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6 PRÉSENCE N o 9 NOVEMBRE <strong>2021</strong> DOSSIER DOSSIER PRÉSENCE N o 9 NOVEMBRE <strong>2021</strong> 7<br />
RETOUR SUR LE SYNODE NATIONAL DE THOUNE<br />
RETOUR SUR LE SYNODE NATIONAL DE THOUNE<br />
rapports, notamment du Conseil<br />
synodal et des commissions et<br />
institutions du diocèse.<br />
Le moment important de la<br />
messe synodale est le rapport<br />
de l’Évêque Harald Rein. Il commence<br />
en constatant que depuis<br />
la dernière session ordinaire en<br />
présentiel du Synode national<br />
en 2019 à Lancy, la pandémie du<br />
Covid 19 a constitué le principal<br />
défi que l’Église a dû affronter. Il<br />
déclare :<br />
« La manière inventive dont notre<br />
Église, nos paroisses, le clergé et<br />
les laïcs ont réagi à ce défi est<br />
étonnante et manifeste la présence<br />
de l’Esprit Saint. Nous<br />
avons pu constater à quel point<br />
la solidarité œcuménique et<br />
interreligieuse a fait ses preuves<br />
dans notre monde profondément<br />
affecté. Ensemble, nous avons<br />
adopté des moyens techniques<br />
novateurs qu’il convient de garder.<br />
La Parole divine et sa spiritualité<br />
dispensatrice de vie peuvent<br />
et doivent être vécues de manière<br />
plus tangible, auditivement et<br />
visuellement, même si, en fin de<br />
compte, rien ne peut remplacer les<br />
contacts personnels au sein de la<br />
communauté. Dans le contexte de<br />
la pandémie, j’ai eu quelque peine<br />
à accepter les affirmations, en soi<br />
bien intentionnées des milieux de<br />
l’Église, du genre « Cela n’a rien à<br />
voir avec Dieu ».<br />
En disant cela, on prend ses distances<br />
avec le monde en laissant<br />
le champ libre aux virologues, ce<br />
qui revient à rendre la foi chrétienne<br />
superflue. Il existe un lien<br />
entre Dieu et la pandémie, parce<br />
que Dieu est concerné par tout ce<br />
qui se passe dans sa création. Le<br />
Dieu réputé « absent », qu’il nous<br />
arrive de ne pas comprendre tant<br />
que nous vivons dans ce monde,<br />
fait partie intégrante de notre foi<br />
et demeure notre force et notre<br />
assurance. Nous ne devons pas<br />
tout comprendre ni être capables<br />
de tout expliquer. Mais nous<br />
pouvons accepter ce qui se passe<br />
pour en tirer le meilleur parti,<br />
dans l’humilité face à la création<br />
divine. En formulant ces considérations,<br />
je n’ai nullement l’intention<br />
de minimiser les souffrances<br />
que le covid a causées à tant<br />
d’êtres humains, qui ont besoin<br />
de notre aide et de nos prières. »<br />
Puis l’Évêque Harald aborde<br />
la question du « Mariage pour<br />
tous », thème principal de cette<br />
session du Synode national.<br />
« En 2020/<strong>2021</strong>, le débat portant<br />
sur le « Mariage pour tous » a été<br />
fortement présent dans toutes les<br />
publications de notre Église.<br />
Photo Daniel Konrad<br />
Le nombre d’articles et de lettres<br />
de lecteurs et de lectrices montre<br />
que notre système épiscopo-synodal<br />
fonctionne. Non seulement ce<br />
système fait partie de notre identité,<br />
mais c’est ce qui lui donne sa<br />
spécificité, à l’interne comme visà-vis<br />
de l’extérieur. Il convient ici<br />
de remercier pour ce don l’Esprit<br />
Saint et de vous remercier aussi,<br />
toutes et tous. Quelles que soient<br />
nos convictions personnelles<br />
et surtout notre engagement, il<br />
importe que personne n’usurpe<br />
la place de Dieu.<br />
Chez nous, la recherche de la<br />
vérité s’opère au sein de processus<br />
et de discussions complexes et<br />
susceptibles de durer des années,<br />
en gardant toujours à l’esprit que<br />
notre objectif est le consensus.<br />
Comme le mariage fait partie des<br />
sept sacrements, il va de soi que<br />
cette question doit être considérée<br />
formellement comme une « question<br />
