour la santé des travailleurs<br />
(hypothermie, gelures et engelures..),<br />
mais aussi indirectement pour l’entreprise<br />
du fait des risques liés à la baisse<br />
de dextérité manuelle et de vigilance<br />
mentale qui augmentent les taux d’accidents<br />
du travail. Ainsi, l’un des principaux<br />
risques pour l’entreprise est celui<br />
de la perturbation de l’activité manuelle.<br />
Les gestes sont plus imprécis, les risques<br />
de chute par glissade sont multipliés. Il<br />
devient également plus difficile de se<br />
déplacer en extérieur (dans la neige, à<br />
pied, en voiture…). C’est pourquoi la<br />
prévention des risques liés au froid<br />
impose en priorité d’éviter ou de limiter<br />
les expositions prolongées au froid. Si ce<br />
n’est pas possible, des mesures de<br />
prévention concernant la conception ou<br />
l’aménagement des postes et des situations<br />
de travail doivent être mises en<br />
œuvre. Ce dispositif doit être complété<br />
par la mise à disposition de vêtements et<br />
d’équipements individuels de protection<br />
contre le froid.<br />
En ce qui concerne la réglementation, il<br />
n’y a aucune indication de température<br />
minimale dans le Code du travail mais<br />
certaines dispositions répondent au souci<br />
d’assurer des conditions de travail adaptées<br />
et de prévenir les risques liés<br />
au froid.<br />
Ainsi :<br />
• Article R. 4225-1 : Postes de travail<br />
extérieurs (3°) : protection des salariés<br />
contre les conditions atmosphériques<br />
• Article R. 4213-7 : Ambiance thermique<br />
: la conception des équipements<br />
et les caractéristiques des locaux de<br />
travail sont conçues de manière à<br />
permettre l’adaptation de la température<br />
à l’organisme humain pendant le temps<br />
de travail, compte tenu des méthodes de<br />
travail et des contraintes physiques<br />
supportées par les travailleurs.<br />
• Article R. 4213-8 : Les équipements<br />
et les caractéristiques des locaux annexes<br />
et des locaux de travail, notamment des<br />
locaux sanitaires, de restauration et médicaux,<br />
sont conçus de manière à permettre<br />
l’adaptation de la température à la destination<br />
spécifique de ces locaux.<br />
• Article R. 4223-13 : Ambiance thermique<br />
: les locaux fermés affectés au<br />
travail sont chauffés pendant la saison<br />
froide. Le chauffage fonctionne de<br />
manière à maintenir une température<br />
convenable et à ne donner lieu à aucune<br />
émanation délétère.<br />
• Article R 4223-15 : l’employeur prend,<br />
après avis du médecin du travail et du<br />
comité d’hygiène de sécurité et des<br />
conditions de travail ou, à défaut, des<br />
délégués du personnel, toutes les dispositions<br />
nécessaires pour assurer la<br />
PRODUCTION MAINTENANCE ➤ JANVIER, FÉVRIER, MARS 2013 ➤ PAGE 52
Prévention des risques au travail<br />
protection des travailleurs contre le froid<br />
et les intempéries<br />
➤ Selon vous, les métiers de la maintenance<br />
sont-ils particulièrement<br />
touchés ? Pourquoi ?<br />
Les métiers de la maintenance sont en<br />
effet particulièrement touchés par cette<br />
problématique du froid puisque les opérateurs<br />
peuvent fréquemment être amenés<br />
à travailler en ambiances froides (températures<br />
inférieures à 5°C.), que ce soit en<br />
extérieur (froid naturel) ou en intérieur<br />
(froid artificiel). C’est le cas principalement<br />
dans les installations frigorifiques<br />
de l’industrie alimentaire, où l’exposition<br />
au froid excessif (-25°C.) peut<br />
s’avérer parfois importante. Pour des<br />
travaux en extérieur, le risque est accru<br />
par une exposition au vent (refroidissement<br />
éolien) et à l’humidité.<br />
➤ Que préconisez-vous pour ces métiers<br />
en termes d’équipements d’une<br />
part, et de bonnes pratiques d’utilisation<br />
(et erreurs à ne pas commettre)<br />
d’autre part ?<br />
1) En matière de gants<br />
Pour la maintenance industrielle, les<br />
gants habituels doivent protéger contre<br />
les risques mécaniques, à sec ou en<br />
milieux humide, huileux ou de produits<br />
chimiques particuliers (acides etc.). Donc<br />
les gants à utiliser dans ce cadre sont typiquement<br />
des gants réutilisables, tricot<br />
coton ou haute ténacité (Dyneema etc.)<br />
selon les risques de coupure, revêtus sur<br />
la main (dos aéré) d’un polymère adapté<br />
pour la résistance à l’usure et les salissures<br />
de graisses etc. (nitrile). Des gants<br />
cuirs ou tricot revêtu PU doivent être<br />
réservés pour des utilisations à sec. En<br />
cas de contact significatif avec des<br />
substances chimiques, un gant à manchette<br />
longue entièrement revêtu de<br />
nitrile (huiles/graisses) ou néoprène, PVC<br />
(acides, mélanges) devra être préconisé.<br />
Le choix dépend de ces principes par<br />
rapport à la protection, mais le gant doit<br />
avoir la meilleure conception souhaitée<br />
en épaisseur, flexibilité etc. pour apporter<br />
le meilleur compromis résistance et<br />
protection/confort et dextérité.<br />
Dans le cas de travail en extérieur humide<br />
et froid, il faut préférer des conceptions<br />
de gants avec tricot tout enduit sur la<br />
main pour mieux isoler et éviter de<br />
mouiller le gant, qui fait perdre l’isolation.<br />
Il convient de faire attention :<br />
certains matériaux, en particulier le nitrile,<br />
durcissent fortement au froid atmosphérique<br />
(en dessous de 10°C.). Ceci peut<br />
réorienter le choix. On peut aussi avoir<br />
un intérêt à porter un sous-gant tricot pour<br />
mieux isoler du froid, mais ceci fait perdre<br />
beaucoup de dextérité.<br />
En ce qui concerne les conceptions, les<br />
tendances utiles pour les métiers de la<br />
maintenance sont :<br />
• Gants de plus haute protection à la<br />
coupure, toujours plus fins et plus fonctionnels,<br />
grâce à des tricots utilisant des<br />
combinaisons de fils techniques<br />
• Revêtements à fort pouvoir agrippant,<br />
permettant une bonne préhension y<br />
compris en milieu humide ou gras<br />
2) En matière de chaussures<br />
Les chaussures doivent être antidérapantes<br />
et pourvues d’une bonne isolation<br />
thermique. Les bottes en cuir à semelles<br />
de caoutchouc doublées en feutre sont le<br />