de foi ». Je souhaite que nous<br />
puissions toutes et tous mener sur<br />
ce sujet important une discussion<br />
constructive qui nous fasse avancer.<br />
Refuser toute forme de discrimination<br />
constitue une préoccupation<br />
fondamentale de la foi<br />
chrétienne. Cela ne concerne pas<br />
seulement l’égalité entre femmes<br />
et hommes mais aussi l’égalité de<br />
tous les humains.<br />
À ce propos, je souhaite aussi<br />
remercier la Conférence pastorale,<br />
et notamment les membres<br />
de notre clergé, pour leur prise de<br />
position concernant le mariage<br />
pour tous. Bien que je ne partage<br />
pas tous les points de vue qui y<br />
sont exprimés, j’estime qu’elle<br />
montre la voie à suivre.<br />
Pour être fidèles à notre identité,<br />
nous devons nous pencher sur<br />
le contenu des problèmes pour<br />
les résoudre sur le plan liturgique.<br />
Il s’agit de la foi de l’Église<br />
ancienne et de toute l’Église<br />
que nous devons examiner sous<br />
l’angle de la situation actuelle,<br />
d’entente avec les autres Églises. »<br />
Harald Rein précise sa pensée en<br />
recourant à quelques citations<br />
de l’Évêque Urs Küry, tirées de sa<br />
Lettre pastorale de 1967, intitulée<br />
SYNODE :<br />
« Autrement dit, le synode est par<br />
principe une réunion cultuelle ou<br />
liturgique. Tout ce qui s’y dit et s’y<br />
passe est un acte ecclésiastique…<br />
C’est pourquoi les synodes (ou<br />
conciles) perduraient pendant<br />
des semaines et des mois, jusqu’à<br />
l’obtention d’une unanimité…<br />
Une autre caractéristique de<br />
l’ancienne pratique synodale ou<br />
conciliaire consiste en ceci que<br />
chaque synode, grand ou petit,<br />
se considérait comme une représentation<br />
de l’Église une et universelle.<br />
»<br />
L’Évêque parle ensuite de la<br />
sécularisation croissante qui<br />
met notre Église, comme toutes<br />
les autres, face à de grands défis.<br />
« La dissociation de l’Église et de<br />
l’État et celle de la société et de la<br />
religion se poursuit. Le nombre de<br />
personnes sans confession augmente,<br />
et beaucoup de paroisses<br />
ont de la peine à trouver des gens<br />
disposés à assumer des fonctions<br />
ou des tâches.<br />
Au cours de la décennie à venir,<br />
nous devrons nous réorienter dans<br />
bien des domaines. Le fait d’« être<br />
catholique » comme on l’entendait<br />
traditionnellement perd de sa<br />
signification, ce qui est aussi le cas<br />
de notre propre forme de catholicisme.<br />
De nos jours, que signifie<br />
ÊTRE CATHOLIQUE-<br />
CHRÉTIENNE OU CATHOLIQUE-<br />
CHRÉTIEN ?<br />
Samedi 11 septembre à l’église St-Beat, lecture du<br />
jour par le prêtre Mazin Astefan, de Lausanne.<br />
Photo Geneviève Savaux<br />
Les manifestations prévues au<br />
cours des cinq années à venir pour<br />
marquer les 150 ans de l’Église<br />
catholique-chrétienne de la Suisse<br />
constituent une chance unique de<br />
réfléchir à notre avenir, à condition<br />
de ne pas céder à la glorification<br />
nostalgique des époques révolues.<br />
Il faut plutôt de considérer<br />
ces manifestations comme un<br />
nouveau départ en vue d’intégrer<br />
dans le monde actuel nos préoccupations<br />
originelles.<br />
Dans la perspective des efforts<br />
à accomplir, de la durabilité et<br />
du délai dont nous disposons, il<br />
serait souhaitable que l’exposition<br />
que nous envisageons soit présentée<br />
pendant au moins quatre<br />
semaines dans chaque église et<br />
chapelle catholique-chrétienne,<br />
et pas seulement dans les grandes<br />
paroisses ou régions. »<br />
L’Évêque Harald Rein compte<br />
sur la collaboration de chacun.<br />
Pour terminer, il évoque<br />
les soucis financiers de l’Église<br />
au vu de la diminution du<br />
nombre des fidèles : « Je voudrais<br />
mettre en garde contre la tentation<br />
de leur donner la priorité.