mieux adaptées au travail lourd dans un<br />
environnement froid parce que le cuir est<br />
poreux, ce qui permet aux bottes de<br />
« respirer » et à la transpiration, de<br />
s’échapper. Il est possible d’imperméabiliser<br />
les bottes en cuir avec certains<br />
produits qui ne bloquent pas les pores<br />
du cuir.<br />
3) En matière de vêtements<br />
Les employés d’entretien et de maintenance<br />
de bâtiments, de lignes électriques<br />
et de certains appareillages industriels<br />
sont particulièrement soumis aux conditions<br />
climatiques. Il est donc évidemment<br />
primordial qu’ils utilisent des vêtements<br />
adaptés à un travail en environnement<br />
froid, assurant une bonne protection thermique.<br />
Pour cela, il leur est tout d’abord<br />
recommandé de porter plusieurs couches<br />
de vêtements. Ainsi, la tenue vestimentaire<br />
la plus efficace est composée de trois<br />
couches : la couche interne (les sous-vêtements),<br />
la couche moyenne (pull et<br />
pantalon en laine) et la couche externe<br />
dont le vêtement spécialisé (parka,<br />
anorak, pantalon) est isotherme. La<br />
couche située la plus près du corps doit<br />
être isolante et doit éloigner l’humidité<br />
de la peau afin de la maintenir sèche.<br />
La norme EN 343 spécifie les exigences<br />
et les méthodes d’essais applicables<br />
aux matériaux et coutures des vêtements<br />
de protection contre les intempéries,<br />
brouillard et humidité au sol et la norme<br />
EN 342 s’applique aux vêtements de<br />
protection contre le froid.<br />
Il est important de choisir les vêtements<br />
permettant une mobilité et une dextérité<br />
optimale et assurant le meilleur compromis<br />
possible entre le niveau de protection<br />
et les exigences inhérentes de la<br />
tâche à effectuer. Car l’objectif est que<br />
l’EPI contre le froid ne génère pas un<br />
inconfort qui peut avoir des incidences<br />
sur la pénibilité du travail (mobilité<br />
réduite, diminution de la dextérité manuelle,<br />
augmentation de la dépense énergétique<br />
lors de l’exécution de la tâche…)<br />
et occasionner d’autres risques.<br />
4) Protection du visage et des yeux :<br />
Dans des conditions de froid extrême,<br />
lorsqu’on a recours à une protection du<br />
visage, il faut séparer la protection<br />
oculaire de celle du nez et de la bouche<br />
afin d’empêcher que l’humidité contenue<br />
dans l’air expiré ne vienne embuer et<br />
geler les lunettes. Il importe de choisir<br />
des lunettes protectrices adaptées au<br />
travail à effectuer et qui protègent contre<br />
les rayons ultraviolets du soleil, l’éblouissement<br />
de la neige et des cristaux de<br />
glace, et les vents forts.<br />
5) Protection de la tête<br />
Il convient d’assurer une bonne protection<br />
thermique de la tête. Le port d’un<br />
bonnet ou d’un casque de sécurité avec<br />
doublure isolante permet d’empêcher une<br />
perte de chaleur excessive. Attention<br />
toutefois : sous un casque, on ne doit pas<br />
mettre n’importe quel bonnet car sinon<br />
celui-ci ne serait pas bien calé sur la tête.<br />
Il faut mettre à la place un cache-col (ou<br />
protège cou) vendu avec ou séparément<br />
par le fabricant ■<br />
Propos recueillis<br />
par Olivier Guillon<br />
PRODUCTION MAINTENANCE ➤ JANVIER, FÉVRIER, MARS 2013 ➤ PAGE 53
Prévention des risques au travail<br />
Solutions<br />
Quelles solutions<br />
pour lutter contre le froid ?<br />
DR<br />
Nommée l’an dernier présidente de la commission Hiver d’EPI Center,<br />
Anna Valente a rejoint, tout comme la société Securival, le groupement<br />
de distributeurs indépendants d’EPI. Elle nous explique que les équipements<br />
de protection individuelle ont su évoluer au fil des années avec<br />
des solutions répondant aux problèmes et aux contraintes posés aux<br />
opérateurs sur les lieux d’intervention.<br />
Le réseau de distributeurs d’équipements<br />
de protection individuelle*<br />
regroupant une cinquantaine d’acteurs a<br />
mis en 2012 à la tête de sa commission<br />
Hiver – commission historique du groupement<br />
– Anna Valente, actuelle gérante<br />
de Securival, ue société familiale située à<br />
Belleville-sur-Meuse qui depuis quatorze<br />
ans commercialise « de tout », comme elle<br />
dit ; c’est-à-dire toute sorte de vêtements<br />
de travail chargés d’habiller les professionnels<br />
de l’industrie et autre, de la tête<br />
aux pieds. Composée de six personnes –<br />
parmi lesquelles le frère et le fils de la<br />
gérante – l’entreprise meusienne a depuis<br />
quelques années augmenté la part de ses<br />
produits consacrés à la protection contre<br />
le froid. Les compétences de la société<br />
Securival en la matière et celles – de fait<br />
– d’Anna Valente ont certainement justifié<br />
sa nomination même si, le rappelle la<br />
présidente, « ce domaine de la commission<br />
Hiver est particulièrement transverse puisqu’il<br />
concerne à la fois les gants, les chaussures<br />
et les vêtements pour le corps comme<br />
les blousons, les pantalons, le Softshell,<br />
les parkas et les gilets matelassés ».<br />
Mais comme beaucoup de questions abordées<br />
dans le développement des équipements<br />
de protection – en particulier pour<br />
la protection individuelle – les problématiques<br />
sont toutes autres. « Il s’agit avant<br />
tout de répondre à une demande de vêtements<br />
à la fois chauds, respirants et légers,<br />
tout en restant abordables. Le but de la<br />
commission étant d’essayer de fournir le<br />
meilleur de la qualité au meilleur prix.<br />
C’est pourquoi nous proposons toute une<br />
gamme de produits allant des premiers prix<br />
à l’exemple des polaires et des giletsVosges<br />
– c’est-à-dire sans manches (NDLR) – à<br />
des solutions plus évoluées ». La tendance,<br />
nous rappelle Anna Valente, est aujourd’-<br />
hui aux textiles et aux produits beaucoup<br />
plus techniques, souvent munis de<br />
membranes qui coupent du vent, à l’image<br />
du pull Stop-R. Ce produit est composé de<br />
membranes coupe-vent qui favorisent ainsi<br />
l’évacuation de l’humidité.<br />
La préoccupation première :<br />
le port de l’EPI<br />
Autre problématique abordée par les distributeurs<br />
de cette commission Hiver : la visibilité,<br />
ou plutôt la « haute visibilité »,<br />
c’est-à-dire des équipements répondant à<br />
une norme de niveau 3. Dans ce cas, gilets,<br />
parkas, vestes multi-poches et softshell<br />
sont proposés avec des bandes réfléchissantes,<br />
dans les couleurs jaunes ou orange<br />
(selon l’exigence de la réglementation), et<br />
tout en répondant aux besoins de chaleur,<br />
de confort et de légèreté évoqués plus<br />
haut ; du quatre en un en somme. Il faut<br />
dire que les fabricants d’EPI ont l’habitude<br />
de compiler les technologies sur un<br />
seul et même vêtement pour mettre au<br />
point un produit qui, tout en assurant un<br />
niveau maximum de protection, devra être<br />
assez confortable et suffisamment « sexy »<br />
pour être systématiquement porté sur les<br />
lieux d’intervention, en particulier dans les<br />
métiers de la maintenance. Et la commission<br />
Hiver, en devant habiller et protéger<br />
de la tête aux pieds, se heurte forcément<br />
au scepticisme de certains acheteurs dont<br />
l’une des principales préoccupations est le<br />
port d’équipements pas toujours évidents<br />
tels que les gants, dont l’épaisseur peut<br />
entraver certaines opérations manuelles et<br />
délicates. De plus, tout en étant chaud, le<br />
gant – dont la matière conseillée est le thinsulate<br />
– ne doit pas faire transpirer sinon<br />
le froid se fait d’autant plus ressentir.<br />
Pour les autres vêtements, les faibles<br />
températures de l’environnement de travail,<br />
que ce soit à l’extérieur ou à l’intérieur<br />
de certains entrepôts, en particulier dans<br />
les chambres froides que l’on peut trouver<br />
dans l’agroalimentaire, incitent tout naturellement<br />
le port de ces EPI. Ainsi, du<br />
caleçon thermique au tee-shirt, en passant<br />
par les chaussettes, les bonnets, les cagoules<br />
et les bottes en polyuréthane, Anna<br />
Valente constate une réelle prise de conscience<br />
dans la nécessité de porter ce type<br />
de vêtements. Car des travaux publics aux<br />
coopératives agricoles en passant par les<br />
couvreurs et les opérations sur des sites<br />
industriels, le froid touche tous les opérateurs<br />
de maintenance, dans la quasitotalité<br />
des lieux d’intervention ■<br />
Olivier Guillon<br />
* EPI Center, dont les locaux sont implantés à<br />
Villefranche-sur-Saône et dont la création il y a<br />
un peu plus d’un an a fait suite à une entité<br />
précédente baptisée les Préventistes, comprend<br />
plusieurs commissions, parmi lesquelles les<br />
commissions Hiver (la commission « historique »<br />
du groupement), EPI, Vêtements de travail, Blanc<br />
(pour le médical et le secteur agroalimentaire<br />
notamment) ainsi que la commission Sportswear.<br />
PRODUCTION MAINTENANCE ➤ JANVIER, FÉVRIER, MARS 2013 ➤ PAGE 54
Hygiène – Santé – Sécurité<br />
Bonnes pratiques<br />
Un exemple de collaboration pour<br />
accroître la sécurité en hauteur<br />
DR<br />
L’entreprise Troisel et le distributeur Capital Safety se sont rapprochés<br />
pour répondre au plus près aux besoins en termes de sécurité pour<br />
les interventions de maintenance en hauteur. Mais ce partenariat, outre<br />
le fait de fournir des équipements mieux adaptés, a débouché sur une<br />
démarche intelligente de diffusion des connaissances voire des améliorations<br />
de solutions de sécurité individuelle et collective.<br />
Spécialisée dans la construction de bâtiment<br />
industriel (plus particulièrement<br />
dans les charpentes métalliques) et les opérations<br />
annexes (bardage, isolation des constructions,<br />
façades industrielles, habillages,<br />
couvertures, sur-toitures, étanchéité, métallerie<br />
et serrurerie), la société Troisel (groupe<br />
familial Lescos) consacre près de 20% de ses<br />
activités à la maintenance. Dans ce cadre, d’importantes<br />
problématiques de sécurité se posent<br />
de fait à l’entreprise. En effet, en raison de cette<br />
part significative des opérations de maintenance,<br />
mais aussi de leurs caractères dangereux du fait<br />
que ces interventions se font essentiellement en<br />
haut d’un toit, Troisel a décidé d’aller au-delà<br />
de la protection de ses opérateurs via l’achat<br />
d’équipements. Un partenariat avec Capital<br />
Safety a permis de dépasser cette simple relation<br />
de clientèle habituellement entretenue entre<br />
un industriel et un fournisseur d’équipements<br />
de protection individuelle ou collective.<br />
Cette collaboration entre la société Troisel et son<br />
distributeur s’est illustrée naturellement par la<br />
fourniture d’un matériel adéquat en matière de<br />
sécurité individuelle pour intervenir en hauteur<br />
mais également dans l’organisation chaque<br />
année d’une journée spécialement consacrée aux<br />
questions de sécurité. Au cours de cet événement<br />
annuel sont évoquées les problématiques<br />
de contrôle du matériel anti-chute et des bonnes<br />
Contrôle sécurité<br />
DR<br />
Protection antichute<br />
pratiques d’utilisation, allant de la vérification<br />
de l’état des équipements au partage d’informations<br />
et de retours d’expérience en passant<br />
par les référentiels utiles ou nécessaires à connaître,<br />
les précautions à prendre lors du changement<br />
de matériel. « Nous avons exprimé la<br />
nécessité d’avoir un vrai partenaire pour<br />
comprendre les besoins de nos métiers en<br />
matière de sécurité et de protection », précise<br />
Didier Lescos, directeur de Troisel.<br />
Sécuriser tout en maintenant<br />
un confort de travail<br />
Cette démarche de sécurité sert aussi à faire<br />
évoluer le matériel comme cela a été le cas pour<br />
des harnais : les opérateurs sont passés de l’utilisation<br />
de matériel plastique à des harnais élastiques.<br />
« Notre objectif est de nous adapter au<br />
maximum aux risques que représentent nos<br />
métiers », indique Didier Lescos. D’autres<br />
améliorations ont concerné les enrouleurs à<br />
câble. Les intervenants ont ainsi adopté des<br />
enrouleurs à câbles en inox.<br />
DR<br />
En matière de problématiques de sécurité, le<br />
risque premier est la chute. D’autant que les bâtiments<br />
sont rarement équipés de systèmes de sécurité<br />
collective et les travaux de maintenance ayant<br />
lieu une fois de temps en temps, il est primordial<br />
de prévoir l’équipement à l’avance. Corde<br />
munie d’un système tribloc, corde cobra, baudrier<br />
(au lieu d’un harnais pour accroître la mobilité<br />
sur place), tels sont ainsi les exemples de solutions<br />
utilisées par les opérateurs de maintenance<br />
pour des interventions en hauteur. « Ces systèmes<br />
ont été adaptés à nos besoins de sécurité et<br />
décidés bien en amont. Par ailleurs, la tendance<br />
est aujourd’hui à l’adaptation des équipements<br />
à la morphologie des opérateurs. Il ne s’agit pas<br />
de solutions sur mesure mais de familles élargies<br />
des gammes de produits ». Concernant le port des<br />
différents équipements, « nous pouvons dire que<br />
nos opérateurs font plutôt figure de bons élèves.<br />
Toutefois, tout est perfectible, notamment pour le<br />
port des lunettes, en particulier pour ceux qui<br />
portent déjà des lunettes de vue sur le nez. Les<br />
efforts restent aussi à fournir sur le bon port et<br />
le bon usage des équipements comme les points<br />
d’accroche et le serrage de sangles qui doivent<br />
sécuriser tout en maintenant l’opérateur à l’aise<br />
pour travailler dans les meilleures conditions ».<br />
Au cours de cette journée ludique sont en outre<br />
présentés des stands de prévention, en particulier<br />
pour le contrôle des extincteurs par exemple ou<br />
encore les risques routiers ; « la particularité<br />
de la maintenance tient dans la diversité des<br />
risques liée à des interventions très différentes<br />
les unes des autres et des lieux qui varient parfois<br />
du tout au tout. Mais les risques concernent aussi<br />
beaucoup les déplacements, à commencer par le<br />
risque d’accident » ■<br />
Olivier Guillon<br />
Contrôle fourgons et EPI<br />
PRODUCTION MAINTENANCE ➤ JANVIER, FÉVRIER, MARS 2013 ➤ PAGE 56
Hygiène – Santé – Sécurité<br />
Communiqué<br />
Réduire les risques avec un crochet<br />
DR<br />
Une meilleure sécurité et un nombre réduit d’accidents dus aux accrochages<br />
au lieu de travail, grâce à l’utilisation de crochets synthétiques<br />
en forme de ‘S’ avec lesquels on suspend les câbles.<br />
CableSafe est un développement de<br />
l’industrie offshore pour améliorer<br />
la sécurité sur les ponts, escaliers, échafaudages<br />
et sur d’autre genre de structures.<br />
Le désordre sur le lieu de travail<br />
pendant des travaux de construction ou<br />
d’entretien peut provoquer des accidents,<br />
qui dans certains cas, peuvent occasionner<br />
des blessures, qui ont pour conséquence<br />
d’engendrer des absences de<br />
longue durée. Plus de 20% des accidents<br />
sont provoqués par des accrochages dus<br />
aux câbles électriques, câbles de soudage,<br />
tuyaux d’incendie et tuyaux d’air etc.,<br />
qui trainent sur les ponts et les planchers<br />
de travail. Ce genre d’accident peut facilement<br />
être évité en utilisant CableSafe<br />
pour suspendre tous les câbles, rallonges,<br />
fils et tuyaux.<br />
Ces simples crochets en forme de ‘S’sont<br />
faits de polyester renforcé. Solide et très<br />
élaboré, ce crochet non conducteur et<br />
non inflammable peut être utilisé plusieurs<br />
fois. L’industrie chimique et pétrochimique<br />
néerlandaise et l’industrie<br />
offshore étaient parmi les premiers à<br />
découvrir le grand avantage de ce<br />
système ; pendant un revirement ou un<br />
arrêt (forcé), les entrepreneurs sont<br />
obligés de suspendre tous les câbles de<br />
services publics dans ces crochets. Fin<br />
2011, toutes les grandes entreprises<br />
comme Dow, ExxonMobil, Shell, BASF,<br />
AkzoNobel et beaucoup d’autres, mentionnent<br />
l’utilisation des crochets dans<br />
leurs réglementations. En cas d’urgence<br />
les voies d’évacuation sont libres d’obstacles,<br />
ce qui est d’une importance vitale,<br />
quand sauver une vie humaine dépend<br />
de quelques secondes. Et cela procure<br />
aussi un meilleur accès aux pompiers et<br />
aides sur le lieu de l’accident.<br />
Un crochet phosphorescent,<br />
visible dans le noir<br />
La non-conductivité des crochets permet<br />
une diminution des interruptions de<br />
travail provoquées par un court-circuit et<br />
le danger d’électrocution est réduit de<br />
façon significative. L’usage pratique des<br />
crochets démontre qu’il y a un avantage<br />
DR<br />
plus économique de l’utilisation des<br />
câbles et des tuyaux. Le nombre réel des<br />
câbles nécessaires en sera réduit et la<br />
durée de vie des câbles sera plus longue<br />
parce que le risque de dommages provoqués<br />
par des objets tranchants en est<br />
réduit au minimum.<br />
Après le succès des crochets dans l’industrie<br />
chimique et pétrochimique, le<br />
CableSafe est également utilisé par l’industrie<br />
de la construction et de la réparation<br />
navale. Aux Pays-Bas, plus de 80%<br />
des chantiers navals ont introduit l’utilisation<br />
de CableSafe durant ces deux<br />
dernières années et il est probable, que<br />
cette pratique devienne un standard dans<br />
toutes les nouvelles constructions.<br />
Le tout dernier développement est le<br />
crochet phosphorescent, qui est visible<br />
dans le noir. En cas de panne d’électricité,<br />
ces crochets émettent une lumière, qui<br />
permet une parfaite orientation dans le noir<br />
et facilite une meilleure évacuation en cas<br />
de situation dangereuse. Les crochets existent<br />
en plusieurs couleurs pour éviter la<br />
confusion avec d’autres entreprises et ils<br />
peuvent être gravés au nom du propriétaire.<br />
Ces crochets existent aussi en trois<br />
tailles et sur chaque crochet la charge<br />
maximale autorisée est indiquée. Un trou<br />
au bout de chaque crochet permet à l’utilisateur<br />
de sauvegarder les crochets à l’aide<br />
d’un serre-câble ■<br />
PRODUCTION MAINTENANCE ➤ JANVIER, FÉVRIER, MARS 2013 ➤ PAGE 57
Tribune libre<br />
Retour d'expérience<br />
L'attitude à adopter<br />
face à une avarie<br />
Lorsque l’on est confronté à une avarie sur un équipement, les réactions<br />
et les méthodes de mise en œuvre de plans d’action diffèrent<br />
très sensiblement selon les entreprises et les secteurs industriels.<br />
Les contraintes bien spécifiques et l’environnement souvent hostile<br />
dans lequel évolue le navire en navigation (1) , imposent un état d’esprit<br />
bien particulier dans le traitement de la panne d’un équipement<br />
embarqué.<br />
Rien de telle qu’une avarie majeure<br />
en plein milieu d’une mer démontée<br />
pour faire monter l’adrénaline de<br />
l’équipage et remettre en question ses<br />
certitudes de terriens. Tout marin, qu’il<br />
soit plaisancier sur son bateau « pêche<br />
promenade » ou capitaine d’un supertanker<br />
type ULCC (2) , a dû un jour subir (3)<br />
une panne sur un équipement important (4)<br />
pouvant, le cas échéant, obérer la sécurité<br />
nautique et/ou celle des personnes<br />
à bord.<br />
Même si les fonctions les plus sensibles<br />
à bord bénéficient toutefois de redondances<br />
pour justement pallier une avarie<br />
majeure et maintenir ainsi le bateau à flot<br />
en toute sécurité, un équipage adopte très<br />
rarement une attitude désinvolte lorsqu’il<br />
est confronté à un dysfonctionnement ou<br />
à la perte d’un équipement majeur ; de<br />
surcroît si le bateau se promène au milieu<br />
de nulle part. Dans une telle situation,<br />
il est par ailleurs toujours plus prudent<br />
de ne pas oublier que la loi de Murphy<br />
(« Si une chose peut mal tourner, elle<br />
va infailliblement mal tourner. ») n’est<br />
pas nécessairement restée à quai et<br />
qu’elle peut également s’appliquer en<br />
pleine mer…<br />
Une avarie ? :<br />
une attitude, un objectif<br />
En pleine mer, une panne doit toujours<br />
être appréhendée avec sérieux et attention<br />
; et ceci quelque soit la nature de<br />
la panne, la fonction opérationnelle<br />
assurée ou le type d’équipement en<br />
cause. Une investigation minutieuse, une<br />
analyse exhaustive des risques et un plan<br />
d’action complet doivent être toujours<br />
menés sans délai. L’équipage se doit<br />
également d’être pleinement conscient<br />
de la situation et des probables conséquences<br />
induites par une panne.<br />
Dès lors qu’une avarie majeure survient<br />
en pleine mer, il convient d’adopter une<br />
attitude telle que l’on sera sûr de pouvoir<br />
la traiter correctement, rapidement et de<br />
manière fiable, quelles que soient les<br />
conditions dans lesquelles cette avarie<br />
apparaît. Tout en affichant une certaine<br />
sérénité, il est primordial qu’à tout instant,<br />
et en particulier en gestion de crise (5) ,<br />
l’équipage fasse montre de sang-froid,<br />
d’enthousiasme et de détermination tout<br />
en sachant prendre suffisamment de<br />
hauteur et de recul sur l’évènement. Si ce<br />
type d’attitude dépend sensiblement de la<br />
personnalité de chacun, une réflexion<br />
approfondie préalable par « temps calme »<br />
est fortement recommandée. C’est ce qui<br />
est d’ailleurs pratiqué par les soldats<br />
prévus d’être déployés en zones de conflits<br />
dans lesquelles la gestion de crise en<br />
milieu hostile est une tâche quasi quotidienne.<br />
Il s’agit, entre autres, de visualiser<br />
les différentes conditions critiques dans<br />
lesquelles ils risquent d’être confrontés et<br />
de pousser une réflexion personnelle sur<br />
soi-même quant aux réactions à avoir et<br />
la posture à adopter.<br />
Une avarie doit également être traitée dans<br />
le cadre d’une analyse des risques techniques<br />
intégrant impérativement :<br />
- le respect de la SST ;<br />
DR<br />
(1) Isolement, exigüité, mauvaise météo,<br />
mouvements de plateforme, restrictions<br />
logistiques, communication aléatoire, etc.<br />
(2) ULCC : ultra large crude carrier<br />
(déplacement pouvant dépasser 600 000 tonnes)<br />
(3) Tant soit qu’il navigue régulièrement<br />
(4) Exemple : moteur propulsion, appareil à<br />
gouverner, groupe de réfrigération, groupe<br />
électrogène,…<br />
(5) Du type de la gestion d’une avarie grave<br />
PRODUCTION MAINTENANCE ➤ JANVIER, FÉVRIER, MARS 2013 ➤ PAGE 58
Tribune libre<br />
- la sécurité nautique ;<br />
- et, autant que possible, la continuité de la mission du navire<br />
(transit, pêche, opérations scientifiques, ravitaillement à la<br />
mer, etc.).<br />
Par ailleurs, la volonté de réparer pour tendre vers un état<br />
de disponibilité opérationnelle nominale, doit, autant que faire<br />
se peut, demeurer l’unique cible à atteindre. On ne peut en<br />
effet se satisfaire d’une situation dégradée sans avoir le sentiment<br />
d’avoir tenté tout ce que l’on peut. Pour autant, il n’est<br />
bien entendu pas question d’obtenir au final un équipement<br />
quasi-neuf. Une réparation de fortune provisoire peut être<br />
entièrement satisfaisante dès lors que la fonction demandée<br />
par l’équipement est, au final, assurée.<br />
Un état d’esprit conquérant<br />
Pour entamer les opérations de maintenance corrective consécutives<br />
à une avarie (i.e. stabilisation de la situation, investigation,<br />
réfection et surveillance), l’équipe en charge des<br />
réparations doit impérativement adopter un état d’esprit<br />
conquérant pour tendre vers son objectif dans les meilleurs<br />
délais et pour une durée suffisante (6) . La réflexion et le plan<br />
d’action sont à mener de telle manière à ne pas faire inconsciemment<br />
abstraction de certains facteurs (7) ainsi qu’à ne pas<br />
passer à côté de solutions qui pourraient être évidentes et<br />
rapides à mettre en œuvre. Dans ce sens, on ne se privera<br />
pas d’utiliser de manière judicieuse des outils d’aide à l’investigation<br />
et à la résolution de problèmes (ex. : MAXER,<br />
AMDEC, 5W+2H, Ishikawa, etc.). Par ailleurs, tout au long<br />
du traitement de la panne, il convient de faire preuve de pugnacité,<br />
de ténacité et de persévérance. On s’interdira cependant<br />
tout entêtement pouvant parfois conduire à adopter des<br />
solutions erronées ; une capacité de remise en cause savamment<br />
dosée est très souvent payante.<br />
Une ressource humaine nominale<br />
Il n’échappe à personne que, sur un navire en pleine mer,<br />
les ressources humaines sont très limitées, restreignant en<br />
particulier les compétences et la main d’œuvre. C’est pourquoi,<br />
face à une avarie majeure, il est important que tout le<br />
monde disponible à bord (8) puisse, le cas échéant, être sollicité.<br />
Tout l’équipage doit en effet se sentir concerné par une<br />
panne et, dans la mesure du possible, être impliqué dans la<br />
résolution du problème. L’esprit d’équipage, dans lequel l’expression<br />
« tous dans le même bateau » doit alors prendre<br />
tout son sens et devenir un atout. Si la panne dépasse les<br />
compétences de l’équipe de réparation, le capitaine d’un navire<br />
s’assure alors que l’ensemble de son équipage puisse avoir<br />
l’opportunité de donner son avis (9) . Et ce quelque soit le grade,<br />
l’ancienneté ou les fonctions à bord. La synergie et l’empathie<br />
doivent ainsi être favorisées.<br />
(6) C’est-à-dire, au mieux jusqu’au retour au port ou, au moins, jusqu’à ce<br />
que le navire trouve un mouillage sûr<br />
(7) Humains, environnementaux, financiers, opérationnels,…<br />
(8) C’est dire la totalité de l’équipage et, le cas échéant, les passagers<br />
(9) Pertinent ou non<br />
PRODUCTION MAINTENANCE ➤ JANVIER, FÉVRIER, MARS 2013 ➤ PAGE 59
Tribune libre<br />
L’aspect formation et entraînement du<br />
personnel doit demeurer une des priorités<br />
du capitaine du navire en s’assurant que<br />
son équipage soit correctement préparé<br />
et puisse être capable de faire face à une<br />
avarie en pleine mer quel que soit le<br />
contexte. Cette préparation, bien avant l’appareillage,<br />
passe par plusieurs étapes :<br />
- acquisition et révision des connaissances<br />
théoriques relatives aux équipements<br />
embarqués<br />
- entraînement à la conduite en conditions<br />
normales puis dégradées<br />
- acquisition des connaissances relative<br />
à la maintenance des équipements<br />
(niveaux 1 à 3) et pratique régulière des<br />
opérations de maintenances préventive,<br />
corrective et prédictive<br />
- réflexion sur les méthodes et les techniques<br />
de réparation des équipements<br />
en fonction du type d’avarie ; un maximum<br />
de cas, notamment non conformes,<br />
doit être étudié.<br />
DR<br />
Photo 1<br />
Photo n°1. Seule source de production<br />
d’eau douce à bord d’une frégate de<br />
surveillance, la fuite permanente d’un<br />
raccord du bloc filtre, survenue en pleine<br />
mer en cours de mission, n’a pu être<br />
résolue que par l’utilisation de morceaux<br />
de tiges filetées, de petites barres profilées<br />
et de colliers de serrage en plastique.<br />
Cette réparation a permis de terminer le<br />
dernier mois de mission.<br />
Photo n°2. La perforation d’un collecteur<br />
d’eau de réfrigération d’un moteur<br />
de propulsion a été colmatée grâce à une<br />
bande caoutchouc, une tige métallique et<br />
deux colliers de serrage métalliques. La<br />
disponibilité du moteur a été retrouvée<br />
en moins d’une heure.<br />
Photo n°3. Le tube percé d’un réfrigérant<br />
d’huile moteur a durablement été<br />
tamponné à l’aide d’une vis et de la pâte<br />
à joint.<br />
Une intervention technique<br />
audacieuse<br />
Dans la recherche de solutions de réparations<br />
pour rendre l’équipement en<br />
panne de nouveau disponible opérationnellement,<br />
il est indispensable de faire<br />
preuve d’audace, d’innovation, d’imagination<br />
et d’ingéniosité. Si l’on doit, dans<br />
un premier temps, envisager des solutions<br />
de réparations classiques et maîtrisées,<br />
il ne faut néanmoins, par la suite,<br />
écarter aucune piste. Une solution qui,<br />
à première vue, semble farfelue, peut<br />
constituer, au final, une base de réparation<br />
fiable, pertinente et durable.<br />
Par ailleurs, comme beaucoup de systèmes<br />
isolés, un navire en pleine mer<br />
souffre d’un évident déficit logistique,<br />
en particulier en termes de pièces de<br />
rechange et d’outillage. L’exigüité à bord<br />
ainsi que de coût d’acquisition et de stockage<br />
limitent le volume d’embarquement<br />
de matériel relatif à la maintenance. Une<br />
étude sur une logistique stratégique<br />
opérationnelle embarquée est néanmoins<br />
menée avant chaque appareillage. Pour<br />
autant, certaines avaries non conformes<br />
ou inopinément récurrentes (10) deviennent<br />
difficiles à gérer en cours de navigation.<br />
C’est alors qu’adopter un état<br />
d’esprit « Géotrouvetout » constitue un<br />
réel atout. Dans le compartiment machines<br />
des navires, il est fréquent de parler<br />
DR<br />
DR<br />
Photo 2<br />
Photo 3<br />
du kit de réparation « TSB » (pour<br />
« trombone, Schotch et croûte de<br />
Babibel ») du fait qu’il illustre parfaitement<br />
l’utilisation des moyens du bord<br />
qui paraissent à première vue pour le<br />
moins dérisoires compte tenu de l’ampleur<br />
de certaines avaries, mais qui, dans<br />
bien des cas, « sauve » une mission.<br />
À titre d’exemples nous pouvons citer<br />
plusieurs cas de réparations de fortune<br />
« réussies » grâce aux moyens du bord<br />
et au « système D ».<br />
Ajoutons par ailleurs que des cartes de<br />
navigation périmées sont régulièrement<br />
utilisées pour palier un déficit ponctuel<br />
de joints plats.<br />
Par la suite, il est important que, une fois<br />
la solution de réparation adoptée et mise<br />
en œuvre, un système de surveillance<br />
renforcé et adapté soit mis en place.<br />
Certaines réparations de fortune innovantes<br />
et réalisées avec des pièces de rechange<br />
ou des matériaux non conventionnels<br />
nécessitent d’être tout particulièrement<br />
vigilant. De la même manière, leur fiabilité<br />
dans le temps ainsi que les paramètres<br />
de fonctionnement doivent être minutieusement<br />
suivis.<br />
L’ingéniosité, l’audace et la pugnacité<br />
alliées à une ferme volonté de reconquête<br />
de la part de l’ensemble des ressources<br />
humaines utilisant la totalité des moyens<br />
disponibles à bord, sont les ingrédients<br />
indispensables pour faire face à des<br />
avaries majeures ■<br />
Lionnel Parant<br />
Officier mécanicien – Ingénieur<br />
maintenance<br />
MIMarEST-MRINA-MNI- MSNAME<br />
marine.maintenance.management@gmail.com<br />
(10) À la suite par exemple d’un<br />
dysfonctionnement dû à une mauvaise opération<br />
de maintenance réalisée préalablement à terre.<br />
PRODUCTION MAINTENANCE ➤ JANVIER, FÉVRIER, MARS 2013 ➤ PAGE 60
Formations<br />
NOUVEAUTÉS FORMATIONS<br />
<strong>Maintenance</strong>, environnement, CHSCT, FM,<br />
services généraux, production...<br />
Cimi<br />
6 e promotion du cycle<br />
« Responsable maintenance »<br />
Le Cimi, centre de formation de 30 ans<br />
d’expérience en maintenance industrielle,<br />
propose de :<br />
- Développer ou renforcer vos compétences<br />
dans la fonction de Responsable<br />
<strong>Maintenance</strong><br />
- Valider vos acquis auprès d’un organisme<br />
de référence « Afnor Certification<br />
»<br />
Objectifs :<br />
- Identifier les enjeux de l’entreprise pour<br />
la fonction <strong>Maintenance</strong><br />
- Élaborer et mettre en place une politique<br />
de <strong>Maintenance</strong> appropriée à la<br />
criticité du système productif<br />
- Optimiser les coûts associés à la fonction<br />
<strong>Maintenance</strong><br />
- Mobiliser les ressources humaines dans<br />
un contexte d’amélioration continue.<br />
Bénéfices attendus :<br />
- Élaboration et mise en place d’une politique<br />
de maintenance appropriée à la<br />
criticité<br />
- Élaboration des indicateurs de suivi, –<br />
Identification des enjeux de l’entreprise<br />
pour la fonction maintenance<br />
- Définition de la criticité des moyens du<br />
système productif.<br />
Points forts de la formation :<br />
- Le diagnostic d’un processus de maintenance<br />
est utilisé comme fil conducteur<br />
au cours de la formation<br />
- Les intersessions sont mises à profit<br />
pour la réalisation de plans d’actions<br />
individuels<br />
- Le contenu pertinent et complet, adapté<br />
aux besoins actuels, vise à développer<br />
vos potentiels et à valoriser la fonction<br />
« responsable maintenance » auprès des<br />
dirigeants d’entreprise<br />
- La certification de personnes Afnor<br />
Certification donne l’assurance d’une<br />
formation gage de notoriété.<br />
Durée :<br />
4+4+4 jours<br />
À Blois<br />
Du 19 au 22 mars 2013 – du 14 au<br />
17 mai 2013 – du 25 au 28 juin 2013<br />
➟ www.cimi.fr<br />
Le Synamap propose une formation<br />
sur « la sécurité des mains »<br />
Le Synamap, acteur incontournable du marché de la prévention des risques professionnels<br />
et de la protection de l’homme au travail, s’investit quotidiennement dans une démarche<br />
d’amélioration de la santé et de la sécurité au travail, devenu un enjeu essentiel pour<br />
les entreprises. Dans cette mission de promouvoir la prévention des risques professionnels,<br />
le Synamap met en place une formation dédiée à la sécurité des mains, « premier outil<br />
de l’homme » qu’il est indispensable de protéger.<br />
La formation « Sécurité des mains : prévention et protection », proposée par le Synamap,<br />
permet d’identifier et comprendre les enjeux de la prévention des risques professionnels<br />
autour des problématiques de la main.<br />
Un module riche et complet regroupant deux volets importants :<br />
• La prévention des risques professionnels : enjeux et sensibilisation<br />
• La protection de la main : les gants de protection adaptés par types de métiers/risques<br />
et la réglementation en vigueur<br />
En tant que représentant des acteurs du marché de la prévention et de la protection des<br />
travailleurs et expert du marché des EPI, le Synamap est aujourd’hui le mieux placé pour<br />
vous former...<br />
Cette formation est animée par des professionnels experts de la protection de la main. Elle<br />
s’adresse aux commerciaux, animateurs, responsables et ingénieurs sécurité, acheteurs,<br />
coordonateurs SPS, médecins du travail, chefs de produits, responsables de mise sur le<br />
marché, préventeurs, membres CHSCT, MSA, Cram, STT, OPPBTP, collectivités locales et<br />
territoriales… Elle dure une journée et a lieu à la Maison de la Mécanique à La Défense.<br />
Pour avoir plus de renseignements et connaître les prochaines dates de formation,<br />
contactez Aminata Ba, chargée de formation du Synamap - 01 47 17 64 36 -<br />
aminata@Synamap.fr.<br />
PRODUCTION MAINTENANCE ➤ JANVIER, FÉVRIER, MARS 2013 ➤ PAGE 62
Agenda<br />
SALONS, COLLOQUES, SÉMINAIRES<br />
Quelques rendez-vous importants<br />
dans les prochains mois en France et à l'étranger<br />
Mars<br />
CFIA Rennes<br />
Le Carrefour des fournisseurs de l’industrie agroalimentaire présentera<br />
à Rennes les produits et services des professionnels en matière<br />
de process, d’emballages, de produits alimentaires intermédiaires,<br />
tout en mettant l’innovation au cœur de son offre.<br />
À Rennes Aéroport – Du 12 au 14 mars 2013<br />
➟ www.cfiaexpo.com RIST/RISF<br />
La 26 e édition du RIST, Rencontres inter-régionales de sous-traitance<br />
du sud-est, et RISF, Rencontres industrielles des services et de la<br />
fourniture, se tiendra du 19 au 21 mars 2013, au Parc des Expositions<br />
de Valence (Drôme). À Valence – Du 19 au 21 mars 2013<br />
➟ www.salon-rist.com Avril<br />
Pour ce millésime 2013, 850 exposants et 20 000 visiteurs se rencontreront<br />
dans le but de découvrir des savoir-faire, renforcer leur image<br />
de marque et d’accroître leur présence sur leur marché. Eurexpo Lyon<br />
sera durant 4 jours le cœur de la plus grande usine en fonctionnement<br />
de France. Du 16 au 19 avril 2013 – À Lyon – Eurexpo<br />
➟ www.industrie-expo.com Mai<br />
Préventica Lille<br />
L'événement national dédié à la santé au travail et la sécurité des<br />
entreprises abordera deux grandes problématiques : la santé au travail<br />
et la sécurité des entreprises.<br />
À Lille – Du 28 au 30 mai 2013<br />
➟ www.preventica.com<br />
Industrie Lyon 2013<br />
Salon Analyse Industrielle<br />
La 26 e édition du salon « Analyse Industrielle » organisée par le BIRP,<br />
Groupe Solutions en parallèle aux salons Solutions Electroniques<br />
ouvrira ses portes les 10 et 11 avril 2013 à Paris Expo Porte de<br />
Versailles. Le Salon Analyse Industrielle proposera durant deux jours<br />
un côté exposition avec des solutions en matériels, des systèmes<br />
et des services permettant d’optimiser les différents processus composant<br />
la chaîne de production des entreprises industrielles et des laboratoires,<br />
de prévenir et de maîtriser les risques. Le salon proposera<br />
également des conférences applicatives.<br />
Les 10 et 11 avril 2013 – À Paris – Porte de Versailles – Hall 7.1<br />
➟ www.analyse-industrielle.fr<br />
Machine to Machine<br />
Le salon Machine to Machine 2013 se déroulera aux mêmes dates<br />
et lieu que les salons Solutions Electroniques. Sur plus de 4 000 m 2<br />
d’exposition, les Salons Solutions Électroniques présenteront l’offre<br />
et les innovations de quelque 150 constructeurs et éditeurs, français<br />
et étrangers, principaux fournisseurs et intégrateurs de solutions<br />
matérielles et logicielles, de services et ingénierie.<br />
Les 10 et 11 avril 2013 – À Paris – Porte de Versailles – Hall 7.1<br />
➟ www.salons-solutions-electroniques.com<br />
Forum Dimo 2013<br />
Pour la 12 e année consécutive, Dimo Gestion et ses partenaires organiseront<br />
une journée d'échanges et de convivialité. Plus de 80 clients<br />
et partenaires apporteront leurs témoignages concrets et investissent<br />
temps et énergie pour partager leurs expériences sur les projets qu'ils<br />
ont mis en œuvre. Le 11 avril 2013 – À Lyon<br />
➟ www.forumdimo2013.com<br />
PRODUCTION MAINTENANCE ➤ JANVIER, FÉVRIER, MARS 2013 ➤ PAGE 63
Au sommaire du prochain numéro<br />
<strong>Maintenance</strong> préventive<br />
TECHNOLOGIES : <strong>Maintenance</strong> dans l'agroalimentaire<br />
Les bonnes pratiques et les solutions pour assurer les opérations de maintenance<br />
dans le secteur agroalimentaire.<br />
MANAGEMENT : Dossier spécial TPM<br />
Amélioration au cas par cas, élimination des pertes :<br />
retours d'expérience, méthodes, solutions<br />
<strong>Maintenance</strong> mécanique<br />
TRANSMISSIONS MÉCANIQUES<br />
Que proposent les SAV des constructeurs d'éléments de transmissions mécaniques ?<br />
FOCUS SUR LES ÉQUIPEMENTS PNEUMATIQUES<br />
Optimiser les process et réduire la maintenance des machines<br />
<strong>Maintenance</strong> en production<br />
MANUTENTION<br />
Investir dans un parc de chariots industriels (chariots élévateurs, services associés,<br />
maintenance et SAV).<br />
Hygiène-santé-sécurité<br />
Quelles avancées en matière de prévention des risques liés à l'environnement<br />
et à la sécurité dans la maintenance ?<br />
Prévention des risques au travail<br />
Quels EPI lors des opérations de nettoyage industriel<br />
(combinaisons, bottes, masques...) ?<br />
CONCEPTION ÉDITORIALE & RÉALISATION<br />
MRJ - 54, Boulevard Rodin<br />
92130 Issy les Moulineaux<br />
Tél : 01 73 79 35 67<br />
Fax : 01 34 29 61 02<br />
www.maintenanceandco.com<br />
(La rédaction n’est pas responsable des documents qui lui sont<br />
adressés, sauf demande express, ceux-ci ne sont pas retournés)<br />
DIRECTEUR DE LA PUBLICATION<br />
Jérémie Roboh<br />
RÉDACTION<br />
Olivier Guillon (o.guillon@mrj-corp.fr)<br />
Comité de rédaction : Gilles Pelon (Afim),<br />
Claude Pichot (Afim), Jean-François Le Goff (Afim),<br />
Jérémie Roboh, Olivier Guillon.<br />
A participé à ce numéro :<br />
Lionnel Parant.<br />
ÉDITION<br />
Maquette : Graphaël (Paris)<br />
Couverture : Sandrine Weyland (MRJ)<br />
PUBLICITÉ<br />
Sonia Cheniti<br />
s.cheniti@mrj-corp.fr<br />
01 73 79 35 67<br />
MRJ - Tél. 01 73 79 35 67<br />
DIFFUSION ET ABONNEMENTS<br />
abonnement@production-maintenance.com<br />
Prix du numéro : 20 euros<br />
1 an d’abonnement France : 58 euros<br />
2 ans d’abonnement France : 100 euros<br />
Tarif 1 an (étranger) : 80 euros<br />
Règlement par chèque bancaire à l’ordre de MRJ<br />
Abonnez-vous sur : www.production-maintenance.com<br />
www.maintenanceandco.com<br />
le site des solutions<br />
prévention, sécurité, maintenance<br />
RÉPERTOIRE DES ANNONCEURS<br />
APISOFT.....................................................................page 35<br />
CABLESAFE................................................................page 37<br />
CIMI ...........................................................................page 23<br />
CRC ...........................................................................page 15<br />
CREATIVE IT...................................................3 e de couverture<br />
DBVIB CONSULTING....................................................page 19<br />
DESCOURS & CABAUD .................................................page 9<br />
DSD SYSTEM.................................................2 e de couverture<br />
DYNAE .......................................................................page 17<br />
EASYFEARS................................................................page 59<br />
ENDEL........................................................................page 25<br />
EQUIP'USINE ................................................................page 5<br />
EVA CLAIRENCE..........................................................page 31<br />
EVEN PRO ..................................................................page 13<br />
FUCHS LUBRIFIANT ....................................................page 49<br />
GATES ...........................................................4 e de couverture<br />
HEPCOMOTION...........................................................page 41<br />
INDUSTRIE .................................................................page 61<br />
KLUBER......................................................................page 47<br />
LUBCON .....................................................................page 45<br />
MAINTENANCE AND CO..............................................page 29<br />
PELLENC....................................................................page 63<br />
PREVENTICA...............................................................page 55<br />
SERMES.....................................................................page 51<br />
SKF..............................................................................page 2<br />
STAHLWILLE...............................................................page 21<br />
Trimestriel N° 40<br />
Janvier, février, mars 2013<br />
Éditeur : MRJ<br />
SARL au capital de 50 000 euros<br />
54, Boulevard Rodin<br />
92130 Issy les Moulineaux<br />
RCS Nanterre B 491 495 743 000 32<br />
TVA intracommunautaire : FR 38491495743<br />
N° CPPAP : 0 414 T 83 214<br />
N° ISSN : 1632-4153<br />
Dépôt légal : à parution<br />
Imprimeur : Imprimerie de Champagne<br />
ZI Les Franchises – 52200 LANGRES<br />
Toute reproduction partielle ou globale est soumise<br />
à l’autorisation écrite préalable de MRJ<br />
Une invitation Industrie Lyon<br />
PRODUCTION MAINTENANCE ➤ JANVIER, FÉVRIER, MARS 2013 ➤ PAGE 64